Université Du Québec À Montreal
Université Du Québec À Montreal
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MÉMOIRE
PRÉSENTÉ
COMME EXIGENCE PARTIELLE
DE LA MAÎTRISE EN COMMUNICATION
PAR
GENEVIÈVE LEBEL
JUILLET 2016
UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL
Service des bibliothèques
Avertissement
La diffusion de ce mémoire se fait dans le respect des droits de son auteur, qui a signé
le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles
supérieurs (SDU-522 - Rév.01-2006). Cette autorisation stipule que «conformément à
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commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire.»
REMERCIEMENTS
J'aimerais remercier tout particulièrement mes amis proches et mon conjoint. Depuis
le début de ce long et périlleux projet, vous m'avez aidée à rester motivée et à
persévérer pendant les moments difficiles. Sans aucun doute, ce mémoire voit le jour
grâce à votre soutien inconditionnel.
TABLE DES MATIÈRES
Tableau Page
2.1 Analyse quantitative des personnages du film X2 (2003) ....................... .42
2.2 Analyse quantitative des personnages du film Fantastic Four (2005) ......... 51
2.3 Analyse quantitative des personnages du film The Avengers (2012) .......... .58
RÉSUMÉ
Pendant cinq années consécutives, soit de 2005 à 2009, les États-Unis étaient le
troisième pays en importance en ce qui a trait à la production cinématographique de
longs métrages, suivant l'Inde et le Nigéria (Unesco, 2012, février, p. 8). En 2013, la
production américaine se chiffrait à 659 films, dont 114 produits par l'une des six
major/. Parmi les 25 films les plus rentables de l'année 2013, quatre sont des films
de super-héros. Nous remarquons notamment que le film Iron Man 3 occupe le
1
Walt Disney Studios Motion Pietures, Paramount Pietures Corporation, Sony Pietures Entertainment,
!ne. Twentieth Century Fox Film Corporation, Universal City Studios LLC, et Warner Bros.
Entertainment !ne
2
premier rang de cette liste (voir Annexe A). Les comic books et leurs super-héros
s'accordent parfaitement à la formule du blockbuster (Dupont, 2011) et depuis les
années 2000, ils s'imposent au grand écran. En parallèle, nous pouvons aussi
remarquer l'éclosion récente de leur présence dans l'univers télévisuel américain :
Arrow (CW, 2012), The Flash (CW, 2014), Gotham (FOX, 2014), Daredevil (Netflix,
2015) et Agents ofS.HlE.L.D (ABC, 2013), parmi tant d'autres. Qu'ils proviennent
de DC comics ou de Marvel comics, les séries télévisées et les films se multiplient,
créant des trilogies et des univers connexes, notamment en distribuant le même acteur
dans plusieurs trilogies différentes et en créant des trames narratives reliées. Les
personnages se positionnent donc au centre du récit. Lorsqu'il est question de super-
héros, ce sont eux qui restent dans la mémoire des spectateurs. Par conséquent, nous
constatons qu'il est important de se questionner à propos de leurs représentations
filmiques.
Superman, Batman, Spider man, Wonder woman, Captain America, sont des héros
qui ont marqué la culture contemporaine. Débutant leur ascension dans les années
1940 dans le monde de la bande dessinée américaine, communément appelé les comic
books, ces super-héros visent à divertir les adolescents de l'époque. Pendant que
Superman et Batman combattent des extraterrestres et neutralisent des voleurs de
banque, Captain America est le premier super-héros à combattre les vilains de la vie
réelle, ceux de la Deuxième Guerre mondiale. Dans les années 1950 et 1960,
quelques super-héros font leur entrée dans le monde télévisuel : Adventures of
Superman (1952-1958) en prise de vue réelle, et Spider Man (1967-1970) sur ABC en
série animée. Nous connaissons amplement la suite des évènements : les histoires de
super-héros deviennent intemporelles, parvenant à se réinventer et à s'adapter aux
différentes époques et générations. Erik Palmer explique à ce sujet: « superhero
comic books are nearly unique among pop culture genres for the ir endurance across
generations of readers and the ir ability to adapt jluidly to changing social, cultural
3
and ideological norms »(Palmer, 2008, p. 1). L'éditeur Dominic Wells ajoute:« they
are at the heart of the American Dream, creating new mythologies for the land too
young to have inherited ils own >>(Wells, 2008, p.2 cité dans Dupont, 2011, para. 41).
Ces super-héros sont adorés du public américain, car ils font partie de sa culture.
Le choix de ce sujet d'étude s'explique par une passion pour les films de super-héros
et par un questionnement élémentaire concernant les personnages féminins : où sont-
ils? Les adolescents des années 1990 ont été exposés à plusieurs films de super-héros
considérés comme excellents et incontournables au sein du genre tels la série de films
de Batman (1989-1997), The Crow (Alex Proyas, 1994), The Mask (Chuck Russel,
1994) et Blade (Stephen Norrington, 1998). En ce qui concerne les personnages
féminins au sein de ces films, nous remarquons qu'ils sont quasi inexistants, mis à
part les personnages de Catwoman (Michelle Pfeiffer, Alicia Silverstone) et de
Poison Ivy (Uma Thurman). À cette époque, le seul film présentant une femme
comme personnage principal était Barb Wire (David Hogan, 1996), interprété par
Pamela Anderson. Cette envie d'étudier le personnage féminin au cinéma est
survenue lors de la diffusion de Bu.ffy the Vampire Slayer (TV, 1997-2003). Malgré
mon jeune âge, le personnage rn' intriguait et rn' impressionnait par son indépendance
et sa force de caractère. Ce n'est que lors de l'écriture de ce mémoire que cet effet est
devenu scientifiquement explicable : le personnage de Buffy renverse plusieurs
stéréotypes féminins et innove dans le genre du film de super-héros (voir Bertho,
2009). Le créateur, Joss Whedon, a notamment poursuivi la série en bande dessinée
avec la compagnie Dark Horse Comics, et a, par la suite, collaboré au développement
du genre à la télévision et au cinéma. Ainsi, Buffy Summers, ce personnage marquant
de la télévision, rn' a permis de remettre en question le statut de la super-héroïne au
cinéma. Est-ce que Pamela Anderson était le choix idéal pour le rôle d'une super-
héroïne à cause de ses courbes volumineuses ? Par chance, avec son physique
atypique dans le genre de super-héros, Uma Thurman apparaît en Poison Ivy l'année
4
suivante et prouve le contraire aux spectateurs. En 2000, alors que Buffy est toujours
en ondes sur WB, nous assistons au début d'une trilogie cinématographique mettant
en vedette les X-Men. Plusieurs personnages féminins y partagent l'écran avec les
hommes et c'est ce changement au sein du genre qui retient notre attention. Thierry
Rogel considère que les années 2000 sont un « nouvel âge >> au sein du genre de super
héros (Rogel, 2012). Les productions cinématographiques et télévisuelles se
multiplient et le genre s'adapte au monde d'aujourd'hui.
2
Afin d'éviter une confusion au sein des théories, il est important de préciser que lorsqu'il sera
mention du genre cinématographique, le terme« genre » sera utilisé, alors que lorsqu'il sera question
du genre dans le sens de sexualité, nous utiliserons le terme anglais « gender ».
CHAPITRE 1
PARTIE 1: PROBLÉMATIQUE
transmettre une idéologie. Selon Rick Altman, le concept de genre au cinéma contient
plusieurs sens :
genre as blueprint, as a formula thal precedes, programmes and patterns
industry production;
genre as structure, as the formal.framework on which individual films are
founded;
genre as label, as the name of a category central to the decisions and
communications ofdistributors and exhibitors;
genre as contract, as the viewing position required by each genre film of its
audience (Altman, 1999, p. 14).
3
En italique dans le texte.
10
4
Le terme « Antediluvian » fait allusion à une époque ancienne et sombre.
11
de produire ce type de scénario. Nathalie Dupont explique que les comic books
possèdent déjà un scénarimage (storyboard) sur papier, ce qui aide les producteurs
d'Hollywood à imaginer le projet terminé. De plus, produire des films de super-héros
permet d'ouvrir la porte aux seque/s et aux spino.ffs, mais plus important encore, aux
produits dérivés (Dupont, 20 Il, para. 8). Finalement, ils permettent de créer des films
spectaculaires contenant beaucoup d'effets spéciaux, ce qui attire le jeune public,
normalement le public cible de ce type de production (ibid., para. 13).
d'élévation du héros théorisé par Northop Frye: le mode mimétique élevé et le mode
mimétique bas (Frye, 1969). Le mode mimétique élevé, explique François Jost, est
une série ou un film mettant en scène « des héros supérieurs en degré aux autres
hommes» (Jost, 2001, p. 156) et détenant des qualités rares ou surhumaines, comme
les dieux, par exemple. Dans cette catégorie, nous retrouvons des super-héros comme
Superman, Wonder woman et Thor, le dieu du tonnerre. Au contraire, le mode
mimétique bas se définit comme un scénario « à propos de personnages qui sont à la
fois égaux à leur environnement et à l'être humain» (ibid). Cette deuxième catégorie
ne peut donc pas s'appliquer aux films de super-héros, car même si certains
personnages sont des humains, ils possèdent tous des caractéristiques surhumaines.
De cette manière, des personnages tels que Batman, Captain America et la femme
invisible, sont des êtres humains possédant des capacités surhumaines acquises par
une volonté personnelle ou par la science. Ils appartiennent donc, eux aussi, à la
catégorie du mode mimétique élevé. À noter que les super-héros sont régulièrement
des hommes anormalement musclés; dans d'autres cas, les héros masculins
représentés comme des adolescents, Spider man par exemple, seront plus menus. Les
vilains sont, quant à eux, beaucoup moins musclés que leurs opposants (Loki, Green
Goblin), mais ils sont plus sournois et malicieux. Deuxièmement, tous les héros, à
quelques exceptions près, vivent «sous de fausses apparences» (Eco, 2005, p. 140).
Le thème de la double identité est un élément majeur de la vie du super-héros et c'est
le costume, de type moulant, collant et élastique, qui lui permet de passer d'une vie
« normale »à une vie héroïque. Les costumes sont des éléments qui varient d'un film
à l'autre. Parfois, il devient emblématique, comme dans les cas de Batman,
Catwoman et Superman. Troisièmement, l'aventure du héros a toujours comme
objectif de sauver une ou des victimes, régulièrement les citoyens de la ville de New
York, et de les protéger contre les vilains. L'idéologie dominante au sein des films de
super-héros est que le bien s'oppose au mal: finalement, le bien gagne toujours le
combat. À ce sujet, Eco ajoute que « naturellement, ils [les super-héros] sont tous
foncièrement bons, moraux, respectueux des lois naturelles et humaines, aussi est-il
13
légitime (et beau) qu'ils mettent leurs pouvoirs au service du bien» (Eco, 2005,
p. 142). De toute évidence, il n'y aurait pas de héros sans vilain, (Rogel, 2012, p. 54)
et pas de combat sans héros.
5
L'ouvrage de Gabilliet contient, en annexe, le Comics Code et ses modifications au fil du temps
(p. 417- 430).
14
Ainsi, « rapporter un film à un genre >> crée une identité générique au film, ce qui
permet au spectateur de reconnaître ce que Francesco Casetti appelle « des formules
de communication établies » (Casetti, 2005, p. 298). Du côté de la réception, cette
catégorisation du film permet de déterminer l'horizon d'attente du spectateur.
Inversement, ce dernier est conditionné par les conventions génériques. Par exemple,
si un spectateur s'attend à voir un regroupement de bandits, habillés en veston,
possédant tous des armes à feu et fumant le cigare, il n'ira pas voir une comédie
musicale. C'est ainsi que le choix filmique du spectateur est conditionné selon le
film, tout comme le genre conditionne les horizons d'attente, notamment par ses
procédés significatifs et l'utilisation de stéréotypes.
6
L'utilisation de ce terme est relative au genre du cinéma et non pas au générique du film (le
défilement des noms de la production filmique).
PARTIE 2: CADRE THÉORIQUE
Maigret ajoute que les cultural studies envisagent un point de rencontre entre
différents champs et disciplines : litteracy studies, english studies, film studies, media
studies, gender studies, gay et queer studies, black et ethnie studies, etc., notamment
« en se ralliant aux courants féministes et en faisant siennes les luttes des minorités
"ethniques" et "homosexuelles"» (ibid.). De plus, ces théories culturelles sont
«toutes [ ... ] attaché[e]s à la réhabilitation de la culture populaire et de masse»
(Maigret, 2007, p. 142).
18
1.5.1 La représentation
L'une des notions clés théorisées par les cultural studies est celle de représentation,
définie comme active et créative. Les tenants des théories des cultural studies
conçoivent que le terme est éminemment polysémique. Dans l'ouvrage
Representation : cultural representation and signifying practices, Stuart Hall
explique que la représentation connecte le sens et le langage à la culture :
Representation means using language to say something meaningful about, or to
represent, the world meaningfully, to other people. [. ..] Representation is an
essential part of the process by which meaning is produced and exchanged
between members of a culture. It does involve the use of language, of signs and
images which standfor or represent things (Hall, 1997, p. 15).
Une image peut donc contenir plusieurs représentations et plusieurs sens, ce qui
justifie la polysémie du terme. Hall ajoute que représenter quelque chose, c'est le
décrire et le symboliser dans un contexte donné. De plus, il explique que la
représentation est "constitutive" et non pas seulement réflexive ou rétrospective :
Ainsi, sans vouloir étendre indéfiniment le territoire du discursif, la manière
dont les choses sont représentées, ainsi que les « machineries » et régimes de
représentation à l'intérieur d'une culture, ne joue pas un rôle purement réflexif
et rétrospectif, mais réellement cons.titutif. Cela donne à la question de la
culture et de l'idéologie, et aux scénarios de représentation - la subjectivité,
l'identité, la politique - une place non seulement expressive, mais aussi
formatrice dans la constitution de la vie sociale et politique (Hall, 2007, p. 205).
Pour Chris Barker, la notion de représentation est aussi constitutive: « that is, on how
the world is social/y constructed and represented to and by us in meaningful ways.
