ISSUU - Un Berger Médite

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Phillip Keller

Phillip Keller propose un commentaire vivant du


psaume 23, passage de la Bible des plus connus.
De par son expérience de berger, l’auteur peut, mieux que
quiconque, parler de ce que sont les « verts pâturages » et les
« eaux paisibles ». Il vous fera redécouvrir Celui qui pourvoit si
pleinement aux besoins de chacune de ses brebis.
Lisez ce livre comme si vous accompagniez un troupeau de
brebis dans ses pérégrinations, sous la conduite attentionnée
de son berger. Vous serez touché de voir à quel point l’Éternel,
votre Berger, se soucie de vous. Et si vous ne faites pas encore
partie de son troupeau, vous pourrez entendre son appel à
devenir l’une de ses brebis !

Un berger médite Le Psaume 23


L’auteur, Phillip Keller (1920-2001), a toujours aimé la nature et la vie en
plein air. Il a grandi et vécu dans l’Est africain où il a été berger, puis propriétaire
et éleveur de moutons. C’est pourquoi sa description de la vie de berger et sa
connaissance des brebis se révèlent si vivantes et pertinentes. Conférencier de
renom et auteur de plusieurs best-sellers, il a touché par ses écrits des hommes
et des femmes de toutes nationalités.

ISBN 978-2-910246-85-3

9 782910 246853
7,50 €
Un berger médite le Psaume 23
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre :
A Shepherd Looks at Psalm 23
Zondervan Publishing House • Grand Rapids • MI • USA
© 1970 W. Phillip Keller
Tous droits réservés.

Édition en langue française :


Un berger médite le Psaume 23 • Phillip Keller
© 1977 BLF Éditions • www.blfeditions.com
Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Couverture et mise en page : BLF Éditions


Impression nº XXXX • IMEAF • 26160 La Bégude de Mazenc • France

Les citations bibliques sont tirées de La version Louis Segond.

978-2-910246-85-3 ISBN BLF Version brochée


978-2-36249-183-2 ISBN BLF Version ePub
978-2-36249-184-9 ISBN BLF Version PDF
978-2-36249-185-6 ISBN BLF Version Mobipocket

Dépôt légal 4e trimestre 2015

Index Dewey (CDD) : 223.2


Mots-clés : Psaumes. Psaume 23. Dieu. Berger.
5

À propos
de l’auteur
Né dans l’Est africain, Phillip Keller (1920-2001) a
toujours aimé la nature et la vie en plein air.
Ses études d’agronomie à l’Université de Toronto
(Canada) l’ont amené à consacrer de nombreuses an-
nées à la recherche dans les domaines de l’agriculture,
de l’aménagement du territoire et du développement
des fermes d’élevage en Colombie britannique.
Plus tard, il poursuivit des études d’écologie dans
l’Est africain ; elles le conduisirent à de nouvelles carriè-
res touchant à la conservation de la nature, à la photogra-
phie des animaux sauvages et au journalisme ; ces der-
nières occupations lui firent visiter plus de vingt pays.
Phillip Keller a exprimé son amour pour Dieu et
pour la nature dans de nombreux best-sellers. Sa passion
pour le partage des vérités divines lui a permis d’attein-
dre des hommes et des femmes de toutes nationalités.
Il est l’auteur des livres suivants : Splendeur des
mers, Sous le ciel du désert, Gloire sauvage de l’Afri-
que, Comme croît un arbre…
6 Le Psaume 23

Il a relaté les leçons spirituelles de son expérience


en tant que berger dans les trois livres suivants : Un
berger médite le Psaume 23, Un berger contemple le
Bon Berger et ses brebis, Un berger apprend les leçons
d’un chien de berger.
En hommage à Chic qui,
durant ces nombreuses années d’aventures,
fut ma compagne bien-aimée.
8 Le Psaume 23

L’Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien.


Il me fait reposer dans de verts pâturages,
Il me dirige vers des eaux paisibles.
Il restaure mon âme,
Il me conduit dans les sentiers de la justice,
À cause de son nom.

Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort,


Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi :
Ta houlette et ton bâton me rassurent.
Tu dresses devant moi une table,
En face de mes adversaires ;
Tu oins d’huile ma tête,
Et ma coupe déborde.
Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront
Tous les jours de ma vie,
Et j’habiterai dans la maison de l’Éternel
Jusqu’à la fin de mes jours.

Psaume 23
9

Introduction
La Bible est, en grande partie, une collection de
livres écrits par des hommes d’origine modeste, sous
l’inspiration de l’Esprit de Dieu. Son enseignement
s’exprime souvent en langage rustique, traitant de cho-
ses de la nature et de phénomènes naturels. À l’origine,
ces écrits s’adressaient à un peuple simple, nomade,
familier de la nature et de la vie en plein air à la cam-
pagne.
Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Un grand nombre
de personnes qui, à notre époque, lisent ou étudient les
Écritures, sont issues d’un milieu urbain et vivent dans
un environnement artificiel. Le bétail, les récoltes,
la terre et ses fruits, la vie sauvage, autant de sujets
qu’ignorent souvent les citadins.
Une bonne partie des vérités enseignées dans la
Parole de Dieu leur échappe parce qu’ils n’ont pas
10 Le Psaume 23

l’expérience, par exemple, des moutons, du blé, du sol,


de la vigne.
Et pourtant, la révélation divine est indissoluble-
ment liée à ces éléments de base de la nature. Notre
Seigneur Lui-même, lorsqu’Il était parmi nous, se
servait continuellement, dans ses paraboles, des phé-
nomènes naturels pour expliquer la vérité surnaturelle.
C’est là une méthode saine, indiscutable, également
valable scientifiquement et spirituellement.
Tout cela est compréhensible et plein de significa-
tion si nous reconnaissons que Dieu est l’Auteur et le
Créateur à la fois du naturel et du spirituel. Les mêmes
lois fondamentales, les mêmes principes et procédés
s’exercent dans ces deux domaines contigus. Il en dé-
coule tout naturellement que comprendre l’un, c’est
saisir le principe parallèle de l’autre.
Je dois dire ici que c’est par ce type d’interprétation
scripturaire que ma propre compréhension de la Bible
a pris tout son sens. Ceci explique aussi, en partie, que
des vérités que j’avais exposées à divers auditeurs leur
sont longtemps restées en mémoire avec une grande
clarté.
Cet ouvrage a été conçu dans un environnement
unique, qui m’a permis de comprendre profondément
ce que David avait à l’esprit lorsqu’il a écrit son ma-
gnifique poème. D’abord, j’ai vécu et grandi dans l’Est
africain, entouré de bergers indigènes, aux mœurs très
semblables à celles de leurs frères du Moyen-Orient.
C’est pourquoi je connais parfaitement la vie roman-
Introduction 11

tique, pathétique et pittoresque du berger oriental.


Ensuite, j’ai passé huit ans de ma vie de jeune homme
comme propriétaire et éleveur de troupeaux de mou-
tons. Je puis donc écrire sur le sujet comme un homme
bénéficiant d’une expérience de première main. Plus
tard, en tant que pasteur laïc, j’ai partagé les vérités de
ce psaume, comme un berger avec son troupeau, cha-
que dimanche, pendant plusieurs mois.
Voici pourquoi les chapitres qui vont suivre sont
nés de ces expériences vécues au milieu des moutons.
À ma connaissance, c’est la première fois qu’un hom-
me proche de la terre, un berger aux mains calleuses,
aura écrit aussi longuement sur le Psaume du Berger.
Une difficulté surgit quand on écrit un livre traitant
d’une partie familière des Écritures. Le lecteur sera-il
dérouté, voire déçu par cette autre approche ? Comme
il arrive souvent pour un enseignement spirituel, le
vingt-troisième psaume s’enveloppe d’une imagerie
sentimentale, sans fondement solide dans la vie réelle.
Certaines idées avancées à son sujet sont, en fait, à la
limite du grotesque.
Je demanderais donc au lecteur d’aborder les pa-
ges qui vont suivre avec un esprit ouvert et sans parti
pris. S’il y consent, il sera ébloui de découvrir à quel
point Dieu se soucie de lui. Il se sentira amené à une
appréciation nouvelle et confiante de l’œuvre infinie
de notre Sauveur pour sa brebis. Et de tout cela émer-
geront amour et louange de plus en plus grands pour le
Pasteur de son âme.
13

