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MASTER DROIT PRIVE ET SCIENCES CRIMINELLES

Matière : Droit Pénal Financier

LE GROUPE
D’ACTION
FINANCIERE
Encadrer par :
Madame Guennoun Soumia
Préparer par :
• Aliya Bouthaim
• Asmae Bourtal
• Chadia Chikh
• NourElhouda ElIdrissi
• Lamis Boudouik
• Amina Id Bobker
• Omar Chabih

1
REMERCIEMENT

Chère Professeur Guennoune Soumia ,

Nous tenons à vous exprimer notre sincère gratitude pour votre


soutien et votre engagement tout au long de ce projet. Votre
passion pour l'enseignement et vos conseils avisés ont grandement
enrichi notre apprentissage. Grâce à vous, nous avons non
seulement acquis des connaissances précieuses, mais aussi
développé notre confiance en nous. Merci pour votre patience et
votre disponibilité. Nous sommes impatients de mettre en pratique
tout ce que vous nous avez appris Avec nos remerciements les plus
chaleureux

2
Plan :

Introduction générale

Partie I : Le cadre juridique et institutionnel du Groupe d'Action Financière

Chapitre I : La structure et les missions du GAFI


Section 1 : La création et l’évolution du GAFI
Section 2 : Organisation et fonctions du GAFI

Chapitre II : Les normes et recommandations du Groupe d’action financière


Section 1 : Les quarante Recommandations DU GAFI
Section 2 : La mise en œuvre des recommandations par les États membres

PARTIE II: les défis et l'impact du GAFI dans le système financier international

Chapitre I : Les menaces émergentes dans le domaine financier


Section 1 : Blanchiment d’argent dans le contexte numérique
Section 2 : Financement du terrorisme

Chapitre II : Impact et perspectives d’évolution du GAFI


Section 1 : Évaluation des actions du Maroc en matière de conformité avec les
recommandations du GAFI
Section 2 : Perspectives d'avenir et défis à relever

Conclusion

Introduction
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Le Groupe d'action financière (GAFI), connu en anglais sous le nom de Financial
Action Task Force (FATF), est un organisme intergouvernemental créé en 1989 pour lutter
contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Son établissement répond
à une préoccupation croissante au niveau international concernant l'utilisation abusive
des systèmes financiers. Le GAFI élabore des recommandations qui servent de normes
internationales, incitant les pays à adopter des mesures efficaces pour protéger l'intégrité
de leurs systèmes financiers.
Le GAFI a été fondé lors du sommet du G7 à Paris en juillet 1989, avec pour objectif
initial de créer une coopération internationale pour contrer le blanchiment d'argent,
particulièrement lié au trafic de stupéfiants. À ses débuts, il réunissait des représentants
des pays du G7, de la Commission européenne et d'autres nations.
Évolution des Recommandations
Les premières recommandations, publiées en 1990, visaient à établir un cadre pour
lutter contre l'abus des systèmes financiers. Ces recommandations ont été révisées en
1996 pour s'adapter aux nouvelles techniques de blanchiment et élargir leur portée.
Inclusion du Financement du Terrorisme
Suite aux attentats du 11 septembre 2001, le GAFI a élargi son mandat pour inclure
la lutte contre le financement du terrorisme, adoptant des recommandations spéciales qui
complètent les quarante recommandations initiales.
Le cadre normatif du GAFI repose sur 40 recommandations qui définissent les mesures que
les pays doivent mettre en place :
• Identifier les risques et développer des politiques et une coordination au niveau national
;

• Agir contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et le financement


de la prolifération ;

• Mettre en œuvre des mesures préventives pour le secteur financier et les autres secteurs
désignés

• Doter les autorités compétentes (par exemple, les autorités chargées des enquêtes, les
autorités de poursuite pénale et les autorités de contrôle) des pouvoirs et des
responsabilités nécessaires et mettre en place d’autres mesures institutionnelles ;

• Renforcer la transparence et la disponibilité des informations sur les bénéficiaires


effectifs des personnes morales et des constructions juridiques ;

• Faciliter la coopération internationale. Les quarante recommandations originales ont été


élaborées en 1990 dans le but de lutter contre l’utilisation abusive des systèmes
financiers à des fins de blanchiment de l’argent de la drogue.

4
Le GAFI procède à des évaluations mutuelles pour examiner la conformité des pays
avec ses recommandations. Ce processus comprend :
Des évaluations par les pairs pour identifier les lacunes dans les dispositifs nationaux.
La formulation de recommandations pour améliorer l'efficacité des mesures mises en
œuvre.
Le GAFI maintient une liste de juridictions à haut risque et non coopératives, incitant
les pays à appliquer des contre-mesures contre ceux qui ne respectent pas les normes
établies. Cette liste est régulièrement mise à jour pour refléter la situation actuelle.
Aujourd'hui, le GAFI continue d'évaluer les dispositifs nationaux des pays membres
pour assurer leur conformité aux normes établies et renforcer l'efficacité des mesures mises
en place pour protéger l'intégrité du système financier international. Cette évolution constante
témoigne de l'engagement du GAFI à s'adapter aux défis contemporains tout en maintenant
son rôle central dans la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.

Le GAFI s'est engagé à maintenir un dialogue privé étroit et constructif avec le secteur,
la société civile et d'autres parties impliquées, engagées comme des partenaires essentiels
pour garantir l'intégrité du système financier. La révision des recommandations a été
accompagnée d'une consultation approfondie, prenant en compte les retours et suggestions
de ces acteurs. À l'avenir, et conformément à son mandat, le GAFI continue à envisager des
modifications des normes en fonction des nouvelles informations relatives aux menaces et aux
vulnérabilités émergentes au sein du système financier mondial. Le GAFI exhorte tous les pays
à adopter des mesures efficaces pour aligner leurs systèmes nationaux de lutte contre le
blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération
sur les recommandations révisées du GAFI. Alors d’après tous ces informations il serait utile
d’évoquer une question pertinente qui tabasse l’esprit à savoir :

Comment le Groupe d'Action Financière (GAFI) adapte-t-il ses normes et recommandations face
aux défis émergents du blanchiment d'argent et du financement du terrorisme, tout en évaluant
l'impact de ces mesures sur les systèmes financiers nationaux, notamment dans le contexte
marocain ?

Question dérivante aux quel répond le sujet :

❖ Comment le GAFI, depuis sa création en 1989, a-t-il évolué pour s'adapter aux défis
contemporains du blanchiment d'argent et du financement du terrorisme, et quelles
sont les principales étapes de cette évolution ?
❖ Quelles sont les quarante recommandations du GAFI et comment ces normes ont-
elles été mises à jour pour répondre aux nouvelles menaces émergentes, notamment
dans le contexte numérique et face à l'évolution des techniques de financement du
terrorisme ?

5
❖ Quel est l'impact des recommandations du GAFI sur la conformité des États membres,
en particulier au Maroc, et quelles perspectives d'avenir le GAFI envisage-t-il pour
renforcer son efficacité face à la criminalité financière croissante ?

6
Partie I : Le cadre juridique et institutionnel du Groupe d'Action Financière
La première partie de notre étude se concentre sur le cadre juridique et
institutionnel du Groupe d'Action Financière (GAFI), un organisme clé dans la lutte contre le
blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Dans le Chapitre I, nous examinerons
la structure et les missions du GAFI, en détaillant d'abord son historique et son évolution
depuis sa création en 1989, ainsi que son organisation interne qui lui permet de mener à
bien ses objectifs. Nous aborderons ensuite les normes et recommandations établies par le
GAFI dans le Chapitre II, en nous penchant sur les quarante recommandations qui forment
le socle de ses actions, ainsi que sur les mécanismes mis en place pour assurer leur mise
en œuvre par les États membres. Cette analyse nous permettra de mieux comprendre
comment le GAFI s'adapte aux défis contemporains tout en renforçant l'intégrité du système
financier international.

