Chapitre 1 Ostéopathie Crânienne Et Anatomie

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Chapitre 1

Ostéopathie crânienne
et anatomie

Selon le glossaire de l’American Academy of l’ostéopathie ne se limite à cette seule partie de


Osteopathy, l’ostéopathie est ainsi définie : l’organisme.
“A system of medical care with a philosophy that
combines the needs of the patient with current
practice of medicine, surgery, and obstetrics, and Mécanisme respiratoire primaire
emphasizes the interrelationships between struc-
ture and function, and an appreciation of the C’est sur le concept du « primary respiratory
body’s ability to heal itself” [1]. (« Un système mechanism » ou « mécanisme respiratoire pri-
de soins médicaux avec une philosophie qui maire » (MRP) de William Garner Sutherland
combine les besoins du patient avec la pratique DO, que repose l’ostéopathie crânienne, plus
en cours de la médecine, de la chirurgie, et de récemment nommée « Osteopathy in the Cranial
l’obstétrique, et qui met l’accent sur l’inter- Field » (« Ostéopathie dans le champ crânien »).
dépendance entre la structure et la fonction, « Primary » a deux significations. Tout d’abord,
et une appréciation de la capacité du corps à le sens de primitif, i.e. le premier dans un ordre
s’autoguérir. »). chronologique ou dans un processus de dévelop-
En effet, la philosophie ostéopathique est fondée pement. Enfin, le sens de principal, de ce qui est
sur l’holisme, i.e. l’interdépendance de toutes les de plus grande importance et de premier rang [2].
structures du corps et sur l’idée que la structure En choisissant le terme « respiratory », Sutherland
et la fonction sont indissociables. Classiquement, fait référence au processus de respiration interne,
quatre grands principes sont mis en valeur : à savoir les échanges entre les cellules des tissus
• le corps humain est une unité fonctionnelle et leur environnement. Quant au terme « mecha-
dynamique ; nism », il signifie le mouvement interdépendant
• le corps possède des mécanismes autorégula- des tissus et des fluides organisés pour une finalité
teurs qui sont par nature autoguérisseurs ; spécifique [1].
• la structure et la fonction sont interconnectées à Sutherland distingue respiration primaire et respi-
tous les niveaux ; ration pulmonaire. La première précède la seconde
• un traitement rationnel se base sur ces principes. et leurs fréquences, bien que parfois synchrones,
Selon le principe de l’holisme, toutes les parties sont le plus souvent différentes.
du corps sont interdépendantes les unes des autres En 1939, après une dizaine d’années d’enseigne-
et de fait sont toutes de grande importance. Ainsi, ment de son concept, William Garner Sutherland
des dysfonctions présentes au niveau du crâne DO publie « The cranial bowl ». Il expose les cinq
peuvent affecter l’axe vertébral et la posture. éléments qui constituent son modèle du MRP [3] :
Inversement, des problèmes de colonne peuvent • la motilité inhérente au cerveau et à la moelle
affecter les fonctions crâniennes. Cet ouvrage épinière ;
décrit l’anatomie crânienne, mais en aucun cas • la fluctuation du liquide cérébrospinal ;

Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne


© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
2 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne

• la mobilité des membranes intracrâniennes et de posture qui favorisent sa fluctuation. En fait,