Chapitre 1

« L’Éternel est
mon berger »
L’Éternel ! Mais qui est l’Éternel ? Quelles sont ses
qualités ? A-t-Il les capacités pour être mon Berger,
mon Guide, mon Propriétaire ?
Et s’Il est tout cela, comment puis-je me soumettre
à son autorité ? De quelle façon puis-je devenir l’objet
de sa sollicitude et de ses soins assidus ?
Voici des questions pertinentes et qui vont au fond
des choses ; elles méritent un examen honnête et ap-
profondi.
Un des travers du christianisme est notre tendance
à nous exprimer en généralités ambiguës.
David, l’auteur du poème, lui-même berger et fils
de berger, connu plus tard sous le nom de Roi Berger
d’Israël, a dit explicitement : « L’Éternel est mon ber-
14 Le Psaume 23

ger. » De qui parlait-il ? Il faisait allusion à Yahveh, le


Seigneur Dieu d’Israël.
Son affirmation a été confirmée par Jésus-Christ.
Quand Il était Dieu incarné parmi les hommes, Il a
déclaré avec force : « Je suis le bon berger. » Mais qui
était ce Christ ?
Notre estimation de sa personne est souvent trop
étroite, trop mesquine, trop humaine. C’est pourquoi,
nous ne nous sentons pas disposés à Lui permettre
d’avoir autorité sur nous – et encore moins à Lui ac-
corder un droit de propriété sur notre personne.
C’est Lui qui est directement responsable de la
création de toutes choses, tant naturelles que spirituel-
les (voyez Colossiens 1 : 15-20).
Si nous nous arrêtons à considérer la Personne de
Christ – son pouvoir et son œuvre – soudain, comme
David, nous serons heureux de dire avec fierté :
« L’Éternel est mon berger » !
Mais auparavant, remettons-nous clairement en
mémoire le rôle particulier joué dans notre histoire par
Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.
Dieu le Père est Dieu l’Auteur de tout ce qui existe.
C’est dans son esprit, d’abord, que tout a pris forme.
Dieu le Fils, notre Sauveur, est Dieu l’Artisan –
l’Artiste –, le Créateur de tout ce qui existe. Il a amené
à l’existence tout ce qui, à l’origine, était formulé dans
la pensée de son Père.
Dieu le Saint-Esprit est Dieu l’Agent qui présente
ces faits à la fois à ma pensée et à ma compréhension
« L’Éternel est mon berger » 15

spirituelle afin qu’ils deviennent pour moi proches et


réels.
Les merveilleuses relations entre Dieu et l’homme,
dont les Écritures nous parlent souvent, sont celles
d’un Père avec ses enfants et d’un Berger avec ses
brebis. Ces concepts ont été conçus à l’origine dans la
pensée de Dieu notre Père. Ils ont été réalisés dans la
pratique par l’œuvre de Christ. Ils sont confirmés et me
sont rendus réels par le ministère du Saint-Esprit.
Ainsi, lorsqu’un homme ou une femme émet la
simple – mais sublime – affirmation : « L’Éternel est
mon berger », celle-ci implique immédiatement une
relation profonde, pratique et agissante entre une créa-
ture humaine et son Créateur.
Elle élève une motte d’argile à une destinée divine,
elle signifie qu’un simple mortel devient l’objet privi-
légié de la diligence divine.
Cette seule pensée devrait stimuler mon esprit,
aiguiser ma conscience et me donner le sens de la très
grande dignité de ma personne en tant qu’individu.
Songer que Dieu, en Christ, s’intéresse de très près
à ma personne confère immédiatement à mon séjour
sur cette terre un but sublime et une très grande impor-
tance.
Plus ma conception de Christ sera grande, épa-
nouie, empreinte de majesté, plus ma relation avec Lui
sera vivante. Évidemment, David, dans ce psaume, ne
parle pas en tant que berger, bien qu’il en fût un, mais
en tant que brebis, une brebis du troupeau. Il s’exprime
16 Le Psaume 23

avec fierté, dévotion et admiration. C’est comme s’il


éclatait en un cri de gloire : « Voyez qui est mon Ber-
ger, mon Propriétaire, mon Guide : c’est l’Éternel ! »
Après tout, il savait par expérience personnelle que
le sort de toute brebis dépend du genre d’homme à qui
elle appartient. Certains hommes étaient doux, gentils,
intelligents, courageux et désintéressés dans leurs re-
lations avec leur troupeau. Avec d’autres, les brebis
avaient à lutter pour leur vie, souffraient de la faim, de
fatigue, de privation. Guidées par les premiers, elles
prospéraient et s’épanouissaient.
Ainsi, si l’Éternel est mon Berger, je dois apprendre
à Le connaître et à expérimenter quelque chose de sa
puissance.
En méditant sur tout ceci, il m’arrive de sortir la
nuit pour une promenade sous les étoiles, et là, je vois
sa majesté et sa force. Levant les yeux vers le ciel
étoilé, je me rappelle qu’au moins 250 000 000 fois
25 000 000 de ces corps célestes, tous plus grands que
notre soleil – qui est une des plus petites étoiles –, ont
été semés par sa main dans les vastes espaces de l’uni-
vers. Et notre planète, la terre, notre demeure tempo-
raire pour quelques courtes années, constitue un point
si petit dans l’espace que, même à l’aide du télescope
le plus puissant, nous ne pourrions pas la voir depuis
l’étoile la plus proche, Proxima du Centaure.
Tout cela est un peu humiliant. Cela vide un hom-
me de son moi et ramène toutes choses à leurs justes
proportions. Je suis moi-même une infime quantité de
« L’Éternel est mon berger » 17

matière dans un immense univers. Cependant, un fait


extraordinaire demeure : Christ, le Créateur de cet
univers aux dimensions écrasantes, daigne se désigner
Lui-même comme mon Berger et m’invite à me con-
sidérer comme sa brebis, l’objet de son affection et de
son attention. Qui mieux que Lui pourrait prendre soin
de moi ?
Si maintenant je me baisse et ramasse un peu de
terre au creux de ma main, si je la place sous l’objec-
tif d’un microscope électronique, je suis stupéfait de
la voir fourmiller de milliards de milliards de micro-
organismes. Beaucoup d’entre eux sont si complexes
dans leur structure cellulaire particulière que même
une fraction de leurs fonctions dans la terre n’est pas
encore exactement connue.
Oui, Lui, le Christ, le Fils de Dieu, a amené tout
cela à l’existence. De la plus gigantesque galaxie au
plus minuscule microbe, tout fonctionne parfaitement
suivant des lois bien définies d’ordre et d’unité qui dé-
passent de loin les compétences humaines.
Ces considérations m’amènent, en tout premier
lieu, à admettre la légitimité de sa propriété sur moi,
créature humaine, tout simplement parce que c’est
Lui qui m’a amené à l’existence et que personne n’est
mieux à même de me comprendre et de prendre soin
de moi.
Je Lui appartiens simplement parce qu’Il a délibé-
rément choisi de me créer comme objet de son affec-
tion.
18 Le Psaume 23

