Julien TOME
Julien TOME
Julien TOME
Thèse
pour le
AMÉNAGER LA PHARMACIE DE
DEMAIN
--
DESIGNING THE COMMUNITY
PHARMACY OF TOMORROW
Tomé Julien
Né le 07 Octobre 1999 à Cherbourg-Octeville (50)
Membres du jury
Anne Landreau | Président
Sébastien Faure | Directeur
Bénédicte Luquet | Membre
Vincent Nadeau | Membre
Soutenue publiquement le :
23 novembre 2022
2022-2023
Thèse
pour le
AMÉNAGER LA PHARMACIE DE
DEMAIN
--
DESIGNING THE COMMUNITY
PHARMACY OF TOMORROW
Tomé Julien
Né le 07 Octobre 1999 à Cherbourg-Octeville (50)
Membres du jury
Anne Landreau | Président
Sébastien Faure | Directeur
Bénédicte Luquet | Membre
Vincent Nadeau | Membre
Soutenue publiquement le :
23 novembre 2022
ENGAGEMENT
DE NON PLAGIAT
Je, soussigné(e) Tomé Julien
déclare être pleinement conscient(e) que le plagiat de documents ou d’une
partie d’un document publiée sur toutes formes de support, y compris l’internet,
constitue une violation des droits d’auteur ainsi qu’une fraude caractérisée.
En conséquence, je m’engage à citer toutes les sources que j’ai utilisées
pour écrire ce rapport ou mémoire.
DÉCLARATION
D’ENGAGEMENT
DE L’AUTEUR
"La Faculté de Santé déclare que les opinions émises dans les thèses
qui lui sont présentées doivent être considérées comme propres à leurs auteurs,
et qu’elle entend ne leur donner ni approbation, ni improbation."
Ces conditions d’utilisation (attribution, pas d’utilisation
commerciale, pas de modification) sont symbolisées par
les icônes positionnées en pied de page.
A Sébastien Faure, merci pour votre accompagnement précieux et pour l’intérêt que
REMERCIEMENTS
vous portez dans l’amélioration de l’exercice officinal tout comme à l’accompagnement
des étudiants en pharmacie angevins.
A Anne Landreau, merci d’avoir accepté de présider mon jury de thèse et merci de
transmettre à travers vos cours votre passion pour la mycologie et la botanique.
A Vincent Nadeau, merci de faire partie de mon jury. Ma première expérience dans
votre pharmacie a été très enrichissante, j’ai hâte d’en découvrir encore plus à travers
mon futur stage.
A Fanny, merci pour ton accompagnement et soutien quotidien. T’avoir à mes côtés
me pousse à accomplir mes objectifs. Une page de plus se tourne vers la vie
professionnelle et vers de nouveaux projets que j’envisage à tes côtés pour notre vie
à deux.
A mes parents, merci pour votre soutien tout au long de ces études. J’espère avoir
réussi à vous rendre fiers.
A mon papa, merci pour ton accompagnement tout au long de ces études y compris
dans la relecture de ma thèse. Cela m’a été très précieux.
A mon frère et ma sœur, merci également pour votre soutien. Chaque minute
passée ensemble est un instant de bonheur pour moi.
A mes grands-parents, merci du bonheur apporté dans ma vie depuis mes premiers
instants. Petit Julien devient grand mais sera toujours là pour vous.
A Jules, merci d’avoir été là tout au long de ces études, ta motivation et ta résilience
m’ont toujours impressionnées.
A Coline, Amélie, Nolwenn et Juliette, merci pour tous ces moments partagés
ensemble, ce n’est qu’un début je l’espère.
A mes amis rencontrés dans le cadre de mes engagements associatifs, merci d’avoir
partagé avec moi ces expériences plus qu’enrichissantes tant sur le plan professionnel
que personnel. Merci à tous ceux qui s’engagent durant leurs études pour les autres
et pour faire briller l’avenir de nos professions et de de nos études.
A Pharmagest et en particulier à Joëlle Geny, merci de votre appui dans la diffusion
REMERCIEMENTS de mon questionnaire.
A la fin des années 80, l’apparition des ordinateurs a permis une transformation des
comptoirs et du back office avec l’apparition simultanée d’imprimantes.
L’aménagement peut survenir à différents moments de la vie d’une officine : lors d’une
installation, lors d’un transfert ou à n’importe quel autre moment.
De plus, les locaux de l’officine doivent évoluer au rythme de la société actuelle pour
répondre à leurs demandes. Face à une société de plus en plus digitalisée, la pharmacie
doit s’adapter pour rester attractive auprès des usagers de santé.
L’officine doit également s’adapter à son environnement (âge moyen de la patientèle,
environnement médical, …) en aménageant son espace de façon à proposer des services
en adéquation avec celui-ci.
L’agencement de pharmacies est réalisé par des entreprises spécialisées qui permettent
d’apporter leur expertise à chaque projet.
Les prestations proposées sont très complètes et s’étendent de l’étude géomarketing au
début du projet jusqu’au merchandising. Ainsi, ces entreprises accompagnent les
pharmaciens à chaque étape de leur projet. (cf. Annexe 1)
Les entreprises sont nombreuses sur ce marché de l’agencement de pharmacies, les
principales étant : MobilM, Fahrenberger, Cap Agencement, Boursin Agencement,
ArchibO, …
Au niveau budgétaire, ces prestations sont proposées à des prix oscillant entre 700 et
1500€ par mètre carré avec une moyenne aux alentours de 1000€ par mètre
carré.(11,12)
Les espaces de confidentialité ont connu un essor important durant cette période avec
une demande de plus en plus forte des titulaires d’officine de disposer d’un ou plusieurs
espaces confidentiels utilisables pour la réalisation de missions variées : vaccination,
dépistage, entretiens, etc.
Il a aussi fallu repenser les différents flux de l’officine : flux des usagers, flux de
marchandises et flux de l’équipe officinale. La gestion de ces flux s’est matérialisée par
la création de parcours d’usagers afin de limiter les croisements de personnes en utilisant
des marquages au sol et en réorganisant l’agencement du front office (13). L’installation
de plexiglas de protection sur le comptoir a cependant instauré une barrière à la fois
physique et mentale entre le patient et le soignant mettant parfois à mal le dialogue avec
le patient.
Dans cette réflexion, la flexibilité de l’agencement a été mise en avant avec la présence
de petits meubles du front office facilement déplaçables afin d’ajuster le parcours des
usagers et d’éveiller leur curiosité lors de chaque visite.(13)
A l’inverse, dans des régions riches comme aux États-Unis, les pharmacies s’apparentent
à de grands supermarchés. Dans leurs rayons on peut trouver une multitude d’articles
allant des produits de beauté aux spiritueux et cigarettes. L’espace réellement dédié à la
pharmacie est en général relativement restreint et possède quelques comptoirs afin de
pouvoir se faire délivrer ses traitements ou de demander conseil à un pharmacien. Dans
ces pharmacies où la course au discount est permanente, on peut aussi trouver des
médicaments listés en France qui sont ici disponibles sans ordonnance. Certains
médicaments sont disponibles dans des conditionnements beaucoup plus importants que
les conditionnements français. Par exemple, on pourra trouver des boites de 700
comprimés de paracétamol.(15)
Ce mode de fonctionnement implique la présence de très nombreux rayons et linéaires
et d’une surface commerciale beaucoup plus importante que la moyenne française. On
trouve également très fréquemment des drive grâce auxquels les usagers peuvent venir
avec leur voiture déposer leur ordonnance et récupérer leurs traitements.
