Stratégie de Blanchiment de Capitaux
Stratégie de Blanchiment de Capitaux
Stratégie de Blanchiment de Capitaux
MAI 2007
TABLE DES MATIÈRES
Résumé .............................................................................................................................ii-iii
I – Introduction ....................................................................................................................1
II – Le contexte .....................................................................................................................2
A – Le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ................................2
B – Le régime international de LBC/LFT et les initiatives mondiales .........................3
C– Les initiatives africaines ..........................................................................................5
D – La réponse d’autres banques multilatérales de développement .............................6
E – Défis de la prévention et de la lutte contre le BC/FT dans le contexte africain .....7
ACRONYMES
AT Assistance technique
BAD Banque africaine de développement
BAsD Banque asiatique de développement
BC Blanchiment de capitaux
BERD Banque européenne pour la reconstruction et le développement
BID Banque interaméricaine de développement
BIRD Banque internationale pour la reconstruction et le développement
BM Banque mondiale
BMD Banque multilatérale de développement
CCCF Comité de contrôle de la corruption et de la fraude
CEDEAO Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest
CEMAC Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale
CRF Cellule de renseignement financier
DSP Document de stratégie- pays
FAD Fonds africain de développement
FMI Fonds monétaire international
FT Financement du terrorisme
GABAC Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique Centrale
GABAOA Groupe anti-blanchiment de l’Afrique orientale et australe
GAFI Groupe d’action financière (sur le blanchiment de capitaux et le financement du
terrorisme)
GAFIMOAN Groupe d’action financière pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord contre
le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme
GIABA Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de
l’Ouest
IBW Institutions de Bretton Woods
KYC Connaître l’identité de son client
LBC/LFT Lutte contre le blanchiment de capitaux/Lutte contre le financement du
terrorisme
MAEP Mécanisme africain d’évaluation par les pairs
NEPAD Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique
ORTG Organisme régional de type GAFI
ONUDC Office des Nations Unies contre la drogue et le crime
OUA Organisation de l’Unité africaine
PAR Prêt à l’appui de réformes
PARG Prêt à l’appui de réformes en matière de gouvernance
PGP Profil de gouvernance-pays
PMR Pays membre régional
PTNC Pays ou territoires non coopératifs
RDP Revue des dépenses publiques
RFA Remise de fonds alternative
UA Union africaine
UMAC Union monétaire de l’Afrique Centrale
ii
Résumé analytique
La communauté internationale est préoccupée par l’incidence croissante du crime
organisé, de la corruption et du terrorisme et par l’effet néfaste que ces problèmes exercent
sur la paix, la sécurité et le développement. Une stratégie efficace pour répondre à ces
menaces internationales comprend forcément des mesures de lutte contre le blanchiment de
capitaux et le financement du terrorisme (BC/FT). Le blanchiment de capitaux permet aux
criminels et aux fonctionnaires corrompus de profiter en toute impunité du produit de leur
crime, tandis que les activités terroristes sont rendues possibles par ceux qui les financent
avec des fonds d’origine criminelle ou d’autres sources. Le blanchiment de capitaux peut
également être un problème en soi, notamment pour les petits pays ou les pays en
développement dont le secteur financier est faible ou insuffisamment réglementé, parce que
les activités de blanchiment de capitaux effectuées à grande échelle peuvent miner l’intégrité
du système financier national, affaiblir les institutions financières et entraver le
développement économique.
La BAD reconnaît aussi l’impact négatif que le BC/FT peut exercer sur le
développement. Elle estime nécessaire de renforcer son rôle dans la lutte contre le BC/FT en
Afrique dans le cadre de son mandat de promotion de la bonne gouvernance et du
développement. Elle reconnaît la responsabilité qui lui incombe de travailler en étroite
collaboration avec ses partenaires du développement afin de soutenir les initiatives déjà
entreprises sur ce plan aux niveaux national, régional et international.
Cette stratégie a été préparée sous l’étroite supervision d’un groupe de travail de
la Banque qui a été créé en 2005. Le projet a été examiné au niveau interne par le groupe de
travail de la Banque sur la LBC/LFT et lors de la réunion de revue de la direction. En outre,
lors d’un Atelier d’examen de la stratégie de la Banque en matière de prévention et de lutte
contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme en Afrique, organisé par la
Banque le 21 septembre 2006 en Tanzanie, les parties prenantes externes, comprenant
d’autres banques multilatérales de développement, ont étudié le document et y ont apporté
des contributions supplémentaires.
iii
La BAD, elle-même, peut être touchée par des opérations de BC/FT dans le cadre
de ses activités de prêt. L’Accord portant création de la BAD confie à cette dernière la
responsabilité fiduciaire de s’assurer que le produit de tout prêt ou de toute garantie qu’elle
accorde n’est destiné qu’à l’objet pour lequel le prêt a été garanti. L’accord confie à la
Banque la responsabilité de veiller à la probité de ses transactions et appelle de ce fait à
l’élimination de la fraude et de la corruption dans le cadre de ses opérations de prêt et de son
aide financière. La prévention de transactions frauduleuses susceptibles de dissimuler les
origines du produit d’un crime ou les profits de la corruption, ainsi que de l’usage des fonds
de la Banque pour commettre des actes terroristes ou d’autres formes de crime fait partie de
cette responsabilité.
La BAD reconnaît aussi l’impact négatif que le BC/FT peut exercer sur le
développement. Elle estime nécessaire de renforcer son rôle dans la lutte contre le BC/FT en
Afrique dans le cadre de son mandat de promotion de la bonne gouvernance et du
développement. Elle reconnaît la responsabilité qui lui incombe de travailler en étroite
collaboration avec ses partenaires du développement afin de soutenir les initiatives déjà
entreprises sur ce plan aux niveaux national, régional et international.
La plupart des pays africains sont aux prises avec la libéralisation et l’expansion
de leur secteur financier et doivent entreprendre des réformes profondes de ce secteur. Ils
doivent renforcer la supervision prudentielle et la réglementation de leurs systèmes financiers
par des mesures de LBC/CFT efficaces. La prise de conscience croissante par les PMR du
besoin urgent qu’il y a à agir les amène à attendre le soutien du Groupe de la Banque. La
Banque doit donc définir sa propre stratégie relative à l’octroi d’un tel soutien dans le cadre
plus large de ses politiques et stratégies visant à la réduction de la pauvreté, à la promotion du
développement et de la bonne gouvernance, à la lutte contre la corruption et au renforcement
des institutions financières. La politique du Groupe de la Banque sur la bonne gouvernance
2
et les directives relatives à sa mise en œuvre, qui ont été adoptées en 1999 et 2001
respectivement, mettent l’accent sur la responsabilisation, la transparence et la lutte contre la
corruption en tant qu’éléments clés de la promotion de la bonne gouvernance au sein des
PMR.
Ce document définit les principaux éléments d’une stratégie de LCB/LFT pour le Groupe
de la Banque. L’accent principal de la stratégie porte sur le blanchiment de capitaux, mais il
couvre aussi des mesures contre le financement du terrorisme dans la mesure où celles-ci sont
liées à la mise en œuvre d’un régime international de LBC/LFT au sein des institutions
financières. Ce document est structuré en deux parties principales, la première portant sur le
contexte plus large au sein duquel la stratégie est définie et identifiant certains défis
spécifiques auxquels doivent répondre les initiatives de LBC/LFT en Afrique. La seconde se
concentre sur la stratégie elle-même : elle en présente et examine les quatre axes principaux.