Indeed, the central strand of cultural studies can be understood as the study of
culture as the signifying practices of representation » (Barker, 2003, p. 8). Ces
procédés significatifs se présentent de différentes manières, entre autres, par la
narration, l'esthétique ou le genre. Ce concept clé nous intéresse tout particulièrement
du point de vue de son rapport avec Je cinéma, l'idéologie et la société.
19
Dans son ouvrage Hollywood et le rêve américain : cinéma et idéologie aux États-
Unis, Anne-Marie Bidaud retient là définition de l'idéologie de Louis
Althusser : « une idéologie est un système {possédant sa logique et sa rigueur
propres) de représentations (images, mythes, idées ou concepts selon le cas) doué
d'une existence et d'un rôle historique au sein d'une société donnée» (Bidaud, 2012,
p. 17). Bidaud ajoute que l'idéologie se recompose à l'infini suivant les évènements
historiques et politiques (Bidaud, 2012, p. 17). Cependant, d'après Katie Milestone et
Anneke Meyer, l'idéologie structuraliste rencontre deux problèmes lorsqu'il est
question de l'utiliser avec l'approche des cultural studies. Premièrement, le concept
d'idéologie dominante est: « too fzxed a notion for understanding how power and
ideology work » (Milestone et Meyer, 2012, p. 17). Deuxièmement, en rapport avec
l'étude des médias contemporains, les auteures ajoutent: «this is a very fzxed and
static picture which we do not necessarily recognize in contemporary society of
media [ .. .} There is certain/y a/ways scope for resistance, challenge and change »
(ibid.). À la suite de ces deux critiques, nous pouvons conclure que l'utilisation de la
notion d'idéologie, dans le sens employé par les structuralistes, n'est pas appropriée
pour ce mémoire. Dans leur ouvrage Gender & popular culture, Milestone et Meyer
proposent d'utiliser la notion d'hégémonie élaborée par Gramsci au lieu de celle
d'idéologie dominante. Elles expliquent que le terme « hégémonie» réfère à une
forme de pouvoir qui est : « characterized by leadership and the manufacturing of
consent rather than imposition and control» (2012, p. 18). L'hégémonie est:
« exercised by the ruling classes, but it is fragile and has to be constant/y strugg/ed
for and maintained against challenges from the subordinate group » (ibid.). De cette
manière, il y a une ouverture aux changements sociaux et l'idéologie hégémonique
peut être remplacée ou modifier certains aspects qui la composent. Ce concept se
nomme co-option ou incorporation. L'idéologie peut maintenir son statut
hégémonique en incluant de nouveaux aspects de l'opposition ou de nouvelles
20
Lorsqu'il est question d'étudier le rapport entre les sexes, les théories des cultural
studies se positionnent sous le champ des gender studies. Cependant, il est important
de préciser deux points à propos de ces théories. Premièrement, il est essentiel de
faire la distinction entre les termes « sexe )) et « gender ». Le sexe réfère aux
caractéristiques biologiques de l'homme et de la femme, tandis que legender réfère
plutôt à une construction culturelle et sociale renvoyant à des attentes et à des
contraintes (Dow et Wood, 2006, p. xiii). Étant donné que nous étudions
principalement la« féminité)) dans ce mémoire, le concept de gender s'impose, car il
« permet de distinguer le sexe biologique du sexe social, en mettant l'accent sur le
caractère construit, culturellement et historiquement, des modèles de comportements
21
sexués» (Méjias, 2005, p. 10). Si legender était naturel, c'est-à-dire inné comme le
sexe biologique, il serait universel, identique et inchangé à travers les différentes
cultures et le temps (Milestone et Meyer, 2012, p. 12). Deuxièmement, je pense qu'il
est primordial de faire état du débat au sein du milieu des chercheurs de ce domaine
en ce qui concerne l'objectivité scientifique et l'implication politique. L'une des
positions présentes dans ce débat est qu'étudier le gender signifie que le chercheur
s'implique politiquement auprès de son sujet d'étude en excluant toute objectivité.
Élise Dallimore mentionne que: « this is particularly true for the traditional social
scienti.fic research, which prizes objectivity and c/aims to be immune to political
motivation. Most feminist epistemologies, in contras!, assume that objectivity is a
fiction thal serves political purposes » (Dallimore, 2000, cité dans Dow et Wood,
2006, p. xiv). Au sein de ce débat, nous tenterons d'appliquer l'objectivité requise
tout en sachant qu'elle est limitée par le choix du sujet. Comme le mentionne Hilary
Rose: «feminist methodology attempts to 'bring together subjective and objective
ways of knowing the world' rather than exc/uding one and privileging the other »
(Rose, 1982, p. 368 cité dans Dallimore, 2000, p. 160). Étudier legender, c'est aussi
étudier les questions de la féminité et de la masculinité en parallèle l'une de l'autre.
Comme expliqué plus haut, nous trouvons qu'il est important de clarifier notre point
de vue sur les théories féministes, notamment en regard de notre objet d'étude.
D'après les théoriciens de ce champ d'études (Dow et Wood, 2006; Méjias, 2005),
nous sommes présentement dans 1'ère de la troisième vague du féminisme. Les
femmes de la première vague revendiquaient« l'égalité des droits entre les sexes»,
notamment en ce qui concerne le droit à l'éducation et les droits civiques (Méjias,
2005, p. 116). Après la récession de 1929, le totalitarisme et la Deuxième Guerre
mondiale, le courant est plus faible. L'obtention de vote pour les femmes semble
22
aussi avoir conclu le sujet, à l'époque. La deuxième vague prend forme dans les
années 1960 et concernê surtout « le droit pour les femmes de disposer de leur corps,
d'abord autour de la question de l'avortement et de la contraception» (ibid., p. 118).
Le mouvement se divise tranquillement en trois lignes de pensée : libérale, culturelle
et radicale. La pensée libérale est la première à se manifester et elle : « embraces the
premise thal men and women are equal as humans and should be treated as such »
(Dow et Wood, 2006, p. xiv). L'approche culturelle continue toujours, à ce jour,
d'influencer les recherches féministes et célèbre «a distinctive women 's culture thal
rejlects essentialist views offemininity, has in.fluenced research thal argues for the
superiority of feminine modes of communication distinguished by, for example,
collaboration, relationality, and lack of hierarchy » (ibid.). La pensée radicale
considère que: «feminist goals cannat be realized without total social
transformation» (ibid.). Malgré que cette deuxième vague féministe soit toujours
présente, une troisième vague émerge dans les années 1980, communément associée
au post-féminisme. Valdivia et Projansky expliquent son émergence dans les médias
populaires :
In the early 1980s, popular media in the United States began using the lerm
postfeminism. Media drew attention to the defeat of the ERA in 1982 and the
continuing increase of middle-class women in higher education and
professional occupations and then defined these social changes as evidence of
the success of feminism. Popular media began to assume feminism was no
longer needed and women were now beyond (i.e., «post») the needfor feminist
activism (Valdivia et Projansky, 2006, p. 284).
Dow et Wood ajoutent que cette troisième vague de théories: « place a great deal of
emphasis on the politica/ implications of performing feminist identity and of
resistance to gendered norms through persona/ appearance, behaviour, and
sexuality >>(Dow et Wood, 2006, p. xxii). Le post-féminisme est en effet très présent
de nos jours et regroupe la génération des jeunes femmes d'aujourd'hui, comme le
mentionne Angela McRobbie dans ses recherches (2000, 2004, 2011 ). McRobbie
explique entre autres que la femme est individualisée, ce qui accentue l'élargissement
23
de la liberté et des choix (2004, p. 260). Toutefois, McRobbie a une vision très
critique du post-féminisme. Elle dénonce les limites de ce courant et, notamment, ses
tendances dépolitisantes, individualistes et restrictives. L'auteur décrit le statut de la
femme au sein du post-féminisme et de la société d'aujourd'hui:
Individuals must now choose the kind of lift they want to live. Girls must have a
/ifeplan. They must become more reflexive in regard to every aspect of the ir
lives, from making the right choice in marriage, to taking responsibility for
the ir own working lives, and not being dependent on a job for /ife or on the
stable and reliable operations of a /arge-sca/e bureaucracy which in the past
wou/d have al/ocated its employees specifie, and possibly unchanging, roles
(ibid., p. 261).
Les femmes peuvent voter, étudier dans les universités, posséder une compagnie,
choisir de se marier et d'avoir des enfants, profiter de leur sexualité, parce qy'elles
ont le choix. La jeune femme est considérée comme un sujet potentiel d'une grande
capacité (McRobbie, 2011, p. 181 ). Comme le mentionne Anita Harris dans Future
girl :young women in the twenty-jirst century (2004), la jeune femme est une « can-
do girl>>. Cette génération est ambitieuse, éduquée, mais plus anxieuse. Elle est un
bon exemple de succès et d'échec. Nous devons cependant préciser que le post-
féminisme n'est pas un courant unifié et que sa définition ne fait pas consensus au
sein des théories. Pour certains, le post-féminisme est un courant qui renvoie à toute
évolution des précédents théories féminines, pour d'autres, celui-ci renvoie à une
théorie poststructuraliste/constructiviste tentant notamment à déconstruire le
binarisme du genre et de la sexualité. Cette deuxième idée est celle abordée par Judith
Butler au sujet d'une construction performative du gender (Butler, 1990) et celle se
rapprochant de la vision défendue par Dow et Wood (Dow et Wood, 2006). Pour
d'autres encore, le post-féminisme est un courant qui renvoie plus simplement à une
vision selon laquelle le féminisme est dépassé et n'a plus sa raison d'être,
justifiant l'utilisation du terme « post». Cette vision pose communément que tous les
acquis demandés par les générations précédentes ont été obtenus et qu'aucune
contrainte ne semble dorénavant peser sur les genres et sur les femmes. Dans ce
24
7
Gaudreault, A. (éd.), Moine, R. (éd. invitée) et Sellier, G. (éd. invitée). (2012). Genre/Gender.
Cinémas, 22(2-3).
26
policiers : lorsque l'agente est vêtue d'un tailleur noir ou de l'uniforme bleu,
typiquement masculin, son statut est rehaussé par l'unisexualité de l'habit. L'étude
réalisée par François-Xavier Molia sur la figure de l'empowerment féminin au sein
des films catastrophes hollywoodiens8 des années 1990 constitue aussi un excellent
exemple. Il explique que «sur ces récits célébrant l'héroïsme masculin viennent se
greffer des images de l'autonomie ou de la puissance féminine qui dérogent aux
représentations dominantes» (Molia, 2012, p. 82). En comparant les films des années
1970 et 1990, il constate que les personnages féminins n'ont plus besoin « de se
soumettre au leadership masculin» (ibid., p. 83) afin de surmonter les obstacles du
récit, et que les emplois qu'elles occupent reflètent les changements sociaux
intervenus à travers le temps. Il s'interroge cependant sur la diversité des récits de
films catastrophes, puisque quelques-uns tendent vers une réaffirmation patriarcale,
tandis que d'autres tentent de construire un récit au féminin. Dans Les femmes
d'action au cinéma, Raphaëlle Moine renvoie le premier type de récit à un courant
conservateur et le second à un courant progressiste. Elle ajoute que ces deux courants
peuvent être présents au sein d'un même film (Moine, 2010, pp. 49-51).
8
Exemples de films catastrophes hollywoodiens utilisés par Mo lia: The Poseidon Adventures (Ronald
Neame, 1972), Volcano (Mick Jackson, 1997), Towering iriferno (John Guillermin, 1974 ), Twister (Jan
de Bont, 1996) et Titanic (James Cameron, 1997).
27
McRobbie ajoute que les nouvelles jeunes femmes sont assez confiantes pour
déclarer leur anxiété envers l'échec possible de trouver un mari. Cependant, ce
manque est contré par une confiance sexuelle, car « being without a husband does not
mean they will go without men» (ibid, p. 262). De cette manière, les femmes qui
adhèrent au courant post-féministe acceptent un possible échec relié au mariage, mais
sans délaisser le plaisir sexuel. L'auteure explique que cette liberté régularisée peut
backfire, causant un effet comique, et que cette situation donne lieu, à son tour, à des
pathologies délimitées qui définissent avec soin les paramètres de ce qui constitue
une existence « vivable » pour les jeunes femmes (McRobbie, 2004, p. 262).
1. 7 Le stéréotype
Dans les années 1920, le stéréotype devient un objet d'intérêt pour les sciences
sociales. Dans son ouvrage Opinion publique, publié en 1922, le publiciste américain
Walter Lippman est le premier à définir le terme comme outil théorique. Il explique
que le stéréotype est emprunté au langage courant et désigne les images mentales
médiatisant notre rapport au réel (2004, pp. 43-52). Ils proviennent de la tradition, de
l'art, de nos codes moraux, de notre philosophie sociale et de nos agitations politiques
(2004, pp. 46-50). Lippman ajoute que les systèmes de stéréotypes sont :
an ordered, more or less consistent picture of the world, to which our habits,
our fastes, our capacities, our comforts, and our hopes have acfjusted
themselves. They may be not a complete picture of the world, but they are a
picture ofa possible world to which we are adapted (2004, p. 52).
que nous percevons est d'ores et déjà modelé par les images collectives que nous
avons en tête, disait Lippmann, ce que notre culture a, au préalable, défini pour
nous» (Amossy et Herschberg-Pierrot, 2011, p. 39). De cette façon, «les
comportements de la femme reflètent des rôles sociaux » puisque ce que la société
attend d'elle «détermine ses façons de faire et d'être » (ibid., p.40). Comme
l'explique Amossy et Herschberg-Pierrot:
la femme apparaît [ ... ) comme soucieuse du bien-être de son entourage et
dévouée, alors que les hommes paraissent plus désireux de s'imposer et de
contrôler leur entourage. Il ne s'agit pas là de traits innés définissant la féminité
comme telle, mais des effets de la distribution sociale des rôles entre les
sexes (ibid.).
C'est donc la culture dans laquelle nous vivons qui détermine ces divers
comportements sociaux.
De plus, Perkins ajoute que les stéréotypes peuvent être supportés de deux façons. La
première consiste à soutenir le stéréotype en y croyant. Pour expliquer cette notion,
l'auteur utilise l'expression « believed in ». La deuxième manière est de connaître
l'existence des stéréotypes à propos d'un certain groupe, mais de faire le choix de ne
pas y croire (ibid).
