Les Parcours de Motricite C1
Les Parcours de Motricite C1
Les Parcours de Motricite C1
de motricité
Du vécu au représenté
VÉRONIQUE GRANVILLE
GILLES COLLET
CONTENUS
COMPLÉMENTAIRES
EN LIGNE
AGIR
Les parcours MOTRICITÉ
ÉCOLE
de motricité
MATERNELLE
Du vécu au représenté
Véronique Granville
Maître formatrice, directrice d’école
Gilles Collet
Inspecteur de l’Éducation nationale
AGIR
Directeur de publication Remerciements
Jean-Marie Panazol À l’équipe enseignante de l’école maternelle publique
Directrice de l’édition transmédia Gutenberg (Paris 15e).
Stéphanie Laforge
Directeurs artistiques
Samuel Baluret et Gaëlle Huber
Référents pédagogiques
Joël Bénitez et Patricia Roux
Chargés de suivi éditorial
Julie Betton et François Fièvre
Mise en pages
Isabelle Soléra
Conception graphique
DES SIGNES studio Muchir et Desclouds
Illustrations
Atomic Soom
Couverture
© FatCamera/E+/Getty Images
ISSN : 2425-9861
ISBN : 978-2-240-04986-5
Pour la première édition :
© Canopé-CNDP / Didactik ASCO & CELDA – 2014
Pour la deuxième édition :
© Réseau Canopé / Pierron – Asco & Celda – 2019
Réseau Canopé
(établissement public à caractère administratif)
Téléport 1 – Bât. @ 4
1, avenue du Futuroscope
CS 80158
86961 Futuroscope Cedex
5
Préface
7 Introduction
PARTIE 1
PARTIE 2
PARTIE 3
99 Conclusion
101 Bibliographie
102 Sitographie
4
Préface
L’école première qu’est l’école maternelle se doit de tout mettre en œuvre pour
développer les compétences motrices, cognitives et langagières de tous les
élèves. Et la pratique d’activités physiques quotidiennes y contribue !
Pour cela les équipes pédagogiques sont amenées à réfléchir, échanger et à orga-
niser ensemble leur enseignement. Une formation appuyée sur les spécificités
de l’école maternelle doit les y aider. Cet ouvrage propose un accompagnement
pédagogique centré sur la motricité, qui articule maîtrise de l’espace, maîtrise du
langage et développement de l’enfant. Véronique Granville et Gilles Collet sont
particulièrement attentifs à ces enjeux. Ils apportent un éclairage théorique sur le
développement psychomoteur du jeune enfant avant de proposer une program-
mation permettant une mise en œuvre renouvelée des parcours de motricité dans
les classes, qui répond clairement aux objectifs des activités regroupées sous
l’intitulé « Agir, s’exprimer, comprendre à travers l’activité physique ». La deuxième
partie, plus pratique, de l’ouvrage, aborde des entrées exploratoires centrées sur
des verbes d’action. Ces propositions vont ensuite déboucher vers des activités de
plus en plus structurantes, offrant une variété de situations et d’organisations pour
aider les enseignants à faire progresser les élèves, chacun à son rythme.
Cette démarche structurée ne s’arrête pas là : en effet, les auteurs offrent aux
équipes des propositions de progressions de la petite section à la grande sec-
tion autour des objectifs « s’exprimer » et « comprendre », à travers des traces
de l’activité des élèves recueillies sous diverses formes (langage, photo, vidéo,
dessin, maquette…) permettant aux enseignants de s’appuyer sur des scénarios
d’unités d’apprentissage dans les domaines moteurs, langagiers, de construc-
tion et de représentation de l’espace et du temps.
Enfin, et ce n’est pas la moindre qualité de cet ouvrage, les auteurs abordent
la question primordiale et délicate de « l’apprendre à vivre ensemble » à l’école
maternelle. Ils soulignent notamment la manière dont l’organisation de parcours
de motricité permet de développer de manière progressive l’acquisition et la
mise en œuvre des règles de l’école, et surtout de leur donner du sens.
« Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre pos-
sible », disait Antoine de Saint-Exupéry : donnons cette possibilité de bien gran-
dir à chaque enfant.
Maryse Chrétien
Présidente de l’Association générale des enseignants
des écoles et classes maternelles publiques
SOMMAIRE
Introduction
La loi Jules Ferry de 1882 précise en son article 4 que « les divers cours de
l’école maternelle […] ont pour objet de commencer l’éducation physique,
l’éducation intellectuelle et l’éducation morale des jeunes enfants […] ». Le
décret fixant l’objet de l’école maternelle ajoute que « l’école maternelle a pour
but de donner aux enfants au-dessous de l’âge scolaire les soins que réclame
leur développement physique, intellectuel et moral ». Il s’agit à l’époque de jeux
libres, de marches, d’évolutions et de mouvements gradués. Assurer éduca-
tion et développement physiques est clairement pointé dès lors comme deux
enjeux fondamentaux de l’école maternelle. Les approches varieront ensuite à
travers les époques, hygiénistes, fonctionnelles, psychomotriciennes, éduca-
tives, recentrées sur l’enfant, déclinées à partir de compétences spécifiques
de l’éducation physique et sportive, réorganisées dans le domaine d’activités
« Agir, s’exprimer, comprendre à travers l’activité physique ».
Aujourd’hui, rien n’est plus connu ni plus exploité pour développer les ressources
motrices des jeunes élèves au sein des locaux de l’école maternelle que le par-
cours d’activités motrices. Aucun autre dispositif ne porte autant l’espoir d’un
développement moteur des élèves qui soit à la fois progressif pour tous, adapté
à chacun et en réponse à des besoins, prenant en compte les acquis déjà éta-
blis et ceux qui nécessitent d’être prolongés et consolidés. Souvent installé de
façon récurrente dans chaque école (au moins une fois par semaine, un jour
étant alors dédié à cette activité), voire décliné pour une période complète,
avec une installation au long cours, le parcours est souvent élaboré et mis en
place par les enseignants, et est adaptable aux élèves des différentes sections
de l’école maternelle. Cela implique qu’il permette aisément, à moindre coût
de réorganisation ou de déplacement, une différenciation des usages et des
niveaux de réalisation selon l’âge et les besoins des élèves.
Le parcours est aussi une modalité d’activité de l’élève : parcourir, c’est pro-
gresser dans un espace donné, surmonter des difficultés, avancer dans la
maîtrise de ses déplacements. De l’activité libre et informelle (où il teste
spontanément des mouvements, fait des choix implicites et non conscienti-
sés associés à différentes réponses motrices), l’élève passe ainsi à un mode
SOMMAIRE
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
8 SOMMAIRE
PARCOU
D’ACTI
Enjeux
du parcours
OURS d’activités
motrices
TIVITÉS
PARTIE 1
SOMMAIRE
Enjeux du parcours d’activités motrices
Le parcours
d’activités motrices
dans les programmes
SOMMAIRE 13
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
14 SOMMAIRE
Enjeux du parcours d’activités motrices
Les moments de langage à plusieurs sont L’enfant rend d’abord compte de ce qu’il fait au moment où
nombreux à l’école maternelle : résolution il le fait pour arriver progressivement à exprimer son action
de problèmes, prise de décisions collectives puis celle d’un camarade hors contexte, à un autre moment,
[…]. Il y a alors argumentation, explication, de retour en classe. L’enseignant sollicite les élèves, ajoute
questions, intérêt pour ce que les autres progressivement ces paramètres de distanciation par rapport
croient, pensent et savent. à l’action, leur permet de revenir à une modalité plus simple.
Les éléments lexicaux nécessaires sont mobilisés par les élèves
ou introduits autant qu’il est nécessaire par l’enseignant, tant
pour exprimer les positionnements, le déroulement temporel,
les actions à accomplir. La mémorisation du vocabulaire est
facilitée par son utilisation en situation ou par l’évocation du vécu
proche associée à des expériences sensorielles et motrices.
Ces situations d’évocation entraînent En fin de module d’activité, les élèves sont capables par exemple
les élèves à mobiliser le langage pour de faire comprendre à d’autres élèves quelques éléments
se faire comprendre sans autre appui, de déplacement en lien avec un parcours à réaliser, d’expliquer
elles leur offrent un moyen de s’entraîner un parcours connu ou un nouveau parcours comportant deux
ou trois éléments.
Une école où les enfants vont apprendre ensemble et vivre ensemble
La classe et le groupe constituent Les séances s’appuyant sur les parcours d’activités motrices
une communauté d’apprentissage mettent au premier plan des aspects de coopération, d’exercice
qui établit les bases de la construction de responsabilités, de prise en compte des autres dans
d’une citoyenneté respectueuse des règles son activité propre. Les élèves apprennent à coordonner leurs
de la laïcité et ouverte sur la pluralité passages sur le parcours et à réguler leur engagement moteur,
des cultures dans le monde. pour prendre en compte leur sécurité et celle des autres
(départs différés, espacement sur le parcours…). Ils préviennent
l’enseignant en cas de problème (par exemple, déplacement
d’un élément du parcours), participent à l’installation et
au rangement du petit matériel.
Ainsi, l’enfant trouve sa place dans le groupe, L’engagement dans l’activité demande à l’enfant de mobiliser
se fait reconnaître comme une personne de nombreuses ressources (motricité, compréhension, prise
à part entière et éprouve le rôle des autres d’informations, anticipation, décision). Refaire le parcours,
dans la construction des apprentissages. accepter de modifier certaines modalités de réalisation, tenter
de « faire mieux », s’engager dans un projet d’action sont autant
d’attitudes propres à développer l’autonomie, l’effort
et la persévérance.
Se construire comme personne singulière, La mise en mots des situations vécues, des actions réalisées,
c’est découvrir le rôle du groupe dans permet à l’élève de faire évoluer sa représentation de ce qui est
ses propres cheminements, participer attendu (par l’enseignant), de ce qu’il a réussi à faire ou pas,
à la réalisation de projets communs, de ce qu’il pourrait tenter, et finalement de ce qu’il en retire
apprendre à coopérer. (maintenant, je sais…, je sais faire…).
SOMMAIRE 15
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Enjeux pour
le développement
moteur de l’enfant
16 SOMMAIRE
Enjeux du parcours d’activités motrices
Le jeune enfant développe sa motricité à partir mains dans un passage difficile, une prise d’objet,
de deux actions motrices de base acquises bien etc. Les activités physiques et motrices organisées
avant l’entrée à l’école maternelle : la préhension à l’école maternelle lui permettront de prolonger
volontaire, qui apparaît dès 5 mois, et la marche, ces premiers apprentissages, de les perfectionner,
qui se développe entre 12 et 15 mois. Dès les pre- de chercher d’autres solutions en rencontrant des
mières expériences, il sera amené à faire des choix situations variées et riches du point de vue moteur.
et à surmonter des problèmes de coordination et L’enseignant pourra organiser la progression des
d’enchaînement de ses actions. Il doit orienter son activités en les référant à des dominantes motrices
déplacement, anticiper les changements de direction, de base pour lesquelles sont proposés ci-dessous
éventuellement organiser une reprise d’appui des quelques repères.
SOMMAIRE 17
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
ACTIVITÉS MOTRICES DOMINANTES franchissement d’un obstacle bas, comme les briques
du parcours, représente encore à ce niveau une dif-
MARCHER ficulté importante. Au début, l’enfant enjambe sim-
Depuis les premières tentatives, limitées à quelques plement l’obstacle sans sauter.
pas avec des reprises d’appui rapprochées (murs,
meubles, retour à la position assise, etc.), l’enfant Avant 3 ans, on observe principalement des sauts
automatisera progressivement sa marche, les bras ne sur place. L’enfant n’arrive pas à enchaîner plusieurs
seront plus utilisés comme « équilibrateurs » et pour- sauts ni à sauter sans avoir les deux pieds décalés ; le
ront ainsi être libérés pour favoriser des actions disso- saut à pieds joints n’est pas encore accessible.
ciées permettant, par exemple, de transporter un objet,
de le pousser, de le lâcher ou de le jeter. La marche C’est au cours des premières années de l’école mater-
deviendra plus équilibrée, plus régulière, faisant naître nelle qu’il augmente l’amplitude de ses sauts, et tente
des allures différentes. Ces acquis seront néanmoins puis perfectionne différentes possibilités. Pour franchir
remis en question chaque fois qu’une difficulté impré- des obstacles bas, il saute en enjambant, mais avec
vue ou inhabituelle se présentera : un changement une impulsion limitée par l’impossibilité d’enchaî-
contraint de rythme ou de direction, un changement ner à partir d’une course de prise d’élan : il continue
de support. La marche au sens de la marche pour un à marquer un temps d’arrêt entre ces deux actions
adulte ne sera pas acquise avant 7 ans. motrices. Il commence à sauter à pieds joints, même
si parfois l’impulsion reste désynchronisée entre les
L’école maternelle a un rôle essentiel à jouer dans ces deux pieds. Les réceptions se font de plus en plus maî-
acquisitions, pour permettre à tous les élèves d’accé- trisées, avec reprise d’équilibre sur les deux pieds.
der à une maîtrise confirmée et stable de la marche.
La mise en œuvre de situations pédagogiques vise Entre la fin de l’école maternelle et le début de l’école
à favoriser des adaptations variées, par des chan- élémentaire, l’enfant arrive à mieux coordonner ses
gements d’allure (marcher vite ou très lentement), actions et gagne ainsi en efficacité ; il cherche à sau-
de foulée (à petits pas, à pas de géant), de support ter loin et haut. La progression sera plus rapide sur
(rigide, mou, incliné, composite, etc.). Des situations le premier type de saut. Il augmente également sa
menant à divers enchaînements d’actions viennent capacité à enchaîner plusieurs sauts, tout en assu-
enrichir ce répertoire, en ajoutant des contraintes rant son équilibre par de meilleures réceptions. À ce
diverses, franchissements d’obstacles nécessitant titre, les éléments de parcours de type chemins de
des rééquilibrations, flux de circulation à plusieurs cerceaux sont une base intéressante pour stimuler et
à prendre en compte sur le parcours, déplacements entraîner ces nouvelles capacités. L’accès aux sauts
d’objets, voire actions à mener en binôme. à cloche-pied est plus tardif car plus difficile à maî-
triser ; à cet âge, l’enfant se limite à un petit nombre
SAUTER de sauts et de faible impulsion.
L’enfant accède très progressivement au saut. Au
début, il s’essaie simplement à sauter dès lors qu’il À l’école maternelle, c’est en proposant à l’élève des
commence à maîtriser son équilibre pour tenir situations d’exploration motrices variées que l’en-
debout et marcher. Ces premiers essais sont carac- seignant lui permettra de découvrir de nouvelles
térisés par l’enchaînement d’une flexion des jambes modalités, de les essayer, de les privilégier selon le
et d’un temps d’arrêt, suivi d’une extension du corps, contexte d’évolution (type et nombre d’obstacles,
sans véritablement produire de saut (c’est-à-dire que intentionnalité, etc.), d’apprécier si un type de saut
les pieds de l’enfant ne quittent pas le sol). En fait, est efficace pour lui dans une situation donnée. Pour
les premiers sauts « réels » ne sont observables qu’à l’enseignant, il ne s’agit pas de lui faire acquérir des
partir de 2 ans. Ils sont très « gourmands » en énergie formes de saut déterminées et encore moins codi-
et relativement peu efficaces. Les premiers sauts en fiées selon leur technicité, mais de lui permettre de
contrebas, par exemple à partir des différents sup- maîtriser progressivement différents types de sauts,
ports proposés dans les parcours (briques, poutre, de mieux prendre conscience des actions motrices
etc.), sont davantage des chutes que des sauts véri- qu’il engage et de progresser dans l’organisation
tables. L’enfant se laisse tomber, sans impulsion, ou du saut, impulsion/réception, puis, plus tard, élan/
bien l’essai d’impulsion n’est pas synchronisé et l’en- impulsion/réception.
fant fait un petit bond sur place avant de se laisser
aller vers l’avant. Dans les premiers temps, la récep- SE DÉPLACER EN QUADRUPÉDIE, RAMPER
tion est peu ou pas du tout équilibrée, et se solde Avant d’accéder à la marche, les enfants passent par
souvent par une perte de contrôle, sur les genoux, en des phases de déplacement à quatre pattes, voire en
appui pieds/mains, voire sur le ventre. De même, le rampant, c’est-à-dire en gardant le tronc, en position
18 SOMMAIRE
Enjeux du parcours d’activités motrices
ventrale ou dorsale, en contact avec le support de Le déplacement dorsal n’est pas non plus à négli-
déplacement. Ces modalités primitives n’en com- ger et peut être effectué par exemple en alterné en
portent pas moins la mobilisation de ressources exploitant des chemins de couleurs différenciées
motrices essentielles, nécessitant notamment la induisant le changement de modalité (ramper sur le
coordination des actions des membres inférieurs et ventre/ramper sur le dos, etc.).
supérieurs. Elles amènent à restreindre et modifier
les prises d’information, le champ visuel n’étant pas Sur le dos comme sur le ventre, la tête peut être à
toujours dans l’axe du déplacement. l’opposé du sens de déplacement, ce qui limite les
prises d’informations visuelles et sollicite d’autres
La progression en quadrupédie suit des étapes types de perceptions et d’autres stratégies, comme
semblables aux autres types de déplacement : vers la recherche de régularités pour conserver l’aligne-
l’avant, puis vers l’arrière, et progressivement en ment du déplacement ou l’utilisation d’informations
latéral. Les changements d’allure et l’évitement des visuelles latérales.
obstacles sont également des difficultés à affronter,
parfois dès les premiers mois. GRIMPER, SE SUSPENDRE, SE BALANCER
Grimper suppose des coordinations importantes
À l’école maternelle, les activités proposées sur le entre les membres supérieurs et inférieurs, prises
parcours de motricité permettent de renforcer ces de main et changements d’appuis, balancement,
capacités motrices essentielles d’utilisation coor- perte transitoire des appuis pédestres, bien loin de
donnée des quatre membres, de découverte d’autres l’équilibre pédestre vertical habituel. C’est une forme
modalités dépassant la quadrupédie mains/genoux particulière de quadrupédie.
