Connaissance - Du - Ravageur - Ctifl D Suzukii

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HORS SÉRIE

LE MENSUEL DU CENTRE TECHNIQUE INTERPROFESSIONNEL DES FRUITS ET LÉGUMES

DROSOPHILA SUZUKII
CONNAISSANCE DU RAVAGEUR,
MOYENS DE PROTECTION
BILAN
BILAN DU
DU PROJET
PROJET CASDAR
CASDAR 2013-2016
2013-2016

ADIDA MINISTERE
DE L’AGRICULTURE
DE L’AGROALIMENTAIRE
ET DE LA FORET

avec la contribution financière du


compte d’affectation spéciale
« Développement agricole et rural »

CEFEL
D DOSSIER INFOS CTIFL
DROSOPHILA SUZUKII D. SUZUKII DÉCEMBRE 2016

SOMMAIRE AU T E U R S

3 Introduction Claire Weydert, Yannie Trottin, Jean-François Mandrin (Ctifl), Lise Chevalier
(Sefra), Benoit Dufaÿ (La Tapy), Marc Fratantuono (CA 66/Sica Centrex), Valérie
4 Biologie et dégâts Gallia (CA 30/Serfel), Patricia Gibert (CNRS), Anthony Ginez (Aprel), Jérôme
Lambion (GRAB), Christophe Plantamp (CNRS), Aurélie Siberchicot (CNRS), Fran-
çois Warlop (GRAB)
6 Comportement de D. suzukii
Avec la contribution de tous les partenaires du projet Casdar :
8 Plantes hôtes - Ctifl (chef de file du projet) – Centre technique interprofessionnel des fruits et
légumes, centre de Balandran (30) et de Lanxade (24)
8 Observations et suivi Véronique Baffert, Alain Bardet, Gérard Charlot, Jean-Michel Leyre, Jean-François
Mandrin, Yannie Trottin, Claire Weydert
- Adida, Association Départementale d'Information et de Développement Agricole (19)
9 Méthodes prophylactiques
Hervé Coves
- Aprel, Association Provençale d'Expérimentation Légumière (13)
10 Application de produits Anthony Ginez, Catherine Taussig
- Arefe - Association Régionale d'Expérimentation Fruitière de l'Est (54)
11 Protection par filets insect-proof Rémi Ségard
- Cefel, Centre d'Expérimentation Fruits et Légumes de Midi-Pyrénées (82)
12 Ennemis naturels de D. suzukii
Sébastien Ballion, Emile Koké, Marie-Eve Biargues
- CNRS, UMR Biométrie et Biologie évolutive, UCB Lyon 1 (69).
Patricia Gibert, Christophe Plantamp, Mathilde Poyet, Aurélie Siberchicot
13 Piégeage massif - Grab, Groupe de Recherches en Agriculture Biologique (84)
Jérôme Lambion, François Warlop
14 Combinaison de méthodes - Inra, Equipe « Recherche et Développement en Lutte Biologique », UMR « Insti-
tut Sophia-Agrobiotech », Centre INRA PACA (13)
Nicolas Borowiec, Nicolas Ris, , Marcel Taon
- Invenio – Centre de recherche et d'expérimentation de la filière Fruits et Légumes
d'Aquitaine (33)
Amélie Devillepoix, Jean-Jacques Pommier, Marion Turquet
- Sefra - Station d'Expérimentation Fruits Rhône-Alpes (26)
Cynthia Cellier, Lise Chevallier, Baptiste Labeyrie (Ctifl/Sefra), Sophie Stevenin
- Serfel, Centre d'Expérimentation Régionale pour les Fruits et Légumes (30)
Laetitia Cuny, Valérie Gallia (CA 30/Serfel)
- La Tapy - Domaine Expérimental de La Tapy (84)
Benoit Duffaÿ, Emmanuelle Filleron (CA 84/La Tapy)
- Sica-Centrex, Centre Expérimental des Fruits et Légumes du Roussillon (66)
Nathalie Courthieu, Marc Fratantuono (CA 66/Sica-Centrex)

Remerciements :
Le projet Casdar Drosophila suzukii a bénéficié du concours du ministère de l’Agriculture (2013-2016).
Les auteurs remercient toutes les personnes qui se sont impliquées sur le projet.

Infos-Ctifl est édité par le Ctifl


(Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes créé par arrêté du 24 septembre 1952 de la loi du 22 juillet 1948)
Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 rue Bergère, 75009 Paris - Tél. 01 47 70 16 93 - Fax 01 42 46 21 13
Site internet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . www.ctifl.fr
Directeur de la publication . . . . . . . . . . . Louis Orenga
Rédacteur en chef . . . . . . . . . . . . . . . . Jean-François Bloch-Berthié - email : bloch-berthie@ctifl.fr
Comité de rédaction . . . . . . . . . . . . . . . Yann Bintein
Mise en page . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Duong-Minh Nguyen
Responsable des abonnements . . . . . . . . Christine Cappe - email : abonnement@ctifl.fr
Abonnements . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prix 2017 pour 10 numéros/an
France - 85 € - Étranger 130 €
Prix du numéro 12 €
N° de commission paritaire en cours . . . . . Dépôt légal 4e trimestre 2016 - ISSN 0758-5373
Impression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chirat - 744 rue de Sainte Colombe - 42540 Saint-Just-La-Pendue
Photo de couverture . . . . . . . . . . . . . . . Ctifl

Toute reproduction partielle ou intégrale est autorisée sous réserve de mentionner la source

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DROSOPHILA SUZUKII INFOS CTIFL
CONNAISSANCE DU RAVAGEUR, MOYENS DE PROTECTION D. SUZUKII DÉCEMBRE 2016
BILAN DU PROJET CASDAR 2013-2016

DROSOP H IL A SUZU KII

C O N N A I S S A N C E D U R AVAG E U R ,
M OY E N S D E P R OT E C T I O N
B I L A N D U P R O J E T C A S DA R 2 0 1 3 -2 0 1 6
Originaire du Japon, Drosophila suzukii FIGURE 1 : Sites d’études dans le cadre du projet Casdar
est un ravageur émergent de la famille des
Drosophilidae qui connaît depuis 2008
une forte progression hors de son aire d’ori-
gine. Identifié officiellement en France en
2010, ses caractéristiques biologiques en
font un ravageur hautement nuisible.
Languedoc Roussillon

AREFE

INTRODUCTION

Capable de s’attaquer à un large spectre


d’hôte, Drosophila suzukii affectionne
particulièrement les fruits rouges (ce-
CNRS
rises, fraises, framboises…), et peut, dans
INVENIO ADIDA
une moindre mesure, provoquer des dé- SEFRA
gâts chez les fruits à l’épiderme plus épais
CTIFL, centre
comme les pêches et les abricots. Outre de Lanxade
CTIFL, centre GRAB
sa polyphagie, D. suzukii se distingue de Balandran APREL
des autres espèces de drosophiles par sa CEFEL SERFEL
INRA PACA
capacité à pondre dans les fruits en cours SICA
CENTREX
de maturation grâce à son ovipositeur
sclérifié. La ponte et le développement
des larves favorisent les contaminations
secondaires, notamment celles dues aux LE PROJET CASDAR (2013-2016)
champignons, entraînant la pourriture
rapide des fruits qui deviennent alors
impropres à la commercialisation. Intitulé « Drosophila suzukii : connaissance du ravageur, caractérisation du risque et
Jusqu’à présent aucun moyen de lutte évaluation de méthodes pour sa maîtrise rapide et durable », ce projet Casdar a pour but
n’avait été suffisamment expérimenté d’améliorer les connaissances relatives à la biologie de Drosophila suzukii, de suivre les
pour permettre de définir des stratégies dynamiques des populations et d’évaluer divers moyens de lutte. Piloté par le Ctifl, et
de protection efficaces. Ce dossier syn- co-financé
25 000
parParcelle
le ministère
cerisiers de l’Agriculture, ce projet regroupe 13 partenaires de la filière
thétise l’ensemble des résultats issus du fruitière et légumière.
Bosquet en bordure
20 000
projet Casdar (voir encadré ci-contre) et
s’adresse aux producteurs ainsi qu’aux
1
15 000
professionnels de la filière.
L’ensemble des modes de protection 10 000
Connaissance de la biologie de Drosophila suzukii
envisageables en cultures sont abordés.
Leur évaluation intègre l’efficacité des 5 000 2
moyens mis en œuvre. Suivi des populations de Drosophila suzukii
Cette approche multisite (Figure 1) a 0
a m j j a s o n d j f ma m j j a s o n d j f ma m j j a s o n d j f ma m j j a s o n d j f ma m j j a s

permis de mettre en place des disposi- 2012 2013 2014 3 2015 2016

tifs expérimentaux harmonisés dans les


Évaluation des moyens de protection
bassins de production les plus infestés
par Drosophila suzukii au début du pro-
jet. Ainsi les conclusions issues de ces Prophylaxie Piégeage massif
trois années de recherches intègrent
Filets insect-proof Insecticides et répulsifs
différents contextes pédoclimatiques et
différentes stratégies de protection. Parasitoïdes et prédateurs Combinaison de méthodes
> LES GRANDS AXES DÉVELOPPÉS

3
D DOSSIER INFOS CTIFL
DROSOPHILA SUZUKII D. SUZUKII DÉCEMBRE 2016

BIOLOGIE ET DÉGÂTS

RECONNAISSANCE
C’est au stade adulte que l’identification
de Drosophila suzukii peut se faire le plus
facilement. Les stades œufs, larves et
pupes ont des caractéristiques propres
au genre mais sont insuffisantes pour
une reconnaissance certaine de l’espèce.

