Vse 205 0154

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Le nouveau classement des revues d’économie-gestion du

CNRS
Luc Marco
Dans Vie & sciences de l'entreprise 2018/1 (N° 205), pages 154 à 157
Éditions ANDESE
ISSN 2262-5321
DOI 10.3917/vse.205.0154
© ANDESE | Téléchargé le 04/06/2024 sur www.cairn.info (IP: 102.23.44.150)

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154 VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE
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LE NOUVEAU CLASSEMENT DES REVUES D’ECONOMIE-


GESTION DU CNRS

Par Luc MARCO


Professeur des Universités émérite
Université Paris 13 Sorbonne

Depuis 2003, la section 37 du CNRS (« Economie et Gestion ») publie une


« catégorisation » des revues scientifiques dans ces deux disciplines. La dernière
mouture a été concoctée en juin dernier par un comité ad hoc dirigé par le président
de la section, Claude Diebolt (CNRS, 2018, p. II-IV). Ce classement en quatre
catégories, notées de 1 à 4, est destiné aux 4 500 à 5 000 enseignants-chercheurs
du public et du privé, ainsi qu’aux 400 chercheurs internes au CNRS dans les
sections 37, 40 (« Politique, pouvoir, organisation ») et 50 (« gestion de la
recherche »).

 Le niveau 1 est constitué d’une centaine de revues jugées excellentes et


structurantes des domaines d’économie et de gestion. C’est le niveau le plus
élevé et celui le plus difficile à atteindre par les meilleures des revues
scientifiques ;

 Le niveau 2 rassemble environ 200 revues « à forte sélectivité avec un


processus d’arbitrage exigeant et transparent » (CNRS, 2018, p. iii). C’est
l’antichambre du niveau 1 qui satisfait pleinement les périodiques qui arrivent à
être catégorisées à ce stade ;

 Le niveau 3 contient près de 400 revues elles aussi très sélectives et ayant des
arbitrages rigoureux mais tout de même moins élaborés que ceux du niveau 2.
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C’est le couloir qui mène à l’antichambre et heureux sont les périodiques qui
transitent par ce passage convoité, car lui aussi est fort difficile à atteindre dans
le labyrinthe des évaluations (Wohlrabe, 2016) ;

 Le niveau 4 réunit toutes les autres revues classées. C’est la porte d’entrée du
système, un peu éloignée du couloir vers la gloire mais cependant crucial à
franchir pour des revues nouvelles ou novatrices. C’est le niveau de publication
que visent les jeunes chercheurs en début de carrière avant de s’aguerrir pour
monter progressivement en gamme.

La dernière liste publiée comprend 800 revues réparties en 24 sous-champs


disciplinaires. Nous pouvons la résumer en un tableau statistique où le nombre est
remplacé par le pourcentage de chaque catégorie, ce qui est plus lisible pour le
néophyte. Pour retrouver le nombre de revues par catégorie. Nous indiquons, dans
la dernière colonne, le total numérique de périodiques pour la catégorie en question.
Il suffit de multiplier le pourcentage par le nombre final pour obtenir le nombre de
chaque niveau de classement. Pour la rubrique « marketing », nous indiquons entre
parenthèses le mot français que conseille d’employer l’Académie française :
« mercatique » (édition 2001 de son Dictionnaire). Nous avons rangé les 24
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catégories selon le nombre décroissant de revues pour chaque rubrique. Cela donne
une idée de la force académique des différents domaines des sciences
économiques et gestionnaires.

Tableau 1. Les 24 catégories et les proportions des 4 niveaux de classement

Catégorie / Niveau en % / Total en 1 2 3 4 Nombre


nombre
Revues généralistes en économie et en 17,6 25,9 35,2 21,3 108
gestion
Economie de l’agriculture, de 6,6 13,1 41,0 39,3 61
l’environnement et de l’énergie
Finance et assurance 9,1 18,2 40,0 32,7 55
Marketing (mercatique) 12,8 21,3 40,4 25,5 47
Economie spatiale, économie 7,7 35,9 33,3 23,1 39
géographique, économie et gestion des
transports et du tourisme
Gestion des ressources humaines 10,8 27,0 37,9 24,3 37
Histoire de la pensée économique, 13,9 19,4 30,6 36,1 36
histoire économique et des affaires,
méthodologie, philosophie économique
Macroéconomie, économie 17,1 25,7 37,2 20,0 35
internationale et monnaie
Economie et gestion de la santé 11,4 25,7 34,3 28,6 35
Systèmes d'information 11,4 34,3 31,4 22,9 35
Comptabilité et contrôle de gestion 14,7 23,5 50,0 11,8 34
Innovation et entrepreneuriat 14,7 17,6 26,5 41,2 34
Economie du développement et 15,2 21,2 30,3 33,3 33
transition
Logistique et production 9,1 18,2 45,4 27,3 33
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Recherche opérationnelle 15,4 23,1 46,2 15,3 26
Théorie économique, théorie des jeux 28,0 24,0 36,0 12,0 25
et de la décision et économie
expérimentale
Economie publique et choix collectifs 12,0 28,0 20,0 40,0 25
Stratégie et management international 8,7 13,0 34,8 43,5 23
Economie du travail et de la population 13,0 26,1 34,8 26,1 23
Droit et économie 18,2 22,7 45,5 13,6 22
Théorie des organisations 20,0 15,0 35,0 30,0 20
Management public 11,1 16,7 55,5 16,7 18
Organisation industrielle 22,2 27,8 33,3 16,7 18
Econométrie 23,5 23,5 41,2 11,8 17

