Catherine Bousquet-Bressolier 2005-图形表示的历史(17-19世纪)

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 6

École pratique des hautes études.

Section des sciences historiques


et philologiques. Livret-Annuaire

Histoire des représentations graphiques (XVIIe-XIXe siècles)


Catherine Bousquet-Bressolier

Citer ce document / Cite this document :

Bousquet-Bressolier Catherine. Histoire des représentations graphiques (XVIIe-XIXe siècles). In: École pratique des hautes
études. Section des sciences historiques et philologiques. Livret-Annuaire 19. 2003-2004. 2005. pp. 329-333;

https://www.persee.fr/doc/ephe_0000-0001_2003_num_19_1_11373

Fichier pdf généré le 18/05/2018


Rapports sur les conférences 329

HISTOIRE DES REPRÉSENTATIONS


GRAPHIQUES (XVIP-XIXe SIÈCLES)

Chargée de conférences : Mffie Catherine BOUSQUET-BRESSOLIER

Programme de l'année 2003-2004 : Les ingénieurs et leur œuvre graphique : 1. Sources


et méthodes prosopographiques. 2. Représentations du paysage : évolution sémiologique,
un mercredi sur deux de 16 à 18 h.

Il est nécessaire de fixer des normes et un protocole de recherche pour


constituer les prosopographies. La problématique prosopographique posée par les
travaux de Jean-François Pernot sur les membres de la chambre des comptes
de Paris, quoique différente de celle des corps d'ingénieurs étudiés durant cette
année, a procuré des repères à notre étude. Jean-François Pernot a constitué
une base de données comprenant 2 172 dossiers de membres de la chambre des
comptes de Paris sous forme de fiches qui intègrent aussi, dans la mesure du
possible, des renseignements sur les autres membres de la famille et les alliés
par mariage. Les fiches comprennent également des informations sur les
prédécesseurs dans la charge, sur le patrimoine, etc. . . Le principe de classement
repose sur des fiches à tête fixes « les locomotives » où se trouvent tous les
éléments utilisables pour les tris, et des séries de sous-fiches, les « wagons » qui
contiennent des renseignements divers, rencontrés au fil de l'étude et créées au
fur et à mesure, y compris des textes et des illustrations. Ces fiches sont
classées par un logiciel « 4e Dimension » qui permet d'effectuer des croisements de
toutes sortes, en particulier sur la sociabilité et la fortune. Les résultats obtenus
sont, dans certains cas, extrêmement intéressants. On ne peut que regretter que
cet énorme travail, dont les bases ont été exposées au colloque des archivistes
de France de 1995, ne puisse aujourd'hui être exploité faute d'unité d'accueil
pour les nécessaires reconversions et actualisations du logiciel aux normes en
usage.
Patrice Ract pour sa thèse d'archiviste paléographe soutenue en 2001 sur
les ingénieurs-géographes de 1756 à 1791, avait une problématique assez
différente. Il avait présenté l'an passé l'organisation de son exploitation des sources
archivistiques et bibliographiques et constitué les fiches biographiques de 85
ingénieurs-géographes. Au cours de cette séance, Patrice Ract a mis en lumière
les facettes de la personnalité de Jean-Baptiste Berthier (1721-1804), chef des
ingénieurs-géographes et gouverneur des hôtels de la Guerre et de la Marine.
Il a montré la structure de sa famille et ses alliances, sa carrière, les traits de
330 Livret-Annuaire 19, 2003-2004

sa personnalité, ses trouvailles, les chantiers cartographiques qu'il a dirigés. Il


