DEMAIN

L'EUROPE.
Des idées pour le futur des
relations euro-africaines.
 SOMMAIRE

01 03 05
L'Afrique, Retour vers le Demain nos
priorité futur des comptes
européenne ? l relations

07 09 11
Demain, nos
Demain, nos Demain, l'impact
santés
investissements

13 15 17
Demain, la Demain, le Ce dont demain
gouvernance climat, et les a besoin
hommes.
 DEMAIN L'EUROPE

JE M'ENGAGE POUR L'AFRIQUE. PAGE 1

L'AFRIQUE,
PRIORITÉ EUROPÉENNE?
A première lecture, la stratégie européenne vers l’Afrique semble avoir
été construite par échelons sur les vingt dernières années. En effet,
depuis 2002, l’Union Européenne a initié une série de négociations
commerciales avec les pays d’Afrique, Caraïbes et Pacifique avec pour
objectif la conclusion de partenariats économiques, notamment avec
des groupements sous-régionaux. Derrière ces accords, un objectif
central : l’intégration progressive et sans heurts des Etats ACP dans
l’économie mondiale, et l’éradication de la "pauvreté.”

Pratiquement deux décennies plus tard, les résultats de ces actions

restent mitigés tant pour l'Afrique que pour l'UE. En effet, l’accord entre
l’UE et les pays ACP (Accord de Cotonou) a permis une coopération sur
les questions de sécurité et amorcé une coopération sur les migrations ;
toutefois, la marge de progression en matière de développement social
et humain est importante.

Le renouvellement de l’accord est un ajustement de l'intention première

et un nouvel alignement sur les politiques publiques structurelles entre
l’UE et les ACP. Les cinq thématiques choisies (changement climatique,
développement humain et social, paix & sécurité, et migrations et
mobilités) semblaient être assez transversales pour fédérer les deux
régions autour d’actions fortes et significatives.
Force est de constater que la réalité reste tout de même en deçà des
espérances collectives. A l’aube d’une nouvelle présidence française de
l’UE fortement attendue, le sujet de la relation avec l’Afrique semble
rester marginal.
Surprenant, dans la mesure où la présidence française au Conseil de
l’UE constitue une triple opportunité :
Pour la France : nul ne peut contester les relations privilégiées entre
la France et l’Afrique. Nul ne peut contester que depuis 2017, des
initiatives ont été lancées sous l’impulsion du président Macron pour
concrétiser le nouveau partenariat entre la France et l’Afrique (le
Conseil présidentiel pour l’Afrique, le programme Talent en Commun,
le Pass Africa…)
Pour les pays de l’UE : des initiatives ont été lancées dans d’autres
pays de l’UE avec une approche et une grille de lecture différentes
de la France dont il serait intéressant de s'inspirer.
Pour les afro – optimistes que nous sommes : cela nous oblige a nous
penser au pluriel, faire de l’Europe un tremplin pour la souveraineté
économique et sociale du continent africain, tant par les actions
menées au niveau supra national que local.

1
 DEMAIN L'EUROPE

JE M'ENGAGE POUR L'AFRIQUE. PAGE 1

Surprenant également quand on lit avec attention le discours fondateur
de Ouagadougou du Président de la République : « Je veux être à vos
côtés. Celui qui aidera l'Europe à saisir cette chance, celle d'écouter la
jeunesse africaine, d'en tirer le meilleur et de mettre son potentiel au
profit de l'ensemble du monde ».

Aujourd’hui plus que jamais, de Lomé à Abidjan, de Marrakech à Dakar,

le sentiment anti français est une réalité comme en attestent les
mouvements de protestation qui se sont démultipliés ces deux
dernières années. La France pourrait de fait se placer en véritable
pivot de la nouvelle relation entre l’Europe et l’Afrique. Où est son
action concrète ?

Créer des liens de coopération forts entre l’Afrique et l’Europe pourrait

constituer une véritable barrière au sentiment anti-français, et montrer
la force d'une union forte entre les deux rives. La construction d’égal à
égal doit passer par un dialogue entre organisations supranationales.
Ce n’est pas simplement une question de posture, mais bien une
question de coordination et d’efficacité des actions entreprises. Citons
par exemple une mise en œuvre d’une politique d’aide au
développement plus coordonnée et plus efficace ou une meilleure
lisibilité des actions et des programmes européens existants pour les
diasporas africaines et européennes vivant dans l’une ou l’autre région.
Ces actions sont sine qua none à la construction d’une nouvelle
dynamique apaisée, proactive et porteuse d’idées nouvelles.