Il est parfaitement clair que la plupart des hommes


et des femmes refusent de l’admettre. Ils persistent à
nier qu’une relation de ce genre existe ou même puisse
exister entre un homme et son Créateur, montrant ainsi
leur répugnance à admettre que quelqu’un puisse faire
valoir un droit de propriété ou exercer une autorité sur
eux pour le seul fait de les avoir amenés à l’existence.
Ceci était évidemment le « risque » énorme ou la
« chance calculée » – si nous pouvons utiliser ces ter-
mes – pris par Dieu en créant l’homme.
Mais dans un geste de grande générosité, Il a ac-
compli au Calvaire le second pas en vue de rétablir
cette relation rompue par les hommes qui Lui ont
tourné le dos.
De nouveau, en Christ, Il a montré le profond dé-
sir de son cœur de voir les hommes se placer sous sa
garde bienveillante. Il a payé le prix de leur perversion,
déclarant clairement que « Nous étions tous errants
comme des brebis, chacun suivait sa propre voie ;
et l’Éternel a fait retomber sur lui l’iniquité de nous
tous » (Ésaïe 53 : 6).
Ainsi, et d’une manière vitale et très réelle, je Lui
appartiens véritablement car Il m’a de nouveau acquis
au prix incroyable de sa propre vie offerte et de son
sang versé.
Il est donc en droit de dire : « Je suis le bon berger,
le bon berger donne sa vie pour ses brebis. »
Je me souviens très clairement de l’importance que
prenait la question du paiement de mes brebis lors de
« L’Éternel est mon berger » 19

mes premières démarches dans ce domaine. Elles ne


m’appartenaient que si je les avais payées comptant. Cet
argent gagné par ma sueur, mon sang et mes larmes du-
rant ces désespérantes et oppressantes années de crise…
Et lorsque j’achetai ce premier petit troupeau, je l’avais
littéralement acquis au prix de mon propre corps.
De ce fait, je ressentais de façon très spéciale que
ces brebis étaient véritablement une partie de moi-
même et moi une partie d’elles. Il s’était créé une
identité intime qui, bien que non apparente pour un
observateur étranger, me rendait ces trente brebis infi-
niment précieuses.
Mais le jour où je les achetai, je compris aussi que
cette acquisition n’était que la première étape d’un long
effort ; à partir de ce moment, j’aurais, en tant que leur
propriétaire, à donner continuellement ma vie pour el-
les si je voulais les voir se développer et prospérer. Les
brebis ne peuvent prendre soin d’elles-mêmes comme
certains pourraient le supposer. Elles demandent, plus
que tout autre type de bétail, une attention sans fin et
des soins méticuleux.
Ce n’est pas par hasard que Dieu a choisi de nous
appeler des brebis. Le comportement de la brebis et
celui de l’homme sont semblables sur plus d’un point,
comme nous le verrons dans les chapitres suivants.
Notre esprit grégaire – de moutons de Panurge –, nos
craintes et notre timidité, notre obstination et notre stu-
pidité, nos mauvaises habitudes constituent des paral-
lèles de grande importance.
20 Le Psaume 23

Cependant, en dépit de ces caractéristiques assez


défavorables, Christ nous choisit, nous achète, nous
appelle par notre nom, nous fait siens et se plaît à s’oc-
cuper de nous.
C’est ce dernier aspect qui est en réalité la troisiè-
me raison pour laquelle nous sommes dans l’obligation
de reconnaître sa propriété sur nous. Au sens littéral
du mot, Il se donne Lui-même continuellement pour
nous : Il intercède toujours pour nous, Il nous guide par
son esprit, Il œuvre toujours en notre faveur afin que
nous puissions bénéficier de ses soins.
En fait, le Psaume 23 pourrait bien être appelé :
Hymne de louange de David à la divine sollicitude. Le
poème tout entier nous montre la manière dont un bon
berger n’épargne aucune peine pour le bien-être de ses
brebis.
Certains s’étonnent que le poète ait ressenti de la
fierté d’appartenir au Bon Berger. Pourquoi ne l’aurait-
il pas pu ?
Je me souviens encore d’une ferme d’élevage de
notre district, dont le propriétaire n’aurait jamais dû
être autorisé à s’occuper de brebis. Son troupeau était
toujours maigre, faible et dévoré de parasites. Les pau-
vres bêtes se tenaient continuellement contre la bar-
rière, regardant fixement l’herbe grasse et verdoyante
dont jouissait mon troupeau. Si elles avaient pu parler,
je suis certain qu’elles auraient murmuré : « Oh, être
libérées de cet affreux propriétaire ! »
« L’Éternel est mon berger » 21

Cette image n’a jamais quitté ma mémoire. Elle me


fait penser à ces pauvres foules qui, dans le monde entier,
ne connaissent pas le bonheur d’appartenir au Bon Berger,
et souffrent au contraire sous la domination de Satan.
Comme il est étonnant que certains hommes et cer-
taines femmes refusent obstinément les droits de Christ
sur leur vie ! Ils craignent qu’en reconnaissant sa pro-
priété, ils ne passent sous le joug d’un tyran.
Ceci est difficile à comprendre si l’on prend la
peine de considérer la personne de Christ. Un regard
impartial sur sa vie révèle rapidement une personnalité
toute de compassion et d’incroyable intégrité.
Il fut l’être le plus équilibré et le plus aimé qui soit
jamais entré dans la société humaine. En dépit de son
humble naissance et de son appartenance à une mo-
deste famille de travailleurs, Il s’est toujours comporté
avec dignité et assurance.
Bien qu’Il n’ait pas joui d’avantages spéciaux dans
son enfance, ni par l’éducation ni par la situation, toute
sa philosophie et sa conception de la vie se situaient dans
les plus hautes sphères du comportement humain. Bien
qu’Il n’ait eu ni activité sur le plan de l’économie, ni
pouvoir politique, ni puissance militaire, nul autre que
Lui n’a jamais eu un tel impact sur l’histoire du monde.
Grâce à son influence, des millions de personnes, tout au
long de vingt siècles, ont mené une vie honnête et noble.
Il n’était pas seulement bon, tendre et vrai, mais Il
était aussi juste, ferme comme l’acier, et terriblement
dur à l’égard des hypocrites. Magnanime quand Il ac-
22 Le Psaume 23

cordait son pardon aux pécheurs, Il était craint de ceux


qui s’abandonnaient aux paroles mensongères et aux
faux-semblants.
Il est venu pour libérer les hommes de leurs péchés,
de leurs peurs, de leur égoïsme. Ceux qu’Il a ainsi dé-
livrés l’ont aimé ardemment.
Il a dit avec insistance qu’Il était le Bon Berger, le
Berger compréhensif, le Berger attentif qui se donne
la peine de chercher, de sauver et de rétablir dans leur
dignité les hommes et les femmes perdus.
Il n’a jamais hésité à dire clairement que toute per-
sonne acceptant sa direction et son autorité connaîtrait
avec Lui une relation nouvelle et unique. Une marque
distinctive différencierait hommes et femmes Lui ap-
partenant du reste de la foule.
Le jour où j’amenai mes trente premières brebis,
mon voisin et moi-même, assis sur la barrière pous-
siéreuse entourant la prairie, admirions ces animaux
robustes et solides qui étaient devenus miens. Alors
mon voisin me tendit un grand couteau bien aiguisé
et me dit : « Eh bien, Phillip, elles sont à vous ; il faut
maintenant que vous les marquiez. »
Je savais exactement ce que cela signifiait. Chaque
propriétaire de troupeau a sa propre marque qu’il grave
dans l’oreille de l’animal. De cette façon, même à dis-
tance, il est facile de savoir à qui appartient la brebis.
Ce n’était pas une opération des plus agréables
que d’attraper chaque brebis à tour de rôle, de placer
une de ses oreilles sur un billot et de la lui marquer
« L’Éternel est mon berger » 23

profondément à l’aide de la lame aiguisée. C’était une


souffrance pour la brebis et pour moi-même. Mais cet-
te souffrance mutuelle avait pour résultat une marque
de propriété indélébile. À partir de ce moment, chaque
brebis entrant en ma possession porterait ma marque.
L’Ancien Testament nous offre à ce sujet un pa-
rallèle intéressant. Lorsqu’un esclave choisissait de
son plein gré d’appartenir à une famille hébraïque, il
était soumis à un certain rite. Son maître et proprié-
taire l’amenait à la porte, lui plaçait le lobe de l’oreille
contre l’un des montants et le perçait à l’aide d’un
poinçon. À partir de ce moment, il appartenait à cette
famille pour la vie.
Pour chaque homme ou femme reconnaissant les
droits de Christ sur sa vie et désirant Lui en confier la
propriété absolue, se pose la question de sa marque. La
Croix est la marque qui devrait nous identifier à Lui à
jamais. En est-il bien ainsi ?
Jésus l’a dit clairement et solennellement : « Si
quelqu’un veut être mon disciple (celui qui me suit),
qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix
et qu’il me suive » (Marc 8 : 34). Voici ce que cela si-
gnifie : une personne échange une vie frivole, factice
et inconsistante pour la magnifique expérience d’une
existence pleine et entière, guidée par Dieu.
Il est tragique de constater que beaucoup de person-
nes qui n’ont jamais réellement accepté sa direction ou
son autorité proclament : « L’Éternel est mon berger. »
Elles semblent espérer que par cette simple proclama-
24 Le Psaume 23