en a fait un portrait vivant et nuancé. L'inventaire après décès de sa première
femme, à l'apogée de sa carrière en 1783-1784, a permis de reconstituer son
cadre de vie, somme toute modeste, équivalent à celui d'un premier commis
du ministre de la Guerre.
Un travail de recherche méthodologique systématique a été effectué sur les
ingénieurs du corps des Mines par Martine Illaire et plusieurs pistes
d'exploration, mettant à profit des séries mal connues du fonds des Archives
nationales de France ont été proposées. Trois dossiers très différents ont servi
d'illustration.
Celui de Jean-François d'Aubuisson de Voisins (1762-1841), montre un
parcours atypique, déterminé par le jeu de son réseau social. Cet ingénieur des
Mines, absent de la promotion nommée en 1794 pour la réorganisation du
corps, n'est pas non plus passé par Polytechnique. Il émigré au service du prince
de Condé. Il ne rentre en France qu'en 1805 après avoir séjourné en
Allemagne et suivi les cours de Werner à Freiberg (Saxe). Ses appuis lui permettent de
devenir conservateur des collections du Conseil des mines. En 1807, du fait de
l'absence d'élèves disponibles, il est nommé directement ingénieur des Mines
et effectue sa carrière dans les territoires annexés, puis à Toulouse. Parmi ses
travaux est à noter, son Traité de Géognosie de 1819, un des premiers traités de
géologie publiés en France.
Le parcours de Jean François Emile Guémard (1788-1869) est plus classique
quoique très enraciné dans le Dauphiné. Cet ancien de Polytechnique professe
en 1824 l'histoire naturelle à Grenoble et ouvre un cours d'arithmétique aux
enfants et aux ouvriers. Il crée aussi un département de chimie « à l'usage des
industries » et y effectue plus de 3 500 analyses ! Il est mis à la retraite en 1848
pour ses positions politiques.
Louis Etienne François Héricart de Thury (1776-1854), dont le père est
maître conseiller à la Chambre des comptes, est issu de la première promotion
de l'École des mines (1794-1795) qui ne passa pas par l'École polytechnique.
Nommé en 1809 inspecteur des carrières de Paris à la Direction des travaux,
c'est lui qui consolide les catacombes. Il fait une brillante carrière politique sous
Charles X, est élu à l'Académie des sciences (1824), à celle de médecine (1825)
et préside plusieurs importantes sociétés savantes. Il doit quitter le service des
carrières en 1830. Membre du Conseil général des mines de 1834 à 1838, il fait
partie de presque tous les jurys des expositions de l'industrie del819àl851.
Cécile Souchon, quant à elle, a exploité les dossiers de Stanislas Becquey
de Beaupré (1751-1834) ingénieur des Ponts et chaussées. Ses lettres à
l'administration en 1794-1795 laissent entrevoir de manière poignante les
difficultés quotidiennes rencontrées par les ingénieurs, durant les années noires de la
Rapports sur les conférences 33 1