Adulte
> PHOTO 1 : MÂLE ADULTE DE D. SUZUKII > PHOTO 2 : FEMELLE ADULTE DE D. SUZUKII
Drosophila suzukii, appelée aussi droso- (TACHE NOIRE SUR CHAQUE AILE) (À GAUCHE ZOOM SUR L’OVIPOSITEUR)
phile à ailes tachetées, en anglais SWD
pour Spotted Wing Drosophila, fait par- Larve suspectés de contenir des larves de
tie de l‘ordre Diptera et de la famille Dro- Il peut y avoir D. suzukii et attendre l’émergence des
sophilidae. L’adulte a l’apparence d’une une ou plusieurs adultes pour identifier le ravageur.
drosophile commune que l’on trouve sur larves à l’inté-
des fruits en sur-maturité ou présentant rieur du fruit CYCLE DE VIE ET BIOLOGIE
une blessure. Les adultes mesurent de (jusqu’à plus > PHOTO 4 : LARVE Cycle de vie
2,6 à 3,4 mm, la femelle étant générale- d’une quaran- D. suzukii a la particularité d’avoir un
ment plus grande que le mâle. Le mâle taine dans un seul fruit) observables au cycle biologique court, ce qui lui permet
est reconnaissable à ses tâches noires à niveau d’une zone molle, souvent oxydée. d’engendrer jusqu’à 13 générations par
l’extrémité de chaque aile, visibles à la Elles mesurent de 0,7 mm à 3,5 mm et an au Japon.
loupe de poche ou à l’œil nu pour une sont de couleur blanc-crème. Leur obser- La femelle utilise son ovipositeur pour
personne habituée (Photo 1). Ces taches vation permet de déterminer s’il s’agit perforer l’épiderme du fruit et y déposer
apparaissent 10 heures après l’émer- d’une larve de drosophile mais pas de un œuf. En fonction des conditions de
gence du mâle et mettent deux jours préciser l’espèce. Elles possèdent des stig- température, les œufs éclosent au bout
pour devenir très visibles. L’individu mates postérieurs prolongeant l’abdomen de 1 à 3 jours. Les larves se développent
mâle a également deux séries de soies et formant une excroissance visible et ca- ensuite en 3 stades larvaires qui se suc-
ou « peignes » sur les tarses antérieurs ractéristique, et également deux crochets cèdent pendant 3 à 13 jours. La pupaison
orientés vers le bas. buccaux de couleur noire bien visibles s’effectue sur une durée de 3 à 15 jours.
La femelle possède un ovipositeur sous loupe binoculaire (Photo 4). La pupe se forme principalement à
caractéristique, de plus grande taille l’extérieur du fruit. Une fois l’adulte
et plus fortement denté que celui des Pupe prêt à émerger, il déchire la pupe pour
autres espèces de drosophiles (Photo 2). La pupe est de se libérer (Figure 2). La durée du cycle
La femelle ne possède pas de soies sur couleur marron- de D. suzukii peut être très variable en
ses tarses antérieurs. rougeâtre selon fonction de la température de dévelop-
Pour connaître les autres critères per- le milieu dans pement. Celle-ci est optimale à 25 °C.
mettant d’affiner l’identification, consul- lequel la larve Les températures critiques de dévelop-
> PHOTO 5 : PUPE
ter la fiche de détermination réalisée se développe, pement et de reproduction sont en des-
par le Laboratoire de Santé des Végétaux en forme de petit tonnelet allongé aux sous de 13 °C et au-dessus de 28 °C.
(http://www.ctifl.fr/DocPdf/EspacePro/ extrémités. Elle est reconnaissable à ses Un individu adulte a une durée de vie de
Production/FicheIdentificationDroso- stigmates antérieurs « étoilés » carac- 3 à 9 semaines, bien qu’il puisse vivre
Suzukii.pdf). téristiques et différents de ceux d’une plus longtemps en période hivernale.
drosophile commune (Photo 5). Les femelles peuvent pondre 1 à 4 jours
Œuf L’identification de D. suzukii est plus après leur émergence s’il y a eu accou-
Les œufs sont déposés sous l’épiderme, facilement réalisable au stade adulte : plement. Elles pondent 7 à 16 œufs par
ils présentent un aspect légèrement l’observation des taches sur les ailes jour à raison de 1 à 3 œufs par fruit en
transparent, laiteux et luisant, et me- des mâles et de l’ovipositeur chez les fe- moyenne. Une femelle pondrait en
surent entre 0,18 à 0,6 mm. Deux fins melles est généralement suffisante pour moyenne 380 œufs durant sa vie.
filaments reliés à l’œuf sortent du fruit : identifier D. suzukii. À ce jour, aucune
ce sont les tubes respiratoires qui sont autre espèce de drosophile possédant Dégâts
souvent fusionnés entre eux et donnent ces caractéristiques n’est présente en Les cerises, les fraises, les framboises et
l’apparence d’un fil France. Par contre, en présence d’œufs, les myrtilles sont les fruits cultivés qui
blanc. Les œufs, les de larves ou de pupes, il n’est pas pos- subissent les dégâts les plus importants.
trous de ponte ainsi sible de déterminer de façon certaine Dans une moindre mesure, les pêches,
que les tubes respira- l’espèce, surtout si les fruits suspects les abricots, les figues, le raisin, les
toires ne sont visibles sont à un stade avancé de maturité ou kiwaïs, les kakis et les arbouses peuvent
qu’à la loupe binocu- attaqués par une pourriture. Il est alors être attaqués. La vigilance est également
laire (Photo 3). indispensable de conserver les fruits de mise sur des espèces comme le cassis
> PHOTO 3 : ŒUF

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DROSOPHILA SUZUKII INFOS CTIFL
CONNAISSANCE DU RAVAGEUR, MOYENS DE PROTECTION D. SUZUKII DÉCEMBRE 2016
BILAN DU PROJET CASDAR 2013-2016

et la groseille sur lesquelles D. suzukii


pourrait se développer sans qu’aucune
attaque n’ait été recensée jusqu’à présent.
Les variétés de cerises blanches et bico-
lores peuvent être moins attaquées que
des cerises rouges en situation de choix,
mais il n’existe pas de variétés résis-
tantes à ce ravageur. > PHOTO 6 : DÉGÂTS SUR CERISE AVEC TROU
Drosophila suzukii présente la particula- DE SORTIE DE D. SUZUKII

rité de pouvoir et de préférer infester des


fruits sains, encore sur la plante et ne pré-
sentant aucune blessure. Dès leur éclo-
sion, les larves commencent à se nourrir
de la pulpe des fruits, provoquant son
affaissement et souvent une dépression
au niveau de l’épiderme (Photos 6 à 9). > PHOTO 8 : DÉGÂTS DE D. SUZUKII SUR
À un stade avancé des dégâts, la chair du > PHOTO 7 : GALERIES DE D. SUZUKII DANS
FRAISE
fruit est dégradée, plus ou moins oxydée UNE CERISE
(de couleur marron) (Photo 10).
Sur cerises, les pontes ont lieu à tous les
stades de maturité dès la formation du
fruit vert. Par contre, le développement
de la larve n’est possible qu’à partir de la
véraison. En début d’attaque, lorsqu’il y a
peu de piqûres ou quand les larves sont
encore petites, les dégâts peuvent être plus
difficiles à mettre en évidence. Le suivi
des parcelles doit donc être rigoureux > PHOTO 9 : DÉGÂTS SUR FRUITS SAUVAGES : > PHOTO 10 : DÉGÂTS DE D. SUZUKII SUR
ICI SUR ARBOUSES CERISE (STADE AVANCÉ)
pour évaluer les dégâts le plus tôt possible.

