Maltraitance Des Enfants
Maltraitance Des Enfants
Maltraitance Des Enfants
Est-ce important?
La maltraitance des enfants est un problème majeur de santé publique, qui touche au moins un
enfant sur trois de moins de 16 ans au Canada.
La maltraitance des enfants sous toutes ses formes cause des préjudices durables à la santé et au
développement des enfants et, au Canada, les coûts économiques à vie de l’ASE ont été estimés à
eux seuls à 9,3 milliards de dollars pour repérer la présence d’abus, intervenir et traiter leurs
effets néfastes.
Que savons-nous?
Les enfants maltraités risquent de développer une multitude de problèmes de santé, notamment
des retards de croissance et de développement et des problèmes physiques et psychologiques
chroniques qui se prolongent pendant la vie adulte. L’abus de substance et la criminalité à
l’adolescence et à l’âge adulte sont aussi fréquemment observés chez ces individus. Il existe
également des preuves croissantes des effets neurobiologiques de tous les types de maltraitance,
y compris la négligence et la violence psychologique. Les effets de la maltraitance et des facteurs
de risque qui y sont associés varient selon le type de maltraitance.
La violence physique
Bien que les symptômes cliniques de l’agression sexuelle (AS) ne soient pas apparents chez le
tiers des victimes au moment où l’abus est rapporté, les victimes d’AS risquent de développer des
problèmes de santé mentale, dont le trouble de stress post-traumatique, la dépression, l’abus de
substance et les symptômes dissociatifs (impression de déconnexion entre l’expérience
consciente et l’environnement, le corps ou les émotions). Les relations sexuelles à risque, non-
protégées, sont aussi communes chez les victimes. À l’âge adulte, les victimes d’AS continuent
souvent à souffrir de problèmes de santé mentale, sont plus enclines à s’engager dans des
relations violentes, et, dans le cas des femmes, sont 2 à 3 fois plus susceptibles d’être agressées
sexuellement. Les filles risquent deux fois plus que les garçons de subir une AS, mais ceci pourrait
être expliqué par la réticence des garçons à dénoncer l’abus. L’AS se produit plus souvent chez
les adolescents âgés entre 12 et 17 ans, bien que les filles tendent à être agressées plus jeunes et
pendant de plus longues périodes que les garçons. Le soutien du parent qui n’est pas l’abuseur et
l’absence d’histoire d’agressions antérieures ont été identifiés comme des facteurs de protection
pouvant aider les enfants à faire face à cette forme de violence.
Négligence
La violence psychologique
Cette forme de maltraitance est difficile à identifier et à documenter car ses impacts sont moins
visibles. Les enfants victimes de violence psychologique peuvent connaître un stress chronique
qui mène à des problèmes physiques et/ou émotifs comme des comportements à risque (par ex.,
l’abus d’alcool) et des troubles psychiatriques précoces et persistants.
Même lorsque l’exposition à la violence conjugale ne mène pas à une inadaptation cliniquement
significative, elle peut causer des petites distorsions (par ex., des attitudes favorables à l’égard de
la violence) qui prédisposent les enfants à connaître ultérieurement des problèmes plus sévères
(par ex., croire qu’ils sont responsables de la violence conjugale ou devenir eux-mêmes violents).
Comparativement aux enfants vivant dans des foyers non-violents, ceux qui sont exposés à la
violence conjugale sont plus agressifs et anxieux et ils rencontrent plus de difficultés avec leurs
pairs et à l’école. Les enfants de moins de 5 ans sont les plus susceptibles d’être exposés à la VC
car la violence domestique est plus commune chez les couples ayant des enfants de ce groupe
d’âge. Malheureusement, ces enfants sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes de la
VC à cause de leurs capacités d’adaptation peu développées et de leur compréhension limitée des
conflits.
Prévention et intervention
La clé pour réduire la maltraitance des enfants est d’axer fortement sur la prévention. Les
stratégies utilisées pour prévenir l’occurrence de la maltraitance ont été divisées en trois
catégories majeures.
1. La prévention avant l’occurrence, qui inclut des programmes universels et des programmes
plus spécifiques. Les meilleurs résultats sont ceux du Nurse-Family Partnership (Partenariat
3. Il a été démontré que les programmes de prévention des effets néfastes de la maltraitance,
en particulier la thérapie cognitive comportementale (TCC) et la psychothérapie
interpersonnelle qui visent à réduire les problèmes de santé mentale chez les enfants
maltraités peuvent améliorer leur bien-être. La TCC axée sur les traumatismes des enfants
victimes de violence sexuelle est efficace pour réduire les symptômes associés au trouble de
stress post-traumatique ainsi que pour les problèmes d’extériorisation et d’intériorisation.
L’instauration de programmes axés sur la résilience pourrait constituer une approche
innovante de diminution de l’impact de la violence psychologique. Les interventions de
groupe pour les mères et les enfants, la formation aux compétences parentales et le soutien
pratique aux parents peuvent présenter certains avantages pour les enfants exposés à la
violence conjugale.
Il peut être bénéfique pour les enfants qui risquent de faire l’objet de maltraitance de pratiquer
des activités structurées et enrichissantes avec des adultes attentionnés et fiables en dehors du
foyer familial, par exemple, à l’école ou dans le cadre de programmes préscolaires de qualité.
Dans une faible minorité des cas sur lesquels ont enquêté les services de protection de l’enfance,
il a été nécessaire de retirer l’enfant de son foyer pour éviter la maltraitance et répondre à des
inquiétudes constantes concernant sa sécurité. Dans ces cas-là, placer l’enfant dans un foyer
d’accueil peut lui permettre d’être en meilleure santé physique et mentale, et conduire à de
Les professionnels œuvrant auprès des enfants peuvent contribuer à faire de la réduction de la
maltraitance une priorité. Ils devraient toujours vérifier la présence de violence et de négligence
lors de l’évaluation des enfants qui présentent des blessures ou des problèmes de santé mentale.
Les professionnels qualifiés devraient aussi se familiariser avec le contexte culturel dans lequel les
enfants grandissent pour s’assurer que leurs besoins en matière de sécurité, de soins et de
protection sont satisfaits, indépendamment des pratiques culturelles adoptées.
Introduction
Le contexte social dans lequel un enfant évolue a une incidence profonde sur sa santé et son bien-
être. Pour les enfants des quatre coins du monde, peu de problèmes d’ordre social causent autant
de torts à leur santé que la violence et la négligence. Peu importe le type de maltraitance infligée
à un enfant, elle peut avoir des répercussions physiques et psychologiques importantes pour le
reste de la vie.1 Bien qu’elle paraisse simple, la définition de la violence physique est variable.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, la violence physique envers un enfant s’entend de
l’usage intentionnel de la force physique qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un préjudice
pour la santé de l’enfant, sa survie, son développement ou sa dignité.2 Du point de vue juridique,
pour qu’il y ait eu violence physique, il doit y avoir eu des préjudices physiques; du point de vue
gouvernemental, les définitions données à la violence et à la négligence ne sont pas uniformes.
Certaines définitions de la violence physique ne comprennent pas l’intention de l’auteur de l’acte,
tandis que d’autres portent sur les motifs au lieu du type de blessures.3 De plus, les définitions de
la violence physique sont établies en fonction de la culture; ce qui est jugé violent dans une
société ne l’est pas nécessairement dans une autre.4,5 Dans bien des sociétés, le recours à la
violence physique à l’égard des enfants comme mesure disciplinaire est accepté par les enfants,
sanctionné par les institutions publiques (telles que les écoles) et permis par la loi.
Il est difficile de quantifier le fardeau de la violence physique envers les enfants. En plus des
difficultés posées par le manque d’uniformité dans les définitions, dans bien des pays, on ne
recueille pas de données épidémiologiques. Dans les pays qui gardent un suivi de la maltraitance
à l’égard des enfants, les rapports officiels ne reflètent pas la véritable prévalence.6-8 La mesure
de la violence physique est remplie de défis sur le plan méthodologique. L’incidence et la
prévalence vont varier selon la méthode de surveillance utilisée pour définir et dépister le
problème.9 Nombre d’enfants maltraités ne sont pas portés à l’attention des organismes publics et
ne figurent par conséquent pas dans les statistiques officielles. Même quand les enfants violentés
La violence à l’égard des enfants est provoquée par une interaction complexe entre la personne,
la famille et les facteurs de risque sociaux. On croit généralement qu’un certain nombre de
variables augmentent le risque de violence physique envers les enfants, notamment la pauvreté,
la toxicomanie, la monoparentalité, la composition du ménage, le bas âge de la mère, la
dépression parentale ou d’autres maladies mentales chez les parents, ainsi que la violence
familiale.15-20 Un facteur de risque peut avoir un impact indépendant sur la famille ou plusieurs
facteurs de risque peuvent s’accumuler jusqu’à un seuil de risque accru de violence physique.21 Il
y a des données sur les facteurs de risque liés à des formes particulières de violence physique.
Par exemple, le plus souvent, les traumatismes crâniens imputables à la violence sont causés par
des hommes, et le taux de mortalité infantile attribuable à la violence est exceptionnellement
élevé chez les jeunes enfants vivant dans un ménage où habite un adulte non apparenté.22,23 Bien
que l’association entre certains de ces facteurs de risque et la maltraitance des enfants soit claire,
il faut que les facteurs de risque soient vus comme des indicateurs au sens large, et non pas des
déterminants individuels solides de violence. Il est aussi important de comprendre l’épidémiologie
de la violence envers les enfants afin d’élaborer des politiques gouvernementales ainsi que des
stratégies d’intervention et de prévention. Malgré cela, un professionnel de la santé ne peut pas
se fier aux facteurs de risque fondés sur la population pour déterminer si l’enfant sous ses yeux
est victime de violence physique.
Les victimes de violence courent un risque élevé d’avoir une mauvaise santé, non seulement à
cause des traumatismes physiques qui leur ont été infligés, mais aussi du taux élevé d’autres
facteurs de risque sociaux afférents.24 Les enfants violentés ont un taux élevé de problèmes de
croissance, de troubles de vision et de santé buccodentaire non traités, de maladies infectieuses,
de retards de développement, de troubles de santé mentale et de comportement, d’activité
sexuelle précoce et à risque, et d’autres maladies chroniques, mais les réseaux de protection de
l’enfance et les systèmes de santé ne répondent traditionnellement pas aux besoins en matière
Les formes, les schémas et la gravité de la violence physique envers les enfants varient en
fonction de l’âge. Bien que la violence physique soit plus courante chez les enfants plus âgés, les
victimes les plus jeunes – les nourrissons et les tout-petits – ont le taux de mortalité associée à la
violence physique le plus élevé.32 Elles sont les plus vulnérables en raison de leur immaturité sur
le plan physique et de leur relative invisibilité sur le plan social.2 La morbidité causée par la
violence physique est élevée chez les jeunes victimes, en raison des conséquences physiques des
traumatismes ainsi que des répercussions physiques et psychologiques sur le développement du
cerveau durant la petite enfance.
