Osez Créer Son Entreprise
Osez Créer Son Entreprise
Osez Créer Son Entreprise
PHILIPPE COSTE
Parole d’entrepreneur
Une collection dédiée à tous ceux qui
souhaitent se lancer dans l’aventure.
Parole d’entrepreneur
Une collection dédiée à tous ceux qui
souhaitent se lancer dans l’aventure.
Osez créer
votre entreprise
Les clés pour convaincre
et franchir le pas…
Éditions d’Organisation
Groupe Eyrolles
61, bd Saint-Germain
75240 PARIS Cedex 05
www.editions-organisation.com
www.editions-eyrolles.com
Du même auteur :
Préface.................................................................................... 9
Introduction............................................................................ 11
Un livre pour les créateurs d’entreprise plutôt que sur la création d’entreprise......... 13
À qui s’adresse ce livre ?................................................................................. 14
Ce livre, en pratique........................................................................................ 16
Partie II - V
otre porte-clés « communication » :
savoir parler de votre projet������������������������������ 87
Annexes............................................................................... 177
Les différents types de structures juridiques....................................................... 177
Oser entreprendre : ils et elles l’ont fait ! Rencontrez-les….................................. 181
Conclusion........................................................................... 188
Résultats des tests.......................................................................................... 189
© Groupe Eyrolles
Préface
Sur les mille cinq cents candidats entrepreneurs que nous avons
croisés, seuls cinq cents avaient une envie telle qu’ils vous don-
naient envie à votre tour d’y croire et de les suivre, même au stade
le plus précoce de leur projet.
Tous les entrepreneurs le savent. À l’origine de toute création
d’entreprise, il y a cette voix dans un coin de votre tête qui mar-
tèle : « J’AI ENVIE ! » Pour ne pas en rester au simple stade stérile
du rêve ou du fantasme, votre envie doit grandir, grossir, mûrir,
jusqu’à déclencher en vous la phase clé : « JE VEUX ! »
Votre volonté est la vraie condition pour entreprendre.
Lénine disait, « Là où il y a une volonté, il y a un chemin ». Derrière
toutes les théories sur la création d’entreprise, être entrepreneur,
c’est être entreprenant, c’est décider viscéralement d’agir. Sans
cette envie forte qui vous donne la volonté d’aller de l’avant,
même la plus belle des idées, même le plus séduisant des projets
restera au seul stade de chimère.
Vous voulez une preuve ? Nous allons la trouver ensemble en
analysant les raisons d’abandon des candidats entrepreneurs. En
effet, malgré des chiffres très encourageants depuis près de dix
ans, si vous croisez la route de ces gens qui ont envie d’entre-
prendre, voire ont un projet sur le point d’aboutir (dont nous
parlions plus haut), vous constaterez tout comme moi qu’il existe
un gouffre : seule une idée sur cinq voit le jour ! Et, phénomène
surprenant, aucune amélioration n’est réellement observée ces
dernières années.
Vous imaginez sans doute que ces « actes entrepreneuriaux man-
qués » sont à imputer à la conjoncture économique, aux difficultés
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NON !
Voici un premier mot curieux pour commencer un livre. Non
quoi ? Non à quoi ?
Non, créer son entreprise n’est ni compliqué, ni difficile. Non,
monter son entreprise n’est pas réservé à une classe d’âge particu-
lière, à ceux ou celle qui ont de l’expérience, à ceux ou celles qui
ont des moyens conséquents, qui ont du temps, ou que sais-je
encore ?
Non. Pour se mettre à son compte, il ne faut pas un talent spécial,
des compétences innées, ou une sorte d’onction quasi divine.
Non à ces idées reçues, que j’entends encore courir et ramper
dans les têtes de beaucoup de gens, distillant alors un venin insi-
dieux composé de méfiance, de peur, et conduisant trop souvent
à la paralysie.
Entreprendre. Prenez le dictionnaire (Le Petit Robert). Lisez la
définition de ce verbe : « Se décider à faire quelque chose et s’engager
dans son exécution. »
12 Osez créer votre entreprise
Voilà. C’est tout bête : nous avons déjà tous entrepris bien des
choses dans nos vies. Des petites, des plus grandes, des simples,
des complexes. Citons, en vrac et à titre d’exemple, partir en
voyage, décrocher un poste, trouver et séduire l’âme sœur, prépa-
rer un repas, passer son bac, etc. La liste est infinie.
Entrepreneurs. Nous le sommes tous. Parce que nous l’avons tous
été et que nous le serons encore. Et parce qu’entreprendre est un
acte profondément humain : cherchez autour de vous et même
sur vous une chose, matérielle ou non, dont l’origine ne soit pas,
hormis les créations de la nature, une entreprise d’un autre être
humain. Vous ne trouverez pas. Marchand ou non marchand,
peu importe. Le monde s’est aussi construit, parce que des gens
ont entrepris.
Ainsi sommes-nous tous et toutes les « Monsieur Jourdain » de
l’entrepreneuriat. Tel le personnage de Molière qui faisait de la
prose sans le savoir, nous sommes tous entrepreneurs sans forcé-
ment le réaliser. Toutes ces entreprises dans lesquelles nous nous
sommes lancés, qu’elles aient été couronnées de succès ou mar-
quées par l’échec, ont un point commun et un seul. À un moment
donné, à un instant « t », nous avons osé. Osé y aller, osé nous jeter
à l’eau, osé franchir le pas. Avec une peur plus ou moins forte aux
tripes, un espoir proportionnel à nos attentes chevillé au corps.
Oser. Le mot est lâché. Oser entreprendre.
Prenons une autre définition du dictionnaire : « Hardi, audacieux
dans ses projets ». Savez-vous à quel mot cette définition corres-
pond ? Non ? Au mot « entreprenant ».
Parce que vous n’avez au fond besoin de personne d’autre que
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vous-même.
Parce qu’entreprendre est dans votre nature humaine.
Parce qu’il n’est pas seulement question de compétences ou
d’argent.
Introduction 13
Parce que toute entreprise est avant tout une affaire de confiance
en vous.
Vous pouvez monter votre entreprise.
Il ne vous reste plus qu’une chose à faire : oser !
Posséder ces atouts vous rapporte une chose plus importante que
l’argent, les compétences, le temps, l’énergie ou les réseaux : de la
confiance en vous. L’ambition de ce livre est de vous donner les
14 Osez créer votre entreprise
L’envie
C’est le désir profond, le souhait qui se fait de plus en plus pres-
sant, jour après jour, semaine après semaine, c’est votre moteur.
Nous reviendrons sur cette idée fondamentale dans la première
partie de cet ouvrage, intitulée « Porte-clés perso ». Cependant
personne n’a jamais créé sans avoir l’envie de le faire.
À ce stade, vous VOULEZ créer votre entreprise. Vous y pensez
régulièrement.
L’idée
En étant un peu provocateur, je dirais qu’elle est bonne puisque
c’est la vôtre. L’idée est le germe de l’entreprise. Elle peut surgir
n’importe où, à n’importe quel moment, surtout lorsqu’on ne
la cherche pas. L’idée est la première manifestation concrète de
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L’ébauche
Ce stade est, d’une part, celui des grandes questions : qu’allez-vous
apporter ? Sur quel marché ? Pour quels clients ? Comment allez-
vous vous y prendre ? Y a-t-il une valeur ? Êtes-vous la bonne per-
sonne ? Etc. Et celui, d’autre part, du dessin des grandes lignes :
financières, commerciales, production, personnelles, etc.
À ce stade, vous RÉFLÉCHISSEZ à créer votre entreprise.
Lorsque vous en êtes là, vous y pensez presque tout le temps !
Le projet
C’est le stade ultime avant la naissance, la création réelle. Tout
est dans votre tête et sur le papier. Tout est beaucoup plus précis,
clair et étudié. Vous avez analysé votre marché, ciblé vos clients,
soupesé votre valeur, rassemblé vos forces, convaincu votre en-
tourage. C’est le stade des business plans, des prévisionnels sur
trois ans, des contacts approfondis.
À ce stade, vous ALLEZ créer votre entreprise. Lorsque vous en
êtes là, vous ne pensez plus qu’à ça !
La naissance
Il existe deux naissances pour une entreprise. La réception du
Kbis ou du numéro SIRET et la première vente. Je préfère la se-
conde. Une entreprise ne peut exister sans acte commercial. Cela
paraît aussi évident de l’écrire que de le lire, mais cela place au
centre objectif de toute création l’élément le plus important de
l’aventure en dehors de vous-même : le client.
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Le droit à l’erreur
Tout gosse, vous êtes sûrement tombé en tentant de faire du vélo
(j’allais dire, en « entreprenant » de faire du vélo). Pour autant,
vous y êtes finalement parvenu, n’est-ce pas ?
Ce livre s’adresse aussi, et c’est important, à tous ceux qui ont
tenté le coup et qui, n’ayant pas réussi, souhaitent réessayer.
Le droit à l’erreur existe aussi lorsqu’on entreprend. Pourquoi
pas ? Certes, tout semble plus difficile après un échec. Mais si la
confiance en vous n’est pas brisée, tout est encore possible.
Vous repartez du début avec un surcroît d’appréhension, quoi de
plus naturel, mais aussi avec une expérience très utile. Si au pre-
mier essai infructueux vous n’avez pas laissé votre chemise, il n’y
a aucune raison objective de ne pas recommencer.
E LIVRE, EN PRATIQUE
Le mot est bien choisi : « pratique ». L’objectif de ce livre est de
vous donner des clés pour que vous ouvriez la porte de votre
aventure et franchissiez le pas. Il est structuré en deux parties,
deux « porte-clés ».
Le premier porte-clés vous concerne en tant qu’entrepreneur.
Cette partie vous donne un certain nombre de clés et de pistes
pour mieux vous connaître et clarifier, si besoin est, vos motiva-
tions. Il ne s’agit pas de verser dans la psychologie, mais de vous
permettre d’être conscient de vos atouts, de vos désirs, de vos
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PARTIE 1
uatre profils
Tout au long des années pendant lesquelles j’ai accompagné de
futurs entrepreneurs et au cours des nombreuses rencontres que
j’ai faites dans le monde de la création d’entreprise, j’ai pu établir
l’existence de ces quatre profils, leur proportion respective, et sur-
tout les avantages et inconvénients de chacun d’eux.
Cependant, j’attire votre attention sur un aspect important : ce
qui suit est une classification. Comme toute classification, elle a
tendance à typer, à enfermer dans des cases, à raccourcir. Bref, le
risque est celui de la facilité. Ne vous laissez pas embarquer, et
gardez à l’esprit quatre points essentiels :
22 Votre porte-clés « perso » : bien vous connaître vous-même
proportion.
Quel est votre profil d’entrepreneur ? 23
L ‘« entrepreneur-expert » : « Je crée,
parce que je sais »
Description
L’entrepreneur-expert entreprend sur son savoir-faire. Il ne peut
concevoir de créer une entreprise que sur un domaine qu’il
connaît, qu’il maîtrise. Ce domaine peut être un dérivé de son
champ de compétences, mais c’est ce qu’il sait, son expérience
d’un secteur, d’un produit, d’un marché, bref son expertise qui
est l’origine et la base de son envie, de son idée et de son projet.
S’il ne sait pas, il n’y va pas. Ou alors il se forme pour acquérir le
savoir. Qu’il envisage d’être seul ou de s’associer, il est impératif
pour lui que son entreprise naisse dans un secteur dont il a en
propre, la connaissance.
Si vous vous dites, en lisant les lignes précédentes, qu’il est évi-
dent de créer son entreprise dans un secteur que l’on maîtrise,
c’est que vous êtes probablement dans le profil de l’entrepreneur-
expert. Parce que cela vous paraît « évident ». Or, beaucoup d’en-
treprises sont nées d’une envie sans rapport direct avec l’expertise
du créateur. Bien entendu, il ne s’agit surtout pas d’affirmer ici
soit que l’expertise personnelle est inutile pour entreprendre, soit
au contraire qu’elle est indispensable. C’est de l’envie dont il est
question. Une envie profonde, ancrée dans les tripes du futur
créateur. Si cette envie a pour principe, au sens premier du terme,
l’expertise, la connaissance et le savoir-faire, la science, alors nous
sommes dans le profil « expert ».
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Proportion
Ce profil est le plus représenté (50 %), et de très loin en France,
pour deux raisons.
D’une part, nous sommes dans un pays à forte culture technique,
où les diplômes, la formation, le savoir, sont reconnus et font
partie non seulement de la vie professionnelle, mais aussi de la vie
sociale. L’équation entreprendre = expertise est très répandue. Ni
à tort, ni à raison. C’est ainsi.
D’autre part, la proportion de porteurs de projet en termes d’âge
est très forte dans une tranche allant de 35 à 50 ans. À cet âge-là,
on s’est forgé une expérience, constitué des réseaux, on a acquis
un savoir et une légitimité sur son secteur. Quoi de plus nor-
mal d’entreprendre avec, dans sa besace, ce capital patiemment
accumulé !
En pratique
La saga de Romain
Romain, 44 ans, est cuisinier. Il a passé les diplômes, suivi des stages,
il exerce en tant que salarié depuis vingt-quatre ans. Romain est un très
bon « pro. » Il est actuellement second dans la brigade d’un établisse-
ment assez réputé de Lyon. D’autres restaurants lui ont fait des appels
du pied pour qu’il les rejoigne. Certains lui ont proposé d’être chef…
Or, depuis quelques mois, Romain veut monter son entreprise. Au début,
c’était une envie assez vague. Jour après jour, nuit après nuit, ce désir
s’est fait de plus en plus pressant, jusqu’à ce qu’il s’impose à lui. Romain
a donc cherché une idée. Pas très longtemps. Car une autre chose s’est
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imposée à lui : il allait créer une entreprise dans son secteur, celui de la
restauration, de la cuisine. À aucun moment la possibilité de créer dans
un autre domaine ne l’a effleuré. Bientôt, les choses se sont précisées.