Encore faudrait-il en être l’instigateur. Une chance pour la France qui

demain sera aux rênes de l’UE.

Chez JMA, nous avons décidé de rassembler de jeunes afro-

optimistes, à mi-chemin entre l’Europe et l’Afrique pour nous
partager leur vision sur les sujets qu’ils considèrent centraux pour la
construction d’une relation proactive, productive et positive entre
les deux continents.

AMINA & ILEANA

Co-fondatrices de JMA

2
RETOUR VERS
LE FUTUR DES
RELATIONS
La renégociation des accords de
Cotonou avec les pays ACP doit
désormais prendre en compte la
nouvelle donne africaine. L’Afrique
s’est, depuis 2000, consolidée en
matière de gouvernance et
d’intégration régionale avec La présentation le 9 février dernier,
l’instauration de la Zlecaf comme du nouvel agenda pour la
point de départ de la constitution Méditerranée marque la volonté de
d’un ensemble commercial inédit l’Union Européenne de développer et
accélérant de fait la transition du d’élargir la coopération avec les pays
continent vers une croissance de la rive sud, dans un contexte de
économique soutenue et durable. déstabilisation de la région. La faible
Par le rôle croissant de l’Union intégration du Maghreb réduit les
Africaine dans la définition d’une opportunités de développement
vision stratégique du commercial et économique alors
développement du continent, même que Bruxelles entretient de
déployée par l’Agenda 2063, l’Union très bonnes relations avec
européenne doit composer avec ces l’ensemble des pays de la région. Les
changements structurels positifs précédents heurts à la frontière
devant mener in fine à l’élaboration marocaine sont la principale ombre
d’un partenariat gagnant-gagnant au tableau et font resurgir les
que les commissaires européens problèmes migratoires qui
appellent régulièrement de leur concernent l’ensemble des pays
voeux. voisins et en particulier ceux de la
À l’approche de la Présidence bande sahélienne. Adopter une
française du Conseil de l’Union vision et une approche continentale
européenne et du sommet UE-UA semble, en tout cas sur cette
de février prochain, il est important question, être davantage pertinente
de faire le bilan de cette année puisque les flux de migrations
charnière dans le renouvellement du clandestines prennent aussi racine
partenariat entre l’Europe et dans les zones situées au sud de
l’Afrique. l’Afrique.
RETOUR VERS LE FUTUR DES RELATIONS
“S’affranchir de la relation donateur-
bénéficiaire”, c’est en somme le La réunion interministérielle UE-UA qui s’est
message que l’Europe a souhaité déroulée à Kigali en préparation du sommet,
adresser aux différentes parties a permis de définir une nouvelle fois les
prenantes à travers le rapport du priorités de la coopération entre les deux
Parlement européen présenté par continents. Nous pouvons saluer
Chrysoula Zacharopoulou devant la l’organisation de ces rencontres qui
Commission européenne en février. représentent des instances de dialogue et
L’occasion pour la députée européenne de négociations privilégiées permettant de
de rappeler les principaux axes renforcer cette gouvernance mutualisée
stratégiques sur lesquels l’UE souhaite intercontinentale.
faire reposer son partenariat avec 2021, s’achève par le lancement du Global
l’Afrique. Dans ses intentions, l’Europe Gateway présentée par la Présidente de la
a témoigné son désir de s’engager Commission Européenne Ursula Von der
dans l’adoption d’un nouveau Leyen. Ce programme d’investissement,
paradigme. La multiplication des dont l’Afrique est directement concernée, a
rencontres, dialogues et interventions le mérite d’être ambitieux. Pour autant, il
d’éminents dirigeants européens n'est pas sans rappeler l’initiative chinoise
comme Jutta Urpilainen ou Josep de la Belt and Road, qui fait face à de
Borrell auprès des gouvernements et nombreuses difficultés sur le continent.
des société civiles du continent atteste L’Europe propose certes un modèle
de cette démarche de proximité qui alternatif probablement plus respectueux
manquait cruellement dans l’approche de ses partenaires. Néanmoins Bruxelles
diplomatique et politique de l’UE en doit prendre garde à ne pas tomber dans
Afrique. une compétition stérile avec Pékin et donc
ne pas appréhender l’Afrique comme une
Le récent Forum du Partenariat ressource supplémentaire dans sa quête de
Afrique-Europe sur l'Énergie a mis en puissance.
lumière le coût considérable de
l’inaction dans l’atteinte des objectifs
énergétiques ainsi que le besoin des
pays africains et des entreprises de
bénéficier de la transition énergétique, L’EUROPE A BEAUCOUP PLUS À
en intégrant l’hydrogène vert et PROUVER QU’ELLE N’A D’ACQUIS EN
d’autres secteurs émergents. Les AFRIQUE. SI ELLE NE SE MONTRE PAS
experts ont rappelé une fois de plus SUFFISAMMENT À L’ÉCOUTE, LES
avec vigueur que cette transition IMMENSES DÉFIS AUXQUELS LES
constitue un levier majeur DEUX CONTINENTS DOIVENT FAIRE
d’industrialisation, d’innovation, de
FACE RELÈVERONT DÉFINITIVEMENT
mobilité durable, de création d’emplois
DE L’IMPOSSIBLE.
en particulier pour les femmes et les
jeunes.