9
Memmi, A. ( 1957). Portrait du colonisé. Paris : Gallimard.
30
existence ou leur persistance que la manière dont ils sont reconfigurés »(Macé, 2007,
para. 13). Macé ajoute cependant que la définition traditionnelle du stéréotype «doit
être complétée par celles de contre-stéréotype et d'antistéréotype » (ibid.). Malgré
que l'auteur applique ces notions aux récits télévisuels et à la diversité culturelle de la
télévision française, nous pensons que cette nomenclature est pertinente et qu'elle
peut s'appliquer aux super-héroïnes.
Le stéréotype peut être positif ou négatif. Les stéréotypes positifs sont de nature
subalterne, mais contiennent tout de même une certaine gratification du point de vue
du rapport des femmes et des hommes, comme dans le domaine du divertissement,
par exemple, tandis que les stéréotypes négatifs renvoient plutôt « à la duplicité, la
fourberie, la jalousie, le naturel, l'incivilité » de cette relation entre les sexes (Macé,
2007, para. 14).
[et] d'autre part à servir ces mêmes discriminations>> (ibid, para. 16). Selon Macé,
les contre-stéréotypes sont en fait des néostéréotypes. Ces derniers, définis par Stuart
Hall, sont « un affichage des différences "qui ne fait aucune différence" du point de
vue de l'économie générale des discriminations ethnoraciales » ou sexuelles (ibid,
para. 17). En d'autres termes, le contre-stéréotype devient stéréotype.
Nous pourrions donc l'appliquer à la notion de rapport entre les sexes dans le cas où
l' antistéréotype déstabilise « les attendus essentialistes, culturalistes et
hégémoniques» de l'ethnosexualisation des sexes, mais aussi de la «normalité»
majoritaire de l'homme.
D'un point vue plus approfondi sur le plan idéologique, sociologique et culturel,
Perkins propose différentes variations des stéréotypes en les catégorisant en six
groupes. Elle explique que : « the nature and form of stereotypes vary, thal this
variation may not be arbitrary but may be related to the ideo/ogica/ or aesthetic
fonctions of the stereotypes and/or to the structural position of stereotyped group »
(Perkins, 1979, p. 145).
1- Groupes structurels majeurs : couleur, gender, etc.;
2- Groupes structurels significatifs et importants : ethnies, artistes, adolescents,
etc.;
3- Groupes isolés : gais, gypsis, etc.;
4- Groupes paria : gais, blacks, etc. (ces groupes appartiennent toujours à un
autre groupe 1 à 3);
5- Groupes opposés : classe bourgeoise, redneck, fasciste, etc.;
32
Ces six catégories seront explorées comme une base analytique de ce mémoire, car
nous les considérons comme étant complètes et pertinentes en regard du sujet de la
représentation féminine. De toute évidence, nous pouvons catégoriser les personnages
féminins dans les groupes structurels majeurs, car il est question de gender.
À l'intérieur d'un film, nous explique Richard Dyer, une méthode de« stéréotypage »
passe par l'iconographie (Dyer, 2006, p. 357). En fait, l'auteur ajoute: «films use a
certain set of visual and aura/ signs which immediate/y bespeak homosexuality [par
exemple] and connote the qualifies associated, stereotypical/y, with il » (ibid.). Les
théories féministes des années 1970 tentaient de démontrer que le cinéma est
« modelé en fonction des rôles sexuels hautement typés », en faisant allusion à la
femme au foyer, à la femme fatale et à la Lolita, par exemple. En se concentrant
principalement sur les studios hollywoodiens, elles expliquaient que le cinéma « était
façonné par un regard résolument masculin, un regard 'fétichisant', où la femme,
contrainte à la passivité, était dépeinte en tant qu'objet sexuel » (Chemartin et Dulac,
2005, p. 143). Laura Mulvey, dans Visual Pleasure and Narrative cinema, ajoute
qu'en utilisant de gros plans filmiques des jambes ou du visage féminins, la femme
dite « passive » s'expose à deux niveaux : «as erotic objectfor characters within the
screen story, and as erotic abject for the spectator within the auditorium, with a
shifting tension between the looks on either side of the screen » (Mulvey, 1975,
p. 11). Au contraire, le personnage masculin dit actif contrôle les fantasmes
diégétiques et la narration, « making things happen ». Le personnage principal
masculin projette donc ses fantasmes sur le personnage féminin, qui est pensé et
33
CHAPITRE II
MÉTHODOLOGIE ET OBSERVATIONS
Dans Décoder les séries télévisées, Sarah Sepulchre explore les différents aspects de
l'analyse appliquée aux téléséries américaines (public, personnages, sérialité, récit).
Reprenant la théorie de Philippe Hamon dans Pour un statut sémiologique du
personnage, Sepulchre explique que celui-ci remplit trois fonctions incontournables :
il est un marqueur typologique, un organisateur temporel et un lieu d'investissement.
Sepulchre propose donc une distinction quantitative et qualitative entre les
personnages principaux et secondaires en utilisant les 6 procédés d'Hamon
(Sepulchre, 2011, pp. 124-125):
36
Mis à part la dimension sérielle de cette grille, tous ses éléments peuvent s'appliquer
au médium cinématographique. Ces six procédés seront d'une importance capitale
afin de démontrer que les personnages féminins sont bel et bien des protagonistes, car
les films de notre corpus contiennent tous plusieurs personnages principaux, des
héros multiples, comme le mentionne Sepulchre. Ces héros interagissent avec leur
entourage de différentes manières et à différents niveaux; aussi cette grille d'analyse
nous permettra de préciser à quel type d'héroïnes, ou plutôt de super-héroïnes, nous
avons affaire. De plus, la théorie du stéréotype joue un rôle essentiel dans l'analyse
du personnage, nous signale Sepulchre, car « 1'analyse des stéréotypes mobilise des
éléments hétérogènes appartenant aux différents niveaux du récit et du "hors-
texte" (les genres, par exemple)» (2011, p. 137). De cette manière, les deux grilles
d'analyse du personnage décrites ci-haut se complèteront, créant une seule grille
rigoureuse et adaptée au genre de super-héros. Le tout sera ensuite mis en relation
avec les théories précédemment présentées concernant le stéréotype et leurs
différentes structures et variations.
37
Depuis le début du 21 e siècle, soit sur une période de quinze ans, 72 longs métrages
ont été réalisés selon la définition du genre de super-héros élaborée précédemment
(voir Annexe C). Évidemment, une telle quantité de films est trop grande pour
pouvoir être traitée ici, mais, de toute manière, ils ne sont pas tous pertinents en
rapport avec le sujet de la représentation féminine. Voici donc les critères de sélection
appliqués à cette liste de films qui nous ont permis de réduire notre corpus à trois
films.
Premièrement, les films du corpus doivent être des longs métrages de fiction
américains réalisés entre 2000 et aujourd'hui. Deuxièmement, ils doivent appartenir
au genre de super-héros. Ce sont ces deux critères qui ont permis de réduire la liste à
72 films. Pourquoi la sélection commence-t-elle avec l'année 2000? Grâce à une
analyse quantitative, nous avons constaté que le premier volet de la trilogie X-Men de
Ryan Singer a amorcé la production de film de super-héros. Après deux ans
d'absence (1998-1999), puis avec une production minime, les films de super-héros
percent le marché au début des années 2000 : entre les années 2000 et 2005, la
38
production se situe entre 4 et 10 films par année 10; entre 2006 et 2010, le nombre de
productions se tient entre 3 et 4, mis à part l'année 2008 où 9 films ont été produits;.
finalement, entre les années 2011 et 2014 11 , la production oscille entre 5 et 6 films
chaque année (voir le tableau 4.2).
Troisièmement, les films doivent posséder une ou des femmes super-héroïnes comme
personnages principaux, ce qui réduit la liste à 16 films. Quatrièmement, l'analyse
filmique que nous utiliserons se concentre principalement sur les personnages. Ainsi,
les films choisis ne doivent pas appartenir à une même suite ou seque/ afin d'éviter la
surcharge inutile d'informations.
10
Mis à part l'année 2001 durant laquelle aucun film de super-héros n'a pris l'affiche. Notre hypothèse
personnelle face à cette absence de production est que les 4 films de l'année 2000 visaient à tester le
marché étant donné que très peu de films de super-héros avaient atteint le statut de blockbuster
auparavant. De plus, la production revient à 4 films en 2003, probablement à cause du temps de
production d'un film de cette envergure, soit environ 2 ans.
11
L'année 2015 ne pouvait pas faire partie de notre analyse étant donné que les données ont été
récoltées à la fin de l'année 2014.
39
Ces dix films constituent notre corpus de référence. Toutefois, étant donné notre
méthodologie de type qualitative et les limites propres à l'exercice du mémoire de
recherche, nous avons décidé de limiter l'analyse détaillée à 3 films. Ainsi, les films
The Avengers, Fantastic four, et X2 serviront de corpus à notre analyse fine des
personnages féminins. Nous avons choisi X2 (2003) parmi les 7 films X-Men, car il
est celui qui introduit le mieux les personnages et l'univers de ceux-ci. Le film
Fantastic Four (2005) a été sélectionné puisqu'il présente la première équipe de
super-héros publiée par Marve/ Comics. Finalement, The Avengers (2012) est un film
incontournable de cette liste, car il présente la combinaison de plus de cinq autres
films de Marvel Entreprises.
Partant d'un corpus de référence comportant dix films, nous tenterons d'interroger la
représentation féminine au sein du genre de super-héros des années 2000. L'analyse
comparative nous permettra d'apprécier les transformations récentes du personnage
féminin au sein du genre, mais aussi dans l'ensemble du cinéma américain
contemporain et, par extension, dans la société américaine actuelle.
40
Dans cette section, les films composant notre corpus sont définis en trois temps: la
genèse, le synopsis et les observations liées aux personnages féminins détaillés selon
la grille d'analyse explicitée ci-haut. 12
12
Dans l'annexe A, vous trouverez les fiches filmiques.
13
Après 2003 : House M.D (FOX, 2004- 2012), 2 épisodes; Superman Return (2006); Jack the Giant
Stayer (2013): X-men: Days offuture past (2014).
41
Après une tentative d'assassinat sur le Président des États-Unis, Professeur Xavier
envoie une équipe (Storm et Jean Grey) récupérer le mutant 14 en cause. Durant ce
temps, l'Académie se fait attaquer par les forces militaires et quelques jeunes mutants
sont kidnappés, tandis que d'autres réussissent à s'échapper. Professeur Xavier et
Cyclops seront, à leur tour, fait prisonniers, dans l'idée de faire fonctionner le
Cérébro 15 que William Stryker, un chef d'operations militaires et scientifiques, a
créé. L'équipe de Magneto et les X-Men coopèrent au sauvetage des prisonniers,
mais avec des objectifs distincts. Magneto et son équipe s'échappent de l'usine sans
difficulté, tandis que les X-Men perdront l'une des leurs.
14 Au sein de l'univers des X-Men, il y a les mutants, des humains dotés d'un gène leur permettant de
posséder une caractéristique particulière, et les humains.
15
Le Cerebro est une machine qui permet de connecter le cerveau du professeur Charles Xavier à tous
les mutants et êtres humains du monde. La machine originale est construite dans les souterrains de
l'école des mutants tandis que sa copie a été construite dans la base de Stryker. Grâce à ses pouvoirs,
seul le professeur Xavier peut faire fonctionner cette machine et sa copie. Le Cerebro permet de
localiser une personne ou, si le professeur se concentre fortement, de tuer une personne.
42
En ce qui a trait à l'autonomie différentielle, nous pouvons constater que les deux
personnages féminins ne sont pas régulièrement seuls à l'écran. Ororo Munroe est le
personnage qui possède le moins de temps seul pour un total de 32 secondes. Elle
passe la majorité de son temps avec Kurt/Nightcrawler. Jean Grey occupe 5 minutes
et 44 secondes seule. Cependant, la majorité de ce temps est occupé avec Scott
Summers/Cyclops, un personnage secondaire et son amoureux, et durant la scène 36
lorsqu'elle sauve le groupe au prix de sa vie. En ce qui concerne la durée d'écran
pendant laquelle les personnages apparaissent avec un autre personnage principal,
44
16
Nous apprendrons dans le troisième volet que ces flammes signifient que son alter ego, The Phoenix,
commence à émerger.
,----------------------- ---
45
collier. Son costume X-Men est en cuir noir épais, légèrement moulant et contient des
épaulettes en cuir à l'extérieur.
Jean Grey et Ororo Munroe sont professeures à l'école des mutants, où elles habitent
depuis leur jeune âge. Comme collègue, nous retrouvons Scott Summers/Cyclops et
le professeur Charles Xavier, directeur de l'école. Jean est aussi médecin et ne
possède aucun collègue dans ce domaine. Leurs métiers entrent souvent en rapport
avec leurs aventures, étant donné que l'école est aussi leur maison. De ce fait, vie
professionnelle et personnelle sont reliées. Dr. Grey soignera les mutants blessés et,
avec Storm, elles accompagneront les jeunes au musée, où elles devront faire de la
46
Au sein de l'histoire, les personnages de Jean et Storm posent certaines actions qui
font avancer le récit. Tout d'abord, avec la nouvelle expansion de ses pouvoirs, Jean
possède maintenant la capacité de connaître le déroulement d'un évènement qui se
produit dans un autre lieu. Cela permet, à plusieurs reprises, de localiser des mutants
en danger et de faire connaître à d'autres personnages des informations qui leur sont
inconnues. Par exemple, dans la scène au musée, Storm demande à Jean et Cyclops
où sont Bobby, Rogue et Pyro. En utilisant ses pouvoirs, Jean ressent que quelque
chose se déroule dans la cafétéria et permet de localiser les trois jeunes causant des
problèmes. Un autre moment se produit lorsque, dans la base militaire de Stryker, elle
sent la présence de Scott/Cyclops. Elle réussit à protéger Magneto et Mystique avant
que Scott ne projette un rayon laser. Cette nouvelle habileté lui permet aussi d'alerter
les X-Men que la base de Styker va s'effondrer et, un peu plus tard, que l'eau
approche rapidement vers le jet, qui ne peut plus décoller. Lorsque Jean réalise que le
barrage s'est effondré et que l'eau du fleuve arrive vers le jet, elle décide de sortir et
de le faire décoller avec ses pouvoirs. En tant que héros, Jean ira jusqu'à donner sa
vie afin de sauver son équipe, sa famille et ses amis. Une seconde action liée à ses
pouvoirs est celle d'infiltrer la mémoire des gens. Lorsque Magneto évite que le jet ne
s'écrase au sol, il raconte aux X-Men que Stryker possède une base, mais qu'il ne
connaît pas son emplacement. À la suite de cet échange, Jean infiltre l'inconscient de
Kurt, avec son accord, et permet de localiser la base à Alkali Lake. Un troisième
élément important est qu'au combat, Jean ne tue personne. Elle projette ses
adversaires sur les murs ou les immobilise. En combattant Scott, dans les scènes
finales, elle le projette sur un mur, car elle ne veut pas le blesser. Cependant, Scott
revient à la charge et Jean empêche son attaque en créant un bouclier, ses yeux
47
s'enflammant. Jean attaque Scott avec le bouclier et crée une immense explosion. Le
combat entre Scott et Jean sera éventuellement la cause de l'effondrement de la base
souterraine. La scène finale concernant Jean est le moment clé du personnage. Elle
décide de sauver ses amis en se sacrifiant. Pendant ce sacrifice, elle réussit à faire
décoller le jet et à empêcher l'eau de les submerger. Elle bloque les pouvoirs de tous
les autres mutants, pour être certaine qu'ils ne se mettent pas en danger. Jean infiltre
le cerveau du Professeur et le fait parler à sa place afin de dire ses adieux à tous.