Ce serait une entreprise de restauration rapide gastronomique, pour
réconcilier fast-food et bonne cuisine. Une idée magnifique, qui l’habite
jusque dans son sommeil. Il s’y voit. Lui, le cuisinier, le « pro », s’imagine
Quel est votre profil d’entrepreneur ? 25
En pratique
La saga de Romain (suite)
Il en est sûr, son idée est belle ! Et il est l’homme de la situation. Il est un
bon cuisinier, il a l’expérience, un réseau… Mais plus il y réfléchit, plus il
pense qu’il serait important de parfaire ses connaissances. Et alors qu’il
n’en est pas encore au stade de l’ébauche, voilà Romain usant son DIF
(droit individuel à la formation) jusqu’à la corde, s’inscrivant à pléthore
d’ateliers, tous plus passionnants les uns que les autres, sur la cuisine
moléculaire, la diététique en gastronomie, suivant des stages le soir et
pendant ses congés… et repoussant sans cesse le moment où il faudra
franchir le gué. Lorsque ses amis lui demandent où il en est, il répond
qu’il se forme et va bientôt se lancer. Et lorsque sa femme lui fait remar-
quer qu’il répète cela depuis plus d’un an, Romain s’énerve. Son désir
de toujours plus d’expertise est devenu un prétexte pour ne pas oser.
✎✎ En résumé
Le risque du profil entrepreneur-expert est de ne jamais créer l’entreprise
dont il rêve, mais de rester éternellement au stade du projet, en pensant
sincèrement qu’il n’est jamais prêt. Ce n’est absolument pas l’acquisi-
tion ou le développement d’une expertise et des compétences qui pose
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’« entrepreneur-militant » :
« Je crée, parce que je crois »
Description
L’entrepreneur-militant entreprend sur ses valeurs personnelles.
Toujours très fortes, très puissantes, ce sont elles qui le guident
dans bien des actes de sa vie. Il ne désire rien de plus que de
changer le monde, pas forcément tout seul, mais au moins en
apportant sa contribution. S’il n’y a pas de combat à mener, une
valeur à porter, une cause à défendre, toutes choses auxquelles il
croit profondément, il n’y va pas. Son envie profonde est celle-là,
pas une autre. L’origine de ces valeurs et de ses convictions n’est
pas l’objet de ce livre. Seul le constat de leur présence et de leur
action est important.
L’entrepreneur-militant voit dans la création et dans la future vie
de son entreprise une possibilité de mettre ses actes en conformité
avec sa pensée. C’est la clé de voûte de son envie et de son projet.
Bien entendu, il n’est pas question d’affirmer ici que seul l’entre-
preneur-militant possède des valeurs et les défend. Un entrepre-
neur-expert, comme les deux autres profils que nous examinerons
plus loin, en ont tout autant, peut-être plus. Peu importe : là ou
le profil « expert » est guidé et porté d’abord par ce qu’il sait, le
profil militant l’est d’abord par ce en quoi il croit. Ce qu’il veut,
c’est contribuer à changer le monde.
Proportion
© Groupe Eyrolles
aventure. Non que les autres profils ne le désirent pas, mais pour
l’entrepreneur-militant, ce désir est la pierre angulaire de son
projet.
Les entrepreneurs-militants se trouvent en grande majorité parmi
les créateurs déjà en activité, ce qui laisserait penser que, las de
ne pas réaliser leurs aspirations et leurs pensées profondes dans
leur milieu professionnel, ils décident un beau jour de créer leur
entreprise pour cela.
En pratique
La saga de Nathalie
Nathalie, 41 ans, est cadre dans une grosse entreprise du secteur textile.
Elle s’occupe des négociations commerciales et des achats. Par ailleurs,
Nathalie a une vie associative très prenante. Elle fait partie d’Amnesty
International, est bénévole administrative à Médecins du Monde, assure
des permanences au sein de Handicap international, donne à la Croix-
Rouge. Bref, Nathalie a la fibre humanitaire, c’est le moins que l’on
puisse dire. Depuis quelques mois, elle se dit qu’elle devrait monter
son entreprise, mais à chaque fois que cette pensée lui vient à l’esprit,
une autre surgit en face : si cela ne contribue pas à améliorer le sort
des plus démunis, ce n’est pas la peine. Une sacrée contradiction qui
empêche Nathalie de dormir, car l’humanitaire et le business ne sont
pas réputés pour s’entendre comme larrons en foire. Un soir, lors d’un
dîner entre amis, quelqu’un évoque les conditions de travail des ouvriers
d’un pays pauvre, employés par une célèbre marque de vêtements. La
discussion se prolonge entre les convives, chacun y allant de son avis
et de son commentaire, forcément compatissant, forcément révolté. La
soirée se poursuit, on propose du café. L’hôte de Nathalie précise qu’il
© Groupe Eyrolles
En pratique
La saga de Nathalie (suite)
Plusieurs mois ont passé depuis cette fameuse soirée. Le projet de
Nathalie est plus qu’une ébauche. Elle entre à présent en phase d’ap-
profondissement. Pour trouver de l’aide et des conseils, elle participe
à des réunions de porteurs de projets, une fois par semaine. Lors de
celle de la quatrième semaine, des chefs d’entreprise sont invités à
entendre les créateurs exposer leurs projets. Ce soir-là, l’un d’eux, par
provocation, dit à Nathalie qui évoque son aventure avec sa passion
habituelle : « Vous confondez tout, Madame. Vous n’êtes pas là pour
sauver le monde. » Les poumons de Nathalie se vident. Un bourdon-
nement envahit l’intérieur de son crâne. Ses paumes deviennent moites.
Elle balbutie trois mots inintelligibles, reprend ses affaires et part en
claquant la porte. Depuis, elle n’a pas remis les pieds à ces réunions,
qui pourtant lui apportaient beaucoup !
✎✎ En résumé
Le risque de l’entrepreneur-militant est le revers de ses atouts, essentiel-
lement parce que les personnes de ce profil sont très souvent à fleur de
peau. Et qu’il n’y a rien de plus fragile qu’un futur créateur d’entreprise.
Nous y reviendrons.
’« entrepreneur-opportuniste » :
« Je crée pour faire des affaires »
Description
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Proportion
C’est un profil peu représenté (environ 15 %), ou du moins peu
véritablement assumé. Nous y reviendrons plus bas en examinant
les risques de ce profil et plus loin dans les PEF (lire page 42).
En pratique
La saga de Khadija
Khadija a 29 ans, un BTS Logistique en poche et une expérience déjà
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significative en tant que salariée. Son dernier poste était dans une
grosse PME du secteur des transports. Khadija aimait bien ce travail.
Elle avait des responsabilités, on lui faisait confiance, l’ambiance était
bonne. Malheureusement, il y a six mois, une crise aiguë dans ce sec-
teur a provoqué une série de licenciements. Khadija s’est retrouvée sans
emploi. Tout en cherchant un nouveau poste, Khadija a réfléchi à la
32 Votre porte-clés « perso » : bien vous connaître vous-même
En pratique
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✎✎ En résumé
L’entrepreneur-opportuniste doit se montrer tel qu’il est, sans faire cas de
son image. Il ne peut changer le jugement de certains.
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Quel est votre profil d’entrepreneur ? 35
’« entrepreneur-créateur » :
« Je crée, parce que j’aime ça »
Description
Ce qui fait vibrer le profil entrepreneur-créateur n’est pas le sa-
voir-faire, ni la rentabilité, ou les convictions : c’est l’idée et sa
transformation en un business ; ce sont là des mots magiques.
D’ailleurs, s’il découvre que son idée est déjà prise, il l’aban-
donne… pour en trouver une autre !
Ce profil tout à fait particulier crée, parce qu’il aime la création
et le passage d’une idée à l’exploitation de celle-ci. Ce qui l’in-
téresse au premier chef n’est fondamentalement pas l’entreprise.
C’est l’acte de la créer. Doté d’un instinct remarquable, son outil
principal est cette intuition si difficile à expliquer, à partager et à
communiquer.
C’est un pionnier, un défricheur, un innovateur… un créateur !
Capable d’entreprendre ex nihilo, il est mû par le désir de faire
naître quelque chose, peu importe quoi. Là encore, il n’est pas
question d’affirmer que ce profil se fiche du savoir-faire, de la
rentabilité et reste insensible à toute valeur profonde. Mais il n’en
a pas besoin pour se lancer et créer une entreprise.
Pour une personne de ce profil, l’idée est plus puissante que tout.
Si elle est convaincue, seul l’échec pourra lui prouver qu’elle s’est
trompée. Et encore… Créateur presque compulsif, l’entrepre-
neur-créateur est le seul des quatre profils à avoir l’envie de créer
dans le sang.
© Groupe Eyrolles
Proportion
C’est le profil le moins représenté (environ 10 %) et cela pour
deux raisons.
36 Votre porte-clés « perso » : bien vous connaître vous-même
En pratique
La saga de Boris
Boris a 22 ans. Bac littéraire arraché à grand-peine, il s’est inscrit en
faculté de droit, où il s’ennuie copieusement ! Boris est un réservoir
d’idées. Il en a toutes les cinq minutes dans les mauvais jours, toutes
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les cinq secondes les bons. Depuis son adolescence, il a déjà créé de
petites activités. Pas des entreprises au sens véritable du terme, mais de
petits business. Au moins une quinzaine. Certains ont duré une semaine,
d’autres plusieurs mois. De la revente de confiseries achetées en gros,
dans la cour de récréation du collège à une mutuelle plus ou moins
clandestine de prise de paris sportifs au lycée, en passant par la vente
Quel est votre profil d’entrepreneur ? 37
En pratique
La saga de Boris (suite)
Jour après jour, Boris est de plus en plus habité par son idée. Son désir
de créer une entreprise, inassouvi depuis plusieurs années, jaillit enfin en
flots continus. De plus, il n’est plus un gamin : à 22 ans, il est certain de
pouvoir véritablement créer une entreprise sur cette belle idée de site de
rencontres sur Internet pour étudiants. Pas simplement une petite activité.
Une réelle entreprise. Le bonheur ! Celui d’avoir une idée, celui de la
sensation qu’elle est « fumante », celui d’étudier non pas la faisabilité tant
elle lui semble évidente, mais le meilleur chemin pour atteindre l’objectif.
Celui de l’acte de créer. Le vrai et grand bonheur. D’aucuns lui disent
tout de même que pour lancer un tel site Web, il faut des moyens assez
conséquents, ne serait-ce que pour la communication. Peu importe. Des
voix s’élèvent également pour le mettre en garde contre les mirages du
« Web-business ». Ce sont des frileux ! Enfin, certains lui conseillent de
bien étudier son affaire avant de se lancer : la cible étudiante n’est pas
facile à capter. Il existe déjà de très gros acteurs sur ce marché. Seule la
© Groupe Eyrolles
publicité peut faire vivre l’entreprise. « Oui, ils ont peut-être raison. Mais
j’ai encore plus raison qu’eux », pense Boris. Plus on le conseille, moins
il écoute. Car Boris se sent à part. Et si les gens n’y croient pas, tant pis
pour eux. Lui, il y croit ! Alors il va le faire !
Quel est votre profil d’entrepreneur ? 39
✎✎ En résumé
Solitaire, déterminé, obstiné, l’entrepreneur-créateur possède les qua-
lités de ses défauts. Il est avant tout un rêveur. Le seul type de rêveur
qui fasse bon ménage avec l’entrepreneuriat. Car lorsqu’il réussit, c’est
souvent une très belle histoire.
En pratique
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La passion
Il ne s’agit pas de la passion qui vous anime en ce moment de
création, mais de celle dont l’objet est, en fonction de votre profil
dominant, le produit, la richesse, les valeurs ou l’idée. Imaginez
que, pour reprendre les histoires de Romain, Nathalie, Khadija et
Boris, le premier ne vive que pour et par la gastronomie. Imaginez
que Nathalie soit obsédée par son idéal humaniste, que Khadija
soit aveuglée par la perspective de s’enrichir. Imaginez que Boris
soit hypnotisé par son idée.
C’est cette passion que j’évoque. Une passion beaucoup plus des-
tructrice que constructrice, qui fait perdre le sens de l’équilibre au
créateur et la lucidité nécessaire. « C’est la dose qui fait le poison »,
disait le médecin et alchimiste suisse Paracelse (1493-1541). Pour
la passion, il en va de même. Une entreprise est un équilibre sub-
til entre création, savoir-faire, valeurs et rentabilité. À vous de
bien veiller à cet équilibre.
Ne pas s’assumer
Cette erreur est directement liée à la précédente : vous savez
quelle est votre dominante, mais vous refusez obstinément de
l’assumer. Chassez le naturel, il revient au galop, dit le proverbe ?
C’est exactement ce qui se passera, avec, à la clé, beaucoup de dif-
ficultés, beaucoup d’incertitudes… et beaucoup de temps perdu.
✎✎ En résumé
Que vous soyez entrepreneur-expert, entrepreneur-militant, entrepreneur-
opportuniste ou entrepreneur-créateur, l’essentiel, c’est que vous êtes
entrepreneur. Votre dominante, votre tendance naturelle expriment la
nature de votre besoin d’entreprendre, ce que vous recherchez. Or, si
vous savez plus clairement ce que vous cherchez, si vous êtes lucide sur
vous-même, vous aurez davantage confiance en vous et vous inspirerez
confiance aux autres. Rien de magique ou de surnaturel à cela ! C’est
tout simplement humain, dans la merveilleuse complexité du terme.
© Groupe Eyrolles
Clé n° 2
Pôles positifs
Rappelez-vous que les pôles positifs doivent absolument habi-
ter votre discours, car ce sont eux qui vont déclencher l’intérêt
des autres, quels qu’ils soient, pour votre projet. Bien entendu, il
s’agira à chaque fois de vous adapter à votre interlocuteur (nous y
reviendrons dans la clé n° 4 de la seconde partie).
Les pôles « positifs » désignent l’intérêt de ma création pour mes
clients et mon marché :
• Améliorer : j’apporte à mes clients et sur mon marché une
amélioration de quelque chose qui existe déjà.
• Changer : j’apporte un changement significatif pour mes
clients et sur mon marché
• Ouvrir : j’apporte à mes clients la possibilité d’accéder à
quelque chose qu’ils ne pouvaient pas atteindre.
• Créer : j’apporte quelque chose qui n’existait pas à mes clients
et à mon marché
• Enrichir : j’apporte à mes clients la possibilité de faire plus de
bonnes affaires sur mon marché.
Pôles négatifs
Les pôles négatifs doivent rester en vous, bien vivants, entretenus.
Ils vous concernent vous et personne d’autre.
Ils couvrent l’intérêt de ma création pour moi :
• Reconnaissance : je crée une entreprise pour prouver aux
autres que j’en suis capable. Je recherche un statut social.
• Pouvoir : je crée une entreprise pour diriger, décider, être
responsable.