Les conséquences pour la santé publique de la violence physique envers les enfants sont
considérables, et perdurent jusqu’à l’âge adulte. Des études rétrospectives et prospectives
récentes ont montré de fortes associations entre des événements traumatiques cumulatifs durant
l’enfance, tels que la maltraitance et le dysfonctionnement familial, et des maladies physiques à
l’âge adulte, telles que la cardiopathie, les maladies du foie, les affections auto-immunes, les
infections transmissibles sexuellement et la mortalité précoce.33-37 La maladie mentale et la
consommation de médicaments psychotropes sont aussi supérieures chez les adultes qui ont été
violentés durant l’enfance.38-40
Les études scientifiques améliorent nos connaissances sur les voies biologiques causales de ces
associations solides.41 Les traumatismes durant la petite enfance, y compris la violence physique,
mènent à la sécrétion d’hormones de stress, comme le cortisol et l’adrénaline, qui sont
normalement protectrices, mais qui peuvent devenir toxiques en cas de traumatismes graves ou
persistants.42,43 Ces hormones de stress régulent les circuits neuronaux qui sont importants pour
moduler la réaction au stress et qui, au fil du temps, sont associés à des changements structurels
et fonctionnels du cerveau et d’autres organes. Influencés aussi par les épigénomes, ces
changements sont liés à une dégradation de la capacité de l’enfant à régir à de futurs agents de
stress biologique et environnemental. Ils augmentent également le risque de maladie physique et
mentale à l’âge adulte.44-45 Ces recherches font ressortir la nécessité d’élaborer et de mettre à
l’essai des stratégies de prévention et d’intervention précoce pour les enfants qui ont été victimes
de violence physique grave.
Les blessures causées par la violence ne sont pas toujours apparentes ni diagnostiquées, et il peut
être difficile de déterminer un cas de violence physique à l’égard d’un enfant. L’histoire fournie
par les parents ou un autre adulte responsable pourrait être inexacte, soit parce que l’adulte n’est
pas au courant de ce qui s’est véritablement passé, soit parce qu’il est l’auteur de la violence et
ne veut pas fournir un compte rendu juste des événements. La volonté de donner une vraie
version peut se heurter à de nombreux obstacles potentiels, notamment les cas où l’adulte en
charge de l’enfant est l’auteur des violences volontaires. Dans ce cas, il craint les conséquences
associées à un accident vraisemblable ou redoute les conséquences du signalement de la violence
perpétuée par un autre adulte sur sa propre sécurité. Les victimes d’un acte de violence physique
grave sont souvent trop jeunes ou en trop mauvais état pour raconter leur agression. Si elles sont
assez âgées, il se peut qu’elles aient peur de le faire. Les blessures chez des nourrissons qui ne
marchent pas, celles qui sont inexpliquées par l’histoire rapportée, celles qui sont multiples ou qui
présentent un schéma, et celles qui atteignent plusieurs organes devraient toujours soulever des
doutes. Les blessures causées par la violence envers les enfants se remarquent le plus souvent
sur la peau, mais les blessures les plus graves se situent au cerveau, à l’abdomen et aux organes
internes.46,47 Une seule blessure ne mène pas à un diagnostic de violence, mais certains schémas
de traumatisme peuvent être grandement indicateurs de maltraitance. Il est toutefois important
de reconnaître qu’il y a un diagnostic différentiel pour toute blessure possible. En conséquence, il
faut une évaluation objective et exhaustive avant de diagnostiquer avec une assez grande
certitude un cas de violence.48,49
La violence physique envers les enfants constitue un problème social omniprésent. Aux États-
Unis, les agences de protection de l’enfance reçoivent annuellement plus de quatre millions de
signalements de suspicion de maltraitance, dont approximativement les deux tiers font l’objet
d’une enquête.32,50 Tout au long de l’année, plus de 400 000 enfants américains résident en famille
d’accueil.51 Bien que les effets directs de la violence physique sur la santé des enfants soient
documentés, que l’on sache que les traumatismes durant la petite enfance sont un prédicteur
prépondérant de la morbidité adulte et de la mortalité précoce, et que les coûts du financement
des systèmes sociaux et juridiques nécessaires pour faire enquête sur les cas de violence, pour
protéger les enfants, pour tenir les auteurs responsables et pour traiter les familles affectées
soient énormes, les ressources publiques disponibles peinent à aborder le problème de manière
Depuis leur création, les services de protection de l’enfance sont structurés sous forme
d’interventions menées à court terme et caractérisées par le suivi des familles pour déceler toute
récidive, la sensibilisation ciblée des parents et une assistance dédiée à l’orientation vers les
services communautaires. Bien que toutes d’importance sur le plan des résultats, les mesures
déployées sont principalement axées sur la prévention des récidives de violence et moins sur la
prévention des troubles familiaux ou des préjudices subis par l’enfant. Le traitement visant à
améliorer les répercussions de la violence physique sur l’enfant a fait l’objet de peu d’études,
toutefois quelques programmes tels Parent-Child Interaction Therapy (thérapie d’interaction
parents-enfant) se sont avérés prometteurs dans la prévention des récidives en matière de
violence physique envers les enfants.53,54
Prévenir la violence physique envers les enfants et protéger ces derniers contre d’autres
préjudices nécessitent une approche en matière de santé publique. La réduction du taux de
maltraitance, le soutien aux familles en difficulté et l’amélioration du sort des victimes durant
l’enfance et à l’âge adulte exigent des stratégies à l’échelle de la collectivité et une collaboration
entre les collègues des services de protection de l’enfance, des services juridiques, de l’éducation,
de la santé et de la santé mentale afin de défendre des programmes qui ont été correctement mis
à l’épreuve et qui se sont avérés efficaces. Enfin, il ne sera possible de réduire le nombre de cas
de violence envers les enfants qu’une fois que les stratèges politiques seront convaincus qu’il
vaut nettement mieux prévenir que guérir.
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Published February 2012. Accessed April 16, 2019.
Introduction
La négligence est de loin la forme de maltraitance des enfants la plus courante signalée au
système de protection de l’enfance aux États-Unis; 75 % des signalements en 2017 étaient des
cas de négligence.1 Les répercussions à court et à long termes associées à la négligence sont
souvent graves et comprennent des décès, des changements psychologiques dans le cerveau, des
troubles scolaires, des comportements criminels et des troubles de santé mentale. En 2017, près
de 75 % des décès attribués à la maltraitance d’enfants impliquaient de la négligence.1 Par
surcroît, la négligence envers les enfants impose un énorme fardeau économique à la société. Une
estimation modeste des coûts associés à la maltraitance d’enfants excédait les 100 milliards de
dollars par an, dont une bonne partie était attribuable à la négligence.2
Sujet
En général, le système de protection de l’enfance estime qu’il y a négligence quand les parents
omettent de prendre soin de leur enfant et que cela cause ou pourrait causer des torts. Dans une
autre optique, le système peut s’attarder aux besoins non satisfaits de l’enfant, aux nombreux
facteurs éventuels ayant pu contribuer à la situation (p. ex. : manque d’accès à des soins de
santé) et au comportement des parents.3 Cette dernière approche s’inscrit dans le cadre de la
perspective de l’écologie du développement selon laquelle aucun facteur ne contribue à lui seul à
la négligence; il y a au contraire de multiples facteurs qui interviennent chez l’enfant, les parents,
la famille, la collectivité et la société.
La négligence ne se limite souvent pas à un acte distinct. Elle fonctionne plutôt comme une
tendance qui s’inscrit dans un continuum de soins allant d’un niveau optimal, où tous les besoins
de l’enfant sont satisfaits, à un niveau extrêmement préjudiciable, où les besoins de l’enfant ne
sont nullement satisfaits. De plus, vu que, par définition, la négligence peut varier sur la forme, la
gravité et la chronicité, elle représente un phénomène clairement hétérogène.
Intention. La négligence à l’égard des enfants n’est généralement pas volontaire de la part des
parents. Il peut y avoir une série de facteurs qui les empêchent de s’occuper convenablement de
leurs enfants. En pratique, il est difficile d’évaluer l’intention et une telle démarche ne sert pas à
trouver des solutions à la négligence. En fait, elle peut être nuisible si le fait de considérer la
néglicence intentionnelle conduit les professionnels à éprouver de la colère à l’égard des parents
négligents.
Culture. Selon la recherche, il y aurait un niveau de consensus remarquable entre les membres de
différentes collectivités au sujet de ce qui définit la négligence. Par exemple, on a relevé peu de
différences lors de l’examen du point de vue des Afro-Américains et des Blancs, des adultes en
milieu rural et de ceux en milieu urbain, des personnes à faible revenu et de celles à revenu
moyen au sujet du minimum de soins appropriés à prodiguer aux enfants.4,5 Dans le même ordre
d’idées, la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant constitue un témoignage
éloquent de ce que différents pays et sociétés considèrent comme étant les besoins et les droits
de base des enfants. Seul un pays, les États-Unis, n’a pas ratifié cette convention. Malgré cela, il
existe toute une panoplie de pratiques parentales entre les cultures. Il faut les comprendre et bien
les évaluer avant de tirer des conclusions concernant la négligence.6
La négligence à l’égard des enfants peut avoir de graves répercussions sur la santé physique d’un
enfant, son bien-être psychologique, ses facultés cognitives, ses aptitudes scolaires et son
développement social. La gravité, le moment et la chronicité de la négligence influencent la
portée des conséquences négatives sur l’enfant. Le développement de l’enfant se fait de manière
cumulative par définition, de sorte que sa capacité à accomplir de nouvelles tâches
développementales se fonde sur l’atteinte d’étapes antérieures du développement. L’enfant qui
La recherche suggère aussi que les conséquences de la négligence sont tout autant néfastes que
celles de la violence physique. Par exemple, une étude a relevé que les enfants négligés avaient
un corps calleux plus petit que ceux du groupe de référence.8 Comparativement à leurs pairs non
violentés, les enfants d’une autre étude qui avaient vécu de la négligence psychologique en bas
âge obtenaient des résultats sensiblement inférieurs aux évaluations des connaissances durant
les six premières années d’école.9 De surcroît, bien que tant les enfants violentés que négligés
réussissent moins bien à l’école, les enfants négligés accusent de plus grands retards à l’école
que les enfants violentés.10 Ces déficits cognitifs semblent aussi perdurer. Dans une étude de suivi
longitudinale, les adultes qui avaient été violentés ou négligés à l’enfance réussissaient moins
bien aux tests d’intelligence et d’évaluation des capacités de lecture que les adultes n’ayant pas
connu la violence ou la négligence.11
Souvent, les enfants négligés ont aussi de la difficulté sur le plan social. À l’âge préscolaire et
durant la phase intermédiaire de l’enfance, les enfants négligés sont plus susceptibles d’être surs
sur le plan social et d’avoir des interactions négatives avec leurs pairs.9,12 De plus, les enfants
négligés peuvent éprouver d’importants problèmes d’intériorisation, tels que le retrait social, les
plaintes somatiques, l’angoisse et la dépression, si on les compare à des enfants victimes
d’agression physique et sexuelle.8 De manière analogue aux adultes ayant vécu des sévices, les
adultes ayant connu la négligence sont plus susceptibles d’adopter un comportement violent.13
Le repérage de la négligence doit être guidé par des lois précises et être établi si les besoins de
base de l’enfant sont insatisfaits et s’il y a eu ou aurait pu y avoir des torts.15 Parmi les besoins de
base insatisfaits, on retrouve par exemple des soins de santé inadéquats ou tardifs, une
alimentation déficiente, des soins physiques inadéquats (p. ex. : une mauvaise hygiène
personnelle, des vêtements inappropriés), des conditions de vie dangereuses ou instables, une
supervision inadéquate et une carence d’attention affective. Il faut une évaluation exhaustive
pour comprendre la nature et le contexte de la négligence et les facteurs contributifs. Cette
compréhension permet de déterminer l’intervention la plus appropriée.