Chapitre I : La structure et les missions du GAFI


Dans ce Chapitre I, nous allons examiner la structure et les missions du GAFI, en
mettant en lumière deux aspects clés. (la Section 1). La Section 2 se concentrera sur
l'organisation et les fonctions du GAFI, détaillant sa structure intergouvernementale, ses
organes décisionnels, ainsi que les missions fondamentales qui lui sont assignées,
Section 1 : La création et l’évolution du GAFI

Le Groupe d’action financière (GAFI), également connu sous son acronyme anglais FATF
(Financial Action Task Force), a été créé en 1989 à l'initiative des pays membres du G7 lors
du sommet de Paris. Sa création répondait à la nécessité d'une réponse coordonnée et
internationale face à l'augmentation du blanchiment de capitaux, notamment dans le cadre
du trafic de drogues. Dès sa fondation, le GAFI avait pour mission d’établir des normes et
des recommandations en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux (LBC).
Évolution du mandat : Au fil des années, les missions du GAFI ont évolué, reflétant les
nouvelles menaces mondiales :
2001 : Après les attaques du 11 septembre, son mandat s’est élargi pour inclure la lutte
contre le financement du terrorisme (FT). Cela a conduit à l'introduction de nouvelles
recommandations spécifiques sur le financement du terrorisme, en plus de celles sur le
blanchiment de capitaux.
2012 : Le GAFI a encore élargi son champ d'action en intégrant la lutte contre le
financement de la prolifération des armes de destruction massive (FP).
2022 : Le GAFI a entamé son cinquième cycle d’évaluations des pays membres basé sur une
nouvelle méthodologie.
Ce cycle vise à analyser non seulement la conformité technique des pays avec les
recommandations, mais aussi l'efficacité de leur mise en œuvre.
Depuis sa création, le GAFI a mis en place un système d’évaluation mutuelle entre les pays
membres, permettant une supervision rigoureuse et une amélioration continue des
dispositifs nationaux de lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme
et le financement de la prolifération des armes de destruction massive.
Section 2 : Organisation et fonctions du GAFI

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structure organisationnelle

Structure organisationnelle : Le GAFI est un organisme intergouvernemental, composé


de 39 membres, parmi lesquels figurent des États et des organisations régionales comme la
Commission européenne et le Conseil de coopération du Golfe. Le secrétariat du GAFI est
basé à Paris, sous l’égide de l’Organisation de Coopération et de Développement
Économiques (OCDE), mais le GAFI conserve une indépendance opérationnelle. Le
fonctionnement du GAFI repose sur plusieurs organes et groupes de travail spécialisés :
Le Groupe plénier : C'est l'organe décisionnel principal, composé des délégations des pays
membres et observateurs. Le Président et le Vice-président : Ils sont élus pour un mandat de
deux ans et sont chargés de la direction du GAFI. Le Président représente le GAFI dans les
forums internationaux et veille à la mise en œuvre des décisions du Groupe plénier.
Le Secrétariat : Basé à Paris, il assure la coordination des activités du GAFI et le soutien aux
membres.
Groupes de travail : Il existe plusieurs groupes de travail spécialisés, tels que le Groupe sur
l’évaluation et la conformité, chargé d’évaluer les pays, et le Groupe sur les typologies, qui
étudie les tendances et techniques émergentes en matière de LBC/FT.
les missions du GAFI
Les missions du GAFI : Le GAFI a plusieurs missions fondamentales :
Élaboration des standards internationaux : Le GAFI crée et met à jour des recommandations,
connues sous le nom de « Recommandations du GAFI ». Ces recommandations sont
devenues les normes mondiales en matière de LBC/FT/FP. Elles incluent des mesures telles
que l'obligation pour les institutions financières de signaler les transactions suspectes et la
mise en place de sanctions financières ciblées.
Évaluation de la conformité des pays : Le GAFI évalue régulièrement la conformité
technique et l'efficacité des régimes de LBC/FT des pays membres à travers un processus
d’évaluation mutuelle. Chaque pays membre est soumis à une évaluation approfondie de
ses cadres juridiques, réglementaires et opérationnels, ainsi que de l'efficacité de leurs
mesures LBC/FT.
Surveillance et suivi : En plus des évaluations, le GAFI met en place un suivi continu des
pays pour s’assurer qu’ils améliorent leurs systèmes. Cela inclut l’obligation pour certains
pays de fournir des rapports de suivi si des faiblesses importantes sont identifiées lors de
l'évaluation.
Promotion de la coopération internationale : Le GAFI facilite la coopération
internationale dans la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme
et la prolifération. Cette coopération se fait à travers l’échange d’informations, la
coordination des efforts et la création de réseaux entre pays membres et observateurs.
Analyse des tendances mondiales : Le GAFI, par l'intermédiaire de son Groupe sur les
typologies, analyse les techniques et tendances émergentes en matière de blanchiment de
capitaux et de financement du terrorisme, afin de renforcer les politiques mondiales en
conséquence le GAFI joue donc un rôle essentiel dans l'harmonisation des efforts

8
internationaux pour prévenir et combattre les crimes financiers. Ses recommandations et
évaluations sont largement reconnues comme le cadre de référence mondial pour la lutte
contre ces infractions économiques.

Chapitre II : Les normes et recommandations du groupe d’action


financière
Section 1 : Les Recommandations DU GAFI
Les recommandations du GAFI fournissent un cadre complet de mesures pour aider les
pays à lutter contre les flux financiers illicites. Elles comprennent un guide, de
réglementations et de mesures opérationnelles afin de garantir que les autorités nationales
puissent prendre des mesures efficaces pour détecter et perturber les flux financiers qui
alimentent le crime et le terrorisme, et punir les responsables d'activités illégales.
Voici un aperçu succinct des 40 recommandations du GAFI1, qui constituent les normes
internationales pour lutter contre le blanchiment de capitaux (LBC) et le financement du
terrorisme (FT) :
1.Évaluation des risques et approche basée sur les risques : Les pays doivent évaluer les
risques de blanchiment et de financement du terrorisme et appliquer une approche basée
sur les risques pour mieux cibler les efforts de lutte
2.Coopération nationale et coordination : Encourager la coopération entre les différentes
autorités et secteurs pour lutter contre ces crimes
3.Criminalisation du blanchiment de capitaux : Le blanchiment de capitaux doit être un crime
dans tous les pays
4.Confiscation et mesures provisoires : Les pays doivent établir des procédures pour saisir les
avoirs criminels
5.Criminalisation du financement du terrorisme : Le financement du terrorisme doit être
clairement défini et réprimé
6.Sanctions financières ciblées pour le terrorisme : Imposer des sanctions financières aux
personnes liées au terrorisme
7.Sanctions pour la prolifération des armes de destruction massive : Appliquer des sanctions
financières contre ceux qui soutiennent la prolifération nucléaire
8.Organisations à but non lucratif : Protéger les organisations à but non lucratif contre les
abus, en particulier dans le financement du terrorisme

9
1
TF ps://www.fatf-gafi.org/en/publications/Fatfrecommendations/Fatf-recommendations.html).
9.Secret bancaire : Les lois sur le secret bancaire ne doivent pas empêcher la coopération
pour lutter contre le blanchiment
10.Due diligence client : Les institutions financières doivent effectuer des contrôles rigoureux
sur leurs clients pour détecter les risques
11 : Tenue de registres2
12 : Personnes politiquement vulnérables
13 : Correspondant bancaire
14 : Services de transfert d’argent ou de valeur
15 : Nouvelles technologies
16 : Virements télégraphiques

17 : Recours à des tiers


18 : Contrôles internes et succursales et filiales étrangères
19 : Pays à haut risque

20 : Déclaration des opérations douteuses


21 : Dénonciation et confidentialité
22 : EPNFD : vigilance à l’égard de la clientèle

23 : EPNFD : Autres mesures


24 : Transparence et bénéficiaires effectifs des personnes morales
25 : Transparence et propriété effective des constructions juridiques

26 : Réglementation et surveillance des institutions financières


27 : Pouvoirs des autorités de surveillance
28 : Réglementation et surveillance des EPNFD

29 : Cellules du renseignement financier


30 : Responsabilités des autorités chargées de l’application de la loi et des autorités chargées
des enquêtes

