Developpement Psycho-Sexuel de L'enfant

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Freud, comme Mélanie Klein, voient le développement psycho-sexuel de l'individu se

découper en stades. Mais qu'il ne faut pas voir comme distincts et séparés, plutôt
comme un cheminement progressif, avec des blocages ou des retards, et parfois avec
des chevauchements, lorsque les problématiques de l'un ne sont pas encore réglées,
mais que d'autres passent à un stade suivant.

Mélanie Klein a ensuite introduit la notion de position. Elle désigne par là non pas
un stade passager, mais une forme particulière de relations objectales, angoisses et
défenses, qui peuvent persister la vie durant. Des oscillations entre positions peuvent
également être observées, entre régressions et progressions.

Pour Mélanie Klein, on retrouve finalement toute la vie durant les mêmes
problématiques profondes, qui baissent uniquement en intensité, tandis que les
défenses sont de moins en moins radicales.

Ces problématiques sont les angoisses d'un côté, et la pulsion de Mort de l'autre.
Les défenses les plus archaïques seront projection, clivage, déni et introjection, pour
ensuite faire place au refoulement, et enfin aux défenses les plus évoluées: la
sublimation, la réparation et la créativité.

0 8 20 36 mois 5 ans
---------------------------------------- ------------------------------------- ------------------------------
Stade Oral Stade Anal Stade
Phallique/Oedipien

-------------------- ------------------------------------------------------------
Position Position dépressive
schyzo-paranoïde

Ce passage de la sexualité par différents stades pré-génitaux a fait désigner les


enfants par Freud comme des “pervers polymorphes”.

Les courants de la psychanalyse

1) Freud

Freud fut l'éléve de Breuer, médecin qui s'intéressa à l'hystérie. Breuer en tira la
conclusion que certains symptômes sont la conséquence d'expériences émotives
rrefoulés, qu'il pouvait guérir avec l'hypnose en les faisant revivre au patient. D'autres
médecin, comme Charcot, devinaient l'origine sexuelle de troubles hystériques, sans
pour autant la théoriser.

Freud développa donc ses théories après de nombreuses analyses, et fit des
conférence fin 19eme siècle, et publia ses premiers ouvrages au tout début du Xxeme
(Interprétation des rêves, le cas du petit Hans, etc). Ce fut la traversée du désert, sans
aucun partisan, et peu de réaction, sinon de le perçevoir comme un excentrique.
En 1902, les premiers médecins convaincus par l'approche psychanalytique se
rapprochent de Freud, jusqu'en 1908, date du premier congrès international de
psychanalyse. Durant ces années, le nombre de partisans grossit (Rank, Fenenczi,
Jung, Adler, Bleuler...), les publications se multiplient, en Suisse un Institut dédié à la
thérapie psychanalytique est créé... Le débat autour de la psychanalyse prend une
nouvelle ampleur, avec des affrontements très rudes, et de plus en plus sérieux.

En 1910 est fondé l'Association Psychanalytique Internationale. Afin que la


psychanalyse se détache de sa personne (et sans doute de ses origines juives) qui
cristallisait les critiques, Freud en refuse la présidence, qui est laissé à Jung, jeune
disciple. Une revue officielle est créée, et un système de groupe représentatif par pays
est fixé (Autriche, Suisse, Allemagne originellement, puis Etats-Unis, Royaume-Uni,
etc).

2) Les dissidents : Adler et Jung

En 1911, Adler se démarqua des théories de Freud, en insistant sur le rôle du Moi,
sur les pulsions du Moi, et en minimisant l'importance des pulsions sexuelles. Freud lui
demande alors de démissionner de son poste de rédacteur de la revue officielle, ce qu'il
fait, pour fonder “l'Association pour la libre Psychanalyse”. Il fonde une nouvelle
psychologie, la “psychologie individuelle”, qui insiste sur la “soif de virilité” du Moi, sorte
de pulsion fondamentale, ou “pulsion d'agression”, moteur principal qui guiderait et
expliquerait les choix individuels. La faiblesse de la femme serait une donnée innée dès
l'enfance, et structurerait les comportements humains. La névrose serait une
conséquence d'un déficit de cette pulsion. Freud note que le refoulement, comme la
conception de l'amour et des pulsions sexuelles, sont résolument ignorés dans sa
théorie, qui se structure autour de la pulsion d'agression, de la recherche de virilité, et
d'un Moi pouvant être puissant et apte à maîtriser la psychée.

En 1912, c'est Jung qui annonce à Freud avoir “révolutionné” la psychanalyse, et


avoir fait des découvertes importantes. Avec ses fidèles, et contrairement à Adler, ils
disputent à Freud le titre de “vrai psychanalyse”. Le complexe d'Oedipe est remplacé
par une notion quasi-religieuse symbolique (la mère étant l'inatteignable auquel il faut
renoncer, le père étant les normes intérieures dont il faut s'émanciper), le conflit
névrotique par un conflit existentiel (la vie contre l'inertie), tandis que la libido est elle-
même remplacée par une notion que Freud ne parvient même pas à retranscrire. Freud
estime que cette construction n'a en fait qu'un but : réconcilier les observations issues
des analyses, avec la morale et la religion, dont Jung et autres psychanalystes suisses
ne pouvaient accepter la remise en question. Cette dernière garde un caractère absolu
et sacré dans la théorie de Jung. L'un de ses patients, selon Freud, racontait que ses
thérapies ressemblaient surtout aux prêches d'un prêtre à son fidèle venu se confesser,
avec des injonctions à se moraliser.

Généralités
• Les actes manqués

a) Le lapsus

Il s'agit le plus souvent d'erreurs dans le discours, par exemple par des
interversions de mots, par des contractions de mots, ou encore lorsque le mot n'est pas
placé au bon endroit dans la phrase.

Mais également d'erreurs d'écriture (de même nature que les erreurs dans le
discours), de fausses lectures (le plus souvent, le sujet remplace un mot par un autre),
ou encore de fausses auditions (de même nature que les fausses lectures).

Une intention perturbatrice vient s'opposer à l'intention énoncée par le


discours/écrite/lue ou entendue.

Cette intention perturbatrice est parfois connue du sujet (il sait qu'il déteste son
patron, et que cette émotion est à l'origine de son lapsus) et précéde l'intention énoncée
par le discours/écriture/la perception (il a eu des pensées négatives sur son patron juste
avant son discours). Mais elle n'a parfois pas précédée immédiatement ce
discours/ecriture/perception, et n'est parfois pas même consciente.

Freud estime donc que ces lapsus sont dans ces derniers cas une manifestation de
l'Inconscient venant perturber le discours du sujet. Mais dans les trois cas, il a eu un
refoulement de l'intention perturbatrice, mais un refoulement plus ou moins fort,
allant jusqu'à l'Inconscient dans le dernier cas. Il s'agit donc également d'un cas de
retour du refoulé.

b) L'oubli

Il s'agit très souvent d'oubli de projets, ou d'oubli de prénom, de nom propre...


Mais également d'oubli de discussions, de tel ou de tel évênement... Il s'agit ici aussi de
la manifestation d'une intention perturbatrice inconsciente : un non-vouloir pour un
projet, qu'au fond on ne désire pas, mais pour des motifs inconscients; ou encore un
nom propre rappellant un souvenir refoulé angoissant, générant une intention d'oublier
ce nom propre, afin d'éviter le souvenir alors inconscient de ces sensations pénibles.

Dans ce dernier cas, c'est l'idée qu'un lien symbolique relie ces souvenirs
pénibles avec ces noms propres, les attirant eux aussi dans l'Inconscient après le
refoulement de ces souvenirs.

L'oubli des sensations désagréables est un phénomène universel : de nombreuses


études montrent que les mauvais souvenirs sont facilement oubliés, et que le passé
n'était qu'une suite de bons moments. Même si paradoxalement, certains évênements
traumatisants hantent au contraire le sujet. Pour Freud, il faut se rappeler que la
psychée est un lieu de conflits entre plusieurs tendances, dont cette "tendance à
l'oubli" des évênements désagréables, tendance qui ne l'emporte pas fortement.

c) La méprise

La méprise – dans le cas où elle est heureuse – est souvent un moyen de réaliser
un désir inconscient. Cette réalisation prend juste le masque d'un "heureux hasard".
La méprise peut également être une manifestation d'un masochisme inconscient (la
méprise est réellement nuisible, ou encore blesse ou met en danger, et pourtant a été
provoquée, inconsciemment, pour des raisons elles aussi inconscientes).

• Le rêve

Le sujet est habité par une "tendance au sommeil", une tendance biologique, qui
semble consister en un repli en soi, loin du monde extérieur. Pour Freud, il s'agit de re-
créer la situation intra-utérine : chaleur, obscurité, et absence d'excitation. La position
quasi-foetale que beaucoup adoptent est également un indice.

Le rêve serait un mécanisme servant à protéger le dormeur de toute excitation,


afin de garantir son sommeil. En transformant toute excitation (désir, sensation
physique, etc) en images et en fantasmes, liés symboliquement. A l'image du
lapsus, le rêve est un compromis entre des excitations (désir, angoisse...) et la
tendance au sommeil.

Une notion ou un nom propre sera également représenté par une image, c'est la
figurabilité : si nous avons parfois perdu le souvenir de l'image qui est à la source de
tel nom propre, notre inconscient lui s'en souvient. Cette image va ainsi remplacer
l'expression de la notion ou le nom propre dans le rêve.

Ainsi, des expériences furent menées sur des dormeurs : faire sentir une eau de
cologne (rêve d'un voyage dans un pays étranger), pincements (rêve d'un accident),
gouttes d'eau au visage (rêve de chaleur moite et d'eau), faire sonner un réveil (rêve
d'une sonnette, qui s'insére dans le rêve en cours). Des personnes ayant été affamées
ou assoiffées font état de rêves de nourriture ou de boisson.

a) Le sommeil du Moi-Vigile conduit à un affaiblissement de la censure, et


donc à un retour d'éléments refoulés de l'Inconscient à la Conscience

On distingue en clinique 3 états : celui éveillé, celui du sommeil profond (sans rêve,
sorte d'état néant dans la philosophie indienne) et celui du sommeil paradoxal (le
sommeil du rêve).

Après le sommeil profond, durant le sommeil paradoxal, les activités psychiques


reprennent, mais avec un affaiblissement de la censure, et des défenses du Moi,
conduisant à un retour à la conscience de représentations refoulées,
inconscientes.

Ces représentations peuvent être diverses : désirs refoulés et inavouables, peurs et


angoisses profondes devenues inconscientes, ou encore souvenirs, infantiles ou non,
refoulés pour diverses raisons.

La réalisation hallucinatoire de désirs conscients produit des rêves agréables :


érotiques, de grandeur, etc.

Les rêves pénibles peuvent avoir plusieurs origines :


-Lorsqu'il est la manifestation d'un désir inavouable et refoulé, car il génére
également une culpabilité, une angoisse. C'est la première explication que fournit Freud
aux rêves d'angoisses. Le désir refoulé s'est avéré plus puissant que la censure, et le
constat de l'existence et de la force de ce désir inavouable génére l'angoisse.

-Lorsqu'il est la manifestation d'un désir de punition, de sanction, expression du


Surmoi. La gêne, la peur de cette punition désirée, provoquent la pénibilité de ce rêve.

-Lorsqu'il intervient dans une dynamique de contrainte de répétition. La répétition


hallucinatoire d'un traumatisme, ou d'éléments liés symboliquement à ce traumatisme,
sont des tentatives de liaison par la pulsion de vie de ce traumatisme au reste de
l'appareil psychique, de l'intégrer à la psyché pour le dépasser ("représentations en
action" de Lemaître).

L'apparition de ces rêves d'angoisses, par l'affaiblissement de la censure durant le


sommeil, peut être à l'origine des insomnies : la peur de s'endormir de crainte de les
subir.

b) Le rêve: Un moyen de suppression des excitations psychiques durant le


sommeil, par une satisfaction hallucinatoire, et un compromis entre les désirs et
peurs internes, les restes diurnes, et la censure

Le rôle du rêve va être la décharge des pulsions/angoisses/mécanismes répétitifs,


sous une forme hallucinatoire, de manière symbolique, afin d'éviter le réveil. Le
sommeil paradoxal est une solution du Moi pour éviter le réveil malgré l'existence de
tensions empêchant le sommeil profond.

Les rêves vont être une articulation entre trois données: les excitations internes
(angoisses, désirs...), la censure (encore active), et les restes diurnes.

Les pensées latentes (tous ces contenus bruts) vont alors donner le contenu
manifeste (le rêve lui-même), par le travail de l'élaboration du rêve. Cette élaboration
se fait selon 5 procédés : la figurabilité, les lacunes, les condensations, la
rationnalisation, et les déplacements.

1) La censure étant encore active, elle va d'abord s'exprimer en forçant les


éléments refoulés à s'exprimer par allusion, par des éléments représentant
symboliquement ces éléments refoulés. Dans l'Inconscient, ces éléments refoulés vont
ainsi subir des déplacements. Par le déplacement, un élément latent, susceptible
d'être refoulé par la censure, est remplacé par un autre élément l'évoquant, par un lien
symbolique, mais qui lui passera la censure.
La censure n'atteint son but que lorsqu'elle réussit à rendre introuvable le chemin qui
conduit de l'allusion à l'élément refoulé.
Les associations et les liens symboliques entre représentations peuvent être
inconscients, d'où l'incompréhension du sujet lorsqu'il comprend qu'une représentation
a été remplacée par une autre qui n'avait pour lui aucun lien. Mais un lien existe, dans
son Inconscient, et trouvant sa racine dans le passé du sujet.

2) Les pensées latente vont s'exprimer dans le rêve par des allusions symboliques
sous forme d'images, y compris les notions ou les noms propres. Cette transformation
d'idées en images, c'est la figurabilité.
Cette transformation n'est pas obligatoires : certaines idées apparaissent à titre de
connaissance dans le rêve. Mais cette figurabilité de pensées latentes est un élément
important dans la formation du rêve.
Les liens symboliques peuvent rendre ce lien idée-image totalement
incompréhensible pour la conscience, signe que la censure atteint son objectif. Le
symbolisme des rêves peut ainsi conduire à représenter la notion du rapport sexuel, par
l'image d'un escalier qu'on descend.
Une même image peut être le résultat de la condensation de plusieurs notions,
rendant l'interprétation encore plus complexe.
La négation d'une notion est traitée de la même manière : par la représentation
visuelle d'un symbole de cette dernière. La seule manière de comprendre cette
négation passe donc par l'interprétation du contexte, donc de tout le rêve.
Cette figurabilité peut trouver son origine dans une idée simple : à l'origine, on ne
perçoit que des impressions sensorielles. Ce n'est que peu à peu que le sujet associe à
ces impressions sensorielles des concepts. Le rêve provoquerait une régression,
faisant revenir les concepts à leurs racines visuelles et sensorielles.

3) La censure s'exprime parfois d'une seconde manière qu'avec ces allusions : par
des lacunes, c'est-à-dire des "blancs", ou des "flous", dans le rêve. Freud relate ainsi le
rêve d'une femme, dans lequel elle propose à plusieurs hommes des relations sexuelles
: si la proposition est équivoque pour tous, les mots exacts que formule la dame dans
son rêve sont couverts d'un murmure. La suite du rêve l'amène à suivre l'un de ces
hommes dans un long escalier qui n'en finit pas...

4) Enfin, la censure va également conduire à des condensations : Les éléments


refoulés se regroupent au fur et à mesure des déplacements, pour s'exprimer par une
allusion condensant symboliquement à plusieurs éléments refoulés. Le contenu
manifeste du rêve est une condensation des pensées latentes. Certains éléments
latents sont soit éliminés, soit sont fragmentés par la censure, soit sont fondus en un
seul élément.
Par exemple : un personnage du rêve cumulant les traîts de plusieurs personnes, un
lieu du rêve évoquant plusieurs endroits, etc.

5) Après cette déformation, le rêve va être rationalisé, pendant et après le sommeil.


C'est ce qui fait que malgré son contenu incompréhensible, une "trame" avec un
minimum de logique et de continuité existe. Durant le sommeil, le rêveur construit
donc lui-même "l'histoire du rêve", en reliant comme il peut tous les éléments
disparates issus des pensées latentes s'exprimant, déformées, malgré la censure : c'est
l'élaboration secondaire. Le résultat sera ce "contenu manifeste" du rêve.

Au réveil, la rationnalisation, et le retour d'une censure entière, vont déformer


encore un peu plus le rêve : le souvenir que le dormeur en a n'est pas exactement le
rêve tel qu'il l'a rêvé.

Car Freud remarque que cette censure est l'expression du Surmoi du sujet éveillé :
les exigences morales du sujet confirment systématiquement le sens de cette censure.

Inversemment, les désirs réprimés par cette censure, et qui parviennent à s'exprimer
tout de même dans le rêve de manière déguisée, sont des désirs foncièrement égoïstes
et amoraux : instinct sexuel sans limite, haine, tournés parfois vers le cercle familial,
avec des allusions plus ou moins claires (parents notamment).

Freud relève également, confirmant ces théories, que plus le désir est répréhensible
moralement, et inconscient, plus la censure est forte, et le désir difficilement décelable
dans le rêve.

Le manque de clarté, les incertitudes, les oublis, et la rationnalisation d'un rêve


au réveil sont tous provoqués par la censure, qui s'exprime avec plus de force au réveil.

c) Exemples d'interprétation de rêves

Le rêve : Une famille est assise autour d'une grande table, table identique à celle
possédée par la propre famille du rêveur. Le rêveur comprend que plusieurs tensions et
conflits existent entre les membres de cette famille fantasmée.
Analyse: le patient a comme nom de famille "Tischer" (Tisch = table), et la table est
identique à celle de sa famille. Pour Freud, ce rêve exprime les conflits que le rêveur
connaît, inconsciemment, entre les membres de sa famille. Les traîts de sa famille sont
changés par la censure, mais la table rappelle symboliquement que c'est bien de la
sienne dont il s'agit.

Le rêve : Elle est avec son mari au théatre, mais de nombreuses places sont vides.
Son mari lui fait remarquer qu'un couple d'amis voulaient également venir, mais qu'il ne
restait que de mauvaises places (3 places à 1fr 50), qu'ils ont refusés. La rêveuse se dit
alors que ce n'est pas un grand malheur.
Analyse : Plusieurs éléments sont issus des restes diurnes : on lui a annoncé peu
avant le rêve que couple d'amis en question, du même âge qu'eux, allait se marier. La
semaine précédente, elle était effectivement au théatre avec son mari, elle avait réservé
en avance en payant au prix fort, alors même que de nombreuses places s'avérérent
être finalement libres. Sa belle-soeur a reçu de son mari la somme de 150 fr, qu'elle a
dépensé hâtivement en bijoux. Rien n'explique les 3 places, pour deux personnes, qui
ont été refusées par le couple d'amis, si ce n'est que son amie est plus jeune de 3 mois
qu'elle.
Pour Freud, un notion est omniprésente, sous forme figurative : la notion de "trop tôt",
"en avance", "hâte". L'idée principale de ce rêve, idée inconsciente, est "ce fut absurde
de me marier aussi tôt". D'où, avec la déformation, un rêve où elle a avec son mari, de
manière absurde et hâtive, réservé des tickets pour le théatre, et où s'imbriquent des
allusions à des éléments diurnes reliés à l'idée principale du rêve (le couple d'amis
mariés plus tard que eux, ce qui "n'est pas un grand malheur", l'argent et le nombre
3...).
La notion d'absurdité par exemple s'est illustrée par ces "3 places pour deux
personnes". La notion de hâte, par tous les éléments ci-dessus.
Les idées inconscientes qui se manifestent sont ses regrets d'avoir choisit aussi tôt son
mari, qu'elle aurait pu avoir mieux, mépris pour son mari.

d) Les rêves des enfants

Les rêves des jeunes enfants (jusqu'à 5-6 ans) sont caractérisés par leur clarté, là où
les rêves des adultes sont très souvent complexes et déformés. Pour Freud, c'est bien
que la déformation du rêve n'est pas naturelle, mais une caractéristique acquise
peu à peu. Pour Freud, chez les enfants, le contenu manifeste et les pensées latentes
sont, à peu près, identiques : le rêve chez l'enfant, bien souvent, n'est que la réalisation
fantasmée d'un désir de la veille. Le désir insatisfait est la seule excitation qui vient
troubler le sommeil, et auquel le rêve a à répondre. (Mélanie Klein modifiera cette
conception).

e) Le symbolisme des rêves

Freud relève comme un certain nombre de liens symboliques entre certaines


représentations sont universelles. Certains désirs ou représentations refoulées, et qui
ne peuvent s'exprimer pleinement durant le rêve, s'expriment fréquemment avec les
mêmes symboles, qu'on retrouve donc chez de nombreux rêveurs, mais également
dans les contes, les légendes, la poésie et autres expressions typiques.

Ces liens symboliques sont inconscients pour le sujet. Freud parle même d'une
"impression d'un mode d'expression ancien, mais disparu, sauf dans quelques restes
disséminés dans différents domaines". Ce symbolisme est un autre facteur de
déformation des rêves, rendant encore un peu plus complexe leur interprétation.

La maison représente symboliquement, et régulièrement, la personne humaine


dans ses multiples aspects : le corps, la naissance, la mort (maison en ruine...), la
nudité, la famille... Le corps de la femme, par un vase (tel dans le Nouveau
Testament), une maison (la porte représentant l'ouverture du vagin; On retrouve
l'expression "il y a du monde au balcon" pour parler des seins d'une femme), ou encore
un bateau.

Les rois et les reines, ou autres figures d'autorité absolue, représentent le père et
la mère. Dans les familles, comme usage typique, le terme "petit prince" ou "princesse"
est fréquemment utilisé par les parents pour parler des enfants.

La naissance est typiquement représentée par l'eau (avec l'eau de notre vie intra-
utérine). Les frères et soeurs, par la vermine ou les petits animaux. La mort, par un
départ en voyage.

Les symboles représentants typiquement les organes génitaux et les actes ou


rapports sexuels sont extrêmement nombreux :

Canne, baton, couteau, fusil, revolver, robinet à eau, crayons, ou tout objet
symbolisant la puissance virile (avion, voiture en mouvement...) symbolise le Pénis.
Egalement les réptiles, dont les serpents. Ou encore des machines complexes,
représentant la puissance virile, les champignons (dont la forme rappelle la bourse et le
pénis)

Les objets présentant une cavité pour symboliser le Vagin : mine, fosse, caverne,
vase, boîte, bateau, et surtout chambre à coucher, pièce composant la maison, elle
même représentation par excellence du corps féminin. Ou encore les escargots ou les
coquillages dans le monde animal. Les seins par des pêches ou des pommes. Ou
encore le sexe féminin par des paysages, avec forêts, rochers, etc. Egalement par le
tissu, le métier à tisser, et autres activités féminines.

Le rapport sexuel est symbolisé par les escaliers qu'on monte ou descend, ou
encore la danse ou l'escalade, ou l'acte d'ouvrir une serrure avec une clef, ou encore un
feu de cheminée (le foyer pour le vagin, le feu pour le pénis), et par le labourage d'un
champ par une charrue (organe féminin, labouré par le pénis). Le viol, typiquement par
l'agression à l'arme blanche.

La castration est elle typiquement symbolisée par l'arrachage d'une dent.

La représentation symbolique de la sexualité et des organes génitaux est la plus


complexe, non seulement en raison de la multiplicité des symboles, dont la liste n'est
pas exhaustive, mais aussi par les permutations possibles. Dans certains cas, Freud
relève que le symbole utilisé typiquement pour le Pénis représente plutôt le Vagin... Les
liens symboliques entre les organes génitaux (tel que le Mauvais Pénis lié au Vagin
dans la théorie Kleinienne) viennent complexifier l'interprétation des rêves.

Une autre explication a cette prédominance de la sexualité, est l'apport d'une


contribution de Sperber, linguiste. Pour lui, les besoins sexuels ont joué un apport
important dans la naissance et le développement de la langue : les premiers sons
articulés servaient essentiellement à la recherche du partenaire et à la réalisation de
l'acte sexuel. Puis la langue s'est ensuite déplacée sur l'organisation du travail, au fur et
à mesure que l'humanité évoluait, travail dont la rythmique répétitive évoquait la
sexualité. De nombreux mots se sont donc détachés de leur signification sexuelle, pour
l'appliquer au travail. Pour Freud, ces racines sexuelles contribuerait à expliquer les
liens entre organes génitaux et outils, rapports sexuels et activité de travail, etc.

• La première théorie des pulsions : Libido et pulsions du Moi

Sa première théorie comprend deux types de pulsion : la libido, et les pulsions du


Moi.

La libido désigne la force avec laquelle se manifeste l'instinct sexuel. Elle est
d'abord liée à la pulsion de la faim et de la soif (le plaisir ressenti par l'acte de se
substenter est le seul), avec le sein de la mère comme son premier objet, avant d'être
auto-érotique (son objet devient une partie du corps du sujet) et de se diversifier dans
les différents plaisir d'organe (plaisir oral avec la succion, anal ensuite, puis avec les
organes génitaux). Pour satisfaire sa libido, et ressentir toujours plus de plaisir, l'enfant
s'organise pour profiter toujours plus de ce plaisir d'organe.

Les contraintes du monde extérieur vont cependant représenter un obstacle


déterminant. Au nom de la civilisation, les adultes l'entourant vont réfréner ses désirs,
lui apprendre honte et dégoût.

La libido acquiert comme forme finale le coït avec l'individu de sexe opposé, dans le
but de procréer. Toute autre forme de sexualité, dont l'objectif est la recherche de
plaisir, est définie comme étant perverse par Freud. A différencier de la sexualité
perverse, qui désigne la subordination de tout plaisir sexuel à la réalisation d'un acte
pervers précis (“tyrannie organisée” de la tendance partielle perverse sur les autres).

Toute tendance sexuelle, composante de la libido, peut être amenée à une fixation
à l'une de ses étapes (Pour Freud, il s'agit du fait pour une tendance partielle de
s'attarder à l'une de ses phases). Freud désigne cette qualité pour la libido à rester
partiellement attachée à un des ses anciens buts comme sa “viscosité”.

Lorsque cette tendance partielle se heurte ensuite, dans la réalisation de sa


satisfaction, a des obstacles extérieurs, causant une privation, elle opérera alors une
régression sur l'une des phases sur laquelle il a eu fixation. Plus la fixation a été forte
au cours du développement, plus il sera difficile pour cette pulsion sexuelle de faire face
aux difficultés extérieures, et plus elle régressera sur cette phase antérieure pour leur
échapper.

Les pulsions du Moi, Freud théorise leur existence avec l'étude des névroses. Il
s'agit aussi bien des tendances à l'auto-conservation, des tendances à éviter tout
désagrément, que des exigences du Surmoi. Dans sa première théorie, la névrose est
donc un conflit entre libido et pulsions du Moi (comme expression du Surmoi), pulsions
du Moi qui provoquent également le refoulement (pour éviter les désagréments de
l'angoisse de castration et de la frustration), puis les symptômes névrotiques (par défaut
lors du retour du refoulé, afin de limiter les désagréments). Les pulsions d'auto-
conservation (faim, soif...) en font partie, et sont distinguées des pulsions sexuelles.
Même si la libido peut se rattacher au Moi (Narcissisme), il n'y a pas transformation de
l'une en l'autre.

• Le Moi, le principe de plaisir et le principe de réalité

La maturation et le développement du Moi ont une grande influence dans le


développement d'une pathologie. Un Moi dont le Surmoi est peu exigeant (par exemple
en étant élevé dans une famille peu stricte) et suffisamment mature pour refouler
efficacement les désirs oedipiens sera bien moins susceptible de conduire à une
névrose qu'un Moi peu mature doté d'un Surmoi terrifiant, strict et puritain.

Tout notre appareil économique, et donc le Moi, n'a qu'un objectif selon Freud : la
recherche de plaisir, et éviter le déplaisir. C'est le principe de plaisir.

Ce plaisir réside dans l'abaissement, jusqu'à cessation, de toute excitation externe


ou interne dans l'appareil psychique, y compris les tensions générées par la libido. La
satisfaction des pulsions est donc une condition du plaisir, et par conséquent fait partie
des objectifs du Moi.

Mais sous la pression des contraintes externes, le Moi va adapter ce principe de


plaisir, par le principe de réalité, sous l'influence des pulsions d'auto-conservation
: son objectif est toujours la recherche de plaisir, mais en prenant en compte les
contraintes externes, et donc de la nécessité de différer ou de modifier les exigences de
ses pulsions. Freud souligne notamment que les pulsions sexuelles restent les
pulsions les plus difficilement “éducables” par le principe de réalité. En outre, que
ce soient pour ces dernières ou pour d'autres, il arrive fréquemment que le principe de
plaisir l'emporte sur le principe de réalité, poussant le Moi à obtenir satisfaction au
détriment de l'ensemble de l'organisme.

Ce passage du principe de plaisir au principe de réalité, c'est la maturation du Moi


qui le permet. Mais Freud estime que comme la libido qui peut être amenée à
régresser, le Moi peut régresser dans son développement et se replier sur ce principe
de plaisir. Le fantasme permet alors à l'homme de se replonger dans le principe de
plaisir, et d'éviter les difficultés externes, en quelque sorte de continuer à jouïr d'une
liberté à laquelle il a du renoncer dans la vie réelle.

De là découlent les “rêves éveillés”, les fantasmes de grandeur, d'érotisme, etc.


• Le Narcissisme

Dans l'auto-érotisme, la libido se tourne vers une partie du corps du sujet. Cette
libido tournée non pas vers un objet externe, mais vers le Moi lui-même, Freud le
désigne comme le Narcissisme. Ce narcissisme est une étape de la sexualité, avec
l'auto-érotisme, étape que Freud nomme le “narcissisme primaire”.