SOFIANE OUBELA.
 DEMAIN L'EUROPE

DEMAIN NOS COMPTES

LA BIBANCARISATION COMME LEVIER DE
DÉVELOPPEMENT POUR LE CONTINENT PAR
LES DIASPORAS
Les transferts d’argent effectués par la diaspora
africaine représentent plusieurs milliards d’euros
et peuvent parfois être supérieurs au montant
de l’aide publique au développement dans
certains pays du continent. En 2019, les
transferts auraient atteint 76 milliards d’euros
selon la Banque mondiale. Ce montant n’inclut
pas les transferts informels qui sont
considérables. La diaspora contribue de manière
notable au PIB des pays africains et nul ne peut
nier l’impact positif de ces transferts, qui ne
relèvent plus que de la sphère familiale. La
diaspora désire désormais investir dans le pays
d’origine.
Les membres de cette diaspora en Europe sont
devenus des acteurs majeurs du développement
de leur pays d’origine. Et pourtant l’Afrique reste
la région la plus onéreuse pour les transferts
d’argent dont les commissions varient et
peuvent atteindre 20%. Ces commissions
favorisent les transferts informels et fragilisent
l’impact de ces derniers.

De plus, les institutions financières des pays d’origine de

cette diaspora ne peuvent proposer de services/produits
financiers adaptés car elles se heurtent au droit positif des
différents pays européens.
La bibancarisation permettrait aux institutions financières de
se positionner sur ce marché de transfert d’argent afin d’y
réduire considérablement les coûts et d’offrir aux diasporas
des alternatives de financement et de placement. Face au
poids grandissant de cette source de financement extérieur,
il est nécessaire que les pays africains et européens
prennent pleinement conscience des opportunités de
financement que peuvent représenter ces transferts qui
contribuent notablement au développement du continent
africain.
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 DEMAIN L'EUROPE

DEMAIN NOS COMPTES

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IM P A

M
ET
RI
CS

IDÉES POUR DEMAIN.

Assouplir les modalités de commercialisation des services
bancaires et financiers étrangers sur le continent.

Élargir l’autorisation de commercialiser leurs services aux

établissements de paiement et de monnaie électronique
africains.

Uniformiser en Europe les conditions de

commercialisation de ces services bancaires et financiers
afin de permettre aux différentes diasporas d’Europe d’y
accéder.

Coopération avec les responsables des différents pays

du continent afin de réduire les commissions de
transferts d’argent en accord avec l'ODD 10 C (réduction
à 3% d'ici 2050) et les autres commissions associés aux
services/offres de placement afin de favoriser la
souscription.