31 : Pouvoirs des autorités chargées de l’application de la loi et des autorités chargées des
enquêtes
32 : Transporteurs de fonds
33 : Statistiques Vues : 13286

10
2
. TF ps://www.fatf-gafi.org/en/publications/Fatfrecommendations/Fatf-recommendations.html).
34 : Orientation et rétroaction
35 : Sanctions

36 : Instruments internationaux
37 : Entraide judiciaire
38 : Entraide judiciaire : gel et confiscation

39 : Extradition
40 : Autres formes de coopération internationale

Section 2 : La mise en œuvre des recommandations par les pays membres


Le cadre juridique et institutionnel
Les pays membres du GAFI doivent intégrer les recommandations dans leurs législations
nationales. Cela se traduit par la mise en place de lois et règlements spécifiquement dédiés à
la lutte contre le BC et le FT3, tels que des lois sur la transparence des transactions
financières, la détection des flux financiers suspects et la coopération entre les institutions
financières et les autorités. En outre, des institutions de supervision, comme les autorités
bancaires et les cellules de renseignement financier (CRF), sont créées pour assurer le
respect des normes.
. Évaluation de la conformité et des efforts de mise en œuvre
Les pays membres sont régulièrement évalués par le GAFI sur la base de leur conformité aux
recommandations. Cette évaluation permet de mesurer l'efficacité des politiques mises en
place et de suggérer des améliorations. Les rapports d’évaluation, comme ceux du GAFI ou
du Groupe d’Évaluation Mutuelle (GEM), identifient les faiblesses dans la mise en œuvre et
fournissent des recommandations spécifiques aux pays.
Par exemple, des pays comme la France ou le Royaume-Uni ont montré un engagement fort
et ont réussi à mettre en place des mécanismes robustes pour respecter les
recommandations du GAFI. En revanche, certains pays en développement rencontrent des
défis considérables, notamment en raison de ressources humaines et financières limitées.
Les obstacles à la mise en œuvre
L’un des principaux obstacles à la mise en œuvre des recommandations du GAFI réside dans
la limitation des ressources humaines et financières, particulièrement dans les pays en
développement. Ces pays font face à des difficultés pour financer et maintenir des
institutions de

3 11
https://www.fatf-
gafi.org/publications/mutualevaluations/
4
Financial Action Task Force (FATF), Mutual
Evaluation Reports https://www.fatf-
gafi.org/publications/mutualevaluations/
surveillance compétentes et dotées d’une expertise suffisante. De plus, la corruption et
l'instabilité politique peuvent entraver la mise en place de mécanismes efficaces.
D'autres défis incluent la faible coopération internationale dans certaines régions, et
l'absence de volonté politique dans d'autres. Les pays non conformes peuvent être soumis à
des sanctions économiques ou être placés sur des listes noires, ce qui peut nuire à leurs
relations financières internationales.

Exemples , défis et perspectives


Cas 1 : La mise en œuvre au Maroc Le Maroc a adopté plusieurs réformes pour se conformer
aux recommandations du GAFI, en renforçant ses lois anti-blanchiment et en créant des
structures telles que la Cellule de Renseignement Financier du Maroc (CRF). Ces mesures ont
permis au Maroc d'améliorer la transparence et de mieux détecter les transactions
suspectes. Toutefois, des défis persistent, notamment la coopération avec les autres pays et
la mise en œuvre effective des lois à l'échelle locale.

Cas 2 : La mise en œuvre en Europe (France et Royaume-Uni) 4La France et le Royaume-Uni


ont été des leaders dans l'application des recommandations du GAFI, mettant en place des
lois strictes sur la transparence des transactions financières et la coopération internationale.
Ces pays disposent d'institutions de surveillance efficaces et d'un cadre juridique solide.
Cependant, ils doivent continuer à faire face à des défis comme la criminalité financière de
plus en plus sophistiquée et la nécessité d'améliorer la coopération avec les pays à risque
élevé.

Cas 3 : Les défis dans les pays en développement (exemple d'un pays africain) Un pays
africain, par exemple le Nigéria, fait face à d'importants défis dans l'application des
recommandations du GAFI. En dépit de l'adoption de lois anti-blanchiment, des problèmes
tels que la corruption, la faiblesse des institutions financières locales et l'instabilité politique
rendent la mise en œuvre des normes du GAFI difficile. Ces défis nécessitent une réforme
institutionnelle et un soutien international accru.

Défis et obstacles rencontrés


Ressources limitées : De nombreux pays n'ont pas les moyens de déployer une surveillance
efficace.
Coopération internationale : Les pays rencontrent des difficultés à coordonner leurs efforts,
en particulier avec ceux qui ont des systèmes financiers moins développés ou qui sont sous
sanctions.
Crises internes : La guerre, la corruption et les crises économiques peuvent déstabiliser
l'implémentation des recommandations.
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Perspectives d'amélioration
Renforcement de la coopération internationale : Les pays doivent travailler plus étroitement
ensemble pour échanger des informations et mener des enquêtes transnationales.
Utilisation des technologies avancées : L'usage de l'intelligence artificielle et de la blockchain
peut aider à améliorer la détection des transactions suspectes et à renforcer la transparence
des systèmes financiers.
Approche régionale et ciblée : Les pays en développement devraient mettre en place des
stratégies adaptées à leurs besoins spécifiques, en tenant compte de leurs réalités
socioéconomiques.

les recommandations du GAFI sont essentielles pour garantir la sécurité et la


transparence des systèmes financiers mondiaux. Bien que des progrès importants aient
été réalisés dans l'adoption de ces recommandations, des défis subsistent, en particulier
pour les pays en développement. Le GAFI doit continuer à soutenir ces pays tout en
améliorant la coopération internationale et en exploitant les technologies avancées pour
renforcer la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

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PARTIE II : Les défis et l'impact du GAFI dans le système financier
international :
Le Maroc, et un membre actif du Groupe d'Action Financière (GAFI) du Moyen-Orient
et de l’Afrique du Nord (GAFIMOAN), a pris des mesures pour aligner son système financier
sur les normes internationales de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du
terrorisme. Le pays fait face à des défis similaires, notamment l’émergence de menaces
dans le secteur numérique, avec un accent croissant sur les cryptomonnaies et les
plateformes de paiement en ligne.

Chapitre 1 : Les menaces émergentes dans le domaine financier :


Avec l’évolution rapide des technologies financières à travers le monde, le Maroc n’échappe
pas aux menaces qui en découlent. Le développement des cryptomonnaies et des
plateformes de paiement en ligne, tout comme les innovations financières telles que la
finance décentralisée (Défi), représentent de nouvelles opportunités mais également des
défis majeurs en matière de régulation et de lutte contre le blanchiment d'argent
(SECTION1) et le financement du terrorisme (SECTION 2). Ces menaces émergentes
poussent les autorités marocaines à renforcer leurs mécanismes de contrôle et de
régulation.

Section 1 : Blanchiment d’argent dans le contexte numérique :

• Cryptomonnaies et blanchiment d’argent au Maroc :

La situation des cryptomonnaies :

La monnaie électronique peut se définir comme une valeur monétaire qui est stockée
sous une forme électronique, y compris magnétique. C’est en quelque sorte un équivalent
numérique de l’argent liquide. Elle peut être stockée sur un support électronique (la puce
d’un téléphone mobile) ou à distance sur un serveur (un compte en ligne). Ce support
électronique stocke directement la somme d’argent et n’est pas forcément lié à un compte
bancaire. Le Bitcoin, lui, est bien une monnaie électronique émise et contrôlée, non pas par
une banque centrale comme le dirham, l’euro, le dollar ou le yen, mais par un algorithme
présent sur un réseau informatique décentralisé (composé d’une multitude d’ordinateurs
reliés les uns aux autres sans serveur).

