Developpement Psycho-Sexuel de L'enfant
Developpement Psycho-Sexuel de L'enfant
Developpement Psycho-Sexuel de L'enfant
découper en stades. Mais qu'il ne faut pas voir comme distincts et séparés, plutôt
comme un cheminement progressif, avec des blocages ou des retards, et parfois avec
des chevauchements, lorsque les problématiques de l'un ne sont pas encore réglées,
mais que d'autres passent à un stade suivant.
Mélanie Klein a ensuite introduit la notion de position. Elle désigne par là non pas
un stade passager, mais une forme particulière de relations objectales, angoisses et
défenses, qui peuvent persister la vie durant. Des oscillations entre positions peuvent
également être observées, entre régressions et progressions.
Pour Mélanie Klein, on retrouve finalement toute la vie durant les mêmes
problématiques profondes, qui baissent uniquement en intensité, tandis que les
défenses sont de moins en moins radicales.
Ces problématiques sont les angoisses d'un côté, et la pulsion de Mort de l'autre.
Les défenses les plus archaïques seront projection, clivage, déni et introjection, pour
ensuite faire place au refoulement, et enfin aux défenses les plus évoluées: la
sublimation, la réparation et la créativité.
0 8 20 36 mois 5 ans
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Stade Oral Stade Anal Stade
Phallique/Oedipien
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Position Position dépressive
schyzo-paranoïde
1) Freud
Freud fut l'éléve de Breuer, médecin qui s'intéressa à l'hystérie. Breuer en tira la
conclusion que certains symptômes sont la conséquence d'expériences émotives
rrefoulés, qu'il pouvait guérir avec l'hypnose en les faisant revivre au patient. D'autres
médecin, comme Charcot, devinaient l'origine sexuelle de troubles hystériques, sans
pour autant la théoriser.
Freud développa donc ses théories après de nombreuses analyses, et fit des
conférence fin 19eme siècle, et publia ses premiers ouvrages au tout début du Xxeme
(Interprétation des rêves, le cas du petit Hans, etc). Ce fut la traversée du désert, sans
aucun partisan, et peu de réaction, sinon de le perçevoir comme un excentrique.
En 1902, les premiers médecins convaincus par l'approche psychanalytique se
rapprochent de Freud, jusqu'en 1908, date du premier congrès international de
psychanalyse. Durant ces années, le nombre de partisans grossit (Rank, Fenenczi,
Jung, Adler, Bleuler...), les publications se multiplient, en Suisse un Institut dédié à la
thérapie psychanalytique est créé... Le débat autour de la psychanalyse prend une
nouvelle ampleur, avec des affrontements très rudes, et de plus en plus sérieux.
En 1911, Adler se démarqua des théories de Freud, en insistant sur le rôle du Moi,
sur les pulsions du Moi, et en minimisant l'importance des pulsions sexuelles. Freud lui
demande alors de démissionner de son poste de rédacteur de la revue officielle, ce qu'il
fait, pour fonder “l'Association pour la libre Psychanalyse”. Il fonde une nouvelle
psychologie, la “psychologie individuelle”, qui insiste sur la “soif de virilité” du Moi, sorte
de pulsion fondamentale, ou “pulsion d'agression”, moteur principal qui guiderait et
expliquerait les choix individuels. La faiblesse de la femme serait une donnée innée dès
l'enfance, et structurerait les comportements humains. La névrose serait une
conséquence d'un déficit de cette pulsion. Freud note que le refoulement, comme la
conception de l'amour et des pulsions sexuelles, sont résolument ignorés dans sa
théorie, qui se structure autour de la pulsion d'agression, de la recherche de virilité, et
d'un Moi pouvant être puissant et apte à maîtriser la psychée.
Généralités
• Les actes manqués
a) Le lapsus
Il s'agit le plus souvent d'erreurs dans le discours, par exemple par des
interversions de mots, par des contractions de mots, ou encore lorsque le mot n'est pas
placé au bon endroit dans la phrase.
Mais également d'erreurs d'écriture (de même nature que les erreurs dans le
discours), de fausses lectures (le plus souvent, le sujet remplace un mot par un autre),
ou encore de fausses auditions (de même nature que les fausses lectures).
Cette intention perturbatrice est parfois connue du sujet (il sait qu'il déteste son
patron, et que cette émotion est à l'origine de son lapsus) et précéde l'intention énoncée
par le discours/écriture/la perception (il a eu des pensées négatives sur son patron juste
avant son discours). Mais elle n'a parfois pas précédée immédiatement ce
discours/ecriture/perception, et n'est parfois pas même consciente.
Freud estime donc que ces lapsus sont dans ces derniers cas une manifestation de
l'Inconscient venant perturber le discours du sujet. Mais dans les trois cas, il a eu un
refoulement de l'intention perturbatrice, mais un refoulement plus ou moins fort,
allant jusqu'à l'Inconscient dans le dernier cas. Il s'agit donc également d'un cas de
retour du refoulé.
b) L'oubli
Dans ce dernier cas, c'est l'idée qu'un lien symbolique relie ces souvenirs
pénibles avec ces noms propres, les attirant eux aussi dans l'Inconscient après le
refoulement de ces souvenirs.
c) La méprise
La méprise – dans le cas où elle est heureuse – est souvent un moyen de réaliser
un désir inconscient. Cette réalisation prend juste le masque d'un "heureux hasard".
La méprise peut également être une manifestation d'un masochisme inconscient (la
méprise est réellement nuisible, ou encore blesse ou met en danger, et pourtant a été
provoquée, inconsciemment, pour des raisons elles aussi inconscientes).
• Le rêve
Le sujet est habité par une "tendance au sommeil", une tendance biologique, qui
semble consister en un repli en soi, loin du monde extérieur. Pour Freud, il s'agit de re-
créer la situation intra-utérine : chaleur, obscurité, et absence d'excitation. La position
quasi-foetale que beaucoup adoptent est également un indice.
Une notion ou un nom propre sera également représenté par une image, c'est la
figurabilité : si nous avons parfois perdu le souvenir de l'image qui est à la source de
tel nom propre, notre inconscient lui s'en souvient. Cette image va ainsi remplacer
l'expression de la notion ou le nom propre dans le rêve.
Ainsi, des expériences furent menées sur des dormeurs : faire sentir une eau de
cologne (rêve d'un voyage dans un pays étranger), pincements (rêve d'un accident),
gouttes d'eau au visage (rêve de chaleur moite et d'eau), faire sonner un réveil (rêve
d'une sonnette, qui s'insére dans le rêve en cours). Des personnes ayant été affamées
ou assoiffées font état de rêves de nourriture ou de boisson.
On distingue en clinique 3 états : celui éveillé, celui du sommeil profond (sans rêve,
sorte d'état néant dans la philosophie indienne) et celui du sommeil paradoxal (le
sommeil du rêve).
Les rêves vont être une articulation entre trois données: les excitations internes
(angoisses, désirs...), la censure (encore active), et les restes diurnes.
Les pensées latentes (tous ces contenus bruts) vont alors donner le contenu
manifeste (le rêve lui-même), par le travail de l'élaboration du rêve. Cette élaboration
se fait selon 5 procédés : la figurabilité, les lacunes, les condensations, la
rationnalisation, et les déplacements.
2) Les pensées latente vont s'exprimer dans le rêve par des allusions symboliques
sous forme d'images, y compris les notions ou les noms propres. Cette transformation
d'idées en images, c'est la figurabilité.
Cette transformation n'est pas obligatoires : certaines idées apparaissent à titre de
connaissance dans le rêve. Mais cette figurabilité de pensées latentes est un élément
important dans la formation du rêve.
Les liens symboliques peuvent rendre ce lien idée-image totalement
incompréhensible pour la conscience, signe que la censure atteint son objectif. Le
symbolisme des rêves peut ainsi conduire à représenter la notion du rapport sexuel, par
l'image d'un escalier qu'on descend.
Une même image peut être le résultat de la condensation de plusieurs notions,
rendant l'interprétation encore plus complexe.
La négation d'une notion est traitée de la même manière : par la représentation
visuelle d'un symbole de cette dernière. La seule manière de comprendre cette
négation passe donc par l'interprétation du contexte, donc de tout le rêve.
Cette figurabilité peut trouver son origine dans une idée simple : à l'origine, on ne
perçoit que des impressions sensorielles. Ce n'est que peu à peu que le sujet associe à
ces impressions sensorielles des concepts. Le rêve provoquerait une régression,
faisant revenir les concepts à leurs racines visuelles et sensorielles.
3) La censure s'exprime parfois d'une seconde manière qu'avec ces allusions : par
des lacunes, c'est-à-dire des "blancs", ou des "flous", dans le rêve. Freud relate ainsi le
rêve d'une femme, dans lequel elle propose à plusieurs hommes des relations sexuelles
: si la proposition est équivoque pour tous, les mots exacts que formule la dame dans
son rêve sont couverts d'un murmure. La suite du rêve l'amène à suivre l'un de ces
hommes dans un long escalier qui n'en finit pas...
Car Freud remarque que cette censure est l'expression du Surmoi du sujet éveillé :
les exigences morales du sujet confirment systématiquement le sens de cette censure.
Inversemment, les désirs réprimés par cette censure, et qui parviennent à s'exprimer
tout de même dans le rêve de manière déguisée, sont des désirs foncièrement égoïstes
et amoraux : instinct sexuel sans limite, haine, tournés parfois vers le cercle familial,
avec des allusions plus ou moins claires (parents notamment).
Freud relève également, confirmant ces théories, que plus le désir est répréhensible
moralement, et inconscient, plus la censure est forte, et le désir difficilement décelable
dans le rêve.
Le rêve : Une famille est assise autour d'une grande table, table identique à celle
possédée par la propre famille du rêveur. Le rêveur comprend que plusieurs tensions et
conflits existent entre les membres de cette famille fantasmée.
Analyse: le patient a comme nom de famille "Tischer" (Tisch = table), et la table est
identique à celle de sa famille. Pour Freud, ce rêve exprime les conflits que le rêveur
connaît, inconsciemment, entre les membres de sa famille. Les traîts de sa famille sont
changés par la censure, mais la table rappelle symboliquement que c'est bien de la
sienne dont il s'agit.
Le rêve : Elle est avec son mari au théatre, mais de nombreuses places sont vides.
Son mari lui fait remarquer qu'un couple d'amis voulaient également venir, mais qu'il ne
restait que de mauvaises places (3 places à 1fr 50), qu'ils ont refusés. La rêveuse se dit
alors que ce n'est pas un grand malheur.
Analyse : Plusieurs éléments sont issus des restes diurnes : on lui a annoncé peu
avant le rêve que couple d'amis en question, du même âge qu'eux, allait se marier. La
semaine précédente, elle était effectivement au théatre avec son mari, elle avait réservé
en avance en payant au prix fort, alors même que de nombreuses places s'avérérent
être finalement libres. Sa belle-soeur a reçu de son mari la somme de 150 fr, qu'elle a
dépensé hâtivement en bijoux. Rien n'explique les 3 places, pour deux personnes, qui
ont été refusées par le couple d'amis, si ce n'est que son amie est plus jeune de 3 mois
qu'elle.
Pour Freud, un notion est omniprésente, sous forme figurative : la notion de "trop tôt",
"en avance", "hâte". L'idée principale de ce rêve, idée inconsciente, est "ce fut absurde
de me marier aussi tôt". D'où, avec la déformation, un rêve où elle a avec son mari, de
manière absurde et hâtive, réservé des tickets pour le théatre, et où s'imbriquent des
allusions à des éléments diurnes reliés à l'idée principale du rêve (le couple d'amis
mariés plus tard que eux, ce qui "n'est pas un grand malheur", l'argent et le nombre
3...).
La notion d'absurdité par exemple s'est illustrée par ces "3 places pour deux
personnes". La notion de hâte, par tous les éléments ci-dessus.
Les idées inconscientes qui se manifestent sont ses regrets d'avoir choisit aussi tôt son
mari, qu'elle aurait pu avoir mieux, mépris pour son mari.
Les rêves des jeunes enfants (jusqu'à 5-6 ans) sont caractérisés par leur clarté, là où
les rêves des adultes sont très souvent complexes et déformés. Pour Freud, c'est bien
que la déformation du rêve n'est pas naturelle, mais une caractéristique acquise
peu à peu. Pour Freud, chez les enfants, le contenu manifeste et les pensées latentes
sont, à peu près, identiques : le rêve chez l'enfant, bien souvent, n'est que la réalisation
fantasmée d'un désir de la veille. Le désir insatisfait est la seule excitation qui vient
troubler le sommeil, et auquel le rêve a à répondre. (Mélanie Klein modifiera cette
conception).
Ces liens symboliques sont inconscients pour le sujet. Freud parle même d'une
"impression d'un mode d'expression ancien, mais disparu, sauf dans quelques restes
disséminés dans différents domaines". Ce symbolisme est un autre facteur de
déformation des rêves, rendant encore un peu plus complexe leur interprétation.
Les rois et les reines, ou autres figures d'autorité absolue, représentent le père et
la mère. Dans les familles, comme usage typique, le terme "petit prince" ou "princesse"
est fréquemment utilisé par les parents pour parler des enfants.
La naissance est typiquement représentée par l'eau (avec l'eau de notre vie intra-
utérine). Les frères et soeurs, par la vermine ou les petits animaux. La mort, par un
départ en voyage.
Canne, baton, couteau, fusil, revolver, robinet à eau, crayons, ou tout objet
symbolisant la puissance virile (avion, voiture en mouvement...) symbolise le Pénis.
Egalement les réptiles, dont les serpents. Ou encore des machines complexes,
représentant la puissance virile, les champignons (dont la forme rappelle la bourse et le
pénis)
Les objets présentant une cavité pour symboliser le Vagin : mine, fosse, caverne,
vase, boîte, bateau, et surtout chambre à coucher, pièce composant la maison, elle
même représentation par excellence du corps féminin. Ou encore les escargots ou les
coquillages dans le monde animal. Les seins par des pêches ou des pommes. Ou
encore le sexe féminin par des paysages, avec forêts, rochers, etc. Egalement par le
tissu, le métier à tisser, et autres activités féminines.
Le rapport sexuel est symbolisé par les escaliers qu'on monte ou descend, ou
encore la danse ou l'escalade, ou l'acte d'ouvrir une serrure avec une clef, ou encore un
feu de cheminée (le foyer pour le vagin, le feu pour le pénis), et par le labourage d'un
champ par une charrue (organe féminin, labouré par le pénis). Le viol, typiquement par
l'agression à l'arme blanche.
La libido désigne la force avec laquelle se manifeste l'instinct sexuel. Elle est
d'abord liée à la pulsion de la faim et de la soif (le plaisir ressenti par l'acte de se
substenter est le seul), avec le sein de la mère comme son premier objet, avant d'être
auto-érotique (son objet devient une partie du corps du sujet) et de se diversifier dans
les différents plaisir d'organe (plaisir oral avec la succion, anal ensuite, puis avec les
organes génitaux). Pour satisfaire sa libido, et ressentir toujours plus de plaisir, l'enfant
s'organise pour profiter toujours plus de ce plaisir d'organe.
