Cours Integration
Cours Integration
Cours Integration
Chapitre 25
Intégration
2 Résultats fondamentaux 9
2.1 Théorème fondamental du calcul intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2 Sommes de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.3 Formule de Taylor avec reste intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.4 Études de fonctions définies par une intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.5 Les exercices du jour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
RAPPELS :
Z b
• Si f est une fonction continue sur [a; b] et à valeurs réelles, f (t) dt représentera le nombre réel
a
obtenu en faisant la différence de la valeur de l’aire associée aux valeurs où f est positive avec l’aire
associée aux valeurs de f négatives.
0
−2 −1 0 1 2 3
−1
• Si f est une fonction de la variable réelle à valeurs complexes et u = Re(f ) et v = Im(f ) sont
continues, on définit l’intégrale de f sur [a; b] en posant :
Z b Z b Z b
f (t) dt = u(t) dt + i v(t) dt.
a a a
Z b Z a
• Pour b < a, on pose par convention, f (t) dt = − f (t) dt.
a b
➩ Linéarité :
Proposition 1
Z b Z b Z b
pour λ ∈ C, (f (t) + λg(t)) dt = f (t) dt + λ g(t) dt;
a a a
➩ Relation de Chasles :
Proposition 2
Si x, y et z appartiennent à [a; b], alors :
Z y Z z Z y
f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt.
x x z
On suppose que f est une fonction à valeurs dans R, les inégalités n’ayant aucun sens pour des
expressions complexes.
Proposition 3
Z b
Soit f ∈ C([a, b])(a ≤ b) tels que : ∀t ∈ [a; b], f (t) ≥ 0, alors f (t) dt ≥ 0.
a
REMARQUE : Pas de justification particulière de ce résultat : si f est positive on sait que l’intégrale
correspond à la notion d’aire. Une aire étant positive, on en déduit le résultat.
➩ Croissance :
On suppose que f est une fonction à valeurs dans R, toujours pour les mêmes raisons que
ci-dessus.
Proposition 4
Z b Z b
Soient f, g ∈ C([a, b]) (a ≤ b). Si ∀t ∈ [a; b], f (t) ≤ g(t) alors f (t) dt ≤ g(t) dt.
a a
Démonstration.
On pose h = g − f. Cette fonction est continue et positive sur [a; b]. Par la propriété de la positivité de
Rb
l’intégrale, on en déduit que a h(t) dt ≥ 0. Or par linéarité de l’intégrale, on obtient
Z b Z b Z b Z b
h(t) dt = (g(t) − f (t)) dt = g(t) dt − f (t) dt
a a a a
Rb Rb
Ainsi, a g(t) dt ≥ a f (t) dt.
conséquence :
Si m = mint∈[a; b] f (t) et M = maxt∈[a; b] f (t), alors : ∀t ∈ [a; b], m ≤ f (t) ≤ M donc d’après la
proposition ci-dessus :
Z b Z b Z b Z b
m dt ≤ f (t) dt ≤ M dt ⇔ m(b − a) ≤ f (t) dt ≤ M (b − a).
a a a a
Il s’agit d’un résultat géométrique, à savoir l’estimation la plus grossière de l’aire d’une fonction
par deux rectangles :
EXEMPLE :
Z 1
2 2 2
Encadrement de e−t dt. Nous avons : ∀t ∈ [0; 1], e−1 ≤ e−t ≤ 1 car t 7→ e−t est décroissante sur
0Z
1
1 2
[0; 1]. Donc : ≤ e−t dt ≤ 1.
e 0
Proposition 5
Z b
Si f ∈ C([a, b]) est positive et telle que : f (t) dt = 0, alors f est la fonction nulle.
a
Démonstration.
On suppose que f est positive, continue et que son intégrale sur [a; b] est nulle. On pose :
[a; b] → RR
F : x .
x 7→ a f (t) dt
Alors d’après le théorème fondamental de l’analyse, on sait que F est dérivable et que F ′ = f. Or f
Rb
est positive. Donc F est croissante. Or F (a) = 0 et F (b) = a f (t) dt = 0 par hypothèse. Donc F est
constante et égale à 0. Ainsi sa fonction dérivée l’est aussi, ce qui montre que F ′ = f = 0.
Proposition 6
Z b Z b
Soit f ∈ C([a; b]). Alors f (t) dt ≤ |f (t)| dt.
a a
Démonstration.
