Guide LARINIER Prises D'eau Ichtyocompatibles

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ANGUILLES-OUVRAGES

PROGRAMME NATIONAL DE RECHERCHE-DEVELOPPEMENT

DEFINITION DE PRISES D’EAU ICHTYOCOMPATIBLES


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PERTES DE CHARGE AU PASSAGE DES PLANS DE GRILLE INCLINES OU ORIENTES
DANS DES CONFIGURATIONS ICHTYOCOMPATIBLES ET CHAMPS DE VITESSE A
LEUR APPROCHE

Sylvain RAYNAL, Ludovic CHATELLIER, Laurent DAVID


Axe HydEE (Hydrodynamique, Ecoulement, Environnement) Institut P', CNRS- Université de
Poitiers - ENSMA

Dominique COURRET, Michel LARINIER


Pôle Écohydraulique ONEMA - IMFT - IRSTEA

AVRIL 2012

RAPPORT POLE RA11.02


ANGUILLES-OUVRAGES
PROGRAMME NATIONAL DE RECHERCHE-DEVELOPPEMENT

www.onema.fr www.ademe.fr www.france-hydro-electricite.fr

www.edf.fr www.shem.fr www.cnr.tm.fr

Depuis plusieurs décennies, l’anguille européenne (Anguilla anguilla) présente de nets signes
de déclin de son abondance sur l’ensemble de son aire de répartition (Dekker, 2004). Elle fait
aujourd'hui partie des espèces menacées et au vu des bilans la situation est aujourd’hui devenue
critique. Plus qu’un facteur en particulier, c’est une multiplicité de facteurs qui sont à l’origine de cette
diminution continue. Il est donc essentiel de réduire significativement les pressions qui pèsent sur le
stock (pêche et aspects environnementaux), mais aussi d’intervenir sur les obstacles à sa libre
circulation qui constituent l’un des principaux facteurs limitant son aire de répartition en milieu
continental avec des blocages à la montaison et des dommages lors de la dévalaison (dommages et
mortalités suite au passage au travers des turbines).
Afin de restaurer le stock d’anguille, l’Union européenne a pris des mesures de protection au
travers du règlement CE n° 1100/2007 du 18 septembr e 2007. Le récent règlement européen pour la
reconstitution du stock d’anguilles a défini un objectif d’atteindre un taux d’échappement de géniteurs
équivalent à 40% de la biomasse « pristine » (état naturel sans pression anthropique impactant le
stock).
Le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de l’Aménagement du
Territoire ainsi que le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche ont été chargés de mettre en place un
Plan de Gestion national pour la reconstitution du stock d’anguilles comportant des mesures sur les
différents facteurs de mortalités anthropiques. Afin de mener à bien ce Plan de Gestion, un Comité
National Anguille a été mis en place, ainsi que plusieurs groupes de travail thématiques, dont le
groupe de travail « Ouvrages ».
Le groupe de travail « Ouvrages » a rendu un rapport validé par le Comité National le 9 janvier
2008. Celui-ci a conclu notamment à l’intérêt de la mise en œuvre d’un programme de Recherche et
de Développement qui a pour objectif la mise en œuvre d’un certain nombre d’actions visant à
acquérir une meilleure connaissance du comportement et des rythmes de dévalaison de l’anguille, à
évaluer l’impact des aménagements hydroélectriques à la dévalaison (mortalités dans les turbines et
impacts cumulés des aménagements sur un axe donné), à développer et évaluer de nouvelles
techniques visant à réduire les mortalités dans les turbines (prises d’eau ichtyocompatibles, turbines
ichtyophiles, biomoniteurs, barrières comportementales).
Dans ce contexte un certain nombre d’actions communes de Recherche et Développement sur
le franchissement des ouvrages par l’anguille européenne ont été engagées en 2008 et 2009, actions
qui ont fait l’objet d’un accord cadre signé par les principaux acteurs : Electricité de France, France
Hydroélectricité, GDF-SUEZ, la Compagnie Nationale du Rhône, la Société Hydroélectrique du Midi,
l’ADEME et l’ONEMA.
La présente étude est issue de cet accord-cadre et constitue l’action n°11 de ce programme
R&D.
Cette étude s’inscrit dans la poursuite des travaux du Guide pour la conception de prises d’eau
ichtyocompatibles pour les petites centrales hydroélectriques (Courret et Larinier 2008), et vise à
répondre aux besoins de R&D alors identifiées. Cette étude permettra en retour d’envisager une
actualisation de ce guide.
Cette étude, d’un coût total de 360 k€, a fait l’objet :
• d’un financement de la SHEM (54 k€),
• d’un financement de la CNR (54 k€),
• d’un financement de l’ADEME et France-Hydroélectricite (54 k€),
• d’un autofinancement du temps passé par les personnels de l’Institut P’ et de
l’amortissement de leur matériel (82 k€),
• d’un financement de l’ONEMA (100 k€) et d’un autofinancement du temps passé par ses
personnels (16 k€),
• et d’un autofinancement du temps passé et des déplacements des membres du comité
de pilotage technique (non chiffré).
L’étude a d’autre part utilisé des canaux et des appareils de mesure ADV et PIV en partie
financés par la Région Poitou-Charentes et le FEDER.
L’étude s’est déroulée sous la responsabilité scientifique de Laurent David et Ludovic Chatellier,
respectivement Professeur et Maître de Conférence à l’Institut P’ de Poitiers, et Dominique Courret et
Michel Larinier du Pôle Ecohydraulique ONEMA – IMFT – IRSTEA.
Le comité de pilotage technique de l’étude a été réuni à 2 reprises (le 03/11/2010 et le
05/05/2011) et était constitué, par ordre alphabétique, de :
• Jacques Aurangé (SHEM)
• Jean-François Bansard (THEE, groupe Hydreo).
• Xavier Casiot (France Hydroélectricité).
• Ludovic Chatellier (Institut P’)
• Dominique Courret (Pôle Ecohydraulique ONEMA – IMFT – IRSTEA)
• Armèle Cros (SHEM)
• Laurent David (Institut P’)
• Jacques Fonkenell (MJ2)
• Michel Larinier (Pôle Ecohydraulique ONEMA – IMFT – IRSTEA)
• Youann Level (CNR).
• Kattrin Liné (EDF CIH).
• Sébastien Longares (SHEM)
• Anne Penalba (France Hydroélectricité).
• Sylvain Raynal (Institut P’).
• François Travade (EDF R&D).
Ce rapport présente la première phase de l’étude portant sur les pertes de charge au passage
des plans de grilles, les champs de vitesse à leur approche, ainsi que l’influence du colmatage sur ces
aspects.
Cette étude a été prolongée pour d’une part finir la seconde phase sur l’implantation et
l’alimentation des exutoires de dévalaison, et d’autre part répondre aux besoins de R&D
complémentaires identifiés lors de la première phase.
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PERTES DE CHARGE AU PASSAGE DES PLANS DE GRILLE INCLINES OU ORIENTES DANS
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RESUME
Ce rapport présente la première phase de l’action 11 du programme R&D Anguille dont l’objectif
est (1) de pouvoir estimer correctement les pertes de charge au passage des plans de grille à faible
espacements entre barreaux, inclinés ou orientés dans des configurations ichtyocompatibles, (2) de
caractériser les vitesses à leur approche pour fiabiliser la conception des prises d’eau vis-à-vis du
guidage des poissons vers les exutoires, et (3) d’appréhender l’effet du colmatage sur ces aspects. Au
travers d’une étude expérimentale, les pertes de charge ont été mesurées dans 88 configurations. La
formule de Meusburger préconisée jusque là n’étant pas tout à fait adaptée, de nouvelles formules
applicables aux configurations ichtyocompatibles sont proposées pour estimer les coefficients de
perte de charge. L’intérêt d’un profil de barreau hydrodynamique par rapport à un profil rectangulaire
est caractérisé. L’influence du colmatage sur les pertes de charge est analysée, et une approche pour
en rendre compte est proposée, avec des résultats satisfaisants pour les plans de grille inclinés et à
améliorer pour les plans de grille orientés. La caractérisation des vitesses normales et tangentielles le
long des plans de grille a apporté les éléments de réponse concernant les aspects liés à la dévalaison
des poissons (guidage en fonction de l’orientation ou de l’inclinaison, vitesse d’approche admissible,
vitesse en entrée des exutoires). Les critères d’une inclinaison d’un angle β ≤ 26°, ou d’une orientation
d’un angle α ≤ 45° sont en particulier confirmés. Le colmatage ne semble pas détériorer les conditions
de guidage des poissons dans le cas des plans de grille inclinés. Dans le cas de plans de grille
orientés, si des colmatages localisés en pied ou sommet de grille sont attendus, il peut y avoir lieu de
prendre une marge de sécurité sur la vitesse d’approche admissible.

Mots clés: prise d’eau ichtyocompatible, perte de charge, vitesse normale et tangentielle,
colmatage.

ABSTRACT
This report presents the first phase of the action n°11 of the French R&D program for Eels,
which aims (1) at being able to correctly estimate head-losses through trashrack with low bar-spacing,
in inclined or angled fish-friendly configurations, (2) at characterizing velocities when approaching
these racks in order to improve the reliability of water intake for fish guidance towards bypasses, and
(3) at characterizing the effect of clogging on these aspects. Thanks to an experimental study, head-
losses were measured in 88 configurations. As the Meusburger’s formula recommended until now is
not adapted, new formulae are proposed to estimate head-losses. The interest of a hydrodynamic bar
profile compared to a rectangular one is characterized. The influence of clogging on head-losses is
analysed, and a way to take it into account is proposed giving satisfactory results for inclined racks
and need to be improved for angled racks. The characterization of normal and tangential velocity
evolutions along racks brings answers concerning fish downstream migration aspects (guidance as a
function of the inclination or orientation angle, admissible approach velocities, velocities at bypass
entrances). Criteria of an inclination β ≤ 26° or an angulation α ≤ 45° are in particular confirmed.
Clogging seems not to deteriorate fish guidance in inclined configurations. In angled ones, if clogging
localized at the foot or at the top of the rack are expected, it can be necessary to take a safety margin
on the admissible approach velocity.

Key words: fish-friendly intake, head-loss, normal and tangential velocities, clogging.
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PERTES DE CHARGE AU PASSAGE DES PLANS DE GRILLE INCLINES OU ORIENTES DANS
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SYNTHESE OPERATIONNELLE

Contexte et concept de prises d’eau ichtyocompatibles


La problématique des dommages suite au passage au travers des turbines se pose avec acuité
pour les anguilles argentées en dévalaison, du fait de leur taille importante (Gomes et Larinier, 2008).
La réduction de ces dommages fait partie des mesures de protection identifiées dans le plan de
gestion anguille français (Anonyme, 2010) pour atteindre l’objectif de reconstitution du stock défini par
le règlement européen n°1100/2007. Les prises d’eau ichtyocompatibles constituées de plans de
grilles à faibles espacements, associés à un ou plusieurs exutoires constituent un type de solution à
ce problème.
Une prise d’eau ichtyocompatible doit permettre (1) d’arrêter les poissons et les empêcher ainsi
de passer par les turbines, (2) de les guider vers un système de transfert (exutoire) et (3) de les
acheminer à l’aval de l’aménagement sans dommages, avec l’objectif global d’atteindre de très
bonnes efficacités (taux de transfert des poissons se présentant à la prise d’eau > 95%).
Deux configurations de prises d’eau ichtyocompatibles sont envisageables :
• un plan de grille quasi-vertical et orienté en plan par rapport à la direction de
l’écoulement ; l’exutoire est alors positionné à l’extrémité aval du plan de grille.
• un plan de grille très incliné en coupe par rapport à l’horizontale et disposé
perpendiculairement à l’écoulement ; un ou plusieurs exutoires selon la largeur de la
prise d’eau sont alors positionnés au sommet du plan de grille.
La mise en place d’une prise d’eau ichtyocompatible se traduit généralement par une réduction
significative de l’espacement libre entre les barreaux par rapport à ceux adoptés pour le seul besoin
de protection de la turbine, avec des répercussions sur les pertes de charge (préconisation
d’espacement de 15-20 mm pour l’anguille). D’autre part, l’inclinaison (β ≤ 26°) ou l’orientation
(α ≤ 45°) du plan de grille préconisées pour obtenir le guidage des poissons vers les exutoires, avec le
critère d’une vitesse normale au plan de grille Vn ≤ 0.5 m/s, constituent une modification importante
des prises d’eau, les plans de grille conventionnels étant généralement quasi-verticaux et
perpendiculaires à l’écoulement.

Objectifs de l’étude et contenu du rapport


Les objectifs de l’étude sont :
• 1) de caractériser expérimentalement les coefficients de pertes de charge dans les
configurations de prises d’eau ichtyocompatibles, et de tester l’applicabilité des formules
existantes, en particulier celle de Meusburger, afin de les valider ou si nécessaire de les
adapter. La finalité est de pouvoir estimer correctement les pertes de charge pour juger
de l’acceptabilité vis-à-vis de l’exploitation hydroélectrique de la mise en place d’une
prise d’eau ichtyocompatible.
• 2) de caractériser les vitesses d’écoulement à l’approche des plans de grille
ichtyocompatibles, et notamment d’en quantifier le phénomène d’augmentation vers
l’aval, en fonction de l’inclinaison ou l’orientation, pour pouvoir fiabiliser la conception
des prises d’eau vis-à-vis du guidage des poissons.
• 3) de caractériser l’influence du colmatage du plan de grille sur les pertes de charge et
les champs de vitesse le long des plans de grille.
• 4) de préciser les critères d’alimentation en débit et d’implantation de l’exutoire, pour à la
fois assurer l’efficacité du dispositif de dévalaison et limiter les pertes d’exploitation.
Ce rapport présente la première phase de l’étude portant sur les pertes de charge au passage
des plans de grilles, les champs de vitesse à leur approche, ainsi que l’influence du colmatage sur ces
aspects (points 1 à 3). L’implantation et l’alimentation des exutoires (point 4), étudiées dans une
deuxième phase, feront l’objet d’une étude complémentaire et d’un rapport séparé.

Perte de charge au passage des plans de grille


Les pertes de charge ont été caractérisées expérimentalement sur modèle réduit dans 88
configurations différentes, en combinant 4 angles d’orientation (α de 90° à 30°), 7 angles d’inclinaison
(β de 90° à 15°), 4 espacements libres entre barreaux (e de 10, 15, 20 et 30 mm) et 2 profils de
barreau (rectangulaire PR et hydrodynamique PH). Quelques configurations supplémentaires ont
également été testées pour compléter l’analyse de l’indépendance des coefficients de perte de charge
vis-à-vis des nombres de Reynolds et de Froude, et celle de l’influence des lignes d’entretoises dans
le cas des plans de grille inclinés.
Les configurations testées couvrent bien toutes les configurations ichtyocompatibles
envisagées (plans de grille à espacement libre réduit, inclinés ou orientés), et vont jusqu’à des
configurations conventionnelles en terme d’implantation (plans de grille vertical et perpendiculaire à
l’écoulement).
L’indépendance du coefficient de perte de charge ξ vis-à-vis des nombres de Froude et de
Reynolds a tout d’abord été démontrée, ce qui permet de s’assurer que les résultats obtenus sur le
modèle réduit peuvent bien s’appliquer sur les plans de grille des prises d’eau réelles.

Dans le cas d’un plan de grille vertical et perpendiculaire à l’écoulement (α et β = 90°), les
résultats expérimentaux montrent que :
• Le coefficient de perte de charge augmente logiquement lorsque l’espacement libre
entre barreaux diminue, ou autrement dit, lorsque l’obstruction du plan de grille
augmente. Dans le cas du profil rectangulaire, le coefficient passe de 1.14 pour une
obstruction de 0.36 (b = 10 mm et e = 30 mm) à 4.60 pour une obstruction de 0.57
(b = 10 mm et e = 10 mm). Dans le cas du profil hydrodynamique, il passe
respectivement de 0.70 à 2.75.
• Le profil hydrodynamique permet d’obtenir une réduction d’environ 40% des coefficients
de perte de charge, par rapport à ceux obtenus avec le profil rectangulaire.

Dans le cas des plans de grille orientés par rapport à la direction de l’écoulement, les résultats
expérimentaux montrent que :
• Le coefficient de perte de charge augmente avec l’orientation du plan de grille par
rapport à la direction de l’écoulement (lorsque l’angle α diminue), mais cette
augmentation est d’autant moins prononcée que l’obstruction est forte. Par exemple,
dans le cas du profil rectangulaire, le coefficient passe de 1.14 à 90°, à 5.01 à 30°
(x 4.39) pour une obstruction de 0.36 (e = 30 mm), alors qu’il passe de 4.60 à 5.21
(x 1.13) pour une obstruction de 0.57 (e = 10 mm). Cela peut s’expliquer par le fait que
plus l’espacement entre barreaux est faible, meilleur est le « redressement » de
l’écoulement au passage de la grille.
• L’augmentation des coefficients de perte de charge avec l’orientation du plan de grille
s’avère un peu plus prononcée avec le profil hydrodynamique qu’avec le profil
rectangulaire. Pour α = 45° et 30°, la réduction du coefficient de perte de charge
obtenue avec le profil hydrodynamique par rapport au profil rectangulaire n’est plus que
de l’ordre de 20% à 40% et de 15% à 30% respectivement, selon l’obstruction.
Dans le cas des plans de grille inclinés par rapport à l’horizontale, les résultats expérimentaux
montrent que :
• Pour les deux profils de barreaux, le coefficient de perte de charge d’une part augmente
avec l’obstruction de la grille, et d’autre part diminue avec l’inclinaison du plan de grille
(lorsque l’angle β diminue). Par exemple, dans le cas du profil rectangulaire, pour une
obstruction de 0.36 (e = 30 mm), le coefficient passe d’environ 1.20 à 90°, à 0.67 à 45°
(-44%) et à 0.58 à 25° (-52%). Pour une obstruction de 0.57 (e = 10 mm), il passe
d’environ 4.55 à 90°, à 2.26 à 45° (-50%) et à 1.26 à 25° (-72%).
• La diminution du coefficient de perte de charge est, en proportion, à peu près similaire
quels que soient l’obstruction de la grille et le profil de barreaux, jusqu’à une inclinaison
de 45°. Pour les inclinaisons plus prononcées ( β ≤ 35°), la tendance à la diminution
s’estompe, et peut même s’inverser entre 25° et 15° . Ce phénomène se fait d’autant
plus sentir que l’obstruction de la grille est faible. Il se fait d’autre part plus sentir avec le
profil hydrodynamique qu’avec le profil rectangulaire. Cela semble lié au fait que
l’obstruction due aux lignes d’entretoises augmente avec l’inclinaison du plan de grille.
• La réduction du coefficient de perte de charge obtenue avec le profil hydrodynamique
par rapport au profil rectangulaire diminue vers les fortes inclinaisons. Par exemple, pour
β = 25°, elle n’est plus que de l’ordre de 10% à 30% selon l’obstruction.

Une comparaison a été menée entre les coefficients de perte de charge expérimentaux et les
valeurs calculées selon la formule de Meusburger (2002), formule a priori la plus complète qui a été
préconisée dans le guide pour la conception des prises d’eau ichtyocompatibles. Cette comparaison
révèle des écarts parfois non négligeables pour le profil de barreaux rectangulaire, et toujours
importants pour le profil de barreaux hydrodynamique, apparaissant dès le cas d’un plan de grille
vertical et perpendiculaire à l’écoulement, et ayant tendance à s’aggraver avec l’inclinaison ou
l’orientation du plan de grille.

Par conséquent, il a été établi de nouvelles formules applicables aux configurations de plans de
grille ichtyocompatibles, pour évaluer le coefficient de pertes de charge ξ, et permettre le calcul de la
perte de charge due au plan de grille ∆H, connaissant la vitesse débitante à l’amont V1 (et g
l’accélération de la pesanteur [9.81 m/s²]) :

V12
∆H = ξ *
2g
La vitesse débitante amont V1 est calculée à partir du débit entonné Q, de la hauteur d’eau H1
et de la largeur de la prise d’eau B à l’amont du plan de grille.

Q
V1 =
H1 * B

Les formules proposées font appel aux paramètres définis ci-dessous, qui sont à déterminer à
partir des plans de la prise d’eau et du plan de grille :
• O : obstruction globale de la grille, définie comme le ratio adimensionnel entre :
 la surface immergée, effectivement apparente depuis l’amont, de tous les
éléments de la grille (barreaux, entretoises, supports),
 et la surface immergée du plan de grille.
• Ob : obstruction due aux barreaux et autres éléments longitudinaux du plan de grille,
définie comme le ratio adimensionnel entre :
 la surface immergée, effectivement apparente depuis l’amont, de ces
éléments,
 et la surface immergée du plan de grille.
• OentH : obstruction due aux lignes d’entretoises et autres éléments transversaux du plan
de grille, définie comme le ratio adimensionnel entre :
 la surface immergée, effectivement apparente depuis l’amont, de ces
éléments, projetée horizontalement sur la section d’écoulement en amont,
 et la section d’écoulement en amont du plan de grille (H1 * B).
• α : angle d’orientation du plan de grille par rapport à la direction de l’écoulement.
• β : angle d’inclinaison du plan de grille par rapport à l’horizontale.
On entend par la « surface effectivement apparente depuis l’amont » d’un élément, la surface
qui n’est pas cachée par d’autres éléments présents en amont. Par exemple, vu depuis l’amont, les
lignes d’entretoises sont partiellement cachées par les barreaux et n’apparaissent que dans les
espaces libres entre barreaux.

Une première démarche d’élaboration d’une formule prédictive, en conservant le même type de
formulation que Meusburger (2002) et en suivant le même processus de détermination des
coefficients, a permis de mettre au point et de proposer à l’application :
• Une formule F1 pour les plans de grille perpendiculaires à l’écoulement (α = 90°),
verticaux ou faiblement inclinés (β ≤ 90°), avec une obstruction due aux lignes
d’entretoises et autres supports transversaux immergés OentH inférieure à 0.1, applicable
sur une gamme d’obstruction O de 0.2 à 0.6, pour les profils de barreau rectangulaire et
hydrodynamique :
1.6
 O 
(F1) ξ = K F * K O * K β = a *  * (1 − cos β )
0.39

 1− O 
Avec a = 2.89 pour PR et 1.70 pour PH.
• Une formule F2 pour les plans de grille verticaux (β = 90°) et orientés par rapport la
direction de l’écoulement (30° ≤ α ≤ 90°), applicable sur une gamme d’obstruction O de
0.35 à 0.6, pour un rapport largeur sur profondeur du barreau b / p voisin de 0.125, pour
un rapport espacement libre sur largeur du barreau e / b compris entre 1 et 3, et pour les
profils de barreau rectangulaire et hydrodynamique :

 O 
1.6
  90 − α 
2.35
 1 − O  
3

(F2) ξ = K F * K O * K α = a *   
* 1+ c *   *  
 1− O    90   O  

Avec a = 2.89 pour PR et 1.70 pour PH et c = 1.69 pour PR et 2.78 pour PH.

Une seconde démarche d’élaboration, avec un nouveau type de formulation, a permis de mettre
au point et de proposer à l’application :
• Une formule F3 pour les plans de grille perpendiculaires à l’écoulement (α = 90°) et
verticaux ou inclinés (15° ≤ β ≤ 90°), applicable sur une gamme d’obstruction Ob de 0.28
à 0.53 et d’obstruction OentH jusqu’à 0.23, pour les profils de barreau rectangulaire et
hydrodynamique :
1.65 0.77
 Ob   O entH 
(F3) ξ = K F,b * K b * K β + K Fent * K entH = a *  
 * (sin β )2 + c *  

 1 − Ob   1 − O entH 
Avec a = 3.85 pour PR et 2.10 pour PH, et c égal au coefficient de forme moyen des lignes
d’entretoises et supports transversaux (moyenne des coefficients de forme de chaque type d’éléments
transversaux, pondérés selon leurs parts respectives dans OentH). Coefficients de forme déterminés
selon Kirschmer (1926, notamment 1.79 pour une section cylindrique et 2.42 pour une section
rectangulaire) ou évalués par analogie en fonction de leur coefficient de traînée pour les autres formes
(proposition par exemple de retenir un coefficient de 4 pour les poutres IPN ou de section carrée).
La formule F1 couvre les configurations de plans de grille conventionnels, perpendiculaires à
l’écoulement et peu inclinés. La formule F2 couvre les configurations des plans de grille orientés
ichtyocompatibles et la formule F3 celles des plans de grille inclinés. Les plans de grille orientés sont
généralement également quelque peu inclinés (β ≈ 75-80°) pour faciliter le dégrillage. Cette légère
inclinaison ne peut pas être prise en compte dans la formule F2, mais son effet est très faible et peut
être négligé.
Les estimations des coefficients de pertes de charge par ces 3 formules sont très proches des
valeurs expérimentales, avec des écarts moyens par rapport aux valeurs mesurées de 5% à 8% selon
le profil de barreau, et un écart maximum de 25% ; ce qui est considéré satisfaisant et acceptable
pour leur utilisation. Les formules F2 et F3 constituent une amélioration pour l’évaluation des pertes
de charge dans les configurations ichtyocompatibles, par rapport à la formule de Meusburger
préconisée jusqu’à présent.
Les rapports entre les coefficients de forme des profils de barreaux rectangulaire et
hydrodynamique trouvés dans les formules proposées (2.89 / 1.70 = 1.7, soit -41% dans F1 et F2 et
3.85 / 2.10 = 1.83, soit -46% dans F3) reflètent bien les résultats expérimentaux. Ces rapports sont
par contre sensiblement inférieurs à celui des coefficients de forme de Kirschmer (1926)
(2.42 / 1.04 = 2.33, soit -57%). L’intérêt du profil hydrodynamique testé par rapport au profil
rectangulaire est ainsi plus faible qu’attendu. Il reste néanmoins significatif avec une réduction du
coefficient de perte de charge de l’ordre 40% dans le cas d’un plan de grille vertical et perpendiculaire
à l’écoulement. Ce pourcentage de réduction a tendance à diminuer lorsque le plan de grille est
incliné ou orienté, et ce d’autant plus que son obstruction est faible. Dans le cas par exemple d’un
plan de grille orienté à 45°, le profil hydrodynami que permet une réduction du coefficient de perte de
charge de 15%, 27% et 35% pour une obstruction O de 0.35, 0.45 et 0.55 respectivement. Dans le
cas d’un plan de grille incliné, l’intérêt global du profil hydrodynamique dépend du rapport entre
l’obstruction due aux barreaux Ob et l’obstruction due aux lignes d’entretoises et autres éléments
transversaux OentH. Plus Ob sera important par rapport à OentH, plus le profil hydrodynamique sera
intéressant et inversement. Dans le cas par exemple d’un plan de grille incliné à 25° avec OentH = 0.1,
le profil hydrodynamique permet une réduction du coefficient de perte de charge de 12%, 20% et 27%
pour une obstruction Ob de 0.30, 0.40 et 0.50 respectivement. La diminution de perte de charge que
peut apporter le profil de barreau hydrodynamique est à comparer à son surcoût de fabrication et à
l’éventuel surcoût d’assemblage de la grille. Il faut également prendre en compte le fait que le profil
hydrodynamique peut avoir comme autre avantage de limiter la formation du colmatage permanent,
en réduisant la longueur de la zone de blocage où l’espacement libre entre barreau est minimum.

L’influence du colmatage du plan de grille sur les pertes de charge a été étudiée sur différentes
configurations, en testant les deux profils de barreau rectangulaire et hydrodynamique, un
espacement libre entre barreaux de 20 mm (obstruction de l’ordre de 0.41), et 5 dispositions de plan
de grille : 1 vertical et perpendiculaire (α = β = 90°), 3 inclinés ( α = 90° et β = 25°, 45° et 60°) et 1
orienté (β = 90° et α = 45°). Six types de colmatages différents ont été reproduits en rajoutant par-
dessus les plans de grilles, des plaques percées de solidité et porosité connues : 3 types
correspondant à des colmatages réguliers sur toute la surface du plan de grille et 3 types
correspondant à des colmatages localisés en pied et/ou sommet de la grille. Les taux de colmatage C
testés varient d’environ 0.1-0.2 à 0.65 et engendrent des obstructions totales entre 0.46 et 0.80, ce qui
couvre bien les situations des plans de grille fine en exploitation.
Les résultats expérimentaux montrent que :
• Pour chaque configuration de plan de grille, les coefficients de perte de charge
augmentent logiquement avec l’obstruction totale et le taux de colmatage. Notamment,
pour un plan de grille incliné à 25° avec un profil de barreau rectangulaire, le coefficient
de perte de charge passe de 0.64 pour l’obstruction initiale de 0.41 (sans colmatage), à
environ 1.3, 2.0 et 4.3 pour des obstructions totales de 0.53, 0.67 et 0.79
respectivement.
• Pour un même type de colmatage et une même obstruction totale, le coefficient de perte
de charge varie grandement selon la configuration du plan de grille, la dispersion des
valeurs augmentant avec l’obstruction totale. Cela amène à penser que la prise en
compte du colmatage dans les formules prédictives a intérêt à intégrer la configuration
du plan de grille.
Les deux expressions proposées par Meusburger (2002) pour évaluer le facteur d’augmentation
du coefficient de perte de charge KC ont été testées. Les résultats montrent que ces expressions ne
peuvent pas être appliquées dans le cas de plans de grille inclinés ou orientés.
Pour prendre en compte l’influence du colmatage, il est proposé une approche qui consiste à
appliquer les formules établies sans colmatage F2 et F3, en remplaçant l’obstruction O par
l’obstruction totale OC dans F2, et en remplaçant Ob par Ob,C dans F3 :

O C = O + (1 − O) * C et O b ,C = O b + (1 − O b ) * C
Pour les plans de grille orientés, les résultats sont peu satisfaisants avec une surestimation
systématique, pouvant atteindre +90%. Pour les plans de grille inclinés, les résultats montrent une
tendance à la sous-estimation des faibles coefficients de perte de charge, limitée à -30%, et une
tendance à la surestimation des forts coefficients, limitée à +50%. Les trois-quarts des valeurs
prédites présentent un écart inférieur à 30%. Etant donné la complexité du phénomène de colmatage
des grilles et les difficultés à le reproduire, ces résultats sont considérés satisfaisants pour les plans
de grille inclinés et sont en revanche encore très approximatifs pour les plans de grille orientés.

Champs de vitesse à l’approche des plans de grille ichtyocompatibles


Les vitesses d’écoulement à l’amont des plans de grille ont été caractérisées à partir de profils
ADV 3D (Acoustic Doppler Velocimetry) et/ou de champs PIV 2D (Particle Image Velocimetry), dans
56 configurations différentes, en combinant 3 angles d’orientation α (60°, 45° et 30°), 4 angles
d’inclinaison β (45°, 35°, 25°, 15°), 4 espacements libres entre b arreau (e de 10, 15, 20 et 30 mm) et 2
profils de barreau (rectangulaire PR et hydrodynamique PH). Des mesures ont également été
effectuées dans des configurations supplémentaires pour analyser l’influence du positionnement de la
mesure par rapport aux barreaux et des lignes d’entretoises dans le cas des plans de grilles inclinés,
et pour tester des espacements libres plus importants, ainsi qu’une autre largeur de canal dans le cas
des plans de grilles orientés. Les mesures PIV 2D ont d’autre part permis de décrire les champs de
vitesse à l’aval des plans de grilles dans quelques configurations.
Il a été tout d’abord vérifié que les deux métrologies ADV et PIV donnent bien des résultats
comparables. Dans le cas des plans de grille orientés, il a également été vérifié que les résultats
obtenus sur le modèle réduit sont indépendants de la largeur du canal et sont donc bien extrapolables
aux largeurs plus importantes des prises d’eau réelles. Même s’il n’y a pas vraiment de doute, une
vérification similaire pour le cas des plans de grille inclinés est prévue dans la poursuite de l’étude.

A l’approche des plans de grille inclinés, l’accélération des vitesses vers le sommet s’avère
modérée et n’est perceptible que pour les inclinaisons β ≤ 35°. Le long des plans de grille inclinés, les
profils de vitesse mesurés, à une distance de 4 fois l’épaisseur des barreaux, ne sont influencés ni par
leur position vis-à-vis du barreau, ni par l’espacement libre entre barreaux. Les lignes d’entretoises
modifient par contre sensiblement les profils, mais leur influence reste locale.
Dans la partie supérieure de l’écoulement, les vitesses normales atteignent des valeurs de
l’ordre de 0.3-0.4*V1, 0.5-0.6*V1, 0.65-0.75*V1 et 0.8-0.9*V1 pour les angles d’inclinaison β de 15°,
25°, 35° et 45° respectivement ( V1 : vitesse d’approche à l’amont du plan de grille). Ces valeurs se
révèlent supérieures de 20% à 40% aux valeurs théoriques obtenues par projection de la vitesse
d’approche (V1*sin β). Vis-à-vis des risques de placage des poissons sur le plan de grille ou de
passage prématuré au travers, il en résulte que, pour ne pas dépasser une vitesse normale de
0.5 m/s, les vitesses à l’approche de plans de grille inclinés à 15°, 25°, 35° et 45° ne doivent pas
dépasser environ 1.25, 0.83, 0.67 et 0.56 m/s respectivement.
En dehors de l’effet des lignes d’entretoises, les vitesses tangentielles apparaissent
relativement constantes le long des plans de grille inclinés et se révèlent globalement supérieures de
20% aux valeurs théoriques obtenues par projection de la vitesse d’approche (V1*cos β). Dans
l’attente des résultats de l’étude sur l’attractivité et l’alimentation des exutoires positionnés au sommet
des plans de grilles inclinés, on peut proposer de dimensionner ces exutoires de façon à obtenir une
vitesse en entrée de l’ordre de 1.2 fois la vitesse tangentielle au plan de grille théorique
Le rapport entre les vitesses tangentielles et normales Vt / Vn est logiquement d’autant plus fort
que l’inclinaison est prononcée (que l’angle β est faible). Ce rapport a d’autre part tendance à
décroître le long du plan de grille quelle que soit l’inclinaison. Vis-à-vis du guidage des poissons, les
résultats de l’étude amènent à confirmer le critère d’inclinaison du plan de grille d’un angle β ≤ 26°,
pour obtenir une vitesse tangentielle au moins 2 fois supérieure à la vitesse normale et ainsi inciter les
poissons à changer de position dans la colonne d’eau et à venir passer en surface.
Les champs PIV ont permis d’observer que les plans de grille inclinés perturbent assez peu
l’écoulement en aval et ne devraient pas poser de problèmes par rapport aux conditions d’entrée des
chambres d’eau des turbines.
Le phénomène de colmatage régulièrement réparti ou localisé ne semble pas détériorer les
conditions de guidage des poissons le long des plans de grille inclinés, ni augmenter les risques de
placage ou de passage prématuré au travers du plan de grille. Il n’y a donc pas vraiment de marge de
sécurité à prendre sur la vitesse d’approche admissible vis-à-vis du colmatage.