II. LE CONTEXTE
2.2 Le BC est un processus qui consiste à dissimuler l’origine des fonds générés par
des moyens illicites. Le processus de BC comprend en général trois étapes : (1) l’introduction
du produit du crime dans le système financier (placement) ; des opérations visant à convertir
ou transférer les fonds vers d’autres endroits ou institutions financières (empilement) ; et (3)
la réintégration des fonds dans l’économie légitime en tant qu’argent « propre » et
l’investissement dans divers actifs ou entreprises commerciales.
2.3 Différentes méthodes sont utilisées pour le blanchiment de fonds. Celles-ci ont
une très grande faculté d’adaptation et tendent à évoluer constamment. Elles comprennent
l’usage des services internet, la banque virtuelle et les nouvelles technologies de paiements
électroniques, les sociétés internationales et les sociétés coquille, le commerce et la
falsification de factures relative à la fourniture de biens ou de services, l’immobilier, l’art, les
diamants, l’or et d’autres métaux précieux.
2.4 Les activités de BC peuvent aussi intervenir en utilisant les canaux bancaires et
financiers informels et les systèmes parallèles de remise de fonds. Ces systèmes informels
fonctionnent en général en-dehors du système réglementaire qui s’applique aux institutions
financières. Bien que ces systèmes aient des buts légitimes, ils offrent un niveau élevé
d’anonymat et peuvent dès lors être abusés par les blanchisseurs de capitaux et les
organisations terroristes pour se soustraire au regard des organes de réglementation financière
et des autorités chargées de l’application des lois.
3
2.5 Les activités de BC peuvent se dérouler dans n’importe quel pays, mais elles
risquent d’avoir un impact plus important sur les pays en développement dotés d’un système
financier modeste ou fragile ou d’une économie faible qui est particulièrement sensible aux
perturbations causées par les activités illicites. Elles portent atteinte à des institutions vitales
du secteur financier et peuvent effrayer les investisseurs étrangers et réduire l’accès d’un pays
aux investissements et aux marchés étrangers.
2.6 Les établissements bancaires et autres institutions financières, telles que les
compagnies d’assurance, les maisons de courtage ou les sociétés de gestion de fortune sont
particulièrement vulnérables aux conséquences négatives du BC. Le BC érode ces
importantes institutions financières et entravent leur développement. Les institutions
financières d’un pays en développement jouent un rôle important dans les décisions
d’investissement et les flux de capitaux. La confiance qu’elles inspirent est donc vitale pour
les économies en développement qui comptent sur ces décisions pour leur croissance future.
Elle est également essentielle pour attirer une base stable de dépôts afin de soutenir
l’expansion du crédit destiné aux consommateurs et aux entreprises, tout en augmentation la
taille potentielle de l’économie formelle.
2.7 Les fonds blanchis peuvent aussi être utilisés par des criminels pour acquérir des
sociétés, prendre le contrôle d’établissements financiers privés ou infiltrer et dominer des
secteurs ou des pans entiers de l’économie, corrompre les fonctionnaires ou contrer les
objectifs des initiatives de privatisation d’un gouvernement. Les fonds blanchis sont souvent
investis de telle sorte qu’ils introduisent des distorsions artificielles dans les actifs et les prix
des produits de base et engendrent un risque d’instabilité monétaire et économique.
2.10 Le Groupe d’action financière internationale (GAFI) a été créé en 1989 par les
pays du G7 pour lutter de façon plus efficace contre le BC. Les Quarante Recommandations
du GAFI exigent que le BC soit érigé en infraction pénale. En outre, les recommandations en
appellent aux pays pour qu’ils adoptent des mesures législatives et autres afin de : geler, saisir
et confisquer le produit d’activités criminelles ; lever les lois relatives au secret bancaire pour
permettre aux institutions financières de surveiller et de déclarer des opérations suspectes ;
protéger ceux qui déclarent ces opérations contre des poursuites civiles ou pénales ; établir
1
Voir Lyman, P.N. et J. Stephen (2004). “The Terrorist Threat in Africa”, Foreign Affairs, Volume 83 Issue 1. Goredema,
C. et A. Botha (2004). « Les engagements de l’Afrique dans la lutte contre le crime et le terrorsme: Revue de huit pays
membres du NEPAD ». Rapports AHSI 3, African Review, juillet 2004.
4
des cellules d’enquête financière ; et coopérer pleinement avec les efforts internationaux en
matière d’application des lois dans la lutte contre le BC.
2.11 Les Recommandations spéciales du GAFI exigent des pays qu’ils érigent en
infraction pénale le financement du terrorisme, les organisations terroristes et les actes
terroristes et qu’ils désignent ces nouvelles infractions comme des infractions sous-jacentes
du BC. Le GAFI travaille aussi au suivi des progrès réalisés par ses membres dans leur
respect de ses recommandations.
2.13 Des normes de réglementation financière sont également définies par le Comité de
Bâle sur le contrôle bancaire pour les banques, l’Organisation internationale des commissions
de valeurs (OICV) pour les maisons de courtage et l’Association internationale des
contrôleurs d’assurance (AICA) pour les compagnies d’assurance. D’autres organismes qui
édictent leurs propres règles, tels que la Fédération internationale des experts comptables et le
Groupe de Wolfsberg, ont également établi des normes s’appliquant à leur secteur.
2.14 En 1988, le Comité de Bâle a proposé quelques principes de base dans le cadre de
sa Déclaration sur la prévention de l’utilisation du système bancaire pour le blanchiment de
fonds d’origine criminelle. En 1992, l’OICV a abordé la question du BC sous l’angle de la
réglementation des valeurs mobilières et la réduction des risques systématiques pour les
investisseurs. Sa résolution sur le BC met en place plusieurs normes que ses membres sont
tenus de respecter.
2.15 De nombreux pays ont créé des cellules de renseignement financier (CRF), qui
servent de point focal aux efforts de LBC et à l’échange d’informations entre les institutions
financières et les autorités chargées de l’application des lois. Depuis 1995, plusieurs de ces
cellules ont commencé à travailler étroitement ensemble pour échanger des renseignements et
coordonner leurs efforts de BMC. Ils ont constitué le Groupe Egmont qui facilite la
coopération et les échanges internationaux entre les CRF en matière de BC et de FT.
2.16 Plusieurs organisations multilatérales peuvent apporter une aide aux pays
souhaitant mettre en œuvre les recommandations 40+9 du GAFI. Certaines d’entre elles sont
particulièrement actives en Afrique, notamment la Banque mondiale et le FMI, le Secrétariat
du Commonwealth qui compte plusieurs États membres du continent et l’ONUDC qui a
quatre bureaux régionaux dans la région, à Dakar, au Caire, à Nairobi et à Pretoria, et un
bureau pays au Nigeria. La Banque mondiale et le FMI ont accepté d’aider les pays dans la
mise en œuvre des normes de LBC/LFT, notamment sur le plan du contrôle bancaire et des
institutions financières. Elles fournissent une assistance technique en matière de LBC/LFT
aux membres et financent des projets visant à évaluer la conformité des membres avec les
normes internationales de LBC/LFT.
2.17 Le travail de ces institutions est étroitement lié aux efforts déployés par le Forum
de stabilité financière sur la réglementation financière et les normes de LBC au sein des
centres offshore, ainsi que par la Banque des règlements internationaux sur les systèmes de
paiement et de règlement et leur vulnérabilité au BC/FT.
5
2.18 Dans le cadre de son travail pour la promotion de la bonne gouvernance et la lutte
contre la corruption, le Commonwealth participe depuis longtemps aux efforts internationaux
en matière de LBC/LFT. En 1993, il a rendu disponible une Loi type du Commonwealth. En
1996, il a élaboré une Directive pour le secteur financier qui a été revue en 2000 et 2005 à la
lumière des meilleures pratiques.