FIGURE 2 : Cycle de D. suzukii étudié sur fraise à une température moyenne de 20 °C

L’adulte
• 2,6 mm à 3,4 mm Mâle
• Couleur jaune à brunâtre • Taches noires L’oeuf
au bout des ailes (visibles à l’oeil nu) • Pondu à l’intérieur du fruit, 0,18 à 0,6 mm
• Trous de ponte invisibles

24 à 72 h

Cycle complet
7 à 9 jours 13 à 18 jours
à 20 °C
24 à 48 h
Femelle
• Ovipositeur très développé

5 à 7 jours
La pupe
• Présente à l’intérieur ou à l’exterieur du fruit
• Couleur brun-rougeâtre
• Excroissances caractéristiques sur la partie antérieure La larve
• Petit asticot blanc dans des fruits en cours de maturation
• Fréquemment plusieurs larves par fruit

• 7 à 16 oeufs par jour/femelle


• Jusqu’à 300 oeufs/femelle Capacité de reproduction forte et rapide
• Jusqu’à 13 générations par an (Japon)

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D DOSSIER INFOS CTIFL
DROSOPHILA SUZUKII D. SUZUKII DÉCEMBRE 2016

Risques de confusions en 2013 et 2015 avec toutefois un niveau


Dans certains fruits, des dégâts ressem- élevé de captures en 2014.
blant à ceux de D. suzukii peuvent être Les niveaux de population au printemps
causés par d’autres diptères dont les larves seraient liés aux conditions climatiques
se développent également dans la chair. au cours de l’hiver précédent. Plusieurs
- La Mouche de la cerise, Rhagoletis cerasi jours, voire des semaines de froid intense,
(Photo 11), attaque régulièrement les ce- engendrent une forte mortalité tout en sa-
rises. La larve (généralement une seule > PHOTO 11: ADULTE DE RHAGOLETIS CERASI, chant que les femelles résistent mieux aux
LA MOUCHE DE LA CERISE (ENVIRON 3-5 MM)
par fruit) se développe dans la chair températures froides que les mâles. La
autour du noyau (Photo 12). La larve est douceur de l’hiver 2013-2014 expliquerait
peu mobile, plus « dodue » que celle de le fait que la population était plus précoce
D. suzukii. Les larves de D. suzukii se en 2014 qu’en 2013 et 2015. En général,
développent dans toute l’épaisseur de la après la reprise d’activité du printemps, le
chair et il y en a souvent plusieurs par niveau global des populations augmente
fruit. Plusieurs trous sont visibles sur fortement jusqu’à l’automne avec des fluc-
l’épiderme quand le dégât est avancé. tuations au cours de l’été dues aux condi-
- La Mouche méditerranéenne, Cerati- > PHOTO 12: DÉGÂTS DE RHAGOLETIS CERASI : tions climatiques. Les fortes populations
tis capitata (Photo 13), peut attaquer les LA LARVE SE DÉVELOPPE AUTOUR DU NOYAU de l’été et automne 2014 sembleraient cau-
pêches et abricots. On trouve générale- sées par un été plus frais et pluvieux que
ment plusieurs larves par fruit attaqué. les autres années. En conditions sèches,
- Il est important de signaler que des les captures semblent diminuer forte-
fruits très mûrs ou en sur-maturité, ou ment, mais il n’est pas possible actuelle-
dont l’épiderme est abimé (pêche moni- ment de savoir si cela reflète une mortalité
liée, cerise éclatée, raisin abimé, etc.), importante ou s’il s’agit seulement d’une
peuvent présenter des attaques d’autres période où l’insecte est moins actif et donc
diptères, notamment d’espèces de droso- moins capturé.
philes « communes » (principalement Cette dynamique semble s’expliquer en
> PHOTO 13: ADULTE DE CERATITIS CAPITATA, LA
Drosophila melanogaster) s’attaquant aux MOUCHE MÉDITERRANÉENNE (ENVIRON 4-5 MM)
partie par le climat. Moins de captures
fruits en décomposition. Sur ces fruits, sont observées quand la température
il existe un risque réel de confusion avec moyenne hebdomadaire est supérieure
des dégâts de D. suzukii. à 25 °C ou quand l'humidité moyenne
- Sur fraise, myrtille, framboise et mûre, hebdomadaire est inférieure à 60 %
si les dégâts s’accompagnent de la pré- (Figure 4). D. suzukii est un insecte
sence de larves dans la chair, il n’y a gé- qui recherche particulièrement la fraî-
néralement pas de risques de confusion cheur et privilégie les zones où l’humi-
avec d’autres ravageurs. dité est forte. Ce ravageur se développe
- La blessure engendrée par la ponte > PHOTO 14 : DÉVELOPPEMENT DE RHIZOPUS fortement surtout au printemps et à
SUR FRAISE INFESTÉE PAR D. SUZUKII
est également une porte d’entrée pour l’automne.
d’éventuels bactéries et champignons qui À l’approche de l’hiver, les adultes
peuvent se développer sur les fruits atta- de l’année (Figure 3). entrent petit à petit en diapause repro-
qués et contaminer les fruits sains à proxi- Dans les zones les plus méridionales, ductive sous l’effet de la photopériode
mité (ex. Rhizopus sur fraise, Photo 14). les captures sont généralement plus et de la température. Ils se concentrent
importantes et plus précoces que dans dans des lieux abrités notamment à par-
les régions à hiver plus froid. Dans les tir de la chute des feuilles en verger.
COMPORTEMENT DE D. SUZUKII zones LR-PACA (Languedoc-Roussillon- Les femelles, qui se seraient accouplées
Provence-Alpes-Côte d’Azur), Sud-Ouest en grande partie avant l’hiver, résistent
INFLUENCE DES CONDITIONS et Vallée du Rhône, un niveau élevé de mieux au froid que les mâles et sont
CLIMATIQUES captures s’observe en 2013 et 2014 avec donc plus présentes au printemps. Cela
Afin de mieux comprendre les facteurs toutefois un niveau moyen en 2015. En est confirmé lorsque l’on considère le
qui influencent la présence de D. suzu- Lorraine, où les captures sont moins sex-ratio qui est systématiquement le
kii, un réseau de piégeage impliquant précoces, on observe un niveau faible même entre les années : les femelles
l’ensemble des partenaires a été mis en
place. Ainsi, depuis 2013, trois années INTERPRÉTATION DES CAPTURES
complètes de captures hebdomadaires
issues de 11 sites ont été réalisées Il faut rester prudent sur l’interprétation des captures dans les pièges. Le piégeage ne re-
(Figure 1). En s’appuyant sur les données présente pas forcement les niveaux de population réellement présents. En effet l’attracti-
de stations météo à proximité des sites, vité d’un même piège (avec son attractif) peut varier en fonction des périodes de l’année,
il a été possible de mettre en évidence de l’environnement (présence de fruits attractifs…) et de ce que l’insecte recherche à un
une disparité de piégeage (voir encadré moment précis de son cycle (nourriture, sites de ponte…).
ci- contre) selon les régions et la période

6
DROSOPHILA SUZUKII INFOS CTIFL
CONNAISSANCE DU RAVAGEUR, MOYENS DE PROTECTION D. SUZUKII DÉCEMBRE 2016
BILAN DU PROJET CASDAR 2013-2016

FIGURE 3 : Piégeages de D. suzukii sur trois ans dans onze sites expérimentaux

Lorraine
0.6

Vallée du Rhône
LR PACA
Niveau de capture hebdomadaire

Sud−Ouest
0.4
0.2
0.0

Hiver | Printemps | Eté | Automne | Hiver | Printemps | Eté | Automne | Hiver | Printemps | Eté | Automne |

2013 | 2014 | 2015

FIGURE 4 : Pourcentage de captures en fonction de la FIGURE 5 : Proportion moyenne entre mâles et femelles
température et de l’hygrométrie moyenne calculée sur trois années consécutives sur onze sites
(sur trois ans dans onze sites expérimentaux) expérimentaux

30% 100%

25,4 % 25,1 %
21,8 %
20% 17,9 %
Proportion moyenne par sexe

75%
10%
4,8 % 4,8 %

0% 0,2 %
−5 0 5 10 15 20 25 30 50%
Température moyenne

30% 29,3 % 28,7 %

21,7 %
20% 25%

13,1 %
10%
5,8 %
Femelles Mâles
1,4 %
0%
0% Hiver |Printemps| Eté | Automne| Hiver | Printemps| Eté | Automne| Hiver |Printemps| Eté | Automne|
2013 | 2014 | 2015
40 50 60 70 80 90 100
Hygrométrie relative moyenne

sont plus nombreuses que les mâles en À titre d’exemple, sont représentées les rité des cerises. Ce pic est suivi d’une
sortie d’hiver, le sex-ratio est équilibré captures enregistrées dans un verger de diminution importante des captures
en été et les mâles sont plus nombreux cerisiers bordé par un bosquet de chêne pendant la période chaude et sèche
en automne (Figure 5). vert (Figure 6). Un piège a été placé de l’été. Puis, une reprise croissante
dans le verger et un dans le bosquet. des captures à l’automne apparaît à un
MOBILITÉ DU RAVAGEUR Au cours de l’année, deux pics de cap- niveau beaucoup plus élevé que celui du
Afin de comprendre les dynamiques tures se succèdent avec une répartition printemps, jusqu’à l’arrivée de l’hiver.
d’évolution et de déplacement du rava- différente de D. suzukii dans le paysage. Ce pic de captures est beaucoup plus
geur entre les vergers et leur environne- Une première période de capture, au important dans le bosquet que dans la
ment, des dispositifs de piégeage ont été printemps, se fait au sein de la parcelle, parcelle de cerises.
mis en place dans diverses situations. correspondant à la période de la matu- Dès l’arrivée des beaux jours après l’hiver,

