Vse 205 0154
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CNRS
Luc Marco
Dans Vie & sciences de l'entreprise 2018/1 (N° 205), pages 154 à 157
Éditions ANDESE
ISSN 2262-5321
DOI 10.3917/vse.205.0154
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Le niveau 3 contient près de 400 revues elles aussi très sélectives et ayant des
arbitrages rigoureux mais tout de même moins élaborés que ceux du niveau 2.
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Le niveau 4 réunit toutes les autres revues classées. C’est la porte d’entrée du
système, un peu éloignée du couloir vers la gloire mais cependant crucial à
franchir pour des revues nouvelles ou novatrices. C’est le niveau de publication
que visent les jeunes chercheurs en début de carrière avant de s’aguerrir pour
monter progressivement en gamme.
catégories selon le nombre décroissant de revues pour chaque rubrique. Cela donne
une idée de la force académique des différents domaines des sciences
économiques et gestionnaires.
En quantité, les cinq plus grandes catégories sont : les revues généralistes avec 108
titres, l’économie agricole avec 61 titres, finance et assurance avec 55 titres,
mercatique avec 47 titres, et l’économie spatiale avec 39 titres. Soit au total 310
revues sur un total de 839 ce qui fait 36,9 % de l’ensemble évalué.
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En qualité, les cinq plus excellentes rubriques (celles qui ont la plus grande
proportion de revues de premier niveau) sont : la théorie économique (28 %),
l’économétrie (23,5 %), l’organisation industrielle (22,2 %) les revues généralistes
(17,6 %), et la macroéconomie (17,1 %).
Concernant la place des revues créées par des français dans cet ensemble dominé
par les anglo-saxons, on remarque que seulement deux titres ont atteint le niveau
1 : l’European Journal of the History of Economic Thought, fondé par Gilbert
Faccarello en 1993 et l’European Journal of Operational Research qui a été lancé
en 1977.
Deux catégories s’originalisent par des intitulés particulièrement longs : celle relative
à l’histoire de la pensée et des faits, et celle relative à l’espace et au tourisme. Nous
trouvons que nommer « histoire des affaires » l’ensemble constitué par « l’histoire
des entreprises et des organisations » est une régression linguistique qui nous
ramène au seizième siècle (Du Haillan, 1596 ; Gras, 1931). De même, répéter trois
fois le mot « économie » dans la rubrique relative à l’espace, aux transports et au
tourisme est particulièrement lourd. La tendance du comité de traduire tels quels les
mots anglais (business history par histoire des affaires) montre que leur propension
au globish les éloignent de la pureté de notre langue.
Alors 839 revues pour 5 000 auteurs potentiels, cela fait 5,96 auteurs par revue.
Quand on sait que seul un auteur sur cent voit son article publié dans une revue des
trois premiers niveaux, cela veut dire que les 6 français sont en concurrence avec
94 chercheurs étrangers pour chaque article accepté dans ces revues-là. Que
deviennent les revues qui ne sont pas dans cette liste et qui attendent dehors devant
la porte du niveau 4 ? La FNEGE a prévu un cinquième niveau qu’elle intitule
« revues émergentes ». Le CNRS n’a pas de ces pudeurs et rejette les périodiques
qui n’entrent pas dans ses critères. Cela pénalise les jeunes revues qui n’ont pas
encore atteint leur rythme de croisière ou les vieilles revues qui ont gardé une culture
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Il faut donc utiliser cette liste avec intelligence et ne pas en être prisonnier. Un très
bon article dans une revue non classée sera lui aussi cité dans les travaux ultérieurs
et les textes très anticonformistes auront plus de chance d’être publiés dans des
titres libres que dans la sphère très conformiste des obsédés du « ranking ».
Si Léon Walras avait envoyé son article de 1874, qui fonde la forme moderne de
l’article scientifique, à une revue de rang 1, 2 ou 3, il y a de fortes chances qu’il eût
été refusé ! Une revue de rang 4 l’aurait peut-être accepté, mais les rapporteurs
eussent indiqué : « peut mieux faire ! ». Dégoûté, il eût fondé sa propre revue, que
les évaluateurs eussent qualifié de « bulletin paroissial ». Nul n’est prophète en son
pays.
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