A l’approche des plans de grille orientés, on observe une accélération des vitesses
longitudinales, significative et progressive le long du plan de grille pour les 3 angles d’orientation. Les
vitesses longitudinales dans le coin aval du plan de grille atteignent de l’ordre de 1.4, 1.7 et 2 fois la
vitesse d’approche pour les orientations à 60°, 45° et 30° respectivement.
Les vitesses normales augmentent le long des plans de grille orientés, cette tendance étant
d’autant plus marquée que l’orientation du plan de grille est prononcée (que l’angle α est faible). Pour
une orientation de 30°, 45° et 60°, la vitesse norm ale atteint à l’extrémité aval du plan de grille des
valeurs de l’ordre de 0.8-0.95*V1, 1.0-1.15*V1 et 1.05-1.15*V1 respectivement. Vis-à-vis des risques de
placage des poissons sur le plan de grille ou de passage prématuré au travers, il en résulte que, pour
ne pas du tout dépasser une vitesse normale de 0.5 m/s, les vitesses à l’approche de plans de grille
orientés à 30°, 45° et 60° ne doivent pas dépasser environ 0.55, 0.50 et 0.45 m/s respectivement. Ces
valeurs se révèlent nettement inférieures aux vitesses d’approches couramment rencontrées au
niveau des prises d’eau de centrales (0.6-0.9 m/s). Des vitesses d’approches plus élevées peuvent
être envisagées en acceptant un dépassement de la vitesse normale maximale sur une certaine
distance à l’extrémité aval du plan de grille. Cela sera toutefois d’autant moins envisageable que la
largeur de la prise d’eau sera importante. Ce point sera rediscuté dans la seconde phase de l’étude
sur le positionnement et l’alimentation des exutoires, ce qui est susceptible de modifier quelque peu le
champ de vitesse à l’extrémité aval.
Les vitesses tangentielles le long du plan de grille présentent des évolutions différentes selon
l’orientation : augmentation continue à 30° en atte ignant à l’extrémité aval du plan de grille des valeurs
de l’ordre de 1.4-1.7*V1, augmentation puis stabilité à 45° en atteignant d es valeurs de l’ordre de 0.9-
1.15*V1, stabilité puis diminution à 60° en atteignant des valeurs de l’ordre de 0.5-0.6*V1. Les vitesses
tangentielles se révèlent globalement supérieures aux valeurs théoriques obtenues par projection de
V1, quelle que soit l’orientation. Dans l’attente de la seconde phase de l’étude sur l’attractivité et
l’alimentation des exutoires positionnés à l’extrémité aval des plans de grilles orientés, on peut
proposer de dimensionner ces exutoires de façon à obtenir une vitesse en entrée de l’ordre de 0.6*V1,
1.15*V1 et 1.7*V1 pour les orientations à 60°, 45° et 30° respective ment.
Le rapport entre les vitesses tangentielles et normales Vt / Vn est logiquement d’autant plus fort
que l’orientation du plan de grille est prononcée (que l’angle α est faible). Ce rapport a d’autre part
tendance à décroître le long du plan de grille quelle que soit l’orientation : d’environ 4.2 à 1.7 à 30°,
d’environ 1.8 à 0.9 à 45° et d’environ 0.9 à 0.5 à 60°. Vis-à-vis du guidage des poissons, les résulta ts
de l’étude amènent à confirmer le critère d’orientation d’un angle α ≤ 45°, pour obtenir une vitesse
tangentielle au moins égale à la vitesse normale et guider les poissons dans le coin aval du plan de
grille.
Les champs PIV ont permis d’observer que l’écoulement à l’aval des plans de grille orientés est
perturbé, avec un effet de confinement et d’accélération de l’écoulement du côté du coin amont du
plan de grille, et une zone de recirculation à faibles vitesses du côté du coin aval du plan de grille.
Même si ces perturbations sont exacerbées dans le dispositif expérimental, le rapport d’échelle entre
les dimensions des barreaux et la largeur du canal n’étant pas respecté par rapport aux prises d’eau
réelles, ces perturbations semblent susceptibles de poser problème par rapport aux conditions
d’écoulement souhaitées en entrée des chambres d’eau des turbines.
Le phénomène de colmatage régulièrement réparti a tendance à homogénéiser les profils
transversaux des vitesses normales et tangentielles le long des plans de grilles orientés. Ce type de
colmatage ne semble pas ainsi détériorer les conditions de guidage des poissons, ni augmenter les
risques de placage sur le plan de grille ou de passage prématuré au travers. Le phénomène de
colmatage localisé en sommet et/ou pied de grille peut en revanche engendrer des augmentations de
la vitesse normale dans la partie non colmatée du plan de grille, et ainsi augmenter les risques de
placage ou de passage prématuré au travers. Si de tels types de colmatage localisé sont attendus, il
peut y avoir lieu de prendre une marge de sécurité, de l’ordre de 10% à 20%, sur la vitesse
d’approche admissible pour anticiper cet effet.

Poursuite de l’étude et points de R&D complémentaires identifiés


Il est tout d’abord prévu de poursuivre l’étude avec sa seconde phase sur le positionnement et
l’alimentation des exutoires de dévalaison au sommet des plans de grille inclinés, et à l’extrémité aval
des plans de grille orientés.
Les résultats acquis durant cette première phase de l’étude sur les pertes de charge au travers
des plans de grille ichtyocompatibles et les champs de vitesse à leur approche ont d’autre part permis
d’identifier plusieurs points sur lesquels il est prévu de mener des expérimentations complémentaires :
• La caractérisation des coefficients de traînée des barreaux, individuellement et
assemblés sous forme de grille, pour établir un lien entre ces coefficients et ceux des
formules d’évaluation des pertes de charge proposées. L’établissement de ce lien
pourrait permettre d’étendre le domaine d’application des formules à d’autres profils de
barreau.
• La caractérisation du rôle de la largeur b et de la profondeur p des barreaux dans les
pertes de charge générées au travers des plans de grille orientés par rapport à la
direction de l’écoulement. Ces mesures complémentaires devraient permettre d’affiner
les formules proposées et d’étendre leur domaine d’application.
• L’évaluation des pertes de charge et de la courantologie amont dans une configuration
de plan de grille orienté avec les barreaux assemblés dans le sens de l’écoulement. Il
s’agit de tester l’intérêt de cet assemblage particulier des barreaux, dont on espère qu’il
limite significativement l’augmentation des pertes de charge et celle des vitesses
normales le long du plan de grille.
• La caractérisation des champs de vitesse à l’aval des plans de grille orientés, pour
pouvoir en apprécier l’acceptabilité vis-à-vis des conditions d’entrée des chambres d’eau
des turbines.
• La caractérisation in situ des pertes de charge et des champs de vitesse à l’approche
des plans de grille ichtyocompatibles, pour mener une comparaison avec les résultats
expérimentaux et acquérir un retour d’expérience sur l’exploitation de ces plans de grille.
DEFINITION DE PRISES D’EAU ICHTYOCOMPATIBLES
PERTES DE CHARGE AU PASSAGE DES PLANS DE GRILLE INCLINES OU ORIENTES DANS
DES CONFIGURATIONS ICHTYOCOMPATIBLES ET CHAMPS DE VITESSE A LEUR APPROCHE
RAYNAL, CHATELLIER, DAVID, COURRET ET LARINIER 2012
ANGUILLES-OUVRAGES - PROGRAMME NATIONAL DE RECHERCHE-DEVELOPPEMENT

SOMMAIRE

1. Introduction....................................................................................................................................... 1
1.1. Contexte de l’étude – Concept de prises d’eau ichtyocompatibles ......................................... 1
1.2. Etat des connaissances, besoins de R&D et objectifs de l’étude ............................................ 2
1.2.1. Evaluation des pertes de charge au passage des plans de grille.................................... 2
1.2.2. Evolution des champs de vitesses à l’approche des plans de grille inclinés ou orientés 2
1.2.3. Influence du colmatage sur les pertes de charge et les champs de vitesse.................... 3
1.2.4. Alimentation et position des exutoires.............................................................................. 3
1.3. Contenu du rapport .................................................................................................................. 4

2. Configurations de plan de grille testées........................................................................................ 5


2.1. Configurations prototype réelles ciblées initialement............................................................... 5
2.2. Choix du facteur d’échelle géométrique pour le modèle réduit................................................ 5
2.3. Plans de grille orientés par rapport à la direction de l’écoulement .......................................... 6
2.4. Plans de grille inclinés par rapport à l’horizontale ................................................................... 6

3. Matériel et méthode.......................................................................................................................... 7
3.1. Présentation du dispositif expérimental ................................................................................... 7
3.2. Présentation et description des plans de grille ........................................................................ 9
3.2.1. Eléments constitutifs, assemblage et solidité des plans de grille .................................... 9
3.2.2. Description de la configuration du plan de grille au sein du canal ................................. 11
3.3. Méthodologie pour évaluer les pertes de charge................................................................... 13
3.3.1. Mesures effectuées ........................................................................................................ 13
3.3.2. Calcul du coefficient de perte de charge expérimental ξ ............................................... 14
3.3.3. Incertitudes ..................................................................................................................... 14
3.4. Métrologies pour les mesures des profils et des champs de vitesses................................... 15
3.4.1. Mesures avec un ADV (Acoustic Doppler Velocimetry) ................................................. 15
3.4.2. Mesures avec un système PIV (Particle Image Velocimetry) ........................................ 16

4. Indépendance des coefficients de pertes de charges vis-à-vis des nombres de Froude et de


Reynolds............................................................................................................................................... 21
4.1. Intérêt de la démarche ........................................................................................................... 21
4.2. Indépendance par rapport au nombre de Reynolds .............................................................. 21
4.3. Indépendance par rapport au nombre de Froude .................................................................. 23
4.4. Conclusions............................................................................................................................ 23

5. Résultats sur les pertes de charge au passage des plans de grille ......................................... 25
5.1. Résultats expérimentaux........................................................................................................ 25
5.1.1. Plans de grille orientés par rapport à la direction de l’écoulement ................................ 25
5.1.2. Plans de grille inclinés par rapport à l’horizontale.......................................................... 27
5.2. Comparaison des résultats expérimentaux avec la formule de Meusburger......................... 28
5.2.1. Rappel de la formule de Meusburger ............................................................................. 28
5.2.2. Comparaison dans la configuration de plans de grille orientés ..................................... 30
5.2.3. Comparaison dans la configuration de plans de grille inclinés ...................................... 34
5.3. Elaboration d’une formule prédictive des coefficients pertes de charge - Première démarche
............................................................................................................................................... 38
5.3.1. Principe de la première démarche ................................................................................. 38
5.3.2. Plans de grille verticaux et perpendiculaires à l’écoulement ......................................... 38
5.3.3. Plans de grille orientés par rapport à la direction de l’écoulement ................................ 40
5.3.4. Plans de grille inclinés par rapport à l’horizontale.......................................................... 44
5.3.5. Conclusions de la première démarche et discussions ................................................... 47
5.4. Elaboration d’une formule prédictive des coefficients pertes de charge - Seconde démarche.
............................................................................................................................................... 50
5.4.1. Plans de grille inclinés par rapport à l’horizontale.......................................................... 50
5.4.2. Plan de grille orientés par rapport à la direction de l’écoulement .................................. 53
5.4.3. Conclusions de la seconde démarche et discussions.................................................... 57

6. Résultats sur les champs de vitesse à l’approche des plans de grille..................................... 60


6.1. Plans de grille inclinés par rapport à l’horizontale ................................................................. 60
6.1.1. Courantologie en amont et en aval des plans de grille .................................................. 60
6.1.2. Profils des vitesses normales et tangentielles le long du plan de grille ......................... 60
6.2. Plans de grille orientés par rapport à la direction de l’écoulement ........................................ 69
6.2.1. Courantologie à l’approche de la grille ........................................................................... 69
6.2.2. Profils des vitesses normales et tangentielles le long du plan de grille ......................... 71

7. Influence du colmatage sur les pertes de charge et les champs de vitesse ........................... 78
7.1. Présentation des expériences................................................................................................ 78
7.1.1. Configurations de plan de grille testées ......................................................................... 78
7.1.2. Notations ........................................................................................................................ 78
7.1.3. Reproduction du colmatage ........................................................................................... 78
7.2. Influence du colmatage sur les pertes de charge .................................................................. 82
7.2.1. Résultats expérimentaux................................................................................................ 82
7.2.2. Comparaison des résultats expérimentaux avec les expressions de Meusburger........ 84
7.2.3. Prise en compte du colmatage dans les formules de perte de charge proposées ........ 85
7.3. Influence du colmatage sur les profils de vitesse .................................................................. 87
7.3.1. Plans de grille inclinés par rapport à l’horizontale.......................................................... 87
7.3.2. Plans de grille orientés par rapport à la direction de l’écoulement ................................ 89

8. Conclusions, discussions et perspectives.................................................................................. 91

9. Bibliographie................................................................................................................................... 98

10. Nomenclature des notations utilisées ......................................................................................... 99


1. INTRODUCTION

1.1. Contexte de l’étude – Concept de prises d’eau ichtyocompatibles


La problématique des dommages suite au passage au travers des turbines se pose avec acuité
pour les anguilles argentées en dévalaison, du fait de leur taille importante (Gomes et Larinier, 2008).
La réduction de ces dommages fait partie des mesures de protection identifiées dans le plan de
gestion anguille français (Anonyme, 2010) pour atteindre l’objectif de reconstitution du stock défini par
le règlement européen n° 1100/2007. Les prises d’ea u ichtyocompatibles constituées de plans de
1
grilles fines associés à un ou plusieurs exutoires constituent un type de solution à ce problème .
Une prise d’eau ichtyocompatible doit permettre (1) d’arrêter les poissons et les empêcher ainsi
de passer par les turbines, (2) de les guider vers un système de transfert (exutoire) et (3) de les
acheminer à l’aval de l’aménagement sans dommages, avec l’objectif global d’atteindre de très
bonnes efficacités (taux de transfert des poissons se présentant à la prise d’eau > 95%).
En 2008, une étude a permis d’en définir les bases de conception et de dimensionnement à partir
du retour d’expérience acquis en France comme à l’étranger (Courret et Larinier, 2008). Le type de
dispositif satisfaisant au mieux à la fois aux contraintes liées à la dévalaison et aux contraintes
d’exploitation hydroélectrique (perte de charge, entretien) consiste à adapter les plans de grille
conventionnels pour qu’ils assurent de manière efficace l’arrêt et le guidage des poissons vers un
exutoire. Deux configurations de prises d’eau ichtyocompatibles sont envisageables (Figure 1 et
Figure 2) :
• un plan de grille quasi-vertical et orienté en plan par rapport à la direction de
l’écoulement ; l’exutoire est alors positionné à l’extrémité aval du plan de grille.
• un plan de grille très incliné en coupe par rapport à l’horizontale et disposé
perpendiculairement à l’écoulement ; un ou plusieurs exutoires selon la largeur de la
prise d’eau sont alors positionnés au sommet du plan de grille.

Figure 1 : Plan de grille incliné par rapport à l’horizontale (à gauche) et orienté par rapport à la
direction de l’écoulement (à droite).

Figure 2 : Exemple de prises d’eau ichtyocompatibles avec un plan de grille incliné par rapport à
l’horizontale (à gauche) ou orienté par rapport à l’écoulement (à droite).

1
Les autres types de solution étant l’arrêt ciblé des turbines, les turbines ichtyocompatibles, les
dispositifs de capture-transport et les barrières comportementales.

1
Les critères de dimensionnement des prises d’eau vis-à-vis de la dévalaison des poissons portent
sur :
• L’espacement libre maximal entre les barreaux pour arrêter les poissons, avec la
préconisation d’adopter pour les anguilles un espacement de l’ordre de 15–20 mm
(nécessité d’installer une barrière physique).
• La vitesse normale au plan de grille maximale pour ne pas risquer le placage des
poissons sur la grille ou leur passage prématuré au travers : de l’ordre de 50 cm/s pour
les smolts et les anguilles.
• l’inclinaison minimale du plan de grille (β) de 26° par rapport à l’horizontale ou
l’orientation minimale (α) de 45° par rapport à la direction de l’écoulement pour assurer
le guidage des poissons.
• Le débit minimal transitant dans le ou les exutoires de 2% à 10% du débit maximum
turbiné et les dimensions minimales d’un exutoire égales à 0.5 m pour la largeur et la
hauteur d’eau.
La mise en place d’une prise d’eau ichtyocompatible se traduit généralement par une réduction
significative de l’espacement libre entre les barreaux par rapport à ceux adoptés pour le seul besoin
de protection de la turbine. D’autre part, l’inclinaison ou l’orientation du plan de grille pour obtenir le
guidage des poissons constituent une modification importante des prises d’eau, les plans de grille
conventionnels étant généralement quasi-verticaux et perpendiculaires à l’écoulement.

1.2. Etat des connaissances, besoins de R&D et objectifs de l’étude

1.2.1. Evaluation des pertes de charge au passage des plans de grille


Les critères de conception des prises d’eau ichtyocompatibles ont des répercussions sur les
pertes de charge au passage des plans de grille et sur leur entretien (dégrillage), la quantité de corps
arrêtés par la grille étant accrue. Le sujet est souvent sensible, les pertes de charge étant autant de
perte de puissance vis-à-vis de l’exploitation hydroélectrique. Il est donc primordial de pouvoir les
estimer correctement afin de juger de l’acceptabilité vis-à-vis de l’exploitation hydroélectrique de la
mise en place d’une prise d’eau « ichtyocompatible ».
Pour l’évaluation des pertes de charge, il est à ce jour préconisé d’utiliser la formule proposée
par Meusburger (2002), a priori la plus aboutie et permettant de prendre en compte l’ensemble des
paramètres influant : profil des barreaux, degré d’obstruction de tous les éléments du plan de grille,
orientation par rapport à la direction de l’écoulement, inclinaison par rapport à l’horizontale, et
colmatage (Giesecke et Mosonyi, 2005 ; Courret et Larinier, 2008). Cependant l’applicabilité de cette
formule au cas des prises d’eau ichtyocompatibles n’est pas garantie, les angles d’inclinaison ou
d’orientation étant notamment en dehors des gammes testées. De plus, l’influence de chaque
paramètre ayant été testée essentiellement indépendamment des autres, des questions se posent sur
l’interdépendance de leurs effets, notamment entre le profil de barreaux et l’orientation de
l’écoulement.
L’objectif de l’étude est de caractériser expérimentalement les coefficients de pertes de charge
dans les configurations de prises d’eau ichtyocompatibles, et de tester l’applicabilité des formules
existantes, en particulier celle de Meusburger, afin de les valider ou si nécessaire de les adapter.
Le profil des barreaux constituant les grilles est généralement rectangulaire. Il a également été
jugé intéressant de tester un profil de barreaux hydrodynamique pour limiter les pertes de charge au
passage de la grille (Courret et Larinier 2008).

1.2.2. Evolution des champs de vitesses à l’approche des plans de grille inclinés
ou orientés
Plusieurs études indiquent que l’inclinaison ou l’orientation du plan de grille ont tendance à
provoquer une augmentation de la vitesse d’approche de l’amont vers l’aval, et par conséquent une
augmentation des vitesses normale et tangentielle (EPRI, 1987 ; Breinig et al, 2003 ; Katopodis et al,
2005 ; Rajaratnam et al 2006). Il en résulte qu’il transite un débit plus important dans la partie aval du
plan de grille que dans sa partie amont. L’augmentation de la vitesse normale dans la partie aval
risque de provoquer le placage des poissons contre la grille (cas où la grille constitue une barrière
physique) ou leur passage prématuré au travers (cas où la grille constitue une barrière
comportementale). Le rapport entre les vitesses normales et tangentielles est d’autre part important

2
vis-à-vis du guidage des poissons. Le critère d’orientation d’un angle α ≤ 45° vise à obtenir une
vitesse tangentielle supérieure ou égale à la vitesse normale, alors que le critère d’inclinaison d’un
angle β ≤ 26° vise à obtenir une vitesse tangentielle au moi ns 2 fois supérieure à la vitesse normale
pour inciter les poissons à changer de position dans la colonne d’eau et à venir passer en surface.
Ces critères résultent de la décomposition théorique de la vitesse d’approche en fonction des angles,
et il serait important de pouvoir vérifier l’évolution réelle des vitesses d’écoulement à l’approche des
plans de grille inclinés ou orientés.
Cependant, les études citées ci-dessus portent sur des types particuliers de grille : grille
Eicher fortement inclinée dans EPRI (1987), grille Johnson de faible porosité inclinée dans Breinig et
al (2003), grille Johnson (barreaux horizontaux) très orientée pour Katopodis et al (2005) et
Rajaratnam et al (2006). Ces résultats ne sont donc pas extrapolables aux configurations de plans de
grille ichtyocompatibles.
L’objectif de l’étude est donc de quantifier le phénomène d’augmentation des vitesses le long
des plans de grille ichtyocompatibles, en fonction notamment de l’inclinaison ou l’orientation, pour
pouvoir fiabiliser la conception des prises d’eau.

1.2.3. Influence du colmatage sur les pertes de charge et les champs de vitesse
Les faibles espacements libres entre barreaux préconisés pour l’arrêt des poissons vont
accroître la quantité de corps filtrés par la grille, qui va donc se colmater d’autant plus rapidement, les
pertes de charge augmentant parallèlement. L’influence du colmatage partiel de la grille sur la perte
de charge a pour la première fois été testée et prise en compte par Meusburger (2002), avec des taux
de colmatage jusqu’à 25% de la surface de la grille. L’objectif de l’étude est de tester l’applicabilité de
l’expression proposée par Meusburger, d’une part dans les configurations de plans de grille
ichtyocompatible, et d’autre part pour des taux de colmatage plus élevés.
Par ailleurs, le colmatage partiel de la grille est susceptible de modifier les champs de vitesse
à l’approche de la grille, avec éventuellement des conséquences sur le guidage des poissons et les
risques de placage ou de passage prématuré au travers la grille. Cet aspect n’a jamais été étudié.
L’objectif de l’étude est donc également de caractériser l’influence du colmatage sur les champs de
vitesses à l’approche du plan de grille.
Ces éléments pourront être utiles pour appréhender l’effet d’un colmatage permanent, et
servir pour la conception des systèmes de dégrillage (asservissement à une perte de charge
maximale correspondant à un certain taux de colmatage).

1.2.4. Alimentation et position des exutoires


Les conditions hydrauliques à la jonction entre le plan de grille et l’exutoire, et à l’entrée même de
l’exutoire se révèlent primordiales pour l’efficacité du dispositif. Les conditions d’écoulement doivent y
être continues, sans zones d’eau mortes, ni accélération trop brutale. Par ailleurs, le débit transitant
par l’exutoire n’est pas exploité pour la production hydroélectrique. De sa valeur dépend également le
dimensionnement du système de transfert vers l’aval. La détermination du débit transitant par
l’exutoire représente donc un enjeu majeur, et fait débat dans quasiment tous les projets.
En l’état actuel des connaissances, il est préconisé un débit transitant par l’exutoire à l’échelle
de l’aménagement, avec une fourchette, assez large, de 2% à 10% du débit maximal de la prise d’eau
(Odeh et Orvis, 1998 ; Ferguson et al, 1998 ; Larinier et Travade, 2002). L’objectif de l’étude est de
préciser ce critère d’alimentation en débit de l’exutoire, pour à la fois d’assurer l’efficacité du dispositif
de dévalaison et de limiter les pertes d’exploitation.
Au delà de la valeur de débit transitant par le dispositif, l’objectif de l’étude est également de
préciser les critères sur l’implantation de l’exutoire et la disposition de la jonction avec le plan de grille.
Dans le cas d’un plan de grille incliné par rapport à l’horizontale, les poissons ne sont pas guidés sur
la largeur de la prise d’eau. Il se pose donc la question de la distance sur laquelle un exutoire est
susceptible d’induire un champ de vitesse transversal et d’attirer les poissons, en fonction du débit y
transitant ; avec comme corollaires la distance maximale entre deux exutoires, et le nombre
d’exutoires nécessaires pour une largeur de prise d’eau donnée. On se demande également dans
quelle mesure l’obturation de la partie amont du plan de grille permettrait d’accentuer les courants
transversaux. Dans le cas d’un plan de grille orienté par rapport à la direction de l’écoulement, les
poissons sont guidés vers l’extrémité aval du plan de grille, où est positionné l’exutoire. La disposition
de la jonction exutoire – plan de grille permettant d’obtenir des conditions hydrauliques continues,
sans zone d’eau morte, ni brusque accélération reste à définir. On se demande également s’il est

3
possible d’induire au droit de l’exutoire un courant ascendant susceptible de guider les poissons se
présentant à proximité du fond, sans pour autant masquer l’entrée de l’exutoire pour ceux se
présentant à proximité de la surface.

1.3. Contenu du rapport


Ce rapport présente la première phase de l’étude portant sur les pertes de charge au passage
des plans de grilles, les champs de vitesse à leur approche, ainsi que l’influence du colmatage sur ces
aspects. L’implantation et l’alimentation des exutoires, étudiées dans une deuxième phase, feront
l’objet d’un rapport séparé.
Dans ce rapport, les différentes configurations de plans de grille testées sont tout d’abord
détaillées. Une seconde partie présente ensuite l’installation expérimentale et les métrologies
employées. L’indépendance des coefficients de pertes de charge vis-à-vis des nombres de Froude et
Reynolds est vérifiée. Les résultats expérimentaux sur les pertes de charge sont présentés, puis
comparés à la formule de Meusburger, et utilisés pour proposer de nouvelles formules. Les résultats
expérimentaux sur les champs de vitesse à l’approche des plans de grille sont présentés et discutés
vis-à-vis des critères de conception des prises d’eau. L’influence du colmatage sur les pertes de
charge et les champs de vitesse est finalement caractérisée et discutée.

4
2. CONFIGURATIONS DE PLAN DE GRILLE TESTEES

2.1. Configurations prototype réelles ciblées initialement


Initialement, il a été jugé intéressant de tester 7 dispositions de grille différentes – 4 inclinaisons
β (45°, 35°, 25° et 15°) et 3 orientations α (60°, 45° et 30°) –, 4 espacements libres e entre les
barreaux (10, 15, 20 et 30 mm, la largeur b des barreaux étant constante) et 2 profils de barreaux
(rectangulaire conventionnel et hydrodynamique).
Les 4 angles d’inclinaison β identifiés permettent de compléter le domaine testé jusqu’à présent
par les différents auteurs (Kirschmer [1926], Fellenius et Lindquist [1929]) et de couvrir la gamme
d’inclinaison préconisée pour les prises d’eau ichtyocompatibles (β ≤ 25°). De même, les 3 angles
d’orientation α identifiés permettent de compléter le domaine testé par les différents auteurs (Spangler
[1958], Idel’Cik [1979] et Zimmermann [1969], Meusburger [2002]), et de couvrir la gamme
d’orientation préconisée pour les prises d’eau ichtyocompatibles (α ≤ 45°). Les 4 espacements libres e
entre les barreaux identifiés (10, 15, 20 et 30 mm) couvrent une gamme allant d’un espacement
maximum (30 mm) supérieur à ceux préconisés, mais déjà régulièrement rencontré au niveau des
prises d’eau existantes, jusqu’à un espacement minimum (10 mm) constituant une barrière physique
totale pour les anguilles argentées, les smolts de saumons ou de truites de mer. Les dimensions des
barreaux prototype ciblés sont 10 mm de largeur b et 80 mm de profondeur p, pour les 2 profils
rectangulaire et hydrodynamique. L’espacement prototype entre 2 lignes d’entretoises a été fixé à
500 mm (Tableau 1).

2.2. Choix du facteur d’échelle géométrique pour le modèle réduit


Le choix du facteur d’échelle entre prototype et modèle résulte d’un compromis entre :
• les dimensions du canal expérimental,
• les possibilités d’alimentation en débit (par pompage dans notre cas),
• la volonté de constituer un plan de grille avec un nombre suffisant de barreaux, ce qui
pousse à adopter une grande largeur de canal.
• la précision des mesures. Pour que les mesures de perte de charge et de champs de
vitesse soient les plus précises possible, les vitesses dans le modèle réduit doivent être
suffisante, et donc que le débit d’alimentation le plus fort possible pour des dimensions
du canal les plus réduites possibles.
• Le respect de certains critères pour que les résultats soient indépendants des nombres
de Froude de Reynolds et ainsi transposables du modèle vers la réalité. Le rapport entre
la hauteur d’eau h et la largeur des barreaux b doit notamment être supérieur à 60
( h/b > 60 ; condition toujours largement vérifiée dans la réalité) de façon à ce que le
coefficient de traînée des barreaux ne dépendent pas du nombre de Froude
(Zimmermann [1969] dans Meusburger [2002]).
Au final, il a été choisi de reproduire les plans de grille à l’échelle 1/2, avec donc des
barreaux de 5 mm de largeur et 40 mm de profondeur, au sein d’un canal de 600 mm de large avec
une hauteur d’eau minimale de 300 mm. Le Tableau 1 récapitule les dimensions caractéristiques des
grilles :
Dimensions Dimensions
prototype (mm) modèle (mm)
Epaisseur des barreaux b 10 5
Profondeur des barreaux p 80 40
e1 10 5
e2 15 7.5
Espacement libre
e3 20 10
e4 30 15
Diamètre entretoise 40 20
Espacement entretoise 500 250

Tableau 1 : Dimensions caractéristiques Prototype / Modèle des grilles.

5
2.3. Plans de grille orientés par rapport à la direction de l’écoulement
Le Tableau 2 présentent les cas testés dans la configuration de plan de grille orientés par
rapport à l’écoulement. Avec 2 essais par case du tableau (une pour chaque profil de barreau), 12
configurations avaient été définies initialement. Après avoir effectué ces mesures, il s’est avéré
qu’elles ne permettaient pas de faire une analyse correcte des pertes de charge. Le panel a alors été
complété avec 20 configurations supplémentaires (soit 32 au total). Au final, toutes les combinaisons
possibles entre les 4 angles d’orientation, les 4 espacements libres entre barreau et les 2 profils de
barreau ont été testés.
Les configurations supplémentaires permettent d’avoir davantage de résultats qui puissent être
comparés avec ceux de Meusburger (2002), notamment pour des plans de grille verticaux et
perpendiculaires à l’écoulement (α = 90°). Ils permettent également d’analyser plus p récisément les
pertes de charge dans le cas des plans de grille avec les orientations les plus marquées (faibles
valeurs d’angle α).

Espacements libres entre barreaux (mm)


Angle
d'orientation Modèle / Prototype
α (°)
5/10 7,5/15 10/20 15/30

90 PR et PH PR et PH PR et PH PR et PH

60 PR et PH PR et PH PR et PH PR et PH

45 PR et PH PR et PH PR et PH PR et PH

30 PR et PH PR et PH PR et PH PR et PH

Tableau 2 : En clair, les configurations définies initialement. En foncé, les configurations


supplémentaire. Le cas α = 45° et e= 10/20 mm correspond au cas de base.

2.4. Plans de grille inclinés par rapport à l’horizontale


Le Tableau 3 présente les cas testés dans la configuration de plan de grille inclinés par rapport
à l’horizontale. Avec 2 essais par case du tableau (une pour chaque profil de barreau), 14
configurations avaient été définies initialement. Les premiers résultats montrant des divergences
importantes par rapport aux formules prédictives existantes, plusieurs angles d’inclinaison ont été
rajoutés, jusqu’à retrouver à un plan de grille vertical (β = 90°), de façon à pouvoir mener une analyse
complète de l’influence de l’inclinaison du plan de grille sur les pertes de charge. Le panel a ainsi été
complété avec 42 configurations supplémentaires (soit 56 au total). Au final, toutes les combinaisons
possibles entre les 7 angles d’inclinaison, les 4 espacements libres entre barreau et les 2 profils de
barreau ont été testés.

Espacements libres entre barreaux (mm)


Angle
d'inclinaison Modèle / Prototype
β (°)
5/10 7,5/15 10/20 15/30

90 PR et PH PR et PH PR et PH PR et PH

75 PR et PH PR et PH PR et PH PR et PH

60 PR et PH PR et PH PR et PH PR et PH

45 PR et PH PR et PH PR et PH PR et PH

35 PR et PH PR et PH PR et PH PR et PH

25 PR et PH PR et PH PR et PH PR et PH

15 PR et PH PR et PH PR et PH PR et PH

Tableau 3 : En clair, les configurations définies initialement. En foncé, les configurations


supplémentaire. Le cas β = 25° et e = 10/20 mm correspond au cas de base.

6
Les mesures présentées dans le Tableau 2 et le Tableau 3 correspondent aux mesures dîtes
« régulières ». Pour l’analyse de l’indépendance des coefficients de perte de charge vis-à-vis des
nombres de Reynolds et de Froude, et de l’influence des entretoises dans le cas des plans de grille
inclinés, des éléments de la grille ont pu être modifiés. Ainsi, des mesures complémentaires de pertes
de charge ont encore été réalisées avec des barreaux plus larges (jusqu’à 20 mm sur le modèle), ou
en enlevant certaines rangées d’entretoises.

3. MATERIEL ET METHODE

3.1. Présentation du dispositif expérimental


Le dispositif hydraulique est composé de quatre parties principales associées en circuit fermé :
une pompe, un convergent, un canal et une cuve (Figure 3). L’eau est propulsée à l’aide d’une pompe
vers un convergent qui adapte l’écoulement à l’entrée du canal. L’eau traverse les sept mètres de
canal pour chuter dans une cuve qui réalimente la pompe.

Figure 3 : Schéma de l’installation hydraulique complète.

La pompe
La pompe utilisée est une pompe centrifuge NK-150-250 de marque Grundfos de puissance
30 kW. Elle puise l’eau dans la cuve à l’aide d’une crépine et d’un clapet anti-retour et l’injecte à
l’entrée du canal via un diffuseur cylindrique. Elle est contrôlée à l’aide d’un variateur de fréquence.
Ce dernier se dirige via une interface où l’on règle la consigne de pression. Cette dernière est ajustée
en vérifiant en temps réel la mesure du débit en sortie de pompe fournie par un débitmètre
électromagnétique.
La pompe peut fournir un débit d’environ 130 L/s. En travaillant à une hauteur d’eau dans le
canal d’environ 30 cm, les vitesses débitantes maximales atteintes dans le canal sont de l’ordre de
0.7 m/s ou 0.4 m/s selon la largeur du canal (respectivement 0.6 m et 1 m).
Le convergent
Le convergent qui constitue l’entrée du canal mesure 2.5 m de long et est composé de deux
parties (Figure 4). Sa partie fixe correspondant à un convergent en trois dimensions est adaptée à la
taille du grand canal vitré. Cela permet de guider graduellement l’écoulement en sortie de pompe vers
le canal vitré. La seconde partie est constituée de morceaux de polystyrène extrudé collés sur ce
premier pour adapter la forme globale du convergent à la section entrée du canal réduit.