De plus, on retrouve les dispositions suivantes dans l’article R.5125-9 du CSP (17) qui
permettent de réglementer d’une part l’aménagement de la partie accessible au public,
également appelée front office qui doit ainsi comporter :
- Une zone clairement délimitée, pour l'accueil de la clientèle et la dispensation des
médicaments, permettant la tenue d'une conversation à l'abri des tiers ;
- Pour les activités spécialisées d'optique-lunetterie, d'audioprothèse et
d'orthopédie, un rayon individualisé et, le cas échéant, un espace permettant au
patient d'essayer le produit dans des conditions répondant aux dispositions du
présent code.
D’autre part, cet article réglemente l’aménagement de la partie non accessible au public,
aussi appelée back office qui doit comporter :
- Un local réservé à l’exécution et au contrôle des préparations magistrales et
officinales ;
- Une armoire destinée au stockage des médicaments et produits classés comme
stupéfiants ;
- Un emplacement pour les médicaments non utilisés ;
- Le cas échéant, un emplacement destiné au stockage des déchets ;
- Le cas échéant, une zone adaptée à l’activité de commerce électronique des
médicaments ;
L’aménagement de l’officine joue un rôle crucial dans le respect de ces règles puisqu’en
fonction de l’agencement de son espace la pharmacie répondra ou non aux différents
articles du code de déontologie.
Plusieurs articles régissent directement les locaux de l’officine :
- Article R.4235-12 (19) : « Les officines […] doivent être installées dans des locaux
spécifiques, adaptés aux activités qui s'y exercent et convenablement équipés et
tenus. »
- Article R.4235-53 (20) : « La présentation intérieure et extérieure de l'officine doit
être conforme à la dignité professionnelle. »
- Article R.4235-54 (21) : « Les pharmaciens ne doivent pas aliéner leur
indépendance et leur identité professionnelles à l'occasion de l'utilisation de
marques ou d'emblèmes collectifs. »
De plus, l’article R. 4235-55 (22) du CSP faisant partie du code de déontologie, dicte
également l’accès aux médicaments ainsi que la qualité des actes à l’officine :
« L'organisation de l'officine […] doit assurer la qualité de tous les actes qui y sont
pratiqués.
Le pharmacien veille à ce que le public ne puisse accéder directement aux médicaments
et à ce que ceux-ci soient dispensés avec la discrétion que requiert le respect du secret
professionnel.
Toutefois, le pharmacien titulaire ou le pharmacien gérant une officine peut rendre
directement accessibles au public les médicaments de médication officinale mentionnés
à l'article R. 5121-202. Ces médicaments doivent être présentés dans un espace dédié,
clairement identifié et situé à proximité immédiate des postes de dispensation des
médicaments et d'alimentation du dossier pharmaceutique mentionné à l'article L. 161-
36-4-2 du code de la sécurité sociale, de façon à permettre un contrôle effectif du
pharmacien. »
Afin de remplir ces nouvelles missions, un des moyens d’action mis en œuvre par le
pharmacien pour garantir une prise en charge optimale du patient est l’aménagement de
sa pharmacie. Il se doit d’aménager des espaces qui remplissent les prérogatives requises
tel que des espaces de confidentialité dans lesquels le pharmacien peut mettre en œuvre
bon nombre de ces nouveaux moyens d’action. La prévention peut également prendre
une place importante dans l’agencement de l’officine avec l’aménagement d’un espace
de prévention et de dépistage dans la partie accessible au public.
Afin d’aider les professionnels de santé dans la mise en conformité de leurs locaux, le
ministère des affaires sociales et de la santé et le ministère de l’écologie, du
développement durable et de l’énergie ont réalisé en collaboration avec les ordres
nationaux et les syndicats des professions de santé un guide intitulé : Les locaux des
professionnels de santé : réussir l’accessibilité (29). Ce guide regroupe l’ensemble des
normes d’accessibilité qui concernent les établissements de santé :
- stationnement ;
- cheminement extérieur ou intérieur ;
- entrée/accueil/salle d’attente/salle de soins ;
- sanitaires ;
- portes ;
- escaliers ;
Tomé Julien | Aménager la pharmacie de demain 13
- éclairage, signalétique et contraste de couleurs ;
- accueil des chiens guides et des chiens d’assistance.
Le guide comporte également une partie concernant les procédures administratives et
une autre partie sur les risques encourus en cas de non-respect de la loi.(29)
Depuis le 30 septembre 2017, les pharmaciens titulaires d’officine doivent avoir mis à
disposition du public un registre public d’accessibilité (RPA)(cf. Annexe 3). Ce registre
doit comporter une présentation globale des prestations proposées par l’ERP et un
document attestant du degré d’accessibilité de l’ERP.(27,34–36)
Afin d’aider les ERP à la rédaction de leur RPA, le ministère de la transition écologique et
solidaire et le ministère de la cohésion et des territoires en collaboration avec le centre
d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement
(Cerema) ont établis un guide d’aide à la constitution de ce registre.(37)
Un second guide à destination des ERP et émanant de ces deux ministères permet aux
officines de rendre accessibles leurs locaux.(38)
Ainsi, la pharmacie de demain doit répondre à ces besoins liés à la pratique officinale
mais doit également prendre en compte les principaux enjeux d’avenir qui sont d’ordre :
économique, technologique et environnemental.
Tomé Julien | Aménager la pharmacie de demain 16
2.1.1. Soins de premier recours
Les soins de premier recours ont été définis en 1968 à Alma-Ata (Kazakhstan) lors de la
Conférence internationale sur les soins de santé primaire organisée par l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS)(41).
Par la suite, en 2009, la loi HPST a défini les soins de premier recours comme
comprenant :
- La prévention, le dépistage, le diagnostic, le traitement et le suivi des patients ;
- La dispensation et l'administration des médicaments, produits et dispositifs
médicaux, ainsi que le conseil pharmaceutique ;
- L'orientation dans le système de soins et le secteur médico-social ;
- L'éducation pour la santé.(42)
Cette définition est intégrée au Code de la Santé publique dans l’article L. 1411-11. La
loi réglemente également l’engagement des pharmaciens vis-à-vis du premier recours :
« Contribuent aux soins de premier recours définis à l'article L. 1411-11 » (article
38).(40)
L’agencement de l’officine joue une place cruciale dans la réalisation de ces missions.
Aujourd’hui, la plupart des officines sont adaptées à la réalisation de certaines de ces
missions mais des efforts restent à faire pour améliorer le parcours de soins et intégrer
davantage de missions de premier recours à l’exercice officinal pour évoluer vers la
pharmacie de demain.
Depuis le 1er février 2020, les TROD angine sont réalisables en pharmacie d’officine et
permettent ainsi une meilleure intégration du pharmacien au sein de l’équipe de soins
autour du patient. Deux autres TROD (évaluation de la glycémie et grippe) sont
réalisables en officine (44). On peut également trouver des autotests qui sont des
Dispositifs Médicaux de Diagnostic In Vitro (DMDIV) et qui sont destinés à un usage
domestique par le patient (45).
Ces deux types de dispositifs font partie de la contribution pharmaceutique au dépistage
et à la prévention. En raison de son maillage territorial, les officines doivent évoluer vers
la réalisation de tests de dépistage afin de contribuer à l’amélioration du système de
santé ce qui permettra d’assumer sa place au sein de l’équipe de soins.