Révolution. Après 1796, Becquey occupe d'importantes fonctions : secrétaire


du conseil de l'Assemblée des ponts et chaussées (Paris, 1796), ingénieur en
chef du département de la Seine (1803), directeur de ce même département
en 1807, et membre de la commission chargée d'examiner les projets
d'embellissements de Paris en 1809. Il est mis à la retraite en 1815, reçoit la Légion
d'honneur en 1821 et est gratifié peu après du brevet d'inspecteur divisionnaire
honoraire du Corps royal des ponts et chaussées. Cécile Souchon a pu
restituer une idée précise de l'évolution des conditions de fortune de cet ingénieur
(informations sur sa parentèle, examen de son inventaire après décès...). Une
de ces séances s'est déroulée au département des cartes et plans des Archives
nationales, ce qui a permis d'accéder à la matérialité des dossiers.
J'ai moi-même ouvert les dossiers des Vallée, famille d'ingénieurs des Ponts
et chaussées dont les Archives nationales ont fait l'acquisition récente des
archives privées (614 AP). Ces dossiers, concernent essentiellement Pierre Philippe
Vallée (Chinon, 11 novembre 1745; Tours, 30 janvier 1825), Louis-Léger
Vallée (Sèvres, 25 mars 1784; Paris, 5 mars 1864), Eugène Adolphe Léger Vallée
(Douai, 15 novembre 1819 ; Paris, 1 1 décembre 1885) et enfin Louis Eugène
Vallée (né en 1867 et diplômé des Arts et manufactures).
Presque tous ont été actifs dans la région du Centre. Louis Léger Vallée
s'était lié d'une indéfectible amitié avec Pierre Vauthier (né à Boulogne le 15
octobre 1784, mort à Paris le 29 novembre 1847). La trace laissée par cette
amitié dans les dossiers laisse percevoir les affinités politiques et le fonctionnement
des liens sociaux, le jeu des « clientèles » et des appuis acquis par le mariage,
fréquemment rencontrés chez les ingénieurs de la première moitié du xixe
siècle. Ses descendants : Pierre Louis Léger Vauthier (né le 6 avril 1815 à
Bergerac, mort à Paris en 1881) condamné à la mort civile en 1849 qui a eu un fils,
Pierre Vauthier (né en 1845 à Pernambouco au Brésil, mort en 1916), élève de
Lalanne à l'école des beaux arts de Paris et décoré de la Légion d'honneur en
1895, ont conservé des liens avec les descendants Vallée.
Les recherches de Bernard Fouqueray ont éclairé la figure d'un ancien
élève des Ponts et chaussées connu pour ses travaux sur l'architecture. Auguste
Choisy (1841-1909) est chargé du service du canal des Ardennes (1867) et
œuvre à toutes les tâches ordinaires dévolues à un ingénieur. Durant la guerre
de 1870, il est lieutenant auxiliaire au 2e régiment du génie. Une fois la paix
revenue, il publie un article inattendu sur « L'économie dans la construction
romaine ». Nommé ingénieur ordinaire de 2e classe en 1873, il fait paraître
l'année suivante « L'art de bâtir chez les Romains », qui était prêt depuis 1868 ! Son
goût pour l'archéologie devient une véritable passion : en novembre 1874, avec
le soutien de son ingénieur en chef, il demande à son ministre de lui accorder
(avec ou sans solde) une mission en Asie Mineure. Ces missions étaient l'occa-
332 Livret-Annuaire 19, 2003-2004

sion d'études sur des techniques anciennes. À son retour en 1876, Choisy est
nommé professeur adjoint à la chaire de Darntein (architecture), puis en 1881,
à Polytechnique. « L'histoire de l'architecture » est son livre de cours. Il accepte
en 1879 une mission dangereuse dans le Sud algérien et est promu au grade
d'ingénieur en chef en 1880. Le compte rendu détaillé de cette mission, publié
en 1890, vaut à Choisy d'être membre de la Commission centrale des travaux
géographiques. À son retour, Choisy publie « L'art de bâtir chez les Byzantins »
en 1883, puis « Études épigraphiques sur l'architecture grecque » en 1883 et
1884. En 1886 il est nommé ingénieur en chef de lre classe, et en 1899, il publie
sa fameuse « Histoire de l'architecture ». À l'aube du xxe siècle, il est devenu
une personnalité incontournable parmi les professeurs de Y École des ponts. Il
prend sa retraite en 1901, avec le grade d'inspecteur général.
Après cette rétrospective sur des carrières d'ingénieurs, retour a été fait aux
problèmes afférents à leur œuvre graphique. De quelle nature est le langage
des cartes (ce qui implique l'utilisation d'une « langue » composée de signes),
comment ce langage évolue-t-il? Cette question avait été déjà soulevée par le
père de Dainville dans Le Langage des géographes paru en 1964, ouvrage qui
élargissait les développements sur la « langue » des cartes ecclésiastiques et la
confection matérielle des cartes de son livre intitulé Cartes anciennes de l'Église
de France paru en 1956. Ces deux ouvrages sont des outils de recherche. Ils ont
une source commune : le Mercure géographique du père Augustin Lubin, paru
en 1678, qui est le premier dictionnaire multilingue de géographie. Nous avons
commencé par étudier la structure de cette « matrice », ce « guide des curieux »
des cartes. Le volume classe les objets géographiques du général au particulier
selon un ordre alphabétique des termes latins, rangés par thèmes. Un
glossaire de mots ne venant pas du latin et de mots d'autres langues précède
l'index général englobant toutes les rubriques. Le père de Dainville a remanié cette
classification dans le Langage des géographes. Nous avons analysé les modalités
et la structure de ces remaniements.
La problématique est différente de celle proposée dès 1956 par Dainville
dans Cartes anciennes de l'Église de France pour « fournir à l'usager peu
familier avec ces documents d'un autre âge, les essentielles indications pour une
lecture profitable ».
Le parcours de l'œuvre du père de Dainville, montre l'élaboration d'un
vocabulaire graphique. Ce « vocabulaire » varie selon l'échelle. À petite échelle, ce
sont des symboles dont le graphisme s'apparente de loin à la chose représentée
et qui varient dans le temps et avec les auteurs. À grande échelle, c'est le
principe d' imitation qui prime, comme en peinture.
Prolongeant cette étude dans le temps, Gilles Palsky a montré comment
avait été développée une cartographie thématique quantitative, dont les ingé-
Rapports sur les conférences 333