7
Figure 4 : Entrée du canal réduit avec convergent. 1. Convergent fixe adapté au canal vitré/ 2.
Convergent supplémentaire adapté au canal réduit/ 3. Entrée du canal réduit.

Le canal
D’une longueur utile de sept mètres, le canal de base est entièrement constitué de vitres. Cela
permet un accès optique par-dessous et sur les côtés sur toute la longueur du canal. Sa section fait
1 mètre de large sur 1 mètre de haut. Pour obtenir les vitesses nécessaires pour l’étude des pertes de
charge, des tronçons en PVC ont été introduits et juxtaposés dans le canal afin de réduire sa section
à 60 cm de large et 90 cm de haut.
Les grilles sont placées dans la partie médiane du canal, dans une structure amovible en
plexiglas permettant le changement rapide des configurations et l’accès optique autour de la grille.
Une vanne à l’extrémité aval du canal permet d’y réguler la hauteur d’eau.

Figure 5 : Photo du canal. 1. Convergent / 2. Entrée du canal / 3. Emplacement de la grille testée / 4.


vanne et sortie du canal.

La cuve
L’eau à l’extrémité aval du canal chute dans une cuve aménagée en dessous, d’une capacité
3
d’une vingtaine de m .

8
3.2. Présentation et description des plans de grille

3.2.1. Eléments constitutifs, assemblage et solidité des plans de grille


Les grilles utilisées dans les deux configurations (inclinée et orientée) ont été construites de la
même manière. Elles sont constituées de barreaux, de tiges, d’entretoises, et de support latéraux.
Les barreaux utilisés sont en PVC et ont tous la même largeur b (5 mm) et la même profondeur
p (40 mm). Deux longueurs ont été utilisées selon la configuration : 1300 mm de long pour la grille
inclinée et 520 mm de long pour la grille orientée. Les barreaux ont été percés à intervalle régulier
(250 mm) afin de pouvoir insérer transversalement les tiges qui relient l’ensemble des barreaux de la
grille et les supports latéraux.
Deux profils différents de barreaux ont été testés (Figure 6) avec d’une part des barreaux à
section rectangulaire nommés Profils Rectangulaires (PR), et d’autre part des barreaux plus profilés
nommés Profils Hydrodynamiques (PH).

Figure 6 : Profil des barreaux utilisés. A gauche PH, à droite PR.

Les entretoises
Les entretoises séparant les barreaux sont cylindriques et ont un diamètre de 20 mm. Elles sont
percées en leur centre à la dimension des tiges qui maintiennent les barreaux sur lesquels elles sont
enfilées. Quatre épaisseurs différentes d’entretoises (5, 7.5, 10 et 15 mm) ont été utilisées pour
modifier l’espacement entre barreau, et donc la solidité globale de la grille. Les lignes d’entretoises
sont espacées de 250 mm. Les plans de grilles inclinés et orientés présentent respectivement 6 et 3
lignes d’entretoises.

Les supports latéraux


Les supports consistent en deux profils PVC situés aux extrémités latérales des grilles. Ces
profils accueillent sur une face les extrémités des tiges et sont maintenus par vissage sur l’autre face
dans les parois canal. Le plan de grille est ainsi totalement solidaire du canal. La Figure 7 représente
une section des profils utilisés pour constituer le cadre dans les différentes configurations.

Figure 7 : Différents profils utilisés pour former les supports latéraux. De gauche à droite : grille
inclinée, grille orientée à 60°, 45° et 30°. Les la rgeurs bext des cadres utilisées par la suite sont
indiquées en violet.

9
La solidité et porosité de la grille
La solidité de la grille correspond au ratio adimensionnel entre la surface occupée par les
différents éléments de la grille (barreaux, entretoises, support) et la surface totale de la grille. Ce
terme ne fait ici en aucun cas appel aux caractéristiques mécaniques de la grille. La solidité est une
propriété purement géométrique et indépendante de la position du plan de grille dans l’écoulement.
Elle est la somme de deux termes : d’une part un terme lié aux barreaux et aux supports verticaux et
d’autre part un terme lié aux entretoises. Le complément de la solidité de la grille correspond à sa
porosité (ou taux de vide) :

Nb * b + b ext1 + b ext 2 (Nb + 1) * e Nent * D ent


S = 1− P = + *
Bg Bg Lg

Avec S et P la solidité et la porosité de la grille, Nb le nombre de barreaux, b la largeur d’un


barreau, bext,1 et bext,2 les largeurs des supports latéraux selon l’axe du plan de grille, Bg la largeur de
la grille,e l’espacement libre entre les barreaux, Nent le nombre de lignes d’entretoises, Dent le
diamètre des entretoises, et Lg la longueur de la grille. Le terme (Nb + 1) correspond au nombre
d’entretoises sur chaque ligne.
Les largeurs bext,1 et bext,2 des supports latéraux de la grille sont les deux égales à 15 mm dans
le cas des plans de grille inclinés (Figure 7). Dans le cas des plans de grille orientés, bext,1 et bext,2
varient selon l’angle d’orientation. Comme les tiges sont centrées sur les supports latéraux et
décentrées sur les barreaux, les mesures de ces largeurs varient selon la position considérée par
rapport au barreau. Mais quelle que soit la position choisie, la somme de ces deux largeurs reste
égale la somme de la largeur du petit côté (12 mm) et de la largeur du grand côté (12 + 40 / tan(α) en
mm ; Figure 7).
La solidité des plans de grilles expérimentaux varie entre 0.35-0.38 pour un espacement libre
de 15 / 30 mm et 0.56-0.59 pour un espacement libre de 5 / 10 mm (Tableau 4).

Plans de grille inclinés (15° ≤ β ≤ 90°)


Espacements libre
entre les barreaux Solidité
(modèle / prototype) Dont
(mm) Porosité
Totale Barreaux +
Entretoise
cadre
5 / 10 56.1% 51.7% 4.4% 43.9%
7.5 / 15 47.8% 42.5% 5.3% 52.2%
10 / 20 42.7% 36.7% 6.0% 57.3%
15 / 30 35.0% 28.3% 6.7% 65.0%

Plans de grille orientés (30° ≤ α ≤ 90°)


Espacements libre
entre les barreaux Solidité
(modèle / prototype) Dont
(mm) Porosité
Totale Barreaux +
Entretoise
cadre
5 / 10 57%-59% 52%-54% 5% 41%-43%
7.5 / 15 48%-50% 42%-44% 6% 50%-52%
10 / 20 43%-45% 36%-38% 7% 55%-57%
15 / 30 37%-38% 29%-30% 8% 62%-63%

Tableau 4 : Solidité et porosité des grilles utilisées en fonction de l’espacement libre entre les
barreaux, pour les plans de grille inclinés (en haut) et orientés (en bas).

10
3.2.2. Description de la configuration du plan de grille au sein du canal
Pour décrire les différentes configurations des plans de grille et leur implantation au sein du
canal expérimental, 4 paramètres ont été pris en compte :
• l’angle d’inclinaison β de la grille par rapport à l’horizontale, variant de 90° (grille
verticale) à 15°
• l’angle d’orientation α de la grille par rapport à la direction de l’écoulement (considérée
parallèle à l’axe du canal), variant de 90° (grille perpendiculaire à l’écoulement) à 30°.
• le profil des barreaux constitutifs de la grille (PR ou PH) (voir ci-dessous).
• et l’obstruction générée par la grille sur l’écoulement, sous ses différentes formes : O, Ob
et Oent, OentH (voir ci-dessous).
La profondeur p des barreaux peut aussi être un cinquième paramètre important, en particulier
dans le cas des plans de grilles orientés, mais ce paramètre n’a pas été étudié ici.

Profil de barreau
Au-delà de la description de la forme des profils de barreau, il s’agit de les caractériser de
manière numérique pour pouvoir intégrer l’information dans des formules ; c’est un point délicat et
sujet à discussion. Meusburger (2002) a notamment repris les coefficients de forme KF déterminés par
Kirschmer (1926) (Figure 8 et Tableau 5). Spangler (1929) avait également trouvé pour les mêmes
profils de barreaux des coefficients de forme très proches, légèrement inférieurs du fait d’un mode de
calcul différent.
Ces coefficients de forme KF s’apparentent, mais ne correspondent pas en valeur aux
coefficients de traînée CX connus pour ces profils (Tableau 6 ; Blevins [2003]). L’ordre et la tendance
des valeurs de KF et CX entre les différents profils de barreau sont similaires (excepté entre les profils
b et g), avec une valeur maximale pour les profils a, i, k et l, et une valeur minimale pour le profil f. Le
rapport KF / CX s’avère d’autant plus faible que les valeurs KF et CX sont élevées (augmentation plus
rapide du Cx que du KF).

Figure 8 : Forme et dimensions des barreaux testés par Kirschmer (1926).

Forme de
a, i, k, l b c d e f g
barreau
kF [-] 2.42 1.83 1.67 1.04 0.92 0.76 1.79

Tableau 5: Coefficient de forme KF des barreaux selon Kirschmer (1926) (écoulement normal).

Forme de
a, i, k, l b c d e f g
barreau
CX [-] 1.20 - 1.30 0.64 - 0.68 0.29 0.06 - 0.1 1.00 - 1.20
Rapport KF / CX 1.86 - 2.02 2.69 - 2.86 5.76 7.60 - 12.67 1.49 - 1.79
Tableau 6 : Coefficient de traînée CX connus pour les profils de barreaux testés par Kirschmer (1926),
d’après Blevins (2003).

11
Obstruction générée par la grille sur l’écoulement
Concernant l’obstruction générée par la grille sur l’écoulement, plusieurs modalités de calcul
peuvent être proposées selon les éléments pris en compte et la surface à laquelle on se rapporte
(surface immergée du plan de grille ou projection sur la section d’écoulement).
Meusburger (2002) a défini l’obstruction globale de la grille O comme le ratio adimensionnel
entre la surface immergée, effectivement apparente depuis l’amont, de tous les éléments de la grille
(barreaux, entretoises, supports), et la surface immergée du plan de grille. L’obstruction globale O
peut se calculer par la somme de l’obstruction Ob due aux barreaux et aux supports longitudinaux, et
de l’obstruction Oent due aux lignes d’entretoises et aux supports transversaux, effectivement
apparente dans la surface non obstruée par Ob (d’où la multiplication par le terme [1 – Ob] dans le
calcul de Oent) :

O = Ob + O ent

Avec :

(Nb * b + b ext ,1 + b ext ,2 ) * L g,im Nb * b + b ext ,1 + b ext ,2


Ob = =
L g,im * B g Bg

 Nent,im * Dent * Bg 
Oent = (1 − Ob ) *   = (1 − Ob ) * Nent,im * Dent
 L * B  Lg,im
 g,im g 

B
Bg =
sin(α )

H1
L g,im =
sin(β )

Avec H1 la hauteur d’eau à l’amont du plan de grille.


Avec cette définition, l’obstruction est fortement liée à la solidité S de la grille, mais peut en être
quelque peu différente selon les modalités d’immersion du plan de grille. En particulier, l’obstruction
Oent varie en fonction du nombre de lignes d’entretoises immergées Nent,im et de la longueur immergée
du plan de grille Lg,im, elle-même fonction de la hauteur d’eau amont H1 et de l’angle d’inclinaison β du
plan de grille par rapport à l’horizontale.
Dans cette étude, il a été proposé une seconde définition de l’obstruction due aux lignes
d’entretoises et autres éléments transversaux du plan de grille OentH : ratio adimensionnel entre la
surface immergée de ces éléments, effectivement apparente depuis l’amont, projetée horizontalement
sur la section d’écoulement en amont, et la section d’écoulement en amont du plan de grille (H1 * B).
Dans le cas des plans de grilles expérimentaux, les entretoises étant cylindriques, leur surface
projetée sur la section d’écoulement et la forme de leur face opposée à l’écoulement sont les mêmes
quelle que soit l’inclinaison. OentH peut alors se calculer comme suit :

 Nent,im * D ent * B  N * D ent 


O entH = (1 − O b ) *   = (1 − O b ) *  ent,im
 


 H1 * B   H1 

Dans le cas d’entretoises ou de supports transversaux non cylindriques, le calcul de OentH sera
quelques peu différent puisque la surface des éléments projetée horizontalement sur la section
d’écoulement variera en fonction de l’inclinaison.
Notons que dans le cas d’un plan de grille vertical, les définitions de Oent et OentH sont
équivalentes puisque Lg,im = H1.

12
Figure 9 : Photographies des plans de grille en configuration orientée (à gauche) et inclinée (à droite).

3.3. Méthodologie pour évaluer les pertes de charge

3.3.1. Mesures effectuées


Les pertes de charge dues à la grille sont à chaque fois déterminées à l’aide de deux mesures
de hauteur et une mesure de débit. Le débit Q est mesuré à l’aide d’un débitmètre électromagnétique
situé en sortie de pompe. La hauteur amont H1 et la hauteur aval H2 sont mesurées à des positions
dans le canal où l’écoulement est suffisamment homogène et où l’impact local lié à la grille est faible.
On utilise des plaques fines qui font office de pelle et dont on connaît la position verticale. Il suffit de
les abaisser jusqu’à ce qu’elles effleurent la surface libre pour déterminer la hauteur d’eau.
La mesure de H1 a été effectuée à une distance L1 de 1 m en amont de l’extrémité amont de la
grille. Celle de H2 a été effectuée à une distante L2 de 2.6 m en aval de l’extrémité amont de la grille
(Figure 10). La distance L3 entre le point de mesure de H2 et l’extrémité aval de la grille est variable
selon la configuration de grille testée, avec un minimum de 1.5 m.

Figure 10 : Schéma du canal avec les positions des mesures des hauteurs d’eau (représentation
d’une grille inclinée).

Il est intéressant de comparer ces distances à celles des autres études (Tableau 7). La distance
L1 adoptée dans cette étude est identique à celle de Meusburger (2002), mais correspond à un
rapport L1/H1 plus fort, du fait d’une hauteur d’eau H1 plus faible. La distance L2 adoptée est inférieure
à celles Reuter et al. (2001) ou de Meusburger (2002), mais correspond à des rapports L2/H1 ou L3/H1
similaires.
Etude / Dispositif H1 (mm) L1 (mm) L1/H1 L2 (mm) L2/H1 L3 (mm) L3/H1
Reuter et al. (2001) 400 - - 3000 7.5 1920-3000 4.8-7.5
Meusburger (2002)
600 1000 1.7 5000 8.3 - -
Dispositif à surface libre
Cette étude 300-350 1000 2.8-3.3 2600 7.4-8.7 1500-2600 4.3-8.6

Tableau 7 : Recensement des positions des mesures de hauteurs d’eau amont et aval lors de
différentes études.

13
3.3.2. Calcul du coefficient de perte de charge expérimental ξ
On peut déduire les vitesses débitantes amont V1 et aval V2 à partir des mesures de hauteur
d’eau amont H1 et aval H2 et du débit Q :

Q Q
V1 = V2 =
H1 * B et H2 * B

Le bilan d’énergie (conservation de la charge hydraulique) entre la partie amont et aval s’écrit
alors de la manière suivante

V12 V2
H1 + = H2 + 2 + ∆ H + ∆ H 0
2g 2g

où ∆H et ∆H0 sont respectivement les pertes de charge avec et sans la grille exprimées en
mètres.
En ayant au préalable mesuré les pertes de charges liées au canal ∆H0 et connaissant H1, H2,
V1 et V2, on peut donc facilement extraire la valeur de ∆H

V12  V2 
∆H = H1 + − H 2 + 2  − ∆H 0
2g  2g 

Or ∆H est liée au coefficient de perte de charge ξ par la formule :

V12
∆H = ξ *
2g

Ou encore :

2g
ξ = ∆H *
V12

3.3.3. Incertitudes
Les incertitudes concernant les pertes de charge se situent principalement sur les mesures de
hauteur d’eau. Pour les grilles inclinées, l’incertitude de mesure sur H1 et H2 se situe autour de
0.5 mm. Pour les grilles orientées, l’écoulement à l’aval de la grille est beaucoup plus perturbé et la
précision s’en trouve réduite. Nous estimons que l’incertitude sur H2 est de 1 mm. Il existe également
une incertitude sur la perte de charge sans grille ∆H0 estimé à 1 mm.
Du fait de l’incertitude sur les hauteurs d’eau, il existe aussi des incertitudes sur les vitesses
amont et aval. Cependant, comme l’ordre de grandeur de ces termes dans l’équation du bilan
d’énergie est faible devant celui des termes liés aux hauteurs d’eau, cette incertitude est négligeable.
D’après l’affichage sur le débitmètre électromagnétique, le débit à l’entrée du canal semble aussi
varier de ± 1.2 l/s pour les plus forts débits, mais la moyenne du débit possède peu d’incertitude
(moins de 0.2%).
Globalement, l’incertitude sur la perte de charge ∆H est donc évaluée à environ 3 ou 4 mm
selon les grilles utilisées. Ce chiffre peut s’avérer problématique pour les grilles les plus inclinées,
pour lesquelles la perte de charge est du même ordre de grandeur. Mais pour la majorité des
configurations, les pertes de charge se révèlent bien supérieures à l’incertitude.

14
3.4. Métrologies pour les mesures des profils et des champs de vitesses
Pour la caractérisation des champs de vitesse à l’approche des plans de grille inclinés ou
orientés, deux systèmes de mesures complémentaires ont été utilisés et sont décrits dans les
paragraphes suivants.

3.4.1. Mesures avec un ADV (Acoustic Doppler Velocimetry)


Technique
Les mesures faites avec les instruments ADV utilisent l’effet Doppler sur les particules
naturelles présentes dans l’écoulement. L’instrument émet des ondes sonores à une fréquence
connue et assez élevée (de l’ordre du MHz). Ces ondes sont réfléchies sur les particules en
mouvement, située à une distance fixée par l’instrument. La fréquence des ondes réfléchies est
modifiée et cette différence est directement liée à la vitesse des particules. Grâce à plusieurs
récepteurs orientés différemment, on détermine la vitesse des particules selon plusieurs directions.
On peut combiner les données des récepteurs pour calculer les trois composantes de la vitesse. On
obtient donc toutes les informations sur la vitesse locale de l’écoulement.
Instrumentation
L’instrument que nous utilisons est un ADV de la marque SonTek. Il s’agit du modèle à 16 MHz
composé d’un émetteur et de trois têtes réceptrices. Le volume de mesure est un cylindre de 6 mm de
diamètre et de 9 mm de long. Il se situe environ 5 cm sous l’émetteur.
Comme l’ADV ne nous informe que sur une vitesse locale dans l’écoulement, il est intéressant
de déplacer l’instrument de manière précise pour obtenir des profils ou des plans dans l’écoulement.
Pour ce, nous avons utilisé trois tables de déplacement Isel, une par direction. Les deux tables
horizontales nous offrent un déplacement maximum de 1 m et la table verticale nous permet de
couvrir 30 cm de hauteur. Un programme sous Labview a été développé pour synchroniser le
déplacement des tables et l’acquisition des vitesses.

Figure 11 : Montage ADV avec zoom sur la tête ADV. 1. Table de déplacement selon X / 2. Table de
déplacement selon Y / 3. Table de déplacement selon Z / 4. Sonde ADV.

15
L’instrument nous permet de faire des mesures à 50 Hz. Comme nous nous intéressons à la
valeur moyenne des trois composantes de la vitesse en chaque point de mesure, nous faisons
plusieurs acquisitions au même point. Généralement, nous faisons une acquisition d’une minute sur
chaque point, soit 3000 mesures différentes à 50 Hz.
Les données sont ensuite filtrées. Plusieurs filtres ont été testés pour garantir la cohérence des
résultats. Pour chacune des 3000 mesures, le programme Labview fournit directement une valeur de
corrélation pour chacune des composantes de la vitesse. Un premier filtre a donc été testé à partir de
ses valeurs de corrélation, et ce de deux manières différentes. La première consiste à fixer une valeur
limite de corrélation acceptable sur chaque composante. Pour calculer la moyenne de W, on ne
prendra par exemple que les mesures où la corrélation sur W est supérieure à 80%. La seconde
méthode, plus stricte, consiste à ne prendre que les mesures où U, V et W ont leur corrélation propre
simultanément supérieure à une valeur limite (typiquement 80%). Même si elle est plus restrictive, le
nombre de mesures valides avec la seconde méthode reste toujours supérieur à 2000 et atteint
souvent plus de 2900 (sur 3000 acquisitions). Le second type de filtre testé utilise l’écart-type de nos
acquisitions. Il s’inspire de filtres testés par Cea et al. (2007) pour le filtrage de mesures ADV. Ainsi,
pour la composante U de la vitesse par exemple, les valeurs utilisées pour calculer les moyennes des
composantes sont celles comprises entre umin et umax, avec

u min = u − 2 * ln(N) * σ u

u min = u + 2 * ln(N) * σ u

Où N, et σu sont respectivement le nombre d’acquisition, la moyenne des N mesures de U et


l’écart-type de ces mesures calculés sur chaque point du maillage.
Cette méthode s’est avérée insuffisamment sélective, avec moins de 0.5% des points filtrés, et
elle n’a donc pas été retenue. Au final, la méthode qui a été retenue pour l’ensemble des extractions
de profils effectuées est celle qui filtre un maximum de points, c’est-à-dire celle qui conserve
uniquement les points où les corrélations de chaque composante de la vitesse sont simultanément
acceptables.
Incertitudes
Il y a plusieurs sortes d’incertitudes avec cet instrument. Il y a d’une part l’incertitude interne de
l’instrument : les valeurs transmises à l’ordinateur peuvent avoir 1% d’erreur selon le fabricant. Il y a
ensuite les erreurs possibles dues à l’utilisation de l’instrument. En effet, le positionnement angulaire
de l’ADV est assez délicat. Il est donc possible que les têtes réceptrices ne soient pas parfaitement
alignées avec l’axe de l’écoulement ou que l’axe de l’ADV ne soit pas parfaitement vertical. On estime
l’erreur angulaire peut aller jusqu’à 2°, ce qui re présente une erreur aussi de l’ordre du pourcent.
Un autre type d’erreur pourrait aussi intervenir selon le type de filtrage que l’on fait sur les
données acquises avant de les moyenner. Nous avons choisi de conserver la méthode qui filtrait le
plus. Utiliser les autres méthodes ou d’autres filtres basés par exemple sur des accélérations entre
deux mesures pourraient donner des résultats légèrement différents. Cependant, l’écoulement à
l’amont de la grille n’est pas trop turbulent et le choix du filtrage a donc assez peu d’effet sur les profils
de vitesses résultants.
Enfin, le positionnement vertical de l’ADV est aussi sujet à une incertitude. En général, la position
du volume de mesure est initialisée en descendant l’ADV jusqu’à ce que l’ADV détecte la paroi dans
le volume de mesure. Mais il est difficile de connaître la proportion du volume de mesure, qui fait
9 mm de haut, qui est dans la paroi. En résulte une incertitude sur la position verticale du volume de
mesure de l’ordre de quelques millimètres.
Globalement, les mesures ADV sont donc fiables : le biais angulaire qui peut exister reste de
toute façon le même le long d’un profil et cela ne nuit donc pas à l’évolution des composantes de la
vitesse.

3.4.2. Mesures avec un système PIV (Particle Image Velocimetry)


Technique
La technique de la PIV est plus complexe que celle de l’ADV, ou du moins demande plus de
matériel de mesure. Sont nécessaires : un laser double cavité, un bras optique, plusieurs caméras et
un ordinateur muni d’une interface capable de gérer et synchroniser les flashs laser avec les
acquisitions des caméras. Cette technique utilise le suivi de particules dans l’écoulement. Chaque

16
cavité laser émet un flash avec un décalage temporel très bref (quelques millisecondes). Chaque
caméra prend une image instantanée lors des flashs des deux cavités laser. Des couples d’images
successives sont alors créés et le déplacement des particules entre chaque doublet d’images va être
suivi à partir de fenêtres locales. Une fois que les déplacements qui offrent la meilleure corrélation ont
été déterminés pour chacune de ces fenêtres et connaissant le lapse de temps entre deux images, on
arrive à déterminer le vecteur vitesse en n’importe quel point de l’image. Bien entendu, on ne peut pas
déterminer la vitesse dans l’axe normal au plan de l’image de la caméra, on n’obtient que deux des
trois composantes de la vitesse.
Instrumentation
Nous avons utilisé un laser Nd-YAG double cavité (Big Sky laser, Quantel USA) émettant une
énergie de 120 mJ/flash. Un bras optique permet de diriger le faisceau lumineux vers la zone qui nous
intéresse dans l’écoulement et de générer le plan laser à partir d’un télescope sphéro-cylindrique.
Deux caméras CCD (JAI) de résolution 1600*1200 ont été utilisées pour enregistrer la zone éclairée
par le plan laser. Des objectifs Nikon de focale 50 mm avec une ouverture F#= 8 sont employés pour
visualiser une grande zone de l’écoulement. Les caméras se situaient à environ 1.5 m du plan du
flash et la taille des images obtenues était d’environ 320*240 mm² dans le cas des grilles inclinées et
680*680 mm² pour les grilles orientées. Lors des acquisitions, des filtres passe-bande ajustés à la
longueur d’ondes du laser (λ = 532 nm) ont été mis sur les caméras pour améliorer la détection des
particules et limiter le bruit de fond. D’ailleurs, les particules présentes naturellement dans
l’écoulement ne semblaient pas suffire pour obtenir des champs de vitesses bien corrélés dans toutes
les zones de l’écoulement. Nous avons donc rajouté 12 g de microbilles de polyamide (Vestosint) de
50 µm de diamètre et de densité 1.06. Ces particules suivent parfaitement les lignes de courant de
l’écoulement et sont très bien détectées par le système d’acquisition.

Figure 12 : Principe de la PIV appliquée à la grille orientée. 1. Corrélation entre deux fenêtres et signal
de corrélation / 2. Images de la grille pour différentes positions des caméras / 3. Exemple de champ
de vitesse dans le cas de la grille orientée.

17
Figure 13 : Montage PIV aval. 1-PC d’acquisition. 2-Caméras. 3-Système de déclenchement pour les
cavités. 4-Double cavité laser. 5-Bras optique. 6-Partie du canal visualisée par les caméras.

Pour synchroniser les caméras avec les cavités laser, nous avons utilisé le logiciel Dynamic
Studio de Dantec qui permet à la fois la synchronisation et le traitement des doublets d’images.
Pour les plans que nous avons faits à l’amont de la grille nous avons utilisé un « sous-marin »
relié au bras optique afin de pouvoir émettre le faisceau laser à partir d’un point immergé. Celui-ci a
été positionné toutefois près de la surface libre afin de perturber le moins possible l’écoulement.
Le traitement des images a été réalisé à partir de différentes étapes successives :
• une soustraction de l’image moyenne de fond est effectuée sur chaque image
instantanée,
• un masque est appliqué pour limiter l’influence des réflexions proches de la grille,
• une corrélation itérative sur un maillage adaptatif de 64*64 pixels à 32*32 pixels est
calculée entre les fenêtres issues de chaque doublet d’images,
• une validation des vecteurs vitesses par filtrage du rapport signal sur bruit et par filtrage
local par moyenne est appliquée avant le calcul du champ moyen statistique des
vitesses.

18
Figure 14 : Montage PIV amont avec zoom sur le sous-marin et son sillage. 1. Double cavité laser/ 2.
Bras optique/ 3. Prolongement du bras optique et sous-marin.

Incertitude
Plusieurs sources d’erreur existent lors de mesures PIV.
Tout d’abord, le positionnement de la nappe laser est délicat. Faire un profil en face d’un
barreau nécessite par exemple de garder la nappe laser parallèle au barreau sur toute la longueur,
alors qu’un faible angle de la nappe peut faire vite perdre des informations. Ceci est d’autant plus vrai
que la nappe laser a une épaisseur non négligeable, de l’ordre de 1 ou 2 mm. De plus, la nappe laser
étant émise depuis l’amont via un « sous-marin », son sillage peut perturber l’écoulement et altérer les
résultats.
Ensuite, l’angle des caméras peut aussi être faussé. Il se peut que l’axe de visée de la caméra
ne soit pas parfaitement perpendiculaire au canal et donc que le plan de l’image ne soit pas
réellement le plan de la nappe laser. Dans ces cas-là, il faudrait adapter le facteur d’échelle de l’image
selon la position dans l’image ce qui n’est pas réalisable. Il se peut aussi que la caméra ne soit pas
parfaitement horizontale, auquel cas les deux vecteurs vitesses mesurés sont biaisés.
Ceci rejoint l’erreur que l’on peut commettre sur le calibrage des images. Pour déterminer
l’équivalence entre un nombre de pixel et une distance en mètres, nous avons tout simplement utilisé
un réglet. Nous l’avons positionné à l’endroit où il y a la nappe laser de manière à ce que les caméras
puissent observer les graduations du réglet. Une fonction sur le logiciel Dynamic Studio permet de
travailler directement sur l’image, de sélectionner deux points (généralement pour nous deux
graduations connues) et d’inscrire la distance réelle que cela représente (soit la différence entre nos
deux graduations dans notre cas). Le logiciel calcule lui-même le facteur d’échelle et l’applique à
toutes les images concernées. Mais lorsqu’on sélectionne les deux points, on a beau prendre la plus
grande distance possible pour réduire l’erreur commise, il y a toujours une incertitude de quelques
pixels et donc une incertitude sur le facteur d’échelle ou le facteur de grandissement.
Toujours concernant les images, après les avoir traité, il faut déterminer la position de l’image
dans le repère du canal, et plus précisément sa position verticale. Nous avions généralement le fond

19
du canal visible sur les images mais sa position ne peut pas être déterminée avec plus de 2 mm de
précision.
Enfin, la dernière source d’erreur est liée au traitement des images. Entre deux images
successives, il faut déterminer où le logiciel va chercher à suivre les particules. Il faut donc faire des
choix judicieux concernant la taille des mailles où il va essayer de corréler les déplacements et aussi
concernant le nombre de tentatives et d’ajustement que le logiciel va faire avant de déterminer le
déplacement final de chaque particule. Ceci peut être en particulier complexe à proximité des
éléments opaques (grilles, cadre du canal, …) où le logiciel ne perçoit pas de particules et où ses
corrélations sont particulièrement aberrantes.
Au final, les vitesses peuvent être légèrement biaisées et la position dans le repère réel peut
être aussi décalée mais globalement, les résultats obtenus avec cette méthode sont tout à fait
acceptables. L’ordre de précision des vecteurs vitesses est compris entre 2 et 5%, si toutes les
précautions raisonnables sont prises vis-à-vis des sources d’erreur décrites ci-dessus.

20
4. INDEPENDANCE DES COEFFICIENTS DE PERTES DE CHARGES VIS-A-VIS
DES NOMBRES DE FROUDE ET DE REYNOLDS

4.1. Intérêt de la démarche


Les nombres de Reynolds Re et de Froude Fr décrivent respectivement les rapports entre les
forces d’inertie et de viscosité et entre les forces d’inertie et de pesanteur. Les comportements des
processus physiques sont susceptibles d’évoluer selon les valeurs de ces rapports de forces.
V1 * b V1
Re = et Fr =
ν g * H1

Avec V1 la vitesse débitante à l’amont du plan de grille, b la largeur des barreaux,ν la viscosité
cinématique, g l’accélération de la pesanteur et H1 la hauteur d’eau amont
La démonstration de l’indépendance des coefficients de perte de charges vis-à-vis des nombres
de Froude et de Reynolds est nécessaire pour s’assurer que les processus physiques en jeu dans la
génération des pertes de charge ont le même comportement entre le modèle et la réalité, et donc que
l’on peut extrapoler de manière fiable les résultats obtenus lors des expériences sur modèle réduit
vers les installations réelles. En effet, les gammes de valeurs de ces nombres sont différentes entre
des prises d’eau existantes et le modèle réduit (Tableau 8).
Prises d’eau existantes Modèle réduit
Reynolds 4 000 -13 200 500 - 3 500
Froude 0.05 – 0.20 0.25 – 0.40

Tableau 8 : Gamme de valeurs des nombres de Froude et de Reynolds au niveau des prises d’eau
existantes et sur le modèle réduit.

Idéalement, il faudrait pouvoir montrer l’indépendance des pertes de charge pour des nombres
de Froude allant de 0.05 à 0.4 et pour des nombres de Reynolds allant de 500 à 13 200.
Nous avons en premier lieu essayé de démontrer l’indépendance des coefficients de perte de
charge vis-à-vis de chaque nombre séparément, c’est-à-dire en en fixant un et en faisant varier
seulement le second. Cette démarche n’est en réalité pas vraiment possible dans la mesure où cela
nous amène à faire varier la hauteur d’eau H1, et par conséquent à modifier les conditions
d’immersion du plan de grille et donc son obstruction. Le coefficient de perte de charge évoluant en
fonction de l’obstruction, il n’est pas possible de statuer sur son indépendance ou non vis-à-vis du
nombre adimensionnel que l’on a fait varié.
Les séries de mesures ont donc été réalisées avec une hauteur d’eau H1 constante, en faisant
varier la vitesse V1. Les nombres de Reynolds et de Froude varient entre chaque mesure, mais on
peut estimer que montrer l’indépendance des coefficients de perte de charge vis-à-vis de nombreux
couples (Re, Fr) revient à démontrer l’indépendance vis-à-vis de chaque nombre, quelle que soit la
valeur de l’autre.

4.2. Indépendance par rapport au nombre de Reynolds


Lors des mesures sur le modèle réduit, les nombres de Reynolds sont plus faibles que ceux
rencontrés au niveau des prises d’eau existantes, du fait d’une part de l’échelle géométrique 1/2
s’appliquant sur la largeur de barreau b et d’autre part de vitesse V1 quelque peu plus réduites. Deux
manières sont envisageables pour atteindre de plus forts nombres de Reynolds sur modèle réduit.
En premier lieu, augmenter autant que possible la vitesse débitante V1, en travaillant au débit
maximum et en diminuant la hauteur d’eau H1. Cependant, la conservation d’un écoulement fluvial
contrôlé par l’aval limite fortement les possibilités de diminution de la hauteur d’eau sur le modèle.
La seconde façon consiste à augmenter la largeur des barreaux b. Il faut tout de même
conserver des aspects de grille ne s’éloignant pas trop des configurations réelles, en terme de degré
d’obstruction et de rapport de forme des barreaux. En s’appuyant sur les résultats de Kirschmer
(1926 ; Figure 8) montrant que le coefficient de forme d’un barreau rectangulaire ne change pas pour
des rapports p/b (largeur sur profondeur) entre 2.5 et 10, il a été décidé de former des barreaux

21
rectangulaires plus larges de 10 et 20 mm, en juxtaposant respectivement 2 et 4 barreaux
rectangulaires initiaux. La profondeur des barreaux étant inchangée (p = 40 mm), les rapports de
forme p/b correspondant sont de 4 et 2. Les espacements libres entre barreau e ont également été
adaptés en juxtaposant plusieurs entretoises pour conserver des rapports b/e constants, égaux à 0.5,
et donc des degrés d’obstruction de l’ordre de 0.43. Cette démarche n’est en revanche n’est pas
envisageables pour les barreaux hydrodynamiques dans la mesure où en juxtaposer plusieurs
engendre des barreaux, certes plus larges, mais dont le profil n’est pas conservé.
Pour montrer l’indépendance du coefficient de perte de charge ξ vis-à-vis du nombre de
Reynolds, plusieurs séries de mesures ont été réalisées pour différentes inclinaisons ou orientations.
Les 2 graphiques suivant (Figure 15 et Figure 16) présentent les résultats pour les 2 profils de
barreau, respectivement rectangulaire et hydrodynamique. Les configurations des séries de mesures
sont précisées dans les légendes. Dans chacune des séries, les points pour les plus faibles nombres
de Reynolds sont généralement obtenus pour des vitesses très faibles engendrant des pertes de
charge très réduites, et par conséquent des mesures peu précises (intervalles de confiance très
étendus).
Le coefficient de perte de charge ξ s’avère constant dans chaque série de mesures. Ces
résultats permettent ainsi de montrer l’indépendance du coefficient de perte de charge vis-à-vis du
nombre de Reynolds, pour des plans de grille verticaux, inclinés ou orientés, pour des barreaux
rectangulaires sur une gamme de Re entre 500 et 13 000, et pour des barreaux hydrodynamiques sur
une gamme de Re entre 500 et 3 500.