tion, elles bénéficieront de sa sollicitude sans avoir à en


payer le prix, qui est de renoncer à une vaine manière
de vivre.
Nous ne pouvons pas suivre deux chemins. Ou nous
appartenons à Jésus, ou nous ne Lui appartenons pas.
Il nous a Lui-même avertis qu’il viendrait un temps où
beaucoup diraient avoir fait beaucoup de choses mer-
veilleuses en son nom, mais Il leur répondra qu’Il ne
les a jamais reconnus comme siens.
C’est là une pensée grave et sérieuse qui devrait
nous amener à réfléchir à nos relations personnelles
avec le Seigneur :
Est-ce que je Lui appartiens réellement ?
Est-ce que je reconnais réellement ses droits sur
moi ?
Est-ce que je réponds à son autorité et confesse Lui
appartenir ?
Est-ce que je trouve liberté et plein accomplisse-
ment dans cette appartenance ?
Est-ce que je ressens une satisfaction profonde à
me trouver sous son autorité ?
Est-ce que Lui appartenir me donne paix et repos,
ainsi qu’un sentiment de vie exaltante ?
S’il en est ainsi, alors je puis m’écrier fièrement
avec reconnaissance et joie, comme David : « L’Éter-
nel est mon berger » ! Et mon cœur bat à la pensée de
Lui appartenir, car c’est ainsi que je m’épanouirai, quoi
que la vie puisse m’apporter.
25

Chapitre 2

« Je ne manquerai
de rien »
Quelle orgueilleuse et audacieuse affirmation !
C’est, évidemment, le sentiment de la brebis pleine-
ment satisfaite de son propriétaire, parfaitement heu-
reuse de son sort.
Puisque l’Éternel est mon Berger, je ne manquerai
de rien. Nous pouvons dire que cette expression « ne
manquer de rien » peut avoir une signification plus
large qu’il n’y paraît au premier abord. Nous pensons
évidemment en premier lieu à ne manquer de rien dans
le domaine de la nourriture et des soins.
Mais elle implique également une pleine satisfac-
tion de la sollicitude du Bon Berger, et par conséquent
nul besoin ou désir de quoi que ce soit de plus.
Ceci peut paraître une affirmation étrange venant
d’un homme comme David, si nous la considérons du
26 Le Psaume 23

point de vue des besoins physiques ou matériels. Après


tout, il avait été assailli, harcelé par les forces de son
ennemi Saül comme par celles de son fils indigne Ab-
salom. Évidemment, c’était un homme qui avait connu
de grandes privations : pauvreté personnelle, fatigue,
angoisse de l’esprit.
Aussi est-il absurde de prétendre, sur la base de
cette affirmation, que l’enfant de Dieu, la brebis du
Berger, ne connaîtra jamais de besoin.
Il est nécessaire d’avoir une vue juste de la vie chré-
tienne. Pour ce faire, il est bon de considérer la carrière
d’hommes comme Élie, Jean-Baptiste, notre Seigneur
Lui-même, et même d’hommes de foi contemporains,
comme Livingstone, pour comprendre que tous ont ex-
périmenté personnellement privations et adversité.
Lorsqu’Il était parmi nous, le grand Berger Lui-
même a averti ses disciples avant son départ pour
la gloire : « Vous aurez des tribulations dans ce
monde, mais ne craignez rien, j’ai vaincu le monde »
(Jean 16 : 33).
Une erreur répandue de nos jours dans certains
milieux chrétiens consiste à imaginer que la prospérité
matérielle d’un homme ou d’une femme est une mar-
que de la bénédiction divine sur leur vie. C’est faux.
Au contraire, nous lisons dans Apocalypse 3 : 17 :
« Parce que tu dis : Je suis riche, je me suis enrichi et je
n’ai besoin de rien, et parce que tu ne sais pas que tu es
malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu […] ».
« Je ne manquerai de rien » 27

De la même manière, Jésus fit clairement compren-


dre au jeune homme riche qui désirait Le suivre : « Il
te manque une seule chose : va, vends ce que tu as et
donne-le aux pauvres […]. Puis viens et suis-moi »
(Marc 10 : 21).
Et nous basant sur l’enseignement biblique, nous
pouvons conclure que David ne faisait pas allusion à la
pauvreté matérielle ou physique quand il disait : « Je
ne manquerai de rien. »
Il faut donc que le chrétien considère attentivement
la vie. Il doit reconnaître qu’il peut, comme beaucoup
d’autres hommes et femmes de Dieu avant lui, être
appelé à faire l’expérience de la pauvreté matérielle.
Il doit considérer son séjour sur cette terre comme un
court interlude pendant lequel il pourra connaître quel-
ques privations physiques. Et cependant, au milieu de
l’épreuve, il peut encore proclamer : « Je ne manquerai
de rien. La direction et les soins éclairés de mon Maître
ne me feront pas défaut. »
Pour saisir la signification profonde de cette simple
affirmation, il est nécessaire de comprendre la différen-
ce qu’il y a entre appartenir à tel ou tel maître, au Bon
Berger ou à un imposteur. Jésus Lui-même a pris soin
de prévenir quiconque désirait Le suivre qu’il était tout
à fait impossible de servir deux maîtres. On appartient
soit à Lui, soit à un autre.
En définitive, le bien-être d’un troupeau dépend en-
tièrement de la manière dont son propriétaire s’occupe
de lui.
28 Le Psaume 23

Le propriétaire du troupeau de la ferme voisine de


mon premier ranch était le plus indifférent que j’aie
jamais connu. Il ne se souciait absolument pas des
conditions de vie de son troupeau. Ses prairies étaient
négligées. Il ne consacrait que peu de temps, ou pas
du tout, à ses brebis, les laissant trouver elles-mêmes
leur nourriture comme elles le pouvaient, que ce soit en
été ou en hiver. Elles étaient des proies faciles pour les
chiens, les animaux sauvages et les voleurs.
Chaque été, ces pauvres bêtes étaient contraintes de
brouter une herbe pauvre et brûlée. Chaque hiver, elles
manquaient de fourrage ; affamées, elles n’en rece-
vaient qu’avec parcimonie, s’abreuvant d’eau polluée
et boueuse. Des abris précaires et mal faits protégeaient
le troupeau des intempéries. Dans de telles conditions,
ces malheureuses brebis faisaient peine à voir. Je les
vois encore tristement pressées contre les clôtures, re-
gardant avec envie les riches pâtures d’à côté.
Le propriétaire égoïste et sans-cœur semblait
complètement insensible et indifférent à tant de dé-
tresse. Cela lui était tout simplement égal. Ses brebis
pouvaient désirer une herbe fraîche, de l’eau claire,
de l’ombre, un abri, une protection contre la tempête.
Elles pouvaient désirer être guéries de leurs blessures,
de leurs maladies, débarrassées de leurs souillures et
de leurs parasites. Il ignorait leurs besoins. Il ne s’en
souciait pas. Pourquoi s’en serait-il inquiété ? Elles
n’étaient que des brebis, destinées à l’abattoir.
« Je ne manquerai de rien » 29