Il est aussi important de prendre en considération les pratiques culturelles au moment d’évaluer
un cas éventuel de négligence. Terao et coll.16 offrent un modèle de prise de décision en six
étapes utile pour faire la distinction entre la maltraitance d’un enfant et des pratiques parentales
guidées par la culture. Le fait de comprendre le contexte culturel permettra aussi d'aider les
cliniciens à déterminer la meilleure façon de réagir.
Prévention et intervention
Une variété de démarches semblent prometteuses pour aider à prévenir la négligence. Des
programmes particuliers de visite à domicile, surtout avec des infirmières qui aident les parents
pendant la grossesse puis après la naissance de l’enfant, ont été évalués attentivement.17-19 Des
programmes de soutien au rôle parental, tels que les interventions Triple P, offrent aussi un
encadrement utile et peuvent être efficaces. Un autre exemple est celui de modèle de soins
pédiatriques primaires « Safe Environment for Every Kid » (SEEK) [un environnement sécuritaire
pour chaque enfant].21 En misant sur la relation entre le pédiatre et la famille, le modèle SEEK
permet de repérer les facteurs de risque prévalents, comme la dépression d’un parent et la
violence conjugale, et de trouver des solutions. Toutes ces interventions visent à renforcer les
familles, à soutenir les parents et la parentalité, et à favoriser la santé des enfants, leur
développement et leur sécurité.
Pour les familles où il y a déjà eu négligence, les interventions visent à en prévenir la récurrence
ainsi que les conséquences néfastes qui peuvent en découler. Le modèle SafeCare constitue un
exemple de programme d’intervention qui peut réduire la récidive.22 L’intervention spécifique doit
être adaptée en fonction des besoins et des forces de chaque enfant et famille. Les circonstances
La défense des intérêts doit se faire à plusieurs niveaux, comme l’illustrent les exemples suivants
: (1) au niveau de l’enfant – par exemple, expliquer aux parents qu’ils ne vont pas montrer une
trop grande indulgence à l’égard de leur nourrisson en répondant à ses pleurs est un exemple de
défense des intérêts d’un enfant qui ne parle pas encore; (2) au niveau des parents – aider une
mère dépressive à obtenir des soins de santé mentale ou encourager le père à être davantage
présent dans la vie de l’enfant; (3) au niveau communautaire – soutenir les efforts pour
développer des ressources familiales communautaires; (4) au niveau de la société – soutenir les
politiques et programmes du gouvernement comme ceux qui améliorent l'accès aux soins de
santé, aux prestations alimentaires et aux garderies subventionnées.
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Introduction
L’agression sexuelle d’enfants (ASE) est une forme de maltraitance reconnue à l’échelle mondiale
comme étant une violation grave des droits de la personne et une préoccupation majeure de
santé publique. Le présent article fait un tour d’horizon de l’état des connaissances en la matière.
Sujet
On reconnaît maintenant que la définition d’une ASE englobe tant les cas d’abus avec contact que
sans contact. L’ASE comprend tout acte de nature sexuelle perpétré contre une personne mineure
moyennant l’utilisation de menaces, de force, d’intimidation ou de manipulation. L’éventail
d’agressions sexuelles inclut les attouchements, l’invitation lancée à un enfant à toucher ou à se
faire toucher sexuellement, les rapports sexuels, le viol, l’inceste, la sodomie, l’exhibitionnisme ou
l’implication d’un enfant dans la prostitution ou la pornographie.1 Il existe un consensus autour de
l’idée que l’ASE est un phénomène complexe se produisant pour des motifs divers, sous des
formes différentes et selon des relations variées au sein des familles, des groupes de pairs, des
institutions et des communautés.2 Deux problèmes importants, indissociables et non résolus sont,
entre autres, le manque de modèle conceptuel de l’ASE et l’absence de définition commune ou de
compréhension universelle de ce qui constitue l’ASE.
Portée du problème
La majorité des études insistent sur le fait que l’on ignore l’ampleur exacte du phénomène d’ASE.
1,3
Il est difficile d’établir l’ampleur des ASE vu les différences qui prévalent entre les méthodes de
collecte de données,4 et de la réticence de la plupart des enfants à divulguer les abus.5
Le signalement d’événements traumatiques comme l’ASE est un processus souvent très complexe
et itératif se déroulant sur une longue période.6 Il est fréquent que les victimes d’ASE retardent
son signalement ou ne le dévoilent jamais.5 Par exemple, dans la synthèse de Finkelhor,7 pour
toutes les études prises en compte, seule la moitié environ des réchappés ont confié à quelqu’un
Dans une synthèse systématique publiée en 2013 et une méta-analyse mondiale d’études
récentes, la prévalence de l’ASE était comprise entre 8 et 31 % pour les filles, et 3 et 17 % pour
les garçons. Le signalement par la victime des relations sexuelles forcées était de 9 % chez les
filles et de 3 % chez les garçons.9 À l’inverse, les événements de type ASE signalés annuellement
aux autorités officielles, comme les services de protection de l’enfance, sont drastiquement
inférieurs (par exemple, 43 % dans les systèmes canadiens de protection de l’enfance;10 2,4 %
dans les agences communautaires de protection de l’enfance des États-Unis).11 Les signalements
officiels aux autorités sous-estiment de façon évidente l’ampleur du phénomène que représente
l’ASE. Dans une autre méta-analyse mondiale sur la prévalence de l’ASE, celle-ci était 30 fois
supérieure dans les études sur les déclarations par la victime par rapport aux signalements
officiels (12,7 % contre 0,4 %).12
Au cours des dernières décennies, la recherche sur les ASE s’est articulée principalement autour
de quelques questions, notamment : Quels sont les facteurs de risque d’une ASE? Quels sont les
effets sur la santé mentale d’une ASE? Quels sont les facteurs de protection faisant en sorte que
certains enfants sont moins susceptibles de garder des séquelles découlant d’une ASE? Quelles
sont les stratégies de prévention, d’évaluation et de traitement les plus efficaces?
Les filles sont environ deux fois plus susceptibles que les garçons d’être victimes d’une ASE.12 Il
est cependant fort probable que les garçons soient plus souvent victimes d’une agression que ce
que les données de cas déclarés laissent présager, et ce, compte tenu de leurs réticences à
signaler l’abus.13 Le risque d’une ASE croît avec l’âge, le nombre de cas le plus élevé se situant
dans la tranche des 12 à 17 ans. On estime que les risques d’une ASE sont plus élevés chez les
filles dès un jeune âge et pendant une période plus longue que les garçons, qui, eux, courent des
risques à un âge plus avancé et durant une période plus courte.1
L’ASE présente un risque majeur d’entraîner une série de séquelles tant durant l’enfance qu’à
l’âge adulte. Il a été montré que les victimes manifestent davantage de symptômes de stress
consécutif au traumatisme et de dissociation que les enfants qui n’ont pas subi d’agression,14 ainsi
Toutefois, environ le tiers des victimes ne manifesteront aucun symptôme clinique au moment de
la déclaration de leur agression.22 Cela s’explique, en partie, par les caractéristiques extrêmement
diverses de l’ASE, qui mène à toute une panoplie de répercussions éventuelles. Aussi, plusieurs
facteurs influencent la résilience des victimes d’une ASE. Par exemple, les enfants qui bénéficient
du soutien du parent non agresseur23 et ceux qui n’ont pas déjà été victime d’abus24 semblent
mieux s’en sortir. Dans tous les cas, il est cependant important de faire une évaluation et, s’il y a
lieu, une intervention hâtive afin de prendre en charge les répercussions négatives.
Pour le volet de l’évaluation, deux protocoles médicolégaux ont été considérablement mis à
l’essai, à savoir le Structured Interview Protocol [protocole d’entrevue structurée] de l’organisme
américain National Institute of Child Health and Human Development (NICHD) et le modèle Sexual
Assault Nurse Examiner [SANE – examen des victimes d’agression sexuelle].
Un protocole d’entrevue structurée tel que le modèle du NICHD stipule que les policiers
doivent recevoir une formation poussée pour arriver à tirer des renseignements détaillés
auprès de victimes d’une ASE sans utiliser la suggestion. Ce protocole améliore clairement
la qualité des entrevues et facilite l’évaluation de la crédibilité menée par les enquêteurs
auprès des enfants.25
Les infirmières chargées de l’examen des victimes d’agression sexuelle sont généralement
les premières personnes, dans le contexte du service d’urgence d’un hôpital, à répondre aux
besoins émotifs et physiques des victimes en plus d’être celles chargées de la collecte de
données médicolégales qui pourraient conduire à des actions en justice contre les
agresseurs. Le protocole SANE, pour ce qui est de la collecte de données médicolégales et
du taux d’action en justice dans les cas d’ASE, est d’une efficacité qui a fait ses preuves.26
Concernant les interventions visant à réduire les préjudices consécutifs à l’ASE, une méta-analyse
récente a démontré l’efficacité du traitement dans la réduction des symptômes associés aux
Bien que les programmes de sensibilisation dans les écoles soient diffusés à grande échelle et
présentés comme stratégie primaire de prévention, il y a peu de données montrant leur efficacité
pour véritablement prévenir le risque d’une ASE; ils semblent améliorer les comportements
orientés vers la protection de l’enfance et la sensibilisation à cet égard; ils pourraient augmenter
les probabilités de signalement, mais on ignore leur impact sur la prévention de l’occurrence des
ASE.32
Lacunes de la recherche
Il vaut la peine de souligner deux grandes lacunes : Premièrement, la plupart des victimes d’une
ASE n’étant pas identifiées, l’état actuel des connaissances est probablement biaisé puisqu’il est
fondé sur des renseignements provenant de victimes d’une ASE détectée; il faut poursuivre les
recherches pour comprendre les divers profils des enfants victimes d’une ASE. Deuxièmement, il
faut identifier d’autres approches fondées sur des données probantes pour assurer l’évaluation, le
traitement et la prévention d’une ASE.