Ororo Munroe/Storm est le personnage qui prend en charge l'infiltration des X-men
dans la base de Stryker. Dans le jet, elle explique comment la base est construite et
comment y entrer. Dans la salle de contrôle de la base, Storm attribuera les tâches à
chacun et se mettra responsable de récupérer les jeunes mutants capturés.
Accompagnée de Kurt, elle trouvera les enfants et réussira à les sortir de leur cage.
Storm est aussi le personnage qui s'inquiète le plus des autres mutants. Elle s'assure
que tout le monde est sain et sauf: elle est heureuse lorsque Wolverine revient de son
voyage, elle s'inquiète que Kurt ait froid lorsqu'elle crée une tempête, et lorsque
Rogue écrase le jet au sol, Storm va la rassurer. Ororo Munroe/Storm est aussi celle
qui posera les bonnes questions afin d'en connaître davantage sur une situation. Par
exemple, lors de la discussion entre Magneto, Jean, Mystique et Wolverine à propos
des plans de Stryker, elle demande à Magneto comment Stryker a été mis au courant
de l'existence de l'école des mutants. Le moment clé du personnage de Storm est
lorsqu'elle sauve le Professeur de l'emprise de Jason et, par conséquent, sauve tous
les êtres humains. Elle demande à Kurt de la téléporter à l'intérieur du Cérébro et
l'avertie que la petite fille est une illusion. Avant de créer une tempête dans le
Cérébro, elle avertit Kurt que ce serait mieux pour lui de quitter, mais il refuse. Avec
le froid, Jason/la petite fille est déconcentré et le Professeur reprend le contrôle de ses
propres pensées. À la fin du film, elle essaie de faire démarrer Je jet, sans succès. Jean
prend le contrôle, laissant Storm impuissante face à la situation. Lors de la dernière
48
Jean et Storm partagent l'écran lors de moments charnières. Ensemble, elles pilotent
le jet des X-men et partent en mission récupérer le mutant responsable de l'attaque
sur le Président des États-Unis. Dans une église abandonnée, à Boston, elles trouvent
Kurt/Nightcrawler. Un peu ennuyée que Kurt se téléporte constamment pour créer
une diversion, Storm regarde Jean, en guise d'approbation. Jean lui fait un signe de la
tête. Par la suite, elles utilisent leurs pouvoirs pour le neutraliser : avec un éclair,
Storm fait exploser la poutre où se tient Kurt et Jean le soutient au vol. Elles
comprennent rapidement qu'il n'est pas dangereux et blessé. De retour dans le jet, les
deux femmes essaient de contacter un X-Men, mais personne ne leur répond.
Finalement, Wolverine répond à l'appel et demande à Storm de venir les chercher
(Wolverine, Bobby, Rogue et Pyro) à la maison de Bobby Drake, car ils sont
encerclés de policiers. Après avoir récupéré les X-Men chez Bobby, Storm remarque
que le jet est localisé par 1'air force américaine. Jean et Storm ne répondent pas à la
demande de descendre le jet de 20 000 pieds. Ensuite, les pilotes de l'air force tentent
de lancer des missiles sur le jet, mais Storm utilise ses pouvoirs pour créer une
dizaine de tornades et réussit à neutraliser les deux pilotes. Cependant, l'un d'entre
eux parvient à lancer deux missiles sur le jet, comme prévu. Avec ses nouvelles
capacités, le Phoenix, Jean fait exploser un missile, mais ne réussit pas à neutraliser le
deuxième et le missile touche le jet.
En résumé, Jean Grey essaie toujours de protéger sa famille et ses amis. Elle s'assure
que tous se portent bien après un évènement dangereux, comme pendant l'attaque du
jet. De plus, Jean s'inquiète de Wolverine autant que de Scott, malgré qu'elle ne soit
pas amoureuse de lui. Ororo Munro/Storm est soucieuse des membres de son équipe
et s'assure qu'ils sont en sécurité. De plus, elle agira en tant que chef d'équipe lors
des différentes missions.
49
L'univers des X-Men se déroule dans un monde où l'existence du gène mutant existe.
Selon les recherches médicales à ce sujet, le gène est transmis par l'agent masculin.
Cependant, tout le monde n'est pas mutant puisque le gène ne se manifeste pas chez
plusieurs êtres humains. Un second aspect du genre de super-héros est le costume de
combat. Les X-Men possèdent tous un habit de combat en cuir noir épais et ajusté aux
besoins du mutant : Storm a une cape et Cyclops a des lunettes, par exemple.
Procédé 6 : Métadonnées
Quelles sont les métadonnées livrées à propos du personnage?
Mis à part que nous connaissons l'emplacement où elles habitent et que nous les
suivons pendant leurs missions, nous ne voyons pas ces personnages dans leur vie au
quotidien : se brosser les dents, manger, etc. Dans le premier volet de la trilogie X-
Men, Jean Grey apparaît pour la première fois dans son milieu de travail, devant le
Sénat américain, en train de défendre les droits des mutants. Ensuite, elle soigne
différents mutants au courant de l'histoire et enseigne aux jeunes. Dans le deuxième
volet, elle apparaît aussi en action professionnelle lorsqu'elle accompagne un groupe
de jeunes au musée. Jean Grey est possiblement le personnage qui évolue et change le
plus au sein de la trilogie. Dans le premier volet, elle est plus effacée, car le film se
concentre sur l'introduction de plusieurs personnages et de l'univers X-Men.
Cependant, dans le deuxième volet, malgré que l'histoire ne soit toujours pas centrée
sur elle, nous en connaissons davantage sur ses pouvoirs et ses valeurs. Malgré que
Jean Grey meure à la fin de X2, cela ne signifie pas que The Phoenix est éteint. Dans
le troisième volet, elle n'est plus Jean, mais son alter ego: une femme violente et sans
remords. Elle devient la mutante la plus puissante de tous, mais sa force est
50
incontrôlable. Au début de X-Men : The Last Stand (2006), elle tue Scott et
éventuellement, tuera le Professeur Xavier. Pendant le combat final, Jean exécute
plusieurs mutants et soldats, mais Wolverine, immortel, réussit à s'approcher d'elle et
à la tuer.
Le scénario du film Fantastic Four (2005) est inspiré de la bande dessinée Marve/ du
même nom, créé par Jack Kirby et Stan Lee en 1961. Avec un budget estimé à
100 millions$, le tournage débute le 23 août 2004 et l'équipe voyage en alternance
entre le Canada (Colombie-Britannique) et les États-Unis (Nouvelle-Orléans et New
York). Plus de 800 scènes d'effets spéciaux plus tard, le tournage prend fin le
28 janvier 2005. La sortie officielle du film se fera aux États-Unis le 10 juillet 2005
sur 3 602 écrans et, malgré des recettes domestiques de 155 millions $ et 330
millions$ à l'échelle internationale, les critiques ne sont pas positives. D'après The
51
Hollywood Reporter, le réalisateur Tim Story (Barbershop (2002), Taxi (2004) 17) ne
semblait pas avoir d'affinité avec le film et les personnages manquaient de
profondeur 18 . En décembre 2005, malgré les critiques, Century Fox annonce qu'elle
conservera le réalisateur pour une suite, prévue pour juillet 2007.
Les quatre fantastiques sont Reed Richard (Mr. Fantastique), Benjamin Grimm (La
chose), Susan Storm (la femme invisible) et Johnny Storm (la torche humaine). Une
forte exposition à des radiations cosmiques est la cause de leurs super- pouvoirs; ils
devront les utiliser afin de déjouer les plans de leur ennemi, le Dr Von Doom (Victor
Von Doom), aussi présent lors de l'incident de radiation. Le film compte donc cinq
personnages principaux. L'analyse détaillée isolera le personnage féminin de Susan
Storm, interprétée par Jessica Alba.
Au sein du film Fantastic Four, nous avons détecté trois moments cruciaux. Le
premier se déroule lors de la tempête cosmique dans l'espace. C'est à cet instant que
tous les personnages principaux acquièrent leurs super-pouvoirs. Le deuxième
moment est le sauvetage sur le Brooklyn Bridge. Ben est transformé en La Chose et
cause un terrible accident sur le pont. Les trois autres fantastiques viennent le
rejoindre. Ensemble, ils sauvent les citoyens coincés dans leur voiture, empêchent les
flammes de s'étendre et sauvent des pompiers d'une mort certaine. Dans les médias,
on les appellera les quatre fantastiques. Le dernier moment crucial est celui de la
17
Après 2005: 4: Rise of the si/ver surfer (2007); Think like a man (2012); Ride Along (2014); Think
like a man too (2014).
18
The Hollywood Reporter. (2005, 29 juillet). Fantastic Four. Récupéré de IMDB.
52
Toujours selon lafigure 2.2, Ben est le personnage qui passera le plus de temps seul à
l'écran, suivi par Johnny. Le personnage qui passera le moins de temps seul à l'écran
est Susan Storm. Nous pouvons cependant observer qu'elle passe la majorité de cette
durée en compagnie de Reed Richard, son collègue et amoureux.
Figure 2.2 Analyse quantitative des personnages du film Fantastic Four (2005)
53
Susan Storm, surnommée The invisible girl, acquiert le pouvoir de l'invisibilité. Elle
peut aussi créer des champs magnétiques pouvant contenir des flammes, par exemple.
Ses amis proches la surnomment Sue. Physiquement, Susan est une femme de taille
moyenne, mince et athlétique. Elle porte les cheveux blonds et mi-longs. Son
habillement est professionnel, mais sexy. Au cours du récit, elle délaissera le côté
professionnel pour aller vers un style vestimentaire plus décontracté, mais toujours
aussi sensuel. Le costume des quatre fantastiques est moulant, mince, bleu et celui de
Susan possède un décolleté plongeant. Son trait de caractère dominant est celui de
supporter ses amis et Johnny Storm, son frère. Même si elle tient tête à Reed au sujet
de leur relation amoureuse, sa valeur principale est de protéger les plus faibles, mais
surtout ses amis. Entre eux, Reed est le scientifique renommé. Parfois, il explique ses
plans de manière scientifique, excluant ainsi Johnny et Ben, qui ne comprennent pas
nécessairement. Susan vulgarisera donc les notions scientifiques aux autres
fantastiques. Du côté sentimental, Susan est en couple. Au début du film, elle est en
relation avec Victor qui la demandera en mariage. Cependant, dès la première scène
du film, nous connaissons l'existence d'une ancienne relation avec Reed qui s'est très
mal terminée. À la fin du film, elle retourne avec Reed, qui la demandera en mariage.
Tout comme Reed, Susan est une scientifique. Victor la présente comme étant la
Directrice de la recherche génétique. Par la suite, elle assistera Reed lorsqu'ils
examinent leurs nouvelles habiletés. Son emploi lui permet d'aller dans l'espace et,
par la suite, de devenir la femme invisible. À plusieurs reprises, nous pouvons
54
Envers Johnny, elle agit de manière protectrice et maternelle. Elle tente aussi
d'utiliser un ton autoritaire pour le ramener à l'ordre, sans succès. Susan se met
régulièrement les mains sur les hanches pour signifier qu'elle n'est pas contente des
aventures de Johnny. Cependant, elle n'hésite pas à lui demander de l'aide lorsqu'elle
en a besoin. Avec Ben, Susan est amicale : accolades, baisers sur la joue, surnoms.
C'est Ben qui essaiera de reconnecter Reed et Sue. Elle essaiera de raisonner Ben à
propos de sa nouvelle condition. Sa relation avec Victor semble être plus
professionnelle et personnelle. Lorsqu'il essaie de la demander en mariage, elle pense
qu'il parle de la compagnie et non pas de leur relation. De plus, nous pouvons sentir
des frictions entre les deux personnages. Juste avant l'incident cosmique, Susan va
tenter de secourir Reed, Johnny et Ben, situés dans une autre aile de la station. Victor
n'est pas d'accord, mais elle l'affronte verbalement à ce sujet. Au fil du récit, ses
sentiments envers lui évoluent, entre haine et amour. Lors du combat final, Victor est
neutralisé et Susan semble triste de la situation. Au départ, entre Reed et Susan, la
situation semble tendue. Elle n'est pas contente de le revoir, alors elle agit de manière
professionnelle en lui donnant une carte d'affaires avec son nouveau numéro de
téléphone. Nous constatons au fil de l'histoire qu'ils ont beaucoup de problèmes non
résolus. Cependant, en discutant et en travaillant ensemble, ils se rapprocheront l'un
55
En observant les actions de Susan Storm, nous avons constaté qu'elle se retrouvait en
tenue légère à trois reprises au fil du récit. La première fois se déroule durant le
moment crucial sur le pont de Brooklyn. Reed lui demande de se déshabiller pour
passer la sécurité et ainsi rejoindre Ben. La deuxième fois est lorsqu'elle rencontre
des citoyens dans la rue et qu'ils la reconnaissent. Afin d'échapper aux gens qui la
poursuivent en courant, elle enlève ses vêtements. Finalement, le dernier moment
survient lorsque Reed la surprend dans la douche.