Série α β b (mm) e (mm) H1 (mm) Q


1 90 25 10 20 300 Variable
2 90 90 10 20 300 Variable
3 90 25 20 40 Variable Variable
4 45 90 20 40 300 Variable

Figure 15 : Indépendance des coefficients de perte de charge des barreaux rectangulaires (PR) vis-à-
vis du nombre de Reynolds.

22
Série α β b (mm) e (mm) H1 (mm) Q
1 90 25 5 10 300 Variable
2 90 90 5 10 350 Variable
3 45 90 5 10 300 Variable

Figure 16 : Indépendance des coefficients de perte de charge des barreaux hydrodynamiques (PH)
vis-à-vis du nombre de Reynolds.

4.3. Indépendance par rapport au nombre de Froude


Lors des mesures sur le modèle réduit, les nombres de Froude sont supérieurs à ceux des
prises d’eau de centrales existantes, du fait d’une hauteur d’eau H1 nettement plus réduite. On peut
aisément obtenir des nombres de Froude plus faibles sur le modèle en réduisant la vitesse V1, via la
diminution du débit et l’augmentation de la hauteur d’eau. Cela permet de couvrir la gamme de
nombre de Froude souhaitée.
Comme précédemment, plusieurs séries de mesures ont été réalisées pour différentes
inclinaisons ou orientations. Les 2 graphiques suivant (Figure 17 et Figure 18) présentent les résultats
pour les 2 profils de barreau, respectivement rectangulaire et hydrodynamique. Le coefficient de perte
de charge ξ s’avère constant dans chaque série de mesure. Il est donc bien indépendant du nombre
de Froude sur la plage 0.05 - 0.4, pour les deux profils de barreaux, quelle que soit la configuration de
la grille.

4.4. Conclusions
Pour les barreaux rectangulaires, l’indépendance du coefficient de perte de charge ξ vis-à-vis
des nombres de Froude et de Reynolds a été démontrée sur toute l’étendue des gammes de valeurs
souhaitée. Les résultats obtenus sur le modèle réduit pourront donc bien s’appliquer sur les plans de
grille des prises d’eau réelles.
Pour les barreaux hydrodynamiques, l’indépendance du coefficient de perte de charge ξ a été
démontrée vis-à-vis du nombre de Froude sur toute la gamme souhaitée, et vis-à-vis du nombre de
Reynolds seulement sur la gamme de valeurs rencontrées sur le modèle. Pour que les résultats
obtenus sur le modèle réduit puissent s’appliquer sur les plans de grille des prises d’eau réelles, nous
sommes amenés à faire l’hypothèse que l’indépendance vis-à-vis du nombre de Reynolds se vérifie
jusqu’à 13 000. Cette hypothèse paraît réaliste au vu des résultats obtenus pour les barreaux
rectangulaires.
Ces résultats sur l’indépendance du coefficient de perte de charge confirment vis-à-vis du
nombre de Froude, et surtout complètent vis-à-vis du nombre de Reynolds, les résultats obtenus par
Meusburger (2002) pour des barreaux rectangulaires.

23
Série α β b (mm) e (mm) H1 (mm) Q
1 90 25 10 20 300 Variable
2 90 90 10 20 300 Variable
4 45 90 20 40 300 Variable

Figure 17 : Différentes séries de mesures montrant l’indépendance des coefficients de perte de


charge des barreaux rectangulaires (PR) vis-à-vis du nombre de Froude.

Série α β b (mm) e (mm) H1 (mm) Q


1 90 25 5 10 300 Variable
2 90 90 5 10 350 Variable
3 45 90 5 10 300 Variable

Figure 18 : Différentes séries de mesures montrant l’indépendance des coefficients de perte de


charge des barreaux hydrodynamiques (PH) vis-à-vis du nombre de Froude.

24
5. RESULTATS SUR LES PERTES DE CHARGE AU PASSAGE DES PLANS DE
GRILLE

5.1. Résultats expérimentaux

5.1.1. Plans de grille orientés par rapport à la direction de l’écoulement


Les Figure 19 et Figure 20 présentent respectivement, pour les profils de barreaux
rectangulaire et hydrodynamique, les valeurs expérimentales des coefficients de perte de charge en
fonction de l’angle d’orientation α et de l’espacement libre entre barreaux e. Il ressort des tendances
communes aux deux profils de barreaux.
Pour α = 90° (plan de grille perpendiculaire à l’écouleme nt), le coefficient de perte de charge
augmente logiquement lorsque l’espacement entre barreaux diminue, ou autrement dit lorsque
l’obstruction du plan de grille augmente. Dans le cas du profil rectangulaire, le coefficient passe de
1.14 pour une obstruction de 0.36 (e = 15/30 mm) à 4.60 pour une obstruction de 0.57 (e = 5/10 mm).
Dans le cas du profil hydrodynamique, il passe réciproquement de 0.70 à 2.75.
Le coefficient de perte de charge augmente ensuite augmente avec l’orientation du plan de
grille par rapport à la direction de l’écoulement (avec la diminution de α), mais cette augmentation est
d’autant moins prononcée que l’espacement entre barreaux est faible. Par exemple, dans le cas du
profil rectangulaire, le coefficient passe de 1.14 à 90°, à 5.01 à 30° (x 4.39) pour une obstruction d e
0.36 (e = 15/30 mm), alors qu’il passe réciproquement de 4.60 à 5.21 (x 1.13) pour une obstruction de
0.57 (e = 5/10 mm). Les coefficients de perte de charge pour les différentes obstructions ont ainsi
tendance à « converger » au fur et à mesure que l’orientation est prononcée. Cela peut s’expliquer par
le fait que plus l’espacement entre barreaux est faible, meilleur est le « redressement » de
l’écoulement au passage de la grille (moindre développement de la zone tourbillonnaire dans l’espace
inter-barreaux).
La comparaison des résultats obtenus pour les 2 profils de barreaux (comparaison entre les
graphiques) amène à deux constats.
Les coefficients de perte de charge sont globalement plus faibles pour le profil hydrodynamique
que pour le profil rectangulaire. Pour α = 90° (plan de grille perpendiculaire à l’écouleme nt), le rapport
entre les coefficients est de l’ordre de 1.6-1.7, selon l’obstruction.
L’augmentation des coefficients de perte de charge avec l’orientation du plan de grille s’avère
un peu plus prononcée avec le profil hydrodynamique qu’avec le profil rectangulaire. Pour α = 45°
et 30°, le rapport entre les coefficients n’est plu s que de l’ordre de 1.4-1.6 et 1.2-1.5 respectivement,
selon l’obstruction. Cela indique une capacité moindre du profil hydrodynamique à « redresser »
l’écoulement. A priori, on aurait pu penser que la face amont arrondie de ces barreaux se révélerait
plus favorable à l’engagement d’un écoulement orienté dans l’espace inter-barreaux en limitant les
décollements. Il est possible que ce soit la face aval biseautée qui ne soit pas favorable au
« redressement » de l’écoulement. Dans le cas de plan de grille orienté, l’intérêt du profil
hydrodynamique par rapport au profil rectangulaire se trouve quelque peu amoindri, mais reste
significatif.

25
Profil et espacement libre entre
5.5
barreaux (modèle/prototype)
5.0

4.5
Coefficient de perte de charge

4.0 PR - e 5/10

3.5 PR - e 7.5/15

3.0 PR - e 10/20
2.5
PR - e 15/30
2.0

1.5

1.0

0.5

0.0
20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'orientaton (degrés)

Figure 19 : Coefficients de perte de charge mesurés avec le profil de barreau rectangulaire (PR), en
fonction de l’orientation et de l’espacement (H1 ≈ 360mm).

5.5
Profil et espacement libre entre
5.0 barreaux (modèle/prototype)
4.5
Coefficient de perte de charge

4.0 PH - e 5/10

3.5 PH - e 7.5/15

3.0 PH - e 10/20
2.5
PH - e 15/30
2.0

1.5

1.0

0.5

0.0
20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'orientaton (degrés)

Figure 20 : Coefficients de perte de charge mesurés avec le profil de barreau hydrodynamique (PH),
en fonction de l’orientation et de l’espacement (H1 ≈ 360mm).

26
5.1.2. Plans de grille inclinés par rapport à l’horizontale
Les Figure 21 et Figure 22 présentent respectivement, pour les profils de barreaux
rectangulaire et hydrodynamique, les valeurs expérimentales des coefficients de perte de charge en
fonction de l’angle d’inclinaison β et de l’espacement libre entre barreaux e.
Pour les deux profils de barreaux, il ressort globalement que le coefficient de perte de charge
d’une part augmente avec l’obstruction de la grille, et d’autre part diminue avec l’inclinaison du plan de
grille, ou autrement dit lorsque l’angle β diminue. Par exemple, dans le cas du profil rectangulaire,
pour une obstruction de 0.36 (e = 15/30 mm), le coefficient passe d’environ 1.20 à 90°, à 0.67 à 45° (-
44%) et à 0.58 à 25° (-52%). Pour une obstruction d e 0.57 (e = 5/10 mm), il passe d’environ 4.55 à
90°, à 2.26 à 45° (-50%) et à 1.26 à 25° (-72%).
La diminution du coefficient de perte de charge est, en proportion, à peu près similaire quels
que soient l’obstruction de la grille et le profil de barreaux, jusqu’à une inclinaison de 45°. Pour l es
inclinaisons plus prononcées (β ≤ 35°), la tendance à la diminution s’estompe, et pe ut même
s’inverser entre 25° et 15°. Ce phénomène se fait d ’autant plus sentir que l’obstruction de la grille est
faible. Il se fait d’autre part plus sentir avec le profil hydrodynamique qu’avec le profil rectangulaire. Ce
phénomène semble lié au fait que sur le modèle réduit, plus le plan de grille est incliné, plus le nombre
de lignes d’entretoises immergées est important : 2 lignes d’entretoises pour β de 90° à 45°, 3 lignes
d’entretoises pour β égal à 35° et 25°, et 5 lignes d’entretoises pour β égal à 15°. Cela amène à
penser que dans le cas des inclinaisons prononcées, l’influence des lignes d’entretoises, et plus
généralement des éléments transversaux aux plans de grille, doit faire l’objet d’une prise en compte
particulière dans l’évaluation des pertes de charge.
La réduction du coefficient de perte de charge obtenue avec le profil hydrodynamique par
rapport au profil rectangulaire diminue vers les fortes inclinaisons. Par exemple, pour β = 25°, elle
n’est plus que de l’ordre de 10% à 30% selon l’obstruction.

Profil et espacement libre entre barreaux (modèle/prototype)


5.5

5.0 PR - e 5/10 2 ent

4.5 PR - e 7.5/15
Coefficient de perte de charge

PR - e 10/20
4.0
PR - e 15/30
3.5

3.0 5 ent 3 ent

2.5

2.0

1.5

1.0

0.5

0.0
10 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'inclinaison (degrés)

Figure 21 : Coefficients de pertes de charge mesurés avec le profil de barreau rectangulaire (PR), en
fonction de l’inclinaison et de l’espacement (H1 ≈ 300mm).

27
5.5 Profil et espacement libre entre barreaux (modèle/prototype)

5.0
PH - e 5/10
4.5
PH - e 7.5/15
Coefficient de perte de charge

4.0
PH - e 10/20
2 ent
3.5 PH - e 15/30

3.0

2.5
5 ent 3 ent
2.0

1.5

1.0

0.5

0.0
10 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'inclinaison (degrés)

Figure 22 : Coefficients de pertes de charge mesurés avec le profil de barreau hydrodynamique (PH),
en fonction de l’inclinaison et de l’espacement (H1 ≈ 300mm).

5.2. Comparaison des résultats expérimentaux avec la formule de Meusburger


La formule d’évaluation des pertes de charge proposée par Meusburger (2002) à partir à la fois
d’une revue bibliographique et d’une étude expérimentale est a priori la plus complète, et c’est celle
préconisée dans le guide pour la conception des prises d’eau ichtyocompatibles (Courret et Larinier,
2008). Cependant, comme évoqué en partie introductive, l’applicabilité de cette formule aux
configurations ichtyocompatibles n’est pas tout à fait garantie pour plusieurs raisons (angles
d’orientation α et d’inclinaison β plus prononcés que les gammes de valeurs testées ; dispositif
expérimental pour les plans de grille orientés non représentatif des cas réels ; hypothèse
d’indépendance de l’effet de différents paramètres, dont notamment le profil de barreaux et
l’orientation). C’est pourquoi une comparaison est ici spécifiquement menée entre les résultats
expérimentaux et la formule de Meusburger, pour la valider ou si besoin l’adapter.

5.2.1. Rappel de la formule de Meusburger


Selon Meusburger (2002), mise à part l’influence du colmatage, le coefficient de perte de
charge ξ est obtenu par le produit de 4 coefficients :

ξ = KF × KO × Kα × Kβ
Les 4 coefficients prennent en compte :
• KF, l’influence de la forme des barreaux,
• KO, l’influence du degré d’obstruction de la grille,
• Kα, l’influence de l’orientation en plan du plan de grille par rapport à la direction de
l’écoulement (angle α ; vaut 1 lorsque α est égal à 90° [grille perpendiculaire])
• Kβ, l’influence de l’inclinaison en coupe du plan de grille par rapport à l’horizontale
(angle β ; vaut 1 lorsque β est égal à 90° [grille verticale]).

28
Pour la détermination du coefficient de forme des barreaux KF, Meusburger a repris les valeurs
déterminées par Kirschmer (1926) (Figure 23 et Tableau 9). La valeur de ce coefficient est notamment
de 2.42 pour le profil rectangulaire et de 1.04 pour le profil hydrodynamique utilisés dans la présente
étude. Meusburger n’a toutefois testé que des barreaux de profil rectangulaire dans le cadre de son
étude.

Figure 23 : Forme et dimensions des barreaux testés par Kirschmer (1926).

Forme de
a, i, k, l b c d e f g
barreau

kF [-] 2,42 1,83 1,67 1,04 0,92 0,76 1,79

Tableau 9 : Coefficient de forme Kf des barreaux dans le cas d’un écoulement normal selon Kirschmer
(1926).

Le coefficient KO est déterminé à partir de l’obstruction O de la grille :


3
 O  2
KO =  
 1− O 
Cette formulation a été proposée par Meusburger à partir de ses résultats expérimentaux pour
4 plans de grilles dont les obstructions valent 0.19, 0.34, 0.46 et 0.55 (largeur de barreaux de 5 mm et
espacements de 5, 7.5, 15 et 45 mm, 3 lignes d’entretoises cylindriques de 20 mm de diamètre). Les
plans de grille utilisés dans notre étude sont tout à fait comparables à ceux de Meusburger (même
largeur de barreaux, espacement de 5, 7.5, 10 et 15 mm, même type d’assemblage et d’entretoise).

Le coefficient Kα est déterminé à partir de l’angle α (en degré) et de l’obstruction O :


α
Kα = × O −1.4× tan(90 − α )
90
Cette formulation a également été proposée par Meusburger à partir de résultats
expérimentaux pour 3 angles d’orientation α : 90° (grille perpendiculaire), 75° et 60°. L’infl uence de
l’orientation du plan de grille par rapport à la direction de l’écoulement a été testée en positionnant le
plan de grille au niveau d’une articulation du canal expérimental (Figure 24). Les effets de
confinement aux extrémités de la grille orientée sont ainsi amoindris et l’écoulement ne subi qu’une
seule déviation. Cette configuration expérimentale ne correspond pas à la plupart des cas de prise
d’eau ichtyocompatible où la direction de l’écoulement est identique en amont et en aval du plan de
grille (implantation dans un canal d’amenée rectiligne). L’augmentation des pertes de charge liée à
l’orientation du plan de grille par rapport à l’écoulement risque donc d’être minimisée par l’expression
Meusburger. De plus, les angles d’orientations préconisés pour une prise d’eau ichtyocompatible
(angle α inférieur ou égal à 45°) sont bien inférieurs à ce ux testés.
Dans la présente étude, les plans de grille orientés sont implantés au sein d’un canal rectiligne ;
la direction de l’écoulement est identique en amont et en aval du plan de grille.

29
Figure 24 : Vue de dessus du canal hydraulique utilisé par Meusburger. Le tronçon aval est dans l’axe
de la grille orientée. Figure extraite de Meusburger (2002).

Pour le coefficient Kβ prenant en compte l’influence de l’inclinaison du plan de grille,


Meusburger a repris la formulation « historique » proposée par Kirschmer (1926), testés
expérimentalement pour a priori des angles β allant de 90° (grille verticale) à 45° :

K β = sinβ
Les angles d’inclinaison préconisés pour une prise d’eau ichtyocompatible (angle β inférieur
ou égal à 26°) se trouvent bien inférieurs à ceux t estées.
Le canal expérimental utilisé par Meusburger présente une largeur amont comprise entre 433 et
500 mm (contre 600 mm dans la présente étude) et une hauteur d’eau amont de 600 mm (contre
300 mm). Ses expériences se déroulent avec des nombres de Froude compris entre 0.12 et 0.36
(contre 0.25 à 0.4) et de nombres de Reynolds compris entre 1400 et 4000 (contre 500 à 3500). Les
configurations expérimentales de Meusburger et de la présente étude sont globalement proches et
comparables, avec toutefois une différence dans la manière de reproduire l’orientation du plan de
grille par rapport à l’écoulement.

5.2.2. Comparaison dans la configuration de plans de grille orientés


On a porté dans les 4 graphiques suivant (Figure 25) la comparaison entre les coefficients de
perte de charge expérimentaux et les valeurs des coefficients calculés selon la formule de
Meusburger, dans le cas de plans de grille orientés (angle α de 90° à 30°) avec le profil de barreaux
rectangulaire, et pour les différentes obstructions des grilles (1 graphique pour chaque espacement
entre barreaux).
Il s’avère que les coefficients de pertes de charge calculés selon la formule de Meusburger sont
systématiquement inférieurs à ceux déterminés expérimentalement dans le cadre de cette étude
(entre -4.8% et -31%, Figure 26). Des écarts apparaissent déjà même lorsque le plan de grille est
perpendiculaire à l’écoulement (α = 90°) et vertical, et ce d’autant plus l’espaceme nt libre entre
barreaux est faible, ou autrement dit que l’obstruction de la grille est élevée. Ces constats soulèvent
des interrogations sur les valeurs des coefficients de forme des barreaux KF et d’obstruction des plans
de grille KO.
L’évolution des coefficients calculés en fonction de l’angle d’orientation α semble globalement
proche de la tendance des coefficients expérimentaux. La formulation du coefficient Kα proposée par
Meusburger semble ainsi assez bien traduire l’effet de l’orientation.
En terme de performance de prédiction, seules 2 valeurs calculées par la formule sont
contenues dans la gamme d’incertitude autour des valeurs expérimentales, sur un total de 16.

30
5.5 5.5

5.0 5.0

4.5 4.5 Exp - PR - e 10

Coefficient de perte de charge

Coefficient de perte de charge


Exp - PR - e 15
4.0 4.0 Meus - PR - e 10
Meus - PR - e 15
3.5 3.5

3.0 3.0

2.5 2.5

2.0 2.0

1.5 1.5

1.0 1.0

0.5 0.5

0.0 0.0
20 30 40 50 60 70 80 90 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'orientaton (degrés) Angle d'orientaton (degrés)

5.5 5.5

5.0 5.0
Exp - PR - e 7.5
4.5 4.5

Coefficient de perte de charge


Coefficient de perte de charge

Meus - PR - e 7.5
4.0 4.0

3.5 3.5

3.0 3.0 Exp - PR - e 5


2.5 2.5 Meus - PR - e 5
2.0 2.0

1.5 1.5

1.0 1.0

0.5 0.5

0.0 0.0
20 30 40 50 60 70 80 90 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'orientaton (degrés) Angle d'orientaton (degrés)

Figure 25 : Comparaison des coefficients de pertes de charges ξ expérimentaux (carrés) et des valeurs calculées selon la formule de Meusburger (ronds). Plans
de grille orientés. Profil de barreaux rectangulaire. 1 graphique pour chaque espacement entre barreaux (dimension modèle).

31
5.5
Plans de grille orientés
5.0
Profil rectangulaire
4.5

4.0
Valeurs déterminées
expérimentalement
3.5

3.0

2.5

2.0

1.5

1.0

0.5

0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 5.0 5.5
Valeurs calculées selon la formule de Meusburger

Figure 26 : Comparaison des coefficients de pertes de charges expérimentaux et calculés selon la


formule de Meusburger. Plans de grille orientés. Profil de barreaux rectangulaire.

On a porté dans les 4 graphiques suivant (Figure 27) la comparaison entre les coefficients de
perte de charge expérimentaux et les valeurs des coefficients calculés selon la formule de
Meusburger, dans le cas de plans de grille orientés (angle α de 90° à 30°), avec le profil de barreaux
hydrodynamique, et pour les différentes obstructions des grilles (1 graphique pour chaque
espacement entre barreaux).
Les coefficients de pertes de charge calculés selon la formule de Meusburger s’avèrent
systématiquement inférieurs à ceux déterminés expérimentalement dans le cadre de cette étude, et
de façon plus marquée que pour le profil de barreaux rectangulaire (entre -28.3% et -62.1%, Figure
28). Des écarts apparaissent également lorsque le plan de grille est perpendiculaire à l’écoulement
(α = 90°) et vertical, et ce d’autant plus que l’espa cement libre entre barreaux est faible, ou autrement
dit que l’obstruction de la grille est élevée. Les interrogations sur les valeurs des coefficients de forme
des barreaux KF et d’obstruction des plans de grille KO sont encore plus fortes pour le profil
hydrodynamique.
De plus, l’évolution des coefficients calculés en fonction de l’angle d’orientation α semble
diverger par rapport à la tendance des coefficients expérimentaux, notamment pour les plus faibles
espacements libre entre barreaux. Cela suggère que la formulation du coefficient Kα proposée par
Meusburger nécessite au moins d’être adaptée selon le profil des barreaux.
En terme de performance de prédiction, aucune des 16 valeurs calculées par la formule n’est
contenue dans la gamme d’incertitude autour des valeurs expérimentales.

32
5.5 5.5

5.0 5.0

4.5 4.5 Exp - PH - e 10


Exp - PH - e 15

Coefficient de perte de charge

Coefficient de perte de charge


4.0 Meus - PH - e 15 4.0 Meus - PH - e 10
3.5 3.5

3.0 3.0

2.5 2.5

2.0 2.0

1.5 1.5

1.0 1.0

0.5 0.5

0.0 0.0
20 30 40 50 60 70 80 90 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'orientaton (degrés) Angle d'orientaton (degrés)

5.5 5.5

5.0 5.0
Exp - PH - e 7.5
4.5 4.5 Exp - PH - e 5

Coefficient de perte de charge


Coefficient de perte de charge

Meus - PH - e 7.5
4.0 4.0 Meus - PH - e 5
3.5 3.5

3.0 3.0

2.5 2.5

2.0 2.0

1.5 1.5

1.0 1.0

0.5 0.5

0.0 0.0
20 30 40 50 60 70 80 90 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'orientaton (degrés) Angle d'orientaton (degrés)

Figure 27 : Comparaison des coefficients de pertes de charges ξ expérimentaux (carrés) et des valeurs calculées selon la formule de Meusburger (ronds). Plans
de grille orientés. Profil de barreaux hydrodynamique. 1 graphique pour chaque espacement entre barreaux (dimension modèle).

33
4.5
Plans de grille orientés
4.0 Profil hydrodynamique

Valeurs déterminées 3.5


expérimentalement
3.0

2.5

2.0

1.5

1.0

0.5

0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5
Valeurs calculées selon la formule de Meusburger

Figure 28 : Comparaison des coefficients de pertes de charges expérimentaux et calculées selon la


formule de Meusburger. Plans de grille orientés. Profil de barreaux hydrodynamique.

5.2.3. Comparaison dans la configuration de plans de grille inclinés


On a porté dans les 4 graphiques suivant (Figure 29) la comparaison entre les coefficients de
perte de charge expérimentaux et les valeurs des coefficients calculés selon la formule de
Meusburger, dans le cas de plans de grille inclinés (angle β de 90° à 15°), avec le profil de barreaux
rectangulaire, et pour les différentes obstructions des grilles (1 graphique pour chaque espacement
entre barreaux).
Les coefficients expérimentaux et calculés selon la formule de Meusburger sont relativement
proches (Figure 30). Cependant, plusieurs différences sont notables. Tout d’abord, on retrouve les
écarts déjà constatés précédemment lorsque le plans de grille est vertical (β = 90°) et perpendiculaire
à l’écoulement, avec des coefficients calculés inférieurs à ceux mesurés. Ensuite, lorsque l’inclinaison
augmente (jusqu’à β = 45°), la décroissance des coefficients mesurés a pparaît plus importante que
celle des coefficients calculés, les valeurs tendant alors à se rapprocher étant donné les écarts initiaux
pour β = 90°. Enfin, les valeurs calculées ont tendance à diverger de celles mesurées vers les fortes
inclinaisons, et ce d’autant plus que l’espacement entre barreaux est élevé.
Ces différents constats confirment les interrogations soulevées précédemment sur les valeurs
des coefficients de forme des barreaux KF et d’obstruction des plans de grille KO, et en soulèvent sur
le coefficient Kβ.
En terme de performance de prédiction, 16 valeurs calculées par la formule sont contenues
dans la gamme d’incertitude autour des valeurs expérimentales, sur un total de 28.

34
5.5 5.5

5.0 5.0
Exp - PR - e 15
4.5 4.5 Exp - PR - e 10
2 ent 2 ent
Meus - PR - e 15

Coefficient de perte de charge

Coefficient de perte de charge


4.0 4.0 Meus - PR - e 10
3.5 3.5

3.0 3.0
5 ent 3 ent 5 ent 3 ent
2.5 2.5

2.0 2.0

1.5 1.5

1.0 1.0

0.5 0.5

0.0 0.0
10 20 30 40 50 60 70 80 90 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'inclinaison (degrés) Angle d'inclinaison (degrés)

5.5 5.5
2 ent
5.0 5.0
Exp - PR - e 7.5
4.5 4.5 Exp - PR - e 5
2 ent
Meus - PR - e 7.5
Coefficient de perte de charge

Coefficient de perte de charge


4.0 4.0 Meus - PR - e 5

3.5 3.5

3.0 3.0
5 ent 3 ent 5 ent 3 ent
2.5 2.5

2.0 2.0

1.5 1.5

1.0 1.0

0.5 0.5

0.0 0.0
10 20 30 40 50 60 70 80 90 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'inclinaison (degrés) Angle d'inclinaison (degrés)

Figure 29 : Comparaison des coefficients de pertes de charges ξ expérimentaux (carrés) et des valeurs calculées selon la formule de Meusburger (ronds). Plans
de grille inclinés. Profil de barreaux rectangulaire. 1 graphique pour chaque espacement entre barreaux (dimension modèle).

35
5.5
Plans de grille inclinés
5.0
Profil rectangulaire
4.5

4.0
Valeurs déterminées
expérimentalement
3.5

3.0

2.5

2.0

1.5

1.0

0.5

0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 5.0 5.5
Valeurs calculées selon la formule de Meusburger

Figure 30 : Comparaison des coefficients de pertes de charges expérimentaux et calculées selon la


formule de Meusburger. Plans de grille inclinés. Profil de barreaux rectangulaire.

On a porté dans les 4 graphiques suivant (Figure 32) la comparaison entre les coefficients de
perte de charge expérimentaux et les valeurs des coefficients calculés selon la formule de
Meusburger, dans le cas de plans de grille inclinés (angle β de 90° à 15°), avec le profil de barreaux
hydrodynamique, et pour les différentes obstructions des grilles (1 graphique pour chaque
espacement entre barreaux).
Les valeurs des coefficients calculés s’avèrent systématiquement inférieures à celles
déterminés expérimentalement (Figure 31). On retrouve notamment les écarts constatés
précédemment lorsque le plans de grille est vertical (β = 90°) et perpendiculaire à l’écoulement.
L’évolution des valeurs calculées en fonction de l’inclinaison ne semble pas non plus suivre celle des
valeurs expérimentales. En terme de performance de prédiction, aucune des 28 valeurs calculées par
la formule n’est contenue dans la gamme d’incertitude autour des valeurs expérimentales.

3.5
Plans de grille inclinés - Profil hydrodynamique
3.0

2.5
Valeurs déterminées
expérimentalement

2.0

1.5

1.0

0.5

0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5
Valeurs calculées selon la formule de Meusburger

Figure 31 : Comparaison des coefficients de pertes de charges expérimentaux et calculées selon la


formule de Meusburger. Plans de grille inclinés. Profil de barreaux hydrodynamique.

36
5.5 5.5

5.0 5.0
Exp - PH - e 10 Exp - PH - e 15
4.5 4.5
Meus - PH - e 10 Meus - PH - e 15

Coefficient de perte de charge

Coefficient de perte de charge


4.0 4.0

3.5 3.5
2 ent 2 ent
3.0 3.0

2.5 2.5

2.0 5 ent 3 ent 2.0 5 ent 3 ent

1.5 1.5

1.0 1.0

0.5 0.5

0.0 0.0
10 20 30 40 50 60 70 80 90 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'inclinaison (degrés) Angle d'inclinaison (degrés)

5.5 5.5

5.0 5.0
Exp - PH - e 7.5
Exp - PH - e 5
4.5 Meus - PH - e 7.5 4.5
Meus - PH - e 5

Coefficient de perte de charge


Coefficient de perte de charge

4.0 4.0
2 ent
3.5 3.5
2 ent
3.0 3.0
5 ent 3 ent
2.5 2.5

2.0 5 ent 3 ent 2.0

1.5 1.5

1.0 1.0

0.5 0.5

0.0 0.0
10 20 30 40 50 60 70 80 90 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'inclinaison (degrés) Angle d'inclinaison (degrés)

Figure 32 : Comparaison des coefficients de pertes de charges ξ expérimentaux (carrés) et des valeurs calculées selon la formule de Meusburger (ronds). Plans
de grille inclinés. Profil de barreaux hydrodynamique. 1 graphique pour chaque espacement entre barreaux (dimension modèle).

37
Au final, la comparaison entre les coefficients de perte de charge expérimentaux et les valeurs
calculées selon la formule de Meusburger révèle des écarts parfois non négligeables pour le profil de
barreaux rectangulaire, et toujours importants pour le profil de barreaux hydrodynamique. Des écarts
apparaissent déjà dans le cas d’un plan de grille vertical et perpendiculaire à l’écoulement. L’évolution
des coefficients calculés en fonction de l’angle d’orientation semble correcte pour le profil
rectangulaire, mais incorrecte pour le profil hydrodynamique. L’évolution des coefficients calculés en
fonction de l’angle d’inclinaison apparaît incorrecte quel que soit le profil. Concernant la formule, la
comparaison soulève ainsi des interrogations sur les différents coefficients KF (en particulier pour le
profil hydrodynamique), KO, Kα et Kβ.

5.3. Elaboration d’une formule prédictive des coefficients pertes de charge -


Première démarche
Etant donné les écarts constatés entre les coefficients expérimentaux et les valeurs calculées
selon la formule de Meusburger, on a cherché à élaborer une nouvelle formule prédictive.

5.3.1. Principe de la première démarche


Une première démarche a consisté à conserver le même type de formulation que Meusburger
(2002) sous forme d’un produit de 4 coefficients, et de suivre le même processus de détermination de
ces coefficients.

ξ = KF × KO × Kα × Kβ
La première étape de cette démarche consiste à déterminer les coefficients KF et KO dans le
cas des plans de grille verticaux et perpendiculaires à l’écoulement. Dans cette configuration, on peut
considérer que le coefficient de perte de charge ξ ne dépend que de la forme des barreaux et de
l’obstruction du plan de grille, et que Kα et Kβ sont égaux à 1. On a ainsi :

ξ = KF × KO
Cette première étape permet ainsi de fixer une expression pour le produit KF X KO.
Ensuite, dans le cas des plans de grilles orientés, les coefficients de perte de charge
déterminés expérimentalement sont divisés par le produit KF X KO déterminé précédemment pour
extraire l’influence de l’orientation (Kβ étant considéré égal à 1) :

ξ
= Kα
KF × KO
De même dans le cas des plans de grilles inclinés (Kα étant considéré égal à 1) :

ξ
= Kβ
KF × KO

5.3.2. Plans de grille verticaux et perpendiculaires à l’écoulement


On a porté dans la Figure 33 les coefficients de perte de charge expérimentaux obtenus pour
les plans de grille verticaux et perpendiculaires à l’écoulement sur les 2 dispositifs : celui destiné à
étudier les plans de grille inclinés (GI) et celui destiné à étudier les plans de grille orientés (GO). On a
également porté les coefficients de perte de charge expérimentaux obtenus par Meusburger (2002)
avec un profil de barreau rectangulaire. Les coefficients mesurés dans le cadre de cette étude sur
chacun des deux dispositifs sont très proches. En revanche, les coefficients que l’on mesure pour les
fortes obstructions (faible espacement entre barreaux) s’avèrent plus élevés que ceux obtenus par
Meusburger, sans que l’on puisse en donner d’explications à ce jour.
Il a été tenté d’ajuster sur les résultats expérimentaux l’expression ci-dessous, inspirée de la
formulation proposé par Meusburger, en laissant libre l’ajustement du coefficient a et de l’exposant b,
avec pour ce dernier la contrainte d’être identique pour les 2 profils de barreaux.
b
 O 
a× 
 1− O 

38
Les meilleurs résultats ont été obtenus avec un exposant b égal à 1.6 (Figure 33). Les valeurs
du coefficient a, qui correspondent au coefficient de forme des barreaux, sont alors égales à 2.89 pour
le profil rectangulaire (au lieu de 2.42, soit + 19.4%) et à 1.70 pour le profil hydrodynamique (au lieu
de 1.04, soit + 63.4%), le rapport entre ces deux valeurs étant de 1.7 (au lieu de 2.33). Ces
régressions concordent d’autre part assez bien avec les mesures de Meusburger pour les faibles
obstructions.
En terme de performance de prédiction, toutes les valeurs calculées par cette expression dans
les configurations de plans de grilles verticaux et perpendiculaires à l’écoulement (16/16) sont
contenues dans la gamme d’incertitude autour des valeurs mesurées, avec un écart de 3.0% en
moyenne et de 10.45% au maximum (Figure 34).