Le mécanisme de ce narcissisme primaire, sorte de chemin employé jadis par la


libido du sujet, peut se retrouver à l'âge adulte dans certaines pathologies : la libido
régressant suite à un refoulement, retrouve ce vieux mécanisme du narcissisme
primaire, et s'en sert. Tel est le cas dans l'hypocondrie (la libido se transforme en
angoisse, qui se focalise sur le corps), mais aussi dans la psychose (la libido,
prisonnière dans le Moi, est à l'origine des phases maniaques et des manies des
grandeurs). Freud désigne la réutilisation de ces mécanismes comme un “narcissisme
secondaire”.

• L'Amour

L'état amoureux consiste en un investissement objectal. Un investissement avec


une caractéristique précise : la projection d'une image est faite sur cet objet
externe. Cela peut être l'image de ce que l'on souhaiterai être, de ce qu'on a été, ou de
ce que les figures parentales idéalisées ont pu être.

• Sublimation et pulsions à buts inhibés

La sublimation est une conséquence de la privation : la libido, privée de


satisfaction, va se tourner vers des buts sociaux qui symbolisent son but intial, lui
permettant enfin d'être satisfaite. Pour Freud, cette capacité du Moi à désexualiser
l’Eros, afin de la satisfaire par voies détournées, est appliquée pour la première fois lors
du narcissisme primaire, qu’il voit comme une forme de sublimation : la libido tournée
vers l’objet externe est réorientée vers le Moi, et désexualisée.

La sublimation fonctionne par l'abandon du but d'une pulsion, et son remplacement


par un autre, plus réaliste. Il n'est possible que lorsque l'objet de ce but a été introjecté,
et lorsque le Moi en a fait le deuil.

Freud souligne que la sublimation est toujours limitée : un sujet ne peut satisfaire par
ce biais là l'intégralité de sa libido, et cesser toute activité sexuelle sans générer de la
frustration. La quantité de libido qu'un sujet peut sublimer est variable d'un individu à
l'autre.

La sublimation peut facilement être utilisé par le Moi d'un névrosé doté d'une bonne
intelligence et d'un certain raffinement, afin de faire office de l'un de ses symptômes
névrotiques. Une partie des désirs qui ne parviennent pas à être refoulés peuvent ainsi
être canalisés par la sublimation.

André Green estime de plus qu’une pulsion peut s’auto-inhiber. C’est selon lui
l’origine de la tendresse (inhibition des pulsions sexuelles). Ces pulsions à buts
inhibées sont donc souvent liés au même objet qu’avant leur inhibition. Alors que des
pulsions non inhibées, devant le risque de refoulement ou le principe de réalité,
pourront utiliser des changements d’objets pour se faire accepter.
Pour André Green, l’origine des pulsions à buts inhibés peut aussi être trouvée dans
l’influence de l’Idéal du Moi. La jouissance narcissique, l’orgueil, tiré lorsque le sujet
renonce à l’accomplissement complet de sa pulsion, permet de contrebalancer la
frustration pulsionnelle.

• L'angoisse

Freud différencie l'angoisse réelle, née de la perception d'un danger externe (peur
face à un agresseur armé, etc), et l'angoisse névrotique (née de la peur de la castration
et d'une libido inemployée, de la peur de l'Imago Parentale Indifférenciée pour Mélanie
Klein, pour des désirs interdits).

Il estime, dans “Introduction à la Psychanalyse”, que l'angoisse des enfants est


analogue à l'angoisse névrotique : elle est issue d'une libido inemployée, qui se
transforme en angoisse projetée sur des éléments de son entourage. L'angoisse réelle
(peur de se faire mal, etc) est absente, jusqu'à des expériences personnelles, ou dictée
par l'éducation.

Il soulève également la possibilité d'une angoisse originelle, l'angoisse de la


naissance, née du choc d'être arraché d'un environnement parfait, pour être jeté dans
un environnement générant frustrations et douleurs. Rank reprendra cette théorie, la
poussant plus en avant, en estimant que les angoisses ultérieures se rattachent
forcément à cette angoisse originelle.

• La deuxième théorie des pulsions : Le jeux de la bobine et la pulsion de


Mort

La première théorie des pulsions met en exergue le principe de plaisir : la présence


d'une quantité d'excitation née de la libido et des pulsions du Moi, dont l'accumulation
conduit au déplaisir, et dont la décharge provoque le plaisir. Le Nirvana est ainsi décrit
comme le niveau d'excitation nul.

Dominé par ce principe de plaisir, le Moi a donc pour unique fonction d'atteindre un
niveau d'excitation le plus bas possible, en s'adaptant à la réalité (principe de réalité).

Et pourtant, Freud relève, dans “Au-delà du principe de plaisir”, que les


comportements du Moi observés chez tout individu ne visent pas uniquement cette
décharge, ne produisent ou ne conduisent pas forcément au plaisir. Certains
comportements obéissent à une autre logique. D'autres tendances s'opposent donc
au principe de plaisir au sein du Moi, et parfois l'emportent sur celui-ci.

Tel est le cas pour le principe de réalité : le Moi se contraint parfois à des situations
de déplaisir, pour obtenir satisfaction plus tard.

Tel est également le cas pour la situation névrotique : des pulsions ont été refoulées.
En accord avec le principe de plaisir, elles cherchent à être satisfaites, mais leur
satisfaction produit des sentiments de honte ou de culpabilité, et donc des situations de
déplaisir.

Dans ces deux cas, le principe de plaisir reste cependant dominant : la première
théorie des pulsions n'est pas contredite.

Trois observations vont cependant faire évoluer cette première théorie :

- Les mécanismes répétitifs dans les névroses traumatiques, tels que les rêves
d'angoisses.

-Le jeux de la bobine observé chez son petit-fils Ernst. Calme, âgé d'un an et demi,
attaché à sa mère qu'il laissait cependant disparaître sans difficulté, il avait l'habitude de
jeter ses jouets loin de lui avec plaisir, mais surtout de jeter et faire revenir à lui un objet
attaché à une corde (une bobine). Le plaisir était d'abord dans la disparition du jouet,
mais surtout dans sa réapparition, dans le cas de la bobine.

Par ce jeux, l'enfant pourrait traduire son renoncement pulsionnel (laisser partir sa
mère) afin de trouver un plaisir différé (retour de sa mère) : c'est l'adaptation au principe
de réalité.

Mais pourquoi faire si souvent la première partie du jeux (jeter au loin un jouet),
alors que la perte sans le retour devrait être source de déplaisir ?

Freud en tire la conclusion de l'existence d'une autre tendance chez Ernst : la haine
de sa mère, et l'identification à l'agresseur. En se débarrassant de ses jouets avec
plaisir, il manifeste son animosité devant l'abandon maternel, et son plaisir à disposer
lui aussi du pouvoir d'abandonner autrui. C'est une pulsion d'emprise pour Freud : en
re-créant une situation qu'il a subi, mais en ayant cette fois un rôle actif, il jouït du plaisir
de posséder ce pouvoir, et de l'utiliser pour se venger fantasmatiquement.

Freud fait ainsi le parallèle avec de nombreux jeux d'enfants, dans lesquels des
situations désagréables (dentiste, agression physique, punition...) qu'ils ont subies sont
recréées, en ayant cette fois la position de l'agresseur, la victime étant fantasmée ou
étant un partenaire de jeux (partenaire de substitution). Ces jeux sont alors
paradoxalement source de plaisir, alors mêmes qu'ils évoquent des situations
désagréables, que les enfants devraient chercher à éviter par des mécanismes
d'évitement.

-La contrainte de répétition de situations désagréables. Freud reléve lors de ses


analyses que plutôt que de se souvenir d'une situation refoulée, le patient dans un
premier temps répéte la situation refoulée en la transférant à une situation actuelle,
parfois sur son analyste.

Ainsi, le sentiment d'abandon, ou encore la peine générée par des punitions


parentales, des paroles dures, ou encore la frustration liée au complexe d'Oedipe, sont
répétées par de nombreux sujets. Certains s'attachent ainsi à des partenaires dont ils
n'obtiendront jamais satisfaction, d'autres cherchent à s'attirer récriminations et critiques
d'autrui, parfois de leur analyste, etc.

• L'amnésie infantile

Les 5-8 premières années de l'enfance ne laissent que peu de traces dans la
mémoire de l'adulte, alors même, relève Freud, que la mémoire étant moins
surchargée, devrait être bien plus réceptive durant ces premières années.

Seuls restent pourtant certains souvenirs, la plupart du temps très anodins, alors
même que les évênements de notre vie adulte que nous mémorisons le mieux sont les
plus exceptionnels ou sortant de l'ordinaire.

Pour Freud, l'explication serait que comme chez l'adulte, l'enfant mémorise en
priorité les évênements marquants. Mais par des processus identiques à ceux de la
déformation du rêve (déplacement et condensation), ces souvenirs d'évênements hors
du commun sont masqués par d'autres souvenirs d'évênements anodins. Il nomme ces
derniers "souvenirs de couverture".

• Développement neurologique et psychanalyse

Le développement neurologique du nourrisson s'intègre dans la théorie


psychanalytique.

Dès les premiers mois, le développement de l'intelligence et de la mémoire est un


des éléments qui permettent au nourrisson d'introjecter des représentations (il garde
souvenir des objets externes et peut donc les imaginer), et également plus tard d'unifier
les objets partiels en objets totaux (il comprend que les représentations d'objets partiels
sont en fait différentes perceptions d'un même objet).

• Cure psychanalytique et résistance à l'analyse

Pour Freud, le but de la cure psychanalytique est de rendre conscient des contenus
inconscients à l'origine de symptômes.

Freud constate lors de ses analyses que ses patients font preuve d'une résistance
intellectuelle aux explications psychanalitiques. Même s'ils acquiescent et estiment
cela possible, tant qu'ils ne sont pas eux même parvenus à la même conclusion par leur
propre cheminent logique, les explications issues de l'analyse sont sans effets sur les
symptômes.

La resistance peut aussi s'exprimer par ses réticences à parler de certains sujets,
alors même qu'il s'était engagé à tout dire à l'analyste. Il utilisera alors des silences, des
omissions, parlera d'évênements arrivés à des tiers pour aborder une expérience
pourtant personnelle, etc.

Il s'agit au final d'une défense du Moi du patient, qui cherche à préserver l'équilibre
atteint par les symptômes. Il rejettera ce qui le perturbe avec tous les moyens à sa
disposition (mauvaise foi, argumentations, etc), et au contraire adhérera immédiatement
à tout ce qui le conforte dans sa position actuelle.

Le refoulement qu'a subi une représentation cause cette resistance à l'analyse. Le


refoulement continue à agir afin d'empêcher que le sujet prenne conscience de cette
représentation, continue à agir afin de la maintenir dans l'Inconscient. Le médecin ne
se bat donc pas contre l'inconscient, mais contre une partie du Moi qui cherche à
maintenir un refoulement et des mécanismes de défense.

Freud essaya l'hypnose afin de contourner cette résistance, mais les résultats furent
déçevants : si il n'y avait plus de résistance, il n'y avait pas non plus d'adhésion du
patient aux explications, et donc de progrès. Il estime donc que le dialogue permet de
se rapprocher du contenu inconscient : le patient, face à des questions le concernant,
répondra avec des contenus liés symboliquement. Par le jeux des associations, il est
donc possible de remonter jusqu'au contenu inconscient à partir d'éléments conscients.

***

Le transfert est un autre cas de résistance à l'analyse. En déplaçant les affects qu'il
porte à un tiers sur l'analyste (admiration, envie, jalousie, colère, suspicion...), il freine le
travail d'analyse. Freud, dans Introduction à la Psychanalyse, souligne comme les
sentiments d'admiration et d'affection du patient pour son thérapeuthe sont
systématiques, à un moment ou à un autre de l'analyse. Il sont “l'éclosion” de
sentiments qui existaient chez le malade à l'état latent, le thérapeuthe symbolisant l'un
des parents du sujet. Des émotions refoulées liées à ce parent se déplacent donc sur
lui. C'est ce qui explique qu'il peut s'agir d'un transfert positif (avec affection, désirs
sexuels éventuellement homosexuels et inconscients, etc) comme d'un transfert
négatif (jalousie, haine, etc), dans une situation très souvent ambivalente, comme le
sont les émotions qu'il réserve à ses parents.

Atteindre cette situation de transfert, c'est être en bonne voie pour faire revenir des
conflits inconscients à la conscience, et donc permettre la supression de certains
symptômes qu'ils causent.

Freud rappelle que le médecin ne devra souvent que se satisfaire d'un retour du
refoulé comme un vécu actuel, transféré sur autrui ou sur lui. Rarement un contenu
inconscient sera compris comme ce qu'il est réellement : le souvenir d'une situation
vécue il y a bien longtemps. Le souvenir réél est bien plus difficile à faire revenir à la
conscience, que les émotions ayant été refoulées avec, ces dernières reviennent donc
souvent seules à la conscience. Le médecin doit cependant le plus possible chercher à
obtenir un souvenir, et pas une simple répétition actuelle d'une situation refoulée.

***

Selon Hannah Segal, l'analyse psychanalytique se base sur une nécessaire


neutralité. Et ce quelque soit le degré de la pathologie, ou de l'aide qu'on pourrait être
tenté d'apporter au patient. Car ce repère neutre fait tiers. Alors qu'une implication
emphatique conduit l'analyste a entrer et faire le jeu des mécanismes de défense du
patient, via le mécanisme du transfert. Rigueur, Loi et neutralité sont donc nécessaires.

• Les méthodes de psychanalyse des enfants et adolescents

Les premières des psychanalyses de jeunes enfants furent faites par Freud : la
description du jeux de la bobine ; et le cas du petit Hans. Mais les observations sur le
développement des enfants sont bien antérieures.

Mélanie Klein s'est elle consacrée à la psychanalyse des enfants. Pour elle, il faut
adapter l'analyse à l'âge de l'enfant : petit enfant, période de latence, adolescence.

Elle souligne surtout les bénéfices que retirent les enfants de ces analyses, même si
elle n'est pas terminée voir n'a pu se faire que sur un temps très court : les
améliorations obtenues se maintiennent dans le temps, et dans bien des cas ont
suffisamment abaissé le niveau de l'angoisse pour éviter psychoses ou névroses
graves.

***
Pour les petits enfants

Pour les petits enfants, le recueil de la parole est remplacée par l'observation de
leurs jeux, dans lesquels ils déplacent leurs conflits, leurs envies et leurs angoisses, qui
y sont symbolisés. Ils utilisent donc un “language archaïque”, qui pour Mélanie Klein
peut être assimilé à celui du rêve. Ce language du jeu fait office de parole pour les
enfants.

En examinant ces jeux et les autres comportements de l'enfant, dans leur totalité, et
non pas individuellement, il est alors possible d'appréhender son monde interne et les
rapports existants entre ses objets internes. Il faut cependant faire attention : tel
jouet ou tel jeux peut symboliser des concepts variables selon l'enfant, mais
aussi pour un même enfant (une même poupée représentera tantôt l'enfant lui-même,
tantôt sa mère, tantôt l'Imago Parentale Archaïque terrifiante, tantôt le Bon Pénis...).

Mélanie Klein note cependant certaines constantes. Par exemple, chez tous les
garçons qu'elle a pu analyser, les voitures représentaient sans cesse le pénis du père,
et les embouteillages, la voiture en mouvement ou un carambolages, le coït parental
ou la masturbation.

On rejoint les études de Lemaître sur les “représentation en action”, ces jeux qui
permettent l'introjection, ou sur les contraîntes à agir, dans lesquelles l'enfant symbolise
ses conflits et angoisses par des actes.

La raison est à chercher au niveau du processus primaire, encore actif chez


l'enfant: ses pulsions, ses associations, ses angoisses, sont exprimées de manière plus
directe que chez l'adulte. Pour Mélanie Klein, le jeune enfant a ainsi la capacité
d'exprimer directement son Inconscient. La thérapie vise ainsi à recréer les
situations originelles qui sont enfouies dans l'Inconscient, et grâce à l'interprétation, que
le jeune enfant accepte étonnamment bien d'après Klein, dépasser ses conflits. Les
difficultés à établir un dialogue sont compensées par ce lien plus fort entre
l'Inconscient et le Conscient. Mais par contre, l'intensité de ses angoisses et son
jeune âge l'empêchent d'utiliser efficacement la parole.

Si au début, le langage ne doit donc pas être le point d'entrée de l'analyse, Mélanie
Klein estime qu'aucune analyse de peut être terminée sans qu'il y ait eu passage à une
expression verbale.

Pour utiliser au mieux cette technique, Mélanie Klein utilise de très nombreux jouets
et matériel de dessin qu'elle laisse sur une table basse.

Mélanie Klein propose très rapidement des interprétations profondes et non-


équivoques aux jeunes enfants en les voyant jouer (“ces personnages qui se battent,
c'est ton père et ta mère qui emboitent leurs machins ?” ou “ce personnage, c'est toi
ayant peur qu'on t'enlève ton zizi ?”). Surtout en cas de transfert négatif (l'enfant
déplace crainte et animosité sur l'analyste) et d'inhibition au jeux : même si ce n'est pas
immédiat, Klein estime que cela permet de faire baisser rapidement les angoisses, et
permettre ensuite doucement une analyse avec un transfert négatif qui disparaît. Cela
permet de “frayer la voie à l'analyse”, et lui a souvent permis de convaincre des enfants
à continuer l'analyse, alors même que leurs angoisses les poussaient à refuser ou à
considérer ça comme inutile. C'est même une nécessité pour Klein lorsque le transfert
négatif apparaît, au risque sinon que l'enfant cesse ses jeux et veuille s'éloigner de
l'analyste. Le Moi du jeune enfant n'oppose pas autant de resistances que celui d'un
adulte à ces interprétations.

Outre les jouets, Mélanie Klein a également installé un robinet avec gobelets. Les
jeux avec l'eau et avec ces robinets permettent également à l'enfant de symboliser ses
fixations pré-génitales et ses théories sexuelles.

Mélanie Klein rappelle que le jeux doit servir l'interprétation. Il ne sert à rien de
s'engager dans des jeux et de discuter de ses fantasmes, si l'analyste ne revient pas
régulièrement à des interprétations et à des discussions de fond sur ce qu'il ressent
(notamment à l'égard de ses parents), bref à revenir au concret.

Concernant les parents, Mélanie Klein se borne à les avertir qu'elle se devra sans
doute d'apporter des éclaircissements sur la sexualité à leur enfant durant l'analyse,
mais contr-indique de leur faire un exposé théorique, ou de leur rapporter l'origine des
angoisses de leur enfant. Pour elle, il faut une “collaboration passive” des parents : ils
ne peuvent aider l'analyse, ils peuvent juste la gêner (jalousie de voir un étranger
passer du temps avec leur enfant, culpabilité...), et faut juste prévenir ça.

***
Pour la période de latence

La période de latence est elle plutôt marquée par la réserve et la méfiance. Le


Surmoi réprime fortement toute tendance à la masturbation, et alimente une hostilité
tournée vers la matière sexuelle.

L'analyste ne peut plus bénéficier des jeux, comme pour les petits enfants. Mais ne
peut non plus vraiment bénéficier de la parole, le Moi n'étant pas assez formé pour
disposer du recul et de l'indépendance nécessaire.

Mélanie Klein propose de formuler, lorsque le matériel est suffisant après plusieurs
séances, des interprétations. La curiosité de l'enfant durant cette période le conduira à
s'interroger, et à faire remonter des éléments de son Inconscient.

Par exemple, Mélanie Klein interprète les dessins et les histoires de deux fillettes de
7 ans comme une expression de leur préoccupation concernant la différence des sexes,
et la sexualité parentale. Une fois formulée, les fillettes acquiescent, et leurs angoisses
et craintes (alors totalement refoulées) redeviennent conscientes. Mais ce à condition
que le refoulement ne soit pas trop ancré. Il faut donc commencer des interprétations
sur le matériel le moins refoulé, et le reliant donc à se qu'exprime directement l'enfant
(dessin, récit...). Des explications purement intellectuelles, comme l'explique Freud pour
les adultes, pourra être accepté intellectuellement, mais sans effet de déblocage pour
l'inconscient.

En lieu et place de jeux avec l'eau, des jouets... Mélanie Klein insiste plutôt sur les
dessins (toujours) mais également sur les jeux de rôles. En jouant un rôle (maître
d'école, parent, policier...), et en plaçant l'analyste dans un autre rôle, l'enfant exprime
du contenu inconscient, de manière plus détournée donc que lorsqu'il était un petit
enfant.

***
Pour l'adolescence

L'attitude de révolte conduit à l'expression d'une partie de l'animosité tournée vers


l'adulte chez l'adolescent névrosé, qui peut se transférer chez les figures d'autorité, dont
l'analyste. Il faut souvent en préalable à toute cure vaincre ce transfert négatif vers
l'analyste. Et ce en l'interprétant rapidement, en l'expliquant à l'adolescent.

Il faut ensuite accéder à l'inconscient à travers les détails des centres d'intérêt de
l'adolescent (tel sport, telle bande d'amis, telle vie scolaire...), par le jeux des symbôles,
à l'instar de ce qui est fait pour les périodes précédentes. Et toute trace d'angoisse est
analysée et interprétée, pour éviter qu'elle ne monte en intensité et bloque la thérapie.

Pour Mélanie Klein, c'est encore la technique d'analyse des jeunes enfants qui reste
la référence et la base de la thérapie, même si, s'agissant d'une technique souple, elle
est adaptée aux adolescents. Mais en raison d'un Moi bien plus mature, la technique se
rapproche également de celle utilisée pour les adultes.

• La pathologie chez l'enfant

L'enfant névrosé est habité par des sentiments extrêmes : douleur du sevrage, peur
d'abandon, désir de posséder la mère, de se débarasser de tout rival, haine provoquée
par le sevrage, jalousie, colère...

Mais c'est un enfant. Devant des adultes, leur pouvoir de sanction, et leurs
exigences éducatives, il ne peut les exprimer (souvent) et les réaliser (toujours). D'où
une insatisfaction, un conflit intérieur, conduisant à la névrose.

Freud, dans ses derniers écrits, comme Mélanie Klein plus tard, rappelle que la
névrose est le développement normal de l'enfant. Ce que lorsqu'elle dépasse une
certaine intensité, et risque donc de produire un adulte névrosé, qu'on peut parler d'état
pathologique.

Mais Mélanie Klein souligne comme ces symptômes d'une névrose inhabituellement
forte chez l'enfant sont parfois difficilement décelables, et incompréhensibles. Une
agressivité, symptôme d'une angoisse sourde, peut ainsi simplement passer pour une
opposition à l'autorité. Une fatigue régulière peut être la manifestation d'une pavor
nocturnus (peur nocturne) dissimulée, elle même le résultat d'un conflit névrotique
générant une forte angoisse, et pour autant ne pas être prise au sérieux par son
entourage.

Les inhibitions notamment (au jeux, à l'imagination, au contact, à l'aprentissage, à la


prise de parole, aux relations sociales avec d'autres enfants... mais aussi à la curiosité,
y compris sexuelle) sont particulièrment révélateurs pour Mélanie Klein. Inhibitions
totales, mais aussi parfois seulement partielles (tel jeux, telles circonstances...). Il en est
de même pour les comportements obsessionnels (notamment à l'apprentissage,
traduisant parfois une curiosité insatiable pour le domaine sexuel, mais déplacé). Ou
encore pour des comportements dangereux, des maladresses à répétition (expression
souvent de sa culpabilité et de ses peurs).
Le rapport aux cadeaux est également révélateur de l'inconscient : insatiable, jamais
satisfait, toujours déçu... ces comportements sont l'expression de certaines
problématiques.

Au final, selon Mélanie Klein, “les enfants les moins névrosés ne sont nullement
ceux qui se rapprochent le plus des adultes non névrosé”. Il ne faut donc pas
chercher les mêmes symptômes chez l'enfant que chez l'adulte.

La transformation progressive des symptômes dans l'Inconscient, au fur et à mesure


de la lutte du Moi et de leur refoulement temporaire, conduit à une grande plasticité et
variabilité des symptômes. Avec l'âge adulte, de nombreux enfants parviennent à
refouler les symptômes les plus génants (par exemple, une peur phobique du noir) pour
les remplaçer par d'autres plus adaptées à la réalité et acceptables pour leur Moi
(l'envie de garder une veilleuse la nuit).

Avant Mélanie Klein, Freud relevait également que la “perversité polymorphe”,


comme les comportements névrotiques, de l'enfant, ne se manifestaient qu'à l'état de
“traces”, en raison, d'une part par une intensité moindre qu'à l'âge adulte, et de l'autre
par les exigences parentales, sans oublier le déni des parents à voir de tels
comportements.

• L'Oedipe et l'orientation sexuelle chez la fille

L'orientation sexuelle féminine se trouve tiraillée au moment de l'Oedipe:

***

Une orientation hétérosexuelle, avec des désirs incestueux tournés vers son père.
Cette orientation est poussée par son désir du Pénis, et par une identification à sa
mère, cette dernière parvenant par le coït à se l'approprier.

***

Une orientation homosexuelle, avec le désir d'avoir son propre pénis, qui lui
permettra satisfaire sa mère, poussant celle-ci à se retourner vers une relation
exclusive mère-fille en excluant le père, rival.

Adulte, la voie homosexuelle se fera par la conviction qu'elle a réussi à incorporer le


Bon pénis paternel (Phallus et objet de satisfaction), la conduisant à une identification à
son père, notamment dans sa relation avec sa mère.

La rivalité avec son père l'a conduit à cette conviction d'incorporation du pénis.
Soumise à la peur de l'Imago Parentale Archaïque pour ses désirs, représenté par le
Mauvais Pénis, elle va utiliser le mécanisme d'identification à l'agresseur pour Mélanie
Klein : elle va s'identifier à un père sadique, possesseur du Phallus, lui permettant
d'affronter son père, comme le ferait un garçon.

Cette rivalité avec son père, elle la conservera avec tous les représentants du sexe
masculin, Mélanie Klein soulignant les intenses sentiments de haine, de ressentiment,
et la multiplicité des efforts visant à obtenir leur respect.
• L'Oedipe et l'orientation sexuelle chez le garçon

Le désir du Pénis ouvre d’un côté la voie à l'homosexualité, et à des désirs


incestueux et de tendresse tournés vers le père. Mélanie Klein estime que le désir
initial du Pénis, de nature orale, et assimilé au Bon Sein et à sa succion, est à l'origine
de la vraie homosexualité masculine.

Mais la haine du père issue de sa jalousie du coït parental, et la volonté de s'unir


à la mère, le conduisent à dépasser cette fixation. Si le Stade du Non le conduisait à un
conflit avec ses parents pour son autonomie, il entre en conflit avec le père durant le
stade phallique pour l'obtention de sa mère. D'autant plus lorsqu'il réalisera qu'il est
possesseur d'un Phallus, et donc d'une puissance qu'il peut opposer à celle de
son père.

La relation génitale avec la mère reste en effet perçue comme un retour à la


relation initiale au sein; mais également comme un moyen de réparation à la
destructivité tournée vers elle, par l'incorporation en elle du pénis et de bébés. Si ce
désir de relation génitale est tourné vers la mère, objet externe, il s'inscrira dans les
désirs incestueux. Mais si il est tourné vers une mère, objet interne, auquel il
s'identifie, les désirs homosexuels tournés vers le père sont également perçus comme
un retour vers la mère.

Durant la position dépressive, la situation Oedipienne, et l'Oedipe négatif


(homosexuel), cohabitent. Avec le position phallique, un choix d’identité sexuel doit être
fait : l’attribution d’un Phallus propre, et des désirs tournés vers la mère, ou un désir du
Pénis qu’il ne possède pas l’orientant encore dans une voie homosexuelle.

L'homosexualité découle donc de l'Oedipe négatif, du désir du Pénis, qu'il ne


possède pas, et d'un désir tourné vers une mère introjectée. Pour Mélanie Klein, une
fixation sur l'Oedipe négatif découle d'une trop grande crainte du pouvoir de
sanction du père : l'enfant ne se sent pas le pouvoir de s'engager dans un conflit
oedipien avec lui, et abandonne ses désirs incestueux tournés vers la mère, pour ne
garder que le désir d'un Pénis qu'il ne possède pas.

• L'Humour

Selon Freud, comme Mélanie Klein, l'humour serait la conséquence d'un “Surmoi
amical”, d'un Surmoi indulgent (notamment par l'auto-dérision j'imagine). Pour Freud, le
Surmoi cherche à “réconforter le Moi par l'humour et à le protéger contre la souffrance”.

Mélanie Klein a ainsi observé qu'après l'analyse, une fois que le Surmoi archaïque
d'enfants analysés avait baissé en intensité, ceux-ci tournaient souvent en dérision
leurs anciennes peurs et fantasmes sadiques.
STADE ORAL
Abraham distingue deux sous-stades dans le stade oral :

• Le sous-stade Oral Précoce, avec la position schizo-paranoïde, durant les 6


premiers mois. Le nourrisson y découvre le plaisir de la succion, distingue
peu à peu le Soi et le Non-Soi, et découvre l'auto-érotisme. Ses seules
défenses contre ses angoisses et la pulsion de mort sont le sommeil, le
balancement, mais surtout le clivage et la projection.

• Le sous-stade Sadique-Oral. Dès 6 mois. L'agressivité s'exprime désormais


avec le mordillement de l'objet mauvais. Au 8eme mois, avec le stade du
Miroir, c'est l'unification du Moi, suivi de la position dépressive, et l'accès à
la structure névrotique.
I) Le Sous-Stade Oral Précoce et la position Schizo-
Paranoïde

(A) Les problématiques du nourrisson à la Naissance

1) Une organisation objectale unipolaire, et celle symbolique en construction

L'organisation symbolique du sujet va commencer à se construire peu à peu, en


faisant des associations signifiants-signifiés, à partir du moment où les associations se
font bien (liens logiques)

L’organisation objectale est de type unipolaire, avec un transnarcissisme formé par


une absence de distinction entre Soi et Non-Soi, et un ensemble d’objets partiels
dans leur continuité. L’essentiel de ces objets seront des objets partiels composant sa
mère et lui, le transnarcissisme se limitant bien souvent à eux deux.