Le monde dans lequel vivent les personnages du film est plausible. L'histoire se
déroule dans la ville de New York. Les quatre fantastiques et Victor acquièrent leurs
pouvoirs lors d'un accident dans l'espace et ils sont donc les seuls à posséder de telles
habiletés. Un deuxième aspect qui respecte la convention du genre est celui de la
56
double identité. Cependant, leurs identités ne sont pas secrètes, comme le veut la
norme au sein du film de super-héros. Finalement, le dernier aspect est celui de la
tenue de combat. Elle est composée avec les ensembles spatiaux que les personnages
portaient lors de leur mission. Ce costume, de type moulant, élastique, collant et bleu,
a aussi été exposé aux rayons cosmiques et il peut ainsi s'adapter aux pouvoirs de
chacun. Pour ce qui est des éléments textuels renvoyant au genre de super-héros, nous
observons deux éléments : le premier lorsque Johnny nomme les quatre fantastiques
en direct à la télévision (The invisible girl, Mr. Fantastic, Human Torch et The
Thing); le deuxième élément survient lorsque les personnages discutent de leurs
nouvelles habiletés, les appelant des super-pouvoirs.
Procédé 6 : Métadonnées
Quelles sont les métadonnées livrées à propos du personnage?
Johnny. Il est au volant de sa moto et embrasse une femme qui est au volant de sa
décapotable, le tout en roulant rapidement. Est-ce que Susan évolue au cours de
l'histoire? Nous n'avons pas constaté de changement apparent, mis à part sa relation
amoureuse. Son habillement passera de professionnel à décontracté et sensuel.
Avec un budget estimé à 220M$, Joss Whedon 19 écrit et réalise le film The Avengers,
un projet très attendu par les fanatiques de super-héros, car ce film est en continuité
avec l'univers Marvel précédemment adapté à l'écran: Iron Man (2008), The
Incredible Hulk (2010), Iron Man 2 (2011), Thor (2011) et Captain America: The
First A venger (20 11). Ainsi, les personnages principaux de The Avengers ont déjà été
présentés aux spectateurs et créent un engouement incomparable. Après des années
d'attente, le film sort en salle le 11 avril ~012 sur 4 349 écrans et bat un record de
recettes, comptabilisant 207M$ la première fin de semaine. Les critiques sont
élogieuses tant pour le film que le travail de Whedon et, pour cette raison, Marvel et
Disney signent une entente avec le réalisateur pour la suite de cette nouvelle série,
dont le deuxième volet a pris l'affiche en mai 2015.
Loki (Thor, 2011) prend possession du tesseract, une substance en forme de cube
capable de créer une énergie super puissante et d'ouvrir un portail interplanétaire.
20
Nick Fury, directeur du S.H.I.E.L.D , met donc en place une équipe
"spéciale" regroupant le docteur Bruce Banner (Hulk), Natasha Romanoff (Black
Widow), Thor, Steve Rogers (Captain America), Tony Stark (Iron Man), rejoint par
l'agent Clint Sarton (Hawkeye), afin de contrer les plans de Loki. Éventuellement, le
19
Toy Story (Lasseter, 1995). scénariste; Buffi the vampire stayer (FOX, 1997-2003); Angel (FOX,
1999-2004); Agents ofS.H.I.E.L.D (ABC, 2013-).
20
S.H.I.E.L.D : Strategie Homeland Intervention, En forcement and Logistics Division.
58
portail spatial prend forme et les Avengers, tout en combattant les extraterrestres par
centaines, réussiront à le fermer.
(voir fig. 2.3). Ils sont suivis par Loki avec 14 séquences. La moyenne se chiffre à 13
séquences.
Natasha
Clint Barton/
Romanoff/ Loki Nick Fury
Hawkeye
Black Widow
Nombre de
15 13 14 13
scène 1 19
Temps seul 00:04:49 00:01:58 00:06:01 00:09:50
Temps avec
00:36:42 00:20:20 00:35:32 00:19:38
un autre pers.
Total 00:41:31 00:22:18 00:41:33 00:29:28
Figure 2.3 Analyse quantitative des personnages du film The Avengers (2012)
Iron Man et Nick Fury sont les personnages qui passent le plus de temps seul ou
accompagné d'un personnage secondaire: Iron Man est quelques fois avec sa
conjointe Pepper Potts et Nick Fury est régulièrement avec ragent Maria Hill ou
l'agent Phil Coulson. Le temps où Natasha Romanoff se retrouve seule se chiffre à 4
60
Natasha Romanoff, alias Black Widow, est de nationalités russe et américaine. Elle
maîtrise tous les arts martiaux et la manipulation d'armes. À un très jeune âge,
Natasha est recrutée par une organisation d'espionnage russe et devient une espionne
internationale. Le S.H.I.E.L.D. la prendra sous son aile après plusieurs évènements
regrettables21 • Tony Stark la présente comme une super assassine. De plus, d'après
son historique dans les comic books de Marvel, Black Widow se serait fait injecter un
sérum l'empêchant de vieillir et lui permettant de vivre plus longtemps que l'être
humain moyen. Cependant, cette information n'est pas mentionnée dans le film The
Avengers (2012). Physiquement, l'agent Romanoff est une femme de taille moyenne
avec des courbes au niveau des hanches et de la poitrine. Son corps est musclé et
athlétique. De plus, elle est très agile. Natasha porte les cheveux roux, courts. Au
quotidien, son habillement ne comporte rien d'extravagant: manteau de cuir,
camisole rouge, pantalon à taille haute et jeans. Son costume de combat est
fonctionnel : costume noir en cuir épais, armes en vue et positionnées sur les cuisses,
ouverture au cou, mais rien de plongeant, le tout parfois accompagné d'un manteau
de cuir. Les traits de caractère dominants de Natasha sont l'ingéniosité et la stratégie
au combat. Nous en connaissons très peu sur ses intentions à se joindre à l'équipe des
Avengers. Cependant, il est évident que l'un de ses objectifs est de sauver le monde
et les humains qui y habitent. De plus, elle fait tout en son possible pour aider ses
amis proches. Nous pouvons aussi affirmer que Natasha Romanoffn'est pas un héros
21
Dans le film, il est mentionné que le S.H.l.E.L.D. a offert à Natasha de joindre l'équipe après qu'elle
se soit mise dans l'embarras. Cependant, le spectateur ne connait pas les détails de la situation passée.
61
qui recherche la gloire comme Iron Man ou Captain America. Elle fait partie des
Avengers parce que c'est son travail et qu'elle ne semble rien connaître d'autre. Du
côté de sa vie personnelle, Natasha est célibataire et n'est pas en contact avec sa
famille depuis sa petite enfance. Nous ne connaissons pas l'emplacement de son
habitation, mais au cours du récit, elle vit dans l'avion du SHIELD. Son meilleur ami
et collègue proche est l'agent Clint Sarton, alias Hawkeye. Lorsque Natasha apprend
que Barton est en danger, elle termine son interrogation rapidement et commence les
démarches pour le retrouver. Évidemment, ses alliées sont le SHIELD et les membres
des Avengers, tous contre Loki et son armée d'extraterrestres.
Dans le cadre de son travail et en tant que héros, Natasha met sa vie en danger pour
sauver le monde. Elle ne se blessera pas physiquement, mais, durant le combat, elle
montre des signes d'épuisement. De plus, Natasha utilise des caractéristiques dites
«féminines», comme jouer avec ses sentiments ou pleurer, pour déjouer ses
ennemis. Lors de son entretien avec Loki, Natasha réussit à découvrir son plan en
faisant semblant de pleurer. Elle lui dit qu'il est un monstre et Loki ajoute que ce sont
eux qui ont apporté le monstre, en parlant de Hulk. La majorité des actions posées par
Natasha sont guidées par son travail et ses caractéristiques personnelles : agilité au
combat, responsable des armes du jet, utilisation des armes des extraterrestres contre
eux-mêmes (elle se projette même sur une moto volante extraterrestre afin de s'en
servir comme moyen de transport). Elle agit de manière très calme face au danger et
aux épreuves. Par exemple, lorsque Tony Stark se présente avec une bête
extraterrestre géante, elle dit: « 1 don 't see how that 'sa party», d'un ton neutre et
calme. Envers le personnage de Bruce Banner/Hulk, Natasha agit de manière
craintive et elle est sur ses gardes. Elle ira le chercher à Bangkok, où il se cache, mais
lui mentira au sujet d'être venue seule pour ne pas l'alarmer. Sa mission est de le
62
convaincre de joindre l'équipe et elle réussira. Par la suite, lorsque Banner se met en
colère lors d'une conversation de groupe, Natasha et Nick Fury sont sur leJ.Ir garde, la
main sur le fusil. Finalement transformé en Hulk, Banner est incontrôlable et attaque
Natasha. Elle fait signe à deux agents de s'en aller, pour les protéger. Avec son
agilité, elle lui échappera durant un bon moment, mais il lui donnera un coup violent.
À ce moment, Thor arrive pour neutraliser Hulk. Natasha n'est pas rancunière, alors
lorsque Banner rejoint le combat final, elle est contente de le voir. Quant à son ami
Clint Barton/Hawkeye, elle s'inquiète de son état parce qu'il est sous l'emprise de
Loki. Même si elle est encore en état de choc après l'attaque de Hulk, elle saute sur
l'occasion pour le sauver. Après un long combat, Natasha frappe la tête de Barton sur
une barre de métal. Quelque temps plus tard, elle est à ses côtés lorsqu'il se réveille,
de retour à son état normal. Durant le combat final, les A vengers travaillent en
équipe, se protègent les uns les autres et se demandent de l'aide: Hawkeye aide des
citoyens à sortir d'un autobus pendant que Natasha tire sur des extraterrestres,
Captain America est le chef d'équipe et dicte les tâches à chacun, Stark demande de
l'aide à Hawkeye pour éliminer les extraterrestres qui le poursuivent, Thor et Hulk
détruisent une bête géante, Captain America et Natasha combattent ensemble au sol,
etc. Après le sacrifice de Stark dans l'espace, Natasha réussit à fermer le portail avec
le sceptre de Loki.
Le film The Avengers regroupe plusieurs super-héros possédant leur monde et leur
histoire propre. L'univers Marvel est un monde où les extraterrestres existent. Parfois,
les super-pouvoirs sont acquis, comme Iron Man, Hulk et Captain America, ou innés,
comme le demi-dieu Thor. Tous les Avengers possèdent un habit de combat de super-
63
héros et une double identité non secrète. Entre eux, ils s'appellent parfois par leur
nom de super-héros respectifs.
Procédé 6 : Métadonnées
Quelles sont les métadonnées livrées à propos du personnage?
Dans cette section, nous avons présenté notre grille d'analyse composée de celle du
personnage littéraire de Philippe Hamon (Hamon, 1972) et celle de la bande dessinée
de Didier Quella-Guyot, pour ensuite justifier le corpus. Avec l'aide de cette grille,
nous avons par la suite détaillé les observations recueillies sur nos trois films. Pour
conclure, nous avons détecté quatre grandes catégories qui feront l'objet du prochain
22
Iron Man (Jon Favreau, 2008), Iron Man 2 (Jon Favreau, 2010) et Captain America: The first
Avengers (Joe Johnston, 2011 ).
64
ANALYSE
Le corps du héros, selon Ungaro, est essentiellement porteur d'une très forte charge
symbolique (Ungaro, 2010, p. 34). En effet, les super-héros et les super-héroïnes
portent sur leurs épaules tout l'espoir américain, cette idée que les États-Unis sont la
solution à tous les problèmes mondiaux, incluant les extraterrestres ou toute autre
invasion maléfique. Du côté matériel du corps, soit l'apparence physique, le super-
héros représente la force surhumaine, cette même force qui sauvera l'humanité et les
gens ordinaires. Au cinéma, les acteurs sont, bien entendu, sélectionnés afin de
remplir ces critères du super-héros. Nous avons remarqué que les personnages
masculins ont un corps anormalement musclé. En 2015, les acteurs doivent passer des
heures au gymnase afin de sculpter leur propre corps de manière, avouons-le,
surhumaine. Pour la femme, nous constatons que la musculature n'est pas le point
66
central d'attention, car en fait, ce sont les courbes féminines : seins, cuisses et fesses.
Nous tenons à préciser ici que lorsqu'il est mention des courbes de la femme, nous en
discutons de façon positive et non péjorative. La femme possède des caractéristiques
biologiques considérées comme féminines et nous acceptons les mises en valeur de
ces dites caractéristiques. Toutefois, l'auteure Jennifer K. Stuller dénonce la
fétichisation du corps de la femme dans les bandes dessinées :
the bodies ofwomen in mainstream comics tend to be fetishized, receive more
focus than their narrative, are shown as parts rather than an active whole [. .. ]
and are typically drawn in physica/ impossible positions that manage to disp/ay
both their breasts and their rear ends. Their bodies are twisted, distorted, and
exaggerated (Stuller, 2012, p. 237).
Les X-Men Jean Grey et Ororo Munroe/Storm ne sont pas régulièrement présentés
dans leur habillement au quotidien, notamment parce que les scènes de combat
67
occupent une grande partie de la narration. Pour Natasha Romanoff et les Avengers,
les combats sont aussi très fréquents. Cependant, il arrive parfois que Natasha
combatte sans son habit de combat. Elle ne semble pas déstabilisée de ces attaques-
surprises, car elle est toujours prête pour une bataille. De cette manière, Jean Grey et
Natasha s'habillent selon un «conventionnel » féminin, c'est-à-dire qu'il n'y a
aucune exagération ni provocation. Elles portent des pantalons, des chandails simples,
sans décolleté ni couleur vive, et des manteaux de cuir noir. Jean accessoirise ses
tenues de colliers et de bracelets, tandis que Natasha ne porte pas ou peu d'accessoire,
mis à part des armes à feu. Ororo Munroe est aperçue une seule fois sans son costume
et porte un chandail blanc à manche longue, un pantalon de cuir serré et un décolleté
plongeant. Son habillement attire l'attention du spectateur, car Storm possède une
peau légèrement foncée, accentuant ainsi la blancheur de son chandail. Dans le
premier volet de la trilogie X-Men (2000), nous apercevons régulièrement les X-Men
dans leur quotidien, parfois même en pyjama. La personnalité de chaque personnage
est cependant identifiable dans leurs différents habits, dans le cas où Storm ose les
couleurs et les accessoires, tandis que Jean porte généralement des habits de type
professionnel :un tailleur.
des gens comme les autres, malgré son habit professionnel, elle n'est pas prise au
sérieux et le Sénat l'interrompt durant son discours, à plusieurs reprises. Susan Storm,
des Quatre fantastiques, est aussi présentée, pour la première fois, dans un tailleur et
une jupe, couleur rouge foncée, les cheveux attachés, c'est-à-dire une tenue de travail
professionnelle. Cependant, lorsque Susan est présentée de nouveau dans ses activités
professionnelles, elle porte le décolleté plongeant et occupe des tâches qui ne sont
plus reliées à sa profession.