5.5
Dispositif et profil
5.0
de barreaux
4.5
Coefficient de perte de charge

Dispositif GI - PR
4.0

3.5 Dispositif GI - PH

3.0 Dispositif GO - PR

2.5 Dispositif GO - PH

2.0 Meusburger PR 90°


1.5 Reg PR
1.0
Reg PH
0.5

0.0
0.15 0.20 0.25 0.30 0.35 0.40 0.45 0.50 0.55 0.60 0.65 0.70
Obstruction

Figure 33 : Coefficients de perte de charge expérimentaux (valeurs de l’étude et valeurs de


Meusburger) en fonction de l’obstruction et régressions proposées.

5.5
Plans de grille verticaux et perpendiculaires
5.0
Kf X Ko - PR et PH
4.5 Expression proposée

4.0
Valeurs déterminées
expérimentalement

3.5

3.0

2.5

2.0

1.5

1.0

0.5

0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 5.0 5.5
Valeurs prédites par l'expression proposée

Figure 34 : Comparaison des coefficients de pertes de charges expérimentaux et calculées selon


l’expression KF x KO proposée. Plans de grille verticaux et perpendiculaires à l’écoulement – Profil de
barreaux rectangulaire et hydrodynamique.

39
5.3.3. Plans de grille orientés par rapport à la direction de l’écoulement
La Figure 35 présente l’augmentation du coefficient de perte de charge liée à l’orientation du
plan de grille, par rapport à un plan de grille perpendiculaire à l’écoulement. Les valeurs en ordonnées
correspondent donc aux valeurs du coefficient Kα.
On constate que l’augmentation du coefficient de perte de charge est d’autant plus importante
que l’orientation est prononcée (que α est faible), et que l’obstruction de la grille est faible. Il n’y a
d’ailleurs quasiment pas d’augmentation du coefficient pour les obstructions de l’ordre de 0.57-0.58
(e = 5mm), pour les 2 profils. Pour une orientation et une obstruction données, l’augmentation du
coefficient de perte de charge est nettement plus élevée dans le cas du profil hydrodynamique, que
dans le cas du profil rectangulaire. Cela suggère que le profil hydrodynamique testé à une moindre
capacité à « redresser » l’écoulement. Il s’avère donc nécessaire de mettre au point une expression
de Kα pour chaque profil, si possible sous la même forme.

5.5
Augmentation de la perte de charge lié à l'orientation par
5.0 rapport à un plan de grille perpendiculaire à l'écoulement
Profil rectangulaire (carré) et hydrodynamique (rond)
4.5

4.0 PR - e 5
Valeur de K α

PR - e 7.5
3.5
PR - e 10
3.0
PR - e 15
2.5
PH - e 5
2.0 PH - e 7.5

1.5 PH - e 10
PH - e 15
1.0

0.5
20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'orientation (degrès)

Figure 35 : Augmentation du coefficient de perte de charge liée à l’orientation du plan de grille, par
rapport à un plan de grille perpendiculaire à l’écoulement.

L’expression Kα proposée par Meusburger (2002) a tout d’abord été confrontée aux valeurs
déterminées précédemment (Figure 36). Pour le profil de barreaux rectangulaire, les valeurs
expérimentales et calculées apparaissent assez proches, mais les résultats en terme de prédiction
sont peu satisfaisant (8 valeurs calculées sur 16 contenues dans la gamme d’incertitude autour des
valeurs mesurées). Ils peuvent notamment être améliorés vers les fortes orientations, pour lesquelles
l’expression Kα proposée par Meusburger a tendance à sous-estimer les valeurs. Pour le profil de
barreau hydrodynamique, il ressort une sous-estimation importante des valeurs de Kα vers les fortes
orientations, les résultats en terme de prédiction étant peu satisfaisant (9 valeurs calculées sur 16
contenues dans la gamme d’incertitude autour des valeurs mesurées).

40
5.5
Kα - PR
5.0
Expression de Meusburger
4.5

4.0
Valeurs déterminées
expérimentalement
3.5

3.0

2.5

2.0 e5

1.5 e 7.5

1.0 e 10

e 15
0.5

0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 5.0 5.5
Valeurs prédites par l'expression de Meusburger

5.5
Kα - PH
5.0
Expression de Meusburger
4.5

4.0
Valeurs déterminées
expérimentalement

3.5

3.0

2.5 e5

e 7.5
2.0
e 10
1.5
e 15
1.0

0.5

0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 5.0 5.5
Valeurs prédites par l'expression de Meusburger

Figure 36 : Comparaison entre les valeurs expérimentales de Kα et celles prédites par l’expression de
Meusburger.

Plusieurs types d’expression ont été testés pour tenter d’améliorer Kα, en respectant toujours la
condition Kα = 1 pour α = 90°. L’objectif est de mettre au point une expre ssion ayant si possible la
même formulation pour les deux profils de barreaux :
• L’expression Kα proposée par Meusburger en ajustant un nouveau coefficient a pour
chaque profil :

× O− a× tan(90 − α )
α
90
• Une série d’expressions dérivées de celle de Meusburger, en changeant la fonction f(α)
en exposant de O, voire en rajoutant un exposant a à (α / 90).
a
 α 
  ×O
f (α )

 90 

41

f(O)
Une série d’expressions du type f(α) , avec notamment différentes formes de f(α)
envisagées : (90 / α), (1 / sin α), (1 / [1 - cos α] ), …
• Une série d’expressions faisant intervenir l’espacement libre entre barreaux e du type
f(α)
f(e)
• Une série d’expressions du type (1 + a * f(α) * f(O) )
Le Tableau 10 présente les meilleures régressions de chaque type et leurs performances en
terme de prédiction des coefficients de perte de charge.
Performance de l'expression
Nombre de valeurs de la formule
R² sur la
Fonction Valeurs des constantes contenues dans la gamme
régression de Kα
d'incertitude autour des mesures
PR PH PR PH
-1.4*tan (90-α)
0 (α/90) * O - - - 8/16 9/16
a = 1.44 pour PR et 1.65
1 (α/90) * O -a*tan (90-α) 95.12% 93.24% 8/16 9/16
pour PH
a = 2.24 pour PR et 2.58
2 (α/90) * O a*ln (α/90) 96.30% 95.00% 6/16 8/16
pour PH
a = 1.77 pour PR et 2.00
3 (α/90)c * O -a*tan (90-α) pour PH 96.78% 94.70% 12/16 10/16
c = 1.45 pour PR et PH
a = 3.24 pour PR et 4.21
4 (90/α) -a/0.6*O+a 97.45% 97.41% 6/16 11/16
pour PH
a = 0.20 pour PR et 0.246
5 (a*e) (tan(90-α))^c pour PH 98.29% 93.70% 14/16 9/16
c = 0.70 pour PR et PH
a = 1.69 pour PR et 2.78
6 1 + a * ((90-α)/90)2.35 * ((1-O)/O)3 98.91% 97.91% 12/16 12/16
pour PH
Tableau 10 : Performances des régressions testées pour l’expression Kα.

Au final, il est proposé d’adopter pour Kα l’expression n°6 du Tableau 10, dont les performan ces
en terme de prédiction des coefficients de perte de charge sont globalement les meilleures : 12
valeurs calculées sur 16 contenues dans la gamme d’incertitude autour des valeurs mesurées pour
chaque profil, avec un écart de 5.71% en moyenne et de 22.7% au maximum.
2.35 3
 90 − α   1− O 
Kα = 1+ a *   *  avec a = 1.69 pour PR et 2.78 pour PH
 90   O 
Les cas où les valeurs calculées sont en dehors de la gamme d’incertitude autour des mesures
concernent essentiellement les plans de grille avec la plus forte obstruction (plus faible espacement,
e = 5 mm), pour lesquelles les valeurs de Kα déterminées expérimentalement restent voisines de 1. La
formule a alors tendance à surestimer la valeur de Kα, et par conséquent le coefficient de perte de
charge. Il est d’ailleurs préférable que la formule soit pessimiste lorsqu’elle s’écarte quelque peu des
mesures. Une précision au pire dégradée à hauteur d’environ ± 20% permet tout de même d’avoir
toujours un bon ordre de grandeur du coefficient de perte de charge. La Figure 37 présente les
évolutions de Kα en fonction de l’angle d’orientation pour différentes obstructions de plan de grille, et
chaque profil (1 graphique par profil).

Au-delà des 32 mesures « conventionnelles » de coefficients de perte de charge (16 pour


chaque profil) réalisées avec une largeur de barreau b égale à 5 mm, on dispose de 2 mesures
supplémentaires réalisées avec une largeur de barreau b supérieure, égale à 10 mm, un espacement
e de 20 mm, une angle d’orientation α de 45° et un profil rectangulaire. Dans ces 2 cas, la formule
proposée sous-estime de 15.5 et 19.7% les coefficients de perte de charge par rapport aux mesures.
Cela semble indiquer que la largeur de barreau b a une influence sur le coefficient de perte de charge
dans la configuration des plans de grille orientés, via par exemple les rapports e / b ou b / p qui ont
été modifiés lors des 2 mesures en question

42
D’autre part, la profondeur p des barreaux n’a pas varié dans l’étude. Or, on peut penser que ce
paramètre influe la configuration des plans de grille orientés sur la manière dont les barreaux dévient
et redressent l’écoulement.
Il serait donc intéressant de réaliser des mesures complémentaires pour différentes largeurs b
et profondeurs p de barreaux pour pouvoir affiner l’expression de Kα et en étendre le domaine
d’application.

5.5
Kα - PR
5.0
Expression : 1 + 1.69 * ((90-α)/90)2.35 * ((1-O)/O)3
4.5

4.0
Valeurs observées

3.5

3.0

2.5

2.0 e5

1.5 e 7.5

1.0 e 10

0.5 e 15

0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 5.0 5.5
Valeurs prédites

5.5
Kα - PH
5.0
Expression : 1 + 2.78 * ((90-α)/90)2.35 * ((1-O)/O)3
4.5

4.0
Valeurs observées

3.5

3.0

2.5
e5
2.0
e 7.5
1.5 e 10
1.0 e 15
0.5

0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 5.0 5.5
Valeurs prédites

Figure 37 : Comparaison entre les valeurs expérimentales de Kα et celles prédites par l’expression
proposée pour chaque profil de barreau.

43
10
Expression Kα proposée pour PR Degré
9 d'obstruction

0.20
8
0.25
0.30
7
0.35
Valeur de K α

6 0.40
0.45
5
0.50

4 0.55
0.60
3

0
20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'orientation (degrés)

10
Expression Kα proposée pour PH Degré
9 d'obstruction

0.20
8 0.25
0.30
7
0.35
Valeur de K α

6 0.40
0.45
5
0.50
0.55
4
0.60
3

0
20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'orientation (degrés)

Figure 38 : Evolutions de Kα en fonction de l’angle d’orientation pour différents degrés d’obstruction


(domaine d’application en encadré), et chaque profil de barreau.

5.3.4. Plans de grille inclinés par rapport à l’horizontale


La Figure 39 présente l’évolution du coefficient de perte de charge liée à l’inclinaison du plan
de grille, par rapport à un plan de grille perpendiculaire à l’écoulement. Les valeurs en ordonnées
correspondent donc aux valeurs du coefficient Kβ.
Hormis dans le cas du plan de grille avec la plus faible obstruction et un profil de barreau
hydrodynamique (PH – e 15) pour lequel la précision des mesures n’est pas bonne (incertitude de

44
mesure du même ordre de grandeur que la perte de charge), on observe globalement une diminution
du coefficient Kβ globalement similaire quels que soit l’obstruction du plan de grille et le profil de
barreaux, jusqu’à une inclinaison de 45°. En deçà, les valeurs de Kβ ont tendance à se disperser :
pour les plans de grille à faible obstruction la tendance à la diminution de Kβ s’atténue voire s’inverse,
et ce de manière plus prononcée avec le profil de barreau hydrodynamique. Ce phénomène semble
lié à une influence croissante avec l’inclinaison de l’obstruction due aux lignes d’entretoises
immergées.

1.4
Evolution de la perte de charge en fonction de l'inclinaison
1.3 par rapport à un plan de grille vertical
1.2
1.1 2 ent
1.0 5 ent 3 ent
0.9
Valeur de K β

0.8
0.7
0.6 Profil et espacement libre
0.5 entre barreaux
PR - e 5
0.4
0.3 PR - e 7.5
0.2 PR - e 10
0.1 PR - e 15
0.0
10 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'inclinaison (degrés)

1.4
Evolution de la perte de charge en fonction de l'inclinaison
1.3 par rapport à un plan de grille vertical
1.2
2 ent
1.1
1.0
0.9
Valeur de K β

0.8
0.7
Profil et espacement
0.6
libre entre barreaux
0.5
PH - e 5
0.4
PH - e 7.5
0.3
0.2 PH - e 10
5 ent 3 ent PH - e 15
0.1
0.0
10 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'inclinaison (degrés)

Figure 39 : Evolution du coefficient de perte de charge liée à l’inclinaison du plan de grille, par rapport
à un plan de grille perpendiculaire à l’écoulement.

L’expression Kβ = sin β proposée par Kirschmer (1926) et reprise notamment par Meusburger
(2002) a été confrontée aux valeurs déterminées précédemment (Figure 40). Les résultats sont
mauvais pour les 2 profils de barreaux, dès les faibles inclinaisons, et de plus en plus vers les fortes
inclinaisons lorsque les valeurs déterminées expérimentalement se dispersent du fait de l’influence
croissante de l’obstruction due aux lignes d’entretoises. En terme de prédiction des coefficients de
perte de charge, seules 14 valeurs calculées sur 32 pour le profil rectangulaire et 20 valeurs sur 35
pour le profil hydrodynamique sont contenues dans la gamme d’incertitude autour des valeurs
mesurées.

45
1.1
1.0 Kβ - PR
Expression : sin(β)
0.9
Valeurs déterminées 0.8
expérimentalement 0.7
0.6
0.5
0.4
β >= 45 (2 ent)
0.3
β 25-35 (3 ent)
0.2
β 15 (5 ent)
0.1
0.0
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0 1.1
Valeurs prédites par l'expression sin(β)

1.1 Kβ - PH
1.0 Expression : sin(β)
0.9
0.8
Valeurs déterminées
expérimentalement

0.7
0.6
0.5
0.4
0.3 β >= 45 (2 ent)
0.2 β 25-35 (3 ent)
0.1 β 15 (5 ent)
0.0
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0 1.1
Valeurs prédites par l'expression sin(β)

Figure 40 : Comparaison entre les valeurs de Kβ déterminées expérimentalement et prédites par


l’expression sin(β).

Plusieurs expressions ont été testées pour tenter d’améliorer l’expression de Kβ, en cherchant
toujours à respecter la condition Kβ = 1 pour β = 90° :
• Une série d’expression du type f(β), commune aux deux profils de barreaux, pour les
cas de faibles inclinaisons, avant que l’obstruction due aux lignes d’entretoises ne joue
un rôle significatif (β ≥ 45° dans la configuration expérimentale, correspon dant à
a a a
OentH ≤ 0.1 ) : (sin β) , (β/90) , (1-cos β) , …
• Une série d’expressions cherchant à refléter un effet couplé de l’inclinaison β et de
l’obstruction due aux lignes d’entretoises, rapportée à la section d’écoulement OentH.
Le Tableau 11 présente les régressions testées pour les cas de faibles inclinaisons et faibles
obstructions dues aux lignes d’entretoises (β ≥ 45°, OentH ≤ 0.1), et leurs performances en terme de
prédiction des coefficients de perte de charge. Dans ces cas, on peut proposer d’adopter pour Kβ
0.39
l’expression (1-cos β) , dont les performances en terme de prédiction des coefficients de perte de
charge sont satisfaisantes : 15 valeurs calculées sur 17 contenues dans la gamme d’incertitude autour
des valeurs mesurées pour le profil rectangulaire, et 15 sur 17 pour le profil hydrodynamique, avec un
écart de 7.1% en moyenne et de 30.9% au maximum (Figure 41).
En revanche, aucun résultat suffisamment satisfaisant n’a été obtenu avec les expressions
cherchant à refléter un effet couplé de l’inclinaison β avec l’obstruction due aux lignes d’entretoises,
rapportée à la section d’écoulement OentH.

46
Performance de l'expression
Valeurs des Nombre de valeurs de la formule
Fonction R² sur la
constantes pour contenues dans la gamme
Pour les cas β ≥ 45° et Oent,H,eff ≤ 0.1 régression
PR et PH d'incertitude autour des mesures
de Kβ
PR PH
0 sin β - - 8/17 12/17
a
1 (sin β) a = 1.54 73.25% 10/17 14/17
a
2 (1 - cos β) a = 0.39 76.38% 15/17 15/17
a
4 (β/90) a = 0.68 76.08% 14/17 15/17

Tableau 11 : Performances des régressions testées pour l’expression Kβ, pour les cas de faibles
inclinaisons et faibles obstructions dues aux lignes d’entretoises (β ≥ 45°, OentH ≤ 0.1).

5.5 Plans de grille inclinés


5.0 Kf x Ko x Kβ - PR et PH
Expression proposée pour les cas où OentH ≤ 0.1
4.5

4.0
Valeurs déterminées
expérimentalement

3.5

3.0

2.5
2.0

1.5

1.0
0.5

0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 5.0 5.5
Valeurs prédites par l'expression proposée

Figure 41 : Comparaison des coefficients de pertes de charges déterminés expérimentalement et


calculées selon l’expression Kf x Ko x Kβ proposée. Plans de grille inclinés. Profil de barreau
rectangulaire et hydrodynamique.

5.3.5. Conclusions de la première démarche et discussions


Cette première démarche d’élaboration d’une formule prédictive en conservant le même type de
formulation que Meusburger (2002) et en suivant le même processus de détermination des
coefficients a permis de mettre au point :
• Une formule pour les plans de grille perpendiculaires à l’écoulement (α = 90°), verticaux
ou faiblement inclinés (β ≤ 90°), avec une obstruction due aux lignes d’entret oises et
autres supports transversaux immergés OentH inférieure à 0.1, applicable sur une
gamme d’obstruction O de 0.2 à 0.6, pour les profils de barreau rectangulaire et
hydrodynamique :
1.6
 O 
ξ = KF * KO * Kβ = a *  * (1 − cos β )
0.39
(F1) 
 1− O 
Avec a = 2.89 pour PR et 1.70 pour PH

47
• Une formule pour les plans de grille verticaux (β = 90°) et orientés par rapport la
direction de l’écoulement (30° ≤ α ≤ 90°), applicable sur une gamme d’obstruction O de
0.35 à 0.6, pour un rapport largeur sur profondeur du barreau b / p voisin de 0.125, pour
un rapport espacement libre sur largeur du barreau e / b compris entre 1 et 3, et pour les
profils de barreau rectangulaire et hydrodynamique :

 O 
1.6
  90 − α 
2.35
 1− O 
3

(F2) ξ = KF * K O * K α = a *   *  1+ c *   *  
 1− O    90   O  
 
Avec a = 2.89 pour PR et 1.70 pour PH et c = 1.69 pour PR et 2.78 pour PH

La formule F1 couvre bien les configurations des plans de grille conventionnels,


perpendiculaires à l’écoulement et quasi-verticaux. Par rapport aux configurations des plans de grille
ichtyocompatibles, la formule F2 couvre bien le cas des plans de grille orientés. Par contre, le cas des
plans de grille inclinés n’est pas couvert par la formule F1 limitée aux faibles inclinaisons et
obstructions des éléments transversaux. C’est pourquoi une seconde démarche d’élaboration a été
engagée avec un nouveau type de formulation.
Les valeurs des coefficients de forme des barreaux KF dans les 2 formules proposées sont
supérieures aux valeurs de Kirschmer (1926) reprises par Meusburger (2002) : 2.89 contre 2.42 pour
le profil rectangulaire, et 1.70 contre 1.04 pour le profil hydrodynamique. C’est peut-être lié au fait,
qu’une fois assemblés sous forme de grille avec des espacements faibles, le coefficient de forme des
barreaux évolue par rapport au coefficient de traînée d’un barreau individuel ou de barreaux
assemblés avec de forts espacements. Il serait intéressant d’étudier ce point pour si possible établir
un lien entre ces deux coefficients et pouvoir étendre le domaine d’application des formules
proposées à d’autres profils de barreaux.
Comme observé à partir des mesures expérimentales, le rapport entre les coefficients des
profils rectangulaire et hydrodynamique (2.89 / 1.70 = 1.7, soit -41%) est plus faible que celui des
coefficients de forme de Kirschmer (2.42 / 1.04 = 2.33, soit -57%). L’intérêt du profil hydrodynamique
testé par rapport au profil rectangulaire est ainsi plus faible qu’attendu. Il reste néanmoins significatif
avec une réduction du coefficient de perte de charge de l’ordre 40% dans le cas d’un plan de grille
vertical et perpendiculaire à l’écoulement. Ce pourcentage de réduction a tendance à diminuer lorsque
le plan de grille est orienté, et ce d’autant plus que son obstruction est faible. Dans le cas par exemple
d’un plan de grille orienté à 45°, le profil hydrod ynamique permet une réduction du coefficient de perte
de charge de 15%, 27% et 35% pour une obstruction O de 0.35, 0.45 et 0.55 respectivement.
Dans la configuration de plans de grille orientés, outre l’expression proposée, de bons résultats
ont également été obtenus avec l’expression Kα faisant intervenir l’espacement libre entre barreaux e
f(α)
du type f(e) (expression n°5 dans le Tableau 10). Cette formula tion n’est à ce stade pas proposée à
l’application, étant donné qu’elle n’a pas pu être adimensionnalisée avec certitude, la largeur b des
barreaux et leur profondeur p n’ayant pas varié dans le jeu de mesures. Ce type de formulation
semble toutefois avoir un potentiel intéressant et mériterait d’être affinée via la réalisation de mesures
complémentaires pour différentes profondeurs et largeurs de barreaux et rapports e / p et b / p.
L’intérêt du profil hydrodynamique étant amoindri dans la configuration de plans de grille orientés, ces
mesures complémentaires ne pourraient concerner que le profil rectangulaire.
On pourrait envisager de combiner les formules F1 et F2 pour proposer une formule
« générale », comme Meusburger (2002) a pu le faire. Cette combinaison n’est pas possible en toute
rigueur, l’effet combiné de l’inclinaison et de l’orientation du plan de grille n’ayant pas été testé dans
l’étude (ni d’ailleurs par Meusburger). Ce n’est de toute façon pas nécessaire dans la mesure où les
plans de grille sont soit inclinés, soit orientés pour des questions d’implantation au sein des prises
d’eau et de faisabilité de l’entretien. Les plans de grille orientés peuvent certes être quelques peu
inclinés (β ≈ 75-80°) pour faciliter le dégrillage, mais l’effet de l’inclinaison est alors faible et peut être
négligé.

La Figure 42 présente les coefficients de perte de charge calculés selon la formule F2, selon
l’orientation α et l’obstruction du plan de grille O, pour le profil de barreau rectangulaire (PR) et
hydrodynamique (PH).

48
8 Plans de grille orientés par rapport à la direction de l'écoulement
Profil de barreau rectangulaire (PR)
Coefficient de perte de charge 7

6 Obstruction du
plan de grille
5
0.35
4
0.40
3 0.45
0.50
2
0.55

1 0.60

0
20 30 40 50 60 70 80 90
Orientation α (°)

8 Plans de grille orientés par rapport à la direction de l'écoulement


Profil de barreau hydrodynamique (PH)
7
Coefficient de perte de charge

Obstruction du
6 plan de grille

0.35
5
0.40
4 0.45
0.50
3 0.55
0.60
2

0
20 30 40 50 60 70 80 90
Orientation α (°)

Figure 42 : Coefficients de perte de charge calculés selon la formule F2, selon l’orientation et
l’obstruction du plan de grille, pour le profil de barreau rectangulaire (PR en haut) et hydrodynamique
(PH en bas).

49
5.4. Elaboration d’une formule prédictive des coefficients pertes de charge -
Seconde démarche
La première démarche n’a pas permis de proposer une formule applicable aux configurations
de plans de grille ichtyocompatibles inclinés. C’est notamment lié au fait que l’obstruction globale O
définie par Meusburger (2002) ne varie pas selon l’inclinaison, puisque la longueur immergée du plan
de grille et le nombre d’entretoises immergées augmentent à peu près proportionnellement, alors que
l’immersion d’un nombre croissant d’entretoises avec l’inclinaison du plan de grille provoque une
augmentation de l’obstruction due aux lignes d’entretoises rapportée à la section d’écoulement OentH.
Dans les conditions expérimentales, l’immersion de 2, 3 et 5 lignes d’entretoises engendre des
obstructions OentH d’environ 0.05-0.09, 0.08-0.14 et 0.16-0.23 respectivement, selon les conditions
d’apparence derrière l’obstruction due aux barreaux.
C’est pourquoi une seconde démarche d’élaboration d’une formule a été engagée, en premier
lieu pour pouvoir prédire les coefficients de perte de charge dans les configurations de plan de grille
inclinés.

5.4.1. Plans de grille inclinés par rapport à l’horizontale


L’analyse des évolutions des coefficients de perte charge déterminés expérimentalement a
conduit à tester des formulations séparant l’influence de l’obstruction transversale Ob due aux
barreaux et autres supports longitudinaux, de celle de l’obstruction OentH liée aux lignes d’entretoises
et autres supports transversaux, rapportée à la section d’écoulement. Les meilleurs résultats ont été
obtenus avec l’expression ci-dessous, construite sous la forme de la somme d’un premier produit
« coefficient de forme des barreaux » x « coefficient d’obstruction Ob » x « coefficient d’inclinaison »,
et d’un second produit « coefficient de forme des entretoises » x « coefficient d’obstruction OentH ».
f h
 Ob   O entH 
ξ = K Fb * K b * K β + K Fent * K entH = a *   * (sin β )g + c *  
  1− O 
 1 − Ob   entH 
Les termes liés à l’obstruction Kb et KentH sont construits sous la même forme que le KO
proposé par Meusburger, ce qui garantit les conditions aux limites K → 0 lorsque O → 0 et K → +∞
lorsque O → 1.
Le terme Kβ ne multiplie que la partie « barreaux » de l’expression, étant considéré que
l’inclinaison du plan de grille ne modifie que le comportement des barreaux.
Concernant les coefficients à déterminer, le coefficient de forme a lié aux barreaux varie en
fonction de leur profil (PR et PH). Le coefficient c n’a en revanche pas de raison de varier. De même,
les coefficients f, g et h ont été considérés invariant selon le profil de barreaux.
Les meilleurs résultats ont été obtenus avec les coefficients :
a = 3.85 pour PR et 2.10 pour PH, f = 1.65, g = 2, c = 1.79 et h = 0.77
1.65 0.77
 Ob   O entH 
ξ = a *  
 * (sin β )2 + c *  

 1 − Ob   1 − O entH 
En terme de performance de prédiction, 29 valeurs calculées sur 32 pour le profil rectangulaire
et 33 valeurs sur 35 pour le profil hydrodynamique sont contenues dans la gamme d’incertitude autour
des valeurs mesurées, avec un écart de 8.28% en moyenne et de 25.4% au maximum (Figure 45).
Les Figure 43 et Figure 44 présentent la comparaison entre les coefficients de perte de charge
mesurés et ceux calculées par la formule proposée.
Certains coefficients calculés peuvent montrer une évolution étonnante en fonction de
l’inclinaison par rapports aux coefficients mesurés (PR-e15 à 30°, PH-e10 à 30° et PH-e15 à 25°
notamment). Ces cas correspondent à des situations où une ligne d’entretoise affleure le niveau d’eau
amont dans le canal, la position des rangées d’entretoises selon l’axe Z variant selon l’inclinaison de
la grille. Il est alors délicat de déterminer si la ligne d’entretoise est immergée ou non. Dans ces cas,
nous avons toujours considéré ces lignes d’entretoises immergées, mais cela peut avoir tendance à
donner des coefficients calculés supérieurs à ceux mesurés.

50
Figure 43 : Comparaison des coefficients de pertes de charges ξ expérimentaux (carrés) et des valeurs calculées par la formule proposée (ronds). Plans de
grille inclinés. Profil de barreaux rectangulaire. 1 graphique pour chaque espacement entre barreaux (dimension modèle).

51
Figure 44 : Comparaison des coefficients de pertes de charges ξ expérimentaux (carrés) et des valeurs calculées par la formule proposée (ronds). Plans de
grille inclinés. Profil de barreaux hydrodynamique. 1 graphique pour chaque espacement entre barreaux (dimension modèle).

52
5.5
Plans de grille inclinés
5.0
PR et PH
4.5

4.0
Valeurs déterminées
expérimentalement
3.5

3.0

2.5

2.0

1.5

1.0

0.5

0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 5.0 5.5
Valeurs prédites par l'expression proposée (seconde démarche)

Figure 45 : Comparaison des coefficients de pertes de charges déterminés expérimentalement et


calculées selon l’expression proposée par la seconde démarche. Plans de grille inclinés. Profil de
barreaux rectangulaire et hydrodynamique.

5.4.2. Plan de grille orientés par rapport à la direction de l’écoulement


Etant donné les bons résultats obtenus par la nouvelle expression proposée dans la
configuration des plans de grille inclinés, il a été également essayé de l’adapter à la configuration des
plans de grille orientés, avec l’intégration d’un coefficient d’orientation Kα. Différentes modalités
d’intégration de ce coefficient ont été testées :
• Un coefficient Kα multipliant seulement la partie de l’expression liée aux barreaux:

ξ = K F,b * K b * K α + K F,ent * K entH


• Deux coefficients Kα,1 et Kα,2 multipliant chacune des 2 parties de l’expression :

ξ = K F,b * K b * K α ,1 + K F,ent * K entH * K α,2


• Un coefficient Kα multipliant l’ensemble de l’expression :

ξ = (K F,b * K b + K F,ent * K entH ) * K α


Les meilleurs résultats ont été obtenus avec la dernière modalité avec pour Kα une expression
f(α)
du type f(e) :

  O 
1.65
 O entH 
0.77

ξ =  a *  b
 + 1.79 *    * (c * e d ) ( tan(90 − α )) f
  1 − Ob   1 − O entH 

 
En gardant a = 3.85 pour PR et 2.10 pour PH et en trouvant c = 0.27 pour PR et 0.31 pour PH,
d = 0.81 et f = 0.83
En terme de performance de prédiction, 14 valeurs calculées sur 16 pour le profil rectangulaire
et 12 valeurs sur 16 pour le profil hydrodynamique sont contenues dans la gamme d’incertitude autour
des valeurs mesurées, avec un écart de 5.38% en moyenne et de 28.2% au maximum (Figure 46).
Les Figure 43 et Figure 44 présentent la comparaison entre les coefficients de perte de charge
mesurés et ceux calculées par la nouvelle formule. Certains coefficients calculés s’écartent encore
des mesures. Dans certains cas, on peut s’interroger sur la mesure étant donné les difficultés qu’il

53
peut y avoir pour déterminer la hauteur d’eau des écoulements perturbés à l’aval des plans de grille
orientés(par exemple la mesure PH-e7,5 à α = 60°).
Dans les cas des 2 mesures supplémentaires réalisées avec une largeur de barreau b
supérieure, égale à 10 mm, la formule proposée surestime de 36.5 et 44.0%, ce qui semble toujours
indiquer que ce paramètre a une influence sur le coefficient de perte de charge dans la configuration
des plans de grille orientés.

5.5
Plans de grille orientés
5.0
PR et PH
4.5

4.0
Valeurs déterminées
expérimentalement

3.5

3.0

2.5

2.0

1.5

1.0

0.5

0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 5.0 5.5
Valeurs prédites par l'expression proposée (seconde démarche)

Figure 46 : Comparaison des coefficients de pertes de charges déterminés expérimentalement et


calculées selon l’expression proposée par la seconde démarche. Plans de grille orientés. Profil de
barreaux rectangulaire et hydrodynamique.

54
Figure 47 : Comparaison des coefficients de pertes de charges ξ expérimentaux (carrés) et des valeurs calculées par la formule proposée (ronds). Plans de
grille orientés. Profil de barreaux rectangulaire. 1 graphique pour chaque espacement entre barreaux (dimension modèle).

55
Figure 48 : Comparaison des coefficients de pertes de charges ξ expérimentaux (carrés) et des valeurs calculées par la formule proposée (ronds). Plans de
grille orientés. Profil de barreaux hydrodynamique. 1 graphique pour chaque espacement entre barreaux (dimension modèle).