(pieds/mains, sauts de lapin, etc.).
Les situations de grimpe mettent autant en jeu les
Ces phases de recherche et de découverte sont enga- ressources motrices (capacités à s’équilibrer et à se
gées par les éléments du parcours (obstacles divers, rééquilibrer dans la progression) que des facteurs
allures induites, etc.), stimulées par l’observation et affectifs, déterminants pour l’engagement dans
guidées par les consignes de l’enseignant. l’action que l’enfant s’accordera ou non. La gestion
individuelle de la prise de risques est largement
Le travail sur la dominante Ramper se développe conditionnée par la dimension qu’en perçoit l’enfant
d’abord sur le ventre, avec la tête en avant, dans le (la situation doit permettre ce ressenti, mais sans
sens du parcours. Cela nécessite pour l’enfant, s’il être bloquante), étant bien entendu que le risque des
veut aller plus vite et éprouver des sensations de situations proposées par l’enseignant est volontai-
glisse, de rechercher des améliorations propulsives rement restreint et maîtrisé, l’élève n’étant jamais
(actions propulsives augmentées pour les membres en danger.
supérieurs et rééquilibrage postural horizontal,
avec la tête mobilisée dans l’axe du corps, un peu Quand il est confronté à la verticale, l’enfant a ten-
à l’instar des premières étapes permettant l’accès dance à tirer sur les bras en serrant fortement les
au savoir nager). La qualité des appuis, main/avant- prises. La partie supérieure du corps est très (trop)
bras/coudes et intérieur du pied/genou permet d’aller largement mobilisée d’un point de vue énergétique.
encore plus vite sans rompre avec cette modalité de On observe un besoin de stabilisation du corps par
déplacement. tâtonnements des pieds à la recherche d’appuis.
Les prises d’information sont discontinues et brèves, L’enfant a tendance à progresser à partir d’une sai-
la tête est relevée pour mesurer l’avancement par sie à pleine main à hauteur de son champ visuel et
rapport à la progression recherchée et à la proxi- selon un déplacement empruntant une trajectoire
mité d’obstacles éventuels, matériels ou humains rectiligne. Il progresse en alterné, souvent par un
(en cas de progression à plusieurs sur la même par- mouvement simultané bras gauche/jambe gauche,
tie du parcours par exemple). Dans cette phase de puis bras droit/jambe droite. On peut aussi voir des
recherche d’amélioration, l’enseignant doit privilé- mouvements alternés jambe gauche/bras droit, puis
gier la diversité des supports, en laissant une bonne jambe droite/bras gauche.
place à ceux qui favorisent la glisse (supports lisses,
avec des plans qui peuvent être légèrement inclinés). La progression s’articule sur la maîtrise de situa-
Ensuite, avec la progression des élèves et la qualité tions amenant l’élève à grimper progressivement sur
des actions motrices, il est intéressant d’utiliser des des plans de plus en plus inclinés (communément
plans horizontaux, voire de changer de surfaces (plus à partir d’inclinaisons de 50 à 60 degrés), avec des
ou moins lisses). prises de plus en plus irrégulières (en forme et en
SOMMAIRE 19
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
placement), rendant les appuis incertains, avec des Ces situations pédagogiques mises en place par
déplacements qui s’éloignent de la trajectoire recti- l’enseignant ne sont pas spécifiques aux parcours
ligne et incluent des cheminements diversifiés. Les de motricité, mais doivent être placées dans le
trajets s’écartent peu à peu de la verticale, au profit, cadre plus large des activités de roule et de glisse
quand c’est possible, d’une trajectoire latérale. Quand qui englobent les activités de pilotage d’engins ins-
la structure le permet, le trajet comporte des enjam- tables (tricycles, vélos, rollers, etc.), et les activités où
bements d’obstacles en hauteur ou le passage d’un le substrat met en cause l’équilibre habituel, l’orien-
plan à un autre. tation du corps et le mode de propulsion (activités
aquatiques, de neige ou de glace, par exemple).
C’est la diversité et la progressivité des situations
proposées qui permettent de susciter et d’enrichir Des engins roulants peuvent également être utili-
les actions motrices mises en œuvre par l’élève. À sés sur une portion de parcours comme éléments
partir des premières actions isolées, il peut en asso- de diversification. Il est important de concevoir les
cier d’autres et prendre l’adulte à témoin de ses progressions en intégrant et en articulant de façon
réussites : il va monter, descendre, se laisser glisser/ cohérente ces différents types d’activités, et en les
tomber (sur le tapis de réception), s’agripper, se sus- programmant au cours du cycle.
pendre, se balancer, enjamber/franchir, essayer un
autre trajet, etc. COURIR
La course ne fera pas l’objet de proposition pédago-
L’enseignant prendra en compte, tout spécialement gique dans la deuxième partie de cet ouvrage. Cette
pour cette dominante motrice, la dimension émo- composante motrice, qui doit bien sûr être exercée
tionnelle de l’activité proposée, comme le souligne et perfectionnée à l’école maternelle, nécessite des
l’encadré ci-contre. espaces de réalisation en extérieur ou dans des salles
de plus grande dimension que ceux des parcours de
GLISSER, ROULER motricité.
Glisser, rouler sont des composantes qui peuvent uti-
lement être mobilisées dans les parcours d’activités La course se différencie de la marche, non comme
motrices. Les glissades sur support incliné, les rou- on pourrait l’imaginer par la vitesse de déplacement
lades latérales sont riches en sensations tactiles et mais par le mode de succession des appuis au sol.
proprioceptives (pressions ou tensions ressenties au Quand on marche, on conserve toujours un appui
niveau des muscles et des articulations). Ces deux au sol, en assurant l’alternance de cet appui d’un
composantes supposent l’acceptation d’une rupture pied à l’autre. La course, elle, comprend entre chaque
d’équilibre. changement d’appui un temps de suspension qui la
caractérise.
Pour le « glisser », il y a recherche d’ajustements pos-
turaux pour répondre au déséquilibre (mouvements La course véritable apparaît bien après la marche et
rééquilibratoires des bras, en se penchant, en résis- les premiers pas de l’enfant. C’est seulement vers 3
tant ou au contraire en augmentant l’amplitude de ou 4 ans que l’enfant commence à la maîtriser. Elle
ses mouvements). Pour que la glisse soit effective, la s’organise alors en mouvement continu, de plus en
prise d’élan doit être efficace, surtout en l’absence plus régulier et fluide, alternant temps d’appuis et
de plan incliné. Pour la dominante Rouler, il est de suspensions. On observe encore à cet âge la diffi-
possible de faire pratiquer des roulades latérales, culté à s’arrêter brusquement, à changer d’allure ou
en tonneaux, sur plan incliné ou non, ou des rou- de direction, à éviter des obstacles ou à enchaîner la
lades faciales du type galipettes, sur plan légèrement course avec une autre action. Le passage de la course
incliné. Ces mouvements entraînent une forte per- à la marche et inversement, sans temps d’arrêt, ne
turbation au niveau des repères visuels (« la pièce sera vraiment maîtrisé qu’à partir de 4 ans.
tourne », la vue devient floue, etc.) et contrarient sur-
tout les récepteurs de l’équilibre situés dans l’oreille
interne. La rotation de la tête entraîne une perte
d’informations momentanée sur la position de la tête
et du corps dans l’espace, perturbe le contrôle pos-
tural. L’enfant cherchera d’autres repères, mobilisera
d’autres modes perceptifs (kinesthésiques, tactiles). Il
apprendra aussi à maîtriser ses émotions, en accep-
tant la perte d’équilibre, en augmentant volontaire-
ment l’intensité de son mouvement.
20 SOMMAIRE
Enjeux du parcours d’activités motrices
SOMMAIRE 21
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Enjeux de la structuration
de l’espace
Une des conquêtes fondamentales de l’enfant de 2 à Pour l’enfant, ce que l’on appelle la construction de
7 ans est la capacité de se représenter mentalement l’espace correspond à la construction d’un espace
des objets absents, des actions ou des événements, subjectif, propre à l’individu, synthèse de l’espace
au moyen d’un signifiant bien présent (mot, dessin, perçu. Elle s’effectue du concret vers l’abstrait, com-
signe, symbole 3). Cela se manifeste chez lui par l’ap- binant la dimension vécue et l’espace perçu, dans un
parition de conduites d’imitation différées pouvant mouvement allant du physique au mental et menant
s’exprimer par exemple par le jeu symbolique, le du domaine perceptif au mode représentatif. L’enfant
dessin, le langage, la production d’images mentales. construit cet espace subjectif, de son plus jeune âge
jusqu’à l’âge adulte, à partir de son activité, des situa-
De 3 à 5 ans, l’enfant construit un vocabulaire gra- tions rencontrées, au fur et à mesure du développe-
phique utilisant des éléments figuratifs schéma- ment de ses capacités motrices et intellectuelles, de
tiques. D’abord énumératif, juxtaposant des schémas son appétence au mouvement et à l’exploration de
sans lien entre eux, il commence à représenter des l’environnement.
scènes rudimentaires mettant en relation des objets
ou des personnages. Ce n’est qu’à partir de 5 ou 6 ans La notion d’espace s’acquiert en tout premier lieu
que ces objets et personnages sont représentés dans à partir des diverses perceptions (visuelles, tactiles,
un espace avec un positionnement sur une ligne de proprioceptives, auditives) qui permettent à l’enfant
sol et que l’enfant commence à reproduire le mou- d’appréhender son corps en lien avec le monde exté-
vement. On voit alors apparaître des déformations rieur. Il développe la capacité de se situer, de s’orien-
centrées sur la mise en action. Le bras qui attrape est ter, de s’organiser, de se déplacer d’abord dans son
allongé, certains éléments du corps sont dessinés de environnement, puis dans un environnement plus
profil, avec par exemple les pieds indiquant le sens éloigné, à concevoir et agir sur les objets de ces dif-
de la marche, alors que le reste du corps est dessiné férents espaces. Il accède ainsi à la possibilité de
de face (à l’égyptienne). construire un monde réel ou imaginaire.
ORGANISATION SPATIALE
L’organisation spatiale correspond à la capacité à se
CONCEPTION ET STRUCTURATION situer dans l’espace selon la position que l’on occupe
DE L’ESPACE par rapport à des repères, à ordonner les différents
éléments d’un tout, à apprécier les rapports entre
« L’espace n’est pas un concept extérieur soi-même, une autre personne et les objets. L’accès
au cerveau de l’homme, il est perçu à cette capacité est lié à l’orientation spatiale, direc-
et il est vécu. » tement associée à la perception des éléments de
Alain Berthoz 4 l’environnement proche et à la structuration spa-
tiale qui s’appuie à la fois sur la perception et la
Si on se situe par rapport au corps, trois types mémoire, et plus tardivement sur l’abstraction et le
d’espace que l’on ne peut séparer se distinguent : raisonnement.
l’espace physique extérieur ; l’espace perçu, qui est
Les premières bases de l’organisation spatiale sont
largement dépendantes de l’utilisation de l’axe
3
C’est ce que Jean Piaget nomme « fonction symbolique » corporel vertical comme référence. Certains types
ou « fonction sémiotique ».
4
A. Berthoz et R. Recht (dir.), Les Espaces de l’homme, Paris, Odile de déplacements peuvent perturber cette réfé
Jacob, 2005. rence, par exemple dans le cas d’horizontalité de
22 SOMMAIRE
Enjeux du parcours d’activités motrices
l’axe du corps (en rampant, en nageant, etc.), ou de L’acquisition des relations topologiques permet
position de la tête à l’inverse du sens de déplace- à l’enfant d’appréhender tout d’abord le rapport
ment (en rampant sur le dos, pieds en avant, etc.). de voisinage qui décrit la proximité des éléments
L’enseignant devra le prendre en compte, surtout perçus dans son champ visuel (près, loin, à côté).
avec les élèves les plus jeunes, en évitant de travail- L’enfant acquiert ensuite le rapport de séparation
ler l’organisation spatiale à travers des situations qui consiste à dissocier des éléments voisins, et le
trop complexes et en introduisant, au contraire, ces rapport d’ordre qui existe entre des éléments voisins
paramètres pour complexifier les situations selon la et séparés lorsque nous les situons les uns par rap-
progression des élèves. port aux autres (devant/derrière, dessus/dessous). Le
rapport d’entourage ou d’enveloppement consiste à
ORIENTATION DROITE/GAUCHE percevoir un élément entre deux autres ou entouré
L’orientation droite/gauche s’appuie sur la construc- par d’autres (intérieur/extérieur, dedans/dehors, etc.).
tion du corps orienté : asymétrie devant/derrière, Enfin, le rapport de continuité et discontinuité entre
condition indispensable à la possibilité de dissocier des lignes ou des surfaces permet de spécifier si des
et de nommer les parties symétriques du corps, et à formes (ou des parcours) sont ouvertes ou fermées.
la construction de repères d’orientation.
Rapports projectifs
La connaissance sur soi permettant de préciser Le second type de relations spatiales n’est accessible
« droit » ou « gauche » pour les différentes parties qu’à l’école élémentaire et concerne les rapports pro-
du corps est communément acquise vers 7 ans, jectifs. Il s’appuie sur l’acquisition de la perspective
alors que, sur autrui, par représentation mentale (ligne droite) et des points de vue d’autrui. Enfin, à
de la rotation, ce n’est que vers 8 ans. Et il faut partir de 11 ans, les rapports métriques ou euclidiens
attendre 12 ans environ pour que cette connais amènent à l’utilisation de plans, de mesures, de sys-
sance s’applique à des objets, par rotation mentale tèmes de coordonnées.
et réversibilité.
Néanmoins, dès l’école maternelle (notamment en
Les situations pédagogiques privilégieront la formu- grande section), il est possible d’engager un tra-
lation de consignes du type « la tête (ou les pieds) vail sur le plan, en passant par la projection (ou le
en avant (ou en arrière) », « le pied droit (ou le pied « décalquage ») de la maquette. En amont du travail
gauche) à l’intérieur du cerceau », etc. plus approfondi qui sera mené à l’école élémentaire,
et sans anticiper sur les objectifs suivants, le pas-
RELATIONS SPATIALES sage de la représentation en volume à une repré-
L’acquisition progressive des relations spatiales se sentation plane peut être une phase de découverte,
développe sur de nombreuses années. Seul le pre- d’autant plus accessible qu’elle s’appuie sur les
mier type qui concerne les rapports topologiques situations vécues à travers les parcours d’activités
est véritablement accessible aux élèves de l’école motrices, dans un espace restreint, connu et orienté.
maternelle. Représenter un parcours par la maquette, par le plan,
en modifier les éléments, la disposition, les trajets
Rapports topologiques d’évolution, puis reporter ces modifications en taille
Les rapports topologiques concernent les relations réelle sur le parcours sont autant d’occasions de sti-
qualitatives entre objets, proximité ou éloignement, muler les capacités des élèves dans les différentes
ordre dans une série, continuité. L’acquisition du composantes de structuration de l’espace.
vocabulaire associé revêt une grande importance
pour accompagner et renforcer les acquisitions.
DE L’ESPACE VÉCU
Par exemple :
– de 2 à 3 ans : devant/derrière, sur (dessus)/sous À L’ESPACE PERÇU
(dessous), dedans/dehors, grand/petit, en haut/en
bas ; L’espace vécu est celui de l’action et du mouvement ;
– à 4 ans : à côté, loin/près, autour, moyen, couché il est égocentrique : l’enfant construit en effet sa
(horizontal), debout (vertical), rond, carré, peu/ vision du monde d’abord exclusivement par rapport
beaucoup ; à lui. Avant 2 ans, il développe ses capacités percep-
– à 5 ans : contre (quelque chose), partout, droit, tives et motrices, et découvre progressivement son
entier, rectangle ; environnement immédiat qu’il explore en mani-
– à 6 ans : droite (sur lui), gauche (sur lui), penché, au pulant des objets et en élargissant ses investiga-
milieu, demi, épais/mince. tions par la conquête du déplacement. Arriver à se
SOMMAIRE 23
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
déplacer en bipédie est une étape essentielle qui lui mouvement (espace vécu), ni à l’observation (espace
permettra d’augmenter son champ d’action, « d’élar- perçu), mais seulement à la représentation (espace
gir son espace vécu », mais surtout d’améliorer sa conçu). Les objets sont coordonnés et orientés selon
prise d’information en relevant et en élargissant son un système de référence stable qui leur est extérieur.
champ visuel.
Stade sensori-moteur.
Espace vécu
L’enfant s’appuie sur des situations vécues « physiquement ».
à partir de 3 mois
Construction de l’« objet permanent » (cf. Piaget) et de l’espace proche.
