Correction Bac SES

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BAC GÉNÉRAL 2024

Correction épreuve de SES

Épreuve composée

Première partie : Mobilisation des connaissances

Dans les sociétés démocratiques, c’est-à-dire les sociétés dans lesquelles le pouvoir appartient
au peuple, l’école vise à favoriser l’égalité des chances. Ainsi, alors que pendant longtemps
l’école française a été réservée à une élite, elle s’est peu à peu démocratisée. À partir de la
Troisième République, les pouvoirs publics ont tout d’abord cherché à rendre l’école
élémentaire publique, gratuite, laïque et accessible aussi bien aux filles et aux garçons (même
s’ils n’étaient pas mélangés). Cependant, le collège et le lycée ne restaient accessibles qu’à
certaines catégories sociales. Il faudra attendre la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, pour
la mise en place de réformes d’ampleur ayant pour objectif de favoriser l’égalité des chances.
C’est-à-dire de faire en sorte que chaque individu, peu importe son milieu social d’origine,
puisse réussir et poursuivre les études qu’il souhaite. Ainsi, on peut citer la réforme Berthoin
en 1959, qui prolonge l’instruction obligatoire jusqu’à 16 ans, et la loi Haby en 1975, qui
instaure le collège unique. Cela permet de rendre « identique » le parcours des enfants et
adolescents jusqu’à la fin du collège. En 1985, l’objectif de 80 % d’une classe d’âge qui obtient
le baccalauréat et en 2005 l’objectif de 50 % d’une classe qui poursuit des études supérieures,
sont dans cette logique de permettre à tous de réaliser des études peu importe le milieu social.
Pour terminer, en 2019, l’abaissement de la scolarité obligatoire de 6 ans à 3 ans a pour
volonté de diminuer les inégalités familiales par une scolarisation plus précoce.

Deuxième partie : Étude d’un document

1. On peut remarquer qu’en mai 2023, le taux d’inflation de la Lettonie est supérieur de
9.4 points à celui de l’Espagne. Effectivement, selon Eurostat, l’inflation annuelle en
mai 2023, était de 12.3 % en Lettonie contre 2.9 % en Espagne. Au contraire, le taux
de chômage en mai 2023, selon Eurostat, était plus élevé en Espagne de 7 points qu’en
Lettonie car 12.7 % de la population active était au chômage en Espagne contre 5.7 %
en Lettonie.

2. Un choc asymétrique peut induire des difficultés de mise en œuvre des politiques dans
la zone euro. Au sein de la zone euro, la politique monétaire est unique et pilotée par
la BCE alors que chaque pays possède sa propre politique budgétaire, même si ces
politiques sont encadrées par le pacte de stabilité et de croissance (il impose aux États
d’avoir un déficit public inférieur à 3 % du PIB et le ratio entre la dette publique et le
PIB ne doit pas dépasser 60 %). Cependant, malgré ces règles communes, les situations
économiques des pays sont très différentes. Ce qui fait qu’un même choc, c’est-à-dire
une modification brutale de la conjoncture économique, peut affecter de façon
asymétrique les économies. Par exemple, on remarque dans le document l’impact du
choc inflationniste sur les différents États. Ainsi selon Eurostat, l’inflation annuelle en
mai 2023, était de 12.3 % en Lettonie contre 2.9 % en Espagne. Alors que le taux de
chômage en mai 2023, selon Eurostat était plus élevé en Espagne de 7 points par
rapport à la Lettonie. Par conséquent, l’Espagne et la Lettonie ne vont pas avoir besoin
de la même politique économique. Alors qu’une hausse du taux d’intérêt directeur de
la BCE peut aider la Lettonie à diminuer son taux d’inflation (une hausse du taux
d’intérêt directeur entraîne une baisse des crédits, donc baisse de la masse monétaire
et baisse des prix), cela va être un frein à la baisse du chômage de l’Espagne (une
hausse du taux d’intérêt directeur affecte négativement les prêts et donc
l’investissement et la consommation, ce qui affecte négativement la production et
donc l’emploi). Il va donc être complexe pour la BCE de trouver le taux d’intérêt
permettant de concilier les différentes situations économiques des États de la Zone
euro.

Troisième partie : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire

Dans le cadre de ce sujet, il s’agit de présenter les différents instruments dont disposent les
pouvoirs publics afin d’atteindre les objectifs de justice sociale (idéal précisant ce qu'est une
juste répartition des ressources matérielles ou symboliques d'une société) déterminés par une
société donnée. Il ne s’agissait pas de développer les limites de ces différents instruments. Les
documents et le cours induisent d’étudier le cas français. Ainsi, la réponse pouvait être
organisée en 4 paragraphes : protection sociale, fiscalité, services collectifs, mesures de lutte
contre les discriminations.

