Droit A La Vie Privee

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DROIT AU RESPECT DE LA VIE PRIVEE

Introduction

Le Droit à la vie privée est la garantie pour toute personne physique de ne pas faire
l’objet d’immixtion dans sa vie privée, celle de sa famille, dans son domicile, sa
correspondance, ni de porter atteinte à son honneur et à sa réputation, en violation
de ses droits et libertés, par tout support physique ou virtuel, autorisé ou non.

La notion de vie privée est une notion fluctuante et imprécise dont les contours sont
en constante évolution. En effet, limitée classiquement à la sphère intime des
relations personnelles, c'est-à-dire à l'intégrité physique et morale des personnes
ainsi qu'à leur vie sexuelle, la notion de vie privée est également étendue aux relations
sociales de l'individu intégrant ainsi une dimension communautaire et sociale. Par
ailleurs, les développements de l'informatique et de l'internet ont conduit les pouvoirs
publics à renforcer le dispositif visant à protéger la vie privée des personnes. En effet,
le traitement automatisé des données à caractère personnel peut conduire à des
atteintes à la vie privée lorsque l'usage de telles données permet l'identification de la
personne.

Les sources :

- La loi n°046/2020 du 11 janvier 2021 portant constitution gabonaise


- Loi N° 025/2023 du 09/07/2023 portant modification de la loi n°001/2011
du 25 septembre 2011 relative à la protection des données à caractère
personnel
- la loi n°15/72 du 29 juillet 1972 portant Code Civil

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Chapitre 1 : Le principe de la protection du droit au respect
de la vie privée

La constitution gabonaise ne protège pas la vie privée en tant que telle. Mais on y
retrouve la protection de certaines composantes de la vie privée telles que le domicile,
la correspondance etc.

Section 1 : L'inviolabilité du domicile

Paragraphe 1 : Les notions de domicile

Le domicile est le lieu d’habitation des personnes. En droit civil, il est le lieu de
rattachement juridique de la personne, une personne ne peut donc avoir qu’un seul
domicile mais plusieurs résidences. Le domicile produit des effets : c’est le lieu où la
personne est redevable fiscalement ; c’est le lieu qui sert aux règles de compétence
territoriale en cas de procès. En matière pénale, le domicile est le lieu d’habitation de
la personne, le lieu où cette dernière a le droit de se dire chez elle quels que soient le
titre juridique de son occupation et l’affectation donnée aux locaux. La protection du
domicile est fondée sur le principe de l’inviolabilité du domicile, il est protégé
pénalement, toute violation à son encontre est constitutive d’un délit.

Selon l’article 288-3 du code pénal, « quiconque s’introduit ou se maintient dans le


domicile d’autrui à l’aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contrainte, hors
les cas permis par la loi, est puni d’un emprisonnement de cinq ans au plus et d’une
amende de 10.000.000 de francs au plus ».

Le domicile étant par principe inviolable, les personnes dépositaires de l’autorité


publique ou chargées d’une mission de service publique ne peuvent pas s’introduire
au domicile des personne sauf à commettre l’infraction de violation de domicile visée
à l’article 288-3 ci-dessus. Il se pose donc la question de la légalité des perquisitions.
Le code de procédure pénale prévoit les conditions dans lesquelles les forces de police
et les autorités judiciaires peuvent se rendre au domicile des suspects afin de
rechercher des preuves. La recherche de la vérité et la protection de l’ordre public

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justifient les perquisitions faites au domicile, mais celles-ci sont strictement
encadrées.

Paragraphe 2 : Le régime des perquisitions

La procédure pénale opère une distinction entre les perquisitions domiciliaires et les
perquisitions non domiciliaires.

A/ Les perquisitions domiciliaires

La perquisition domiciliaire n’est prévue par la loi que dans le cadre des enquêtes
de police et au cours de l’instruction (Cass. Crim. 29 mars 1994, Bull. crim. n°
118). Toutefois, elle peut être pratiquée au cours de la phase de jugement lorsque la
juridiction compétente a ordonné un supplément d’information comportant
l’exécution d’un tel acte (art. 28318, 46319, 51220 et 53821 Code de procédure
pénale). Dans le cadre des enquêtes de police, le régime des perquisitions est différent
selon que l’enquête est de flagrance ou pas. En outre, les perquisitions réalisées au
cours d’une instruction répondent au même régime que celles effectuées dans le
cadre d’une enquête de flagrance.