Je n’ai jamais regardé ces pauvres bêtes sans penser


que cet homme était l’image de ces maîtres scélérats –
le péché et Satan – régnant sur leur ranch à l’abandon
et se moquant de la triste condition de ceux qui tom-
bent sous leur domination.
Pasteur et scientifique, j’ai fréquenté différentes
classes de la société et j’ai pris conscience d’une cho-
se : c’est le patron, le directeur, le maître de la vie des
gens qui fait la différence dans leur destinée.
J’ai connu intimement quelques-uns des hommes
les plus riches de ce continent, ainsi que des sommités
dans le domaine scientifique ou dans la vie profession-
nelle. En dépit de leurs succès éblouissants, en dépit de
leur richesse et de leur prestige, ils restaient pauvres en
esprit, desséchés dans leur âme et dans la vie. C’étaient
des gens sans joie, tenus dans la main de fer et sous la
domination sans pitié du mauvais maître.
Tout au contraire, je compte beaucoup d’amis
parmi des personnes relativement pauvres, des gens
qui ont connu l’épreuve, le désastre et la lutte pour
se maintenir à flot financièrement. Mais parce qu’ils
appartiennent à Christ et Le reconnaissent comme le
Seigneur et le Maître de leur vie, leur Propriétaire, leur
Chef, ils sont imprégnés d’une paix profonde et assu-
rée qui fait plaisir à voir.
C’est une joie réelle que de visiter ces humbles
foyers où hommes et femmes sont riches en esprit,
généreux de cœur et grands dans leur âme. Il émane
30 Le Psaume 23

d’eux une confiance sereine, une joie paisible qui dé-


passe toutes les vicissitudes de leur existence.
Ils sont sous la garde de Dieu et ils en sont cons-
cients. Ils se sont mis sous la loi de Christ et ont trouvé
pleine satisfaction à Lui obéir.
La satisfaction devrait être la marque de tout hom-
me ou de toute femme qui a remis ses affaires entre les
mains de Dieu. Et ceci s’applique spécialement à notre
époque d’opulence. Mais n’est-il pas paradoxal qu’une
intense fièvre de mécontentement se manifeste chez
des gens qui parlent sans cesse de sécurité ?
En dépit d’une prospérité matérielle sans précédent,
nous sommes dans un état d’insécurité permanente,
peu sûrs de nous-mêmes et presque en faillite quant
aux valeurs spirituelles.
Les hommes recherchent perpétuellement des ga-
ranties de sécurité. Ils sont sans repos, mal affermis,
cupides, avides de posséder toujours plus, désirant ceci
et cela, et cependant leur esprit n’est jamais entière-
ment satisfait.
Par contraste, l’humble chrétien, la brebis du Ber-
ger peut se redresser et proclamer : « L’Éternel est mon
berger : je ne manquerai de rien. »
Je suis parfaitement satisfait de sa conduite de ma
vie. Pourquoi ? Parce qu’Il est comme un berger pour
qui aucune peine n’est trop grande dans le soin de son
troupeau. C’est un éleveur qui a de la tendresse pour ses
brebis, qui les aime pour elles-mêmes et qui trouve en
elles sa joie. Il sera au travail, si nécessaire vingt-qua-
« Je ne manquerai de rien » 31

tre heures sur vingt-quatre, afin de s’assurer qu’elles


ne manquent absolument de rien. Et par-dessus tout,
ce berger est jaloux de son nom et de sa réputation de
bon berger.
Il est le propriétaire qui se réjouit de son troupeau.
Il n’est pour lui de plus grande récompense, de plus
profonde satisfaction que de voir ses brebis heureuses,
bien nourries, en sécurité et prospérant par ses soins.
Ceci est vraiment toute sa vie. Il consacre tout ce qu’il
a, il se donne littéralement lui-même.
Il n’aura de cesse qu’elles ne soient pourvues des
plus riches pâturages, d’eau claire et d’abondante
nourriture pour l’hiver. Il ne s’épargnera aucune peine
pour leur donner un abri contre la tempête, une protec-
tion contre leurs ennemis impitoyables, la maladie, les
parasites auxquels les brebis sont si sensibles.
Il n’est pas étonnant que Jésus ait dit : « Je suis le
bon berger. » Et aussi : « Je suis venu afin que mes
brebis aient la vie et qu’elles l’aient en abondance »
(Jean 10 : 10).
De l’aube à la nuit, ce berger totalement dévoué
veille au bien-être de son troupeau. Car un berger dili-
gent se lève au petit matin et commence par aller voir
ses brebis. C’est le premier contact intime de la jour-
née. D’un œil exercé et plein de sympathie, il examine
le troupeau, voyant s’il ne lui manque rien, s’il est prêt
pour cette nouvelle journée. En un instant, il discernera
ce qui a pu se produire qui nécessitera des soins parti-
culiers.
32 Le Psaume 23

À plusieurs reprises, dans le courant de la journée,


ses yeux se poseront sur le troupeau, s’assurant de son
bon ordre. Même la nuit, il est attentif à ses besoins. Il
ne dort que d’un œil, prêt au moindre signe de désor-
dre, à intervenir pour le protéger.
Voilà bien une sublime illustration des soins dont
sont l’objet ceux qui vivent sous l’autorité de Christ. Il
connaît tout de leur vie, du matin au soir.
« Celui qui te garde ne sommeillera point. Voici,
il ne sommeille ni ne dort, celui qui garde Israël »
(Psaume 121 : 4).
Cependant, bien qu’ils aient un tel Maître et Pro-
priétaire, certains chrétiens, c’est un fait, ne sont pas
satisfaits de sa direction. Ils semblent quelque peu mé-
contents, croyant toujours qu’ailleurs, l’herbe est plus
verte. Ce sont des chrétiens charnels qui « clochent
des deux côtés », des chrétiens « à demi » désirant le
meilleur en misant sur deux tableaux.
J’ai un jour acheté une brebis dont la conduite rap-
pelait exactement ce type de personne. Elle était l’une
des plus belles que j’aie jamais eues. Les yeux vifs et
brillants, magnifiquement proportionnée, de robuste
constitution, couverte d’une riche toison, elle eut de
vigoureux agneaux qui se développèrent rapidement.
Malheureusement, malgré toutes ces qualités, elle
avait un défaut prononcé : elle ne pouvait rester en
place, était toujours mécontente, prête à franchir la
barrière. À tel point que je l’appelai bientôt : Madame
Vagabonde.
« Je ne manquerai de rien » 33

Cette brebis, à elle seule, me donnait plus de dif-


ficultés que presque tout le reste du troupeau. Quelle
que soit la prairie où se trouvaient les brebis, il fallait
qu’elle cherche continuellement le long de la clôture
ou en bordure de la plage – nous étions près de la mer –
la faille où elle pourrait se glisser pour aller brouter
l’herbe de l’autre côté.
Ce n’est pas qu’elle manquât de nourriture. Mes
prairies étaient ma joie et mes délices. Aucune brebis
du district n’avait d’herbe plus grasse. Mais pour Ma-
dame Vagabonde, c’était une habitude bien enracinée :
elle n’était jamais contente de ce qui se présentait.
Souvent, lorsqu’elle était arrivée à se frayer un passage
pour s’échapper au dehors, il lui fallait finalement se
contenter de l’herbe maigre et brûlée d’un pâturage de
qualité bien inférieure.
Mais elle ne retenait jamais la leçon et cherchait
inlassablement à franchir les barrières.
Cela aurait suffi si elle avait été seule à agir de la
sorte. J’avais assez d’ennui à continuellement la recher-
cher et la ramener. Mais elle avait passé ses mauvaises
habitudes à ses agneaux. Ils suivaient simplement son
exemple et furent bientôt aussi prompts à s’échapper
que leur mère.
L’exemple qu’elle donnait aux autres brebis se ré-
véla encore plus mauvais. En très peu de temps, elle en
mena plusieurs par les mêmes issues, dans les mêmes
dangereux sentiers du bord de mer.
34 Le Psaume 23