intraspinales ; les liquides intracrâniens fluctuent au rythme du
• la mobilité articulaire des os du crâne ; MRP [7].
• la mobilité involontaire du sacrum entre les
iliaques.
Mobilité des membranes
intracrâniennes et intraspinales
Motilité inhérente au cerveau
et à la moelle épinière Nommées aussi membranes de tension réciproque,
les membranes intracrâniennes et intraspinales
Parmi les cinq éléments du MRP, Sutherland accompagnent rythmiquement les déplacements
considérait la motilité inhérente au cerveau et du cerveau et de la moelle épinière, à la fréquence
à la moelle épinière comme la force motrice du de la motilité inhérente du tissu nerveux. En
MRP. En fait, depuis la publication du texte de même temps, elles contrôlent les déplacements
Sutherland, on montre bien que les cellules glia- du cerveau et permettent la fluctuation du liquide
les ont un mouvement spontané rythmique [4], cérébrospinal. De surcroît, par sa couche externe
et le mouvement du cerveau est aussi démontré périostée et par les duplications de sa couche
par IRM [5]. Ainsi, au stade où les vésicules céré- interne, la faux du cerveau, la tente du cervelet
brales primitives sont entourées de mésenchyme, et la faux du cervelet, la dure-mère relie les os du
puis au stade où les os du crâne commencent crâne entre eux. Par son prolongement spinal,
à s’organiser dans ce mésenchyme, la motilité qui contribue au core-link (lien central), la dure-
inhérente au système nerveux central se transmet mère relie le crâne au bassin. Ainsi, la dure-mère
aux tissus environnants. Le MRP s’organise, où contribue grandement à l’équilibre de la tension
tous les tissus sont impliqués dans une dynami- du système.
que commune. Puis, au fur et à mesure que l’in-
dividu grandit, la trame des tissus conjonctifs se
calcifie plus ou moins, et leur degré de flexibilité, Mobilité articulaire des os
très important chez les nourrissons et chez les du crâne
enfants, diminue chez les adultes. Toutefois, le
MRP existe toute la vie et peut être perçu par En 1898, Sutherland est étudiant à l’Ameri-
les ostéopathes. L’écoute du MRP et l’apprécia- can School of Osteopathy, l’école dont Still
tion de ses caractéristiques qualitatives et quan- est le fondateur et le président. Il a pour habi-
titatives constituent des éléments fondamentaux tude d’observer les os du crâne exposés dans
du diagnostic et du traitement en ostéopathie une vitrine, et un jour : “As I stood looking and
crânienne. thinking in the channel of Dr. Still’s philosophy,
my attention was called to the bevealed articu-
lar surfaces of the sphenoid bone. Suddenly there
Fluctuation du liquide came a thought – I called it a guiding thought
cérébrospinal – ‘beveled like the gills of a fish; indicating arti-
cular mobility for a respiratory mechanism.’ ”
Pendant la systole, le liquide cérébrospinal fluc- (« Comme je reste à regarder et à penser dans
tue des ventricules latéraux vers les troisième et le courant de la philosophie du Dr Still, mon
quatrième ventricules et vers le canal vertébral. attention est attirée par les surfaces articulaires
Pendant la diastole, l’inverse se produit [6]. biseautées de l’os sphénoïde. Soudain, une idée
Sécrété par les plexus choroïdes, le liquide céré- apparaît – je l’appelle une idée guide – ‘biseau-
brospinal est produit par une efflorescence des tées comme les ouïes d’un poisson ; indiquant
vaisseaux sanguins, et ce sont la pulsation des vais- une mobilité articulaire pour un mécanisme
seaux sanguins, la respiration et les changements respiratoire’ ») [8].
Chapitre 1. Ostéopathie crânienne et anatomie 3

