Biodiversite Microbienne Et Parametres P
Biodiversite Microbienne Et Parametres P
Biodiversite Microbienne Et Parametres P
, 2011
RESUME
La présente étude traite de la biodiversité microbienne et des paramètres
physico-chimiques de quelques vins de rônier produits traditionnellement au Burkina
Faso. Elle a consisté à la détermination des paramètres physico-chimiques et
microbiologiques du vin de rônier issu de la fermentation spontanée de la sève de
rônier.
L’étude de la composition physico-chimique et des aspects microbiologiques a
été réalisée à l’aide des méthodes standards de microbiologie et de physico-chimie.
Douze échantillons de sève de rônier fermentée naturellement ont été collectés dans la
région de Bobo Dioulasso où ce vin est abondamment produit.
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Le pH, l’acidité totale, la teneur en sucres totaux et en alcool variaient entre 3,6 et 4,5 ;
0,1 et 1,28 % (m/v) ; 0,58 et 8,72 % (m/v) ; 4,08 et 7,25 % (v/v) respectivement. La
flore mésophile totale était entre 1,4.108 et 2,5.108 UFC et la flore de levures entre 3,4
106 et 2,85 107 UFC par millilitre de vin.
Les coliformes totaux étaient présents dans 25 % des échantillons (BFH1, BFH5 et
BFH10) à un nombre de l’ordre de 1,28.106 à 4,6.106 UFC/ml témoignant une qualité
hygiénique pauvre.
Lactobacillus, Bacillus, et Acetobacter thermo-tolérants et alcoolo-tolérants
impliqués dans le processus de fermentation spontanée de la sève de rônier ont été
également isolés et identifiés dans les échantillons BFH1, BFH9 et BFH12.
La connaissance des paramètres physico-chimiques et microbiologiques de la sève
fermentée du rônier est nécessaire non seulement pour la valorisation de cette boisson
locale et traditionnelle mais aussi pour l’exploitation de la biodiversité microbienne.
Mots-clés : Biodiversité, composition, fermentation, rônier, vin
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0.1 and 1.28 % (w/v); 0.58 and 8.72 % (m/v); 4.08 and 7.25 % (v/v) respectively. The
total mesophilic flora was between 1.4 x 108 and 2.5 x 108 CFU and yeast flora
between 3.4 x 106 and 2.85 x 107 CFU per milliter of wine.
Total coliforms were present in 25 % of samples (BFH1, BFH5 and BFH10) to a
number of about 1.28 x 106 to 4.6 x 106/ml, revealing a poor hygienic quality.
Lactobacillus, Bacillus, Acetobacter, thermo-tolerant and alcohol-tolerant involved in
the process of spontaneous fermentation of palmyra sap were also isolated and
identified in samples BFH1, BFH9 and BFH12.
Knowledge of physic-chemical and microbiological parameters is necessary not
only for the recovery of local and traditional drink but also for the exploitation of
microbial biodiversity.
Keywords: Biodiversity, composition, fermentation, palmyra, wine
INTRODUCTION
Les palmiers (Arecaceae ou Palmeae) constituent une source importante de
produits pour la vie quotidienne dans les régions rurales des pays en développement.
Parmi ces produits, le vin de palme a une grande importance socio-économique. En
effet, le vin de palme constitue une source de revenu et également une boisson
indispensable dans la plupart des sociétés traditionnelles africaines. Au Burkina Faso,
la sève de rônier dont le vin de palme constitue le principal produit d’exploitation et il
est très répandu dans la région du Sud-ouest (Cassou et Depommier, 1997). L’extraction
de la sève est pratiquée sur 70 % des rôniers de plus d’un mètre de hauteur à raison de
10 litres par arbre. La sève de rônier est essentiellement composée de glucides (10_12 %
de saccharose), de protéines solubles, d’acides aminés, d’amides, de minéraux et de
vitamines (Heller, 1981). Dans les petites entreprises de transformation, une fois
extraite, la sève est soumise à une fermentation spontanée naturelle pour donner du vin
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MATERIEL ET METHODES
1.Echantillonnage du vin de rônier
Le matériel biologique était constitué de douze échantillons de vins de rônier
achetés sur divers points de vente de la région des Hauts Bassins à l’Ouest du Burkina
Faso. Les échantillons (BFH1 à BFH12) ont été collectés dans des flacons stériles de 250
ml, transportés et conservés au laboratoire à + 4 ° C attendant les différentes analyses.
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3.Analyses microbiologiques
3.1. Détermination de la flore totale
La flore aérobie mésophile totale (FAMT) a été dénombrée en milieu PCA
(Plate Count Agar) après 24 heures d’incubation à 30° C (De Souza et al., 2010).
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microplaques de 96 puits. La croissance a été suivie pendant 24 heures dans des milieux
à concentrations alcooliques différentes et croissantes (0 % à 15 % (v/v)) en mesurant la
densité optique (DO) à 600 nm à l’aide d’un lecteur de plaque Type µ quant (Bio-tek
instrument N° série 157 904, USA).