2) Les Pulsions et les Fantasmes, contenus d'un Ça originel guidé par le


principe de plaisir

Selon Freud, le Ça est l’instance exclusive à la naissance de la psyché, habitée


par des pulsions, regroupées en Pulsion de Vie et Pulsion de Mort. Ces dernières sont
totalement désintriquées, avec donc une prédominance de la pulsion de Vie, et sont
soumises au principe de plaisir.

Ce principe de plaisir vise la décharge immédiate des pulsions, qu'importe les


risques. Il est l'expression de la pulsion de vie, et vise l'abaissement des excitations par
la décharge, voir leur réduction à un niveau nul.

Mélanie Klein décrit qu'à chaque pulsion, y compris celles originelles, est rattachée
un fantasme. Les pulsions étant par nature en quête de leur objet de satisfaction, elle
parle plus particulièrement de fantasmes d'objet. Ainsi, chaque pulsion est rattachée à
un fantasme particulier ; tel la pulsion à se nourrir, dont l'objet est la nourriture, le sein,
et conduisant donc au fantasme du sein.

3) Une sexualité diffuse, liée à l’auto-conservation, et orientée vers les objets


partiels, principalement le sein de la mère

La sexualité du nourrisson est désordonnée. Il va chercher à explorer ses 5 sens de


manière générale, mais avec une prédominance pour le goût et le contact avec la zone
buccale. La Pulsion de vie est initialement liée à l'auto-conservation: Il ressent plaisir et
déplaisir lorsqu'il se nourrit. La Pulsion de Vie est donc tournée vers les objets partiels
internes-externes (le couple bouche-sein en premier lieu). Il y a libido liée à l’auto-
conservation, projetée vers les objets partiels.

L'objet partiel principal concerné, source de plaisir et de nourriture, sera le sein de


la mère.

Cette période, et jusqu’à l’auto-érotisme, est caractérisée par la dépendance à


l’objet. Dépendance physique et physiologique, mais également dépendance dans la
décharge de ses pulsions.

4) Des menaces fortes: Une pulsion de Mort auto-centrée et un environnement


anxiogène causant l'angoisse de dévoration

La pulsion de Mort est d'abord centrée sur le nourrisson lui même, dans des formes
d'auto-destructivité. Pour Mélanie Klein, l'angoisse fondamentale éprouvée par le
nourrisson trouve sa source dans cette agressivité auto-centrée.

L'absence de limites dedans-dehors va en parallèle causer une peur d'être avalé,


d'être dévoré par les objets externes, par un environnement anxiogène agressif
(froid, faim, réactions de son entourage qu’il ne comprend pas...). Cet environnement va
très vite être objet de la projection de la Pulsion de Mort. Ces peurs fondamentales
forment l'angoisse de dévoration.

Selon Laplanche, on trouvera parmis ces agressions externes les nombreux


signifiants sexuels que les parents imposent, inconsciemment, à l’enfant.
Inversemment, les parents vont donner des significations sexuelles aux actes de
l’enfant, et inconsciemment y réagir. C’est la théorie de la séduction généralisée de
Laplanche.

Rank estime lui que la naissance fait office de séparation traumatisante, d’où
découlerait l’angoisse de dévoration. Freud et Mélanie Klein estiment que les
sentiments d'innassouvissement de la phase orale primitive lui rappellent effectivement
cet épisode traumatisant.

5) Des défenses limitées

Le refoulement ne sera disponible qu’avec le narcissisme primaire. Le Moi Primitif va


utiliser jusque là d’autres mécanismes pour lutter contre ses angoisses.

Le nourrisson a d’abord deux moyens de défenses innés : le sommeil (agissant


comme un refuge), et les pleurs, lui permettant de faire intervenir la mère afin
d’éloigner la menace. En effet, les pleurs du nourrisson ont toujours un écho douloureux
pour l’adulte : le souvenir de nos propres angoisses de nourrisson, matérialisées par
nos pleurs, rejeté dans l’Inconscient par l’amnésie infantile.

Contre la pulsion de Mort, il va contenir cette destructivité par la répétition de


mouvements, en pleurant pour obtenir le balancement. Dans les autres cas, cela sera
l’éloignement de la source d’angoisse (un tiers...), l’obtention de nourriture, etc.

Même s’il parvient à obtenir une baisse de tension, il va devoir intégrer ces
éléments, se construire avec : on parle de la fonction de contenance du bébé. Si cette
fonction flanche, on est dans un traumatisme ne parvenant pas à être intégré au champ
symbolique.
Tel est notamment le cas pour l’excitation générée par les signifiants sexuels
imposés à l’enfant. Et si le niveau d’excitation est trop grand, si les réactions des
parents sont inadaptées, la fonction de contenance de l’enfant peut flancher. Ce
sont les fameux contacts précoces avec la sexualité ne pouvant être intégrés.

En effet, lorsqu’il subi ces agressions, tel un objet, les représentations de ces
événements ne seront pas intégrés à son champ symbolique. Ces représentations
formeront un kyste au milieu de ses représentations personnelles.
Par contre, si l’enfant peut évacuer son excitation, et se positionner en acteur, il va
construire ses propres représentations de l’événement, et l’intégrer, le dépasser. Tout
va dépendre de sa capacité à agir, et à faire baisser l’excitation. La liberté d’agir est
fondamentale. Lemaître parle des représentants en action, pour désigner cette
capacité à intégrer l’événement angoissant par l’action (au moment de l’événement, ou
ensuite par des répétitions qu’il orchestre lui même) : si les parents respectent l’enfant,
sa liberté, ses initiatives, et son statut de sujet, il va intégrer ces micro-traumatismes.

D’où l’importance des jeux, avec les mains, le regard, la bouche, qui sont en fait
toute une série de moyens de ces représentants en action.

Winicott introduit lui la notion de holding. La mère, par sa présence rassurante,


recréé le confort intra-utérin, faisant abaisser le niveau d’excitation généré par
l’environnement externe, et permettant l’intégration de tous ces éléments.

6) Le Moi Primitif originel et l’Inconscient

Un Moi Primitif (n°I ) existe dès la naissance, fraction du Ça influencée par le


monde externe. Ce Moi Primitif va donc être construits à partir de contenus issus du Ça.

C'est ce Moi Primitif qui va dès l'origine subir les angoisses, organiser la projection
de la pulsion de Mort, et organiser l'hallucination négative afin de pallier au Manque. Un
Moi Primitif qui verra sa nature se modifier avec l'identification introjective, puis celle
projective, jusqu'au Moi Final du Stade du Miroir.

Mais ce Moi Primitif (I) est hautement instable et variable.

La distinction Inconscient (contenant le Ca et une partie du Moi Primitif) et


Préconscient/Conscience va apparaître également peu à peu.

7) Un objet externe décevant, générant le Manque, et conduisant au début de


la distinction Soi/Non-Soi

Le nourrisson satisfait ses pulsions avec l’objet externe (sexualité liée à l’auto-
conservation et tournée vers l’objet partiel), et dépend de lui pour sa survie (faim, etc).

Mais cet objet externe est indépendant du Moi Primitif. Alors que le nourrisson le
voudrait à sa disposition, en permanence, et soumis à tous ses désirs, cet objet externe
a une présence et un état aléatoire, variant selon les jours. La satisfaction est variable.
Cela a deux conséquences :
D’abord l’absence de l’objet externe provoque un Manque.

Mais en plus l’imprévisibilité de l’objet externe est source de traumatisme,


faisant apparaître une peur du Manque.

Ce Manque et cette peur du Manque ont une importance capitale. D'abord, parce
que c'est par là que se fera la distinction Soi/Non-Soi. Ensuite, parce que la tension
interne que ce Manque provoque est particulièrement forte chez le nourrisson.

Il va commencer peu à peu à différencier les objets internes (pouce-bouche) des


objets externes (sein). Ces derniers se caractérisent en effet par l’alternance
présence/absence. On peut considérer que c'est par son absence que le
nourrisson découvre la présence de l'objet externe, par le Manque qu'il suscite
dans ces moments. Ce qui fera dire à Freud que « l'objet naît dans la haine », la
haine de son indépendance et du Manque qu'il suscite.

En conclusion, l’objet est désiré et aimé car source de plaisir, mais est également
haï pour son indépendance.

(B) La position schizo-Paranoïde (0 à 6 mois)

Dès la naissance, le nourrisson est soumis à plusieurs problématiques : le Manque


de l'objet externe, l'angoisse de dévoration, et la pulsion de Mort auto-centrée.

La position schizo-Paranoïde va désigner un ensemble de mécanismes définissant


un rapport avec l'objet externe, dans le but de trouver des solutions à ces problèmes.

Étape 1 : Les Clivages

(1) Le clivage des imagos, et le premier objet total

Les objets partiels externes comme internes vont être scindés en deux catégories
extrêmes : ceux bons, et ceux mauvais.

(a) Les objets bons : Les seins de la mère sont les principaux objets clivés, comme
source de tout plaisir et de toute frustration. Le premier sein sera le « bon sein »,
source de tout plaisir, réservoir inépuisable de nourriture, de chaleur et de
compréhension. Puis viendront d'autres objets, attributs ou possessions de la mère.

(b) Les objets mauvais : Le second sein sera le « mauvais sein », c'est ce sein
frustrant par son absence, source du Manque. La qualité de « mauvais objet » est
intrinsèquement liée à l'envie de l'objet externe bon, et à la frustration qui en découle
lors du Manque. L'objet externe est alors haï pour cette frustration. C'est ainsi que la
frontière entre objet mauvais et objet idéalisé et envié à l'extrême est ténue, l'un étant
lié à l'autre.

Par le clivage, deux imagos vont se superposer concernant le même objet (tel
le sein) : une imago mauvais et haïe, et une imago bonne. Le nourrisson évite donc
l'ambivalence affective : le ressentie de 2 émotions contradictoires vis à vis du même
objet externe. Ainsi, le bon sein est envié à l'extrême, et idéalisé; le mauvais est détesté
pour le Manque qu'il procure et son imprévisibilité. Ces deux imagos opposées pour un
même objet évitent toute ambivalence, tout paradoxe qui surviendrait si le nourrisson
haïssait et aimait le même objet. Là, il aime et déteste deux objets différents.

Au niveau interne, les objets partiels mauvais sont ceux reliés aux excréments et à
l'urine.

(c) L'imago maternelle archaïque : Durant la position schizo-paranoïde se dessine


une représentation fractionnée en plusieurs objets partiels: la mère, comme objet
permettant la survie, et étant porteur du sein.

Il s'agit plus précisément d'une Imago maternelle archaïque : indifférenciée du


père, toute puissante sur le nourrisson, formée de plusieurs objets partiels (bon et
mauvais sein, pénis du père, autres bébés)

Avec les projections des pulsions de mort et de la libido, cette Imago maternelle
archaïque va se doubler entre deux imagos, une « mauvaise mère » et une « bonne
mère », cohabitant avec le clivage des Imagos. A l'image de ce qui se sera passé entre
bon et mauvais sein.

Un même objet (le sein; l'Imago Maternelle Archaïque) peut donc être haï et
aimé, craint et désiré, et ce en même temps, et sans contradiction ni
globalisation, avec cette cohabitation d'imagos mauvaises et bonnes (le
nourrisson évite ainsi l'ambivalence affective).

(2) Le clivage du Moi Primitif: le cloisonnement du "Moi Haïssant", regroupant


Pulsion de Mort et objets internes mauvais

Le balancement et le holding ne suffisent pas à contenir la pulsion de Mort,


auto-centrée, et les menaces nées des objets internes mauvais. Le Moi va donc se
cliver en deux parties, et cloisonner l'intégralité de sa pulsion de Mort et ses objets
internes mauvais dans une partie, afin de soulager le reste du Moi.

Ce reste du Moi, c'est la seconde partie, qui ne conserve donc que les objets bons
internes. Et vers laquelle se fera l'introjection des objets externes bons.

On parle aussi de la formation de deux Moi: le "Moi Aimant" et le "Moi Haïssant".

Étape 2 : La Projection de la Pulsions et des Objets Internes : l'Identification


Projective

(1) L'Envie de l'Objet Bon, prolongation du Manque

Selon Mélanie Klein, l'envie serait l'une des émotions les plus ancienne : d'abord
tournée vers des objets partiels, puis vers des objets totaux, c'est le désir d'acquérir
une propriété ou une qualité de cet objet.
Le nourrisson perçoit alors le bon sein comme source de toute gratification, et y
projette toute sa pulsion de Vie. Naît alors le désir de le posséder, voir d'acquérir ses
qualités : il s'agit de la première Envie. Quoi de plus désirable que posséder la source
de son contentement, voir devenir soit même cette source ?

Ce désir de possession de l'objet bon trouve son origine dans le Manque : puisqu'il
manque, acquérir ses qualités devient nécessaire.

Cette idée d'absorption de qualités, ensuite liées à Soi, fait apparaître en filigrane la
pulsion de Vie.

Mais une des caractéristiques de l'envie selon Mélanie Klein est la nécessité de
détruire l'objet désiré, lorsque l'obtention de ses qualités est impossible. La pulsion de
Mort est donc présente dans cette émotion. L'objet désiré est en effet source de
sentiments douloureux lorsque celui-ci Manque : d'où la tentation de le détruire s'il ne
peut le posséder. La Haine de l'objet qui manque trouve ici son origine. Le Clivage
des Imagos permet ensuite de cliver amour et haine d'un même objet, et de les répartir
entre deux imagos.

Attention, la notion d'Envie doit être distinguée de la jalousie, qui elle nécessite de
l'amour pour un objet, et la présence d'un tiers à éliminer. La jalousie se construit dans
une triangulation soi-objet désiré-tiers en possession de cet objet désiré.

(2) Une fois le clivage des imagos opéré, la pulsion de Vie, liée à l'auto-
conservation, et les objets internes bons, sont projetés vers le « bon sein » afin
de le contrôler

Dès que « bon » et « mauvais » seins sont distingués, le nourrisson associe


l'imago du bon sein à sa pulsion de vie, libido et auto-conservation étant encore liés.

Vers ces bons objets seront projetés la pulsion de Vie, ainsi que des objets
internes bons, avec la volonté que ces objets bons parviennent à contrôler ces objets
externes, que ceux-ci s'identifient à eux. L'objet externe bon reçoit ainsi les contenus
projetés ; le nourrisson va ensuite déformer la représentation de ces objets bons
afin de les faire s'identifier aux contenus internes projetés, dans un but de contrôle
de l'objet externe bon. C'est l'identification projective, le nourrisson cherchant à
s'assurer le contrôle définitif des sources de gratification et de plénitude externes,
contrôle menacé par le Manque.

La mère, dans la multiplicité des objets partiels qui la composent, va être l'objet
principal de la libido de l'enfant. Une « bonne mère », intégrant tous les objets partiels
désirables : le bon sein, les autres bébés pouvant naître, mais aussi le pénis du père.
Pénis qui deviendra objet de désir lorsque l'imago paternelle trouvera son autonomie
avec le stade du Miroir.

Angoissé à l'idée de perdre ses sources externes de plaisir, déformer celles-ci et


les fantasmer en tant que contenus internes bons permet un abaissement de la tension.
Il va ensuite rapidement chercher à s'en passer totalement par la construction d'objets
internes à leur image (introjection des objets bons qui vient dans un second temps).
(3) La partie mauvaise du Moi est projetée sur l'objet mauvais haï, pour le
détruire, autant que pour éloigner ces contenus internes mauvais : c'est la
naissance de l'Objet Persécuteur Externe, ou Surmoi Archaïque.

Une partie de ce morceau mauvais du Moi va être projetée sur les objets perçus
comme mauvais. C'est l'extériorisation réifiante. Ainsi extériorisés, ils sont certes
toujours menaçants, mais mieux abordables et évitables. Il s'agit essentiellement d'une
projection de la Pulsion de Mort.

La partie non projetée de cette pulsion de Mort alimentera ensuite l'agressivité


du nourrisson, contre l'objet Mauvais persécuteur.

Mélanie Klein estime que cette identification projective présente des différences
par rapport à celle liant le Moi Aimant et les objets bons externes. Elle est violente,
avec une fragmentation de ces contenus projetés, fragmentant à son tour les objets
externes qui en sont le réceptacles. Segal estime que cette fragmentation permet de
diviser l'Objet Persécuteur en de nombreuses menaces, moins menaçants qu'un
persécuteur unique et plus puissant.

L'objet externe, recevant cette pulsion de Mort et ces objets mauvais, va d'abord être
contrôlé par ces projections, pour finalement s'y identifier. De neutre, l'objet externe
devient mauvais, se déformant fantasmatiquement et se fragmentant pour
s'identifier à ces contenus qu'il reçoit. Ces objets internes mauvais et projetés sont liés
aux excréments et à l'urine, d'où le sentiment de dégoût, à côté de celui de crainte
d'anéantissement, que peut susciter l'objet externe mauvais.

En conclusion, pour se protéger de menaces internes, le nourrisson les


échange contre des menaces externes persécutrices et multiples (car
fragmentées).

Dans un premier temps, l'Identification projective a essentiellement lieu vers le


« mauvais sein », objet détruit et destructeur, selon Mélanie Klein. D'autres objets
externes en deviennent ensuite le réceptacle, selon des chaînes d'association. Un autre
objet externe mauvais récurent est le « mauvais pénis » du père.

La mère, dans la multiplicité des objets partiels la composant, deviendra l'objet


principal vers lequel tous ces éléments sont projetés. L'identification projective se
poursuit en effet durant toute la position schizo-paranoïde.

Étant le réceptacle de tous ces éléments terrifiants, une véritable angoisse de


persécution apparaît liée à la « mauvaise mère ». L'imago maternelle archaïque en
devient menaçante.

Cette imago extérieure, menaçante et toute puissance donnera naissance selon


Mélanie Klein au Surmoi Archaïque Maternel. Il s'agit en quelque sorte d'un Objet
Persécuteur Externe, regroupant l'intégralité des éléments mauvais et de la pulsion de
mort projetés.

Ce Surmoi Archaïque se retrouve dans une Imago parentale terrifiante. L'enfant


subit la peur d'être agressé par cette Imago, peur se déplaçant dans ses relations
objectales, s'incarnant dans des cauchemars, etc.
(4) L'Objet Persécuteur Externe, et la Haine née du Manque de l'Objet Bon,
donnent naissance à une agressivité fantasmée

Une agressivité, avec des fantasmes de destruction, tournée vers l'Objet Mauvais,
va donc apparaître.

(5) La crainte de l'anéantissement des objets bons par les objets mauvais :
conséquence du clivage des Imagos, et de la projection de la Pulsion de Mort

Durant cette phase, le nourrisson développe une crainte vis à vis de cet Objet
Persécuteur, fragmenté dans tous les objets mauvais. D'où le le terme de paranoïde,
avec des menaces fantasmées, hallucinatoires.

Il s'agit de la crainte que ces objets mauvais, persécuteurs car réceptacles de la


pulsion de Mort, dévorent les objets bons, les anéantissent.

Pour le bébé, le sein mauvais et les autres objets externes mauvais sont alors une
menace pour ses objets bons internes. Malgré sa faim, paniqué, il pourra ainsi refuser
de se nourrir au sein qui lui est présenté, réceptacle de sa pulsion de Mort, hurlant et se
débattant pour y échapper.

Étape 3 : L'Introjection des objets bons et l'auto-érotisme,


permettant de pallier au Manque et la construction du Moi

(1) La déformation du Moi afin de pallier au Manque : l'identification


introjective

Le nourrisson va donc pallier au Manque de l'objet bon par un nouveau


mécanisme : l'introjection d'une représentation de celui-ci.

Freud décrit ce mécanisme par une image: Le Moi, prenant la forme de l’objet
aimé, peut désormais être aimé par le Ça. Le Moi va en effet se déformer à partir de
ces images introjectées : on parle de l'identification introjective. C'est un nouveau
Moi Primitif, qui n'est plus uniquement une adaptation du Ça.

Freud et André Green définissent le Moi Primitif durant cette étape comme une
« surface », sur laquelle est projetée les représentations d’objet ainsi que les affects. Le
Moi final se formera ainsi avec l’intégration d’une représentation d’un objet particulier :
soi-même, avec le stade du Miroir.

(2) Les objets introjectés par cette hallucination négative

L'un des premiers objets partiels concernés sera le « bon sein » de la mère,
source de plaisir oral et de nourriture, rassurant, aimé et aimant.

Par la suite, d'autres objets partiels seront introjectés, tel le pénis du père. Durant
la phase sadique orale, ce seront ensuite des objets totaux : la mère, le père, etc. Plus
l'introjection est précoce, plus la distinction fantasme/réalité est faible, et plus l'image
introjectée sera éloignée de la réalité, modifiée par les éléments y ayant été projetés.

Et pour A. Green, cette incorporation et cette indépendance est d’autant plus


grande que l’objet externe a déçu.

Certaines images, notamment le Surmoi Archaïque, l'Idéal du Moi et le Moi Idéal,


seront introjectées, mais différemment : Le Moi ne va pas tant se déformer à leur
image, que les intégrer d'un bloc.

Un monde interne se dessinera petit à petit, avec un Moi plus ou moins stable,
englobant des images entretenant des relations complexes : l'hostilité du Surmoi
Archaïque vis à vis du Moi Idéal par exemple.

(3) L'indépendance vis-à-vis de l'objet externe bon : l'auto-érotisme, ou


« hallucination négative », le passage d'une libido d'objet à une libido narcissique

C’est le début de l’indépendance vis à vis de l’objet: S’étant identifié à eux, les
ayant introjecté, c’est à dire ayant transformé une partie de soi en double de l’objet, il en
acquiert une indépendance à leur égard dans la satisfaction de ses pulsions.

Ainsi halluciné négativement, il va pouvoir également halluciner le plaisir lié à sa


présence, et supporter son absence. C’est l’hallucination négative.

Cette hallucination du plaisir lié à une représentation d'un objet bon, c'est le propre
de l'auto-érotisme, qui apparaît lorsqu'il parvient à introjecter ces représentations. Le
nourrisson se base sur le fantasme lié à la pulsion (le fantasme du sein pour la pulsion
à se nourrir par exemple) pour halluciner son plaisir.

Ainsi, le mécanisme est schématiquement le suivant.


Le nourrisson expérimente régulièrement le manque d'un objet externe bon, tel le
sein maternel. Au lieu de provoquer son retour par des pleurs, il apprend peu à peu à
imaginer sa présence, et simule le plaisir lié à la tétée par le sucotement du pouce,
forme d'autoérotisme.

Il peut ainsi supporter l'absence du bon sein en fantasmant la réalisation de son


désir, le temps d'attendre la satisfaction réelle.

Mélanie Klein décrit cette hallucination négative par le comportement du bébé qui,
par des jeux avec sa bouche ou des jeux de succions, arrive à calmer ses pulsions
et peut s'endormir paisiblement : il fantasme, ou hallucine, la réalisation de son envie. Il
s'agit de fantasmes délirants.

On voit donc que c'est cette hallucination négative qui conduit à l'auto-
érotisme, c'est à dire à ces jeux de bouche et de succion, qui provoquent plaisir et
satisfaction.

En effet, la libido se réintrojecte avec l'hallucination négative. Elle « suit »


l'introjection de l'objet bon à laquelle elle est liée, et se lie à des objets partiels du Soi :
la bouche, le pouce...

Mais malgré ce nouveau mouvement, elle reste encore liée à de nombreux objets
externes, tel le sein. Laplanche et Pontalis parlent de changement d’objet concernant
ces pulsions sexuelles (objets partiels externes vers objets partiels internes), et de
passage progressif d’une libido d’objet à une libido narcissique.

André Green estime lui qu’il s’agit plutôt d’un retournement de ces pulsions
sexuelles vers les zones érogènes dont elles sont issues. L’interne est perçu comme
étant externe (hallucination), et va donc «être traité comme tel» (la pulsion sexuelle se
lie à l’objet interne comme à l’objet externe). Il désigne ce mécanisme comme étant un
«retournement par décussassion». La pulsion en elle même ne changerai donc pas
vraiment d’objet. Elle pallierait au Manque par l’hallucination au prix d’une limitation de
la satisfaction (l’auto-érotisme étant moins satisfaisant), cette limitation étant guidée par
la pulsion de Mort.

Lemaître parle elle des représentants en action, pour décrire ce processus


d’introjection de représentants par leur reproduction en solitaire. On retrouve donc ici
l’importance des jeux solitaires du nourrisson : il reproduit des événements vécus, en
solitaire, hallucinant négativement les objets externes.

Lacan va définir le désir par cette quête, par ce souhait de retrouver l'objet qui
manque. Le désir, c'est ce sentiment que le centre se trouve hors de lui-même, dans
cet objet qu'il lui faut retrouver, et s'unir avec.

***
Clinique

Le bébé apprend peu à peu à sucer son pouce (2 mois) et les objets qu'il aime (5
mois), lui permettant de patienter entre ses repas.

Pour Freud et Mélanie Klein, c'est la première forme d'onanisme (masturbation),


puisqu'il s'agit d'un plaisir obtenu à partir de la stimulation d'un organe. Onanisme
normal dans le développement de l'enfant, et que celui-ci va poursuivre, en le déplaçant
dès que possible physiquement sur d'autres organes (anale avec le contrôle de la
rétention, et les organes génitaux avec leur découverte).

(4) Des introjections qui renforcent le Moi, et permettant de lutter contre la


Pulsion de Mort

Mélanie Klein parle de la fonction défensive du fantasme : en fantasmant la


réalisation de ses pulsions, il évite la frustration et le manque généré par
l'indépendance de l'objet externe. Une frustration qui alimente la Pulsion de Mort,
dont sa fraction auto-centrée (non-projetée).

Ll'introjection de ces objets bons “fait office de Surmoi” en s'opposant au


Moi Haïssant interne (une partie n'ayant pas été projetée). L' introjection du bon sein
sera notamment à l'origine de l'Idéal du Moi.

(5) La désexualisation de la libido en Pulsions du Moi : le fondement du


Narcissisme et de l'unité du Moi

Cependant, cette libido va maintenant se désexualiser lors de son


introjection. Sa nature sexuelle est en effet entravée, donnant naissance aux
pulsions du Moi, d'auto-conservation.

André Green voit donc dans l’hallucination négative, outre le fondement de l’auto-
érotisme, le fondement du narcissisme. En tant que libido/amour tourné vers soi-
même, mais également en tant qu’étape nécessaire à la constitution du Moi Primitif
(puisque formé par les introjections). Avant même le narcissisme primaire, qui désigne
la fondation du Moi par la fusion de tous les éléments internes et des pulsions partielles.

La libido, s’exprimant avec l’auto-érotisme, reste liée à l’hallucination négative, et


donc à l’introjection des objets bons afin de pallier au Manque. Cette introjection de la
pulsion de vie est le «Narcissisme de Vie». Et cette introjection progressive de la
pulsion de Vie conduit à un affaiblissement progressif du clivage du Moi.

Enfin, cette introjection d'éléments bons et de libido se faisant de manière toujours


plus intense va faire apparaître un sentiment d'omnipotence chez le nourrisson,
donnant naissance au Moi Idéal (la représentation d'un Moi contenté).

(6) La présence de projection d'objets bons, et d'introjections d'objets


mauvais : une tentative pour lutter contre la peur de dévoration de l'objet bon par
l'objet mauvais, et de contrôler l'objet mauvais.

Contre toute attente, le nourrisson aura parfois recours à la projection sur des
objets internes bons. Et ce simplement afin de les placer hors d'atteinte de la pulsion de
Mort interne, et de ses objets mauvais internes.

Inversement, il introjectera parfois des objets mauvais et persécuteurs, dans une


tentative de les contrôler. Une tentative qui pourra aller jusqu'à une identification, dans
la logique de l'identification à l'agresseur. Et tous les objets internes mauvais ne sont
pas projetés, à l'image de la pulsion de Mort.

L'idée reste de placer sur des « circuits séparés » les objets bons et les objets
mauvais, afin d'éviter que les uns dévorent les autres, tout en les maintenant sous
contrôle.

L'introjection d'objet, c'est sa représentation mentale : la représentation de ce qui


le menace lui permet de mieux contrôler cette menace.

(7) L'apparition de l'angoisse de morcellement

La position schizo-paranoïde est caractérisée par cet échange: des projections sur
des objets externes clivés d'un côté, et des introjections parallèles. Elle conduit
cependant à l'apparition d'une angoisse spécifique: l'angoisse de morcellement.

Cette angoisse s'article autour de quatre craintes :

a) D'abord une menace d'anéantissement : la peur que l'objet mauvais ne


s'introduise dans le Moi, pour détruire les objets bons introjectés, le Soi et le Moi Idéal.
Il s'agit d'une réelle crainte que les objets mauvais puissent dominer ceux bons, et
l'envahir. Une partie de la pulsion de Mort restant interne au Moi Primitif, nait la peur
d'une dévoration interne des objets bons.
b) Puis la crainte d'être emprisonné dans autrui. Les éléments bons sont en
effet projetés avec le désir de contrôle d'autrui dans l'identification projective. Mais le
risque existe qu'autrui soit finalement celui qui parvienne à contrôler ces éléments de
soi projetés.

c) La crainte d'être vidé, par ces flux de projections d'éléments internes, avec
des sentiments de dépossession et de vide.

d) Enfin la crainte que ce Moi en construction se morcelle. Il est en effet


élaboré à partir d'Imagos éparses qui sont introjectées, le Moi se déformant à leur
image sans unité d'ensemble.

De là naîtrons l'angoisse de perdre son identité, l'angoisse d'être envahi par autrui
et d'être vidé, l'angoisse de se perdre dans autrui, la crainte d'être contrôlé par autrui,
qui composent toutes l'angoisse de morcellement psychotique.

Cette angoisse pour l'instant se télescope avec le Surmoi Archaïque persécuteur,


produisant des fantasmes terrifiants d'agressions par les parents, avec éléments oraux,
anaux, évidement et arrachement. Angoisse qui ne disparaîtra que peu à peu avec la
solidification du Moi (qui débute dès l'introjection d'objets bons, et qui sera suffisament
aboutie vers 18 mois et le passage à l'analité pour éviter l'angoisse de morcellement).