La libido acquiert comme forme finale le coït avec l'individu de sexe opposé, dans le
but de procréer. Toute autre forme de sexualité, dont l'objectif est la recherche de
plaisir, est définie comme étant perverse par Freud. A différencier de la sexualité
perverse, qui désigne la subordination de tout plaisir sexuel à la réalisation d'un acte
pervers précis (“tyrannie organisée” de la tendance partielle perverse sur les autres).
Toute tendance sexuelle, composante de la libido, peut être amenée à une fixation
à l'une de ses étapes (Pour Freud, il s'agit du fait pour une tendance partielle de
s'attarder à l'une de ses phases). Freud désigne cette qualité pour la libido à rester
partiellement attachée à un des ses anciens buts comme sa “viscosité”.
Les pulsions du Moi, Freud théorise leur existence avec l'étude des névroses. Il
s'agit aussi bien des tendances à l'auto-conservation, des tendances à éviter tout
désagrément, que des exigences du Surmoi. Dans sa première théorie, la névrose est
donc un conflit entre libido et pulsions du Moi (comme expression du Surmoi), pulsions
du Moi qui provoquent également le refoulement (pour éviter les désagréments de
l'angoisse de castration et de la frustration), puis les symptômes névrotiques (par défaut
lors du retour du refoulé, afin de limiter les désagréments). Les pulsions d'auto-
conservation (faim, soif...) en font partie, et sont distinguées des pulsions sexuelles.
Même si la libido peut se rattacher au Moi (Narcissisme), il n'y a pas transformation de
l'une en l'autre.
Tout notre appareil économique, et donc le Moi, n'a qu'un objectif selon Freud : la
recherche de plaisir, et éviter le déplaisir. C'est le principe de plaisir.
Dans l'auto-érotisme, la libido se tourne vers une partie du corps du sujet. Cette
libido tournée non pas vers un objet externe, mais vers le Moi lui-même, Freud le
désigne comme le Narcissisme. Ce narcissisme est une étape de la sexualité, avec
l'auto-érotisme, étape que Freud nomme le “narcissisme primaire”.
• L'Amour
Freud souligne que la sublimation est toujours limitée : un sujet ne peut satisfaire par
ce biais là l'intégralité de sa libido, et cesser toute activité sexuelle sans générer de la
frustration. La quantité de libido qu'un sujet peut sublimer est variable d'un individu à
l'autre.
La sublimation peut facilement être utilisé par le Moi d'un névrosé doté d'une bonne
intelligence et d'un certain raffinement, afin de faire office de l'un de ses symptômes
névrotiques. Une partie des désirs qui ne parviennent pas à être refoulés peuvent ainsi
être canalisés par la sublimation.
André Green estime de plus qu’une pulsion peut s’auto-inhiber. C’est selon lui
l’origine de la tendresse (inhibition des pulsions sexuelles). Ces pulsions à buts
inhibées sont donc souvent liés au même objet qu’avant leur inhibition. Alors que des
pulsions non inhibées, devant le risque de refoulement ou le principe de réalité,
pourront utiliser des changements d’objets pour se faire accepter.
Pour André Green, l’origine des pulsions à buts inhibés peut aussi être trouvée dans
l’influence de l’Idéal du Moi. La jouissance narcissique, l’orgueil, tiré lorsque le sujet
renonce à l’accomplissement complet de sa pulsion, permet de contrebalancer la
frustration pulsionnelle.
• L'angoisse
Freud différencie l'angoisse réelle, née de la perception d'un danger externe (peur
face à un agresseur armé, etc), et l'angoisse névrotique (née de la peur de la castration
et d'une libido inemployée, de la peur de l'Imago Parentale Indifférenciée pour Mélanie
Klein, pour des désirs interdits).
Dominé par ce principe de plaisir, le Moi a donc pour unique fonction d'atteindre un
niveau d'excitation le plus bas possible, en s'adaptant à la réalité (principe de réalité).
Tel est le cas pour le principe de réalité : le Moi se contraint parfois à des situations
de déplaisir, pour obtenir satisfaction plus tard.
Tel est également le cas pour la situation névrotique : des pulsions ont été refoulées.
En accord avec le principe de plaisir, elles cherchent à être satisfaites, mais leur
satisfaction produit des sentiments de honte ou de culpabilité, et donc des situations de
déplaisir.
Dans ces deux cas, le principe de plaisir reste cependant dominant : la première
théorie des pulsions n'est pas contredite.
- Les mécanismes répétitifs dans les névroses traumatiques, tels que les rêves
d'angoisses.
-Le jeux de la bobine observé chez son petit-fils Ernst. Calme, âgé d'un an et demi,
attaché à sa mère qu'il laissait cependant disparaître sans difficulté, il avait l'habitude de
jeter ses jouets loin de lui avec plaisir, mais surtout de jeter et faire revenir à lui un objet
attaché à une corde (une bobine). Le plaisir était d'abord dans la disparition du jouet,
mais surtout dans sa réapparition, dans le cas de la bobine.
Par ce jeux, l'enfant pourrait traduire son renoncement pulsionnel (laisser partir sa
mère) afin de trouver un plaisir différé (retour de sa mère) : c'est l'adaptation au principe
de réalité.
Mais pourquoi faire si souvent la première partie du jeux (jeter au loin un jouet),
alors que la perte sans le retour devrait être source de déplaisir ?
Freud en tire la conclusion de l'existence d'une autre tendance chez Ernst : la haine
de sa mère, et l'identification à l'agresseur. En se débarrassant de ses jouets avec
plaisir, il manifeste son animosité devant l'abandon maternel, et son plaisir à disposer
lui aussi du pouvoir d'abandonner autrui. C'est une pulsion d'emprise pour Freud : en
re-créant une situation qu'il a subi, mais en ayant cette fois un rôle actif, il jouït du plaisir
de posséder ce pouvoir, et de l'utiliser pour se venger fantasmatiquement.
Freud fait ainsi le parallèle avec de nombreux jeux d'enfants, dans lesquels des
situations désagréables (dentiste, agression physique, punition...) qu'ils ont subies sont
recréées, en ayant cette fois la position de l'agresseur, la victime étant fantasmée ou
étant un partenaire de jeux (partenaire de substitution). Ces jeux sont alors
paradoxalement source de plaisir, alors mêmes qu'ils évoquent des situations
désagréables, que les enfants devraient chercher à éviter par des mécanismes
d'évitement.
• L'amnésie infantile
Les 5-8 premières années de l'enfance ne laissent que peu de traces dans la
mémoire de l'adulte, alors même, relève Freud, que la mémoire étant moins
surchargée, devrait être bien plus réceptive durant ces premières années.
Seuls restent pourtant certains souvenirs, la plupart du temps très anodins, alors
même que les évênements de notre vie adulte que nous mémorisons le mieux sont les
plus exceptionnels ou sortant de l'ordinaire.
Pour Freud, l'explication serait que comme chez l'adulte, l'enfant mémorise en
priorité les évênements marquants. Mais par des processus identiques à ceux de la
déformation du rêve (déplacement et condensation), ces souvenirs d'évênements hors
du commun sont masqués par d'autres souvenirs d'évênements anodins. Il nomme ces
derniers "souvenirs de couverture".
Pour Freud, le but de la cure psychanalytique est de rendre conscient des contenus
inconscients à l'origine de symptômes.
Freud constate lors de ses analyses que ses patients font preuve d'une résistance
intellectuelle aux explications psychanalitiques. Même s'ils acquiescent et estiment
cela possible, tant qu'ils ne sont pas eux même parvenus à la même conclusion par leur
propre cheminent logique, les explications issues de l'analyse sont sans effets sur les
symptômes.
La resistance peut aussi s'exprimer par ses réticences à parler de certains sujets,
alors même qu'il s'était engagé à tout dire à l'analyste. Il utilisera alors des silences, des
omissions, parlera d'évênements arrivés à des tiers pour aborder une expérience
pourtant personnelle, etc.
Il s'agit au final d'une défense du Moi du patient, qui cherche à préserver l'équilibre
atteint par les symptômes. Il rejettera ce qui le perturbe avec tous les moyens à sa
disposition (mauvaise foi, argumentations, etc), et au contraire adhérera immédiatement
à tout ce qui le conforte dans sa position actuelle.
Freud essaya l'hypnose afin de contourner cette résistance, mais les résultats furent
déçevants : si il n'y avait plus de résistance, il n'y avait pas non plus d'adhésion du
patient aux explications, et donc de progrès. Il estime donc que le dialogue permet de
se rapprocher du contenu inconscient : le patient, face à des questions le concernant,
répondra avec des contenus liés symboliquement. Par le jeux des associations, il est
donc possible de remonter jusqu'au contenu inconscient à partir d'éléments conscients.
***
Le transfert est un autre cas de résistance à l'analyse. En déplaçant les affects qu'il
porte à un tiers sur l'analyste (admiration, envie, jalousie, colère, suspicion...), il freine le
travail d'analyse. Freud, dans Introduction à la Psychanalyse, souligne comme les
sentiments d'admiration et d'affection du patient pour son thérapeuthe sont
systématiques, à un moment ou à un autre de l'analyse. Il sont “l'éclosion” de
sentiments qui existaient chez le malade à l'état latent, le thérapeuthe symbolisant l'un
des parents du sujet. Des émotions refoulées liées à ce parent se déplacent donc sur
lui. C'est ce qui explique qu'il peut s'agir d'un transfert positif (avec affection, désirs
sexuels éventuellement homosexuels et inconscients, etc) comme d'un transfert
négatif (jalousie, haine, etc), dans une situation très souvent ambivalente, comme le
sont les émotions qu'il réserve à ses parents.
Atteindre cette situation de transfert, c'est être en bonne voie pour faire revenir des
conflits inconscients à la conscience, et donc permettre la supression de certains
symptômes qu'ils causent.
Freud rappelle que le médecin ne devra souvent que se satisfaire d'un retour du
refoulé comme un vécu actuel, transféré sur autrui ou sur lui. Rarement un contenu
inconscient sera compris comme ce qu'il est réellement : le souvenir d'une situation
vécue il y a bien longtemps. Le souvenir réél est bien plus difficile à faire revenir à la
conscience, que les émotions ayant été refoulées avec, ces dernières reviennent donc
souvent seules à la conscience. Le médecin doit cependant le plus possible chercher à
obtenir un souvenir, et pas une simple répétition actuelle d'une situation refoulée.
***
Les premières des psychanalyses de jeunes enfants furent faites par Freud : la
description du jeux de la bobine ; et le cas du petit Hans. Mais les observations sur le
développement des enfants sont bien antérieures.
Mélanie Klein s'est elle consacrée à la psychanalyse des enfants. Pour elle, il faut
adapter l'analyse à l'âge de l'enfant : petit enfant, période de latence, adolescence.
Elle souligne surtout les bénéfices que retirent les enfants de ces analyses, même si
elle n'est pas terminée voir n'a pu se faire que sur un temps très court : les
améliorations obtenues se maintiennent dans le temps, et dans bien des cas ont
suffisamment abaissé le niveau de l'angoisse pour éviter psychoses ou névroses
graves.
***
Pour les petits enfants
Pour les petits enfants, le recueil de la parole est remplacée par l'observation de
leurs jeux, dans lesquels ils déplacent leurs conflits, leurs envies et leurs angoisses, qui
y sont symbolisés. Ils utilisent donc un “language archaïque”, qui pour Mélanie Klein
peut être assimilé à celui du rêve. Ce language du jeu fait office de parole pour les
enfants.
En examinant ces jeux et les autres comportements de l'enfant, dans leur totalité, et
non pas individuellement, il est alors possible d'appréhender son monde interne et les
rapports existants entre ses objets internes. Il faut cependant faire attention : tel
jouet ou tel jeux peut symboliser des concepts variables selon l'enfant, mais
aussi pour un même enfant (une même poupée représentera tantôt l'enfant lui-même,
tantôt sa mère, tantôt l'Imago Parentale Archaïque terrifiante, tantôt le Bon Pénis...).
Mélanie Klein note cependant certaines constantes. Par exemple, chez tous les
garçons qu'elle a pu analyser, les voitures représentaient sans cesse le pénis du père,
et les embouteillages, la voiture en mouvement ou un carambolages, le coït parental
ou la masturbation.
On rejoint les études de Lemaître sur les “représentation en action”, ces jeux qui
permettent l'introjection, ou sur les contraîntes à agir, dans lesquelles l'enfant symbolise
ses conflits et angoisses par des actes.
Si au début, le langage ne doit donc pas être le point d'entrée de l'analyse, Mélanie
Klein estime qu'aucune analyse de peut être terminée sans qu'il y ait eu passage à une
expression verbale.
Pour utiliser au mieux cette technique, Mélanie Klein utilise de très nombreux jouets
et matériel de dessin qu'elle laisse sur une table basse.
Outre les jouets, Mélanie Klein a également installé un robinet avec gobelets. Les
jeux avec l'eau et avec ces robinets permettent également à l'enfant de symboliser ses
fixations pré-génitales et ses théories sexuelles.
Mélanie Klein rappelle que le jeux doit servir l'interprétation. Il ne sert à rien de
s'engager dans des jeux et de discuter de ses fantasmes, si l'analyste ne revient pas
régulièrement à des interprétations et à des discussions de fond sur ce qu'il ressent
(notamment à l'égard de ses parents), bref à revenir au concret.
Concernant les parents, Mélanie Klein se borne à les avertir qu'elle se devra sans
doute d'apporter des éclaircissements sur la sexualité à leur enfant durant l'analyse,
mais contr-indique de leur faire un exposé théorique, ou de leur rapporter l'origine des
angoisses de leur enfant. Pour elle, il faut une “collaboration passive” des parents : ils
ne peuvent aider l'analyse, ils peuvent juste la gêner (jalousie de voir un étranger
passer du temps avec leur enfant, culpabilité...), et faut juste prévenir ça.
***
Pour la période de latence
L'analyste ne peut plus bénéficier des jeux, comme pour les petits enfants. Mais ne
peut non plus vraiment bénéficier de la parole, le Moi n'étant pas assez formé pour
disposer du recul et de l'indépendance nécessaire.
Mélanie Klein propose de formuler, lorsque le matériel est suffisant après plusieurs
séances, des interprétations. La curiosité de l'enfant durant cette période le conduira à
s'interroger, et à faire remonter des éléments de son Inconscient.
Par exemple, Mélanie Klein interprète les dessins et les histoires de deux fillettes de
7 ans comme une expression de leur préoccupation concernant la différence des sexes,
et la sexualité parentale. Une fois formulée, les fillettes acquiescent, et leurs angoisses
et craintes (alors totalement refoulées) redeviennent conscientes. Mais ce à condition
que le refoulement ne soit pas trop ancré. Il faut donc commencer des interprétations
sur le matériel le moins refoulé, et le reliant donc à se qu'exprime directement l'enfant
(dessin, récit...). Des explications purement intellectuelles, comme l'explique Freud pour
les adultes, pourra être accepté intellectuellement, mais sans effet de déblocage pour
l'inconscient.
En lieu et place de jeux avec l'eau, des jouets... Mélanie Klein insiste plutôt sur les
dessins (toujours) mais également sur les jeux de rôles. En jouant un rôle (maître
d'école, parent, policier...), et en plaçant l'analyste dans un autre rôle, l'enfant exprime
du contenu inconscient, de manière plus détournée donc que lorsqu'il était un petit
enfant.