01 6
 DEMAIN L'EUROPE

Demain, nos investissements

Le sommet UE-UA intervient dans un contexte de

transformation du financement des économies
africaines, dans lequel de nouveaux acteurs (Chine,
Turquie, Etats du Golfe) ainsi que le secteur privé sont
amenés à jouer un rôle croissant. Ce sommet intervient
également dans un contexte de remise en cause de
l’aide au développement et de son fonctionnement par
les sociétés civiles, les diasporas, ainsi que plusieurs
chefs d’Etats africains.

L’Europe dispose d’une position centrale dans le

financement des économies africaines. Selon le FMI
(2020), l’UE est le premier partenaire commercial du
continent africain (242 Mds EUR d’échanges en 2020,
contre 125 pour la Chine et 46 pour les Etats-Unis). La
moitié des dix premiers investisseurs en Afrique sont
européens.

Alors que 28 % de l’APD de l’UE est dédiée à l’Afrique

subsaharienne, l’imbrication des bailleurs africains et
européens est déjà forte. L’Afrique représente 34 %
des financements hors Europe de la BEI –qui a installé
en novembre son deuxième siège à Nairobi, après
Luxembourg-, et la BERD projette de développer ses
activités en Afrique subsaharienne. Ces deux banques
sont particulièrement mobilisées dans le financement
du secteur privé, ainsi que sur les financements
climats. L’Allemagne, la France, l’Italie, le Royaume-
Uni, la Suède et la Suisse comptent parmi les 20
premiers actionnaires de la BAfD, et totalisent 15 % du
pouvoir de vote à son board.

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 DEMAIN L'EUROPE

DEMAIN NOS assurances

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ET
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CS

IDÉES POUR DEMAIN.

Ces propositions visent à renforcer les relations économiques euro-

africaines, tout en constituant une offre européenne différenciante par
rapport aux autres bailleurs du continent.
Mettre en place une instance de pilotage conjointe des principaux
bailleurs européens et africains (BAfD, BEI, BERD, AFD, GIZ, Enabel…)
afin de définir à échéances régulière des secteurs et domaines d’action
prioritaires pour les acteurs des deux continents.
Renforcer le cadre normatif euro-africain, en termes d’ambition
environnementale, de respect des droits humains, de standards de
qualité, de normes commerciales afin de favoriser à la fois les
producteurs européens et africains. La mise en place d’une préférence
accordée aux entreprises européennes et africaines dans les appels
d’offre des bailleurs européens et africains pourrait y contribuer.
Adapter et calibrer davantage les financements des bailleurs européens,
en facilitant notamment les outils de partage des risques (risk sharing
facilities), de prêts aux PMEs, et de soutien aux sociétés civiles ; ainsi
qu’en renforçant les collaborations avec les banques de développement
régionales (TaDB, BOAD).
Dans la lignée de l’initiative Global Gateways, dédier une part
substantielle des budgets à la coordination entre bailleurs européens
(bilatéraux et multilatéraux) en Afrique.
Renforcer la mise en place de Zones économiques spéciales dédiées aux
partenariats euro-africains, de même que les ZES à capitaux
majoritairement chinois dans plusieurs Etats, le renforcement des zones
permettant les échanges, la formation, le développement d’unités de
production euro-africaines pourrait être valorisé.
Accompagner mise en place d’outils financiers sur lesquels existe une
expertise française et européenne (fonds souverains, fonds verts, green
bonds, debt to climate swap).