(8) Début de la notion de contenant et de Moi-Peau

Avec les contacts physiques et autres sensations tactiles, et avec le début de


distinction Soi/Non-Soi et l’auto-érotisme, il va intégrer très rapidement la notion de
contenant (sa propre enveloppe corporelle, délimitée par sa peau), dans la continuité
de sa fonction de contenance, et commence à élaborer son Moi-Peau (qu'il finalisera
bien plus tard).

Les agressions de l’environnement sont en effet toujours là, et l’enfant continue à


devoir les absorber comme il peut (par sa fonction de contenance), notamment
concernant la théorie de la séduction généralisée.

Le nourrisson, vers le 4eme mois, acquiert le contrôle de son regard, et peut faire
des mise au point. Cette maîtrise du regard permet communication avec ses parents,
également jeux de regard comme représentant en action, et a enfin une fonction
structurante lors de l’échange des regards avec l’autre.

En effet, au cours de cet échange de regards, la mère comme le bébé vivent une
distanciation, comme si ils étaient un tiers au cours de cet échange. D’un côté, le
narcissisme du bébé va être renforcé lorsqu’il constate l’attention de la mère, et pourra
y projeter durant la phase schizo-paranoïde ses éléments internes angoissants ; de
l’autre, la mère projette dans l’enfant ses propres attentes générationnelles, et peut
s’identifier à une mère généreuse et attentionnée.
II) Le Sous-Stade Sadique-Oral

(A) L'apparition du sadisme oral, nourri par la pulsion de


Mort, et s'exprimant avec le mordillement (6eme mois)
Ce passage au sadisme oral est une étape normale du développement psychique,
étape prenant place après la succion orale.

Mélanie Klein détaille cependant des cas pathologique causés par un sadisme oral
prématuré. Si ce sadisme oral apparaît trop tôt durant le développement, il rend le
nourrisson incapable de trouver de la satisfaction dans la succion, le Moi subissant une
forte pression par cet essor du sadisme oral par son Surmoi, et réprime précocement
ses fantasmes. Le développement du Surmoi devance alors celui de sa libido, ce qui
constitue, selon Freud, un facteur déterminant de la névrose obsessionnelle.

1) Le sadisme oral, nouvelle expression de l'agressivité de la phase schizo-


paranoïde

Face à l'Objet Mauvais, craint, et devant la haine générée par le Manque, le


nourrisson développe durant la phase schizo-paranoïde des fantasmes de destruction.
Ces fantasmes de destruction s'intensifient et vont s'exprimer à travers le
mordillement des objets externes, notamment le corps de la mère. C'est le sadisme
oral, qui apparaît au 6eme mois. C'est en effet à partir du 6eme mois qu'apparaissent
les premières dents de lait.

Ce sadisme oral a deux sources: la pulsion de Mort, dont une partie reste encore
contenue dans le Moi Primitif, et dont l'autre alimente sa crainte de l'objet externe; la
Haine de l'objet qui Manque, qui augmente avec sa frustration et ses peurs.

2) Les Fantasmes liés au sadisme oral

Il s'agit d'un sadisme oral lié à deux types de fantasmes: des fantasmes de
destruction tournés vers les objets mauvais; et des fantasmes liés à l'Envie
d'incorporation agressive tournés vers les objets bons générant le Manque.

Pour les premiers, Mélanie Klein décrit ainsi le sadisme oral avec un bébé criant,
affamé et hargneux, et mordant les objets mauvais, fantasmant la destruction du sein
mauvais et de l'Imago maternelle persécutrice.

Pour les seconds, sont ainsi décrits des fantasmes de possession du bon sein, de le
vider et d'en arracher le contenu. Ces fantasmes s'étendent ensuite à la totalité du
corps de la mère: le désir de dérober et détruire le contenu du corps de la mère.

3) Un sadisme encore indépendant de l'Eros

La Pulsion de Mort et la Pulsion de Vie sont encore trop faiblement intriquées pour
faire naître un véritable plaisir dans le sadisme oral du 6eme mois. Mais tel sera le cas
à partir du Stade du Miroir.
La libido de l'enfant reste tournée vers le sein de la mère, et vers un auto-érotisme
palliatif.

(B) Le Stade du Miroir (6eme – 24eme mois) :


le retour des éléments mauvais projetés, le narcissisme
primaire avec la formation du Moi définitif, la fin de
l'angoisse de Morcellement, et la distinction Soi/Non-Soi

Cliniquement, l'apprentissage de la représentation de Soi s'étale, avec


plusieurs étapes : 6 mois (ris devant le miroir), 9 mois (associe son nom à son reflet),
12 mois (se retourne quand le reflet d'un autre apparaît sur le miroir), 17 mois (fait des
grimaces) puis 24 mois (nomme son reflet par son prénom).

Le déblocage de la position schizo-paranoïde se fait donc lui aussi en plusieurs


étapes, d'abord avec une baisse des menaces (1), permettant la diminution des
projections (2), et donc la formation d'un Moi unifié et distinct de l'Autre (3/4/5), un Autre
qui peut ensuite être appréhendé dans sa totalité (6). Dans le cas contraire, c'est
l'entrée dans la psychose (7).

Nous verrons ensuite que le dépassement de cette position (vers la position


dépressive) connaît des régressions, jusqu'à l'identification claire du Soi et du Non-Soi,
suivit par l'analité (24 mois).

(1) Les conditions du dépassement de l'angoisse de morcellement: la


baisse des menaces et le renforcement du Moi

(a) Un environnement rassurant qui fait diminuer la menace de l'Objet


Persécuteur: l'objet mauvais se rapproche de l'objet bon

Si la mère ne s'est pas faite débordée par le contenu reçu lors des projections, ou
si elle n'a pas mal réagi à ses comportements agressifs, si au contraire elle a réussie
à rester rassurante, le niveau de menace diminue significativement pour le
nourrisson. C'est l'idée de « machine à laver »... On parle aussi de la « fonction
contenante » de la mère, cette capacité à recevoir les éléments négatifs et à les purger.
Winnicott généralise lui en parlant « d'objet environnement » qui rassure, avec la notion
de holding. Aimante et sans hostilité, l'objet externe mauvais perd son caractère
menaçant.

La représentation des objets mauvais se rapproche donc de celle des objets


bons, préfigurant la fin du clivage des Imagos.

(b) Un environnement rassurant qui fait diminuer la peur du Manque

On a vu que la satisfaction des pulsions de l'enfant est forcément différée et


incomplète. D'où l'hallucination négative afin de supporter cette attente et le Manque.
Mélanie Klein estime cependant que cette satisfaction différée doit rester dans
un seuil tolérable pour l’enfant, pour qu'il puisse dépasser sa peur de l'imprévisibilité
de l'objet bon externe.

Ainsi, le bébé sentant sa faim monter va se manifester par des pleurs, mais
également supporter ce manque par un fantasme de sustentation au bon sein.
Soit il ne tarde pas à être rassasié, et alors ce sein fantasmé se confond avec le
bon sein réel. Pour le bébé, le bon objet est alors fiable et rassurant.
Soit la sustentation réelle est trop différée, la frustration monte, la peur du sein
mauvais, le sein frustrant, est rappelée, et des peurs hallucinatoires de l'objet
persécuteur grandissent. Pour le bébé, le bon objet est faible et imprévisible, dominé
par l'objet mauvais.

En conclusion, si la mère satisfait de manière adaptée, et pas trop différée, le


bébé, l'objet externe bon devient fiable et rassurant. Mélanie Klein parle de la
croyance dans le bon objet.

(c) Un Moi qui se renforce et devient apte à protéger l'objet bon de l'objet
mauvais, comme à se protéger de la pulsion de Mort

Le Moi, introjectant de plus en plus des représentations d'objets bon,


représentations peu à peu unifiées par l'action des Pulsions du Moi (la libido
réintrojectée et désexualisée), va se renforcer et donner de plus en plus au nourrisson
une sensation de force et de capacité à se défendre, notamment contre ses propres
pulsions auto-destructrices nées de la pulsion de Mort.

La peur d'une dévoration interne de ses objets bons par des objets internes
mauvais diminue également, comme la peur d'une fragmentation. C'est l'angoisse de
morcellement qui diminue, et qui s'éteindra avec le Stade du Miroir, totalement finalisé
au bout du 24eme mois.

(2) Conséquence : Une diminution de la projection du Moi Haïssant et sa


réintrojection, ou Narcissisme de Mort

Devenues désormais moins nécessaires, les projections des objets partiels


mauvais internes et de la pulsion de Mort diminuent. Les premiers car ils perdent leur
caractère menaçant, la seconde car le Moi sait désormais mieux s'en protéger.

On parle de réintrojection de ces éléments: une partie de la pulsion de Mort


et les objets internes menaçants retournent dans le Moi. André Green désigne ce
retour de la Pulsion de Mort comme étant le narcissisme de Mort.

Mais le Moi est désormais suffisamment solide pour se protéger contre ces
pulsions auto-destructrices. La haine et les envies de destruction découlant de la
Pulsion de Mort, attribués à l'objet externe comme Objet Persécuteur par la projection,
vont en effet avoir comme objet désormais non pas le Moi, mais l'objet externe.

Mais un objet externe qui perd son caractère menaçant, et qui bientôt sera total:
de là naîtra l'angoisse de destruction de la mère de la position dépressive.

(3) La formation progressive d'un Moi unifié, mettant fin au Clivage du Moi :
le Stade du Miroir, s'étalant du 6eme au 24eme mois
La conjonction du narcissisme de vie et du narcissisme de mort conduit au
narcissisme primaire.

Les objets internes mauvais (devenus moins menaçants et donc réintrojectés)


comme les objets internes bons font être fusionnés par l'action de l'Eros. Cette
unification des représentations internes en un objet unique, le Moi, conduit à une
disparition du Clivage du Moi Primitif en Moi Haïssant et Moi Aimant.

Le Moi voit son unité assurée par le narcissisme de vie, par cette introjection
de l'Eros, désexualisée en « pulsions du Moi », d'auto-conservation. Selon A. Green,
l'amour propre du Moi assure sa survie, sa solidité.

Il y aura cependant une formation progressive, l'identification de son image à


Soi se faisant peu à peu. La position dépressive s'alterne avec des régressions schyzo-
paranoïdes, puis il se reconnait clairement dans un miroir vers 24 mois, et
abandonne définitivement les régressions schyzo-paranoïdes.

(4) Le Soi, et le début de l'adaptation à la réalité et de la distinction


Soi/Non-Soi avec un Moi-Peau qui se renforce

***
Le stade du miroir :
l'acquisition de la notion de “Soi”

C'est à partir de cette unification de tous les objets internes partiels en une
représentation unifiée que le nourrisson devient apte à se reconnaître et à s'identifier
lorsqu'il voit son reflet dans le miroir. Il identifie clairement son corps et son identité :
c'est le Stade du Miroir, qui s'étend du 6eme jusqu'au 24eme mois. Il s’agit de
l’introjection d’une représentation très spéciale : la représentation de soi-même,
comme un être unifié, le Soi.

Les expériences en laboratoire :

a) Les expériences menées sur l'identification du reflet dans le miroir montre qu'il
s'agit d'une représentation apprise progressivement. Les comportements suivants sont
relevés :

-Le reflet est compris comme étant un autre bébé : Notamment avec des
tentatives de communication, puis des interactions physiques. Dès 2 mois, puis de
moins en moins, les derniers cas allant jusqu'à 15 mois.

-Le reflet est compris comme étant non pas un autre bébé, mais comme un objet en
rapport avec soi : il découvre la synchronisation avec le reflet dès 9 mois, il est
fasciné dès 15 mois, puis des évitements ont lieu.

-Le reflet est définitivement compris comme étant Soi : les premiers bébés
nomment leur reflet avec leur nom dès 22 mois, les derniers vers 30 mois.

b) L'expérience de la tache : Une tache est sur le corps du bébé. Vue dans son
reflet, il doit regarder et la pointer sur son corps.
Les premiers résultats positifs apparaissent vers 15 mois. Vers 20 mois, le taux de
réussite est de 70%, puis progresse jusqu'à 100% vers 30 mois.

***
La distinction entre Soi et les objets externes

Distinguant donc le Soi, il le différencie des objets externes, le Non-Soi. Il va donc


commencer à correctement distinguer fantasmes et réalité, à différencier les
objets internes des objets externes, avec un Moi-Peau qui se renforce. Mais selon
André Green, l'objet externe a encore un double statut, comme partie de Soi, et comme
Autre. La distinction se fait progressivement durant la position dépressive, puis durant le
stade anal.

Il comprend donc les risques qu'il encourt réellement lors de la décharge brutale de
ses pulsions, propre au principe de plaisir. Il va donc commencer durant la position
dépressive qui vient à prendre en compte les contraintes de son environnement lors de
sa recherche de satisfaction. Cette adaptation, c'est le principe de réalité, initié dès le
début du stade du Miroir.

(5) La prise de conscience de l'Autre comme objet total, l'évolution du


Clivage des Imagos, et le début de l'ambivalence affective

Le nourrisson différencie peu à peu le Soi de son environnement. Les objets


partiels internes, tels que ses mains, sont compris comme faisant partie de lui, et
différent donc des objets externes.

Cette unification des objets partiels en objets totaux va se généraliser. Sa mère


va ainsi être représentée peu à peu en un objet total pour la première fois, et non
en une Imago Archaïque éclatée en objets partiels. C'est avec le Stade du Miroir qu'il
commence à la reconnaître, une fois qu'il parvient à s'identifier lui-même.

Il s'agit du passage d'une organisation objectale unipolaire, à une organisation


objectale différentielle.

Après sa mère, d'autres personnes sont peu à peu identifiées comme objets
totaux, généralement le père en premier lieu.

Cette capacité à globaliser les objets partiels en objets totaux signe une
évolution capitale du Clivage des Imagos. Désormais, les représentations sont
clivées en facettes mauvaises et bonnes, mais liées à un même objet total.

C'est alors le début de l'ambivalence affective: le nourrisson persiste à adorer


et haïr deux facettes d'un même objet; deux facettes désormais unifiées, faisant naître
une ambivalence, un dilemme, qui se cristallisera dans l'angoisse de destruction de
l'objet externe par sa propre haine (lors de la position dépressive).

(6) La première intrication de l'Eros et de la Pulsion de Mort: la naissance


du Plaisir du Sadisme

Le narcissisme primaire signe une première intrication entre les pulsions de


Vie et de Mort, ayant au même moment le même objet : le Moi d'un côté, et l'objet
externe avec l'ambivalence de l'autre.

Le sadisme oral de l'enfant génére désormais un véritable plaisir, tant dans


ses fantasmes que dans le mordillement de l'objet externe. Un sadisme tourné
principalement vers le corps de la Mère, porteuse du Sein.

L’introjection de la pulsion de Mort au sein du Moi donne naissance au principe


d'inertie, ou de Nirvana.
Ce principe est l'expression de la « tendance de la pulsion de Mort », et vise une
absence totale de pulsion, un niveau d'excitation nul, avec un objectif de non-
existence.

Mais au vu de son impossibilité, Freud postule l'existence d'un second principe


qui en prend le relais : celui-ci visant le maintient de cette excitation à un niveau le plus
bas possible, et à la prévention de toute montée ultérieure.

(7) Les fixations sur la position schizo-paranoïde: l'entrée dans la


psychose

Si au contraire l'environnement n'a pas été rassurant, ou si la mère a mal réagi


aux projections, il y a réintrojection d'éléments encore menaçants, orientant le Moi vers
la psychose, avec un Clivage du Moi et une angoisse de morcellement maintenus, et
des pulsions désintriquées.

Selon A. Green, tel sera le cas avec une satisfaction anticipée, donnée sans
amour ou encore de manière trop différée. Il désigne la psychose comme un
Narcissisme négatif : l'objet externe reste menaçant, et les pulsions, incontrôlables et
désintriquées.

Mélanie Klein estime ainsi qu'en cas de mauvais traitements, de satisfaction


trop différées ou d'autres carences à rassurer l'enfant, celui-ci va y voir une
confirmation de l'hostilité de son environnement. A ses yeux, les objets mauvais
l'emportent sur les objets bons, puisque son environnement est hostile. Le bon objet
est faible et imprévisible, dominé par l'objet mauvais. L'agressivité, et plus
généralement la pulsion de Mort, ne naît donc pas de mauvais traitement, mais va être
entretenu par ceux-là.

(C) La Position dépressive du Stade Oral (8eme-24eme mois)


Cette nouvelle position sera cependant marquée par des régressions
passagères vers la position schizo-paranoïde.

(1) La prise de conscience de l'indépendance de l'objet externe, et des risques


d'abandon, se cristallisant dans le sevrage, première cause de la dépression

Le nourrisson, avec le Stade du Miroir, réalise qu'autrui est un objet total,


indépendant de sa propre représentation. Un objet présentant deux facettes : à la
fois objet bon, et objet mauvais.
Le nourrisson réalise comme il dépend de cet autrue pour survivre, mais aussi
comme autrui est libre de l'abandonner, et de nouer des relations avec d'autres. Sa
découverte de l'indépendance de l'objet fait donc naître une peur de l'abandon,
dans la continuité de la peur du Manque, alors que l'environnement rassurant avait fait
diminuer cette peur du Manque précédemment.

***

Selon André Green, l'objet externe est encore alternativement perçu comme
partie de Soi, et comme Autre. Ce double statut est induit par un Moi-Peau encore
fragile, le constat de leur autonomie provoque donc une angoisse de perte de l'objet
externe. Une perte traumatisante pour le narcissisme : perdre l'objet externe, c'est
perdre un morceau du Moi, celui-ci étant doté d'un double statut Soi/Autre. Toute
idée d'autonomie de l'objet bon par rapport au Moi provoque l'angoisse. Car
l'autonomie chez autrui implique son imprévisibilité, et donc un risque de perte
soudaine.

Si le Soi est finalisé, et le Moi-Peau est suffisamment solide pour éviter toute
confusion avec l’environnement tout en permettant d’accéder à la capacité à se servir
de l’objet externe comme contenant, ce dernier garde certaines fragilités.

Pour Winnicott, l'absence de l'objet provoque parallèlement son absence dans son
espace psychique, qu'il ne peut combler par sa représentation, d'où le sentiment d'une
atteinte narcissique, provoquant une angoisse.

***
La fixation sur le sevrage,
(débutant vers les 4eme-6eme mois)
comme manifestation de la perte de l'objet total (trans-narcissisme mère-enfant)

Le sevrage, qui se fait progressivement dès que les dents de l'enfant poussent (vers
6 mois), c'est lorsque la mère cesse d'allaiter son enfant (biberon ou sein) pour le
nourrir avec d'autres aliments. Dès 7 mois, il peut d'ailleurs manger seul des biscuits et
des compotes...

Le sevrage a une importance fondamentale : il est une manifestation claire du


risque d'abandon, de la possibilité qui existe pour les Bons Objets de disparaître
(ici le Bon Sein).

Mélanie Klein souligne donc cette importance : la dépression de l'angoisse


d'abandon qui apparaît à cet âge est avant tout une expression de son désarroi devant
la disparition du Bon Sein, devant cette séparation mère-enfant, autrefois objet total et
trans-narcissisme source de toute satisfaction pour l'enfant.

C'est ce sevrage qui va poser les bases du Complexe d'Oedipe, Complexe qui
va donc intervenir dès la position dépressive du Stade Oral.

(2) La Pulsion de Mort, les objets internes mauvais et la crainte/culpabilité de


destruction de l'objet externe, deuxième cause de la dépression

La phase schizo-paranoïde conduisait à une projection de la Pulsion de Mort et des


objets internes mauvais sur l'extérieur. Au 6eme mois, c'est le sadisme oral : contre cet
Objet Persécuteur, l'enfant développe des fantasmes de destruction, qui ont deux
sources : sa Haine de l'Objet Externe, et la partie de la Pulsion de Mort qui n'a pas été
projetée.

Puis c'est le Narcissisme de Mort au 8eme mois, avec un retour de la totalité des
objets internes mauvais (plus ou moins “lavés”), de la Pulsion de Mort, et de son
intrication avec l'Eros, donnant naissance au sadisme.

(a) Des objets internes menaçants, et une Pulsion de Mort qui se tourne de
nouveau contre le Moi avec le Narcissisme de Mort

S'ils ne le sont plus au point de devoir être projetés, ces objets internes mauvais
réintrojectés restent encore menaçants. Le Moi est donc partagé entre objets
bons et objets mauvais depuis le Narcissisme de Mort, mais est désormais
suffisamment solide pour le supporter, bien qu'il ait recours pendant un temps à des
mécanismes psychotiques avec les défenses maniaques.

La Pulsion de Mort a été réintrojectée avec l'introjection des objets externes


mauvais. Elle est donc totalement tournée vers la destruction du Moi, ce dernier
étant maintenant le contenant des objets externes mauvais vers lesquels elle se
tournait.

Ces objets internes mauvais, incorporés au Moi, sont d'une importance


capitale. Ils n'ont pas été totalement lavés durant le Stade Oral Primitif, uniquement
juste ce qui faut pour pouvoir être réintrojectés sans sombrer dans l'angoisse de
morcellement. Ils continuent d'être particulièrement menaçants dans le monde
interne de l'enfant.

Les pulsions d'auto-destruction borderline ont ici leur origine à mon avis, avec
une Pulsion de Mort tournée vers leur destruction, et donc tournée vers le Moi. Il faut
trouver là l'origine de l'envie compulsive de s'attaquer afin de calmer une angoisse...

(b) La haine de l'objet externe indépendant, et la peur de l'abandon,


conduisent à un retournement de la Pulsion de Mort vers l'Objet Externe, et
essentiellement la mère

C'est l'apparition d'un sadisme générateur de plaisir tourné vers l'objet externe
pour l'enfant, depuis l'intrication des pulsions durant le stade du Miroir, avec des
fantasmes d'incorporation-destruction de l'objet externe, tels ceux du 6eme mois.

La Pulsion de Mort se détourne ainsi du Moi, pour se tourner de nouveau


partiellement vers l'objet externe.

Le Moi peut ainsi soulager la menace interne de la Pulsion de Mort, mais


également sa peur de l'abandon par le biais du sadisme, c'est à dire un contrôle
destructeur de l'objet externe.

L'objet principal de cette pulsion de Mort sera la mère, comme objet contenant tout
les objets qu'il désire (le Bon Sein), et dont il est désormais frustré (sevrage).

Les peines, les blessures, les malheurs qui peuvent frapper ses parents,
seront des évênements qu'il reliera à ses fantasmes de destruction, et dont il
pensera inconsciemment être à l'origine.

(c) La crainte de destruction de l'objet externe

Avec la modification du Clivage des Imagos, et la fin du Clivage du Moi, une même
personne, lui, se met donc à haïr et adorer un même objet, celui-ci regroupant des
imagos contradictoires, la mère en premier lieu. Cette ambivalence affective est un
véritable dilemme qui va conduire à l'apparition d'une nouvelle angoisse, la crainte de
la destruction de l'objet externe par sa propre pulsion de Mort, par son propre
sadisme.

(d) La culpabilité née de ses tentatives de destruction

S'il craint de détruire l'objet externe, il ressent également une culpabilité pour en
avoir déjà détruit fantasmatiquement, et continuer à le faire (notamment lorsqu'il
fantasme être à l'origine d'un accident ou d'un malheur frappant l'un de ses
parents).

Cette crainte et cette culpabilité font naître détresse, souffrance et nostalgie. Alliés
à la prise de conscience de l'indépendance de l'objet externe, ces sentiments sont à
l'origine de l'aspect clairement dépressif de cette position.

De là naîtront l'introjection d'imago détruites ou endommagées des objets


externes qu'il introjecte: sa mère, son père... Des imagos qui rejoignent ses objets
internes mauvais.

(3) L'initialisation du complexe d'Oedipe par l'introduction du Père dans le


couple mère-enfant, et par la perception de la scène primitive (réelle ou
fantasmée), conduisant à l'angoisse de castration, troisième cause de dépression

Mélanie Klein avait d'abord estimé que le Complexe d'Oedipe s'initialisait dès la
position schizo-paranoïde. Elle a plus tard modifié ses théories, en estimant que le
complexe d'Oedipe s'initie dès lors qu'autrui est perçu comme objet total, c'est à dire au
moment de la position dépressive : Il perçoit sa mère et son père comme distincts,
ressent le lien libidinal présent entre eux, et va donc projeter certains éléments
internes dans cette triade père-mère-enfant.

(a) La mère se tournant de nouveau vers le père, le couple parental suscite


envie et jalousie, avec une fixation sur la scène primitive dont il est exclu, et une
fixation sur le Pénis du Père

***
La perception du Père,
s'interposant entre la mère et l'enfant

Avec le Stade du Miroir, et avec la fin progressive du sevrage, de l'exclusivité à


l'enfant, la mère introduit un tiers dans le couple mère-enfant, un tiers que la mère
désire : le père. La fin de l'exclusivité maternelle, symbolisée par le sevrage, conduit à
une intensification du Manque, de la peur de perdre le Bon Sein.
Le sevrage a lieu en moyenne vers 1 an, et varie selon les sociétés. Plutôt vers 6
mois en Occident, vers 2-3 ans dans d'autres cultures. Mais la mère, au fur et à
mesure que l'enfant s'autonomise, s'autorise à de nouveau désirer le père, à passer
du temps avec lui, au détriment du temps passé avec l'enfant.

Il ressent alors un sentiment de privation, de jalousie et d'envie, désirant pour lui


même ces gratifications qui sont échangées, et un retour à l'exclusivité maternelle.
Un fort ressentiment apparaît dès le sevrage vis à vis de la mère, pour la privation
de ses satisfaction orales liées au Bon Sein.

***
La perception du coït parental,
plaisir exclusif entre le Père et la Mère,
et point de fixation de la jalousie de l'enfant

L'enfant fantasme particulièrement le coït parental, qu'il représente comme un


échange permanent entre eux de gratifications, de nature orale, anale ou génitale
selon les pulsions qu'il projette. Un échange violent, mais source de plaisir, dont il
est exclu. Freud parle de la scène primitive. La nature sadique de ce coït va
rapidement s'imposer pour l'enfant avec la projection de son propre sadisme (cf après).

Freud relève que cette perception de la scène primitive, si elle a parfois eu comme
base une expérience réelle, est très largement fantasmée par les enfants. Les
descriptions fournies lors de certaines analyses sont bien trop précises pour pouvoir
être réelles, et certains détails rattachent ce coït à des observations qui ont pu être
faites sur des animaux par exemple.

Pour les enfants des deux sexes, le corps de la mère est représenté
fantasmatiquement comme étant le réceptacle de tous les objets désirables, y compris
le pénis du père.

L'objet central du coït parental est le Pénis du père. Le fantasme principal de


l'enfant, c'est le fantasme qu'à chaque coït, la mère incorpore ce pénis par son
vagin.

Ce pénis est donc pour l'enfant au cœur du désir de la mère, désir qui l'a poussé
à l'abandonner. L'enfant, fille comme garçon, va donc focaliser sa haine et son
envie sur cet organe.

***
La haine de la mère pour l'avoir
abandonné avec le sevrage, et trahie avec le père

Le sevrage provoque un intense ressentiment chez l'enfant vis à vis de sa


mère, haine augmentant en intensité avec la découverte de son intérêt pour son
père.

Mais en plus, le corps maternel est toujours fantasmé comme contenant l'intégralité
des objets bons que l'enfant désire; y compris le pénis du père, sur lequel se fixera son
envie, se détournant du Sein maternel désormais inaccessible avec le sevrage.
Pour la fille, cela sera une haine qui diminuera au fur et à mesure de son
développement, mais qui ne la quittera qu'à l'âge adulte. Le garçon sera lui aussi habité
par cette haine, mais aura plus de facilité à la dépasser lorsqu'il se découvrira un pénis,
s'imaginant apte à la reconquérir.

(b) La perception ambivalente du Pénis : d'abord perçu comme le Mauvais


Pénis, haï et craint

***
Le Mauvais Pénis, haï car objet de désir de la mère,
et craint pour ses capacités de destruction comme outil de la
vengeance parentale

Le pénis du Père représente d'abord l'objet d'envie de sa mère, l'objet qui l'a
poussé à se détourner d'elle. Ses premiers sentiments seront donc de la haine à son
égard. Il s'agit de l'attribut qui a permis au père de la lui ravir.

Ce pénis a ensuite un caractère menaçant, hostile, lié au sadisme du coït, et la


perception primaire que l'enfant en a : une agression du père contre la mère.
Cette peur du Pénis sera décuplée lors de la formation de l'Imago Parentale
Indifférenciée.

Cette perception primitive d'un « Mauvais Pénis » va ensuite être reliée à son
Surmoi Archaïque, et à l'Imago Parentale Archaïque (cf après).

Mais l'intérêt de sa mère pour cet objet le conduit à percevoir également un « Bon
Pénis », doté de plusieurs attributs extrêmement enviables. Cela le conduit dans un
second temps au désir de se l'approprier.

(c) La perception ambivalente du Pénis : ensuite perçu comme le Bon Pénis,


envié et désiré

***
Le Bon Pénis comme moyen
de posséder à nouveau sa mère

L'enfant va être amené à désir incorporer le Pénis paternel, car cette incorporation
conduirait sa mère à se détourner du père pour revenir vers une relation exclusive.
C'est l'idée que le pénis est l'attribut du père qui lui permet de posséder la mère,
qui l'a poussé à se tourner vers lui. Le pénis a donc une caractéristique de puissance.
Certains auteurs désignent cette association pénis - attribut de puissance par le terme
de Phallus.

***
Le pénis comme
source de satisfaction orale
à l'image du Bon Sein

Cette incorporation va également être désirée car le pénis du Père semble source
de satisfaction durant le coït. L'enfant va en effet fantasmer le Pénis paternel comme
un objet étant une source intarissable d'immenses satisfactions orales.
Le désir du Pénis va remplacer le désir du Bon Sein, devenu désormais une
seule source de frustrations avec le Manque, exacerbé par le sevrage et le désir de la
mère pour le père.