***
Pour l'adolescence
Il faut ensuite accéder à l'inconscient à travers les détails des centres d'intérêt de
l'adolescent (tel sport, telle bande d'amis, telle vie scolaire...), par le jeux des symbôles,
à l'instar de ce qui est fait pour les périodes précédentes. Et toute trace d'angoisse est
analysée et interprétée, pour éviter qu'elle ne monte en intensité et bloque la thérapie.
Pour Mélanie Klein, c'est encore la technique d'analyse des jeunes enfants qui reste
la référence et la base de la thérapie, même si, s'agissant d'une technique souple, elle
est adaptée aux adolescents. Mais en raison d'un Moi bien plus mature, la technique se
rapproche également de celle utilisée pour les adultes.
L'enfant névrosé est habité par des sentiments extrêmes : douleur du sevrage, peur
d'abandon, désir de posséder la mère, de se débarasser de tout rival, haine provoquée
par le sevrage, jalousie, colère...
Mais c'est un enfant. Devant des adultes, leur pouvoir de sanction, et leurs
exigences éducatives, il ne peut les exprimer (souvent) et les réaliser (toujours). D'où
une insatisfaction, un conflit intérieur, conduisant à la névrose.
Freud, dans ses derniers écrits, comme Mélanie Klein plus tard, rappelle que la
névrose est le développement normal de l'enfant. Ce que lorsqu'elle dépasse une
certaine intensité, et risque donc de produire un adulte névrosé, qu'on peut parler d'état
pathologique.
Mais Mélanie Klein souligne comme ces symptômes d'une névrose inhabituellement
forte chez l'enfant sont parfois difficilement décelables, et incompréhensibles. Une
agressivité, symptôme d'une angoisse sourde, peut ainsi simplement passer pour une
opposition à l'autorité. Une fatigue régulière peut être la manifestation d'une pavor
nocturnus (peur nocturne) dissimulée, elle même le résultat d'un conflit névrotique
générant une forte angoisse, et pour autant ne pas être prise au sérieux par son
entourage.
Au final, selon Mélanie Klein, “les enfants les moins névrosés ne sont nullement
ceux qui se rapprochent le plus des adultes non névrosé”. Il ne faut donc pas
chercher les mêmes symptômes chez l'enfant que chez l'adulte.
***
Une orientation hétérosexuelle, avec des désirs incestueux tournés vers son père.
Cette orientation est poussée par son désir du Pénis, et par une identification à sa
mère, cette dernière parvenant par le coït à se l'approprier.
***
Une orientation homosexuelle, avec le désir d'avoir son propre pénis, qui lui
permettra satisfaire sa mère, poussant celle-ci à se retourner vers une relation
exclusive mère-fille en excluant le père, rival.
La rivalité avec son père l'a conduit à cette conviction d'incorporation du pénis.
Soumise à la peur de l'Imago Parentale Archaïque pour ses désirs, représenté par le
Mauvais Pénis, elle va utiliser le mécanisme d'identification à l'agresseur pour Mélanie
Klein : elle va s'identifier à un père sadique, possesseur du Phallus, lui permettant
d'affronter son père, comme le ferait un garçon.
Cette rivalité avec son père, elle la conservera avec tous les représentants du sexe
masculin, Mélanie Klein soulignant les intenses sentiments de haine, de ressentiment,
et la multiplicité des efforts visant à obtenir leur respect.
• L'Oedipe et l'orientation sexuelle chez le garçon
• L'Humour
Selon Freud, comme Mélanie Klein, l'humour serait la conséquence d'un “Surmoi
amical”, d'un Surmoi indulgent (notamment par l'auto-dérision j'imagine). Pour Freud, le
Surmoi cherche à “réconforter le Moi par l'humour et à le protéger contre la souffrance”.
Mélanie Klein a ainsi observé qu'après l'analyse, une fois que le Surmoi archaïque
d'enfants analysés avait baissé en intensité, ceux-ci tournaient souvent en dérision
leurs anciennes peurs et fantasmes sadiques.
STADE ORAL
Abraham distingue deux sous-stades dans le stade oral :
Mélanie Klein décrit qu'à chaque pulsion, y compris celles originelles, est rattachée
un fantasme. Les pulsions étant par nature en quête de leur objet de satisfaction, elle
parle plus particulièrement de fantasmes d'objet. Ainsi, chaque pulsion est rattachée à
un fantasme particulier ; tel la pulsion à se nourrir, dont l'objet est la nourriture, le sein,
et conduisant donc au fantasme du sein.
La pulsion de Mort est d'abord centrée sur le nourrisson lui même, dans des formes
d'auto-destructivité. Pour Mélanie Klein, l'angoisse fondamentale éprouvée par le
nourrisson trouve sa source dans cette agressivité auto-centrée.
Rank estime lui que la naissance fait office de séparation traumatisante, d’où
découlerait l’angoisse de dévoration. Freud et Mélanie Klein estiment que les
sentiments d'innassouvissement de la phase orale primitive lui rappellent effectivement
cet épisode traumatisant.
Même s’il parvient à obtenir une baisse de tension, il va devoir intégrer ces
éléments, se construire avec : on parle de la fonction de contenance du bébé. Si cette
fonction flanche, on est dans un traumatisme ne parvenant pas à être intégré au champ
symbolique.
Tel est notamment le cas pour l’excitation générée par les signifiants sexuels
imposés à l’enfant. Et si le niveau d’excitation est trop grand, si les réactions des
parents sont inadaptées, la fonction de contenance de l’enfant peut flancher. Ce
sont les fameux contacts précoces avec la sexualité ne pouvant être intégrés.
En effet, lorsqu’il subi ces agressions, tel un objet, les représentations de ces
événements ne seront pas intégrés à son champ symbolique. Ces représentations
formeront un kyste au milieu de ses représentations personnelles.
Par contre, si l’enfant peut évacuer son excitation, et se positionner en acteur, il va
construire ses propres représentations de l’événement, et l’intégrer, le dépasser. Tout
va dépendre de sa capacité à agir, et à faire baisser l’excitation. La liberté d’agir est
fondamentale. Lemaître parle des représentants en action, pour désigner cette
capacité à intégrer l’événement angoissant par l’action (au moment de l’événement, ou
ensuite par des répétitions qu’il orchestre lui même) : si les parents respectent l’enfant,
sa liberté, ses initiatives, et son statut de sujet, il va intégrer ces micro-traumatismes.
D’où l’importance des jeux, avec les mains, le regard, la bouche, qui sont en fait
toute une série de moyens de ces représentants en action.
C'est ce Moi Primitif qui va dès l'origine subir les angoisses, organiser la projection
de la pulsion de Mort, et organiser l'hallucination négative afin de pallier au Manque. Un
Moi Primitif qui verra sa nature se modifier avec l'identification introjective, puis celle
projective, jusqu'au Moi Final du Stade du Miroir.
Le nourrisson satisfait ses pulsions avec l’objet externe (sexualité liée à l’auto-
conservation et tournée vers l’objet partiel), et dépend de lui pour sa survie (faim, etc).
Mais cet objet externe est indépendant du Moi Primitif. Alors que le nourrisson le
voudrait à sa disposition, en permanence, et soumis à tous ses désirs, cet objet externe
a une présence et un état aléatoire, variant selon les jours. La satisfaction est variable.
Cela a deux conséquences :
D’abord l’absence de l’objet externe provoque un Manque.
Ce Manque et cette peur du Manque ont une importance capitale. D'abord, parce
que c'est par là que se fera la distinction Soi/Non-Soi. Ensuite, parce que la tension
interne que ce Manque provoque est particulièrement forte chez le nourrisson.
En conclusion, l’objet est désiré et aimé car source de plaisir, mais est également
haï pour son indépendance.
Les objets partiels externes comme internes vont être scindés en deux catégories
extrêmes : ceux bons, et ceux mauvais.
(a) Les objets bons : Les seins de la mère sont les principaux objets clivés, comme
source de tout plaisir et de toute frustration. Le premier sein sera le « bon sein »,
source de tout plaisir, réservoir inépuisable de nourriture, de chaleur et de
compréhension. Puis viendront d'autres objets, attributs ou possessions de la mère.
(b) Les objets mauvais : Le second sein sera le « mauvais sein », c'est ce sein
frustrant par son absence, source du Manque. La qualité de « mauvais objet » est
intrinsèquement liée à l'envie de l'objet externe bon, et à la frustration qui en découle
lors du Manque. L'objet externe est alors haï pour cette frustration. C'est ainsi que la
frontière entre objet mauvais et objet idéalisé et envié à l'extrême est ténue, l'un étant
lié à l'autre.
Par le clivage, deux imagos vont se superposer concernant le même objet (tel
le sein) : une imago mauvais et haïe, et une imago bonne. Le nourrisson évite donc
l'ambivalence affective : le ressentie de 2 émotions contradictoires vis à vis du même
objet externe. Ainsi, le bon sein est envié à l'extrême, et idéalisé; le mauvais est détesté
pour le Manque qu'il procure et son imprévisibilité. Ces deux imagos opposées pour un
même objet évitent toute ambivalence, tout paradoxe qui surviendrait si le nourrisson
haïssait et aimait le même objet. Là, il aime et déteste deux objets différents.
Au niveau interne, les objets partiels mauvais sont ceux reliés aux excréments et à
l'urine.
Avec les projections des pulsions de mort et de la libido, cette Imago maternelle
archaïque va se doubler entre deux imagos, une « mauvaise mère » et une « bonne
mère », cohabitant avec le clivage des Imagos. A l'image de ce qui se sera passé entre
bon et mauvais sein.
Un même objet (le sein; l'Imago Maternelle Archaïque) peut donc être haï et
aimé, craint et désiré, et ce en même temps, et sans contradiction ni
globalisation, avec cette cohabitation d'imagos mauvaises et bonnes (le
nourrisson évite ainsi l'ambivalence affective).
Ce reste du Moi, c'est la seconde partie, qui ne conserve donc que les objets bons
internes. Et vers laquelle se fera l'introjection des objets externes bons.
Selon Mélanie Klein, l'envie serait l'une des émotions les plus ancienne : d'abord
tournée vers des objets partiels, puis vers des objets totaux, c'est le désir d'acquérir
une propriété ou une qualité de cet objet.
Le nourrisson perçoit alors le bon sein comme source de toute gratification, et y
projette toute sa pulsion de Vie. Naît alors le désir de le posséder, voir d'acquérir ses
qualités : il s'agit de la première Envie. Quoi de plus désirable que posséder la source
de son contentement, voir devenir soit même cette source ?
Ce désir de possession de l'objet bon trouve son origine dans le Manque : puisqu'il
manque, acquérir ses qualités devient nécessaire.
Cette idée d'absorption de qualités, ensuite liées à Soi, fait apparaître en filigrane la
pulsion de Vie.
Mais une des caractéristiques de l'envie selon Mélanie Klein est la nécessité de
détruire l'objet désiré, lorsque l'obtention de ses qualités est impossible. La pulsion de
Mort est donc présente dans cette émotion. L'objet désiré est en effet source de
sentiments douloureux lorsque celui-ci Manque : d'où la tentation de le détruire s'il ne
peut le posséder. La Haine de l'objet qui manque trouve ici son origine. Le Clivage
des Imagos permet ensuite de cliver amour et haine d'un même objet, et de les répartir
entre deux imagos.
Attention, la notion d'Envie doit être distinguée de la jalousie, qui elle nécessite de
l'amour pour un objet, et la présence d'un tiers à éliminer. La jalousie se construit dans
une triangulation soi-objet désiré-tiers en possession de cet objet désiré.
(2) Une fois le clivage des imagos opéré, la pulsion de Vie, liée à l'auto-
conservation, et les objets internes bons, sont projetés vers le « bon sein » afin
de le contrôler
Vers ces bons objets seront projetés la pulsion de Vie, ainsi que des objets
internes bons, avec la volonté que ces objets bons parviennent à contrôler ces objets
externes, que ceux-ci s'identifient à eux. L'objet externe bon reçoit ainsi les contenus
projetés ; le nourrisson va ensuite déformer la représentation de ces objets bons
afin de les faire s'identifier aux contenus internes projetés, dans un but de contrôle
de l'objet externe bon. C'est l'identification projective, le nourrisson cherchant à
s'assurer le contrôle définitif des sources de gratification et de plénitude externes,
contrôle menacé par le Manque.
La mère, dans la multiplicité des objets partiels qui la composent, va être l'objet
principal de la libido de l'enfant. Une « bonne mère », intégrant tous les objets partiels
désirables : le bon sein, les autres bébés pouvant naître, mais aussi le pénis du père.
Pénis qui deviendra objet de désir lorsque l'imago paternelle trouvera son autonomie
avec le stade du Miroir.
Une partie de ce morceau mauvais du Moi va être projetée sur les objets perçus
comme mauvais. C'est l'extériorisation réifiante. Ainsi extériorisés, ils sont certes
toujours menaçants, mais mieux abordables et évitables. Il s'agit essentiellement d'une
projection de la Pulsion de Mort.
Mélanie Klein estime que cette identification projective présente des différences
par rapport à celle liant le Moi Aimant et les objets bons externes. Elle est violente,
avec une fragmentation de ces contenus projetés, fragmentant à son tour les objets
externes qui en sont le réceptacles. Segal estime que cette fragmentation permet de
diviser l'Objet Persécuteur en de nombreuses menaces, moins menaçants qu'un
persécuteur unique et plus puissant.
L'objet externe, recevant cette pulsion de Mort et ces objets mauvais, va d'abord être
contrôlé par ces projections, pour finalement s'y identifier. De neutre, l'objet externe
devient mauvais, se déformant fantasmatiquement et se fragmentant pour
s'identifier à ces contenus qu'il reçoit. Ces objets internes mauvais et projetés sont liés
aux excréments et à l'urine, d'où le sentiment de dégoût, à côté de celui de crainte
d'anéantissement, que peut susciter l'objet externe mauvais.
Une agressivité, avec des fantasmes de destruction, tournée vers l'Objet Mauvais,
va donc apparaître.
(5) La crainte de l'anéantissement des objets bons par les objets mauvais :
conséquence du clivage des Imagos, et de la projection de la Pulsion de Mort
Durant cette phase, le nourrisson développe une crainte vis à vis de cet Objet
Persécuteur, fragmenté dans tous les objets mauvais. D'où le le terme de paranoïde,
avec des menaces fantasmées, hallucinatoires.
Pour le bébé, le sein mauvais et les autres objets externes mauvais sont alors une
menace pour ses objets bons internes. Malgré sa faim, paniqué, il pourra ainsi refuser
de se nourrir au sein qui lui est présenté, réceptacle de sa pulsion de Mort, hurlant et se
débattant pour y échapper.
Freud décrit ce mécanisme par une image: Le Moi, prenant la forme de l’objet
aimé, peut désormais être aimé par le Ça. Le Moi va en effet se déformer à partir de
ces images introjectées : on parle de l'identification introjective. C'est un nouveau
Moi Primitif, qui n'est plus uniquement une adaptation du Ça.
Freud et André Green définissent le Moi Primitif durant cette étape comme une
« surface », sur laquelle est projetée les représentations d’objet ainsi que les affects. Le
Moi final se formera ainsi avec l’intégration d’une représentation d’un objet particulier :
soi-même, avec le stade du Miroir.
L'un des premiers objets partiels concernés sera le « bon sein » de la mère,
source de plaisir oral et de nourriture, rassurant, aimé et aimant.