Conclusions
Bien que la définition d’une ASE fasse maintenant l’unanimité dans l’ensemble, l’ampleur du
problème demeure difficile à cerner vu les différences qui prévalent entre les méthodes de
collecte de données. Une méta-analyse de 2011 sur la prévalence des ASE montre que 12,7 % des
adultes ont été victimes de violence sexuelle durant leur enfance ou leur adolescence, les filles et
les enfants plus âgés étant les plus susceptibles de telles agressions. L’ASE constitue un facteur
de risque important dans l’apparition de troubles à court et à long termes, tels que la dépression,
Les répercussions sur le plan social et de la santé de l’ASE sont très larges et les coûts
économiques à l’âge adulte sont estimés à 9,3 milliards de dollars.33 Pour résoudre ce problème
majeur de santé publique, on devrait accorder la priorité à l’élaboration de stratégies pour lever
les obstacles à la divulgation et à l’établissement de rapports de signalement. Bien que l’ASE ne
soit plus un sujet aussi tabou qu’il y a quelques décennies, il se pourrait que les préjugés et les
difficultés à accéder à des services empêchent des victimes de bénéficier des ressources dont
elles ont besoin.
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Introduction
La violence psychologique est une forme très répandue et dommageable de maltraitance envers
les enfants. Elle reflète l’incapacité du donneur de soins de fournir un environnement approprié et
favorable au développement de l’enfant et que ce dernier fait continuellement ou habituellement
l’objet d’actes de violence déshumanisants, comme se faire injurier fréquemment (sévices
psychologiques ou actes commis) ou souffrir d’un manque de soins, d’affection et de validation (p.
ex., négligence psychologique ou acte omis). On compte officiellement six types de violence
psychologique : 1) le rejet (p. ex., critiquer constamment l’enfant, le rabaisser); 2) l’isolement (p.
ex., tenir la famille et les amis à l’écart de l’enfant); 3) le manque d’attention (p. ex., ne pas
répondre à l’enfant lorsqu’il demande de l’attention, ignorer ses réussites, etc.); 4) la terreur (p.
ex., menacer l’enfant de l’abandonner ou de lui faire mal); 5) la corruption (p. ex., impliquer ou
exposer l’enfant à des activités criminelles); 6) l’exploitation (p. ex., obliger l’enfant à s’occuper
d’un parent ou d’un autre enfant).1 Certaines provinces et certains territoires classent également
l’exposition de l’enfant à la violence conjugale (VC) (ou violence domestique) comme une forme
de sévices psychologiques. Dans cette série d’articles, l’exposition de l’enfant à la violence
conjugale est considérée comme une catégorie distincte de la maltraitance de l’enfant. La
violence psychologique vécue pendant l’enfance est fortement associée au fait de subir d’autres
formes de maltraitances au sein d’un foyer dysfonctionnel.2 Contrairement aux autres formes de
maltraitance pouvant comporter des indicateurs physiques, la violence psychologiques n’en a
aucun. Par conséquent, la violence psychologique peut être la seule forme d’abus ou de
négligence à se manifester, mais elle peut aussi accompagner fréquemment d’autres formes de
maltraitance.1
En codant les expériences de maltraitance selon un cadre normalisé, les chercheurs d’une étude
américaine s’intéressant aux cas d’enfants suivis par les services de protection de la jeunesse ont
établi que plus de 50 % des jeunes avaient vécu de la violence psychologique (principalement du
type terreur) et que la majorité d’entre eux avaient également été victimes de violence et de
négligence physiques.4 L’Étude ontarienne sur l’incidence des signalements de cas de violence et
de négligence envers les enfants a placé le pourcentage de cas corroborés par les SPJ de 2013 à
13 % pour la violence psychologique et à 48 % pour l’exposition à la violence conjugale.5 Des
chercheurs ont déterminé que dans 30 % des cas où la violence psychologique constituait la
principale forme de maltraitance, le cas faisait l’objet de trois ouvertures de dossiers antérieures
pour une forme de maltraitance.6 L’étude LONGSCAN, une étude longitudinale menée chez les
jeunes aux États-Unis, avec participation des SPJ, a permis de mettre en évidence que 98 % des
jeunes ayant fait un signalement pour violence psychologique déclaraient subir des récidives.7 Il a
été démontré que les facteurs permettant de prédire une intégration dans le système de
placement familial étaient l’exposition à la violence psychologique dès le plus jeune âge, le
nombre de signalements aux SPJ et la dépression chez l’adulte responsable de l’enfant.8
Sujet
Une étude longitudinale récente a déterminé qu’une expressivité maternelle négative était à
l’origine de la relation entre les propres expériences de violence psychologique de la mère et un
dérèglement d’ordre psychologique et des problèmes comportementaux chez des nourrissons de
14 mois.9 Les parents qui expriment des émotions négatives intenses à l’égard de leur enfant
(rage, dégoût) ou créent un environnement très négatif (hurler, contrôler) risquent d’accaparer
toutes les capacités cognitives de leur enfant et d’entraîner des réactions comportementales
désorganisées. Cette dynamique ignorance/attaque des parents et de déstabilisation de l’enfant
entraîne une trajectoire de dégradation dans la gestion des émotions liées à soi-même et aux
autres. Les recherches ont montré que, dans ce type d’interaction, les parents qui se considèrent
comme impuissants ont une réactivité affective plus élevée, adoptent une attitude hostile envers
l’enfant et son comportement et ont tendance à agir de façon autoritaire et contrôlante avec
l’enfant (hostilité, rejet, attaque).10 Ainsi, un lien a été établi sans surprise entre la violence
Une étude de recherche longitudinale a déterminé qu’une violence psychologique subie pendant
une période de trois ans était un facteur de prédiction important des idées suicidaires, chez les
jeunes.29 Une étude représentative menée à l’échelle des États-Unis a révélé que des adolescents
ayant déclaré avoir subi des sévices psychologiques pendant l’enfance avaient 2,6 fois plus de
probabilités de confier des idées suicidaires et 2,4 plus de probabilités de rapporter une tentative
de suicide au cours de l’année précédente par rapport à ceux n’ayant pas fait l’objet de tels
sévices.30 Une attaque centrale peut se faire à l’endroit du sentiment d’importance de la victime
face aux autres (c’est-à-dire par rapport à soi, aux autres et au milieu environnant), la violence
psychologique étant associée à un sentiment d’importance bas.31
Une autre difficulté possible pour les victimes de violence psychologique est de bâtir et de
conserver des relations positives. Une synthèse systématique de la documentation scientifique
effectuée chez des adolescents de sexe masculin victimes de violence psychologique a mis en
évidence des associations tant au niveau de la perpétration que de la victimisation de la violence
conjugale.32 Chez des adolescents bénéficiant de SPJ, la violence psychologique a permis de
Enfin, des données suggèrent que les enfants victimes de violence psychologique sont à risque de
présenter des troubles alimentaires et des relations chaotiques avec les aliments à l’adolescence
et à l’âge adulte. En procédant à une synthèse systématique, Kimber et ses collaborateurs ont
conclu que la prévalence de la violence psychologique, incluant l’exposition à la violence
conjugale, associée à des troubles alimentaires, était comprise entre 21 % et 66 %.37 Une étude
consacrée aux personnes obèses d’âge adulte a démontré que les sujets souffrant d’hyperphagie
boulimique déclaraient des niveaux nettement supérieurs de sévices psychologiques et de
négligence.38 Dans une étude non clinique de grande envergure, les sévices psychologiques
étaient un facteur de prédiction positif important d’accumulation compulsive de biens matériels.39
Problèmes
5. Une synthèse menée en 2011 a conclu que de plus amples recherches étaient nécessaires
pour élaborer un instrument de mesure de la violence psychologique pendant l’enfance qui
soit fiable et valide.44 Les cliniciens sont encouragés à interroger les enfants au sujet de leurs
relations avec les membres de leur famille, de leurs sentiments à l’égard de leur propre
valeur et s’ils se sentent aimés et en sécurité.
Contexte de la recherche
Étant donné que les renseignements sur la violence psychologique sont recueillis lorsque les
services de protection de la jeunesse interviennent auprès des jeunes, la plupart des
renseignements proviennent des pays où l’on trouve des organismes de protection de la jeunesse
officiels. Lorsqu’un cas de violence psychologique est corroboré, c’est que les services de
protection de la jeunesse ont mené une enquête sur certaines allégations et ont jugé que celles-ci
étaient suffisamment graves. Les services fournis peuvent varier : il peut s’agir d’une simple
enquête, de consultations avec l’enfant ou même d’un placement dans un autre foyer.
3. Quel est le lien entre la violence psychologique et les différentes expériences des jeunes des
deux sexes?