Le suivi des patients à l’officine s’effectue généralement lors de chaque dispensation d’un
traitement chronique. Cela permet d’évaluer l’observance du patient et de discuter
d’éventuels effets indésirables ou problématiques diverses liées au traitement (modalités
d’administration, contraintes horaires, …). La réalisation de bilans partagés de médication
est possible depuis 2018, elle permet au pharmacien d’effectuer un suivi formalisé des
traitements chroniques chez des patients de plus de 65 ans polymédiqués ayant au moins
5 molécules ou principes actifs prescrits, pour une durée consécutive de traitement
supérieure ou égale à 6 mois (46,47). Le suivi des patients constitue également un enjeu
majeur de l’évolution future de la profession en facilitant un parcours de soins coordonné.
Le pharmacien est connu comme étant un acteur de santé publique puisqu’il participe à
des actions de prévention et d’éducation à la santé à destination de la population. Ces
deux missions font partie du rôle d’acteur des soins de premier recours auquel est tenu
le pharmacien d’officine.
Le rapport de l’Académie Nationale de Pharmacie de 2005 sur l’implication du pharmacien
en santé publique identifie différents domaines et objectifs dans lesquels l’implication des
pharmaciens doit être active (alcool, tabac, nutrition, santé et environnement,
Le pharmacien d’officine de demain doit affirmer son rôle d’acteur de santé publique
notamment en adaptant son outil de travail afin d’éduquer la population à ces
problématiques anciennes et nouvelles qui s’inscriront dans l’actualité des années à venir.
Certaines de ces menaces peuvent avoir des conséquences non négligeables sur la santé,
il est du devoir du pharmacien de s’impliquer dans la bonne santé de tous en réalisant
des actions de prévention.
Par exemple, depuis quelques années des entretiens motivationnels menés dans le cadre
du sevrage tabagique ont été mis en place. En 2017, une expérimentation a été initiée
avec l’union régionale des professionnels de santé (URPS) de la région Pays de la Loire,
elle est nommée « Entretien à l’Officine pour ma Liberté » (EOL). Ce projet consiste à
proposer aux pharmaciens la possibilité d’effectuer une formation puis de réaliser des
entretiens motivationnels pour le sevrage tabagique dans leur officine. Ces entretiens
sont rémunérés par l’URPS à hauteur de 150€ par patient dans la limite de cinq
patients.(55)
Ces missions d’avenir requièrent une adaptation des locaux avec le développement
d’espaces de confidentialité qui est une condition nécessaire à la mise en place de ces
missions. Le pharmacien de demain ne sera plus un dispensateur « passif » mais un
acteur à part entière du système de soins faisant partie d’une équipe de soins en
travaillant de façon coordonnée avec les autres professionnels de santé.
Depuis la loi HPST en 2009, la coopération entre professionnels de santé s’est accélérée.
Différents cadres réglementaires permettent au pharmacien d’officine de collaborer avec
les autres professionnels de santé. Cela offre aux usagers du système de santé une
amélioration de la fluidité du parcours de soins.
L’interprofessionnalité permet de répondre aux besoins de la population liés : au
vieillissement de la population, à l’essor du maintien à domicile avec des sorties
d’hospitalisation précoces, au défi de la prévention, au développement des pathologies
chroniques.
Les structures permettant l’exercice coordonné entre professionnels de santé sont les
suivantes :
- Maison de Santé Pluriprofessionnelle (MSP) ;
- Equipes de Soins Primaires (ESP) ;
- Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS).
L’exercice coordonné apport une réponse aux soins non programmés. Le rapport du
député Thomas Mesnier remis au ministère des Solidarités et de la Santé en mai 2018 et
intitulé : Assurer le premier accès aux soins - Organiser les soins non programmés dans
les territoires, recommande de : « libérer du temps médical en renforçant la coopération
entre les professionnels ».
Cette organisation des soins nécessite un dialogue entre les différents acteurs et la mise
en place de protocoles de coopération. Cette coopération est essentielle pour réorganiser
le système de santé dans un territoire donné.(48)
Pour pouvoir créer une symbiose entre les différents acteurs de l’équipe de soins, l’officine
doit s’adapter en terme d’aménagement.
• Espace de confidentialité
L’espace de confidentialité de l’officine peut permettre la mise en place de protocoles de
coopération comme par exemple le renouvellement du traitement de la rhino-
conjonctivite allergique saisonnière pour les patients de 15 à 50 ans par le pharmacien
d’officine ou la prise en charge de la pollakiurie et de la brûlure mictionnelle chez la
femme de 16 à 65 ans avec la dispensation possible de fosfomycine trométamol et
pivmecillinam en accord avec le protocole établi.
• Sas de garde
En pharmacie d’officine, cela concerne principalement les vigilances sanitaires qui ont été
définies par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé
(ANSM), l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement
et du travail (Anses) et par l’Agence de biomédecine dans la loi de modernisation de
notre système de santé du 26 janvier 2016 et son article 166.(51–53)
Parmi ces vigilances on retrouve plus fréquemment :
- La pharmacovigilance (ANSM) ;
- La matériovigilance (ANSM) ;
- La réactovigilance (ANSM) ;
- La cosmétovigilance (ANSM) ;
- L’addictovigilance (ANSM) ;
- La tatouvigilance (ANSM) ;
- La nutrivigilance (Anses) ;
- La toxicovigilance (Anses).
En tant que professionnel de santé de proximité le pharmacien d’officine est réputé pour
son écoute et son empathie. L’officine est donc à la fois un lieu de santé et un espace de
rencontre et d’expression qui participe au lien social (55). Ce sont ces qualités qui ont
permis aux pharmaciens de se voir attribuer de nouvelles missions telles que : les bilans
partagés de médication, les entretiens pharmaceutiques, le rôle de pharmacien
correspondant ou encore la prise en charge des patients sous anticancéreux oraux.
De ce fait, le pharmacien d’officine et son équipe jouent un rôle social important auprès
des usagers des officines. Ce rôle est accentué dans les pharmacies rurales où la fidélité
des usagers est en général plus élevée. On y retrouve généralement plus de patients
sous traitements chroniques qui sont amenés à venir mensuellement à la pharmacie. Au
fur et à mesure des venues du patient, le pharmacien entretient une relation de plus en
plus étroite avec le patient.
La dimension sociale de l’officine s’observe également à travers l’espace de rencontre
qu’elle offre. La population est amenée à se rencontrer à l’officine et à en profiter pour
discuter avec des connaissances.
En raison de cette dimension de la pratique officinale ainsi que des qualités d’écoute et
d’empathie du pharmacien, la pharmacie d’officine possède une singularité qui lui confère
un rôle d’acteur majeur du système de santé.
L’intégration de cette notion dans l’aménagement de l’officine de demain semble
inévitable. On prêtera ainsi une forte attention à l’ajout d’espaces permettant d’assumer
ce rôle de professionnel de santé de proximité. L’aménagement d’espaces permettant de
remplir les nouvelles missions pharmaceutiques comme la vaccination ou la mise en place
de TROD permet de mettre en valeur l’importance du pharmacien dans le parcours de
soins et l’importance de sa proximité avec la population.
2.2.2. Confidentialité
La confidentialité sera abordée en deux temps : par ses enjeux qui en font une priorité
puis à travers les possibilités d’intégration au sein de l’espace officinal.
La confidentialité est une condition nécessaire à une prise en charge optimale des patients
à l’officine. La santé de chacun étant individuelle et personnelle, l’officine se doit de
disposer d’espaces permettant cette confidentialité pour chaque dispensation de
médicaments.