2.19 De son côté, l’ONUDC est soutenu dans son travail en matière de LBC/LFT en
Afrique par son Programme mondial contre le blanchiment de capitaux et la division de la
prévention du terrorisme. Les bureaux de l’ONUDC en Afrique gèrent actuellement plusieurs
projets de LBC dans différentes parties de la région. En septembre 2005, lors de la Table
ronde pour l’Afrique organisée par l’ONUDC au Nigeria, un programme d’action (2006-
2010) portant sur la criminalité, la sécurité et le développement du continent a été avalisé par
les représentants des 47 États membres africains et par les partenaires de développement et
les organisations internationales.
C- Initiatives africaines
2.21 Le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), une initiative du
NEPAD, inclut un point focal sur l’évaluation des mécanismes de contrôle de la corruption.
La promotion de la mise en œuvre de normes bancaires et financières est un objectif clé du
NEPAD. En 2002, son Comité de direction a proposé un plan d’action mettant l’accent sur
l’adoption et le renforcement des lois en matière de LBC/LFT et la promotion de la
conformité aux normes internationales en la matière.
2.22 L’UA a adopté une Convention sur la corruption (2003) qui n’a malheureusement
pas encore été ratifiée par suffisamment d’États membres pour pouvoir entrer en vigueur. La
Convention appelle à l’incrimination de l’utilisation ou de la dissimilation du produit d’actes
de corruption (article 4) et du blanchiment du produit de la corruption (article 6). Elle établit
aussi un cadre de coopération régionale visant à l’amélioration de l’entraide judiciaire,
notamment sur le plan de l’extradition, des enquêtes, ainsi que de la confiscation, de la saisie
et du rapatriement des produits de la corruption.
6
2.23 Comme indiqué préalablement, un programme d’action relatif aux questions de la
criminalité et de la sécurité qui portent atteinte au développement a été adopté par les
dirigeants africains de 47 États lors de la Table ronde pour l’Afrique, qui s’est tenue à Abuja
au Nigeria en septembre 2005. L’un des six groupes d’activités compris dans le programme
d’action pour la période 2006-2010 met l’accent sur le crime organisé, le blanchiment de
capitaux, la corruption, le trafic et le terrorisme. En ce qui concerne la LBC/LFT en
particulier, le programme d’action identifie trois priorités d’action et désigne notamment la
BAD comme un partenaire clé possible de ces activités. Celles-ci comprennent : (1)
l’élaboration de lois et de stratégies nationales conformément aux normes internationales ; (2)
le renforcement des capacités institutionnelles, dont la création de cellules de renseignement
financier pour la mise en œuvre des lois et stratégies nationales ; et (3) le soutien et l’aide à
l’établissement d’organisations sous-régionales efficaces et opérationnelles pour lutter contre
le blanchiment de capitaux.
2.24 Il existe trois groupes régionaux de lutte contre le blanchiment des capitaux, ou
ORTG, qui disposent du statut d’observateur auprès du GAFI : le Groupe d’action financière
pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord contre le blanchiment de capitaux et le
financement du terrorisme (GAFIMOAN) ; le Groupe anti-blanchiment de l’Afrique orientale
et australe (GABAOA) ; et le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment
d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA). Un quatrième groupe est en cours de création dans
le cadre de la CEMAC et de l’UMAC, le Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en
Afrique centrale (GABAC). Celui-ci n’a pas encore reçu le statut d’observateur auprès du
GAFI. Le développement et le renforcement de tels groupes régionaux peuvent jouer un rôle
essentiel dans la prévention du BC/FT (voir Annexe 3). Les ORTG ont non seulement un rôle
de plaidoyer et de mobilisation à jouer, ils peuvent aussi fournir les mécanismes permettant
de surveiller l’évolution de la LBC/LFT et de faciliter les évaluations mutuelles.
2.25 Toutes les BMD (BAsD, BERD, BID, BM, FMI) assument un rôle plus actif dans
le soutien qu’elles apportent aux efforts des PMR pour la prévention du BC/FT. Elles
conviennent du besoin d’adopter des mesures vigoureuses à cette fin. La BAD a, et
continuera d’échanger des informations avec d’autres BMD et de partager avec elles les
meilleures pratiques sur la façon de soutenir les stratégies de LBC/LFT. Toutes en sont
arrivées à la conclusion que le développement à long terme requiert des réformes du secteur
financier et que le renforcement des systèmes de supervision et un cadre juridique et
institutionnel solide pour les établissements financiers peuvent contribuer à prévenir un large
éventail d’abus du secteur financier, y compris la corruption, le BC et le FT
2.28 La BERD, qui est surtout active dans le secteur privé et est présente dans des pays
potentiellement à haut risque pour le BC/FT, a dû renforcer ses propres pratiques en matière
de diligence requise pour veiller à ce que ses avoirs ne soient pas utilisés pour le BC/FT ou à
d’autres fins illicites ou frauduleuses. Elle a créé un Bureau du directeur de la conformité et a
mis en place de nouvelles procédures en matière d’intégrité et de diligence requise dans le
cadre de la LBC. Les rapports du FMI sur les RONC couvrent également les questions de
BC/FT.
2.31 Il y a lieu d’encourager les pays africains à concentrer leurs efforts sur les
exigences les plus fondamentales et les menaces les plus importantes avant d’entreprendre
une mise en œuvre plus exhaustive. Dans leur élaboration des stratégies d’évaluation et
d’assistance, les organisations internationales et régionales doivent prendre en considération
les particularités du contexte africain, notamment les capacités et les ressources limitées des
pays africains et la nécessité pour eux de définir clairement leurs priorités dans leurs plans
globaux de promotion du développement et de la bonne gouvernance.
8
2.32 Comparées aux institutions financières ailleurs dans le monde, celles de la plupart
des pays africains offrent un accès relativement plus restreint aux marchés internationaux et
sont, de ce fait, censées être moins vulnérables aux tentatives venant de l’étranger de blanchir
des capitaux et de déplacer des fonds au profit des organisations terroristes. Or, le fait que
nombre de ces institutions sont relativement petites et immatures et ont souvent du mal à
maximiser les opportunités d’affaires au sein d’un marché concurrentiel peut les amener à
être moins regardantes dans leurs activités et par conséquent, à s’exposer davantage au risque
de BC/FT. L’absence fréquente du cadre législatif nécessaire, le défaut d’une incrimination
effective du BC/FT et l’inefficacité relative de la supervision du secteur financier sont tous
des facteurs qui rendent les secteurs financiers d’Afrique d’une vulnérabilité alarmante.
2.33 Une autre source de complications pour les pays africains qui tentent d’atténuer
leur vulnérabilité au BC/FT réside dans le fait que s’ils parviennent à protéger leur secteur
financier et diminuer leur vulnérabilité au BC/FT, certaines activités de BC/FT risquent
d’être déplacées vers des entreprises et professionnels du secteur non financier, voire même
vers l’économie parallèle, le système bancaire souterrain et les systèmes informels de remise
de fonds.
2.34 Dans toute l’Afrique, il existe une économie parallèle et liquide d’une taille
significative dans laquelle l’argent circule en dehors des systèmes financiers conventionnels.