24 SOMMAIRE
Enjeux du parcours d’activités motrices
SOMMAIRE 25
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Le langage, instrument
du développement global
de l’enfant
L’enfant accède, par le langage, à des possibilités éléments relatifs à des faits qu’ils ne connaissent
croissantes pour exprimer ses besoins, ses senti pas, qu’ils n’ont pas eux-mêmes vécu directement,
ments, ses émotions. Au fur et à mesure, il peut ni n’en ont été les témoins. Dans ces situations, au-
exercer un meilleur contrôle sur ses comportements, delà du réemploi du lexique, l’élève doit faire appel
grâce à de nouvelles ressources d’anticipation, de à des formulations plus complexes, enchaîner des
recul réflexif et de maîtrise du langage. énoncés, pour rendre compte du contexte, de sa réa-
lisation, des résultats obtenus. La précision de l’évo-
Le langage constitue un véritable outil pour apprendre, cation rend progressivement inutiles les mimiques,
et offre à l’enfant la possibilité de nommer des objets, les gestes d’imitation, voire le recours à la désigna-
des actions, des positions, et d’en préciser les caracté- tion des espaces et des objets. Cette pratique lan-
ristiques par des activités de catégorisation, de com- gagière s’appuie d’abord et tout au cours de l’école
paraison, de décentration (« moi, j’ai sauté… », « toi, maternelle sur les interactions orales permettant
tu as marché… »). Le langage lui permet de dire les aux destinataires de manifester leur incompréhen-
représentations du monde qui l’entoure, ses interpré- sion, de poser des questions complémentaires, de
tations ou ses questions sur des problèmes rencon- commenter et de donner leur avis. La situation de
trés ; d’accéder à la dimension réflexive de l’action communication amène le locuteur à apporter des
par l’articulation entre l’action, la parole et la pensée. précisions, à reformuler pour être compris, dyna-
mique qui contribue à améliorer les compétences
Les activités menées à partir du parcours, outre les langagières tant de l’élève, qui est en production, que
apports physiques, moteurs et une meilleure structu- des élèves en interaction.
ration de l’espace, permettent de développer les com-
pétences langagières principalement autour de deux [Vidéo en ligne] Consulter :
axes sémantiques illustrés dans la deuxième partie 5. Réflexion sur les apprentissages langagiers.
de l’ouvrage : l’action motrice et l’espace d’évolution.
26 SOMMAIRE
Enjeux du parcours d’activités motrices
se retrouver « bloqué » derrière les autres, ou d’être Questionner les variables didactiques rapportées aux
rejoint par d’autres qui manifestent plus ou moins activités motrices et d’orientation dans le cadre des
leur impatience, lorsqu’ils ne passent pas devant. parcours est une démarche intéressante, voire primor-
diale, pour dépasser les approches se limitant aux acti-
La logique de circulation sur un parcours relève du vités libres des élèves, à une simple répétition d’actes
partage d’espaces et de la mise en œuvre de règles moteurs ou à une progression uniquement fondée sur
implicites ou formulées. Même avec de très jeunes des aspects matériels ou organisationnels. Les enjeux
élèves, la justification de la règle doit être apportée de développement de l’enfant sont, nous l’avons vu,
très tôt, dès sa définition et sa mise en application. Les trop importants pour s’autoriser de telles restrictions.
règles fondamentales se justifient par le maintien de
la sécurité de l’enfant et l’absence de mise en cause de LE CORPS
celle des autres. Ainsi, pour le jeune élève, se respecter La variable « corps » représente une dimension
et respecter les autres, c’est d’abord ne pas mettre en essentielle pour les parcours de motricité et d’orien-
cause sa propre sécurité (« ne pas se faire mal ou ris- tation. Elle concerne tout autant la détermination
quer de se faire mal »), ni mettre les autres en danger des dominantes motrices à travailler et la program-
(« risquer de leur faire mal », « risquer de se faire mal mation des activités à mener qu’une réflexion sur
à plusieurs »). Ce contexte est propice pour jeter les les notions d’équilibre, de propulsion et de prise
bases d’une véritable éducation à la responsabilité. d’information. L’équilibre humain habituel est fondé
sur l’axe vertical du corps et l’action propulsive des
La mise en place de points de départ, d’arrivée, d’es- membres inférieurs. La trame de variance intégrera
paces de récupération, de sens de circulation ou de donc la position du corps, les actions motrices, les
rotation sur les éléments du parcours dans le cas parties du corps sollicitées, les informations utilisées
d’un fonctionnement en ateliers, représente des ou disponibles (exemple de trame de variance pour
repères indispensables au déroulement de l’activité la dominante motrice Grimper p. 28).
et à la mise en place de règles simples (« je ne m’en-
gage pas si un autre enfant est engagé », « je n’avance L’ESPACE
pas si le chemin n’est pas libre »). Les formulations, La variable « espace » est particulièrement impor-
pour être accessibles aux élèves, avant de devenir tante, autant pour la préparation de l’activité que
génériques, passent par le cas par cas (« je n’avance pour son adaptation en cours de séance ou de cycle.
pas sur le tapis quand X est dessus », « je ne roule pas L’espace de référence est souvent la salle de motri-
sur la pente quand X y est encore », etc.). cité dans laquelle le parcours est installé, avec les
espaces de circulation le long ou autour du parcours.
Les règles doivent être installées progressivement ;
et l’enseignant doit veiller à retenir celles qui favo- Les objectifs de la ou des séances ainsi que la place
risent ou, a minima, ne bloquent pas l’activité des dans la progression amèneront à privilégier principa-
élèves. Les interactions multiples entre élèves sont à lement trois types d’organisation spatiale du parcours :
la fois des indicateurs de progression et des supports – le parcours en continu : un point de départ qui
d’échanges à exploiter. peut éventuellement être associé au point d’arrivée
(parcours en boucle), un itinéraire caractérisé par
une succession de passages à parcourir ou à fran-
VARIABLES DIDACTIQUES chir selon diverses réponses motrices induites ou
ET TRAMES DE VARIANCE fixées. Le parcours en continu inclut des éléments
optionnels qui peuvent être évités (des « raccour-
Rapportées à un champ d’activité ou de pratique, cis ») ou des éléments en parallèle laissant un choix
les variables didactiques 5 permettent d’interroger d’engagement différencié à l’élève ;
les caractéristiques des situations pour favoriser les – le parcours en chemins : il est constitué de plu-
apprentissages des élèves. Jouer sur les valeurs de sieurs chemins souvent en parallèle. Il peut être
ces variables en établissant des trames de variance effectué en enchaîné, avec un sens de déplacement
permet à l’enseignant de provoquer des essais, des alterné ou bien inclure un retour au point de départ
expériences, des changements de stratégie chez les par exemple par une circulation extérieure, ce qui
élèves qui permettront un nouvel apprentissage. permet de temporiser les passages des élèves. Il est
aussi possible de prévoir plusieurs passages sur le
5
« Variable didactique : ensemble des paramètres incluant les même chemin ;
conditions d’aménagement de l’environnement sur lesquelles – le parcours en ateliers : il privilégie un travail
l’enseignant peut agir en fonction de ses objectifs, afin d’adapter le
travail proposé à la réalité et aux possibilités des élèves », Bernard
spécifique sur une dominante motrice avec l’uti
Boda, Michel Récopé, 1991. lisation d’un élément de parcours ou d’éléments
SOMMAIRE 27
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
homogènes en nombre restreint. La circulation ne sur un temps donné et encore moins mesuré.
se fait pas généralement pendant l’atelier, mais par Néanmoins, le rythme d’évolution sur le parcours,
rotation des groupes d’un atelier à l’autre. la fluidité des actions motrices entre les différents
éléments, ainsi que les accélérations et les ruptures
Chacune de ces organisations présente en elle-même de rythme induites par exemple pour le passage
des avantages qui lui sont spécifiques. Le choix de d’obstacles sont à prendre en compte dans la trame
l’enseignant prendra en compte la finalité de la de variance.
séance, le niveau des élèves et leur capacité initiale
à se repérer dans des dispositifs qui peuvent être LE MATÉRIEL
simplifiés ou complexifiés, tant du point de vue de La qualité et la diversité des éléments de parcours
l’organisation de l’espace que des modalités de cir- jouent un rôle important dans l’efficacité péda-
culation dans cet espace. gogique des dispositifs mis en œuvre. Le matériel
structure les espaces de déplacement et induit ou
LE TEMPS provoque des réponses motrices différentes. En voici
La variable temporelle n’a ici qu’une importance quelques exemples.
limitée et pourrait même entraîner une perversion
des objectifs, notamment pour ceux qui concernent L’utilisation d’éléments à l’échelle pour la manipu-
l’amélioration des capacités motrices. Il ne s’agit lation et la réalisation de maquettes confortera le
pas, tout du moins dans un premier temps, de travail de structuration de l’espace et l’acquisition
réaliser une performance d’exécution du parcours du vocabulaire associé au matériel et aux actions.
28 SOMMAIRE
Enjeux du parcours d’activités motrices
LA RELATION AUX AUTRES d’un contexte à l’autre. Il est même possible d’inté-
On pourrait croire que la variable de l’altérité a peu grer un espace « à rouler » au sein du parcours
de place dans le contexte des parcours d’activités global.
motrices. Il est vrai qu’elle est plus particulière-
ment significative dans les activités de coopération,
d’opposition ou d’expression. Mais le parcours de
motricité intègre bien cette dimension. L’« autre »,
LE PARCOURS COMME MODALITÉ
c’est celui qui précède, celui qui suit sur le parcours. D’ACTIVITÉ DE L’ÉLÈVE
C’est aussi celui qui aide ou essaie d’expliquer, qui
propose une stratégie, une réalisation, ou encore Trois modalités d’activités peuvent être distinguées
qui demande un renseignement parce qu’il ne sait dans la mise en œuvre des activités physiques et
plus où il en est dans le parcours ni par rapport motrices. Elles sont mobilisables en complémenta-
aux actions attendues. L’autre, c’est peut-être aussi rité, en adéquation avec les objectifs d’apprentissage,
le partenaire d’un binôme ou d’une équipe parta- et trouvent des illustrations intéressantes dans l’ex-
geant un objectif commun de réalisation du par- ploitation du parcours de motricité et d’orientation :
cours, incluant par exemple un déplacement d’objet – le mode jeu, qui est caractérisé par une dissocia-
ou de reconstitution de la maquette du parcours. tion du but de l’activité pour l’élève (déplacer le
Quelques propositions sont faites en ce sens dans plus d’objets possible sur un temps donné, coopérer
la deuxième partie de l’ouvrage. pour retrouver un objet caché, etc.) et de l’objectif
d’apprentissage (exercer une dominante motrice,
LES PARCOURS MOTEURS, réinvestir de nouvelles capacités de description ou
AQUATIQUES OU À ROULETTES de représentation de l’espace, etc.) ;
Le parcours d’activités motrices et d’orientation – le mode atelier, qui vise à entraîner une capacité
fonctionne, pour l’essentiel de ses variables didac- motrice particulière ou un enchaînement d’actions
tiques, sur une logique commune avec les parcours précis (par exemple se suspendre, se balancer, sau-
aquatiques dans le cadre des séances de natation ter pour arriver sur ses deux pieds) ;
scolaire ou des parcours de circulation et de par- – le mode parcours, qui mobilise l’élève sur un projet
tage d’espaces menés avec des rouleurs (drai- de déplacement, selon des contraintes diverses, avec
siennes, vélos, trottinettes, patins, etc.). Les choix différents choix de réalisation, différentes réponses
didactiques de l’enseignant sont assez aisément possibles et de premières formes d’évaluation de
transposables et une grande partie des compé- sa réussite (terminer le parcours, avoir effectué les
tences construites par les élèves « transférables » actions et les déplacements attendus ou choisis, etc.).
SOMMAIRE 29
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Ces trois modalités se retrouvent déclinées dans les d’exécution, en précision, en force. Les enfants
propositions pédagogiques développées dans la deu- deviennent capables d’en enchaîner plusieurs dans
xième partie de l’ouvrage, avec un intérêt particulier des situations de recherche de performance, de
accordé aux modes « parcours » et « atelier ». Varier coopération et d’opposition, ou d’adaptation à diffé-
les modalités d’activités permet de maintenir l’inté- rents types d’environnement.
rêt des élèves et de prendre le temps de mobiliser et
perfectionner les différentes capacités motrices sans Les apprentissages engagés tout au long de l’école
passer par une répétition fastidieuse, obstacle aux maternelle, notamment ceux qui auront pris appui
progrès de l’élève. sur les activités menées à travers les parcours
d’activités motrices, trouveront écho dans plusieurs
domaines de compétences et leurs activités de
CONTINUITÉ DES APPRENTISSAGES : référence. Le programme d’EPS au cycle 2 marque
VERS L’EPS AUX CYCLES 2 ET 3 le début de l’ouverture aux activités physiques et
sportives, dans l’accès à une première pratique et
Le développement et le perfectionnement des capa- dans leur dimension culturelle. Il s’agira plus par-
cités motrices se poursuivent au-delà de l’école ticulièrement des activités athlétiques, d’escalade,
maternelle. Ces actions se retrouvent, seules ou en d’orientation.
combinaison, dans des formes, avec des intentions
et des émotions différentes, dans les activités phy- À titre d’exemple, voici les indications données par
siques, sportives et artistiques. Par exemple, l’action les progressions pour les activités d’orientation au
de lancer se retrouve dans les activités athlétiques, cycle 2 de l’école élémentaire, en regard des indica-
les jeux collectifs, la gymnastique rythmique, les arts tions du programme de l’école maternelle dans les
du cirque (jonglerie). Aux cycles 2 et 3, elles sont per- domaines « Explorer le monde » et « Agir, s’exprimer,
fectionnées dans leur forme, mais aussi en vitesse comprendre à travers l’activité physique ».
30 SOMMAIRE
Enjeux du parcours d’activités motrices
En ce domaine, le rôle de l’enseignant est primor- Ainsi, à l’école maternelle, le parcours d’activités
dial. Il connaît et prend en compte les étapes et le motrices et de structuration de l’espace représente
rythme du développement de l’enfant. Il construit la un dispositif central de l’éducation physique, motrice
progression par l’observation active des niveaux de et intellectuelle du jeune élève, et plus généralement
réalisation, des réponses motrices et des stratégies de son développement personnel et social.
SOMMAIRE 31
MODUL
RÉFÉR
Marcher :
module
ULE de référence
du parcours
ÉRENCE d’activités
motrices
PARTIE 2
SOMMAIRE
MARCHER : MODULE DE RÉFÉRENCE DU PARCOURS D’ACTIVITÉS MOTRICES
Introduction
Le module de référence ici proposé présente en détail les différentes étapes pour concevoir un parcours
autour d’une dominante motrice, préparer et mettre en œuvre les séances dans une démarche structurée et
progressive depuis la phase de découverte jusqu’aux pistes d’évaluation et aux prolongements sous forme
de jeux et de défis.
Bien qu’il s’agisse d’un exposé pratique à partir duquel le professeur des écoles peut directement organiser
la séquence d’apprentissage, ce module de référence propose surtout des points d’analyse plus théoriques
et des apports didactiques sur des aspects essentiels des parcours d’activités motrices.
L’objectif est de nourrir la réflexion pédagogique et de donner les repères utiles pour conduire les quatre
autres modules de la dernière partie qui seront moins développés sur le plan théorique et plus centrés sur
le déroulement de la séquence d’activités
Présentation
et programmation
En réalité, les déplacements et les conduites motrices des élèves au cours des activités de parcours sont
beaucoup plus complexes et imbriquées, se combinent et évoluent de manière globale. De même, rien
n’interdit à un moment donné de construire des parcours mixtes ou polyvalents pour lesquels plusieurs
capacités motrices sont sollicitées et doivent s’enchaîner ou se compléter.
Le parti pris de l’ouvrage est cependant d’offrir un « socle commun de parcours » aux contours clairement
définis qui puisse servir de cadre sur lequel la liberté pédagogique et l’inventivité de chaque maître pourront
broder leurs propres motifs.
Pour le module de référence, nous avons choisi le verbe d’action « marcher ». Cette dominante est souvent
peu traitée par le biais des parcours de motricité. Elle offre pourtant un point de départ intéressant, en début
d’année scolaire, pour initier les plus jeunes à l’activité et à ses règles, servir de rappel pour les moyens et
les grands, et replacer les élèves dans une dynamique qu’ils auront déjà explorée les années précédentes.
SOMMAIRE 35
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
L’essentiel est que le professeur, en concertation avec ses collègues, ait des objectifs clairs pour chaque
parcours, quel qu’il soit. L’aménagement de l’espace, les contraintes du matériel choisi, les consignes de
déroulement engagent les élèves vers des explorations motrices ciblées donc observables. Ce qu’il faut évi-
ter à tout prix, ce sont les parcours « fourre-tout », d’une richesse foisonnante trompeuse, car ils n’offrent
aux élèves qu’un terrain de jeux et d’expériences multiples qui ne leur permettent pas de structurer et de
systématiser des compétences motrices bien délimitées.
PROGRAMMATION ANNUELLE
Les cinq modules de l’ouvrage se répartissent sur autant de périodes scolaires correspondantes.
Un module dure en moyenne quatre semaines. Il englobe non seulement les séances de parcours proprement
dites en salle de motricité, mais également le travail en décroché sur la représentation de l’expérience vécue
et sur les activités langagières associées. Il peut cependant s’étendre et se prolonger au-delà de la salle de
motricité et de la classe sur des mises en projet, des rencontres, des expositions, etc.
L’ouvrage développe le « cœur » de chaque module sur quatre semaines, ce qui laisse le temps de mettre
en œuvre les différentes phases d’apprentissage nécessaires, de permettre à l’enseignant d’observer les
progrès et les réussites, de mesurer les difficultés et de concevoir les dispositifs appropriés pour y remédier.
