CH01 Int Gal
CH01 Int Gal
CH01 Int Gal
B. Landelle
II Fonctions intégrables 13
1 Intégrabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2 Propriétés fondamentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
3 Théorèmes de comparaison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
4 Intégration des relations de comparaison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1
Dans tout ce chapitre, K désigne le corps R ou C et I un intervalle de R non vide, non réduit
à un point.
Rappels
Dénition 1. Soit f ∈ F ([ a ; b ] , K). On dit que f est continue par morceaux sur [ a ; b ] s'il
existe une subdivision σ = (ai )i∈[[ 0 ; n ]] , i.e. a = a0 < a1 < . . . < an = b telle que pour tout
i ∈ [[ 0 ; n − 1 ]], la fonction f est continue sur ] ai ; ai+1 [ et admet des limites nies en a+
i et
a−
i+1 .
Notations : On note Cpm ([ a ; b ] , K) l'ensemble des fonctions continues par morceaux sur [ a ; b ].
• •
•
•y = f (x)
•
x
a0 a1 a2 a3 a4
Vocabulaire : Pour f ∈ Cpm ([ a ; b ] , K), une subdivision σ vériant la propriété décrite dans
la dénition 1 est dite adaptée à f . Il n'y pas unicité d'une telle subdivision : si σ est adaptée
et σ sous-suite de σ ′ (on dit que σ ′ est plus ne que σ ), alors σ ′ est adaptée.
b0 b 1 b2 b3 b4 b5 b6 σ ′
x
a0 a1 a2 a3 a4 σ
Dénition 2. Soit f ∈ F (I, K). On dit que f est continue par morceaux sur I si, pour tout
[ a ; b ] ⊂ I, on a f [ a ;b ]
∈ Cpm ([ a ; b ] , K).
B. Landelle 2 ISM MP
Notations : On note Cpm (I, K) l'ensemble des fonctions continues par morceaux sur I. Cet
ensemble est un K-ev.
I Intégrale généralisée
1 Dénitions
Dénition 3. Soit f ∈ Cpm ([ a ; b [ , K) avec b ∈Z ] a ; +∞ [ ∪ {+∞}. On dit que l'intégrale
Zb x
f (t) dt converge (ou est convergente) si x 7→ f (t) dt admet une limite nie quand x
a a
tend vers b et dans ce cas, on pose
Z b Z x
f (t) dt = lim f (t) dt
a x→b a
Z b
Dans le cas contraire, on dit que l'intégrale f (t) dt diverge (ou est divergente).
a Z b
Soit f ∈ Cpm (] a ; b ] , K) avec a ∈ ] −∞ ; b [ ∪ {−∞}. On dit que l'intégrale f (t) dt converge
Z b a
(ou est convergente) si x 7→ f (t) dt admet une limite nie quand x tend vers a et dans ce
cas, on pose x
Z b Z b
f (t) dt = lim f (t) dt
a x→a x
Z b
Dans le cas contraire, on dit que l'intégrale f (t) dt diverge (ou est divergente).
a
Z b Z b
Vocabulaire : L'intégrale f (t) dt notée aussi f est dite intégrale généralisée ou impropre
a a
de f sur [ a ; b [, respectivement ] a ; b ]. Deux intégrales sont dites de même nature si elles sont
toutes deux convergentes ou toutes deux divergentes.
B. Landelle 3 ISM MP
Z +∞ Z x
3. e −t
dt : pour x ⩾ 0, on a e −t dt = 1 − e −x −−−−→ 1.
x→+∞
Z0 1 Z 01
dt dt √
4. √ : pour x ∈ ] 0 ; 1 ], on a √ = 2(1 − x) −−−→ 2.
Z 0 +∞ t x Zt nπ x→0+
Remarque : Ce résultat dit notamment que la nature d'une intégrale généralisée sur un inter-
valle semi-fermé est indépendante du choix de la borne fermée.
B. Landelle 4 ISM MP
Z d Z b
∀d ∈ ] a ; b [ f (t) dt et f (t) dt convergent
a d
Par négation de cette assertion, on retrouve bien la dénition d'une intégrale sur ] a ; b [ diver-
gente. Puis, pour d ∈ ] a ; b [
Z c Z d Z b
+ + si c ⩽ d
a c d
| {z }
prop 1
Z d Z b Z b
| {z }
+ = Z d Z c Z bdef =
a d
si d ⩽ c a
+ +
| a {z d} c
prop 1
| {z }
def
Z b
Autrement dit, la dénition de f (t) dt est indépendante du choix de c ∈ ] a ; b [.