01 8
 DEMAIN L'EUROPE

DEMAIn L'impact
Depuis 2017, l’Union Européenne (UE) a
présenté de grandes ambitions de
financement du développement durable en
Afrique, en particulier à travers le plan
d’investissement extérieur de l’UE (the EU
External Investment Plan), où l’objectif était
de mobiliser 5.1 milliards d’euros afin de
faciliter 50 milliards d’euros d’investissement A ce titre, près de 60 milliards d’euros de
dans des projets climatiques et/ou de garanties ont été déployés à travers le
création d’emploi sur le continent. programme du plan d’investissement
L’investissement dans le secteur privé est européen et 35 milliards d’euros
perçu comme un élément clé pour y parvenir, additionnels ont été engagés à travers
comme présenté dans la stratégie de l'UE l’Alliance Afrique-Europe pour
pour l'Afrique publiée en mars 2020. l’investissement et l’emploi durables entre
2014 et 2017.
Consciente des préoccupations de risques et
de rentabilité des investisseurs privés, l’UE a Cette mobilisation est encourageante pour
mis en place des programmes de financement le secteur financier Africain, mais encore
“mixte” permettant à la fois de proposer des trop timide pour permettre de financer le
facilités de financement pour le secteur privé montant évalué par le CNUCED de 200
tout en proposant des mécanismes de milliards d’euros annuels nécessaires pour
“blended finance”, tels que les garanties, les financer les Objectifs de Développement
facilités de première perte ou d’assistance Durable de la région. Force est de constater
technique, ayant pour objectif de réduire le qu’il reste encore difficile pour l’UE d’attirer
de nouveaux investisseurs d’impact et
risque perçu des transactions alignées avec
d’avoir une visibilité claire sur les besoins de
les objectifs du partenariat UE-UA et
financement sur le terrain, en particulier
générant un impact social et environnemental
lorsqu’il s’agit d’atteindre les petits projets
plus important. Autrement dit, en mettant à
qui ne rentrent pas dans les critères des
disposition des facilités de subventions ou de
fonds mis en place au niveau institutionnels.
garanties, qui peuvent financer les pertes des
En conséquence, les fonds continuent à être
projets d’impact social plus risqués, l’UE attire
trop souvent alloués aux grandes
davantage de capitaux privés sur ces projets,
institutions multilatérales de
augmentant ainsi le montant total des
développement, qui elles-même, dû à leur
financements disponibles pour des projets
structures de coûts élevées et à leur
d’impact social tout en apportant une certaine
manque de contacts avec le terrain,
efficacité à l’aide au développement.
continuent à investir et à soutenir les plus
gros fonds d’investissements en qui elles
ont confiance, souvent eux-mêmes
européens. Cela crée une spirale basée sur
un biais de confirmation excluant les
nouveaux entrants, et les acteurs locaux - et
peut générer des biais financiers importants
excluant les porteurs de projets locaux et
éloignant les fonds du terrain.

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 DEMAIN L'EUROPE

DEMAIN NOS INVESTISSEMENTS

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IDÉES POUR DEMAIN.

Prioriser davantage les fonds locaux afin d’assurer un meilleur suivi

sur le terrain et renforcer les capacités de financement localement
pour réduire la dépendance des investissements étrangers.
Prioriser davantage les fonds portés par des africains et les
femmes, afin de réduire les biais d’investissements envers les
porteurs de projets locaux et promouvoir l’entrepreneuriat féminin.
Favoriser l’accès au capital et aux facilités de subventions à tous les
acteurs de l’investissement africain à travers un marché digital
transparent et inclusif permettant aux fonds locaux de mieux
comprendre et s’informer sur les opportunités de financement
d’impact de l’UE.
Mettre en place une méthodologie de calculs d’impact social en
ligne avec la stratégie et le partenariat UE-UA afin de pouvoir
aligner les objectifs des fonds financés sur les objectifs de
développement des institutions.
Mettre en place un bailleur neutre, chargé de l’implémentation et du
financement de la stratégie UE-UA, permettant la bonne
coordination des institutions multilatérales de développement -
telles que la BEI, la BAD -, les institutions financières du
développement de chacun des pays membres - telles que l’AFD, la
KFW et le FMO - et les fonds de garanties afin de focaliser les
financements disponible sur des projets durables locaux.

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 DEMAIN L'EUROPE

DEMAIN NOS SANTés

A SANTÉ DANS TOUTES LES POLITIQUES PUBLIQUES :
UNE NÉCESSITÉ POUR UNE AFRIQUE SOUVERAINE.
La crise de la COVID-19 a mis en
lumière plusieurs défaillances dans
les systèmes de santé mondiaux de
manière générale et africains plus
particulièrement. En effet, les
carences en matière de
médicaments, de dispositifs
médicaux et de vaccins n’ont fait
qu’accentuer les retombées de la
crise sanitaire sur la population et la
dépendance sanitaire du continent
vis-à-vis de l’Europe, de l’Asie et des
États-Unis.