Le module se termine toujours par une situation ludique de réinvestissement que nous appellerons « défi »
et qui peut prendre des formes très diverses.
D’autre part, la répartition des verbes d’action sur les cinq périodes scolaires obéit à un principe de pro-
gressivité et de complexification des enjeux moteurs. Là encore, cette programmation n’en reste pas moins
ajustable en fonction des choix de l’équipe et de ce qui a déjà été engagé au sein du cycle, en tenant compte
également des aptitudes et des difficultés éventuelles des élèves de l’école.
Il faut avant tout retenir que programmer les parcours d’activités motrices sur l’année et sur le cycle engage
le professeur à travailler en concertation avec ses collègues pour éviter les redondances, couvrir l’ensemble
des champs d’apprentissage, partager les observations ou les évaluations, et par conséquent le repérage,
dès la petite section, de difficultés motrices singulières qui peuvent nécessiter un signalement lorsqu’elles
n’évoluent pas favorablement en moyenne ou grande section. Il est nécessaire de construire en équipe,
d’éviter de cloisonner les contenus d’enseignement sur un niveau de classe ou, au contraire, de fonctionner
selon l’inspiration du moment au fil des mois et sans aucune différence majeure entre les petits et les grands.
36 SOMMAIRE
MARCHER : MODULE DE RÉFÉRENCE DU PARCOURS D’ACTIVITÉS MOTRICES
On peut illustrer les trois premiers types de parcours par des schémas, les deux derniers étant par défini-
tion une combinaison des précédents avec des modules d’activités reliés entre eux par des systèmes de
signes, pour le parcours en itinéraire codé, et juxtaposés dans l’espace avec des passerelles, pour le parcours
protéiforme.
SOMMAIRE 37
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
ARRIVÉE
ZONE DE CIRCULATION
DÉPART
DÉPART DÉPART
DÉPART
ARRIVÉE
Chaque module de l’ouvrage illustre une structure de parcours et propose des variables d’ajustements. La
photographie du parcours et la liste du matériel sont données pour faciliter la préparation et la construction
du parcours. L’équipe peut y apporter des modifications, ajouter ou supprimer des éléments en fonction du
matériel dont elle dispose sans remettre en cause la cohérence de l’ensemble sur laquelle s’appuient les
séances développées.
38 SOMMAIRE
MARCHER : MODULE DE RÉFÉRENCE DU PARCOURS D’ACTIVITÉS MOTRICES
Constitué de quatre chemins avec des zones de circulation, le parcours permet d’explorer le plus grand
nombre possible de paramètres de la dominante Marcher. La conception de ces « chemins d’actions motrices »
se réalise à partir de la trame de variance comme nous le verrons un peu plus loin. Les zones de circulation
offrent des couloirs dans lesquels les élèves peuvent se déplacer sans contraintes, à leur rythme, ou au
contraire appliquer des consignes choisies et données par le maître.
Ce type d’organisation permet également de fonctionner par équipes, chacune sur un chemin qu’elle refait
plusieurs fois en retournant par le couloir au point de départ. On se rapproche alors d’un fonctionnement
en ateliers mais disposés en parallèle. Le maître fait tourner les équipes sur les quatre chemins.
L’essentiel est de varier les structures proposées aux élèves parce qu’elles participent activement à la
construction des repères spatiaux, à la structuration de l’espace représenté et au travail sur les positions
et les points de vue. Il serait dommageable, par exemple, de concevoir uniquement des parcours linéaires
en continu où tous les élèves se suivent les uns après les autres, ce qui, en plus de créer des attentes non
productives, entrave la perception de l’espace dans toute sa diversité et sa complexité. Il serait tout aussi
inefficace de proposer toute l’année des parcours en ateliers qui ne poussent pas les élèves à enchaîner des
déplacements et à percevoir le parcours comme un espace aménagé complexe, structuré, orienté.
Par ailleurs, certains parcours favorisent des effets de miroir propices à l’imitation et rassurent les plus
jeunes : voir sur le chemin d’à côté un élève agir avant ou après permet d’anticiper ou de se « revoir en
action » et, de ce fait, de mobiliser des comportements moteurs et de construire des représentations.
TRONC COMMUN
Nous avons donc choisi de partir d’un parcours commun aux trois niveaux de classe qui évolue ensuite pour
s’adapter aux compétences de plus en plus développées des élèves.
Cette démarche suppose de travailler en équipe pour concevoir les parcours à partir de la grille de program-
mation. Au-delà, il s’agit de partager des analyses, des observations qui permettront ensuite à chaque maître
de procéder à des ajustements pour atteindre ses objectifs propres et s’adapter aux besoins des élèves afin
de les faire progresser. En rester au parcours commun pendant plusieurs séances reviendrait à placer tous les
élèves dans la même situation d’apprentissage répétée. Certains n’apprendraient rien parce qu’ils seraient
déjà trop habiles, d’autres resteraient inactifs parce que confrontés à des obstacles insurmontables. La grande
majorité ne ferait que reproduire les actions motrices initiales sans enrichir son répertoire moteur, sans
chercher à diversifier ses réponses, à expérimenter des modalités nouvelles. C’est en essayant de dépasser
ce que l’on sait déjà qu’on apprend autre chose et autrement.
SOMMAIRE 39
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Arcs
DÉPART
Gros matelas Tapis de sol Poutre, planches
ZONE DE CIRCULATION
Pour le retour : marcher selon divers paramètres/consignes (à reculons, vite, lentement, en cadence, à 4 pattes, etc.).
Plan incliné montant - descendant stable Plan incliné montant - descendant instable
ZONE DE CIRCULATION
Pour le retour : marcher selon divers virages, zigzags, slaloms.
ZONE DE CIRCULATION
Pour le retour : marcher avec des types de pas différents (pas chassés, pieds joints, pieds glissés, etc.).
ZONE DE CIRCULATION
Pour le retour : marcher avec différents rythmes, tempos, vitesses.
40 SOMMAIRE
MARCHER : MODULE DE RÉFÉRENCE DU PARCOURS D’ACTIVITÉS MOTRICES
L’idéal est que l’équipe partage ses observations lors des premières séances et organise, par exemple, des
groupes à besoins différenciés sur tout le cycle, sans tenir compte du cadre de chaque niveau de classe. La
pratique du décloisonnement est très efficace pour mener des séances ciblées sur des compétences identi-
fiées afin d’accompagner chaque élève à devenir de plus en plus performant.
Pour la dominante Marcher, le parcours illustré sert donc de tronc commun à l’équipe qui s’est réunie en
amont pour en déterminer la structure, le matériel, la disposition dans la salle de motricité, etc. C’est la phase
de conception du parcours d’activités motrices : une réflexion pédagogique partagée, des connaissances
mutualisées et des échanges de pratiques.
TRAME DE VARIANCE
La trame de variance est le support indispensable pour passer en revue tous les paramètres en jeu.
La trame de variance du verbe « marcher » doit permettre d’envisager toutes les actions motrices sous-
jacentes, tous les déplacements possibles dans l’espace en tenant compte des positions et des orientations
du matériel, du corps et des itinéraires. Elle permet également de choisir des variables temporelles et d’ima-
giner des contraintes de durée, de rythme, de vitesse de réalisation.
Une fois tous les paramètres inventoriés, l’équipe conçoit le parcours commun en sélectionnant ce qui lui
semble essentiel pour commencer la séquence.
Nous avons proposé pour le module de référence un parcours Marcher particulièrement riche et quasi
exhaustif de tout ce qu’il est possible de faire pour explorer cette dominante motrice. La trame de variance
a donc été exploitée à son maximum. Tout ce qui touche à la temporalité (rythme, tempo, signal, vitesse,
etc.) est mis en œuvre avec des consignes de déplacement dans les zones de circulation :
– chemin 1 : marcher sur des supports mous et durs, épais et fins, étroits et larges, stables et instables, placés
à des hauteurs variables par rapport au sol ;
– chemin 2 : marcher sur un plan incliné montant et descendant, le premier très stable, le second plus
instable ;
– chemin 3 : marcher dans, sur, entre des obstacles qui modifient la position ou l’action corporelle. Marcher
à grandes enjambées dans des cerceaux, à petits pas dans des anneaux, en slalomant entre des cônes, sur
la pointe des pieds et en hauteur dans les espaces vides d’un quadrillage de briques, le pied à plat sur des
cordes et rubans, talons relevés sur des disques plats ;
– chemin 4 : marcher en extension pour toucher des fils tendus entre des cônes, pour atteindre des ballons
accrochés en hauteur, marcher le haut du corps fléchi ou à quatre pattes pour passer sous des arches,
marcher jambes tendues les pieds sur des échasses.
SOMMAIRE 41
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Il serait contre-productif de construire un parcours initial a minima, avec très peu de matériel et de potentiels
d’actions : la première phase de la séquence est avant tout une étape de découverte, d’exploration, d’expé-
rimentations et tous les élèves doivent pouvoir y trouver de quoi nourrir leur habileté, leur envie d’agir, leur
curiosité et leur goût du risque.
Cependant, on peut aussi partir d’un parcours de base plus épuré et s’engager ensuite dans une évolution
faite d’ajouts de matériel et de complexifications successives.
La deuxième étape consiste, pour le maître, à structurer cette expérience initiale pour la transformer en
véritable apprentissage, c’est-à-dire développer, consolider, stabiliser et mémoriser des connaissances et des
compétences qui sont enfin acquises et transférables dans d’autres contextes. Cette phase de structuration
constitue le cœur de la démarche et passe obligatoirement par des dispositifs de différenciation, car tous
les élèves n’ont pas besoin d’apprendre la même chose, au même moment.
Pour terminer le module, il est important de faire le bilan de ce qui a été appris, pour le maître comme pour
les élèves. Être conscient du parcours effectué, au double sens de parcours moteur et cognitif, fait partie de
l’apprentissage : agir, se représenter l’action, l’exprimer, la dire et la reproduire, la mémoriser, en comprendre
le sens et la finalité, etc. : c’est par ce cycle mille fois répété que l’apprenant devient vraiment sujet et acteur
de ses apprentissages. Pour le professeur, il s’agit d’observer des progrès, de prendre note des difficultés non
surmontées : des pistes simples d’évaluation sont proposées. Pour l’élève, il s’agit finalement de tester ses
acquis, de se remettre en jeu en quelque sorte, de mettre à l’épreuve ses nouvelles capacités à l’aune d’une
situation différente, ludique, motivante : des idées de « défis » sont données pour clore chaque module.
42 SOMMAIRE
MARCHER : MODULE DE RÉFÉRENCE DU PARCOURS D’ACTIVITÉS MOTRICES
Les trois séances de la semaine 1 doivent permettre aux élèves de découvrir le parcours, d’explorer des
actions motrices nouvelles, de se familiariser avec le matériel et l’espace aménagé. L’objectif est aussi
d’engager les élèves dans une première démarche de verbalisation et de représentation de l’expérience
vécue en utilisant le lexique adapté.
Les deux premières séances sont donc centrées sur l’action motrice.
Au cours de l’activité, le professeur observe les réponses motrices et l’adéquation du parcours par rapport
à ses objectifs d’enseignement. Il relève également les réussites et les difficultés pour organiser ensuite la
répartition des élèves par groupes lors de la phase de structuration. Il analyse, repère, anticipe et réajuste.
La troisième séance se situe en décalé : elle peut se dérouler dans un autre lieu que la salle de motricité, et
à un autre moment. Cette séance privilégie les activités langagières et de représentation. Les propositions
de séances des différents modules montrent que de nombreuses modalités sont envisageables et qu’il est
intéressant de les faire varier.
Le choix du parcours commun, justifié plus haut dans l’ouvrage, ne doit pas conduire l’équipe à adopter
les mêmes modalités pédagogiques pour les séances mises en œuvre. C’est au contraire en agissant sur les
différents paramètres du déroulement que chaque professeur utilise le parcours à sa manière pour l’adapter
aux attentes et aux besoins de ses élèves : la durée, la passation des consignes, le rôle et le positionnement
du maître, la répartition des élèves en collectif ou en petits groupes, les supports spécifiques utilisés pour
les séances en décalé, etc.
On trouve donc dans chaque module des pistes différentes de déroulement pédagogique de la petite à la
grande section. Il est en effet essentiel pour l’équipe de cycle de trouver les moyens d’une progressivité réelle
des apprentissages : en utilisant le même espace aménagé qui sous-tend la même dominante motrice, le
maître amène les élèves à agir différemment pour se mettre à la portée de leurs capacités et les accompa-
gner dans l’acquisition de nouvelles compétences. La partition est la même, mais le chef d’orchestre met les
instruments, le temps et l’espace, au service de ses objectifs d’enseignement. Ils doivent donc être modulés
de la petite à la grande section.
Il est important, dans la démarche de l’ouvrage, de lire, pour un module donné, le déroulé de toutes les
séances du niveau de classe où l’on exerce : c’est une lecture verticale et chronologique. Mais il est tout
aussi important de prendre connaissance, dans une lecture horizontale et synchronique, de ce qui sera mis
en œuvre dans les deux autres niveaux du cycle.
C’est justement cet écart, cette complexification progressive des exigences et des attentes qui traceront,
pour l’élève, la continuité et la fluidité du parcours d’apprentissages tout au long de ses trois années de
maternelle jusqu’à atteindre les compétences attendues en fin de grande section.
SOMMAIRE 43
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
semaine 1
SÉANCE 1
1. Exploration libre du parcours en grand groupe ou en demi-classe. 10’
Vous devez partir de la zone de départ et revenir par les couloirs de circulation. Vous pouvez aller partout,
utiliser tout le matériel.
Le maître montre le départ, l’arrivée, les couloirs. Il encourage, observe, accompagne et garantit la sécurité.
2. Regroupement sur un espace dégagé. Échange et questionnement. 5’
Qu’avez-vous fait ? Comment vous êtes-vous déplacés ? Quel matériel avez-vous utilisé ?
Le maître reformule, introduit progressivement des éléments de vocabulaire (action, matériel, corps, espace).
3. Réaliser le parcours Marcher. 10’
Refaites le parcours, mais cette fois seulement en marchant de toutes les manières possibles.
Le maître observe, évalue, contrôle le respect de la consigne.
Il relève les actions intéressantes.
4. Regroupement en classe, rappel de l’activité. 10’
Racontez ce que vous avez fait. Par exemple : « J’ai marché sur le matelas. »
SÉANCE 2
1. Rappel de la séance 1 par le maître et parcours à refaire. 20’
Je vais vous rappeler ce que vous avez fait la dernière fois sur ce parcours (les actions sont énoncées
les unes après les autres de manière précise). Maintenant, vous pouvez le refaire.
Le maître repère les points d’ajustement du matériel et les besoins spécifiques de certains élèves. Il prend
des photographies pour avoir une banque d’images complète (actions, positions, image du parcours entier…).
SÉANCE 3
1. Vidéoprojection en grand groupe ou en demi-classe, produire un énoncé pour nommer, décrire le matériel
et les actions. 10’
Nous allons regarder ensemble des photos que j’ai prises pendant le parcours. Dites ce que vous voyez,
ce que vous reconnaissez, ce que font les enfants.
Le maître aide à la formulation d’énoncés précis comportant le nom du matériel, le verbe « marcher » au présent et
sa modalité spécifique (exemple : « Il marche sur le matelas. Elle marche dans les cerceaux. Je reconnais la poutre. »).
2. Deux ateliers avec chacun une demi-classe, comprendre un énoncé à partir d’une image ou d’un objet. 10’
Groupe 1 : projection d’une dizaine de photos en mosaïque ; le maître décrit une image, les élèves doivent la retrouver.
Groupe 2 : à partir d’éléments représentant le matériel du parcours en miniature, l’Atsem décrit précisément
sans le nommer un élément du matériel, les élèves le trouvent, le nomment.
En amont de la séance, le professeur donne les consignes à l’Atsem. Il gère la rotation des deux groupes et fait
les régulations utiles (rappel des règles, répartition différente de quelques élèves…).
Prendre le temps de laisser agir les élèves, de les observer sans contrainte pour voir comment ils s’appro-
prient les espaces, le matériel. Progressivement, repérer des gestes moteurs intéressants à faire partager au
groupe. Les consignes seront à personnaliser, à reformuler, à adapter en fonction du groupe, du matériel. Il
est essentiel de prévoir un espace dégagé de regroupement : poser quelques tapis au sol, matérialiser « une
maison » avec des cordes ou des plots, libérer une zone pour s’asseoir le long d’un mur, etc. Ce « lieu sym-
bolique » offre la possibilité de faire une pause, de réunir le groupe, de reformuler des consignes mal com-
prises, de recadrer l’activité. C’est aussi un espace de parole pour les élèves qui peuvent, à chaud, verbaliser
leurs expériences sans perdre le parcours des yeux, ce qui, pour les plus petits, est une prise de distance
moindre. Plus tard, en classe, l’évocation fera appel à la mémoire et à la représentation de l’espace absent
et de l’action passée (« J’ai marché sur le ruban rouge. »).
44 SOMMAIRE
MARCHER : MODULE DE RÉFÉRENCE DU PARCOURS D’ACTIVITÉS MOTRICES
Cela se rapproche de l’attention partagée et de la reformulation autour d’un album ou d’un imagier. Le maître
s’empare de la phrase, s’en fait l’écho, la redit, la corrige si besoin, lui donne corps, puis passe le relais à un
autre enfant qui répète à son tour, complète, modifie parfois. L’enseignant reste le pivot de l’activité, contrôle,
recentre et relance la production langagière, ajuste le vocabulaire avec les termes précis.