Les systèmes parallèles de transfert de valeurs et de remise de fonds jouent un rôle important,
inestimable et légitime dans la plupart des économies africaines. Dans de nombreux cas, ces
systèmes sont d’une importance vitale pour le fonctionnement des économies nationales. Ils
sont toutefois exposés au risque d’être utilisés à des fins de blanchiment de capitaux ou de
financement du terrorisme. Le GAFI recommande aux États d’imposer des mesures en
matière de LBC/LFT qui couvrent toutes les formes de systèmes de transfert de
fonds/valeurs. Les services de transferts de fonds et de virements sont des services financiers
qui consistent à déplacer des fonds pour des individus ou des entités à travers un réseau dédié
ou le système bancaire réglementé. Le système informel de transfert de fonds/valeurs
désigne un service financier qui consiste à transférer les fonds ou les valeurs d’une région
géographique à une autre (généralement en dehors du secteur financier réglementé). La nature
du système est telle que l’anonymat de ses clients est assuré et que les transactions sont
presque impossibles à surveiller.
2.36 Une autre approche permettant d’atténuer les vulnérabilités au BC/FT inhérentes
au secteur informel consisterait à déployer des efforts à plus long terme pour aider les pays à
développer des systèmes de transferts de valeurs flexibles, accessibles, relativement peu
onéreux et bien supervisés qui pourraient rivaliser avec les systèmes informels moins fiables
9
et plus coûteux. À long terme, cette approche permettrait d’éroder quelque peu l’importance
vitale du secteur informel pour les économies locales, ce qui l’amènerait à devenir plus
ouvert à la réglementation et à d’autres formes de contrôle. À court terme, il devrait toutefois
être clair pour tous ceux concernés que les systèmes informels qui existent en Afrique sont
peu connus ou mal compris. Il existe peu d’informations systématiques sur le fonctionnement
de ces systèmes informels dans le contexte africain, sur leur importance vitale pour les
opérations ordinaires du quotidien dont dépendent les économies locales et sur les façons
dont ils sont utilisés à des fins criminelles. Disposer d’informations plus complètes et
d’analyses plus approfondies sur ces systèmes est une priorité d’action souvent reconnue par
les organisations régionales et sous-régionales qui sont actives dans la LBC/LFT.
2.37 Un autre aspect qui présente des complexités peut-être uniques au continent
africain et à ses économies essentiellement liquides est celui de mouvements d’argent et de
transactions en espèces pour lesquels il n’existe aucun document et dont il est impossible de
suivre la trace. Les transactions en espèces sont la norme plutôt que l’exception dans la
majeure partie de l’Afrique. Il est souvent proposé de mettre en place une exigence de
déclaration aux autorités de toute transaction en espèces dépassant un certain seuil, qui serait
soumise aux contrôles ordinaires en matière de LBC/LFT. La réduction de l’utilisation des
espèces est aussi présentée comme la « meilleure façon d’aller de l’avant » dans les stratégies
de LBC/LFT. Enfin, d’autres ont suggéré de mettre hors la loi les paiements en espèces pour
les transactions au-delà d’un certain seuil. Si de telles propositions peuvent sembler
attrayantes dans l’abstrait et peuvent même dans certains cas être encouragées, il est difficile
de concevoir comment elles pourraient constituer un fondement réaliste à l’action dans la
plupart des pays africains. Il est douteux que ces méthodes s’inscrivent véritablement dans
une stratégie de LBC/LFT efficace et durable à court ou à moyen terme pour ces derniers. La
BAD peut jouer un rôle en aidant les pays de la région à développer des alternatives aux
méthodes inopportunes de LBC/LFT et en promouvant à long terme une réforme du secteur
financier qui commencera à traiter ces problèmes.
2.38 En théorie, il peut être possible de réduire l’utilisation des espèces en améliorant
l’efficacité, la fiabilité et l’accessibilité aux systèmes bancaires nationaux. Si la promotion
d’un plus grand accès pour tous à des services financiers solides, bien réglementés et
accessibles est un objectif de développement légitime, il ne sera pas forcément réalisé à court
terme. Compte tenu de l’état actuel des institutions financières de la majorité des pays
africains, cette approche semble, en effet, peu apte à fournir un fondement solide sur lequel
bâtir des stratégies de LBC/LFT à court ou à moyen terme.
2.39 Une question connexe est celle du transport transfrontalier d’espèces par des
terroristes et d’autres criminels. En Afrique, il est relativement facile pour les criminels,
blanchisseurs de capitaux et groupes terroristes de transporter l’argent et d’autres valeurs au-
delà des frontières sans attirer l’attention des autorités. Les criminels et les trafiquants ont
également recours aux passeurs de fonds pour transporter le produit d’activités criminelles et
procéder à des transactions de trafic illicites. Le GAFI a émis la Recommandation spéciale IX
qui crée de nouvelles obligations pour les pays afin qu’ils prennent des mesures visant à
empêcher les terroristes et les criminels d’utiliser des passeurs de fonds pour financer leurs
activités et blanchir leurs avoirs. Une note sur les meilleures pratiques émise par le GAFI en
2005 propose plusieurs méthodes qui permettraient d’atténuer le problème. Elles consistent
pour l’essentiel à mettre en œuvre un système de déclaration obligatoire exigeant de chaque
personne traversant une frontière et transportant des devises, des instruments au porteur ou
des valeurs supérieures à un certain seuil de les déclarer aux autorités. Les pays peuvent
également élaborer des mesures efficaces pour détecter, bloquer ou retenir et le cas échéant,
confisquer les devises ou valeurs.
10
2.40 Les efforts et les ressources requis pour la mise en œuvre de tels systèmes officiels
de déclaration et d’interdiction sont loin d’être négligeables, notamment dans le contexte qui
prévaut en Afrique où les transports physiques transfrontaliers d’espèces sont souvent
nécessaires pour conclure des transactions d’affaires internationales vitales et où le commerce
et les échanges internationaux sont souvent faiblement soutenus par les institutions
financières existantes. La mise en œuvre de plans élaborés pour contrôler et prévenir le
transport transfrontalier d’espèces n’est pas une stratégie que la plupart des pays africains
devraient adopter à la légère. Le rôle légitime que les transactions transfrontalières d’espèces
jouent dans la majeure partie de l’Afrique, la faiblesse et l’inaccessibilité des services
proposés par les institutions financières pour soutenir le commerce international à petite
échelle, la faible capacité institutionnelle de la plupart des pays africains à interdire
effectivement de tels mouvements d’espèces et le potentiel de corruption accrue découlant
d’un tel système constituent tous des avertissements selon lesquels il convient d’agir avec une
grande prudence vis-à-vis de la mise en œuvre d’une telle stratégie dans le contexte africain.
Cette stratégie particulière en matière de LBC/LFT semble promettre à la plupart des pays
bien peu de résultats au vu des investissements considérables qu’elle requiert et du risque
d’impacts économiques et sociaux potentiellement négatifs.
2.42 Dans tout pays, l’application des lois et la supervision du secteur financier sont
des éléments complémentaires de la LBC/LFT. Les mesures de supervision du secteur
financier visent essentiellement à prévenir et à détecter le BC/FT, tandis que les autorités
chargées de l’application des lois doivent intervenir une fois que ces activités sont détectées
et utiliser les informations s’y rattachant pour mener l’enquête et poursuivre les infractions et
la corruption auxquels les fonds sont liés. L’interdépendance de ces deux composantes n’est
pas toujours pleinement reconnue ni prise en compte dans les stratégies nationales de
LBC/LFT. Cette question est particulièrement pertinente pour la plupart des pays africains,
parce qu’ils ont souvent des capacités très limitées sur le plan de l’application des lois et
qu’ils sont confrontés à de nombreuses autres priorités pénales outre le BC/FT. D’autres
organismes, tels que l’ONUDC, sont peut-être mieux équipés que la Banque pour apporter
une aide dans ce domaine. Cela dit, tous les organismes qui aident les PMR à développer leur
capacité de LBC/LFT devraient être conscients des limitations sérieuses de toute initiative qui
ne s’attaque pas simultanément au besoin d’une capacité adéquate en matière d’application
des lois.