Ces derniers temps, l’attention s’est portée sur le fonctionnement cognitif et le développement
des enfants maltraités.46 Par exemple, chez les enfants en famille d’accueil (placés dans un autre
foyer), on remarquait une corrélation négative entre les antécédents de négligence ou de sévices
psychologiques et la taille selon l’âge, les aptitudes visuospatiales, la mémoire, le langage et la
fonction exécutive.47 Les interventions précoces qui ciblent les éléments cognitifs et affectifs sous-
jacents à la violence psychologique se révèlent prometteuses pour le développement cognitif de
l’enfant (p. ex., la mémoire), aspect qui semble être influencé indirectement par les hormones de
stress de l’enfant.48 L’objectif ultime est d’examiner les contextes favorisant l’apparition de
déficiences mentales et physiques ainsi que ceux favorisant la résilience en étendant l’étude aux
domaines de la recherche biologique, clinique et épidémiologique.49
Jusqu’à présent, aucune étude n’aurait cherché à déterminer la relation entre les concepts de
discrimination hétéronormative et de stigmatisme social avec la violence psychologique chez les
jeunes LGBTABI+. Une étude récente a démontré que des homosexuels et des bisexuels adultes
ayant subi une violence psychologique pendant l’enfance présentaient des taux de dépression et
de symptômes de l’anxiété supérieurs par rapport à ceux n’ayant pas vécu de violence
psychologique familiale.50
Lacunes de la recherche
Les définitions juridiques et médicales qui contribuent à l’établissement des seuils d’intervention
des services de protection de la jeunesse varient selon les régions, malgré le besoin évident
d’accorder plus d’attention à l’impact de la violence psychologique.49 Actuellement, il n’y a pas de
méthode « parfaite » pour déterminer le niveau d’exposition à la violence psychologique. En 2012,
l’Académie américaine de pédiatrie a publié un rapport clinique soulignant la nécessité pour les
cliniciens d’être vigilants face à cette forme de maltraitance et d’envisager des interventions
favorisant une parentalité positive et le développement de l’enfant, soulignant que la sécurité de
Comme les conséquences de la violence psychologique sont moins visibles, elles peuvent
facilement être sous-estimées. Les parents, les praticiens et les décideurs politiques devraient
donc : 1) tenir compte du climat émotionnel à la maison ainsi que des aptitudes émotionnelles des
enfants et leur offrir des expériences dans lesquelles les émotions positives l’emportent sur les
émotions négatives; 2) prévenir les cas de maltraitance et l’exposition à la violence conjugale
chez les enfants; 3) assurer la promotion de la sécurité, du bien-être et des droits des enfants et
des jeunes à vivre sans violence; et 4) prévenir ou limiter les cas de déficience liés à la
maltraitance et en mettant l’accent sur la résilience. Il existe des programmes de prévention
fondés sur des données probantes et, du point de vue de la santé publique, il serait déplorable de
ne pas les mettre en œuvre.55-58
Une vie familiale chaotique et violente peut constituer une forme de violence psychologique et
avoir des conséquences à long terme sur le développement de l’enfant et de l’adolescent. Le fait
de quitter graduellement le nid familial et de vivre des expériences de qualité au préscolaire,
d’entrer à l’école primaire et de développer son autonomie à l’adolescence lui donne la possibilité
de changer sa vision des émotions considérées comme « normales ». L’instauration de
programmes axés sur la résilience pourrait constituer une approche innovante de diminution de
l’impact de la violence psychologique. Un lien entre la violence psychologique et un optimisme
plus faible a été démontré. Néanmoins, les événements positifs de la vie peuvent amortir cet effet
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Introduction
La maltraitance des enfants prend quatre formes : violence physique, violence sexuelle, violence
psychologique et négligence. Récemment, l’exposition à la violence conjugale a été incluse dans
les formes de violence faite aux enfants. La maltraitance des enfants est un problème de santé
publique et de bien-être collectif important, dans les pays à faible revenu comme dans ceux à
revenu élevé. C’est pourquoi on a commencé à déterminer des méthodes efficaces de prévention
au cours des deux dernières décennies.
Sujet
Un nombre considérable d’enfants sont victimes de violence, selon des taux de prévalence qui
varient en fonction du type de maltraitance, du sexe et du milieu. La synthèse la plus récente des
études axées sur la prévalence a conduit aux conclusions suivantes : (N.B. : La médiane ou le 50e
percentile, ainsi que le 25e au 75e centile sont présentés; à savoir, 50 %, 25 % et 75 % des valeurs
sont respectivement inférieures à ces centiles :
Les conséquences de cette maltraitance sont vastes et ont une incidence importante sur la
morbidité et la mortalité. Aux États-Unis, par exemple, plus de 2 000 enfants meurent chaque
année des suites de la violence et de la négligence, 86 % de tous les décès pour cause de
maltraitance survenant chez les enfants de moins de 6 ans et 43 % chez des nourrissons de moins
d’un an.2 Les répercussions à long terme chez les survivants comprennent une vaste gamme de
troubles de santé mentale, tels la dépression, la consommation de drogue et l’abus d’alcool, des
comportements sexuels à risque et des tendances criminelles, autant de comportements qui
perdurent jusqu’à l’âge adulte.3 Les conséquences pour la société de tels mauvais traitements
sont aussi importantes sur le plan direct (p. ex. : services pour repérer et réagir aux cas de
violence à l’égard d’enfants) que sur le plan indirect des coûts (p. ex. : services pour prendre en
charge les problèmes connexes à la violence, tels que les troubles de santé mentale, la
toxicomanie, la criminalité, etc.).3
La prévalence élevée et les conséquences sérieuses de la maltraitance des enfants font ressortir
l’importance d’avoir des programmes de prévention et de traitement efficaces. Les stratégies de
prévention portent sur : (a) la prévention primaire, qui vise à intervenir avant que la violence n’ait
eu lieu et qui mise sur deux optiques différentes – la population et le ciblage; (b) la prévention de
la récurrence de la violence après qu’elle a émergé; et (c) la prévention visant à réduire les
troubles afférents.
Problème
L’une des principales difficultés associées à la reconnaissance de ce qui est efficace pour prévenir
la maltraitance des enfants est une pénurie de modèles de recherche rigoureux pouvant être
utilisés pour évaluer l’efficacité de programmes. La mesure des résultats fluctue largement entre
les études et elles font un recours excessif aux déclarations d’auto-évaluation parentale et aux
mesures indirectes des résultats. Dans les pays à faible revenu, les études rigoureuses en ce qui
concerne tous les types de maltraitance et niveaux de prévention sont peu nombreuses.
Contexte de la recherche
Les questions clés de la recherche ayant trait à la prévention de la maltraitance des enfants
portent autant sur l’efficacité que sur le rapport coût-efficacité des démarches de prévention et
traitent des quatre grandes formes de mauvais traitements dans l’optique des différents niveaux
de prévention mentionnés ci-dessus. D’autres questions sont tournées sur les démarches
particulières les mieux adaptées à divers groupes de la population qui posent un risque lié à la
maltraitance des enfants (p. ex. : des parents atteints d’une maladie mentale graves ou qui
consomment de la drogue ou aux prises avec la violence conjugale). Dans les pays à faible
revenu, les études rigoureuses en ce qui concerne tous les types de maltraitance et niveaux de
prévention sont peu nombreuses.
La partie (a) de cette section décrit les interventions fondées sur des données probantes aux trois
différents niveaux de prévention mentionnés ci-dessus : prévention primaire, prévention de la
récurrence et prévention des séquelles. La partie (b) décrit les stratégies d’intervention possibles
qui vont au-delà du niveau d’intervention.
Prévention primaire
On dispose actuellement d’une quantité limitée de données sur l’efficacité des interventions axées
sur la population dans les pays à haut revenu pour la prévention de la maltraitance de l’enfant.
Une intervention prometteuse serait le « Triple P » axé sur la population qui, outre le déploiement
de moyens universels et de stratégies de communication, consiste en la mise en œuvre de la
formation professionnelle Triple P dédiée à la main-d’œuvre existante.4
D’autres approches préventives primaires qui été prometteuses dans les pays à revenu élevé,
notamment les programmes éducatifs en milieu hospitalier pour prévenir les traumatismes
crâniens causés par la violence sont prometteurs, au même titre que des soins pédiatriques
accrus pour les familles d’enfants à risque de subir de la violence physique ou de la négligence.4
Bien que les programmes de sensibilisation en milieu scolaire semblent efficaces pour sensibiliser
les enfants et améliorer leurs comportements protecteurs, on ignore pour l’instant à quel point ils
sont efficaces pour prévenir la violence sexuelle.6
Les données disponibles sur l’efficacité des principales stratégies de prévention sont limitées dans
les pays à faible et moyen revenu (Low- and Middle-Income Countries, LMIC), et portent en
majorité sur les milieux à moyen revenu par rapport aux milieux à faible revenu et sont, dans de
nombreux cas, associées à l’adaptation des interventions instaurées dans les pays à revenu élevé.
7
Les stratégies prometteuses incluent les visites à domicile (par le biais de services de santé
existants, de cliniques de santé ou d’interventions indépendantes) et de prestations axées sur le
groupe (en milieu communautaire ou professionnel) par des paraprofessionnels ou des
professionnels, avec des preuves limitées actuellement de l’efficacité de l’intervention par des
non professionnels.7
Prévention de la récurrence
Il y a très peu de données sur ce qui fonctionne pour prévenir la récurrence de la maltraitance.8 La
thérapie d’interaction parents-enfant (PCIT), une intervention de formation en compétences
comportementales, s’est avérée efficace pour prévenir la récurrence de la violence physique
envers les enfants, et les programmes de sensibilisation offerts à domicile, tels que SafeCare,
peuvent également apporter de légères réductions au niveau de la récurrence de la maltraitance
de l’enfant en âge préscolaire.8 Il a également été démontré que le traitement multisystémique
pouvait quelque peu réduire la récurrence des violences physiques subies par les enfants âgés de
10 à 17 ans.8 Il n’y a pas de données issues d’essais contrôlés randomisés qui traitent des
éléments favorables à la prévention de la récidive des autres formes de violence,8 ou qui sont
La recherche indique que la prévention des séquelles nécessite une évaluation approfondie de
l’enfant et de la famille. Les résultats associés à la baisse des problèmes de santé mentale chez
les enfants maltraités issus de pays à revenu élevé suggèrent que des interventions
psychologiques, telles que la thérapie comportementale et cognitive (TCC) et la psychothérapie
interpersonnelle (PIT), devraient être envisagées chez les enfants et les adolescents ayant subi
des maltraitances et souffrant de troubles affectifs, et qu’une TCC axée sur les traumatismes doit
être dispensée aux enfants victimes d’agressions sexuelles et souffrant de symptômes de stress
post-traumatique.5 Les bienfaits de la psychothérapie enfant-parent et de la TCC axée sur les
traumatismes ont également été démontrés chez les enfants présentant des symptômes de
trouble de stress post-traumatique liés à la violence domestique.5 Dans les LMIC, il n’existe
aucune donnée disponible en langue anglaise provenant d’essais contrôlés aléatoires en matière
de prévention du développement de troubles chez les enfants.
Pour les enfants maltraités qui doivent être retirés du domicile parental
La recherche montre que dans les pays à revenu élevé le placement en famille d’accueil d’un
enfant violenté peut comporter des avantages à plusieurs égards, y compris au niveau du
comportement antisocial, du retardement de l’activité sexuelle, de l’assiduité et du rendement
scolaires, du comportement social et de la qualité de vie, par comparaison au maintien dans le
foyer ou à la réinsertion dans le foyer après un placement en famille d’accueil. La recherche
montre aussi que des soins rehaussés en placement familial peuvent mener à de meilleurs
résultats sur le plan des troubles de santé mentale et physique.4 Dans les LMIC, il n’existe aucune
donnée disponible en langue anglaise provenant d’essais contrôlés aléatoires en matière
d’alternatives efficaces aux soins parentaux pour les enfants maltraités.