D’autant plus que l’attrait et l’intérêt de la population pour la pharmacie provient en partie
des conseils qui peuvent leur être dispensés par l’équipe officinale.
Par ailleurs, le pharmacien peut accompagner des patients dans des situations
considérées comme tabous : impuissance, alcoolisme, contraception, cancers, … La
dispensation de médicaments d’automédication nécessite tout autant un espace adapté
Tomé Julien | Aménager la pharmacie de demain 25
puisque l’équipe officinale est tenue d’interroger le patient afin de lui dispenser de bons
conseils.
Comme évoqué précédemment, le pharmacien a également une mission de premier
recours. Pour pouvoir les mettre en œuvre et tenir son rôle d’acteur de santé publique,
le pharmacien doit disposer d’un espace de confidentialité.
De nos jours, une majorité d’officines cherche à optimiser leur front office en privilégiant
un nombre de comptoirs plus important. Cela implique que les comptoirs soient
rapprochés et l’absence d’isolation phonique et visuelle est un frein à la confidentialité
des échanges entre les membres de l’équipe officinale et les patients.
En parallèle, de plus en plus d’officines disposent d’un espace spécifique de
confidentialité. Ces espaces sont en général des pièces indépendantes qui permettent
une intimité plus importante grâce à une isolation phonique et visuelle. Cela permet de
développer le rôle du pharmacien dans la prise en charge des patients avec la réalisation
de certaines missions telles que les bilans partagés de médication, les entretiens
pharmaceutiques, la vaccination, …
La confidentialité à l’officine se décline sous trois aspects :
- La disposition des comptoirs ;
- La gestion de l’attente ;
- Le ou les espaces dédiés à la confidentialité dans l’officine.
Les réponses aux enjeux du back office sont en plein changement en raison de l’évolution
technologique qui permet de réduire les tâches répétitives réalisées par l’équipe
officinale. On peut citer par exemple les robots de dispensation qui facilitent le rangement
et la réception des commandes de médicaments.
b) Zone de stockage
Une fois déballée, la marchandise doit être stockée. Traditionnellement, les officines sont
équipées d’étagères et de colonnes à tiroirs qui permettent de stocker les médicaments
et produits de parapharmacie.
Plus récemment, les robots de dispensation ont permis d’optimiser le stockage des
médicaments. En effet, le stockage dans un robot permet de stocker des produits du sol
au plafond avec parfois une gestion informatisée du stockage ce qui permet d’optimiser
encore davantage le rangement des produits.
Le stockage prend une place importante dans l’espace alloué au back office.
L’optimisation de cet espace est nécessaire afin de pouvoir dégager de l’espace pour les
autres espaces du back office.
c) Préparatoire
De moins en moins utilisés, les préparatoires sont quelque peu délaissés dans
l’agencement des officines. Néanmoins, chaque pharmacie doit disposer d’un
préparatoire afin de pouvoir réaliser quelques préparations magistrales.
Cet espace doit être aménagé conformément aux exigences réglementaires et aux
recommandations du CNOP (39).
Les préparations magistrales complexes sont désormais sous-traitées par d’autres
pharmacies qui souhaitent développer cette activité de préparation et disposent ainsi de
locaux et de matériels plus adaptés à cette mission.
2.2.4. Ergonomie
Pour aborder l’intégration d’une réflexion ergonomique au sein de l’officine, nous allons
discuter dans un premier temps de sa définition et de son intégration à l’agencement
puis grâce à un entretien avec un ergonome nous approfondirons les enjeux de
l’ergonomie au sein de l’officine.
Pendant l’année 2006, une étude a recensé 649 accidents de travail dans les officines
françaises dont 64% sont liés à des chutes (notamment des chutes d’objets situés en
hauteur).(57)
Il existe des risques liés aux lieux de travail. On identifie deux espaces à risque (57) :
Par la suite, plusieurs initiatives ont vu le jour comme par exemple la création de
l’association Pharma Système Qualitéâ (PHSQ). Leur objectif est : « la diffusion la plus
large possible des bonnes pratiques d’organisation et de service aux patients auprès des
pharmacies d’officines engagées ». L’association accompagne plus de 2700 pharmacies
soit 12% des pharmacies françaises dans l’objectif d’atteindre la certification ISO 9001 –
QMS Pharma. Cette certification est délivrée par un organisme indépendant. Ils
permettent aux pharmacies adhérentes, l’accès à des supports qualité et à des audits.
Cela permet aux 2700 officines de leur réseau de mutualiser les coûts en termes de
qualité. (59)
Puis fin 2018, sur l’initiative du CNOP avec le soutien de plusieurs acteurs de la
profession, un haut comité qualité officine a été créé afin de déployer la démarche qualité
dans l’ensemble des officines. Ils ont développé : la démarche qualité à l’officine.(60)
L’instauration d’une démarche qualité est essentielle pour les pharmacies des années à
venir. L’association PHSQ ou le CNOP se sont saisis de cet enjeu majeur en accompagnant
les pharmaciens dans cette démarche. L’adaptation de l’aménagement de la pharmacie
aux exigences de la démarche qualité permet d’améliorer les pratiques professionnelles
et d’assurer une meilleure qualité du travail. Cela nécessite donc d’intégrer cette
démarche dès les premières réflexions de l’aménagement de l’officine.
Cela nécessite notamment une évolution dans la conception et la disposition des espaces
de dispensation : les comptoirs. Les espaces de confidentialité jouent également un rôle
clé pour cette mission. En effet, la confidentialité est essentielle pour pouvoir réaliser la
mission de pharmacien correspondant afin que le pharmacien puisse s’entretenir en toute
discrétion avec le patient pour effectuer le renouvellement de ses traitements.
Bien qu’inscrite dans le CSP, la PDA est très rarement réalisée par les officines.
Premièrement, aucun texte réglementaire ne régit cette pratique hormis un guide publié
par l’Agence Régionale de Santé (ARS) de la région Pays de la Loire en 2016 et un autre
publié en 2017 par l’ARS Provence-Alpes Côte d’Azur. Deuxièmement, aucun
encadrement de la rémunération n’existe, ce qui expose les pharmacies à la concurrence
des autres pharmacies et profite aux officines déjà équipées qui peuvent alors proposer
des tarifs plus bas.(63,64)
Elles précisent également : « Par dérogation, le préparatoire peut être utilisé comme zone
de préparation des doses à administrer, sous réserve du respect des Bonnes pratiques
de PDA et des zones définies ci-dessus.
Lorsque le préparatoire, tel que défini au 1° de l’article R. 5125-10 du CSP, est utilisé́ à
cette fin, aucune autre activité́ ne doit y être réalisée en même temps que la PDA. » (39)
c) Vaccination
Cela nécessite une adaptation des locaux pour pouvoir y exercer cette mission (67) :
« Pour réaliser l’acte vaccinal, le pharmacien doit disposer :
- De locaux adaptés pour assurer la vaccination, comprenant un espace de
confidentialité clos pour mener l’entretien préalable, accessible depuis l’espace
client, sans accès possible aux médicaments ;
- D’une table ou d’un bureau, d’une chaise et/ou d’un fauteuil pour installer la
personne pour l’injection ;
- D’un point d’eau pour le lavage des mains ou d’une solution hydro-alcoolique ;
- D’une enceinte réfrigérée pour le stockage des vaccins ;
- Du matériel nécessaire pour l’injection du vaccin et l’élimination des déchets
d’activités de soins à risque infectieux (DASRI) produits dans ce cadre ;
- D’une trousse de première urgence »
L’objectif de ces entretiens est d’agir en prévention des risques et de veiller à la bonne
observance des traitements. En pratique, le pharmacien s’entretient avec le patient
durant 30 à 60 minutes plusieurs fois par année.(68)
a) Modèle de rémunération
NB : La part relative aux produits non remboursés correspond à l’addition des ventes de
produits taxés à 20%, 10% et 5,5%.