Après avoir supporté sa perversité pendant tout


un été, j’en vins à conclure que, si je désirais sauver
du désordre le reste du troupeau, il fallait qu’elle s’en
aille. Je ne pouvais laisser une brebis obstinée, éternel-
lement mécontente, ruiner tout mon élevage. Ce fut là
une décision difficile à prendre, car je l’aimais comme
les autres. Sa force, sa beauté, sa vivacité étaient un
plaisir pour les yeux.
Mais un jour je pris mon couteau et l’abattis. Sa
carrière de sauteuse de barrière s’acheva très vite.
C’était la seule solution au dilemme.
Elle avait été une brebis qui, en dépit de tous mes
efforts pour lui donner le maximum de soins, dési-
rait autre chose. Elle n’était pas de celles qui disent :
« L’Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien. »
C’est là un solennel avertissement au chrétien char-
nel, à l’apostat, à celui qui désire posséder le meilleur
de chacun des deux mondes.
Il peut parfois être retranché subitement.
35

Chapitre 3

« Il me fait reposer dans


de verts pâturages »
Une étrange particularité des brebis consiste à ne
pouvoir se coucher si quatre éléments ne sont pas réu-
nis :
Par timidité, elles refusent de se coucher tant qu’el-
les ne sont pas libérées de toute crainte.
Le comportement social du troupeau implique que
les brebis ne se coucheront qu’à condition de n’avoir
aucun différend avec leurs congénères.
Si elles sont tourmentées par des mouches ou des
parasites, les brebis ne se coucheront pas. Elles ne peu-
vent se reposer que débarrassées de ces insectes.
Enfin, elles ne peuvent se coucher tant qu’elles
ressentent le besoin de se nourrir. Elles ne doivent pas
avoir faim.
36 Le Psaume 23

Il est donc clair qu’elles doivent se sentir libres de


toute impression de crainte, de tension, de tourment ou
de faim. Nous pouvons en conclure que seul le berger
peut les libérer de ces anxiétés. Il dépend de lui que le
troupeau soit ou non libre de toute influence néfaste.
Si nous examinons chacun de ces quatre facteurs
affectant si gravement les brebis, nous comprendrons
la responsabilité tellement importante incombant au
propriétaire. C’est de lui que dépendront leur repos,
leur satisfaction, leur quiétude et leur prospérité.
Un troupeau sans repos, insatisfait, toujours agité et
perturbé, se développe mal. Et cela est vrai aussi pour
les humains.
On ignore généralement que les brebis sont si ti-
mides et si facilement effrayées que même un lièvre
bondissant soudain de derrière un buisson peut semer
la panique dans tout un troupeau. Si une brebis s’en-
fuit, effrayée, une douzaine d’autres lui emboîtent le
pas, prises d’une terreur aveugle, sans même savoir ce
qui les effraie.
Un jour, une amie vint nous voir de la ville. Elle
avait un petit pékinois. Lorsqu’elle ouvrit la portière
de sa voiture, l’animal bondit dans l’herbe. La vue de
ce chien minuscule mais inattendu suffit pour remplir
de terreur plus de deux cents brebis qui s’enfuirent de
l’autre côté du pâturage.
Aussi longtemps qu’il existe même le moindre
soupçon de danger de chiens, de coyotes, d’ours ou
d’autres ennemis, les brebis se tiendront debout, prêtes
« Il me fait reposer dans de verts pâturages » 37

à se sauver. Elles n’ont que peu ou pas de moyens de


défense. Ce sont des créatures timides, faibles, sans
ressources, n’ayant de recours que dans la fuite.
Lorsque j’invitais des amis à venir nous rendre vi-
site, après l’épisode du pékinois, je précisais toujours
bien clairement que les chiens ne pouvaient pas les
accompagner. Je devais aussi chasser tout chien errant
qui aurait pu blesser ou effrayer mes brebis. J’ai en-
tendu dire que deux chiens tuèrent 292 brebis en une
seule nuit de carnage déchaîné.
Les brebis pleines, si elles sont poursuivies par des
chiens ou d’autres prédateurs, risquent l’avortement.
Un berger peut éprouver ainsi des pertes vraiment ef-
frayantes.
Un jour, au petit matin, je trouvai neuf de mes plus
belles brebis qui étaient prêtes à mettre bas, mortes dans
le pré où un animal sauvage avait assailli le troupeau
pendant la nuit. Ce fut là un choc terrible pour un jeune
homme comme je l’étais, novice dans ce domaine, peu
familiarisé avec des attaques de ce genre.
À partir de ce jour, je pris l’habitude de m’endor-
mir en conservant un fusil et une lampe de poche à
mes côtés. Au moindre mouvement dans le troupeau,
je sautais du lit, sifflant mon fidèle chien de garde et
m’enfonçais dans la nuit, le fusil à la main, prêt à pro-
téger mes brebis.
Plus tard, je me rendis compte que rien ne rassurait
davantage les brebis que de me voir dans les champs.
La présence de leur maître, leur propriétaire et pro-
38 Le Psaume 23

tecteur, les mettait en confiance plus que toute autre


chose, de jour comme de nuit.
Pendant tout un été, notre district eut à souffrir des
exploits de voleurs de bétail. Nuit après nuit, je restais
sous les étoiles avec mon chien veillant sur le troupeau,
prêt à le défendre. La nouvelle de ma surveillance se
répandit aux environs, et les voleurs décidèrent de
s’éloigner et de commettre leurs méfaits ailleurs.
« Il me fait reposer ». Dans la vie chrétienne, rien
ne peut m’inspirer plus de confiance que de savoir
que mon Berger est près de moi. Seule la présence de
Christ peut dissiper la crainte, la panique, la terreur de
l’inconnu.
Nous vivons une vie d’incertitude. Chaque heure
peut apporter le désastre, le danger et la détresse. La
vie est pleine de difficultés imprévues. Nul ne peut dire
ce qu’un jour nous apportera. Nous vivons, soit dans
un climat d’anxiété, de crainte ou de pressentiments,
soit dans une ambiance de repos et de paix.
C’est généralement l’inconnu et l’inattendu qui
produisent la plus grande panique. C’est dans les grif-
fes de la crainte que la plupart d’entre nous se montrent
incapables de surmonter les circonstances cruelles et
les dures complexités de la vie. Des forces ennemies
semblent mettre notre tranquillité en danger. Notre pre-
mière réaction est bien souvent la fuite.
Alors, au milieu de notre infortune, nous parvient
l’assurance de sa Personne ; Lui, le Bon Berger, le
Christ est là. Sa présence en ces circonstances jette un
« Il me fait reposer dans de verts pâturages » 39

nouvel éclairage sur toute la scène. Soudain, les choses


ne sont plus aussi sombres ni aussi terrifiantes. La pers-
pective est modifiée, l’espoir renaît. Je me sens délivré
de la crainte. La paix revient et je puis me détendre.
Ceci fut mon expérience au fur et à mesure que je
prenais de l’âge. Savoir que mon Maître, mon Ami,
Celui auquel j’appartiens, détenait finalement la direc-
tion, m’a toujours donné consolation, repos et quiétu-
de. « Je me couche et je m’endors en paix, car toi seul,
ô Éternel ! tu me donnes la sécurité dans ma demeure »
(Psaume 4 : 9).
C’est en cela que réside le ministère du Saint-Es-
prit : pénétrer nos cœurs craintifs de la présence de
Christ. Il nous donne l’assurance que Christ Lui-même
a conscience de notre problème et qu’Il en est concerné
avec nous.
Et c’est, en fait, dans cette assurance que nous pou-
vons nous reposer et trouver la paix : « Car ce n’est
pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné, mais
un esprit de force, d’amour et de sagesse » (2 Timo-
thée 1 : 7).
Cette pensée d’un esprit de sagesse – ou de disci-
pline – est celle d’un esprit paisible et calme, non tour-
menté, accablé ou obsédé par la crainte et le mauvais
présage quant à l’avenir.
La seconde source de crainte dont le berger délivre
ses brebis est celle de la tension, de la rivalité, d’une
cruelle compétition dans le troupeau.
40 Le Psaume 23