Le Bitcoin, en tant que première monnaie électronique décentralisée, ne dépend pas


d'une banque centrale. Émis et contrôlé par un algorithme sur un réseau décentralisé
d'ordinateurs, sa valeur est déterminée uniquement par l’offre et la demande. Lancé en
2009 par Satoshi Nakamoto, un pseudonyme dont la véritable identité reste inconnue, le
Bitcoin repose sur la technologie de la blockchain. Ce registre distribué garantit l’inviolabilité
des transactions en enregistrant chaque opération validée et cryptée dans un bloc, formant
ainsi une chaîne de blocs consultable par tous.
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Cependant, la blockchain présente certaines limites, notamment en ce qui concerne la
sécurité des plateformes d’échange comme Coinbase ou Binance, par lesquelles les
utilisateurs doivent passer pour acheter ou vendre des bitcoins.

Au Maroc, bien que l'intérêt pour les cryptomonnaies, en particulier le Bitcoin,


augmente, leur utilisation reste formellement interdite. La réglementation des changes
stipule que les résidents marocains ne peuvent ouvrir des comptes à l'étranger que sous
certaines conditions, et toute infraction à cette règle peut entraîner des sanctions sévères, y
compris des peines de prison.

Les autorités marocaines, notamment le Ministère de l’Économie et des Finances,


Bank AlMaghrib et l’Autorité marocaine du Marché des Capitaux, mettent en garde contre
les risques associés à l'utilisation des monnaies virtuelles. Ceux-ci incluent l'absence de
protection du consommateur, la volatilité des cours et le risque d'utilisation à des fins
illicites, comme le blanchiment d'argent ou le financement du terrorisme.

Malgré cette interdiction, le pays s'intéresse aux applications de la blockchain dans un


cadre professionnel. En 2020, des conférences ont été organisées pour explorer comment
cette technologie pourrait contribuer à l'inclusion financière.

Exemples : Le cas de "Bitaka" au Maroc

Le cas de Bitaka au Maroc est un exemple concret de la tentative de gestion et de régulation


des cryptomonnaies dans un cadre où les autorités cherchent à protéger l'économie et les
citoyens contre les risques associés à ces nouvelles technologies financières.

En raison des risques associés aux cryptomonnaies, comme le blanchiment d'argent, le


financement du terrorisme, et la volatilité élevée de ces actifs, le Maroc a interdit l'usage
des cryptomonnaies en 2017 à travers un communiqué conjoint de la Bank Al-Maghrib
(BAM), l'Office des Changes, et l'Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC).
Cependant, malgré cette interdiction, de nombreuses personnes au Maroc continuent à
s'intéresser aux cryptomonnaies, notamment pour les transactions internationales ou à des
fins spéculatives.

• Plateformes de paiement en ligne et blanchiment d’argent au Maroc

Les plateformes de paiement en ligne au Maroc :

Le Maroc a mis en place des mesures législatives pour lutter contre le blanchiment
d’argent, telles que le Dahir n° 1-09-15 relatif à la lutte contre le blanchiment des capitaux.
Ce cadre impose aux institutions financières, y compris les plateformes de paiement, une
obligation de vigilance, de diligence et de signalement des opérations suspectes (article 1 de
la Loi n° 43-05).

Les articles 574-1 et 574-2 du Code pénal marocain définissent les infractions de

15
blanchiment et les actes qui le constituent. Les plateformes de paiement doivent donc
veiller à ne pas faciliter, directement ou indirectement, de telles opérations.

Loi n° 12-18 modifiant la loi 43-05 : Cette loi renforce les obligations des établissements de
paiement et des institutions financières concernant la lutte contre le blanchiment d'argent.
Elle impose aux plateformes de paiement en ligne de vérifier l'identité des utilisateurs et de
signaler les transactions suspectes.

Le blanchiment des capitaux est un processus par lequel des criminels dissimulent
l’origine illégale de fonds obtenus à partir d'activités criminelles. Au Maroc, comme dans de
nombreux pays, les autorités tentent de lutter contre ce fléau en mettant en place des lois
et régulations. Les plateformes de paiement en ligne, qui connaissent une digitalisation
rapide, offrent à la fois des avantages significatifs pour les utilisateurs et des risques liés à la
sécurité financière, notamment en matière de blanchiment d’argent.

La digitalisation des plateformes de paiement et leurs avantages

Les plateformes de paiement en ligne, telles que PayPal, Lydia ou Wise, révolutionnent
notre manière de gérer les transactions financières. Elles permettent des paiements rapides,
sécurisés et simples d'utilisation. En remplaçant les moyens traditionnels comme les
chèques ou les virements bancaires, ces plateformes offrent une expérience utilisateur
fluide et accessible à tous.

Un paiement rapide et sécurisé : Les utilisateurs bénéficient d’une mise à jour en temps réel
de leurs comptes, ce qui facilite la gestion de leurs finances. La sécurité des transactions est
renforcée par diverses mesures, réduisant ainsi les craintes de fraudes. En outre, les
plateformes de paiement en ligne garantissent la confidentialité des informations bancaires,
protégeant les utilisateurs contre les usurpations d'identité.

Une diversification des offres : Ces plateformes ne se limitent pas aux simples paiements ;
elles offrent également des services tels que le transfert d’argent à l’étranger, le cash-back,
et même des outils d’investissement. Cela en fait des alternatives attrayantes aux banques
traditionnelles, particulièrement pour les jeunes et les entrepreneurs.

Les risques et dangers financiers des plateformes de paiement

Malgré ces avantages, l'utilisation des plateformes de paiement en ligne présente des
risques notables, notamment en matière de blanchiment d’argent.

Le risque de phishing : Bien que les plateformes de paiement protègent les données
bancaires, elles peuvent être la cible d'attaques de phishing. Les utilisateurs peuvent
recevoir des e-mails frauduleux prétendant provenir de ces services, les incitant à divulguer
des informations sensibles. La vigilance est donc primordiale.

L’encadrement des utilisateurs : Les plateformes imposent des conditions d’utilisation

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strictes. Tout manquement peut entraîner des blocages de compte. Cela soulève des
inquiétudes concernant les abus potentiels, où des fonds peuvent être gelés sans
explication. En cas de violations de lois, les plateformes peuvent bloquer des transactions
qui participent à des activités illicites.

L’encadrement des plateformes : Les plateformes elles-mêmes doivent respecter des


régulations strictes pour éviter d'être utilisées dans des opérations de blanchiment d’argent.
Elles sont tenues de signaler toute transaction suspecte et de mener des vérifications
internes. Cela peut conduire à des ralentissements dans le traitement des paiements, et
dans certains cas, à des fermetures de comptes.

Exemples : Le blanchiment d’argent via des comptes M-Wallet au Maroc

Le blanchiment d'argent consiste à dissimuler l'origine illégale des fonds pour les
intégrer dans le système financier légitime. Récemment, des criminels au Maroc ont utilisé
des comptes M-Wallet (portefeuilles mobiles) pour transférer des fonds provenant
d'activités illégales comme la fraude et la contrebande. En divisant ces fonds en petites
transactions et en les transférant rapidement entre plusieurs comptes, ils ont pu échapper à
la surveillance des institutions financières traditionnelles.

Plusieurs défis demeurent pour lutter efficacement contre le blanchiment d'argent via les
M-Wallets :

➢ La difficulté de traçabilité : Le caractère numérique et décentralisé des transactions


via les M-Wallets complique la tâche des enquêteurs pour retracer les fonds jusqu'à
leur source d'origine.
➢ La rapidité des transactions : Les transferts de fonds se font en temps réel, ce qui
laisse peu de temps aux autorités pour intervenir en cas de soupçon.
➢ L'utilisation anonyme : Certains services M-Wallet permettent d'effectuer des
transactions sans identification complète de l'utilisateur, augmentant ainsi le risque
d'activités illicites.

Pour faire face à cette menace, les autorités marocaines ont renforcé les contrôles des
transactions M-Wallet, augmentant les seuils de surveillance et améliorant les systèmes de
détection des activités suspectes. Cependant, des défis persistent, notamment en ce qui
concerne la traçabilité des fonds et la rapidité des transactions. La lutte contre le
blanchiment d'argent via les M-Wallets nécessite une adaptation continue aux nouvelles
technologies et une coopération étroite entre les régulateurs et les forces de l'ordre.