Le désir du Bon Pénis se fait donc sur un mode de satisfaction orale, à


l'image de l'envie du Bon Sein. L'association Sein/Pénis est renforcée par les
similitudes organiques. Le coït parental, dans ce contact entre le sexe féminin et celui
masculin, est relié inconsciemment à la succion du sein, le couple pénis/vagin étant
associé au couple sein/bouche.

(d) Bon ou Mauvais, un Pénis vite perçu comme étant un attribut de puissance
(le Phallus), situé à la fois dans le corps maternel, ou sur le corps paternel

***
L'investissement
narcissique du Pénis, ou Phallus,

Le Pénis paternel est perçu pour ces raisons comme un attribut de puissance,
permettant la possession de l’objet désiré, telle la mère pour le père, mais
permettant également une jouissance sans entrave.

Cet organe a donc une importance narcissique: c'est le «sexe narcissique», ou


Phallus. Cette importance narcissique va vite être décuplée avec le stade anal,
lorsque l'enfant reliera le Phallus à la toute-puissance des excréments, avec sa
capacité à uriner.

***
Le Pénis, à la fois attribut du père, et
objet incorporé par la mère

Dès le stade oral primitif, le corps maternel est représenté comme contenant tous les
objets désirables, et en particulier le Bon Sein.

Cette conception est encore d'actualité. Si le Pénis est la propriété du père, la


mère est fantasmée comme l'ayant incorporé lors des coïts. Mélanie Klein précise
plusieurs théories infantiles relatées lors des analyses : le fantasme du vol du pénis du
père par la mère, vol définitif ; ou au contraire un vol sans cesse renouvelé à chaque
coït, la mère intégrant un nouveau pénis à chaque coït, et ainsi les accumulant .
Une théorie infantile associée est l'idée que certains de ces pénis se transformeront
ensuite dans le corps maternel en nouveaux bébés.

Le pénis, Bon comme Mauvais, est donc à la fois perçu dans le corps maternel,
et comme attribut du père.

(e) Le désir du pénis conduit aux fantasmes oedipiens : l'envie de voler au


père son pénis par un coït , et l'envie d'agresser et de dépouiller le corps
maternel des pénis qu'elle a déjà incorporé

Ce désir du Pénis, immédiat après le sevrage, fait entrer la fille directement dans
l'Oedipe pour Mélanie Klein, et le garçon dans l'Oedipe négatif, ou "position
féminine".

***
Le désir de récupérer le Pénis
dans le corps maternel

Ce désir du Pénis du Père, contenu dans le corps de la mère, pousse ensuite


l'enfant dans une compulsion à dépouiller sa mère; à s'approprier en lui volant les
bons objets en elle, dont ce « Bon Pénis » du père.

***
Le désir de récupérer le Pénis
en le dérobant au père par le coït,
conduisant à la "phase féminine" chez le garçon

Ce désir du Pénis est également à l'origine de fantasmes oedipiens, dans


lesquels le coït avec son père permet de lui voler son pénis, à l'image de ce que
réalise sa mère.

Cette perception du coït comme moyen de dérober le Pénis de l'homme va


alimenter une perception sadique du coït, et l'image castratrice du Vagin.

Ce désir sera l'origine des fantasmes d'incestes de l'enfant, dans lesquels la


fillette s'unie à son père, afin que son Vagin lui dérobe son Pénis ; et dans lesquels le
garçon s'identifie à sa mère dans le coït pour ainsi dérober ce pénis au père.

Mélanie Klein décrit cette étape comme la « phase féminine » du garçon, celui-ci
suivant le développement de la fille, et ce jusqu'au stade phallique.

***
La conception originelle de Freud :
L'Oedipe n'apparaît que durant le Stade Phallique

Freud estime que c'est au Stade Phallique que l'entrée dans l'Oedipe se fait. La fille,
déçu par l'absence de Phallus chez sa mère, et haineuse qu'elle ne lui en ait pas donné
un comme les garçons à la naissance, que l'entrée dans l'Oedipe se fait lorsque la fille
se tourne vers le Phallus du père. Le garçon, se découvrant un pénis, se lance à la
conquête de sa mère.

(f) La haine des parents, décuplée par la frustration de son envie du Pénis, et
sa haine du Mauvais Pénis, conduit à une augmentation des fantasmes sadique
de destruction, conduisant à une culpabilité immense

Il va diriger son agressivité vers le couple parental, d'abord en le détruisant


fantasmatiquement. Mélanie Klein relève ainsi l'existence de fantasmes
masturbatoires qui, au début, représentent des attaques directes contre ses parents :
des fantasmes dans lesquels l'enfant les attaque oralement, puis avec ses urines et ses
excréments avec l'analité. L'un ou l'autre des parents n'est pas préféré, les deux sont
attaqués fantasmatiquement, ou plutôt le couple dans son ensemble.
Mais ces attaques directes sont très culpabilisantes, et lui font craindre d'abord la
destruction de ses parents.

***
Pour la fille : une
fixation de la haine sur la mère,

La fille va concentrer ses attaques sur l'intérieur du corps de la mère, ce corps


étant le réceptacle de tous les objets bons enviables qu'elle désire, y compris du Bon
Pénis.

Son Envie du Bon Sein initiale, tournant son attachement vers sa mère, est
remplacée par l'Envie du Bon Pénis, incorporé par la mère lors du coït. Il y a pour la fille
une réorientation de son Envie de bons objets, de son attachement à la mère vers
le père, déclenchée par la douleur du sevrage et la jalousie générée.

Il lui faut donc remplacer sa mère lors du coït, la conduisant à orienter


principalement ses fantasmes sadiques vers elle : en tuant sa mère, elle peut prendre
sa place lors du coït avec son père, et récupérer pour elle le Bon Pénis, et les
bébés du ventre de sa mère (issus de bons pénis incorporés).

***
Pour le garçon : une
haine prononcée et fondamentale du Mauvais Pénis,
d'abord associé au Père, puis à la Mère

Si elle est présente également chez la fille, la haine du Mauvais Pénis prend
beaucoup plus d'importance chez le garçon. Il passe rapidement de la haine du
corps maternel à une haine ciblée sur cet objet particulier.

Il craint également ce Mauvais Pénis, mais cette crainte contribue à alimenter sa


haine, et ses fantasmes sadiques qu'il tourne spécifiquement contre cet organe.

1) Avec le sevrage, le ressentiment pour cet abandon alimente une haine tournée
vers la mère, issue de la Haine primitive du Mauvais Sein frustrant.

2) Or ce Pénis est l'objet avec lequel le Père vole sa mère, et en plus l'attaque et lui
nuit, détruisant les bons objets de son corps (le Mauvais Pénis). Ce pénis haï est donc
primitivement associée au Père, qui cristallise au début de l'Oedipe la haine du
garçon par un déplacement : le Mauvais Pénis est responsable de sa frustration
et de l'abandon de sa mère.

3) Mais le garçon va déplacer dans un second temps sa haine du Mauvais Pénis


vers sa mère. Et ce car il en fantasme l'incorporation au moment du coït. Le ventre
féminin, derrière le Vagin, est fantasmé comme abritant cet objet haï. Ce déplacement
est facilité par l'attachement originel de la haine à la mère (étape une), dont il est
toujours resté un résidu.

Pour ces raisons, le garçon est plus susceptible de concentrer sa haine du


Mauvais Pénis vers sa mère, que vers son père. Et l'oriente du même coup vers la
position féminine, ou Oedipe négatif, en le rapprochant de son père.

La haine du Mauvais Pénis va favoriser l'indifférenciation des parents, conduisant


l'Imago Parentale Indifférenciée. L'intensité de cette haine, et sa fixation sur l'un ou
l'autre des parents en priorité, dépendra cependant des expériences de l'enfant
avec chacun d'eux, de leurs qualités respectives de “bon parent”...

(g) L'angoisse de castration : afin de faire diminuer sa culpabilité, le recours à


la projection d'une partie des fantasmes sadiques sur une Imago parentale
sexuée terrifiante, créant la peur de la sanction, Imago externalisée mais aussi
introjectée

Très rapidement, cette agressivité s'exprimera également par des fantasmes


sadiques dans lesquels ses parents s'attaquent mutuellement.

Cette projection de sa pulsion de Mort lui permet de faire diminuer sa


culpabilité. Pour Mélanie Klein, cette sexualité sadique parentale fantasmée est la
manifestation de ses désirs de destruction de ses parents, de manière indirecte au lieu
de ses précédents fantasmes de destruction par sa propre personne.

***
Une vision sadique du coït causée
par cette projection de son sadisme

Avec ces projections, l'enfant va percevoir le coït parental de plus en plus comme un
acte sadique, dans lequel les parents s'entre-détruisent, et en particulier durant
lequel le père attaque la mère.

Les attaques des parents sont fantasmées sous un angle oral (morsures), puis
rapidement sous l'angle de la toute-puissance des excréments. Le pénis du Père,
comme organe contrôlant la miction, est ainsi associé à une arme terrifiante.

Les fantasmes sadiques associent ainsi les parents à des créatures monstrueuses,
terrifiantes et violentes, s'attaquant avec leurs organes génitaux devenus dangereux,
leur urine, leurs excréments, et leurs dents.

***
La représentation cruelle et mauvaise
des organes génitaux parentaux

Ces fantasmes d'un coït sadique sont à l'origine pour Mélanie Klein de l'attribution
d'un rôle cruel au pénis du père.

Il reste en effet l'objet central du coït, et un organe de miction impressionnant pour


l'enfant, le pénis du père est donc associé à une arme cruelle qu'il utilise dans ses
attaques contre sa mère au moment du coït.

Mélanie Klein parle du Mauvais Pénis, organe redouté par l'enfant pour sa violence
et son potentiel de destruction.

Or la mère est fantasmée comme incorporant et volant le pénis au moment du coït.


Ce Mauvais Pénis est donc fantasmé comme contenu dans le corps maternel,
comme s'étant introduit dans le vagin pour détruire la mère de l'intérieur, et
attaquer ses bons objets (dont le Bon Pénis).

Ce fantasme sera à l'origine de la représentation d'un Vagin castrateur, organe


maternel, avide et terrifiant, en raison de la présence du Mauvais Pénis au sein du
corps maternel. Le Mauvais Pénis se dissimulerait derrière ce Vagin, le rendant
ainsi menaçant.

Avec la modification du Clivage des Imagos, ces mauvaises Imagos vont co-
exister avec les bonnes, déclinant l'ambivalence affective aux organes génitaux
des parents.

***
La peur de la vengeance parentale
par l'Imago Parentale Indifférenciée
(la “femme au pénis”),
ou l'angoisse de castration

Mélanie Klein en est venue à cette théorie après de nombreuses


psychanalyses d'enfants. Elle remarqua que nombre d'entre eux ressentait une
crainte liée à un personnage fantasmatique : la “femme au pénis”. Au travers de
cauchemards, de jeux, ce personnage fantasmatique transparaît.

L'incorporation fantasmée du Mauvais Pénis par la mère lors du coït donne


naissance à cette représentation de la père et de la mère réunie en une seule et même
personne, une Imago parentale indifférenciée, mais sexuée contrairement à l'Imago
parentale indifférenciée du Stade Oral Primitif : Une mère dont le corps contient le
Mauvais pénis du père, intégré avec le coït, soit une “femme au Pénis”.

Cette représentation est donc issue de son fantasme de coït sadique, de


Mauvais Pénis comme arme du père, et de l'incorporation de celui-ci par la mère.
Avide et mauvaise, cette représentation va terrifier l'enfant.

Il va en effet fantasmer que cette dernière à conscience de sa jalousie, de sa


haine, de ses fantasmes sadiques et de son envie d'exclusivité de la mère, et va
ainsi le sanctionner en attaquant l'intérieur de son corps pour le vider de ses
bons objets internes, à l'image de ce qu'il tente de faire en attaquant sa mère.

Et ce surtout lorsque ses fantasmes ont pour nature des attaques directes contre
ses parents, attaques directes qui produisaient déjà de la culpabilité, le poussant à
projeter de plus en plus son sadisme, mais rendant cette représentation de plus en plus
terrifiante. La menace de cette représentation sera ainsi proportionnelle à sa haine, à sa
jalousie et à son sadisme vis à vis de ses parents.

Le coït est étroitement associée à ces peurs d'être sanctionné, attaqué et vidé,
le Mauvais Pénis attaquant la mère au moment des rapports sexuels. La sexualité
elle-même devient donc angoissante.

Il s'agit finalement d'une modification du Surmoi Archaïque, ancien Objet


Persécuteur Externe.

***
La crainte de l'Imago Parentale Indifférenciée
associée à des objets externes et internes, et
à l'origine de plusieurs symptômes

En tant que représentation d'une « femme doté d'un Mauvais Pénis », Mélanie Klein
estime que cette Imago sera symbolisée à l'extérieur, dans le corps maternel, ou
associé au Vagin Castrateur, ou encore au pénis du père, objets qui deviendront
alors source de danger.

Cette peur de ses parents, l'enfant la déplace ensuite très souvent : sur des jouets
dans ses jeux, et généralement sur d'autres adultes, ou des menaces fantasmatiques
(cauchemards, peur imaginaire...). Elle est ainsi bien plus acceptable, et permet à
l'enfant de continuer à avoir de bonnes relations avec ses parents. Un excès de
timidité et de peur des adultes étrangers traduit donc souvent un tel
déplacement.

Mais cette représentation sera dans le même temps intériorisée. L'enfant


ressentira la crainte d'être attaqué à l'intérieur de son corps par ce Mauvais
Pénis, et d'être vidé de ses bons objets internes.

Cette peur d'objets internes mauvais pourra se traduire par différents symptômes.

***
Le désir du Bon Pénis
exacerbé par sa crainte du Mauvais Pénis

L'enfant voit le Bon Pénis comme l'objet le plus désirable du corps maternel,
permettant puissance et jouïssance.

Sa crainte du Mauvais Pénis exacerbe donc son envie de s'en retrouver doter, ce qui
lui permettrait d'affronter ce Mauvais Pénis, de s'en protéger.

***
Spécificités de l'angoisse
de castration de la fille : la peur de ses mauvais objets
internes, et surtout du Mauvais Pénis

La fille sera particulièrement concerné par cette peur du Mauvais Pénis.


Mélanie Klein estime qu'elle est l'angoisse fondamentale pour la femme.

Pour la fille, le Mauvais Pénis, plus que tout autre objet ou arme fantasmée, sera la
menace principale liée à l'Imago Parentale Indifférenciée. Ce Mauvais Pénis
cristallisera ses peurs liées à cette Imago.

Ses relations futures avec le genre masculin, porteur de pénis, s'en retrouveront
affecté en cas de fixation. L'association (coït – attaque par un Mauvais Pénis
sadique – peur d'être sanctionné et attaqué par l'Imago parentale Indifférenciée)
reste très présente chez elle.

Le désir du Pénis est alimenté par un désir d'incorporer le Bon Pénis, pour lutter
contre le Mauvais Pénis redouté. D'où l'importance de la perte de virginité et des
premiers rapports sexuels, à l'adolescence, dans la diminution de ses angoisses, la fin
du stade Phallique ne résolvant pas les angoisses de la fille.

Mélanie Klein souligne également l'importance des rapports père-fille dans sa


crainte du Mauvais Pénis. Cette peur sera d'autant plus grande avec un père
sévère, sans bonté, sans "Bon Pénis" pour contrebalançer celui Mauvais qu'elle
perçoit dans le coït sadique. Avec des conséquences variables : fixation sur un rôle
masochiste, avec des partenaires sadiques ; haine du père, identification à un Pénis
sadique et orientation homosexuelle; etc.

***
Spécificités de l'angoisse
de castration du garçon : La peur du Mauvais
Pénis, et la peur de la vengeance de la mère

Sa position féminine, axée sur un désir du Bon Pénis qu'il envisage d'obtenir en
s'identifiant à sa mère, le conduit à entrer en concurrence avec sa mère : il cherche à
obtenir ce Pénis à sa place, en s'unissant à son père à sa place.

Il craint donc une vengeance pour ses désirs, et ses fantasmes sadiques,
vengeance qui va être symbolisée par l'Imago Parentale Indifférenciée, et par son
Mauvais Pénis.

La position féminine est donc source d'angoisse. Elle va cependant se débloquer


au moment du stade Phallique, le garçon trouvant en son propre pénis le courage
d'affronter son père, d'abandonner la position féminine et ses orientations
homosexuelles, pour s'identifier à son père et tourner ses désirs incestueux vers sa
mère.

(h) Une sexualité phallique et génitale précoce, mêlée et dissimulée par la


sexualité orale

Mélanie Klein estime, à partir de ses analyses de jeunes enfants, que sa perception
de la dualité père-mère, et surtout du coït parental, induisent de manière précoce
une sexualité phallique et génitale, ainsi qu'une distinction des sexes.

Le désir de récupération du Pénis paternel dans le corps maternel, pour sa


destruction ou son attribution, et le désir de remplacer le père lors du coït, vont conduire
aux fantasmes incestueux génitaux, et ce de manière très précoce. Mélanie Klein
estime juste que le très jeune âge de l'enfant empêche encore de percevoir clairement
le conflit oedipien, tout comme son parasitage par la sexualité orale, puis anale. Ce
n'est que lorsque le conflit oedipien arrive à son paroxysme que ses symptômes
apparaissent, et donc seulement après quelques années.

Ces fantasmes incestueux sont oedipiens et anti-oedipiens (parent de même sexe


comme de sexe opposé), le choix définitif de l'objet sexuel, découlant de l'identification
sexuelle, seront faits ultérieurement. Mais ces fantasmes restent liés par les émotions
qui les gouvernent: jalousie, désir du Pénis, désir d'un retour au Sein maternel, et
sadisme tourné vers les parents, alternativement ou ensemble.
(i) Un Complexe d’Œdipe précoce, structurant les stades ultérieurs, mais
dissimulé par la sexualité prégénitale, et par une expression fantasmatique ou via
des substituts

Les stades anal, phallique et oedipien s'inscriront dans une continuité avec le
stade oral, et leurs problématiques sont déjà perceptibles : ambivalence affective
vis à vis du couple parental, importance du Phallus, désir du Pénis et de relations
génitales incestueuses, peur du Manque de l'Objet Externe et son angoisse
d'abandon... Les premiers fantasmes avec masturbation reprendront comme noyau les
premiers fantasmes sadiques centrés sur le coït parental des stades oral et anal.

Mais ces problématiques sont traitées avec les outils qui sont en sa possession :
sexualité et agressivité orale, puis urétrale et anale, et enfin phallique. D’où la
dissimulation des problématiques oedipiennes durant ces stades.

En outre, les émotions complexes liées à ses parents (haine, envie, jalousie,
sadisme…) seront essentiellement exprimées de manière fantasmatique afin d’éviter
le conflit interne qu’elles provoquent.

La haine et le sadisme éprouvé à l'égard du couple parental pourra se manifester


par des fantasmes de morsure, de meurtre, des jeux de rôles, un sadisme tourné vers
des objets externes de substitution (jouets…), des rêves...

Les fantasmes liés à la peur de la sanction par le Surmoi Archaïque vont également
se manifester, notamment à travers des cauchemars et des peurs spécifiques: peur
d'arrachement, de morsure par des figures parentales ou une Imago monstrueuse
les combinant, peur de monstres, etc.

Le Complexe d’Œdipe reste donc fondamentalement le même durant les stades


ultérieurs. La sexualité génitale, déjà présente durant le stade oral, va se renforcer pour
aboutir au stade génital. Mais la sexualité génitale, le sadisme oral puis anal, et le
complexe d'Oedipe ne se manifestent que de manière très discrète (fantasmes,
cauchemars...) et dissimulée (sadisme sur petits animaux et objets, substituts, etc).

(4) La phase dépressive d'abord combattue par des défenses maniaques

Au plus fort de la dépression, ce sont ces défenses qui vont être privilégiées. Elles
signent une régression vers la position schizo-paranoïde.

Lorsque l'objet externe disparait, la crainte que celui-ci ne revienne pas (peur du
Manque), que celui-ci ait été détruit par ses propres fantasmes de destruction (crainte
de destruction), provoque une dépression aïgue, l'orientant vers des défenses
psychotiques (réparation magiques, défenses maniaques).

D'abord avec un retour du Clivage des Imagos originel et un Clivage du Moi.


L'objet externe étant de nouveau séparé entre objet bon et objet mauvais perçus
comme distincts, l'ambivalence est évitée, et la crainte de destruction de l'objet
externe, comme la culpabilité, causes de dépression, s'effacent donc. Les pulsions
destructrices et les sentiments dépressifs liés à l'abandon sont eux cloisonnés
dans une partie mauvaise du Moi.

Ensuite bien sûr la projection de la partie mauvaise du Moi, vers les objets
mauvais, afin de détruire la menace qu'ils représentent, et de leur attribuer toute la
destructivité et la dépression ressentie par le nourrisson. Ces objets mauvais seront
tous ceux pouvant contrarier sa mégalomanie, son accession à un objet bon idéal, ou
son contrôle de l'objet externe: il est alors vu comme persécuteur.

Une mégalomanie et des sentiments de toute puissance, une confiance absolue en


soi, caractérise la partie bonne du Moi. Les mécanismes d'introjection de l'objet bon
sont à leur maximum, afin d'éviter leur perte. Les seuls objets bons qui sont perçus
comme tels sont ceux internes, évitant ainsi tout risque de perte et d'abandon, d'où
cette mégalomanie, qui est également un moyen de contrebalancer les sentiments
dépressifs. Cette mégalomanie induit des fantasmes de grandeur ou de bonheur parfait,
que le sujet est persuadé de bientôt atteindre.

Il reste focalisé sur des objets bons idéaux, parfaits. Le déni est d'abord utilisé
lorsque l'objet bon idéal n'est pas accessible, par exemple pour une situation sociale ou
un échec incompatible avec sa mégalomanie. Ou la "réparation magique", à
distinguer de la réparation qui est détaillée ensuite: il s'agit d'une reconstruction de
l'objet bon idéal lorsqu'il est perdu, à l'identique, sans culpabilité en niant que cette
perte puisse être la conséquence de sa propre agressivité.

Les objets externes restants sont contrôlés, méprisés et suscitent le triomphe


lorsqu'ils connaissent l'échec. Contrôlés de manière omnipotente afin d'éviter
l'abandon; méprisés afin d'éviter toute culpabilité concernant sa destructivité à son
égard; et suscitant le triomphe lorsque cet objet bon connaît l'échec, déniant l'intérêt
qu'il lui porte et sa dépendance à son égard. Il attaque donc l'objet désiré en le
rabaissant fantasmatiquement afin de le mépriser, niant son caractère d'objet total
pour en faire un objet partiel dépourvu de toute indépendance, et combattre par là son
sentiment de dépendance à son égard.

Avec une agressivité lorsque sa mégalomanie, l'accès à l'objet idéal ou le contrôle


de l'objet externe sont contrariés malgré le déni et la réparation magique. En raison du
risque de retour de la dépression.

Ces défenses maniaques, lorsqu'elles sont mobilisées pour lutter contre la


dépression liée à l'initialisation du complexe d'Oedipe, conduisent notamment à un
clivage entre un bon et un mauvais parent, ou entre une bonne image du couple et une
mauvaise image d'eux. Son agressivité est en outre projetée afin de le leur
attribuer. Des images persécutrices peuvent apparaître comme étant liées à l'un ou
l'autre, ou au couple. Une défense courante consiste en une régression à l'Imago
Maternelle Persécutrice: par le déni, il refusionne les représentations parentales en
une seule Imago, vers laquelle agressivité et pulsion de Mort sont projetés, évitant ainsi
la dualité parentale conduisant au complexe d'Oedipe et la culpabilité de sa propre
agressivité.

(6) L'introjection progressive d'objets bons, encore idéaux, afin d'équilibrer


son monde interne menacé par les objets internes mauvais, et de lutter contre
l'angoisse d'abandon
L'introjection des objets externes se poursuit : l'introjection des représentations
des organes génitaux, de la différence des sexes, de la différence entre ses deux
parents, vont notamment commençer dès le début de la position dépressive. L'enfant
continue ses introjections d'objets bons, avec le mécanisme de la réparation.

a) L'introjection d'objets bon contre l'angoisse d'abandon

Par une représentation introjectée d'un objet externe bon, rassurant, fiable,
l'enfant cessera de voir l'indépendance de l'objet externe comme une menace.
Ces introjections se poursuivent donc, et ce jusqu'à la fin du stade anal et de la
position dépressive.

b) L'introjection d'objets bon pour renforcer le Moi

Ces introjections permettent également de renforcer le Moi, fragilisé par les


objets mauvais réintrojectés avec le Narcissisme de Mort (ceux-ci restant
menaçants, bien que pas au point de nécessiter les mécanismes schyzo-paranoïdes).
Cela permet de solidifier son narcissisme, et de repousser la menace de sa Pulsion de
Mort en contrebalançant la présence des objets internes mauvais, et notamment le
Mauvais Pénis et l'Imago parentale indifférenciée.

Les objets internes mauvais, et ces deux derniers en particulier, sont responsables
de l'importante angoisse de castration, qui est avant tout vécue comme une peur d'être
attaqué, vidé, puni pour ses fantasmes oedipiens.

c) L'importance du corps maternel, réceptacle des objets bons désirés

La bonne mère fait office de réceptacle pour tous les objets bons qu'il lui sont
nécessaires.

La fille notamment se représente le corps de sa mère comme englobant tout le bon


lait, le bon pénis, et les bons enfants qu'il lui permettent de combler ses désirs et
d'appaiser ses craintes. On retrouve la marque du Bon Sein, à l'origine de toute les
satisfactions durant le Stade Oral Primitif. Cet attribut de sa mère alimente sa
frustration, sa jalousie, et son sadisme, puis naturellement sa culpabilité lorsqu'elle
s'imagine dépouiller sa mère de tous ses bons objets par ses attaques.

La relation mère-enfant est donc fondamentale dans l'introjection de ces objets bons.
Par un bon nursing, l'enfant introjecte ces objets bons pour renforcer son Moi, et
lutter contre la peur d'abandon.

d) La fixation sur l'objet bon Idéal, et ses déceptions liées à l'épreuve de la


réalité

L'objet bon est fantasmé comme objet idéal : Il est sans défauts, satisfaisant à
tous les égards. Cette idéalisation alimente cependant son angoisse d'abandon
(lorsqu'il est perdu, aucun autre ne pourra le remplaçer) et son désir de le contrôler et
d'en exiger une conformité avec son fantasme, sous peine de déception.

L'Idéal du Moi est créé, issu du désir d'incorporation de l'objet bon idéal. Un objet
idéal faire figure de modèle, générant de la honte lorsque le Moi s'en écarte.
***

La réalité impose à l'enfant de nombreux démentis sur ce qu'est sensé être l'objet,
avec une déception sans cesse renouvelée. Il n'expérimente jamais un désir assouvi
avec autrui, les expériences sont sans cesse décevantes.

La tentation est grande d'opérer un désinvestissement de l'objet externe décevant,


pour trouver une satisfaction uniquement hallucinatoire. Green parle du désir de
l'autre transféré vers le désir de l'Un. Ce désir peut même devenir le désir du non-
désir, évitant toute déception, comme si le sujet trouvait son plaisir dans l'abandon de
toute recherche de satisfaction ; le plaisir non pas dans le déplaisir (masochisme), mais
dans l'absence de désir et de plaisir.

(7) L'utilisation progressive de la "réparation", capacité à retrouver l'objet


après son absence/ sa destruction, pour combattre l'angoisse d'abandon et celle
de destruction d'autrui

La réparation vient dans un second temps, si la dépression a baissé avec les


défenses maniaques. Dans le cas contraire, on pourra avoir des fixations maniaques et
un cercle vicieux empêchant toute sortie de la position dépressive.

a) Le principe de la réparation

Son amour pour l'objet externe, dont il culpabilise la destruction ou


l'endommagement, et dont il craint l'abandon et la disparition, le conduit à un désir de
récupération par sa Pulsion de Vie : la réparation.

C'est un désir de reconstituer cet objet perdu, de le protéger de sa propre


destructivité, de tout risque d'abandon, et de le rendre impérissable. Ce désir de
réparation s'applique à tous les objets auquel il tient : sa mère, tout objet menacé ou
perdu, et notamment ses objet internes bons afin de rééquilibrer son monde interne.

Une partie importante de la réparation consiste en sa capacité à avoir confiance


en l'objet, en son retour, et donc abandonner son contrôle tout puissant, et être
capable de supporter sa perte sans que cela génère haine et dépression, jusqu'à
constater son retour, preuve de sa permanence et de sa solidité contre sa
destructivité.

C'est ainsi que la dépression va être combattue par un cycle répété "perte-
récupération" de l'objet.

Inversement, un échec alimente alors sa dépression, et diminue sa confiance


absolue en l'omnipotence de son amour.

C'est souvent le cas lors de ses premières expériences de réparation, lors


desquelles il constate comme il est plus facile de détruire que de construire ou réparer...
l'amenant à conclure à la supériorité de la pulsion de Mort sur sa plusion de Vie. Cette
réparation est également contrariée chez des patients ayant connu des fantasmes de
destruction particulièrement intenses : la réparation se devant d'être proportionnée, ses
fantasmes de réparation, grandioses, s'avéraient irréalisables, confirmant la toute
puissance de la pulsion de Mort.
b) Les principaux mécanismes de la réparation au stade oral : le nursing et le
jeux

Les fantasmes de réparation doivent correspondre aux fantasmes


destructeurs/de perte contre lesquels ils lutteront.

Ainsi, les fantasmes de destruction par les urines et les excréments de l'analité
introduiront des fantasmes de réparation liés à la propreté.

***

A l'image de l'environnement rassurant de la phase schizo-paranoïde, c'est


essentiellement le bon nursing de la mère, et de son entourage, qui va assurer la
réparation à l'absence de la mère : L'enfant constate par ce nursing le retour
régulier de sa "bonne mère", malgré ses départs.