Au cours de ces moments d’échange, le questionnement doit également être soigneusement pensé et mesuré.
Il est important d’utiliser des questions ouvertes auxquelles on ne répond pas par oui/non. Il faut éviter les
questions qui portent déjà en elles la réponse attendue, du type : « Est-ce que vous avez marché de toutes
sortes de façons sur ce parcours ? C’était difficile de marcher sur la poutre, n’est-ce pas ? »
On ne perdra pas de vue le resserrement graduel de l’activité imposé par le maître : faire le parcours libre-
ment puis seulement en marchant ; raconter, s’exprimer d’abord sans contraintes, puis faire des phrases
du type : « J’ai marché sur la poutre en bois. »
Ensuite, le maître s’efface le plus possible et laisse les élèves agir avec leur corps, tenus par les contraintes
de l’espace aménagé et le respect des consignes données. Il observe et photographie pour se constituer
un répertoire d’images le plus complet possible. À ce sujet, il est parfois difficile pour le professeur d’être
observateur et photographe tout en garantissant l’encadrement du groupe. Il est judicieux de faire à l’avance
l’inventaire des images dont on aura besoin et de se répartir la tâche au sein de l’équipe.
L’usage de l’appareil numérique offre des avantages qu’il n’est plus utile de démontrer : classement des images
par actions, points de vue différents d’un même parcours, positions du corps et dans l’espace sur un matériel
donné, possibilités de zoom et de recadrage, prises en rafale, tablettes numériques pour capter les images et
les utiliser directement, possibilité de dessiner par-dessus la photographie, flécher le déplacement, etc.
Toutes ces photographies seront utilisées pour des activités décalées en classe afin de travailler les
compétences langagières et la structuration de l’espace. Les supports possibles sont nombreux : diaporama
en vidéoprojection, cartes pour loto ou Memory, étiquettes image/mot pour un imagier du matériel ou des
verbes d’action, parcours puzzle à reconstituer, dossier sur l’ordinateur de fond de classe pour la mémoire
collective des parcours de l’année, etc.
Le groupe 1 écoute une description faite par le maître et la met en correspondance avec une image. Il reçoit
un message, cherche à le déchiffrer et manifeste sa compréhension en localisant la bonne photographie. Le
groupe 2 écoute les explications de l’Atsem qui définissent un objet, mais c’est à eux de le nommer : ils sont
donc à la fois récepteurs d’un énoncé à comprendre et producteurs d’un mot de vocabulaire à connaître.
Chaque module de l’ouvrage propose des activités diversifiées sur des supports variés pour mener à bien
cette double démarche de compréhension et de production qui seule permet de construire le vocabulaire
passif et actif des élèves et la correction syntaxique de leurs phrases.
SOMMAIRE 45
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Enfin, il faut retenir de cette phase d’exploration qu’elle contient toujours plusieurs versants :
– exploration et expérimentation des élèves dans un espace aménagé, de nouvelles actions motrices et des
modalités diverses de déplacement ;
– découverte et repérage par le professeur des possibilités de son parcours aménagé et des réussites des élèves ;
– familiarisation et premiers pas vers la verbalisation et la représentation de l’expérience vécue grâce à
des outils et des supports qui favorisent le rappel, l’évocation, la structuration de l’espace et du langage.
semaine 1
SÉANCE 1
1. Observation, description et anticipation du parcours (en grand groupe ou en demi-classe dans la salle
de motricité). 10’
Voici un parcours pour marcher de toutes sortes de façons. Observez-le bien. Imaginez comment vous pouvez
marcher en utilisant le matériel. Qui a une idée ?
Le maître fait émerger le lien espace/action, mobilise les élèves pour anticiper les déplacements, aide
à la verbalisation des possibles avec le vocabulaire adéquat.
2. Réaliser le parcours Marcher. 15’
Bien, maintenant vous allez faire le parcours pour marcher. Je vous montre le départ et l’arrivée. Les couloirs
servent à circuler entre les chemins de matériel. Pour l’instant, vous pouvez vous y déplacer comme vous voulez.
Le maître montre les repères, puis observe, contrôle, accompagne, encourage.
3. Regroupement à proximité, explicitation, description de l’expérience vécue, inventaire des marches. 10’
Dites ce que vous avez fait, comment vous avez marché de la manière la plus précise possible.
Le maître apporte l’étayage langagier pour le vocabulaire et la syntaxe, il gère la parole dans le groupe.
SÉANCE 2
1. Rappel de la séance 1 avec les élèves et réalisation du parcours. 25’
Qu’avez-vous fait la dernière fois sur ce parcours ?
Quelles actions peut-on réaliser ? Avec quel matériel ? Qui peut expliquer ?
Maintenant que vous vous souvenez de ce qu’il faut faire, allez-y.
Le maître repère des obstacles pour ajuster le matériel et les besoins spécifiques de certains élèves. Il photographie
pour avoir une banque d’images complète.
SÉANCE 3
1. Vidéoprojection en grand groupe, produire un énoncé pour nommer, décrire le matériel et les actions. 10’
Nous allons regarder ensemble des photos que j’ai prises pendant le parcours. Dites ce que vous voyez,
ce que chaque élève faisait à ce moment-là.
Le maître aide à la formulation d’énoncés précis comportant le nom du matériel, le verbe « marcher »
et sa modalité spécifique avec des précisions d’adjectifs, d’adverbes (exemple : « Il marchait en équilibre
sur la poutre. Elle a marché dans les grands cerceaux. »). Il est important de travailler les formes verbales
et variations de temps de conjugaison.
2. Deux ateliers avec, pour chacun, une demi-classe ; l’objectif est de comprendre un énoncé à partir
d’une image et de consignes. 15’
Groupe 1 : autant de photos imprimées plastifiées que d’élèves, l’Atsem qui détient les doubles décrit une carte
image, celui qui la possède le signale. Les élèves échangent leurs cartes, on recommence, mais cette fois-ci
un élève joue le rôle de l’Atsem qui l’aide à compléter ou corriger sa description si besoin.
Groupe 2 : le maître donne des consignes orales pour sélectionner et disposer les miniatures du parcours sur
une grande feuille portant divers repères afin de construire un parcours identique à celui réalisé en séance 1 et 2.
En amont de la séance le professeur donne les consignes à l’Atsem. Il organise dans le temps la rotation des deux groupes.
46 SOMMAIRE
MARCHER : MODULE DE RÉFÉRENCE DU PARCOURS D’ACTIVITÉS MOTRICES
Cette inversion sollicite fortement les représentations mentales et réactive les connaissances acquises précé-
demment. Elle place également les élèves dans une attitude plus distanciée, moins impulsive, qui les aidera
à canaliser ensuite leur énergie et leurs mouvements dans l’action réelle.
Enfin, la question ouverte posée par le maître, « Qui a une idée ? », amènera des réponses qui seront proches
d’une formulation de consignes du type : « Je crois qu’il faut marcher sur la poutre », ou encore : « Il y a des
ponts et on doit passer dessous à quatre pattes. »
Les élèves conceptualisent, en même temps qu’ils l’expriment, le rapport de cause à effet qui relie les
contraintes du matériel et l’action du corps dans l’espace. De cette manière, ils deviendront plus facilement
des concepteurs de parcours puisqu’ils en auront compris les ressorts, les mécanismes et les secrets de
fabrication jusque-là réservés au maître. En séance 2, ce dernier pourra ainsi logiquement associer les élèves
au rappel des consignes, alors qu’en petite section il les exposait seul.
C’est au maître d’orienter les productions langagières dans cette direction et de ne pas simplement laisser
les élèves, comme en petite section, raconter ce qu’ils ont fait avec pour seule contrainte initiale : « J’ai mar-
ché… » Au contraire, il doit exiger des précisions sur les positions du corps, les caractéristiques du matériel,
la localisation dans le parcours, etc. Des énoncés du type : « J’ai marché dans les cerceaux », « J’ai touché
les ballons » deviendront : « J’ai fait des grands pas pour marcher dans les cerceaux », « J’ai marché sur la
pointe des pieds et les bras en l’air pour toucher les ballons. »
On est bien dans une démarche systématique de structuration langagière, d’enrichissement du vocabu-
laire actif et de la syntaxe, et simultanément dans une construction progressive des repères dans l’espace
et le temps. C’est un exercice difficile, méticuleux, un « travail d’orfèvre » pour sculpter, ajuster, ciseler la
langue. Il faut être modeste, car on ne peut le faire sur toutes les phrases produites, mais un étayage solide
et complet sur quelques-unes permet au maître, peu à peu, au fil des séances, et dans tous les domaines
d’apprentissages, de construire avec les élèves un parler de qualité.
Il ne s’agit pas, en effet, de prendre ce qu’a dit l’élève et de le transformer pour en faire autre chose, de le
reformuler avec une forme si parfaite que l’énonciateur n’y reconnaît plus sa propre parole. Il s’agit de guider
l’élève qui parle à faire correspondre au mieux ce qu’il a fait avec son corps, ce qu’il se représente de son
action et les mots et tournures qu’il utilise pour le dire.
« Tu dis que tu as touché les ballons, mais comment as-tu fait alors ? Comment as-tu marché pour réussir ?
Comment étaient tes bras et tes pieds ? » En ciblant les éléments de réponse, le maître aide l’élève à recom-
poser la phrase initiale et associe au processus tous les autres. La phrase finale est répétée, mise en boucle,
valorisée et ainsi les élèves comprennent ce vers quoi ils doivent se diriger, intègrent la portée de ce qu’on
leur répète si souvent : « Tu peux être plus précis, essaie de le dire autrement. »
Le groupe 2, qui travaille avec les miniatures, doit comprendre des consignes qui utilisent le lexique spatial
pour positionner les objets dans un espace orienté avec des repères nécessitant l’activation de la mémoire
du parcours réalisé en salle de motricité.
SOMMAIRE 47
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Le groupe 1, encadré par l’Atsem et qui travaille avec les cartes images, est en position de réception d’un
énoncé dont il faut comprendre la signification pour jouer et gagner. Là encore, il s’agit de doser la complexité
des phrases et l’Atsem doit y être préparée. De « C’est un garçon qui monte sur une planche », elle évoluera
peu à peu vers une phrase du type : « Il marche en montant sur une planche posée sur une brique. »
Pour conclure, on voit bien qu’à partir d’un parcours identique le professeur de petite et de moyenne
section ne vise pas tout à fait les mêmes objectifs et n’a pas les mêmes attentes ni les mêmes exigences
vis-à-vis des élèves. Ce sont le déroulement des séances et les modalités pédagogiques qui lui offrent la
possibilité de cibler au plus près des besoins de ses élèves dans le cadre des compétences visées par les
programmes.
semaine 1
SÉANCE 1
1. Exploration du parcours pour transmission au groupe 2 (en demi-classe, l’autre moitié en activité autonome
avec l’Atsem ou en décloisonnement). 10’
Voici un parcours pour marcher de toutes sortes de façons. Attention, mémorisez bien ce que vous faites, car,
de retour en classe, vous devrez expliquer au groupe 2 ce qu’il faut faire et lui donner les consignes.
Le maître répartit les élèves en deux groupes pertinents, mobilise l’attention pour être acteur et observateur
de son parcours.
2. Regroupement en classe des deux groupes. 10’
Le groupe 1 va vous expliquer le parcours qu’il vient de réaliser et vous donner les consignes.
Le maître apporte un étayage langagier, reformule, relance la passation des consignes.
3. Le groupe 2 effectue le parcours ; un demi-groupe 1 dessine ; l’autre demi-groupe 1 photographie. 10’
Le groupe 2, c’est à vous de faire le parcours. Pendant ce temps, le groupe 1 vous observera et essaiera de
représenter ce qu’il voit. Certains dessineront, d’autres photographieront. De retour en classe, nous comparerons.
Le maître accompagne les groupes et prévoit un moment ultérieur de regroupement en classe. Les images
(dessins et photos) sont présentées et commentées.
SÉANCE 2
1. Rappel de la séance 1 par les élèves et réalisation du parcours. 25’
Qui veut redire, sous forme de consignes, ce qu’il faut faire sur ce parcours ? Ensuite, vous aurez 15 minutes
pour le faire.
Le maître ajuste le matériel à certains besoins spécifiques des élèves.
Il photographie pour avoir une banque d’images complète.
SÉANCE 3
1. Vidéoprojection en grand groupe, produire un énoncé pour nommer, décrire le matériel et les actions. 15’
Nous allons regarder ensemble des photos que j’ai prises pendant le parcours. Dites ce que vous voyez,
ce que l’enfant faisait à ce moment-là, de la façon la plus détaillée possible.
Le maître aide à la formulation d’énoncés comportant le nom du matériel, le verbe « marcher » et sa modalité
spécifique avec des indications précises de lieu, de position, de manière… (exemple : « Il marchait sur le gros
matelas bleu en faisant des petits pas. Elle marchait dans les cerceaux à grandes enjambées. »). Travail sur
les formes et les temps verbaux.
2. En demi-classe ou en grand groupe, comprendre un énoncé à partir d’une photographie du parcours entier
avec plusieurs élèves en action. 10’
Observez bien cette photographie. Ensuite, nous jouerons au jeu des erreurs. Je vais la décrire et raconter
ce qui se passe en disant des choses fausses. Il faudra me dire « stop » à ce moment-là et expliquer pourquoi
ce que je dis est inexact.
48 SOMMAIRE
MARCHER : MODULE DE RÉFÉRENCE DU PARCOURS D’ACTIVITÉS MOTRICES
En séance 1, on demande aux élèves d’agir et de s’auto-observer simultanément. C’est une attitude réflexive
qu’il est important de développer pour de nombreux apprentissages dans d’autres domaines, comme celui
de la conscience phonologique ou des gestes de l’écriture. Cela exige des capacités de décentration et d’abs-
traction que les enfants plus jeunes n’ont pas encore. De retour en classe, ils devront passer les consignes,
c’est-à-dire transposer une expérience vécue individuellement en un discours général, prescriptif et décon-
necté du temps réel de la réalisation du parcours.
En période 1, la présence du maître est indispensable pour accompagner cette transformation, mais peu à
peu, au fil des mois, il est nécessaire que l’élève soit capable de comprendre rapidement ce qu’on attend de lui
et de le formuler de manière claire pour agir ou faire agir. Cette démarche d’inférences est particulièrement
importante au CP, pour l’entrée dans la lecture, la compréhension des consignes, l’analyse systématique de
la langue et de la signification d’un texte : « J’ai marché sur un ruban étroit posé sur le sol sans que mon
pied déborde. Ce qui était attendu, c’est de contrôler ses pas, de bien poser les pieds sur le ruban l’un après
l’autre, sans toucher le sol. Je vais donc traduire cette action par la consigne suivante : “Il faut marcher sur
un ruban, sans poser les pieds par terre et sans perdre l’équilibre.” »
Dans la séance 1, des élèves dessinent pour représenter les déplacements de leurs pairs ou photographient à
un endroit donné du parcours : ils peuvent alors saisir un mouvement, une position du corps dans l’espace,
une utilisation particulière du matériel. Lors d’un regroupement ultérieur, organisé par le maître, les élèves
cherchent à apparier les représentations, ou au contraire à les confronter. Ils apprennent à repérer des
invariants au-delà des différences de supports. Ils retiennent l’essentiel d’un déplacement et le formulent
en termes de comportement moteur : « Marcher sur la pointe des pieds. » Cela peut correspondre à un
dessin montrant un élève qui marche sur les disques au sol, mais aussi à une photographie d’un autre
enfant qui a choisi de marcher de cette façon sur le ruban. À ce moment-là, le parcours est déjà loin ; les
élèves réfléchissent sur des concepts, les expliquent, les justifient, les analysent. Le langage est au cœur
de cette activité.
Dans la séance 2, on laisse les élèves formuler les consignes et entrer dans l’action de manière complètement
autonome. Le temps de parcours est plus long et le professeur est un observateur garant de la sécurité
(« Maîtrise de la langue : produire et comprendre des énoncés).
Dans la séance 3, on retrouve la double perspective, avec des situations de compréhension et de production
langagière. Le travail sur la langue est plus poussé, car elle devient le véritable objet d’étude.
Lorsque le maître joue au « jeu des erreurs », il veille à introduire des détails dans ses affirmations qui exigent
une compréhension fine de la part des élèves. La phrase erronée : « Adam marche la tête et le dos courbés
pour passer par-dessus les arcades » est très proche de celle qui est juste : « Il marche la tête et le dos cour-
bés pour passer par-dessous les arcades. » Repérer l’erreur exige une écoute attentive en même temps que
l’observation d’une image comportant un grand nombre d’informations : il faut identifier qu’il s’agit d’un
garçon, repérer les arcades, comprendre la posture corporelle et distinguer dessus/dessous.
La phase d’exploration aura permis de faire émerger des habiletés, des difficultés, des degrés d’expertise
différents. C’est l’occasion, pour l’équipe d’école, de se concerter, de partager des analyses, afin d’ajuster
la progression et le déroulement des séances suivantes. Cela est aussi l’occasion d’organiser d’éventuels
décloisonnements pour constituer des groupes de besoins ou de remédiation plus efficaces, car ciblés sur
des compétences précises relevant du diagnostic objectif de l’observation.
SOMMAIRE 49
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
PHASE DE STRUCTURATION
OBJECTIFS DE LA PHASE DE STRUCTURATION
La phase de structuration a pour but de faire évoluer le parcours à partir des constats précédents et en
fonction des objectifs d’apprentissages redéfinis et réajustés.