Par la suite, d'autres objets partiels seront introjectés, tel le pénis du père. Durant
la phase sadique orale, ce seront ensuite des objets totaux : la mère, le père, etc. Plus
l'introjection est précoce, plus la distinction fantasme/réalité est faible, et plus l'image
introjectée sera éloignée de la réalité, modifiée par les éléments y ayant été projetés.
Un monde interne se dessinera petit à petit, avec un Moi plus ou moins stable,
englobant des images entretenant des relations complexes : l'hostilité du Surmoi
Archaïque vis à vis du Moi Idéal par exemple.
C’est le début de l’indépendance vis à vis de l’objet: S’étant identifié à eux, les
ayant introjecté, c’est à dire ayant transformé une partie de soi en double de l’objet, il en
acquiert une indépendance à leur égard dans la satisfaction de ses pulsions.
Cette hallucination du plaisir lié à une représentation d'un objet bon, c'est le propre
de l'auto-érotisme, qui apparaît lorsqu'il parvient à introjecter ces représentations. Le
nourrisson se base sur le fantasme lié à la pulsion (le fantasme du sein pour la pulsion
à se nourrir par exemple) pour halluciner son plaisir.
Mélanie Klein décrit cette hallucination négative par le comportement du bébé qui,
par des jeux avec sa bouche ou des jeux de succions, arrive à calmer ses pulsions
et peut s'endormir paisiblement : il fantasme, ou hallucine, la réalisation de son envie. Il
s'agit de fantasmes délirants.
On voit donc que c'est cette hallucination négative qui conduit à l'auto-
érotisme, c'est à dire à ces jeux de bouche et de succion, qui provoquent plaisir et
satisfaction.
Mais malgré ce nouveau mouvement, elle reste encore liée à de nombreux objets
externes, tel le sein. Laplanche et Pontalis parlent de changement d’objet concernant
ces pulsions sexuelles (objets partiels externes vers objets partiels internes), et de
passage progressif d’une libido d’objet à une libido narcissique.
André Green estime lui qu’il s’agit plutôt d’un retournement de ces pulsions
sexuelles vers les zones érogènes dont elles sont issues. L’interne est perçu comme
étant externe (hallucination), et va donc «être traité comme tel» (la pulsion sexuelle se
lie à l’objet interne comme à l’objet externe). Il désigne ce mécanisme comme étant un
«retournement par décussassion». La pulsion en elle même ne changerai donc pas
vraiment d’objet. Elle pallierait au Manque par l’hallucination au prix d’une limitation de
la satisfaction (l’auto-érotisme étant moins satisfaisant), cette limitation étant guidée par
la pulsion de Mort.
Lacan va définir le désir par cette quête, par ce souhait de retrouver l'objet qui
manque. Le désir, c'est ce sentiment que le centre se trouve hors de lui-même, dans
cet objet qu'il lui faut retrouver, et s'unir avec.
***
Clinique
Le bébé apprend peu à peu à sucer son pouce (2 mois) et les objets qu'il aime (5
mois), lui permettant de patienter entre ses repas.
André Green voit donc dans l’hallucination négative, outre le fondement de l’auto-
érotisme, le fondement du narcissisme. En tant que libido/amour tourné vers soi-
même, mais également en tant qu’étape nécessaire à la constitution du Moi Primitif
(puisque formé par les introjections). Avant même le narcissisme primaire, qui désigne
la fondation du Moi par la fusion de tous les éléments internes et des pulsions partielles.
Contre toute attente, le nourrisson aura parfois recours à la projection sur des
objets internes bons. Et ce simplement afin de les placer hors d'atteinte de la pulsion de
Mort interne, et de ses objets mauvais internes.
L'idée reste de placer sur des « circuits séparés » les objets bons et les objets
mauvais, afin d'éviter que les uns dévorent les autres, tout en les maintenant sous
contrôle.
La position schizo-paranoïde est caractérisée par cet échange: des projections sur
des objets externes clivés d'un côté, et des introjections parallèles. Elle conduit
cependant à l'apparition d'une angoisse spécifique: l'angoisse de morcellement.
c) La crainte d'être vidé, par ces flux de projections d'éléments internes, avec
des sentiments de dépossession et de vide.
De là naîtrons l'angoisse de perdre son identité, l'angoisse d'être envahi par autrui
et d'être vidé, l'angoisse de se perdre dans autrui, la crainte d'être contrôlé par autrui,
qui composent toutes l'angoisse de morcellement psychotique.
Le nourrisson, vers le 4eme mois, acquiert le contrôle de son regard, et peut faire
des mise au point. Cette maîtrise du regard permet communication avec ses parents,
également jeux de regard comme représentant en action, et a enfin une fonction
structurante lors de l’échange des regards avec l’autre.
En effet, au cours de cet échange de regards, la mère comme le bébé vivent une
distanciation, comme si ils étaient un tiers au cours de cet échange. D’un côté, le
narcissisme du bébé va être renforcé lorsqu’il constate l’attention de la mère, et pourra
y projeter durant la phase schizo-paranoïde ses éléments internes angoissants ; de
l’autre, la mère projette dans l’enfant ses propres attentes générationnelles, et peut
s’identifier à une mère généreuse et attentionnée.
II) Le Sous-Stade Sadique-Oral
Mélanie Klein détaille cependant des cas pathologique causés par un sadisme oral
prématuré. Si ce sadisme oral apparaît trop tôt durant le développement, il rend le
nourrisson incapable de trouver de la satisfaction dans la succion, le Moi subissant une
forte pression par cet essor du sadisme oral par son Surmoi, et réprime précocement
ses fantasmes. Le développement du Surmoi devance alors celui de sa libido, ce qui
constitue, selon Freud, un facteur déterminant de la névrose obsessionnelle.
Ce sadisme oral a deux sources: la pulsion de Mort, dont une partie reste encore
contenue dans le Moi Primitif, et dont l'autre alimente sa crainte de l'objet externe; la
Haine de l'objet qui Manque, qui augmente avec sa frustration et ses peurs.
Il s'agit d'un sadisme oral lié à deux types de fantasmes: des fantasmes de
destruction tournés vers les objets mauvais; et des fantasmes liés à l'Envie
d'incorporation agressive tournés vers les objets bons générant le Manque.
Pour les premiers, Mélanie Klein décrit ainsi le sadisme oral avec un bébé criant,
affamé et hargneux, et mordant les objets mauvais, fantasmant la destruction du sein
mauvais et de l'Imago maternelle persécutrice.
Pour les seconds, sont ainsi décrits des fantasmes de possession du bon sein, de le
vider et d'en arracher le contenu. Ces fantasmes s'étendent ensuite à la totalité du
corps de la mère: le désir de dérober et détruire le contenu du corps de la mère.
La Pulsion de Mort et la Pulsion de Vie sont encore trop faiblement intriquées pour
faire naître un véritable plaisir dans le sadisme oral du 6eme mois. Mais tel sera le cas
à partir du Stade du Miroir.
La libido de l'enfant reste tournée vers le sein de la mère, et vers un auto-érotisme
palliatif.
Si la mère ne s'est pas faite débordée par le contenu reçu lors des projections, ou
si elle n'a pas mal réagi à ses comportements agressifs, si au contraire elle a réussie
à rester rassurante, le niveau de menace diminue significativement pour le
nourrisson. C'est l'idée de « machine à laver »... On parle aussi de la « fonction
contenante » de la mère, cette capacité à recevoir les éléments négatifs et à les purger.
Winnicott généralise lui en parlant « d'objet environnement » qui rassure, avec la notion
de holding. Aimante et sans hostilité, l'objet externe mauvais perd son caractère
menaçant.
Ainsi, le bébé sentant sa faim monter va se manifester par des pleurs, mais
également supporter ce manque par un fantasme de sustentation au bon sein.
Soit il ne tarde pas à être rassasié, et alors ce sein fantasmé se confond avec le
bon sein réel. Pour le bébé, le bon objet est alors fiable et rassurant.
Soit la sustentation réelle est trop différée, la frustration monte, la peur du sein
mauvais, le sein frustrant, est rappelée, et des peurs hallucinatoires de l'objet
persécuteur grandissent. Pour le bébé, le bon objet est faible et imprévisible, dominé
par l'objet mauvais.
(c) Un Moi qui se renforce et devient apte à protéger l'objet bon de l'objet
mauvais, comme à se protéger de la pulsion de Mort
La peur d'une dévoration interne de ses objets bons par des objets internes
mauvais diminue également, comme la peur d'une fragmentation. C'est l'angoisse de
morcellement qui diminue, et qui s'éteindra avec le Stade du Miroir, totalement finalisé
au bout du 24eme mois.
Mais le Moi est désormais suffisamment solide pour se protéger contre ces
pulsions auto-destructrices. La haine et les envies de destruction découlant de la
Pulsion de Mort, attribués à l'objet externe comme Objet Persécuteur par la projection,
vont en effet avoir comme objet désormais non pas le Moi, mais l'objet externe.
Mais un objet externe qui perd son caractère menaçant, et qui bientôt sera total:
de là naîtra l'angoisse de destruction de la mère de la position dépressive.
(3) La formation progressive d'un Moi unifié, mettant fin au Clivage du Moi :
le Stade du Miroir, s'étalant du 6eme au 24eme mois
La conjonction du narcissisme de vie et du narcissisme de mort conduit au
narcissisme primaire.
Le Moi voit son unité assurée par le narcissisme de vie, par cette introjection
de l'Eros, désexualisée en « pulsions du Moi », d'auto-conservation. Selon A. Green,
l'amour propre du Moi assure sa survie, sa solidité.
***
Le stade du miroir :
l'acquisition de la notion de “Soi”
C'est à partir de cette unification de tous les objets internes partiels en une
représentation unifiée que le nourrisson devient apte à se reconnaître et à s'identifier
lorsqu'il voit son reflet dans le miroir. Il identifie clairement son corps et son identité :
c'est le Stade du Miroir, qui s'étend du 6eme jusqu'au 24eme mois. Il s’agit de
l’introjection d’une représentation très spéciale : la représentation de soi-même,
comme un être unifié, le Soi.
a) Les expériences menées sur l'identification du reflet dans le miroir montre qu'il
s'agit d'une représentation apprise progressivement. Les comportements suivants sont
relevés :
-Le reflet est compris comme étant un autre bébé : Notamment avec des
tentatives de communication, puis des interactions physiques. Dès 2 mois, puis de
moins en moins, les derniers cas allant jusqu'à 15 mois.
-Le reflet est compris comme étant non pas un autre bébé, mais comme un objet en
rapport avec soi : il découvre la synchronisation avec le reflet dès 9 mois, il est
fasciné dès 15 mois, puis des évitements ont lieu.
-Le reflet est définitivement compris comme étant Soi : les premiers bébés
nomment leur reflet avec leur nom dès 22 mois, les derniers vers 30 mois.
b) L'expérience de la tache : Une tache est sur le corps du bébé. Vue dans son
reflet, il doit regarder et la pointer sur son corps.
Les premiers résultats positifs apparaissent vers 15 mois. Vers 20 mois, le taux de
réussite est de 70%, puis progresse jusqu'à 100% vers 30 mois.
***
La distinction entre Soi et les objets externes
Il comprend donc les risques qu'il encourt réellement lors de la décharge brutale de
ses pulsions, propre au principe de plaisir. Il va donc commencer durant la position
dépressive qui vient à prendre en compte les contraintes de son environnement lors de
sa recherche de satisfaction. Cette adaptation, c'est le principe de réalité, initié dès le
début du stade du Miroir.
Après sa mère, d'autres personnes sont peu à peu identifiées comme objets
totaux, généralement le père en premier lieu.
Cette capacité à globaliser les objets partiels en objets totaux signe une
évolution capitale du Clivage des Imagos. Désormais, les représentations sont
clivées en facettes mauvaises et bonnes, mais liées à un même objet total.
Selon A. Green, tel sera le cas avec une satisfaction anticipée, donnée sans
amour ou encore de manière trop différée. Il désigne la psychose comme un
Narcissisme négatif : l'objet externe reste menaçant, et les pulsions, incontrôlables et
désintriquées.
***
Selon André Green, l'objet externe est encore alternativement perçu comme
partie de Soi, et comme Autre. Ce double statut est induit par un Moi-Peau encore
fragile, le constat de leur autonomie provoque donc une angoisse de perte de l'objet
externe. Une perte traumatisante pour le narcissisme : perdre l'objet externe, c'est
perdre un morceau du Moi, celui-ci étant doté d'un double statut Soi/Autre. Toute
idée d'autonomie de l'objet bon par rapport au Moi provoque l'angoisse. Car
l'autonomie chez autrui implique son imprévisibilité, et donc un risque de perte
soudaine.
Si le Soi est finalisé, et le Moi-Peau est suffisamment solide pour éviter toute
confusion avec l’environnement tout en permettant d’accéder à la capacité à se servir
de l’objet externe comme contenant, ce dernier garde certaines fragilités.
Pour Winnicott, l'absence de l'objet provoque parallèlement son absence dans son
espace psychique, qu'il ne peut combler par sa représentation, d'où le sentiment d'une
atteinte narcissique, provoquant une angoisse.
***
La fixation sur le sevrage,
(débutant vers les 4eme-6eme mois)
comme manifestation de la perte de l'objet total (trans-narcissisme mère-enfant)
Le sevrage, qui se fait progressivement dès que les dents de l'enfant poussent (vers
6 mois), c'est lorsque la mère cesse d'allaiter son enfant (biberon ou sein) pour le
nourrir avec d'autres aliments. Dès 7 mois, il peut d'ailleurs manger seul des biscuits et
des compotes...
C'est ce sevrage qui va poser les bases du Complexe d'Oedipe, Complexe qui
va donc intervenir dès la position dépressive du Stade Oral.
Puis c'est le Narcissisme de Mort au 8eme mois, avec un retour de la totalité des
objets internes mauvais (plus ou moins “lavés”), de la Pulsion de Mort, et de son
intrication avec l'Eros, donnant naissance au sadisme.
(a) Des objets internes menaçants, et une Pulsion de Mort qui se tourne de
nouveau contre le Moi avec le Narcissisme de Mort
S'ils ne le sont plus au point de devoir être projetés, ces objets internes mauvais
réintrojectés restent encore menaçants. Le Moi est donc partagé entre objets
bons et objets mauvais depuis le Narcissisme de Mort, mais est désormais
suffisamment solide pour le supporter, bien qu'il ait recours pendant un temps à des
mécanismes psychotiques avec les défenses maniaques.
Les pulsions d'auto-destruction borderline ont ici leur origine à mon avis, avec
une Pulsion de Mort tournée vers leur destruction, et donc tournée vers le Moi. Il faut
trouver là l'origine de l'envie compulsive de s'attaquer afin de calmer une angoisse...
C'est l'apparition d'un sadisme générateur de plaisir tourné vers l'objet externe
pour l'enfant, depuis l'intrication des pulsions durant le stade du Miroir, avec des
fantasmes d'incorporation-destruction de l'objet externe, tels ceux du 6eme mois.
L'objet principal de cette pulsion de Mort sera la mère, comme objet contenant tout
les objets qu'il désire (le Bon Sein), et dont il est désormais frustré (sevrage).
Les peines, les blessures, les malheurs qui peuvent frapper ses parents,
seront des évênements qu'il reliera à ses fantasmes de destruction, et dont il
pensera inconsciemment être à l'origine.
