CentraleSupélec 1999 PC Mathématiques 2 Ea

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Concours Centrale - Supelec 1999

Epreuve : MATHEMATIQUES II Filière PC

Tout le problème se passe dans E3 , espace affine euclidien de dimension 3. Le choix, fait une fois pour toutes, d’une
−→
origine O permet d’identifier le point A et le vecteur OA (à partir de la partie II) et l’écriture A = tB + (1 − t) C
−→ −−→ −−→
correspond donc à OA = tOB + (1 − t) OC.
Dans tout le problème, n désigne un entier supérieur ou égal à 2. On appelle courbes polynomiales de degré n les
courbes qui admettent une représentation du type :

t 7→ M (t) = A0 + tA1 + t2A2 + · · · + tnAn

L’objectif du problème est d’étudier un procédé de génération de ces courbes à partir d’une ligne polygonale appelé
polygone de contrôle (courbes de Bézier). Ce procédé est très utilisé en informatique graphique, l’opérateur choisissant
le polygone de contrôle et l’ordinateur calculant la courbe.

Partie I

On considère l’espace vectoriel Rn [X] des polynômes à coefficients réels de degré inférieur ou égal à n.
On note Bnk les polynômes définis par :
n−k
Bnk (x) = Cnk xk (1 − x) (k = 0, 1..., n)
Bnk = 0 si k > n + 1 et, par convention, si k < 0
Pn k
I.A- Montrer que k=0 Bn (x) = 1, et que pour tout k (k = 0, 1, ..., n) on a
k−1
Bnk (x) = (1 − x) Bn−1
k
(x) + xBn−1 (x)
Pn
I.B- Soit i un entier (0 6 i 6 n) . Montrer que : Cni xi = i k
k=i Ck Bn .

I.C- Montrer que les polynômes Bnk (k = 0, 1, ..., n) forment une base de Rn[X].
I.D- Etablir la formule pour k = 0, 1, ..., n :
d k k−1 k

Bn (x) = n Bn−1 (x) − Bn−1 (x)
dx
Rx
et en déduire la décomposition du polynôme 0 Bni (t) dt sur la base formée par les polynômes
k
Bn+1 (x) (k = 0, 1, ..., n + 1) .

Partie II

On rappelle que les paraboles sont les courbes dont une représentation paramétrique est donnée par :

− −

t 7→ M (t) = A + t V + t2 W

− −

où V et W sont deux vecteurs indépendants.


L’axe d’une telle parabole P admet W comme vecteur directeur et passe par le sommet S P caractérisé par la


propriété suivante : la tangente en S à P est perpendiculaire à W .

II.A- Soient trois points A0, A1 , A2 distincts. On définit B0 barycentre des points A0 et A1 affectés des coefficients
(1 − t) et t : B0 = (1 − t) A0 + tA1 .
De même, on définit :
B1 barycentre de A1 et A2 affectés des coefficients (1 − t) et t
C0 barycentre de B0 et B1 affectés des coefficients (1 − t) et t
Exprimer C0 (t) au moyen des polynômes B2k (t) (k = 0, 1, 2) et des points A0 , A1, A2 et montrer que la courbe
décrite par le point C0 (t) est une parabole P si et seulement si les trois points A0 , A1, A2 ne sont pas alignés.
Montrer que toute parabole peut être générée par un tel procédé.

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II.B- Montrer que la parabole P passe par les points A0 et A2 . Quels sont les vecteurs tangents à P en A0 et A2 ?
Reconnaître la tangente au point C0 (t) .
Exemple : L’espace étant muni d’un repère orthonormé, d’origine O, représenter soigneusement sur une même
figure les paraboles obtenues dans les trois cas suivants :

A0 (1, 0, 0) ; A1 (0, 2, 0) ; A2 (3, 0, 0)


A0 (1, 0, 0) ; A1 (1, 1, 0) ; A2 (3, 0, 0)
A0 (1, 0, 0) ; A1 (4, 2, 0) ; A2 (3, 0, 0)

On ne tracera que les arcs de parabole compris entre A0 et A2 . Ceci justifie la notion de polygone de contrôle :
en modifiant le polygone, l’opérateur contrôle la forme de la courbe tracée par l’ordinateur.
nous utilisons maintenant cette représentation pour obtenir quelques propriétés des paraboles.
II.C- Que peut-on dire des rapports
A0 B0 A1 B1 B0 C0
, ,
B0 A1 B1 A2 C0 B1

II.D- On appelle A01 le milieu de [A0A2 ] et C le point C0 12 .