• La protection sociale
L’État-Providence a mis en place un système de protection sociale au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale qui, progressivement, s’est étendu à tous les risques sociaux. Cette
intervention de l’État permet de réduire les inégalités grâce à la redistribution qui traduit la
solidarité de la société. Elle s’effectue selon le principe de l’assurance : principalement assises
sur le travail, les cotisations sociales sont prélevées à la source et les prestations sociales sont
versées suivant une logique horizontale (les bien-portants financent les remboursements des
malades, les actifs paient pour les inactifs.). Mais avec la hausse du chômage et de la précarité,
la logique d’assistance s’est développée. Après avoir longtemps favorisé l’assurance sociale,
le système de protection sociale français recourt davantage à l’assistance selon une logique
de redistribution verticale : on réalise un transfert entre des catégories de populations qui ont
des revenus différents, des plus riches vers les pauvres.

• La fiscalité
La logique verticale de la protection sociale est en particulier financée par la fiscalité. On
retrouve 3 types d’impôts. Un impôt est dit progressif quand les ménages qui ont des revenus
élevés versent une part plus importante de leur revenu que ceux qui ont des revenus
modestes (plus le revenu est élevé, plus la part du revenu qui est prélevée est importante).
C’est l’impôt qui permet de réduire les inégalités entre individus. Un impôt est proportionnel
si tous les ménages se voient prélevés une même proportion de leur revenu ou de leurs
dépenses. Enfin, il existe quelques impôts forfaitaires, chaque contribuable paie la même
somme. Ces deux derniers n’ont pas pour effet de réduire les inégalités mais peuvent être
considérés comme justes.
Exemple du document 1 afin d’illustrer la protection sociale et la fiscalité : Selon le document
1, on remarque qu’une fois la redistribution réalisée (prélèvements sociaux et prestations
sociales versées), selon l’INSSE en 2023, le niveau de vie en France Métropolitaine des 10 %
des ménages des plus pauvres (dont le revenu est positif ou nul et donc la personne de
référence n’est pas étudiante) augmente de 207,4 % après redistribution alors que celui des
10 % les plus riches diminue de 24,8%. Ce qui permet de réduire les écarts de niveau de vie
entre les 10 % les plus pauvres et les 10% les plus riches.

• Les services collectifs


Les services collectifs tels que la santé, l’éduction, le logement bénéficient à tous et sont peu
(ou pas) financés par les ménages les plus modestes. Cela permet à chaque individu d’une
même société d’avoir accès à certains services.

Exemple à partir du document 3 : Selon l’INSEE, en France, on remarque une hausse des
dépenses intérieures d’éducation passant de 80.9 milliards d’Euros de 2020 en 1980 à 160.6
milliards d’euros en 2020 (prévision). Dans le même temps ces dépenses sont de plus en plus
financées par l’État et moins par les ménages, ce qui permet de garantir une plus grande
universalité de ce service public. Ainsi, alors qu’en 1980, les ménages finançaient 10.7 % de
ces dépenses, ils n’en financent plus que 6.5 % en 2020.

• Mesures de lutte contre les discriminations


Afin de garantir la justice sociale, les pouvoirs publics peuvent lutter contre les discriminations.
Cela passe par la loi (parité hommes/femmes en politique…) mais également par des
politiques de discrimination positive. Il s’agit en effet, de mettre en place des inégalités pour
favoriser l’égalité (convention éducation prioritaire, quotas de personnes en situation de
Handicap dans les entreprises…), afin de favoriser un groupe généralement défavorisé.

Exemple à partir du document 2 : En 2011, une loi visant à garantir la parité hommes/femmes
dans les conseils d’administration des grandes entreprises a été votée avec un objectif de 40 %
de femmes en 2017 (un palier à 20 % en 2014). Il s’avère que l’objectif de 40 % a même été
dépassé.
BAC GÉNÉRAL 2024
Correction épreuve de SES-Dissertation

Dans quelle mesure les évolutions de l’emploi affaiblissent-elles le pouvoir intégrateur du


travail ?

Le sujet proposé est un sujet débat il s’agit donc dans un premier temps de montrer que les
évolutions de l’emploi (précarisation, taux persistant de chômage élevé, polarisation de la
qualité de l’emploi) affaiblissent son rôle intégrateur mais que pour autant celui-ci persiste.

I. Les évolutions de l’emploi affaiblissent son rôle intégrateur…

1) La précarisation
Le développement des emplois dont le contrat de travail a une durée limitée dans le temps
(CDD, Intérim) et à temps partiel subis fragilise le rôle intégrateur du travail. Les titulaires de
ces contrats précaires sont plus susceptibles de connaître des périodes de chômage au terme
de leur contrat, leur accès au crédit bancaire est restreint, et il leur est plus difficile de
s’intégrer aux collectifs de travail du fait de la durée courte de leur mission. Ainsi, ces salariés
ont tendance à être en plus grande précarité économique, c’est le phénomène des
travailleurs pauvres.

Exemple à partir du document 4 : Le document permet d’illustrer des situations de précarité


qui sont en particulier vécues par les jeunes femmes : contrats précaires, contrats oraux,
horaires fractionnés, conditions de travail pénibles. On peut prendre l’exemple de Maëlle qui,
malgré une formation, enchaîne les contrats courts ce qui la met en difficulté pour vivre,
payer sa maison.