RESULTATS
La connaissance de la composition physico-chimique et de la qualité
microbiologique du vin constitue des étapes importantes pour la valorisation du vin et
aussi contribue à l’amélioration de la qualité de cette boisson très prisée par les
populations locales. Elle peut servir non seulement d’orientation pour la conservation et
les conditions nécessaires pour une meilleure qualité hygiénique du vin mais aussi d’une
source potentielle de microorganismes potentiellement dotés de capacités fermentaires
intéressantes.
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Echantillons Analyses à
Paramètres physico-chimiques
partir du :
pH Acidité Sucres totaux Alcool (%)
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2.Analyse microbiologique
2.1.Détermination de la flore des échantillons de vins
Le dénombrement des différentes flores dans les échantillons nous a permis
d’obtenir les résultats exprimés en Unités Formant Colonie (UFC) par millilitre de vin
de rônier et consignés dans le tableau II. Les boîtes de Pétri ayant 30 à 300 UFC/ml ont
été considérées. Ces valeurs sont des moyennes de deux analyses.
FAMT 2,30 1,70 2,40 2,33 2,25 1,85 1,40 1,35 2,32 1,78 2,50 2,38
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(x10 UFC/ml)
Levures 0,34 1,28 1,60 2,18 2,85 5,70 1,60 1,43 1,26 2,78 1,42 1,35
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(x10 UFC/ml)
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Tableau III : Morphologie et Biochimie de quelques bactéries isolées des vins de rônier
Morphol Regroupeme Catalas Oxydas Croissance
Caractéristiques Gram Spore
ogie nt e e 40° C 50° C
am
Groupe 1 : S1 et
-
S 10
Groupe 2: S2,
S3 am ,S5,S6,S11,S12,
S13am,S15,S17, Chaînettes + + +
+
S18,S19,S22, S28, Chaînettes et
Bacilles
S29,S33 isolées pour
Groupe 3: S4,S7, S8, quelques unes
+
S9,S14,S16,S20,S23,S24,
S25, S26, S27,S30, S32, - +
+ -
S34, S35
Groupe 4: S21,S31 - - - + -
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Gram + + - -
Oxydase + + + +
catalase + + + +
Mobilité + + + +
VP + + - -
RM - - + +
Sporulation - + - -
Amidon + - - -
Glucose +G +G +G +G
Fructose +G +G +G +G
Saccharose +G +g +G +G
Lactose +G +G +G +G
Croissance à 40°-50° C + + + +
+G : Forte production de gaz ; +g : Faible production de gaz ; + : test positif ; - : test
négatif V P : test de Voge-Proskauer ; RM : test de Rouge de Méthyle ; BFH x :
Echantillon x du Burkina Faso/ Hauts bassins ; SX : Souche x
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Figure 2 : Effet de l’alcool sur les souches : (a) : souche S1 (p= 0,045); (b) : souche
S11 (p = 0,014) ; (c) : souche S23 (p=0,019) et (d) : souche S34 (p= 0,007)
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DISCUSSION
Le pH des différents échantillons varie entre 3,6 et 4,5. Les différences entres les
moyennes sont significatives (p<0,05). Cela montre qu’à ce stade le vin de rônier est
acide. Parmi ces échantillons, l’échantillon BFH1 a le pH le plus élevé et l’échantillon
BFH12 le plus faible. Le pH des différents vins ont été suivis pendant 6 jours au Nigéria
et ces valeurs étaient entre 2,30 et 6,30 (Ogbulie et al. en 2007). Au quatrième jour, il
était de l’ordre de 4,65. Amoa-Awua et al., (2006) en mesurant le pH du vin de palme
au Ghana ont trouvé des valeurs comprises entre 3,5 et 4,5. Ces valeurs sont proches de
celles que nous avons déterminées. Nos résultats révèlent une activité intense des
bactéries acidogènes (lactiques et acétiques) qui acidifient le vin de rônier par la
production d’acides organiques.
L’acidité totale des échantillons confirme leur faible pH car un pH bas traduit
une forte acidification. Le taux en acidité totale est compris entre 0,10 et 0,94 % (v/v).
En effet, selon Okafor (1975a) et Amoa-Awua et al. (2006), les bactéries lactiques et
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la sève soit pour diluer la sève afin d’accroître leur revenu (Olawale et al., 2010).
Trente cinq souches bactériennes ont été isolées et purifiées Ces souches
bactériennes ont été réparties en quatre groupes sur la base de leurs caractéristiques dans
le tableau III. Dans les fermentations spontanées, la nature du substrat est un facteur
électif et/ou sélectif qui limite le nombre de souches généralement à 4 ou 5 (Odunfa et
Oyewole, 1986 ; Ogbadu et Okagbue, 1988 ; N’dir et al., 1997).