© Groupe Eyrolles
Pôles négatifs
Les pôles négatifs vous concernent vous. Ils vous sont intimes
et personnels. La plupart de vos interlocuteurs (hormis vos très
proches) s’en fichent royalement. Ce n’est pas de la malveillance de
leur part, mais cela ne les concerne pas, et ils n’y ont aucun intérêt.
50 Votre porte-clés « perso » : bien vous connaître vous-même
otivation et profil
À travers votre profil d’entrepreneur, c’est votre désir profond que
vous exprimez. Vos motivations sont vos raisons de créer. Les deux
sont bien sûr intimement liées. Cependant, tandis que le profil ne
s’exprime pas, mais se vit de l’intérieur, les motivations, elles, sont
votre credo, votre discours, vous servent à convaincre, à vous affir-
mer et à faire naître chez vos interlocuteurs une lumière particulière
dans le regard. Cette lumière d’intérêt, de curiosité, d’envie de savoir
plus, n’a pas de prix. Un créateur d’entreprise est quelqu’un de pro-
fondément seul, qui a tout aussi profondément besoin des autres.
✎✎ En résumé
Repérez et clarifiez vos deux pôles pour clarifier votre motivation. Puis,
lorsqu’il s’agira de parler de vous et de votre projet, pensez d’abord et
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Indépendant
Un chef d’entreprise indépendant, lui, cherche avant tout la li-
berté. Cette liberté se trouve dans l’absence de lien. Or, lorsqu’on
dirige une entreprise, les liens existent en pagaille. Certes, ce ne
sont pas les mêmes que pour un salarié, mais ils sont là et bien
là : avec des partenaires, les salariés, liens les prestataires, etc. Le
chef d’entreprise indépendant cherche à limiter le nombre et la
force de ces liens. Comme il n’est pas question (heureusement) de
toucher au lien principal, celui avec les clients, ce sont les autres
qu’il tentera de limiter.
Conséquences
La structure unipersonnelle (EURL, EIRL, libéral, etc.) sera lar-
gement privilégiée.
De plus, le développement de la force de travail et de production
passera de préférence par des prestataires externes (free-lance,
sous-traitants, etc.) avec lesquels le lien, de nature commerciale,
est moins contraignant que celui d’un contrat de travail avec un
salarié.
Enfin, ce chef d’entreprise aura une certaine réticence à utiliser
le crédit, qui crée un lien avec une banque, ce qui peut être très
ennuyeux si l’on souhaite investir autrement que sur ses fonds
propres.
Structure, forme juridique, apports en propre, association, pro-
duction, financement, développement, etc. Les conséquences
sont donc très pratiques et très importantes dans la vie de votre
future entreprise, notamment dans les cinq premières années.
© Groupe Eyrolles
Si vous ne voulez pas vous associer, sans doute êtes-vous très in-
dépendant (voir plus haut, ainsi que les motivations). C’est votre
choix. Il est parfaitement respectable. Vous aurez plus de possi-
bilité en termes de type de structure juridique (voir en annexe,
page 178).
En pratique
Le cas particulier de la SCOP (société coopérative de production)
Dans la SCOP, hormis le fait que tous les salariés sont associés majo-
ritaires de l’entreprise, l’association n’est pas basée sur « une part
sociale = une voix », mais sur « un associé = une voix ». Le mot
coopérative n’est pas vain. Le fonctionnement est démocratique, au
vrai sens du terme. Le pacte qui lie et l’état d’esprit qui anime les
créateurs en SCOP est tout à fait particulier. Il faut à la fois être très
sûr de soi et des autres. La SCOP suppose une foi dans le partage,
notamment celui du pouvoir, un goût pour la mise en commun et la
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et que cela vous plaît par-dessus tout. Il n’en reste pas moins que les
risques présentés plus haut dans le passage consacré aux trois erreurs
sont tout aussi réels.
✎✎ En résumé
Cette clé n° 3 s’avère fondamentale dans votre projet. Sur un plan juri-
dique, financier, productif et administratif, certes, mais plus encore sur le
plan personnel. Vous l’avez constaté, les points abordés ici sont intime-
ment liés au profil de d’entrepreneur, aux motivations pour entreprendre.
L’objectif est toujours le même : mieux vous connaître pour avoir plus
d’assurance et oser faire ce pas que vous mourrez d’envie de faire !
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Clé n° 4
Entreprendre, c’est votre choix, c’est votre voie. C’est un acte vo-
lontaire qui exprime des désirs et des motivations personnelles
et profondes, nous l’avons vu. Personne ne peut donc contes-
ter ce choix et cette voie. Vous entreprenez, parce que vous êtes
entrepreneur.
Très concrètement, dans votre discours, faites place aux verbes
aller (je vais), savoir (je sais, je connais), avoir (j’ai, je possède) et
être (je suis) :
En pratique
Vous allez créer une entreprise.
Cette entreprise sera celle-ci ou celle-là.
Vous êtes la bonne personne pour cela,
Votre projet en est à tel stade.
Vous avez telle(s) étape(s) à franchir pour y parvenir.
’« effet CV »
Définition
L’effet CV consiste à parler de vous-même non comme le créateur
de votre entreprise, mais comme quelqu’un qui passe un entretien
d’embauche. Or, si l’une et l’autre de ces démarches sont également
respectables, elles n’ont strictement rien à voir l’une avec l’autre.
Le créateur d’entreprise ne cherche pas un emploi. Le demandeur
(donc chercheur) d’emploi ne crée pas une entreprise. Ils n’agis-
sent pas dans le même monde, avec les mêmes codes, n’ont pas le
même objectif, ni le même état d’esprit.
À l’origine de l’effet CV, il existe deux raisons très simples.
Premièrement, vous avez été habitué, pour ne pas dire condi-
tionné, par les codes et les attitudes régissant le monde du sa-
lariat : faire son CV, sa lettre de motivation, lire les annonces,
passer un entretien de recrutement, etc. Ces codes sont obsolètes
dans le monde de la création d’entreprise. Il m’est arrivé de croi-
ser la route de très jeunes entrepreneurs, n’ayant aucun passé de
salarié : l’effet CV leur est inconnu.
Deuxièmement, il y a beaucoup de créateurs qui, encore en plein
doute, encore fragiles, n’osent pas véritablement affirmer ce qu’ils
entreprennent. Le refuge de l’effet CV est alors bien pratique : ils
se cachent (en toute bonne foi) derrière leur passé et finissent par
adopter, sans s’en apercevoir, une posture de justification.
Comment se manifeste-t-il ?
© Groupe Eyrolles
En pratique
« Après quinze ans d’expérience dans tel secteur, j’aspire à créer mon
entreprise. »
« Je souhaite prendre plus de responsabilités et je vais… »
« Fort de mes capacités, j’ai à présent le désir de… »
« Je pense avoir fait mes preuves dans ce domaine, ce qui m’amène à… »
« Je possède une solide expérience et un savoir-faire qui… »
« J’ai développé, au sein de telle société, mes compétences de… »
On en dénombre trois.
L’auto-dévalorisation
En vous justifiant, vous demandez à l’autre son approbation.
Vous perdez de la valeur à ses yeux et aux vôtres.
68 Votre porte-clés « perso » : bien vous connaître vous-même
L’effritement de la confiance
Il s’agit de la confiance en vous et de celle que vous inspirez. Ce
n’est vraiment pas le moment de jouer avec cela. Si la confiance
est atteinte, le risque de tout arrêter est grand.
Comment le neutraliser ?
Commencez par vous écouter. Écoutez-vous répondre à une
question du type : « Qui êtes-vous pour créer cette entreprise ? » Dès
que vous repérez dans votre discours, dans vos réponses, la termi-
nologie caractéristique, arrêtez-vous et changez de style ! Passez à
un vocabulaire plus simple, plus direct, en utilisant les verbes de
l’entrepreneur : je vais, je veux, je sais, j’ai, je suis (voir plus haut
le passage intitulé « Prenez votre place en tant qu’entrepreneur »,
en début de chapitre).
En pratique
Effet CV : « Après cinq ans en tant que responsable marketing dans le
secteur du… »
Pas d’effet CV : « Je suis spécialisé dans le marketing dans le secteur
© Groupe Eyrolles
du… »
Effet CV : « J’ai développé mes compétences commerciales au sein
d’une équipe de vente chez XXX. »
Pas d’effet CV : « Je connais bien le métier de vendeur. Je l’ai exercé
pendant dix ans chez XXX. »
Prenez votre place et affirmez votre légitimité 69
Certes, vous dites la même chose quant au fond, mais vous parlez de
vous, au présent, en affirmant tranquillement QUI vous êtes : vous n’êtes
pas dans le même état d’esprit. C’est fondamental !
En pratique
« Je connais bien le métier de vendeur, je l’ai exercé pendant dix ans
chez XXX. C’est cette connaissance qui va me permettre de négocier de
très bonnes remises pour mes clients. »
En pratique
« Avant de vous dire en quoi je suis la bonne personne pour créer cette
entreprise, je vais en résumer le projet et l’ambition. »
✎✎ En résumé
Prendre votre place et vous affirmer comme légitime dans ce que vous
entreprenez produit un double effet : cela renforce la confiance que
vous avez en vous. Vous vous sentez beaucoup plus sûr de vous. Et
cela renforce la confiance que vous inspirez à vos interlocuteurs. La
mécanique du cercle vertueux est enclenchée. Il devient alors bien plus
facile d’oser !
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Clé n° 5
En pratique
Le conte de Phu
Phu était un vieux yogi, une sorte d’original qui allait de vallée en vallée,
de village en village, passant sa vie à dispenser ses conseils à ceux qui
le désiraient. Chaque fois qu’il arrivait quelque part, il s’asseyait dans la
position du lotus sous le plus vieil arbre du lieu, et il attendait. Il arrivait
toujours au petit matin, et repartait toujours lorsque le dernier rayon du
soleil avait disparu. Ce matin-là, Phu arriva dans un village, se posa au
pied d’un grand camphrier et attendit. Les habitants vaquaient à leurs
occupations. On allait de-ci, de-là, sans prêter vraiment attention au
vieux yogi sous son arbre, assis, immobile. Quand il fut midi, quelqu’un
lui apporta un bol de lait de chèvre. Phu le but et reprit sa position. Le
temps passa, paisiblement. La chaleur se fit moins intense, on rentra
les bêtes, on s’affaira pour la nuit. Alors que le dernier rayon du soleil
allait s’estomper, un jeune homme s’approcha de Phu et lui dit : « Yogi,
je souhaite ton conseil. » Phu ouvrit un œil. « Je veux devenir moine »,
dit le jeune homme. Phu ouvrit l’autre œil. « Je ne désire rien plus que
cela », continua le jeune homme. « Et alors ? », répondit Phu. « C’est
que je ne sais pas vraiment si j’en suis capable, je ne sais pas vraiment
si j’en ai la force, je ne sais pas vraiment si j’en suis digne, je ne sais
pas vraiment si… », reprit le jeune homme. Le vieux yogi l’interrompit
d’un geste, fit la moue, se leva et dit : « Viens. » Ils marchèrent toute
© Groupe Eyrolles
la nuit. À l’aube, ils arrivèrent dans une vallée très éloignée du village.
Phu conduisit le jeune homme dans un champ de goji, la baie aux mille
vertus. Le champ était bien tenu, la plante y croissait, disciplinée, palis-
sée. Les grosses baies rouges foisonnaient, attendant d’être cueillies. Le
yogi montra le champ au jeune homme et lui dit : « Sers-toi. » Le jeune
homme, interloqué, hésita puis pénétra dans le champ, déambula entre
Gérez les moments difficiles 73
les plants, compara les baies, soupesa, évalua, et choisit les plus belles.
Il en récolta ainsi un bon nombre. Quand il eut achevé sa moisson, le
vieux yogi le prit par la main, et il l’emmena dans un autre champ de
goji. Ce champ-là n’avait rien de comparable au précédent. La plante,
laissée à l’abandon, s’étalait librement, rampait partout où elle le pou-
vait, se répandait en touffes entrelacées et formait de gros et denses
buissons. On eu dit un champ de ronces inextricables. « Sers-toi », dit le
yogi. Le jeune homme pénétra dans le champ. Mais il n’y avait aucun
chemin à suivre, aucun endroit où passer. Il trébucha, s’emmêla, chuta
une, deux, trois fois, pour finir presque emprisonné dans des entrelacs
formés par la plante. À grand-peine, il parvint à sortir du champ et à
rejoindre Phu, sans avoir ramassé la moindre baie. Alors Phu regarda
le jeune homme et lui dit : « Tu as un désir, mais tu doutes. Désormais,
quand tu douteras, pense à ces deux champs de goji. Si tu laisses tes
doutes à l’abandon, ils t’envahiront, ils te paralyseront, et tu ne récolte-
ras rien. Mais si tu y fais attention, si tu les cultives, ils te nourriront et ta
moisson sera bonne. » Phu repartit sur son chemin et le jeune homme sur
le sien, ses quelques baies en poche1.
ture humaine, car il est lié au concept de choix. Faire le bon choix.
Savoir choisir. Le créateur d’entreprise est sans cesse confronté à
cela. Aussi est-il tout à fait normal de douter lorsqu’on crée son
1. Philippe Coste, Former par les contes - Recueil et mode d’emploi pour les for-
mations, Éditions d’Organisation, 2008.
74 Votre porte-clés « perso » : bien vous connaître vous-même
es grandes peurs
Au début, elle n’est pas là. Elle n’existe pas. Pourtant, plus vous
allez vous approcher du moment où il faudra passer du projet
à l’acte, le moment clé, plus elle va grandir, se manifester, vous
accompagner et faire partie de votre vie.
La peur. Quoi de plus naturel ! Quoi de plus normal ! Et quoi
de plus sain, finalement. La peur d’entreprendre, qu’il s’agisse de
créer une entreprise ou d’autre chose est celle de l’inconnu, celle
de l’incertitude, celle du changement. L’éprouver est donc parfai-
tement humain.
Le degré d’intensité est variable : il dépend de bien des facteurs
(votre contexte, votre histoire personnelle, votre personnalité,
etc.). Mais cette peur existe toujours. Lorsqu’elle est légère, ré-
© Groupe Eyrolles
duite, cette peur est saine et salutaire : elle vous permet d’être
vigilant, prudent, réfléchi. Elle ne vous handicape pas, ne vous
envahit pas, ne paralyse pas vos actes et vos pensées.
Gérez les moments difficiles 75
S’il est trop fort, la peur qui lui est associée le sera aussi.