III. LA STRATÉGIE
3.2 La Banque a également une responsabilité fiduciaire de protéger ses avoirs contre
les emplois abusifs potentiels et de veiller à ce que ses propres prêts ne soient pas soumis à
des abus financiers ou utilisés pour dissimiler des opérations de BC/FT.
3.3 La stratégie adoptée par la Banque appelle à une action dans quatre domaines clés.
La Banque :
3.4 Parce que les pays et institutions emprunteurs ne présentent souvent pas la
transparence et les mécanismes de responsabilité nécessaires pour prévenir et détecter le
BC/FT ou des activités de corruption, la Banque doit prendre des mesures pour se protéger du
risque que ses fonds ne soient utilisés à des fins autres que celles auxquelles ils sont destinés.
Les exigences du devoir de diligence comprises dans les accords du Groupe de la Banque
fournissent un fondement juridique solide à l’incorporation de quelques activités précises en
matière de diligence pour prévenir le BC/FT. Afin d’identifier et de remédier aux
vulnérabilités particulières qui peuvent encore affecter la Banque sur ce plan, elle :
entreprendra une évaluation ciblée des sauvegardes relatives aux
pratiques de prêts et de décaissements en mettant l’accent sur la
prévention des activités de BC/FT et de la corruption ;
3.7 Incorporation des questions de LBC/LFT dans le dialogue de politique avec les
PMR : la Banque incorporera les questions de LBC/LFT dans ses activités économiques et
sectorielles et en matière de bonne gouvernance et traitera de ces thèmes, le cas échéant, dans
ses Documents de stratégie-pays (DSP) et ses Revues des dépenses publiques (RDP). La
Banque inclura les questions de LBC/LFT dans son dialogue de politique avec les PMR et
dans les Profils de gouvernance-pays (PGP) qu’elle élabore. L’approche générale de la
Banque à ces thèmes reposera sur une combinaison de mobilisation, de dialogue, de
recherche et de consultation avec les PMR, les IWB et les parties prenantes nationales,
régionales et internationales. Elle atteindra cet objectif en participant à des conférences,
séminaires et réunions et ateliers consultatifs à haut niveau et en organisation de telles
manifestations. À cette fin, la Banque collaborera également avec le FMI sur les RONC.
14
3.8 Fournir un point focal pour les activités de LBC/LFT : parce que la Banque doit
assumer un rôle plus actif pour aider les PMR à mettre en œuvre des mesures de LBC/LFT,
elle établira un point focal pour ces activités au sein de l’OSGE et favorisera la participation
du personnel à des réunions et activités régionales et internationales en matière de LBC/LFT.
Le rôle du Groupe de travail de la Banque sur la LBC/LFT sera examiné et renforcé afin de
faciliter la coordination interne des activités de LBC/LFT à l’échelle de l’institution.
3.11 À moyen et à court terme, les pays africains sans capacité opérationnelle de
LBC/LFT subiront de graves conséquences s’ils n’adhèrent pas au régime international de
LBC/LFT qui est en train d’être consolidé dans le reste du monde. Par ailleurs, leurs efforts
pour combattre les diverses formes du crime organisé et de la corruption resteront sans effet à
moins qu’ils ne prennent des mesures effectives pour prévenir le blanchiment du produit de
ces crimes. Tout ceci peut avoir une incidence très importante sur le développement futur des
pays qui restent à l’extérieur du régime international de LBC/LFT.
3.12 Il existe des disparités considérables entre les pays africains en ce qui concerne
leur capacité en matière de LBC/LFT, même si, à l’heure actuelle et dans la plupart des cas,
cette capacité demeure très limitée. Il existe aussi des différences notables dans la solidité de
l’engagement respectif des pays à mettre en œuvre des mécanismes efficaces de LBC/LFT
conformément aux normes internationales. Certains pays ont accompli des progrès sensibles
dans la mise en œuvre des principaux éléments d’un régime de LBC/LFT, mais la plupart de
ces régimes demeurent sous-développés, manquent de ressources et sont inefficaces, voire
même complètement inopérationnels. Des initiatives régionales peuvent être mises en place
par le biais des ORTG afin de soutenir et renforcer les efforts nationaux, là où ils existent, et
encourager d’autres pays à les imiter. Les pays de régions et sous-régions partagent souvent
des problèmes particuliers et peuvent bénéficier de l’élaboration de solutions de coopération.
L’adhésion à un ORTG sous-régional leur permet aussi de participer à des évaluations
mutuelles, ainsi qu’à des activités communes de formation et de renforcement des capacités.
Il est donc important d’aider les pays à participer aux activités des ORTG et de soutenir ces
activités.
15
3.13 En opérationnalisant ses activités en matière de LBC/LFT, la Banque est guidée
par ses politiques et stratégies relatives à la bonne gouvernance et à la lutte contre la
corruption. À cet égard, la Banque met logiquement l’accent sur les activités de renforcement
des capacités. La Banque continuera de développer ses activités en matière de LBC/LFT dans
les PMR à la lumière des circonstances et des besoins des pays, de l’état de leurs institutions
financières, juridiques et d’application des lois et de la disponibilité des ressources
budgétaires et humaines. En coopération avec les organisations multilatérales, régionales et
spécialisées compétentes, la Banque procèdera à des activités de prêts et hors prêts, ainsi qu’à
des activités de renforcement des capacités du secteur économique et à des dialogues de
politique pour aider les PMR à développer leur propre capacité en matière de LBC/LFT et
accroître leur faculté de participer plus pleinement au régime international de LBC/LFT.
3.14 La Banque n’a pas encore participé à des projets majeurs de LBC/LFT, mais elle
cherchera, par le dialogue avec les PMR et les organisations régionales, à identifier les
mesures qu’elle peut prendre pour compléter les efforts d’autres organismes. Ce faisant, elle
sera guidée par les priorités en matière de LBC/LFT identifiées dans le programme d’action
2006-2010 sur les questions de criminalité et de sécurité qui entravent le développement,
programme adopté à la Table ronde pour l’Afrique qui s’est tenue au Nigeria en septembre
2005. Les principales méthodes d’assistance de la Banque continueront de consister en prêts,
dons et activités d’assistance technique.
3.15 Les attentes des PRM en matière d’assistance par la BAD dans la LBC/LFT sont
susceptibles de devenir plus importantes et la Banque se prépare à devoir répondre sous peu à
davantage de demandes pour ce type d’aide. La Banque devra peut-être définir des priorités
pour ses propres interventions. Les demandes d’assistance porteront sans doute sur des
mesures de sensibilisation et de planification stratégique, des activités visant à établir ou à
renforcer les cadres juridique, réglementaire et institutionnel de LBC/LFT, les initiatives de
renforcement des capacités d’institutions responsables (supervision financière et application
des lois), les initiatives de formation et d’échanges d’informations et la recherche. D’autres
organisations sont actuellement actives dans tous ces domaines et la Banque devra entamer
des discussions avec ces dernières afin de l’aider à définir ses priorités d’action et éviter les
doubles-emplois inutiles.
3.17 De façon générale, et conformément aux priorités déjà identifiées par les
dirigeants africains, cette assistance mettra l’accent sur des mesures visant à :
3.18 La Banque renforcera les capacités de son personnel à fournir des conseils et à
engager un dialogue avec les PMR sur les initiatives de LBC/LFT. Elle développera une
capacité à l’échelle de la Banque pour élaborer, examiner et superviser des initiatives et
projets spécifiques de LBC/LFT et élaborera des lignes directrices pour guider le travail et les
décisions du personnel par rapport à ces initiatives.