Reed, chez lui, représente la sphère privée. Il est donc fortement possible que son
habillement suive les tendances de ses relations amoureuses et professionnelles.
Notre analyse du genre de super-héros depuis les années 2000 nous permet de
constater deux tendances en ce qui concerne les costumes des super-hérornes. De
toute évidence, le genre de super-héros est hautement codé et stéréotypé, en ce qui
concerne les personnages et leur représentation physique, autant chez l'homme que la
femme. De cette manière, au sein du genre, nous constatons que l'homme super-héros
est grand et anormalement musclé, tandis que la femme semble incarner sensualité et
agilité. La tendance des costumes moulants et révélateurs est aussi une caractéristique
répandue au sein du genre de super-héros. Mettons de côté l'idée de lier la
représentation féminine typée et sexualisée à 1'hypersexualisation au sein de la
société d'aujourd'hui, car en fait, les super-héros existent depuis les années 1940.
Nous allons plutôt analyser ce changement au cinéma au sein du genre contemporain
pour ensuite questionner son origine.
Au sein de ces trois films (Fantastic four, Catwoman et Elektra) nous constatons
aussi que le positionnement de la caméra tend à reproduire certains points de vue
71
celui des X-Men : cuir noir épais, manches et jambes longues et armes bien en vue.
Bryan Singer et Joss Whedon optent donc pour une approche différente de celle
imaginée par Jack Kirby et Stan Lee, en ce qui concerne les costumes, mais aussi
dans le choix des actrices. Nous constatons que les modifications apportées aux
costumes de super-héros au sein de ces deux films amènent une diminution des
marqueurs du gender. Dans les X-Men, nous remarquons que tous les personnages,
masculins et féminins, portent le même type de costume. Pour Natasha, nous
remarquons aussi que les modifications apportées s'apparentent aux réalités du
combat. De plus, Hawkeye, alllé et agent du S.H.I.E.L.D., porte le même type de
costume que Romanoff, mais adapté à ses moyens et à ses habiletés, soit le tir à l'arc.
Du côté de la caméra, nous remarquons que les plans rapprochés des courbes
féminines sont en fait inexistants. Nous ne les voyons ni se vêtir, ni se dévêtir, et la
caméra est distante. Malgré que les films Catwoman (2004), Fantastic Four (2005),
Elektra (2005) et 4: Rise ofthe Si/ver Surfer (2007) sortent en salle après l'avènement
de cette nouvelle tendance du costume, nous pouvons constater que le genre de super-
héros semble prioriser davantage cette nouvelle façon de faire, qui est notamment
présente dans le second volet de The Avengers: Age ofU/tron (Joss Whedon, 2015),
le reboot de Fantastic Four (Josh Trailk, 2015) et Guardian ofthe Ga/axy (James
Gunn, 2014), ce dernier semblant combiner les deux tendances pour le personnage de
Gamora, interprété par Zoe Saldana. Peut-être qu'au fil des années et après les échecs
des films de la première tendance, les producteurs de film de super-héros ont décidé
d'opter pour une actualisation, une harmonisation et une certaine diminution des
marqueurs « genrés » des costumes de combat parce que le public répond de manière
positive à cette tendance du costume. Peut-être que cette modification s'explique
aussi par un désir de représenter les personnages de manière plus uniforme, sans une
accentuation des caractéristiques physiques. Cette modification des costumes pourrait
aussi s'expliquer par la différence du public cible du médium cinématographique, en
comparaison à celui de la bande dessinée, passant d'un public adolescent masculin à
un public de masse.
73
(Un garo, 2010, p. 43). Ce sont donc les relations entre personnages (hiérarchie,
supériorité, infériorité) qui donnent son existence au héros (ibid.). Un garo ajoute
qu'en plus de traverser les âges de l'humanité, le héros est profondément
mélancolique, solitaire et orphelin (ibid., p. 34). Cette dernière affirmation semble
fondée en ce qui concerne les films de super-héros figurant un seul héros. Quant aux
trois films de notre corpus, nous remarquons que les super-héros font en effet face à
une certaine solitude, car ils sont les seuls à acquérir ou à posséder de tels super-
pouvoirs. D'un autre côté, nous constatons qu'un héros n'est jamais réellement seul,
car il peut être membre d'une équipe, comme les X-Men, les Quatre fantastique et les
A vengers, ou tout simplement se faire aider par un autre super-héros, comme Batman
et son amie d'enfance Catwoman, Superman et sa cousine Supergirl. Dans la
prochaine section, il sera question d'analyser les relations interpersonnelles de nos
trois héroïnes et de voir en quoi ces relations peuvent créer de nouveaux stéréotypes.
En ce qui concerne le film The Avengers (2012), les relations amoureuses sont
présentées différemment que dans X2 et Fantastic Four. Premièrement, rappelons que
ce film est une suite de plusieurs autres productions cinématographiques de Marvel
76
Enterprise mettant en vedette Iron Man, Thor et Captain Ameria. Ces trois
personnages sont donc bien introduits aux spectateurs, tout comme leurs intérêts
amoureux. Captain America s'ennuie de sa compagne, l'agent Peggy Carter.
supposément décédée lors de la Deuxième Guerre mondiale, tandis que Thor s'assure
que la docteure Jane Foster est en sécurité après l'enlèvement de son collègue, le
docteur Erik Selvig. Le scénario sentimental se déroule autour de la vie d'Iron Man et
sa copine Pepper Potts. Nous les voyons dans leur quotidien et au travail. La scène
finale se produisant dans la tour Stark à New York, nous voyons ensuite le couple
regarder des plans de reconstruction. Contenant plusieurs des personnages principaux,
la trame amoureuse se limite donc à celle de Stark et Pepper. De cette manière, tout
comme Bruce Banner, les intérêts amoureux de Natasha Romanoff ne sont pas
mentionnés, ni implicitement ni explicitement. Pour conclure, nous constatons que le
personnage de Natasha Romanoff incarne bien, d'une certaine façon, le concept
d'antistéréotype élaboré par Éric Macé. Nous ne sommes pas en présence d'un
contre-stéréotype, car il n'y a pas de tentative d'inverser le stéréotype initial de la
femme amoureuse et aimante, par exemple. Nous sommes plutôt en présence d'un
antistéréotype, car Romanoff déstabilise les attentes généralistes que le personnage
féminin serve absolument de vecteur amoureux aux personnages masculins. Dans le
deuxième volet The Avengers: Age of Ultron (2015), nous apprenons cependant
qu'une attirance se développe entre ces deux personnages, Banner et Romanoff.
Contrairement au film Fantastic Four, cette trame narrative n'occupe pas le centre du
récit, mais ajoute définitivement une facette inexplorée au personnage de Natasha.
Un second type de relations possible entre les différents personnages est celui de
l'amitié et de la famille. La figure maternelle est présente au sein de l'équipe des
Quatre fantastiques. Malgré que Susan tente à plusieurs reprises de contenir les
77
actions de Johnny, ce qu'elle ne réussira pas, elle essaie tout de même de combler ce
manque maternel. De toute évidence, Johnny refuse catégoriquement l'aspiration
autoritaire de Susan de manière explicite en lui disant : « Sue, you 're not mom. Don 't
talk to me like l'rn a little boy, ok? » (Johnny à Susan, scène 22). En parallèle, Susan
remplira aussi cette fonction maternelle envers l'équipe des Quatre fantastiques. Étant
la seule femme de l'équipe, Susan représente les principaux instincts féminins:
sensible, vulnérable, attentive et empathique 23 . En bonne amie, elle s'inquiète
notamment de Ben lorsque l'équipe se dispute. Elle essaie de le raisonner et de lui
faire comprendre qu'il faut être patient. Attentionnée, lorsque Reed testera la machine
pour la première fois et que ce sera un échec, elle prendra soin de lui. Nous
constatons ainsi que Susan ne renverse aucun stéréotype féminin apparent. Elle
représente les femmes telles qu'elles sont généralement présentées. Lorsqu'une seule
femme fait partie d'une équipe d'hommes, le spectateur s'attend à ce qu'elle agisse
de manière maternelle et attentionnée. Il en va de même pour les personnages
masculins avec le stéréotype de l'homme macho et tombeur de ces dames, que
représente Johnny Storm, et de l'intello (Reed), tandis que Ben est l'homme fort au
grand cœur. Les personnages de l'équipe des Quatre fantastiques sont donc construits
selon des stéréotypes fortement codifiés, qui rappelons-le, sont des caractéristiques
communes au sein de la notion de genre.
Au sein des X-Men, la hiérarchisation des personnages est aussi de type familial: le
professeur Xavier représente la figure paternelle tandis que Grey et Munroe se
divisent la figure maternelle. Charles Xavier, Jean et Storm prendront sous leur aile
les jeunes mutants exclus de la société, les éduqueront et les protègeront. Cependant,
Jean et Storm ne représentent pas la figure maternelle de la même manière que Susan
Storm dans Fantastic Four. Jean et Ororo sont en effet très attentionnées envers les
jeunes mutants de l'école, mais ensemble, elles représentent cette nouvelle tendance
Dans The Avengers, la situation est particulière en ce qui concerne la vie personnelle
de Romanoff, car peu d'information est divulguée au spectateur. Nous savons
cependant qu'elle connaît bien l'agent Sarton (Hawkeye). Lorsque Natasha est en
mission en Russie et que le S.H.I.E.L.D lui demande d'abandonner cette mission,
elle accepte parce que Coulson lui annonce que Sarton est en danger. Ainsi, elle
tentera de sauver Sarton de l'emprise de Loki. Malgré qu'elle soit la seule tèmme de
l'équipe, elle ne se positionne pas en tant que figure maternelle. Envers les autres
79
membres de l'équipe, elle agit comme une alliée. Romanoff ne représente pas non
plus une figure d'autorité ou de leader. Ce sont Nick Fury et Captain America qui
occupent respectivement ces positions. La vie sentimentale et personnelle de Natasha
se limite donc à des relations amicales et entre alliés. Ainsi le contrat d'engagement
que les créateurs du film doivent créer avec le spectateur, en ce qui concerne le
personnage féminin et le genre, est rompu. Dans le cas de ce film, les spectateurs ont
réagi positivement à ce changement de représenter la femme autrement.
À la suite de cette analyse des relations interpersonnelles entre les personnages des
différents films, nous nous sommes questionné sur l'authenticité du propos de Jean
Ungaro concernant la solitude de nos super-héroïnes. D'ailleurs, nous constatons
qu'il peut être vrai, autant qu'il peut être faux. Tout d'abord, pour obtenir la
caractéristique de « super », un héros doit posséder des pouvoirs surhumains ou
surnaturels. De cette manière, le héros devient un être unique. Dans certains films,
comme ceux figurant Superman ou Spiderman, le personnage masculin vit dans un
univers où il est le seul à posséder de telles caractéristiques. Cependant, un super-
héros ne travaille pas toujours seul, car il fait régulièrement équipe avec d'autres.
Ainsi, nous remarquons que, depuis le début des années 2000, les films de ce genre
cinématographique semblent prioriser le travail en équipe entre divers super-héros.
Les X-Men sont un ensemble innombrable de mutants, l'équipe des Avengers est
constituée d'une multitude de super-héros divers changeant au cours des années, et
les films comportant des croisements narratifs sont de plus en plus communs, comme
Batman vs Superman (Zack Snyder, 2016) et la trilogie figurant les Avengers.
Ensuite, nous remarquons qu'au sein de ces différentes équipes, la super-héroïne est
régulièrement seule pour représenter le sexe féminin. Dans Fantastic Four, Susan est
la seule femme de l'équipe, tout comme Natasha Romanoff et Gamora dans
80
Guardian of the Galaxy. Cependant, au sein des X-Men, les femmes représentent
environ 58% des personnages possédant des pouvoirs. De plus, dans Avengers: Age
ofU/tron (2015), une deuxième femme joint l'équipe: Scarlet Witch. Finalement, un
troisième aspect expliquant le paradoxe de la solitude chez le super-héros se
développe au sein de leurs actions respectives. Prenons, par exemple, le personnage
de Jean Grey : incapable de rester seule sur le plan amoureux, elle prendra la décision
de se sacrifier pour sauver son équipe, sans les consulter. Au contraire, malgré qu'elle
soit la seule femme de l'équipe, Natasha travaille toujours en coopération avec ses
coéquipiers.
En amorce de cette section sur les relations interpersonnelles des super-héroïnes, nous
mentionnions que cette analyse nous permettrait d'identifier de nouveaux stéréotypes
au sein du genre. Nous remarquons en effet qu'un système d'oppositions des
stéréotypes est en vigueur. Le premier représente la figure féminine comme étant
sensible et attentionnée (Susan) en opposition avec l'antistéréotype et le non
stéréotype, respectivement Jean et Natasha. Ainsi, nous parlons de nouveaux
stéréotypes, car, comme le mentionne Ellen Seiter, le stéréotype contient un potentiel
hégémonique. De cette manière, le stéréotype peut être renversé ou reconstruit à
travers le temps. La deuxième opposition opère au sein de la représentation de la
figure maternelle, puisque d'un côté nous retrouvons Susan, la« mère» typique, et de
l'autre, des figures réinventées combinant l'archétype maternel et la femme
indépendante, comme nous le font remarquer les études sur le post-féminisme. Dans
ce même ordre d'idée, nous constatons que le personnage de Natasha Romanoff se
situe dans une catégorie à part concernant la représentation de l~ figure maternelle,
car, en fait, elle est la seule femme à ne pas la représenter. Finalement, ces nouveaux
stéréotypes sont présents au sein du paradoxe de la solitude des super-héros, car
malgré qu'ils ne soient plus seuls pour sauver le monde, quelques-uns n'hésitent pas à
s'isoler ou à prendre des décisions individuellement.