1 La perquisition dans le cadre de l’enquête de flagrance ou au cours de


l’instruction

Dans le cadre d’une enquête de flagrance et au cours de l’instruction, la perquisition


est coercitive. Elle n’est possible que pour les crimes et délits dont la peine encourue
est une peine d’emprisonnement. Elle doit être faite :

• soit par un officier de police judiciaire, spontanément (en enquête de flagrance


lorsque l’infraction vient de se commettre ou l’a été dans un temps proche) ou sur
commission rogatoire ;

• soit par un juge d’instruction.

La perquisition doit répondre à des conditions de fond et de forme.

a) Les conditions de fond :

* Le moment : L’article 53 Code de procédure pénale prévoit que les perquisitions


domiciliaires ne peuvent pas avoir lieu de nuit, c’est-à-dire avant 6 heures du matin
ou après 19 heures ; toutefois, celles commencées de jour peuvent se poursuivre de
nuit. Par exception, les perquisitions peuvent avoir lieu de nuit en cas de réclamation

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ou d’acceptation du chef de la maison, en cas de proxénétisme et en cas de trafic de
stupéfiants.

* En présence de la personne : La perquisition doit avoir lieu en présence de la


personne soupçonnée d’avoir participé à l’infraction ou de détenir des pièces à
conviction ou, à défaut d’un de ses représentants ou encore à défaut de deux
témoins.

* Le lieu : La perquisition doit avoir lieu au domicile des personnes qui paraissent
avoir participé aux faits ou détenir des pièces ou objets relatifs aux faits incriminés.
Lorsque la perquisition se déroule au domicile d’un professionnel tenu au secret
professionnel, des garanties supplémentaires sont prises en raison de l’existence du
secret.

L’alinéa 4 de l’article 53 dispose ainsi que Pour toute perquisition effectuée dans le
cabinet d’un avocat, d’un notaire, d’un huissier de justice, d’un médecin, l’Officier
de Police Judiciaire a l’obligation de se faire assister de la personne responsable de
l’ordre ou de l’organisation professionnelle à laquelle appartient l’intéressé ou de son
représentant après avoir, au préalable, informé le Procureur de la République.

b) La condition de forme :

A la fin de la perquisition, un procès-verbal doit être établi et signé par l’officier de


police, rédacteur de l’acte. Ce procès-verbal n’a pas nécessairement à être signé par
la personne présente mais en cas d’assistance par les deux témoins, ceux-ci devront
signer le procès-verbal.

2 La perquisition au cours de l’enquête préliminaire de police


(absence de flagrance et d’instruction)

La personne à l’encontre de qui la perquisition est diligentée est présumée innocente


et la police est en simple enquête préliminaire ; une telle perquisition ne peut donc
pas être coercitive. Plusieurs conditions sont requises :

La personne concernée doit donner son assentiment exprès

Selon l’article 47 : Les perquisitions, visites domiciliaires et saisies de pièces à


conviction ne peuvent être effectuées sans l’assentiment exprès de la personne chez
laquelle la perquisition a lieu. Il résulte de ce texte que la perquisition doit être

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précédée du consentement écrit de la main de l’intéressé ou l’apposition de son
empreinte digitale s’il ne sait pas écrire.

En cas de non assentiment, l’officier de police judiciaire informe le procureur de la


République du refus du propriétaire des lieux. Le procureur peut alors autoriser la
perquisition en délivrant à l’officier de police judiciaire un mandat de perquisition.

A défaut d’autorisation et de mandat, la perquisition sera nulle pour excès-de


pouvoir.

Les horaires de la perquisition (cf art 53)

B/ Les perquisitions non domiciliaires

La perquisition en dehors d’un domicile, dans un garage, une consigne de gare, un


voilier, une forêt, n’est pas soumise aux mêmes exigences que celles effectuées au
domicile : l’opération peut être faite de nuit, sans présence de témoins
instrumentaires, seul un procès-verbal est requis.

La fouille corporelle peut être analysée comme la recherche d’indices dans tous autres
endroits qu’un lieu immobilier clos (personne, véhicule…), elle suit ainsi le régime
juridique souple de la perquisition non domiciliaire.

La question est plus délicate pour la fouille dans les véhicules.

Lorsqu’il y a flagrance, les policiers peuvent fouiller les véhicules, mais en cas
d’infraction recherchée, le principe est celui de l’interdiction des fouilles dans les
véhicules. Néanmoins, sur réquisitions du Procureur de la République afin de
rechercher et de poursuivre des actes de terrorisme, des infractions en matière
d’armes et d’explosifs ou des faits de trafic de stupéfiants, les fouilles sont possibles.
Enfin certains fonctionnaires, comme les agents des douanes, peuvent également

Section 2 : La protection de la correspondance et des


communications

Sauf le respect de l’ordre public et de la sécurité de l’Etat, la correspondance


et les communications sont inviolables.