Le Maroc, bien qu’il ait interdit les cryptomonnaies, continue de faire face aux défis posés
par ces actifs numériques, en particulier en matière de blanchiment d’argent. Les
plateformes de paiement en ligne, en dépit de leur potentiel pour favoriser l'inclusion
financière, représentent également des risques s'ils ne sont pas correctement surveillés.
Le cadre juridique marocain, renforcé par la loi n° 43-05, reflète une volonté d'alignement

17
sur les normes internationales du GAFI, tout en cherchant à s’adapter aux spécificités du
marché local et aux nouvelles menaces technologiques

Section 2 : Financement du terrorisme :

Pour une analyse approfondie des mécanismes de financement du terrorisme et


des stratégies du GAFI (Groupe d’Action Financière), nous allons examiner chaque
aspect de manière détaillée, en mettant en avant les pratiques récentes, les
collaborations stratégiques et les principaux défis auxquels la communauté
internationale fait face.

• Modes de Financement du Terrorisme

Le financement du terrorisme représente un défi complexe, car il englobe l’acquisition,


la collecte, la gestion, et l’utilisation de fonds à des fins terroristes. Ces fonds peuvent
provenir de sources légitimes, semi-légitimes ou totalement illicites. Pour bien
comprendre ce phénomène, il est essentiel d’identifier les différentes méthodes
employées par les groupes terroristes.

1. Sources de Financement
• Fonds légaux :
• Les groupes terroristes peuvent recevoir des dons de sympathisants à
travers des organisations caritatives ou à but non lucratif. Ces structures,
souvent perçues comme innocentes, collectent des fonds sous prétexte de
financer des activités humanitaires 4.
• Activités commerciales :
• Certains groupes utilisent des entreprises légales, comme des sociétés
écrans, des commerces locaux ou des bureaux d’échange, pour canaliser et
cacher les flux de financement. Le commerce de biens courants (par exemple, les
restaurants ou les petites épiceries) peut être utilisé pour blanchir les fonds
obtenus par d’autres moyens5.
• Criminalité organisée :
• Les activités criminelles comme la contrebande, le trafic de drogue, le
commerce de faux documents, le vol, et l’extorsion constituent des sources de
revenus significatives pour les groupes terroristes. L’évolution de la criminalité

18
4 Groupe d’Action Financière (GAFI), 40 Recommandations, mise à jour 2012. Disponible sur : GAFI
Recommandations.
5 Nations Unies, Bureau des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (UNODC), Countering the
Financing of Terrorism, Rapport thématique sur le financement du terrorisme, 2020. Disponible sur :
UNODC - Countering the Financing of Terrorism.
organisée s’intègre souvent dans les stratégies financières des groupes
terroristes6.
• Exploitation des ressources naturelles :
• Les organisations terroristes s’emparent souvent de ressources locales
(pétrole, gaz, métaux précieux, bois, et antiquités) dans des zones de conflit, ce
qui leur permet de générer des revenus7. Par exemple, Daech (État Islamique) a
financé une grande partie de ses opérations par le trafic de pétrole, de
phosphates et par le pillage de sites archéologiques8.
2. Mécanismes de Transfert de Fonds
• Hawala et réseaux informels de transfert d’argent :
• Le système de hawala est un réseau de transfert d’argent informel qui
repose sur des intermédiaires (hawaladars) et n’utilise pas les banques
traditionnelles. Cela permet de transférer des fonds rapidement, discrètement,
et souvent sans laisser de traces écrites9.
• Cartes prépayées et systèmes financiers parallèles :
• Les cartes prépayées, qui peuvent être achetées anonymement et
rechargées facilement, sont difficiles à tracer. Ces dispositifs permettent de
déplacer des fonds en dehors du système bancaire10
• Cryptomonnaies et actifs numériques :
• L’utilisation des cryptomonnaies représente une nouvelle menace pour
les autorités. Les groupes terroristes recourent aux bitcoins et autres monnaies
virtuelles pour contourner les restrictions bancaires et sécuriser les
transactions.11
3. Méthodes de Collecte et de Diversification
• Crowdfunding et appels de dons :
• Les plateformes de financement participatif (crowdfunding) et les réseaux
sociaux sont de plus en plus utilisés pour solliciter des contributions financières
de la part de sympathisants.

6 Heather A. Conley et Donatienne Ruy, Criminal and Terrorist Financing: Analyzing Strategies for 19
Threat Assessment, Carnegie Endowment for International Peace, 2019. Disponible sur : Carnegie
Endowment Report.
7 Groupe d’Action Financière, Typologies du Financement du Terrorisme, rapport annuel sur les

typologies de financement, 2019. Disponible sur : Rapport FATF - Typologies.


8 Groupe d’Action Financière, Financing of the Terrorist Organisation Islamic State in Iraq and the

Levant (ISIL), rapport sur le financement de l’État islamique, 2015. Disponible sur : GAFI - Financing of
ISIL.
9 Groupe d’Action Financière, Emerging Terrorist Financing Risks, rapport thématique, 2020.

Disponible sur : FATF Emerging Risks.


10 European Union Agency for Law Enforcement Cooperation (Europol), European Union Terrorism

Situation and Trend Report (TESAT), Rapport 2023. Disponible sur : Europol TESAT Report.
11 Global Financial Integrity (GFI), Illicit Financial Flows and Terrorism, rapport sur les flux financiers

illicites et leur lien avec le financement du terrorisme, 2021. Disponible sur : Global Financial Integrity
Report.
• Revenus diversifiés par les nouvelles technologies :
• Les groupes terroristes exploitent les technologies de communication
pour diversifier leurs méthodes de collecte, comme l’utilisation de messageries
cryptées pour coordonner les fonds ou le recours à des jeux en ligne pour cacher
les transactions.12

2. Exemples Récents de Financement du Terrorisme

Les récents cas de financement du terrorisme montrent comment les groupes


terroristes adaptent leurs stratégies à l’évolution de la réglementation et des
technologies. Voici quelques exemples concrets de cas observés ces dernières années :

1. Daech (État Islamique) : Financement par l’Exploitation de Ressources


• À son apogée, Daech générait environ 1 à 2 millions de dollars par jour grâce au
trafic de pétrole brut des champs qu’il contrôlait en Irak et en Syrie13.
• Le trafic d’antiquités a également servi de source de revenus, avec des artefacts
pillés des musées syriens et irakiens revendus sur le marché noir international14.
2. Boko Haram : Enlèvements et Activités Criminelles
• Boko Haram finance ses opérations principalement par le biais d’enlèvements
contre rançon, mais aussi par le trafic de drogue et le vol de bétail dans la région du
lac Tchad.15
3. Al-Qaïda : Réseaux de Financement Transnationaux
• Al-Qaïda et ses affiliés, comme AQMI, maintiennent des réseaux financiers
sophistiqués en Afrique du Nord, reliant le financement des attaques à des
entreprises légales en Europe et des donations en provenance de sympathisants au
Moyen-Orient.16
4. Utilisation des Cryptomonnaies par Hamas

12 Financial Action Task Force, Virtual Assets and Anti-Money Laundering, 2021. Disponible sur : FATF - 20
Virtual Assets.
13 Groupe d’Action Financière, Cooperation with the UN and Other Bodies, rapport sur la collaboration

du GAFI avec d’autres organisations internationales, 2019. Disponible sur : GAFI - Cooperation Report.
14 International Monetary Fund (IMF), Anti-Money Laundering and Combating the Financing of

Terrorism (AML/CFT), rapport sur les initiatives conjointes avec le GAFI, 2022. Disponible sur : IMF
AML/CFT.
15 Comité des sanctions de l’ONU, Résolution 1373 du Conseil de sécurité : Mesures visant à lutter contre

le financement du terrorisme, 2001. Disponible sur : UN Security Council Resolutions.


16 Groupe d’Action Financière, GAFI et Partenariat avec le Secteur Privé, rapport sur les initiatives de

coopération avec le secteur privé, 2021. Disponible sur : GAFI - Private Sector Partnerships.
• En 2019, le groupe terroriste Hamas a lancé une campagne de collecte de fonds
en bitcoins, en fournissant des instructions spécifiques sur la façon de sécuriser et
d’anonymiser les dons.17

• Collaboration du GAFI avec d’Autres Organismes

Le GAFI adopte une approche collaborative pour lutter contre le financement du


terrorisme, en travaillant en étroite coordination avec d’autres organisations
internationales, régionales, et nationales.