• Cas où f est à valeurs réelles. Par les propriété de la valeur absolue, pour a positif, b un réel ,
−a ≤ b ≤ a ⇔ |b| ≤ a. , nous avons :
par linéarité.
On connait l’inégalité triangulaire pour les fonctions réelles, ce qui est le cas de t 7→ Re(e−iθ f (t)).
Ainsi, Z b Z b
−iθ
|r| = | Re(e f (t)) dt| ≤ |Re(e−iθ f (t))| dt (∗)
a a
Or on sait que la valeur absolue de la partie réelle d’un nombre complexe est inférieure au module
du nombre complexe :
|Re(e−iθ f (t))| ≤ |e−iθ f (t)|
Par croissance de l’intégrale,
Z b Z b
−iθ
|Re(e f (t))| dt ≤ |e−iθ f (t)| dt (∗∗)
a a
Remarquons que |e−iθ f (t)| = |e−iθ | × |f (t)| = |f (t)|. Nous avons par (∗), (∗∗) :
( Rb
|r| ≤ a |f (t)| dt
Rb
|r| = |re−iθ | = | a f (t) dt|
Ainsi, Z Z
b b
| f (t) dt| ≤ |f (t)| dt
a a
Proposition 7
Soit f une fonction continue sur un segment.
1. Si f est paire, Z Z
a a
f (x) dx = 2 f (x) dx
−a 0
2. Si f est impaire, Z a
f (x) dx = 0
−a
3. Si f est T périodique :
Z a+T Z T
f (x) dx = f (x) dx.
a 0
Démonstration.
Ra R0 Ra
1. Supposons que f est paire. Par la relation de Chasles, −a f (x) dx = −a f (x) dx + 0 f (x) dx. On
R 1 tn
Exercice
✿✿✿✿✿✿✿✿✿
1 : [- M1 -] On pose pour tout entier n ∈ N, un = 0 √1+tn dt. Pourquoi un est-il bien défini ? En
Correction de l’exercice
n
Soit n ∈ N. La fonction t 7→ √t n est continue sur [0; 1]. Donc un est bien définie.
1+t
Proposons cet encadrement en gardant en tête que l’on veut montrer que la suite converge
vers 0 et que l’on veut obtenir une intégrale facile à calculer. On a : ∀n ∈ N, ∀t ∈ [0; 1],
tn tn tn
0≤ √ ≤ ⇔ 0 ≤ √ ≤ tn
1 + tn 1 1 + tn
Par croissance de l’intégrale, on obtient :
R1 R1 n R1
0 dt ≤ √t n dt ≤ tn dt
0 0 1+t 0
h i1
tn+1
0 ≤ un ≤ n+1 0
1
0 ≤ un ≤ n+1
Par le théorème de l’encadrement, on obtient donc que la suite (un )n≥0 converge vers 0.
Exercice
✿✿✿✿✿✿✿✿✿
2 : [- M1 -] En vous aidant d’encadrements, montrer que les suites définies ci-dessous existent
et convergent vers 0 :
Z 1 −nt Z 1
e √
un = dt; vn = tn 1 + tn dt;
Z0 1 + t
1 Z0 1
wn = (1 + t)n e−nt dt; In = (t − t2 )n dt.
1/2 0
R π/4
Exercice
✿✿✿✿✿✿✿✿✿
3 : [- M1 -] En vous aidant d’une intégration par parties, montrer que In = 0 t3 cos(nt) dt
converge vers 0.
2 Résultats fondamentaux
2.1 Théorème fondamental du calcul intégral
Théorème 1
Soient I un intervalle
Z de R, a ∈ I, et f : I → R une fonction continue sur I. Alors la fonction F définie
x
sur I par F (x) = f (t) dt est de classe C 1 sur I et vérifie de plus : ∀x ∈ I, F ′ (x) = f (x).
a
Démonstration.