Alors retenez deux choses. Premièrement, vous entreprenez d’abord
pour vous. L’entrepreneur est fondamentalement égocentré et seul.
Deuxièmement, n’attendez pas trop de reconnaissance, remettez
76 Votre porte-clés « perso » : bien vous connaître vous-même
En pratique
Définissez clairement vos points clés en répondant aux questions
suivantes :
- de quoi ai-je besoin pour vivre ?
- combien de temps puis-je tenir ?
- quels sont mes besoins impératifs ?
- à quel terme ?
- quelles sont mes solutions de repli ?
Plus vous serez objectif et précis dans vos réponses, mieux vous calcu-
© Groupe Eyrolles
a solitude
Parce que créer son entreprise est un acte très égocentré, même si
on la crée avec d’autres. C’est une aventure personnelle qui vous
engage très profondément, nous l’avons vu au début de ce livre.
Gérez les moments difficiles 79
me compare je me console ».
L’idée est d’éviter de rester dans votre coin en pensant que vous en-
nuyez le monde entier avec vos histoires, en jouant à l’incompris,
ou encore en pensant que vous n’avez besoin de personne. Vous
80 Votre porte-clés « perso » : bien vous connaître vous-même
es coups de fatigue
Que vous les appeliez aussi « coups de pompe », « coups de blues »
ou encore « coups de bambou », ce sont des moments que vous
vivrez (peut-être les avez-vous déjà vécus ?) forcément.
La création d’une entreprise requiert, dans la plupart des cas, une
énergie colossale. Elle réclame des efforts intellectuels, des efforts
physiques et puise dans vos ressources morales et psychologiques.
Entre l’anxiété, l’excitation, l’impatience, le manque de sommeil,
les visites chez le médecin de garde à des horaires décalés et la
pression qui s’accroît de jour en jour, votre corps et votre tête
sont malmenés. À moins d’être un super-héros, comment voulez-
vous être au sommet de votre forme 24 heures sur 24 ? C’est tout
simplement impossible.
Or vous avez besoin de toute votre énergie, de toute votre lucidité,
de toute votre force de travail, tout simplement parce que vous
êtes votre seule ressource. Ne pas prendre soin de votre capital
santé serait aussi inepte que de dilapider votre capital financier.
Que faut-il faire ? Rien de bien compliqué ; en tout cas, rien qui
© Groupe Eyrolles
Le sommeil
Ne vous endormez pas avec votre projet. Aménagez une transi-
tion entre le moment où vous travaillez à votre création et le mo-
ment où vous éteignez la lumière. Un livre (surtout pas celui que
vous tenez en ce moment entre vos mains !), une petite balade,
un film, un gros câlin, tout ce que vous voulez, pourvu que vous
puissiez penser à tout autre chose.
L’alimentation
Rassurez-vous : je ne vais pas vous recommander un régime hy-
perprotéiné ou « top-glucides-et-sucres-lents ». En revanche, pre-
nez soin de sauter le moins de repas possible et surtout prenez
le temps de manger. Pas simplement de vous nourrir, mais aussi
de profiter des saveurs, des parfums et du moment de pause que
constitue un repas. Pour vous convaincre de l’utilité de ce com-
portement, dites-vous que vous ne perdez pas de temps, mais
qu’au contraire, vous « investissez » du temps. Un mot qui doit
vous parler !
Le sport
Un peu d’exercice ? Oui, bien sûr, si vous le pouvez. Le sport a
une vertu extraordinaire : il vous permet de vous vider la tête et
d’évacuer vos tensions ; à vous de voir lequel vous aimez ou aime-
riez pratiquer. Si vous êtes déjà adepte d’un sport, continuez. Si
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Reposez-vous !
Un must
Comment ? Se reposer ? Alors que je suis en pleine création d’en-
treprise ! Jamais ! Je n’ai pas le temps ! Je n’ai pas que ça à faire !
C’est bon pour les feignants ! Ce n’est pas le moment !
Je suis au regret de vous contredire, mais je maintiens : repo-
sez-vous. Encore une fois il s’agit d’investir du temps. Trop de
néo-entrepreneurs « craquent », parce qu’ils sont des adeptes du
24 heures sur 24 et du 7 jours sur 7. Craquer, c’est, par exemple
perdre ses moyens lors d’un rendez-vous important. C’est aussi
être sur les nerfs et ne pas parvenir à gérer une situation un peu
tendue ; ce peut être également commettre des erreurs, oublier ou
perdre des choses, à commencer par la lucidité.
L’éloge de la sieste
Reposez-vous régulièrement, en faisant autre chose, ou en ne fai-
sant rien, tout simplement. La sieste est à ce titre l’une des plus
belles inventions de l’homme. Si quelqu’un parmi vous veut un
jour lancer une entreprise autour de la sieste, par exemple un lieu
où tout un chacun peut la faire, avec les services connexes, je lui
donne cette idée et ma bénédiction. Je serai son premier client !
Ne culpabilisez pas : pendant que vous ne faites rien, au fond
de vous, ça travaille toujours. C’est ce que l’on appelle le travail
invisible.
Cassez le rythme
Plus vous avancez dans votre projet, plus votre rythme de tra-
© Groupe Eyrolles
Écoutez-vous
Vous êtes à la fois votre pire ennemi et votre meilleur ami. Soyez
attentif aux signes que vous envoie votre corps, qui sait, lui, ce
qui est bon pour vous. La vie d’un créateur d’entreprise n’est pas
et ne doit pas être une vie de galérien !
✎✎ En résumé
Oser entreprendre, c’est aussi disposer de toutes vos ressources per-
sonnelles pour vous lancer. Aussi ne négligez pas l’impact de votre
santé sur votre moral. Pensez à vous et préservez-vous, car vous êtes
irremplaçable. Pour conclure, je veux vous faire une promesse : lorsque
vous arriverez au bout de votre chemin, lorsque votre entreprise sera
créée, lorsqu’elle sera active, et que jour après jour votre business se
développera, ces peurs, ces doutes, ces coups de pompe, bref, tous
ces moments un peu sombres que vous aurez vécus, toutes ces passes
un peu noires que vous aurez traversées deviendront de très bons souve-
nirs. Ils feront partie de votre histoire, de votre vie et de votre personne.
Nul doute qu’alors, vous serez fier de vous.
© Groupe Eyrolles
D’un porte-clés à l’autre
Vous voici au terme de cette première partie. Vous avez examiné
et analysé vos désirs, à travers les profils d’entrepreneurs, vos at-
tentes et vos besoins, dans la clé sur les motivations. Vous vous
êtes projeté dans un bel avenir de chef d’entreprise, vous avez vu
comment vous affirmer dans votre nouvelle peau et comment gé-
rer les moments délicats ; vous avez clarifié vos atouts, vos forces,
vos faiblesses, vos capacités. Vous avez fait le point sur vous.
Vous vous connaissez mieux. Vous êtes plus sûr de vous. Que
vous faut-il de plus pour y aller, pour vous lancer… pour oser ?
Un projet viable et solide, c’est-à-dire la sainte trinité de l’entre-
prise : un produit, un marché, des clients. Certes. C’est évident.
Cependant, il vous faut aussi maîtriser votre communication per-
sonnelle. Non pas celle de votre entreprise, mais la vôtre, celle de
l’entrepreneur. C’est l’objectif de la seconde grande partie de ce
livre.
PARTIE 2
Votre porte-clés
« communication » :
savoir parler
de votre projet
88 Votre porte-clés « communication » : savoir parler de votre projet
© Groupe Eyrolles
Clé n° 1
Préparez et structurez
votre discours
En pratique
« Je monte une entreprise de recyclage des huiles usagées. »
« Je crée une banque de site de rencontres pour les colocations sur
Internet. »
« Je démarre une activité de distribution de meubles pour enfants. »
« Je me lance dans le conseil dans la gestion des politiques de handi-
cap pour les PME. »
En pratique
Entraînez-vous sur un sujet qui n’est pas le vôtre : prenez n’importe quelle
entreprise, de préférence connue, et définissez-la en quelques mots et en
quelques secondes. Voyez jusqu’où vous pouvez aller dans la simplicité
et la brièveté. Testez vos réponses auprès d’un « candide ». Cet exer-
cice est excellent. D’une part, il vous montre que vous êtes, comme tout
le monde, parfaitement capable d’exprimer ce qu’est une entreprise et
d’être immédiatement compris. D’autre part, il vous permet de prendre
conscience que vous êtes si passionné par votre projet que vous pouvez
devenir intarissable, alors que ce n’est pas forcément nécessaire.
En pratique
A. Un site Web où tout le monde peut vendre et acheter tout ce qu’il
veut aux enchères.
B. Un livre-guide qui répertorie et classe les meilleurs restos et hôtels de
France.
C. Des machines pour se faire soi-même un expresso.
D. Un parc d’attractions uniquement basé sur l’univers d’Astérix.
E. Un hypermarché spécialisé dans le bricolage.
Retrouvez les réponses en page 188.
En pratique
« Je monte une entreprise de recyclage d’huiles usagées. »
« Quatre-vingts pourcent des huiles usagées, chez les garagistes comme
dans le secteur industriel, sont soit rejetées, soit stockées un peu n’im-
porte où. Cela pose trois gros problèmes à ces professionnels : ils
ne savent pas comment faire pour s’en débarrasser sans polluer,
ça leur coûte cher. Et en plus, ils sont souvent hors-la-loi. » Ici, on
peut pointer trois insatisfactions (en caractères gras) dans ce discours :
écologique, financière et administrative.
« Je crée un site de rencontre pour les collocations sur Internet. »
© Groupe Eyrolles
Dans l’exemple cité plus haut, les trois insatisfactions sont par-
faitement hiérarchisées : « pollution » (simple et visuel), « coûte
cher » et « hors-la-loi » (la plus sensible).
En pratique
Entraînez-vous à déterminer la ou les insatisfactions auxquelles ont
répondu des entreprises connues. Des plus simples aux plus complexes.
Des plus petites aux plus grandes : une boulangerie s’est ouverte dans
votre quartier ? À quelle insatisfaction a-t-elle répondu ? Apple sort un
nouveau produit : même question.
Lancez une discussion : vous êtes avec des amis, des proches ? Pensez
à une entreprise ou à une marque célèbre et amusez-vous à leur poser,
collectivement, la question suivante : « À votre avis, à quelle insatisfac-
tion répond la société X ou le produit Y ? » Laissez les réponses venir,
éventuellement les débats. Et surtout, écoutez ce qui se dit. Ne partici-
pez pas aux échanges. Jouez à la mouche du coche en essayant de
leur faire simplifier leurs réponses. Et si vous êtes suffisamment avancé
dans votre projet, profitez de cette occasion pour vous tester en donnant
votre propre réponse sur votre future entreprise.
En pratique
« J’ouvre un restaurant dans un nouveau quartier de ma ville. »
« C’est un quartier d’affaires, où il n’y a quasi aucune possibilité de
déjeuner et pour pas cher, facilement et surtout équilibré. Les gens
© Groupe Eyrolles
En pratique
Pensez à une dizaine d’entreprises (mélangez des petites et des
grandes) que vous connaissez et listez par écrit leurs « comment », c’est-
à-dire la valeur qu’elles ont apportée sur leur marché. Demandez à une
autre personne de faire le même exercice. Comparez vos réponses et
discutez des points de désaccords. Tentez d’établir, en commun, une
liste définitive. Enfin, procédez de la même manière avec votre projet,
en partant du deuxième élément, c’est-à-dire les insatisfactions.
En pratique
Dans notre exemple de « camion-repas-bio-éco », cela pourrait donner :
« J’ouvre un restaurant dans un nouveau quartier de ma ville. »
« C’est un quartier d’affaires, où il n’y a quasi aucune possibilité de
déjeuner et pour pas cher, facilement et surtout équilibré. Les gens
qui y travaillent ont le choix entre un fast-food et un établissement
gastronomique. »
« Je vais avoir un camion, style camion à pizza, mais je vais proposer
à mes clients des menus à partir de 7 euros, très travaillés sur le plan
nutritionnel, à base de produits bio. Pour eux, c’est le prix d’un Ticket
Resto. »
« Ce projet est une très belle opportunité de business ; il n’y a pas trente-
six places à prendre, il n’y en a qu’une, et je vais être celui (ou celle) qui
va la prendre et apporter une alternative pour déjeuner à mes clients.
Pour leur offrir cela, je vais m’appuyer sur mes dix ans d’expérience
de… »
On retrouve ici le profil d’entrepreneur : « C’est une très belle opportu-
nité de business » ; la motivation (positive) : « apporter une alternative
pour déjeuner à mes clients » ; enfin le verbe « aller » pour éviter la
justification : « je vais être… » et « je vais m’appuyer sur… »
Le cinquième élément
Au centre du discours
Merci au cinéaste et producteur Luc Besson d’avoir popularisé
cette expression avec son long-métrage sorti en 1997. Cela per-
met de lui donner toute l’importance qu’elle mérite dans ce qui
suit. Le cinquième élément, le plus important de tous, est situé
au centre de votre discours.
© Groupe Eyrolles
Votre discours doit absolument être centré sur votre client au sens
large du terme. Votre client est l’expression du marché sur lequel
vous allez agir ; votre client est l’expression de l’insatisfaction ou
du besoin auquel vous voulez répondre ; votre client vous fera
vivre et fera vivre votre entreprise.
Cela semble évident, direz-vous ! Peut-être. Mais cela va mieux
en le disant, même s’il faut le répéter mille et mille fois. Trop de
discours d’entrepreneurs oublient le client dans le projet. Sans
le nier totalement, ils ne lui accordent pas la place naturelle qui
lui est dévolue : la plus importante. Ces discours développent le
produit, l’idée, les compétences ou les envies, mais ne parlent, au
fond, que de l’entrepreneur ou de l’entreprise.
Placer le client au centre de votre expression, c’est vous assurer
d’avoir un véritable discours d’entrepreneur, donc de convaincre,
d’intéresser et de séduire ceux et celles qui sont susceptibles de
vous suivre. C’est aussi affirmer implicitement votre volonté,
votre détermination, et prouver clairement, d’une part que votre
projet est viable et prometteur, d’autre part que vous êtes bien à
votre place !
En pratique
Reprenez notre exemple de « camion-repas-bio-éco » et comptez les
évocations explicites du client.