Z +∞ a Z +∞
Exemples : 1. sin(t) dt : diverge puisque sin(t) dt diverge.
−∞ 0
Z +∞
Pourquoi on ne peut donner un sens à sin t dt :
−∞
Z x Z nπ
On a ∀x > 0 sin(t) dt = 0 et ∀n ∈ N sin(t) dt = (−1)n+1
−x −nπ+ π2
+∞ Z x Z +∞
√
Z
dt dt dt
2. √ : pour x ⩾ 1, on a √ = 2( x − 1) −−−−→ +∞ d'où la divergence de √
0 t Z +∞ 1 t x→+∞ 1 t
dt
et donc aussi celle de √ .
Z +∞ 0 t Z 0 Z +∞
3. e −|t|
dt : pour x ⩽ 0, on a e −|t|
dt = 1 − e −−−−→ 1. Les intégrales
x
e −|t| dt et
x→ −∞
Z 0 −∞ x Z +∞ 0
e −|t| dt convergent et sont égales à 1. Par suite, l'intégrale e −|t| dt converge et vaut 2.
−∞ −∞
Z +∞
dt
4. 2
: converge et vaut π .
−∞ 1 + t
Z b
Remarque : Si f (t) dt converge, étant donnée F une primitive de f ayant des limites nies
a
en a et b, on peut écrire directement
Z b
f (t) dt = [F(t)]ba
a
Z +∞ Z +∞
+∞ dt
Par exemple = [Arctan t]−∞
−t −t +
e dt = [−e ]0 =1 2 ∞ = π
0 −∞ 1+t
Vocabulaire : Pour un intégrande continue par morceaux, la notion d'intégrale convergente
est dénie sur un intervalle semi-ouvert et ouvert. Si l'intervalle est un segment, l'intégrale
est également considérée convergente ce qui fait sens puisqu'elle est bien dénie. Enn, pour
f ∈ Cpm (I, K) avec a = Inf I et b = Sup I (éventuellement innis), on peut simplement discuter
de la convergence de l'intégrale en a et/ou b (en une borne fermée, c'est immédiat).
B. Landelle 5 ISM MP
2 Premières propriétés
Proposition 2. Soit f Z∈ Cpm (I, K) avec a = Inf I et b = Sup I (éventuellement innis). Les
Z b b
intégrales f (t) dt et αf (t) dt avec α ∈ K∗ sont de même nature.
a a
Démonstration. Immédiate.
Proposition 3. Soient f ,Zg dans Cpm (I, K), λ ∈ K avec a = Inf I et b = Sup I (éventuellement
Z b b
Z b
innis). Si f (t) dt et g(t) dt convergent, alors (f + λg)(t) dt converge et est égale à
Z b a Z b a a
si x ∈ [ a ; b [
(
f (x)
Démonstration. Posons ∀x ∈ [ a ; b ] g(x) =
lim f (x) si x = b
x→b
La fonction g est le prolongement de f par continuité en b donc g ∈ Cpm ([ a ; b ] , K). Par suite
Z x Z x
∀x ∈ [ a ; b [ f (t) dt = g(t) dt
a a
Pour x ∈ [ a ; b [, on a
Z x Z b Z b
f (t) dt − g(t) dt = g(t) dt ⩽ (b − x)∥g∥∞ −−→ 0
a a x x→b
Z x Z b
autrement dit f (t) dt −−→ g(t) dt
a x→b a
B. Landelle 6 ISM MP
y
y = f (x)
• •
•
x
a b
Vocabulaire : L'intégrale est dite faussement impropre (pas de bornes innies et pas de limites
innies).