Avec la modification du Clivage des Imagos, et la fin du Clivage du Moi, une même
personne, lui, se met donc à haïr et adorer un même objet, celui-ci regroupant des
imagos contradictoires, la mère en premier lieu. Cette ambivalence affective est un
véritable dilemme qui va conduire à l'apparition d'une nouvelle angoisse, la crainte de
la destruction de l'objet externe par sa propre pulsion de Mort, par son propre
sadisme.
S'il craint de détruire l'objet externe, il ressent également une culpabilité pour en
avoir déjà détruit fantasmatiquement, et continuer à le faire (notamment lorsqu'il
fantasme être à l'origine d'un accident ou d'un malheur frappant l'un de ses
parents).
Cette crainte et cette culpabilité font naître détresse, souffrance et nostalgie. Alliés
à la prise de conscience de l'indépendance de l'objet externe, ces sentiments sont à
l'origine de l'aspect clairement dépressif de cette position.
Mélanie Klein avait d'abord estimé que le Complexe d'Oedipe s'initialisait dès la
position schizo-paranoïde. Elle a plus tard modifié ses théories, en estimant que le
complexe d'Oedipe s'initie dès lors qu'autrui est perçu comme objet total, c'est à dire au
moment de la position dépressive : Il perçoit sa mère et son père comme distincts,
ressent le lien libidinal présent entre eux, et va donc projeter certains éléments
internes dans cette triade père-mère-enfant.
***
La perception du Père,
s'interposant entre la mère et l'enfant
***
La perception du coït parental,
plaisir exclusif entre le Père et la Mère,
et point de fixation de la jalousie de l'enfant
Freud relève que cette perception de la scène primitive, si elle a parfois eu comme
base une expérience réelle, est très largement fantasmée par les enfants. Les
descriptions fournies lors de certaines analyses sont bien trop précises pour pouvoir
être réelles, et certains détails rattachent ce coït à des observations qui ont pu être
faites sur des animaux par exemple.
Pour les enfants des deux sexes, le corps de la mère est représenté
fantasmatiquement comme étant le réceptacle de tous les objets désirables, y compris
le pénis du père.
Ce pénis est donc pour l'enfant au cœur du désir de la mère, désir qui l'a poussé
à l'abandonner. L'enfant, fille comme garçon, va donc focaliser sa haine et son
envie sur cet organe.
***
La haine de la mère pour l'avoir
abandonné avec le sevrage, et trahie avec le père
Mais en plus, le corps maternel est toujours fantasmé comme contenant l'intégralité
des objets bons que l'enfant désire; y compris le pénis du père, sur lequel se fixera son
envie, se détournant du Sein maternel désormais inaccessible avec le sevrage.
Pour la fille, cela sera une haine qui diminuera au fur et à mesure de son
développement, mais qui ne la quittera qu'à l'âge adulte. Le garçon sera lui aussi habité
par cette haine, mais aura plus de facilité à la dépasser lorsqu'il se découvrira un pénis,
s'imaginant apte à la reconquérir.
***
Le Mauvais Pénis, haï car objet de désir de la mère,
et craint pour ses capacités de destruction comme outil de la
vengeance parentale
Le pénis du Père représente d'abord l'objet d'envie de sa mère, l'objet qui l'a
poussé à se détourner d'elle. Ses premiers sentiments seront donc de la haine à son
égard. Il s'agit de l'attribut qui a permis au père de la lui ravir.
Cette perception primitive d'un « Mauvais Pénis » va ensuite être reliée à son
Surmoi Archaïque, et à l'Imago Parentale Archaïque (cf après).
Mais l'intérêt de sa mère pour cet objet le conduit à percevoir également un « Bon
Pénis », doté de plusieurs attributs extrêmement enviables. Cela le conduit dans un
second temps au désir de se l'approprier.
***
Le Bon Pénis comme moyen
de posséder à nouveau sa mère
L'enfant va être amené à désir incorporer le Pénis paternel, car cette incorporation
conduirait sa mère à se détourner du père pour revenir vers une relation exclusive.
C'est l'idée que le pénis est l'attribut du père qui lui permet de posséder la mère,
qui l'a poussé à se tourner vers lui. Le pénis a donc une caractéristique de puissance.
Certains auteurs désignent cette association pénis - attribut de puissance par le terme
de Phallus.
***
Le pénis comme
source de satisfaction orale
à l'image du Bon Sein
Cette incorporation va également être désirée car le pénis du Père semble source
de satisfaction durant le coït. L'enfant va en effet fantasmer le Pénis paternel comme
un objet étant une source intarissable d'immenses satisfactions orales.
Le désir du Pénis va remplacer le désir du Bon Sein, devenu désormais une
seule source de frustrations avec le Manque, exacerbé par le sevrage et le désir de la
mère pour le père.
(d) Bon ou Mauvais, un Pénis vite perçu comme étant un attribut de puissance
(le Phallus), situé à la fois dans le corps maternel, ou sur le corps paternel
***
L'investissement
narcissique du Pénis, ou Phallus,
Le Pénis paternel est perçu pour ces raisons comme un attribut de puissance,
permettant la possession de l’objet désiré, telle la mère pour le père, mais
permettant également une jouissance sans entrave.
***
Le Pénis, à la fois attribut du père, et
objet incorporé par la mère
Dès le stade oral primitif, le corps maternel est représenté comme contenant tous les
objets désirables, et en particulier le Bon Sein.
Le pénis, Bon comme Mauvais, est donc à la fois perçu dans le corps maternel,
et comme attribut du père.
Ce désir du Pénis, immédiat après le sevrage, fait entrer la fille directement dans
l'Oedipe pour Mélanie Klein, et le garçon dans l'Oedipe négatif, ou "position
féminine".
***
Le désir de récupérer le Pénis
dans le corps maternel
***
Le désir de récupérer le Pénis
en le dérobant au père par le coït,
conduisant à la "phase féminine" chez le garçon
Mélanie Klein décrit cette étape comme la « phase féminine » du garçon, celui-ci
suivant le développement de la fille, et ce jusqu'au stade phallique.
***
La conception originelle de Freud :
L'Oedipe n'apparaît que durant le Stade Phallique
Freud estime que c'est au Stade Phallique que l'entrée dans l'Oedipe se fait. La fille,
déçu par l'absence de Phallus chez sa mère, et haineuse qu'elle ne lui en ait pas donné
un comme les garçons à la naissance, que l'entrée dans l'Oedipe se fait lorsque la fille
se tourne vers le Phallus du père. Le garçon, se découvrant un pénis, se lance à la
conquête de sa mère.
(f) La haine des parents, décuplée par la frustration de son envie du Pénis, et
sa haine du Mauvais Pénis, conduit à une augmentation des fantasmes sadique
de destruction, conduisant à une culpabilité immense
***
Pour la fille : une
fixation de la haine sur la mère,
Son Envie du Bon Sein initiale, tournant son attachement vers sa mère, est
remplacée par l'Envie du Bon Pénis, incorporé par la mère lors du coït. Il y a pour la fille
une réorientation de son Envie de bons objets, de son attachement à la mère vers
le père, déclenchée par la douleur du sevrage et la jalousie générée.
***
Pour le garçon : une
haine prononcée et fondamentale du Mauvais Pénis,
d'abord associé au Père, puis à la Mère
Si elle est présente également chez la fille, la haine du Mauvais Pénis prend
beaucoup plus d'importance chez le garçon. Il passe rapidement de la haine du
corps maternel à une haine ciblée sur cet objet particulier.
1) Avec le sevrage, le ressentiment pour cet abandon alimente une haine tournée
vers la mère, issue de la Haine primitive du Mauvais Sein frustrant.
2) Or ce Pénis est l'objet avec lequel le Père vole sa mère, et en plus l'attaque et lui
nuit, détruisant les bons objets de son corps (le Mauvais Pénis). Ce pénis haï est donc
primitivement associée au Père, qui cristallise au début de l'Oedipe la haine du
garçon par un déplacement : le Mauvais Pénis est responsable de sa frustration
et de l'abandon de sa mère.
***
Une vision sadique du coït causée
par cette projection de son sadisme
Avec ces projections, l'enfant va percevoir le coït parental de plus en plus comme un
acte sadique, dans lequel les parents s'entre-détruisent, et en particulier durant
lequel le père attaque la mère.
Les attaques des parents sont fantasmées sous un angle oral (morsures), puis
rapidement sous l'angle de la toute-puissance des excréments. Le pénis du Père,
comme organe contrôlant la miction, est ainsi associé à une arme terrifiante.
Les fantasmes sadiques associent ainsi les parents à des créatures monstrueuses,
terrifiantes et violentes, s'attaquant avec leurs organes génitaux devenus dangereux,
leur urine, leurs excréments, et leurs dents.
***
La représentation cruelle et mauvaise
des organes génitaux parentaux
Ces fantasmes d'un coït sadique sont à l'origine pour Mélanie Klein de l'attribution
d'un rôle cruel au pénis du père.
Mélanie Klein parle du Mauvais Pénis, organe redouté par l'enfant pour sa violence
et son potentiel de destruction.
Avec la modification du Clivage des Imagos, ces mauvaises Imagos vont co-
exister avec les bonnes, déclinant l'ambivalence affective aux organes génitaux
des parents.
***
La peur de la vengeance parentale
par l'Imago Parentale Indifférenciée
(la “femme au pénis”),
ou l'angoisse de castration
Et ce surtout lorsque ses fantasmes ont pour nature des attaques directes contre
ses parents, attaques directes qui produisaient déjà de la culpabilité, le poussant à
projeter de plus en plus son sadisme, mais rendant cette représentation de plus en plus
terrifiante. La menace de cette représentation sera ainsi proportionnelle à sa haine, à sa
jalousie et à son sadisme vis à vis de ses parents.
Le coït est étroitement associée à ces peurs d'être sanctionné, attaqué et vidé,
le Mauvais Pénis attaquant la mère au moment des rapports sexuels. La sexualité
elle-même devient donc angoissante.
***
La crainte de l'Imago Parentale Indifférenciée
associée à des objets externes et internes, et
à l'origine de plusieurs symptômes
En tant que représentation d'une « femme doté d'un Mauvais Pénis », Mélanie Klein
estime que cette Imago sera symbolisée à l'extérieur, dans le corps maternel, ou
associé au Vagin Castrateur, ou encore au pénis du père, objets qui deviendront
alors source de danger.
Cette peur de ses parents, l'enfant la déplace ensuite très souvent : sur des jouets
dans ses jeux, et généralement sur d'autres adultes, ou des menaces fantasmatiques
(cauchemards, peur imaginaire...). Elle est ainsi bien plus acceptable, et permet à
l'enfant de continuer à avoir de bonnes relations avec ses parents. Un excès de
timidité et de peur des adultes étrangers traduit donc souvent un tel
déplacement.
Cette peur d'objets internes mauvais pourra se traduire par différents symptômes.
***
Le désir du Bon Pénis
exacerbé par sa crainte du Mauvais Pénis
L'enfant voit le Bon Pénis comme l'objet le plus désirable du corps maternel,
permettant puissance et jouïssance.
Sa crainte du Mauvais Pénis exacerbe donc son envie de s'en retrouver doter, ce qui
lui permettrait d'affronter ce Mauvais Pénis, de s'en protéger.
***
Spécificités de l'angoisse
de castration de la fille : la peur de ses mauvais objets
internes, et surtout du Mauvais Pénis
Pour la fille, le Mauvais Pénis, plus que tout autre objet ou arme fantasmée, sera la
menace principale liée à l'Imago Parentale Indifférenciée. Ce Mauvais Pénis
cristallisera ses peurs liées à cette Imago.
Ses relations futures avec le genre masculin, porteur de pénis, s'en retrouveront
affecté en cas de fixation. L'association (coït – attaque par un Mauvais Pénis
sadique – peur d'être sanctionné et attaqué par l'Imago parentale Indifférenciée)
reste très présente chez elle.
Le désir du Pénis est alimenté par un désir d'incorporer le Bon Pénis, pour lutter
contre le Mauvais Pénis redouté. D'où l'importance de la perte de virginité et des
premiers rapports sexuels, à l'adolescence, dans la diminution de ses angoisses, la fin
du stade Phallique ne résolvant pas les angoisses de la fille.
***
Spécificités de l'angoisse
de castration du garçon : La peur du Mauvais
Pénis, et la peur de la vengeance de la mère
Sa position féminine, axée sur un désir du Bon Pénis qu'il envisage d'obtenir en
s'identifiant à sa mère, le conduit à entrer en concurrence avec sa mère : il cherche à
obtenir ce Pénis à sa place, en s'unissant à son père à sa place.
Il craint donc une vengeance pour ses désirs, et ses fantasmes sadiques,
vengeance qui va être symbolisée par l'Imago Parentale Indifférenciée, et par son
Mauvais Pénis.
Mélanie Klein estime, à partir de ses analyses de jeunes enfants, que sa perception
de la dualité père-mère, et surtout du coït parental, induisent de manière précoce
une sexualité phallique et génitale, ainsi qu'une distinction des sexes.
Les stades anal, phallique et oedipien s'inscriront dans une continuité avec le
stade oral, et leurs problématiques sont déjà perceptibles : ambivalence affective
vis à vis du couple parental, importance du Phallus, désir du Pénis et de relations
génitales incestueuses, peur du Manque de l'Objet Externe et son angoisse
d'abandon... Les premiers fantasmes avec masturbation reprendront comme noyau les
premiers fantasmes sadiques centrés sur le coït parental des stades oral et anal.
Mais ces problématiques sont traitées avec les outils qui sont en sa possession :
sexualité et agressivité orale, puis urétrale et anale, et enfin phallique. D’où la
dissimulation des problématiques oedipiennes durant ces stades.
En outre, les émotions complexes liées à ses parents (haine, envie, jalousie,
sadisme…) seront essentiellement exprimées de manière fantasmatique afin d’éviter
le conflit interne qu’elles provoquent.
Les fantasmes liés à la peur de la sanction par le Surmoi Archaïque vont également
se manifester, notamment à travers des cauchemars et des peurs spécifiques: peur
d'arrachement, de morsure par des figures parentales ou une Imago monstrueuse
les combinant, peur de monstres, etc.
Au plus fort de la dépression, ce sont ces défenses qui vont être privilégiées. Elles
signent une régression vers la position schizo-paranoïde.
Lorsque l'objet externe disparait, la crainte que celui-ci ne revienne pas (peur du
Manque), que celui-ci ait été détruit par ses propres fantasmes de destruction (crainte
de destruction), provoque une dépression aïgue, l'orientant vers des défenses
psychotiques (réparation magiques, défenses maniaques).
Ensuite bien sûr la projection de la partie mauvaise du Moi, vers les objets
mauvais, afin de détruire la menace qu'ils représentent, et de leur attribuer toute la
destructivité et la dépression ressentie par le nourrisson. Ces objets mauvais seront
tous ceux pouvant contrarier sa mégalomanie, son accession à un objet bon idéal, ou
son contrôle de l'objet externe: il est alors vu comme persécuteur.
Il reste focalisé sur des objets bons idéaux, parfaits. Le déni est d'abord utilisé
lorsque l'objet bon idéal n'est pas accessible, par exemple pour une situation sociale ou
un échec incompatible avec sa mégalomanie. Ou la "réparation magique", à
distinguer de la réparation qui est détaillée ensuite: il s'agit d'une reconstruction de
l'objet bon idéal lorsqu'il est perdu, à l'identique, sans culpabilité en niant que cette
perte puisse être la conséquence de sa propre agressivité.