81
Sans omettre le statut de nos super-héroïnes au sein de leur équipe respective, nous
débuterons par l'analyse de leur vie professionnelle pour, ensuite, dans la prochaine
section, remettre en question leur statut social global au sein de la diégèse filmique.
L'emploi qu'un personnage occupe au sein d'un film est parfois un indice essentiel à
la compréhension de celui-ci. Dans le cas de nos super-héroïnes, leurs emplois
quotidiens24 nous en disent long sur leur personnalité et leur statut social. Jean Grey
est docteure et professeur, l'une de ses collègues est Ororo Munroe. Susan Storm est
une scientifique et directrice d'un département de recherche génétique, tandis que
Natasha Romanoff œuvre dans le domaine de l'espionnage international. Être
docteure, professeure ou scientifique signifie que ces femmes se situent dans des
métiers reliés à la connaissance et au mérite. Dans le cas de l'agent Romanoff,
l'espionnage désigne la stratégie et l'agilité au combat. L'idée ici n'est pas seulement
de constater leur emploi respectif, mais d'analyser leur représentation à l'écran : les
voit-on exercer leur métier? Vivent-elles de cet emploi? A-t-il un rapport avec les
aventures? Avec ces questions, nous pouvons constater différents types de
représentativité dans le cadre professionnel des personnages féminins.
Contre leur gré, les X-Men sont une équipe isolée de la société : ils ont leur propre
école et professeur, leur manoir, leur famille et leur docteur. Dans X2, Grey ne
pratique pas son métier de docteure et qu'une seule fois celui de professeur, tout
comme Munroe. Nous savons qu'elles sont professeures parce que Munroe le dit
clairement dans une discussion avec un autre mutant et que la première scène figurant
24
Quotidiens dans le sens que c'est un emploi qu'elle occupe tous les jours en parallèle avec leur
emploi de héros.
82
1es deux femmes se déroule lors d'une sortie éducative au musée avec les jeunes de
l'équipe. Cependant, le seul indice nous permettant de reconnaître Jean en tant que
docteure se trouve dans le premier volet de la trilogie, où elle est explicitée ainsi et
occupe régulièrement cette fonction. Elle tente notamment de soigner Wolverine et de
comprendre sa génétique fabriquée. Dans X2, Jean soignera Kurt d'une blessure par
balle. Elles seront donc très peu représentées dans leur quotidien professionnel dans
le deuxième volet de la trilogie. Dans le dernier film et après la mort du Professeur
Xavier, Ororo Munroe acquerra la position d'autorité par excellence, celle de
directrice de l'école des mutants.
Dès les premières scènes du film, Susan Storm est aussi présentée comme
scientifique. Cependant, les scènes où elle exerce son travail ne justifient pas ses
fonctions. Premièrement, lorsque Susan joindra Reed dans la recherche de leur
génétique, ses tâches seront réduites à simplement l'assister dans ses recherches.
Pendant que nous voyons Reed travailler tard le soir et pendant plusieurs heures
consécutives, Susan s'assure qu'il prend des pauses et lui apporte des papiers.
Deuxièmement, les idées scientifiques de Susan seront reprises par Reed. Par
exemple, lorsque la génétique des quatre fantastiques commence à se transformer,
Susan avance l'idée que le rayon cosmique aurait modifié leur ADN. Reed n'est pas
d'accord avec cette proposition et ne veut pas sauter aux conclusions sans avoir
examiné les faits. Cependant, lorsque Johnny s'amuse avec ses nouveaux pouvoirs en
allumant et éteignant une flamme au bout de son pouce, Reed est convaincu et admet
que le nuage cosmique a bel et bien alterné leur génétique. Par contre, il ne donne pas
le crédit de cette découverte à Susan. Finalement, comme exemplifié ci-haut, la vie
professionnelle de Susan servira de soutien à sa vie sentimentale. De cette manière, la
directrice de la génétique n'occupe pas concrètement cette fonction au sein de
l'histoire. Cette forme de représentation féminine dans un milieu de travail
s'apparente à la notion de néostéréotype élaborée par Éric Macé. Par conséquent, en
83
tentant de représenter Susan en tant que scientifique, le film nous présente une
monstration inversée du stéréotype de la femme n'occupant pas un poste de prestige.
Comme le mentionne Macé, ces néostéréotypes ne font aucune différence dans
l'inversement du stéréotypage, car ils deviennent des stéréotypes en soit. Ainsi, en
nous démontrant que Susan est une scientifique reconnue et en ne la représentant pas
de cette façon, la tentative de renverser le stéréotype n'est pas réussie.
Quelques années plus tard, le producteur et réalisateur Joss Whedon nous présente
l'agent Romanoff, une espionne internationale travaillant pour le S.H.I.E.L.D. Nous
remarquons qu'elle apporte une toute nouvelle représentation de la super-
héroïne dans un milieu professionnel: son emploi est sa vie, sa vie est son emploi. Il
n'y a donc aucune limite apparente entre son emploi au quotidien et ses tâches de
super-héroïne. C'est par ses talents, son expérience d'espionnage et ses habiletés au
combat qu'elle joindra l'équipe des vengeurs. Ainsi, toutes les scènes où elle est
présentée la situent dans son milieu de travail et en action : combat, interrogation,
réunion d'équipe, etc. Un second aspect de cette représentation féminine est que,
contrairement aux autres personnages, comme Susan Storm et les X-Men, la vie
personnelle de Romanoff est très peu dévoilée aux spectateurs. De cette manière, la
trame narrative concentre les actions du personnage sur sa vie professionnelle et ses
motivations de héros.
En résumé, à l'intérieur de ces trois films, nous avons constaté trois représentations
différentes de la femme dans son milieu de travail. La première est que le métier est
prestigieux (docteure, professeure, scientifique), mais pas ou peu représenté, comme
dans le cas de Jean et Ororo. La seconde est que le métier est bien présenté, mais
représenté pauvrement et dans un but potentiel de positionner l'homme en supériorité.
Le néostéréotype que représente Susan en est un bon exemple. Finalement, le métier
peut être le seul fil conducteur des actions du personnage. L'agente Natasha
84
Les rôles et les fonctions narratives d'un personnage regroupent toutes les catégories
mentionnées précédemment, puisque c'est par son statut social et sa représentation
physique que la personnalité et le caractère du personnage sont connus du spectateur.
Ainsi, lorsqu'un personnage agit de telle façon face à une situation, le spectateur
considère que les actions sont cohérentes et ce d'après les informations qui lui sont
divulguées en premier lieu. À ce sujet, Richard Dyer explique : « by signa/ling
gayness [par exemple] from the character 's first appearance, al/ the character 's
subsequent actions and words can be understood, exp/ained, and explained away, as
those ofa gay person » (Dyer, 2006, p. 358). De cette manière, le « stéréotypage » est
essentiel pour la reconnaissance par le spectateur du personnage présenté. Cependant,
attribuer des caractéristiques à un personnage comme étant gai, ce n'est pas le même
processus de« stéréotypage »que pour une femme. Comme nous l'explique Perkins,
la femme correspond au stéréotype de groupe majeur, comme la couleur de la peau,
tandis que le stéréotype de l'homosexuel appartient à un groupe isolé (Perkins, 1979,
pp. 146-147). Ainsi, la première impression d'un personnage féminin à l'écran n'est
pas le seul joueur dans le processus de « stéréotypage ». Dans cette section, nous
analyserons les rôles et les fonctions narratives de nos trois personnages à travers les
films.
85
Comme mentionné ci-haut, la vie sentimentale de Susan Storm guidera ses actions.
En tant que leader de 1' équipe, Reed prendra les grandes décisions au sein de la
narration tandis que Susan décidera peu de choses importantes par elle-même.
Cependant, lorsqu'elle le fera, la situation se retournera contre elle. Par exemple,
Susan prend l'initiative d'aller secourir Reed, capturé par Victor. Lorsqu'elle essaie
de le sauver, elle sollicite d'être secourue à son tour. Il en va de même lorsqu'elle
tente de contenir le super-novcl 5 de Johnny avec un champ de force. Susan n'y arrive
plus et elle demande de l'aide à Reed. La théoricienne Yvonne Tasker remarque
notamment, en analysant les films d'action des années 1980-1990, que ce sont les
personnages masculins qui guident l'action : « though there have been sorne
spectacular (and much debated) exceptions [ ... ], the majority of big-budget action
movies continue to focus primari/y on male protagonists and to position women in
supportive, often romantic, ro/es » (Tasker, 1998, p. 67). Malgré que nous ayons
prouvé que Susan Storm est effectivement un personnage principal et qu'elle fait
partie intégrante de l'équipe des Quatre fantastiques, nous constatons que Susan ne
participe pas activement au déroulement narratif. Son désir de rétablir l'harmonie au
sein de l'équipe prend le dessus sur ses capacités décisionnelles. Elle ne réussira pas à
réconcilier Johny et Ben, et Reed prendra en charge les recherches scientifiques. De
plus, Susan essaie de protéger le plus d'innocents possible, mais elle n'y arrivera pas
seule et sans séquelles physiques. Ainsi, l'analyse de Tasker semble parfaitement
s'appliquer au personnage de Susan Storm. Ensuite, au sein du film, nous remarquons
une certaine réaffirmation patriarcale, comme le mentionne François-Xavier Molia au
sujet des films catastrophes. L'homme est celui qui fait avancer le récit, « making
things happen », tandis que la femme l'accompagne dans ses péripéties. De cette
façon, étant donné que Susan est guidée par ses relations amoureuses et familiales
avec des hommes, elle ne semble pas s'affirmer au sein du récit. De plus, nous
remarquons que le personnage de Susan Storm rejoint aussi la représentation
25
Le super-nova est un niveau de chaleur que Johnny Storm peut créer. Cette flamme est comparable à
la chaleur du soleil.
86
féminine selon les théories féministes de Laura Mulvey. Représentée comme objet
érotique, le personnage de Susan est condamné à la passivité. Au sein de la narration,
elle sert d'objet de contemplation érotique pour les autres personnages et pour les
spectateurs. Présenter l'actrice Jessica Alba en sous-vêtements est un excellent
exemple de ce que Mulvey mentionne à propos des personnages féminins et du fait
qu'elles doivent être magnifiques pour le plaisir du spectateur masculin.
En ce qui concerne les personnages de Jean Grey et Ororo Munroe, nous avons
démontré précédemment qu'elles représentaient à la fois des figures maternelles et de
pouvoir. Étant donné que le professeur Xavier est capturé par Stryker et que
Wolverine est imprévisible, les femmes doivent prendre les décisions. Ainsi, nous
constatons une tout autre dynamique que celle au sein du film Fantastic Four. Dans
X2, nous remarquons que la position de leader de l'équipe passe du Professeur Xavier
à Ororo Munroe, provoquant ainsi une certaine ascension des femmes au pouvoir. Au
début du film, Xavier envoie Jean et Storm capturer un mutant dangereux. Par la
suite, elles prennent rapidement en charge la situation en neutralisant ce mutant, en
équipe. Le changement complet survient cependant lorsque Xavier est capturé par
Stryker et que Storm prend la position de leader, notamment lorsqu'elle prend en
charge la mission pour secourir les jeunes mutants. Jean Grey restera d'une aide
considérable pour l'équipe des X-Men, mais ne partagera pas cette nouvelle position
avec Storm. Jean prendra malgré tout l'une des plus importantes décisions du
deuxième volet de la trilogie : sacrifier sa vie pour sauver sa famille et ses amis. Cette
décision engendrera le troisième volet de la trilogie, la mort de Xavier et la
nomination de Storm à la direction de l'école. Malgré que le film X2 soit sorti en
salles avant le premier volet des Quatre fantastiques, nous pouvons constater un désir
de positionner la femme au centre de la narration et des actions, et ce, autrement que
par simple intérêt amoureux ou de second niveau.
87
Dans un même ordre d'idée, Natasha Romanoff semble aussi représenter ce désir de
changement de la représentation féminine au sein du genre de super-héros. Malgré
que la narration centrale tourne autour de Tony Stark, du S.H.I.E.L.D et de Captain
America, et malgré que, la majorité du temps, les personnages masculins lui dictent
ce qu'elle doit faire au sujet de ses missions et de ses combats, elle crée ses propres
actions. Évidemment, étant en charge de l'agence et du rassemblement des Avengers,
Nick Fury attribue les différentes missions à chacun des personnages. C'est donc en
tant qu'agente du S.H.I.E.L.D. que Natasha doit convaincre Dr. Bruce Banner de
rejoindre l'équipe. Fury lui demande aussi d'accomplir quelques tâches connexes,
comme accompagner Banner dans son nouveau laboratoire. Lors de la première
attaque de Loki envers les Avengers (premier moment crucial du film}, Natasha prend
sous sa responsabilité le combat singulier avec son ami l'agent Barton, qui, à cet
instant, est encore sous l'emprise de Loki. Elle le neutralise à main nue, sans arme à
feu, et peut ainsi récupérer son proche allié. Un second exemple peut être évoqué
lorsqu'elle décide de sauter sur un scooter extraterrestre afin de monter sur le toit de
l'immeuble de Stark lors du combat final. Natasha et Captain America sont dans la
rue en train de combattre des dizaines d'extra-terrestres. Elle constate qu'il serait
peut-être temps d'aller fermer le portail et demande l'aide de Capitain America pour
monter sur une moto volante. Il prend le temps de s'assurer qu'elle est certaine de son
choix. Malgré qu'elle lui demande de l'aide, Romanoff est sa propre instance
décisionnelle à ce sujet. C'est elle qui réussira à fermer le portail avec le tesseract de
Loki.