56
5.4.3. Conclusions de la seconde démarche et discussions
La seconde démarche d’élaboration d’une formule prédictive, proposant un nouveau type de
formulation, a permis de mettre au point :
• Une formule pour les plans de grille perpendiculaires à l’écoulement (α = 90°) et
verticaux ou inclinés (15° ≤ β ≤ 90°), sur une gamme d’obstruction Ob de 0.28 à 0.53 et
d’obstruction OentH jusqu’à 0.23, pour les profils de barreau rectangulaire et
hydrodynamique :
1.65 0.77
 Ob   O entH 
(F3) ξ = K F,b * K b * K β + K Fent * K entH = a *  
 * (sin β )2 + c *  

 1 − Ob   1 − O entH 
Avec a = 3.85 pour PR et 2.10 pour PH et c égal au coefficient de forme des lignes
d’entretoises et supports transversaux (1.79 pour des entretoises cylindriques).
• Une formule pour les plans de grille verticaux (β = 90°) et orientés par rapport la
direction de l’écoulement (30° ≤ α ≤ 90°), sur une gamme d’obstruction Ob de 0.28 à
0.53 et d’obstruction OentH jusqu’à 0.23, pour un rapport largeur sur profondeur du
barreau b / p voisin de 0.125, pour un rapport espacement libre sur largeur du barreau
e / b compris entre 1 et 3, et pour les profils de barreau rectangulaire et
hydrodynamique :

  Ob 
1.65
 O entH 
0.77 
(F4) ξ = (K Fb * K b + K Fent * K entH ) * K α =  a *  
 + c *  

 * (d * e 0.81 ) (tan(90 − α )) 0.83


  1 − Ob   1 − O entH  
Avec a = 3.85 pour PR et 2.10 pour PH, c égal au coefficient de forme des lignes d’entretoises
et supports transversaux (1.79 pour des entretoises cylindriques), et d = 1.69 pour PR et 2.78 pour PH

Par rapport aux préconisations pour les plans de grille ichtyocompatibles, la formule F3 couvre
bien les configurations de plans de grille inclinés et, à ce titre, complète celles proposées suite à la
première démarche. La formule F4 couvre bien, comme la F2, les configurations de plans de grille
orientés, avec des performances quelque peu meilleures en terme de prédiction. Cette formule est
cependant plus compliquée à appliquer du fait de la dissociation des obstructions Ob et OentH.
Dans les deux formules, on peut s’interroger sur le fait que les exposants des coefficients
d’obstruction n’ont pas la même valeur (1.65 et 0.77). C’est peut-être lié au fait que l’obstruction due
aux barreaux Ob influence l’écoulement en premier plan et que celle due aux lignes d’entretoises OentH
n’influence l’écoulement qu’en second plan. Cela amène à penser que les pertes de charge induites
par les lignes d’entretoises et autres éléments transversaux peuvent peut-être varier selon leur
positionnement par rapport aux barreaux et les conditions d’écoulement entre les barreaux.
Il est intéressant d’observer que le coefficient de forme c des entretoises cylindriques est trouvé
égal à 1.79, ce qui correspond au coefficient de forme KF trouvé par Kirschmer (1926) pour ce profil. A
l’inverse, les valeurs du coefficient de forme des barreaux a ne correspondent pas aux coefficients de
forme des profils rectangulaires et hydrodynamiques. Comme déjà évoqué lors de la première
démarche, la non-correspondance pour les barreaux est peut-être liée au fait, qu’une fois assemblés
sous forme de grille avec des espacements libres faibles, le coefficient de forme des barreaux évolue
par rapport à celui d’un barreau individuel. Les lignes d’entretoises seraient par contre encore
suffisamment éloignées les unes des autres pour avoir une influence indépendante et ainsi un
coefficient de forme égal à ceux trouvé par Kirschmer.
Les coefficients de forme des barreaux a trouvés dans cette seconde démarche sont supérieurs
à ceux trouvés lors de la première démarche (3.85 contre 2.89 pour le PR et 2.10 contre 1.70 pour le
PH). Cela peut s’expliquer par le fait que les coefficients de la première démarche incluent l’influence
globale des barreaux et des entretoises.
Comme observé dans la première démarche, l’intérêt du profil hydrodynamique testé par
rapport au profil rectangulaire est ainsi plus faible qu’attendu, et a tendance à diminuer lorsque le plan
de grille est incliné, et ce d’autant plus que son obstruction est faible. L’intérêt global du profil
hydrodynamique dépend en particulier du rapport entre l’obstruction due aux barreaux et autres
éléments longitudinaux Ob et l’obstruction due aux lignes d’entretoises et autres éléments

57
transversaux OentH. Plus Ob sera important par rapport à OentH, plus le profil hydrodynamique sera
intéressant et inversement. Dans le cas par exemple d’un plan de grille incliné à 25° avec OentH = 0.1,
le profil hydrodynamique permet une réduction du coefficient de perte de charge de 12%, 20% et 27%
pour une obstruction Ob de 0.30, 0.40 et 0.50 respectivement.

Dans les plans de grille expérimentaux utilisés, l’obstruction OentH n’a été induite que par des
lignes d’entretoises cylindriques. Si d’autres formes d’entretoises sont utilisées, notamment une
section rectangulaire dans le cas d’un assemblage des barreaux sur un peigne, il est alors préconisé
d’adopter les coefficients de forme déterminés par Kirschmer (1926, Figure 8 et Tableau 5). Dans les
cas réels, en particulier pour les plans de grille inclinés, divers éléments de supports transversaux
peuvent participer à l’obstruction OentH, notamment des poutrelles IPN,. Ces différentes composantes
peuvent être prises en compte dans les formules F3 et F4 en cumulant les surfaces obstruées dans le
calcul de OentH, et en calculant un coefficient de forme c moyen, à partir des coefficients de forme de
chaque type d’éléments transversaux, pondérés selon leurs parts respectives dans OentH. Pour les
profils pour lesquels Kirschmer (1926) n’a pas déterminé de coefficient de forme KF, il est proposé de
procéder par analogie en fonction de leur coefficient de traînée. Par exemple, le coefficient de traînée
d’une poutre IPN varie selon son rapport de forme et l’orientation de l’écoulement incident entre 1.6 et
2.1 (Blevins, 2003). En retenant la valeur maximale et en considérant une rapport KF / CX d’environ 2
(rapport maximal des sections rectangulaires ; Tableau 6), on propose de retenir pour une poutre IPN
un coefficient de forme de l’ordre de 4. De même, on propose de retenir une valeur de 4 pour une
poutre de section carrée dont le coefficient de traînée varie entre 2.2 et 1.3 selon l’orientation de
l’écoulement.
Dans la configuration de plans de grille orientés, de bons résultats ont été obtenus avec la
formule F4 intégrant un coefficient Kα faisant intervenir l’espacement libre entre barreaux e, sous la
f(α)
forme f(e) . La formule F4 n’est cependant à ce stade pas proposée à l’application, étant donné que
l’expression de Kα n’a pas pu être adimensionnalisée avec certitude, la largeur b des barreaux et leur
profondeur p n’ayant pas variées dans le jeu de mesures. Comme déjà évoqué en conclusion de la
première démarche, ce type de formulation semble toutefois avoir un potentiel intéressant et mériterait
d’être affinée via la réalisation de mesures complémentaires pour différentes profondeurs et largeurs
de barreaux et rapports e / p et b / p.

La Figure 49 présente les coefficients de perte de charge calculés selon la formule F3, selon
l’inclinaison β et les obstructions Ob et OentH du plan de grille, pour le profil de barreau rectangulaire
(PR) et hydrodynamique (PH).

58
6.0 Plans de grille inclinés par rapport à l'horizontale 6.0 Plans de grille inclinés par rapport à l'horizontale
Coefficient de perte de charge 5.5 Profil de barreau rectangulaire (PR), OentH = 0.10 5.5 Profil de barreau rectangulaire (PR), OentH = 0.20
5.0

Coefficient de perte de charge


Obstruction due au 5.0
Obstruction due
4.5 barreaux Ob 4.5 au barreaux Ob
4.0 0.30 4.0 0.30
3.5 0.35 3.5 0.35

3.0 0.40 0.40


3.0
0.45 0.45
2.5 2.5
0.50 0.50
2.0 2.0 0.53
0.53
1.5 1.5
1.0 1.0
0.5 0.5
0.0 0.0
10 20 30 40 50 60 70 80 90 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Inclinaison β (°) Inclinaison β (°)

6.0 6.0 Plans de grille inclinés par rapport à l'horizontale


Plans de grille inclinés par rapport à l'horizontale
5.5 Obstruction due 5.5 Obstruction due Profil de barreau hydrodynamique (PH), OentH = 0.20
Profil de barreau hydrodynamique (PH), OentH = 0.10
au barreaux Ob au barreaux Ob
Coefficient de perte de charge

Coefficient de perte de charge


5.0 5.0
0.30
4.5 0.30 4.5
0.35
4.0 0.35 4.0
0.40
3.5 0.40 3.5
0.45
3.0 0.45 3.0
0.50
2.5 0.50 2.5 0.53
2.0 0.53 2.0
1.5 1.5
1.0 1.0
0.5 0.5
0.0 0.0
10 20 30 40 50 60 70 80 90 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Inclinaison β (°) Inclinaison β (°)

Figure 49 : Coefficients de perte de charge calculés selon la formule F3, selon l’inclinaison et les obstructions Ob et OentH du plan de grille, pour le profil de
barreau rectangulaire (PR en haut) et hydrodynamique (PH en bas) (coefficient c pris égal à 2.5).

59
6. RESULTATS SUR LES CHAMPS DE VITESSE A L’APPROCHE DES PLANS DE
GRILLE

6.1. Plans de grille inclinés par rapport à l’horizontale

6.1.1. Courantologie en amont et en aval des plans de grille


La Figure 50 présente les champs de vitesse longitudinale U, moyennée dans le temps, vu en
coupe longitudinale, en amont et en aval de plans de grille inclinés à 15°, 25°, 35° et 45° (de haut e n
bas), obtenus par le raccordement de 3 plans PIV. Sur certains plans où le laser était émis depuis
l’aval de la grille, des zones sans mesures sont engendrées coté amont par les lignes d’entretoises
(« lignes » apparaissant en vert). Les bandes verticales sans mesures correspondent aux supports
acier du canal au travers desquels l’écoulement n’a pas pu être observé. La bande apparaissant avec
une vitesse nulle (bleu foncé) correspond au plan de grille.
Les images PIV ne permettent pas d’observer les premiers centimètres sous la surface libre, et
donc le sommet en eau du plan de grille, les réflexions du laser sur la surface libre pouvant nuire à la
qualité des images. Dans les cas présentés ci-dessous, les images PIV couvrent l’écoulement depuis
le fond du canal jusqu’à une hauteur de 250 mm, pour une hauteur d’eau totale H1 d’environ 320 mm
(zone sans mesure de 70 mm, soit 22% de la hauteur d’eau).
Dans les différents cas, on observe un blocage de l’écoulement à proximité du fond créé par le
pied de grille. Cela engendre une légère accélération des vitesses longitudinales U dans la tranche
d’écoulement supérieure, d’autant plus sensible que le plan de grille est incliné.
Le long des plans de grille inclinés à 35°, 25° et 15°, il apparaît ensuite une accélération de la
vitesse longitudinale. Cette accélération reste cependant modérée : on atteint vers le sommet du plan
de grille une vitesse longitudinale de l’ordre 0.75-0.80 m/s, pour une vitesse d’approche de 0.67 m/s,
soit + 10-20%. Le long des plans de grille inclinés à 45°, il n’apparaît d’accélération perceptible de la
vitesse longitudinale.
On visualise d’autre part, dans les différents cas, l’influence des lignes d’entretoises sur la
vitesse longitudinale U, avec face amont du plan de grille un ralentissement frontal et une accélération
juste au dessus, et face aval une accélération juste en dessous et un ralentissement dans la traînée.
L’influence des lignes d’entretoises reste toutefois localisé.

6.1.2. Profils des vitesses normales et tangentielles le long du plan de grille


Les figures présentées ci-après décrivent l’évolution des vitesses tangentielles Vt et normales
Vn le long des plans de grille inclinés. Les ordonnées z = 0 mm et z = 300 mm correspondent
respectivement au fond du canal et à la surface libre.
Les profils ADV le long des plans de grille inclinés ont été mesurés à une distance normale à la
grille de 20 mm. Il n’est pas possible d’aller plus près de la grille avec l’ADV car pour certains angles,
le volume de mesure rentrerait en contact avec le barreau et les mesures seraient erronées. Avec la
tête ADV 3D verticale, il a été possible de parcourir le long de la grille, depuis la proximité du pied de
grille (z = 50 mm), jusqu’à une hauteur z de 220-230 mm, pour des hauteurs d’eau d’environ 300 mm
(zone sans mesure à l’approche de la surface libre de 70 mm, soit 23% de la hauteur d’eau). Il n’est
pas possible d’effectuer des mesures jusqu’à proximité de la surface libre, la tête ADV devant rester
immergée.
Les profils tirés des plans PIV ont été extraits des champs de vitesse, à une distance normale à
la grille de 20 mm, comme les profils ADV.
Pour tous les profils présentés, les composantes de la vitesse tangentielle Vt et normale Vn au
plan de grille sont rapportées à la vitesse débitante amont V1, calculée au niveau du point de mesure
de H1. Les lignes verticales tracées sur les graphiques représentent les vitesses tangentielles et
normales théoriques (Vt,theo et Vn,theo ; en bleu et rouge respectivement), obtenues par projection de V1
selon les deux directions.
Vt,theo = V1 × cosβ et Vn,theo = V1 × sinβ

Les traits horizontaux pointillés sur les graphiques représentent la position des lignes
d’entretoises.

60
Figure 50 : Champs de vitesse longitudinale U, vus en coupe longitudinale, en amont et en aval de
plans de grille inclinés à 15°, 25°, 35° et 45° (de haut en bas), obtenus par le raccordement de 3 plans
PIV. Vitesses moyennées dans le temps, H1 ≈ 320 mm. V1 ≈ 0.67 m/s.

61
Comparaison des profils de vitesse issus des mesures PIV et ADV
La Figure 51 présente une comparaison des profils issus des mesures ADV et des mesures PIV
afin de vérifier si les deux métrologies donnent des résultats comparables.
Les profils de Vt et Vn obtenus par les deux métrologies sont globalement proches, avec
quelques décalages, notamment sur Vn. Les écarts atteignent au maximum environ 10%. Plusieurs
raisons peuvent expliquer ces écarts et décalages :
• Le cumul des incertitudes sur les deux métrologies, de l’ordre de2 à 5% pour chacune.
• Le décalage vertical entre les deux métrologies peut être dû aux calages des images
PIV et du volume de mesure ADV, auxquels sont associés des incertitudes de quelques
millimètres.
• Un biais sur la répartition de la vitesse selon les composantes normale et tangentielle
peut être induit si l’alignement de la tête ADV avec la direction de l’écoulement n’est pas
parfait, ou si pour la PIV, les images ne sont pas tout à fait parallèles à la direction X.
Au final, étant donné les résultats globalement proches, avec des écarts inférieurs au cumul
des incertitudes des métrologies, et les explications plausibles des décalages, il est considéré que les
deux métrologies donnent des résultats équivalents.

Figure 51 : Comparaison des profils obtenus avec l’ADV et la PIV. Profil rectangulaire. β = 25°.
e = 10/20 mm. H1 ≈ 300 mm.

Influence de la position du profil par rapport au barreau


La Figure 52 présente une comparaison des profils ADV mesurés d’une part en face d’un
barreau, et d’autre part au centre d’un espacement libre entre deux barreaux. On observe qu’à 20 mm
de distance du plan de grille, les profils ne sont pas influencés par la position de la mesure par rapport
au barreau.

62
250 Position
du profil
200 Vt/V1 barreau
Vn/V1 barreau
150
z (mm)

Vt/V1 entrefer
Vn/V1 entrefer
100

50

0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 1.1 1.2 1.3 1.4
Vitesse normalisée

Figure 52 : Comparaison des profils selon la position du volume de mesure (barreau ou entrefer).
Profil rectangulaire. β = 25°. e = 10/20 mm. H1 ≈ 300 mm. Les lignes verticales représentent les
vitesses tangentielles et normales théoriques Vt,theo et Vn,theo. Les traits horizontaux pointillés
représentent la position des lignes d’entretoises.

Influence des lignes d’entretoises sur les profils


La Figure 53 présente la comparaison de 2 profils ADV mesurés entre deux barreaux le long
eme
d’un même plan de grille, en supprimant pour le second la 2 ligne d’entretoise, de façon à en
appréhender l’influence. On observe que la ligne d’entretoises engendre une réduction localisée de la
vitesse normale Vn, et que la vitesse normale présente en dessous et au-dessus des valeurs
similaires, que la ligne d’entretoise soit présente ou non. Sur la vitesse tangentielle Vt, la ligne
d’entretoise engendre une réduction localisée à son niveau et une augmentation juste au-dessus,
mais la vitesse tangentielle présente des valeurs similaires en dessous et au-dessus, que la ligne
d’entretoise soit présente ou non. Ces observations sur les profils ADV sont cohérentes avec celles
faites à partir des plans PIV.
Ces résultats permettent de considérer que, même si les profils ADV mesurés sur le modèle
réduit sont localement influencés par les lignes d’entretoises, leurs évolutions globales sont conformes
à une situation non influencée que les poissons doivent rencontrer au niveau des prises d’eau réelles.
Selon l’inclinaison du plans de grille expérimental, le nombre de lignes d’entretoises immergées
et leur position varient : 2 lignes d’entretoises pour β de 90° à 45°, 3 lignes d’entretoises pour β égal à
35° et 25°, et 5 lignes d’entretoises pour β égal à 15°. L’aspect des profils de vitesse est do nc d’autant
plus perturbé par les lignes d’entretoises que le plan de grille est incliné.

63
250 Influence de la
ligne d'entretoise
200 Vt/V1 Avec
Vn/V1 Avec
150
z (mm)

Vt/V1 Sans
Vn/V1Sans
100

50

0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 1.1 1.2 1.3 1.4
Vitesse normalisée
eme
Figure 53 : Comparaison des profils de vitesses avec et sans la 2 ligne d’entretoise. Profil
rectangulaire. β = 25°. e = 10/20 mm. H1 ≈ 300 mm. Les lignes verticales représentent les vitesses
tangentielles et normales théoriques Vt,theo et Vn,theo. Les traits horizontaux pointillés représentent la
position des lignes d’entretoises.

Influence du profil de barreau et de l’espacement libre entre barreaux


Les Figure 54 et Figure 55 présentent des profils mesurés respectivement avec différents
espacements libres entre barreaux et avec les deux profils de barreaux (rectangulaire et
hydrodynamique). On observe qu’à 20 mm de distance du plan de grille, les profils de vitesse ne sont
influencés ni par l’espacement libre entre barreaux, ni par le profil des barreaux. Les profils de vitesse
sont dans tous les cas très similaires.

250 Espacement libre


entre barreaux
200 Vt/V1 e5
Vn/V1 e5
150
z (mm)

Vt/V1 e7.5
Vn/V1 e7.5
100
Vt/V1 e10
50 Vn/V1 e10
Vt/V1 e15
0 Vn/V1 e15
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 1.1 1.2 1.3 1.4
Vitesse normalisée

Figure 54 : Comparaison des profils de vitesse selon l’espacement libre entre barreaux. Profil
rectangulaire. β = 25°. H1 ≈ 300 mm. Les lignes verticales représentent les vitesses tangentielles et
normales théoriques Vt,theo et Vn,theo. Les traits horizontaux pointillés représentent la position des
lignes d’entretoises.

64
250 Profil de
barreau
200 Vt/V1 PR
Vn/V1 PR
150 Vt/V1 PH
z (mm)

Vn/V1 PH

100

50

0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 1.1 1.2 1.3 1.4
Vitesse normalisée

Figure 55 : Comparaison des profils de vitesse selon le profil des barreaux, rectangulaire (PR) ou
hydrodynamique (PH). β = 25°. e = 10/20 mm. H1 ≈ 300 mm. Les lignes verticales représentent les
vitesses tangentielles et normales théoriques Vt,theo et Vn,theo. Les traits horizontaux pointillés
représentent la position des lignes d’entretoises.

Influence de l’inclinaison du plan de grille, comparaison aux valeurs théoriques et


interprétation vis-à-vis de la dévalaison des poissons
On a porté en Figure 56 les profils de vitesses normales et tangentielles au plan de grille pour 4
angles d’inclinaisons β (15°, 25°, 35° et 45°), et en Figure 57 l’évolutio n des rapports Vt / Vn ;
Vt / Vt,theo et Vn / Vn,theo en fonction de l’angle d’inclinaison du plan de grille. L’interprétation des profils
de vitesse peut être assez délicate du fait des perturbations engendrées par les lignes d’entretoises.
Plusieurs constats peuvent tout de même être dressés.
Les vitesses normales le long des plans de grille inclinés augmentent sensiblement depuis le
fond jusqu’à z ≈ 100 mm (z/H1 ≈ 0.3), puis plus lentement au-delà (Figure 56). Cette allure du profil
des vitesses normales peut s’expliquer d’une part par un effet de blocage de l’écoulement au fond lié
à la ligne d’entretoises présente en pied de grille, et d’autre part par le profil de la vitesse d’approche à
l’amont. Dans la tranche supérieure de l’écoulement (z > 100 mm, z/H1 > 0.3), les vitesses normales
atteignent des valeurs de l’ordre de 0.3-0.4*V1, 0.5-0.6*V1, 0.65-0.75*V1 et 0.8-0.9*V1 pour les angles
d’inclinaison β de 15°, 25°, 35° et 45° respectivement. Ces valeur s se révèlent supérieures de 20% à
40% aux valeurs théoriques obtenues par projection de V1 (Tableau 12, Figure 57).
Valeurs mesurées
Valeurs théoriques
Angle Vn V t / Vn
d'inclinaison β z > 100 mm ; z/H1 > 0.3 z > 100 mm ; z/H1 > 0.3
Vt,theo Vn,theo Vt,theo / Vn,theo
Hors influence entretoise Hors influence entretoise
15° 0.97*V1 0.26*V1 3.73 0.3-0.4*V1 3.0-3.7*V1
25° 0.91*V1 0.42*V1 2.14 0.5-0.6*V1 1.9-2.1*V1
35° 0.82*V1 0.57*V1 1.43 0.65-0.75*V1 1.3-1.5*V1
45° 0.71*V1 0.71*V1 1.00 0.8-0.9*V1 0.8-1.0*V1

Tableau 12 : Valeur des vitesses tangentielles et normales, théoriques et mesurées, en fonction de


l’angle d’inclinaison.

Vis-à-vis des risques de placage des poissons sur le plan de grille ou de passage prématuré au
travers, il en résulte que, pour ne pas dépasser une vitesse normale de 0.5 m/s, les vitesses à
l’approche de plans de grille inclinés à 15°, 25°, 35° et 45° ne doivent pas dépasser environ 1.25,
0.83, 0.67 et 0.56 m/s respectivement.
En dehors de l’effet des lignes d’entretoises, les vitesses tangentielles apparaissent
relativement constantes le long des plans de grille inclinés à 25° et 35°. A 15°, il apparaît une légè re

65
tendance à l’augmentation, tandis qu’à 45° il appar aît à l’inverse une légère tendance à la diminution.
Les vitesses tangentielles se révèlent globalement supérieures de 20% aux valeurs théoriques
obtenues par projection de V1 (Tableau 12, Figure 57).
Dans l’attente de la seconde phase de l’étude sur l’attractivité et l’alimentation des exutoires
positionnés au sommet des plans de grilles inclinés, on peut proposer de dimensionner ces exutoires
de façon à obtenir une vitesse en entrée de l’ordre de 1.2 fois la vitesse tangentielle au plan de grille
théorique. Cela devrait permettre d’obtenir un écoulement continu à la transition entre le plan de grille
et l’exutoire, sans décélération, ni accélération brusque.
Le rapport entre les vitesses tangentielles et normales Vt / Vn est logiquement d’autant plus fort
que l’inclinaison est prononcée (que l’angle β est faible). Ce rapport a d’autre part tendance à
décroître le long du plan de grille quelle que soit l’inclinaison : d’environ 4.5 à 3.0 à 15°, d’envir on 3.0
à 1.9 à 25°, d’environ 2.0 à 1.25 à 35° et d’enviro n 1.3 à 0.75 à 45° (Figure 57).
Vis-à-vis du guidage des poissons, les résultats de l’étude amènent à confirmer le critère
d’inclinaison du plan de grille d’un angle β ≤ 26°, pour obtenir une vitesse tangentielle au moin s 2 fois
supérieure à la vitesse normale et ainsi inciter les poissons à changer de position dans la colonne
d’eau et à venir passer en surface. Il apparaît en effet difficile d’adopter des inclinaisons moins
prononcées (angles β plus important), l’objectif étant déjà à peine atteint sur la moitié supérieure du
plan de grille, et le rapport entre les vitesses tangentielles et normales diminuant rapidement au delà.

La caractérisation des profils de vitesses normales et tangentielles le long des plans de grille
inclinés, réalisée dans le cadre de cette étude, a permis d’apporter les éléments de réponse souhaités
concernant les aspects liés à la dévalaison des poissons (guidage en fonction de l’inclinaison, vitesse
d’approche admissible vis-à-vis des risques de placage, vitesse en entrée des exutoires).

Vis-à-vis de la description des phénomènes hydrauliques, cette caractérisation pourrait


toutefois être affinée sur certains points.
Des mesures plus proches de la surface libre et du sommet du plan de grille, à l’aide de plans
PIV en tâchant de se prémunir contre les réflexions de la nappe Laser sur la surface libre, ou à l’aide
de tête ADV 3D latérale, pourraient venir compléter les profils réalisés. Des mesures pour des
hauteurs d’eau H1 plus importantes pourraient également permettre, avec une même zone
inaccessible à proximité de la surface libre, de réaliser des mesures à des hauteurs d’eau relatives
z / H1 plus élevées.
Les profils de vitesse le long des plans de grille inclinés expérimentaux ont été localement
perturbés par les lignes d’entretoises. Leur influence est cependant probablement exacerbée sur le
modèle, étant donné que le rapport entre les dimensions des entretoises (20 mm) et la distance de
mesure vis-à-vis du plan de grille (20 mm) est distordu, par rapport à la caractérisation d’un champ de
vitesse au voisinage (≈ 20 cm) d’un plan de grille réel. Ces perturbations dans les résultas
expérimentaux rendent notamment délicat l’établissement de loi du type Vn,z / Vn, theo = f(z/H1 ; β ;…).
Si des mesures de profil de vitesse complémentaires sont réalisées, il serait préférable d’enlever les
lignes d’entretoises perturbantes.
Des mesures à différentes hauteurs d’eau sont prévues dans la poursuite de l’étude. Cela
permettra de s’assurer que les résultats obtenus sur le modèle sont indépendants de ce paramètre et
donc extrapolables vers les hauteurs d’eau des prises d’eau réelles. Une telle vérification ayant déjà
été menée dans la configuration des plans de grille orientés, il n’y a cependant pas vraiment de doute
sur ce point.

66
250 β = 45° 250 β = 35°

200 200

150 150

z (mm)
z (mm)

100 100

50 Vt/V1 50 Vt/V1
Vn/V1 Vn/V1
0 0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 1.1 1.2 1.3 1.4 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 1.1 1.2 1.3 1.4
Vitesse normalisée Vitesse normalisée

250 β = 25° 250 β = 15°

200 200

150

z (mm)
150
z (mm)

100 100

Vt/V1 50
50 Vt/V1
Vn/V1
Vn/V1
0 0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 1.1 1.2 1.3 1.4 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 1.1 1.2 1.3 1.4
Vitesse normalisée Vitesse normalisée

Figure 56 : Profils des vitesses normales et tangentielles selon l’inclinaison du plan de grille. Profil rectangulaire. e = 10/20 mm. H1 ≈ 300 mm. Les lignes
verticales représentent les vitesses tangentielles et normales théoriques Vt,theo et Vn,theo. Les traits horizontaux pointillés représentent la position des lignes
d’entretoises.

67
250 Angle
d'inclinaison β
200 15°
25°
150
z (mm)

35°
45°
100

50

0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 5.0
Rapport Vt / V n

250
Angle
200 d'inclinaison β

15°
150 25°
z (mm)

35°
45°
100

50

0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4 1.6 1.8 2.0
Rapport Vt / Vt,théo

250

Angle
200 d'inclinaison β

15°
150 25°
z (mm)

35°

100 45°

50

0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4 1.6 1.8 2.0
Rapport Vn / Vn,théo

Figure 57 : Evolutions des rapports Vt / Vn ; Vt / Vt,theo et Vn / Vn,theo en fonction de l’angle d’inclinaison


du plan de grille. Profil rectangulaire. e = 10/20 mm. H1 ≈ 300 mm.

68
6.2. Plans de grille orientés par rapport à la direction de l’écoulement

6.2.1. Courantologie à l’approche de la grille


La Figure 59 présente les champs de vitesse longitudinale U, moyennée dans le temps, à partir
de 3 champs instantanés, vu en plan, en amont de plans de grille orientés à 30°, 45° et 60°. Ces
résultats sont tirés de Wang et al. (2010) et Chatellier et al. (2011). Dans la configuration de plans de
grille orientés, on observe une accélération des vitesses longitudinales, significative et progressive le
long du plan de grille pour les 3 angles d’orientation. Les vitesses longitudinales dans le coin aval du
plan de grille atteignent de l’ordre de 1.4, 1.7 et 2 fois la vitesse d’approche pour les orientations à
60°, 45° et 30° respectivement.

La Figure 58 présente un champ de vitesse longitudinale U, instantanée, vu en plan, en aval


d’un plan de grille orienté à 45°, tirés de Wang et al. (2010) et Chatellier et al. (2011). On observe que
l’écoulement à l’aval est dévié dans le sens des barreaux, perpendiculairement au plan de grille, en
particulier vers le coin aval. Cela crée d’une part un effet de confinement de l’écoulement du côté du
coin amont du plan de grille avec une accélération des vitesses jusqu’à environ 2 fois la vitesse
d’approche, et d’autre part une zone de recirculation à faibles vitesses du côté du coin aval du plan de
grille. L’écoulement en aval d’un plan de grille orienté apparaît donc très perturbé.
L’effet de confinement et la taille relative de la zone de recirculation sont toutefois probablement
exacerbés sur la Figure 58, le rapport d’échelle entre les dimensions des barreaux et la largeur du
canal n’étant pas respecté par rapport aux prises d’eau réelles. Cette perturbation de l’écoulement
peut cependant poser problème par rapport aux conditions d’écoulement souhaitées en entrée des
chambres d’eau des turbines. Il serait intéressant de mener une caractérisation plus complète des
champs de vitesse à l’aval des plans de grille orientés pour pouvoir apprécier l’acceptabilité de cette
configuration vis-à-vis des conditions d’entrée des chambres d’eau des turbines (critères
d’homogénéité sur les vitesses garantissant les rendements). Cette caractérisation pourrait s’appuyer
sur une approche numérique calibrée sur les résultats expérimentaux et appliquée aux dimensions
réelles des prises d’eau.

Figure 58 : Champ de vitesse longitudinale U, vu en plan, en aval d’un plan de grille orienté à α = 45°.
Vitesse instantanée. V1 = 0.735 m/s. Profil hydrodynamique. e = 20/40 mm. Wang et al. (2010) et
Chatellier et al. (2011).

69
Figure 59 : Champs de vitesse longitudinale U, vus en plan, en amont de plans de grille orientés à
30°, 45° et 60° (de haut en bas). Vitesses moyennée s dans le temps, rapportées à la vitesse débitante
V1. Profil hydrodynamique. e = 20/40 mm. Wang et al. (2010) et Chatellier et al. (2011).

70
6.2.2. Profils des vitesses normales et tangentielles le long du plan de grille
Les figures présentées ci-après décrivent l’évolution des vitesses tangentielles Vt et normales
Vn le long des plans de grille orientés. L’ordonnée y = 0 mm correspond à l’extrémité amont du plan
de grille et y = 600 mm correspond à l’extrémité aval.
Les profils ADV le long des plans de grille orientés ont été mesurés à une distance normale à la
grille de 50 mm. Avec la tête ADV 3D verticale, il a été possible de parcourir le long de la grille de
y = 60 mm à y = 540 mm (zone sans mesure de 60 mm le long de chaque berge). Des profils ADV ont
été mesurés pour des espacements libres entre barreaux de 5/10, 7.5/15, 10/20 et 15/30 mm (taille
modèle/prototype). Des profils tirés des plans PIV de Wang et al. (2010) sont également présentés.
Ces profils ont été extraits des champs de vitesse, à une distance normale à la grille de 50 mm,
comme les profils ADV. Ils présentent l’avantage de fournir des mesures plus proches des berges
(15 mm). Ces profils ont été mesurés pour des espacements libres entre barreaux de 10/20, 15/30,
20/40 et 30/60 mm (taille modèle/prototype). Pour tous les profils ADV présentés, les composantes de
la vitesse tangentielle Vt et normale Vn au plan de grille sont rapportées à la vitesse débitante amont
V1, calculée au niveau du point de mesure de H1. Pour tous les profils PIV présentés, les
composantes de la vitesse tangentielle Vt et normale Vn au plan de grille sont rapportées à la vitesse
longitudinale moyenne, calculée au niveau de l’abscisse x = -170 mm (UMoy).
Les lignes verticales tracées sur les graphiques représentent les vitesses tangentielles et
normales théoriques (Vt,theo et Vn,theo ; en bleu et rouge respectivement), obtenues par projection de V1
selon les deux directions.
Vt,theo = V1 × cosα et Vn,theo = V1 × sinα

Comparaison des profils de vitesse issus des mesures PIV et ADV


La Figure 60 présente une comparaison des profils de vitesse issus des mesures ADV et des
mesures PIV. Sur la portion commune aux deux métrologies, les profils concordent tout à fait. Il est
donc considéré que les deux métrologies et les dispositifs expérimentaux de cette étude et de Wang
et al. (2010) donnent des résultats équivalents.

600

500 α = 45°
e = 15/30 mm
400
Vt/V1 ADV
Y (mm)

300 Vn/V1 ADV


Vt/Umoy PIV
200
Vn/Umoy PIV
100

0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2
Vitesse normalisée

Figure 60 : Comparaison des profils de vitesse obtenus avec l’ADV et avec la PIV. Profil
hydrodynamique. e = 15/30 mm. α = 45°.

Extrapolation des résultats à des largeurs de prises d’eau


Des mesures dans un second canal de largeur supérieure au premier (840 mm contre 600 mm)
ont été effectuées pour s’assurer que les résultats obtenus sur le modèle sont indépendants de ce
paramètre et donc extrapolables vers les largeurs plus importantes des prises d’eau réelles (Figure
61). Les résultats sont présentés en fonction de la largeur relative y / B en ordonnée, de 0 à 1. Les
profils de vitesse normale et tangentielle sont très similaires entre les deux largeurs de canal, les
faibles écarts de l’ordre de la précision de mesure. Les résultats obtenus sur le modèle réduit sont
donc bien extrapolables aux largeurs plus importantes de prises d’eau réelles.

71
1
0.9 PR
α = 45°
0.8
e = 10/20 mm
0.7
0.6 Vt/V1 B600
Y/B
0.5 Vn/V1 B600
0.4 Vt/V1 B840
0.3 Vn/V1 B840
0.2
0.1
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2
Vitesse normalisée

Figure 61 : Comparaison des profils de vitesses mesurés dans deux canaux de largeur différente
H1 = 438 mm et V1 = 0.35 m/s pour B = 840 mm. H1 = 361 mm et V1 = 0.59 m/s pour B = 600 mm.