Par une représentation introjectée d'un objet externe bon, rassurant, fiable,
l'enfant cessera de voir l'indépendance de l'objet externe comme une menace.
Ces introjections se poursuivent donc, et ce jusqu'à la fin du stade anal et de la
position dépressive.
Les objets internes mauvais, et ces deux derniers en particulier, sont responsables
de l'importante angoisse de castration, qui est avant tout vécue comme une peur d'être
attaqué, vidé, puni pour ses fantasmes oedipiens.
La bonne mère fait office de réceptacle pour tous les objets bons qu'il lui sont
nécessaires.
La relation mère-enfant est donc fondamentale dans l'introjection de ces objets bons.
Par un bon nursing, l'enfant introjecte ces objets bons pour renforcer son Moi, et
lutter contre la peur d'abandon.
L'objet bon est fantasmé comme objet idéal : Il est sans défauts, satisfaisant à
tous les égards. Cette idéalisation alimente cependant son angoisse d'abandon
(lorsqu'il est perdu, aucun autre ne pourra le remplaçer) et son désir de le contrôler et
d'en exiger une conformité avec son fantasme, sous peine de déception.
L'Idéal du Moi est créé, issu du désir d'incorporation de l'objet bon idéal. Un objet
idéal faire figure de modèle, générant de la honte lorsque le Moi s'en écarte.
***
La réalité impose à l'enfant de nombreux démentis sur ce qu'est sensé être l'objet,
avec une déception sans cesse renouvelée. Il n'expérimente jamais un désir assouvi
avec autrui, les expériences sont sans cesse décevantes.
a) Le principe de la réparation
C'est ainsi que la dépression va être combattue par un cycle répété "perte-
récupération" de l'objet.
Ainsi, les fantasmes de destruction par les urines et les excréments de l'analité
introduiront des fantasmes de réparation liés à la propreté.
***
***
Freud décrit cette réparation lorsqu'il mentionne le “jeux de la bobine”, dans lequel
un enfant de 18 mois jette la bobine au loin, pour ensuite la récupérer, de manière
répétitive : il rejoue la disparition-réapparition de sa mère. On est dans une
“représentation en action” : l'enfant subit les absences de sa mère ; afin d'intégrer ces
absences et la continuité de l'objet, il les reproduit par ses propres expériences,
constatant le retour permanent de l'objet externe, et dépassant peu à peu ses
angoisses.
De Freud avec le “jeux de la bobine”, aux analyses de Mélanie Klein, le jeux chez
l'enfant est bien souvent une répétition de ses problématiques, et une manière de
les intégrer, les dépasser, par leur matérialisation et leur répétition.
Ces jeux sont divers, et seront utilisés à tout âge pour symbolier et intégrer les
conflits internes : combat contre des monstres (lutte contre les angoisses de castration),
jeux de poupée (retour au sein maternel en recréant les situations de holding), jeux de
regards du bébé décrits par Lemaître durant la position schizo-paranoïde, jeux avec des
voitures ou des trains (variantes des rapports sexuels parentaux), de guerre (variante
du combat contre le père, de l'affirmation de son phallus et donc d'une lutte contre
l'angoisse de castration), etc.
Le plaisir du jeux s'explique donc à la fois par une satisfaction de ses désirs,
satisfaits de manière détournée, que par un abaissement de ses angoisses. Par le
jeux, Mélanie Klein indique qu'il y a ainsi transformation de l'angoisse en plaisir.
***
Le recours à un tiers faisant
office de “bon objet” et de bon nursing :
nounours, grand frère, autre tiers, etc
Les comportements affectueux et tendre avec ses parents font office de réparation
pour tous ses fantasmes sadiques.
La relation à la réalité est définitivement établie durant la fin du stade oral. Les
fixations psychotiques ont lieu durant la position schizo-paranoïde, ou durant le début
de la position dépressive (oral-début anal).
***
Selon Abraham, la première phase du Stade Anal est marqué par la destructivité,
avec la destruction des excréments par l'expulsion durant le sous-stade sadique anal
(« phase expulsive »).
La seconde phase s'axe elle sur le contrôle par la rétention, et sur
l'apprentissage de la propreté, durant le sous-stade masochiste anal (« phase de
rétention »).
Au delà de cette nouvelle sexualité anale, le sujet va passer tout le stade anal à
lutter contre la position dépressive. A lutter contre les angoisses abandonniques,
qu'il va donc déplacer sur cette zone qui acquiert un tout nouvel intérêt.
L'objet externe est perçu comme distinct du Soi depuis le Stade du Miroir. Mais il
est encore perçu comme une extension de son Moi, un alter-ego présentant les
mêmes caractéristiques, uniquement dans des jauges différentes : plus ou moins
puissant, bon, grand... que Soi ! Green parle de Moi-Peau incomplet.
L'objet externe, à être trop proche, devient menaçant pour le Moi, en raison de ce
risque d'envahissement. La passivité nécessite d'avoir confiance en l'objet externe.
Confiance en ce qu'il n'essayera pas d'abuser de son pouvoir sur soi. L'absence de
confiance en lui, comme son autonomie, le rendent imprévisible et inquiétant,
susceptible de décevoir, et surtout de faire mal, de heurter le narcissisme. C'est la peur
que l'objet externe le fasse souffrir, en raison de son imprévisibilité.
Depuis le Stade du Miroir, le Clivage des Imagos s'est modifié : les Imagos
contradictoires d'un même objet cohabitent, faisant naître l'ambivalence affective. Un
même objet présente donc plusieurs facettes qu'il n'a pas encore globalisées :
bon/mauvais, etc.
Il adopte en outre une vision clivée, bipolaire des rapports de force entre les
objets: ceux-ci ne peuvent être que dominant, ou dominé.
Cet autre indépendant présente une facette mauvaise qui peut remplacer celle
bonne. C'est la peur de l'objet mauvais, la crainte ainsi pour l'enfant de voir survenir
sa “mauvaise mère” en lieu et place de sa “bonne mère”, mauvaise mère cristallisant
les peurs de castration (représentation liée au Surmoi Archaïque sanctionnant les
fantasmes sadiques et oedipiens, mais également sur laquelle est projetée la pulsion de
Mort).
C’est également durant ce stade qu’il lui faudra poursuivre la fusion des pulsions de
Mort et de Vie, débutée avec le Stade du Miroir, et qui ne s’achèvera qu’avec l’entrée
en Oedipe. Jusqu’à une fusion totale, la pulsion de Mort est prédominante, la pulsion
de Vie (dont la sexualité) étant à son service, subordonnée.
Cette pulsion de Mort, par sa destructivité, tournée vers soi comme vers autrui
(auquel souvent on tient en raison de l'ambivalence), reste angoissante, générant une
peur de la destruction de l'objet externe. Avec l'ambivalence, l'objet haï est
également l'objet aimé, la destruction de l'un entraîne la destruction de l'autre, d'où une
culpabilité pour ce sadisme qu'il fantasme.
Si cette relation provoque envie et jalousie, c'est qu'un désir de relation exclusive
avec la mère persiste, découlant de l'Envie du Bon Sein de la position schizo-
paranoïde.
Ce désir de remplacer le père se focalise notamment sur le désir du Pénis du père,
objet source de plaisir réciproque, généré par le père et incorporé par la mère, et donc
origine de l'attention de la mère pour le père.
Mais ce sadisme entre en conflit avec l'amour qu'il porte pour ses parents: c'est
l'ambivalence affective. Ce conflit génère toujours une culpabilité, avec la peur d'une
destruction effective par sa pulsion de Mort.
Cette culpabilité alimentant une peur d'être sanctionné par une Imago parentale
indifférenciée doté du Pénis paternel et du Vagin maternel, Imago liée au Surmoi
Archaïque. La violence perçue lorsqu'il est témoin du coït parental, comme la peur de
la sanction par cette Imago, est à l'origine de l'attribution d'un rôle cruel au Pénis et au
Vagin.
Pour Freud, Abraham comme Klein, les excréments et l'urine tiennent une place
très importante dans les fantasmes sadiques de l'enfant, fille comme garçon.
L'enfant croît en effet à la toute puissance de ces fonctions urinaires et
intestinales. Il s'agit d'outils de destruction, qu'il contrôle désormais avec l'analité.
Ces fantasmes sadiques liés à l'urine et aux excréments sont, dans le cadre du
sadisme du Complexe d'Oedipe, toujours tournés vers les parents, vers la mère qui
l'abandonne, vers le père qui lui ravit sa mère. Ils sont très souvent exprimés avec des
déplacements et des substituts, évitant ainsi une culpabilité et une peur de la
sanction trop importante que provoqueraient des fantasmes explicites.
Outre les fantasmes, l'expulsion et la rétention des excréments est ainsi utilisé
dans ses relations avec ses parents : pour leur nuire (rétention angoissante pour les
parents), pour les satisfaire (expulsion et fierté, où montrer ses excréments et attend
reconnaissance).
Le sadisme dirigé vers les parents se double d'un sadisme dirigé vers les objets
externes, haïs pour leur caractére imprévisible, alimentant la peur d'abandon.
***
Les jeux sadiques
La propreté qui lui imposé par les parents est vécu comme une sanction pour son
sadisme anal, lié à l'expulsion d'excréments, lors du sous-stade sadique-anal. Cette
propreté sera ensuite introjectée durant le sous-stade masochiste-anal, comme
expression de son Surmoi Archaïque, et investi de manière réactionnelle pour lutter
contre son sadisme.
Pour Mélanie Klein, la phase expulsive, d'explusion sadique des excréments, est
une manifestation de la peur de sa propre destructivité, de sa propre pulsion de Mort,
mais également de son Surmoi Archaïque terrifiant : l'excrément qu'il prend plaisir à
expulser et à détruire est assimilé à des objets internes menaçants, qu'il cherche à
rejeter hors de lui.
En gardant sans cesse sous son contrôle l'objet externe (et la mère en premier
lieu), il évite sa perte, mais également que sa façette mauvaise et hostile
survienne.
L'enfant va donc adapter son comportement. Les objets vont être contrôlés, avec
un désir de possession absolu, générant haine et désir de destruction en cas
d'indépendance, et donc des comportements sadiques.
C'est l'enfant ultra possessif et jaloux avec ce qu'il aime; et agressif et violent avec
ce qui le rejette/craint/échappe à son contrôle.
Ces éléments font dire à Mélanie Klein que le sous-stade sadique-anal est parcouru
par des crises de paranoïa furtives, qui cessent ensuite avec le sous-stade
masochiste-anal.
Lors du Stade Oral, l'enfant se tournait déjà vers un contrôle objectal avec la phase
sadique-orale. Avec l'analité, il a découvert un nouvel éventail de contrôle de l'objet
externe, via le contrôle de ses excréments. Cette découverte progressive de ces
nouvelles possibilités du contrôle de l'Objet Externe le conduit à un sentiment de
toute puissance.
La toute puissance qu'il tire du contrôle des excréments lui apporte un soutien
narcissique pour lutter contre la menace interne des mauvais objets (Imago
Parentale Indiffériencée et Mauvais Pénis notamment). Il voit dans ses excréments
des armes utilisables pour lutter contre eux, influençant ainsi ses fantasmes de
destruction des parents, et induisant ainsi une baisse de l'angoisse.
La fonction urinaire étant perçue comme une fonction toute puissante, de nature
sadique, le Pénis Paternel se voit doter fantasmatiquement d'un nouvel attribut
enviable : un pouvoir de destruction inégalé, avec ses capacités urinaires. Il s'agit
d'un attribut de puissance, à l'image d'un autre de ses attributs, celui d'objet
permettant la possession de la mère.
Pour la fille comme pour le garçon, ce nouvel attribut renforce leur désir de se
l'approprier. Il s'agira même d'un élément déterminant dans leur perception du
pénis comme Phallus, objet à l'origine de la toute-puissance adulte.
C'est ainsi que les fixations sur la propreté, l'ordre, l'apparence physique (liant son
narcissisme à son corps), issue du sous-stade masochiste anal, seront utilisés jusqu'à
l'âge adulte.
Pour Mélanie Klein, l'activité sexuelle (orale, anale puis celle liée aux organes
génitaux) est une composante importante de la réparation. Par le plaisir des organes,
l'enfant fait diminuer ses angoisses (et notamment celles liées au sadisme associé à
la sexualité adulte), et s'apaise.
L'importance du plaisir dans l'acte sexuel est souligné par Mélanie Klein, et ce
jusqu'à l'âge adulte. Ce plaisir permet d'éloigner les représentations sadiques
liées au coït, et la culpabilité ainsi que la crainte que cela génére.
***
Le cas du recours à un tiers rassurant,
faisant office de “bon objet” et de “bon nursing” :
nounours, frère ou soeur, tiers, etc
Les angoisses liées à l'apprentissage, aux études, sont issues de la peur de la perte
de ce contrôle et de cette indépendance.
Cette sortie est initié par sa nouvelle confiance en ses capacités à retrouver l'objet
bon idéal qu'il a perdu. Il fait alors le deuil de l'objet bon idéal, par la sublimation, qui
lui permettra également de canaliser ses pulsions destructrices en s'adaptant toujours
plus au principe de réalité, et donc de mettre fin à sa crainte de destruction de l'objet
externe.
Mais ses expériences de réparation, dans lesquelles il retrouve l'objet, non pas un
objet fantasmatique idéal, mais l'objet externe avec ses défauts, va peu à peu le
rassurer: sa pulsion de Mort n'est pas toute puissante contre l'objet ; L'objet externe
peut revenir et le satisfaire, à condition d'abandonner ses fantasmes d'objet idéal et
d'accepter cet objet externe.
Cette réparation est donc marquée par le deuil de l'objet externe ou interne idéal,
avec donc des sentiments dépressifs légers, tout en étant rassuré par la récupération
d'un objet externe, certes avec des défauts, mais se substituant à celui idéal.
2) Un Surmoi qui baisse encore en intensité, et un Idéal du Moi en formation
Le Surmoi Archaïque terrifiant (la peur d'être attaqué -castré- par l'Imago
Parentale Arcahïque) diminue toujours en intensité, en étant intériorisé dans
l'Idéal du Moi, même s'il reste suffisamment angoissant pour maintenir l'angoisse de
castration oedipienne.
***
Pour définir ce dont il doit avoir honte ou ce dont il doit être fier, il va se calquer sur
le modèle parental : l'Imago parentale indifférenciée va en effet être intégrée au sein
de l'Idéal du Moi. Et cette instance dictera au Moi son comportement, suscitant honte
et fierté pour le guider.
La fin du stade anal est marqué par la disparition totale de la peur d'abandon et
de la crainte de la destruction, grâce à cette réparation qui devient de plus en plus
souple durant le stade anal; et ce par les actions réparatrices tournées vers l'objet
externe, en retrouvant régulièrement l'objet externe malgré sa disparition, et en se
satisfaisant progressivement de lui malgré ses différences avec l'objet idéalisé.