Il s’agit de correspondre au mieux aux compétences motrices des élèves en tenant compte de leurs capacités
et de leurs besoins différents. Pour certains, il s’agit de fixer et de consolider des acquis, voire de les dépasser ;
pour d’autres, il s’agit de solliciter et de systématiser des comportements moteurs encore non maîtrisés.
Chaque maître choisit de modifier la structure commune initiale en intégrant des variables didactiques
simples et faciles à mettre en œuvre à partir de la trame de variance.
Les élèves diversifieront ainsi leurs déplacements en fonction des nouvelles contraintes matérielles et des
consignes du parcours. Par la répétition et la reproduction, ils renforceront, stabiliseront et mémoriseront
des actions motrices.
À la suite des parcours, ils reviendront sur ce qu’ils ont vécu, perçu, expérimenté. Ils raconteront, décriront,
expliqueront ; ils représenteront avec diverses techniques (dessin, photographie, vidéo, maquette, matériel
miniature) l’espace aménagé et les réponses motrices induites et réalisées.
Pendant les parcours, le maître observe et évalue l’impact des variables utilisées sur l’activité motrice.
L’autonomie est un vecteur essentiel de l’apprentissage, il doit donc éviter de trop diriger les élèves. C’est
par des ajustements du matériel et des consignes d’action qu’il veille à atteindre ses objectifs.
Son rôle est également important pour guider les élèves dans la représentation de l’espace vécu par une
démarche progressive de manipulation et d’évocation langagière structurantes. Il aide à construire le lien
entre le parcours réel, son encodage et sa symbolisation sous forme de maquette ou d’image ; il apporte un
étayage verbal, lexical et syntaxique précis.
L’organisation des six séances sur les deux semaines peut prendre des formes différentes selon le fonc-
tionnement de l’équipe et les contraintes d’espace et de temps. Celles consacrées aux parcours peuvent
par exemple être dédoublées pour travailler en demi-classe ou en groupes restreints. Les autres élèves sont
placés sous la surveillance de l’Atsem en activité autonome, en classe ou dans la salle de motricité, dans
une zone périphérique, lorsque cela est possible. Il est aussi intéressant de travailler en équipe sur des
décloisonnements de manière à constituer des groupes de besoins différenciés.
Pour le module Marcher, certains élèves peuvent rencontrer des difficultés pour contrôler l’équilibre et la
stabilité de la marche dans certaines parties du parcours : avec du matériel ou des supports étroits, placés
en hauteur, superposés, etc. L’équipe regroupe les élèves concernés de la petite à la grande section et modi-
fie le parcours pour renforcer ce point précis de la trame de variance. On pourrait, par exemple, surélever
les matelas, augmenter la longueur de la poutre, accroître le chemin de cordes et de rubans, imposer les
échasses pour le retour dans les couloirs de circulation, complexifier les plans inclinés avec des bases très
instables, etc.
50 SOMMAIRE
MARCHER : MODULE DE RÉFÉRENCE DU PARCOURS D’ACTIVITÉS MOTRICES
Un autre groupe peut avoir des difficultés à s’orienter du début à la fin du parcours, à enchaîner les dépla-
cements sans s’arrêter en maintenant une fluidité et une dynamique régulières. De la même manière,
l’équipe ciblera cette compétence pour réunir des élèves de la petite à la grande section. L’organisation du
parcours commun sera conservée intacte, mais le maître donnera des consignes de réalisation qui jouent
sur la temporalité. On demandera aux élèves de circuler dans les couloirs en marchant le plus vite possible.
Un tempo donné par un instrument ou une musique imposera une cadence allant crescendo. Le groupe est
scindé en deux équipes qui partent chacune à l’extrémité du parcours, un par un ou deux par deux. Celle
dont tous les membres sont réunis en premier à l’autre bout gagne (des règles seront nécessaires pour ne
pas renverser le matériel, se croiser sans se bousculer, etc.).
Les tableaux ci-dessous proposent de nombreuses pistes d’évolution du parcours commun Marcher avec des
variables possibles, de la petite à la grande section. Le professeur reste maître de ses choix d’organisation,
des modalités de déroulement de la séance et de la progressivité des activités sur les quatre séances, en
fonction du diagnostic de la phase d’exploration et des compétences ciblées comme objectifs d’apprentissage.
Chaque module de l’ouvrage propose des grilles de variables en fonction de la dominante motrice. Certaines
se répètent d’un module à l’autre, d’autres sont plus spécifiques à l’action motrice en jeu.
Grilles de variables
en fonction de la dominante motrice Marcher
PS MS GS Variables des quatre parcours A B C D
✓ ✓ Faire le parcours entier en sens inverse, à reculons.
✓ ✓ ✓ Faire le parcours avec des obstacles plus importants : matelas superposés, plans
plus inclinés et plus instables, cerceaux davantage espacés, ballons plus en hauteur…
✓ ✓ ✓ Dans les zones de circulation, appliquer des consignes de marche de plus en plus
complexes : très vite, à reculons, à pas chassés, les pieds entravés…
✓ Parcourir les zones de retour sur des échasses.
✓ ✓ Faire le parcours à quatre équipes (une par ligne) avec des objets à ramasser
sur le chemin et une durée limitée.
✓ ✓ Faire le parcours entravé à un autre élève (bras à bras, dos à dos, deux mains,
main à main… en faisant attention à la sécurité pour cette dernière).
✓ Faire le parcours à l’aveugle avec un guide (parole et appui).
✓ Deux équipes, la moitié de chacune à chaque bout du parcours : deux élèves partent
en même temps des extrémités et lorsqu’ils se croisent donnent un objet relais
à leur équipier.
✓ Faire le parcours les chevilles entravées de manière à resserrer les jambes
(en faisant attention à la sécurité).
SOMMAIRE 51
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Les séances sont organisées juste après le parcours, ou au contraire à plus grande distance de l’expérience
motrice. La durée, la succession dans le temps de la journée seront modulées pour s’adapter aux capacités
des élèves à rester en autonomie, à se concentrer plus ou moins longtemps sur une tâche. De même, les
lieux peuvent aussi varier : la classe, mais aussi la salle de motricité, un espace au sol dans une autre salle,
le coin informatique, etc.
Il ne faut cependant pas perdre de vue que le travail sur le langage est d’autant plus efficace que le groupe
est petit et que le maître est présent pour accompagner et structurer la séance, surtout chez les plus jeunes
élèves.
Les tableaux suivants illustrent cette diversité en donnant quelques pistes d’activités pour chaque niveau
de classe.
semaines 2 et 3
SÉANCE 1
1. Rappel, évocation et description à partir de photos imprimées en format A4 des quatre parcours A, B, C, D.
Atelier langage dirigé en groupe restreint avec le maître. 10’
Voici quatre photos des derniers parcours que vous avez faits. Regardez-les bien. D’abord, nous allons essayer
de reconnaître le matériel et de le nommer.
Le maître enrichit le lexique avec des substantifs et des adjectifs (couleur, forme).
Maintenant, essayez de raconter ce que les élèves faisaient, comment ils se déplaçaient.
Le maître aide à la structuration des phrases, fait circuler la parole et reformuler les énoncés.
2. Reconstruction du parcours et reformulation des consignes. 10’
Avec le matériel miniature, nous allons reconstruire un parcours du début jusqu’à la fin. Ensuite, avec
des personnages miniatures, vous direz ce qu’il faut faire comme si c’était vous.
Le maître guide l’observation de la photo et le positionnement correspondant des miniatures dans l’espace
d’une affiche posée au sol. Étayage langagier (lexique spatial, matériel, actions ; syntaxe).
SÉANCE 2
1. Compréhension d’un énoncé à partir d’un parcours miniature différent des précédents. Atelier dirigé
avec le maître. 10’
Regardez bien, j’ai fabriqué un nouveau parcours. Je vais expliquer ce que font les personnages et vous devrez
les placer au bon endroit dans la bonne position. Je commence le jeu : « Le garçon marche les bras en l’air sur
la poutre rouge. Qui veut placer le bonhomme comme il faut ? »
Le maître construit un parcours avec de nombreuses situations d’actions possibles. Il énonce des phrases allant
du plus simple au plus complexe (nom + adjectif du matériel, positions du corps, adverbes de lieu).
2. Manipulation des miniatures, construction de parcours. 10’
Maintenant, jouez tout seuls et essayez de fabriquer un parcours avec les miniatures.
52 SOMMAIRE
MARCHER : MODULE DE RÉFÉRENCE DU PARCOURS D’ACTIVITÉS MOTRICES
On demande d’abord de produire des mots isolés avec le nom du matériel (un matelas, la poutre, le cerceau,
etc.). Le maître valide et complète avec des qualificatifs et reconstruit la phrase descriptive : « Oui, c’est un
cerceau rouge. C’est juste, c’est le ruban bleu. Bravo, voici la poutre en bois ! »
Lorsque les élèves s’essayent à la narration de leurs expériences, ils sont presque toujours centrés sur le
« je » de l’acte évoqué, ce qui est normal étant donné qu’ils sont encore dans une phase égocentrique. Le
maître les guide pour généraliser le discours et le faire partager en utilisant les changements de pronoms
personnels et les substituts : « C’est bien, tu as marché sous le pont. Tous les élèves devaient marcher sous
le pont. Lucie, elle a marché à quatre pattes sous le pont. » Face aux petits parleurs silencieux, il s’agit de
tendre la main, de passer la parole comme on passe le relais, dans la foulée de ce qui vient d’être dit et par-
tagé : « Et toi, Jules, qu’as-tu fait sous le pont ? » La question ouverte oblige l’élève à une réponse complète,
mais il peut se saisir des énoncés précédents pour élaborer son propre récit.
Langage et décentration
Avec les personnages et le parcours miniatures, cette démarche de décentration et de distanciation qui
permet à l’enfant de conceptualiser se poursuit.
En regardant sur la photographie du parcours vécu, l’élève, guidé par le maître, choisit le matériel et le
positionne dans l’espace. L’étayage langagier et spatial, très soutenu en début d’année, s’allégera au fur et à
mesure des progrès. D’autre part, le maître peut tout à fait réaliser cette activité avec seulement une partie
du parcours à reconstruire, juste le début par exemple, pour simplifier la tâche. À ce moment de la séance,
sa parole est prépondérante, explicative et structurante : « Regardez, d’abord, il faut placer le matelas bleu.
Où est la miniature ? Qui la pose sur la feuille ici au point de départ ? Très bien, maintenant que doit-on
mettre à côté du matelas ? », etc.
Une fois une portion du parcours reconstruite, les personnages entrent en action. Cette transposition sym-
bolique de ce que les élèves ont pu réaliser comme actions motrices doit leur permettre de se détacher du
vécu réel et personnel pour passer du statut de sujet acteur à celui de sujet prescripteur ou descripteur. Le
maître accompagne cette transformation des énoncés langagiers : « Qu’est-ce que le bonhomme va faire
ici ? Qui peut lui dire comment il doit marcher ? » La forme syntaxique peut être multiple et le maître refor-
mule les propositions, les fait redire et circuler : « Ah ! Il doit marcher avec les échasses », « Alors on lui dit :
“Marche avec les échasses, bonhomme !” »
Le professeur ne doit pas aller trop vite, ne pas trop prendre la parole. Car, en voulant faire cela, il prive
l’élève de sa propre production langagière, de sa capacité d’énonciation. Il place alors les élèves en position
de réception et de compréhension, ce qui est complètement différent. En effet, il ne suffit pas à l’enfant
d’entendre le maître bien parler pour apprendre à le faire. Il faut donc être patient, passer beaucoup de temps
sur quelques phrases dans le respect de la démarche et savoir se taire au bon moment.
Cette activité sous forme de jeu est propice à un atelier en tout petit groupe qui peut se dérouler à divers
moments de la journée, par exemple sur le temps de l’accueil matinal. Au début, pour installer et rituali-
ser le jeu, le maître mène la séance, mais peu à peu il laisse les élèves s’emparer de la situation. Le « coin
miniatures », installé sur une table ou un tapis, devient un coin jeu symbolique comme un autre qui ouvre
un espace de représentation et de verbalisation riche en échanges langagiers. Il faut d’abord initier les
élèves à la pratique de cet espace, puis, régulièrement, l’utiliser pour des séances plus dirigées de travail
systématique sur la langue.
SOMMAIRE 53
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
semaines 2 et 3
SÉANCE 1
1. Jeu du type « Jacques a dit » dans la salle de motricité avec le parcours en demi-classe. Réinvestissement
de l’action motrice sous forme langagière (production de consignes). 10’
Nous allons jouer à un jeu. Un élève, à tour de rôle, sera « Jacques » et il donnera une consigne à un camarade
qu’il choisira et qui devra faire ce qu’il demande. Par exemple : « Jacques a dit : “Marche à quatre pattes
sur le gros matelas bleu.” »
Le maître maintient un rythme et des changements de rôles rapides pour éviter l’attente. On peut aussi prendre
plusieurs Jacques. Il organise le roulement des deux demi-groupes de la classe.
2. Regroupement en classe ; dessin de représentation. 15’
Choisissez une action que vous avez faite ou vu faire et dessinez-la. On doit bien la reconnaître avec le matériel.
Le maître fait verbaliser les élèves, aide les moins habiles à dessiner. Il écrit sous la dictée la phrase correspondante,
après les corrections et améliorations nécessaires (à faire en décalé au fur et à mesure de la journée).
SÉANCE 2
1. Atelier dirigé en petits groupes de 4 ou 5 élèves. Construire des éléments de parcours à partir des dessins
précédents (environ une dizaine choisis par le maître). 10’
Souvenez-vous, chaque élève a représenté une action en la dessinant et en l’expliquant avec une phrase. Je vais
vous montrer des dessins. Vous utiliserez les miniatures pour réaliser le morceau du parcours. Je lirai la phrase
pour vérifier si c’est juste. Le maître choisit des dessins pertinents et variés. Il fait participer tous les élèves.
2. Langage : reformulation et transformation des énoncés. 15’
Je choisis maintenant un morceau de parcours que vous avez reconstruit. Je relis la phrase. Nous allons ensuite
essayer de dire la même chose de plusieurs façons possibles en changeant des mots, en ajoutant des détails…
Par exemple : « Pierre marche sur des échasses », « Pierre marche en équilibre sur des échasses », « Pierre marche
tout doucement en équilibre sur des échasses. »
Le maître guide les élèves pour opérer des substitutions, des ajouts, des modifications de temps, de syntaxe tout
en conservant le sens initial de la phrase écrite.
De retour en classe, la tâche de représentation par le dessin sollicite la mémoire et engage une autre forme
de production langagière : le rappel de ce qui a été fait ou vu faire. La dictée à l’adulte permet de consigner
des phrases de type narratif au passé ou au présent : « Pierre a marché sur la corde les bras écartés », « J’ai
marché les bras en l’air pour toucher les ballons », « Je slalome entre les cônes. »
Le maître aide à la fois à représenter ce que l’élève a en tête (Qu’as-tu fait exactement ? Qu’as-tu vu ? Que
dois-tu dessiner alors ?) et à formuler la phrase qui doit être correcte à l’écrit. Cette dictée au maître peut
être un peu longue ; il est donc tout à fait possible de ramasser les dessins et d’appeler les élèves, un par un,
au cours des moments de transition de la journée, pour recueillir et écrire leurs phrases.
D’abord, les élèves reconstituent les portions de parcours à partir des dessins avec le matériel miniature.
Le maître valide la composition en lisant la phrase. Ensuite, on choisit un exemple ; l’objectif est, cette fois-
ci, le travail sur la langue. C’est surtout cette phase de la séance qui doit se dérouler avec un petit nombre
d’élèves. Il s’agit, en reprenant la phrase écrite de départ, de la transformer sans en dénaturer le sens, mais
en apportant des modifications lexicales et syntaxiques pour l’enrichir et l’améliorer.
54 SOMMAIRE
MARCHER : MODULE DE RÉFÉRENCE DU PARCOURS D’ACTIVITÉS MOTRICES
Le maître doit solliciter les élèves le plus possible pour les rendre acteurs et actifs de cette construction
langagière. Il doit également s’assurer régulièrement, et faire vérifier aux élèves, que la signification de la
phrase initiale n’est pas remise en cause.
semaines 2 et 3
SÉANCE 1
1. Un atelier de 5 ou 6 élèves avec le matériel miniature du parcours + des éléments intrus. Reconstitution
de mémoire. 10’
Vous avez fait plusieurs fois le même parcours, avec le même matériel disposé de la même manière dans la salle
de motricité. Essayez de le reconstruire de mémoire avec un temps limité (montrer 10 minutes sur la pendule).
Le maître lance l’activité, puis gère les autres groupes en activité plus autonome dans la classe.
2. Validation à partir de photos (avec et sans élèves, de points de vue différents). 10’
Je vais vous montrer des photos pour que vous vérifiez si votre parcours est identique. S’il y a des erreurs,
vous devez les expliquer et les corriger.
Le maître aide à l’argumentation pour corriger avec le vocabulaire spatial exact.
3. Dessin de représentation. 10’
Maintenant que le parcours est juste, dessinez-le.
Le maître place tous les élèves du groupe face au parcours miniature pour avoir le même point de vue et faciliter
les échanges entre pairs.
SÉANCE 2
1. En regroupement, classe entière ou demi-classe. Création de parcours. 15’
Nous allons imaginer un nouveau parcours (Marcher) avec les consignes pour le donner à faire aux petites
et moyennes sections. Chacun donne une idée et je place le matériel.
