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Iphigénie Acte I sc1 5

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change, De Diane en ces lieux n'ensanglante l'autel.

Scène 1 Ne vous a point promis un bonheur sans mélange. Pour obtenir les vents que le Ciel vous dénie,
AGAMEMNON, ARCAS Bientôt... Mais quels malheurs dans ce billet Sacrifiez Iphigénie.
[...] tracés
Vous arrachent, Seigneur, les pleurs que vous ARCAS
ARCAS versez ? Votre fille !
Et depuis quand, Seigneur, tenez-vous ce Votre Oreste au berceau va-t-il finir sa vie ?
langage ? Pleurez-vous Clytemnestre, ou bien Iphigénie ? AGAMEMNON
Comblé de tant d'honneurs, par quel secret Qu'est-ce qu'on vous écrit ? Daignez m'en avertir. Surpris, comme tu peux penser,
outrage Je sentis dans mon corps tout mon sang se glacer.
Les Dieux, à vos désirs toujours si complaisants, [...] Je demeurai sans voix, et n'en repris l'usage
Vous font-ils méconnaître et haïr leurs présents ? Que par mille sanglots qui se firent passage.
Roi, père, époux heureux, fils du puissant Atrée, AGAMEMNON Je condamnai les Dieux, et sans plus rien ouïr,
Vous possédez des Grecs la plus riche contrée. Tu vois mon trouble ; apprends ce qui le cause, Fis voeu sur leurs autels de leur désobéir.
Du sang de Jupiter issu de tous côtés, Et juge s'il est temps, ami, que je repose. Que n'en croyais-je alors ma tendresse alarmée ?
L'hymen vous lie encore aux Dieux dont vous Tu te souviens du jour qu'en Aulide assemblés Je voulais sur-le-champ congédier l'armée.
sortez. Nos vaisseaux par les vents semblaient être Ulysse, en apparence approuvant mes discours,
Le jeune Achille enfin, vanté par tant d'oracles, appelés. De ce premier torrent laissa passer le cours.
Achille à qui le Ciel promet tant de miracles, Nous partions. Et déjà par mille cris de joie, Mais bientôt, rappelant sa cruelle industrie,
Recherche votre fille, et d'un hymen si beau Nous menacions de loin les rivages de Troie. Il me représenta l'honneur et la patrie,
Veut dans Troie embrasée allumer le flambeau. Un prodige étonnant fit taire ce transport. Tout ce peuple, ces rois à mes ordres soumis,
Quelle gloire, Seigneur, quels triomphes égalent Le vent qui nous flattait nous laissa dans le port. Et l'empire d'Asie à la Grèce promis :
Le spectacle pompeux que ces bords vous étalent, Il fallut s'arrêter, et la rame inutile De quel front immolant tout l'Etat à ma fille,
Tous ces mille vaisseaux, qui chargés de vingt Fatigua vainement une mer immobile. Roi sans gloire, j'irais vieillir dans ma famille !
rois, Ce miracle inouï me fit tourner les yeux Moi-même, je l'avoue avec quelque pudeur,
N'attendent que les vents pour partir sous vos Vers la divinité qu'on adore en ces lieux. Charmé de mon pouvoir et plein de ma grandeur,
lois ? Suivi de Ménélas, de Nestor, et d'Ulysse, Ces noms de roi des rois et de chef de la Grèce
Ce long calme, il est vrai, retarde vos conquêtes, J'offris sur ses autels un secret sacrifice. Chatouillaient de mon coeur l'orgueilleuse
Ces vents depuis trois mois enchaînés sur nos Quelle fut sa réponse ! Et quel devins-je, Arcas, faiblesse.
têtes Quand j'entendis ces mots prononcés par Pour comble de malheur, les Dieux toutes les
D'Ilion trop longtemps vous ferment le chemin. Calchas : nuits,
Mais parmi tant d'honneurs, vous êtes homme Vous armez contre Troie une puissance vaine, Dès qu'un léger sommeil suspendait mes ennuis,
enfin : Si, dans un sacrifice auguste et solennel, Vengeant de leurs autels le sanglant privilège,