« J’ouvre un restaurant dans un nouveau quartier de ma ville. »
« C’est un quartier d’affaires, où il n’y a quasi aucune possibilité de
déjeuner et pour pas cher, facilement et surtout équilibré. Les gens
qui y travaillent ont le choix entre un fast-food et un établissement
gastronomique. »
« Je vais avoir un camion, style camion à pizza, mais je vais proposer
à mes clients des menus à partir de 7 euros, très travaillés sur le plan
nutritionnel, à base de produits bio. Pour eux, c’est le prix d’un Ticket
Resto. »
« Ce projet est une très belle opportunité de business ; il n’y a pas trente-
six places à prendre, il n’y en a qu’une, et je vais être celui (ou celle) qui
va la prendre et apporter une alternative pour déjeuner à mes clients.
Pour leur offrir cela, je vais m’appuyer sur mes dix ans d’expérience
de… »
On le retrouve cinq fois, en gras dans le texte ci-dessous :
« J’ouvre un restaurant dans un nouveau quartier de ma ville. »
« C’est un quartier d’affaires, où il n’y a quasi aucune possibilité de
déjeuner et pour pas cher, facilement et surtout équilibré. Les gens
qui y travaillent ont le choix entre un fast-food et un établissement
gastronomique. »
« Je vais avoir un camion, style camion à pizza, mais je vais proposer
à mes clients des menus à partir de 7 euros, très travaillés sur le plan
nutritionnel, à base de produits bio. Pour eux, c’est le prix d’un Ticket
Resto. »
« Ce projet est une très belle opportunité de business ; il n’y a pas trente-
six places à prendre, il n’y en a qu’une, et je vais être celui (ou celle) qui
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En pratique
« C’est en 1943 que M. X a eu l’idée de créer la première entreprise
de distribution de meubles design à petit prix. Commerçant dans l’âme,
et fin observateur, M. X s’était en effet aperçu que la demande des gens
concernant leur ameublement était en train d’évoluer à toute vitesse :
leur besoin n’était plus simplement d’avoir des meubles solides et fonc-
tionnels. Ils voulaient aussi du beau, du sympa, du créatif, du design.
Mais le mobilier et la décoration sympas, design, et de bonne qualité
étaient beaucoup trop chers. De plus, la production de ce type de mobi-
lier était assez réduite, du fait de sa caractéristique principale, rendant
son accès encore plus difficile à l’immense majorité des clients. Or, le
pays où vivait M. X possédait une véritable tradition de design. L’idée
maîtresse et gagnante de M. X fut triple : appliquer les méthodes indus-
trielles au design, fabriquer et distribuer, et, pour toucher le plus grand
nombre de clients, réduire les coûts de production et de transport en leur
laissant le soin d’assembler eux-mêmes leurs meubles. Résultat : soixante-
huit ans plus tard, l’entreprise est mondiale, compte près de 300 maga-
sins, emploie plus de 130 000 personnes et réalise un chiffre d’affaires
de 21 milliards d’euros. En se servant de sa science du commerce, de
l’organisation et en se basant sur une intuition géniale, M. X, en rendant
le design populaire, en le démocratisant pour ses clients, a bâti une des
entreprises les plus connues de la planète. »
Vous avez trouvé ? L’entreprise dont il est question est Ikea, bien sûr.
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En pratique
« C’est en 1943 que M. X a eu l’idée de créer la première entreprise de
distribution de meubles design à petit prix. Commerçant dans l’âme, et
fin observateur, M. X s’était en effet aperçu que la demande des gens
concernant leur ameublement était en train d’évoluer à toute vitesse :
leur besoin n’était plus simplement d’avoir des meubles solides et fonc-
tionnels. Ils voulaient aussi du beau, du sympa, du créatif, du design.
Mais le mobilier et la décoration sympas, design, et de bonne qualité
étaient beaucoup trop chers. De plus, la production de ce type de mobi-
© Groupe Eyrolles
Une fois votre discours couché sur papier, il ne vous reste plus
qu’à répéter, encore et encore. Répéter non pour apprendre, mais
pour habiter votre discours. Les comédiens connaissent bien cela.
Ils apprennent un texte, mais ne sont capables de l’interpréter
108 Votre porte-clés « communication » : savoir parler de votre projet
En pratique
Le seul matériel dont vous aurez besoin est un dictaphone. Votre télé-
phone mobile possède peut-être cette fonction. Une fois votre discours
écrit, apprenez-le par cœur. Pour être, dans un premier temps, certain
de ne rien oublier. N’y mettez pas de ton particulier. Faites cela de la
manière la plus neutre possible. Une fois le « texte » mémorisé, enregis-
trez-vous. Puis écoutez-vous. À partir de ce moment-là, commencez à
chercher et trouver des variations de forme, de ton, voire de structure, en
laissant parler la personne que vous êtes, votre passion, vos émotions.
Ce sont elles qui vont donner à votre contenu son unicité. Exercez-
vous une fois par jour au moins dans les premiers temps de votre par-
cours. N’hésitez pas à solliciter les gens autour de vous et écoutez
leurs remarques, leurs critiques, leurs avis. Écouter, cela ne signifie pas
forcément prendre en compte, mais y faire attention pour y réfléchir. Une
fois que vous sentez que vous êtes très à l’aise, et surtout que vous aurez
réellement utilisé votre discours, entretenez-le. Peu importe la fréquence,
pourvu que ce soit régulier.
✎✎ En résumé
Pour résumer ce passage consacré aux cinq éléments fondamentaux
de votre discours, prenons une métaphore culinaire : ces cinq éléments
sont votre matière première, les produits de base du plat que vous
préparez. Tous les grands chefs étoilés de ce monde s’accordent sur un
point : la qualité du produit de base est essentielle dans la réussite d’un
plat. Il en va exactement de même pour votre discours, et par-delà pour
votre conviction, votre force de persuasion et de séduction. Soignez
particulièrement les cinq éléments que nous venons de voir. Vous ne le
regretterez pas !
© Groupe Eyrolles
uatre atouts
Le talent de tous ceux qui savent convaincre, persuader, intéresser
et séduire ne réside pas dans leur expertise, dans leur charisme,
ni dans leur expérience. Il se niche dans leur capacité, innée ou
acquise, à savoir parler à tout le monde, c’est-à-dire à être compris
par tous leurs interlocuteurs, sans distinction. Aucun miracle à
cela. Vous pouvez y parvenir au prix d’un travail sur quatre as-
pects essentiels de votre discours :
• la simplicité ;
• la clarté ;
• la brièveté ;
• la vie.
La simplicité
Être compliqué, c’est très simple. Être simple, ce n’est pas très
compliqué… Vos phrases doivent être structurées simplement :
un sujet, un verbe, un ou deux compléments, un adverbe et un
ou deux adjectifs. Pas plus. Chaque phrase doit contenir une et
une seule idée, qui doit être simple à comprendre. Si l’idée que
vous voulez développer est véritablement complexe, faites-le en
vous servant de plusieurs phrases structurées ainsi :
En pratique
Question de votre interlocuteur : « Votre projet d’entreprise, c’est quoi
au juste ? »
Réponse 1 : « Je suis en train de développer un concept pour faire des
économies d’énergie, dans le domaine de la construction de maisons
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La clarté
La clarté d’un discours dépend de sa structure. De cela, nous
avons parlé plus haut. Vous avez les moyens, avec les cinq élé-
ments, de construire une structure claire. La clarté dépend aussi
des mots que vous allez employer.
Pesez chaque mot de votre discours : demandez-vous, pour cha-
cun d’eux, si n’importe quel interlocuteur est capable de savoir ce
qu’il signifie. Lorsque j’emploie l’expression « n’importe quel in-
terlocuteur », à mon tour, je pèse mes mots ! Ne faites aucune dis-
tinction d’âge, de culture, d’intelligence ou d’éducation. Aucune.
Vous devez avoir un discours dont tous les termes sans exception
peuvent être immédiatement compris par un enfant de 10 ans,
votre grand-mère, un inconnu, votre moitié, une personne archi-
diplômée, etc. La liste est infinie.
Si réellement, vous ne pouvez pas vous passer de la présence d’un
terme très particulier dans votre discours, pensez, lorsque vous le
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En pratique
Proposition n° 1 : « Je monte une société de conseil dans le management
interne de la certification ISO, spécialisée dans la série des 14000. »
Proposition n° 2 « Je monte une société de conseil dans le management
interne de la certification ISO, spécialisée dans la série des 14000.
Vous connaissez ? »
Proposition n° 3 : « Je monte une société de conseil dans le domaine de
la qualité, sur tout ce qui touche à l’environnement ».
La brièveté
Trois minutes, c’est très court pour les bavards ; c’est très long pour
les mutiques. C’est pourtant la durée que vous devez viser pour ca-
librer votre discours. L’idéal est même de deux minutes. Pourquoi ?
D’abord, parce qu’au-delà de trois minutes, malgré toute votre
puissance de conviction, de séduction et de persuasion, l’atten-
tion de votre interlocuteur va baisser rapidement.
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La vie
La conviction, la séduction dont vous avez besoin réclament un
discours vivant. Nous reviendrons sur ce sujet très important en
le développant dans le chapitre suivant.
L’effet Castro
Il est ainsi nommé en référence à Fidel Castro, dont les discours
fleuves sont célèbres : sept heures pour les plus brefs ! Faut-il
développer plus ? Sans doute non. Vous l’avez compris, l’effet
Castro désigne un discours beaucoup trop long du créateur d’en-
treprise. L’avantage (s’il en faut un) est que ce discours est très
complet. L’inconvénient est que votre interlocuteur va sombrer
dans un profond ennui, voire un profond sommeil.
Heureusement, l’effet Castro n’est pas très dangereux : une fois
repéré, il peut être neutralisé facilement. Si vous en êtes victime,
une seule solution : simplifiez ! Taillez dans le vif, supprimez,
resserrez vos phrases. En un mot : raccourcissez.
Une fois ce travail de synthèse effectué, enregistrez-vous et véri-
fiez la durée. N’oubliez pas, vous avez trois minutes !
L’effet NASA
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En pratique
« Prenons un exemple, pour que vous compreniez bien : une entreprise
comme Renault produit des milliers de tonnes de déchets par an : pein-
ture, produits toxiques, plastiques en tout genre, bref, beaucoup de
choses compliquées à recycler, à éliminer… »
L’immense atout de l’exemple, c’est que l’esprit de votre inter-
locuteur va s’accrocher à un univers, un nom, des termes qu’il
connaît, parce qu’ils lui sont familiers.
En pratique
« Prenons un exemple, pour que vous compreniez bien : une entreprise
comme Renault produit des milliers de tonnes de déchets par an : pein-
ture, produits toxiques, plastiques en tout genre, bref, beaucoup
de choses compliquées à recycler, à éliminer… »
En quelques mots, vous avez fait passer ce que vous souhaitiez par
l’illustration. Vous l’avez rendu accessible.
fonctionner.
Brièveté
Il doit être court. Inutile, en effet d’être long et détaillé et d’en
faire la proie de l’effet Castro. Vous en perdriez tout le bénéfice.
118 Votre porte-clés « communication » : savoir parler de votre projet
Clarté et simplicité
Il doit être clair et simple. Si votre exemple est farci de termes et
de mots incompréhensibles, non seulement il ne sert à rien, mais
en plus votre discours n’en sera que plus obscur. Ce n’est pas le but
recherché.
L’analogie
Si vous ne pouvez pas trouver de bon exemple, utilisez sa très
proche cousine : l’analogie. La différence entre analogie et
exemple est la suivante : la première est décalée quant à l’univers.
Vous illustrez votre propos en utilisant un autre environnement,
sans changer de sujet, bien sûr. Reprenons notre exemple.
En pratique
Au lieu de dire : « Prenons un exemple, pour que vous compreniez bien :
une entreprise comme Renault produit des milliers de tonnes de déchets
par an : peinture, produits toxiques, plastiques en tout genre,
bref, beaucoup de choses compliquées à recycler, à éliminer… »
Le discours analogique pourrait être : « Tu vois, chez toi, tu as tout un
tas de déchets dont tu ne sais pas quoi faire. Tu tries, c’est vrai, mais
tu as combien de poubelles ? Deux, trois. Et combien de fois as-tu
hésité avant de mettre tel ou tel déchet dans telle ou telle poubelle ?
Cela te casse les pieds, les éboueurs peuvent refuser d’embarquer une
poubelle, tu stockes dans un coin, en remettant à plus tard, ou tu fais un
voyage par mois, la voiture pleine, dans une déchetterie, où il faut faire
la queue pendant des heures. Bref, c’est la galère. Alors, imagine les
problèmes que cela pose à un industriel. Mon entreprise va lui permettre
de résoudre tout ça… »
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Vous avez déplacé l’univers, pour le rendre très accessible, sans chan-
ger de sujet. Attention : l’analogie ne doit pas être trop longue et surtout
doit se terminer par une passerelle vers votre projet et votre client :
« Alors, imagine les problèmes que cela pose à un industriel. Mon
entreprise va lui permettre de résoudre tout ça… »
Être compris de tout le monde 119
✎✎ En résumé
Rien de nouveau sous le soleil, finalement ! Pour être compris, soyez
simple, clair, pas trop long et vivant. Illustrez dès que vous le pouvez,
sans vous noyer dans les détails ou le jargon. Vous rendrez ce que vous
dites accessible au plus grand nombre. Il en est ainsi du discours du
créateur d’entreprise comme de tout discours, de toute parole qui se
veut accessible.
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Clé n° 3
Suscitez l’intérêt
La fameuse question vous a été posée… C’est parti, vous vous
lancez ! Les quatre éléments cardinaux sont bien là, le cinquième
est partout. C’est carré, simple et clair. Pas d’effet CV ni d’ef-
fet Castro. Vous maîtrisez votre structure. Un exemple pour être
bien compris, une analogie courte et très illustrative. Même si au
fond de vous, votre cœur est en surrégime, que votre température
interne frise les soixante-dix degrés, vous n’en laissez rien paraître.
Dernière phrase, dernier mot. Point final ! Ouf !
Silence. Votre interlocuteur hoche la tête. Il remue les lèvres Et
vous entendez cette réplique terrible : « Oui, c’est intéressant… »
Vous l’avez compris : c’est fichu ! Vous n’avez pas accroché l’atten-
tion de votre vis-à-vis. « C’est intéressant » signifie qu’il n’a rien
compris, ou, plus vraisemblablement que, justement, ce n’est pas
intéressant, que vous n’êtes pas intéressant, que votre projet n’est
pas intéressant, et qu’il n’est pas intéressé. Intéressé à quoi ? À en
savoir plus, à objecter, à vous poser des questions et plus si affinités.