Montrer que les points A1, A01 et C sont alignés.


−−−−−−−−−−−→ −−−→
Montrer que les vecteurs C0 (t) C0 (1 − t) et A0 A2 sont colinéaires et que le milieu de [C0 (t) C0 (1 − t)] appartient
à la droite (A1A01 ) . Quel est le lieu du milieu des cordes parallèles à (A0 A2 ) ?
II.E- Soit B00 le milieu de [A0 C0] . Montrer que les droites (B0 B00 ) et (A1A01 ) sont parallèles.
Application : L’espace étant rapporté à un repère orthonormé Oxyz, les points A 0, A1 , A2 ont pour coordonnées
A0 (1, 0, 0) ; A1 (0, 1, 0) ; A2 (0, 0, 2) . Trouver les coordonnées du sommet de la parabole de polygone de
contrôle [A0 A1 A2 ] .
II.F- Les points A0 , A1, A2 étant non alignés, on considère les paraboles P1, définie par le polygone de contrôle
[A0 A1 A2 ] , de point courant M (t) , et P2 , définie par le polygone [A1A2 A0 ] de point courant N (u) , paramétrées
par le procédé décrit en II.A. Montrer qu’il existe deux valeurs du couple (t, u) pour lesquelles M (t) = N (u)
et que P1 et P2 se coupent sur la médiane issue de A0 dans le triangle [A0 A1A2 ] .

Partie III

III.A- On considère une suite de (n + 1) points distincts A0 , A1, ..., An, et on pose A0i = Ai pour 0 6 i 6 n (les A0i
pouvant être considérées comme des fonctions constantes).
pour k = 1, 2, ..., n, on construit de proche en proche les suites finies de fonctions Aki 06i6n−k données par :


(∀t ∈ [0, 1]) Aki (t) = (1 − t) Ak−1


i (t) + tAk−1
i+1 (t) (algorithme de De Casteljau)
Pn
Montrer que : An 0 (t) =
j
j=0 Aj Bn (t) et que la courbe C (courbe de Bézier de polygone de contrôle [A 0 A1 ...An]
n
définie par t 7→ A0 (t) passe par les points A0 et An .
III.B- Exprimer la dérivée première (respectivement la dérivée seconde) de A n
0 (t) au moyen des vecteurs ∆i = Ai+1 −Ai
(respectivement ∆2i = Ai+2 − 2Ai+1 + Ai ). Que trouverait-on pour la dérivée troisième ? Que sont les vecteurs
tangents en A0 et An ?
III.C- Montrer que si les points (Ai )06i6n sont alignés, alors C est portée par une droite. Réciproque ? Montrer que
si les points (Ai )06i6n sont coplanaires, alors C est une courbe plane. Réciproque ?
III.D- Soit A0 , A1, A2, A3 quatre points distincts.

III.D.1) Donner une condition nécessaire et suffisante pour que la courbe de Bézier soit une parabole.
III.D.2) On suppose que les quatre points ne sont pas coplanaires. la courbe obtenue peut-elle avoir des points
singuliers ?

Partie IV

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Dans cette partie, on appelle courbe de Bézier de polygone de contrôle [A 0 A1...An] l’application :
n
X
t ∈ [0, 1] 7→ M (t) = Ak Bnk (t) (on se limite à l’arc d’extrémités A0 et An)
k=0

Soit k un entier strictement positif et kn + 1 points notés A0 , A1, ..., Akn.