7
CEFEL SERFEL
SICA INRA PACA
CENTREX

D DOSSIER INFOS CTIFL


DROSOPHILA SUZUKII D. SUZUKII DÉCEMBRE 2016

on observe des transferts de population FIGURE 6 : Captures mensuelles d’adultes de D. suzukii piégés dans une parcelle de
depuis les abris vers les parcelles. Puis, cerisiers et dans un bosquet bordant la parcelle (Commune de Bellegarde, 30)
on remarque une chute des captures au
fur et à mesure de la maturation des 25 000
fruits, qui peut cependant n’être due qu’à Parcelle cerisiers

une attractivité moindre des pièges par 20 000


Bosquet en bordure

rapport aux fruits. Il y a pendant l’hiver


une chute totale des prises dans le verger,
15 000
à partir de la chute des feuilles, et à l’in-
verse une très grande concentration dans
le bosquet de chêne vert dont le feuillage 10 000

est persistant. Ce dernier constitue une


zone refuge pendant la période froide. 5 000

La pression de l’insecte est très liée à l’en-


vironnement de la parcelle ainsi qu’à sa ty- 0
pologie (voir paragraphe Prophylaxie). Sa a m j j a s o n d j f ma m j j a s o n d j f ma m j j a s o n d j f ma m j j a s o n d j f ma m j j a s

répartition au sein d’une petite région et 2012 2013 2014 2015 2016

au sein de la parcelle n’est pas homogène


ni régulière dans l’espace et dans le temps,
ce qui rend la protection très difficile. abîmé et que la ponte peut se faire direc- cette zone est une espèce sauvage de
tement dans la chair. cerisier invasif originaire d’Amérique
De nombreux fruits sauvages peuvent du nord, Prunus serotina. Un résultat
PLANTES HÔTES également être hôtes comme le sureau intéressant est que certaines des plantes
(sureau noir et sureau yèble), l’arbouse, testées sont attractives pour les femelles
Une particularité de D. suzukii est le les mûres sauvages et le raisin d’Amé- de D. suzukii mais ne permettent pas
nombre important d’hôtes qu’elle peut rique dans lesquels D. suzukii se déve- un développement larvaire. Elles pour-
infester. Parmi les fruits cultivés, cette loppe très bien (Photos 15-16-17). raient ainsi constituer des plantes pièges
drosophile affectionne tout particuliè- À l’inverse, aucune émergence de D. intéressantes à planter à proximité des
rement les petits fruits rouges. suzukii n’a été observée dans l’Arum cultures.
Leur couleur rouge attire particulière- maculatum, l’asperge sauvage (baie),
ment D. suzukii et leur épiderme tendre, l’aubépine, la bryone dioïque, l’églantier,
facilement incisé par la tarière des fe- le laurier, le laurier tin, le lierre, le pyra- OBSERVATIONS ET SUIVI
melles permet le dépôt des œufs. cantha, le prunellier.
Dans une moindre mesure, les abricots, La capacité de D. suzukii de pondre et de SUIVI DE DROSOP HIL A SUZUKII
les pêches, les mirabelles, les quetsches, se développer dans diverses plantes sau- La pose de pièges dans les parcelles,
les figues, le raisin peuvent être atta- vages a été étudiée en laboratoire dans le associée à des observations régulières
qués. Des dégâts ont été observés, no- cadre d’une thèse (CNRS). Trente-trois des fruits permettent de détecter le
tamment dans des vergers où les fruits des 67 espèces testées provenant de la retour de D. suzukii dans les cultures et
sont destinés à la vente directe et cueillis forêt de Compiègne permettent le déve- de déclencher si nécessaire la mise en
à pleine maturité physiologique. loppement de D. suzukii. Ces espèces œuvre de moyens de protection. Le pié-
Plus largement, le développement de appartiennent à 17 familles différentes geage est une technique peu coûteuse et
D. suzukii est possible sur une gamme sur les 30 testées et permettent à D. su- facile à mettre en place.
d’hôtes beaucoup plus large à partir zukii d’avoir des hôtes toute l’année. Un Néanmoins la corrélation entre les
du moment où l’épiderme du fruit est hôte particulièrement favorable dans niveaux de piégeage réalisés sur une

> PHOTOS 15-16-17: PARMI LES NOMBREUX HÔTES SAUVAGES DE D. SUZUKII, DE GAUCHE À DROITE : RONCE, SUREAU NOIR, SUREAU YÈBLE

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CONNAISSANCE DU RAVAGEUR, MOYENS DE PROTECTION D. SUZUKII DÉCEMBRE 2016
BILAN DU PROJET CASDAR 2013-2016

parcelle et le niveau des dégâts n’a pas COMMENT INSTALLER LE PIÈGE ? MÉTHODES PROPHYLACTIQUES
encore pu être mise en évidence. Dans les vergers le piège doit être dis-
Cette rubrique porte uniquement sur posé dans la frondaison (à hauteur Les mesures prophylactiques sont un
le piégeage de détection de D. suzukii. d’homme), dans un endroit ombragé si levier important dans la lutte contre
Pour un piégeage massif de l’insecte possible. Dans le cas des cultures sous D. suzukii car elles permettent de limi-
(avec un grand nombre de pièges dans abris, il est préférable d’installer le piège ter la pullulation de l’insecte et d’amé-
la culture) l’attractivité du piège devra à l’extérieur de l’abri dans un endroit liorer la situation en cultures.
être optimisée. ombragé (haie à proximité) afin de ne
pas favoriser l’entrée de D. suzukii dans ENTRETIEN DES CULTURES
QUEL T YPE DE PIÈGE UTILISER ? la culture. D. suzukii préfère les environnements
Les pièges peuvent être réalisés de façon frais (températures douces et hygro-
artisanale à partir d’une simple bou- COMMENT RELEVER LES CAPTURES ? métrie assez élevée). Il est préférable
teille en plastique. Pour cela, une ving- Le contenu du piège est vidé une fois d’éviter tout ce qui favorise l’humidité
taine de trous de 3-4 mm de diamètre par semaine dans un flacon. La solution dans les cultures : l’irrigation doit être
est réalisée à l’aide d’un clou chauffé ou attractive est alors remplacée. Il est pré- maîtrisée et les points d’eau stagnante
d’une perceuse sur la moitié inférieure férable de conserver les insectes captu- doivent être évités dans ou à proximité
de la bouteille en plastique. Il faut lais- rés dans le liquide, qui sera mis au frais des cultures.
ser 10 cm au fond pour le liquide et ne en attendant son observation. De plus, il importe de veiller à la bonne
perforer qu’un coté de la bouteille pour Si l’on sait reconnaître une drosophile, aération des cultures, de nettoyer régu-
récupérer les piégeages. Une ficelle est l’identification des mâles est possible à lièrement les vieilles feuilles sur fraisier,
disposée au niveau du goulot afin d’ac- l’œil nu ou avec une loupe à faible gros- de limiter le nombre de cannes/mètre
crocher le piège (Photo 18). L’avantage de sissement par la détection de la tache linéaire sur framboisier, d’entretenir le
ce piège est de ne pas capturer de gros noire spécifique à l’extrémité de chaque sol dans les tunnels ou de maintenir
insectes qui « salissent » le mélange aile (cf. Photo 1). L’identification des l’enherbement ras dans les vergers, et
attractif, du fait de la dimension réduite femelles, plus délicate, ne peut se faire d’adapter la taille des arbres afin d’amé-
des trous d’entrée. qu’à l’aide d’une loupe binoculaire (cf. liorer la circulation de l’air.
Différents types de pièges sont aussi Photo 2).
disponibles sur le marché. Ils peuvent Dans tous les cas, lorsque l’insecte n’a FRÉQUENCE DE RÉCOLTE
également convenir pour le piégeage pas encore été observé dans la culture, il Les observations en culture de fraise ou
de surveillance de D. suzukii mais n’ap- est préférable de faire réaliser la détermi- de framboise ont montré que des récoltes
portent pas un meilleur résultat que les nation par une personne expérimentée. rapprochées (au minimum deux récoltes/
pièges artisanaux. semaine) permettent de limiter la pré-
OBSERVATION DES FRUITS sence de fruits en sur-maturité (source
Le piégeage doit s’accompagner d’obser- d’infestation) et donc les dégâts. De
vations des fruits dans la culture. La même, sur la cerise, une augmentation
présence de fruits avec des symptômes non négligeable des dégâts a été observée
apparents de Drosophila suzukii (brunis- à l’approche de la récolte, plus précisé-
sement, affaissement de l’épiderme…) ment dans la dernière semaine avant
doit alerter sur l’éventuelle présence du la pleine maturité des fruits. Il est donc
ravageur dans les cultures. important d’adapter les dates de récoltes
• Sur fraises et framboises : en fonction de la pression de D. suzukii,
Sur fraises, il existe un risque de confu- et d’éviter les récoltes en sur-maturité.
sion avec les dégâts de Rhizopus (Photo Tous les fruits non récoltés sont une
14). Pour confirmer la présence de D. su- source pour le développement de
> PHOTO 18 : PIÈGE ARTISANAL zukii dans les fraises et les framboises, D. suzukii. Ils doivent donc autant que
prélever les premiers fruits suspects et possible être évacués hors des parcelles.
QUEL AT TRACTIF UTILISER ? les placer dans un flacon avec de l’eau Des travaux ont en effet été conduits
L’attractif recommandé pour le suivi salée (environ 30 g/l). Cette opération par le CNRS de Marseille et ont montré
de D. suzukii est une solution consti- permet de faire sortir les larves du fruit qu’en condition de choix, les femelles
tuée à parts égales d’un volume d’eau, après 20 minutes d’attente. pondaient davantage dans les fruits
un volume de vinaigre de cidre, et un • Sur cerises : sains que dans les fruits pourris.
volume de vin rouge, à laquelle on ajoute L'évaluation des attaques en culture Par ailleurs, des études ont montré
une goutte de liquide vaisselle. Environ de cerises se fait préférentiellement que les adultes de D. suzukii n’ont pas
250 ml de mélange doivent être disposés par l'ouverture d'une cinquantaine de les mêmes besoins lorsqu’ils cherchent
dans le piège. Le niveau de l’attractif doit fruits prélevés à plusieurs endroits du à s’alimenter ou à assurer leur descen-
être surveillé (à partir d'une semaine verger (bordures et centre) et l'observa- dance. Un essai mené par le CNRS et
d'exposition environ) car il s’évapore au tion visuelle de la présence de jeunes l’université de Lyon a permis de compa-
vent et au soleil. Les pièges disposés à larves. Faire une première observation rer la durée de survie des adultes selon
l'ombre des frondaisons évaporeront un quelques jours après la véraison et re- le type de ressource : eau, eau sucrée,
peu moins en saison estivale. nouveler si possible toutes les semaines. fruit intact, fruit coupé, fruit pourri. Les