2) Le taux persistant de chômage élevé


Le chômage croissant et massif apparu dans les années 1970 a contribué à affaiblir le rôle
intégrateur du travail. Outre la perte de revenus et de statut social, il peut provoquer un
sentiment d’inutilité. La rupture du lien professionnel causée par le chômage s’accompagne
de l’affaiblissement des réseaux de sociabilités de l’individu, à la fois car il perd le contact
avec ses anciens collègues, mais aussi car le chômage entraîne souvent la rupture d’autres
liens sociaux comme le lien familial (divorces) ou les liens amicaux (déclin de la sociabilité du
fait de l’absence de moyens financiers, de la honte de ne plus avoir d’emploi…). Les chômeurs
peuvent également éprouver la stigmatisation lorsqu’ils doivent recourir à l’aide sociale. Le
chômage ne correspond donc pas seulement à la perte des liens sociaux mais également au
jugement dévalorisant qui est porté sur les exclus qui renforce leur isolement.

Exemple à partir du document 3 : On remarque que depuis 1975 en France hors Mayotte, le
taux de chômage et le taux de chômage longue durée ont augmenté. Ainsi, selon l’INSEE,
alors que 4 % (environ) de la population active était au chômage en 1975, c’est le cas de 7.5 %
de la population active en 2022.
3) La polarisation de la qualité de l’emploi
Enfin, le phénomène de polarisation des emplois aboutit au développement des inégalités de
salaires et de conditions de travail, qui affaiblissent la cohésion sociale.
Effectivement, l’individualisation des carrières et des rémunérations favorise la mise en
concurrence des travailleurs, ce qui limite la solidarité entre les salariés d’une même
entreprise. De plus, avec le recours aux nouvelles organisations du travail, les travailleurs ne
sont plus regroupés au sein d’unités de production bien définies où ils se côtoyaient de façon
régulière. On observe de plus en plus le développement du statut d’auto-entrepreneur (on
peut penser aux travailleurs des plateformes comme Uber eat) ce qui peut les isoler d’un
collectif de travail.
Également, le recours plus important au numérique (télétravail, informatisation des tâches...)
réduit les contacts humains entre travailleurs (difficiles ou rares échanges informels entre
travailleurs). De plus, cela augmente la polarisation des emplois avec d’un côté des salariés
qualifiés qui voient leur rémunération augmenter et les salariés les moins qualifiés, qui
effectuent des tâches pénibles qui voient leur rémunération stagner.

Exemple à partir du document 1 : On remarque qu’en 2019, la qualité de l’emploi est


différente selon la catégorie socio-professionnelle. On peut notamment montrer que la
crainte de perte son emploi varie fortement. Alors qu’en France hors Mayotte, d’après DARES-
INSEE, en 2019, 13 % des CPIS avaient peur de perdre leur emploi, c’était le cas pour 23 % des
employés et 21 % des ouvriers. Ainsi, les employés et les ouvriers sont davantage dans une
situation d’insécurité socio-économique que les CPIS.

Exemple à partir du document 2 : On remarque une forte hausse des emplois qualifiés et très
qualifiés, une petite hausse des emplois peu qualifiés et une baisse des emplois moyennement
qualifiés. Ce qui conduit à une polarisation entre les emplois qualifiés et peu qualifiés. Par
exemple, selon INSEE-DGI, en France métropolitaine, en ce qui concerne les personnes en
emploi, entre 1996 et 2017, les professions très qualifiées ont augmenté de 4 points alors que
les professions moyennement qualifiées ont diminué de 6 points.

II. …cependant, il occupe toujours un rôle primordial dans l’intégration des individus.

1) Le travail entraîne des revenus


Le travail permet de générer des revenus qui permettent de s’intégrer et de répondre aux
normes de la société de consommation. Comme le fait de sortir avec des amis, partir en
vacances, équiper son logement avec divers objets numériques… Il permet également de se
protéger contre le risque de pauvreté en pouvant se nourrir, se vêtir, se loger.

2) Le travail génère des droits sociaux


Le travail, de par le système de protection sociale, génère un certain nombre de droits sociaux.
Comme par exemple, des droits à la retraite, des indemnités maladies, indemnités chômage,
indemnité maternité… ce qui conduit également à protéger les individus de la pauvreté et de
la précarité. Cela permet également la cohésion de la société en favorisant un système de
solidarité nationale.
3) Le travail confère un statut social et des liens de sociabilité
Le travail procure une reconnaissance à l’individu, effectivement ce dernier va définir en
particulier son statut social par rapport à son travail.
Il est source de sociabilité entre collègues (échanges informels pendant, en dehors-le travail).
Le travail permet également de tisser un réseau de relations et d’augmenter son capital social
qui pourra être mobiliser pour trouver un nouvel emploi, trouver un stage pour ses enfants…
Il peut permettre de prendre part à des formes de participation à la vie politique en se
syndiquant, en participant à des manifestations, des grèves.

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