F (x) − F (x0 )
Soit x0 ∈ I. On veut montrer que : lim = f (x0 ). On estime donc :
Z x x→x 0 x − x0
F (x) − F (x0 ) = f (t) dt. On distingue deux cas :
x0
• cas x > x0 . Puisque f est continue sur [x0 ; x], d’après le théorème de Weirstrass, f est bornée et
atteint ses bornes. On note donc αx ∈ [x0 ; x] et βx ∈ [x0 ; x] tels que :
∀t ∈ [x0 ; x], f (αx ) ≤ f (t) ≤ f (βx ). Par croissance de l’intégrale :
Z x Z x Z x Z x Z x
f (αx ) dt ≤ f (t) dt ≤ f (βx ) dt. Or : f (αx ) dt = (x − x0 )f (αx ) et f (βx ) dt = (x −
x0 x0 x0 x0 x0
x0 )f (βx ). Ainsi, en divisant par x − x0 > 0 nous avons :
F (x) − F (x0 )
f (αx ) ≤ ≤ f (βx ).
x − x0
Par encadrement : lim αx = x0 et par continuité de f en x0 , lim f (αx ) = f (x0 ). De la même façon :
x→x+
0 x→x+
0
F (x) − F (x0 )
lim f (βx ) = f (x0 ). Par théorème d’encadrement, on en déduit : lim = f (x0 ).
x→x+0 x→x+0
x − x0
Z x0
Z x Z x0 f (t) dt
F (x) − F (x0 ) x
• cas x < x0 . Alors : F (x) − F (x0 ) = f (t) dt = − f (t) dt donc : = .
x0 x x − x0 x − x0
Les bords de l’intégrale sont donc dans le bon sens : (x < x0 dans ce cas). Nous pouvons donc utiliser
F (x) − F (x0 )
la croissance de l’intégrale de la même façon ce qui nous mène à : lim = f (x0 ).
x→x0 − x − x0
F (x) − F (x0 ) F (x) − F (x0 ) F (x) − F (x0 )
Au final, lim = f (x0 ) et lim = f (x0 ) donc lim =
x→x+
0
x − x0 x→x0− x − x0 x→x 0 x − x0
f (x0 ). Ce qui prouve que F est dérivable en x0 et de dérivée égale à : f (x0 ).
Ceci étant vrai pour tout x0 ∈ I nous avons donc F dérivable sur I et ∀x ∈ I, F ′ (x) = f (x). Pour
finir, F ′ = f et f est continue sur I. Par conséquent F ′ est continue sur I, ce qui prouve que F est de
classe C 1 sur I, ce qui achève la démonstration du résultat.
conséquences :
Z b
(1) Toute fonction continue admet donc une primitive sur un intervalle. De plus, pour calculer f (t) dt,
a
il suffit de pouvoir calculer une primitive de f sur [a; b].
Z b
1
(2) Si f est de classe C sur un intervalle [a; b], alors : f ′ (t) dt = f (b) − f (a) car f est une primitive
a
de f ′ .
(3) On obtient également l’inégalité triangulaire pour les fonctions à valeurs complexes : si f est de
classe C 1 sur [a; b], alors : |f (b) − f (a)| ≤ M (b − a) avec M = maxt∈[a; b] |f ′ (t)|
Z b
En effet f est de classe C 1 sur un intervalle [a; b], a < b, alors : f ′ (t) dt = f (b) − f (a) (cf. ci-
a
dessus) et on peut retrouver l’inégalité des accroissements finis (et même la justifier lorsque f est
à valeurs complexes).
f ′ est continue car f est de classe C 1 sur [a; b]. Donc par le théorème des bornes atteintes, f ′
est bornée sur le segment [a; b] :
DÉFINITION 1 :
Soit n ∈ N∗ . On appelle sommes de Riemann les deux expressions suivantes :
n−1
X
b−a b−a
1. Sn (f ) = n f a+k
n
k=0
n
b−a
X b−a
2. Rn (f ) = n f a+k
n
k=1
Interprétation géométrique :
✿✿✿✿✿✿✿✿✿✿✿✿✿✿✿✿✿✿✿✿✿✿✿✿
Le principe ? On découpe le segment [a; b] en n intervalles de même longueur. Le pas est alors égal à
h = b−a
n et les abscisses sont données par :
b−a
x0 = a; ∀k ∈ J0; n − 1K; xk+1 = xk + h = a + × k.
n
Ensuite, on utilise la liste des ordonnées (f (xk ))k∈J0;···;n−1K et on considère les rectangles suivants :
b−a
∀k ∈ {0; · · · ; n − 1}, ”longueur” : f (xk ); largeur :xk+1 − xk =
n
Un découpage avec n = 9.
b−a
∀k ∈ {1; · · · ; n}, ”longueur” : f (xk ); largeur :xk+1 − xk =
n
Théorème 2
Soit f une fonction continue sur [a; b]. Alors :
•
n−1 Z b
b−aX b−a
f a+k → f (t) dt;
n n n→+∞ a
k=0
•
n Z b
b−aX b−a
f a+k → f (t) dt.