Après quelques années, Sutherland définit les cranial concept in the science of osteopathy was his,
mouvements des os crâniens associés au MRP. Ils not mine” [9]. (« Si vous lisez attentivement les
se produisent sur deux temps. écrits du Dr. Andrew Taylor Still, vous verrez que
• Le temps de l’inspiration crânienne, pendant … le concept crânien de la science ostéopathique
lequel les structures médianes démontrent un était le sien et non le mien. »)
déplacement nommé flexion et les structu- Emmanual Swedenborg (1688–1772) semble
res latérales un déplacement nommé rotation aussi avoir inspiré Sutherland [10]. Cet homme de
externe. Pendant ce temps, les dimensions trans- sciences suédois étudie l’anatomie afin de trouver
versales du crâne augmentent et les dimensions l’âme. Dans une de ses publications majeures, The
verticales diminuent ; la flexion basilaire aug- Brain, écrite en 1743–1744, il décrit brillamment
mente au niveau de la synchondrose sphénoba- les mouvements du cerveau qui selon lui consis-
silaire qui s’élève et la base du sacrum se déplace tent en une succession d’expansion et de contraction
postérieurement dans un mouvement de flexion [11]. Pour Swedenborg, cette animation rythmique
craniosacrale. manifeste l’interaction entre l’âme et le corps et
• Le temps de l’expiration crânienne, pendant unifie tous les autres mouvements de la vie orga-
lequel le déplacement des structures média- nique. Dès lors, présente partout, elle contribue
nes est nommé extension et le déplacement au mouvement des membranes durales, à celui
des structures latérales, rotation interne. Les des os crâniens et de leurs sutures dont l’aspect
dimensions transversales du crâne diminuent et et les détails comme les interdigitations reflètent
les dimensions verticales augmentent. La flexion la variété des mouvements osseux. Swedenborg
basilaire diminue au niveau de la synchondrose décrit aussi les qualités pulsatiles du liquide céré-
sphénobasilaire qui s’abaisse ; la base du sacrum brospinal qui se transmet à l’ensemble du corps,
se déplace antérieurement dans un mouvement qui chemine au travers et entre les racines et les
d’extension craniosacrale. fascicules des nerfs, et qui les accompagne pour se
propager à l’ensemble du corps. Pour cet auteur,
La flexion et l’extension craniosacrales décri- chaque artère, chaque veine et chaque fibre ner-
tes dans le MRP diffèrent parfois de la flexion veuse suivent le courant du mouvement du cer-
et de l’extension anatomiques, avec lesquelles veau [11].
elles ne doivent pas être confondues. Ses remarques sur la dure-mère sont particulière-
ment intéressantes : “that by virtue of its elasticity,
and in its capacity as a muscular tendon, it contri-
Mobilité involontaire du sacrum butes in a general way to the reciprocal expansive
entre les iliaques motion of the brain” (« qu’en vertu de son élas-
ticité, et par sa capacité en temps que tendon
Selon Sutherland, le mouvement du sacrum entre
musculaire, elle contribue d’une manière géné-
les iliaques décrit dans le MRP ne résulte pas d’une
rale au mouvement d’expansion réciproque du
activité volontaire. Pour lui, le core-link formé par
cerveau »). Notons que, au xviiie siècle, certains,
la dure-mère spinale qui relie le foramen magnum
comme Pacchioni, considèrent la dure-mère comme
de l’occiput au sacrum transmet et coordonne les
un muscle.
mouvements entre ces deux structures.
Ainsi, pendant la phase d’expansion du cerveau,
la dure-mère est étirée ; inversement pendant la
Swedenborg phase de contraction cérébrale, elle est relâchée.
De cette alternance rythmique, naît une « action
Dans l’élaboration de son concept, Sutherland réciproque », qui fournit à son tour « une puis-
reconnaît plusieurs influences. Tout d’abord celle sance réactive » et affecte le cycle alternatif du
de Still : “If you read the writings of Dr. Andrew mouvement d’expansion et de contraction céré-
Taylor Still carefully, you will find that…the brales [11].
4 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne

Selon Sutherland : “If you become a mechanic of the Les découvertes actuelles sur les oscillations
cranial mechanism by correcting a cranial lesion, de basse fréquence de la circulation sanguine,
you then become the pharmacist. There is no end to et leur rapport avec le système nerveux auto-
this thought. It is not a new thought. Swedenborg, nome montrent bien leur rôle dans l’homéo-
200 years ago, said there is movement of the brain. stasie [16]. Selon Magoun, “This cycle manifests
Have we anything totally new? No.” (« Si vous as the cranial rhythmic impulse and represents
devenez un mécanicien du mécanisme crânien en a dynamic metabolic interchange in every cell,
corrigeant une lésion crânienne, vous devenez alors le with each phase of action.” « Ce cycle se mani-
pharmacien. C’est une pensée sans fin. Cela n’est pas feste comme l’impulsion rythmique crânienne
une nouvelle pensée. Swedenborg, il y a 200 ans, a et représente un échange métabolique dynami-
dit qu’il y a un mouvement du cerveau. A-t-on quel- que dans chaque cellule, à chaque phase d’ac-
que chose de totalement nouveau ? Non.») [10]. tion » [17].
En fait, ces oscillations peuvent être perçues au
niveau du crâne, mais aussi sur toutes les parties
Impulsions rythmiques du corps. Chaque structure du corps manifeste un
crâniennes mouvement biphasique en concomitance avec les
phases d’inspiration et d’expiration du MRP. En
Pour l’ostéopathe, la « respiration primaire » peut revanche, en présence d’une dysfonction somati-
être perçue sous la forme d’impulsions rythmi- que, la fréquence et la puissance de cette fonction
ques crâniennes (IRC). Ce terme défini en 1961 biphasique sont perturbées.
par les Woods fait référence à la sensation palpable Dans l’approche holistique d’un traitement
du MRP [12]. Cette composante dynamique, à ostéopathique, toutes les structures anatomi-
différentier de la respiration thoracique, consiste ques impliquées, les membranes, les ligaments,
en une sensation d’expansion du crâne pendant les fascias, les muscles, les os, les articulations
la phase d’« inspiration primaire » et une sensation et les viscères, tout comme le MRP et les IRC
de retour à la position initiale pendant la phase doivent être pris en compte durant le traitement.
d’« expiration pr imaire ». Les traitements manipulatifs qui utilisent le
Récemment, les IRC sont enregistrées en relation modèle crânien affectent le patient par leur effet
avec une oscillation de basse fréquence présente sur l’anatomie et la physiologie de la région, qui
dans la circulation sanguine : l’oscillation de Traube- visent à normaliser :
Hering-Mayer [13]. Une modulation de fréquence • la fonction nerveuse ;
des IRC de 20 % est objectivée [13] et les traite- • la fluctuation du liquide cérébrospinal ;
ments crâniens modifient cette oscillation [14, 15]. • les stases circulatoires ;
• les tensions membraneuses ;
• les dysfonctions articulaires.
« L’oscillation de Traube-Hering-Mayer a été mesurée
en association avec la pression artérielle, la fréquence De surcroît, ces traitements entraînent une
cardiaque, la contractilité myocardique, le flux sanguin réponse globale sur l’organisme par leur action
pulmonaire, le flux sanguin cérébral et du liquide céré- sur le système nerveux autonome (SNA). Tout
brospinal, et les flux sanguins périphériques prenant en traitement qui influence le MRP influence le
compte les activités thermorégulatrices. Ce phénomène SNA. De fait, les forces biodynamiques inhé-
impliquant tout le corps, avec une fréquence le plus rentes à l’individu sont sollicitées, ce qui résulte
souvent légèrement inférieure, et indépendante de la en une autorégulation globale, tout autant que
respiration présente une ressemblance frappante avec locale, à savoir le niveau précis de la dysfonction
le MRP. » [13].
considérée.
Chapitre 1. Ostéopathie crânienne et anatomie 5

La physiologie humaine est dynamique. Bien


que plusieurs formes de thérapie manuelle
affectent les biorythmes, l’ostéopathie crâ-
nienne est la seule qui considère un rythme
inhérent au sujet comme moyen de trai-
tement. Habituellement, les autres modè-
les thérapeutiques s’intéressent à d’autres
rythmes, comme celui de la respiration
pulmonaire.