122 Votre porte-clés « communication » : savoir parler de votre projet
Votre discours est bon, mais il est encore un peu éloigné de vous.
Nous allons faire en sorte qu’il n’en soit plus jamais ainsi et qu’en
toutes circonstances, vous parveniez à susciter l’intérêt chez vos
interlocuteurs.
Suscitez l’intérêt 123
ept portes
Pour laisser votre esprit d’entreprise et votre âme d’entrepreneur
prendre possession de votre discours, ouvrons sept portes : du
héros, d’un monde meilleur, du récit, des chevaux, de l’instinct et
des questions. La septième sera plutôt à fermer.
La porte du héros
Votre projet, ce que vous vivez, c’est une histoire. Comme dans
toute histoire, il y a un début (votre idée), de l’action, des émo-
tions, une fin (la naissance de votre entreprise). Il y a surtout un
héros, ou une héroïne, c’est selon. Sinon, l’histoire n’existe pas.
Le héros, c’est vous ! Encore faut-il le dire clairement et simple-
ment dans votre discours. Pour cela, rien de plus simple : utilisez
la première personne du singulier et ses déclinaisons autant de fois
que possible (je, moi, mon, mien) et surtout n’hésitez pas à mettre
en avant ce que vous avez fait ou ce que vous faites : « J’ai eu l’idée
de… », « Je vais profiter de… », « Mon entreprise, c’est… », etc.
Relisez dans la clé n° 4 de la première partie, le passage intitulé
« Prenez votre place en tant qu’entrepreneur », puis traduisez-le
en mots dans votre discours. L’objectif est, répétons-le, d’habiter
véritablement ce que vous dites.
La porte du récit
N’expliquez pas ! Racontez ! Puisque votre projet est une histoire,
une aventure, racontez-la comme telle. Cela implique concrète-
ment d’y mettre de la vie et de l’émotion, et de faire appel à
l’imagination et aux sens de vos interlocuteurs. Les exemples, les
analogies vous aideront. Pensez aussi aux anecdotes, à solliciter
le cœur et les tripes de vos vis-à-vis, pas seulement leur cerveau.
« Tout a commencé le jour où j’ai eu l’idée de… » est une entrée en
matière plus séduisante que « Mon projet consiste en… », conve-
nons-en. Certains verbes vous seront utiles : imaginer, regarder,
voir, sentir et écouter.
Le bénéfice est grand : en racontant, vous embarquez votre inter-
locuteur et le faites rêver.
La porte de l’instinct
Avez-vous déjà essayé de toucher, ou même de faire mine de tou-
cher un chaton, un chiot, ou n’importe quel « petit » niché sous le
ventre de sa mère ? Celle-ci réagit immédiatement et plutôt bru-
talement. Un entrepreneur possède cet instinct, surtout en phase
de création. Votre projet, votre future entreprise, c’est votre bébé.
Rien de moins ! Le premier qui ose s’y attaquer court le risque de
se faire très mal.
N’allez pas imaginer qu’il faille mordre ou griffer vos différents
interlocuteurs au fur et à mesure de vos rencontres, à peine ceux-
ci auraient-ils émis une critique (même si certains le mériteraient
vraiment) ! Vous n’iriez pas loin et vous attireriez nombre d’en-
nuis. En évoquant cet instinct, nous parlons ici d’une sensation
intérieure profonde, vitale, presque animale. Canalisée, cette sen-
sation intérieure se traduit dans votre attitude par une présence,
© Groupe Eyrolles
La porte à fermer
Si vous devez, pour habiter et vivre votre discours, ouvrir les six
portes précédentes, il en est une septième qu’il vaut mieux fer-
mer et verrouiller à double tour. Cette porte se nomme « effet
plaquette ».
© Groupe Eyrolles
Comment se manifeste-t-il ?
Là est le piège. L’effet plaquette pare votre discours de tous les at-
tributs d’une plaquette commerciale : une structure impeccable,
des termes pensés jusque dans les moindres détails, pesés au mil-
ligramme près, et surtout un langage qui se veut compréhensible
et n’est qu’un alignement de termes purement « com’ ». Ce n’est
plus un discours, c’est une publicité !
En pratique
© Groupe Eyrolles
Comment le neutraliser ?
Il faut créer et rédiger votre discours avec une part de vos tripes,
une part de vous-même, non en tant que thuriféraire d’un pro-
duit, d’une idée, ou d’un service, mais en tant qu’entrepreneur,
avec vos mots à vous. Il ne s’agit pas d’éradiquer tous les termes
un peu « com’ », mais il est salutaire de bien veiller à ce qu’ils ne
vous cachent pas, ne vous servent pas d’alibi pour éviter de vous
mettre en avant. Un discours d’entrepreneur n’est pas et ne doit
jamais être une présentation à un Comité de Direction.
Testez votre discours sur un proche qui ne travaille pas dans le
secteur marchand. Voyez sa réaction. Si vous sentez qu’il s’éloigne
de ce que vous dites au fur et à mesure de votre discours, c’est
probablement que l’effet plaquette est à l’œuvre.
es PEF
Les « forts-faibles »
Premier piège, première erreur : les forts-faibles. Pardonnez ce
néologisme, mais il est parfaitement approprié pour décrire ce
piège, extrêmement fréquent chez bon nombre de néo-créateurs.
Le fort-faible désigne un mot ou une expression que l’on pense
être fort, puissant, convaincant, mais qui affaiblit le discours.
En voici une liste non exhaustive :
• je suis déterminé à… ;
© Groupe Eyrolles
Les jargons
Sans atteindre l’effet NASA, le jargon peut lui aussi s’infiltrer dans
votre discours. Surtout si vous êtes un « super-expert spécialiste
de votre spécialité ». Et là, l’incompréhension guette. Souvenez-
vous que vos interlocuteurs n’avoueront que très rarement qu’ils
ne comprennent pas.
Que faire ? Traduisez ce jargon en langage commun. Si c’est im-
possible, expliquez le mot (toujours en langage commun, bien
sûr). Là encore, vous pourrez toujours vous en servir en compa-
gnie de vos pairs.
La timidité
La timidité n’est pas une erreur. Elle n’est pas non plus un piège à
proprement parler, puisqu’elle est un état, extrêmement commun
(les gens qui ne sont pas timides sont très peu nombreux). Le
piège, c’est de se laisser envahir et inhiber par la timidité, car vous
perdez alors tous vos moyens et le médium que vous êtes devient
inopérant : vous bafouillez, rougissez, bredouillez.
Que faire ? Il n’y a pas de recettes non alcoolisées ou de baguette
magique pour neutraliser la timidité. Il existe cependant quelques
astuces. En voici deux.
Préparez-vous
Plus vous possédez votre discours, plus vous avez confiance en
vous, et moins votre côté timide pourra émerger. En cas d’enjeu
important, imaginez-vous, en vous visualisant, que vous parlez à
des interlocuteurs et que vous captez remarquablement leur at-
© Groupe Eyrolles
Soyez en forme
Nous en avons parlé plus haut dans le passage consacré aux coups
de fatigue. Répétons-le, car c’est important : plus vous êtes en
possession de vos moyens (physiques, intellectuels, sensoriels,
etc.), plus vous serez sûr de vous.
S’écouter parler
Terrible piège, peut-être le plus redoutable, que celui de s’écou-
ter ! S’écouter parler, être comme fasciné, hypnotisé par ses
propres mots, sa propre voix. Cet excès de confiance présente
trois risques :
• vous n’avez plus conscience du temps et de la durée ;
• vous ne percevez pas les réactions de votre interlocuteur ;
• celui-ci peut avoir la sensation qu’il n’existe pas pour vous.
Que faire ? Ayez bien à l’esprit que vous parlez à quelqu’un, par
conséquent que vous êtes deux, et que des deux, c’est cette per-
sonne qui est la plus importante. Ne lâchez pas le regard de votre
interlocuteur. Cela aide considérablement à être et demeurer avec
lui. Si cela vous gêne de regarder quelqu’un dans les yeux, pointez
votre regard à la base du nez, entre les deux yeux. Un truc aussi
simple qu’efficace.
Le 3D
Imaginez : votre interlocuteur, en plein milieu de votre discours,
adopte un comportement qui vous gêne. Il s’impatiente, ou re-
garde ailleurs. Sa première question est un Scud, sa première re-
marque est acide. Du moins percevez-vous tout cela ainsi. Votre
© Groupe Eyrolles
En pratique
« Une après-midi, mon fils de 8 ans me demande s’il peut regarder la télé-
vision. J’ai fouillé dans le magazine TV pour voir s’il y avait un programme
pour les enfants. Mais il y a tellement de chaînes que j’ai mis un temps
fou à trouver quelque chose de bien. Et c’est là que je me suis dit qu’il y
avait quelque chose à créer. J’en ai parlé à des amis, qui ont trouvé l’idée
excellente. C’est comme ça que je me suis lancé dans la réalisation d’un
site Web spécialisé dans les programmes TV pour les petits. »
Beau discours. Bien structuré, clair, accessible… et totalement
pollué par l’effet couettes blondes : d’une expérience toute per-
sonnelle, le créateur de cet exemple a déduit une généralité et
s’appuie sur cet artifice pour développer son discours et légitimer
sa démarche.
Comment se manifeste-t-il ?
Vous l’avez compris, l’effet couettes blondes se niche dans la par-
tie du « pourquoi » de votre discours, c’est-à-dire du constat de
l’insatisfaction à laquelle vous et votre future entreprise allez ré-
pondre. Toutefois, ce constat est totalement personnel, lié à une
expérience qui ne concerne que vous, étendu éventuellement à
un cercle proche.
Comment le neutraliser ?
De deux choses l’une. Soit vous avez déjà en votre possession des
éléments qui prouvent que vous avez élargi votre constat (sans
forcément aller jusqu’à une étude de marché complète, et chiffrée
qui viendra après). Dans ce cas, ajoutez ensuite, dans votre dis-
cours, votre constat personnel.
En pratique
« Et c’est là que je me suis dit qu’il y avait quelque chose à créer. J’en
ai parlé à des amis, qui ont trouvé l’idée excellente. De là, j’ai effec-
tué des recherches plus approfondies, pendant plusieurs semaines, en
interviewant des parents, en traquant les offres spécialisées, ce qui a
conforté mon constat initial… »
Soit vous n’avez rien de tel dans votre besace. Dans ce cas, dites-le
clairement, et annoncez que vous allez valider ce premier constat
dans un futur proche.
En pratique
© Groupe Eyrolles
« Et c’est là que je me suis dit qu’il y avait quelque chose à créer. J’en
ai parlé à des amis, qui ont trouvé l’idée excellente. Je vais approfondir
tout cela dans les semaines qui viennent, pour apprécier la réalité du
marché… »
Suscitez l’intérêt 135
✎✎ En résumé
En racontant votre histoire, cette histoire dont vous êtes le héros ou l’hé-
roïne, en exprimant ce que vous apportez, sans arrogance, mais sans
fausse modestie, en vous mettant au cœur de votre discours, en osant
donner ce que vous êtes, vous allez faire souffler dans votre discours ce
qui vous caractérise vraiment, ce qui ne se dit jamais, mais se ressent
tout le temps : votre volonté, votre envie, votre détermination, bref, votre
esprit d’entreprise.
Demeurez attentifs aux PEF, qui sont nombreux et gênants, notamment
l’effet couettes blondes, à l’origine de bien des désillusions dans le
monde de la création d’entreprise, et le 3D, redoutable dès que vous
entamez une vie de réseau.
L’équilibre à trouver se situe dans la bonne distance entre votre amour
pour votre projet et votre amour-propre.
© Groupe Eyrolles
Clé n° 4
Vous l’avez compris, votre discours est une matière vivante, ac-
tive, bouillonnante. À partir d’une matrice que vous aurez soi-
gneusement préparée, vous allez adapter votre contenu à votre ou
vos interlocuteurs en fonction de leur nature, c’est-à-dire de leur
fonction dans votre projet.
Le mot « fonction » n’est certes pas très « glamour », mais c’est le
bon. Chaque personne à qui vous allez parler de vous et de votre
aventure a une ou plusieurs fonctions, un ou plusieurs rôles à
jouer dans l’histoire. Potentiellement ou réellement. C’est ce cri-
tère qui vous guidera pour capter son attention, susciter sa curio-
sité, son intérêt et le convaincre.
Insistons sur la nécessité de l’adaptation du discours du créateur
d’entreprise en fonction de ses interlocuteurs. Même si l’idée est
plus qu’évidente, même si tout le monde la comprend, intellec-
tuellement parlant, les créateurs, surtout lorsqu’ils sont au début
de leur aventure, ont tendance à ne pas faire de distinction et à
138 Votre porte-clés « communication » : savoir parler de votre projet
Les PEF
Le 3D
Le 3D présenté plus haut vous guette ici plus que jamais. Vous
êtes en effet face à quelqu’un avec qui vous avez un lien personnel
et affectif qui peut être très fort. Cela a tendance à déformer votre
perception de la critique et à provoquer des tensions « Pfff… Tu
ne comprends rien !!! » ; « Vraiment, on n’est pas aidé ! » ; ou encore :
« Si c’est pour me dire ça, ce n’est pas la peine ! » Le risque est de vous
couper du soutien de votre entourage, dont vous aurez besoin au
long cours.
Séparez bien les choses. Ce n’est pas vous en tant qu’être humain
et en tant que personne qui êtes jugé. C’est votre projet. Tenez
compte des remarques, des critiques et des suggestions, en évitant
le 3D si les réactions de vos interlocuteurs ne vous plaisent pas.
En pratique
« Avant de vous parler de mon projet de création, je souligne que j’en
suis au stade de l’ébauche et que je n’ai pas encore de données chif-
frées. Cela dit, j’aimerais vous présenter l’idée globale… »
Savoir argumenter
Puisque nous parlons de bénéfice, parlons d’argument. Pour
construire un argument efficace, c’est-à-dire convaincant, la mé-
© Groupe Eyrolles
En pratique
« Sur mon site Web, je vais mettre en ligne une collection de deux cents
pièces. Vous allez donc avoir un choix très large ! »
Le bénéfice pour votre client est le choix.
La preuve de ce bénéfice possible est la collection de deux cents pièces.