Le Spectre de la prévention décrit sept niveaux auxquels les activités de prévention peuvent avoir
lieu et dépassent les services individuels et la sensibilisation de la communauté.9 Il encourage le
déploiement de projets créatifs et efficaces portés sur la prévention, et peut aider les
communautés à élaborer des activités ayant plus de possibilités de réussite, car elles complètent
les forces préexistantes au sein d’une communauté.9
Il faut approfondir la recherche pour déterminer les démarches et stratégies qui peuvent servir
dans une approche primaire axée sur la population (p. ex. : accessible à tous) et aussi des
approches ciblées (p. ex. : groupes à risque élevé) pour prévenir la maltraitance à l’égard des
enfants. Les stratégies axées sur la population incluent la réalisation de vastes changements aux
systèmes juridiques en vue de mieux protéger les enfants contre l’utilisation de méthodes
parentales répulsives (p. ex. : le châtiment corporel) et comprennent la mise en œuvre de
programmes de soutien parental fondés sur des données probantes (p. ex. : Triple P à l’échelle de
la population). Il faut poursuivre l’évaluation de la valeur d’approches ciblées, telles que le
counseling fondé sur des interactions filmées, les interventions fondées sur l’attachement et la
mentalisation, et la psychothérapie parents-nourrisson, qui sont toutes des méthodes
d’intervention en bas âge visant à améliorer l’interaction entre parents et nourrisson ou tout-petit
dans les familles à haut risque.
Il faut davantage d’études de suivi à long terme, notamment sur les interventions qui ont lieu
dans les trois premières années de vie d’un enfant et sur les démarches faisant appel à plusieurs
méthodes et sources pour évaluer la maltraitance.10 Il faut aussi poursuivre les recherches sur les
démarches susceptibles d’être bénéfiques pour prévenir la récurrence et les séquelles, un
domaine où les données sont une fois de plus limitées. De telles recherches doivent se fonder sur
les approches connues qui portent des fruits.
De plus amples recherches sont également nécessaires sur l’efficacité des programmes menés
dans les LMIC, notamment le degré d’adaptation des programmes basés sur les preuves
existantes dans les milieux à faibles ressources et la possibilité d’utiliser des prestataires non
professionnels pour déployer de telles interventions.7 Les autres difficultés de recherche dans ces
milieux comprennent le manque de rapports plus complets, de normalisation accrue des résultats,
d’utilisation de mesures validées et plus d’études menées chez des enfants plus âgés.7 Des études
complémentaires sont également nécessaires afin d’identifier les interventions visant à prévenir la
récurrence et le développement de troubles chez les enfants maltraités.
Conclusions
La recherche suggère que les stratégies pour prévenir la maltraitance doivent être mises en
œuvre tôt et comprendre tant des approches à l’échelle de la population visant à fournir aux
femmes enceintes et aux parents de nouveau-nés un soutien universel de grande portée (p. ex. :
Triple P à l’échelle de la population) que des approches ciblées (p. ex. : un programme de visite à
domicile intensif tel que le Partenariat entre les infirmières et les familles) pour les familles aux
prises avec des risques supplémentaires qui augmentent la vulnérabilité du bébé. La prévention
de la récurrence et des séquelles doit inclure des interventions qui ciblent les parents (p. ex. :
counseling après l’hébergement en centre d’accueil), la dyade (p. ex. : la psychothérapie parents-
nourrisson et la thérapie d’interaction parents-enfant) et les interventions axées sur l’enfant (p.
ex. : programmes de sensibilisation en milieu scolaire, thérapie cognitivo-comportementale axée
sur les traumatismes). Le placement en famille d’accueil et les programmes améliorés de
placement en famille d’accueil peuvent également améliorer les résultats pour les enfants.
Références
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prevention. Published August 1999. Accessed January 11, 2020.
Introduction
La maltraitance envers les enfants constitue une menace sérieuse pour leur développement sain.
Il est essentiel de comprendre la portée et la gravité de la maltraitance pour développer des
interventions cliniques et des politiques sociales afin de protéger les enfants à risque et de traiter
les victimes. Cet article décrit l’incidence, la prévalence et la sévérité de la maltraitance envers
les enfants et fournit une brève discussion des implications pour les politiques et la pratique.
Définitions
La maltraitance envers les enfants est le terme large que l’on utilise pour décrire les actes de
violence et de négligence perpétrés par les adultes ou les enfants plus âgés envers les enfants. Ils
regroupent quatre grandes catégories : violence physique, agression sexuelle, négligence et
violence psychologique. La violence physique va d’agressions graves qui peuvent blesser les
enfants de façon permanente ou les tuer à des sévices physiques punitifs ou encore au fait de
secouer les nourrissons. Les agressions sexuelles incluent les rapports sexuels, les
attouchements, l’exhibitionnisme, la sollicitation et le harcèlement sexuels. La négligence renvoie
à l’incapacité de superviser ou de protéger un enfant ou de répondre à ses besoins physiques. La
négligence se produit souvent dans un contexte d’extrême pauvreté où les parents peuvent ne
pas avoir les ressources ou le soutien nécessaires pour répondre aux besoins d’un enfant. La
violence psychologique inclut la violence verbale extrême ou courante (menaces, dépréciation,
etc.) et le manque systématique de dévouement ou d’attention nécessaires pour que l’enfant se
développe sainement. L’exposition des enfants à la violence conjugale est de plus en plus
reconnue comme étant une forme de violence psychologique ou une forme de violence distincte.
Incidence annuelle
Plus du tiers de ces enfants, soit 31 506 enfants, avaient moins de 6 ans.1 Le taux de victimes
était supérieur chez les jeunes enfants (17,10 pour 1 000 enfants de moins de 1 an
comparativement à 14,57 pour les enfants de moins de 5 ans), mais aucun schéma clair n’est
ressorti pour le sexe (voir le diagramme à barres).
Il est difficile de comparer directement les taux d’incidence au Canada et dans les autres pays à
cause des différentes façons de signaler les cas et de procéder aux enquêtes. Le taux de victimes
rapporté aux États-Unis en 2008 était de 10,3 pour 1 000 enfants,2 alors qu’en Australie, le taux
pour le même exercice s’établissait à 6,9 pour 1 000 enfants.3
Les études de prévalence mesurent les taux de victimes pendant l’enfance, contrairement aux
statistiques d’incidence qui mesurent les taux pendant une année donnée. Les résultats d’un
Blessure et décès
Les blessures physiques causées par les mauvais traitements sont relativement rares. L’EIC de
2008 a découvert que les blessures physiques étaient consignées dans 8 % des 26 339 cas de
maltraitance avérée contre des enfants, de la naissance à l’âge de 5 ans. Dans la plupart des cas,
il s’agissait d’ecchymoses et d’écorchures ne nécessitant pas de soins médicaux. Les chercheurs
ont rapporté des blessures nécessitant des soins médicaux dans 4 % des cas d’enfants de 1 à 5
ans. Les blessures étaient généralement plus graves chez les enfants de 1 an : 8 % ont nécessité
des soins médicaux et 3 % étaient des traumatismes crâniens.
La violence grave causant des blessures est particulièrement préoccupante pour les jeunes
enfants à cause du risque élevé de séquelle permanente ou de décès pendant les quatre
premières années de la vie. Les enfants de moins de 5 ans sont à risque plus élevé d’être tués par
un parent : 50 % des enfants de moins de 17 ans qui sont tués par un membre de la famille ont
moins de quatre ans.7 Les taux d’homicides sur des enfants et des adolescents commis par un
membre de la famille diminuent : le taux d’homicide lié à la famille envers les enfants et les
adolescents a diminué de 18 % (de 3,4 en 2007 à 2,8 en 2017 pour une population de 1 million).8
Violence psychologique
La plupart des cas de maltraitance signalés aux services d’aide à l’enfance concernent les
situations où l’enfant a déjà subi une certaine forme de violence psychologique ou est fortement à
risque de subir de la violence psychologique. Les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables
à un ensemble d’issues négatives durables sur le plan cognitif, psychosocial et comportemental, y
compris les problèmes d’apprentissage, les problèmes avec les pairs, la dépression, l’anxiété et le
comportement d’agression.9 La maltraitance des jeunes enfants modifie la façon dont ils
Tendances
La maltraitance envers les enfants est de plus en plus reconnue comme un problème de santé
publique de plus en plus préoccupant. Le taux de maltraitance a augmenté de plus de 50 %,
passant de 9,21 cas avérés sur 1 000 en 1998 à 14,19 en 2008.1 Cette croissance semble
attribuable principalement à l’élargissement des mandats et à la reconnaissance accrue de la
maltraitance envers les enfants au sein des professionnels qui travaillent auprès d’enfants,
surtout pour ce qui est du taux de négligence qui a presque doublé et du taux d’exposition à la
violence conjugale qui a plus que triplé.12,13 En revanche, les signalements d’agression sexuelle
contre les enfants ont diminué de plus de 50 % entre 1998 et 2008. L’augmentation des cas
d’exposition à la violence conjugale est surtout dominée par un changement remarquable de la
réaction de la police, des professionnels de la santé et du personnel des écoles, qui sont
responsables de presque 90 % de tous les signalements de violence familiale. La diminution des
signalements d’agression sexuelle contre les enfants est plus difficile à interpréter. Bien que la
baisse des signalements puisse être attribuée à une diminution du taux de victimes dans la
population, certaines études démontrent que ce déclin reflète des changements au niveau des
tendances de signalement et des procédures d’enquête.14
La maltraitance envers les enfants est un problème de santé notable qui affecte plus de 85 000
enfants par an au Canada. Les enfants violentés et négligés sont à risque très élevé de
développer des problèmes sociaux, affectifs et cognitifs à long terme. L’intervention auprès de ces
enfants a cependant été fragmentaire. À part l’avènement universel de lois obligeant le
signalement de cas dans tout le Canada, peu de programmes de traitement et de prévention ont
été systématiquement élaborés pour répondre aux besoins de ces enfants. Un examen des taux
de victimes révèle une population diverse, allant de cas de violence physique grave nécessitant
une réponse urgente à des cas complexes de négligence et d’exposition à la violence conjugale,
où le rôle des organismes de protection de l’enfance peut avoir besoin d’être revu. Sous la
pression continuelle du nombre croissant de cas, les intervenants des services de protection de
Références
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Note :
a
Pour 17 918 cas, il n’y avait pas de preuves suffisantes pour corroborer les mauvais traitements, mais la maltraitance est
demeurée soupçonnée. Dans 71 053 cas, l’enquête n’a pas permis de corroborer la maltraitance. Enfin, 61 431 cas ont fait l’objet
d’une enquête pour risque futur de maltraitance même s’il n’y avait pas eu d’allégations particulières de mauvais traitements.