Anatomie
Selon Still : “An osteopath reasons from his
knowledge of anatomy. He compares the work of Fig. 1.1. Plans de l’espace.
the abnormal body with the work of the normal 1. coronal ;
2. transversal ;
body” [18]. (« Un ostéopathe raisonne à partir 3. sagittal médian.
de sa connaissance de l’anatomie. Il compare D’après Richter M, et al., Encycl Méd Chir, Stomatologie.
les actions d’un corps anormal avec celles d’un
corps normal »). “A knowledge of anatomy with
its application covers every inch of ground that is
necessary to qualify you to become a skillful and
• le plan coronal (frontal) dans lequel se trouvent
successful Osteopath…” [19]. (« Une connais-
les axes transversal et vertical ;
sance de l’anatomie et de ses applications couvre
• le plan transversal (horizontal) dans lequel se
chaque pouce du terrain nécessaire afin de vous
trouvent les axes sagittal et transversal ;
qualifier pour devenir un Ostéopathe habile et
• le plan sagittal dans lequel se trouvent les axes
efficace… »).
sagittal et vertical.
Ainsi, lors de l’examen du sujet debout, face à
Langage anatomique l’examinateur, la paume des mains tournée vers
l’avant et les pieds légèrement écartés, la position
En 1955, une nomenclature anatomique inter- d’un repère étudié est :
nationale est adoptée ; elle est révisée en 1998. • craniale lorsqu’elle est déplacée vers le haut ;
Il convient de l’utiliser ; nous indiquons le • caudale lorsqu’elle est déplacée vers le bas ;
plus souvent l’ancienne nomenclature entre • distale lorsqu’elle est éloignée du tronc ;
parenthèses. • proximale lorsqu’elle est rapprochée du tronc ;
Pour décrire l’anatomie, le système de référence • ventrale lorsqu’elle est déplacée vers l’avant ;
utilise trois axes de référence : • dorsale lorsqu’elle est déplacée vers l’arrière ;
• l’axe vertical, qui est perpendiculaire au sol ; • latérale lorsqu’elle est déplacée latéralement ;
• l’axe transversal, qui est horizontal et perpendi- • médiale lorsqu’elle se rapproche de la ligne
culaire au précédent ; médiane.
• l’axe sagittal orienté d’avant en arrière. Ces définitions restent valables quelle que soit la
Ces trois axes permettent de définir les trois plans position du sujet. Ainsi, une grande aile de sphé-
de l’espace (figure 1.1) : noïde déplacée vers le haut est en position craniale
6 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne

Arcade sourcilière

Os frontal

Incisure
supraorbitaire (foramen)

Glabelle

Processus zygomatique
Nasion (de l’os frontal)
Os nasal

Orifice piriforme Processus frontal (du maxillaire)


Os zygomatique
Cornet nasal inférieur Foramen infraorbitaire
Crête nasale

Épine nasale antérieure


Processus zygomatique Processus alvéolaire
(du maxillaire)
Ligne oblique
Branche de la mandibule

Maxillaire Partie alvéolaire de la mandibule

Angle de la mandibule
Mandibule
Corps de la mandibule
Foramen mentonnier
Protubérance mentonnière Tubercule mentonnier

Fig. 1.2. Vue antérieure du crâne.


D’après Drake RL, Gray’s Anatomy for Students, 1st edition.

lorsque le sujet est debout ; elle reste en position os occipital, ethmoïde, sphénoïde et frontal ; 2 os
craniale lorsque le sujet est en décubitus dorsal. pairs et latéraux : les os pariétaux et temporaux ;
• le viscérocrâne ou squelette facial formé de 13 os,
parmi lesquels 12 os sont pairs et latéraux : les
Présentation du crâne maxillaires, les palatins, les os zygomatiques, les
os lacrymaux, les os nasaux et les cornets infé-
Crâne vient d’un terme grec qui signifie casque. rieurs ; 1 os est impair et médian : le vomer.
Cela rend bien l’idée de protection qui lui est À ces 21 os, s’ajoute la mandibule qui n’appar-
associée : protection du système nerveux central, tient ni au neurocrâne ni au viscérocrâne, les
mais aussi des viscères de la face. trois osselets pairs de l’oreille moyenne (malleus
Typiquement, le crâne est divisé en deux parties : [marteau], incus [enclume] et stapès [étrier]),
• le neurocrâne formé de 8 os qui entourent et pro- et l’os hyoïde, impair, suspendu sous la base
tègent le cerveau : 4 os impairs et médians : les crânienne, soit un total de 29 os (figure 1.2).
Chapitre 1. Ostéopathie crânienne et anatomie 7

Suture sphénosquameuse

Suture sphénopariétale Suture squameuse


Portion squameuse (de l’os temporal)
Suture coronale

Os pariétal
Ptérion

Suture
pariétomastoïdienne
Os frontal

Grande aile (de


l’os sphénoïde)

Suture
lambdoïde
Os lacrymal

Os nasal Astérion

Foramen
zygomaticofacial Os occipital

Os zygomatique
Suture
occipitomastoïdienne
Maxillaire Partie mastoïdienne de
l’os temporal
Processus mastoïdien

Portion alvéolaire Os tympanal (de l’os temporal)


(de la mandibule)
Processus styloïde
Foramen mentonnier Processus condylaire

Angle

Branche de la mandibule
Corps de la mandibule Processus zygomatique (de l’os temporal)

Processus temporal (de l’os zygomatique) Processus coronoïde

Fig. 1.3. Vue latérale du crâne.