STADE PHALLIQUE
Avec la fin du Stade Anal, l’angoisse d’abandon par l’Objet Externe disparaît
presque totalement, pour n’être plus que centrée sur l’envie de la mère du Complexe
d’Œdipe, et sur le désir du Pénis du Père avec un objet prenant une importance
narcissique grandissante : le Phallus. Le Narcissisme de toute-puissance apparu avec
le stade du Non, et son désir de possession absolu des objets désirés, sont cependant
toujours présents, et vont désormais se concentrer sur les désirs oedipiens.
Il s’agit en fait de l’étape durant laquelle le complexe d’Œdipe, qui œuvre depuis le
stade oral, va enfin être résolu. Le noyau du Complexe d’Œdipe n’a cependant toujours
pas changé : ambivalence à l’égard du couple parental, jalousie, fantasmes sadiques
orientés vers leur destruction, envie du Pénis.
Après le stade du Non, l'enfant est dans une logique d'affrontement. C'est l'Enfant
Roi. Et il va poursuivre dans cette voie, en devenant encore plus extrême.
***
La découverte de
son propre pénis
Avant 3 ans, un érotisme lié à ses organes génitaux existait déjà,avec le plaisir
éprouvé pendant toilette/miction: c'est la masturbation primaire. Or vers 3 ans, il
découvre la possibilité de reproduire ce plaisir: c'est la masturbation secondaire.
***
L'investissement de son pénis
de la toute-puissance des excréments
et de son sadisme
La toute-puissance liée au contrôle des excréments était déjà liée au pénis de son
père par ses capacités à uriner. Cette toute-puissance et le support narcissique qu'elle
représente va intégralement se concentrer dans son pénis.
Cette toute-puissance peut en outre être vérifiée physiquement par le garçon, par
différentes activités : miction, érection (dès la naissance, le garçon en a), et le plaisir de
la masturbation, un plaisir contrôlé.
***
Le pénis, source
de jouissance contrôlée
***
L'hostilité au père et
le courage de s'y opposer grâce à son pénis
***
Son pénis comme support narcissique
pour lutter contre le Mauvais Pénis, symbole de
la vengeance parentale, et de la concurrence du Père
Mélanie Klein relate certains fantasmes du petit garçon, dans lesquels sont
représentés ses fantasmes sadiques tournés vers un Mauvais Pénis intériorisé
qui le menace de l'intérieur : son pénis s'étire jusqu'à pouvoir être introduit dans sa
bouche, ou dans son anus. Son pénis engage ainsi la lutte contre le Mauvais Pénis
intériorisé, qui le menace en représailles de ses fantasmes sadiques, maintenant
tournés vers son père.
Cette découverte oriente donc les désirs oedipiens vers la mère, conduisant à un
abandon de la position féminine pour le garçon, et une identification au père
possédant la mère via le coït.
***
Le coït comme moyen de récupérer les
bons objets au sein du corps maternel,
d'apaiser ses angoisses, conduisant aux fantasmes d'incestes
tournés vers la mère
Le coït lui permet ainsi de récupérer les objets bons contenus dans le corps
maternel. Si le Bon Pénis est désormais détenu, tous les objets bons, tout ce qui
permet d'apaiser les angoisses d'abandon du garçon, sont perçus comme détenus à
l'intérieur du corps maternel. En les récupérant par le coït, le garçon apaiserait enfin
toutes ses angoisses, y compris celle d'abandon provoquée par le sevrage.
***
Le coït violent comme moyen
de dominer les objets mauvais, et surtout le Mauvais Pénis,
contenus dans le corps maternel, donc comme
moyen sadique de "réparer" en combattant
(Ou l'identification au Mauvais Pénis pour lutter contre lui)
Le coït est ainsi associé à une domination des objets menaçants, par la toute-
puissance de son pénis. Il s'agit d'un mécanisme typiquement masculin de lutte
contre l'angoisse.
Le combat de son propre pénis contre ces objets mauvais contenus dans le
corps maternel sont à l'origine de fantasmes de coïts violents, mutilants, et
pourtant fantasmés comme étant réparateurs, éliminant des objets mauvais
menaçants le garçon comme la mère du corps de cette dernière, et donc source
d'apaisement. Le garçon cherche à utiliser l'aspect “Mauvais” de son pénis, ses
capacités de destruction, pour lutter contre le Mauvais Pénis de son père.
La haine du père, symbolisé par le Mauvais Pénis, décuple cette agressivité tournée
vers ces objets mauvais au sein du corps maternel. Le psychanalyste Boehm souligne
ainsi le besoin chez le garçon de combattre ce père et ce Mauvais Pénis au sein
du corps maternel, par des coïts violents.
***
Corollaire : la peur d'abimer le corps maternel
avec son propre pénis, assimilé fantasmatiquement au Mauvais Pénis
Paternel introjecté
Son pénis est vu comme “bon” et bénéfique, le coït est un moyen de protéger le
corps de sa mère. Mais le garçon craint tout de même que le pouvoir destructeur
attribué à son pénis n'abime le corps maternel.
Cette crainte de destruction d'autrui par le pénis, elle dérive de celle du stade
oral et anal, qui étaient eux centrés sur les fantasmes de destruction par le
sadisme oral puis la toute-puissance des excréments.
***
La peur du Mauvais Pénis
toujours à l'origine de l'angoisse de castration
Il s'agit toujours d'une peur du Mauvais Pénis, lié à l'Imago Parentale Indifférenciée,
qui viendrait l'attaquer et le vider de ses bons objets en représailles de ses attaques
sadiques, et de sa volonté de s'approprier sa mère en écartant le père. Le Mauvais
Pénis symbolise ainsi essentiellement la concurrence du Père, et la défense de la
Mère contre le vol de ses objets bons.
***
Une peur exacerbée de la castration
par la découverte de son propre pénis
Le coït fantasmé est ainsi vu à la fois comme une menace (son pénis affronte
le Mauvais Pénis situé derrière le Vagin, au sein du corps maternel, et risque
donc la castration), et comme un moyen de contrôler cette menace.
***
L'ambivalence du rapport sexuel,
fondamentale dans la position masculine
C'est d'abord un rapport sur lequel il a projeté son sadisme, ses frustrations, sa
haine... Sa perception sadique du rapport sexuel l'a conduit à tous ces fantasmes de
Mauvais Pénis, d'Imago Parentale Indifférenciée, etc.
Les vertus de son Bon Pénis, à côté de son pouvoir destructeur, entoure enfin ce
rapport sexuel de conséquences réparatrices pour le corps maternel. Son Bon
Pénis, en l'emportant sur le Mauvais Pénis du père et en dominant les autres objets
menaçants, pourra ensuite réparer les dégâts occasionnés.
Mélanie Klein décrit comment les conflits internes à l'oeuvre dans la position
masculine sont observables, notamment par les jeux du garçon.
De nombreux jeux de construction sont ainsi investis par les garçons, où l'attention
est portée vers l'organisation, la mise en place d'un ordre, etc. Pour Mélanie Klein, ces
jeux traduisent notamment des investissements réactionnels afin de lutter contre la
menace du Mauvais Pénis, pour son corps et le corps maternel symbolisés par ces
constructions. Ses tendances sadiques exprimées dans les jeux du stade anal
laissent place à des jeux exprimant sa lutte contre le Mauvais Pénis. En lieu et
place de déchirures et destructions, on trouvera constructions et ordre.
***
La nécessité d'une “Bonne mère”,
apaisant son angoisse de castration,
sa peur du Mauvais Pénis et son sadisme
***
L'identification au “Bon Pénis”, ou l'ancrage dans la position masculine, le
conduisant à prendre confiance en sa capacité
à réparer autrui et à résister à ses mauvais objets internes (dont le Mauvais
Pénis), en soit à “tuer le père”
Le garçon va peu à peu s'identifier à son père. Cette identification lui permet
désormais d'être le porteur du “Bon Pénis”, d'être capable de posséder sa mère (un
substitut féminin dans la réalité), et d'affronter le Mauvais Pénis paternel.
***
Un complexe se réactualisant à l'adolescence,
par une rivalité vis à vis des hommes, un rapport complexe aux femmes, et un
orgueil phallique démesuré
Son rapport avec les femmes restera perturbé par cet enchevêtrement de désir, de
haine, et de peur. Le surinvestissement de son Phallus, et la formation réactionnelle
d'un machisme, seront protecteurs, et le rassureront quant à un risque de castration
représenté par le corps féminin.
C'est la sexualité adulte du garçon, qui lui permettra peu à peu de faire baisser sa
crainte du Mauvais Pénis, et de la castration. Les rapports sexuels renforçeront l'aspect
réparateur du coït par le plaisir généré pour sa partenaire. Il cessera de craindre sa
destruction, comme il cessera de craindre sa castration et le Mauvais Pénis du père
peu à peu.
Freud relève comme tous les enfants s'interrogent sur l'origine des enfants, et sur la
différence des sexes. Les silences des adultes, voir les mensonges flagrants (la
cigogne qui amène les bébés...) l'isolent et font naître de la méfiance concernant leurs
explications.
La scène primitive reste donc incomprit pour l'enfant, qui ne la perçoit que comme
une agression sadique de l'un envers l'autre.
***
L’affirmation de la Loi du Père, renforçant l’angoisse de castration oedipienne, et
conduisant à l’entrée dans la névrose
Si ces désirs incestueux sont impérieux, ils se heurtent aux désirs de la mère,
tournés vers le père (ou du père pour la mère, concernant la fille), et à la Loi du Père :
l’affirmation de principes culturels et moraux qui s’opposent aux désirs oedipiens
(l’interdit de l’inceste, la différence entre les sexes s’opposant au déni pervers, et la
différence entre les générations).
En effet, la Loi du Père s’appuie sur le Surmoi Archaïque issue de l’Imago parentale
indifférenciée qui vient sanctionner l’enfant pour ses désirs sadiques tournés vers les
parents. L’affirmation de la Loi du Père vient renforcer la peur de la castration
oedipienne, exacerbant sa haine de l’adulte représentant cette Loi.
L’affirmation des interdits de la Loi du Père permet de sortir des modes de défenses
pervers, pour entrer dans une problématique névrotique. Le déni pervers sur la
présence d’un Phallus féminin s’oppose en effet à la différenciation des sexes qu’elle
impose.
***
Le dépassement du complexe d’Œdipe par l’introjection
de la Loi du Père dans un nouveau Surmoi
La fille, comme le garçon, dotait le père de cet attribut de puissance qui lui permettait
de posséder sa mère, et la détourner d’elle. Elle réalise rapidement qu’elle est elle-
même dépourvue de cet attribut, comme sa mère.
La fille est en effet dévorée par son désir du Pénis du père, par des fantasmes
sadiques liés à sa frustration, et à sa jalousie. Elle est également soumise à une intense
peur de l'Imago Parentale Indifférenciée, représentée par le Mauvais Pénis,
représentant la sanction parentale pour ces désirs. La culpabilité l'habite également,
pour cette haine tournée vers ses parents.
On parle de fantasmes d’attribution magique : des fantasmes qui vont doter la fille
d'un Phallus, ou d'un substitut.
***
Le fantasme d'avoir un bébé
et le renforcement des désirs d'inceste
L'un des fantasmes courant chez les enfants des deux sexes est l'idée qu'à chaque
coït, la mère incorpore un nouveau pénis. Certains d'entre eux se transformeront alors
en enfant. Le lien pénis - bébé conduit donc souvent la fille à déplacer son désir du
Pénis sur un désir d'enfanter un bébé, bébé faisant donc office de pénis.
Afin d'obtenir ce bébé, il lui faut donc d'abord incorporer le pénis du père par un
coït : on a donc un renforcement des désirs d'inceste.
Le désir du Pénis la poussait déjà à avoir ces fantasmes, mais il s'agit ici d'une
étape, où la fille a déjà compris l'impossibilité pour elle de se doter d'un pénis propre
par le coït et le vol du pénis à son père. Elle reporte son désir de Pénis sur un désir de
bébé, faute de mieux.
La capacité à enfanter de "bons enfants" est cependant mis à mal par les objets
internes mauvais qu'elle a en elle, susceptibles de déformer/d'atteindre son bébé. Ces
"salissures" internes sont sources d'angoisse pour elle depuis le stade oral, renforcées
durant l'analité par le constat de ses excréments et de son urine sortant de son corps.
Elles sont désormais également une source d'angoisse pour sa propre capacité à
materner. De là viennent les angoisses d'enfanter des bébés mauvais, difformes, à
l'image de l'expulsion de ses excréments, objets internes salis. Et de là viendront
les fonctions pare-angoisse du soin porté à son corps, à son hygiène, afin de se laver
intérieurement, et d'autant plus après les premières régles, renvoyant à ces salissures
internes.
***
Le fantasme d'identification
au Pénis Sadique Paternel
La rivalité avec son père peut également la conduire à s'identifier à lui, lui
permettant de se forger la conviction qu'elle a incorporé le pénis par cette
identification.
Soumise à la peur de l'Imago Parentale Archaïque pour ses désirs, représenté par le
Mauvais Pénis, Mélanie Klein estime qu'on retrouve ici le mécanisme d'identification à
l'agresseur : elle va s'identifier à un père sadique, possesseur du Phallus, lui
permettant d'affronter son père, comme le ferait un garçon.
-Le Pénis du père lui permet d'être complet, de détenir en son pouvoir un objet
source de toute satisfaction, y compris le pouvoir de conquérir sa mère
-Ce pénis lui permet également, avec la toute-puissance sadique qu'elle lui associe,
de s'imposer à armes égales contre l'Imago Parentale Archaïque, et contre le père qui
fait figure de rival dans sa conquête de sa mère
-L'angoisse liée à l'Imago Parentale Archaïque et au Mauvais Pénis diminue, par ce
mécanisme d'identification à l'agresseur
Elle s'oriente alors vers une voie homosexuelle pour Mélanie Klein, qui y voit
l'origine d'une des formes de l'homosexualité féminine.
Cette rivalité avec son père, elle la conservera avec tous les représentants du sexe
masculin, Mélanie Klein soulignant les intenses sentiments de haine, de ressentiment,
et la multiplicité des efforts visant à obtenir leur respect.
b) Le Vagin, organe dont la fonction sexuelle et le rôle dans le coït est compris
rapidement, mais sur lequel se cristallisera particulièrement ses angoisses
Mélanie Klein observe durant ses analyses que les petites filles comprennent
rapidement le rôle du vagin dans le coït parental : celui de réceptacle au pénis. C'est
par ce biais là que la mère incorpore le pénis du pére.
Mais la peur du Mauvais Pénis introjecté, la peur de ses mauvais objets internes, la
peur d'être attaqué par l'Imago Parentale Indifférenciée à l'intérieur de son corps, la
conduisent à cristalliser ses angoisses sur le vagin qu'elle voit comme un accès à
l'intérieur d'elle-même.
L'angoisse liée au Vagin conduit la fille à opérer une fixation sur la zone
clitoridienne, accessible de l'extérieur. La masturbation du clitoris est alors
accompagnée de plus en plus de fantasmes d'incorporation du Pénis paternel, de
désirs oedipiens, liés à son désir du Pénis.
-Sa perception continue d'une réalité cruelle ensuite, celle de son absence de
Pénis, qui provoque une intense déception, et un fort sentiment d'infériorité.
Ces défenses perverses sont donc abandonnées. Elle réalise l'étendue de son
infirmité, et l'impossibilité d'y pallier. Ce constat provoque une véritable blessure
narcissique, entrainant un sentiment d'infériorité par rapport aux garçons.