Dans toute société animale existe un ordre bien éta-


bli de domination ou de position qui régit le groupe.
Généralement, une vieille brebis arrogante, rusée
et dominante s’arroge la maîtrise d’un groupe de ses
semblables. Elle maintiendra sa position de prestige
par quelques coups de tête ou en repoussant les autres
brebis des meilleurs endroits de pâture, ou de sa litière
favorite. Après elle, et en ordre précis, les autres mem-
bres du troupeau useront des mêmes tactiques pour
maintenir leur position dans le groupe.
Ézéchiel 34 : 15-16 et 20-22, brosse un tableau sai-
sissant de ces procédés. Ce texte est un bel exemple de
la précision scientifique des Écritures dans la descrip-
tion d’un phénomène naturel.
De cette rivalité, de cette compétition pour le main-
tien d’une position bien affirmée, il résulte un état de
friction dans le troupeau. Les brebis insatisfaites ne
peuvent ni se coucher, ni se reposer. Il leur faut con-
tinuellement se tenir debout, prêtes à défendre leurs
droits et à combattre l’intruse.
J’ai observé des centaines de fois le manège d’une
vieille brebis marchant vers une plus jeune qui brou-
tait paisiblement, ou se reposait dans quelque coin
ombragé. Elle arquait le cou, secouait la tête, dilatait
ses yeux et s’approchait de l’innocente d’un air peu
engageant. Tout en elle disait clairement : « Va-t-en !
Hors de mon chemin ! Fais-moi place ! » Et si la jeune
brebis ne prenait pas immédiatement une position de
défense, elle se voyait frappée de la tête, sans merci. Si
« Il me fait reposer dans de verts pâturages » 41

elle acceptait le combat et tentait de résister, quelques


rudes poussées la faisaient bien vite s’enfuir vers un
endroit de refuge.
Ces conflits et jalousies continuels dans le troupeau
nuisent à celui-ci. Les brebis deviennent nerveuses,
tendues, mécontentes et sans repos. Elles maigrissent
et deviennent irritables.
Mais ce qui m’a toujours beaucoup intéressé, c’est
le fait que mon apparition attirait leur attention et qu’el-
les oubliaient alors rapidement leurs folles rivalités et
cessaient leurs escarmouches. La présence du berger
modifiait complètement leur comportement.
Ceci a toujours constitué pour moi une vivante
illustration de la lutte pour le statut, le rang, dans la
société humaine. C’est l’éternelle compétition, il faut
rivaliser les uns avec les autres.
Dans telle société commerciale, au bureau, en fa-
mille, dans toute communauté, toute église, toute orga-
nisation humaine, qu’elle soit importante ou restreinte,
se mène un combat : celui qui conduira à un certain
statut, à la reconnaissance du rang. Beaucoup d’entre
nous combattent pour devenir une « brebis meneuse ».
Nous donnons de la tête, nous nous querellons et ergo-
tons pour arriver en tête. Et nous en blessons plusieurs
par nos procédés.
De là surgit la jalousie. De continuelles irritations
sans importance se muent en haine implacable. La
malveillance et le mépris s’installent là où naquirent
rivalité passionnée et profond mécontentement. C’est
42 Le Psaume 23

qu’une insatisfaction se transforme graduellement en


un âpre style de vie : il faut être continuellement sur
ses gardes, prêt à défendre ses droits, à se maintenir en
tête de la foule.
En contraste avec tout ceci, le psaume nous montre
le peuple de Dieu se reposant paisiblement dans une
entière satisfaction.
L’une des principales caractéristiques du chrétien
devrait être la sérénité émanant d’une paisible satisfac-
tion : « C’est, en effet, une grande source de gain que la
piété avec le contentement » (1 Timothée 6 : 6).
Paul a écrit d’autre part : « J’ai appris à être content
de l’état où je me trouve » (Philippiens 4 : 11), et ceci
s’applique certainement à ma position dans la société.
L’agitation sans fin de l’individu s’efforçant de
toujours rester en tête, d’être l’homme ou la femme
dominant le peloton, est assez fascinante à observer.
D’une façon bien personnelle et unique, Jésus-
Christ, au cours de sa vie terrestre, a précisé que les
derniers seraient les premiers et les premiers les der-
niers. Dans un sens, je suis certain qu’Il parlait d’abord
de ceux qui L’entouraient. Car tout berger éprouve une
grande compassion pour la pauvre et faible brebis en
butte aux tracasseries des plus dominatrices.
Plus d’une fois, j’ai tancé sévèrement une brebis
belliqueuse s’attaquant à plus faible qu’elle. Je punis-
sais également celles qui malmenaient les agneaux qui
n’étaient pas les leurs. Leur agressivité ne leur donnait
certainement pas la première place dans mon estime.
« Il me fait reposer dans de verts pâturages » 43

Un autre fait m’a également impressionné : les bre-


bis les moins agressives étaient aussi, souvent, les plus
satisfaites et les plus paisibles. Ainsi, leur position en
queue du troupeau semblait finalement leur être avan-
tageuse.
Mais le plus important était que la présence du ber-
ger amenait la fin de toute rivalité. Dans notre société
humaine également, lorsque nous devenons pleinement
conscients de la présence de Christ, nos prétentions,
notre fol orgueil, nos rivalités disparaissent. Le cœur
humble, marchant paisiblement dans la satisfaction
d’une communion intime avec le Christ comme com-
pagnon de route, connaîtra le repos, la détente ; heu-
reux d’un bonheur simple, il laissera le monde suivre
sa route.
Lorsque mes yeux se fixent sur mon Maître, ils ne
peuvent voir ceux qui m’environnent. Voici le lieu du
repos.
Il est bon et salutaire de me rappeler que, finale-
ment, c’est Lui qui jugera et décidera de mon statut
réel. Après tout, ce qui importe, c’est son apprécia-
tion de moi-même. Toute estimation humaine ne peut
qu’être sujette à caution.
Ainsi, me sentir près de Lui, conscient de sa pré-
sence continuelle, rendue réelle par l’effet du Saint-Es-
prit en moi, me libère de toute crainte d’autrui et de ce
que l’on peut penser de moi.
Je préférerais de loin jouir de l’affection du Bon
Berger qu’occuper une place prééminente dans la so-
44 Le Psaume 23

ciété… spécialement si je l’obtiens par combats, que-


relles et amère rivalité avec mes semblables.
« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront
miséricorde » (Matthieu 5 : 7).
Autant le troupeau a besoin d’être libéré de la
crainte de l’ennemi et des frictions internes, autant il a
besoin, pour être satisfait, d’être libéré des parasites et
des insectes. Cet aspect de leur comportement sera dé-
veloppé dans la suite du psaume, mais il est cependant
important de le mentionner ici.
Les brebis, surtout en été, sont littéralement affo-
lées par les mouches et les tiques. Lorsqu’elles sont
ainsi assaillies, il leur est absolument impossible de
prendre du repos. Elles sont continuellement debout,
tapant des pattes, secouant la tête, prêtes à fuir vers les
buissons pour se débarrasser de ces parasites.
Seuls les soins diligents et l’attention du pro-
priétaire empêcheront les insectes de tourmenter son
troupeau. Un bon berger utilisera différentes méthodes
pour les en débarrasser. Il veillera à ce qu’elles soient
vraiment propres afin de préserver des tiques les toi-
sons des brebis. Il s’arrangera aussi pour que certains
coins des pâtures soient pourvus de buissons et de pe-
tits arbres où les pauvres bêtes pourront se libérer de
leurs tourmenteurs.
Tout cela exige beaucoup de peine, de temps et
de travail, et l’emploi de produits chimiques est re-
lativement coûteux. Cela signifie également que le
berger doit être à l’œuvre du matin au soir, surveillant
« Il me fait reposer dans de verts pâturages » 45