Influence du profil de barreau


La Figure 62 présente la comparaison des profils de vitesse normale et tangentielle selon le
profil de barreau rectangulaire (PR) ou hydrodynamique (PH), pour différentes orientations (30°, 45° et
60°) et différents espacements libres entre barreau minimal (5/10, 10/20 et 15/30 mm).
On observe que les profils de vitesse normale et tangentielle obtenus avec les deux profils de
barreaux sont très similaires quels que soient l’orientation ou l’espacement libre entre barreaux, sauf
dans le cas où l’orientation est la plus prononcée et l’espacement libre entre barreaux le plus réduit.
Ce cas est celui où le coefficient de perte de charge est le plus élevé parmi toutes les configurations
testées. Les vitesses normales augmentent alors plus rapidement et sont plus élevées avec le profil
hydrodynamique dans le tiers aval du plan de grille (y > 400 mm), les écarts atteignant 0.1*V1, et de
même pour les vitesses tangentielles dans les 2/3 tiers aval (y > 200 mm), les écarts atteignant
0.2*V1.
Globalement, on peut considérer que le profil de barreaux n’a pas d’influence significative sur
les profils de vitesses normales et tangentielles le long des plans de grille orientés, dans les
configurations ichtyocompatibles.
Influence de l’espacement libre entre barreaux
La Figure 63 présente la comparaison des profils de vitesse normale et tangentielle selon
l’espacement libre entre barreaux, pour différentes orientations (30°, 45° et 60°) avec un profil de
barreau rectangulaire.
Concernant les vitesses normales, on observe que l’espacement libre entre barreaux n’a pas
d’influence significative sur leurs évolutions le long des plans de grilles orientés. Il apparaît toutefois
que les vitesses normales sont d’autant plus élevées que l’espacement est réduit dans la première
moitié du plan de grille (y < 300 mm), quelle que soit l’orientation, cette tendance s’inversant dans la
seconde moitié du plan de grille (y > 300 mm). Les écarts entre les espacements minimum
(e = 5/10 mm) et maximum (e = 20/40 mm) atteignent au maximum de l’ordre de 0.2*V1 aux
extrémités du plan de grille.
Concernant les vitesses tangentielles, on observe que l’espacement libre entre barreau a peu
d’influence sur leurs évolutions le long du plan de grille orientés à 60°, et une influence plus
significative sur leurs évolutions le long des plans de grille orientés à 45° et 30°. Il apparaît que la
vitesse tangentielle augmente d’autant moins rapidement que l’espacement entre barreau est réduit,
cette tendance se manifestant dans les 2/3 aval du plan de grille (y > 200 mm). Les écarts entre les
espacements minimum (e = 5/10 mm) et maximum (e = 20/40 mm) atteignent de l’ordre de 0.25*V1 à
l’extrémité aval du plan de grille (y = 550 mm).
Globalement, on peut considérer que l’espacement libre entre barreaux n’a pas d’influence
décisive sur les profils de vitesse normale et tangentielle le long des plans de grille orientés, vis-à-vis
de la dévalaison des poissons ; même si une réduction de l’espacement peut engendrer une légère
réduction de la vitesse tangentielle à l’extrémité aval.

72
600 600 600

500 500 500


α = 30°
400 e = 5/10 mm 400 α = 45° 400 α = 60°

Y (mm)

Y (mm)
Y (mm)

e = 5/10 mm
e = 5/10 mm
Vt/V1 PR 300 300
300
Vt/V1 PR
Vn/V1 PR Vt/V1 PR
200 200 Vn/V1 PR 200
Vt/V1 PH Vn/V1 PR
Vt/V1 PH
Vn/V1 PH Vt/V1 PH
100 100 100
Vn/V1 PH
Vn/V1 PH
0 0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2
Vitesse normalisée Vitesse normalisée Vitesse normalisée

600 600 600

500 500 500

400 400 α = 45° 400


α = 30° α = 60°

Y (mm)
Y (mm)

Y (mm)
e = 10/20 mm
e = 10/20 mm e = 10/20 mm
300 300 300
Vt/V1 PR Vt/V1 PR Vt/V1 PR
200 200 Vn/V1 PR 200 Vn/V1 PR
Vn/V1 PR
Vt/V1 PH Vt/V1 PH
Vt/V1 PH
100 100 100
Vn/V1 PH Vn/V1 PH
Vn/V1 PH
0 0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2
Vitesse normalisée Vitesse normalisée Vitesse normalisée

600 600 600

500 500 500

400 α = 30° 400 α = 45° 400


α = 60°
Y (mm)

Y (mm)
Y (mm)

e = 15/30 mm e = 15/30 mm
e = 15/30 mm
300 300 300
Vt/V1 PR Vt/V1 PR
Vt/V1 PR
200 Vn/V1 PR 200 Vn/V1 PR 200 Vn/V1 PR
Vt/V1 PH
Vt/V1 PH Vt/V1 PH
100 100 100
Vn/V1 PH
Vn/V1 PH Vn/V1 PH
0 0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2
Vitesse normalisée Vitesse normalisée Vitesse normalisée

Figure 62 : Comparaison des profils de vitesse normale et tangentielle selon le profil de barreau rectangulaire (PR) ou hydrodynamique (PH), pour différentes
orientations et espacement libre entre barreaux. Les lignes verticales représentent les vitesses tangentielles et normales théoriques Vt,theo et Vn,theo.

73
600 600 600
α = 30° α = 45° α = 60°
500 PR 500 500 PR
PR

400 Vn/V1 e15 400 Vn/Umoy e20 PIV 400 Vn/V1 e15

Y (mm)
Y (mm)

Y (mm)
Vn/V1 e10 Vn/V1 e15 Vn/V1 e10
300 300 300
Vn/V1 e7.5 Vn/V1 e10 Vn/V1 e7.5
200 200 200 Vn/V1 e5
Vn/V1 e5 Vn/V1 e7.5

100 100 Vn/V1 e5


100

0 0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2 0.00 0.20 0.40 0.60 0.80 1.00 1.20 1.40 1.60 1.80 2.00 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2
Vitesse normalisée Vitesse normalisée Vitesse normalisée

600 600 600


α = 30°
PR α = 45° α = 60°
500 500 PR 500 PR
Vt/V1 e15
400 400 Vt/Umoy e20 PIV 400 Vt/V1 e15

Y (mm)

Y (mm)
Vt/V1 e10
Y (mm)

Vt/V1 e15 Vt/V1 e10


300 Vt/V1 e7.5 300 300
Vt/V1 e10 Vt/V1 e7.5
Vt/V1 e5 200 200
200 Vt/V1 e7.5 Vt/V1 e5

100 Vt/V1 e5 100


100

0 0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2 0.00 0.20 0.40 0.60 0.80 1.00 1.20 1.40 1.60 1.80 2.00 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2

Vitesse normalisée Vitesse normalisée Vitesse normalisée

Figure 63 : Comparaison des profils de vitesse normale (en haut) et tangentielle (en bas) selon l’espacement libre entre barreaux, pour différentes orientations.
Profil rectangulaire. Les lignes verticales représentent les vitesses tangentielles et normales théoriques Vt,theo et Vn,theo.

74
Influence de l’orientation du plan de grille, comparaison aux valeurs théoriques et
interprétation vis-à-vis de la dévalaison des poissons
L’influence de l’orientation du plan de grille sur les profils de vitesse peut être appréciée à partir
des Figure 62 et Figure 63 présentées précédemment. On a porté en Figure 64 l’évolution des
rapports Vt / Vn, Vt / Vt,theo, Vn / Vn,theo et Vn / V1 en fonction de l’angle d’orientation du plan de grille.

De manière générale, les vitesses normales augmentent le long des plans de grille orientés,
cette tendance étant d’autant plus marquée que l’orientation du plan de grille est prononcée (que
l’angle α est faible), et dans une bien moindre mesure, que l’espacement libre entre barreaux est
élevé. Pour une orientation de 30°, 45° et 60°, la vitesse normale débute à l’extrémité amont du plan
de grille (y = 50 mm) à des valeurs de l’ordre 0.2*V1, 0.45-0.5*V1 et de 0.65-0.8*V1 respectivement, et
atteint à l’extrémité aval du plan de grille (y = 550 mm) des valeurs de l’ordre de 0.8-0.95*V1, 1.0-
1.15*V1 et 1.05-1.15*V1 respectivement (Figure 62, Figure 63, Tableau 13). Les vitesses normales
atteignent leur valeur théorique d’autant plus tardivement le long du plan de grille que l’orientation est
prononcée, mais cela intervient toujours dans la première moitié : pour y = 100-200 mm à 30°,
y = 150-250 mm à 45° et y = 250-300 mm à 30°. Quelle que soit la configurati on d’orientation ou
d’espacement libre, les vitesses normales atteignent toujours un valeur de 1.2*Vn,theo vers y ≈ 350 mm
(Figure 64).
Valeurs mesurées
Angle Valeurs théoriques
Vt Vn Vt / Vn
d'orientation
Vt,theo / y = 50 mm y = 550 mm y = 50 mm y = 550 mm y = 50 mm y = 550 mm
α Vt,theo Vn,theo
Vn,theo y/B = 0.08 y/B = 0.92 y/B = 0.08 y/B = 0.92 y/B = 0.08 y/B = 0.92
30° 0.87*V1 0.50*V1 1.73 0.9*V1 1.4-1.7*V1 0.2*V1 0.8-0.95*V1 4.2 1.7
45° 0.71*V1 0.71*V1 1.00 0.8*V1 0.9-1.15*V1 0.45-0.5*V1 1.0-1.15*V1 1.8 0.9
60° 0.50*V1 0.87*V1 0.58 0.6-0.7*V1 0.5-0.6*V1 0.65-0.8*V1 1.05-1.15*V1 0.9 0.5

Tableau 13 : Valeur des vitesses tangentielles et normales, théoriques et mesurées, en fonction de


l’angle d’orientation.

Vis-à-vis des risques de placage des poissons sur le plan de grille ou de passage prématuré au
travers, il en résulte que, pour ne pas du tout dépasser une vitesse normale de 0.5 m/s, les vitesses à
l’approche de plans de grille orientés à 30°, 45° e t 60° ne doivent pas dépasser environ 0.55, 0.50 et
0.55 m/s respectivement. Ces valeurs se révèlent nettement inférieures aux vitesses d’approches
couramment rencontrées au niveau des prises d’eau de centrales (0.6-0.9 m/s). Des vitesses
d’approches plus élevées peuvent être envisagées en acceptant un dépassement de la vitesse
normale maximale sur une certaine distance à l’extrémité aval du plan de grille. Cela sera toutefois
d’autant moins envisageable que la largeur de la prise d’eau sera importante. Ce point sera rediscuté
dans la seconde phase de l’étude sur le positionnement et l’attractivité des exutoires, dont
l’alimentation est susceptible de modifier quelque peu le champ de vitesse à l’extrémité aval.
Les vitesses tangentielles présentent des évolutions différentes selon l’orientation du plan de
grille (Figure 62 et Figure 63). A 30°, les vitesse s tangentielles augmentent continûment le long du
plan de grille, en débutant à l’extrémité amont du plan de grille (y = 50 mm) à une valeur de l’ordre de
0.9*V1, et en atteignant à l’extrémité aval du plan de grille (y = 550 mm) des valeurs de l’ordre de 1.4-
1.7*V1. A 45°, les vitesses tangentielles ont tendance à augmenter dans une première partie le long
du plan de grille, puis leurs valeurs se stabilisent, et ce d’autant plus rapidement que l’espacement
libre entre barreaux est réduit. Elles débutent à l’extrémité amont du plan de grille (y = 50 mm) à une
valeur de l’ordre de 0.8*V1, et atteignent à l’extrémité aval du plan de grille (y = 550 mm) des valeurs
de l’ordre de 0.9-1.15*V1. A 60°, les vitesses tangentielles apparaissent gl obalement constantes le
long du plan de grille, avec une légère tendance à décroître, et ce d’autant plus que l’espacement libre
entre barreau est réduit. Elles débutent à l’extrémité amont du plan de grille (y = 50 mm) à une valeur
de l’ordre de 0.6-0.7*V1, et atteignent à l’extrémité aval du plan de grille (y = 550 mm) des valeurs de
l’ordre de 0.5-0.6*V1. Les vitesses tangentielles se révèlent globalement supérieures aux valeurs
théoriques obtenues par projection de V1, quelle que soit l’orientation (Figure 64).
Dans l’attente de la seconde phase de l’étude sur l’attractivité et l’alimentation des exutoires
positionnés à l’extrémité aval des plans de grilles orientés, on peut proposer de dimensionner ces
exutoires de façon à obtenir une vitesse en entrée de l’ordre de 0.6*V1, 1.15*V1 et 1.7*V1 pour les
orientations à 60°, 45° et 30° respectivement.

75
Le rapport entre les vitesses tangentielles et normales Vt / Vn est logiquement d’autant plus fort
que l’orientation du plan de grille est prononcée (que l’angle α est faible). Ce rapport a d’autre part
tendance à décroître le long du plan de grille quelle que soit l’orientation : d’environ 4.2 à 1.7 à 30°,
d’environ 1.8 à 0.9 à 45° et d’environ 0.9 à 0.5 à 60° (Figure 64, Tableau 13).
Vis-à-vis du guidage des poissons, les résultats de l’étude amènent à confirmer le critère
d’orientation d’un angle α ≤ 45°, pour obtenir une vitesse tangentielle au moin s égale à la vitesse
normale et guider les poissons dans le coin aval du plan de grille. Il apparaît en effet difficile d’adopter
des orientation moins prononcées (angles α plus important), l’objectif étant déjà à peine atteint avec
un orientation à 45° sur le dernier quart aval le l ong du plan de grille (y > 450 mm ; y/B > 0.75) (Figure
64).

La caractérisation des profils de vitesses normales et tangentielles le long des plans de grille
orientés, réalisée dans le cadre de cette étude, a permis d’apporter les éléments de réponse
souhaités concernant les aspects liés à la dévalaison des poissons (guidage en fonction de
l’orientation, vitesse d’approche admissible vis-à-vis des risques de placage, vitesse en entrée des
exutoires).
Vis-à-vis de la description des phénomènes hydrauliques, l’exploitation de ces résultats
pourraient permettre d’établir des lois du type Vn,y / Vn, theo = f(y/B ; α ;…).

76
600 600
PR PR
500 e = 10/20 mm 500 e = 10/20 mm

400 Angle 400 Angle


d'orientation α d'orientation α
y (mm)

y (mm)
300 30° 300 30°
45° 45°
200 200
60° 60°

100 100

0 0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 5.0 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4 1.6 1.8 2.0
Rapport Vt / V n Rapport Vt / Vt;theo

600 600
PR
500 e = 10/20 mm 500 PR
e = 10/20 mm

400 400
Angle
y (mm)

y (mm)
d'orientation α
300 Angle 300
d'orientation α 30°
200 200
30° 45°
45° 60°
100 100
60°
0 0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4 1.6 1.8 2.0 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4 1.6 1.8 2.0
Rapport V n / Vn;theo Rapport Vn / V1

Figure 64 : Evolutions des rapports Vt / Vn ; Vt / Vt,theo, Vn / Vn,theo et Vn / V1 en fonction de l’angle d’orientation du plan de grille. Profil rectangulaire.
e = 10/20 mm.

77
7. INFLUENCE DU COLMATAGE SUR LES PERTES DE CHARGE ET LES CHAMPS
DE VITESSE

7.1. Présentation des expériences


L’objectif est de caractériser expérimentalement l’influence du colmatage sur les pertes de
charge et les profils de vitesse, dans les configurations de plans de grille ichtyocompatibles, et pour
des taux de colmatage plus élevés que ceux testés par Meusburger (2002). Cela permettra
notamment de tester l’applicabilité de l’expression proposée par Meusburger, et si besoin de l’adapter
ou d’en proposer une nouvelle.

7.1.1. Configurations de plan de grille testées


L’influence du colmatage du plan de grille sur les pertes de charge et les profils de vitesse a été
étudiée dans différentes configurations de plan de grille, en testant les deux profils de barreau
rectangulaire et hydrodynamique, un espacement libre entre barreaux de 10/20 mm (obstruction de
l’ordre de 0.41), et 5 dispositions de plan de grille : 1 vertical et perpendiculaire (α = β = 90°), 3
inclinés (α = 90° et β = 25°, 45° et 60°) et 1 orienté ( β = 90° et α = 45°) (Tableau 14).

7.1.2. Notations
Le taux de colmatage C du plan de grille est défini comme le rapport adimensionnel entre la
surface occupée par les éléments du colmatage et la surface immergée du plan de grille. Le taux de
colmatage est indépendant de la position des éléments qui le génèrent et ces éléments sont
considérés recouvrir de manière similaire la surface déjà obstruée par le plan de grille et la surface
restante non obstruée.
On définit le facteur d’augmentation des pertes de charge lié au colmatage KC à partir du
coefficient de perte de charge « grille propre » ξClean connu (calculé à partir des formules prédictives
proposées précédemment F2 et F3 pour les plans de grille orientés et inclinés) et du coefficient de
perte de charge mesuré avec le colmatage ξ :

ξ = K C * ξ Clean
On peut calculer l’obstruction totale OC d’un plan de grille colmaté, à partir de son obstruction
initiale O et du taux de colmatage C :

O C = O + (1 − O) * C
Pour les plans de grille inclinés par rapport à l’horizontale, étant donné que dans la formule F3,
l’obstruction est décomposée en une obstruction liée aux barreaux et autres éléments longitudinaux
Ob et une obstruction liée aux entretoises et autres éléments transversaux OentH, on est amené à
définir l’obstruction totale ainsi :

O b ,C = O b + (1 − O b ) * C

7.1.3. Reproduction du colmatage


Pour reproduire le colmatage, il a été rajouté par-dessus les plans de grilles, des plaques
percées de solidité et porosité connues. Cette procédure permet de quantifier aisément le taux de
colmatage, ce qui aurait difficile, sinon impossible, avec des éléments de colmatage plus réalistes
(feuilles, végétation aquatique, branches, …).
Six types de colmatages différents ont été testés, 3 correspondants à des colmatages réguliers
sur toute la surface du plan de grille (types 1, 2 et 3) et 3 correspondants à des colmatages localisés
en pied et/ou au sommet de la grille (types 4, 5 et 6) (Figure 67 et Figure 68).

• Colmatage 1 :
Il s’agit d’une plaque en inox, dans laquelle ont été découpés des carrés mesurant x1 = 30 mm
de côté, et séparés par x2 = 10 mm (Figure 65). La solidité de cette grille est de 43.75%.

78
Figure 65 : Maille caractéristique CA de la plaque percée utilisée pour les colmatages 1 et 2.

Dans le type 1 de colmatage, cette plaque recouvre la totalité du plan de grille. Le


recouvrement de cette plaque n’étant pas tout à fait homogène sur la surface déjà obstruée par le
plan de grille et sur la surface restante non obstruée, son taux de colmatage C a été précisément
déterminé pour chaque configuration de plans de grille, et s’avère de l’ordre de 0.65-0.67.

• Colmatage 2 :
Le colmatage 2 utilise une plaque de même forme que le colmatage 1, mais dont la taille des
carrés est réduite de moitié (x1 = 15 mm et x2 = 5 mm). Sa solidité est identique. Cette plaque
recouvre la totalité du plan de grille. Le recouvrement de cette plaque n’étant de même pas tout à fait
homogène sur la surface déjà obstruée par le plan de grille et la surface restante non obstruée, son
taux de colmatage C a également été précisément déterminé pour chaque configuration de plans de
grille, et s’avère de l’ordre de 0.61-0.63.

• Colmatage 3 :
Le colmatage 3 utilise une plaque percée de trous circulaires de x3 = 5 mm de diamètre,
espacés de x4 = 3 et x5 = 8.85 mm (Figure 66). Il est considéré que cette plaque recouvre de manière
similaire la surface déjà obstruée par le plan de grille et la surface restante non obstruée.

Figure 66 : Représentation de la plaque percée (maille caractéristique CB) utilisée pour les colmatages
3, 4, 5 et 6.

Dans le colmatage 3, cette plaque recouvre la totalité du plan de grille. Son taux de colmatage
correspond à sa solidité qui est égale à 0.65.

• Colmatage 4 :
Le colmatage 4 est censé reproduire un colmatage lié à des débris flottants au sommet du plan
de grille et à un engravement en pied du plan de grille. Le colmatage 4 utilise le même type de plaque
que le colmatage 3, avec un élément de 11 cm de hauteur en pied du plan de grille et un élément de
14 cm de hauteur au sommet.

• Colmatage 5 :
Le colmatage 5 est censé reproduire un colmatage uniquement lié à des débris flottants au
sommet du plan de grille. Il utilise la même plaque que celle du colmatage 4.

• Colmatage 6 :
Le colmatage 6 est censé reproduire un colmatage uniquement lié à un engravement en pied
du plan de grille. Il utilise la même plaque que celle du colmatage 4.

79
Figure 67 : Photographies des types de colmatage 1 (à gauche) et 4 (à droite).

Le Tableau 14 présente les configurations testées avec les taux de colmatage C et les
obstructions totales OC engendrées. Les taux de colmatage testés dans cette étude varient d’environ
0.1-0.2 (type 5 et 6) à 0.65 (type 3), et vont donc bien au-delà du plus fort colmatage testé par
Meusburger (2002 ; 0.25). A partir d’une obstruction initiale O de l’ordre de 0.41, les différents taux de
colmatage engendrent des obstructions totales OC entre 0.46 et 0.80, ce qui couvre bien les situations
des plans de grille fine en exploitation.
Configurations du plan de grille
α = 90° α = 90° α = 90° α = 90° α = 45°
Colmatage
β = 25° β = 45° β = 60° β = 90° β = 90°
C OC C OC C OC C OC C OC
1 0.44 0.67 0.44 0.67 0.44 0.68 0.43 0.69
2 0.44 0.67 0.44 0.67 0.44 0.68 0.43 0.69
3 0.65 0.79 0.65 0.80 0.65 0.80 0.65 0.79 0.64 0.80
4 0.21 0.53 0.42 0.68
5 0.12 0.48 0.22 0.57
6 0.09 0.46 0.14 0.49 0.18 0.53 0.20 0.56
Tableau 14 : Configurations testées avec les taux de colmatage C et les obstructions totales OC
engendrées.

Au final, il a été réalisé 30 mesures de perte de charge avec un colmatage partiel de la grille.

80
1 2

3 4

5 6

Figure 68 : Représentation des 6 types de colmatages reproduits dans les configurations de plan de
grille incliné.

81
7.2. Influence du colmatage sur les pertes de charge

7.2.1. Résultats expérimentaux


La Figure 69 présente les coefficients de pertes de charge en fonction de l’obstruction totale OC
engendrée par le colmatage, selon les configurations de plans de grille testées (en haut) et selon les
types de colmatage testés (en bas).
Pour chaque configuration de plan de grille, les coefficients de perte de charge augmentent
avec l’obstruction totale et le taux de colmatage. Notamment, pour un plan de grille incliné à 25° ave c
un profil de barreau rectangulaire, le coefficient de perte de charge passe de 0.64 pour l’obstruction
initiale de 0.41 (sans colmatage), à environ 1.3, 2.0 et 4.3 pour des obstructions totales de 0.53, 0.67
et 0.79 respectivement.
Pour un même type de colmatage et une même obstruction totale, le coefficient de perte de
charge varie grandement selon la configuration du plan de grille, la dispersion des valeurs augmentant
avec l’obstruction totale.

16
PR α = β = 90° Coefficient de perte de charge
14 PH α = β = 90°

PR α = 45°
12
Valeur expérimentale

PR β = 25°

10 PR β = 45°

PH β = 25°
8
PH β = 45°

6
Valeur sans
colmatage
4

0
30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%
Obstruction totale

16
Coefficient de perte de charge
14 Type 1

Type 2
12
Type 3
Valeur expérimentale

10 Type 4

Type 5
8
Type 6

0
30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%
Obstruction totale

Figure 69 : Coefficient de pertes de charge en fonction de l’obstruction totale OC engendrée par le


colmatage, selon les configurations de plans de grille testées (en haut) et selon les types de
colmatage testés (en bas).

82
La Figure 70 présente le facteur d’augmentation des pertes de charge dû au colmatage KC, en
fonction du taux de colmatage C, selon les configurations de plans de grille testées et selon les types
de colmatage testés.
Pour chaque configuration de plan de grille, le facteur KC augmente logiquement avec le taux
de colmatage. Notamment, pour un plan de grille incliné à 25° avec un profil de barreau rectangulaire,
le facteur KC atteint des valeurs d’environ 1.5, 2, 3 et 6 pour des taux de colmatage de 10%, 20%,
43% et 65% respectivement.
Pour un même type de colmatage et une même obstruction totale, le facteur KC varie
grandement selon la configuration du plan de grille, la dispersion des valeurs augmentant avec le taux
de colmatage. Entre les 2 plans de grille inclinés à 25° et 45°, on observe en particulier que le fact eur
KC est plus faible pour le plan de grille le plus incliné (25°), et ce pour les 2 profils de barreaux. C ela
amène à penser que la prise en compte du colmatage dans les formules prédictives a intérêt à
intégrer la configuration du plan de grille.
A partir du jeu de données, il est possible de mener une comparaison entre les profils de
barreau rectangulaire PR et hydrodynamique PH dans 9 cas de plans de grille inclinés. Il semble que
le facteur KC ait globalement tendance à être plus élevé pour PH, mais ce n’est pas toujours le cas.
Les écarts restent compris entre ± 25%. Il n’apparaît donc pas primordial que la prise en compte du
colmatage dans les formules prédictives intègre le profil de barreau.
Pour un même plan de grille et un même taux de colmatage, le type de colmatage ne semble
pas influer de manière importante sur le facteur KC (voir notamment le plan de grille PR α = 45° pour
les types 1, 2 et 4 de colmatage). Cela rejoint les résultats de Meusburger (2002) qui a trouvé que, à
un même taux de colmatage, 14 types différents aboutissent à des facteurs Kc équivalents. Il a par
contre considéré séparément 2 autres types de colmatage donnant des facteurs KC plus forts, mais
les écarts qu’il mesure par rapport aux autres types sont bien inférieurs à ceux observés dans la
présente étude en fonction des configurations de plans de grille. Il n’apparaît donc pas primordial que
la prise en compte du colmatage dans les formules prédictives intègre le type de colmatage.

83
Figure 70 : Facteur d’augmentation des pertes de charge dû au colmatage KC, en fonction du taux de
colmatage C, selon les configurations de plans de grille testées (en haut) et selon les types de
colmatage testés (en bas).

7.2.2. Comparaison des résultats expérimentaux avec les expressions de


Meusburger
Il a été testé les 2 expressions ci-dessous proposées par Meusburger (2002) pour calculer le
facteur d’augmentation des pertes de charge dû au colmatage KC :
2
− 1.5  C 
K C 1 = 1 + 5 .2 * O * 
 1− C 
1.2
− 1.2  C 
K C 2 = 1 + 1 .8 * O * 
 1− C 
Même si Meusburger n’a étudié l’influence du colmatage que dans le cas d’un plan de grille
vertical et perpendiculaire à l’écoulement, dans la formule proposée au final, il combine l’influence du
colmatage à celles de l’inclinaison et de l’orientation, en supposant qu’elles sont indépendantes. La
validité des 2 expressions de Meusburger pour calculer le facteur KC a donc été testée sur l’ensemble
des mesures réalisées dans la présente étude (Figure 71). L’expression KC1 surestime très largement
les valeurs expérimentales. L’expression KC2 a globalement également tendance à surestimer, mais
dans une bien moindre mesure, les valeurs expérimentales. Les écarts sont supérieurs à +30% dans
plus de la moitié des cas, et peuvent dépasser +100%. Ces résultats montrent que les expressions de
Mesuburger (2002) ne peuvent pas être appliquées dans le cas de plans de grille inclinés ou orientés.

84
Figure 71 : Comparaison des facteurs d’augmentation des pertes de charge dû au colmatage KC
déterminés expérimentalement et calculées selon les 2 expressions de Meusburger.

7.2.3. Prise en compte du colmatage dans les formules de perte de charge


proposées
Pour prendre en compte l’influence du colmatage du plan de grille, il a été testé une seconde
approche, comme proposée par Meusburger (2002), qui consiste à appliquer les formules établies
sans colmatage F2 et F3, en remplaçant l’obstruction O par l’obstruction totale OC dans F2, et en
remplaçant Ob par Ob,C dans F3. Il n’est alors pas fait appel à un facteur d’augmentation des pertes de
charge KC.
La Figure 72 présente la comparaison des coefficients de perte de charge globaux ξC
expérimentaux et prédits avec les formules et l’approche proposées pour la prise en compte du
colmatage, pour les plans de grille orientés et inclinés. Pour les plans de grille orientés, les résultats
sont peu satisfaisants avec une surestimation systématique, pouvant atteindre +90%. Pour les plans
de grille inclinés, les résultats montrent une tendance à la sous-estimation des faibles coefficients de
perte de charge, limitée à -30%, et une tendance à la surestimation des forts coefficients, limitée à
+50%. Les trois-quarts des valeurs prédites présentent un écart inférieur à 30%.
Même si ces résultats peuvent apparaître encore très approximatifs, ils constituent déjà une
amélioration par rapport à la formule de Meusburger (2002). Etant donné la complexité du phénomène
de colmatage des plans de grille et les difficultés à le reproduire, les résultats sont considérés
satisfaisant pour les plans de grille inclinés. Ils nécessiteraient d’être améliorés pour les plans de grille
orientés.

85
Figure 72 : Comparaison des coefficients de perte de charge globaux ξC expérimentaux et prédits
avec les formules et l’approche proposées pour la prise en compte du colmatage, pour les plans de
grille orientés et inclinés.

86
7.3. Influence du colmatage sur les profils de vitesse

7.3.1. Plans de grille inclinés par rapport à l’horizontale


La Figure 73 présente l’évolution des vitesses tangentielles Vt et normales Vn le long d’un plan
grille inclinée à 25°, selon le type de colmatage. Les ordonnées z = 0 mm et z = 300-320 mm
correspondent respectivement au fond du canal et à la surface libre.
Les profils ADV le long des plans de grille inclinés ont été mesurés à une distance normale à la
grille de 20 mm. Il n’est pas possible d’aller plus près de la grille avec l’ADV car pour certains angles,
le volume de mesure rentrerait en contact avec le barreau et les mesures seraient erronées. Avec la
tête ADV 3D verticale, il a été possible de parcourir le long de la grille, depuis la proximité du pied de
grille (z = 50 mm), jusqu’à une hauteur z de 220-230 mm, pour des hauteurs d’eau d’environ 300-
320 mm (zone sans mesure à l’approche de la surface libre de 70-90 mm, soit 23-28% de la hauteur
d’eau). Il n’est pas possible d’effectuer des mesures jusqu’à proximité de la surface libre, la tête ADV
devant rester immergée.
Ces limites des profils ADV ne permettent pas de caractériser complétement les vitesses en
face des colmatages reproduits en pied ou sommet de grille (type 4, 5 et 6 de colmatage). Les profils
permettent tout de même d’appréhender si ces colmatages ont des répercussions sur les vitesses le
long de la partie médiane du plan de grille.
Pour tous les profils présentés, les composantes de la vitesse tangentielle Vt et normale Vn au
plan de grille sont rapportées à la vitesse débitante amont V1, calculée au niveau du point de mesure
de H1.
Les traits horizontaux pointillés sur les graphiques représentent la position des lignes
d’entretoises.

Concernant les vitesses tangentielles, les différents types de colmatage régulièrement répartis
(1, 2 et 3) ne modifient pas sensiblement les profils. Les colmatages localisés en sommet de grille (4
et 5) n’ont pas d’influence significative sur les profils le long de la partie médiane du plan de grille. Les
colmatages localisés en pied de grille (4 et 6) semblent engendrer une réduction des vitesses
tangentielles dans cette zone, et une légère augmentation sur le reste du plan de grille. Globalement,
les profils de vitesses tangentielles apparaissent peu sensibles à la présence de colmatage.
Concernant les vitesses normales, les différents types de colmatage régulièrement répartis (1, 2
et 3) ne modifient pas sensiblement les profils. Cela aurait plutôt tendance à les homogénéiser, en
annulant l’effet de la ligne d’entretoise. Les colmatages localisés en sommet de grille (4 et 5) n’ont pas
d’influence significative sur les profils le long de la partie médiane du plan de grille. Il est probable que
ce colmatage engendre une réduction de la vitesse normale dans la portion non caractérisée en
sommet de grille. Les colmatages localisés en pied de grille (4 et 6) semblent engendrer une réduction
des vitesses normales qui se ressent sur un tiers du plan de grille depuis le fond (jusqu’à z ≈ 100 mm).
Cette réduction n’est pas compensée par une augmentation sur le reste du plan de grille. Il est
probable que cette compensation se déroule dans la portion non caractérisée en sommet de grille.

Au final, dans le cas des plans de grille inclinés par rapport à l’horizontale, le phénomène de
colmatage régulièrement réparti ou localisé ne semble pas détériorer les conditions de guidage des
poissons le long du plan de grille, ni augmenter les risques de placage ou de passage prématuré au
travers du plan de grille. Il n’y a donc pas vraiment de marge de sécurité à prendre sur la vitesse
d’approche admissible vis-à-vis du colmatage.

87
Figure 73 : Comparaison des profils de vitesse tangentielle (à gauche) et normale (à droite) le long d’un plan grille incliné à 25°, selon le type de col matage.
Profil rectangulaire. H1 = 300-320 mm. e = 10/20 mm.

88
7.3.2. Plans de grille orientés par rapport à la direction de l’écoulement
La Figure 74 présente l’évolution des profils transversaux des vitesses tangentielles et
normales, le long d’un plan grille orienté à 45°, à mi hauteur d’eau, selon le type de colmatage.
L’ordonnée y = 0 mm correspond à l’extrémité amont du plan de grille et y = 600 mm correspond à
l’extrémité aval. Les profils ADV le long des plans de grille orientés ont été mesurés à une distance
normale à la grille de 50 mm. Avec la tête ADV 3D verticale, il a été possible de parcourir le long de la
grille de y = 60 mm à y = 540 mm (zone sans mesure de 60 mm le long de chaque berge).
La Figure 75 présente l’évolution des profils verticaux des vitesses tangentielles et normales, le
long d’un plan grille orienté à 45°, au centre du p lan de grille, selon le type de colmatage. Les profils
ADV le long des plans de grille inclinés ont été mesurés à une distance normale à la grille de 50 mm.
Avec la tête ADV 3D verticale, il a été possible de parcourir le long de la grille, depuis la proximité du
fond (z = 5 mm), jusqu’à une hauteur z de 300 mm. Il n’est pas possible d’effectuer des mesures
jusqu’à proximité de la surface libre, la tête ADV devant rester immergée.
Cette limite ne permet pas de caractériser les vitesses en face des colmatages reproduits en
sommet de grille (type 4 et 5). Les profils permettent tout de même d’appréhender si ces colmatages
ont des répercussions sur les vitesses le long de la partie médiane du plan de grille.
Pour tous les profils ADV présentés, les composantes de la vitesse tangentielle Vt et normale
Vn au plan de grille sont rapportées à la vitesse débitante amont V1, calculée au niveau du point de
mesure de H1.