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résultats montrent que les adultes ont larves de D. suzukii dans les fruits. pouvoir répondre à toutes les situations.
besoin d’avoir accès au jus des fruits et La protection contre D. suzukii sera réa-
ne survivent pas en présence de fruits SENSIBILITÉ VARIÉTALE lisée par des interventions qui seront po-
sains uniquement. Les meilleurs taux Des essais ont été conduits sur des varié- sitionnées entre la fin de rémanence des
de survie des adultes ont été observés tés de fraises et de cerises aux caracté- produits visant la mouche de la cerise
sur les fruits coupés et les fruits pour- ristiques contrastées (couleur, fermeté, (entre 7 et 14 jours après ce traitement)
ris. Ces résultats confirment l’impor- taux de sucre, acidité…) mais n’ont pas et la récolte. Il est important d’articuler
tance d’évacuer les écarts de tri hors de permis de mettre en évidence de dif- les stratégies autour des produits ayant
la parcelle. De plus, les femelles adultes férences. Toutes les variétés de cerises une action ovicide ou larvicide et de
ont besoin de protéines pour la matura- sont sensibles à D. suzukii, quelle que compléter avec les produits adulticides.
tion de leurs ovocytes, protéines qu’elles soit leur précocité. Le choix variétal ne Attention au respect des Délais avant
peuvent trouver dans les pourritures. semble donc pas être à ce jour un levier récolte (DAR) !
pour éviter les dégâts de D. suzukii. Le choix de la stratégie de lutte se fera
PASSAGE AU FROID APRÈS RÉCOLTE donc en fonction des caractéristiques
Les tests mis en place sur cerise et fraise PL ANTES HÔTES de la parcelle, du vol de la mouche de la
ont montré qu’un passage au froid (− 1 °C Limiter leur présence à proximité des cerise et de la présence ou non de D. su-
à 2 °C) sur une période de 24 h à 72 h cultures. zukii, et des caractéristiques (efficacité,
limite la survie des œufs et le développe- DAR…) des produits utilisés.
ment des larves et que des températures Selon les groupes de précocité variétaux,
supérieures à 2 °C sont inefficaces. APPLICATION DE PRODUITS les stratégies de protection sont diffé-
Sur cerise, cette technique semble avoir rentes.
une action limitée car beaucoup de Plusieurs essais d’efficacité de produits - Sur les variétés précoces, la protection
larves reprennent leur activité après le et de stratégies dirigés contre D. suzukii contre la mouche de la cerise n’est la
passage au froid. Néanmoins elle peut ont été réalisés. Divers produits à action plupart du temps pas nécessaire. Dans
présenter un intérêt pour ralentir l’évo- adulticide, larvicide, barrière physique le Sud, les années où le vol de D. suzukii
lution des dégâts dans le cas de lots fai- ou répulsifs ont été expérimentés. redémarre fortement au printemps, la
blement attaqués et d’aspect sain. Les spécialités testées dans le cadre du mise en place d’une protection spéci-
Sur fraise, ces températures ne peuvent projet sont des produits chimiques de fique contre ce ravageur est nécessaire.
être mises en œuvre à cause de la fra- synthèse, des produits à base d’extraits - Sur les variétés semi-précoces, une
gilité des fruits et de l’incompatibilité de plantes, des micro-organismes, des protection contre la mouche de la cerise
technique et économique de la réfrigé- argiles… est nécessaire. En cas de présence de
ration dans le circuit commercial. En complément de ces essais réalisés en D. suzukii, la stratégie de lutte mise
cultures, des screening de produits sont en œuvre doit viser les deux ravageurs
GESTION DES DÉCHETS DE RÉCOLTE réalisés au laboratoire au centre Ctifl de simultanément.
Le stockage au soleil des déchets de Lanxade sur des D. suzukii issues d’éle- - Sur les variétés de saison, la période de
récolte, dans un contenant hermétique vage, en vue d’identifier rapidement des protection contre la mouche de la cerise
(sac, palox, bidon…), est une technique produits efficaces. coïncide dans le Sud avec celle contre
efficace pour détruire l’ensemble des Dans le cadre du plan de surveillance D. suzukii. La stratégie de lutte mise
stades de D. suzukii. Le système doit biologique du territoire, une étude vient en œuvre doit viser les deux ravageurs
permettre une bonne montée en tem- de démarrer à l’Inra d'Avignon, visant à simultanément.
pérature et les déchets doivent être suf- déterminer la sensibilité aux insecticides - Enfin, pour les variétés tardives et très
fisamment liquides pour permettre la de souches « sauvages » de D. suzukii qui tardives, selon les bassins de production,
fermentation et l’asphyxie des larves. n’ont jamais été soumises à des traite- la stratégie sera adaptée et spécifique. Le
Après une semaine d’exposition, les dé- ments. La réalisation de ces « lignes de risque est augmenté pour ces variétés
chets peuvent être vidés sur le sol sans qu’il base » pourra permettre par la suite de du fait du cycle court de D. suzukii (une
y ait un risque de ré-infestation par D. suzu- suivre l’apparition d’éventuelles résis- dizaine de jours dans les conditions les
kii. Il est cependant possible que d’autres tances à certains insecticides. plus favorables), qui permet une généra-
espèces de drosophile, sans danger pour tion supplémentaire.
les cultures, viennent s’y développer. ÉLÉMENTS DE STRATÉGIE POUR L A En cas de pression D. suzukii très forte
PROTECTION DES CERISES (détection des premiers dégâts dans la
ASSAINISSEMENT DES CULTURES La protection contre Drosophila suzukii parcelle ou les parcelles proches), il peut
SOUS ABRIS doit être envisagée en complément de la être utile d’appliquer un produit adulti-
En cas d’attaque importante en culture protection contre la mouche de la cerise, cide après le premier passage de récolte.
sous abris, il est possible d’assainir si la présence de l’insecte est avérée. Dans ce cas, seul un produit avec un
la parcelle en fin de culture en effec- Celle-ci peut-être avérée dans la parcelle DAR de trois jours pourra être utilisé.
tuant une montée en température. Les ou une parcelle voisine ou signalée dans
tests ont montré qu’une température les Bulletins de santé du végétal (BSV). ÉLÉMENTS DE STRATÉGIE POUR L A
supérieure à 40 °C pendant une heure Selon les zones de production, toutes PROTECTION DES PETITS FRUITS
par jour en moyenne sur six jours est les variétés sont susceptibles d’être atta- ROUGES
efficace pour détruire les stades œufs et quées. La stratégie mise en place doit Le choix de la stratégie de lutte se fera,