Introduction
Partout à travers le monde, des millions d’enfants et de jeunes sont exposés à la violence
conjugale (VC) impliquant un ou plusieurs de leurs parents ou gardiens. La violence conjugale est
une forme de violence familiale, désignant tout comportement d’un partenaire intime ou d’un ex-
partenaire qui entraîne des préjudices physiques, sexuels ou psychologiques, et comprend
l’agression physique, la maltraitance psychologique et les comportements contrôlants et
coercitifs. Elle peut survenir dans n’importe quelle relation, quel que soit le genre ou l’orientation
sexuelle, bien que les femmes, les personnes transgenres et les personnes non binaires courent
de plus grands risques de subir la violence conjugale.1
L’exposition des enfants à la violence conjugale entraîne des coûts humains et économiques
élevés. Les enfants vivant dans des ménages violents courent un risque accru de développer des
problèmes de santé physique et émotionnelle et d’avoir des résultats scolaires négatifs tout au
long de leur vie.2–4 On estime que la douleur et la souffrance éprouvées par les enfants canadiens
exposés à la violence conjugale au cours d’une année (2009) équivalent à un coût économique de
235,2 millions de dollars,5 bien que les coûts de l’impact sur les enfants soient susceptibles d’être
beaucoup plus élevés si l’on tient compte de l’impact financier de l’intervention auprès des
enfants et des familles. Des données plus récentes provenant des États-Unis estiment à 55
milliards de dollars les coûts à vie associés à l’exposition des enfants à la violence conjugale au
cours d’une année donnée, en raison de l’augmentation des coûts due à un recours accru aux
soins de santé, à l’augmentation de la criminalité et à la perte de productivité.6
L’ampleur et l’impact de ce problème nécessitent une réponse efficace pour les enfants et leurs
familles. Une réponse globale comprend la prévention de l’apparition de la violence conjugale en
premier lieu, la détection de l’exposition des enfants à la violence conjugale et une réponse
précoce à cette exposition afin d’éviter qu’elle ne se reproduise, ainsi que le soutien pour limiter
Sujet
Le fait qu’un enfant sache que la personne qui s’occupe de lui et sur laquelle il compte pour sa
protection et son confort est victime de violence conjugale peut être extrêmement stressant pour
lui. Une telle exposition, même si elle n’est pas observée directement, est de plus en plus
considérée comme une forme de maltraitance, soit comme une forme de violence psychologique,
soit comme un type d’exposition distinct.7,8 Il est important de comprendre que les enfants
peuvent être exposés à la violence conjugale de nombreuses manières (par exemple, en voyant
les conséquences de la violence conjugale, en étant informés de la violence conjugale par un frère
ou une sœur, en subissant une diminution du rôle parental en raison de la violence conjugale). Ils
n’ont pas besoin de voir ou d’entendre directement la violence conjugale pour être affectés par sa
présence dans leur vie.9–11
Les enfants exposés à un incident de violence conjugale risquent davantage d’être exposés à
plusieurs reprises au même type de violence,12 et sont plus susceptibles de subir plusieurs types
de victimisation. C’est ce qu’on appelle la poly-victimisation.13 Une étude a révélé que parmi les
enfants et les jeunes qui avaient été témoins de violence conjugale au cours de l’année écoulée,
33,9 % avaient subi d’autres types de mauvais traitements. Parmi ceux qui avaient été exposés à
la VC au cours de leur enfance, plus de la moitié (56,8 %) avaient subi d’autres types de mauvais
traitements. Les enfants exposés à plusieurs types de victimisation sont plus susceptibles de subir
des conséquences négatives que les enfants ne subissant aucune ou une seule forme de
maltraitance.14
Problèmes
Les enfants exposés à la violence conjugale sont 2 à 4 fois plus susceptibles de présenter des
problèmes de santé mentale (SM) cliniquement significatifs.3 Il peut s’agir notamment de
symptômes d’internalisation (par exemple, l’anxiété, la dépression), de comportements
d’externalisation (par exemple, l’agressivité) et de traumatismes. Bien que les problèmes ne
soient pas suffisamment graves pour répondre aux critères diagnostiques d’un trouble de santé
mentale, ils peuvent causer une détresse et une déficience fonctionnelle importantes pour les
Il convient de noter qu’un certain nombre d’études révèlent qu’environ 30 % des enfants font
preuve de résilience à court et à moyen terme, ce qui signifie qu’ils s’adaptent avec succès face à
une adversité importante.3 Les différences dans l’adaptation des enfants peuvent s’expliquer en
partie par la présence ou l’absence d’autres difficultés dans la vie des enfants, ainsi que par les
forces et les ressources des enfants, des parents et de la famille.18
Pour éviter ou atténuer la détresse et les difficultés liées à l’exposition à la violence conjugale
chez les gardiens, il est impératif de disposer d’un éventail de stratégies efficaces pour la prévenir
et y répondre.
La manière la plus directe de prévenir les conséquences négatives de la violence conjugale pour
les enfants est de prévenir ou de mettre fin à la violence elle-même.19 À ce jour, il n’y a pas
suffisamment de preuves sur la manière de prévenir la VC (et donc l’exposition des enfants à
celle-ci), par exemple en ciblant les facteurs de risque au niveau de la société et de la
communauté tels que l’inégalité entre les sexes et la pauvreté.19 Il existe également peu de
preuves de l’efficacité des campagnes de sensibilisation du public.20 Certaines données suggèrent
que les programmes éducatifs et axés sur les compétences visant à prévenir la victimisation des
adolescents (communément appelée violence dans les fréquentations) peuvent être efficaces, en
particulier les programmes qui sont dispensés dans des cadres multiples (par exemple, la
communauté et l’école), qui sont de plus longue durée et qui font intervenir des adultes clés dans
la vie des adolescents (par exemple, les enseignants, les dirigeants communautaires).21
Cependant, les preuves sont équivoques et d’autres études concluent que ces interventions ont
peu d’effet sur l’occurrence de la violence dans les relations, ou sur les attitudes, les
connaissances ou les compétences qui peuvent être associées à la violence dans les relations.22
Les interventions ciblant les familles victimes ou à risque de maltraitance des enfants (par
exemple, visites à domicile et programmes de soutien parental), qui incluent, mais ne ciblent pas
Les enfants peuvent avoir besoin d’interventions spécifiques pour les aider à se remettre de leur
exposition à la violence conjugale chez les gardiens, mais doivent d’abord être identifiés comme
ayant besoin d’un soutien. Les données existantes sur la meilleure façon d’identifier les enfants
sont généralement peu fiables et il n’existe pas suffisamment de données permettant de
démontrer si l’identification des enfants est liée à de meilleurs résultats tels que l’accès aux soins
et l’amélioration du bien-être.29 En l’absence de preuves solides, il est suggéré que les
professionnels utilisent une approche de recherche de cas (plutôt que le dépistage), ce qui signifie
être attentifs aux symptômes et aux signaux qu’un enfant peut être exposé à la violence
conjugale et fournir une réponse initiale adaptée en fonction de la présentation de l’enfant et des
considérations de sécurité.29
Nous avons une certaine connaissance des obstacles auxquels les parents et les professionnels
sont confrontés lorsqu’ils identifient les enfants ayant été victimes de violence conjugale. Les
gardiens ayant subi la violence conjugale peuvent ne pas en reconnaître l’impact sur leurs enfants
ou penser que leur enfant n’était pas conscient de la violence. Ils peuvent également être
réticents à demander de l’aide pour eux-mêmes ou leurs enfants par crainte de devoir faire appel
aux services de protection de l’enfance et par crainte que leurs enfants ne leur soient retirés.28 Les
professionnels qui travaillent directement avec les enfants et les familles ne savent généralement
pas comment réagir lorsqu'ils soupçonnent une exposition à la violence conjugale et sont
particulièrement peu clairs lorsque la violence implique des préjudices émotionnels, mais pas
physiques.30–33 Les données disponibles suggèrent que les programmes de formation visant à
améliorer la réponse des professionnels face aux enfants ayant été exposés à la violence
conjugale peuvent améliorer les connaissances, les attitudes et les compétences cliniques des
participants jusqu'à un an après l'intervention,34 et il est recommandé de les diffuser largement.35
Les études indiquent qu’un large éventail d’interventions a été développé pour améliorer les
résultats en matière de santé mentale chez les enfants exposés à la violence conjugale et que
celles-ci varient en termes de modèle thérapeutique, d’orientation, de format et de mode de
prestation.39–42 Les concepteurs de programmes et les chercheurs se sont principalement
concentrés sur les besoins des enfants exposés à la violence conjugale en offrant des services aux
enfants directement, aux mères, ou à la fois aux mères et aux enfants.40
Il existe peu de preuves tangibles permettant de déterminer si ces interventions sont efficaces et
si elles répondent à ce que les enfants et les gardiens trouvent utile.39,42 Dans l’ensemble, il existe
relativement peu d’études qui évaluent les résultats associés à l’accès à une intervention suite à
une exposition à la violence conjugale. Les preuves disponibles sont limitées par d’importantes
barrières méthodologiques.39,40,42 L’implication pratique de ceci est que les interventions sont
actuellement menées sans preuves solides montrant qu’elles font une différence pour les enfants
et les familles, ou qu’elles font plus de bien que de mal.
Étant donné qu’il faudra encore quelques années pour que les preuves rattrapent la pratique,
quelles options les intervenants devraient-ils proposer en attendant? L’examen des études sur les
Lacunes de la recherche
À ce jour, la plupart des interventions qui visent à améliorer les résultats pour les enfants se
concentrent sur le travail avec les individus et les familles. On a peu insisté sur l’impact des
stratégies visant à améliorer les conditions aux niveaux communautaire et sociétal (par
exemple, la pauvreté) qui sont associées à un risque accru de violence conjugale. Ce travail
est nécessaire de toute urgence.
La plupart des interventions visant à améliorer les résultats pour les enfants sont proposées
au gardien non violent (souvent les mères) uniquement, aux enfants uniquement ou à la
mère et aux enfants ensemble. Il existe peu de preuves quant à l’efficacité des interventions
destinées aux gardiens qui commettent la violence conjugale, en termes d’impact sur les
conséquences pour les enfants.
La plupart des interventions ont été développées pour répondre aux enfants qui ont été
victimes de violence conjugale entre parents cisgenres, et lorsque la violence a été
perpétrée par un homme contre une femme. Il n’existe pas d’intervention explorant la
manière de soutenir efficacement les enfants victimes de violence qui se produisent entre
gardiens de diverses identités de genre ou lorsque le gardien de sexe masculin a été
victime.
Les preuves manquent sur la manière de soutenir efficacement les enfants exposés à la
violence conjugale continue entre les gardiens. Souvent, ces enfants sont exclus des
interventions et la violence continue n’est pas mesurée lors des interventions menées dans
le cadre de la recherche, ce qui crée des lacunes dans notre compréhension.
Comme pour les victimes adultes, on sait peu de choses sur la manière dont les résultats
des traitements de santé mentale fondés sur des données probantes sont affectés lorsque la
thérapie est dispensée dans le contexte d’une exposition à la violence conjugale actuelle ou
passée.
Quelles interventions sont efficaces pour prévenir la violence conjugale et l’exposition des
enfants à celle-ci?