Première raison
Même si la personne en question semble ne pas être intéressante,
c’est-à-dire n’avoir aucun rôle à jouer dans votre histoire, ni au-
cune fonction particulière, elle connaît peut-être quelqu’un qui
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En pratique
Il y a quelques années, j’ai accompagné un créateur d’entreprise,
excellent pâtissier de métier, qui avait eu l’idée de monter des distri-
buteurs automatiques de pâtisserie de luxe dans les grands hôtels et
les palaces. Un soir, il participe à une rencontre à la Chambre de
Commerce. Cartes de visites dans la poche et coupe de champagne
en main, il discute, échange, parle de son projet à plusieurs personnes.
La soirée se termine. Il a passé un bon moment, mais il n’a pas fait de
rencontres sensationnelles. Quelque temps plus tard, il reçoit un appel.
À l’autre bout du fil, son interlocuteur se présente comme le directeur
général d’un palace parisien. Un des cinq grands ! Qui lui explique
qu’un ami lui a parlé du projet ! Qui lui manifeste son intérêt pour son
hôtel… et qui lui donne rendez-vous !
Seconde raison
C’est la plus évidente : ne pas passer à côté d’une occasion di-
rectement intéressante. Pour cela, il faut rapidement identifier
© Groupe Eyrolles
La question du secret
« Dois-je dévoiler mon idée à des gens que je ne connais pas ? » La
question mérite d’être posée et étudiée. Elle est délicate. Entre la
méfiance légitime que vous concevez à l’idée que quelqu’un vous
vole votre superbe concept et la confiance aveugle en l’honnêteté
et la discrétion de vos interlocuteurs, où se situe l’équilibre ?
Si l’on exclut du champ de cette question les idées déjà existantes,
courantes, il est effectivement nécessaire d’être prudent, sans pour
autant tomber dans une paranoïa d’agent double.
L’identification rapide de votre interlocuteur inconnu est le pre-
mier acte que vous devez faire. Cela vous permettra d’ajuster la
quantité et la nature des informations que vous lui communique-
rez lors de votre discussion
La phase d’échange, c’est-à-dire de questions-réponses qui suit lo-
giquement votre discours, est également importante à surveiller.
Tout en conservant une relation ouverte, agréable et courtoise,
voyez pour quelle partie votre interlocuteur manifeste son intérêt.
© Groupe Eyrolles
Si votre vis-à-vis vous pose des questions plus larges, plus éclec-
tiques, sur toutes les parties de votre discours, vous pouvez être
plus serein. Cela dit, à moins de vous balader avec un détecteur
de mensonges, où des seringues de pentothal, il n’existe aucune
garantie absolue en la matière.
Comme il est impossible pour vous de ne pas vous dévoiler ne
serait-ce qu’un peu, c’est à vous de sentir jusqu’où vous pouvez
aller, et jusqu’où ne pas aller trop loin.
En pratique
Si votre interlocuteur ne vous semble pas digne de confiance, si vous
sentez quelque chose de potentiellement dangereux, proposez-lui, avec
un grand sourire, de poursuivre la conversation plus tard, lors d’un ren-
dez-vous. S’il accepte, faites en sorte que cette nouvelle rencontre ait
lieu chez lui, dans ses locaux, sur son territoire à lui. N’acceptez qu’à
cette condition. Les personnes qui ont pour objectif le pillage intellectuel
abominent l’idée de se dévoiler sous quelque aspect que ce soit.
quand votre entreprise sera à flots, vous aurez mille et une occa-
sions de la présenter à un parterre de clients, de partenaires, de
fournisseurs.
Maîtrisez votre discours face à… 147
Préparez-vous
Imagineriez-vous un comédien qui n’aurait pas répété avant d’en-
trer en scène ? Non, bien sûr. Il en va de même pour une pré-
sentation en public. Répétez chez vous, devant un public fictif
(ou un vrai si possible). Cela vous permettra d’être plus à l’aise
au moment M, car vous vous serez habitué à parler debout, avec
votre corps, dans un espace défini.
Échauffez-vous
Nous avons évoqué, quelques lignes plus haut, l’image de l’ac-
teur. Prenons à présent celle du sportif, qui, avant la compétition,
ou plus simplement l’effort, échauffe les parties de son corps qui
vont être sollicitées pour éviter l’accident et être en pleine posses-
sion de ses moyens. Il en va de même pour vous, à la différence
près que l’échauffement d’un sportif prend du temps, alors que
© Groupe Eyrolles
En pratique
Les voyelles (une minute)
Un grand classique très efficace : dites « a-e-i-o-u » en montant progres-
sivement la puissance de la voix, puis en la diminuant.
PowerPoint
Impossible d’évoquer la prise de parole en public et la présenta-
tion d’un projet sans citer ces trois lettres : PowerPoint ou PPT,
le logiciel de Microsoft® qui fait tant de mal, alors qu’il peut faire
tant de bien.
Maîtrisez votre discours face à… 149
Cela ne signifie pas que vous devez garder le nez dans vos papiers
sans cesse. Vos meilleurs alliés sont la préparation et les répéti-
tions. Sur le moment, ayez vos notes avec vous ; si vous vous y
référez, personne ne vous en tiendra rigueur.
Le trac
Le trac est un stress naturel, qui guette à peu près toute per-
sonne qui s’adresse à un groupe, surtout si l’enjeu est important.
L’objectif n’est pas de faire disparaître le trac, mais de l’apprivoiser
pour qu’il ne vous écrabouille pas, tel le moustique sur un mur
blanc un soir d’été.
Il n’existe aucun remède miracle contre le trac. Cela dit, les exer-
cices présentés plus haut (préparation, repérage, échauffements,
etc.) vont considérablement vous aider à le rendre supportable,
car vous serez plus sûr de vous et en pleine possession de vos
moyens.
Le trou de mémoire
Une idée vous échappe ? Un mot important joue les filles de l’air ?
Vous avez perdu le fil ? Cela arrive à tout le monde et ce n’est pas
la peine d’un faire un opéra. Si, d’aventure, vous êtes victime
d’un trou de mémoire, la seule chose à faire est de le dire à votre
auditoire, sincèrement, avec le sourire, sans vous étendre sur le
fait, puis de jeter un œil sur vos notes et de reprendre le cours de
la présentation.
Les interruptions
© Groupe Eyrolles
En pratique
Si un perturbateur s’écrie : « Attendez une minute ! D’où sortez-vous ces
chiffres, là ? », répondez-lui : « Je comprends bien votre question. Je me
ferai un plaisir d’y répondre dans quelques instants. » Puis ajoutez : « Je
reprends sur l’aspect marché de mon projet qui… »
✎✎ En résumé
Préparation, répétition et adaptation. Ces trois termes sont finalement
« frappés au coin du bon sens » : en effet, nous passons notre vie à
préparer, à répéter et à nous adapter pour que nos réalisations soient
satisfaisantes. Cependant, au-delà des aspects techniques, la mise en
pratique de tout ceci rend plus confiant, plus sûr, plus serein. Ce qui, au
cœur de votre aventure de créateur d’entreprise est infiniment précieux.
© Groupe Eyrolles
Clé n° 5
ourquoi hostile ?
Le milieu, c’est-à-dire tous vos interlocuteurs potentiels, quels
qu’ils soient et quelles que soient les circonstances de la rencontre,
n’est pas hostile par définition. Autrement dit, vous ne rencon-
trerez pas des gens dont le but conscient et assumé est de vous
démolir (ou alors très rarement). Les personnes avec qui vous
échangerez seront neutres par rapport à vous et à votre projet. Ni
malveillantes, ni spécialement bienveillantes.
Alors pourquoi ce milieu serait-il « hostile » ? Nécessairement,
vous allez multiplier les rencontres et les occasions de parler de
vous et de votre projet. Vous allez par là même multiplier les
interlocuteurs, leurs questions, leurs critiques, leurs remarques,
leurs suggestions, leurs objections. Vous allez vous exposer à
l’échange, à la discussion, à la controverse. Sans forcément possé-
der et maîtriser toutes les armes pour bien vous en sortir.
Le milieu n’est pas hostile en lui-même. Le milieu ne l’est que
relativement à votre fragilité du moment.
© Groupe Eyrolles
« Non », car vous avez besoin des autres, de leur regard, de leur
soutien, de leur travail, de leur rôle : parents, amis, conjoints,
financiers, clients, fournisseurs, partenaires, inconnus, nous
l’avons vu précédemment. Au-delà, un futur chef d’entreprise est
un personnage public, de réseau, de contact. Toutes choses qui
concernent « les autres ».
« Oui », parce que les autres, une fois sollicités, une fois accrochés
vont jouer leur rôle : questionner, objecter, critiquer, suggérer,
etc. Bref, échanger avec vous.
Si tout commence avec vos trois premières minutes, tout se pour-
suit après, du moins si vous avez réussi à provoquer la curiosité et
l’intérêt de vos interlocuteurs. Or cet échange, qui peut être long,
est déséquilibré par nature. Ce déséquilibre provient de deux dé-
calages qui existent entre vous et vos interlocuteurs. Le premier
décalage concerne l’enjeu et le second la pression.
Faut-il vraiment détailler ? Vous le savez bien : l’enjeu pour vous
est majeur, pas pour votre interlocuteur. La pression qui pèse sur
vos épaules est grande. Pas pour votre interlocuteur. L’enjeu et la
pression vous concernent à titre professionnel, social et person-
nel. Ce n’est pas le cas pour votre interlocuteur.
Vous êtes dans la situation du joueur de tennis qui joue pour ga-
gner le match face à un joueur qui joue pour… jouer au tennis.
Vous avez misé gros sur votre victoire. Votre vis-à-vis, lui, n’a rien
misé du tout. Il n’a rien à perdre. Cependant il faut bien y aller. Il
faut bien accepter l’échange que vous avez sollicité.
Ce que nous allons voir, dans cette dernière « clé », sont les
moyens, techniques et conseils pour que non seulement vous ne
© Groupe Eyrolles
vous abîmiez pas, mais que vous tiriez en plus le meilleur parti
des discussions que vous allez avoir.
156 Votre porte-clés « communication » : savoir parler de votre projet
L’exemple d’Antoine
Il est 21 heures, Antoine, adhérent de fraîche date à l’associa-
tion Booster entre dans la vaste salle. Parquet au sol, murs
blancs recouverts d’affiches sur la création et la reprise d’entre-
prise, quelques tables chargées de documentations diverses, un
grand buffet dressé au fond. Il y a du monde. La salle bruisse
des conversations et des échanges parfois animés. L’ambiance est
agréable. Antoine, calculette et cartes de visite en poche, s’ap-
proche du buffet. Un petit-four, un deuxième. Un verre de jus de
fruit, histoire de garder les idées claires. Il regarde les convives. Il
y a là des créateurs d’entreprise, comme lui. D’autres personnes
qu’il a déjà remarquées lors de l’assemblée générale, et d’autres
encore, inconnues. Quelques minutes passent. Antoine observe
et se prépare mentalement en répétant son discours. Il est venu
pour faire des rencontres. Lesquelles, il ne sait pas. Mais il fera
des rencontres.
« Alors, dites-m’en un peu plus sur votre projet ! » Le type l’a un peu
pris par surprise. Souriant, amène, il regarde Antoine et ses yeux
semblent dire : « Vas-y, je t’écoute. »
Antoine ne réfléchit pas plus. Tout heureux, il se lance dans son
discours. « Mon projet ? C’est très simple : je veux créer une entre-
prise de courtier en travaux. Pour vous expliquer : vous savez ce qu’est
un courtier en assurances ? Bien. Je vais faire la même chose, mais
© Groupe Eyrolles
opération qui leur tient à cœur. Bref, c’est une clientèle très sensible.
Moi, le bâtiment, non seulement c’est mon métier mais vraiment
c’est mon truc, c’est ma vie ! Vingt ans comme chef de chantier et
responsable de projets chez Bouygues, vous imaginez ? Avec ça, mes
clients, je vais leur apporter deux services : un, la sélection de presta-
taires sérieux, et solides, deux le suivi des opérations, en direct, sur le
chantier. En fait, je leur offre un “pro” qui prend en charge tous leurs
problèmes. »
Concis, précis, structuré, son discours contient les cinq éléments,
et habité par un vrai souffle.
Une lumière s’allume dans les yeux de son interlocuteur : « Oui,
je vois… Mais, c’est un marché porteur, ça ? », demande-t-il sans la
moindre malice.
Antoine réplique immédiatement : « Oui, bien entendu. La ré-
novation, la décoration, tout ce qui concerne l’habitat, ça marche
beaucoup en ce moment. Vous n’avez qu’à voir tous les magazines sur
le sujet, et même les nouvelles émissions de télé. »
« La décoration, oui, mais le bâtiment, les travaux… Parce que vous
vous rémunérez comment, vous ? », rétorque son interlocuteur.
La réponse d’Antoine fuse : « Je suis intermédiaire ; je prends une
commission. »
« Une commission… sur le donneur d’ordre ? », poursuit l’autre.
Antoine hésite un peu. C’est vrai qu’il n’a pas vraiment étudié le
problème. Tant pis, il faut y aller ! « Hum… Oui, sur le donneur
d’ordre, mais aussi sur le prestataire. Enfin, je pense… »
© Groupe Eyrolles
Son interlocuteur esquisse une moue fugace : « Vous croyez que les
prestataires vont accepter de réduire leur marge pour vous ? »
158 Votre porte-clés « communication » : savoir parler de votre projet
Antoine sent le sol vaciller sous ses pieds. Surtout ne pas lâcher.
Convaincre, persuader, séduire. Son cœur bat de plus en plus
vite : « Mais oui, parfaitement. Ce que je leur propose, ce sont des
clients supplémentaires. »
Il a rétorqué plus que répondu. Mais l’autre poursuit : « Je vous
dis ça, parce que mon beau-frère est dans le bâtiment aussi. Plâtrier
staffeur. Et je vois bien, quand il me parle de son boulot, que ce n’est
pas évident en ce moment et… »
Antoine le coupe. Ce type l’énerve ! Pour qui se prend-il avec son
beau-frère ? « Oui mais justement, si ça ne marche pas, c’est peut-être
parce qu’il n’arrive pas à trouver de nouveaux clients. Moi, je… »
Son interlocuteur le coupe à son tour : « Vous savez, s’il n’était pas
un bon commercial, il aurait déjà coulé. Il est entrepreneur depuis
dix ans, lui. »
Antoine prend ce « lui » en pleine figure ; comme une claque
magistrale. Cuisante. Presque humiliante…
À votre avis, pourquoi Antoine s’est-il retrouvé dans une telle
situation et par conséquent dans un tel état ? Son discours ini-
tial était bon, son état d’esprit aussi. Sa volonté de faire des ren-
contres bien affirmée. Il a réussi à intéresser son interlocuteur qui
a souhaité en savoir plus. Que s’est-il passé ?