attentivement le comportement de son troupeau. Dès


qu’il remarque une perturbation chez ses brebis, il doit
intervenir pour leur porter secours. Sa préoccupation
dominante doit être constamment la paix, le repos et la
satisfaction du troupeau.
De même, dans la vie chrétienne peuvent survenir
de multiples petites irritations et frustrations sans gran-
de importance que chacun expérimente quotidienne-
ment. Nous pourrions comparer ces choses aux petits
insectes qui tourmentent les brebis.
Existe-t-il un remède ?
Pouvons-nous accéder à la sérénité en dépit de ces
désagréments ? La réponse sera « oui » pour quiconque
se confie en Christ.
C’est là un des rôles principaux du Saint-Esprit,
qui, dans les Écritures, est très souvent symbolisé par
l’huile : celle-ci apporte guérison, réconfort et adoucis-
sement à toutes les meurtrissures de la vie.
Le Saint-Esprit me rend sensible à la présence très
réelle du Christ. Il apporte le calme, la sérénité, la force
et la paix face aux frustrations et aux mesquineries.
Quand j’expose à Jésus un problème, une difficulté,
une expérience désagréable indépendante de ma volon-
té, Il s’empresse de venir à mon aide. Il peut suffire de
Lui dire : « Maître, ceci me dépasse ; je ne puis en sor-
tir ; je suis tourmenté, sans repos. Je T’en prie, prends
Toi-même les choses en main. »
Et Il se charge de tout, merveilleusement. Il appli-
que à mon problème particulier le remède actif et adou-
46 Le Psaume 23

cissant de sa propre personne. Je deviens immédiate-


ment conscient de sa participation à mes difficultés,
d’une façon parfaite. Cette assurance de Le savoir actif
à mes côtés produit en moi un sentiment de paisible
satisfaction. Je puis alors me reposer en paix. Grâce à
ce qu’Il fait.
Enfin, une brebis ne peut connaître le repos qu’à
la condition d’être libérée de toute sensation de faim.
Ceci est clairement exprimé dans notre psaume : « Il
me fait reposer dans de verts pâturages. »
On ignore que beaucoup de pays où l’on pratique
l’élevage des moutons à une grande échelle sont des
régions sèches, semi-arides. Beaucoup de races de
moutons prospèrent sur de tels terrains. Un climat sec
est peu propice à la maladie ou aux insectes. Toutefois,
il n’est ni naturel ni commun de trouver des verts pâtu-
rages dans de telles régions. La Judée, par exemple, où
David a écrit ce psaume et gardé les troupeaux de son
père, en particulier aux environs de Bethléem, est une
terre sèche, roussie, brûlée de soleil.
De verts pâturages ne sont pas le fait du hasard. Ils
ont demandé du temps, une bonne connaissance des
sols et un labeur assidu. Ils sont le résultat du défri-
chement d’une terre aride et rocailleuse, de l’arrachage
des racines et des broussailles, du labourage et de la
préparation du sol, de l’ensemencement de graines sé-
lectionnées, d’une irrigation rationnelle et de la récolte
du fourrage qui nourrira le troupeau.
« Il me fait reposer dans de verts pâturages » 47

Tout cela a exigé du berger temps, peine et habileté.


S’il voulait que ses brebis jouissent de verts pâturages
au milieu des collines arides et desséchées, il lui aura
fallu accomplir une tâche gigantesque.
De verts pâturages sont indispensables à la prospé-
rité des brebis. Lorsque les agneaux grandissent et que
les brebis ont besoin d’une bonne nourriture pour avoir
un lait riche, rien ne remplace un bon pâturage. Rien ne
fait plus plaisir au propriétaire du troupeau que de voir
ses moutons paisibles et rassasiés d’un riche fourrage
bien vert, pouvant se coucher, se reposer, ruminer et
profiter de leur nourriture.
Dans mon propre élevage, l’une des clés de ma
réussite résidait dans le développement de prairies
luxuriantes pour mon troupeau. Sur au moins deux
de mes ranchs, il y avait des terres usées, appauvries,
pelées, plantées d’herbes de qualité inférieure. Des
aménagements bien étudiés les convertirent en terrains
florissants qui permirent d’enregistrer des gains de
poids chez les agneaux : 100 livres en 100 jours après
la naissance !
Le secret de cette réussite est que les moutons pou-
vaient manger rapidement et ensuite se coucher tran-
quillement pour se reposer et ruminer.
Une brebis mal nourrie est toujours debout, en
mouvement, cherchant perpétuellement une misérable
nourriture pour calmer les tiraillements de sa faim. Une
telle brebis n’est pas satisfaite ; elle ne se développe
48 Le Psaume 23

pas et n’est d’aucune utilité pour son propriétaire. Elle


languit et manque de vigueur.
Dans l’Écriture, la description de la Terre promise
à laquelle Dieu désirait si ardemment conduire Israël
après sa sortie d’Égypte, est celle d’« un pays où
coulent le lait et le miel ». Ceci n’est pas simplement
un langage figuratif, c’est aussi une terminologie es-
sentiellement scientifique. En termes agricoles, nous
parlons de « flots de lait » et de « flots de miel ». Nous
entendons par là la pleine saison du printemps et de
l’été, quand les pâturages atteignent leur plus haut de-
gré de productivité. Le bétail qui se nourrit d’herbe et
les abeilles butinant les fleurs produisent à ce moment,
dit-on, des « flots » de lait ou de miel. Donc, un pays
de lait et de miel est un pays de riches et luxuriants
pâturages.
Quand Dieu parle d’un tel pays pour Israël, il pré-
voit également une vie abondante de joie, de victoire et
de satisfaction pour son peuple.
Pour l’enfant de Dieu, le récit de l’Ancien Testa-
ment relatant le passage des Hébreux de l’Égypte à la
Terre promise est une image de son propre passage du
péché à une vie de victoire. Nous sommes promis à une
telle vie. Elle nous a été préparée et rendue accessible
par l’œuvre de Christ en notre faveur.
Quel travail pour ôter de notre vie les rocs de l’in-
crédulité et de l’amertume ! Jésus tente de rendre meu-
ble le dur, l’orgueilleux cœur humain devenu sembla-
ble à de l’argile desséchée. Il y répand alors la semence
« Il me fait reposer dans de verts pâturages » 49

de sa précieuse Parole, qui, si nous lui permettons de


pousser, produira de la rosée et des pluies de sa pré-
sence, par le Saint-Esprit. Il garde, soigne et cultive
cette vie, désirant ardemment la voir devenir riche et
productive.
Tout cela correspond à l’énergie et aux travaux
incessants d’un propriétaire désirant voir ses brebis sa-
tisfaites et bien nourries. Cela démontre l’ardent désir
de mon Berger de satisfaire à mes besoins. Ses soins à
mon égard me dépassent. Ce que je puis faire de mieux
est de faire mes délices de ce qu’Il accomplit.
Cette vie de triomphe paisible, d’heureux repos, de
sérénité en sa présence, de confiance en ses directives,
est quelque chose dont peu de chrétiens jouissent plei-
nement.
À cause de notre perversité naturelle, nous préfé-
rons souvent tirer notre nourriture de la terre stérile du
monde qui nous entoure. Je me suis souvent étonné de
la manière dont certaines brebis choisissaient parfois
une nourriture de qualité inférieure.
Mais le Bon Berger a mis de verts pâturages à la
disposition de ceux qui désirent y séjourner et y trouver
paix et plénitude.
Phillip Keller
Phillip Keller propose un commentaire vivant du
psaume 23, passage de la Bible des plus connus.
De par son expérience de berger, l’auteur peut, mieux que
quiconque, parler de ce que sont les « verts pâturages » et les
« eaux paisibles ». Il vous fera redécouvrir Celui qui pourvoit si
pleinement aux besoins de chacune de ses brebis.
Lisez ce livre comme si vous accompagniez un troupeau de
brebis dans ses pérégrinations, sous la conduite attentionnée
de son berger. Vous serez touché de voir à quel point l’Éternel,
votre Berger, se soucie de vous. Et si vous ne faites pas encore
partie de son troupeau, vous pourrez entendre son appel à
devenir l’une de ses brebis !

Un berger médite Le Psaume 23


L’auteur, Phillip Keller (1920-2001), a toujours aimé la nature et la vie en
plein air. Il a grandi et vécu dans l’Est africain où il a été berger, puis propriétaire
et éleveur de moutons. C’est pourquoi sa description de la vie de berger et sa
connaissance des brebis se révèlent si vivantes et pertinentes. Conférencier de
renom et auteur de plusieurs best-sellers, il a touché par ses écrits des hommes
et des femmes de toutes nationalités.

ISBN 978-2-910246-85-3

9 782910 246853
7,50 €

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