n n n→+∞ a
k=1
REMARQUES :
n−1 n
1X k 1X k
1. Si a = 0 et b = 1, alors : Sn (f ) = f et Rn (f ) = f . Le résultat s’écrit donc :
n n n n
k=0 k=1
n Z 1
1X k
f →n→+∞ f (t) dt.
n n 0
k=1
n n
b−a 1X b−a 1X
2. Si l’on note xk = a + k , alors : f a+k = f (xk ) correspond à la valeur
n n n n
k=1 k=1
moyenne des f (xk ). En accord avec le théorème ci-dessus, lorsque f est continue, cette grandeur
1 Rb 1 Rb
tend vers a f (t) dt. C’est pour cette raison que l’on appelle f (t) dt la valeur moyenne
b−a b−a a
de f sur [a; b].
3. Ce théorème met en évidence que l’intégrale peut de voir comme une limite de somme, il n’est donc
pas étonnant qu’elles aient énormément de propriétés communes.
Démonstration.
n−1
X Z xk+1
Rb
(Q 2) Montrer que | a f (t) dt − Sn (f )| ≤ |f (t) − f (xk )| dt
k=0 xk
(Q 3) Quel théorème permet d’affirmer que la fonction dérivée f ′ est bornée sur le segment [a; b]? On
note M un majorant.
(Q 4) Soit k ∈ {0; · · · ; n − 1}.
(a) Appliquer le théorème de l’inégalité des accroissements finis à f sur [xk ; t] avec t ∈ [xk ; xk+1 ].
Rx 2
(b) En déduire que xkk+1 |f (t) − f (xk )| dt ≤ M (b−a)
2n2
(Q 5) Enfin, montrer que :
Z b
(b − a)2
| f − Sn (f )| ≤ M
a 2n
(Q 1)
n−1
X Z xk+1 n−1
X Z xk+1 n−1
X Z xk+1
(f (t) − f (xk )) dt = f (t) dt − f (xk ) dt par linéarité
k=0 xk k=0 xk k=0 xk
n−1
X Z xk+1 n−1
X
= f (t) dt − (xk+1 − xk )f (xk )
k=0 xk k=0
n−1
X Z xk+1 Z xn Z b
Or, par Chasles : f (t) dt = f (t) dt = f (t) dt.
k=0 xk x0 a
n−1 n−1
b−a X b−aX
De plus : xk+1 − xk = donc : (xk+1 − xk )f (xk ) = f (xk ) = Sn (f ).
n n
k=0 k=0
n−1 Z
X xk+1 Z b
Par conséquent, nous avons bien : (f (t) − f (xk )) dt = f (t) dt − Sn (f ).
k=0 xk a
n−1
XZ xk+1
Rb
(Q 2) Ainsi, | a f (t) dt − Sn (f )| = (f (t) − f (xk )) dt .
k=0 xk
Or, la relation de Chasles pour les sommes donne :
n−1
X Z xk+1 n−1
X Z xk+1
(f (t) − f (xk )) dt ≤ (f (t) − f (xk )) dt .
k=0 xk k=0 xk
Par ailleurs, d’après la relation de Chasles pour les intégrales :
Z xk+1 Z xk+1
(f (t) − f (xk )) dt ≤ |f (t) − f (xk )| dt. En sommant, nous en déduisons :
xk xk
n−1
X Z xk+1 n−1
X Z xk+1
(f (t) − f (xk )) dt ≤ |f (t) − f (xk )| dt.
k=0 xk k=0 xk
D’où :
n−1
X Z xk+1 n−1
X Z xk+1
(f (t) − f (xk )) dt ≤ |f (t) − f (xk )| dt.
k=0 xk k=0 xk
Z b n−1
X Z xk+1
Au final : | f (t) dt − Sn (f )| ≤ |f (t) − f (xk )| dt.
a k=0 xk
Z xk+1 Z xk+1
Or : M (t − xk ) dt = M (t − xk ) dt
xk xk x
(t − xk )2 k+1
=M
2 xk
(xk+1 − xk )2
=M
2
(b − a)2 b−a
M 2
car xk+1 − xk = .