Exemple :
y sin t
On a t 7→ ∈ Cpm (] 0 ; 2π ] , R) prolongeable
t
par continuité en zéro d'où la convergence
Z 2π de
sin t
l'intégrale faussement impropre dt.
x 0 t
Z 2π
sin t
Figure 4 Représentation de dt
0 t
Proposition
Z b
5. Soit f ∈ Cpm (I, C) avec a = Inf I etZ b = Sup I (éventuellement innis). L'in-
b Z b
tégrale f (t) dt est convergente si et seulement si Re f (t) dt et Im f (t) dt convergent.
a a a
Z b Z b Z b
Dans ce cas, on a f (t) dt = Re f (t) dt + i Im f (t) dt
a a a
Z b Z b Z b Z b
c'est-à-dire Re f (t) dt = Re f (t) dt et Im f (t) dt = Im f (t) dt
a a a a
Démonstration. Par propriétés sur les limites des fonctions à valeurs dans C.
B. Landelle 7 ISM MP
Proposition 6. Soit f ∈ C 0 ([ a ; b [ , ZK) avec b ∈ ] a ; +∞ [∪{+∞} (respectivement C 0 (] a ; b ] , K)
b Z b
avec a ∈ ] −∞ ; b [ ∪ {−∞}) telle que f (t) dt converge. Alors Φ : x 7→ f (t) dt est de classe
Z xa x
Le résultat suit.
Proposition 7. Soit f ∈ Cpm ([ a ; +∞ [ , R). On suppose qu'il existe ℓ > 0 tel que
∀t ∈ [ a ; +∞ [ f (t) ⩾ ℓ > 0
Z +∞
Z x
Démonstration. On a ∀x ⩾ a f (t) dt ⩾ ℓ(x − a) −−−−→ +∞
a x→+∞
Proposition 8. Soit f ∈ Cpm ([ a ; +∞ [ , R). S'il existe ℓ réel tel que f (x) −x→
−−−→ ℓ et si
+∞
Z +∞
Démonstration. Supposons ℓ > 0. On dispose d'un seuil t0 ⩾ a tel que f (t) ⩾ ℓ/2 pour t ⩾ t0
d'où une contradiction d'après le résultat précédent. La preuve est identique si ℓ < 0. Le résultat
suit.
Remarque : Il existe des fonctions continues sur R+ positives, non bornées dont l'intégrale est
convergente ! (voir plus tard)
3 Exemples fondamentaux
Proposition 9. Soit α réel. On a
Z +∞
B. Landelle 8 ISM MP
Théorème 1 (Intégrales de Riemann). Soit α un réel.
Z +∞
dt
1. L'intégrale est convergente si et seulement si α > 1.
1 tα Z +∞
dt 1
Si elle converge, on a α
= .
1 t α−1
Z 1
dt
2. L'intégrale α
est convergente si et seulement si α < 1.
0 t Z 1
dt 1
Si elle converge, on a α
= .
0 t 1−α
Z x
dt
Démonstration. 1. Si α = 1, pour x ⩾ 1, on a = ln x → +∞ pour x → +∞. Puis, si
1 t
α ̸= 1, on a
Z x ï òx ï ò
dt 1 1 1
= = −1
1 tα (1 − α)tα−1 1 1 − α xα−1
Le résultat suit. Z 1
dt
2. Si α = 1, pour x ∈ ] 0 ; 1 ], on a = − ln x → +∞ pour x → 0+ . Puis, si α ̸= 1, on a
x t
Z 1 ï ò1 ï ò
dt 1 1 1
α
= = 1 − α−1
x t (1 − α)tα−1 x 1 − α x
Le résultat suit.
Remarques : 1.
y Il s'agit d'équivalences. Ainsi, par négation, on
a pour la première équivalence
Z +∞
dt
diverge ⇐⇒ α ⩽ 1
1 tα
x
Z +∞
Figure 5 Représentation de dt
t2
1
Z +∞
dt
2. ! L'intégrale est toujours divergente. En eet, on a
0 tα
Z +∞ Z 1 Z +∞
dt dt dt
α
diverge ⇐⇒ α
ou divergent ⇐⇒ α ⩽ 1 ou ⩾ 1
0 t 0 t 1 tα
Cette dernière assertion étant vraie, on en déduit la divergence de l'intégrale considérée.
B. Landelle 9 ISM MP
Proposition 10. Soit f ∈ Cpm ([ a ; b [ , R) avec b éventuellement inni, positive (respectivement
Z b
Cpm (] a ; b ] , R+ ) avec a éventuellement inni). L'intégrale f (t) dt converge si et seulement
Z x Z b a
g(t) dt.
a
2. Par contraposition, on a l'implication attendue et passant à la limite dans l'inégalité précé-
dente, on a l'inégalité souhaitée.