Le maître prépare le support (miniatures à plat sur une table ou fixées sur le tableau avec des repères pour
matérialiser l’espace de la salle). Il sollicite des énoncés précis pour être en mesure de positionner les éléments.
2. Écriture des consignes. 10’
Dites-moi, dans l’ordre, les consignes pour réaliser le parcours que nous venons de construire. Je les écris
sur une affiche.
Le maître veille à la pertinence des énoncés et à leur correction lexicale et syntaxique. Il relit avec l’aide
des élèves ; il fait repérer des mots dans la chaîne écrite de la phrase. Le parcours transmis aux petites
et moyennes sections pourra être effectué avec des observateurs de grande section. Ils doivent vérifier
la conformité du matériel et la bonne réalisation des consignes.
Pour les grandes sections, il est intéressant de travailler ce passage de la manipulation d’objets réels en
volume sur un plan horizontal à une représentation imagée sur un plan vertical. Ce changement de repères
dans l’espace sollicite de nombreuses compétences de repérage et d’orientation.
La phase 3 de la séance permet de stabiliser l’ensemble en demandant aux élèves de dessiner le parcours final
selon un point de vue unique. Cette condition permet à un élève, en regardant sur le dessin de ses pairs, assis
de chaque côté de lui, de travailler un autre aspect du repérage spatial : la droite et la gauche, la latéralisation.
SOMMAIRE 55
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
La deuxième phase de la séance exige des élèves de formuler des consignes, ce qui constitue une nou-
velle transposition langagière avec des structures syntaxiques particulières. Le fait que le maître écrive les
consignes pour les transmettre aux autres classes suppose le respect des contraintes de la langue écrite. Un
énoncé du type : « Y faut marcher par-dessus le matelas » sera formulé et enrichi pour devenir, par exemple :
« Vous devez marcher sur le gros matelas bleu. »
La relecture des consignes finalisées est aussi un moment essentiel qui montre la permanence de l’écrit : ce
qui a été énoncé et formulé est fixé par l’écriture. L’oral s’est transformé en texte écrit qui peut être lu et relu
par d’autres. En grande section, les élèves doivent acquérir la capacité à localiser des mots dans la chaîne
écrite, à se repérer dans une phrase, à comprendre qu’elle est constituée d’une suite d’entités identifiables
que sont les mots séparés par des espaces et des signes de ponctuation.
Ce changement de rôle est non seulement très formateur au point de vue cognitif et langagier, mais il est
aussi valorisant pour l’enfant-élève. C’est pour lui un moyen de montrer qu’il a appris et comment il a
progressé. Ce recul par rapport à la situation d’apprentissage autorise une prise de conscience positive du
parcours effectué dans tous les sens du mot « parcours ».
Pour conclure, la trame de déroulement d’un module à partir du parcours commun évolutif offre un chemi-
nement didactique et pédagogique dont l’objectif final est de développer des performances motrices, des
compétences langagières et cognitives, mais aussi des attitudes d’élèves actifs, autonomes et capables de
donner du sens à ce qu’ils apprennent.
56 SOMMAIRE
MARCHER : MODULE DE RÉFÉRENCE DU PARCOURS D’ACTIVITÉS MOTRICES
Chaque module propose quelques situations plus précises d’évaluation. Ainsi, pour le module Marcher :
– un élève de grande section sert de guide à un élève de petite section et doit lui donner les consignes pas-
à-pas pour réaliser le parcours à ses côtés ;
– en moyenne section, on peut proposer de faire une course, type contre la montre, pour effectuer le parcours
le plus vite possible ;
– en petite section, afin de mesurer les acquis langagiers et moteurs, on choisit des portions du parcours.
Le maître travaille en petits groupes. Il donne une consigne précise que les élèves doivent comprendre et
appliquer : « Vous allez marcher sur la pointe des pieds sur les tapis bleus, puis vous revenez. »
Le défi peut porter sur l’acte moteur, mais aussi sur les compétences lexicales et langagières, sur les capacités
de repérage dans l’espace et de représentation, sur les attitudes des élèves et la connaissance des règles de
l’activité « parcours ».
Pour le module Marcher, trois défis simples en début d’année peuvent être fixés, qui sont déclinés dans le
tableau suivant.
SOMMAIRE 57
ANNÉE
APPRE
Les parcours
d’activités
E motrices,
une année
ENTISSA d’apprentissages
PARTIE 3
SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
Introduction
Les modules présentés dans cette troisième partie correspondent aux quatre périodes scolaires suivantes
et abordent les principales autres dominantes motrices.
Le module Marcher sert de référence pour la compréhension de la démarche et fournit les repères de mise
en œuvre des séances. Les autres modules sont donc moins développés et commentés. Ils sont centrés sur
la conception du parcours et le déroulement de la séquence pédagogique.
Module 2 : Sauter/Franchir
CONCEPTION DU PARCOURS
Sauter/Franchir correspond au parcours en modules différenciés. Chaque module est fondé sur un paramètre
particulier de l’acte moteur que représente un saut, avec ou sans franchissement d’obstacles. Selon le niveau
de la classe, le maître ajuste certains critères : hauteur, nombre d’obstacles, durée, vitesse d’exécution, etc.
Cette structure permet de travailler en petits groupes qui tournent sur tous les modules au fur et à mesure
de la séance. Tout l’espace de la salle de motricité doit être utilisé de manière à bien différencier les zones
et à disposer d’un espace libre de séparation entre chacune.
SOMMAIRE 61
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
LE PARCOURS ILLUSTRÉ
Atelier A : sauter en hauteur.
Atelier B : sauter avec élan, avec appui des mains (saute-mouton) et le plus loin possible.
62 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
Atelier C : enchaîner plusieurs sauts par-dessus des cibles de taille et hauteur différentes.
SOMMAIRE 63
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
À partir de ces cinq modules différenciés, le professeur organise les séances de la phase d’exploration au
cours de la semaine 1. Il est important de veiller à la continuité et à la rotation des élèves sur les différents
modules pour ne pas réduire cette organisation de l’espace à un fonctionnement par ateliers figés où les
élèves répètent toujours la même action motrice. Le parcours est structuré par pôles, mais il y a aussi une
linéarité. Une succession de l’un à l’autre permet de conserver la caractéristique fondamentale du parcours :
l’enchaînement d’actions motrices sur un temps donné d’un point initial à un point final.
DÉROULEMENT DU MODULE
PHASE D’EXPLORATION ET DE FAMILIARISATION
Une fois le parcours installé en équipe et les ajustements éventuels sur certains points difficiles faits, les
classes effectuent les trois séances de la phase d’exploration selon la démarche explicitée dans le module
de référence.
64 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
Séance3
1. Langage d’évocation en classe entière au vidéoprojecteur. 15’
Nous allons regarder ensemble des photos que j’ai prises pendant le parcours. Vous direz ce que vous voyez,
ce que vous reconnaissez, ce que font les enfants.
Le maître aide à la formulation d’énoncés précis comportant le nom du matériel, le verbe « sauter » au présent
et sa modalité spécifique (exemple : « Il saute le plus loin possible. Elle saute dans les cerceaux. Il saute en l’air
en tournant. »).
Le maître devra être moins ambitieux sur les exigences et les attentes : il encouragera une exploration
plus libre et plus individualisée. Il sera peu directif et veillera à rassurer et à guider les moins habiles pour
dépasser leurs craintes.
Il n’est pas toujours possible, en fonction du temps dont on dispose, de faire passer tous les petits groupes
dans les cinq modules. À la fin de la séance, le professeur prévoit de laisser les élèves se déplacer librement
sur l’ensemble des zones pour pouvoir compléter de la façon la plus riche possible l’éventail des expériences
motrices de chacun.
SOMMAIRE 65
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Le maître sollicite les élèves pour réactiver leur mémoire de la séance 1 et redire ce qui doit être fait. Il
reprend rapidement la parole pour structurer et ordonner les dires :
– si je suis sur le banc rouge, je saute en hauteur de trois façons : en contrebas sur le matelas en variant la position de
mon corps ; en extension vers le haut pour attraper les rubans ; par-dessus un obstacle en variant la position de mon
corps en l’air et à la réception ;
– si je suis sur le banc bleu, je saute avec élan de deux façons : le plus loin possible sur un matelas, les jambes en
extension et à saute-mouton avec appui des mains sur des « ponts » ;
– si je suis sur le banc vert, j’enchaîne plusieurs sauts d’obstacles par-dessus des haies de différents types ;
– si je suis sur le banc jaune, j’enchaîne plusieurs sauts dans des cibles : des cerceaux horizontaux, un anneau vertical ;
– si je suis sur le banc blanc, j’enchaîne des sauts dans des cibles au sol de toutes sortes de façons ;
– à chaque fois, je commence sur le banc de départ de ma couleur, j’obéis au signal de changement et je respecte les
zones de circulation.
66 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
SOMMAIRE 67
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
PHASE DE STRUCTURATION
Les trois premières séances ont permis d’observer les élèves en action et de repérer des points d’évolution
possible du matériel de manière à simplifier ou à complexifier la tâche, à travailler plus particulièrement
certains paramètres de la trame de variance.
C’est l’objectif de la phase de structuration de faire évoluer le parcours pour correspondre au plus près
aux besoins des élèves, des moins habiles aux plus performants. Il est souvent intéressant de travailler en
groupes de besoins, et pour cela d’opérer des décloisonnements ou de répartir les élèves en demi-classe.
68 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
SOMMAIRE 69
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Dessin de représentation
Les séances 1 et 2 proposées en moyenne section sont complémentaires :
– à partir d’une photographie de la réalité vécue, ils observent et écoutent (ils sont en position de réception
et de compréhension d’un message oral lié à un support iconographique) ;
– à partir d’un dessin produit, ils représentent et expliquent (ils sont en situation de production d’une repré-
sentation et de son corollaire verbal, un énoncé explicatif, descriptif, informatif).
70 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
Il est essentiel de solliciter ces deux modes et d’encourager les élèves à dessiner. En dessinant silencieuse-
ment, l’élève se rappelle, pense l’espace et le corps, utilise des signes et des codes pour organiser son dessin.
En cela, il est déjà dans un langage, avec des règles et des usages. Lorsque, ensuite, il explique au maître
la signification de cette trace écrite, il explicite sa pensée avec des mots, il se sert de ses compétences lan-
gagières, de ses connaissances lexicales et syntaxiques pour construire un discours suffisamment clair et
précis afin d’être entendu et compris.
Le passage à l’écrit, réalisé avec l’aide du maître, n’est pas un objectif en soi. Il a pour but de formaliser ce
qui a été dit, de le rendre compatible avec les contraintes de la langue écrite pour être ensuite lu par d’autres
(les familles).
Il y a donc une progression fondamentale à respecter entre ces diverses étapes : expérimenter le réel, obser-
ver à distance une image qui le représente, utiliser le langage pour comprendre et dire, travailler la langue
pour être compréhensible, puis lisible.
L’observation est tout d’abord centrée sur le matériel ; il s’agit de désigner, de nommer, de décrire les objets,
leur disposition dans l’espace, les positions des uns par rapport aux autres. Dans un deuxième temps, avec la
marionnette, les élèves doivent évoquer les déplacements vécus et observés, et préciser les caractéristiques
des actions motrices réalisées.
Le maître doit bien structurer ces deux étapes de la séance, car ce ne sont pas les mêmes attentes en termes
de lexique et de syntaxe. Il organise un véritable travail sur la langue en jouant sur les reformulations, l’enri-
chissement du vocabulaire, le jeu sur les substituts et les tournures syntaxiques. Il doit bien faire comprendre
aux élèves qu’il y a plusieurs façons de dire, plusieurs manières de parler d’une même expérience.
Ce qui est important, c’est qu’une fois qu’un élève a produit un énoncé juste (action motrice identifiée, syn-
taxe et vocabulaire adaptés) le maître demande aux autres élèves de reformuler en utilisant une tournure
différente. Cela peut être à travers :
– un changement de sujet (la marionnette, je/il/elle/on, le garçon, la fille, un prénom au choix ; travail des
substituts) ;
– un changement de temps (indicatif présent/passé, impératif) ;
– une forme prescriptive indirecte (il faut, il fallait, on devait, elle doit…) ;
– une consigne directe (« Prends ton élan, cours, saute le plus loin possible sur le matelas ! »).
Avec six élèves, il est possible de mettre en œuvre ce travail systématique de la langue qui est source
d’apprentissages très riches. Cet atelier est « dirigé » dans le sens où le professeur ne se contente pas de
recueillir passivement les productions des uns et des autres. Il s’en sert de matériau pour construire avec les
élèves de nouvelles compétences langagières. Cela suppose des attentes clairement définies dès le départ (« Je
veux que mes élèves apprennent à… et à… ») une présence et un étayage dynamiques, une écoute attentive
et des relances appropriées. Il s’agit d’un « modelage » progressif et collaboratif de la phrase, par exemple :
– La marionnette saute dans l’anneau ;
– Dites-moi comment est l’anneau ? Vertical, grand ;
– Comment saute-t-elle ? Quelle partie du corps en premier ? La tête la première ;
– Comment ça s’appelle quand on saute la tête la première à la piscine ? Plonger ;
– Où la marionnette retombe-t-elle ? Sur le matelas ;
– Bien, je répète : il y a un grand anneau vertical ; elle veut sauter ; elle plonge la tête la première ; elle retombe sur un
matelas. Comment peut-on mettre tout ça dans une phrase sans s’arrêter ?
– Production finale validée : « Pour sauter dans le grand anneau vertical, la marionnette plonge la tête la
première et retombe sur le matelas. »
SOMMAIRE 71
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
C’est l’occasion pour le professeur d’observer le réinvestissement de ces compétences par les élèves, d’évaluer
les acquis et de repérer des difficultés non résolues qui exigeront des séances de remédiation spécifique.
Le défi peut porter sur l’acte moteur, mais aussi sur les compétences lexicales et langagières, sur les capacités
de repérage dans l’espace et de représentation, sur les attitudes des élèves et la connaissance des règles de
l’activité « parcours ».
72 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
Module 3 :
Glisser/Ramper/Rouler
CONCEPTION DU PARCOURS
Le parcours de ce module est bâti sur une structure linéaire, en continu : il se réalise, dans son entier, avec
l’enchaînement de toutes les actions, ce qui exige de la fluidité et du rythme.
Le parcours en continu sollicite la performance, l’endurance et une dynamique motrice importante. Il exige
aussi la mémorisation globale des consignes de déplacement dans l’espace aménagé afin de ne pas provo-
quer de rupture ni d’arrêt dans la succession des actions motrices.
SOMMAIRE 73
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
LE PARCOURS ILLUSTRÉ
Se relever.
S’asseoir
sur un matelas fin.
74 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
Ramper en descente
4. sur le matelas incliné,
arriver couché.
Rouler-bouler
5. plusieurs fois
sur le matelas.
Se relever.
SOMMAIRE 75
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
DÉROULEMENT DU MODULE
PHASE D’EXPLORATION ET DE FAMILIARISATION
Une fois le parcours installé en équipe et les ajustements éventuels sur certains points difficiles effectués,
les classes exécutent les trois séances de la phase d’exploration selon la démarche explicitée dans le module
de référence. Compte tenu de la structure du parcours avec la difficulté d’enchaîner et de mémoriser la
succession des déplacements, il est intéressant de procéder en différé et par imprégnation à partir d’une
séquence vidéo. Un élève de grande section est filmé en amont, après plusieurs séances d’entraînement ; et
ce document sert de base au travail exploratoire en classe, d’abord avec les moyens et les grands.
On peut réaliser la vidéo avec un simple téléphone portable, une tablette, un appareil numérique en mode
caméra, ou à défaut prendre des photographies et les organiser soi-même en diaporama. Le logiciel gratuit
Photorécit assemble des photographies numériques dans un seul fichier en quelques clics et les présente
séquentiellement à un rythme plus ou moins rapide qui se rapproche du film animé.
76 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
de regroupement, de mise en rang, etc., offre de multiples occasions, sous forme ludique, de consolider la
connaissance du parcours. Le maître peut poser des questions : « Que fait-on juste avant de rouler comme
un tonneau sur le matelas ? Et juste après ? » Ou encore : « Fermez les yeux, repensez à ce qu’on fait en
no 1, en no 2, en no 3… Stop ! En no 4, qu’est-ce qu’on fait ? » On peut aussi jouer une ritournelle qui récite la
suite des actions du parcours et la chanter ou la mettre en voix de différentes façons. Toutes ces activités
exploratoires et préparatoires peuvent se dérouler sur les jours précédant la réalisation effective du parcours.
SOMMAIRE 77
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Enchaînement d’actions
Au niveau moteur, le parcours proposé avec une succession en continu d’actions motrices plus ou moins
complexes sollicite fortement l’endurance et le contrôle musculaire, la capacité à modifier rapidement les
appuis et les postures corporelles. Il faut souvent changer d’orientation dans l’espace, reprendre un équilibre,
passer d’une contraction ou d’une traction à des extensions accompagnées, ou non, d’un élan. Les trois sous-
dominantes motrices (glisser, ramper, rouler), bien que regroupées dans le même tronc commun, mobilisent
des perceptions et des actions du corps différentes. Les élèves ont donc besoin de temps et d’adaptation selon
leur rythme et leur progression personnelle. Il est important de bien repérer certaines difficultés pour organi
ser si besoin des moments de différenciation pour les plus fragiles. Ce peut être l’occasion, par exemple, d’un
atelier « roulades » qui aidera les moins habiles à structurer le mouvement et les appuis afin de réussir la figure.