Afin de palier à ces difficultés et

mettre à profit la capacité de
production du continent, plusieurs Cependant, l’action des
initiatives multilatérales décousus organisations philanthropiques
ont vu le jour. Parmi ces initiatives, prégnante sur le continent ne
on peut compter celle initier par le fait qu’accentuer sa dépendance
CDC Africa, le G7 UK manufacturing vis-à-vis de la solidarité
platform, le High Level Independent internationale sans réelle
solution pour lui permettre une
Panel on Financing the Global
autonomie future complète. De
Commons for Pandemic
plus, cela créerait un effet
Preparedness and Response mené
d’éviction sur l’investissement
par la Fondation Gates, la Team
privé et empêcherait la formation
Europe Initiative qui a pour volonté d’une industrie de santé
de débuter ses travaux dans un africaine compétitive.
certain nombre de pays à potentiel
(Nigéria, Tanzanie, Égypte, Éthiopie,
Maroc, Ghana, Kenya) ainsi que
l’initiative ACT-A qui élargit ses
discussions pour englober la
question de la production locale.

01 11
 DEMAIN L'EUROPE

DEMAIN NOS Santés

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CS

IDÉES POUR DEMAIN.

Construire une agence africaine du médicament (AMA) solide et pérenne pour
accompagner la montée en puissance du continent en terme de production
pharmaceutique et créer un écosystème durable et propice à cet effet.
Faire appel à des business model innovants pour la production pharmaceutique. La
volonté du secteur privé de s’engager étant primordiale, il serait nécessaire d’adopter
une approche systémique visant à attirer les investisseurs et favoriser la création de
“nids à potentiels” comme des universités et autres pôles de formation. Il faudrait
également inciter à la mise en place de partenariats publics-privés d’infrastructures
pouvant accueillir des startups, des PME, et de développer des programmes de soutien
aux entreprises et aux entrepreneurs.
Former des ressources humaines locales compétentes pour accompagner la montée en
puissance de ce secteur industriel. Un travail avec l’Académie mondiale de la santé à
Lyon pourrait permettre d’assurer une partie des formations nécessaires aux futurs
professionnels de l’industrie pharmaceutique africaine. Il est aussi possible de favoriser
les partenariats de formations universitaires et professionnelles avec les pays dont le
secteur est puissant.
Favoriser la coopération au sein du continent africain, pour éviter une concurrence
contre-productive sur le marché.
Créer des hubs régionaux et réaliser une cartographie des centres de production de
produits de santé sur le continent africain. Ce travail permettra non seulement de
capitaliser sur les capacités de production existantes (essentiellement en Afrique du
Nord et en Afrique du Sud) mais également de créer des centres de recherche et
d'enseignement pouvant assurer à l'Afrique une indépendance quant au développement
de ses propres produits de santé répondant aux besoins de sa propre population.
Mettre en place un comité de pilotage intergouvernemental au niveau ministres ou
chefs d’État afin d’assurer la coordination tes travaux, en abordant les obstacles et les
moyens d’y palier. Ce travail nécessitera la mise en place de groupes de travail
techniques composés d'experts dans le domaine afin d’éclairer la prise de décisions.
Développer une offre de formation continentale afin de limiter les fuites de cerveaux.
Cette offre devra réunir l’ensemble des compétences techniques fondamentales pour la
production des produits de santé.