Le principe d’inviolabilité de la correspondance est repris dans l’article 90 du


code civil. Selon ce texte, le destinataire d’une lettre missive confidentielle ne

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peut en divulguer le contenu sans l’autorisation de l’auteur de la lettre. Le
destinataire de la lettre peut cependant la produire en justice s’il justifie d’un
intérêt légitime.

Section 3 : La protection de l’image

Conception du droit à l’image – Le développement des médias et des


nouvelles technologies de la communication et de l’information ont conduit le
législateur à consacrer et protéger un nouveau droit de la personnalité. Il
s’agit du droit à l’image et du droit à la photographie

Fondement du droit à l’image – Chaque personne a le droit que son image


ne soit prise ou utilisée à son insu ou contre sa volonté. C’est ce que rappellent
les articles 87 et 88 du code civil.

Protection de la photographie et de l’image – Le principe de la protection


du droit à la photographie ou du droit à l’image résulte de l’article 87 du code
civil. Selon ce texte, on peut sans son consentement, exposer dans un lieu,
reproduire ou vendre la photographie ou l’image d’une personne.

Restriction du domaine de la protection – En application de l’article 87,


alinéa 2, l’interdiction de l’utilisation de la photographie ou de l’image ne
s’applique pas aux personnes qui ont une certaine notoriété, à celles qui
exercent une fonction publique, pour les besoins scientifique, culturel,
didactique, pour les besoins de la police ou de la justice, ou lorsque l’image a
été prise dans le cadre de faits, évènements ou cérémonies d’intérêt public ou
qui ont eu lieu en public.

Sanction du non-respect du droit à la photographie ou à l’image – Lorsque


le droit à l’image d’une personne a été violé, elle peut obtenir du juge qu’il y
soit mis un terme et que l’auteur de la violation soit condamné à des
dommages et intérêts. En cas de décès de la personne, le droit d’obtenir
réparation appartient au conjoint survivant et aux enfants, à défaut, à ses
frères et sœurs ou à l’ascendant le plus proche.

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Le prêt d’image - Dans un jugement du 03 décembre 2003, le TPI de
Libreville a caractérisé la violation du droit à l’image dans une affaire où une
employée recrutée hôtesse d’accueil d’une banque avait prêté son image à une
campagne de publicité vantant un produit de la banque. L’hôtesse d’accueil
avait demandé que cette prestation soit rémunérée, ce que refusa la banque.
A la fin de la relation de travail, elle saisissait le juge pour obtenir, d’une part,
la protection de son droit à l’image et, d’autre part, « la rescision » pour
violence et dol du contrat publicitaire.

Décision du juge - Le TPI de Libreville décide que l’existence d’un contrat de


travail n’autorise pas l’employeur à utiliser l’image d’une salariée pour une
campagne publicitaire vantant un produit de l’entreprise. En effet, le contrat
de travail n’implique pas une cession du droit à l’image du salarié. Cette
cession ne peut résulter que d’un contrat distinct, librement convenu par les
parties. Par ailleurs, la cession d’image d’une salariée ne peut se déduire de
sa participation à la campagne publicitaire. Cette participation ne visait qu’à
préserver son emploi, au regard de la situation de dépendance économique
dans laquelle elle se trouvait à l’égard de son employeur.

Utilisation illicite de l’image d’une personne - Dans une autre affaire jugée
le 27 avril 2005, le TPI de Libreville a caractérisé l’utilisation illicite de l’image
d’une personne. Celle-ci avait été surprise de constater que son image était
exploitée sans son consentement dans un spot publicitaire commandé à une
chaîne de télévision par une compagnie aérienne. Il invitait le juge à constater
qu’il s’agissait d’une atteinte à son droit à l’image ouvrant droit à réparation.

Décision du TPI de Libreville – L’exploitation commerciale d’une image procure


d’importants profits dont doit profiter la personne dont l’image est utilisée.
Dès lors que cette utilisation s’est faite sans son consentement, le titulaire de
l’image peut obtenir réparation. Le juge condamne donc les utilisateurs
frauduleux de l’image à dédommager la personne dont l’image a été
illicitement utilisée.