Sur le profil de la tolérance à l’alcool quatre souches se sont présentées
performantes (Figure 1 : a, b, c et c). Il s’agit des souches S1, S11, S23 et S34 dont les
croissances dans les différents milieux alcooliques sont illustrées par les figures 1a, 1b,
1c et 1d respectivement. En effet, nous avons enregistré pour ces quatre souches
bactériennes une meilleure croissance dans les différents milieux alcooliques. Cette
croissance est traduite par des densités optiques plus importantes dans les différentes
concentrations alcooliques.
Les caractéristiques morphologiques, biochimiques et physiologiques de ces souches
consignées dans le tableau IV ont été comparées à celles du « Bergey’s manual of
determinative bacteriology » neuvième édition, afin de proposer une affiliation.
La souche S1 isolée de l’échantillon BFH1, amylolytique, pourrait appartenir au
genre Lactobacillus (Savadogo et al., 2001). Ce résultat est similaire à celui d’Ogbulie
et al. (2007) qui ont également isolé Lactobacillus sp. du vin de palme.
La souche S11 isolée de l’échantillon BFH3, sporulée serait du genre Bacillus (Bengaly,
2001). Combet-Blanc (1997) a également isolé du vin de palme, une bactérie
thermophile et amylolytique affiliée au genre Bacillus. Ogbulie et al. (2007) ont
également isolé Bacillus sp. du vin de palme.
Les souches S23 et S34 isolées respectivement des échantillons BFH9 et BFH12
seraient du genre Acetobacter. Amomrut et al. (2008) ont également isolé des bactéries
acétiques thermo-tolérantes à l’aide d’un milieu alcoolique à 4 % (v/v) comme milieu
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d’enrichissement. Le genre Acetobacter fait partie des bactéries les plus prédominantes
dans le vin de palme (Faparusi et al., 1991 ; Sanni et al., 1999).
Les souches bactériennes isolées thermo-tolérantes et alcoolo-tolérantes sont dotées de
capacités fermentaires et pourront être utilisées pour des essais de fermentation
(production d’acides organiques et de bioéthanol).
Cette étude montre que les polymères de glucides de la sève de rônier ont été
hydrolysés en monomères qui ensuite sont convertis en alcools puis en acides
organiques (lactiques et acétiques) par la microflore naturelle (levures, bactéries) de la
sève.
Nous avons ensuite mesuré l’effet de l’alcool sur ces quatre souches
bactériennes thermo-tolérantes et alcoolo-tolérantes retenues. Les courbes de tendance
représentées sur la figure 2 révèlent à travers les différentes pentes, l’effet de l’alcool
sur ces quatre souches. Plus la valeur absolue de cette pente est petite plus la souche
étudiée supporte l’alcool. La souche S34 a la pente de décroissance la plus petite en
valeur absolue alors que la souche S11 en a la plus grande après 24 heures. Des souches
S11 et S23, la souche S11 a la pente la plus petite.
La figure 2a traduit l’effet de l’éthanol sur la bactérie S1 et la courbe représentée sur la
figure 2b donne l’effet de l’alcool sur la souche bactérienne S11. L’effet de l’alcool sur
la souche S23 est traduit par la courbe de tendance représentée sur la figure 2c. Enfin, la
figure 2d illustre à travers la courbe de tendance, l’effet de l’alcool sur la bactérie S34.
Nous pouvons dire que cette pente correspond à la vitesse de décroissance de la souche
étudiée sous l’effet de l’alcool. De façon globale, la souche S34 tolère plus l’alcool,
ensuite la souche S11, puis la souche S23 et enfin la souche S1. Les paramètres cinétiques
consignés dans le tableau V confirment ces résultats. En comparant les vitesses
maximales de croissance (ou les temps de génération) en absences d’alcool (0 %) et
celles en présence d’alcool (12 %), nous remarquons que la souche S34 tolère plus
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CONCLUSION
Au terme de cette étude, quelques paramètres physico-chimiques (pH, acidité
totale, sucres totaux, alcool) et la qualité microbiologique (recherche des coliformes
totaux et coliformes thermotolérants) de douze échantillons de vins de rônier ont été
déterminés le quatrième jour après la récolte de la sève. Une affiliation probable des
bactéries thermo-tolérantes (40-50 ° C) et tolérantes à l’alcool (5-12 %) isolées des
différents échantillons de vin de rônier a été proposée grâce aux caractéristiques
morphologiques, biochimiques et physiologiques de ces souches. L’utilisation de ces
bactéries, par des essais de fermentation, pourrait contribuer à une optimisation de la
production de métabolites économiquement importants (acides, alcool, substances
antimicrobiennes).
Cette étude révèle que le vin de rônier héberge une grande diversité de
microorganismes (utiles ou néfastes) et que la consommation des vins produits
traditionnellement pourrait causer des risques pour la santé des consommateurs si des
précautions ne sont pas prises au cours de l’extraction et du conditionnement de ces
vins. Il faudrait donc utiliser des bidons stériles pour le conditionnement. Aussi, la sève
fraîchement collectée d’environ 24 heures, serait consommable.
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