D’après Drake RL, Gray’s Anatomy for Students, 1st edition.

Le neurocrâne est aussi divisé en deux parties : la • l’os frontal ;


voûte ou calvaria, d’origine membraneuse (figure • les os pariétaux réunis sur la ligne médiane par
1.3), et la base, d’origine cartilagineuse (figure 1.4). la suture sagittale, et séparés de l’os frontal par
la suture coronale ;
Voûte • de chaque côté, l’écaille des os temporaux réu-
nie à l’os pariétal par la suture squameuse ;
La voûte est formée par des os plats réunis entre • la plus en arrière, l’écaille de l’os occipital réunie
eux par des sutures. D’avant en arrière ce sont : aux os pariétaux par la suture lambdoïde.
8 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne

Épine nasale postérieure Fosse incisive


Palais dur (os maxillaire)

Arcade alvéolaire Palais dur (os palatin)

Ouverture nasale postérieure (choane)


Foramen grand palatin
Hamulus Foramen petit palatin
Processus pyramidal de l’os palatin Corps de l’os sphénoïde
Lame médiale du processus
ptérygoïde
Fosse ptérygoïde
Lame latérale du processus
Vomer ptérygoïde
Grande aile Fosse scaphoïde
(de l’os sphénoïde)
Orifice du canal Foramen déchiré (lacerum)
ptérygoïdien
Foramen ovale
Tubercule articulaire
Fosse mandibulaire Foramen épineux
Sillon de la trompe auditive (spinosum)

Canal carotidien
Processus styloïde
Foramen jugulaire
Foramen stylomastoïdien

Processus mastoïde

Incisure mastoïdienne
Partie basilaire de l’os
occipital

Canal hypoglosse
Tubercule pharyngien
Condyle occipital

Foramen magnum

Crête occipitale externe Ligne nuchale inférieure

Ligne nuchale supérieure

Protubérance occipitale externe

Fig. 1.4. Vue inférieure du crâne.


D’après Drake RL, Gray’s Anatomy for Students, 1st edition.

Base ailes du sphénoïde, l’écaille et la face antéro-


supérieure de la partie pétreuse des os tempo-
• La base consiste en trois étages qui s’adaptent raux ;
à la forme du cerveau (figure 1.5) : la fosse crâ- • la fosse crânienne postérieure formée par la partie
nienne antérieure formée par l’os frontal, la lame postérieure du corps du sphénoïde, la face pos-
criblée de l’os ethmoïde et la partie antérieure térosupérieure de la partie pétreuse et la partie
du corps et les petites ailes du sphénoïde ; mastoïdienne des os temporaux, l’angle mastoï-
• la fosse crânienne moyenne formée par le corps dien des os pariétaux, l’os occipital et le dos de
du sphénoïde, la face cérébrale des grandes la selle.
Chapitre 1. Ostéopathie crânienne et anatomie 9

Crête frontale
Crista galli Foramen cæcum
Partie orbitaire (de l’os frontal) Foramens de la lame criblée
Lame criblée

Processus clinoïde moyen Sillon chiasmatique


Processus Tubercule
clinoïde antérieur de la selle turcique
Petite aile Canal optique
(de l’os sphénoïde)
Fissure orbitaire
Grande aile supérieure
(de l’os sphénoïde) Foramen rond

Processus
Fosse hypophysaire clinoïde
postérieur
Dos de la selle
Orifice du canal Foramen
carotidien déchiré
Impression Foramen
trigéminale épineux