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BILAN DU PROJET CASDAR 2013-2016

comme pour la cerise, en fonction des son de la variabilité de taille importante (Tableau 1) ont été testés et ont montré
caractéristiques de la parcelle (condi- chez les adultes de cette espèce. de bons résultats. Toutefois, les filets
tions environnementales, présence peuvent impacter le climat (limitation
d’autres fruits attractifs à proximité), de SUR FRAISIER de l’aération) et le rendement (moindre
la présence ou non de D. suzukii, et des La pose de filets aux ouvertures des abris entrée des pollinisateurs). Les auxiliaires
caractéristiques (efficacité, DAR…) des (ouvrants, entrées…) permet de limiter naturels sont aussi bloqués par le filet et
produits utilisés. les entrées de D. suzukii et de réduire les ne peuvent pénétrer dans la culture. De
Prendre le temps avant la saison de ré- dégâts sur la culture (Photo 19). Des filets ce fait, la gestion des autres ravageurs est
fléchir aux stratégies possibles à mettre avec des mailles inférieures à 1 mm² souvent plus compliquée sous filet. Si la
en place sur chacune des parcelles de
l’exploitation en fonction :
- de la biologie et du comportement de
D. suzukii ;
- des dates de récoltes potentielles ;
- des possibilités de mise en œuvre de la
prophylaxie sur l’exploitation ;
- du mode d’action, des niveaux d’effi-
cacités et des Délais avant récolte (DAR)
des spécialités homologuées ;
- des méthodes complémentaires exis-
tantes.
La protection contre D. suzukii doit être
envisagée si la présence de l’insecte est
avérée (identification dans la parcelle,
ou sur une parcelle voisine ou signa-
lement dans les Bulletins de santé du
végétal-BSV). Selon les zones de pro-
> PHOTO 19 : EXEMPLE DE FILET SUR UN OUVRANT DE TUNNEL PLASTIQUE
duction, toutes les variétés sont suscep-
tibles d’être attaquées, avec un risque
TABLEAU 1 : RÉFÉRENCE DES FILETS TESTÉS DANS LES ESSAIS
accru pour les variétés remontantes ou
tardives (cueille à partir d’août selon la Aprel Invenio Invenio
zone géographique ainsi que le mode de Marque Diatex Filpack Texinov
conduite). La stratégie mise en place doit
Référence PE 30.24-22 Alt Mouches 6X9 Ultravent
pouvoir répondre à toutes les situations.
Attention au respect des DAR ! Taille de la maille 750 X 800 µm 830 X 1380 µm 250 X 720 µm

AVANTAGES INCONVÉNIENTS
PROTECTION PAR FILETS - Réduction des populations de D. - Effets observés sur le climat, l’entrée
INSECT-PROOF suzukii et des dégâts des auxiliaires et des pollinisateurs

- Amélioration de l’efficacité des - Baisses possibles de rendement


La protection avec des filets insect-proof
traitements insecticides contre D. non compensées par la réduction des
est étudiée pour les cultures de fraise et suzukii dégâts
framboise sous abris, ainsi que pour le ce-
risier en protection mono-rang ou mono-
parcelle. Outre le coût des installations, il REPÈRES ÉCONOMIQUES
faudra aussi prendre en compte les effets
secondaires sur les conditions de culture
comme la pollinisation, la modification Cultures sous tunnels : tunnels de 8 m de large et ouvrants tous les 4 m.
du climat dans l’abri ou même l’incidence Utilisation du filet Diatex PE 30/24.22 mis en place à chaque ouvrant et à aux en-
sur l’entrée des auxiliaires présents natu- trées des tunnels.
rellement dans l’environnement. - Achat du filet : environ 4 000 € par ha
Des essais réalisés en laboratoire avaient - Temps de travail estimé pour la préparation du filet et la pose (la pose nécessite le
montré qu’il fallait une maille de 6 fils travail de plusieurs personnes en même temps)
par 8 par cm, soit moins d’un mm² pour Pour 3 personnes : environ 3 h pour un tunnel de 1 000 m² soit 30 h pour 1 ha
empêcher efficacement le passage des = 1 125 € par ha
adultes de D. suzukii. Des essais com-  Coût indicatif (filet et temps de travail) = environ 5 000 € par ha
plémentaires ont montré qu’une maille À noter : le filet est réutilisable plusieurs années. La durabilité n’a pu être testée. Le
encore plus fine, de 10 par 8 fils par cm coût des filets, notamment le temps de travail, varie donc selon la stratégie choisie :
(soit 710 x 960 µm) était nécessaire pour pose permanente des filets, pose des filets au printemps ou au début de l’été et
éviter tout passage de D. suzukii, en rai- retrait en fin de culture…

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pression de D. suzukii est faible au prin- PRINCIPE DE L’AUGMENTORIUM


temps, il est possible de ne poser le filet
qu’à la fin du printemps pour permettre
l’entrée des auxiliaires dans la culture.
Dans le cas d’une situation de forte pres- Parasitoïde D. suzukii
Filet Objectif
sion D. suzukii, l’installation de sas aux
entrées des abris présente un réel intérêt.
La pose de fi lets est à combiner avec
x insect-proof Favoriser
l’installation et le
Seau maintien de la
d’autres méthodes de protection. Il est population de
alors indispensable de bien respecter les Fraises parasitoïdes (lieu
règles de prophylaxie (voir paragraphe infestées de reproduction)
prophylaxie). De plus, en cas de dégâts
Principe de l’augmentorium
de D. suzukii dans un abri avec fi lets an-
ti insectes, l’application de traitements
insecticides semble être plus efficace Dans le cadre des essais portant sur les parasitoïdes de D. suzukii sur fraise, le principe
que sur une culture non protégée. de l’augmentorium a été étudié. Il s’agit d’un récipient contenant des fruits attaqués
La protection des cultures de fraisiers par D. suzukii (mais les fruits peuvent aussi être infestés par la drosophile commune)
par des fi lets anti insectes présente des et couvert d’un filet dont la maille permet le passage des parasitoïdes mais pas celui de
avantages et des inconvénients qui déter- D. suzukii (ou des drosophiles communes). Dans le cas d’une stratégie de protection
minent l’intérêt de cette technique sur avec introduction de parasitoïdes (par exemple en culture sous abris), l’objectif serait de
chaque exploitation, selon le contexte et maintenir au sein de la parcelle un « mini-élevage » de parasitoïdes tout en limitant les
le risque de présence du ravageur : populations de D. suzukii. L’utilisation de cet outil est encore à l’étude et pourrait être
- en cas de faible pression, l’usage des fi- envisagée en vergers.
lets est à raisonner en prenant en compte
l’effet négatif observé sur le rendement et
la gestion des autres ravageurs ; actuelle, mais cette technique néces- parasitoïdes s’est avéré très faible pour
- en cas de forte pression et d’un envi- site d’avoir des vergers adaptés du point les deux premières espèces citées, nulle
ronnement favorable à D. suzukii, les de vue du matériel végétal, variétés et pour la troisième. Les parasitoïdes de
fi lets présentent un avantage certain porte-greffe, et du mode de conduite des pupes se sont avérés plus efficaces (Pho-
puisqu’ils limitent fortement les entrées arbres. Cela ne peut se concevoir que tos 20, 21 et 22).
du ravageur. L’installation d’un sas est dans le cadre du renouvellement des
alors nécessaire. vergers. L’investissement est important,
le coût est estimé à 30-40 000 euros par
SUR CERISIER hectare pour la seule infrastructure de
Des expérimentions ont été réalisées protection, coût auquel il faut ajouter les
au Ctifl et à La Tapy (dans le cadre du frais de plantation.
projet Casdar CAPRed) en protégeant
des arbres individuellement ou par rang
entier avec des fi lets de mailles 6x5, 6x6 ENNEMIS NATURELS DE
ou 6x7. L’efficacité de la protection a été DROSOPHILA SUZUKII > PHOTO 20 : TRICHOPRIA DROSOPHILAE MÂLE
proche de 100 % pour les trois types de
mailles, avec des témoins sans protec- Différentes études ont été menées dans
tion présentant, selon les essais, 30 % à le cadre du projet sur :
78 % de dégâts. - les parasitoïdes indigènes de D. suzukii ;
Une expérimentation est en cours au - les parasitoïdes exotiques ;
Ctifl sur un verger de cerisier en couver- - les prédateurs généralistes.
ture intégrale avec des filets ayant une
maille de 6x5 sur les parois et 6x6 sur le PARASITOÏDES INDIGÈNES
toit. Ce dispositif n’a pas permis de proté- Des études préliminaires ont été
ger efficacement les fruits des attaques de conduites par le CNRS Lyon pour > PHOTO 21 : T. DROSOPHILAE FEMELLE
D. suzukii, il y a eu jusqu’à 10 % de dé- évaluer au laboratoire l’efficacité de
gâts. La maille des filets pourrait être en parasitoïdes indigènes de drosophiles
cause bien qu’elle ait donné d’excellents communes sur D. suzukii. Ce travail a
résultats en protection mono-arbre et consisté à évaluer cinq espèces de para-
mono-rang. Le filet présente quelques sitoïdes dont deux parasitoïdes de pupes
perforations et une faible étanchéité du (Trichopria drosophilae et Pachycrepoi-
toit ce qui peut-être a permis des entrées deus vindemmiae) et trois parasitoïdes de
de D. suzukii. larves de drosophiles (Leptopilina hete-
La pose de fi lets insect-proof est le mode rotoma, Leptopilina boulardi et Asobara
de protection le plus efficace à l’heure tabida). Le parasitisme des larves par les > PHOTO 22 : PACHYCREPOIDEUS VINDEMMIAE