En quantité, les cinq plus grandes catégories sont : les revues généralistes avec 108
titres, l’économie agricole avec 61 titres, finance et assurance avec 55 titres,
mercatique avec 47 titres, et l’économie spatiale avec 39 titres. Soit au total 310
revues sur un total de 839 ce qui fait 36,9 % de l’ensemble évalué.
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En qualité, les cinq plus excellentes rubriques (celles qui ont la plus grande
proportion de revues de premier niveau) sont : la théorie économique (28 %),
l’économétrie (23,5 %), l’organisation industrielle (22,2 %) les revues généralistes
(17,6 %), et la macroéconomie (17,1 %).

Concernant la place des revues créées par des français dans cet ensemble dominé
par les anglo-saxons, on remarque que seulement deux titres ont atteint le niveau
1 : l’European Journal of the History of Economic Thought, fondé par Gilbert
Faccarello en 1993 et l’European Journal of Operational Research qui a été lancé
en 1977.

Deux catégories s’originalisent par des intitulés particulièrement longs : celle relative
à l’histoire de la pensée et des faits, et celle relative à l’espace et au tourisme. Nous
trouvons que nommer « histoire des affaires » l’ensemble constitué par « l’histoire
des entreprises et des organisations » est une régression linguistique qui nous
ramène au seizième siècle (Du Haillan, 1596 ; Gras, 1931). De même, répéter trois
fois le mot « économie » dans la rubrique relative à l’espace, aux transports et au
tourisme est particulièrement lourd. La tendance du comité de traduire tels quels les
mots anglais (business history par histoire des affaires) montre que leur propension
au globish les éloignent de la pureté de notre langue.

Alors 839 revues pour 5 000 auteurs potentiels, cela fait 5,96 auteurs par revue.
Quand on sait que seul un auteur sur cent voit son article publié dans une revue des
trois premiers niveaux, cela veut dire que les 6 français sont en concurrence avec
94 chercheurs étrangers pour chaque article accepté dans ces revues-là. Que
deviennent les revues qui ne sont pas dans cette liste et qui attendent dehors devant
la porte du niveau 4 ? La FNEGE a prévu un cinquième niveau qu’elle intitule
« revues émergentes ». Le CNRS n’a pas de ces pudeurs et rejette les périodiques
qui n’entrent pas dans ses critères. Cela pénalise les jeunes revues qui n’ont pas
encore atteint leur rythme de croisière ou les vieilles revues qui ont gardé une culture
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d’indépendance vis-à-vis des classements.

Il faut donc utiliser cette liste avec intelligence et ne pas en être prisonnier. Un très
bon article dans une revue non classée sera lui aussi cité dans les travaux ultérieurs
et les textes très anticonformistes auront plus de chance d’être publiés dans des
titres libres que dans la sphère très conformiste des obsédés du « ranking ».
Si Léon Walras avait envoyé son article de 1874, qui fonde la forme moderne de
l’article scientifique, à une revue de rang 1, 2 ou 3, il y a de fortes chances qu’il eût
été refusé ! Une revue de rang 4 l’aurait peut-être accepté, mais les rapporteurs
eussent indiqué : « peut mieux faire ! ». Dégoûté, il eût fondé sa propre revue, que
les évaluateurs eussent qualifié de « bulletin paroissial ». Nul n’est prophète en son
pays.
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REFERENCES SUR LE SUJET (ORDRE CHRONOLOGIQUE


DECROISSANT)
Barats C., Bouchard J., Haakenstad A. (2018), Faire et dire l’évaluation dans
l’enseignement supérieur et la recherche, Paris, Presses des Mines, Collection
Sciences Sociales, 326 p.
CNRS (2018) Catégorisation des revues en Économie et en Gestion, Paris, Section
37 (Économie / Gestion), version 5.03, juin, 44 p.
Marope P.T.M., Wells P.J., Hazelkorn E. (2017) Classements et responsabilisation
dans l’enseignement supérieur : bons et mauvais usages, Paris, UNESCO, 343 p.
Wohlrabe K. (2016), Taking the Temperature : A Meta-Ranking of Economic
Journals, CESifo Working Paper, n° 5726, CESifo Group Munich, 31 p.
Briquet J-C. (2012), Dans quelle revue publier ? texte sur le site :
https://toupourleco.wordpress.com/2012/05/16/dans-quelle-revue-publier
Chatelain J-B., Ralf K. (2012), Les revues d'excellence en économie et en gestion.
Discordances entre la classification de l'AERES (2008) et les facteurs d'impact par
les citations selon les domaines, Revue économique, vol. 63, n° 1, pp. 157-168.
Pontille D., Torny D. (2010), Revues qui comptent, revues qu’on compte : produire
des classements en économie et gestion, Revue de la Régulation, Capitalisme,
institutions, pouvoirs, Association Recherche et régulation, n° 8, 2e semestre, pp 1-
32.
Kodrzycki Y. K., Yu P. (2005), New approaches to ranking economics journals,
Federal Reserve Bank of Boston, MA, Working Papers, n° 05-12, 40 p.
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