Tandis que vous vivrez, le sort, qui toujours Une fille du sang d'Hélène Me venaient reprocher ma pitié sacrilège,
Et présentant la foudre à mon esprit confus, saints, Et que ta voix s'accorde avec ce que j'écris.
Le bras déjà levé, menaçaient mes refus. Sa jeunesse, mon sang, n'est pas ce que je plains. Pour renvoyer la fille et la mère offensée,
Je me rendis, Arcas ; et, vaincu par Ulysse, Je plains mille vertus, une amour mutuelle, Je leur écris qu'Achille a changé de pensée,
De ma fille, en pleurant j'ordonnai le supplice. Sa piété pour moi, ma tendresse pour elle, Et qu'il veut désormais jusques à son retour
Mais des bras d'une mère il fallait l'arracher. Un respect qu'en son coeur rien ne peut balancer, Différer cet hymen que pressait son amour.
Quel funeste artifice il me fallut chercher ! Et que j'avais promis de mieux récompenser. Ajoute, tu le peux, que des froideurs d'Achille
D'Achille, qui l'aimait, j'empruntai le langage. Non, je ne croirai point, ô Ciel, que ta justice On accuse en secret cette jeune Eriphile,
J'écrivis en Argos, pour hâter ce voyage, Approuve la fureur de ce noir sacrifice. Que lui-même captive amena de Lesbos,
Que ce guerrier, pressé de partir avec nous, Tes oracles sans doute ont voulu m'éprouver, Et qu'auprès de ma fille on garde dans Argos.
Voulait revoir ma fille, et partir son époux. Et tu me punirais si j'osais l'achever. C'est leur en dire assez. Le reste, il le faut taire.
Arcas, je t'ai choisi pour cette confidence : Déjà le jour plus grand nous frappe et nous éclaire
ARCAS Il faut montrer ici ton zèle et ta prudence. ;
Et ne craignez-vous point l'impatient Achille ? La reine, qui dans Sparte avait connu ta foi, Déjà même l'on entre, et j'entends quelque bruit.
Avez-vous prétendu que, muet et tranquille, T'a placé dans le rang que tu tiens près de moi. C'est Achille. Va, pars. Dieux ! Ulysse le suit.
Ce héros, qu'armera l'amour et la raison, Prends cette lettre. Cours au-devant de la reine ;
Vous laisse pour ce meurtre abuser de son nom ? Et suis sans t'arrêter le chemin de Mycène.
Verra-t-il à ses yeux son amante immolée ? Dès que tu la verras, défends-lui d'avancer ;
Et rends-lui ce billet que je viens de tracer.
AGAMEMNON Mais ne t'écarte point. Prends un fidèle guide.
Achille était absent. Et son père Pélée, Si ma fille une fois met le pied dans l'Aulide,
D'un voisin ennemi redoutant les efforts, Elle est morte. Calchas, qui l'attend en ces lieux,
L'avait, tu t'en souviens, rappelé de ces bords ; Fera taire nos pleurs, fera parler les Dieux ;
Et cette guerre, Arcas, selon toute apparence, Et la religion, contre nous irritée,
Aurait dû plus longtemps prolonger son absence. Par les timides Grecs sera seule écoutée.
Mais qui peut dans sa course arrêter ce torrent ? Ceux mêmes dont ma gloire aigrit l'ambition
Achille va combattre, et triomphe en courant. Réveilleront leur brigue et leur prétention,
Et ce vainqueur, suivant de près sa renommée, M'arracheront peut-être un pouvoir qui les
Hier avec la nuit arriva dans l'armée. blesse...
Mais des noeuds plus puissants me retiennent le Va, dis-je, sauve-la de ma propre faiblesse.
bras ; Mais surtout ne va point, par un zèle indiscret,
Ma fille qui s'approche et court à son trépas, Découvrir à ses yeux mon funeste secret.
Qui loin de soupçonner un arrêt si sévère, Que s'il se peut, ma fille, à jamais abusée,
Peut-être s'applaudit des bontés de son père ; Ignore à quel péril je l'avais exposée.
Ma fille... Ce nom seul, dont les droits sont si D'une mère en fureur épargne-moi les cris,

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