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BILAN DU PROJET CASDAR 2013-2016

Le choix s’est donc porté sur le parasi- PARASITOÏDES EXOTIQUES Quinze essais d’évaluation de types de
toïde de pupe T. drosophilae pour les Les essais conduits au CNRS en 2012 pièges et d’attractifs ont été réalisés,
essais en culture de fraise réalisés au ont aussi porté sur des parasitoïdes exo- ainsi que douze essais de dispositifs de
Ctifl – centre de Balandran. Deux essais tiques parmi lesquels Asobara japonica piégeage de masse. Les essais ont porté
ont été conduits en 2013 et 2014 dans s’était révélé être un bon candidat pour sur des cultures de cerise, de fraise et de
quatre compartiments d’une serre « in- parasiter D. suzukii. Ce parasitoïde a framboise.
sect-proof » de fraisier hors sol (variété fait actuellement l’objet d’études appro-
Cirafine) artificiellement infestée par fondies en laboratoire sur sa biologie, ÉVALUATION DES PIÈGES ET
D. suzukii, en collaboration avec le sa capacité à parasiter D. suzukii et les AT TRACTIFS
CNRS et l’Inra Sophia. interactions entre cette espèce, les es- Tous les essais ont eu comme réfé-
Ces deux années d’essai, en conditions pèces de drosophiles et les parasitoïdes rence commune le piège bouteille
expérimentales sévères, favorables à indigènes. rouge perforée de 20 trous de 4 mm
l’installation du ravageur et du para- La souche étudiée d’Asobara japonica avec comme attractif un mélange dit
sitoïde, ont permis de confirmer que s’est révélée non spécifique de D. suzukii. « VVE » composé de 1/3 de Vinaigre
T. drosophilae est capable de trouver Des prospections d’autres souches de ce de cidre, 1/3 de Vin rouge et 1/3 d’Eau.
les pupes de D. suzukii en situation de parasitoïde et d’autres espèces de para- La synthèse de tous ces essais indique
culture et de les parasiter. Le taux de sitoïdes exotiques sont en cours dans le que le piège artisanal bouteille rouge
parasitisme a été au maximum de 60 % cadre d’autres projets (notamment projet + attractif VVE utilisé comme réfé-
pendant la durée des essais. Ce taux de Dropsa). rence dans les essais est supérieur ou
parasitisme peut néanmoins être insuf- égal à la plupart des dispositifs testés.
fisant pour contrôler les populations. PRÉDATEURS GÉNÉRALISTES L’attractif le plus performant serait
Si elle est envisagée, cette stratégie Sur cette thématique un suivi de grande le mélange « levure + sucre », devant
devra être mise en place en complément envergure a été mis en place à l’Adida l’attractif Riga® (Andermatt), l’attractif
d’autres méthodes de protection. pendant la première année du projet, Dros’Attract® (Biobest), et l’attractif
En parallèle de ces essais, une cam- afin d’identifier les principaux groupes Fruit Fly® (Koppert), qui sont tous
pagne de recherche de parasitoïdes d’insectes potentiellement prédateurs plus ou moins équivalents au mélange
indigènes a été mise en place par l’Inra de D. suzukii et d’établir un protocole « VVE ». Les autres attractifs testés ont
Sophia Antipolis et le CNRS la première « allégé » de suivi qui a été mis en place montré peu d’efficacité. Les contenants
année du projet avec l’ensemble des par d’autres partenaires du projet au les plus performants sont le piège Dro-
partenaires. Au niveau des parasitoïdes cours de la deuxième année. Sept taxons so-Trap® (Biobest) rouge et le piège
indigènes, les résultats confirment ceux ont été identifiés comme pouvant avoir Maxitrap® (Probodelt). Le piège Droso-
obtenus dans d'autres contextes (vergers une action de régulation sur les popu- Trap® présente l’avantage d’être plus
de pommiers ou alentours, axe rhoda- lations de D. suzukii : les Chrysopidae, sélectif (laisse entrer moins de gros
nien) à savoir la présence de parasitoïdes Orius sp., les Carabidae, les Staphyli- diptères et autres insectes) que le piège
larvaires des genres Leptopilina et Aso- nidae, les Opilions, les Salticidae et les Maxitrap®. Les contenants des pièges
bara et de parasitoïdes de pupes (genres Chilopodes. Riga® et ZoroTrap (Artisanal) sont les
Pachycrepoideus et Trichopria). moins efficaces .
Depuis 2015 une recherche de parasi-
toïdes indigènes sur Drosophila suzukii PIÉGEAGE MASSIF Essais sur cerisier
est mise en place au Ctifl et confirme Cinq essais ont été réalisés avec diffé-
l’activité des deux parasitoïdes de pupes Dans le projet Casdar, des dispositifs de rents dispositifs :
indigènes. Ces travaux sont poursuivis protection par piégeage massif ont été - piégeage en plein à forte densité, de
pour évaluer dans le temps et l’espace envisagés pour protéger les cultures, 130 à 600 pièges par ha régulièrement
l’incidence de ces parasitoïdes sur comme c’est le cas pour d’autres diptères répartis dans la parcelle ;
D. suzukii. ravageurs (mouche méditerranéenne). - pièges disposés en périphérie sur les

> PHOTOS 23-24-25 : TROIS TYPES DE PIÈGES COMMERCIAUX

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arbres de bordure du verger ;


- pièges disposés en ligne, formant une
barrière d’interception des drosophiles,
entre une zone de refuge hivernal bien
identifiée et le verger de cerisier.
De grandes quantités de D. suzukii sont
capturées dans les pièges. Il a été dé-
nombré jusqu’à 200 000 individus par
hectare dans un essai en 2015.
Malgré l’importance des captures, au-
cun essai n’a montré d’efficacité satisfai-
sante vis-à-vis des dégâts sur fruits, quel
que soit le dispositif utilisé.