• Services pharmaceutiques
En raison de l’évolution des missions pharmaceutiques ces dernières années, le
pharmacien d’officine a la possibilité de proposer un ensemble de services à ses patients.
Tomé Julien | Aménager la pharmacie de demain 43
Ces services sont facturés à l’acte et pris en charge par l’Assurance Maladie et la
complémentaire santé.
b) Ressources
Tomé Julien | Aménager la pharmacie de demain 44
• Assurance Maladie
L’Assurance Maladie est une composante de la Sécurité sociale créée en 1945. La Sécurité
sociale « est la garantie donnée à chacun qu'en toutes circonstances il disposera des
moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions
décentes »(74).
L’Assurance Maladie regroupe deux branches : la branche maladie et la branche accidents
de travail – maladies professionnelles.(75)
Tout travailleur salarié ou indépendant ainsi que toute personne bénéficiant de droit au
titre de la résidence est rattachée à un numéro de sécurité sociale qui lui permet de
bénéficier d’une protection universelle maladie. Dans la majorité des cas, cette prise en
charge s’effectue par le biais de la carte vitale que détient chaque bénéficiaire à partir de
l’âge de ses 16 ans.
Le dispositif de tiers payant permet aux patients de ne pas devoir avancer les frais pris
en charge par l’Assurance Maladie.
Les médicaments et dispositifs médicaux (DM) remboursables sont pris en charge selon
quatre taux de remboursements (76) :
o 100 % pour les médicaments et DM reconnus comme irremplaçables et
coûteux ;
o 65 % pour les médicaments et DM à service médical rendu majeur ou
important ;
o 30 % pour les médicaments et DM à service médical rendu modéré et
certaines préparations magistrales ;
o 15 % pour les médicaments et DM à service médical rendu faible.
Il existe également un tarif forfaitaire de responsabilité qui fixe un tarif de référence pour
le remboursement de certains médicaments et DM en se basant sur le tarif des produits
équivalents en termes d’efficacité.(76)
L’Assurance Maladie est donc la première ressource de l’officine. Pour l’année 2020, les
dépenses en médicaments en ambulatoire se sont élevées à 30 201 millions d’euros.
Avec un total de 209 228 millions d’euros dépensés pour la consommation de soins et de
Tomé Julien | Aménager la pharmacie de demain 45
biens médicaux, les médicaments en ambulatoire représentent 14,43 % de ces
dépenses.(77)
• Complémentaires santé
L’Assurance Maladie ne prenant pas en charge l’ensemble des dépenses de santé, une
complémentaire santé permet la prise en charge des frais restants (en partie ou en
totalité selon le contrat souscrit).
Les complémentaires santé sont souscrites à titre particulier ou par l’entreprise pour les
salariés et sont également appelées « mutuelles ».
Selon le type de contrat souscrit, le remboursement diffère en fonction du ticket
modérateur ou du dépassement d’honoraire. Les complémentaires santé peuvent
également prendre en charge certains produits de parapharmacie.
• Particuliers et entreprises
Lorsque ni l’Assurance Maladie ni la complémentaire santé du patient ne prend en charge
les frais restants ou si les produits souhaités par l’usager de santé ne sont pas
remboursables et non pris en charge par sa mutuelle, il doit donc régler à la pharmacie
le montant restant à sa charge.
Les entreprises constituent également une ressource de l’officine dans la mesure où ils
sont amenés à acheter des produits de parapharmacie et médicaments afin d’équiper
leur entreprise en cas de besoin.
• Organismes de tutelle
Certaines personnes sous tutelle bénéficient d’organismes sociaux qui règlent l’ensemble
de leurs frais de santé restant à charge. Ces organismes fonctionnent selon le système
du tiers payant permettant à ces personnes de n’avoir aucun frais à débourser lors de
leur passage à la pharmacie.
• Établissements médico-sociaux
Les établissements médico-sociaux peuvent bénéficier de prestations proposées par la
pharmacie comme la PDA ou l’achat de produits en dotation. Cela constitue donc une
ressource supplémentaire pour l’officine.
Tomé Julien | Aménager la pharmacie de demain 46
• Répartition des principales ressources
En résumé, la sécurité sociale représente la principale ressource de l’officine. Les
ménages et les organismes complémentaires sont des ressources moins prédominantes
mais non négligeables (cf. Tableau 4).
c) Dépenses
• Achats de marchandises
Les achats de marchandises représentent le plus gros poste de dépense de l’officine. Ils
sont effectués selon différents circuits :
o Grossistes-répartiteurs : chaque pharmacie s’approvisionne en majorité en
médicaments auprès d’un ou plusieurs grossistes-répartiteurs. Ils assurent
une livraison quotidienne ou biquotidienne ce qui permet aux pharmacies
d’être approvisionnées dans la demi-journée après avoir passé commande.
• Salaires
La grille des salaires en pharmacie d’officine est révisée chaque année. Les salaires des
collaborateurs sont définis selon un coefficient (attribué selon la qualification et après
négociation) et selon l’ancienneté au sein de l’entreprise (cf. Tableau 5).
NB : les salaires peuvent être négociés avec le titulaire de l’officine au-delà du coefficient
maximal
• Charges sociales
a) Rémunération à la boîte
Le premier frein du modèle économique actuel réside dans le fait que les officines soient
en grande partie rémunérées en fonction du nombre de boîtes délivrées.
En effet, la marge dégressive lissée ainsi que les honoraires liés au conditionnement sont
d’autant plus importantes que la pharmacie vend de boîtes de médicaments.
Cela tend à être de moins en moins le cas avec l’introduction il y a quelques années des
honoraires liés à l’exécution de l’ordonnance, des ROSP et des services pharmaceutiques.
Par exemple, l’avenant 20 à la convention nationale de 2012 a introduit le 1er juillet 2020
la dispensation adaptée. Depuis, les équipes officinales peuvent adapter la quantité de
boîtes délivrées pour certaines spécialités selon les besoins du patient. Cette intervention
pharmaceutique est valorisée à hauteur de 0,10€ par ligne de traitement adaptée. A ce
montant s’ajoute annuellement une ROSP, correspondant à 45% des économies réalisées
par l’Assurance Maladie. Entre le 1er juillet 2020 et fin juin 2021, 16480 officines se sont
Tomé Julien | Aménager la pharmacie de demain 49
engagées pour un total de 16,8 millions d’interventions pharmaceutiques. Les 16480
officines participantes ont reçu ensuite un versement global de 7,9 millions d’euros soit
une moyenne de 479,37 € par pharmacie (montant adapté aux économies réalisées par
chaque officine).(70,80)
Néanmoins, avec une rémunération basée sur une MDL une officine gagne plus d’argent
en dispensant des boîtes de médicaments plutôt qu’en accompagnant le patient grâce à
ses compétences pharmaceutiques. En d’autres mots, l’économie de l’officine fonctionne
selon le mauvais état de santé de ses usagers. C’est-à-dire que plus les usagers sont
malades, plus ils ont besoin de médicaments et plus l’officine fait du profit.