Quelles sont les stratégies les plus efficaces pour identifier les enfants qui ont été exposés à
la violence conjugale?
Quelles interventions fondées sur des données probantes sont rentables et acceptables pour
prévenir ou réduire les préjudices une fois qu’un enfant a été exposé à la violence
conjugale?
Quel type de soutien est approprié et efficace pour les groupes d’enfants pour lesquels les
approches d’intervention actuelles ne sont pas adaptées?
Conclusions
L’exposition des enfants à la violence conjugale est un problème majeur de santé publique qui
nécessite une réponse complète fondée sur des données probantes. Les données actuelles sur
l’efficacité de chaque élément de la réponse à la violence conjugale pour atténuer les
conséquences négatives sur les enfants sont limitées. Il est urgent d’adopter des approches
fondées sur des données probantes afin de savoir ce qui fonctionne, pour qui et dans quelles
circonstances.
Les enfants qui sont exposés à la violence conjugale sont des victimes à part entière, qui peuvent
subir les conséquences d’une telle exposition tout au long de leur vie. Cependant, il est important
de se rappeler que les conséquences négatives ne sont pas une fatalité. Les forces des parents,
des familles et des communautés au sens large peuvent protéger les enfants contre les
conséquences négatives.
La prévention de l’exposition des enfants à la violence conjugale avant qu’ils ne subissent des
conséquences négatives devrait être une priorité. Lorsque les interventions visent à réduire la
déficience associée à la violence conjugale, elles devraient être associées à des efforts continus
pour prévenir la récurrence de l’exposition des enfants à la violence. Les intervenants devraient
œuvrer à renforcer le soutien aux parents survivants dans leurs efforts pour assurer la sécurité de
leurs enfants, tout en reconnaissant que de nombreux parents craignent que les informations
Les professionnels de la santé et des services sociaux de première ligne ont besoin de formation
et de soutien pour les aider à identifier les enfants susceptibles d’être exposés à la violence
conjugale dans leur famille ou qui présentent des séquelles d’une exposition passée (voir :
https://vegaproject.mcmaster.ca/). Les programmes destinés aux enfants touchés par la violence
conjugale devraient être une priorité pour les services de santé mentale. Il est essentiel de veiller
à ce que les services d’aide aux enfants et aux familles victimes de la violence conjugale soient
disponibles, accessibles et évalués afin d’en déterminer l’efficacité.43,44
Références
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Introduction
La maltraitance des enfants est un problème majeur de santé publique, susceptible d’avoir de
nombreuses conséquences néfastes. Dans cette série de publications, les auteurs fournissent des
aperçus concis des principales préoccupations et implications concrètes liées à la maltraitance
des enfants, qu’il s’agisse de violence physique,1 de négligence,2 d’agression sexuelle,3 de
violence psychologique4 ou de l’exposition à la violence conjugale.5 Ils proposent également un
aperçu de ce que nous savons au sujet de la prévention de la maltraitance des enfants et des
déficiences qui en découlent,6 ainsi qu’un résumé de l’épidémiologie de la maltraitance des
enfants,7 qui contient notamment des informations sur les taux de prévalence et d’incidence de
cette dernière au Canada. Chacun des auteurs attire l’attention des lecteurs sur le caractère
complexe de la maltraitance, sur l’importance d’en comprendre les risques et sur les facteurs de
protection qui doivent être pris en compte afin d’éviter efficacement les actes de maltraitance et
les principales implications concrètes qui découlent de certains types de maltraitance ou, le cas
échéant, de faire face à ces actes et implications. En plus de fournir des aperçus d’une importance
non négligeable, nous mettons en lumière des ressources pédagogiques à destination des
professionnels de la santé et des services sociaux qui cherchent à repérer les enfants exposés à la
maltraitance et à faire face à ces situations en toute sécurité.
Reconnaître la maltraitance
Dans chacun de ces articles, les auteurs relèvent les difficultés qui peuvent se présenter au
moment de repérer les enfants qui ont fait l’objet de maltraitance. Trocmé7 note que la présence
de blessures physiques découlant de la maltraitance est relativement rare. En effet, d’après
l’Étude canadienne sur l’incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers
les enfants réalisée en 2008, on ne trouve de blessures physiques que dans 8 % des 26 339 cas
de maltraitance avérée impliquant des nouveau-nés et des enfants jusqu’à l’âge de 5 ans.
C’est entre autres pour ces raisons que les signaux et les symptômes de la maltraitance peuvent
être difficiles à reconnaître. Par ailleurs, ils se recoupent souvent avec des manifestations d’autres
sources d’inquiétude potentielles liées à l’environnement dans lequel vit l’enfant, comme la
pauvreté ou une dépendance des parents à l’alcool ou à d’autres drogues. Howarth5 fait
remarquer que les différentes stratégies permettant de reconnaître les enfants exposés à la
violence conjugale n’ont pas réellement fait leurs preuves et, en l’absence de données probantes,
qu’il est recommandé aux professionnels d’adopter une approche axée sur le dépistage individuel
plutôt que systématique. Cette approche consiste à rester à l’affût de potentiels signaux et
symptômes de maltraitance, tout en réagissant de façon adéquate en fonction des inquiétudes
qu’exprime l’enfant et des risques potentiels liés à sa sécurité.
Le message que l’on peut tirer de ces différents aperçus est clair : il est nécessaire d’aborder la
question de la maltraitance des enfants comme un problème de santé publique, en favorisant la
prévention primaire (c’est-à-dire en évitant que la maltraitance ait lieu), en évitant que la
situation se répète une fois la maltraitance repérée et en faisant le maximum pour éviter que des
déficiences découlant de la maltraitance ne surviennent. Comme l’ont fait remarquer tous les
auteurs, les efforts de prévention impliquent de réduire les facteurs de risque et de renforcer les
facteurs de protection à tous les niveaux socioécologiques, qu’il s’agisse des facteurs de risque
individuels (p. ex., les caractéristiques de l’enfant ou des parents, comme l’isolement social ou
des actes de maltraitance commis par le passé), familiaux (p. ex., un manque d’attachement
entre le parent et l’enfant), communautaires (p. ex., un taux de chômage élevé) ou sociétaux (p.
ex., l’existence de politiques conduisant à un faible niveau de vie). Par exemple, Dubowitz et
Poole2 précisent que pour prévenir la négligence à l’égard des enfants, il faut maîtriser les
facteurs de risque liés à la négligence, tels que la pauvreté et le chômage. Le fait d’avoir des
opportunités d’emploi flexible peut en revanche être un facteur de protection pour les familles.
Wekerle et Smith4 expliquent qu’il est nécessaire de mettre en place des politiques afin de
promouvoir la sécurité, le bien-être et le droit des enfants à vivre dans un environnement exempt
de violence sous toutes ses formes. Ils suggèrent également que la mise en place de programmes
centrés sur la résilience peut contribuer à atténuer les effets de la violence psychologique. Collin-
Vézina et Milne3 soulignent que le risque de violences sexuelles est plus élevé chez les filles, mais
ces données peuvent être en partie expliquées par le fait que les garçons sont plus réticents à
avouer qu’ils en ont été victimes. De plus, le risque de violences sexuelles s’accroît avec l’âge : en
effet, c’est entre 12 et 17 ans qu’on recense le plus de victimes. Howarth5 précise que, bien que
toutes les relations puissent être source de violences conjugales, les femmes ainsi que les
personnes transgenres et non binaires ont plus de risques de faire l’objet de violences conjugales.
Barlow6 décrit de nombreuses limites relatives aux données actuelles sur les interventions ayant
pour but d’empêcher la maltraitance et les déficiences qui en découlent. Parmi ces limites, on
trouve le manque de méthodologies de recherche rigoureuses pouvant servir à évaluer l’efficacité
des programmes, la grande diversité d’instruments de mesure utilisés au sein d’une même étude
et dans les différentes études, la confiance excessive accordée aux autoévaluations des parents
et aux mesures de substitution des résultats et, de façon générale, le manque de recherches dans
les pays à faibles ou moyens revenus. Malgré ces limites, Barlow6 met en lumière certaines
initiatives prometteuses, comme le programme de Pratiques parentales positives (Triple P) et
l’organisation Nurse-Family Partnership, qui œuvrent pour la prévention primaire de la
maltraitance, le recours à la formation interactive parent-enfant et à l’association SafeCare pour
prévenir la récurrence de la maltraitance, et l’usage de la thérapie cognitive comportementale
axée sur le traumatisme pour les enfants ayant fait l’objet de violences sexuelles et présentant
des symptômes associés aux troubles du stress post-traumatique.
Malgré les limites que présentent les données disponibles à l’heure actuelle, certains auteurs de la
série proposent de bonnes pratiques auxquelles les professionnels de la santé et des services
sociaux peuvent avoir recours pour venir en aide aux enfants et aux familles lorsqu’il y a suspicion
de maltraitance ou maltraitance avérée. Par exemple, Dubowitz et Poole2 présentent les six
principes suivants, qui peuvent aider les professionnels de la santé et des services sociaux à
adapter leurs services aux besoins uniques des enfants et de leur famille : « 1) dialoguer avec les
personnes qui contribuent au problème, 2) tisser une relation d’entraide avec la famille, 3) établir
des objectifs clairs et réalisables et mettre en place des stratégies pour atteindre ces derniers
conjointement avec la famille, 4) surveiller attentivement la situation et adapter les objectifs et les
stratégies au besoin, 5) prendre en compte les besoins spécifiques des enfants victimes de
négligence et ceux des autres enfants du foyer, et 6) faire en sorte que les interventions soient
coordonnées et que les professionnels impliqués collaborent efficacement ». En attendant que la
recherche avance et propose des programmes efficaces fondés sur des données probantes afin
d’empêcher la maltraitance et les déficiences qui en découlent, les bonnes pratiques présentées
ci-dessus peuvent s’avérer utiles et servir de base aux professionnels de la santé et des services
sociaux.
Conclusion
Étant donné les conséquences qu’elle peut avoir sur la santé physique et mentale des individus, la
maltraitance des enfants a un coût très élevé, tant sur le plan humain que financier. Les politiques
mises en place devraient être axées sur la prévention de la maltraitance, ainsi que sur
l’atténuation des facteurs de risque associés à cette dernière (comme la pauvreté et le chômage).
Bien que les recherches sur les interventions efficaces en matière de prévention de la
maltraitance et des déficiences qui en découlent soient pour l’instant limitées, il existe quelques
programmes prometteurs. Même si renforcer la prévention primaire reste la priorité, le projet
VEGA fournit de précieuses ressources éducatives aux professionnels de la santé et des services
sociaux, afin de leur permettre de reconnaître efficacement les enfants susceptibles de faire
l’objet de maltraitance et de faire face à la situation en toute sécurité.
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