12
 DEMAIN L'EUROPE

DEMAIN la gouvernance

Bien que chaque pays soit sujet à ses propres

contraintes et dynamiques internes en termes
de gouvernance, l’indice de liberté attribué par
Freedom House permet toutefois d’observer
des tendances générales. En effet, certains
pays ont maintenu leur statut de pays « libres » Au sein de l’Union européenne (UE), on
entre 2013 et 2021, à l’instar de l’Autriche, du observe des atteintes à l’Etat de droit dans
Botswana ou de la Slovaquie, tandis que certains pays, en particulier en ce qui
d’autres ont conservé leur statut de pays « non
concerne l’indépendance du pouvoir
libres », comme cela a été le cas pour l’Algérie,
judiciaire et des médias. Le Conseil
le Cameroun ou la Somalie. Un petit nombre de
pays ont enregistré une amélioration de leur européen a constaté dès 2017 « l’existence
niveau de liberté, passant du statut de pays d’une violation grave et persistante »
« partiellement libre » à celui de pays « libre », (article 7, Traité sur l’Union européenne)
tel que cela été le cas en Tunisie, tandis que des valeurs fondatrices de l’UE par la
d’autres ont fait le chemin inverse, comme cela Pologne, suivi par un même constat au sujet
a été le cas pour la Hongrie. de la Hongrie en 2018. Cette situation s’est
depuis lors détériorée, comme l’ont
L’année 2021 a été marquée par une
souligné les eurodéputés en 2020, ceux-ci
augmentation du nombre de coups d’Etat sur le
continent africain, notamment de nature ayant exprimé leur inquiétude quant à la
militaire, avec des prises de pouvoir non dégradation du système démocratique et
régulières au Mali, en Guinée et au Soudan. aux discriminations croissantes envers les
D’autres pays ont par ailleurs connu des personnes LGBTI en Pologne. Enfin, les
transitions contestées du fait de circonstances journalistes Giorgos Karaivaz et Peter de
exceptionnelles, comme cela a pu être le cas Vries ont été assassinés respectivement en
au Tchad et en Côte d’Ivoire. A l’inverse, la
Grèce et aux Pays-Bas pour leurs activités
Gambie a connu depuis le retrait du Président
journalistiques.
Yahya Jammeh en 2017 une transition vers
davantage de liberté, celle-ci étant notamment
marquée par la mise en place d’une En termes de participation des femmes à la
Commission vérité, réconciliation et politique, l’Europe est la région qui compte
réparations (TRRC) pour juger les crimes le plus de pays dirigés par une femme. La
commis durant la présidence de l’autocrate proportion de femmes ministres a connu
Yahya Jammeh entre 1994 et 2017. La remise une augmentation en Europe et en Afrique,
du rapport de la Commission le 25 novembre
les plus fortes progressions étant
2021 après deux années d’auditions et la tenue
enregistrées en Lituanie, en Belgique, en
de l’élection présidentielle multipartite le 4
décembre 2021 indiquent une volonté de Namibie et en Tunisie. Le Rwanda se
tendre vers une gouvernance plus juste et démarque par sa proportion record de
respectueuse du cadre démocratique. femmes parlementaires et son nombre
élevé de femmes ministres, ces dernières
représentant 54,8 pour cent de l’exécutif.

13
 DEMAIN L'EUROPE

DEMAIN NOS données

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IM P A

M
ET
RI
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IDÉES POUR DEMAIN.

Parce que la préservation et l’approfondissement de la démocratie de part et
d’autre de la Méditerranée requiert un engagement continu, le Sommet UE-UA
prévu dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’UE constitue une
formidable opportunité pour affirmer une volonté partagée de renforcement
d’une culture démocratique respectueuse des droits fondamentaux.
Idées pour demain.

Créer un programme paritaire de jeunes leaders européens et africains,

associé au Fonds pour la démocratie en Afrique, qui réunisse des acteurs
issus de la société civile engagés en faveur du renforcement de la
démocratie et de l’Etat de droit. Celui-ci faciliterait le partage d’expérience
entre citoyens, permettant ainsi de renforcer la compréhension mutuelle sur
l’état des lieux de la gouvernance dans divers contextes nationaux. Les
jeunes leaders auraient également l’opportunité d’apprendre directement de
l’expérience de mentors issus de gouvernements et d’ONG.
Sélectionner dix projets d’innovation démocratique en Europe et en Afrique
qui seraient accompagnés pendant un an par une coalition d’acteurs de haut
niveau, facilitant la pérennisation de ces initiatives.
Soutenir un journalisme de qualité en développant des formations
universitaires entre institutions des deux continents, dont l’aboutissement
serait la réalisation d’un reportage journalistique portant sur des sujets
relatifs à la fois à l’Afrique et à l’Europe.
Soutenir l’action des femmes dans le domaine de la gouvernance publique à
l’occasion d’une séquence « Femmes & Gouvernance », afin de mettre en
lumière l’importance de leur implication aux niveaux national et local, mais
aussi les barrières auxquelles elles continuent de faire face.

01 14
 DEMAIN L'EUROPE

DEMAIN, le climat et les hommes.

