IU Bactériennes 2020

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INFECTIONS URINAIRES BACTERIENNES CHEZ L’ENFANT

Pr A.A DIAKITE, MCA


Dr Djénèba KONATE, MA

Département de pédiatrie CHU Gabriel Touré, Bamako, Mali

PRÉ-REQUIS

 L’anatomie, la physiologie et la sémiologie de l’appareil urinaire

 L’infection urinaire de l’adulte

OBJECTIFS

1) Définir l’infection urinaire bactérienne

2) Citer quatre facteurs favorisants des infections urinaires

3) Enumérer les conditions de validité et la technique de recueil d'urines


chez le nourrisson.

4) Décrire la différence entre la pyélonéphrite aiguë et la cystite

5) Exposer les principes du traitement d'une infection urinaire à germes


banals.

PLAN

1. Généralités

2. Epidémiologie

3. Signes

4. Diagnostic

5. Traitement

Conclusion
1. GENERALITES

1.1 Définition

Infection urinaire bactérienne (IU) se définit par :

 une leucocyturie ≥ 104 /ml,

 une seule espèce bactérienne,

 une bactériurie à la culture

1.2 Intérêt

• Fréquence élevée

 2ème site d’infection bactérienne après l’arbre respiratoire

 Pays développés : 5% des motifs d’hospitalisation

 Afrique : 8,3 à 30% en milieu hospitalier pédiatrique

• Pronostique

 Affection parfois sévère avec risque d’HTA et d’insuffisance rénale à


long terme

 IU récidivantes: révélatrices d’uropathie malformative,


hémoglobinopathie, diabète.

1.3 Rappel anatomique


1.4 Classification :

 IU haute ou pyélonéphrite aiguë (PNA): infection tissulaire du bassinet


et du parenchyme rénal avec fièvre

 IU basse (cystite): ne touche que la vessie et ne menace pas le


parenchyme rénal.

Différence entre ces 2 entités sur les plans diagnostique, étiologique et


thérapeutique.

2. EPIDEMIOLOGIE

2. 1 Germes

Ecologie bactérienne similaire à celle décrite dans la littérature

Les germes au CHU Gabriel Touré en 2011 :

• Escherichia coli : 44,3%

• Klebsielles: 21,4%

• Pseudomonas et staphylocoques: 12,9% et 11,4%

• Protéus mirabilis: 4,3%

2.2 Modes de contamination :

 Arbre urinaire : physiologiquement stérile en dehors de l’urètre distal.

 Contamination se fait par voie ascendante à partir de la flore fécale et


péri-urétrale.

 Rarement, les pyélonéphrites peuvent être d’origine hématogène dans


le cadre d’une bactériémie.
2.3 Facteurs favorisants

 Nourrisson : couches, immaturité vésicale, prépuce étroit, décalottage


difficile.

 Enfant : trouble mictionnel, vulvite, rétention stercorale, hygiène


défectueuse.

 Autres facteurs : sondage vésical, immunodépression, dérivation


urinaire, malformations des voies urinaires.

3. SIGNES

3.1 Type de Description : Pyélonéphrite aiguë (PNA) du nourrisson

Circonstances de découverte

• Symptomatique : hyperthermie isolée > 48H, troubles digestifs,


convulsions, sueurs, frissons, altération de l’état général

• Interrogatoire : C’est un interrogatoire policier accentué


surtout la recherche d’ATCD de PNA ou d’uropathie

• Signes physiques : Les signes physiques sont non pas très


spécifiques

• Signes paracliniques : BU et/ou ECBU

Modes de prélèvement des urines: toilette locale soigneuse

 prélèvement au milieu du jet après si miction volontaire

 poche à urines: sac collecteur

 ponction sus pubienne

POSE DE LA POCHE A URINE


 ASPECT MACROSCOPIQUE DES URINES

Bandelette urinaire:

 Méthode de dépistage et non de diagnostic, se fait sur des urines


fraiches

 BU préalable avant ECBU sauf: neutropénie et sepsis.