3.19 Quatre ORTG ont été établis par les PMR pour soutenir leurs activités de
LBC/LFT (voir Annexe 3). Leur force, leurs ressources et leur capacité globale diffèrent.
Jusqu’à présent, leurs efforts se sont limités à la mobilisation, à la sensibilisation et dans une
moindre mesure, à la formation. Les pays africains n’ont pas tous adhéré à un ORTG. À
l’heure actuelle, certains pays d’Afrique subsaharienne n’appartiennent pas encore à un
groupe sous-régional. Il faut les encourager à le faire et leur fournir l’assistance nécessaire.
3.20 Les ORTG ont commencé à identifier les besoins d’assistance technique des PMR
et ont développé des instruments d’enquête pour faciliter le processus (par exemple,
l’exercice d’évaluation des besoins élaboré par le GIABA ou l’approche TANA+ proposée
par le GABAOA en Afrique orientale et australe). Les résultats de ces efforts peuvent aussi
aider la Banque à comprendre ces besoins d’aide et planifier ses propres initiatives. Avec le
financement approprié, les ORTG peuvent aider à élaborer et mettre en œuvre des
programmes qui répondront à ces besoins.
17
3.21 La Banque soutiendra également et aidera à l’établissement d’ORTG efficaces et
opérationnelles à l’échelon sous-régional et encouragera la coordination entre ces derniers.
Ceci comprendra des mesures visant à :
encourager tous les pays qui n’ont pas encore adhéré à un ORTG de
le faire ; soutenir le Groupe EGMONT et encourager les CRF
africains à adhérer au groupe ;
3.22 La Banque entreprendra plusieurs actions à court et à moyen terme pour la mise
en œuvre de sa stratégie de LBC/LFT. Elle :
1. Chaque pays devrait prendre des mesures immédiates pour ratifier et mettre en œuvre
sans restriction la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de
substances psychotropes de 1988 (Convention de Vienne).
2. Les lois sur le secret professionnel des institutions financières devraient être conçues de
façon à ne pas entraver la mise en œuvre de ces recommandations.
3. Un programme de lutte efficace contre le blanchiment des capitaux devrait comprendre le
renforcement de la coopération multilatérale et de l’entraide juridique dans le cadre d’enquêtes sur
le blanchiment de capitaux, de poursuites et d’extradition dans les affaires de blanchiment, là où
c’est possible.
4. Chaque pays devrait prendre les mesures nécessaires, y compris sur le plan législatif,
pour lui permettre d’incriminer le blanchiment de capitaux, conformément à la Convention de
Vienne. Chaque pays devrait appliquer l’infraction de blanchiment de l’argent à toutes les
infractions graves. Chaque pays devrait déterminer quelles sont les infractions graves qui seraient
désignées en tant qu’infraction sous-jacente du blanchiment de capitaux.
7. Les pays devraient adopter des mesures similaires à celles indiquées dans la Convention
de Vienne, selon les besoins, y compris des mesures législatives, afin que leurs autorités
compétentes puissent confisquer les biens blanchis, les produits découlant du blanchiment des
capitaux, ainsi que les instruments utilisés ou destinés à être utilisés pour commettre ces infractions,
ou des biens d’une valeur équivalente, sans préjudice du droit des tiers de bonne foi.
Annexe 1
19
Outre la confiscation et les sanctions pénales, les pays devraient également envisager d’adopter des
sanctions monétaires et civiles et/ou d’entreprendre des poursuites, y compris des poursuites
civiles, afin d’annuler des actes conclus par les parties dans les cas où les parties savaient ou
auraient dû savoir que tel acte priverait l’État de sa faculté de recouvrer des biens, par exemple, par
la confiscation ou l’imposition d’amendes et de sanctions.
10. Les institutions financières ne devraient pas tenir de comptes anonymes ou de comptes
sous des noms manifestement fictifs : elles devraient être tenues (par la loi, la réglementation, les
accords entre les autorités de supervision et les institutions financières ou par les accords
d’autoréglementation qu’elles s’imposent) d’identifier leurs clients, sur la base d’un document
officiel ou de tout autre document digne de foi, et d’enregistrer leur identité, qu’il s’agisse de
clients occasionnels ou réguliers, lorsqu’elles nouent des relations d’affaires ou effectuent des
transactions (notamment lors de l’ouverture de comptes ou de livrets, de transactions fiduciaires, de
la location de coffres-forts et d’importantes transactions en espèces).
Afin de satisfaire aux exigences d’identification relatives aux personnes morales, les
institutions financières devraient, quand cela s’avère nécessaire, prendre des mesures visant à :
ii) vérifier que toute personne déclarant agir au nom du client est autorisée à le faire
et identifier cette personne.
11. Les institutions financières devraient prendre des mesures raisonnables pour obtenir
l’information sur la véritable identité de personnes au nom desquelles le compte est ouvert ou la
transaction effectuée s’il y a un doute sur la question de savoir si ces clients agissent en leur nom,
20
par exemple, dans le cas de sociétés de domiciliation (c’est-à-dire les institutions, entreprises,
fondations, trusts, etc. qui n’exercent pas d’activité commerciale ou manufacturière ou toute autre
forme d’opération commerciale dans le pays dans lequel leur siège social est situé).
12. Les institutions financières devraient conserver, pendant au moins cinq ans, toutes les
pièces nécessaires se rapportant aux transactions, à la fois nationales et internationales, afin de leur
permettre de répondre rapidement aux demandes d’information des autorités compétentes. Ces
pièces doivent permettre de reconstituer les transactions individuelles (y compris, le cas échéant, les
montants et les types de devises en cause) de façon à fournir, si nécessaire, des preuves en cas de
poursuites pénales.
Ces documents devraient être mis à disposition des autorités nationales compétentes
dans le cadre de leurs poursuites pénales et de leurs enquêtes en la matière.
13. Les pays devraient apporter une attention particulière aux menaces de blanchiment de
capitaux inhérentes aux technologies nouvelles ou en développement qui risquent de favoriser
l’anonymat et si nécessaire, prendre les mesures pour empêcher leur utilisation dans les dispositifs
de blanchiment de capitaux.
14. Les institutions financières devraient apporter une attention particulière à toutes les
transactions complexes, d’un montant anormalement élevé et à tous les types inhabituels de
transactions, lorsqu’elles n’ont pas d’objet économique ou licite apparent. Le contexte et l’objet de
telles opérations devraient être examinés, dans la mesure du possible ; les résultats de ces examens
devraient être établis par écrit et être mis à la disposition des autorités de surveillance,
commissaires aux comptes et des autorités d’application des lois.
15. Si les institutions financières soupçonnent que des fonds proviennent d’une activité
criminelle, elles devraient être tenues d’en informer rapidement les autorités compétentes.
16. Les institutions financières, leurs dirigeants et employés devraient être protégés par des
dispositions légales contre toute responsabilité pénale ou civile pour violation des règles de
confidentialité, qu’elles soient imposées par contrat ou par toute disposition législative,
réglementaire ou administrative, s’ils déclarent de bonne foi leurs soupçons aux autorités
compétentes, même s’ils ne savaient pas précisément quelle était l’activité criminelle en question,
et même si l’activité illégale ayant fait l’objet du soupçon ne s’est pas réellement produite.
17. Les institutions financières, leurs dirigeants et employés ne devraient pas, ou le cas
échéant, ne devraient pas être autorisés à avertir leurs clients qu’une information les concernant a
été déclarée auprès des autorités compétentes.