***
Un Complexe d'Oedipe encore très présent
Elle est donc dans un profond ressentiment tourné vers sa mère. Mais ce
ressentiment s'oppose à son amour pour elle, et à son désir des bons objets contenus
dans son corps.
Sa perception du coït est encore marquée par le sadisme du Mauvais Pénis vis à vis
du corps maternel. Un sadisme renforcé par ses fantasmes sadiques tournés vers sa
mère que nourrit son ressentiment.
Son Vagin est donc toujours une partie de son corps focalisant ses angoisses, point
d'accès à son intégrité narcissique pour un Mauvais Pénis sadique et destructeur. Un
Mauvais Pénis symbole de la sanction parentale, qu'elle craint inconsciemment pour
ses fantasmes sadiques et son ressentiment.
Sa culpabilité pour ses fantasmes sadiques, générés par son ressentiment pour son
absence de Pénis, est extrêmement présente et lourde.
***
La nécessité de reconnaître et d'introjecter
un Bon Pénis, pour tempérer la blessure narcissique et
la menace interne du Mauvais Pénis
Ce Bon Pénis est symbolisé par l'affection du père pour sa fille, et pour sa
femme, mais surtout, à l'âge adulte, par le plaisir ressenti dans l'acte sexuel.
Le Bon Pénis va être symbolisé enfant par le comportement du "bon père" vis
à vis de la mère, et vis à vis de la fille. Son affection permet de diminuer la crainte du
Mauvais Pénis, et la crainte de destruction du corps maternel. A côté, une "bonne
mère", aimante, et acceptant sa féminité sans angoisse ni crainte, mais avec plaisir,
permet par identification d'accepter peu à peu la passivité du coït, et sa propre féminité ;
Non pas comme une infirmité, mais comme une complémentarité à la masculinité.
***
Un Surmoi et un Idéal du Moi sévéres, dictés par
le Mauvais Pénis et le Bon Pénis intériorisés
(La Loi du Père)
L'introjection du Bon Pénis déterminera lui son Idéal du Moi, qui ordonne et
provoque honte, mais également fierté.
La Loi du père est, comme avec le garçon, déterminante dans l'édiction du Surmoi
de la jeune fille. Mais ce qui différe, c'est la capacité qu'à le garçon, avec son Pénis, à
s'y opposer, pénis qui fait cruellement défaut à la fille. Ce manque de pénis explique
la sévérité du Surmoi chez la fille, désarmée devant cette pression de ses objets
internes.
La menace du Mauvais Pénis, de l'Imago Parentale Indifférenciée, est en effet une
menace de destruction de l'intérieur de son corps. Contrairement au garçon qui
affronte la menace de castration, et constate qu'il conserve toujours son pénis,
renforçant sa confiance en lui, la fille est marquée par sa blessure narcissique, et n'a
aucun moyen de vérifier que ces menaces ne détruisent effectivement pas
l'intérieur de son corps. Elle ne peut donc, comme le garçon, être soutenue par
l'épreuve réussie à la réalité pour s'émanciper de cette pression.
Une solution reste dans le refus de cette blessure narcissique, et dans le fantasme
d'introjection du Pénis : ainsi doté virilement, elle peut affronter ces menaces internes.
La confirmation de cette virilité nécessitera de s'engager dans des activités masculines
et/ou paternelles : sport, carrière, etc. Mais cette solution la garde prisonnière du
complexe d'Oedipe, et dans le refus de sa féminité.
***
La persistance de la crainte
du coït sadique, de sa crainte et de sa haine du Mauvais Pénis,
de sa crainte de l'Imago parentale Indifférenciée,
et de son ressentiment pour sa mère
Le refoulement des désirs oedipiens n'est pas absolu et définitif. Ces désirs, et
l'angoisse de castration qui les accompagne, se manifesteront jusqu'à la résolution
définitive du Complexe d'Oedipe pendant l'adolescence.
La période de latence
Après l’Oedipe, vers 7 ans, et jusqu’à l’adolescence (11-13 ans), l’évolution psycho-
sexuelle du sujet stagne, les développements se faisant principalement du côté de la
cognition. Durant cette période, les instincts puslionnels du Ca, les angoisses et
conflits internes sont refoulés sous l'action d'un Surmoi de plus en plus
développé. L'action éducative exige de l'enfant, à cet âge, un comportement
irréprochable (y compris concernant sa vie sexuelle), le contraignant à un
refoulement bien plus intense.
Des retours du refoulés sont cependant réguliés, avec des envies détournées :
désirs de satisfaire ses parents par les performances scolaires, angoisse de castration
qui revient de manière déguisée régulièrement, etc. Le Moi et le Surmoi vont s'allier
pour combattre ces contenus refoulés en investissant la réalité.
Le garçon investit particulièrement les activités sportives. Les victoires sur ses
concurrents et ses performances lui permettent de traduire en acte sa
possession du Phallus. Le garçon est bien plus attaché à la qualité de la
performance, à la victoire sur les autres, qu'à l'approbation de ses activités. La
répression des instincts du Ca est alors forte, conduisant le Moi du garçon à lutter
fortement contre toute activité masturbatoire. Il satisfait alors ses pulsions par ces
activités sublimatoires.
Mélanie Klein souligne cependant que la frontière entre névrose et enfant normal
reste assez floue à cet âge là. La névrose n'implique pas forcément de mauvaises
performances scolaires et sportives, et inversemment tout enfant normal n'investit pas
forcément les activités scolaires.
L’Adolescence
et l'Âge adulte
Avec la puberté, on a une poussée hormonale : les instincts pulsionnels du Ca
reviennent alors avec force.
Mélanie Klein précise cependant que l'adolescent exprime ces angoisses et ces
conflits d'une manière différente de l'enfant (crise d'anxiété) : par la méfiance, et la
réserve.
a) La réactualisation de l'Oedipe
Dans certains cas, Mélanie Klein relate des “périodes de latence prolongées” : des
adolescents dont les pulsions et les angoisses persistent donc à être violamment
réprimées, et se contentant de fixations sur des activités concrètes (sport, jeux, etc)
comme lors de la période de latence. Cela traduit forcément un blocage pathologique.
Pour le garçon, on aura donc une identification à une Imago paternelle admirée, virile,
puissante, qui va le soutenir et lui assurer une confiance suffisante en ses capacitées.
Le Surmoi castrateur et hostile, revenu avec l'actualisation de l'Oedipe, va être detesté,
mais en s'en sachant l'égal avec l'identification à l'Imago paternelle virile, il cesse de le
craindre, et l'intégre.
Mais cet âge est surtout caractérisé par une recherche identificatoire, des troubles de
l’identité, très proches de ceux expérimentés par le borderline (de nombreux parallèles
sont faits entre adolescence et pathologie borderline)
L'équilibre psychique se stabilise une fois la puberté achevée. Des normes adultes sont
intégrées au Surmoi, des normes qu'il a intériorisée, et donc qu'il ne considére pas
comme imposées arbitrairement par un tiers.
Les premières régles sont vécues, dans le cas rares où la position feminine a été
totalement acceptée pendant l'enfance, et les peurs oedipiennes dépassées, avec
plaisir, étant une confirmation de sa propre féminité.
Mais en principe, ces régles vont au contraire ré-activer brutalement les angoisses
oedipiennes en sommeil.
Les angoisses liées au sadisme du coït sont ré-activées par ce sang s'écoulant de
son Vagin. La peur d'être vidé par son Vagin, par une Mère doté d'un Mauvais Pénis
(Imago Parentale Indifférenciée), ré-active ses angoisses liées à son Vagin, comme
sa crainte d'une destruction des enfants qu'elle contient, et sa peur du Mauvais
Pénis et du sadisme du coït.
Le soin porté à son corps, à une rigueur professionnelle et dans la tenue de ses
affaires comme de son domicile une fois adulte, ont une fonction pare-angoisse (le
contrôle/narcissisme féminin reste lié au corps avec l'analité) . L'identification au père,
l'obtention d'un Phallus, lui échappe, la laissant en effet encore soumise à la crainte
d'être vidé par sa mère, à la déception de n'avoir un pénis, et au complexe de
castration. L'absence du Phallus l'empêche de résoudre efficacement ses angoisses, la
poussant à se tourner vers ces activités pare-angoisse.
Le plaisir ressentit durant le coït lui confirmera en effet avoir introjecté un Bon
Pénis, sans avoir castré l'homme par son sadisme, et lui ouvrant la voie à la
maternité. La peur du Mauvais Pénis restait en effet d'autant plus vive qu'elle n'était
jamais vérifiée.
La fille voit alors les relations sexuelles de ses parents d'un oeil nouveau : comme
une relation non pas d'agression de la mère par le père, mais uniquement comme un
plaisir donné par le père via son Bon Pénis à sa mère, qu'elle reçoit par un Vagin
voluptueux et acceuillant.
Par identification, elle voit donc son partenaire comme acceuillant et générateur de
plaisir, porteur d'un Bon Pénis, et elle même comme génératrice de plaisir pour lui.
***
***
Ces expériences sexuelles vont confirmer son orientation hétérosexuelle, et son rôle
féminin.
Même si la crainte spécifique du coït sadique est écartée, et le lien coït - effraction
du Mauvais Pénis dans son corps repoussé dans l'Inconscient, la crainte de son
Surmoi ( sa mère, l'Imago Parentale Indifférenciée, le Mauvais Pénis, tout ce qui
caractérise l'angoisse de castration oedipienne) est encore particulièrement forte.
Le moyen ultime d'écarter ces angoisses restera l'accès à la maternité, qui lui
confirme enfin sa capacité à enfanter, et à se protéger, avec son enfant, des attaques
maternelles.
Sans Pénis pour s'opposer à ce Surmoi, la femme gardera un Moi bien plus
influencé et soumis à son Surmoi, en comparaison avec l'homme.
Le Moi utilise à l'âge adulte un dérivé de ces formations réactionnelles, basée sur
cette toute puissance des excréments maîtrisée, mais également sur le Bon Pénis
et les autres bons objets intériorisés.
D'une certaine manière, la femme n'affrontera pas son Surmoi (autrement que
durant le Stade du Non à l'analité, et éventuellement par les phases du fantasmes
d'incorporation du Pénis). Elle s'y pliera, soit docilement, soit en investissant les
"bonnes activités" de son Idéal du Moi et obtenant ainsi une certaine autonomie.
Mélanie Klein estime ainsi que les réalisations féminines sont directement liées à
l'introjection du Bon Pénis.
***
La gestation
Elle se caractérise d'abord par une forte idéalisation : le bébé devient une
matérialisation de son Idéal du Moi, elle le charge donc de tous ses fantasmes
idéalisés. Le bébé est également assimilé au Bon Pénis, suivant ainsi ses fantasmes
oedipiens inconscients, et donc source d'une intense satisfaction et d'un fort pouvoir
réparateur.
Mais la grossesse est également source d'angoisses qui se ré-actualisent : la peur
d'enfanter d'un bébé difforme notamment, corrompu par ses salissures internes,
l'assimilant aux excréments, revient angoisser la nouvelle mère. Des salissures issues
de ses objets internes mauvais, des attaques du corps maternel (Imago parentale
Indifférienciée et son Mauvais Pénis), etc.
***
La naissance
L'allaitement, et le développement sain de son enfant par son propre lait, contribue
encore un peu plus à lui prouver la solidité de son narcissisme, et ses capacités à créer,
réparer, produire des bons objets, et contrebalançer sa crainte de ses objets internes
mauvais et de sa pulsion de Mort.
Cependant, si elle n'a pas dépassé les peurs oedipiennes, elle peut également
déplacer sa haine et sa peur du Mauvais Pénis sur son enfant, le considérant
comme son ennemi. Un enfant déficient, ou insuffisant à ses yeux, est en effet une
confirmation de sa propre infirmité, une confirmation des attaques de sa propre mère et
de la persistance d'objets mauvais en elle.
15 jours : Elle est souvent en larme, dors mal, mange très peu. La mère est terrifiée, et
n’ose la regarder et s’en occuper.
25 jours : Situation s’aggrave, ayant même des troubles digestifs. La mère est très
angoissée, mais la psy insiste pour qu’elle multiplie les contacts physiques avec sa fille,
notamment la succion de son doigt. Malgré ses réticences, la mère accepte, et Vivianne
se détend très nettement.
120 jours : Vivianne a cessé de regarder sa mère, sauf à une occasion : alors que sa
mère se tenait face au miroir, avec elle, elle a souri et l’a regardé dans les yeux via le
miroir. Une deuxième souci est également apparu : elle ne cesse de se débarasser de
la tétine du biberon, rendant diffile les phases de repas.
La mère s’absente souvent, laissant Viviane seule. Celle-ci cherche à intégrer la
situation via ces deux jeux : jeu du regard, jeu de la bouche. En reproduisant
l’alternance présence/absence que sa mère lui fait subir. On est encore dans une
représentation en action.
Naissance : Elle est née prématurée. Sa mère est très angoissée la concernant : peur
de la perdre (comme un autre de ses enfants à la naissance), peur de ne pas être une
suffisamment bonne mère (elle même a subit un climat familial violent)
60 jours : Héléne pleure beaucoup, angoissant ses parents, qui ne savent jamais
comment la calmer. Au lieu de la réconforter contre les nuisances qu’elle subi (bruits,
fatigue, angoisses...), ils ont les mauvais gestes qui accroissent celles-ci, conduisant à
des crises incontrolables qui angoissent encore plus les parents.
Héléne n’arrive pas à obtenir la baisse d’excitation qu’elle sollicite de ses parents.
Devant ses angoisses et les agressions de l’objet externe, elle demande de l’aide par
ses pleurs. Mais ses parents n’ont pas les bons gestes, sa mère refusant même qu’elle
pleure. Héléne a donc pris l’habitude de refréner ses pleurs, jusqu’au moment où
l’excitation devient si forte qu’elle ne peut plus : d’où de fortes crises de larmes
soudaines.
La mère d’Héléne est terrifiée par ces pleurs. Sans doute car ils impliquent une
perte de contrôle, une situation qu’elle ne sait gérer. Elle voudrait donc une suppression
de ces pleurs, exigeant d’Héléne de ne plus y avoir recours.
C’est d’ailleurs logique : les pleurs d’un nourrisson ont toujours un écho
douloureux pour un adulte. Ils renvoient à notre propre passé de nourrisson, nos
propres angoisses de nourrisson contre lesquelles nous luttions, même si ces souvenirs
sont effacés par l’amnésie infantile.
20 mois : Depuis qu’elle a changé de nourrice, 2 mois avant, Sonia a peur des
hommes ; met régulièrement sa main sur l’entrejambe des femmes qui l’entourent ;
pleurait beaucoup pour ne pas aller chez sa nouvelle nourrice, voir vomissait.
Elle a changé de nourrice depuis, ça va mieux, mais mange peu, dort mal, et
accès de peur réguliers.
2eme séance avec Lemaître : Sonia est beaucoup plus à l’aise, gaie, entrepreneuse,
et son language s’est enrichi. Elle joue de façon normale.
Durant l’une des séances, elle subit une sorte de crise avec un grand état d’excitation,
et va mimer un jeu sexuel avec la trompe d’un éléphant en peluche.
Ici, il ne s’agit pas d’un représentant en action, car Marie ne réitére pas cette
expérience en la contrôlant, mais en la subissant totalement une nouvelle fois. On est
dans une contrainte à agir.