La preuve est identique pour ] a ; b ] et le cas ] a ; b [ se déduit des cas précédents.
B. Landelle 10 ISM MP
Démonstration. Il existe c ∈ [ a ; b [ et M > 0 tels que
∀t ∈ [ c ; b [ 0 ⩽ f (t) ⩽ Mg(t)
Le résultat suit d'après le théorème de comparaison précédent.
Remarques : (1) On dispose du même résultat pour des fonctions continues par morceaux
sur ] a ; b ] avec a ∈ ] −∞ ; b [ ∪ {−∞} et des comportements asymptotiques au voisinage de a.
(2) Si f = o(g), alors f = O(g) et le corollaire précédent s'applique.
Z +∞
Exemples : 1. Nature de 2
e −t dt.
0
2 1 dt
e −t = o 2 . Comme converge,
x→+∞ t 1 tZ2
+∞
2
il s'ensuit par comparaison que e −t dt
1
x converge
Z +∞également et elle est de même nature
2
Z +∞
que e −t dt.
0
Figure 6 Représentation de
2
e −t dt
0
Z1 Å ã
2 1
2. Nature de sin dt.
0 t
Å ã
y 1
On a t 7→ sin ∈ Cpm (] 0 ; 1 ] , R) positif et
2
t
Å ã
2 1
∀t ∈ ] 0 ; 1 ] 0 ⩽ sin ⩽1
t
Z 1
x Par comparaison, il s'ensuit que sin2 1
dt
t
0
Z 1 Å ã converge. Le résultat n'est pas trivial puisque
1
Figure 7 Représentation de sin 2
dt l'intégrande n'admet pas de limite en zéro.
0 t Mais l'aire sous la courbe si.
B. Landelle 11 ISM MP
Z 1
3. Nature de ln(t) dt.
0
Å ∈ãCpm (] 0 ; 1 ] , R) négative et
y On a t 7→ ln(t)
1
x − ln(t) = o √ . Par comparaison, on en
Z 1 t
t→0
Z b Z b
Démonstration. On a f = O(g). Par suite, si g(t) dt converge, alors f (t) dt converge. On
a a
a l'autre implication par symétrie des rôles.
Remarque : On dispose du même résultat pour des fonctions continues par morceaux sur
] a ; b ] avec a ∈ ] a ; b [ ∪ {−∞} et des comportements asymptotiques au voisinage de a.
Proposition 11. Soient f, g ∈ Cpm (I, R) avec a une extrémité de I hors de I. Si f (t) t→a
∼ g(t)
et si g positive au voisinage de a, alors f est positive au voisinage de a.
Vocabulaire : Voisinage de a signie ici un intervalle inclus dans I d'extrémité a.
1
Démonstration. On a f = gφ avec φ(t) −−→ 1. Ainsi, il existe V ∈ V (a) tel que φ(t) ⩾ et
t→a 2
g(t) ⩾ 0 pour t ∈ V. Le résultat suit.
B. Landelle 12 ISM MP
Ç√ å √ Z +∞
Ç√ å
ln t ln t ln t
Exemple : sin ∼ ⩾ 0 pour t > 1. Par suite, l'intégrale sin dt
t t→+∞ t 1 t
diverge.
II Fonctions intégrables
1 Intégrabilité
Dénition 5. Soit f ∈ Cpm (I, K) avec a = Inf I et b = Sup I (éventuellement innis). La fonc-
Z b
tion f est dite intégrable ou d'intégrale absolument convergente sur I si |f (t)| dt converge.
a
On dit aussi f intégrable en a et/ou b selon les cas d'ouvertures.
Notation Z: L'ensemble des fonctions intégrables sur I est noté L1 (I, K). Pour f intégrable sur
Z b
I, on note f pour f (t) dt.
I a
Z b
Remarque : Pour f ⩾ 0, l'intégrabilité de f sur I équivaut la convergence de l'intégrale f.
a
La fonction |f | est bien continue par morceaux comme composée de z 7→ |z| avec f , le module
étant continue par inégalité triangulaire inverse.
Proposition 13. Soit f ∈ Cpm (I, K) avec a = Inf I et b = Sup I (éventuellement innis).