nieurs des Ponts et chaussées s'étaient faits les promoteurs. Après avoir défini
ce qu'est une carte thématique (par opposition à topographique), Gilles Palsky
a précisé le contexte de leur apparition au xvme siècle. Il a illustré son
propos par des exemples tirés du Traité de météorologie (1843) de Léon Lalanne
( 1 8 1 1 - 1 892) et par l'œuvre de Charles Joseph Minard ( 1 78 1 - 1 870) . Celui-ci est
un véritable pionnier qui voulait « faire apprécier immédiatement par l'œil les
proportions numériques » en des « cartes parlantes ». Il a bouleversé le principe
de la représentation, allant jusqu'à altérer les proportions géographiques pour
dessiner des flux exactement proportionnels.

Ont participé à la conférence : Bernard Barbiche, Anne-Marie Briend, Eli-


zabeth Castellan, Bénédicte Ciolfi-Lebègue, Alain Lefebvre, Denis Cotard,
Geneviève Decroix, Jean- Jacques Deydier, Bernard Fouqueray, Pierre Fournier,
Gaëlle Hallair, Martine Illaire, Claude Jollin, Marie- France Matheron, Frédéric
Ogé, Monique Pelletier, Jean-François Pernot, Claude Ponnou, Patrice Ract,
Daniel Siau, Cécile Souchon, Sylvain Thery.

Activités et publications de la chargée de conférences

Préparation et publication des actes du colloque « François de Dainville S.J.


(1909-1971), un géographe, pionnier de l'histoire de la cartographie et de
l'éducation » organisé les 6-7 juin 2002 par la chargée de conférences.
Participation à des jurys de thèses de doctorat : Pierre Fournier : Les cartes
d'état major en Europe centrale. Cartographie, frontières et fortifications, 1750-
1914, soutenue le 13 décembre 2003, EPHE (sous la direction de Jean Michel
Leniaud). — Marco Petrella : II ritratto délia Borgogna. Il ruolo délie "geo-grafie"
nella costruzione di un territorio tra XVII e XVIII secolo, doctorat de recherche
en histoire de l' Europe, soutenu à l'université de Bologne le 20 avril 2004 (sous
la direction de Stefano Torresani, université de Bologne, Italie).
Publications. Direction d'ouvrage : François de Dainville, un géographe
pionnier de l'histoire de la cartographie et de l'éducation. Actes du colloque des 6-7
juin 2002, collection Études et rencontres de l'École des chartes n° 15, 2004,
Paris, PRODIG - École des chartes, 332 p. — Articles : « Introduction : le
tribut d'une vie de savant et de prêtre », dans François de Dainville..., p. 5-9.
— « Pédagogie de l'image jésuite : de l'image emblématique aux emblemata
mathématiques », ibidem, p. 143-166.

Vous aimerez peut-être aussi