Concernant les vitesses tangentielles, les différents types de colmatage régulièrement répartis
(1, 2 et 3) ont tendance à homogénéiser les profils transversaux, en atténuant, voire en supprimant la
phase d’augmentation observée sans colmatage dans le tiers amont du plan de grille (jusqu’à
y = 200 mm). Les vitesses tangentielles sont ainsi diminuées de 10% à 20% dans les 2 tiers aval du
plan de grille. Cette diminution semble d’autant plus sensible que le taux de colmatage est élevé. Les
colmatages localisés en sommet et/ou pied de grille (4 et 5) ont également tendance à diminuer de
10% à 20% les vitesses tangentielles, cette diminution étant d’autant plus sensible que le taux de
colmatage est élevé. L’allure des profils verticaux n’est par contre pas sensiblement modifiée.
Concernant les vitesses normales, les différents types de colmatage régulièrement répartis (1, 2
et 3) ont tendance à homogénéiser les profils transversaux, en atténuant leur tendance à
l’augmentation. Les vitesses normales sont ainsi augmentées de 25% au maximum dans le tiers
amont (jusqu’à y = 200 mm) et diminuée de 20% au maximum dans le tiers aval (au-delà de
y = 400 mm). Ces résultats sont cohérents avec ce qui a été observé sur les profils de vitesses le long
des plans de grille non colmatés : plus le degré d’obstruction de la grille est élevé, plus la vitesse
tangentielle diminue et plus le profil transversal de vitesse normale « s’aplatit ». Le même phénomène
se produit avec l’obstruction due au colmatage.
Les colmatages localisés en sommet et/ou pied de grille (4, 5 et 6) ont logiquement tendance à
réduire les vitesses normales en face de la portion colmatée, et à les augmenter par compensation
dans la partie restante du plan de grille. Dans le cas du colmatage 6 en pied de grille, la vitesse
normale est ainsi plus faible sur un tiers du plan de grille depuis le fond (jusqu’à z ≈ 100 mm), et est
plus élevée au delà. La plus forte augmentation est rencontrée à mi-hauteur d’eau (z ≈ 190 mm), avec
le colmatage 4 en pied et sommet de grille (le plus fort taux [0.42] parmi les colmatage localisés) : la
vitesse normale passe d’environ 0.77 à 0.93 fois la vitesse d’approche, soit + 21%.

Au final, dans le cas des plans de grille orientés par rapport à la direction de l’écoulement, le
phénomène de colmatage régulièrement réparti ne semble pas détériorer les conditions de guidage
des poissons le long du plan de grille, ni augmenter les risques de placage ou de passage prématuré
au travers du plan de grille. Le phénomène de colmatage localisé en sommet et/ou pied de grille peut
en revanche engendrer des augmentations de la vitesse normale dans la partie non colmatée du plan
de grille, et ainsi augmenter les risques de placage ou de passage prématuré des poissons au travers
du plan de grille. Si de tels types de colmatage localisé sont attendus, il peut y avoir lieu de prendre
une marge de sécurité, de l’ordre de 10% à 20%, sur la vitesse d’approche admissible pour anticiper
cet effet.

89
Figure 74 : Comparaison des profils transversaux de vitesse tangentielle (à gauche) et normale (à droite) le long d’un plan grille orienté à 45°, selon l e type de
colmatage. Profil rectangulaire. H1 = 340-390 mm. e = 10/20 mm.

Figure 75 : Comparaison des profils verticaux de vitesse tangentielle (à gauche) et normale (à droite) le long d’un plan grille orienté à 45°, selon le t ype de
colmatage. Profil rectangulaire. H1 = 340-390 mm. e = 10/20 mm.

90
8. CONCLUSIONS, DISCUSSIONS ET PERSPECTIVES
Ce rapport présente la première phase de l’action 11 du programme R&D Anguille portant sur
les pertes de charge au passage des plans de grilles dans des configurations ichtyocompatibles, les
champs de vitesse à leur approche, ainsi que l’influence du colmatage sur ces aspects.

Perte de charge au passage des plans de grille


Les pertes de charge ont été caractérisées expérimentalement sur modèle réduit dans 88
configurations différentes, en combinant 4 angles d’orientation (α de 90° à 30°), 7 angles d’inclinaison
(β de 90° à 15°), 4 espacements libres entre barreaux (e de 10, 15, 20 et 30 mm) et 2 profils de
barreau (rectangulaire PR et hydrodynamique PH). Quelques configurations supplémentaires ont
également été testées pour compléter l’analyse de l’indépendance des coefficients de perte de charge
vis-à-vis des nombres de Reynolds et de Froude, et celle de l’influence des lignes d’entretoises dans
le cas des plans de grille inclinés.
Les configurations testées couvrent bien toutes les configurations ichtyocompatibles
envisagées (plans de grille à espacement libre réduit, inclinés ou orientés), et vont jusqu’à des
configurations conventionnelles en terme d’implantation (plans de grille vertical et perpendiculaire à
l’écoulement).
L’indépendance du coefficient de perte de charge ξ vis-à-vis des nombres de Froude et de
Reynolds a tout d’abord été démontrée, ce qui permet de s’assurer que les résultats obtenus sur le
modèle réduit peuvent bien s’appliquer sur les plans de grille des prises d’eau réelles.

Dans le cas d’un plan de grille vertical et perpendiculaire à l’écoulement (α et β = 90°), les
résultats expérimentaux montrent que :
• Le coefficient de perte de charge augmente logiquement lorsque l’espacement libre
entre barreaux diminue, ou autrement dit, lorsque l’obstruction du plan de grille
augmente. Dans le cas du profil rectangulaire, le coefficient passe de 1.14 pour une
obstruction de 0.36 (b = 10 mm et e = 30 mm) à 4.60 pour une obstruction de 0.57
(b = 10 mm et e = 10 mm). Dans le cas du profil hydrodynamique, il passe
respectivement de 0.70 à 2.75.
• Le profil hydrodynamique permet d’obtenir une réduction d’environ 40% des coefficients
de perte de charge, par rapport à ceux obtenus avec le profil rectangulaire.
Dans le cas des plans de grille orientés par rapport à la direction de l’écoulement, les résultats
expérimentaux montrent que :
• Le coefficient de perte de charge augmente avec l’orientation du plan de grille par
rapport à la direction de l’écoulement (lorsque l’angle α diminue), mais cette
augmentation est d’autant moins prononcée que l’obstruction est forte. Par exemple,
dans le cas du profil rectangulaire, le coefficient passe de 1.14 à 90°, à 5.01 à 30°
(x 4.39) pour une obstruction de 0.36 (e = 30 mm), alors qu’il passe de 4.60 à 5.21
(x 1.13) pour une obstruction de 0.57 (e = 10 mm). Cela peut s’expliquer par le fait que
plus l’espacement entre barreaux est faible, meilleur est le « redressement » de
l’écoulement au passage de la grille.
• L’augmentation des coefficients de perte de charge avec l’orientation du plan de grille
s’avère un peu plus prononcée avec le profil hydrodynamique qu’avec le profil
rectangulaire. Pour α = 45° et 30°, la réduction du coefficient de perte de charge
obtenue avec le profil hydrodynamique par rapport au profil rectangulaire n’est plus que
de l’ordre de 20% à 40% et de 15% à 30% respectivement, selon l’obstruction.
Dans le cas des plans de grille inclinés par rapport à l’horizontale, les résultats expérimentaux
montrent que :
• Pour les deux profils de barreaux, le coefficient de perte de charge d’une part augmente
avec l’obstruction de la grille, et d’autre part diminue avec l’inclinaison du plan de grille
(lorsque l’angle β diminue). Par exemple, dans le cas du profil rectangulaire, pour une
obstruction de 0.36 (e = 30 mm), le coefficient passe d’environ 1.20 à 90°, à 0.67 à 45°

91
(-44%) et à 0.58 à 25° (-52%). Pour une obstruction de 0.57 (e = 10 mm), il passe
d’environ 4.55 à 90°, à 2.26 à 45° (-50%) et à 1.26 à 25° (-72%).
• La diminution du coefficient de perte de charge est, en proportion, à peu près similaire
quels que soient l’obstruction de la grille et le profil de barreaux, jusqu’à une inclinaison
de 45°. Pour les inclinaisons plus prononcées ( β ≤ 35°), la tendance à la diminution
s’estompe, et peut même s’inverser entre 25° et 15° . Ce phénomène se fait d’autant
plus sentir que l’obstruction de la grille est faible. Il se fait d’autre part plus sentir avec le
profil hydrodynamique qu’avec le profil rectangulaire. Cela semble lié au fait que
l’obstruction due aux lignes d’entretoises augmente avec l’inclinaison du plan de grille.
• La réduction du coefficient de perte de charge obtenue avec le profil hydrodynamique
par rapport au profil rectangulaire diminue vers les fortes inclinaisons. Par exemple, pour
β = 25°, elle n’est plus que de l’ordre de 10% à 30% selon l’obstruction.

Une comparaison a été menée entre les coefficients de perte de charge expérimentaux et les
valeurs calculées selon la formule de Meusburger (2002), formule a priori la plus complète qui a été
préconisée dans le guide pour la conception des prises d’eau ichtyocompatibles. Cette comparaison
révèle des écarts parfois non négligeables pour le profil de barreaux rectangulaire, et toujours
importants pour le profil de barreaux hydrodynamique, apparaissant dès le cas d’un plan de grille
vertical et perpendiculaire à l’écoulement, et ayant tendance à s’aggraver avec l’inclinaison ou
l’orientation du plan de grille.

Par conséquent, il a été établi de nouvelles formules applicables aux configurations de plans de
grille ichtyocompatibles, pour évaluer le coefficient de pertes de charge ξ, et permettre le calcul de la
perte de charge due au plan de grille ∆H, connaissant la vitesse débitante à l’amont V1 (et g
l’accélération de la pesanteur [9.81 m/s²]) :

V12
∆H = ξ *
2g
Ces formules font appel aux paramètres définis ci-dessous, qui sont à déterminer à partir des
plans de la prise d’eau et du plan de grille :
• O : obstruction globale de la grille, définie comme le ratio adimensionnel entre :
 la surface immergée, effectivement apparente depuis l’amont, de tous les
éléments de la grille (barreaux, entretoises, supports),
 et la surface immergée du plan de grille.
• Ob : obstruction due aux barreaux et autres éléments longitudinaux du plan de grille,
définie comme le ratio adimensionnel entre :
 la surface immergée de ces éléments,
 et la surface immergée du plan de grille.
• OentH : obstruction due aux lignes d’entretoises et autres éléments transversaux du plan
de grille, définie comme le ratio adimensionnel entre :
 la surface immergée, effectivement apparente depuis l’amont, de ces
éléments, projetée horizontalement sur la section d’écoulement en amont,
 et la section d’écoulement en amont du plan de grille.
• α : angle d’orientation du plan de grille par rapport à la direction de l’écoulement.
• β : angle d’inclinaison du plan de grille par rapport à l’horizontale.
On entend par la « surface effectivement apparente depuis l’amont » d’un élément, la surface
qui n’est pas cachée par d’autres éléments présents en amont. Par exemple, vu depuis l’amont, les
lignes d’entretoises sont partiellement cachées par les barreaux et n’apparaissent que dans les
espaces libres entre barreaux.

92
Une première démarche d’élaboration d’une formule prédictive, en conservant le même type de
formulation que Meusburger (2002) et en suivant le même processus de détermination des
coefficients, a permis de mettre au point et de proposer à l’application :
• Une formule F1 pour les plans de grille perpendiculaires à l’écoulement (α = 90°),
verticaux ou faiblement inclinés (β ≤ 90°), avec une obstruction due aux lignes
d’entretoises et autres supports transversaux immergés OentH inférieure à 0.1, applicable
sur une gamme d’obstruction O de 0.2 à 0.6, pour les profils de barreau rectangulaire et
hydrodynamique :
1.6
 O 
(F1) ξ = K F * K O * K β = a *  * (1 − cos β )
0.39

 1− O 
Avec a = 2.89 pour PR et 1.70 pour PH.
• Une formule F2 pour les plans de grille verticaux (β = 90°) et orientés par rapport la
direction de l’écoulement (30° ≤ α ≤ 90°), applicable sur une gamme d’obstruction O de
0.35 à 0.6, pour un rapport largeur sur profondeur du barreau b / p voisin de 0.125, pour
un rapport espacement libre sur largeur du barreau e / b compris entre 1 et 3, et pour les
profils de barreau rectangulaire et hydrodynamique :

 O 
1.6
  90 − α 
2.35
 1 − O  
3

(F2) ξ = K F * K O * K α = a *   
* 1+ c *   * 
 1− O    90   O  

Avec a = 2.89 pour PR et 1.70 pour PH et c = 1.69 pour PR et 2.78 pour PH.

Une seconde démarche d’élaboration, avec un nouveau type de formulation, a permis de mettre
au point et de proposer à l’application :
• Une formule F3 pour les plans de grille perpendiculaires à l’écoulement (α = 90°) et
verticaux ou inclinés (15° ≤ β ≤ 90°), applicable sur une gamme d’obstruction Ob de 0.28
à 0.53 et d’obstruction OentH jusqu’à 0.23, pour les profils de barreau rectangulaire et
hydrodynamique :
1.65 0.77
 Ob   O entH 
(F3) ξ = K F,b * K b * K β + K Fent * K entH = a *  
 * (sin β )2 + c *  

 1 − Ob   1 − O entH 
Avec a = 3.85 pour PR et 2.10 pour PH, et c égal au coefficient de forme moyen des lignes
d’entretoises et supports transversaux (moyenne des coefficients de forme de chaque type d’éléments
transversaux, pondérés selon leurs parts respectives dans OentH). Coefficients de forme déterminés
selon Kirschmer (1926, notamment 1.79 pour une section cylindrique et 2.42 pour une section
rectangulaire) ou évalués par analogie en fonction de leur coefficient de traînée pour les autres formes
(proposition par exemple de retenir un coefficient de 4 pour les poutres IPN ou de section carrée).
La formule F1 couvre les configurations de plans de grille conventionnels, perpendiculaires à
l’écoulement et peu inclinés. La formule F2 couvre les configurations des plans de grille orientés
ichtyocompatibles et la formule F3 celles des plans de grille inclinés. Les plans de grille orientés sont
généralement également quelque peu inclinés (β ≈ 75-80°) pour faciliter le dégrillage. Cette légère
inclinaison ne peut pas être prise en compte dans la formule F2, mais son effet est très faible et peut
être négligé.
Les estimations des coefficients de pertes de charge par ces 3 formules sont très proches des
valeurs expérimentales, avec des écarts moyens par rapport aux valeurs mesurées de 5% à 8% selon
le profil de barreau, et un écart maximum de 25% ; ce qui est considéré satisfaisant et acceptable
pour leur utilisation. Les formules F2 et F3 constituent une amélioration pour l’évaluation des pertes
de charge dans les configurations ichtyocompatibles, par rapport à la formule de Meusburger
préconisée jusqu’à présent.
Les rapports entre les coefficients de forme des profils de barreaux rectangulaire et
hydrodynamique trouvés dans les formules proposées (2.89 / 1.70 = 1.7, soit -41% dans F1 et F2 et
3.85 / 2.10 = 1.83, soit -46% dans F3) reflètent bien les résultats expérimentaux. Ces rapports sont
par contre sensiblement inférieurs à celui des coefficients de forme de Kirschmer (1926)

93
(2.42 / 1.04 = 2.33, soit -57%). L’intérêt du profil hydrodynamique testé par rapport au profil
rectangulaire est ainsi plus faible qu’attendu. Il reste néanmoins significatif avec une réduction du
coefficient de perte de charge de l’ordre 40% dans le cas d’un plan de grille vertical et perpendiculaire
à l’écoulement. Ce pourcentage de réduction a tendance à diminuer lorsque le plan de grille est
incliné ou orienté, et ce d’autant plus que son obstruction est faible. Dans le cas par exemple d’un
plan de grille orienté à 45°, le profil hydrodynami que permet une réduction du coefficient de perte de
charge de 15%, 27% et 35% pour une obstruction O de 0.35, 0.45 et 0.55 respectivement. Dans le
cas d’un plan de grille incliné, l’intérêt global du profil hydrodynamique dépend du rapport entre
l’obstruction due aux barreaux Ob et l’obstruction due aux lignes d’entretoises et autres éléments
transversaux OentH. Plus Ob sera important par rapport à OentH, plus le profil hydrodynamique sera
intéressant et inversement. Dans le cas par exemple d’un plan de grille incliné à 25° avec OentH = 0.1,
le profil hydrodynamique permet une réduction du coefficient de perte de charge de 12%, 20% et 27%
pour une obstruction Ob de 0.30, 0.40 et 0.50 respectivement. La diminution de perte de charge que
peut apporter le profil de barreau hydrodynamique est à comparer à son surcoût de fabrication et à
l’éventuel surcoût d’assemblage de la grille. Il faut également prendre en compte le fait que le profil
hydrodynamique peut avoir comme autre avantage de limiter la formation du colmatage permanent en
réduisant la longueur de la zone de blocage où l’espacement libre entre barreau est minimum.

L’influence du colmatage du plan de grille sur les pertes de charge a été étudiée sur différentes
configurations, en testant les deux profils de barreau rectangulaire et hydrodynamique, un
espacement libre entre barreaux de 20 mm (obstruction de l’ordre de 0.41), et 5 dispositions de plan
de grille : 1 vertical et perpendiculaire (α = β = 90°), 3 inclinés ( α = 90° et β = 25°, 45° et 60°) et 1
orienté (β = 90° et α = 45°). Six types de colmatages différents ont été reproduits en rajoutant par-
dessus les plans de grilles, des plaques percées de solidité et porosité connues : 3 types
correspondant à des colmatages réguliers sur toute la surface du plan de grille et 3 types
correspondant à des colmatages localisés en pied et/ou sommet de la grille. Les taux de colmatage C
testés varient d’environ 0.1-0.2 à 0.65 et engendrent des obstructions totales entre 0.46 et 0.80, ce qui
couvre bien les situations des plans de grille fine en exploitation.
Les résultats expérimentaux montrent que :
• Pour chaque configuration de plan de grille, les coefficients de perte de charge
augmentent logiquement avec l’obstruction totale et le taux de colmatage. Notamment,
pour un plan de grille incliné à 25° avec un profil de barreau rectangulaire, le coefficient
de perte de charge passe de 0.64 pour l’obstruction initiale de 0.41 (sans colmatage), à
environ 1.3, 2.0 et 4.3 pour des obstructions totales de 0.53, 0.67 et 0.79
respectivement.
• Pour un même type de colmatage et une même obstruction totale, le coefficient de perte
de charge varie grandement selon la configuration du plan de grille, la dispersion des
valeurs augmentant avec l’obstruction totale. Cela amène à penser que la prise en
compte du colmatage dans les formules prédictives a intérêt à intégrer la configuration
du plan de grille.
Les deux expressions proposées par Meusburger (2002) pour évaluer le facteur d’augmentation
du coefficient de perte de charge KC ont été testées. Les résultats montrent que ces expressions ne
peuvent pas être appliquées dans le cas de plans de grille inclinés ou orientés.
Pour prendre en compte l’influence du colmatage, il est proposé une approche qui consiste à
appliquer les formules établies sans colmatage F2 et F3, en remplaçant l’obstruction O par
l’obstruction totale OC dans F2, et en remplaçant Ob par Ob,C dans F3 :

O C = O + (1 − O) * C et O b ,C = O b + (1 − O b ) * C
Pour les plans de grille orientés, les résultats sont peu satisfaisants avec une surestimation
systématique, pouvant atteindre +90%. Pour les plans de grille inclinés, les résultats montrent une
tendance à la sous-estimation des faibles coefficients de perte de charge, limitée à -30%, et une
tendance à la surestimation des forts coefficients, limitée à +50%. Les trois-quarts des valeurs
prédites présentent un écart inférieur à 30%. Etant donné la complexité du phénomène de colmatage
des grilles et les difficultés à le reproduire, ces résultats sont considérés satisfaisants pour les plans
de grille inclinés. Ils nécessiteraient en revanche d’être améliorés pour les plans de grille orientés.

94
Champs de vitesse à l’approche des plans de grille ichtyocompatibles
Les vitesses d’écoulement à l’amont des plans de grille ont été caractérisées à partir de profils
ADV 3D (Acoustic Doppler Velocimetry) et/ou de champs PIV 2D (Particle Image Velocimetry), dans
56 configurations différentes, en combinant 3 angles d’orientation α (60°, 45° et 30°), 4 angles
d’inclinaison β (45°, 35°, 25°, 15°), 4 espacements libres entre b arreau (e de 10, 15, 20 et 30 mm) et 2
profils de barreau (rectangulaire PR et hydrodynamique PH). Des mesures ont également été
effectuées dans des configurations supplémentaires pour analyser l’influence du positionnement de la
mesure par rapport aux barreaux et des lignes d’entretoises dans le cas des plans de grilles inclinés,
et pour tester des espacements libres plus importants, ainsi qu’une autre largeur de canal dans le cas
des plans de grilles orientés. Les mesures PIV 2D ont d’autre part permis de décrire les champs de
vitesse à l’aval des plans de grilles dans quelques configurations.
Il a été tout d’abord vérifié que les deux métrologies ADV et PIV donnent bien des résultats
comparables. Dans le cas des plans de grille orientés, il a également été vérifié que les résultats
obtenus sur le modèle réduit sont indépendants de la largeur du canal et sont donc bien extrapolables
aux largeurs plus importantes des prises d’eau réelles. Même s’il n’y a pas vraiment de doute, une
vérification similaire pour le cas des plans de grille inclinés est prévue dans la poursuite de l’étude.

A l’approche des plans de grille inclinés, l’accélération des vitesses vers le sommet s’avère
modérée et n’est perceptible que pour les inclinaisons β ≤ 35°. Le long des plans de grille inclinés, les
profils de vitesse mesurés ne sont influencés ni par leur position vis-à-vis du barreau, ni par
l’espacement libre entre barreaux. Les lignes d’entretoises modifient par contre sensiblement les
profils, mais leur influence reste locale.
Dans la tranche supérieure de l’écoulement, les vitesses normales atteignent des valeurs de
l’ordre de 0.3-0.4*V1, 0.5-0.6*V1, 0.65-0.75*V1 et 0.8-0.9*V1 pour les angles d’inclinaison β de 15°,
25°, 35° et 45° respectivement. Ces valeurs se révè lent supérieures de 20% à 40% aux valeurs
théoriques obtenues par projection de la vitesse d’approche (V1*sin β). Vis-à-vis des risques de
placage des poissons sur le plan de grille ou de passage prématuré au travers, il en résulte que, pour
ne pas dépasser une vitesse normale de 0.5 m/s, les vitesses à l’approche de plans de grille inclinés à
15°, 25°, 35° et 45° ne doivent pas dépasser enviro n 1.25, 0.83, 0.67 et 0.56 m/s respectivement.
En dehors de l’effet des lignes d’entretoises, les vitesses tangentielles apparaissent
relativement constantes le long des plans de grille inclinés et se révèlent globalement supérieures de
20% aux valeurs théoriques obtenues par projection de la vitesse d’approche (V1*cos β). Dans
l’attente des résultats de l’étude sur l’attractivité et l’alimentation des exutoires positionnés au sommet
des plans de grilles inclinés, on peut proposer de dimensionner ces exutoires de façon à obtenir une
vitesse en entrée de l’ordre de 1.2 fois la vitesse tangentielle au plan de grille théorique
Le rapport entre les vitesses tangentielles et normales Vt / Vn est logiquement d’autant plus fort
que l’inclinaison est prononcée (que l’angle β est faible). Ce rapport a d’autre part tendance à
décroître le long du plan de grille quelle que soit l’inclinaison. Vis-à-vis du guidage des poissons, les
résultats de l’étude amènent à confirmer le critère d’inclinaison du plan de grille d’un angle β ≤ 26°,
pour obtenir une vitesse tangentielle au moins 2 fois supérieure à la vitesse normale et ainsi inciter les
poissons à changer de position dans la colonne d’eau et à venir passer en surface.
Les champs PIV ont permis d’observer que les plans de grille inclinés perturbent assez peu
l’écoulement en aval et ne devraient pas poser de problèmes par rapport aux conditions d’entrée des
chambres d’eau des turbines.
Le phénomène de colmatage régulièrement réparti ou localisé ne semble pas détériorer les
conditions de guidage des poissons le long des plans de grille inclinés, ni augmenter les risques de
placage ou de passage prématuré au travers du plan de grille. Il n’y a donc pas vraiment de marge de
sécurité à prendre sur la vitesse d’approche admissible vis-à-vis du colmatage.

A l’approche des plans de grille orientés, on observe une accélération des vitesses
longitudinales, significative et progressive le long du plan de grille pour les 3 angles d’orientation. Les
vitesses longitudinales dans le coin aval du plan de grille atteignent de l’ordre de 1.4, 1.7 et 2 fois la
vitesse d’approche pour les orientations à 60°, 45° et 30° respectivement.
Les vitesses normales augmentent le long des plans de grille orientés, cette tendance étant
d’autant plus marquée que l’orientation du plan de grille est prononcée (que l’angle α est faible). Pour

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une orientation de 30°, 45° et 60°, la vitesse norm ale atteint à l’extrémité aval du plan de grille des
valeurs de l’ordre de 0.8-0.95*V1, 1.0-1.15*V1 et 1.05-1.15*V1 respectivement. Vis-à-vis des risques de
placage des poissons sur le plan de grille ou de passage prématuré au travers, il en résulte que, pour
ne pas du tout dépasser une vitesse normale de 0.5 m/s, les vitesses à l’approche de plans de grille
orientés à 30°, 45° et 60° ne doivent pas dépasser environ 0.55, 0.50 et 0.45 m/s respectivement. Ces
valeurs se révèlent nettement inférieures aux vitesses d’approches couramment rencontrées au
niveau des prises d’eau de centrales (0.6-0.9 m/s). Des vitesses d’approches plus élevées peuvent
être envisagées en acceptant un dépassement de la vitesse normale maximale sur une certaine
distance à l’extrémité aval du plan de grille. Cela sera toutefois d’autant moins envisageable que la
largeur de la prise d’eau sera importante. Ce point sera rediscuté dans la seconde phase de l’étude
sur le positionnement et l’alimentation des exutoires, ce qui est susceptible de modifier quelque peu le
champ de vitesse à l’extrémité aval.
Les vitesses tangentielles le long du plan de grille présentent des évolutions différentes selon
l’orientation : augmentation continue à 30° en atte ignant à l’extrémité aval du plan de grille des valeurs
de l’ordre de 1.4-1.7*V1, augmentation puis stabilité à 45° en atteignant d es valeurs de l’ordre de 0.9-
1.15*V1, stabilité puis diminution à 60° en atteignant des valeurs de l’ordre de 0.5-0.6*V1. Les vitesses
tangentielles se révèlent globalement supérieures aux valeurs théoriques obtenues par projection de
V1, quelle que soit l’orientation. Dans l’attente de la seconde phase de l’étude sur l’attractivité et
l’alimentation des exutoires positionnés à l’extrémité aval des plans de grilles orientés, on peut
proposer de dimensionner ces exutoires de façon à obtenir une vitesse en entrée de l’ordre de 0.6*V1,
1.15*V1 et 1.7*V1 pour les orientations à 60°, 45° et 30° respective ment.
Le rapport entre les vitesses tangentielles et normales Vt / Vn est logiquement d’autant plus fort
que l’orientation du plan de grille est prononcée (que l’angle α est faible). Ce rapport a d’autre part
tendance à décroître le long du plan de grille quelle que soit l’orientation : d’environ 4.2 à 1.7 à 30°,
d’environ 1.8 à 0.9 à 45° et d’environ 0.9 à 0.5 à 60°. Vis-à-vis du guidage des poissons, les résulta ts
de l’étude amènent à confirmer le critère d’orientation d’un angle α ≤ 45°, pour obtenir une vitesse
tangentielle au moins égale à la vitesse normale et guider les poissons dans le coin aval du plan de
grille.
Les champs PIV ont permis d’observer que l’écoulement à l’aval des plans de grille orientés est
perturbé, avec un effet de confinement et d’accélération de l’écoulement du côté du coin amont du
plan de grille, et une zone de recirculation à faibles vitesses du côté du coin aval du plan de grille.
Même si ces perturbations sont exacerbées dans le dispositif expérimental, le rapport d’échelle entre
les dimensions des barreaux et la largeur du canal n’étant pas respecté par rapport aux prises d’eau
réelles, ces perturbations semblent susceptibles de poser problème par rapport aux conditions
d’écoulement souhaitées en entrée des chambres d’eau des turbines.
Le phénomène de colmatage régulièrement réparti a tendance à homogénéiser les profils
transversaux des vitesses normales et tangentielles le long des plans de grilles orientés. Ce type de
colmatage ne semble pas ainsi détériorer les conditions de guidage des poissons, ni augmenter les
risques de placage sur le plan de grille ou de passage prématuré au travers.. Le phénomène de
colmatage localisé en sommet et/ou pied de grille peut en revanche engendrer des augmentations de
la vitesse normale dans la partie non colmatée du plan de grille, et ainsi augmenter les risques de
placage ou de passage prématuré au travers. Si de tels types de colmatage localisé sont attendus, il
peut y avoir lieu de prendre une marge de sécurité, de l’ordre de 10% à 20%, sur la vitesse
d’approche admissible pour anticiper cet effet.

Poursuite de l’étude et points de R&D complémentaires identifiés


Il est tout d’abord prévu de poursuivre l’étude avec sa seconde phase sur le positionnement et
l’alimentation des exutoires de dévalaison au sommet des plans de grille inclinés, et à l’extrémité aval
des plans de grille orientés.
Les résultats acquis durant cette première phase de l’étude sur les pertes de charge au travers
des plans de grille ichtyocompatibles et les champs de vitesse à leur approche ont d’autre part permis
d’identifier plusieurs points sur lesquels il est prévu de mener des expérimentations complémentaires :
• La caractérisation des coefficients de traînée des barreaux, individuellement et
assemblés sous forme de grille, pour établir un lien entre ces coefficients et ceux des
formules d’évaluation des pertes de charge proposées. L’établissement de ce lien
pourrait permettre d’étendre le domaine d’application des formules à d’autres profils de
barreau.

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• La caractérisation du rôle de la largeur b et de la profondeur p des barreaux dans les
pertes de charge générées au travers des plans de grille orientés par rapport à la
direction de l’écoulement. Ces mesures complémentaires devraient permettre d’affiner
les formules proposées et d’étendre leur domaine d’application.
• L’évaluation des pertes de charge et de la courantologie amont dans une configuration
de plan de grille orienté avec les barreaux assemblés dans le sens de l’écoulement. Il
s’agit de tester l’intérêt de cet assemblage particulier des barreaux, dont on espère qu’il
limite significativement l’augmentation des pertes de charge et celle des vitesses
normales le long du plan de grille.
• La caractérisation des champs de vitesse à l’aval des plans de grille orientés, pour
pouvoir en apprécier l’acceptabilité vis-à-vis des conditions d’entrée des chambres d’eau
des turbines.
• La caractérisation in situ des pertes de charge et des champs de vitesse à l’approche
des plans de grille ichtyocompatibles, pour mener une comparaison avec les résultats
expérimentaux et acquérir un retour d’expérience sur l’exploitation de ces plans de grille.

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9. BIBLIOGRAPHIE

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Wang R.W., Chatellier L., David L., Courret D. et Larinier M. (2010). Study of the head loss of « fish-friendly »
trashracks with inclined or tilted angles. Rapport de contrat Pprime/ONEMA, 55p + appendix.

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10. NOMENCLATURE DES NOTATIONS UTILISEES

Eléments généraux
g Accélération de la pesanteur (≈ 9.81 m/s²).
ν Viscosité cinématique de l’eau.
X, Y, Z Direction de l’écoulement, direction perpendiculaire à l’écoulement pour former le
trièdre direct (X, Y, Z) et direction selon la verticale dirigée vers le haut.

Aspects hydrauliques
B Largeur du canal.
Q Débit dans le canal.
H1 et H2 Hauteurs mesurées respectivement à l’amont et à l’aval de la grille.
V1 et V2 Vitesses débitantes amont et aval, calculées à partir des mesures de hauteur d’eau et
du débit.
U, V et W Composantes de la vitesse selon X, Y et Z respectivement.
Vt et Vn Décomposition de la vitesse le long du plan de grille selon les composantes normale
et tangentielle à la grille.
Vt,theo et Vn,theo Vitesses normale et tangentielle au plan de grille théorique, obtenues par projection
de la vitesse débitante amont V1.
∆H et ∆H0 Perte de charge due au plan de grille et perte de charge dans le canal sans la grille.
Fr et Re Nombres de Froude et de Reynolds.

Variables liées à la grille


α Angle d’orientation du plan de grille par rapport à la direction de l’écoulement.
β Angle d’inclinaison du plan de grille par rapport à l’horizontale.
Bg Largeur du plan de grille.
Lg, Lg,im Longueur totale du plan de grille et longueur immergée du plan de grille.
Nb Nombre de barreaux qui composent la grille.
b et bext Largeurs des barreaux et des supports latéraux.
e Espacement libre entre deux barreaux de la grille.
Nent et Nent,im Nombre total de lignes d’entretoises du plan de grille et nombre de lignes
d’entretoises immergées.
Dent Diamètre d’une entretoise.
S et P Solidité et porosité de la grille.
Ob Obstruction due aux barreaux et autres éléments longitudinaux du plan de grille,
définie comme le ratio adimensionnel entre la surface immergée, effectivement
apparente depuis l’amont, de ces éléments, et la surface immergée du plan de grille.
Oent Obstruction due aux lignes d’entretoises et autres éléments transversaux du plan de
grille, définie comme le ratio adimensionnel entre la surface immergée, effectivement
apparente depuis l’amont, de ces éléments, et la surface immergée du plan de grille.
OentH Obstruction due aux lignes d’entretoises et autres éléments transversaux du plan de
grille, définie comme le ratio adimensionnel entre la surface immergée de ces
éléments, effectivement apparente depuis l’amont, projetée horizontalement sur la
section d’écoulement en amont, et la section d’écoulement en amont du plan de grille.

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O Obstruction globale de la grille, définie comme le ratio adimensionnel entre la surface
immergée, effectivement apparente depuis l’amont, des tous les éléments de la grille
(barreaux, entretoises, supports), et la surface immergée du plan de grille.
PR et PH Profil de barreaux rectangulaire et hydrodynamique.
CX Coefficient de traînée.
KF Coefficient de forme des barreaux.
KO Coefficient lié à l’obstruction du plan de grille.
Kα Coefficient lié à l’orientation du plan de grille par rapport à la direction de l’écoulement.
Kβ Coefficient lié à l’inclinaison du plan de grille par rapport à l’horizontale.
ξ Coefficient de pertes de charge.

Variables liées au colmatage


C Taux de colmatage, défini comme le ratio adimensionnel entre la surface occupée par
les éléments colmatant le plan de grille, et la surface immergée du plan de grille.
OC Obstruction totale d’un plan de grille colmaté.
Ob,C Obstruction due aux barreaux et autres éléments verticaux, et au colmatage.
ξClean Coefficient de pertes de charge « grille propre ».
KC Facteur d’augmentation de la perte de charge dû au colmatage.

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