L'intégrabilité de f sur I équivaut à l'intégrabilité de f sur l'intérieur de I.
Démonstration. Si l'intervalle I est ouvert, il n'y a rien à faire. Si a et/ou b est fermée, ouvrir
la borne de l'intervalle y rend l'intégrale faussement impropre et ne change pas sa nature.
1
Exemple : Soit f (t) = pour t ∈ I = ] 1 ; +∞ [. La fonction f est intégrable sur I puisqu'on
t2
sait qu'elle est continue et intégrable sur [ 1 ; +∞ [ ouvrir la borne 1 y rend l'intégrale faussement
impropre.
Proposition 14. Soit f ∈ Cpm (I, K) avec a = Inf I et b = Sup I nis. Si I est un segment
ou si f est prolongeable par continuité en les bornes éventuellement ouvertes de I, alors f est
intégrable sur I.
Z b
Démonstration. Si l'intervalle I est un segment, l'intégrale |f | est bien dénie donc conver-
a
gente. Sinon, on applique la proposition 4 à |f |.
B. Landelle 13 ISM MP
2 Propriétés fondamentales
Théorème 3. Soit f ∈ CZpm (I, K) avec a = Inf I et b = Sup I (éventuellement innis). Si f
est intégrable sur I, alors f est convergente.
I
Remarque : La réciproque du théorème est fausse (et délicate). Une fonction non intégrable
mais dont l'intégrale converge est dite d'intégrale semi-convergente.
Remarque : Si I est un segment, cet ensemble est égal à Cpm (I, K) puisque l'intégrabilité y
est acquise.
B. Landelle 14 ISM MP
Proposition 17 (Relation de Chasles). Soient I, J des intervalles de R tels que I ∪ J est un
intervalle et I ∩ J est soit vide, soit réduit à un point, f ∈ Cpm (I ∪ J, K) et f intégrable sur I et
J. Alors, on a f ∈ L1 (I ∪ J, K) et
Z Z Z
f= f+ f
I∪J I J
Démonstration. Résulte soit de la prop 1, soit de la dénition d'une intégrale généralisée sur
un intervalle ouvert avec éventuellement des prolongements par continuité en I ∩ J (disjonctions
de cas).
Proposition 19. Soit f ∈ CZpm (I, R)Z positive, intégrable sur I et J intervalle avec J ⊂ I. Alors
f est intégrable sur J et 0 ⩽ f⩽ f.
J I
D'où, par séparation sur un segment f s'annule sur tout segment inclus dans I donc f s'annule
sur I tout entier.
3 Théorèmes de comparaison
Théorème 6. Soient f ,g dans Cpm ([ a ; b [ , K) avec b ∈ ] a ; +∞ [ ∪ {+∞}. Si g est intégrable sur
[ a ; b [ et si f (t) = O(g(t)) ou o(g(t)) ou ∼ g(t), alors f est intégrable sur [ a ; b [.
t→b t→b
B. Landelle 15 ISM MP
Remarque : On dispose du même résultat pour des fonctions continues par morceaux sur
] a ; b ] avec a ∈ ] −∞ ; b [ ∪ {−∞} et des comportements asymptotiques au voisinage de a.
Démonstration. La fonction f est intégrable par comparaison. Supposons f (t) = o(g(t)). Soit
t→b
ε > 0. Il existe c ∈ [ a ; b [ tel que
B. Landelle 16 ISM MP
∀t ∈ [ c ; b [ |f (t)| ⩽ εg(t)
Z b
Puis, comme g(t) dt converge, par comparaison et inégalité triangulaire, il vient
a
Z b Z b Z b
∀x ∈ [ c ; b [ f (t) dt ⩽ |f (t)| dt ⩽ ε g(t) dt
x x x
d'où le résultat. La preuve avec f (t) = O(g(t)) est identique et le cas f (t) ∼ g(t) se déduit
t→b t→b
du premier avec f (t) = g(t) + o(g(t)).
t→b
Remarque : On dispose du même résultat pour des fonctions continues par morceaux sur
] a ; b ] avec a ∈ ] −∞ ; b [ ∪ {−∞} et des comportements asymptotiques au voisinage de a.