 BU: conservée dans 1 flacon hermétique à moins de 30°C, ne doit pas


être exposé au soleil/l’humidité

 Lecture de la BU
Examen des urines:

 Si BU positive, les urines conservées à +4°C sont acheminées au labo


dans l’heure suivante

 ECBU + antibiogramme avant antibiotique :

 Bactériurie significative : 1seul type de bactérie

 leucocyturie ≥ 104 /ml,

Facteurs interférents sur les résultats de l’ECBU:

 mode de recueil

 durée de stase dans la vessie

 hydratation de l’enfant
 gestion des urines après le recueil

 antibiothérapie préalable…

Se rappeler que:

 leucocyturie sans germes (104/ml), évoquer : IU décapitée, IU virale,


tuberculose, néphropathie tubulo-interstitielle aiguë…

 bactériurie asymptomatique : bactériurie significative sans


leucocyturie, sans signes cliniques, sans réaction inflammatoire.

• Signes paracliniques :

 Hémocultures dans les formes graves

(sepsis, uropathie sous jacente)

 Créatininémie – Urémie

 Ionogramme sanguin

Imagérie non nécessaire au diagnostic: formes compliquées et récidivantes


pour la recherche étiologique

• Evolution :

 Sous traitement, elle est favorable

 Non traitée, => complications

Complications

 Aiguës :

 Sepsis : choc toxique ou septique si BGN

 Pyo néphrose, pyurie

 Tardives :

 HTA,

 Insuffisance rénale

3.2 Formes cliniques

Selon l’âge

PNA du nouveau-né

 Garçon (70-80%)
 Signes d’infection néonatale parfois sévère accompagnés
d’ictère.

PNA du grand enfant

 Fièvre, frissons,

 Douleur lombo-abdominale à la palpation (et à


l’ébranlement)

 Parfois une douleur à la palpation de la fosse iliaque

Formes évolutives

 Pyélonéphrite xanthogranulomateuse: pyélonéphrite chronique +


lithiases

Proteus Mirabillis / E Coli

Formes xanthogranulomateuse

 Néphrite bactérienne aiguë focale: E Coli, K Pneumoniae

 Abcès rénal

3.2 Formes cliniques

Selon la localisation

 Cystite

 Signes fonctionnels urinaires vésicaux (brûlure mictionnelle,


pollakiurie)

 PAS de fièvre

 PAS de syndrome inflammatoire

 Diagnostic affirmé par l’ECBU (≥104 leucocytes et bactériurie


significative).

 Non traitée, elle peut évoluer vers la PNA.

Selon les symptômes


 Infections urinaires asymptomatiques

 Infection débutante ?

 Persistante, inflammation modérée ?

 Bactériurie asymptomatique ?

 Suspectée à la BU

 1% des filles d’âge scolaire

 Pas de séquelles rénales

 Pas d’explorations

 4. DIAGNOSTIC

4.1 Diagnostic Positif

 Données cliniques

 Examen Cytobactériologique des Urines (ECBU) :

 au moins 104 leucocytes,

 au moins 105 germes par ml d’urine pour le prélèvement


au jet,

 une seule espèce bactérienne.

4.2 Diagnostic différentiel :

IU aiguë

o Gastro-entérite :

Fièvre, troubles digestifs, déshydratation

NFS, examens des selles, ionogramme sanguin

BU, ECBU normaux

o Paludisme:

Clinique, BU, ECBU normaux

o Autres: Vulvite, infection néonatale

IU compliquées

o Abcès splénique,
Tuméfaction hypochondre G, échographie abdominale

o Abcès hépatique

Triade de FONTAN, Echographie abdominale

4.3 Diagnostic étiologique :

 La PNA peut révéler :

 uropathie obstructive

 RVU,

 lithiases

 dysfonctionnement vésical

L’écho rénale et vésicale est faite en 1ère intention et cherche des cavités
excrétrices dilatées et/ou une lithiase

Echo-Döppler rénale

Double intérêt :

 Eliminer un obstacle  urgence urologique éventuelle (drainage)

 Recherche abcès rénal ou dilatation des cavités rénales

 Cystographie rétrograde:

 seul examen approprié pour dépister les RVU révélés par une
PNA.

 Indications: anomalie échographique ou 2ème PNA,

 Scintigraphie au DMSA: cicatrices rénales

 5. TRAITEMENT

5.1 Curatif

• But :

 stériliser les urines,

 Prévenir ou minimiser les complications.