Gouttière et hiatus Foramen ovale


pour le nerf petit
pétreux Eminentia
arcuata

Gouttière et hiatus Tegmen


pour le nerf grand tympani
pétreux
Méat
acoustique
interne
Gouttière du sinus
pétreux inférieur
Foramen
jugulaire
Gouttière du sinus
sigmoïde
Tubercule
jugulaire
Canal de l’hypoglosse
Gouttière
Clivus du sinus transverse

Foramen magnum Crête occipitale interne

Protubérance occipitale interne

Fosse crânienne Os frontal


antérieure Os ethmoïde

Fosse crânienne
moyenne Os sphénoïde

Os temporal

Fosse crânienne
postérieure
Os pariétal

Os occipital

Fig. 1.5. Base crânienne.


D’après Drake RL, Gray’s Atlas of Anatomy.
10 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne

Vertex
Bregma

Stéphanion
Euryon

Ptérion

Ophryon

Glabelle Lambda

Nasion

Inion

Astérion
Prosthion

Entomion

Gnathion
Gonion

Fig. 1.6. Points craniométriques.


D’après Drake RL, Gray’s Atlas of Anatomy.

Points craniométriques Astérion : de chaque côté du crâne, le point situé à la


jonction des sutures lambdoïde, occipitomastoïdienne et
La connaissance des points craniométriques est pariétomastoïdienne.
indispensable pour toute référence anthropomé- Basion : le point médian du bord antérieur du foramen
trique (figures 1.6 et 1.7). En orthodontie, ces magnum.
points sont utilisés pour étudier la morphologie Bregma : le point médian situé à la jonction des sutures
et la croissance du neurocrâne et du vicérocrâne, coronale et sagittale.
et pour évaluer l’indication et la progression d’un Entomion : bilatéralement, le point situé à la jonction des
traitement orthodontique. Toutefois, en raison de sutures pariétomastoïdienne et squameuse ; c’est aussi
variations individuelles, le repérage de ces points le sommet de l’angle mastoïdien de l’os pariétal.
est délicat et nécessite une parfaite connaissance Euryon : point latéral le plus saillant de la tête, à l’extré-
de l’anatomie crânienne [20] (figures 1.6 et 1.7). mité du plus grand diamètre transversal.
Glabelle : le point le plus saillant sur la ligne médiane de
La liste dans l’encadré ci-contre comporte les
l’os frontal, à environ 1 cm au-dessus du bord nasal.
points les plus fréquemment utilisés. u
Chapitre 1. Ostéopathie crânienne et anatomie 11

Staurion

Hormion

Basion

Opisthion

Fig. 1.7. Points craniométriques.


D’après Drake RL, Gray’s Atlas of Anatomy.

u
Gnathion : le point le plus bas situé sur la ligne médiane Prosthion : le point médian le plus antérieur à la jonction
de la mandibule. des processus alvéolaires des maxillaires.
Gonion : le point le plus latéral et le plus bas de l’angle Ptérion : de chaque côté, le point à la jonction de la grande
de la mandibule. aile de l’os sphénoïde, de l’écaille de l’os temporal, de la
Hormion : le point médian situé à la jonction du bord face temporale de l’os frontal et de l’angle sphénoïdal de
postérieur du vomer et de l’os sphénoïde. l’os pariétal ; a le plus souvent grossièrement la forme
Inion : le sommet de la protubérance occipitale d’un H, et le ptérion forme la barre horizontale du H.
externe. Staurion : le point médian à la jonction de la suture pala-
Lambda : le point médian situé à la jonction des sutures tine transverse et de la suture intermaxillaire.
sagittale et lambdoïde. Stomion : le point médian de la jonction entre les lèvres
Nasion : le point médian à la jonction de la suture supérieures et les lèvres inférieures lorsque les lèvres
nasofrontale et de la suture internasale. sont jointes.
Opisthion : le point médian du bord postérieur du fora- Stéphanion : point de croisement entre la suture coro-
men magnum. nale et la ligne temporale inférieure.
Ophryon : le point médian intersourcilier. Vertex : point le plus haut de la tête.
12 Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne

Références [11] Fuller DB. Swedenborg’s brain and Sutherland’s


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