Exemples : 1. On a
Z +∞
Å ã Z +∞
1 dt 1
sin 2 dt ∼ 2
=
x t x→+∞ x t x
Z +∞ Å ã
−t2 1
2. On a ∀α > 0 e dt = o α
x x
Å ã
−t2 1
puisque e = o 1+α
t
Z x
Démonstration. Comme g est positive et non intégrable, alors g(t) dt −−→ +∞. Supposons
a x→b
f (t) = o(g(t)). Soit ε > 0 et c ∈ [ a ; b [ tel que
t→b
∀t ∈ [ c ; b [ |f (t)| ⩽ εg(t)
Par suite, il vient
Z x Z x Z c Z x
∀x ∈ [ c ; b [ f (t) dt ⩽ |f (t)| dt ⩽ |f (t)| dt + εg(t) dt
a a a c
| R{z }
x
⩽ a ...
B. Landelle 17 ISM MP
Z c Z x
Or |f (t)| dt/ g(t) dt −−−−→ 0
a a x→+∞
Remarque : On dispose du même résultat pour des fonctions continues par morceaux sur
] a ; b ] avec a ∈ ] −∞ ; b [ ∪ {−∞} et des comportements asymptotiques au voisinage de a.
Exemples : 1. On a
ZÅ ã x Z x
1 dt
th dt ∼ = ln x
1 t x→+∞ 1 t
Z x Å ã Z 1 Å ã Z x Å ã
1 1 1
et par suite th dt = th dt + th dt ∼ ln x
0 t 0 t 1 t x→+∞
B. Landelle 18 ISM MP
Théorème 10 (Théorème du changement de variable). Soit f ∈ C 0 (] a ; b [ , K) avec a et
b éventuellement innis et φ : ] α ; β [ → ] a ; b [ bijective, strictement décroissante et de classe
Z b Z β
C . Alors les intégrales
1
f (t) dt et − f ◦ φ(u)φ′ (u) du sont de même nature et égales en
a α
cas de convergence.
Démonstration. Soit [ α′ ; β ′ ] ⊂ ] α ; β [ et notons b′ = φ(α′ ) et a′ = φ(β ′ ). On a, par décroissance
de φ et bijectivité de ] α ; β [ sur ] a ; b [,
® ®
α′ → α b′ → b
⇐⇒
β′ → β a′ → a
D'après le théorème de changement de variable (usuel) sur [ α′ ; β ′ ], on a
Z b′ Z α′ Z β′
′
f (t) dt = f ◦ φ(u)φ (u) du = − f ◦ φ(u)φ′ (u) du
a′ β′ α′
et f intégrable en b ⇐⇒ u 7→ f (b − u) intégrable en 0
1
Démonstration. 1. On pose f (t) = pour t ∈ [ a ; b [. On a f ∈ C 0 ([ a ; b [ , R). Comme la
(b − t)α
Z b
fonction f est positive, son intégrabilité en b équivaut à la convergence de l'intégrale f (t) dt
a
et d'après l'application mentionnée précédemment, on a
1
f intégrable en b ⇐⇒ u 7→ f (b − u) = α intégrable en 0 ⇐⇒ α < 1
u
2. Identique.
Exemples : 1. Avec u = t2 , on trouve
Z +∞
t π
dt =
0 1 + t4 4
1
2. Avec u = , on trouve
t
B. Landelle 19 ISM MP
Z +∞ Z +∞ Z +∞
ln(t) ln(u)
ln(t)
dt = − dudt = 0 =⇒
0 (1 + t)2 0 0 (1 + u)2
(1 + t)2
Z a
Proposition 20. Soit f ∈ C (] −a ; a [ , K) avec a ∈ ] 0 ; +∞ [ ∪ {+∞}. Si f (t) dt converge
0
Z a 0
B. Landelle 20 ISM MP
Par trigonométrie, on obtient
2 sin (t/2)2
Z +∞ +∞
1 − cos(t)
Z
dt = dt
0 t2 0 t2
Enn, avec le changement de variables u = t/2, on conclut
Z +∞ Z +∞
sin(t) sin(t)2
L'intégrale de Dirichlet converge et dt = dt.
0 t 0 t2
Z +∞
|sin(t)|
• Divergence de dt.