La circulation sur le parcours avec un groupe d’une quinzaine d’élèves peut malgré tout poser des problèmes
d’attente et des ruptures. Il vaut mieux, dans ce cas, diviser encore le groupe et proposer une activité décro-
chée dans une zone à proximité : jeux avec les miniatures, avec des images séquentielles, des appariements,
etc. On peut aussi organiser dans cet espace délimité de la salle de motricité un atelier spécifique en écho
à une partie du parcours : faire des roulades, faire rouler de l’un à l’autre un ballon, faire une roue, glisser
sur un toboggan.
78 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
Agir et dire
On peut demander aux élèves de grande section les plus experts de dire à voix haute ce qu’ils font en même
temps ou juste avant l’action. L’élève de petite section qui le suit observe le mouvement et écoute l’énoncé
verbal qui l’explicite. On peut aussi, pour les plus habiles, positionner l’élève de grande section à côté du
matériel : celui-ci donne alors la consigne directement pour engager le petit à se déplacer : « Allez ! Là tu te
baisses, couché, et tu rampes sous le pont sans toucher le matériel. Vas-y ! »
Cet exercice est particulièrement formateur du point de vue langagier pour l’élève de grande section. C’est
aussi une collaboration entre pairs qui mobilise l’autonomie et offre un point d’appui efficace au plus jeune
pour surmonter ses difficultés motrices et améliorer ses compétences.
PHASE DE STRUCTURATION
La phase de structuration fait évoluer le parcours pour correspondre au plus près aux besoins des élèves,
des moins habiles aux plus performants. Elle peut être l’occasion de différencier en étalant des séances
plus courtes dans le temps hebdomadaire, en opérant des décloisonnements, des groupes de remédiation
dans le cadre de l’APC.
SOMMAIRE 79
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Séance 2
1. Images séquentielles. Atelier libre à l’accueil du matin. 15’
Sur une table, chaque matin, un groupe peut jouer avec les images plastifiées du parcours et les remettre en ordre.
Le maître guide le premier groupe lorsqu’il inaugure cet atelier, puis choisit des « tuteurs experts » responsables de
l’atelier libre à tour de rôle afin d’aider et de corriger si besoin les élèves qui y participent.
80 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
Le défi peut porter sur l’acte moteur, mais aussi sur les compétences lexicales et langagières, sur les capaci-
tés de repérage dans l’espace et de représentation, sur les attitudes élèves et la connaissance des règles de
l’activité « parcours ». L’objectif est de diversifier les défis. Trois idées sont déclinées dans le tableau suivant.
SOMMAIRE 81
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Module 4 :
Grimper/Se suspendre
CONCEPTION DU PARCOURS
Le parcours de ce module est bâti sur une structure en plusieurs zones réparties dans l’espace de la salle
de motricité. Les élèves le réalisent en suivant des consignes données sous forme symbolique, de diverses
façons : flèches, codes couleur, chiffres, ordre chronologique, images, pictogramme, etc.
Le parcours en itinéraire est proche du jeu de piste à règles. Il aide les élèves à contrôler leurs déplacements,
à prendre conscience de leur orientation dans l’espace.
82 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
LE PARCOURS ILLUSTRÉ
1.
2.
3.
4.
5.
6. et 7.
8.
SOMMAIRE 83
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Déroulement du module
Compte tenu de la structure du parcours en pôles différents, il peut être intéressant de procéder par étapes
successives : les élèves découvrent d’abord une partie (la plus simple), puis la deuxième avec un enchaîne-
ment des deux, etc. Les grandes sections, plus habiles en cette période 4, peuvent appréhender l’ensemble
du parcours dès le début. Lorsqu’ils ont acquis une certaine connaissance du matériel et des premières expé-
riences motrices plus assurées, les petites et les moyennes sections viennent en observateurs de la séance.
On procède donc en décalage dans l’emploi du temps de la semaine : les grandes sections réalisent deux
séances, les classes de petits et de moyens observent à tour de rôle avant de passer à l’action le jour suivant.
84 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
SOMMAIRE 85
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Séance 3
1. Réalisation du parcours complet en classe entière. 20’
Vous avez déjà exploré le matériel pour grimper et vous suspendre de toutes sortes de manières.
Aujourd’hui, vous allez refaire le parcours comme vous voulez, en allant sur le matériel que vous préférez. Mais
attention, il ne faut pas se bousculer ni pousser les autres. Quand il n’y a pas de place, regardez si vous pouvez
aller ailleurs. Ne grimpez pas à plusieurs au même endroit.
Le maître encadre l’activité pour garantir sécurité et fluidité des déplacements.
À la fin de la séance, les élèves, regroupés sur place, font un retour verbal de leurs expériences avec valorisation
des réussites.
Du point de vue moteur, cette phase d’exploration est très riche de trouvailles, mais aussi de niveaux de
performance. Il est essentiel pour le maître de les relever, d’en faire l’inventaire et le diagnostic pour orga-
niser, par la suite, des moments de différenciation indispensables.
Il faut savoir mesurer ses attentes ; ce qui compte n’est pas que les élèves de petite ou de moyenne section
reproduisent toutes les actions mises en œuvre par les grands. Mais plutôt, à partir de leurs tentatives, de repérer
les blocages, les points d’amélioration possibles et de prévoir des séances pour amener les élèves à progresser.
PHASE DE STRUCTURATION
La phase de structuration fait évoluer le parcours pour correspondre au plus près aux besoins des élèves,
des moins habiles aux plus performants.
Dans le cas précis de ce parcours, on peut insister sur toutes les variantes de réalisation à partir de codages
différents qui imposent un déroulement particulier des déplacements sous la forme d’itinéraires.
D’autres variantes d’itinéraires peuvent être développées, du plus simple au plus complexe, par exemple :
– des codes couleur sont disposés à certains endroits du parcours ; les élèves réalisent un enchaînement
d’actions en ne passant que par le matériel ciblé. On peut faire évoluer deux groupes en même temps,
avec deux points de départ et d’arrivée différents et deux codes couleur : les élèves se croisent en un point
donné que le maître aménage de manière à faciliter le passage ;
86 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
– parcours chiffré ; l’ordre de réalisation obéit à la suite numérique avec des étiquettes nombre disposées
à des points stratégiques du parcours. Les élèves peuvent agir individuellement, par binôme ou en petits
groupes. Pour complexifier la tâche, on peut introduire des variables de durée, des transports d’objets qu’il
faut placer, accrocher, ramener à l’arrivée, etc. ;
– parcours en images ; un élève guide (ou le maître) détermine l’enchaînement des actions à effectuer en
montrant une image (photo qui représente un élève en train d’agir sur un matériel donné). Deux équipes
partent en même temps avec un guide et une série différente d’images imposant deux itinéraires qui se
croisent ou non, mais de durée et de complexité égale. La première ayant terminé remporte la partie. En
fonction des effectifs, de la répartition et de l’autonomie des élèves, on peut prévoir plusieurs guides par
équipes et jouer également sur le nombre de photos. Les élèves acteurs peuvent reproduire simultanément
la même action représentée ou proposer des variantes de l’action motrice en question ;
– pictogramme Grimper/Se suspendre ; les élèves reçoivent des cartes symboles des deux actions motrices
et sélectionnent le point du parcours qui leur permet de les réaliser. Toutes sortes de modalités de répar-
tition et de déroulement sont possibles : par équipes qui s’affrontent avec une pioche de cartes à épuiser,
librement en demi-classe, avec un « Jacques montre et dit » ;
– parcours de mémoire ; les élèves préparent et apprennent un itinéraire qu’ils doivent ensuite reproduire
sur le parcours en suivant des flèches entre un départ et une arrivée. On peut ajouter des variables
d’équipes, de vitesse, d’objet relais.
SOMMAIRE 87
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Séance 2
1. Dessin de représentation. Ateliers libres à l’accueil du matin. 15’
Nous avons réussi à décrire toutes sortes d’images qui montrent comment on grimpe et comment on se suspend.
Maintenant, c’est vous qui allez fabriquer de nouvelles images en dessinant.
Chaque matin, sur le temps de l’accueil, une table propose du matériel et la banque d’images en consultation
libre. Les élèves dessinent pour représenter les deux actions concernées.
2. Les productions du jour sont présentées en regroupement, vérifiées et validées. Elles sont ensuite archivées
dans les boîtes de référence.
Les dessins peuvent être repassés au feutre noir si besoin, mis en valeur avec des couleurs. Au final, on peut les
exposer sur un panneau à double entrée légendé correspondant aux deux actions du module.
88 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
Module 5 :
Se balancer/S’équilibrer
CONCEPTION DU PARCOURS
Le parcours de ce module est protéiforme et peut être réalisé en toute liberté par les élèves dans le respect
des règles acquises sur la circulation et la fluidité des déplacements en sécurité pour soi-même et pour autrui.
SOMMAIRE 89
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
LE PARCOURS ILLUSTRÉ
1.
3.
4.
8.
1. Se tenir en équilibre instable sur des cylindres et plans inclinés en mousse (mou) ou en plastique (dur).
2. Marcher en équilibre sur des poutres de largeurs et de hauteurs différentes.
3. Marcher en équilibre sur la poutre d’une tour à l’autre.
4. Traverser le pont en se balançant.
90 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
2.
5.
6.
7.
SOMMAIRE 91
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
DÉROULEMENT DU MODULE
PHASE D’EXPLORATION ET DE FAMILIARISATION
Une fois le parcours installé en équipe, les classes effectuent les séances selon la démarche habituelle. En
dernière période, les élèves connaissent et ont intégré les règles de déroulement des parcours. Le parcours
proposé offre une grande liberté de réalisation que chaque enseignant pourra mettre à profit pour organiser
et diversifier les déplacements dans l’espace.
92 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
SOMMAIRE 93
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Séance 3
1. Réalisation du parcours complet avec des pauses. 20’
Vous avez déjà exploré le matériel pour vous balancer et vous équilibrer ; et parfois c’est difficile de garder
l’équilibre sans tomber.
Aujourd’hui, je vais vous laisser refaire le parcours comme vous voulez, en allant sur le matériel que vous préférez.
Mais attention, à mon signal (tambourin par exemple), vous devez vous immobiliser, prendre une pose et garder
l’équilibre à l’endroit où vous êtes. Au deuxième signal, vous pouvez reprendre le parcours.
Le maître opère plusieurs pauses sur le temps de la séance à la manière d’un jeu.
À la fin de la séance, les élèves, regroupés sur place, font un retour verbal de leurs perceptions sur la difficulté
à s’équilibrer en un point donné du parcours, sur certains matériels comme la corde, la bascule, l’échelle…
Le travail sur la vitesse de déplacement fait partie de la même démarche : courir sur la corde au sol s’avère
plus simple que de marcher lentement sans poser les pieds au sol.
Le contrôle postural en position immobile est difficile pour certains élèves et des petits jeux très courts
permettent de l’améliorer.
Il est aussi nécessaire de varier les modes de déplacement pour s’équilibrer : certains élèves éviteront
systématiquement une prise de risques supérieure, et le maître doit les repérer pour les y encourager. Par
exemple, sur les planches à roulettes ou les ponts renversés, se mettre debout plutôt qu’assis ; sur l’échelle
horizontale, marcher au centre sur les barreaux plutôt que sur les montants, etc.
PHASE DE STRUCTURATION
La phase de structuration fait évoluer le parcours pour correspondre au plus près aux besoins des élèves,
des moins habiles aux plus performants.
94 SOMMAIRE
Les parcours d’activités motrices, une année d’apprentissages
SOMMAIRE 95
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Séance 2
1. Memory. Accueil du matin. 15’
Sur une table, chaque matin, un groupe peut jouer avec des cartes plastifiées : des images et des mots pour
les deux actions « s’équilibrer » et « se balancer » ; photos du parcours, mais aussi autres images représentant
par exemple un enfant sur une balançoire ou un équilibriste funambule… ; des dessins enfin réalisés par le maître
ou des élèves. Les deux verbes sont écrits au clavier avec des polices différentes.
Dans un premier temps, le jeu est libre : observation, appariement, classement…
Dans un second temps, le maître met en place les règles du Memory : si on retourne deux cartes qui parlent
de la même action motrice, on a gagné et on les prend (cela peut être un mot/un dessin, deux mots, un mot/une
photo, etc.).
96 SOMMAIRE
Conclusion
Une année de parcours d’activités motrices, structurée autour des cinq modules de
l’ouvrage, a permis aux élèves de développer des compétences motrices, cognitives et
langagières, dans le cadre des attendus des programmes officiels.
Les enseignants ont été amenés, pour mettre en œuvre les séquences, à se concerter,
à s’harmoniser, à échanger des pratiques, des observations et à renforcer les liens
entre les classes.
Cet aspect est essentiel et constitue le parti pris fondateur de l’ouvrage à tous les
niveaux de son architecture.
Il est essentiel d’insister sur le travail en commun autour d’un parcours pensé et
installé ensemble pour permettre concrètement de poser des limites à l’action péda-
gogique de chacun, d’envisager plus clairement les marges de progression et de rela-
tiviser les attentes et les performances. Il est souvent difficile, même à partir des
repères proposés dans les grilles de progressivité des programmes, de savoir jusqu’où
aller, quelles capacités ultimes viser chez les élèves, et cela peut créer des tensions
qui entravent l’enseignant et stressent les élèves.
Prenons l’exemple des séances de langage en petite section en début d’année, organi-
sées autour des parcours pour apprendre aux jeunes élèves à dire, raconter, expliquer
leurs expériences avec des mots simples mais précis. Ce sont souvent des moments
difficiles, laborieux et peu fructueux en termes de productions verbales. Le fait que les
séances de moyenne et grande sections, correspondant à la même étape du module,
soient présentées de manière synchronique, permet de relativiser les attentes, de
donner du temps au temps, de ne pas laisser place à la frustration et d’ouvrir des
perspectives de progrès et de progression. Cela se construit sur le cycle, mais aussi
sur l’année, au travers des modules, au fur et à mesure des séquences et des échanges
entre les maîtres, entre les élèves : les compétences se tissent peu à peu au fil de ces
expériences, de ces rencontres, de ces découvertes partagées.
Les enseignants comme les élèves apprennent aussi, et peut-être surtout, de leurs pairs.
SOMMAIRE
LES PARCOURS DE MOTRICITÉ
Il est donc important, en parcourant l’ouvrage, de mener cette double lecture, syn-
chronique et diachronique : que faisons-nous, différemment et de la même manière,
à un instant donné de la séquence, selon notre niveau de classe, selon le profil de nos
élèves ?
Que faisons-nous évoluer, sur le long terme, sur le temps d’un cycle, et en quoi ce
pas-à-pas, progressif et coordonné, nous permet-il de construire les apprentissages de
l’école maternelle dans plusieurs domaines (motricité, langage, exploration du monde,
espace et temporalité) ? Cette double perspective permet à l’enseignant de ne pas se
focaliser sur une lecture linéaire de l’ouvrage au jour le jour et de garder le cap en point
de mire, ce qui peut paraître simple pour les plus anciens ou les plus expérimentés qui
ont déjà acquis et intériorisé les repères, les points de passage obligés pour construire
les apprentissages des élèves, comprendre le processus lent et spiralaire des échecs
avant les réussites, des retours en arrière pour mieux stabiliser les compétences.
S’il est indispensable de mener en équipe cette année de parcours d’activités motrices
pour croiser les regards et coordonner l’action pédagogique, il est également capital
de s’approprier l’ouvrage par une lecture plurielle : lire et comprendre l’action de ses
pairs, dans l’espace et dans le temps, pour mieux se représenter ce que l’on doit faire
soi-même, dans sa classe, avec ses élèves, afin de les guider progressivement vers la
réussite attendue pour : agir avec son corps, se représenter soi-même en action et
dans le monde, le mettre en mots et le dire à autrui.
Le parcours d’activités motrices à l’école maternelle, pour les élèves comme pour les
enseignants, de par la sémantique même du mot « parcours », est une expérience
d’altérité inscrite dans le temps, dans l’espace, dans le représenté d’un vécu que seul
le langage peut transformer en connaissances, en compétences, à communiquer et à
partager pour de nouveaux défis.
100 SOMMAIRE
Bibliographie
M. Bonhomme et C. Jallon, Éducation physique pour les moins de cinq ans, Revue EPS,
2002.
N. Boyals-Joseph (coord.), 50 activités pour agir et s’exprimer avec son corps à l’école
maternelle, Toulouse, CRDP de Midi-Pyrénées, 2006.
SOMMAIRE
Sitographie
SOMMAIRE
ACCÈS AUX CONTENUS EN LIGNE :
Pour aller plus loin, des contenus en ligne gratuits associés à l’ouvrage sont proposés par Réseau Canopé en coédition
avec Asco & Celda :
– 11 vidéos sur la chaîne Youtube de Réseau Canopé > Playlists > « Les parcours d’activités motrices à l’école maternelle » ;
– 1 parcours d’autoformation M@gistère disponible dans l’environnement Réseau Canopé, « Première approche
des parcours de motricité à l’école maternelle » ;
– 1 application iPad « Motricité »,
à télécharger dans
l’App Store, en partenariat
avec Atomic Soom.
Jeux collectifs en maternelle Petits Ateliers de sport Danser avec les albums
Livre : Réf. 210B5470 – 18 € petitsateliers.fr jeunesse
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EN LIGNE
ISSN 2425-9861
ISBN 978-2-240-04986-5
Réf. Réseau Canopé : W0015677
Réf. Asco & Celda : 24323
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