***

Freud décrit cette réparation lorsqu'il mentionne le “jeux de la bobine”, dans lequel
un enfant de 18 mois jette la bobine au loin, pour ensuite la récupérer, de manière
répétitive : il rejoue la disparition-réapparition de sa mère. On est dans une
“représentation en action” : l'enfant subit les absences de sa mère ; afin d'intégrer ces
absences et la continuité de l'objet, il les reproduit par ses propres expériences,
constatant le retour permanent de l'objet externe, et dépassant peu à peu ses
angoisses.

De Freud avec le “jeux de la bobine”, aux analyses de Mélanie Klein, le jeux chez
l'enfant est bien souvent une répétition de ses problématiques, et une manière de
les intégrer, les dépasser, par leur matérialisation et leur répétition.

Ces jeux sont divers, et seront utilisés à tout âge pour symbolier et intégrer les
conflits internes : combat contre des monstres (lutte contre les angoisses de castration),
jeux de poupée (retour au sein maternel en recréant les situations de holding), jeux de
regards du bébé décrits par Lemaître durant la position schizo-paranoïde, jeux avec des
voitures ou des trains (variantes des rapports sexuels parentaux), de guerre (variante
du combat contre le père, de l'affirmation de son phallus et donc d'une lutte contre
l'angoisse de castration), etc.

Le plaisir du jeux s'explique donc à la fois par une satisfaction de ses désirs,
satisfaits de manière détournée, que par un abaissement de ses angoisses. Par le
jeux, Mélanie Klein indique qu'il y a ainsi transformation de l'angoisse en plaisir.

***
Le recours à un tiers faisant
office de “bon objet” et de bon nursing :
nounours, grand frère, autre tiers, etc

L'introjections d'objets bons, rassurants, la protegeant contre ses craintes et


angoisses, est faite en développant des relations rassurantes avec ses parents. Mais le
Complexe d'Oedipe rend compliqué l'établissement de ces relations, le report des
"bonnes qualités" de la mère peut alors être fait sur un tiers : un grand père, un frère, un
animal de compagnie…

Tel est le cas pour la fonction protectrice dévolue à un nounours pendant le


sommeil, et l'attachement à celui-ci.

c) La réparation et le complexe d'Oedipe

Les comportements affectueux et tendre avec ses parents font office de réparation
pour tous ses fantasmes sadiques.

La fille notamment multiplie les comportements de réparation vis à vis de sa mère,


sous la pression de sa culpabilité, il s'agit d'un cercle répétitif sadisme-tendresse
fondamental dans le complexe d'Oedipe de la fille selon Mélanie Klein. On retrouve
le « bon nursing » de la mère.

La réparation et le complexe d'Oedipe seront également d'actualité durant le stade


anal, mais surtout durant le stade Phallique, permettant une sortie des défenses
perverses (cf après).

d) Une réparation qui permet de faire baisser les peurs de la position


dépressive, ainsi que la sévérité du Surmoi, et permet au Moi de se passer des
défenses maniaques

A la fin du stade oral, si son angoisse d'abandon et celle de destruction d'autrui ne


sont pas encore résolues, elles le sont suffisamment pour éviter désormais les
défenses maniaques.

La relation à la réalité est définitivement établie durant la fin du stade oral. Les
fixations psychotiques ont lieu durant la position schizo-paranoïde, ou durant le début
de la position dépressive (oral-début anal).

***

Le Surmoi, générateur de culpabilité, passe doucement d'un Surmoi Archaïque


persécuteur, à un Surmoi à l'image des représentations parentales introjectées. Il
reste très persécuteur durant la fin de la phase sadique-orale, mais moins durant le
stade anal, au fur et à mesure que la relation à l'objet total s'établit.

Mais pour Mélanie Klein, les positions schizo-paranoïde se manifestent à


plusieurs reprises jusqu'à la fin du stade anal, au cours de régression
temporaires.
STADE ANAL
Le passage au stade Anal va se faire avec le contrôle sphinctérien. Il y
déplace alors ses problématiques et ses fantasmes, mais ceux-ci restent
fondamentalement les mêmes : la position dépressive. Les fantasmes et peurs orales
ne disparaissent donc pas durant le stade Anal. Il s'agit d'un déplacement sur cette
zone, mais progressif, et qui connaîtra des exceptions, avec des fixations de nature
orale.

I) Le contrôle urétral et sphinctérien, déclencheurs du passage au


stade anal

1) Les étapes du contrôle urétral et sphinctérien

Vers 12 mois, l'enfant commence à acquérir un début de contrôle urétral. Vers 18


mois, il apprend peu à peu où et quand il peut uriner, lui permettant d'acquérir une
propreté diurne et un contrôle total de la miction en moyenne vers 24 mois, et
nocturne vers 3 ans.

Entre 16 mois et 2 ans, l'enfant commence à acquérir un début de contrôle


sphinctérien anal, qu'il acquiert définitivement en moyenne vers 24/30 mois.

2) Le plaisir associé à ce contrôle, la sexualité du stade anal, et les phases


explusive et de rétention

Ce contrôle provoque un réel plaisir pour l'enfant.

Le plaisir lié à la défécation est lié à la structure du sphincter, à la sensibilité des


tissus de cette zone, générateur de stimulus agréables. En maîtrisant les muscles du
sphincter, et en pouvant alterner contractions et décontractions, il découvre un éventail
de stimulus sur lesquels il a un moyen de contrôle.

Selon Abraham, la première phase du Stade Anal est marqué par la destructivité,
avec la destruction des excréments par l'expulsion durant le sous-stade sadique anal
(« phase expulsive »).
La seconde phase s'axe elle sur le contrôle par la rétention, et sur
l'apprentissage de la propreté, durant le sous-stade masochiste anal (« phase de
rétention »).

L’activité et la passivité de la relation sexuelle s’expriment dans la dichotomie


expulsion/rétention du boudin fécal, et du plaisir associé. Ressentir l’expulsion, en tirer
plaisir et le lier à un rôle passif ; ou alors activement l’expulser, en tirer plaisir et le lier à
un rôle actif.

II) La continuité de la phase dépressive : peur d’abandon,


Ambivalence affective, Culpabilité pour sa Pulsion de Mort et
Angoisse de Castration avec le Complexe d’Œdipe

1) La peur du Manque, ou l’angoisse d’abandon, structurant le stade anal

Au delà de cette nouvelle sexualité anale, le sujet va passer tout le stade anal à
lutter contre la position dépressive. A lutter contre les angoisses abandonniques,
qu'il va donc déplacer sur cette zone qui acquiert un tout nouvel intérêt.

La peur du Manque de l’Objet Externe, née de la réalisation de son indépendance


et donc de son imprévisibilité, est toujours présente. Alternativement Autre et Soi, ce
double statut induit une angoisse de perte de l'objet externe bon, dans la lignée de
la peur du Manque du Bon Sein de la position orale.

L'objet externe est perçu comme distinct du Soi depuis le Stade du Miroir. Mais il
est encore perçu comme une extension de son Moi, un alter-ego présentant les
mêmes caractéristiques, uniquement dans des jauges différentes : plus ou moins
puissant, bon, grand... que Soi ! Green parle de Moi-Peau incomplet.

L'indépendance et l'imprévisibilité de l'Objet Externe induit pour André Green une


seconde peur: la peur de l'Objet Externe imprévisible, dans la lignée de l'angoisse de
dévoration et de dépossession psychotique.

L'objet externe, à être trop proche, devient menaçant pour le Moi, en raison de ce
risque d'envahissement. La passivité nécessite d'avoir confiance en l'objet externe.
Confiance en ce qu'il n'essayera pas d'abuser de son pouvoir sur soi. L'absence de
confiance en lui, comme son autonomie, le rendent imprévisible et inquiétant,
susceptible de décevoir, et surtout de faire mal, de heurter le narcissisme. C'est la peur
que l'objet externe le fasse souffrir, en raison de son imprévisibilité.

2) Un clivage des Imagos toujours modifié, provoquant l'ambivalence


affective, et la peur que survienne l'objet mauvais

Depuis le Stade du Miroir, le Clivage des Imagos s'est modifié : les Imagos
contradictoires d'un même objet cohabitent, faisant naître l'ambivalence affective. Un
même objet présente donc plusieurs facettes qu'il n'a pas encore globalisées :
bon/mauvais, etc.
Il adopte en outre une vision clivée, bipolaire des rapports de force entre les
objets: ceux-ci ne peuvent être que dominant, ou dominé.

On parle de déni à l'altérité pour l'objet externe : c'est un Autre indépendant,


plus ou moins bon / fort, mais sans altérité, sorte d'alter-ego, avec lequel n'existe
que des rapports de force.

Cet autre indépendant présente une facette mauvaise qui peut remplacer celle
bonne. C'est la peur de l'objet mauvais, la crainte ainsi pour l'enfant de voir survenir
sa “mauvaise mère” en lieu et place de sa “bonne mère”, mauvaise mère cristallisant
les peurs de castration (représentation liée au Surmoi Archaïque sanctionnant les
fantasmes sadiques et oedipiens, mais également sur laquelle est projetée la pulsion de
Mort).

3) Une faible intrication des pulsions, avec une prédominance de la Pulsion de


Mort: une peur de la destruction de soi et d'autrui qui persiste, générant une forte
culpabilité

C’est également durant ce stade qu’il lui faudra poursuivre la fusion des pulsions de
Mort et de Vie, débutée avec le Stade du Miroir, et qui ne s’achèvera qu’avec l’entrée
en Oedipe. Jusqu’à une fusion totale, la pulsion de Mort est prédominante, la pulsion
de Vie (dont la sexualité) étant à son service, subordonnée.

Avec le narcissisme primaire, l’intrication a en effet débutée. Cette intrication des


pulsions est progressive : d’une pulsion de Mort presque libre, provoquant un besoin de
contrôle/destruction répétitif (tel dans le « jeu de la bobine ») dénué de toute
jouïssance, pour peu à peu conduire à des plaisirs sadiques, lorsque l’intrication est
plus poussée.

Selon Bergeret, différents stades d’intrications pourraient cependant cohabiter.


Ainsi, des « noyaux » de Pulsion de Mort libres pourraient subsister malgré une bonne
intrication globale, et pourraient se manifester un jour dans certaines conditions. On
parle également de « pulsions d’emprises ».

Cette pulsion de Mort, par sa destructivité, tournée vers soi comme vers autrui
(auquel souvent on tient en raison de l'ambivalence), reste angoissante, générant une
peur de la destruction de l'objet externe. Avec l'ambivalence, l'objet haï est
également l'objet aimé, la destruction de l'un entraîne la destruction de l'autre, d'où une
culpabilité pour ce sadisme qu'il fantasme.

4) Le Complexe d’Œdipe : Désir, frustration et haine, conduisant à un Surmoi


Persécuteur terrifiant et à l'angoisse de castration, projetés sur l'environnement

Les problématiques sont identiques à la position dépressive : désir d'exclusivité avec


la mère, désir du Pénis du père, cristallisé sur le coït, avec une frustration conduisant à
la haine et à des fantasmes sadiques, générant culpabilité et peur de sanction.

Si cette relation provoque envie et jalousie, c'est qu'un désir de relation exclusive
avec la mère persiste, découlant de l'Envie du Bon Sein de la position schizo-
paranoïde.
Ce désir de remplacer le père se focalise notamment sur le désir du Pénis du père,
objet source de plaisir réciproque, généré par le père et incorporé par la mère, et donc
origine de l'attention de la mère pour le père.

Sa frustration et sa haine se manifeste par des fantasmes sadiques, agressifs,


tournés vers ses parents.

Mais ce sadisme entre en conflit avec l'amour qu'il porte pour ses parents: c'est
l'ambivalence affective. Ce conflit génère toujours une culpabilité, avec la peur d'une
destruction effective par sa pulsion de Mort.

Cette culpabilité alimentant une peur d'être sanctionné par une Imago parentale
indifférenciée doté du Pénis paternel et du Vagin maternel, Imago liée au Surmoi
Archaïque. La violence perçue lorsqu'il est témoin du coït parental, comme la peur de
la sanction par cette Imago, est à l'origine de l'attribution d'un rôle cruel au Pénis et au
Vagin.

Ce Surmoi Archaïque va être un facteur important d’inhibition des pulsions.


Celles-ci sont réprimées de manière rigide et absolue, par la crainte d’une sanction.
C'est l'angoisse de castration oedipienne. La sévérité de ce Surmoi Archaïque
dépend en outre directement de l’intensité des pulsions sadiques : la culpabilité conduit
à un retournement de celles-ci contre le Moi.

Ce Surmoi Archaïque garde une nature terrifiante et terriblement


angoissante. En effet, pendant la position dépressive, sado-orale et sado-anal,
l'angoisse de castration oedipienne est terriblement primitive, archaïque,
absolue.

III) L'expression de ces problématiques modifiées par l'analité

1) Un sadisme s'exprimant à travers l'analité

Pour Freud, Abraham comme Klein, les excréments et l'urine tiennent une place
très importante dans les fantasmes sadiques de l'enfant, fille comme garçon.
L'enfant croît en effet à la toute puissance de ces fonctions urinaires et
intestinales. Il s'agit d'outils de destruction, qu'il contrôle désormais avec l'analité.

Dès le contrôle urétral, les fantasmes de destruction s'expriment désormais à


travers l'urine : fantasmes dans lesquels les enfants inondent, empoisonnent, ou
utilisent l'urine comme agent corrosif. Mélanie Klein voit ici l'origine de l'énurésie
(urines chroniques au lit).

Puis avec le contrôle sphinctérien, par les excréments : fantasmes dans


lesquels les selles sont utilisées comme agent dégradant; puis ensuite, dans des
versions plus élaborée, comme agents toxiques.

Ces fantasmes sadiques liés à l'urine et aux excréments sont, dans le cadre du
sadisme du Complexe d'Oedipe, toujours tournés vers les parents, vers la mère qui
l'abandonne, vers le père qui lui ravit sa mère. Ils sont très souvent exprimés avec des
déplacements et des substituts, évitant ainsi une culpabilité et une peur de la
sanction trop importante que provoqueraient des fantasmes explicites.

Outre les fantasmes, l'expulsion et la rétention des excréments est ainsi utilisé
dans ses relations avec ses parents : pour leur nuire (rétention angoissante pour les
parents), pour les satisfaire (expulsion et fierté, où montrer ses excréments et attend
reconnaissance).

Le sadisme dirigé vers les parents se double d'un sadisme dirigé vers les objets
externes, haïs pour leur caractére imprévisible, alimentant la peur d'abandon.

***
Les jeux sadiques

Les jeux de l'enfant, s'ils peuvent retranscrire le besoin de possession de l'angoisse


d'abandon, peuvent aussi symboliser le sadisme et la haine de l'enfant née de son
complexe d'Oedipe et de son angoisse d'abandon. Des jeux de destruction, la
dégradation de ses jouets, etc, peuvent ainsi être observés. Mélanie Klein estime qu'ils
symbolisent également les attaques du Mauvais Pénis sur un corps maternel qui se
dégrade.

2) Une peur de la sanction s'exprimant à travers l'analité

La propreté qui lui imposé par les parents est vécu comme une sanction pour son
sadisme anal, lié à l'expulsion d'excréments, lors du sous-stade sadique-anal. Cette
propreté sera ensuite introjectée durant le sous-stade masochiste-anal, comme
expression de son Surmoi Archaïque, et investi de manière réactionnelle pour lutter
contre son sadisme.

Les peurs du Surmoi Archaïque, de la sanction par l'Imago parentale indifférenciée,


pour son sadisme et ses envies oedipiennes, va également se manifester durant le
stade anal sous une forme particulière : la peur d'être vidé, dépossédé, notamment
lors de la défécation, liée aux peurs d'arrachement et de dépossession du stade oral.

On retrouve dans de nombreux cauchemards et fantasmes de peur l'Imago


Archaïque Indifférenciée, sous des traits souvent monstrueux, et des
représentations cruelles du Pénis et du Vagin, éventuellement mélangées avec des
composantes anales.

Corollaire des fantasmes d'empoisonnement d'autrui avec ses selles et son


urine, on trouvera la peur d'être soi-même empoisonné, corrompu, sali par les
excréments, par des objets externes hostiles .

3) Une peur de ses objets internes mauvais s'exprimant à travers l'analité

Pour Mélanie Klein, la phase expulsive, d'explusion sadique des excréments, est
une manifestation de la peur de sa propre destructivité, de sa propre pulsion de Mort,
mais également de son Surmoi Archaïque terrifiant : l'excrément qu'il prend plaisir à
expulser et à détruire est assimilé à des objets internes menaçants, qu'il cherche à
rejeter hors de lui.

IV) Les mécanismes pathologiques du Moi pour se défendre contre


l'angoisse : contrôle objectal et projection

1) Un besoin de contrôle de l'Objet Externe, issu de la peur du Manque et de


l'Objet Mauvais, et à l'origine de la Haine de l'Objet et du sadisme

Comme pendant la position dépressive, la peur d'abandon, née de l'imprévisibilité de


l'objet externe, et dans la lignée de la peur du Manque du Bon Sein, le conduit à un
besoin de contrôle, permettant ainsi d'éteindre cette imprévisibilité.

En gardant sans cesse sous son contrôle l'objet externe (et la mère en premier
lieu), il évite sa perte, mais également que sa façette mauvaise et hostile
survienne.

Le manque de contrôle va générer haine de l'objet, dans la lignée de la haine


fondamentale du mauvais sein qui disparaît lors de la position schizo-paranoïde. Cette
haine conduit à une agressivité, une agressivité provoquant du plaisir depuis
l'apparition des pulsions sadique-orales avec l'intrication des pulsions lors du Stade du
Miroir. Mélanie Klein souligne bien qu'on retrouve ici l'envie fantasmatique du Stade
Sadique-oral d'avaler le Mauvais Sein, pour le détruire, et détruire ainsi la menace qu'il
représente.

La crainte de la destruction de l'objet externe, qui habitait la position dépressive, a


diminuée, mais est encore présente. Elle disparaît cependant peu à peu durant le stade
anal, et avec elle le fantasme de la toute-puissance des pulsions.

2) Un comportement possessif sadique

L'enfant va donc adapter son comportement. Les objets vont être contrôlés, avec
un désir de possession absolu, générant haine et désir de destruction en cas
d'indépendance, et donc des comportements sadiques.

C'est l'enfant ultra possessif et jaloux avec ce qu'il aime; et agressif et violent avec
ce qui le rejette/craint/échappe à son contrôle.

L'enfant multiplie des comportements liés à cette peur d'abandon et du manque : il


collectionne ses jouets, les compte, les range... On a vu qu'il s'agit également d'une
manière de les protéger contre son sadisme. Mélanie Klein estime qu'il s'agit aussi
d'une manière d'accumuler les objets sous son contrôle, afin de pallier à
l'imprévisibilité de l'objet; mais également afin d'avoir en sa possession suffisamment
de matière à rendre à sa mère, en réponse à ses peurs de dépossession comme
sanction pour ses attaques au corps maternel .

3) Un Surmoi Archaïque et une pulsion de Mort projetés sur l'environnement


pour éviter l'angoisse de castration

Pour se protéger du Surmoi Archaïque, l'Imago Parentale Indifférenciée, le Moi va


avoir recours à son déplacement sur d'autres objets de son envionnement:
l'angoisse ainsi associée à un objet peut être plus facilement évitée qu'une angoisse
interne ou liée à ses parents. Mélanie Klein et Abraham précisent que cette projection
est fréquemment faite sur des animaux. Des animaux primitifs et terrifiants (monstres,
loups...) pendant la position dépressive : c'est le cas de l'Homme au Loup (phobie
archaïque de morsures par des loups terrifiants).

Ce Surmoi Archaïque est l'Imago Indifférenciée terrifiante des parents. Des


associations avec les traîts parentaux se retrouveront donc durant ces déplacements
(vagins et penis menaçants, etc).

Au fur et à mesure que le Surmoi Archaïque baisse en intensité, avec de bons


rapports aux parents, les animaux concernés sont moins terrifiants : c'est le cas du Petit
Hans, et de sa phobie des morsures de chevaux (le cheval faisant office du père
castrateur). On est alors dans les névroses phobiques. Une amélioration est perceptible
dès la phase masochiste-anale.

Ces éléments font dire à Mélanie Klein que le sous-stade sadique-anal est parcouru
par des crises de paranoïa furtives, qui cessent ensuite avec le sous-stade
masochiste-anal.

V) La réparation permet peu à peu de dépasser l'angoisse


d'abandon, et celle de destruction d'autrui, tout en faisant baisser
l'intensité du Surmoi Archaïque

La réparation va se poursuivre selon de nouveaux moyens durant le stade anal, qui


viennent se rajouter à ceux du stade oral (nursing et jeux).

1) La toute-puissance des excréments, que l'enfant contrôle, conduit à un


sentiment de toute-puissance, soutenant son Narcissisme contre ses angoisses

a) La toute-puissance des excréments, soutien narcissique contre la peur


d'abandon et la peur de l'Imago Parentale Indifférenciée

Lors du Stade Oral, l'enfant se tournait déjà vers un contrôle objectal avec la phase
sadique-orale. Avec l'analité, il a découvert un nouvel éventail de contrôle de l'objet
externe, via le contrôle de ses excréments. Cette découverte progressive de ces
nouvelles possibilités du contrôle de l'Objet Externe le conduit à un sentiment de
toute puissance.

Mélanie Klein parle de la position schyzo-paranoïde du stade anal, qui


s'incarne dans le sentiment de toute puissance, tiré de son contrôle de la propreté et
du contrôle sphinctérien, qu'il va opposer à ses parents. Cette opposition apparaît
donc dans la seconde partie du stade Anal, au moment du sous-stade de rétention, ou
masochiste anal, avec l'apprentissage de la propreté. Il s'agit du Stade du Non.

La toute puissance qu'il tire du contrôle des excréments lui apporte un soutien
narcissique pour lutter contre la menace interne des mauvais objets (Imago
Parentale Indiffériencée et Mauvais Pénis notamment). Il voit dans ses excréments
des armes utilisables pour lutter contre eux, influençant ainsi ses fantasmes de
destruction des parents, et induisant ainsi une baisse de l'angoisse.

Cette toute-puissance lui permet également de faire diminuer son angoisse de


perte d'objet (qui peut être combattue par un contrôle objectal unilatéral).
Son Narcissisme positif, ses fiertés, vont être liés à ce contrôle objectal, mais
également à ce contrôle urêtral et sphinctérien. L'enfant lie donc avec le stade anal
son narcissisme avec son corps, dans sa totalité. Mélanie Klein estime que la
femme gardera ce lien à l'âge adulte. Le garçon, lui, liera après l'analité son
narcissisme à son Phallus .

b) Le désir du Pénis renforcé par le lien Pénis - Contrôle de l'Urine - Toute


puissance des excréments

La fonction urinaire étant perçue comme une fonction toute puissante, de nature
sadique, le Pénis Paternel se voit doter fantasmatiquement d'un nouvel attribut
enviable : un pouvoir de destruction inégalé, avec ses capacités urinaires. Il s'agit
d'un attribut de puissance, à l'image d'un autre de ses attributs, celui d'objet
permettant la possession de la mère.

Cet attribut de puissance s'intègre dans la logique d'un contrôle de la toute


puissance des excréments.

Pour la fille comme pour le garçon, ce nouvel attribut renforce leur désir de se
l'approprier. Il s'agira même d'un élément déterminant dans leur perception du
pénis comme Phallus, objet à l'origine de la toute-puissance adulte.

c) L'importance de la toute-puissance des excréments pour la fille

A partir du Stade Phallique, le garçon substituera la toute-puissance des


excréments par la toute puissance de son pénis, support narcissique plus puissant
encore. Son narcissisme se déplacera alors de son corps jusqu'à son pénis.

La fille n'en ayant pas la possibilité, cette toute-puissance des excréments


restera l'un de ses principaux mécanismes de défense contre ses angoisses,
jusqu'à l'âge adulte.

C'est ainsi que les fixations sur la propreté, l'ordre, l'apparence physique (liant son
narcissisme à son corps), issue du sous-stade masochiste anal, seront utilisés jusqu'à
l'âge adulte.

d) La propreté, et la préservation des objets, comme investissements


réactionnels permettant de faire diminuer sa culpabilité, et sa crainte de détruire
l'autre

La crainte de détruire les cibles de ce sadisme, ainsi que la crainte de la sanction


par le Surmoi Archaïque, conduit l'enfant, surtout durant le sous-stade masochiste-anal,
a des réactions de préservation : collectionner les jouets et les ranger
méticuleusement, boites pour préserver les objets, etc. Il y aura également des efforts
de réparation : réparation de jouet préalablement brisés, affection après agressivité à
l'égard des parents, etc. Ces mécanismes de réparation et de préservation, permettant
de combattre ses fantasmes sadiques, sont d'essence obsessionnelle : Mélanie Klein
voit dans les comportements obsessionnels liés à la propreté des fixations à ce sous-
stade masochiste anal.

L'association excréments-saleté-danger appuiera les demandes de propreté de ses


parents, pouvant le conduire à une obsession de la propreté, en tous les cas à un
investissement de la propreté durant le sous-stade masochiste-anal.

Ces mécanismes de réparation, luttant contre la peur d'abandon, la crainte de la


destruction d'autrui et la peur du Surmoi Archaïque, vont devenir de plus en plus
souples, de moins en moins obsessionnels, au fur et à mesure que ces réparations sont
couronnées de succès et que ces peurs baissent.

Cette réparation se manifeste de plusieurs manières : mesures de préservation,


réparation matérielle après destruction, affection après un comportement agressif,
mais également restitution d'objets à l'autre après un contrôle objectal tyrannique.

2) La satisfaction sexuelle, réparation permettant d'apaiser l'angoisse de


castration

Pour Mélanie Klein, l'activité sexuelle (orale, anale puis celle liée aux organes
génitaux) est une composante importante de la réparation. Par le plaisir des organes,
l'enfant fait diminuer ses angoisses (et notamment celles liées au sadisme associé à
la sexualité adulte), et s'apaise.

La crainte d'être sanctionné, attaqué et détruit, s'efface devant ce plaisir


sexuel, et le convainc de la supériorité de ses capacités de réparation sur cette
menace (de l'Eros sur la Pulsion de Mort).

L'importance du plaisir dans l'acte sexuel est souligné par Mélanie Klein, et ce
jusqu'à l'âge adulte. Ce plaisir permet d'éloigner les représentations sadiques
liées au coït, et la culpabilité ainsi que la crainte que cela génére.

3) Le bon nursing et le jeux, toujours utilisés pour apaiser l'angoisse


d'abandon, et introjecter des bons objets contenus dans le corps maternel

A l'image de ce qui se déroule durant la phase orale de la position dépressive, ces


mécanismes de réparation se poursuivent durant le stade anal.

***
Le cas du recours à un tiers rassurant,
faisant office de “bon objet” et de “bon nursing” :
nounours, frère ou soeur, tiers, etc

L'introjections d'objets bons, rassurants, le protegeant contre ses craintes et


angoisses, est faite en développant des relations rassurantes avec ses parents. Mais le
Complexe d'Oedipe rend compliqué l'établissement de ces relations, le report des
"bonnes qualités" de la mère peut alors être fait sur un tiers : un grand père, un frère, un
animal de compagnie…

Tel est le cas pour la fonction protectrice dévolue à un nounours pendant le


sommeil, et l'attachement à celui-ci.

Les relations sexuelles entre frères et soeurs, leur permettant d'inconsciemment


partager le fardeau de la culpabilité et de la peur de la sanction pour leurs fantasmes
oedipiens (se dissimulant ensemble pour des actes proscrits par les parents), est
également un facteur permettant de faire baisser cette peur et cette culpabilité
pour Mélanie Klein. Savoir qu'un autre partage sa propre situation angoissante est en
soi un réconfort, et permet de trouver un allié contre les parents. Mais seulement si ces
rapports restent positifs et libidinaux, pas s'ils expriment compulsivement des angoisses
et des fantasmes sadiques.

4) L'apprentissage motivé ou inhibé par l'Oedipe et le besoin de contrôle

Ses désirs sadiques et de contrôle vont également s'exprimer dans un


questionnement incessant, un besoin de savoir qu'il exprime vis-à-vis de ses parents.
L'accès à la connaissance, notamment verbale, est à relier originellement à ses désirs
sadiques d'incorporer le contenu du corps maternel; Et lui permet également de jouer à
jeux égal avec ses parents et de s'imposer dans le trio eodipien. Il accablera ceux-ci de
reproches s'ils ne peuvent/veulent répondre, à l'image de son agressivité lorsqu'il lui est
refusé ses besoins de possession, le contrôle du savoir étant également vu comme un
moyen de contrôle des objets menaçants du corps maternel. Le savoir,
l'apprentissage, est donc motivée par les angoisses oedipiennes; mais pourra
également être inhibé par celles-ci, lorsqu'il sent que ce savoir, comme ces objets
dangereux, échappent à son contrôle.

La connaissance est donc reliée à l'indépendance et à son pouvoir sur autrui,


parents ou autre, et donc sur l'objet externe menaçant. Ici est l'origine des
pathologies obsessionnelles avec des rituels durant lesquels le sujet compte,
additionne, récite, etc.

Les angoisses liées à l'apprentissage, aux études, sont issues de la peur de la perte
de ce contrôle et de cette indépendance.

VI) Les conséquences de la fin du Stade Anal

1) Le deuil de l'objet bon idéal, et la capacité à se satisfaire de l'objet réel

Cette sortie est initié par sa nouvelle confiance en ses capacités à retrouver l'objet
bon idéal qu'il a perdu. Il fait alors le deuil de l'objet bon idéal, par la sublimation, qui
lui permettra également de canaliser ses pulsions destructrices en s'adaptant toujours
plus au principe de réalité, et donc de mettre fin à sa crainte de destruction de l'objet
externe.

Mais ses expériences de réparation, dans lesquelles il retrouve l'objet, non pas un
objet fantasmatique idéal, mais l'objet externe avec ses défauts, va peu à peu le
rassurer: sa pulsion de Mort n'est pas toute puissante contre l'objet ; L'objet externe
peut revenir et le satisfaire, à condition d'abandonner ses fantasmes d'objet idéal et
d'accepter cet objet externe.