Section 4 : La protection des données personnelles

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Le droit à la vie privée prend de plus en plus d’importance avec l’augmentation des
flux de données et la nécessité concomitante de protéger les informations
personnelles. Dans le contexte africain, il existe de multiples instruments, dont la
Convention de l’UA sur la cybersécurité et la protection des données à caractère
personnel (Convention de Malabo), qui régissent la protection des données. Selon
ladite convention, les États doivent veiller à ce que leurs législations nationales
détaillent les principes du traitement légal des informations personnelles. C’est dans
ce sens que le parlement gabonais a adopté depuis 2011, la loi n°001/2011 relative
à la protection des données à caractère personnel. Cette loi sur la protection des
données vise à protéger et à sauvegarder le traitement des informations personnelles
(ou des données à caractère personnel).

Les données à caractère personnel désignent toute information concernant une


personne physique, qui permet d’identifier cette personne, directement ou
indirectement, notamment par référence à un numéro d’identification ou à un ou
plusieurs éléments spécifiques, propres à son identité physique, physiologique,
psychique, économique, culturelle ou sociale.

La protection des données est l’une des principales mesures par lesquelles le droit à
la vie privée est mis en œuvre.

Paragraphe 1 : les principes de protection des données à


caractère personnel

La plupart des lois sur la protection des données prévoient généralement les principes
suivants :

• Les informations personnelles doivent être traitées de manière loyale et licite, et


ne doivent pas être traitées si les conditions stipulées ne sont pas remplies.
• Les informations personnelles doivent être obtenues dans un but (ou des buts)
précis et ne doivent pas être traitées ultérieurement de manière incompatible
avec ce but.
• Les données à caractère personnel doivent être adéquates, pertinentes et non
excessives au regard de la (ou des) finalité(s) pour laquelle (lesquelles) elles sont
traitées.

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• Les informations personnelles doivent être exactes et, le cas échéant, mises à
jour. Les informations personnelles ne doivent pas être conservées plus
longtemps qu’il n’est nécessaire pour les besoins de la collecte.
• Les informations personnelles doivent être traitées conformément aux droits des
personnes concernées prévus par la loi sur la protection des données.
• Des mesures techniques et organisationnelles appropriées doivent être prises
contre le traitement non autorisé ou illicite de données à caractère personnel et
contre la perte, la destruction ou la détérioration accidentelle de données à
caractère personnel.
• Les données à caractère personnel ne doivent pas être transférées vers un autre
pays qui n’assure pas un niveau de protection adéquat des droits et libertés des
personnes concernées en ce qui concerne le traitement des informations à
caractère personnel.
En plus de donner effet au droit à la vie privée, les lois sur la protection des données
facilitent généralement le droit d’accès à l’information. À cet égard, la plupart des lois
sur la protection des données prévoient que les personnes concernées peuvent
demander et obtenir l’accès aux informations détenues à leur sujet par un
responsable du traitement. Ce mécanisme peut permettre aux personnes concernées
de vérifier si leurs informations personnelles sont traitées conformément aux lois
applicables en matière de protection des données, et si leurs droits sont effectivement
respectés.

Paragraphe 2 : Les outils de traitement des données à


caractère personnel

A/ Le droit à l’oubli

Le « droit à l’oubli » (qui est peut-être mieux décrit comme « le droit d’effacer » ou « le
droit d’être rayé de la liste ») implique le droit de demander que les moteurs de
recherche commerciaux ou d’autres sites web qui recueillent des informations
personnelles à des fins lucratives, comme Google, suppriment les liens vers des
informations privées lorsqu’on le leur demande. Le droit à l’oubli progresse par
rapport au droit des personnes concernées contenu dans de nombreuses lois sur la
protection des données, selon lequel les informations personnelles détenues sur

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une personne doivent être effacées dans les cas où elles sont inadéquates, non
pertinentes ou plus pertinentes, ou excessives par rapport aux objectifs pour
lesquels elles ont été collectées.

En 2014, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a rendu un arrêt important


dans l’affaire « Google Espagne contre Gonzalez ». M. Gonzalez, un ressortissant
espagnol, a déposé une plainte en 2010 auprès du régulateur espagnol de
l’information. La cause de la plainte de M. Gonzalez était que, lorsqu’un internaute
saisissait son nom dans le moteur de recherche de Google, il obtenait des liens vers
des pages du journal espagnol de 1998 faisant référence à des procédures de saisie
à son encontre pour le recouvrement de certaines créances. M. Gonzalez a demandé
que les données à caractère personnel le concernant soient supprimées ou dissimulé,
car la procédure engagée contre lui a été entièrement résolue et que la référence à lui
est donc désormais sans objet.