1. Les Partenaires Internationaux


• Nations Unies :
• Le GAFI coopère étroitement avec le Comité des sanctions de l’ONU, qui
est chargé de la surveillance des entités terroristes désignées.18
• Banque Mondiale et FMI :
• Ces institutions jouent un rôle clé dans la mise en œuvre des normes du
GAFI à travers des évaluations du système financier des pays membres.19
2. Organismes Régionaux de Type GAFI (FSRBs)
• Les groupes régionaux, comme le GAFIMOAN (Groupe d’Action Financière pour
le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord) et le GAFILAT (Groupe d’Action Financière
de l’Amérique Latine), permettent une meilleure adaptation des recommandations
aux spécificités locales.20

3. Programmes de Formation et Sensibilisation


• Le GAFI organise régulièrement des sessions de formation pour les autorités
nationales, les banques, les régulateurs, et d’autres parties prenantes afin de
sensibiliser aux risques émergents et de renforcer les capacités nationales.
• En Afrique, par exemple, le GAFI, en collaboration avec la Banque Africaine de
Développement, a mis en place des formations spécifiques pour lutter contre le

17 International Centre for Counter-Terrorism, The Use of Cryptocurrencies in Financing Terrorism, 21


rapport sur les tendances récentes de l’utilisation des cryptomonnaies par les groupes terroristes,
2019. Disponible sur : ICCT Report.
18 Nations Unies, Comité des Sanctions du Conseil de Sécurité, Résolutions sur les sanctions contre le

financement du terrorisme, rapport annuel 2019. Disponible sur : UN Security Council Sanctions.
19 International Monetary Fund (IMF), AML/CFT Evaluations and Assessments: Enhancing the

Effectiveness of the Global AML/CFT Framework, rapport conjoint avec le GAFI, 2021. Disponible sur :
IMF AML/CFT Framework.
20 Groupe d’Action Financière du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENAFATF), Rapport sur les

défis régionaux de la lutte contre le financement du terrorisme, 2021. Disponible sur : MENAFATF
Report.
financement du terrorisme dans les régions sahéliennes, zones particulièrement
touchées par des activités criminelles transnationales.21

• Défis et Recommandations Futures

Malgré les efforts importants, plusieurs défis persistent dans la lutte contre le
financement du terrorisme :
1. Défi de la Régulation des Cryptomonnaies
Les cryptomonnaies et autres actifs numériques posent un problème majeur car ils
permettent un transfert de fonds anonyme, rendant difficile la détection de flux
financiers illicites. Le GAFI a émis des directives pour réglementer les plateformes
d’échange de cryptomonnaies, mais leur application varie considérablement d’un
pays à l’autre.22
2. Insuffisance de la Coordination Internationale
Bien que le GAFI collabore avec des organismes tels que les Nations Unies et INTERPOL,
les divergences dans l’application des normes d’un pays à l’autre compliquent la
mise en place de mesures cohérentes. La fragmentation des législations nationales
sur le financement du terrorisme affaiblit l’efficacité globale de la lutte.23
3. Résistance des Systèmes Informels de Transfert de Fonds
Le système de hawala, les transferts de fonds anonymes via les services postaux et
d’autres méthodes informelles restent très utilisés dans les zones de conflit et par les
diasporas. Réguler ces systèmes tout en préservant les pratiques légitimes est un
défi constant.24

Le GAFI joue un rôle essentiel dans la lutte contre le financement du terrorisme, en


développant des normes internationales et en s’efforçant de les appliquer de manière
uniforme dans le monde entier. Cependant, les menaces évoluent rapidement, et les
efforts pour contrer ces menaces doivent s’adapter en conséquence. Cela nécessite une
collaboration étroite entre le GAFI, les gouvernements nationaux, les institutions
financières, et le secteur privé.

Les récentes initiatives pour intégrer les nouvelles technologies dans la lutte contre le
terrorisme, comme la régulation des cryptomonnaies et le partenariat avec des
plateformes en ligne, sont des pas dans la bonne direction. Toutefois, pour assurer un

21Banque Africaine de Développement, Programmes de Formation Contre le Financement du 22


Terrorisme en Afrique Sahélienne, 2021. Disponible sur : AfDB Counter-Terrorism Training.

22 Groupe d’Action Financière, Guidance for a Risk-Based Approach to Virtual Assets and Virtual Asset
Service Providers, directive sur la régulation des cryptomonnaies, 2021. Disponible sur : GAFI - Virtual
Asset Guidance.
23 Financial Action Task Force (FATF), Challenges in the Global Implementation of AML/CFT Measures,

rapport thématique, 2021. Disponible sur : FATF Global Challenges.


24 Financial Action Task Force, Hawala and Other Informal Transfer Systems, rapport sur les systèmes

informels de transfert de fonds, 2020. Disponible sur : FATF Hawala Report.


succès durable, une approche mondiale concertée, des capacités de formation accrues et
une meilleure application des sanctions financières restent essentielles.

Chapitre 2 : Impact et perspectives d’évolution du GAFI


Section 1 : Évaluation des actions du Maroc en matière de conformité avec les
recommandations du GAFI

Le GAFI (Groupe d'Action Financiere), est un organisme intergouvernemental cree


en 1989, Son objectif principal est de definir des normes et de promouvoir la mise en
œuvre de mesures juridiques, reglementaires et operationnelles efficaces pour lutter
contre le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme et d'autres menaces
liees a l'integrite du systeme financier international25.

Le GAFI a emis 40 recommandations initiales, regulierement mises a jour, couvrant


divers aspects, comme :

• La mise en place d'un cadre juridique efficace pour prevenir le blanchiment de


capitaux.
• La mise en place de mecanismes de cooperation internationale.
• Le suivi et la transparence des transactions financieres.

Les recommandations et les procedures d'evaluation mises en place par le GAFI


(Groupe d'action financiere) pour lutter contre le blanchiment de capitaux et le
financement du terrorisme (BC/FT). Le GAFI a etabli 40 recommandations qui
servent de guide international pour encadrer les pratiques de lutte contre ces
activites financieres illicites. Ces recommandations ne sont pas appliquees de
maniere libre ou selon le bon vouloir des pays membres ; ils sont soumis a des
evaluations periodiques organisees par un groupe d’experts internationaux.

Ces evaluations, appelees "evaluation mutuelle", consistent en un processus ou


les Etats membres s'evaluent les uns les autres, sous la supervision du secretariat du
GAFI, afin de garantir l'objectivite et la rigueur de la procedure. Ce processus se
termine par la publication d'un rapport detaille sur le site officiel du GAFI, permettant
ainsi une transparence sur la conformite des pays aux normes etablies.

Le processus d'evaluation d'un pays comprend deux grandes etapes essentielles :

un rapport de conformité technique et un rapport d'efficacité.

Le rapport de conformité technique vise a verifier si le systeme du pays respecte


les recommandations internationales. Par exemple, le pays doit analyser les risques
majeurs de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Au Maroc, ce
processus est realise dans le cadre d’un rapport d'evaluation nationale publie en
decembre 2021.

23
25 https://fnh.ma/article/actualite-financiere-maroc/gafi-maroc-liste-grise-ue
Pénalisation du blanchiment de capitaux : Il est egalement verifie si le blanchiment
est penalise par la loi du pays. Au Maroc, cela est effectivement le cas, car la
legislation prevoit des sanctions pour le blanchiment de capitaux, ce qui contribue a
la conformite du pays.

Présence d'une Cellule de Renseignement Financier (CRF) Un autre critere de


conformite est l'existence d'une unite de renseignement financier dediee, comme
l’Autorite Nationale du Renseignement Financier (ANRF) au Maroc, chargee de
surveiller et d’enqueter sur les transactions suspectes.

Ces criteres font partie d’une liste de 40 recommandations que chaque pays doit
respecter pour etre conforme aux standards internationaux en matiere de lutte
contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.