18. Les institutions financières qui déclarent leurs soupçons devraient se conformer aux
instructions des autorités compétentes.
19. Les institutions financières devraient mettre au point des programmes de lutte contre le
blanchiment de capitaux. Ces programmes devraient comporter au moins :
21
1. des politiques, des procédures et des contrôles internes, y compris des dispositifs
de contrôle de la conformité et des procédures appropriées lors de l’embauche
des employés, de façon à s’assurer qu’elle s’effectue selon des critères
exigeants ;
Mesures à prendre vis-à-vis des pays qui n’appliquent pas ou appliquent insuffisamment les
mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux
20. Les institutions financières devraient s’assurer que les mesures mentionnées ci-dessus
sont également appliquées par les succursales et les filiales majoritairement contrôlées à l’étranger,
particulièrement dans les pays qui n’appliquent pas ou appliquent insuffisamment ces
recommandations, dans la mesure où les lois et les règlements locaux le permettent. Lorsque ces
mêmes lois et règlements s’y opposent, les autorités compétentes du pays où est située la société
mère devraient en être informées par les institutions financières que celles-ci ne peuvent appliquer
ces recommandations.
21. Les institutions financières doivent apporter une attention particulière aux relations
d’affaires et aux transactions avec des personnes, y compris des entreprises et des institutions
financières, de pays qui n’appliquent pas ou appliquent insuffisamment ces Recommandations.
Lorsque ces transactions n’ont pas d’objet économique ou licite apparent, leur contexte et leur objet
devraient être examinés, dans la mesure du possible ; les résultats de ces examens devraient être
établis par écrit et être mis à la disposition des autorités de surveillance, commissaires aux comptes
et autorités d’application des lois.
22. Les pays devraient envisager de mettre en œuvre des mesures réalistes destinées à
détecter ou à surveiller les transports transfrontaliers d’espèces et d’instruments au porteur, sous
réserve de sauvegardes strictes visant à assurer un usage approprié de ces informations et sans
entraver en aucune façon la libre circulation des capitaux.
23. Les pays devraient examiner la faisabilité et l’utilité d’un système par lequel les banques
et les autres institutions financières et intermédiaires déclareraient toutes les transactions nationales
et internationales en espèces supérieures à un certain montant à une agence centrale nationale
disposant d’une base de données informatisée, accessible aux autorités compétentes dans les
affaires de blanchiment de capitaux, sous réserve de sauvegardes strictes afin d’assurer un usage
adéquat de ces informations.
25. Les pays devraient être attentifs au potentiel d’abus des sociétés coquilles par les
blanchisseurs de capitaux et devraient examiner si des mesures supplémentaires sont nécessaires
pour prévenir un usage illicite de telles entités.
22
Mise en œuvre et rôle des autorités de réglementation et autres autorités administratives
27. Les autorités compétentes devraient avoir le pouvoir d’assurer une mise en œuvre
efficace de toutes ces Recommandations, au moyen de la supervision et de la réglementation
administrative, par les autres professions qui réalisent des opérations en espèces telles qu’elles sont
définies par chaque pays.
28. Les autorités compétentes devraient établir des lignes directrices visant à aider les
institutions financières à détecter des comportements suspects chez leurs clients. Il est entendu que
de telles lignes directrices doivent être élaborées au fil du temps et qu’elles ne seront jamais
exhaustives. Il est, en outre, entendu que de telles directives serviront essentiellement d’outil
éducatif pour le personnel des institutions financières.
29. Les autorités compétentes réglementant ou supervisant les institutions financières devraient
prendre les mesures juridiques ou réglementaires nécessaires pour empêcher la prise de contrôle ou
l’acquisition d’une participation significative par des criminels ou leurs complices dans les
institutions financières.
Coopération administrative
32. Chaque pays devrait s’efforcer d’améliorer l’échange international entre les autorités
compétentes, spontanément ou « sur demande », des informations ayant trait aux transactions, aux
personnes ou entreprises suspectes. Des sauvegardes strictes doivent être établies pour veiller à ce
que cet échange de renseignements soit conforme aux dispositions nationales et internationales
relatives à la protection de la vie privée et des données.
33. Les pays devraient s’assurer, sur une base bilatérale ou multilatérale, que les différentes
normes en matière de connaissance des faits telles qu’elles sont définies dans les législations
nationales - c’est-à-dire les différentes normes relatives à l’élément intentionnel de l’infraction –
n’entravent pas la faculté ou la volonté des pays à s’accorder une entraide judiciaire.
34. La coopération internationale devrait être soutenue par un réseau d’accords bilatéraux et
multilatéraux fondés sur des concepts juridiques généralement reconnus afin de définir des mesures
pratiques permettant de couvrir le plus grand champ possible sur le plan de l’entraide judiciaire.
35. Les pays devraient être encouragés à ratifier et à mettre en œuvre les conventions
internationales pertinentes sur le blanchiment de capitaux telles que la Convention de 1990 du
Conseil de l’Europe relative au blanchiment, au dépistage, à la saisie et à la confiscation des
produits du crime.
Accent mis sur l’amélioration de l’entraide judiciaire dans les cas de blanchiment de capitaux
36. Les autorités compétentes devraient être encouragées à coopérer dans leurs enquêtes.
Une technique d’enquête valable et efficace est la livraison surveillée de biens connus comme étant
le produit d’un crime ou soupçonnés de l’être. Les pays sont encouragés à soutenir cette technique,
dans la mesure du possible.
37. Il devrait y avoir, dans les affaires pénales, des procédures d’entraide judiciaire relatives
à l’application de mesures coercitives, telles que la production de documents détenus par des
institutions financières et d’autres personnes, la fouille de personnes et de locaux, la saisie et
l’obtention d’éléments de preuve qui seront utilisés dans le cadre des enquêtes sur le blanchiment
de capitaux et des poursuites et actions qui s’y rapportent dans les juridictions étrangères.
38. Il serait souhaitable que des mesures rapides puissent être prises en réponse à des
requêtes émanant de pays étrangers demandant d’identifier, de geler, de saisir et de confisquer le
produit du blanchiment de capitaux ou d’infractions sous-jacentes, ou toute autre bien de valeur
équivalente en découlant. De même, il devrait exister des mesures visant à coordonner les
procédures de saisie et de confiscation, pouvant inclure le partage des avoirs confisqués.
Annexe à la Recommandation 9 : Liste des activités financières effectuées par des entreprises
ou des professions qui ne sont pas des institutions financières
2 Prêt
3 Crédit-bail.
4. Transferts d’argent.
12 Change.
25
Annexe 2
Chaque pays devrait prendre les mesures immédiates pour ratifier et pour mettre en
œuvre sans restriction la Convention de 1999 des Nations Unies pour la répression du financement
du terrorisme.
Les pays devraient également mettre en œuvre immédiatement les résolutions des
Nations Unies relatives à la prévention et la répression du financement des actes terroristes,
notamment la Résolution 1373 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Chaque pays devrait ériger en infraction pénale le financement du terrorisme, des actes
terroristes et des organisations terroristes. Les pays devraient s’assurer que de telles infractions sont
désignées comme des infractions sous-jacentes au blanchiment de capitaux.
Chaque pays devrait mettre en œuvre des mesures pour geler sans délais les fonds ou
autres biens des terroristes et de ceux qui financent le terrorisme et les organisations terroristes,
conformément aux résolutions des Nations Unies relatives à la prévention et la répression du
financement des actes terroristes.