Cela pose problème dans le sens où le pharmacien d’officine est avant tout un
professionnel de santé. Cela implique qu’il doit veiller à la bonne santé de la population,
alors sa rémunération doit aller dans ce même sens. Actuellement, le modèle de
rémunération est en pleine transition avec d’un côté une rémunération issue de la vente
de boîtes de médicaments et d’autre part une rémunération issue d’honoraires liés à
l’exécution de l’ordonnance, de ROSP et de services pharmaceutiques. Le pharmacien est
un acteur majeur de la prévention et doit pouvoir assumer ce rôle en ayant un modèle
de rémunération plus adapté.
b) Modèle libéral-commercial
Toutefois, cette thèse ayant été réalisée en 2011, la rémunération des officines a évolué
depuis cette date. En partie avec l’introduction progressive des honoraires, des ROSP et
des services pharmaceutiques qui permettent de renforcer l’économie des pharmacies
ayant adopté un modèle libéral au contraire des pharmacies à modèle commercial qui
doivent lutter contre la concurrence des grandes et moyennes surfaces (GMS).
En parallèle, l’apparition des services payés à l’actes et l’augmentation des ROSP a permis
une libéralisation du modèle économique officinal. La multitude de nouvelles missions
proposées le montre (cf. Figure 9) :
Figure 9: Évolution des missions en pharmacie d'officine entre 2016 et 2021, USPO, Officines
Avenir n°26, Mars 2021
Dans cette continuité, si la profession veut se recentrer sur la valeur ajoutée provenant
de ses compétences pharmaceutiques, le mode de rémunération doit continuer à évoluer
pour se détacher de la marge dégressive lissée et par conséquent se déconnecter du prix
et du volume des médicaments.
Le modèle commercial lié à la rémunération par la MDL expose les officines à la
concurrence interne et à la lutte avec les GMS, elles qui souhaitent mettre fin au
monopole pharmaceutique.
Pour poursuivre cette transition, le modèle économique officinal doit inclure dans ses
moyens de rémunération un plus large panel de services pharmaceutiques afin que les
officines puissent être valorisées selon la réalisation de ces services.
Depuis de nombreuses années, des services sont proposés à l’officine mais ne sont pas
rémunérés à l’heure actuelle : livraison à domicile, préparation des doses à administrer.
Pour aider cette optimisation du parcours usagers et l’optimisation des flux, la solution
digitale semble appropriée. D’autant qu’elle évolue rapidement et qu’elle devient
essentielle au bon fonctionnement d’une officine.
Les automates disposent d’étagères inclinées qui permettent l’acheminement des boîtes
par gravité qui tombent alors sur un tapis roulant qui emmène les boîtes jusqu’à
l’emplacement désiré. Le remplissage se fait au sommet de chacune des étagères.
Lorsqu’une boîte est scannée pour être rangée dans l’automate, une LED associée à
l’étagère correspondante s’allume pour indiquer l’emplacement dans lequel la boîte doit
être rangée.(83)
Le principal atout des automates est qu’ils améliorent nettement la productivité dans la
délivrance de produits de forte rotation.(84)
Les robots sont quant à eux équipés d’un ou plusieurs bras robotisés qui se déplacent
pour ranger et distribuer les boîtes de médicaments stockées sur des étagères
horizontales. Ils présentent un avantage dans le rangement, la gestion des stocks et la
délivrance des produits de faible et moyenne rotation.(83,84)
Enfin, les hybrides consistent en une association d’un automate avec un robot.(83,84)
Le principe même de ces technologies est la réalisation de tâches qui ne présentent pas
de valeur ajoutée comme : le rangement, la préparation de commandes, la gestion des
stocks ou encore la gestion des périmés.
Ce qui permet donc de nombreux avantages comme le gain de productivité mis
systématiquement en avant par les fabricants.
Selon une étude menée en 2005 par Néo Pharma (85), le temps de dispensation passerait
de 6 minutes et 15 secondes pour une dispensation avec délivrance non automatisée à
3 minutes et 15 secondes pour une dispensation avec délivrance automatisée. Ce gain
de temps a plusieurs conséquences (83) :
- Il permet de raccourcir les files d’attentes dans l’officine pour un service
comparable ;
- Il permet également à l’équipe officinale de discuter davantage avec le patient
lors de la dispensation pour un temps équivalent de 6 minutes 15 secondes ce qui
Tomé Julien | Aménager la pharmacie de demain 56
améliore nettement la fidélisation de la patientèle, valorise les compétences de
l’équipe officinale et permet d’augmenter les ventes de produits de parapharmacie
et de conseil.
En plus du gain de productivité évoqué, la robotisation de l’officine offre un confort de
travail à l’équipe officinale en réduisant leurs déplacements et le risque de troubles
musculo-squelettiques. Par ailleurs, le gain de place qu’offre ce type de technologie
permet l’augmentation de la surface du front office ou l’élargissement d’espaces associés
au back office.(83,86)
Le dernier avantage réside dans la gestion du stock qui permet d’économiser de
nombreuses heures de travail pour l’équipe puisque la traçabilité des boîtes s’effectue
grâce au scannage du data matrix lors du rangement des boîtes. Ainsi, cela facilite
grandement les retraits de lots et la gestion des périmés.(83,86)
Le marketing tient une place importante pour la pharmacie d’officine. Parfois poussé à
son maximum ou à l’inverse non développé, le marketing et la communication autour de
la pharmacie est assez disparate. Il est également très encadré au niveau législatif par
l’article L.5125-31 du CSP et mis en application par voie réglementaire.
Aujourd’hui, dans un monde qui évolue au rythme des évolutions technologiques et avec
de plus en plus de sollicitations digitales, l’officine doit poursuivre son développement
digital dans la lancée de ces dernières années.
La digitalisation de l’officine comporte non seulement la digitalisation du point de vente
mais également toute l’ « expérience usager » c’est-à-dire les interactions à la fois à
distance et physiques entre les utilisateurs et l’officine. On peut assimiler ces interactions
à un parcours usager (cf. Figure 10) qui se décompose en quatre parties : la phase de
sensibilisation, la phase de désir d’achat, la phase d’achat puis la phase de fidélisation-
recommandation.
• Bornes interactives
Les bornes interactives permettent une plus grande autonomie de l’usager et lui permet
d’interagir avec un écran afin d’obtenir des informations détaillées sur les différents
produits de parapharmacie de l’officine.
On peut également imaginer une autre utilisation de cette technologie en permettant aux
usagers d’accéder à leur Espace Numérique de Santé (ENS). Cela serait intéressant pour
Tomé Julien | Aménager la pharmacie de demain 59
les personnes en fracture numérique pour qui il est difficile d’y avoir accès sans aide
extérieure. Dans le même esprit, on peut envisager l’accès à la future application « Ma
Carte Vitale ».
• Linéaires digitaux
Les linéaires digitaux sont des écrans tactiles sur lesquels sont affichés des visuels de
produits ou médicaments (cf. Figure 11). Ils sont en général disposés derrière les
comptoirs. Ils permettent à la fois d’attirer l’œil de l’usager et apportent de la dynamique
aux linéaires avec la possibilité d’afficher de nombreuses références classées par
pathologies.
En les reliant au logiciel de gestion de stock et au robot, cela permet à l’équipe officinale
de disposer de l’ensemble des références de médicaments conseils à proximité du
comptoir et leur évite ainsi de se déplacer jusqu’au linéaire où se situe la référence. Cela
présente donc l’avantage de limiter le nombre de linéaires et de réduire les déplacements
du personnel. Un gain de temps sur le rangement est également observé puisque les
boîtes de ces références sont rangées par le robot qui gère également leur stock.