2n n
Z xk+1
(b − a)2
Au final, |f (t) − f (xk )| dt ≤ M .
xk 2n2
(Q 5) D’après les questions précédentes,
n−1
X Z xk+1
Rb
| a f (t) dt − Sn (f )| ≤ |f (t) − f (xk )| dt
k=0 xk
Z xk+1
(b − a)2
avec |f (t) − f (xk )| dt ≤ M . Donc :
xk 2n2
n−1
X Z xk+1 n−1
X (b − a)2
|f (t) − f (xk )| dt ≤ M . Puisque :
2n2
k=0 xk k=0
n−1 n−1
X (b − a)2 X (b − a)2 (b − a)2 (b − a)2
M =M = M × n × = M , nous en déduisons au final :
2n2 2n2 2n2 2n
k=0 k=0
Z b
(b − a)2
| f − Sn (f )| ≤ M .
a 2n
Z b
(b − a)2
Alors : lim M = 0 donc par théorème d’encadrement : lim | f − Sn (f )| = 0, ce
n→+∞ 2n n→+∞ a
Z b
qui prouve que : lim Sn (f ) = f.
n→+∞ a
EXEMPLE :
n n
X 1 1X 1
Pour tout n ∈ N∗ soit un = = .
n+k n k
k=1 k=1 1+
n
n
1X k 1
Nous remarquons que : un = f avec : f (t) = . Or, f est continue sur [0; 1], donc par
n n 1+t
k=1
Z 1 Z 1
proriété : lim un = f (t) dt (voir remarque ci-dessus). Par calcul intégral : f (t) dt = [ln(1+t)]10
n→+∞ 0 0
d’où : lim un = ln(2).
n→+∞
Théorème 3
Soit f une fonction de classe C n+1 sur I. Alors, pour tout x, x0 ∈ I, nous avons :
n Z x
X (x − x0 )k (k) (x − t)n (n+1)
f (x) = f (x0 ) + f (t) dt .
k! n!
|k=0 {z } | x0 {z }
Pn (x) Rn (x)
REMARQUES :
(1) Si n = 0, la formule est : Z x
′
f (x) = f (x0 ) + f (t) dt
x0
On comprend alors que la formule pour n = 2 s’obtient de la même façon à partir de la formule pour
n = 1 en faisant la même intégration par parties et ainsi de suite ... Bref, il n’est pas étonnant que la
démonstration de la formule générale ci-dessous nécessite une récurrence.
(3) Pour x0 = 0 l’égalité de Taylor avec reste intégral s’écrit :
n Z x
X xk (k) (x − t)n (n+1)
f (x) = f (0) + f (t) dt
k! 0 n!
k=0
(4) Pour une fonction polynômiale P de degré n, la dérivée n + 1 ième est nulle. Donc la formule de Taylor
donne :
n
X P (k) (x0 )
P (x) = (x − x0 )k + 0
k!
k=0
On retrouve donc la formule de Taylor pour les polynômes.
Démonstration.
Pn (x−x0 )k (k) Rx n
On pose : Pn : pour f de classe C n+1 sur I, on a ∀x, x0 ∈ I, f (x) = k=0 k! f (x0 )+ x0 (x−t)
n! f
(n+1) (t) dt.
(x − t)n
u′ (t) = , v(t) = f (n+1) (t)
n!
−(x − t)n+1 (x − t)n+1 ′
u(t) = =− ; v = (f (n+1) )′ = f (n+2)
(n + 1) × n! (n + 1)!
Les fonctions u et v sont de classe C 1 sur I puisque u est du type polynomiale et f est de classe
C (n+2) , donc f (n+1) est de classe C 1 sur I. Par le théorème d’intégration par parties, on en déduit
que :
Z x Z x
(x − t)n (n+1) h (x − t)n+1
(n+1)
ix (x − t)n+1
f (t) dt = − ×f (t) − − × f (n+2) (t) dt
x0 n! (n + 1)! x0 x0 (n + 1)!
(x − x0 )n+1 Z x (x − t)n+1
(n+1)
= 0+ ×f (x0 ) + × f (n+2) (t) dt
(n + 1)! x0 (n + 1)!
Finalement,
n+1 Z x
X (x − x0 )k (k) (x − t)n+1 (n+2)
f (x) = f (x0 ) + f (t) dt
k! x0 (n + 1)!
k=0
conséquences :
(1) (Inégalité de Taylor-Lagrange) Soit f une fonction de classe C n+1 sur un intervalle [a; b] et M =
Maxt∈[a; b] |f (n+1) (t)|. Alors :
n
X (b − a)k M (b − a)n+1
f (b) − f (k) (a) ≤ .
k! (n + 1)!
k=0
(2) (Formule de Taylor-Young (si f est de classe C n+1 ) Soit f une fonction de classe C n+1 sur un
intervalle I x0 ∈ I. Alors :
n
X (x − x0 )k
f (x) = f (k) (x0 ) + ox0 ((x − x0 ))n ).
k!
k=0
Démonstration.