La pression du projet
Ce que vit Antoine à ce moment-là, celui de la création de son
entreprise, ce projet qui lui tient tant aux tripes et à cœur, ce que
vous qui lisez ces lignes vivez et allez vivre, fait peser sur lui une
grosse pression, un gros enjeu. Tout comme vous, Antoine ne vit
qu’à travers la passion de son projet.
Cependant, en face, il y a l’autre. Ni malveillant, ni pervers, ni
sournois, l’autre n’a pas de pression sur le dos, n’a pas d’enjeu
aussi important. Et l’autre ne vit pas la passion et l’aventure
d’Antoine. Le jeu est déséquilibré. Antoine l’a oublié avant d’ac-
cepter d’y participer. Il a perdu. Ce n’est pas de la faute de l’autre,
mais celle d’Antoine. Tout seul. Comme un grand.
Comment pouvait-il en être autrement ? Comment en sera-t-il
autrement pour vous ? C’est ce que nous allons voir dans les
lignes qui suivent.
L’objectif étant d’intéresser vos interlocuteurs pour qu’ils en sa-
chent plus sur vous et votre projet, donc qu’ils échangent avec
vous, il est absolument essentiel, que vous contrôliez cet échange
auquel vous vous exposez. Contrôler l’échange passe par deux
notions :
• savoir répondre en prenant du recul ;
• choisir de répondre ou non.
© Groupe Eyrolles
160 Votre porte-clés « communication » : savoir parler de votre projet
• la question renvoyée ;
• l’appui.
L’accusé de réception
Quoi que vous dise votre interlocuteur, manifestez que vous avez
compris sa question, que vous l’avez bien entendue, bien reçue.
Vous pouvez le faire par le geste et/ou par la parole. Si nous repre-
nons l’histoire d’Antoine, voici les deux versions.
En pratique
Sans l’accusé de réception
« Oui, je vois… Mais, c’est un marché porteur, ça ? », demande son
interlocuteur sans la moindre malice. Antoine réplique immédiatement :
« Oui, bien entendu. La rénovation, la décoration, tout ce qui concerne
l’habitat, ça marche beaucoup en ce moment. »
Avec l’accusé de réception
« Oui, je vois… Mais, c’est un marché porteur, ça ? », demande son
interlocuteur sans la moindre malice. Antoine hoche la tête et, posant
son verre de jus de fruit, ajoute : « Je vois ce que vous voulez dire. La
rénovation, la décoration, tout ce qui concerne l’habitat, ça marche
beaucoup en ce moment. »
La reformulation
Elle consiste à reformuler ce que votre interlocuteur vous dit
avant de lui répondre. On distingue la reformulation totale et la
reformulation partielle.
En pratique
Sans reformulation totale
« La décoration, oui, mais le bâtiment, les travaux… Parce que vous
vous rémunérez comment, vous ? » La réponse d’Antoine fuse : « Je suis
intermédiaire ; je prends une commission. »
Avec reformulation totale
« La décoration, oui, mais le bâtiment, les travaux… Parce que vous
vous rémunérez comment, vous ? » Calmement, Antoine répond :
« Autrement dit, vous voulez savoir comment je gagne ma vie dans cette
affaire ? Je suis intermédiaire ; je prends une commission. »
En pratique
« La décoration, oui, mais le bâtiment, les travaux… Parce que vous
vous rémunérez comment, vous ? » Calmement, Antoine répond :
« Autrement dit, vous voulez poser la question de l’équilibre financier ?
Je vais vous répondre sur ce point… »
question.
L’utilité de la reformulation partielle est quadruple : aux avan-
tages de la reformulation totale, ajoutez l’utilité stratégique, qui
permet de diriger l’entretien là où vous souhaitez qu’il aille, en
fonction de vos intérêts du moment.
164 Votre porte-clés « communication » : savoir parler de votre projet
La question renvoyée
Cette technique célébrissime était utilisée en leur temps par les
Jésuites et leur fameuse dialectique : on vous pose une question,
vous répondez par une question.
Voici, dans l’histoire d’Antoine, ce que donne la question
renvoyée :
En pratique
Version « sans »
Son interlocuteur esquisse une moue fugace : « Vous croyez que les
prestataires vont accepter de réduire leur marge pour vous ? » Antoine
sent le sol vaciller sous ses pieds. Surtout ne pas lâcher. Convaincre,
persuader, séduire. Son cœur bat de plus en plus vite : « Mais oui, par-
faitement. Ce que je leur propose, ce sont des clients supplémentaires. »
Version « avec »
Son interlocuteur esquisse une moue fugace : « Vous croyez que les
prestataires vont accepter de réduire leur marge pour vous ? » Antoine
voit le coup venir. Il faut jouer serrer et surtout savoir ce qui se cache
derrière cette question : « Qu’est-ce qui vous fait penser qu’ils ne le
feraient pas ? »
© Groupe Eyrolles
La question renvoyée est utile à deux titres. D’une part, elle offre
plus de lucidité : ce n’est plus un pas de recul que vous faites, mais
dix, puisque non seulement vous ne répondez pas tout de suite,
mais en plus c’est à votre interlocuteur de le faire. D’autre part,
elle apporte une meilleure maîtrise de l’entretien : c’est l’avantage
Survivre en milieu hostile 165
L’appui
Cette technique, vous la connaissez, car elle est utilisée, parfois ad
nauseam par les hommes politiques lorsqu’ils sont interviewés ou
qu’ils débattent avec leurs pairs : « C’est une très bonne question, et
je vous remercie de me l’avoir posée. » Au-delà de cette caricature,
cette technique consiste à prendre appui, d’où son nom, sur ce
que vous envoie votre interlocuteur, à le valoriser et à y répondre
en le détournant légèrement.
Pour Antoine, cela donne ceci :
En pratique
Son interlocuteur esquisse une moue fugace : « Vous croyez que les pres-
tataires vont accepter de réduire leur marge pour vous ? » Antoine ne se
démonte pas : « C’est une remarque très juste, qui concerne le modèle
économique de mon projet. Dans ce modèle économique, j’ai intégré
le temps que je fais gagner aux prestataires pour trouver des clients, et
celui que je leur fais économiser en me chargeant de la relation avec
les donneurs d’ordre. La valeur de ce temps est importante, en termes
financiers, et c’est là-dessus que je vais jouer pour… »
© Groupe Eyrolles
En pratique
Après avoir consciencieusement amorti la question de votre interlocuteur
au moyen des quatre outils que nous avons examinés précédemment,
vous lui dites que :
1. Vous ne pouvez pas répondre en l’état actuel de votre projet.
2. Vous travaillez sur le sujet, ou allez y travailler.
3. Vous l’informerez dès que vous aurez les éléments pour répondre.
Reprenons l’histoire d’Antoine pour voir ce que cela donne :
En pratique
Version 1
« Une commission… sur le donneur d’ordre ? » Antoine hésite un peu.
C’est vrai qu’il n’a pas vraiment étudié le problème. Tant pis, il faut y
aller ! « Hum… Oui, sur le donneur d’ordre, mais aussi sur le prestataire.
Enfin, je pense… »
Version 2
« Une commission… sur le donneur d’ordre ? » Antoine s’attendait à
cette question. Sachant parfaitement qu’il ne peut pas y répondre tout
© Groupe Eyrolles
En pratique
« Vous n’êtes pas un peu âgé pour vous lancer là-dedans ? »
« À votre âge, vous risquez ne pas pouvoir suivre ? »
« Vous êtes bien jeune pour entreprendre, non ? »
« J’espère que vous vous entendez bien avec votre conjoint… »
« Vous avez pensé à vos enfants si vous échouez ? »
« Vous pensez vraiment pouvoir bien vous occuper de vos enfants en
© Groupe Eyrolles
même temps ? »
« Vous n’avez pas d’enfant ? Et si cela vous arrive dans les mois qui
viennent ? »
« Mère de famille et créatrice d’entreprise, vous pensez que c’est vrai-
ment compatible ? »
Survivre en milieu hostile 169
En pratique
« Vous évoquez mon âge. Je suis navré, mais c’est une question très
personnelle, et vous comprendrez sans doute que je ne souhaite pas y
© Groupe Eyrolles
répondre. »
« Je vois ce que vous voulez dire. Cela étant, votre question concerne
ma vie privée et je ne souhaite pas y répondre. »
170 Votre porte-clés « communication » : savoir parler de votre projet
Vous observerez que dans ces réponses, qui sont des fins de non-
recevoir, il n’y a aucune justification, aucun argument. Rien qui
puisse servir à votre interlocuteur pour tenter de relancer la ma-
chine. Dans l’esprit, vous dites « stop ». Point.
Attention : ce n’est pas parce que vous aurez refusé que votre
interlocuteur baissera les bras tout de suite. Il risque d’insister.
Ne vous départissez pas de votre attitude ; répétez votre refus,
toujours sans argumenter, le tout avec le sourire si vous le pouvez,
car à l’intérieur de vous, vous bouillez sûrement !
Si votre interlocuteur insiste encore et encore, et se lance lui-
même dans un développement sur le sujet, utilisez le second ou-
til : l’édredon sino-hélvétique.
L’édredon sino-hélvétique
L’édredon symbolise la protection enveloppante ; « sino », en ré-
férence à la Chine, symbolise une façon d’écouter particulière qui
consiste à manifester à votre interlocuteur que vous entendez ce
qu’il vous dit. Enfin « helvétique » symbolise la neutralité absolue.
Faire l’édredon sino-hélvétique, signifie :
1. Croiser les bras.
2. Se mettre de profil aux trois quarts.
3. Hocher la tête en disant « oui », « je vois », « mmmh… »,
« j’entends bien ».
Sans jamais répondre, ni dire autre chose.
La technique est redoutablement efficace. Votre interlocuteur
© Groupe Eyrolles
es vade-mecum
Pour que vous vous sentiez plus sûr de vous dans les occasions
© Groupe Eyrolles
Refuser de répondre
Je n’ai pas la possibilité de
vous répondre aujourd’hui,
Remettez à plus tard la réponse, tout
Différez dans mais dans quelques semaines,
en respectant votre interlocuteur et son
le temps je serai au point. Si vous le
point de vue.
souhaitez, nous pourrons
alors…
Je vois
Faites N’entrez pas dans le débat et C’est possible
l’édredon affaiblissez l’objection en restant
Sans doute
sino- présent sans prendre position,
helvétique argumenter ni justifier. C’est probable
Je comprends bien…
✎✎ En résumé
Vous disposez de quatre outils simples, combinables entre eux, utili-
sables dans n’importe quelle circonstance avec n’importe quel interlo-
cuteur pour conserver votre lucidité et votre sérénité, contrôler l’échange
et le diriger à votre main. Vous avez l’autorisation de ne pas tout savoir
tout de suite, de ne pas vouloir répondre pour vous préserver en tant
que personne, et les techniques pour vous sortir des grandes difficultés.
Avec l’enjeu qui est le vôtre, avec la pression que vous vivez, ces outils et
© Groupe Eyrolles
Les catégories
Exceptées quelques formes très spéciales, il existe deux grandes
catégories de formes juridiques :
• les individuelles ;
• les sociétés.
Les individuelles
Votre entreprise et vous ne faites qu’un. Facilités administrative
et, dans une moindre mesure, comptable caractérisent les formes
individuelles. Vous avez trois choix.
© Groupe Eyrolles
Les sociétés
Vous créez une personne morale, indépendante de vous (per-
sonne physique) en termes de patrimoine. Le régime fiscal est
celui des sociétés (impôt sur les sociétés) et non des individus
(impôt sur le revenu).
— Les stars : la SARL (société à responsabilité limitée) et l’EURL
(entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée) sont les plus
choisies par les créateurs d’entreprise. La première a un capital de
1 euro au minimum, et un ou plusieurs associés, suivant la règle
© Groupe Eyrolles
« une part sociale égale une voix ». La seconde est une SARL, à
associé unique. Autrement dit, vous êtes associé avec vous-même.
— Les autres : la SA (société anonyme), la SAS (société par ac-
tions simplifiée) et la SCOP (société coopérative de production).
180 Osez créer votre entreprise
¾¾ Anthony Abiven
INÉOL
Distribution éco-responsable d’huiles alimentaires intégrant un service
de collecte et recyclage des huiles alimentaires usagées auprès de la
restauration.
www.ineol.fr
Contact : anthony.abiven@ineol.fr
¾¾ Nadine Asselin
AQSI Solutions
Échanges de données informatisées pour les achats, les commandes
et la facturation.
www.aqsisolutions.com
Contact : contact@aqsisolutions.com
¾¾ Corinne Anderson-Chaumette
ANDERSCORE
© Groupe Eyrolles
¾¾ Agnès Baracco
AU NOUVEAU NEZ
Caviste et bistro spécialisé dans les vins naturels, biologiques et en
biodynamie.
52, rue de Bagnolet – 75020 Paris
Contact : unouveaunez@gmail.com
¾¾ Paul Bernard
SYNFIA
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des pénalités sur ses honoraires.
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Contact : info@synfia.com
¾¾ Anne-Françoise Berthon
ATIHP
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tion de projets pour la filière santé/sciences du vivant.
www.atihp.com
Contact : afberthon@atihp.com
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MABONNEAMIE
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couture.
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Contact : contact@mabonneamie.com
¾¾ Katia Boucebci
BLUESTEP
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© Groupe Eyrolles
¾¾ Anne Cataldo
COOK IN THE CITY
Restauration rapide axée sur le respect de l’équilibre alimentaire, le
renouvellement quotidien de l’offre, utilisation de produits frais de
saison.
39, rue de Châteaudun – 75009 Paris
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auto, moto, poids lourd et véhicule sans permis.
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© Groupe Eyrolles
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Annexes 185
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¾¾ Damien Schmitz
© Groupe Eyrolles
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Annexes 187
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ONLY VIEW
© Groupe Eyrolles
passion 43
peur 74 trou de mémoire 150
acceptation 77 vade-mecum 171
pôle 47 valeur 97
pourquoi 95, 142 voix 148
Mise en page : S-PAO Service - Caroline Trabouyer - 42330 Saint-Galmier