Par le déplacement et la sublimation, il apprend donc peu à peu à se satisfaire


de cet objet externe, à remplaçer l'objet idéal fantasmé, et à cesser de craindre la
destruction de l'objet par ses pulsions.

Cette réparation est donc marquée par le deuil de l'objet externe ou interne idéal,
avec donc des sentiments dépressifs légers, tout en étant rassuré par la récupération
d'un objet externe, certes avec des défauts, mais se substituant à celui idéal.
2) Un Surmoi qui baisse encore en intensité, et un Idéal du Moi en formation

Le Surmoi Archaïque terrifiant (la peur d'être attaqué -castré- par l'Imago
Parentale Arcahïque) diminue toujours en intensité, en étant intériorisé dans
l'Idéal du Moi, même s'il reste suffisamment angoissant pour maintenir l'angoisse de
castration oedipienne.

Avec cette baisse d'intensité du Surmoi, les mécanismes de réparation deviennent


moins obsessionnels, plus souples, et donc plus efficaces.

***

Il va tirer du pouvoir de contrôle des excréments, et du Non qu'il peut opposer à la


volonté parentale, une fierté narcissique.

Son narcissisme va en effet se calquer sur la dichotomie dominant/dominé: Ses


affirmations de puissance provoqueront fierté ; Ses échecs ou moments de faiblesse,
honte.

Pour définir ce dont il doit avoir honte ou ce dont il doit être fier, il va se calquer sur
le modèle parental : l'Imago parentale indifférenciée va en effet être intégrée au sein
de l'Idéal du Moi. Et cette instance dictera au Moi son comportement, suscitant honte
et fierté pour le guider.

3) La fin du Stade anal marqué par la disparition de la peur d'abandon et de la


crainte de la destruction d'autrui

La fin du stade anal est marqué par la disparition totale de la peur d'abandon et
de la crainte de la destruction, grâce à cette réparation qui devient de plus en plus
souple durant le stade anal; et ce par les actions réparatrices tournées vers l'objet
externe, en retrouvant régulièrement l'objet externe malgré sa disparition, et en se
satisfaisant progressivement de lui malgré ses différences avec l'objet idéalisé.

STADE PHALLIQUE
Avec la fin du Stade Anal, l’angoisse d’abandon par l’Objet Externe disparaît
presque totalement, pour n’être plus que centrée sur l’envie de la mère du Complexe
d’Œdipe, et sur le désir du Pénis du Père avec un objet prenant une importance
narcissique grandissante : le Phallus. Le Narcissisme de toute-puissance apparu avec
le stade du Non, et son désir de possession absolu des objets désirés, sont cependant
toujours présents, et vont désormais se concentrer sur les désirs oedipiens.

Il s’agit en fait de l’étape durant laquelle le complexe d’Œdipe, qui œuvre depuis le
stade oral, va enfin être résolu. Le noyau du Complexe d’Œdipe n’a cependant toujours
pas changé : ambivalence à l’égard du couple parental, jalousie, fantasmes sadiques
orientés vers leur destruction, envie du Pénis.

1) Un Enfant Roi toujours plus intolérant

Après le stade du Non, l'enfant est dans une logique d'affrontement. C'est l'Enfant
Roi. Et il va poursuivre dans cette voie, en devenant encore plus extrême.

Sa mégalomanie devient démesurée, et ses relations objectales s'axent sur la


domination, avec une intolérance à la frustration et de la haine en cas de
résistance (pas d'angoisse, car fin des angoisses abandonniques).

2) L'évolution du Complexe d'Oedipe pour le garçon : la découverte de sa


possession d'un pénis, la position masculine, les défenses perverses contre
l'angoisse de castration, et l'identification au père

a) La découverte de son propre pénis, dans lequel il va concentrer sa toute-


puissance, et en faire un support narcissique contre ses angoisses

***
La découverte de
son propre pénis

Avant 3 ans, un érotisme lié à ses organes génitaux existait déjà,avec le plaisir
éprouvé pendant toilette/miction: c'est la masturbation primaire. Or vers 3 ans, il
découvre la possibilité de reproduire ce plaisir: c'est la masturbation secondaire.

Il s'intéresse donc désormais à cet organe dans le cadre de sa sexualité, et fait


le lien avec le pénis de son père, l'identifiant comme son propre pénis.

***
L'investissement de son pénis
de la toute-puissance des excréments
et de son sadisme

La toute-puissance liée au contrôle des excréments était déjà liée au pénis de son
père par ses capacités à uriner. Cette toute-puissance et le support narcissique qu'elle
représente va intégralement se concentrer dans son pénis.

Le garçon va assimiler son pénis à des armes destructrices, il lui associe un


pouvoir destructeur et toxique, lié à l'urine et aux excréments.

Il va alors exprimer fantasmatiquement son sadisme par ce pouvoir destructeur lié à


son pénis. Son sadisme, sa toute-puissance et son pénis vont se retrouver
intimement liés à partir du stade Phallique.

Cette toute-puissance peut en outre être vérifiée physiquement par le garçon, par
différentes activités : miction, érection (dès la naissance, le garçon en a), et le plaisir de
la masturbation, un plaisir contrôlé.

Cet investissement du Pénis ne peut se faire, selon Mélanie Klein, que si


l'angoisse de castration et la peur de destruction d'autrui ont suffisamment
diminuée à la fin du stade anal. Sinon, le garçon restera prisonnier de la position
féminine, terrorisé par le Mauvais Pénis et craignant son propre sadisme et la
destruction d'autrui.

***
Le pénis, source
de jouissance contrôlée

La capacité qu'à désormais le garçon a pouvoir obtenir du plaisir par cette


masturbation, un plaisir qu'il contrôle, renforce encore l'investissement de son
pénis, et son sentiment de toute-puissance lié à sa détention, et son rôle de
support narcissique contre ses angoisses.

b) La concurrence avec le père, étant désormais doté d'un Phallus pour


pouvoir l'affronter, et l'orientation vers lui de la toute-puissance sadique de son
pénis

***
L'hostilité au père et
le courage de s'y opposer grâce à son pénis

La haine du père issue de sa jalousie du coït parental, sous silence durant la


position féminine, puisque l'obtention d'un pénis passait par un rapprochement avec lui,
mais également par crainte de son pouvoir de sanction, va désormais s'exprimer
avec force, possédant désormais une puissance qu'il peut opposer à celle de son
père.

Ses fantasmes de destruction, tournés jusqu'ici vers le corps maternel, se


tournent donc vers son père.

Si l'enfant a une trop grande crainte du pouvoir de sanction du père, il restera


dans la position de la position féminine, avec des désirs oraux d'incorporation du
Pénis paternel et une identification à la position de la mère. L'enfant ne se sentira pas le
pouvoir de s'engager dans un conflit oedipien avec lui, et abandonne ses désirs
incestueux tournés vers la mère, pour ne garder que le désir d'un Pénis qu'il ne
possède pas.

***
Son pénis comme support narcissique
pour lutter contre le Mauvais Pénis, symbole de
la vengeance parentale, et de la concurrence du Père

Mélanie Klein relate certains fantasmes du petit garçon, dans lesquels sont
représentés ses fantasmes sadiques tournés vers un Mauvais Pénis intériorisé
qui le menace de l'intérieur : son pénis s'étire jusqu'à pouvoir être introduit dans sa
bouche, ou dans son anus. Son pénis engage ainsi la lutte contre le Mauvais Pénis
intériorisé, qui le menace en représailles de ses fantasmes sadiques, maintenant
tournés vers son père.

Mais ces fantasmes sont l'exception, la menace du Mauvais Pénis est


essentiellement projeté vers l'extérieur, zone dans laquelle peut s'exprimer la
toute-puissance de son propre pénis afin d'engager la lutte. Une victoire à
l'extérieur lui garantirait ensuite une victoire contre ses menaces internes.

Ce Mauvais Pénis est essentiellement fantasmé comme étant contenu dans le


corps maternel. Il fantasme donc le combat de son Pénis avec celui Mauvais de son
père au sein même du corps maternel, l'un et l'autre y étant incorporés par le coït.

L'investissement de la toute-puissance des excréments et de son sadisme à


l'intérieur de son pénis est donc capital pour pouvoir s'opposer à son père et
quitter la position féminine. Ce pénis va être une arme bien plus rassurante que la
toute-puissance des excréments, et va lui donner le courage de s'opposer à son père.

c) L'abandon de la position féminine, et l'identification au père dans le coït


parental, coït représenté comme l'expression de sa toute-puissance

Le pénis étant attribut de puissance, outil de destruction, et permettant la


possession de l’objet désiré, il se voit désormais doté à ses yeux de l’attribut qui lui
permettra de re-posséder sa mère, à l’image de son père, avec la capacité de
s'opposer à lui.

Cette découverte oriente donc les désirs oedipiens vers la mère, conduisant à un
abandon de la position féminine pour le garçon, et une identification au père
possédant la mère via le coït.

***
Le coït comme moyen de récupérer les
bons objets au sein du corps maternel,
d'apaiser ses angoisses, conduisant aux fantasmes d'incestes
tournés vers la mère

Le coït lui permet ainsi de récupérer les objets bons contenus dans le corps
maternel. Si le Bon Pénis est désormais détenu, tous les objets bons, tout ce qui
permet d'apaiser les angoisses d'abandon du garçon, sont perçus comme détenus à
l'intérieur du corps maternel. En les récupérant par le coït, le garçon apaiserait enfin
toutes ses angoisses, y compris celle d'abandon provoquée par le sevrage.

De là proviennent les fantasmes incestueux tournés vers la mère.

***
Le coït violent comme moyen
de dominer les objets mauvais, et surtout le Mauvais Pénis,
contenus dans le corps maternel, donc comme
moyen sadique de "réparer" en combattant
(Ou l'identification au Mauvais Pénis pour lutter contre lui)

Mélanie Klein souligne l'importance de ce rôle de pare-angoisse pour le coït chez le


garçon. Les fantasmes de possession de la mère par le coït sert comme
mécanisme de domination de l'angoisse et de la réalité.

Le coït est ainsi associé à une domination des objets menaçants, par la toute-
puissance de son pénis. Il s'agit d'un mécanisme typiquement masculin de lutte
contre l'angoisse.

Le corps maternel est fantasmé comme contenant de nombreux objets


hostiles, pour lui comme pour sa mère : le Mauvais Pénis de son père (expression
du sadisme du coït, et qu'elle a tout de même dérobé lors dudit coït), mais également
les excréments qu'il a projeté en elle lors de ses fantasmes sadiques précédents. Il y
fantasme également les excréments projetés par son père lors du sadisme du coït (en
plus du Mauvais Pénis), en plus des propres dégâts qu'il fantasme occasionner au
corps maternel avec son propre pénis lors des coïts qu'il fantasme.

Mélanie Klein relève plusieurs fantasmes traduisant cette exploration du corps


maternel à la recherche des objets mauvais : pénis dont le gland est assimilé à un oeil,
à une oreille...

Le combat de son propre pénis contre ces objets mauvais contenus dans le
corps maternel sont à l'origine de fantasmes de coïts violents, mutilants, et
pourtant fantasmés comme étant réparateurs, éliminant des objets mauvais
menaçants le garçon comme la mère du corps de cette dernière, et donc source
d'apaisement. Le garçon cherche à utiliser l'aspect “Mauvais” de son pénis, ses
capacités de destruction, pour lutter contre le Mauvais Pénis de son père.

La haine du père, symbolisé par le Mauvais Pénis, décuple cette agressivité tournée
vers ces objets mauvais au sein du corps maternel. Le psychanalyste Boehm souligne
ainsi le besoin chez le garçon de combattre ce père et ce Mauvais Pénis au sein
du corps maternel, par des coïts violents.

***
Corollaire : la peur d'abimer le corps maternel
avec son propre pénis, assimilé fantasmatiquement au Mauvais Pénis
Paternel introjecté

Son pénis est vu comme “bon” et bénéfique, le coït est un moyen de protéger le
corps de sa mère. Mais le garçon craint tout de même que le pouvoir destructeur
attribué à son pénis n'abime le corps maternel.

Mélanie Klein reléve de très nombreux fantasmes inconscients (chez l'enfant et


l'adulte), dans lesquels l'homme voit son propre pénis être envahi de l'intérieur
par le Mauvais Pénis paternel. De là découle la crainte d'abimer autrui avec son
propre pénis, en fait réceptacle du Mauvais Pénis paternel.

Ainsi, au cours d'une séance, un garçon reproduisait ce fantasme inconscient en


souhaitant détruire u stylo par le feu, car “quelque chose de dur et de mauvais” était
caché sous le capuchon dudit stylo.

Cette crainte de destruction d'autrui par le pénis, elle dérive de celle du stade
oral et anal, qui étaient eux centrés sur les fantasmes de destruction par le
sadisme oral puis la toute-puissance des excréments.

Et cette crainte de détruire l'autre s'intrique avec la peur du Mauvais Pénis et


de ses autres objets internes mauvais, et avec sa sexualité pré-génitale.
d) Une angoisse de castration, ou une peur de la vengeance parentale, qui se
cristallise sur son propre pénis, conduisant à un rapport ambivalent au rapport
sexuel

***
La peur du Mauvais Pénis
toujours à l'origine de l'angoisse de castration

Il s'agit toujours d'une peur du Mauvais Pénis, lié à l'Imago Parentale Indifférenciée,
qui viendrait l'attaquer et le vider de ses bons objets en représailles de ses attaques
sadiques, et de sa volonté de s'approprier sa mère en écartant le père. Le Mauvais
Pénis symbolise ainsi essentiellement la concurrence du Père, et la défense de la
Mère contre le vol de ses objets bons.

Un Mauvais Pénis contenu dans le corps maternel, alimentant les fantasmes de


« Vagin Castrateur » et de « femme au pénis » menaçante.

***
Une peur exacerbée de la castration
par la découverte de son propre pénis

Cette angoisse de castration oedipienne va être renforcée par la peur de


perdre ce nouveau pénis qu’il se découvre.

Outre les attaques liées à l'oralité et à la toute-puissance des excréments, le


Mauvais Pénis a également maintenant la possibilité de lui retirer son nouveau
pénis, auquel il est tellement attaché.

Le coït fantasmé est ainsi vu à la fois comme une menace (son pénis affronte
le Mauvais Pénis situé derrière le Vagin, au sein du corps maternel, et risque
donc la castration), et comme un moyen de contrôler cette menace.

Certains auteurs différencient ainsi l'angoisse de castration oedipienne (préalable à


la découverte de son pénis) et celle phallique (peur de perdre son nouveau pénis).

***
L'ambivalence du rapport sexuel,
fondamentale dans la position masculine

Le rapport sexuel devient un lieu d'émotions contradictoires pour le garçon.

C'est d'abord un rapport sur lequel il a projeté son sadisme, ses frustrations, sa
haine... Sa perception sadique du rapport sexuel l'a conduit à tous ces fantasmes de
Mauvais Pénis, d'Imago Parentale Indifférenciée, etc.

Conséquence, ce rapport sexuel est une source d'angoisse. Il s'agit du lieu


d'affrontement avec le père et son Mauvais Pénis contenu dans le corps maternel,
affrontement qui peut conduire à sa castration, et à l'attaque de ses bons objets. Son
pénis peut également avec son potentiel de destruction détruire le corps maternel,
comme le fait celui de son père, conduisant à une crainte de destruction du corps
maternel par son propre pénis.
Mais ce rapport sexuel reste avant tout un désir. Le corps maternel est fantasmé
comme contenant tous les objets bons qu'il désire, et susceptibles de lui apporter
toutes les jouïssances dont il a été privé depuis le sevrage.

Les vertus de son Bon Pénis, à côté de son pouvoir destructeur, entoure enfin ce
rapport sexuel de conséquences réparatrices pour le corps maternel. Son Bon
Pénis, en l'emportant sur le Mauvais Pénis du père et en dominant les autres objets
menaçants, pourra ensuite réparer les dégâts occasionnés.

e) Les manifestations comportementales de la position masculine du Stade


Phallique

Mélanie Klein décrit comment les conflits internes à l'oeuvre dans la position
masculine sont observables, notamment par les jeux du garçon.

De nombreux jeux de construction sont ainsi investis par les garçons, où l'attention
est portée vers l'organisation, la mise en place d'un ordre, etc. Pour Mélanie Klein, ces
jeux traduisent notamment des investissements réactionnels afin de lutter contre la
menace du Mauvais Pénis, pour son corps et le corps maternel symbolisés par ces
constructions. Ses tendances sadiques exprimées dans les jeux du stade anal
laissent place à des jeux exprimant sa lutte contre le Mauvais Pénis. En lieu et
place de déchirures et destructions, on trouvera constructions et ordre.

f) Un Complexe d'Oedipe chez le garçon qui ne pourra se résoudre à


l'adolescence qu'à certaines conditions

***
La nécessité d'une “Bonne mère”,
apaisant son angoisse de castration,
sa peur du Mauvais Pénis et son sadisme

Pour Mélanie Klein, le dépassement du Complexe d'Oedipe sera possible par


l'investissement d'une “Bonne Mère”, permettant de faire diminuer sa crainte du corps
maternel et du Mauvais Pénis intériorié, par son affection. Son sadisme diminue
également.

***
L'identification au “Bon Pénis”, ou l'ancrage dans la position masculine, le
conduisant à prendre confiance en sa capacité
à réparer autrui et à résister à ses mauvais objets internes (dont le Mauvais
Pénis), en soit à “tuer le père”

Le garçon va peu à peu s'identifier à son père. Cette identification lui permet
désormais d'être le porteur du “Bon Pénis”, d'être capable de posséder sa mère (un
substitut féminin dans la réalité), et d'affronter le Mauvais Pénis paternel.

***
Un complexe se réactualisant à l'adolescence,
par une rivalité vis à vis des hommes, un rapport complexe aux femmes, et un
orgueil phallique démesuré

Son rapport avec les femmes restera perturbé par cet enchevêtrement de désir, de
haine, et de peur. Le surinvestissement de son Phallus, et la formation réactionnelle
d'un machisme, seront protecteurs, et le rassureront quant à un risque de castration
représenté par le corps féminin.

C'est la sexualité adulte du garçon, qui lui permettra peu à peu de faire baisser sa
crainte du Mauvais Pénis, et de la castration. Les rapports sexuels renforçeront l'aspect
réparateur du coït par le plaisir généré pour sa partenaire. Il cessera de craindre sa
destruction, comme il cessera de craindre sa castration et le Mauvais Pénis du père
peu à peu.

La crainte du Mauvais Pénis diminuant, il cessera de s'identifier à lui dans sa


sexualité, pour s'identifier au Bon pénis du père, réparant le corps de la mère dans des
rapports bénéfiques pour eux deux.

g) La conception Freudienne classique

Le déni pervers et les théories infantiles

Freud relève comme tous les enfants s'interrogent sur l'origine des enfants, et sur la
différence des sexes. Les silences des adultes, voir les mensonges flagrants (la
cigogne qui amène les bébés...) l'isolent et font naître de la méfiance concernant leurs
explications.

Concernant l'origine des enfants, il va donc élaborer de nombreuses théories :


d'abord qu'il apparaît en sortant d'un des parents par l'absorption d'une nourriture
spéciale; puis il comprend que la mère est celle qui porte le bébé, mais envisage une
sortie par l'anus, ou par le nombril; il comprend ensuite peu à peu que le père doit jouer
un rôle, puis son pénis, mais en envisageant plusieurs solutions (voie orale, anale, etc).

La scène primitive reste donc incomprit pour l'enfant, qui ne la perçoit que comme
une agression sadique de l'un envers l'autre.

Contre cette angoisse de castration, un mode de fonctionnement pervers va être


adopté : le déni de l’absence de Phallus chez la femme ; ou, moins radical, le
fantasme que cette perte a été causée par une faute de leur part (ou autre théorie
perverse).

***
L’affirmation de la Loi du Père, renforçant l’angoisse de castration oedipienne, et
conduisant à l’entrée dans la névrose

Si ces désirs incestueux sont impérieux, ils se heurtent aux désirs de la mère,
tournés vers le père (ou du père pour la mère, concernant la fille), et à la Loi du Père :
l’affirmation de principes culturels et moraux qui s’opposent aux désirs oedipiens
(l’interdit de l’inceste, la différence entre les sexes s’opposant au déni pervers, et la
différence entre les générations).

Cette opposition de la Loi du Père à ses désirs vient se rajouter à sa


culpabilité, et à son angoisse de castration phallique, pour renforcer l’angoisse
de castration oedipienne.

En effet, la Loi du Père s’appuie sur le Surmoi Archaïque issue de l’Imago parentale
indifférenciée qui vient sanctionner l’enfant pour ses désirs sadiques tournés vers les
parents. L’affirmation de la Loi du Père vient renforcer la peur de la castration
oedipienne, exacerbant sa haine de l’adulte représentant cette Loi.

L’affirmation des interdits de la Loi du Père permet de sortir des modes de défenses
pervers, pour entrer dans une problématique névrotique. Le déni pervers sur la
présence d’un Phallus féminin s’oppose en effet à la différenciation des sexes qu’elle
impose.

L’intensité de ses pulsions se heurte à des contraintes de plus en plus fortes :


culpabilité, angoisse de castration phallique, et angoisse de castration oedipienne
désormais renforcée par la Loi du Père. Le conflit interne, névrotique, devient
rapidement insupportable.

Pour Mélanie Klein, la principale contrainte s’opposant à ses pulsions reste la


culpabilité générée par ses fantasmes sadiques, nonobstant les angoisses de
castration. C’est avec cette culpabilité que se forme le Surmoi Archaïque formé de
l’Imago parentale indifférenciée, venant le sanctionner pour ses désirs.

Mélanie Klein voit dans l’universalité de la Loi du Père, et des interdits


fondamentaux qu’elle pose, un élément phylogénétique, traversant l’humanité. Cet
élément, c’est la crainte du Père de la Horde Primitive, et son admiration illimitée pour
sa puissance, qu’on retrouve dans la relation avec le père doté du Phallus.

***
Le dépassement du complexe d’Œdipe par l’introjection
de la Loi du Père dans un nouveau Surmoi

Devant l’intensité du conflit névrotique, le Moi va recourir à l’introjection de la


sévérité et de la Loi du Père. Cette introjection conduit à une transformation du
Surmoi archaïque.

Le Surmoi archaïque est formé originellement autour de l’Objet Externe Persécuteur


de la position schizo-paranoïde, puis autour de l’Imago parentale indifférenciée
représentant la culpabilité de l’enfant pour ses fantasmes oedipiens.

Une identification progressive au Surmoi paternel, par l’introjection de la Loi


du Père, transforme peu à peu ce Surmoi Archaïque. Pour Freud, l’aboutissement
de cette transformation conduit à la formation d’un Surmoi « à l’image d’un père
sévère ». Le Surmoi paternel est prédominant, quelque soit le sexe de l'Enfant, le père
faisant figure de détenteur de la Loi.

L'angoisse de castration est remplacée par la culpabilité et par la honte. Le Surmoi


est en effet composé de deux types d’obligation : Le Surmoi proprement dit (« tu ne
dois pas faire »), et l’Idéal du Moi (« tu dois faire »).

C’est ce nouveau Surmoi qui va enfin permettre au Moi d’avoir accès à un


refoulement efficace. Les désirs oedipiens, ceux incestueux comme ceux purement
sadiques et haineux, sont refoulés, sans retour du refoulé possible, permettant une
sortie de la névrose, et la résolution du Complexe d’Œdipe.

Le noyau du Surmoi reste le Surmoi Archaïque et tyrannique originel. C’est ainsi


que sont parfois observés des Surmoi adultes dont la sévérité est sans commune
mesure avec ceux de leur parents : c’est dans les propres pulsions sadiques du sujet,
et dans la culpabilité qui en découle, qu’il faut en trouver la source.

3) L'évolution du Complexe d'Oedipe pour la fille : le constat de son absence


de Pénis, le rôle du vagin et du clitoris, la position masculine,

a) Le constat de l’absence de pénis, et ses conséquences

La fille, comme le garçon, dotait le père de cet attribut de puissance qui lui permettait
de posséder sa mère, et la détourner d’elle. Elle réalise rapidement qu’elle est elle-
même dépourvue de cet attribut, comme sa mère.

Or ce constat n'est pas sans conséquences.

La fille est en effet dévorée par son désir du Pénis du père, par des fantasmes
sadiques liés à sa frustration, et à sa jalousie. Elle est également soumise à une intense
peur de l'Imago Parentale Indifférenciée, représentée par le Mauvais Pénis,
représentant la sanction parentale pour ces désirs. La culpabilité l'habite également,
pour cette haine tournée vers ses parents.

S'approprier le Pénis permettait de repousser la menace du Mauvais Pénis et


l'angoisse de castration; de s'approprier de nouveau sa mère; et de faire par là même
cesser sa haine. L'impossibilité de remplacer son père par l'introjection du Pénis,
en raison de l'absence physiologique de pénis, est donc extrêmement douloureuse.

Dans un premier temps, elle va donc combattre cette perception de sa faiblesse


physiologique par le déni pervers.

b) Le déni pervers pour lutter contre la dépression et l'angoisse

On parle de fantasmes d’attribution magique : des fantasmes qui vont doter la fille
d'un Phallus, ou d'un substitut.

On trouvera le fantasme d’une récupération prochaine. Sa mère peut être perçue


comme ayant été sanctionnée pour une faute, conduisant à sa castration. Elle, par
contre, devrait voir ce Pénis lui revenir.

***
Le fantasme d'avoir un bébé
et le renforcement des désirs d'inceste

On trouvera notamment le fantasme d’enfanter. L’enfant fait alors office d’attribut


phallique, en même temps qu'il représente un autre objet bon fantasmé comme ayant
été incorporé au corps maternel.

L'un des fantasmes courant chez les enfants des deux sexes est l'idée qu'à chaque
coït, la mère incorpore un nouveau pénis. Certains d'entre eux se transformeront alors
en enfant. Le lien pénis - bébé conduit donc souvent la fille à déplacer son désir du
Pénis sur un désir d'enfanter un bébé, bébé faisant donc office de pénis.

Afin d'obtenir ce bébé, il lui faut donc d'abord incorporer le pénis du père par un
coït : on a donc un renforcement des désirs d'inceste.

Le désir du Pénis la poussait déjà à avoir ces fantasmes, mais il s'agit ici d'une
étape, où la fille a déjà compris l'impossibilité pour elle de se doter d'un pénis propre
par le coït et le vol du pénis à son père. Elle reporte son désir de Pénis sur un désir de
bébé, faute de mieux.

La capacité à enfanter de "bons enfants" est cependant mis à mal par les objets
internes mauvais qu'elle a en elle, susceptibles de déformer/d'atteindre son bébé. Ces
"salissures" internes sont sources d'angoisse pour elle depuis le stade oral, renforcées
durant l'analité par le constat de ses excréments et de son urine sortant de son corps.

Elles sont désormais également une source d'angoisse pour sa propre capacité à
materner. De là viennent les angoisses d'enfanter des bébés mauvais, difformes, à
l'image de l'expulsion de ses excréments, objets internes salis. Et de là viendront
les fonctions pare-angoisse du soin porté à son corps, à son hygiène, afin de se laver
intérieurement, et d'autant plus après les premières régles, renvoyant à ces salissures
internes.

***
Le fantasme d'identification
au Pénis Sadique Paternel

La rivalité avec son père peut également la conduire à s'identifier à lui, lui
permettant de se forger la conviction qu'elle a incorporé le pénis par cette
identification.

Soumise à la peur de l'Imago Parentale Archaïque pour ses désirs, représenté par le
Mauvais Pénis, Mélanie Klein estime qu'on retrouve ici le mécanisme d'identification à
l'agresseur : elle va s'identifier à un père sadique, possesseur du Phallus, lui
permettant d'affronter son père, comme le ferait un garçon.

La conviction qu'elle est parvenue à dérober le pénis du père, à l'introjecter, a


plusieurs avantages :

-Le Pénis du père lui permet d'être complet, de détenir en son pouvoir un objet
source de toute satisfaction, y compris le pouvoir de conquérir sa mère
-Ce pénis lui permet également, avec la toute-puissance sadique qu'elle lui associe,
de s'imposer à armes égales contre l'Imago Parentale Archaïque, et contre le père qui
fait figure de rival dans sa conquête de sa mère
-L'angoisse liée à l'Imago Parentale Archaïque et au Mauvais Pénis diminue, par ce
mécanisme d'identification à l'agresseur

Elle s'oriente alors vers une voie homosexuelle pour Mélanie Klein, qui y voit
l'origine d'une des formes de l'homosexualité féminine.
Cette rivalité avec son père, elle la conservera avec tous les représentants du sexe
masculin, Mélanie Klein soulignant les intenses sentiments de haine, de ressentiment,
et la multiplicité des efforts visant à obtenir leur respect.

Cette défense perverse est génératrice d'une augmentation de sa culpabilité :


-Vis a vis de sa mère, dont elle vole un objet source de satisfaction pour elle, et
qu'elle blesse avec ses fantasmes sadiques tout puissants
-Vis à vis de son père, dont elle vole le pénis, et la femme

b) Le Vagin, organe dont la fonction sexuelle et le rôle dans le coït est compris
rapidement, mais sur lequel se cristallisera particulièrement ses angoisses

Mélanie Klein observe durant ses analyses que les petites filles comprennent
rapidement le rôle du vagin dans le coït parental : celui de réceptacle au pénis. C'est
par ce biais là que la mère incorpore le pénis du pére.

Mais la peur du Mauvais Pénis introjecté, la peur de ses mauvais objets internes, la
peur d'être attaqué par l'Imago Parentale Indifférenciée à l'intérieur de son corps, la
conduisent à cristalliser ses angoisses sur le vagin qu'elle voit comme un accès à
l'intérieur d'elle-même.