• Écrans
Ressemblants aux linéaires digitaux, les écrans ne sont en revanche pas tactiles. Ils
peuvent être utilisés pour diffuser des publicités financées par certains laboratoires ou
• Autres innovations
D’autres innovations technologiques existent sur le marché et présentent un intérêt pour
l’avenir de l’aménagement des officines.
Ensuite, les étiquettes électroniques (cf. Figure 14), apparues il y a quelques années, ont
permis de faciliter la gestion de l’affichage des prix qui s’effectue alors directement à
travers un logiciel. Ainsi, il n’y a pas besoin de changer l’étiquette à chaque variation de
prix.
Enfin, les bornes de retrait permettent aux usagers de pouvoir retirer des produits
commandés à partir d’un QR code remis lors de la commande (cf. Figure 15).
2.4.3. Télésanté
« Grâce aux nouvelles technologies, la télésanté permet l’accès à distance d’un patient à
un professionnel de santé ou à une équipe médicale. Elle représente une autre manière
de soigner, sans pour autant déroger aux exigences de qualité et de sécurité des soins
qui sont celles des professionnels de santé »(88)
a) Téléconsultation
Afin de réaliser ces téléconsultations dans des conditions optimales, certaines entreprises
commercialisent des cabines intégrables à l’agencement de l’officine afin de favoriser
l’accès aux soins (cf. Figure 16). Elles sont équipées de dispositifs médicaux qui aident
le médecin dans son diagnostic (thermomètre, balance, stéthoscope, otoscope,
dermatoscope, oxymètre, tensiomètre).(90)
Ces cabines permettent aux populations situées dans des zones de déserts médicaux et
de territoires sous-dotés, l’accès rapide à une consultation médicale. Cela renforce
l’image de la pharmacie comme espace de santé en accompagnant la prise en charge
médicale de ses patients.
En dehors des cabines, des bornes existent qui sont moins contraignantes en termes
d’aménagement et permettent donc de les installer dans un espace de confidentialité de
l’officine.
b) Télésoin
Pour la mise en place de cette activité, l’officine doit simplement disposer de matériel
informatique adapté (ordinateur ou tablette avec caméra) et d’une pièce calme et
confidentielle. Une fiche de bonnes pratiques a été publiée en février 2021 par la Haute
Autorité de Santé (HAS) afin d’aider les professionnels de santé concernés dans la mise
en œuvre.(93)
a) E-prescription
Massivement déployé début 2022, l’Espace Numérique de Santé (ENS) nommé « Mon
Espace Santé » rassemble (95) :
Les pharmaciens d’officine jouent un rôle primordial dans l’utilisation de cet ENS grâce à
leur position centrale dans le système de soins ce qui permet une meilleure coordination
des soins. L’alimentation de « Mon Espace Santé » par le pharmacien est essentielle tout
de la part des autres professionnels de santé.
Dans son cours donné à l’école des Mines, Jean-Marc Jancovici établit un lien direct entre
le PIB et la consommation énergétique. En effet, il met en avant une relation linéaire
Les deux problèmes auxquels nous sommes confrontés sont donc la raréfaction des
ressources et le réchauffement climatique. La solution inévitable pour éviter des
problèmes climatiques d’envergures est donc de réduire considérablement la
consommation d’énergies fossiles qui sont émettrices de gaz à effet de serre.
En s’appuyant sur l’équation de Kaya (cf. Figure 17), le seul facteur sur lequel nous
pouvons avoir une action est la production de gaz à effet de serre par personne ce qui
implique la réduction de la consommation énergétique et la diminution du confort de vie.
Pour cela, nous devrons adopter des modes de vie de sobriété énergétique.(96)
Ces relations entre énergie et climat constituent les défis et enjeux environnementaux
du monde de demain. C’est dans ce monde et avec ces défis que la pharmacie de demain
devra faire face à la menace environnementale. L’enjeu est colossal et demande à chaque
acteur de la société : particuliers, entreprises, institutions de s’emparer de ce sujet au
plus vite. Les progrès à faire dans les pharmacies d’officine sont nombreux afin d’inscrire
l’officine dans une démarche de développement durable et d’écoresponsabilité.
a) Définition
La norme internationale d’application volontaire ISO 26000 qui détaille les lignes
directrices relatives à la responsabilité sociétale permet à une organisation de justifier de
ses performances en termes de responsabilité sociétale. Elle peut s’appliquer à n’importe
quelle entreprise quelle que soit sa taille, sa localisation ou son secteur d’activité.(101)
Cette norme s’organise autour de sept questions centrales (cf. Figure 19) :
a) Achats responsables
Il existe de nombreux leviers qui permettent la mise en place d’une politique d’achats
responsables pour les achats d’emballages (103) :
• Réduire à la source par l’optimisation du poids et/ou du volume ;
• Choix du matériau ;
• Diminution des émissions de CO2 ;
• Réduction de la toxicité des emballages et des déchets d’emballages ;
La gestion des déchets de l’officine est un enjeu pour la mise en place du développement
durable de l’officine. Bien que déjà en action depuis quelques années, celle-ci doit devenir
systématique afin de s’engager pleinement dans une démarche écoresponsable.
Plusieurs types de déchets sont majoritairement identifiés :
• les Médicaments Non Utilisés (MNU) ;
• les Déchets d’Activité de Soins à Risque Infectieux (DASRI) ;
• les cartons, papiers et emballages.
Les MNU sont collectés via l’éco-organisme Cyclamed qui est une association loi 1901
soutenue par les pouvoirs publics. Leur mission est de collecter et valoriser les MNU
rapportés par les patients dans les pharmacies. Cela permet de sécuriser leur élimination
et de préserver à la fois l’environnement et la santé publique. En 2021, l’association a
déclaré que 86% des patients ramenaient leurs MNU à leur pharmacie.
En pharmacie, la collecte des MNU s’organise par de la prévention au comptoir afin de
sensibiliser les usagers à cette collecte et par la disposition de collecteurs dans un espace
dédié de l’officine (106). A noter que seulement les plaquettes de médicaments sont
collectées et que les emballages primaires (notices, cartons, …) sont à mettre au tri.
L’équipe officinale devra être particulièrement sensible à ce point afin de s’impliquer de
façon correcte dans cette démarche.
Les DASRI concernent les déchets émis par les patients en auto-traitement et aux
patients utilisateurs d’autotests de diagnostic de maladies infectieuses transmissibles.
Enfin, le dernier type de déchets concerne les déchets cartons, papiers et d’emballage.
Ceux-ci sont très nombreux en raison du grand nombre de livraisons qui arrivent chaque
jour dans les officines. L’enjeu de ces déchets est la valorisation à travers le circuit
adapté. Les cartons, papiers et emballages plastiques sont tous des déchets recyclables,
il faudra alors que chaque pharmacie s’améliore afin que l’ensemble de ces déchets
suivent la filière du tri sélectif. Selon une étude de l’association Pharma Système Qualité
(PHSQ) (108) : 20% des pharmacies ne font pas de tri sélectif.