Chaque pays devrait également adopter et mettre en œuvre des mesures, y compris de
nature législative, afin de permettre aux autorités compétentes de saisir et de confisquer les biens
qui sont utilisés pour, ou destinés ou alloués à être utilisés pour le financement du terrorisme, des
actes terroristes ou des organisations terroristes, ou qui en constituent le produit.
Chaque pays devrait apporter aux autres pays, sur le fondement d’un traité, d’un accord
ou de tout autre mécanisme relatif à l’entraide judiciaire ou à l’échange de renseignements,
l’assistance la plus large possible dans le cadre des enquêtes, investigations ou procédures pénales,
civiles ou administratives concernant le financement du terrorisme, des actes terroristes et des
organisations terroristes.
Les pays devraient également prendre toutes les mesures possibles en vue d’assurer
qu’ils ne fournissent pas de refuge aux personnes poursuivies pour le financement du terrorisme,
des actes terroristes ou des organisations terroristes, et ils devraient mettre en œuvre, dans la
mesure du possible, des procédures permettant l’extradition de telles personnes.
Chaque pays devrait s’assurer que les personnes physiques ou morales, y compris les
agents, qui fournissent un service de transmission de fonds ou de valeurs, y compris la transmission
à travers un système ou réseau informel visant le transfert de fonds ou de valeurs, obtiennent une
autorisation d’exercer ou s’inscrivent sur un registre, et qu’elles soient assujetties à toutes les
Recommandations du GAFI qui s’appliquent aux banques et aux institutions financières non
bancaires. Chaque pays devrait s’assurer que les personnes physiques ou morales qui fournissent ce
service illégalement soient passibles de sanctions administratives, civiles ou pénales.
Les pays devraient prendre des mesures afin d’obliger les institutions financières, y
compris les services de remise fonds, à inclure des renseignements exacts et utiles relatifs au
donneur d’ordre (nom, adresse et numéro du compte) concernant les transferts de fonds et l’envoi
des messages qui s’y rapportent. Les renseignements devraient accompagner le transfert ou le
message qui s’y rapporte tout au long de la chaîne de paiement.
Les pays devraient prendre des mesures pour s’assurer que les institutions financières, y
compris les services de remise de fonds, mettent en œuvre une surveillance approfondie et un suivi
aux fins de détection des activités suspectes des transferts de fonds non accompagnés de
renseignements complets sur le donneur d’ordre.
(i) par les organisations terroristes se présentant comme des entités légitimes ;
Les pays devraient avoir en place des mesures destinées à détecter les transports
physiques transfrontaliers d’espèces et instruments au porteur, y compris un système de déclaration
ou toute autre obligation de communication.
Les pays devraient s’assurer que leurs autorités compétentes sont dotées du pouvoir de
bloquer ou retenir les espèces ou instruments au porteur soupçonnés d’être liés au financement du
terrorisme ou au blanchiment de capitaux, ou faisant l’objet de fausses déclarations ou
communications.
Les pays devraient s’assurer que des sanctions efficaces, proportionnées et dissuasives
s’appliquent aux personnes qui ont procédé à de fausses déclarations ou communications. Lorsque
des espèces ou instruments au porteur sont liés au financement du terrorisme ou au blanchiment de
capitaux, les pays devraient aussi adopter des mesures, y compris de nature législative, conformes à
la Recommandation 3 et la Recommandation spéciale III, qui autorisent la confiscation de telles
espèces ou de tels instruments.
28
Annexe 3
Les ORTG en Afrique
Il existe quatre ORTG sous-régionaux en Afrique. Trois d’entre eux disposent du statut
d’observateur auprès du GAFI : le GAFIMOAN, le GABOA et le Groupe intergouvernemental
d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA). Le quatrième groupe, le
GABAC, est en cours de création dans le cadre de la CEMAC et de l’UMAC. Il n’a pas encore reçu
le statut d’observateur auprès du GAFI.
Le groupe d’action a été créé en 2004. Son secrétariat est situé à Bahreïn. Les 17 pays
membres comprennent : l’Algérie, l’Arabie Saoudite, Bahreïn, l’Égypte, la Jordanie, le Koweït, le
Liban, le Maroc, Oman, le Qatar, la Syrie, la Tunisie, les Émirats Arabes Unis, le Yémen, la
Mauritanie, le Soudan et l’Irak, La session plénière des représentants des États membres se réunit
une fois par an pour définir les politiques, règles et procédures, approuver les rapports annuels et
les plans de travail, examiner les rapports d’évaluation mutuelle relative au respect par les membres
des normes du GAFI et identifier leurs besoins d’assistance technique, ainsi que la fourniture de
cette assistance avec les pays et les prestataires d’aide. Le groupe d’action a mis au point un
questionnaire pour identifier les besoins d’assistance technique en matière de LBC/LFT et le
sondage est en cours de réalisation. Le groupe d’action émet, de temps en temps, des déclarations
sur les meilleures pratiques pour aider les États membres à élaborer des mesures de LBC/LFT
efficaces qui soient conformes aux normes internationales et adaptées aux circonstances de la
région.
L’ORTG a été établi en 1999 lors d’une réunion des ministres des Finances à Arusha. Il
est gouverné par un conseil des Ministres représentant chacun des États membres. Le groupe
rassemble des représentants des domaines juridiques, financiers et d’application des lois pour
assurer l’élaboration de stratégies nationales exhaustives en matière de LBC/LFT. Il travaille à
l’identification des besoins d’assistance technique des États membres. Le groupe se réunit
régulièrement pour examiner et élaborer des programmes de travail pour la région et échanger des
informations sur les pratiques de blanchiment de capitaux dans la région. Le secrétariat est situé à
Dar Es-Salaam. Le GABAOA est composé de 14 États membres : les Républiques d’Afrique du
Sud, du Botswana, du Malawi, du Mozambique, de Namibie, des Seychelles, de Tanzanie, de
Zambie et du Zimbabwe, ainsi que les Royaumes du Lesotho et du Swaziland. À l’exception du
Kenya, des Seychelles et de l’Ouganda, tous sont également membres de la Communauté de
développement d’Afrique australe (SADC).
Le groupe a mis au point un plan stratégique pour 2005-2008 qui identifie sept objectifs
clés pour accélérer la mise en œuvre de normes de LBC/LFT fondée sur une analyse détaillée des
caractéristiques essentielles de la région, y compris ses forces, ses faiblesses et ses principaux défis.
Le besoin d’identifier les priorités régionales dans la mise en œuvre des recommandations du GAFI
et d’aider les pays à développer et à mettre en œuvre des stratégies nationales de LBC/LFT est au
cœur de cette initiative.
Le GIABA a été formellement créé par la Communauté économique des États d’Afrique
de l’Ouest (CEDEAO) en 2004. En janvier 2006, le groupe s’est vu confier la responsabilité
supplémentaire de diriger les efforts régionaux visant à lutter contre le financement du terrorisme.
Le GIABA a demandé à être reconnu comme un ORTG par le GAFI. Il est gouverné par un Conseil
des Ministres. Son secrétariat, situé à Dakar, coordonne les activités de coopération régionale parmi
ses membres, propose des séminaires de formation au personnel des CRF et d’autres
professionnels, ainsi que des événements de sensibilisation et va prochainement entreprendre une
évaluation des besoins d’assistance technique de ses membres. Ses membres actuels comprennent
le Bénin, le Burkina Faso, le Cap Vert, la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Gambie, le Ghana, la Guinée-
Bissau, le Liberia, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, le Sierra Leone et le Togo. Le groupe a
approuvé un programme de travail pour 2005-2006. Dans un proche avenir, le GIABA apportera
son soutien, si nécessaire, aux auto-évaluations des États membres et à la réalisation de leurs
éventuelles évaluations mutuelles.