• Moyens:

o Médicamenteux
o Antibiotiques (ATB)

o Antalgiques/antipyrétiques

o Mesures de réanimation

o Chirurgicaux

o Traitement étiologique

o Drainage, néphrectomie

Critères d’hospitalisation:

 Age moins de 3 mois

 Syndrome septique sévère

 Uropathie connue ou suspectée

 Vomissements, déshydratation

 Mauvaise observance parentale

• Indications
RECOMMANDATIONS DU GROUPE DE PATHOLOGIE INFECTIEUSE
PÉDIATRIQUE DE LA SFP 2015

Indications: IU fébriles ou PNA

Enfant hospitalisé: bi antibiothérapie IV, puis relais per os

 amikacine 30 mg/kg/j en 1 injection IV sur 30’

 cefotaxime : 50 mg/kg/8H IV (sans dépasser 6g)

ou

 ceftriaxone : 50 mg/kg/j en 1 fois IV sur 30’ sans dépasser 2g

Enfant non hospitalisé, monothérapie

 Parentérale pendant 2 à 4 jours :

 amikacine 30 mg/kg/j en 1fois IV sur 30’

 ou ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1fois sur 30’ IV/IM

 Orale (si absence de gravité) :

 cefixime 4 mg/kg/12 H.
Indications: Cystites

Traitement initial per os d’un des 3 antibiotiques suivants :

 Amoxicilline-acide clavulanique: 80 mg/kg/jour en 3 prises sans


dépasser 3g

 Cotrimoxazole: 30 mg de SMX/kg et 6 mg /kgde TMP en 2 prises


sans dépasser la dose adulte

 Cefixime: 4 mg/kg/12H sans dépasser la dose adulte.

Durée du traitement: 5 jours avec adaptation ultérieure.

• Bactériurie asymptomatique

o Pas d’indication à traiter une bactériurie asymptomatique sans


leucocyturie significative.

• Néphrite bactérienne aiguë focale


Antibiothérapie 3 semaines

En pratique

– Surveillance clinique

– Surveillance échographique à l’arrêt des ATB

• Pyélonéphrite xanthogranulomateuse
Antibiothérapie + chirurgie

• Abcès rénal
Antibiothérapie ± chirurgie

• Pyélonéphrite aiguë
 ECBU de contrôle:

– inutile sous/et à l’arrêt du traitement

– indiqué, si évolution clinique non satisfaisante

 Surveillance rapprochée:

– vérifier la bonne évolution clinique

– adapter ultérieurement l’antibiotique

5.2 Préventif: repose sur :

 Conseils hygiéno-diététiques : Boire, essuyage d’avant en arrière après


les mictions.
 Éviction des facteurs favorisants

 L’efficacité de l’antibioprophylaxie sur la fréquence des récidives des


PNA est controversée.

 Cystite à répétition: cotrimoxazole (5-10 mg de Sulfamethoxazole et 1-


2 mg/Kg pour le Trimethoprime en 1 prise/jour sur plusieurs mois).

CONCLUSION

 Les Infections urinaires chez l’enfant sont dominées par la hantise des
formes cliniques graves dont la pyélonéphrite aiguë (PNA)

 PNA est une urgence, dont la moitié concerne les nourrissons

 Il existe un polymorphisme du tableau clinique et la BU est un


excellent moyen de dépistage

 L’ECBU reste l’examen clé du diagnostic.

BIBLIOGRAPHIE

 R. Cohena, J. Raymonda, A. Faye et al. Prise en charge des infections


urinaires de l’enfant. Recommandations du groupe de pathologie
infectieuse pédiatrique de la Société française de pédiatrie et de la
Société de pathologie infectieuse de langue française, archives de
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 Joan L Robinson, Jane C Finlay, Mia Eileen Lang et al. Prise en charge
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Bortolussi; Societe canadienne de pediatrie Paediatr Child Health
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 Dubos F, Raymond J. Febrile urinary tract infection in infants:


diagnostic strategy. Arch Pediatr. 2012 Nov;19 Suppl 3:S101-8.

 S0. Ouedraogo/Yugbare, F Koueta, L Da. et al. Infection du tractus


urinaire chez l’enfant: aspects epidemiologiques et bacteriologiques au
CHU pediatrique Charles De Gaulle de Ouagadougou (Burkina-Faso).
Mali Medical, 2012 tome XXVII n°4.

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