Le sommet UE-UA intervient dans un contexte mondial qui nécessite des

mesures fortes sur le sujet du changement climatique après une COP26
décevante. L’aide promise aux pays en développement de 100 milliards par an
suite aux accords de Paris a plafonné à 79,6 milliards en 2019. L’Afrique ne
concentre que 26% des financements alors qu’elle représente 40% des pays
éligibles. La France, l’Allemagne et la Commission européenne représente un
tiers du financement climatique du continent.

L’Afrique est le continent le plus vulnérable au changement climatique alors

qu’il émet à peine 3% des émissions carbones. D’après un récent rapport de
la Banque mondiale, le continent pourrait enregistrer plus de 100 millions de
migrants climatiques internes à l’horizon 2050. L'ampleur des migrations
climatiques internes pourrait toutefois être réduite de 30% dans la région du
lac Victoria et de 60% en Afrique de l'Ouest si des efforts sont entrepris pour
favoriser un développement vert, inclusif et résilient.

L’Afrique du Nord est l’une des régions les plus touchées par les effets du
changement climatique au niveau mondial. La région étant en état de stress
hydrique, 90% des enfants de la région vivent dans des zones où les
ressources en eau viennent à manquer. L’Union européenne risque d’être la
première région d’émigration des populations fuyant les effets du
changement climatique.

15
 DEMAIN L'EUROPE

DEMAIN NOS energies

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IDÉES POUR DEMAIN.

Ces propositions visent à renforcer les relations euro-africaines dans le
domaine du changement climatique :

Instituer un interlocuteur unique représentant les bailleurs européens

et africains pour permettre une meilleure répartition des
financements en fonction de leur importance ;
Développer une stratégie commune UE-UA dans le domaine de
l’hydrogène par l’extension de la stratégie et l’alliance européenne
pour l’hydrogène. Cela favoriserait le développement d’une expertise
mutualisée et le déploiement d’infrastructures adaptées ;
Inclure un indice de vulnérabilité physique au changement climatique
dans les critères d’allocation de financement des projets liés au
changement climatique ;
Soutenir les pays africains dans la mise en place d’outils de
diagnostic permettant de mieux comprendre les facteurs des
migrations climatiques internes et d’y répondre ;
Favoriser les investissements publics dans les projets d’adaptation
au changement climatique ;
Intégrer le sujet des migrations climatiques internes dans les plans
d’aide au développement européen sur le continent africain.

01 16
 CE DONT DEMAIN A
BESOIN.
Demain l’Europe pourrait trouver en l’Afrique un vrai partenaire, pas
simplement commercial ou une destination touristique, plutôt qu'un
simple "poste de coût" par l’aide au développement.
Demain l’Europe pourrait trouver chez son homologue africain la
possibilité d’innover ensemble, de faire avancer les enjeux de
développement durable conjointement, de combattre les inégalités et
de faire fructifier les économies - si tant est que l’engagement des
dirigeants soit au rendez-vous.
Sans action forte des Etats et l'ambition de faire de ce partenariat
une relation d’égal à égal, l’asymétrie des interactions résultera
forcément en un ressentiment de part et d’autre.

Les symptômes de plus en plus visibles du vivre ensemble ébranlé en

Europe, couplés à une défiance qui s’exprime de plus en plus
fortement au sud de la Méditerranée devraient pourtant suffire à
alerter les dirigeants sur le besoin criant de changer de paradigme, et
penser l’Europe et l’Afrique comme des entités propres et capables de
se construire autrement.

Cela passe par les nouvelles générations, c’est évident. Celles qui
constituent des ponts, des liens affectifs, humains, professionnels
entre les deux rives, celles qui ont fait leurs études à Rome, leur
Erasmus à Sofia, leur stage à Cotonou et leur VIE à Rabat. Ces
jeunesses sont aujourd’hui prêtes à s’investir pour les deux
continents.

Écoutons les. Accompagnons les, et laissons leur la place

d'exprimer leurs idées.

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 DEMAIN
L'EUROPE.
Des idées proposées par :

Aina Andremanisa
Amina Zakhnouf
Hakim Benbadra
Sofiane Oubela
Sarah Pellerin
Mélanie Keïta
Sofia El Mrabet
Ileana Santos
... et les contributeurs privilégiés de JMA.