Il y a cependant des limites à la portée du droit à l’oubli. En 2017, la CJUE a été


saisie d’une demande de décision préjudicielle dans l’affaire « Camera di Commercio,
Industria, Artigianato e Agricoltura di Lecce contre Salvatore Manni ». M. Manni,
s’appuyant sur la décision Gonzalez, a demandé une ordonnance enjoignant à la
Chambre de commerce d’effacer, d’anonymiser ou de bloquer toutes les données le
liant à la liquidation de sa société contenues dans le registre des sociétés. La CJUE
a refusé de faire droit à la demande de M. Manni et a estimé que, compte tenu de
l’éventail des utilisations légitimes possibles des données figurant dans les registres
des sociétés et des différents délais de prescription applicables à ces registres, il était
impossible de déterminer une durée de conservation maximale appropriée. En
conséquence, la CJUE a refusé de conclure qu’il existe un droit général à l’oubli des
registres publics des sociétés.

B/ Le cryptage et l’anonymat sur l’internet

Le cryptage est un processus mathématique consistant à convertir des messages, des


informations ou des données sous une forme illisible par quiconque, sauf par le
destinataire prévu, et à protéger ainsi la confidentialité et l’intégrité du contenu
contre l’accès ou la manipulation par des tiers. Avec un « cryptage à clé publique » (la
forme dominante de sécurité de bout en bout pour les données en transit) l’expéditeur

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utilise la clé publique du destinataire pour crypter le message et ses pièces jointes,
et le destinataire utilise sa propre clé privée pour les décrypter. Il est également
possible de crypter les données au repos qui sont stockées sur son appareil, tel qu’un
ordinateur portable ou un disque dur.

L’anonymat peut être défini soit comme le fait d’agir ou de communiquer sans utiliser
ou présenter son nom ou son identité, soit comme le fait d’agir ou de communiquer
d’une manière qui protège la détermination de son nom ou de son identité, soit
comme le fait d’utiliser un nom inventé ou supposé qui n’est pas nécessairement
associé à son identité légale ou coutumière. On peut distinguer l’anonymat du
pseudoanonymat : le premier consiste à ne pas prendre de nom du tout, tandis que
le second consiste à prendre un nom d’emprunt.

Paragraphe 3 : L’autorité pour la protection des données personnelles


et de la vie privée

Créée par le n° 025/2023 du 09/07/2023 portant modification de la loi n°001/2011


du 25 septembre 2011 relative à la protection des données à caractère personnel,
l’APDPVP remplace l’ancienne commission pour la protection des données à caractère
personnel.

L’autorité est chargée de veiller à la Protection des Données Personnelles et de la Vie


Privée en République Gabonaise. A ce titre, elle doit informer toute personne
concernée et tout responsable de traitements de leurs droits et obligations, et veiller
à la mise en œuvre du traitement des données personnelles et des atteintes à la vie
privée. C’est dans ce sens qu’elle reçoit des réclamations, pétitions et plaintes
relatives à la mise en œuvre des traitements des données personnelles et informe
leurs auteurs des suites données à celles-ci.

Composition : L’APDPVP est composée de commissaires permanents et de


commissaires non permanents.
Les commissaires permanents sont au nombre de neuf.
Ils sont désignés comme suit :

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-trois personnalités désignées par le Président de la République, dont le président de
l’APDPVP ;
-un magistrat du Conseil d’Etat désigné sur proposition du président du Conseil
d’Etat ;
-un magistrat de la Cour de Cassation désigné sur proposition du président de la
Cour de Cassation ;
-un avocat désigné par l’Ordre des Avocats ;
-un médecin désigné par l’Ordre des Médecins ;
-un représentant des organisations de défense des Droits de l'Homme désigné par ses
pairs ;
-un expert en économie numérique désigné par le Ministre chargé de l’Economie
Numérique.

Les commissaires non permanents sont au nombre de quatre.


Ils sont désignés comme suit :
-un député désigné par le président de l’Assemblée Nationale ;
-un sénateur désigné par le président du Sénat ;
-un commissaire du Gouvernement désigné par le Premier Ministre ;
-un représentant du patronat gabonais désigné par ses pairs.

Pour garantir leur impartialité et leur efficacité, les commissaires jouissent d'une
immunité totale pour les opinions émises dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice
de leurs fonctions.

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