0 t
1 − cos(2t)
On a |sin(t)| ⩾ sin(t)2 = pour tout t réel. Avec le changement de variable u = 2t,
Z +∞ 2 Z +∞
cos(2t) cos(u)
les intégrales dt et du sont de même nature et donc convergentes en
1 t 2 u Z +∞
1 − cos(2t)
procédant à nouveau par intégration par parties. Si dt converge, alors par
Z +∞ ï Z +∞ 1 t
1 − cos(2t) cos(2t)
ò
dt
linéarité + dt = converge ce qui est absurde. On en déduit
1 Z +∞t t 1 t
1 − cos(2t)
la divergence de dt et par comparaison
1 t
Z +∞
|sin(t)|
L'intégrale dt diverge.
1 t
Z +∞ −t
e
2. Équivalent de dt pour x → +∞. On a
x t
Z +∞ −t ï −t ò+∞ Z +∞ −t Z +∞ −t ÅZ +∞ −t ã
e e e e e
dt = − − dt et dt = o dt
x t t x x t2 x t2 x→+∞ x t
0.07
0.06
0.05
0.04
0.03
0.02
0.01
0.00
2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 5.0 5.5 6.0
+∞
e −t e −x
Z
Figure 9 Graphes de y = dt et y =
x t x
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IV Fonctions dénies par une intégrale
1 Convergence dominée
Pour J intervalle de R, on note J̄ l'adhérence de J, c'est-à-dire l'intervalle J dont on ferme les
bornes nies.
[Admis]
+∞
e −t
Z
Exemple : On pose ∀x > 0 F(x) = dt
0 x+t
Limite puis équivalent de F(x) pour x → +∞.
e −t
On a ∀x > 1 ∀t ⩾ 0 0⩽ ⩽ φ(t) = e −t
x+t
Å ã
1
On a φ continue sur R+ et φ(t) = o 2 d'où φ intégrable sur R+ . Par ailleurs, on a
t
e −t
∀t ⩾ 0 −−−−→ 0
x + t x→+∞
Par convergence dominée F(x) −−−−→ 0
x→+∞
e −t e −t
Puis ∀t ⩾ 0 x −−−−→ e −t et ∀t ⩾ 0 0⩽x ⩽ e −t
x + t x→+∞ x+t
Z +∞
1
Autrement dit F(x) ∼
x→+∞ x
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Théorème 13. Soit f : X × I → K, (x, t) → f (x, t). On suppose
1. ∀x ∈ X f (x, ·) ∈ Cpm (I, K)
2. ∀t ∈ I f (·, t) ∈ C 0 (X, K)
3. Domination : Il existe φ ∈ L1 (I, R+ ) telle que
∀(x, t) ∈ X × I |f (x, t)| ⩽ φ(t)
Z
Alors, la fonction F : x 7→ f (x, t) dt est bien dénie et continue sur X.
I
[Admis]
Remarques : 1. Dans un premier temps, on considère que X est un intervalle de R non vide,
non réduit à un point (on utilisera le cas de X partie non vide d'un evn ultérieurement).
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Théorème 14. Soit f : X × I → K, (x, t) → f (x, t). On suppose :
1. ∀x ∈ X f (x, ·) ∈ L1 (I, K) ;
2. ∀t ∈ I f (·, t) ∈ C 1 (X, K)
∂f
3. ∀x ∈ X (x, ·) ∈ Cpm (I, K)
∂x
4. Domination : Il existe φ ∈ L1 (I, R+ ) telle que
∂f
∀(x, t) ∈ X × I (x, t) ⩽ φ(t)
∂x
Z
Alors, la fonction F : x 7→ f (x, t) dt est bien dénie de classe C 1 sur X avec
I
Z
′ ∂f
∀x ∈ X F (x) = (x, t) dt
I ∂x
[Admis]
Vocabulaire : Ce théorème est aussi intitulé théorème de dérivation sous l'intégrale ou théo-
rème de Leibniz.
Remarque : Comme pour la continuité, le caractère C 1 est une propriété locale et on peut et
même on doit se contenter d'une domination locale si on ne parvient pas à réaliser une domi-
nation globale.