Essais sur fraisier et framboisier


Les pièges ont été mis en place en péri-
phérie des cultures.
- Dans l’essai conduit autour d’un tunnel
de fraisiers au centre Ctifl de Balandran
(Photo 26), le piégeage massif semble
avoir limité les entrées de D. suzukii, en
comparaison au tunnel non protégé. Les > PHOTO 26: ESSAI DE PIÉGEAGE MASSIF AUTOUR D’UN TUNNEL DE FRAISIER
captures ont cependant été très faibles
même au niveau du tunnel non protégé Gestion du verger et de l’environnement Stratégie phytosanitaire
pendant toute la durée de l’essai. proche : Pour le cerisier, première culture atta-
- L’essai conduit chez un producteur  Refuge hivernal : D. suzukii se réfu- quée, la protection doit commencer dès
par le centre Ctifl de Lanxade a montré gie en hiver dans des zones abritées et le début de la véraison (développement
une forte présence des D. suzukii dans en particulier les arbres et arbustes à possible des larves) dans les situations
la haie bordant les tunnels et au niveau feuillage persistant (cyprès, chênes à risque, y compris pour les variétés
de la bordure de cette haie, sans pouvoir verts). Ces végétaux sont à éviter dans tardives. Pour ces dernières, un cycle
conclure sur l’efficacité du piégeage. Les l’environnement des cultures sen- complet du ravageur est possible avant
mêmes observations ont été faites pour sibles. la récolte, ce qui présente le risque de
un essai conduit par l’Aprel et le Ctifl  Éliminer les plantes à baies qui per- développement d’une génération sup-
autour d’un bloc de 4 tunnels chez un mettent la multiplication du ravageur : plémentaire avec augmentation de la
producteur. Les fortes captures de D. mûres (ronces), sureaux (noir et yèble), population d’adultes dans la parcelle
suzukii dans le dispositif de piégeage raisin d’Amérique, arbousier, cornouil- avant la récolte.
massif n’ont cependant pas empêché lers, alaterne…
l’apparition de dégâts dans la culture.  D. suzukii affectionne la végétation Gestion de la récolte
À ce jour l’utilisation de cette méthode herbacée luxuriante. Le désherbage ou  Les fruits laissés dans la culture per-
de protection demande la mise au point un fauchage intensif et court dans la mettent à l’insecte d’achever son cycle et
d’un attractif plus puissant que ceux culture et ses abords lui sont défavo- donc la sortie de nouveaux adultes aptes
étudiés jusque-là et doit être combinée rables. à pondre. Il convient donc de ne pas
avec d’autres technique de protection.  Les conditions sèches limitent le laisser au sol les fruits écartés à la cueil-
développement de D. suzukii. Il convient lette, à chaque passage, et d’éliminer
donc de supprimer les eaux stagnantes les fruits non cueillis en fin de récolte.
COMBINAISON DE MÉTHODES qui favorisent en outre une végétation L’objectif est de diminuer le niveau de
herbacée qu’elle affectionne par temps population pour les fruits non récoltés
Drosophila suzukii est un ravageur sec. L’irrigation localisée sera préférable et les variétés suivantes. La destruction
difficile à combattre. Il n’existe pas de à l’aspersion. peut se faire par stockage au soleil.
méthode qui permette d’assurer une  Le risque augmente avec la maturité
protection totale des cultures auxquelles Le contrôle de la présence du ravageur des fruits et est très élevé pour les fruits
il s’attaque. Il est donc indispensable de en sortie d’hiver (mars-avril) permet en sur-maturité. Sur les fruits les plus
mettre en œuvre tous les moyens pos- d’évaluer le niveau de risque et d’anti- avancés, il y aura plus d’œufs éclos et
sibles pour limiter sa pullulation dans la ciper le début de campagne. Les pièges plus de grosses larves. Les dégâts sont
culture et son environnement. sont posés dans la parcelle et l’envi- moins importants ou moins visibles en
ronnement proche. Un piège disposé début de maturité.
GESTION GLOBALE DE L A toujours au même endroit permet de  Le stockage et la conservation au
PROTECTION EN VERGER comparer les années sur un site donné froid ralentissent les éclosions et la
La gestion ce ravageur repose sur la maî- et de relier éventuellement le niveau de croissance des larves. À 2 °C pendant
trise des points suivants. capture à celui des dégâts. trois jours, les œufs sont quasiment

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CONNAISSANCE DU RAVAGEUR, MOYENS DE PROTECTION D. SUZUKII DÉCEMBRE 2016
BILAN DU PROJET CASDAR 2013-2016

TABLEAU 2 : HISTORIQUE DES MOYENS DE PROTECTION MIS EN PLACE SUR UN SITE DE PRODUCTION (13)

Moyens de protection
Pression D. suzukii

Traitements avec
Gestion déchets

Piégeage dans
Date arrêt
fuites système

périphérique

Entretien de
récoltes
Réparation

Installation
Filets aux

D. suzukii
Piégeage
irrigation

ouvrants

effet sur
Année

la haie

la haie
de sas
2012 ++ Début sept.

2013 +++ Début oct.

2014 ++++ Mi-oct.

2015 ++ Fin nov.

tous détruits. Les larves sont de plus en drosophiles puisque les dégâts sont de- la culture, il est important de limiter la
plus résistantes en grossissant. venus ingérables dès début septembre. présence de plantes hôtes à proximité
En 2013, les fuites du système d’irri- des abris. Sur cette exploitation, des
EXEMPLE D’ UN ESSAI DE gation ont été réparées pour limiter ronces et autres plantes hôtes sont pré-
COMBINAISON DE MOYENS DE l’humidité qui favorise D. suzukii, des sentes dans la haie voisine des tunnels.
PROTECTION SUR FRAISE filets ont été posés aux ouvrants et aux Ainsi, à l’hiver 2014-2015, la haie a été
La combinaison de moyens de protec- entrées des tunnels et un piégeage en entretenue afin d’éliminer les hôtes de
tion a été évaluée par l’Aprel sur un périphérie des tunnels a été installé. la drosophile responsables de sa forte
site de production de fraise remontantes Malgré une pression en D. suzukii plus multiplication pendant l’été. Des sas ont
variété Mara des Bois. Depuis le début importante qu’en 2012, les dégâts sont été mis en place au printemps 2015 pour
des essais, réalisés dans le cadre du Cas- apparus plus tardivement et l’arrêt des améliorer la protection par filets (voir
dar Drosophila suzukii, des moyens de récoltes a été repoussé d’un mois. Les paragraphe protection par filets insect-
protection ont été ajoutés chaque année filets qui créent une barrière physique proof). Malgré des dégâts en août, le
sur le site en fonction de l’avancée des contre les drosophiles semblent être ravageur a été bien géré par un traite-
travaux et des observations (Tableau 2). principalement responsables de cette ment insecticide localisé à un tunnel,
L’exploitation est soumise à une forte meilleure protection. Les filets sont lais- les récoltes ont été poursuivies jusqu’à
pression D. suzukii depuis 2010, proba- sés en place toute l’année. la fin du mois de novembre et les dégâts
blement liée à un environnement très En 2014, la pression D. suzukii encore pendant l’automne ont été négligeables.
favorable. À l’arrivée du ravageur, les plus forte et un été humide propice à ce Ainsi, sur cette exploitation particulière-
dégâts sont apparus très rapidement et ravageur ont entraîné des dégâts dès le ment concernée par Drosophila suzukii,
les récoltes arrêtées prématurément dès mois d’août. Un traitement insecticide la combinaison de tous les moyens de
la fin de l’été. a permis de réguler le ravageur très protection a permis une protection satis-
En 2012, la prophylaxie est améliorée efficacement. La présence des filets peut faisante contre le ravageur.
par une meilleure gestion des déchets expliquer la bonne efficacité de ce pro- Ces techniques sont à mettre en place en
de récolte. Les fruits abîmés sont mis en duit et une réinfestation en drosophiles fonction de la problématique D. suzukii
sacs plastiques fermés et placés en plein plus tardive. Les récoltes ont eu lieu sur l’exploitation. La gestion des déchets,
soleil. Les récoltes sont faites régulière- jusqu’à mi-octobre avec peu de dégâts la limitation de l’humidité, la fréquence
ment et les fruits ne sont pas laissés en de D. suzukii. des récoltes et la limitation de plantes
sur-maturité. Ces seules techniques ne L’environnement ayant une forte in- hôtes dans l’environnement des abris
suffisent pas à limiter suffisamment les fluence sur l’apparition de dégâts sur sont à la base de la protection contre le ra-

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vageur. La pose de filets aux ouvrants ain- QUELQUES RÉFÉRENCES POUR EN SAVOIR PLUS
si que l’installation d’un sas améliorent la
protection en cas de forte pression. Les Balmès V. 2011. Fiche d’identifi- chives-ouvertes.fr/tel-01128298/
traitements ne sont pas à négliger, en cation d’adultes de Drosophila document
suzukii, ANSES/Laboratoire de
cas d’apparition de dégâts, ils peuvent les Weydert C., Mandrin JF., Trottin
la Protection des Végétaux, mai
réduire efficacement. Dans les essais, les 2011, pp. 2. Y., 2015. Le ravageur émergent
traitements ont alors montré leur intérêt Drosophila suzukii, Bilan de
en intervenant en dernier recours après Le Point Sur les maladies et deux années d’études dans le
ravageurs : Drosophila suzu- cadre du projet Casdar D. suzu-
avoir mis en place tous les moyens de
kii, connaissance et pistes de kii. Infos-Ctifl, n° 310 avril, p.
protection cités précédemment. Les filets contrôle, n° 6, juin 2014, pp. 10. 26-36.
semblent notamment entraîner une
meilleure efficacité et retarder une nou- Mathilde Poyet. L’opportunité de Chabert S., Allemand R., Poyet
niche favorise l’invasion de Dro- M., Ris N., Gibert P., 2013. Dro-
velle réinfestation. Le piégeage périphé-
sophila suzukii en France. Popu- sophila suzukii, vers une lutte
rique qui nécessite beaucoup d’entretien lations and Evolution. Université biologique contre ce ravageur
permet de réduire faiblement la pression Claude Bernard – Lyon I, 2014 des fruits rouges. Phytoma, 660,
dans l’environnement des abris : les diffé- French. <NTT : 2014LYO10169>. p. 34-38.
rents essais n’ont pas montré d’efficacité <tel-01128298. https://tel.ar-
de cette technique. r

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