On considère les courbes de Bézier :
Γ1 de polygone [A0A1 ...An] de point courant M1 (t)
Γ2 de polygone [A nAn+1 ...A2n] de point courant M2 (t)
Γk de polygone A(k−1)n A(k−1)n+1...Akn de point courant Mk (t)
Soit Γ la courbe, réunion des courbes Γi , paramétrée par :
 
i−1 i
u ∈ [0, 1] 7→ M (u) = Mi (ku − i + 1) pour u ∈ ,
k k
IV.A- Montrer que pour que la courbe Γ soit de classe C 1 il faut et il suffit que
Ani soit le milieu de [Ani−1, Ani+1] (1 6 i 6 k − 1)
IV.B- Montrer qu’une condition nécessaire et suffisante (portant sur les points Aj ) pour que la courbe soit de classe
C 2 est :
−−−−−−−−→ −−−−−−−−→
2Ani−1Ani+1 = Ani−2Ani+2 (1 6 i 6 k − 1) et Ani milieu de [Ani−1Ani+1]
IV.C- Soit A0 , An, A2n, ..., Akn une suite de points distincts et une suite de courbes de Bézier Γi (1 6 i 6 k) d’origine
An(i−1) d’extrémité Ani. Soit Γ la courbe réunion des courbes Γi , paramétrée comme précédemment.


IV.C.1) On suppose ici que n = 2 et on donne un vecteur V1 . Montrer qu’il existe une et une seule courbe Γ, de


degré 2 au plus, qui soit de classe C 1 et dont le vecteur dérivé en A0 soit V1 .

→ − →
IV.C.2) On suppose ici que n = 3 et on donne deux vecteurs V1 et V2 . Montrer qu’il existe une et une seule courbe
2
Γ, de degré 3 au plus, qui soit de classe C et dont les vecteurs dérivés première et seconde au point A0

→ − →
soient respectivement V1 et V2
IV.D- On se limite maintenant à trois points distincts A0 , A3, A6.

→ − →
IV.D.1) Soit V0 et V2 deux vecteurs. Montrer qu’il existe une seule courbe Γ, de degré 3 au plus, qui soit de classe

→ − →
C 2 et qui admette V0 et V2 comme vecteurs dérivés aux points A0 et A6 .
IV.D.2) Montrer qu’il existe une seule courbe Γ, de degré 3 au plus, qui soit de classe C 2 et dont les vecteurs dérivés
secondes soient nuls en A0 et A6 .
IV.E- On donne quatre points distincts A0 , A3, A6, A9.
IV.E.1) Montrer qu’il existe une seule courbe Γ, de degré 3 au plus, qui soit de classe C 2 et dont les vecteurs dérivés
secondes soient nuls en A0 et A9 . Soit u ∈ [0, 1] 7→ M (u) sa représentation paramétrique.
IV.E.2) Soit C une courbe quelconque de classe C 2 définie par :
   
1 2
u ∈ [0, 1] 7→ N (u) , vérifiant N (u) = A0, N = A3 , N = A6 , N (1) = A9
3 3
R1 2
On propose de démontrer que le minimum de l’intégrale 0 kN 00 (u)k du est atteint par la courbe Γ, définie
au IV.E.1. Montrer que :
Z 1 Z 1 Z 1 Z 1
00 2 00 2 00 00 2
kN k du = kM k du + kN − M k du + 2 (M 00|N 00 − M 00) du
0 0 0 0
Conclure en intégrant par parties la dernière de ces intégrales.
Le petit coin de la culture : Au début des années 60, P. Bézier et P. De Casteljau, alors ingénieurs chez Renault
et Citroën, développèrent, indépendamment l’un de l’autre, ces procédés de génération de courbes et de surfaces pour
obtenir une méthode de numérisation des formes des pièces utilisées dans l’industrie automobile. Depuis, cela n’a cessé
de se développer...

• • •FIN • ••

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