Ces réflexions sur les relations personnelles et professionnelles et sur les rôles
narratifs de nos trois super-héroïnes nous permettent de remettre en question la place
du personnage féminin au sein du genre de super-héros. Nous constatons un
changement au sein du genre en ce qui concerne le désir de positionner la femme au
centre du récit en lui attribuant fréquemment des actions narratives. De cette manière,
88
le stéréotype consistant à ce que la femme soit un vecteur narratif pour les désirs et
actions de l'homme tend à changer. De plus, nous remarquons que notre hypothèse au
sujet des théories de Mulvey remettant en question leur actualité dans une société
contemporaine ne semble pas être fondée. Malgré que le positionnement de la femme
au centre du récit devienne une pratique de plus en plus commune, il reste beaucoup
de travail à faire au sein de la narration pour que les personnages féminins se voient
attribuées le même type d'action que les personnages masculins. Pour conclure cette
section, nous remarquons donc une juxtaposition des courants conservateurs et
progressistes et que cette dualité, comme le mentionne l'auteure Raphaëlle Moine,
peut être présente à l'intérieur d'un même film. Nous constatons qu'elle est aussi
présente au sein de la vision conflictuelle entourant le post-féminisme et dans le genre
de super-héros dans son ensemble.
En second lieu, nous considérons que la super-héroïne des dernières années évolue
vers une figure féminine plus représentative du post-féminisme qu'au début du
présent siècle. Comme le mentionne Lillian Robinson, la femme devrait être
considérée comme une Grrrl, en d'autres termes, comme une Femme, et non plus
comme une Fille (Robinson, 2004, p. 96). Le terme Grrr/ signifie, selon Chris
Holmlund, un type de femme appartenant au courant post-féministe (Holmlund,
2005, p. 116). Nous remarquons également que Susan Storm, malgré qu'elle
représente davantage les stéréotypes féminins négatifs, réagit fortement au nom de
super-héros que Johnny lui attribue en direct aux nouvelles : The Invisible Girl. Elle
répète le mot girl d'un ton vexé. Il est aussi important de noter que, dans les comic
books, le nom de super-héroïne de Susan Storm est maintenant The Invisible Woman,
modifié en 1985 par le personnage même 26 •
De plus, comme Robinson le remarque au sein des comic books, nous pouvons
affirmer que : « on the whole, the Avengers have adjusted to postmodernism even
more comfortab/y than the Fantastic Four» (Robinson, 2004, p. 115). Nous avons
d'abord remarqué que les costumes de super-héros de Natasha Romanoff et des X-
men représentaient une nouvelle tendance au sein du genre parce qu'ils comprennent
des modifications majeures, notamment en ce qui concerne le matériel utilisé et les
zones exposées. Ensuite, nous avons aussi constaté que la vie amoureuse de Susan
Storm contrôlait ses actions, tandis que Natasha, par exemple, est guidée par sa vie
professionnelle. Finalement, malgré que l'indépendance narrative féminine semble
26
Dans Fantastic Four Vol. 1 #284, publié en novembre 1985, Susan Storm choisit de modifier son
nom de héros pour The Invisible Woman au lieu de The Invisible Girl.
90
encore avoir ses limites au sein du genre de super-héros, nous pouvons conclure que,
contrairement à l'affirmation d'Yvonne Tasker sur le personnage masculin comme
seul vecteur narratif, les super-héroïnes prennent de plus en plus d'espace au sein de
la narration. Malgré qu'une dimension normative est toujours présente, nous avons
constaté, avec les films X2 (2003) et The Avengers (2012), que les femmes peuvent
aussi être considérées comme des vecteurs narratifs et décisionnels.
Pour finir, nous nous permettrons d'ouvrir une parenthèse sur ce changement dans les
représentations de manière plus générale, en nous questionnant sur sa signification
dans le contexte social actuel. Est-ce que ce changement de représentation dans la vie
sentimentale de la super-héroïne signifie que le film de super-héros tend vers une
uniformisation des rapports entre les sexes? Verrons-nous, dans un futur rapproché,
un film figurant une super-héroïne comme seul personnage principal ? Plusieurs
fanatiques du genre espèrent notamment que le prochain film de Wonder Woman,
prévu pour 2017, remplira ces attentes en ce qui concerne la représentation féminine.
Éventuellement, le personnage féminin serait inclus dans l'action, parce qu'elle le
désire et parce qu'elle est compétente, et non pas parce qu'elle s'habille de façon
masculine ou, au contraire, parce qu'elle est caractérisée par sa beauté.
d'attente de ses spectateurs est complexe, car il faut «rivaliser avec l'imaginaire du
lecteur» (Rodrigue, 2003, p. 20). Lier les changements d'un stéréotype à son
contexte social n'est pas chose facile. Dire que la société désire changer les
stéréotypes féminins au cinéma n'est pas une hypothèse scientifiquement vérifiable.
Cependant, nous pouvons conclure que l'époque contemporaine est propice à ces
changements, car elle possède une ouverture d'esprit concernant le statut de la femme
au sein de la société qu'elle ne possédait pas autrefois. Plusieurs caractéristiques
peuvent tout de même être détaillées comme étant représentatives de la réalité
actuelle. Premièrement, à propos des emplois que les super-héroïnes occupent dans
leur environnement de travail ou familial, lorsque parfois elles représentent des
figures de pouvoir et de connaissance. Deuxièmement, en rapport avec leurs relations
interpersonnelles, où le stéréotype de la femme amoureuse et sentimentale tend vers
une représentation concentrée sur ses actions et sa mission. Finalement, la dernière
caractéristique, regroupant toutes les autres, est en lien avec sa vocation narrative.
Nous avons constaté que les personnages féminins sont parfois guidés par les actions
narratives de la gent masculine, mais qu'elles tendent toutefois vers une
indépendance décisionnelle.
CONCLUSION
À la suite d'une analyse approfondie des films X2 (2003), Fantastic Four (2005) et
The Avengers (2012), mais surtout de leurs protagonistes principales- Jean Grey,
Ororo Munroe/Storm, Susan Storm/Invisible Woman et Natasha Romanoff/Black
Widow - nous pouvons finalement conclure que la représentation féminine au sein du
genre de super-héros tend vers une transformation depuis le début des années 2000.
En abordant certains enjeux cruciaux en rapport avec les super-héroïnes, nous avons
constaté que Natasha Romanoff, Jean Grey et Ororo Munroe représentent ce désir de
modifier les stéréotypes établis.
Au sein de ce mémoire, nous avons défini les concepts clés de l'approche des cultural
studies et des gender studies. Nous avons différencié le sexe biologique du gender
social et défini la représentation comme étant hégémonique. De plus, nous avons mis
en relation ces concepts avec les notions de genre cinématographique et de
stéréotype. Nous avons ensuite précisé les différents types de représentations
féminines au sein du genre de super-héros. Finalement, il a été question d'interroger
ces représentations en relation avec un possible changement au sein du genre depuis
le début des années 2000. Nous pouvons donc affirmer que tous les objectifs initiaux
de ce mémoire ont bel et bien été atteints et exemplifiés.
vecteur narratif principal ? Finalement, nous nous sommes questionné sur un possible
changement ou une évolution des représentations féminines au sein du genre depuis
le début des années 2000.
En résumé, nous avons détecté, en premier lieu, deux tendances dans le costume de
super-héros. La première est caractérisée de traditionnelle, basée sur les comic books,
tandis que la deuxième tente d'actualiser l'habit de combat en diminuant les
marqueurs du gender. De cette manière, les personnages masculins et féminins sont
représentés physiquement de la même façon. Deuxièmement, au sein des relations
interpersonnelles, nous avons conclu que le personnage de Susan ne représentait
aucun changement au sein des stéréotypes féminins tandis que Jean, Ororo et Natasha
tendent vers une modification de la figure maternelle. De plus, nous avons remarqué
une tendance à représenter les super-héros en équipe, créant ainsi une variété au sein
du genre. Troisièmement, nous avons conclu que la représentation professionnelle des
super-héroïnes pouvait être caractérisée par quatre types : J. Un métier prestigieux,
mais peu ou pas représenté. 2. Un emploi explicité, mais néostéréotypé. 3. Un récit
entourant le statut professionnel. 4. N'occuper que la fonction de super-héroïne.
Quatrièmement, nous avons conclu que les personnages féminins prenaient de plus en
plus d'importance au sein de la trame narrative. Elles n'agissent donc plus comme
seul support sentimental aux personnages masculins, mais comme propre instance
décisionnelle. Finalement, nous avons détecté que les super-héroïnes tendent vers une
représentation se rapprochant de plus en plus du courant post-féministe.
narrative du genre, car ils comprennent eux aussi cette modification des
représentations. De plus, nous remarquons que les séries télévisées de super-héros
semblent aussi suivre ces nouvelles tendances de la représentation féminine. Les
limites de cette recherche se retrouvent donc dans le nombre restreint de films
composant le corpus. Partant d'un éventail très large de films, nous en avons
sélectionné une dizaine pour n'en analyser que trois de manière détaillée. De plus,
limitant le corpus filmique au début des années 2000, nous ne pouvons appliquer nos
résultats au genre de super-héros au sens large. Nous devions donc, pour les bienfaits
du mémoire de maîtrise, concentrer nos recherches sur les quinze dernières années et
sur les changements sociaux actuels. Finalement, au sein de nos trois films, X2
(2003), Fantastic Four (2005) et The Avengers (2012), nous nous devions de limiter
notre recherche à certains personnages. Ainsi, nous avons détecté certaines
modifications concernant le stéréotype féminin au sein du genre qui sont représentées
par les quatre personnages sélectionnés. De toute évidence, il est possible que ces
changements ne représentent pas toutes les super-héroïnes du genre, car 1'analyse
devait être restreinte.
Box- Office
Rank Title Distributor Ra ting 3D
(USD-MM)
1 Iron Man 3 Disney $409.0 PG-13 y
2 Hunger Games : Catching Fire, The Lionsgate 395,5 PG-13
3 Despicable Me 2 Uni versai 367.8 PG-13 y
4 Man of Steel Wamer Bros. 291.0 PG-13 y
5 Monster Universty Disney 268.5 G y
6 Frozen• Disney 263.1 PG y
7 Gravity Warner Bros. 254.9 PG-13 y
8 Fast & Furious 6 Uni versai 238.7 PG-13
9 Oz : The Great and Powerful Disney 234.9 PG y
10 Star Trek : Into Darkness Paramount 228.8 PG-13 y
Il Thor : The dark world Disney 202.7 PG-13 y
12 World WarZ Paramount 202.4 PG-13 y
Hobbit : The desolation of Smaug, y
13 Warner Bros. 201.5 PG-13
The
20th Century y
14 Croods, The 187.2 PG
Fox
20th Century
15 Heat, The 159.6 R
Fox
16 We're the Millers Warner Bros. 150.4 R
17 Great Gatsby, The Warner Bros. 144.8 PG-13 y
18 Coniuring, The Warner Bros. 137.4 R
19 Identiy Thief Universal 134.5 R
20 Grown Ups2 Sony 133.7 PG-13
20th Century y
21 Wolverine, The 132.6 PG-13
Fox
22 GI Joe : Retaliation Paramount 122.5 PG-13 y
23 Now you see me Lionsgate 117.7 PG-13
24 Cloudy with a chance of meatballs 2 Sony 116.9 PG y
The Weinstein 116.9
25 Lee Daniels'The Butler PG-13
Company
*Film still in theaters in 2014; total retlects box office earned from January 1- December 31, 2013
ANNEXES
FICHES FILMIQUES
Titre: X2
Année: 2003
Réalisateur : Bryan Singer
Scénaristes: Michael Dougherty, Dan Harris et David Hayter
Histoire originale de Stan Lee et Jack Kirby.
Histoire de Zak Penn, David Hayter et Bryan Singer
Productions: Twentieth Century Fox, Marvel Enterprise, Donner's Company et Bad
Hat Harry productions
Durée : 134 minutes
Personnages principaux:
ANNEXEC
Recettes
Année Film Adaptation Réalisateur Notes
mondiales
The Adventures of
Robert
2005 Sharkboy and Lavagirl in Original $69,425,967 Comedy, family film
Rodriguez
3-D
Reboot of the Spider-
2012 The Amazing Spider-Man Marvel Comics Marc Webb $752,216,557
Man film franchise
The Amazing Spider-Man Sequel to 2012's The
2014 Marvel Comics Marc Webb $703,664,064
2 Amazing Spider-Man
In continuity with
2008'slron
Man and The Incredible
$1,518,594,91 Hu/k. 2010's Iron Man
2012 The A vengers Marvel Comics Joss Whedon
0 2,and
20 11's Thor and Captain
America: The First
Avenger
Reboot of
Christopher
2005 Batman Begins OC Comics $374,218,673 the Batman film
No lan
franchise
Christopher $1,004,558,44 Sequel to 2005's Batman
2008 The Dark Knight OC Comics
No lan 4 Begins
Christopher $1,084,439,09 Sequel to 2008's The
2012 The Dark Knight Rises OC Comics
No lan 9 DarkKni~ht
Guillermo del
2002 Blade II Marvel Comics $155,010,032 Sequel to 1998's Blade
Toro
David S. Sequel to 2002's Blade
2004 Blade: Trinity Marvel Comics $128,905,366
Goyer II
Captain America: The Reboot of the Captain
2011 Marvel Comics Joe Johnston $370,569,774
First A venger America film franchise
100
À noter : avant les années 2000, peu de films peuvent faire compétition avec les
blockbusters d'aujourd'hui (recettes mondiales de plus de 100 millions):
Superman (Richard Donner, 1978)
Superman II (Richard Lester, 1980)
Batman (Tim Burton, 1989)
Teenage Mutant Ninja Turtles (Steve Baron, 1990)
Batman Returns (Tim Burton, 1992)
The Crow (Alex Proyas, 1994)
The Mask (Chuck Russel, 1994)
Batman Forever (Joel Schumacher, 1995)
Judge Dredd (Danny Cannon, 1995)
Batman & Robin (Joel Schumacher, 1997)
Blade (Stephen Norrington, 1998)
104
ANNEXED
Année Nbr
1990 3 1995 4 2000 4 2005 10 2010 5
1991 2 1996 3 2001 0 2006 3 2011 5
1992 1 1997 4 2002 2 2007 3 2012 6
1993 2 1998 1 2003 4 2008 9 2013 6
1994 4 1999 1 2004 5 2009 4 2014 6
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