Auto evaluation : 2 grandes etapes le pays va devoir rendre deux rapports

Le rapport d’efficacité : On ne cherche plus si le pays a inclut dans son systeme les
normes du Gafi mais on va voir si son systeme est efficace. Ce rapport va se decouper
en 11 grandes thematique qu'on appelle des resultats immediats ; chacun subdivise
en 4 ou 5 questions essentielles. Exemple :

Le RI 1 sur les risques, la politique et la coordination generale

Le RI 2 sur la cooperation internationale

Le RI 7 sur le blanchiment de capitaux

Le RI 9 sur le financement du terrorisme

➢ Le pays va exposer pour chaque theme ce qu'il met en place sur le terrain pour
que son systeme soit le plus performant possible et le moins attractif pour les
blanchisseurs et les terroristes.

➢ Une fois c'est 2 rapports rendus, ils sont etudies par les evaluateurs, quelques
mois plus tard, ils vont envoyer des questions ecrites au pays pour clarifier les
premiers doutes.

➢ La visite sur place : deplacement physique des evaluateurs dans le pays


Rencontre avec des professionnels assujettis aux obligations de vigilance, leur
autorite de supervision, la cellule de renseignement financier, des enqueteurs,
des magistrats etc.

➢ Le travail se poursuit avec cette visite. Des questions vont continuer produire
un premier puis un deuxieme projet de rapport final.

➢ Le face a face : L'equipe du pays et l'equipe des evaluations vont discuter une
derniere fois des desaccords qui subsistent sur le fond et sur les notes. Ce

24
comite reduit choisira les questions qui seront portees devant l'assemblee du
GAFI a tous les autres pays membres.
➢ Presentation du rapport en pleniere : Pendant une demi-journee le pays va se
defendre pour essayer d'augmenter ses notes ou eviter une baisse note. Le
GAFI va appeler l’ensemble des pays membres pour se prononcer sur ces
decisions. Le pays et evalue par ses pairs (evaluation mutuelle).

Au terme des discussions, le rapport est adopte puis publie selon la notation obtenue.

Dans les 2 cas, l'ensemble du processus d'evaluation est relance completement au


bout de 5 ans.

Un communique de la primature annonce la sortie du Maroc de la "liste grise" du


Groupe d'action financiere (GAFI). Cette decision intervient a la suite des conclusions
positives contenues dans le rapport des experts du groupe, sanctionnant la visite de
terrain entreprise au Maroc du 16 au 18 janvier 2023.

"Ce rapport, en vertu duquel le Maroc est sorti de la liste grise, a salue l'engagement
politique formel du Royaume pour la conformite du dispositif national de lutte contre
le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme avec les normes
internationales, ainsi que le total respect par notre pays de tous ses engagements
dans les delais fixes", souligne le communique du chef du gouvernement.

Dans un communique diffuse le 24 fevrier, le GAFI "note les progres du Maroc dans
l'amelioration de leurs regimes respectifs de lutte contre le blanchiment de capitaux
et de financement du terrorisme (LBC/FT) couverts par leurs plans d'action
individuels. Chaque pays a remedie a ses carences techniques pour respecter les
engagements de son plan d'action sur les carences strategiques que le GAFI a
identifiees en fevrier 2019 et 2021 respectivement"

GAFI indique notamment que le Maroc a procede aux reformes cles suivantes :

➢ Ameliorer la supervision basee sur les risques et prendre des mesures


correctives et appliquer des sanctions efficaces, proportionnees et dissuasives
en cas de non-conformite
➢ Renforcer son cadre de sanctions financieres ciblees et veiller au respect, par
les institutions financieres et les entreprises et professions non financieres
designees, des obligations en matiere de sanctions financieres ciblees
➢ Entreprendre et partager les resultats de l'evaluation des risques sur
l'utilisation abusive de tous les types de personnes morales avec le secteur
prive et les autorites competentes
➢ Accroître la diversite des declarations de transactions suspectes ;
➢ Etablir des procedures de saisie et de confiscation des avoirs

La sortie de la « liste grise» 26signifie que le Maroc ne fait plus l’objet d’un suivi renforcé par
le GAFI, au vu des progrès qu’il a réalisés pour rehausser son dispositif de lutte contre le

25
26 https://medias24.com/2023/02/24/gafi-le-maroc-sort-de-la-liste-grise/
blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Cette décision reconnaît que le
Maroc a respecté ses engagements pris vis-à-vis du GAFI et a mis en œuvre son plan
d’actions dans les délais impartis. D’une part, pour se mettre en conformité avec les normes
du GAFI et, d’autre part, pour renforcer l’efficacité de son dispositif légal et réglementaire.
La sortie de liste du Maroc du GAFI aura des impacts positifs sur l’économie et le système
financier marocains, notamment sur :

La consolidation de sa réputation.

• Une plus grande attractivité des investisseurs étrangers.

• Une plus grande éligibilité aux opérations de financement de bailleurs de fonds étrangers.

• La consolidation des relations de correspondants Banking.

• L’allègement des formalités et délais de traitement des transactions financières et


commerciales avec l'étranger.

Les membres du GAFI ont adopté à l'unanimité la décision de sortie du Maroc du processus
de suivi renforcé. A ce niveau, les pays et organisations représentés au niveau de cette
instance ont reconnu les avancées réalisées par le Maroc et l’ont appelé pour certains à
partager son expérience dans la région. Cette sortie a été actée au regard des réalisations
dans les domaines suivants :

• Renforcement du cadre légal et réglementaire (loi 12-18 amendant la loi 43-05 et ses
décrets d’application)

• Coopération internationale en matière d’entraide judiciaire, d'enquêtes financières, des


saisies et confiscations des dons et actifs

• Renforcement de la disponibilité et de l’accès aux informations sur les bénéficiaires


effectifs des personnes morales et constructions judiciaires;

• Renforcement des ressources financières et humaines ainsi que des outils d’analyses
stratégiques et opérationnels de l'ANRF;

• Formation, sensibilisation, accompagnement et supervision basés sur les risques des


professions non financières;

• Renforcement du rôle des autorités d’application de la loi dans le cadre de l'identification,


l’enquête et la poursuite de tous les types de blanchiment de capitaux ainsi que des
infractions sous-jacentes liées au blanchiment des capitaux.

26
ET POUR QUE LE MAROC se maintenir dans cette position et la consolider ? il ;faut
premièrement La lutte contre la criminalité financière qui constitue une priorité nationale et
une garantie pour l’intégrité du système financier. La préservation de ces acquis requiert :

• Une mise en conformité permanente par rapport aux normes internationales qui sont en
constante évolution dans un contexte marqué la sophistication des techniques et moyens
utilisés par les criminels;

• Le maintien de la mobilisation et de la coordination au niveau national entre les secteurs


public et privé pour accompagner ces développements.

Section 2. Perspectives d'avenir et défis à relever :


Le Groupe d'action financière (GAFI) est une organisation intergouvernementale qui vise à
élaborer des politiques pour lutter contre le blanchiment de capitaux, le financement du
terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Ses perspectives d'avenir et
les défis auxquels il doit faire face sont multiples et importants, et ils découlent des évolutions
technologiques, géopolitiques et économiques mondiales.

• Perspectives d'avenir du GAFI :


1. Évolution des normes pour les actifs numériques et les nouvelles technologies financières :

• Réglementation des crypto-monnaies :


Le GAFI met de plus en plus l'accent sur la réglementation des crypto-actifs et des plateformes
d'échange. En 2019, il a mis à jour ses recommandations pour inclure des directives
spécifiques sur la régulation des crypto-monnaies, comme la règle du "Travel Rule", qui exige
que les prestataires de services de crypto-actifs partagent les informations sur les expéditeurs
et les destinataires des transactions. À l'avenir, le GAFI pourrait développer des lignes
directrices encore plus strictes pour s'assurer que ces actifs numériques ne sont pas utilisés
pour des activités illicites.27

• Technologies émergentes comme DeFi et NFT :


Le secteur de la finance décentralisée (DeFi) et les tokens non fongibles (NFT) posent de
nouveaux défis, car ils permettent des transactions anonymes et non réglementées. Le GAFI
se concentrera probablement sur la mise en place de cadres de régulation pour ces domaines
afin de prévenir leur utilisation à des fins de blanchiment d'argent ou de financement du
terrorisme.
2. Approfondissement des relations avec le secteur privé :

• Collaboration avec les institutions financières :


Le GAFI continuera à travailler en étroite collaboration avec les banques, les fintechs et les
entreprises de paiement pour améliorer la surveillance des flux financiers et la détection des

27
27 https://www.fatf-gafi.org/
activités suspectes. Cette coopération est cruciale pour s'assurer que les innovations
financières respectent les normes internationales.