Pour Mélanie Klein, l'absence de pénis conduit la fille a conserver un


narcissisme étendu à l'ensemble de son corps, et surtout à l'intérieur de son
corps; tandis que, on l'a vu, le garçon centralise son narcissisme sur son pénis dès le
début du stade phallique. Le vagin, comme entrée possible à l'intérieur de son corps,
est donc une faiblesse narcissique à ses yeux.

c) L'investissement libidinal du clitoris

L'angoisse liée au Vagin conduit la fille à opérer une fixation sur la zone
clitoridienne, accessible de l'extérieur. La masturbation du clitoris est alors
accompagnée de plus en plus de fantasmes d'incorporation du Pénis paternel, de
désirs oedipiens, liés à son désir du Pénis.

d) L'abandon des défenses perverses avec l'acceptation de son absence de


pénis, générant une blessure narcissique, et un ressentiment tourné vers sa mère

Le fantasme d'incorporation du Pénis va être ébranlé par plusieurs facteurs :

-Sa culpabilité d'abord, qui augmente avec ce fantasme

-Sa perception continue d'une réalité cruelle ensuite, celle de son absence de
Pénis, qui provoque une intense déception, et un fort sentiment d'infériorité.

Ces défenses perverses sont donc abandonnées. Elle réalise l'étendue de son
infirmité, et l'impossibilité d'y pallier. Ce constat provoque une véritable blessure
narcissique, entrainant un sentiment d'infériorité par rapport aux garçons.

Cette douleur va conduire à l'apparition d'un fort ressentiment tourné vers sa


mère. Elle va enfin s'en détourner, et cesser de chercher à se l'approprier, lui
reprochant de pas l'avoir doté de pénis à la naissance.
***

Si Mélanie Klein estime que l'hostilité à la mère, et le désir d'incorporation du pénis


paternel, sont présents dès le début de la position dépressive, Freud estime que ces
sentiments apparaissent plus tard, mais également suite à son constat de l'absence de
Pénis.

La blessure narcissique, comme le ressentiment tourné vers sa mère pour cette


infériorité, en découlent également pour Freud. Mais pour lui, ce n'est qu'ensuite que la
fille se tourne vers son père, fantasmant un coït lui permettant d'obtenir un pénis.

e) Le dépassement du Complexe d'Oedipe conditionné à une situation


familiale harmonieuse, et à la fin des angoisses et peurs liées aux organes
génitaux, et à l'identification à une féminité dotée de ses propres bons objets,
dépassement qui ne s'achêvera qu'à l'âge adulte

Pour la fille, le déclin du complexe d'Oedipe est progressif, et ne se résoudra qu'à


l'âge adulte.

***
Un Complexe d'Oedipe encore très présent

Son constat d'absence de Pénis occasionne une forte blessure narcissique, et un


fort sentiment d'infériorité vis à vis du garçon.

Elle est donc dans un profond ressentiment tourné vers sa mère. Mais ce
ressentiment s'oppose à son amour pour elle, et à son désir des bons objets contenus
dans son corps.

Sa perception du coït est encore marquée par le sadisme du Mauvais Pénis vis à vis
du corps maternel. Un sadisme renforcé par ses fantasmes sadiques tournés vers sa
mère que nourrit son ressentiment.

Son Vagin est donc toujours une partie de son corps focalisant ses angoisses, point
d'accès à son intégrité narcissique pour un Mauvais Pénis sadique et destructeur. Un
Mauvais Pénis symbole de la sanction parentale, qu'elle craint inconsciemment pour
ses fantasmes sadiques et son ressentiment.

Sa culpabilité pour ses fantasmes sadiques, générés par son ressentiment pour son
absence de Pénis, est extrêmement présente et lourde.

***
La nécessité de reconnaître et d'introjecter
un Bon Pénis, pour tempérer la blessure narcissique et
la menace interne du Mauvais Pénis

L'introjection du Bon Pénis est décisif pour sauver le narcissisme de la fille.


Cette introjection permet de pallier à son absence physique, et d'accepter sa feminité
comme l'équivalent de la masculinité.

Ce Bon Pénis est symbolisé par l'affection du père pour sa fille, et pour sa
femme, mais surtout, à l'âge adulte, par le plaisir ressenti dans l'acte sexuel.

L'introjection du Bon Pénis, c'est en fait l'introjection des "bonnes qualités"


viriles de son père, son rôle de père comme son rôle de mari.

C'est le "bon côté" de la masculinité, le Mauvais Pénis symbolisant lui ses


"mauvais côtés" sadiques.

Le Bon Pénis va être symbolisé enfant par le comportement du "bon père" vis
à vis de la mère, et vis à vis de la fille. Son affection permet de diminuer la crainte du
Mauvais Pénis, et la crainte de destruction du corps maternel. A côté, une "bonne
mère", aimante, et acceptant sa féminité sans angoisse ni crainte, mais avec plaisir,
permet par identification d'accepter peu à peu la passivité du coït, et sa propre féminité ;
Non pas comme une infirmité, mais comme une complémentarité à la masculinité.

Si l'introjection du Bon Pénis dépend de l'Imago paternelle, cette bonne


introjection n'est possible, pour Mélanie Klein, que si la fille a en préalable
correctement introjecté de sa bonne mère suffisamment d'objets bons pour
équilibrer son Moi.

L'harmonie familiale est donc importante pour dépasser ces craintes.

Le complexe d'Oedipe rend cependant compliqué la constitution de ces "Bons


Parents", sans haine, sadisme, angoisse, jalousie… liés à eux. Mélanie Klein estime
qu'un tel rôle sera plus facile pour un tiers : une nurse, un frère, un grand-parent, un
animal de compagnie… Les sentiments positifs sont alors reportés sur ce tiers, sans
complexité liées à l'Oedipe, le tiers étant rassurant, protecteur.

Cette introjection va permettre d'équilibrer le monde interne de la fille, et faire


diminuer sa blessure narcissique. Investir les qualités du Bon Pénis (futur Idéal
du Moi) va lui permettre en outre de combattre la menace de l'Imago Parentale
Indifférenciée (la Mère au Mauvais Pénis).

***
Un Surmoi et un Idéal du Moi sévéres, dictés par
le Mauvais Pénis et le Bon Pénis intériorisés
(La Loi du Père)

L'Imago Parentale Indifférenciée, symbolisé par le Mauvais Pénis, déterminera le


Surmoi qui interdit et provoque culpabilité. Son sadisme, ses sentiments haineux,
sont toujours générateurs d'une intense culpabilité.

L'introjection du Bon Pénis déterminera lui son Idéal du Moi, qui ordonne et
provoque honte, mais également fierté.

La Loi du père est, comme avec le garçon, déterminante dans l'édiction du Surmoi
de la jeune fille. Mais ce qui différe, c'est la capacité qu'à le garçon, avec son Pénis, à
s'y opposer, pénis qui fait cruellement défaut à la fille. Ce manque de pénis explique
la sévérité du Surmoi chez la fille, désarmée devant cette pression de ses objets
internes.
La menace du Mauvais Pénis, de l'Imago Parentale Indifférenciée, est en effet une
menace de destruction de l'intérieur de son corps. Contrairement au garçon qui
affronte la menace de castration, et constate qu'il conserve toujours son pénis,
renforçant sa confiance en lui, la fille est marquée par sa blessure narcissique, et n'a
aucun moyen de vérifier que ces menaces ne détruisent effectivement pas
l'intérieur de son corps. Elle ne peut donc, comme le garçon, être soutenue par
l'épreuve réussie à la réalité pour s'émanciper de cette pression.

Une solution reste dans le refus de cette blessure narcissique, et dans le fantasme
d'introjection du Pénis : ainsi doté virilement, elle peut affronter ces menaces internes.
La confirmation de cette virilité nécessitera de s'engager dans des activités masculines
et/ou paternelles : sport, carrière, etc. Mais cette solution la garde prisonnière du
complexe d'Oedipe, et dans le refus de sa féminité.

***
La persistance de la crainte
du coït sadique, de sa crainte et de sa haine du Mauvais Pénis,
de sa crainte de l'Imago parentale Indifférenciée,
et de son ressentiment pour sa mère

Mais le dépassement définitif de la crainte du Mauvais Pénis et des angoisses


oedipiennes ne se fera qu'avec les relations sexuelles qu'aura la fille à l'âge adulte. Elle
verra ainsi la confirmation de la solidité de son narcissique devant le coït, celui-ci étant
générateur de plaisir. Le Bon Pénis de son partenaire l'emportera sur le Mauvais Pénis
craint, et son Vagin accueillant et symbole de sa féminité sur un Vagin angoissant et
castrateur.

4) Pour la fille comme pour le garçon, un Complexe d’Oedipe en sommeil


jusqu'à l'adolescence

Le refoulement des désirs oedipiens n'est pas absolu et définitif. Ces désirs, et
l'angoisse de castration qui les accompagne, se manifesteront jusqu'à la résolution
définitive du Complexe d'Oedipe pendant l'adolescence.

La période de latence
Après l’Oedipe, vers 7 ans, et jusqu’à l’adolescence (11-13 ans), l’évolution psycho-
sexuelle du sujet stagne, les développements se faisant principalement du côté de la
cognition. Durant cette période, les instincts puslionnels du Ca, les angoisses et
conflits internes sont refoulés sous l'action d'un Surmoi de plus en plus
développé. L'action éducative exige de l'enfant, à cet âge, un comportement
irréprochable (y compris concernant sa vie sexuelle), le contraignant à un
refoulement bien plus intense.

Des retours du refoulés sont cependant réguliés, avec des envies détournées :
désirs de satisfaire ses parents par les performances scolaires, angoisse de castration
qui revient de manière déguisée régulièrement, etc. Le Moi et le Surmoi vont s'allier
pour combattre ces contenus refoulés en investissant la réalité.

En effet, l'investissement de l'apprentissage, des activités ludiques réelles,


éventuellement des activités d'adultes, en délaissant de plus en plus les activités
fantasmatiques, vont être les solutions de l'enfant pendant la période de latence.
Contre ses angoisses, il cherche activement l'approbation et le soutien de ses
parents et de ses aînés.

Le garçon investit particulièrement les activités sportives. Les victoires sur ses
concurrents et ses performances lui permettent de traduire en acte sa
possession du Phallus. Le garçon est bien plus attaché à la qualité de la
performance, à la victoire sur les autres, qu'à l'approbation de ses activités. La
répression des instincts du Ca est alors forte, conduisant le Moi du garçon à lutter
fortement contre toute activité masturbatoire. Il satisfait alors ses pulsions par ces
activités sublimatoires.

Mélanie Klein souligne cependant que la frontière entre névrose et enfant normal
reste assez floue à cet âge là. La névrose n'implique pas forcément de mauvaises
performances scolaires et sportives, et inversemment tout enfant normal n'investit pas
forcément les activités scolaires.

Le garçon peut en outre adopter des comportements féminins, ou inversemment,


sans pour autant qu'il y ait trouble d'identité sexuelle.

Les névroses obsessionnelles, trouvant leur origine dans le sous-stade masochiste


anal, vont être affirmées durant cette période de latence dont la logique est assez
proche : une union du Moi et du Surmoi pour lutter contre le Ca par un investissement
d'activités. On retrouve la définition de la névrose obsessionnelle, qui, lorsqu'elle est
adoptée, remplit parfaitement les demandes de la période de latence.

L'investissement de ces activités joue le rôle de pare-excitation et de pare-angoisse.


Mais pour un développement sain, il lui faudra investir ces activités pour elles-
mêmes. C'est le signe d'un Moi fort. Un Moi faible, trop dépendant de l'objet externe,
trop docile durant la période de latence, court le risque de ne pas intégrer de critères
internes indépendants à opposer au regard de l'Autre. Il lui faut non pas se détacher de
ses objets (rôle de l'adolescence) mais réduire ses fixations et les rendre moins
ambivalentes en globalisant ses émotions. En devenant de plus en plus indépendant
des objets de son enfance, il se prépare à s'en détacher totalement à
l'adolescence pour trouver de nouveaux objets de satisfaction, et s'adapter au
monde adulte.

L’Adolescence
et l'Âge adulte
Avec la puberté, on a une poussée hormonale : les instincts pulsionnels du Ca
reviennent alors avec force.

Cette poussée des pulsions provoque une réactualisation de l’Oedipe, auquelle


va s'opposer le Surmoi. Mais grâce à l'indépendance qu'il acquiert peu à peu, et à
la multiplicité de ses activités et de ses succès, sa peur de la castration a
nettement diminuée.

Mélanie Klein précise cependant que l'adolescent exprime ces angoisses et ces
conflits d'une manière différente de l'enfant (crise d'anxiété) : par la méfiance, et la
réserve.

1) L'adolescence du garçon, et l'entrée dans l'âge adulte

a) La réactualisation de l'Oedipe

L'adolescence est marquée par de violentes décharges affectives. L'imagination et


l'inconscient sont plus présents que durant la période de latence, rapprochant
finalement l'adolescence de la petite enfance de ce point de vue. Les angoisses et les
désirs sont moins réprimés par le Surmoi que durant la période de latence. Il les
canalise cependant bien mieux que durant l'enfance, via des sublimations et des
dérivatifs qu'il investit à travers sa socialisation, le sport, et les périodes de révolte de
cet âge.

Le ressentiment et la haine issus des contraintes parentales, et imposés par la


crainte de la vengeance parentale, sont dérivés vers des figures d'autorité : professeur,
police...

Dans certains cas, Mélanie Klein relate des “périodes de latence prolongées” : des
adolescents dont les pulsions et les angoisses persistent donc à être violamment
réprimées, et se contentant de fixations sur des activités concrètes (sport, jeux, etc)
comme lors de la période de latence. Cela traduit forcément un blocage pathologique.

b) L'entrée dans le monde adulte : l'identification au père ou à un autre


modèle, permettant l'intégration du Surmoi Archaïque dans un Surmoi adulte

Pour le garçon, on aura donc une identification à une Imago paternelle admirée, virile,
puissante, qui va le soutenir et lui assurer une confiance suffisante en ses capacitées.
Le Surmoi castrateur et hostile, revenu avec l'actualisation de l'Oedipe, va être detesté,
mais en s'en sachant l'égal avec l'identification à l'Imago paternelle virile, il cesse de le
craindre, et l'intégre.

L'intériorisation des interdits oedipiens conduit le Moi de l'adolescent à se détourner de


ses anciens objets d'amour, pour en trouver de nouveaux, en accord avec son
Surmoi.

Mais cet âge est surtout caractérisé par une recherche identificatoire, des troubles de
l’identité, très proches de ceux expérimentés par le borderline (de nombreux parallèles
sont faits entre adolescence et pathologie borderline)
L'équilibre psychique se stabilise une fois la puberté achevée. Des normes adultes sont
intégrées au Surmoi, des normes qu'il a intériorisée, et donc qu'il ne considére pas
comme imposées arbitrairement par un tiers.

Se détachant en principe des objets de son enfance, l'adolescent entre dans le


monde adulte. Ce détachement nécessaire et induit par l'entrée dans le monde adulte
conduit les problématiques psychotiques, d'attachement à l'objet, à s'exprimer
ouvertement, ce qui explique pour Mélanie Klein l'apparition tardive des psychoses.

2) L'adolescence de la fille, et l'entrée dans l'âge adulte

a) L'apparition des règles avec la puberté, et le réveil des angoisses


oedipiennes

Les premières régles sont vécues, dans le cas rares où la position feminine a été
totalement acceptée pendant l'enfance, et les peurs oedipiennes dépassées, avec
plaisir, étant une confirmation de sa propre féminité.

Mais en principe, ces régles vont au contraire ré-activer brutalement les angoisses
oedipiennes en sommeil.

Les règles sont d'abord une ultime confirmation de sa castration et de son


absence de Pénis, le sang s'écoulant, et la forme du clitoris en cicatrice, renforçant
l'aspect morbide de cette castration, alimentant le dégout de la fille.

L'Inconscient ne différenciant pas les liquides corporels, l'aspect salissant des


régles assimile celles-ci à l'urine et aux excréments, et à leur potentiel de
destruction et de salissure.

Les angoisses liées au sadisme du coït sont ré-activées par ce sang s'écoulant de
son Vagin. La peur d'être vidé par son Vagin, par une Mère doté d'un Mauvais Pénis
(Imago Parentale Indifférenciée), ré-active ses angoisses liées à son Vagin, comme
sa crainte d'une destruction des enfants qu'elle contient, et sa peur du Mauvais
Pénis et du sadisme du coït.

De nombreuses peurs liées au rapport sexuel ré-apparaissent donc. Mais également


des craintes liées à la maternité, tel que la peur de n'enfanter que des enfants
malformés ou déficients.

b) La méticulosité de nouveau utilisée comme pare-angoisse

Le soin porté à son corps, à une rigueur professionnelle et dans la tenue de ses
affaires comme de son domicile une fois adulte, ont une fonction pare-angoisse (le
contrôle/narcissisme féminin reste lié au corps avec l'analité) . L'identification au père,
l'obtention d'un Phallus, lui échappe, la laissant en effet encore soumise à la crainte
d'être vidé par sa mère, à la déception de n'avoir un pénis, et au complexe de
castration. L'absence du Phallus l'empêche de résoudre efficacement ses angoisses, la
poussant à se tourner vers ces activités pare-angoisse.

c) Le rapport sexuel comme fonction réparatrice, et comme moyen de


dépasser définitivement la crainte spécifique du coït, et d'affaiblir sa crainte du
Mauvais Pénis
Mélanie Klein estime que les premiers rapports sexuels auront une importance
capitale. Ils lui permettront (1) d'écarter les angoisses liées à son vagin, au
sadisme du coït, et (2) d'affaiblir sa peur du Mauvais Pénis, à la peur d'être vidé et
attaqué à l'intérieur de son corps par l'Imago Parentale Indifférenciée.

Le plaisir ressentit durant le coït lui confirmera en effet avoir introjecté un Bon
Pénis, sans avoir castré l'homme par son sadisme, et lui ouvrant la voie à la
maternité. La peur du Mauvais Pénis restait en effet d'autant plus vive qu'elle n'était
jamais vérifiée.

La perception sadique du coït est enfin écartée, et la peur du Mauvais Pénis


diminuée.

La fille voit alors les relations sexuelles de ses parents d'un oeil nouveau : comme
une relation non pas d'agression de la mère par le père, mais uniquement comme un
plaisir donné par le père via son Bon Pénis à sa mère, qu'elle reçoit par un Vagin
voluptueux et acceuillant.

Par identification, elle voit donc son partenaire comme acceuillant et générateur de
plaisir, porteur d'un Bon Pénis, et elle même comme génératrice de plaisir pour lui.

Ses angoisses liées à son Vagin disparaissent donc, comme sa peur de


castrer son partenaire par le coït.

***

Inversemment, de mauvaises relations sexuelles, ou des relations sexuelles


perverties (partenaires sadiques, ou au contraire identification à un Mauvais Pénis et
partenaires masochistes), vont conduire la fille à conserver ses peurs oedipiennes.

***

Ces expériences sexuelles vont confirmer son orientation hétérosexuelle, et son rôle
féminin.

Même si la crainte spécifique du coït sadique est écartée, et le lien coït - effraction
du Mauvais Pénis dans son corps repoussé dans l'Inconscient, la crainte de son
Surmoi ( sa mère, l'Imago Parentale Indifférenciée, le Mauvais Pénis, tout ce qui
caractérise l'angoisse de castration oedipienne) est encore particulièrement forte.

Le moyen ultime d'écarter ces angoisses restera l'accès à la maternité, qui lui
confirme enfin sa capacité à enfanter, et à se protéger, avec son enfant, des attaques
maternelles.

d) La puissance et l'intransigeance du Surmoi féminin, et l'adaptation de son


Moi grâce à l'introjection du Bon Pénis

Sans Pénis pour s'opposer à ce Surmoi, la femme gardera un Moi bien plus
influencé et soumis à son Surmoi, en comparaison avec l'homme.

Une voie, névrosée, est le fantasme d'incorporation du Pénis, par l'investissement


de nombreuses activités masculines afin d'être doté virilement pour pouvoir s'opposer à
cette sévérité de son Surmoi, tel le garçon.

La voie féminine est différente.

Le Moi va réutiliser les formations réactionnelles du sous-stade masochiste anal (le


Stade du Non) : pour s'opposer aux parents, à cet âge, elle prend confiance en ses
capacités par son contrôle de la propreté et son contrôle sphinctérien. La maîtrise de la
toute-puissance des excréments est une arme qu'elle utilise contre ses parents à cet
âge (d'où les fantasmes sadiques tournés vers eux liés à l'urine et aux excréments,
l'unérésie, etc).

Le Moi utilise à l'âge adulte un dérivé de ces formations réactionnelles, basée sur
cette toute puissance des excréments maîtrisée, mais également sur le Bon Pénis
et les autres bons objets intériorisés.

En s'investissant dans des activités qui provoquent la fierté, dictées par


l'aspect positif de son Idéal du Moi, et sa confiance en ses capacités créatrices
grâce à de bonnes introjections d'objets bons, son Moi trouve un champ
d'autonomie.

D'une certaine manière, la femme n'affrontera pas son Surmoi (autrement que
durant le Stade du Non à l'analité, et éventuellement par les phases du fantasmes
d'incorporation du Pénis). Elle s'y pliera, soit docilement, soit en investissant les
"bonnes activités" de son Idéal du Moi et obtenant ainsi une certaine autonomie.

Mélanie Klein estime ainsi que les réalisations féminines sont directement liées à
l'introjection du Bon Pénis.

Mais le ressentiment, et la crainte, qu'elle éprouve à l'égard de sa mère pour son


absence de pénis et sa peur du Surmoi Archaïque poussent souvent l'adolescente à
réprouver dans un premier temps la voie féminine, et l'oriente périodiquement vers la
voie masculine, se heurtant suite à la réalité.

e) La maternité, ou le déplacement de l'Oedipe, et la fin des haines et craintes


oedipiennes

L'accès à la maternité conduit la nouvelle mère à déplacer de nombreuses


problématiques oedipiennes sur son bébé. Mais son attachement à son
nourrisson permettra enfin de résoudre sa haine et sa crainte de sa mère.

***
La gestation

Durant la grossesse, la relation avec ce bébé va être extrêmement ambivalente.

Elle se caractérise d'abord par une forte idéalisation : le bébé devient une
matérialisation de son Idéal du Moi, elle le charge donc de tous ses fantasmes
idéalisés. Le bébé est également assimilé au Bon Pénis, suivant ainsi ses fantasmes
oedipiens inconscients, et donc source d'une intense satisfaction et d'un fort pouvoir
réparateur.
Mais la grossesse est également source d'angoisses qui se ré-actualisent : la peur
d'enfanter d'un bébé difforme notamment, corrompu par ses salissures internes,
l'assimilant aux excréments, revient angoisser la nouvelle mère. Des salissures issues
de ses objets internes mauvais, des attaques du corps maternel (Imago parentale
Indifférienciée et son Mauvais Pénis), etc.

***
La naissance

La naissance du premier enfant a une signification énorme pour la femme : c'est la


confirmation tangible, réelle, de sa féminité, et d'une féminité non viciée par les
attaques de sa mère. L'enfant sain, bon, est une preuve de la solidité de son corps
contre les multiples objets internes mauvais qu'elle fantasme contenir, et contre les
attaques du Mauvais Pénis.

L'allaitement, et le développement sain de son enfant par son propre lait, contribue
encore un peu plus à lui prouver la solidité de son narcissisme, et ses capacités à créer,
réparer, produire des bons objets, et contrebalançer sa crainte de ses objets internes
mauvais et de sa pulsion de Mort.

Enfin, en s'occupant de son nourrisson, elle rejoue son premier attachement à sa


mère, à laquelle elle s'identifie. Son amour pour sa mère prend enfin le dessus sur
la haine oedipienne et sur son ressentiment, maintenant qu'elle même accède à la
maternité.

Cependant, si elle n'a pas dépassé les peurs oedipiennes, elle peut également
déplacer sa haine et sa peur du Mauvais Pénis sur son enfant, le considérant
comme son ennemi. Un enfant déficient, ou insuffisant à ses yeux, est en effet une
confirmation de sa propre infirmité, une confirmation des attaques de sa propre mère et
de la persistance d'objets mauvais en elle.

3) Un affaiblissement progressif de la sévérité du Surmoi, des fixations pré-


génitales et des angoisses au cours du développement, mais sans une totale
disparition

Pour Mélanie Klein, le Surmoi Archaïque et persécuteur des premières années


de la vie n'abdiquera jamais totalement. Il va cependant diminuer en intensité,
notamment par le mécanisme de la réparation

La sexualité pré-génitale se globalise après le stade phallique, mais des traces de


cette sexualité d'organe demeureront.

Ces progrès se feront en parallèle, les angoisses, le Surmoi archaïque et la sexualité


prégénitale s'intriquant durant l'enfance. Peu à peu, la génitalité s'affirme, et les
angoisses diminuent, et avec elles les fixations pré-génitales liées.
Cas cliniques du
développement

• Nouveau-né durant phase orale primaire

(La Violence en Abyme ; Balier ; Cas 2)

Vivianne est un nouveau né.

15 jours : Elle est souvent en larme, dors mal, mange très peu. La mère est terrifiée, et
n’ose la regarder et s’en occuper.

25 jours : Situation s’aggrave, ayant même des troubles digestifs. La mère est très
angoissée, mais la psy insiste pour qu’elle multiplie les contacts physiques avec sa fille,
notamment la succion de son doigt. Malgré ses réticences, la mère accepte, et Vivianne
se détend très nettement.

75 jours : Vivianne a reproduit la succion en suçant son propre doigt de la même


manière. Elle découvre donc l’auto-érotisme oral, avec l’hallucination négative du doigt
de sa mère, et va commencer par là la distinction Soi et Non-Soi. Son angoisse de
dévoration (un intérieur dangereux engloutissant tout) est apaisé par un pénétrant
structurant et apaisant.
Elle intériorise le jeu avec le doigt de sa mère, elle l’hallucine négativement, c’est
la « représentation en action. » de Lemaître.

120 jours : Vivianne a cessé de regarder sa mère, sauf à une occasion : alors que sa
mère se tenait face au miroir, avec elle, elle a souri et l’a regardé dans les yeux via le
miroir. Une deuxième souci est également apparu : elle ne cesse de se débarasser de
la tétine du biberon, rendant diffile les phases de repas.
La mère s’absente souvent, laissant Viviane seule. Celle-ci cherche à intégrer la
situation via ces deux jeux : jeu du regard, jeu de la bouche. En reproduisant
l’alternance présence/absence que sa mère lui fait subir. On est encore dans une
représentation en action.

• Nouveau-né durant phase orale primaire

(La Violence en Abyme ; Balier ; Cas 3)

Héléne est un nouveau né.

Naissance : Elle est née prématurée. Sa mère est très angoissée la concernant : peur
de la perdre (comme un autre de ses enfants à la naissance), peur de ne pas être une
suffisamment bonne mère (elle même a subit un climat familial violent)
60 jours : Héléne pleure beaucoup, angoissant ses parents, qui ne savent jamais
comment la calmer. Au lieu de la réconforter contre les nuisances qu’elle subi (bruits,
fatigue, angoisses...), ils ont les mauvais gestes qui accroissent celles-ci, conduisant à
des crises incontrolables qui angoissent encore plus les parents.

Héléne n’arrive pas à obtenir la baisse d’excitation qu’elle sollicite de ses parents.
Devant ses angoisses et les agressions de l’objet externe, elle demande de l’aide par
ses pleurs. Mais ses parents n’ont pas les bons gestes, sa mère refusant même qu’elle
pleure. Héléne a donc pris l’habitude de refréner ses pleurs, jusqu’au moment où
l’excitation devient si forte qu’elle ne peut plus : d’où de fortes crises de larmes
soudaines.

La mère d’Héléne est terrifiée par ces pleurs. Sans doute car ils impliquent une
perte de contrôle, une situation qu’elle ne sait gérer. Elle voudrait donc une suppression
de ces pleurs, exigeant d’Héléne de ne plus y avoir recours.

C’est d’ailleurs logique : les pleurs d’un nourrisson ont toujours un écho
douloureux pour un adulte. Ils renvoient à notre propre passé de nourrisson, nos
propres angoisses de nourrisson contre lesquelles nous luttions, même si ces souvenirs
sont effacés par l’amnésie infantile.

• Enfant d’1 an ½ ayant subi des probables attouchements

(La Violence en Abyme ; Balier ; Cas 5)

Sonia est une enfant d’un an 8 mois.

20 mois : Depuis qu’elle a changé de nourrice, 2 mois avant, Sonia a peur des
hommes ; met régulièrement sa main sur l’entrejambe des femmes qui l’entourent ;
pleurait beaucoup pour ne pas aller chez sa nouvelle nourrice, voir vomissait.
Elle a changé de nourrice depuis, ça va mieux, mais mange peu, dort mal, et
accès de peur réguliers.

1ere séance avec Lemaître : Sonia déshabille un poupon, place sa main à


l’entrejambe, et regarde longuement les adultes avec peur et interrogation. Elle réitére
ensuite avec une marrionnette. Elle a un language pauvre, limité à l’assocation de 2
mots différents.

2eme séance avec Lemaître : Sonia est beaucoup plus à l’aise, gaie, entrepreneuse,
et son language s’est enrichi. Elle joue de façon normale.

Analyse : On a eu des attouchements probables chez la nourrice,par le mari par


exemple. Sonia a vécu la scène en objet, a subi ces attouchements. L’excès
d’excitation et sa situation d’objet ont entrainé un traumatisme, enkrysté dans son
champ symbolique.
Par ces réitérations de cette expérience, avec identification à l’agresseur, Sonia
parvient enfin à intégrer l’évenement. On est dans la représentation en action.

• Enfant de 3 ans ayant subi des attouchements répétés

(La Violence en Abyme ; Balier ; Cas 6)


Marie est une enfant de 3 ans, qui a subi des attouchement répétés depuis ses 1 an,
par le mari de sa nourrice. Elle parle de ces expériences sexuelles durant les séances.

Durant l’une des séances, elle subit une sorte de crise avec un grand état d’excitation,
et va mimer un jeu sexuel avec la trompe d’un éléphant en peluche.

Ici, il ne s’agit pas d’un représentant en action, car Marie ne réitére pas cette
expérience en la contrôlant, mais en la subissant totalement une nouvelle fois. On est
dans une contrainte à agir.

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