(Formule de Taylor-Young avec f de classe C n+1 sur un intervalle I.) En effet, si f est de classe C n+1
sur I, alors d’après la formule de Taylor avec reste intégral :
n
X (x − x0 )k
∀x ∈ I, f (x) = f (k) (x0 ) + Rn (x),
k!
k=0
Z x
(x − t)n
avec Rn (x) = f (n+1) (t) dt. Il nous reste donc à montrer que : Rn (x) = ox0 ((x − x0 )n . On
x0 n!
prouve ce résultat par encadrements. On distingue deux cas :
• Cas où x ≥ x0 . D’après l’inégalité triangulaire :
Z x
(x − t)n (n+1)
|Rn (x)| ≤ f (t) dt.
x0 n!
Puisque x0 ∈ I et I est un intervalle ouvert, on sait qu’il existe η > 0 tel que : V = [x0 −η; x0 +η] ⊂ I.
De plus : f (n+1) est continue sur V car f est de classe cn+1 sur V . Par conséquent, d’après le théorème
de Weierstrass, f (n+1) est bornée sur V . Ainsi, ∀t ∈ V, |f (n+1) (t)| ≤ M avec M ∈ R+ . Alors :
EXEMPLE :
Si l’on pose f (t) = et , alors exp est de classe C ∞ sur R et ∀t ∈ R, f (k) (t) = et donc f (k) (0) = 1. La
formule de Taylor avec reste intégral donne alors :
n Z 1
X (1 − 0)k f (k) (0) (1 − t)n f (n+1) (t)
f (1) = +
k! 0 n!
k=0
n Z
X 1 1 1
= + (1 − t)n et dt .
k! n! 0
k=1 | {z }
=In
Or, ∀t ∈ [0; 1], 1 ≤ et ≤ e donc ((1 − t)n ≥ 0) (1 − t)n ≤ (1 − tn )et ≤ (1 − t)n e et par croissance
Z 1 Z 1
de l’intégrale : (1 − t)n dt ≤ In ≤ e(1 − t)n dt.
0 0
Z 1 Z 1 1
un+1 (t) 1
Enfin, (1 − t)n dt = − u′ (t)un (t) dt = −
= . (u(t) = 1 − t, u′ (t) = −1).
n + 1 n + 1
Z01 0 0
e 1 e
Il s’ensuit e(1 − t)n dt = et : ≤ In ≤ .
0 n+1 n+1 n+1
Notamment , cet encadrement nous prouve que (f (1) = e1 = e) :
n
1 In e 1 X 1 e
≤ ≤ ⇔ ≤e− ≤ .
n!(n + 1) n! n!(n + 1) (n + 1)! k! (n + 1)!
k=0
n
1 X 1
Comme, lim = 0, on en déduit : e = lim .
n→+∞ (n + 1)! n→+∞ k!
k=0
n
X ak
En raisonnant de la même façon, on montre que quel que soit le réel a, ea = lim .
n→+∞ k!
k=0
Méthode
La calcul de la dérivé se fait également par composition : ∀x ∈] − 1; 1[, F ′ (x) = 2xG′ (x2 ). Or
et
G′ (t) = . Par conséquent :
t−1
2
′ ex
∀x ∈] − 1; 1[, F (x) = 2x 2 .
x −1
Pn n
Exercice 4 : [- M 2 -] Calculer limn→+∞
✿✿✿✿✿✿✿✿✿ k=1 n2 +k 2 .
Exercice
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5 : [- M 3 -] On considère les fonctions suivantes :
Z √ Z Z
x 2x 3x
−t2 cos t
f1 (x) = e dt f2 (x) = ln tdt f3 (x) = dt.
1 2 x t
1. Montrer que f1 est définie sur R+ puis montrer que f1 est de classe C 1 sur R∗+ et calculer sa dérivée.
2. Montrer que f2 est définie sur I =]0; +∞[ puis montrer que f2 est de classe C 1 sur I et calculer sa
dérivée.
3. Montrer que f3 est définie sur I = R∗ puis montrer que f3 est de classe C 1 sur R∗ et calculer sa
dérivée.
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