• Rôle de la RegTech et de la SupTech :


Le GAFI soutient l'adoption de solutions technologiques qui permettent aux institutions
financières de mieux se conformer aux réglementations anti-blanchiment et de financement
du terrorisme. Par exemple, des outils d'intelligence artificielle et de machine learning
peuvent être utilisés pour analyser des données massives et détecter des schémas inhabituels
dans les transactions financières.
3. Renforcement des évaluations mutuelles et des suivis :

• Systèmes d'évaluation mutuelle :


Le GAFI utilise un processus d'évaluation mutuelle où chaque pays est examiné par ses pairs
pour évaluer la conformité à ses normes. Dans le futur, le GAFI pourrait renforcer ce
mécanisme pour inclure des critères plus stricts et des évaluations plus fréquentes, afin de
s'assurer que les pays appliquent effectivement les recommandations.

• Mécanismes de pression diplomatique : Pour motiver les pays à se conformer, le GAFI


pourrait intensifier ses pressions diplomatiques et économiques, y compris en
menaçant de mettre sur liste grise ou liste noire les pays qui ne respectent pas ses
normes.

• Défis à relever pour le GAFI :


1. Adaptation rapide aux menaces numériques :

• Utilisation croissante des cryptomonnaies par les criminels : Les réseaux criminels et
terroristes exploitent les failles dans la régulation des cryptomonnaies pour blanchir
de l'argent et financer leurs activités. L'un des défis majeurs pour le GAFI est de rester
en avance sur ces acteurs en identifiant rapidement les nouvelles méthodes et en
adaptant les cadres réglementaires.
• Anonymat des transactions sur le dark web :
Les transactions effectuées via des portefeuilles anonymes et les plateformes décentralisées
échappent souvent aux contrôles des régulateurs. Le GAFI devra collaborer avec des experts
en cybersécurité et développer des partenariats internationaux pour surveiller ces
transactions de manière plus efficace.
2. Disparités dans les capacités de mise en œuvre des pays membres :

• Pays à faible capacité de régulation : Les pays en développement ou les États fragiles
n'ont souvent pas les ressources techniques ou humaines pour appliquer efficacement
les normes du GAFI. Cela crée des zones de vulnérabilité que les criminels peuvent
exploiter. Le GAFI devra fournir un soutien technique et financier pour renforcer les
capacités de ces pays.
• Harmonisation des normes à l'échelle mondiale :
Les différences dans les systèmes juridiques et les pratiques de régulation à travers le monde
compliquent l'application uniforme des recommandations du GAFI. Le défi est de trouver un

28
équilibre entre le respect des spécificités nationales et la nécessité d'une norme commune
globale.
3. Résistance politique et défis géopolitiques :

• Pays qui ne se conforment pas pour des raisons stratégiques : Certains pays peuvent
résister à l'implémentation des normes du GAFI pour préserver leur compétitivité
financière ou attirer des capitaux étrangers. Dans ces cas, le GAFI doit naviguer avec
soin pour convaincre ces États d'adopter des mesures plus strictes sans nuire à leur
économie.
• Tensions géopolitiques influençant la coopération internationale : Les rivalités
géopolitiques, par exemple entre les grandes puissances mondiales, peuvent entraver
la coopération dans la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du
terrorisme. Le GAFI devra développer des approches diplomatiques neutres pour
encourager une collaboration même entre les pays aux relations tendues.
4. Lutte contre les nouvelles méthodes de financement du terrorisme

• Financement par des sources non traditionnelles : Les groupes terroristes utilisent de
plus en plus des sources de financement alternatives comme les plateformes de
financement participatif, les cryptomonnaies et les œuvres caritatives malhonnêtes.
Le GAFI devra adapter ses stratégies pour surveiller ces nouvelles méthodes et
introduire des mesures pour limiter ces canaux de financement.
• Réaction rapide aux crises mondiales : Les crises humanitaires ou les situations de
conflit créent des environnements où les flux financiers illicites peuvent se développer.
Le GAFI devra se montrer agile pour répondre à ces crises et minimiser les risques
d'exploitation par des acteurs malveillants.

29
CONCLUSION

Le Groupe d'Action Financière (GAFI) occupe une position prépondérante dans


la régulation financière mondiale, en mettant en œuvre des normes et
recommandations qui orientent les États dans leurs efforts pour lutter contre le
blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. L'application de ces
recommandations est indispensable pour préserver l'intégrité des systèmes
financiers à l'échelle internationale. Néanmoins, cette mise en œuvre se heurte à
divers obstacles, parmi lesquels figurent des défis politiques, économiques et
techniques.

Les États membres doivent démontrer un engagement résolu et mobiliser les


ressources nécessaires pour surmonter ces difficultés. À cet égard, le Maroc, en tant
que membre observateur du GAFI, illustre les initiatives des entreprises pour
harmoniser son système financier avec les normes internationales tout en affrontant
les menaces émergentes telles que les cryptomonnaies. Il est essentiel de renforcer
la coopération internationale afin d'assurer une réponse collective efficace face aux
défis financiers contemporains.

Ainsi, le GAFI demeure un acteur central dans la lutte contre les crimes
financiers, mais son efficacité dépendra de la détermination des États à s'engager
activement dans l'application de ses recommandations et à adapter leurs législations
aux évolutions constantes du paysage financier mondial.

30
Références :
❖ Banque Africaine de Développement, Programmes de Formation Contre le Financement
du Terrorisme en Afrique Sahélienne, 2021. Disponible sur : AfDB Counter-Terrorism
Training.

❖ Groupe d’Action Financière, Guidance for a Risk-Based Approach to Virtual Assets and
Virtual Asset Service Providers, directive sur la régulation des cryptomonnaies, 2021.
Disponible sur : GAFI - Virtual Asset Guidance.

❖ Financial Action Task Force (FATF), Challenges in the Global Implementation of AML/CFT
Measures, rapport thématique, 2021. Disponible sur : FATF Global Challenges.

❖ Financial Action Task Force, Hawala and Other Informal Transfer Systems, rapport sur les
systèmes informels de transfert de fonds, 2020. Disponible sur : FATF Hawala Report.

❖ International Centre for Counter-Terrorism, The Use of Cryptocurrencies in Financing


Terrorism, rapport sur les tendances récentes de l’utilisation des cryptomonnaies par les
groupes terroristes, 2019. Disponible sur : ICCT Report.

❖ Nations Unies, Comité des Sanctions du Conseil de Sécurité, Résolutions sur les
sanctions contre le financement du terrorisme, rapport annuel 2019. Disponible sur : UN
Security Council Sanctions.

❖ International Monetary Fund (IMF), AML/CFT Evaluations and Assessments: Enhancing


the Effectiveness of the Global AML/CFT Framework, rapport conjoint avec le GAFI, 2021.
Disponible sur : IMF AML/CFT Framework.

❖ Groupe d’Action Financière du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENAFATF), Rapport


sur les défis régionaux de la lutte contre le financement du terrorisme, 2021. Disponible
sur : MENAFATF Report.
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❖ Global Financial Integrity (GFI), Illicit Financial Flows and Terrorism, rapport sur les flux
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❖ Groupe d’Action Financière (GAFI), 40 Recommandations, mise à jour 2012. Disponible
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❖ Les Recommandations du GAFI (fatf-gafi.org)

❖ GAFI ou FATF en anglais (Financial Action Task Force).

❖ https://www.fatf-gafi.org/
❖ https://fnh.ma/article/actualite-financiere-maroc/gafi-maroc-liste-grise-ue

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