Z +∞
sin(xt) −t
Exemple : On pose ∀x ∈ R F(x) = e dt
0 t
1
On trouve ∀x ∈ R F′ (x) = puis F(x) = Arctan x
1 + x2
∂j f
Z
(j)
∀x ∈ X ∀j ∈ [[ 1 ; k ]] F (x) = (x, t) dt
I ∂xj
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[Admis]
Remarque : Comme pour la continuité, le caractère C k est une propriété locale et on peut et
même on doit se contenter d'une domination locale si on ne parvient pas à réaliser une domi-
nation globale.
∀(k, x) ∈ N × ] 0 ; +∞ [ (k)
Γ (x) = ln(t)k tx−1 e −t dt
0
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En particulier, pour n entier non nul, on a Γ(n+1) = nΓ(n) et une récurrence immédiate donne
Γ(n + 1) = n!.
• D'après le résultat de la première question, pour x > 0, la fonction t 7→ f (x, t) est intégrable.
∂kf
Ainsi ∀k ∈ [[ 1 ; n − 1 ]] ∀x > 0 t 7→ (x, t) intégrable sur ] 0 ; +∞ [.
∂xk
∂ nf
• Pour x > 0, on a t 7→ (x, t) ∈ Cpm (] 0 ; +∞ [ , R) par théorèmes généraux.
∂xn
• Domination : Soit [ a ; b ] ⊂ ] 0 ; +∞ [. On a
∂ nf
∀(x, t) ∈ [ a ; b ] × ] 0 ; +∞ [ n
(x, t) ⩽ φ(t) = |ln(t)|n (ta−1 + tb−1 )e −t
∂x
Soit α ∈ ] 0 ; a [. On a
Å ã Å ã
1 1
1−α
t φ(t) ∼ |ln t| t −−→ 0 ⇐⇒ φ(t) = o 1−α
a−α
et φ(t) = o 2
t→0 t→0 t→0 t t→+∞ t
par croissances comparées. Ainsi, la fonction φ est intégrable. Par conséquent, la fonction Γ est
de classe C n sur tout segment inclus dans ] 0 ; +∞ [ donc sur ] 0 ; +∞ [ et ce pour tout n entier
donc
Γ ∈ C ∞ (] 0 ; +∞ [ , R)
4. Pour x > 0, on a f (x, ·) continue sur I, positive non nulle d'où Γ(x) > 0 par séparation de
l'intégrale. On en déduit que ln ◦Γ est deux fois dérivable comme composée de telles fonctions
et par dérivation
Γ′ (x)
∀x > 0 (ln ◦Γ)′ (x) =
Γ(x)
ã′
Γ′ Γ′′ (x)Γ(x) − Γ′ (x)2
Å
puis ∀x > 0 (x) =
Γ Γ(x)2
Soit [ a ; b ] ⊂ ] 0 ; +∞ [. D'après l'inégalité de Cauchy-Schwarz classique (dans F = C 0 ([ a ; b ] , R)
Z b
muni de ⟨f, g⟩ = f (t)g(t) dt pour (f, g) ∈ F2 ), on a
a
ÇZ b
å2 ÇZ b
å ÇZ b
å
x−1 −t 2 x−1 −t x−1 −t
ln(t)t e dt ⩽ ln(t) t e dt t e dt
a a a
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Faisant tendre a → 0, b → +∞, toutes les intégrales concernées étant convergentes, on conclut
Γ′
La fonction croît .
Γ
10
0
0 1 2 3 4 5
Remarque : On peut établir la stricte croissance mais dans ce cas, il faut nier le cas d'égalité
dans l'inégalité de Cauchy-Schwarz pour l'espace E des fonctions continues de carré intégrable
sur ] 0 ; +∞ [ muni du produit scalaire
Z +∞
2
∀(f, g) ∈ E ⟨f, g⟩ = f (t)g(t) dt
0
L'ensemble E est bien stable par combinaison linéaire en utilisant l'inégalité
∀(f, g) ∈ E2 (f + g)2 ⩽ 2(f 2 + g 2 )
et l'intégrale dénissant le produit scalaire converge car
f 2 + g2
∀(f, g) ∈ E2 |f g| ⩽
2
On conclut comme précédemment en considérant
x−1 t x−1 t
f : t ∈ I 7→ ln(t)t 2 e−2 et g : t ∈ I 7→ t 2 e−2
avec I = ] 0 ; +∞ [. La famille (f, g) étant libre, l'inégalité de Cauchy-Schwarz appliquée à f et
g est stricte.
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