Le reste des déchets tels que les consommables (capsules de café, toners, cartouches
d’impression, …) devront suivre leur filière de valorisation dédiée et ne pas être jetés
dans les ordures ménagères. De la même façon, les produits de parapharmacie,
dispositifs médicaux et radiographies pourront être collectés au profit d’associations
locales afin d’être réutilisés ou recyclés.
c) Mobilité
La mise en place d’une politique de mobilité durable au sein de l’officine rentre dans le
cadre de la démarche de RSE.
d) Matériaux
Les matériaux utilisés dans l’aménagement de l’officine sont eux-aussi porteurs d’enjeux
environnementaux. Ces derniers peuvent être inclus à une politique de RSE et s’intégrer
au développement durable de l’entreprise.
Divers matériaux sont nécessaires à son aménagement et c’est le bois qui est aujourd’hui
majoritairement utilisé dans les officines notamment en ce qui concerne les meubles et
comptoirs.
Dans une démarche environnementale, il faudra privilégier les matériaux biosourcés. Les
matériaux biosourcés sont issus de la matière organique renouvelable (biomasse),
Les matériaux utilisés dans l’agencement officinal jouent un rôle dans l’impact
environnemental de l’officine. En plus de contribuer à diminuer cet impact, l’intégration
de matériaux écoresponsables permet d’améliorer l’image de l’officine auprès des
usagers qui sont eux aussi de plus en plus sensibles à l’aspect environnemental des
commerces et établissements de santé qu’ils fréquentent. Cela participe également à la
sensibilisation du public sur le sujet de la santé environnementale.
e) Énergies
L’officine, en tant qu’ERP ouvert en moyenne 60 heures par semaine, présente des
besoins énergétiques majeurs. L’éclairage, les postes informatiques, le chauffage ou la
climatisation sont les principaux éléments justifiant la consommation d’électricité. Selon
l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME), l’éclairage représente
environ 60% du montant de la facture.
Cependant, l’énergie produite en France possède un impact environnemental important
puisque la part des énergies renouvelables en France est encore trop faible.
En février 2021, l’association Pharma Système Qualité (PHSQ) a publié son guide de la
pharmacie écoresponsable (108). Régulièrement, l’association se penche sur des
thématiques différentes afin de faire évoluer le monde officinal. Après avoir œuvré pour
la Préparation des Doses à Administrer (PDA), un groupe de travail a élaboré durant 18
mois un guide pratique et synthétique de la pharmacie écoresponsable. Ce guide a
ensuite été envoyé à l’ensemble des pharmacies adhérentes.
Le guide s’organise autour de trois périmètres d’action distincts :
- Organisation interne ;
- Relation clients ;
- Gestion des déchets.
En s’appuyant sur une enquête réalisée dans le cadre de ce guide, des fiches pratiques
apportent les éléments à mettre en place dans les officines afin de s’inscrire dans une
démarche écoresponsable tout en précisant les enjeux des différents domaines d’action.
La prise en compte des différentes actions à mettre en place est cruciale dans la réflexion
de l’aménagement de l’officine. A travers ce guide pratique, le titulaire peut facilement
identifier les aménagements à mettre en place afin de mettre en place ces bonnes
pratiques de la pharmacie écoresponsable. Ceux-ci peuvent par exemple être :
aménagement d’un local MNU et DASRI, aménagement d’un espace de valorisation de
l’engagement écoresponsable (mise en avant de produits), éclairage, matériaux utilisés,
mobilité verte, …
Afin d’en informer leurs usagers, la pharmacie de la Lèze a réalisé deux documents : une
charte de développement durable ainsi qu’un document d’information sur les achats
responsables. Cela permet de mettre en avant leurs actions et de sensibiliser la
population aux enjeux environnementaux.(112)
Enfin, la pharmacie met à disposition sur son site internet chaque année sa déclaration
de performance extra-financière qui met en avant les performances de la pharmacie dans
Mais cela se transpose également au sein de l’agencement de cette officine qui souhaite
par ailleurs réaliser un transfert vers de nouveaux locaux en intégrant leur engagement
pour l’environnement au sein de ce futur espace de travail. Premièrement, la nouvelle
officine sera relocalisée dans des bâtiments déjà existants dans le centre-ville plutôt que
de choisir de délocaliser l’officine sur une zone commerciale avec la construction de
nouveaux bâtiments. Ce choix a été effectué en analysant les performances énergétiques
du bâtiment afin d’en évaluer la future consommation énergétique et la comparer par
rapport à un bâtiment neuf.
Pour la réalisation du nouvel agencement, les titulaires de l’officine ont choisi de faire
appel à un architecte sensibilisé au développement durable ainsi qu’à un agenceur local.
Le choix de faire appel à un ergonome a également été fait dans le but d’optimiser les
conditions de travail de l’équipe officinale.
L’agencement de la nouvelle pharmacie est réalisé selon des critères stricts pour le choix
des matériaux en essayant de réduire au maximum la teneur en composés organiques
volatils et les émissions de polluants liés au transport des matériaux en choisissant des
matériaux produits localement. L’engagement environnemental se transcrit aussi dans
les éclairages et appareils électroniques avec l’objectif d’optimiser la consommation
énergétique.
Afin de libérer du temps et de pouvoir proposer davantage de missions, la pharmacie
souhaite s’équiper d’un robot. Cela permettra de se concentrer sur la valeur ajoutée des
membres de l’équipe officinale en leur offrant plus de temps au comptoir ou pour la
réalisation d’autres missions.
Une attention particulière sera portée pour que l’espace de front office soit un espace
agréable pour les usagers afin que ceux-ci se sentent pris en charge dès leur entrée dans
l’officine.
A travers divers engagements et labels, la pharmacie de la Lèze fait partie des officines
les plus précurseurs sur l’intégration des enjeux environnementaux. Leur nouveau projet
Tomé Julien | Aménager la pharmacie de demain 81
va leur permettre de tenir leurs engagements en les intégrant dès la conception de
l’agencement de leur futur espace de travail.
C’est dans ce même esprit que nous allons essayer de définir les attentes des
pharmaciens pour l’aménagement de leur espace de travail en répondant au mieux aux
besoins et enjeux définis précédemment.
Ce modèle de dispensation n’est en revanche applicable que pour les patients avec un
traitement chronique et pour des patients fidèles à leur pharmacie. Bien que ce modèle
soit facilement applicable à une pharmacie implantée en territoire rural, il peut également
être appliqué en pharmacie de quartier.
Il est facilité par la présence d’un logiciel d’aide à la dispensation unique qui intègre les
missions du pharmacien correspondant et également grâce au travail en exercice
coordonné au travers de la Société Interprofessionnelle de Soins Ambulatoires (SISA)
Millesoins. Le pharmacien peut ainsi prendre des rendez-vous chez le médecin pour ses
patients et avoir accès aux prescriptions dès qu’elles sont établies par le prescripteur. Il
peut également communiquer facilement avec l’équipe de soins primaires qui
accompagne le patient.
a) Élaboration du questionnaire
Le questionnaire a été mis en page grâce à l’outil Forms de Google. Il s’agit donc d’un
questionnaire disponible sur internet, ce qui permet de faciliter la diffusion notamment
en raison du choix des populations ciblées par ce questionnaire qui se situent sur
l’ensemble du territoire national. (cf. Annexe 9)
b) Diffusion
Afin d’analyser ces résultats, un calcul de moyenne pour chaque proposition a été réalisé
pour l’ensemble des quatre catégories professionnelles : agenceurs, pharmaciens,
étudiants ou préparateurs.
Les valeurs des moyennes ont été répertoriées dans un tableau puis deux types de
moyennes regroupant l’ensemble des réponses ont été calculées. Une première moyenne
quadripartite qui attribue un coefficient ¼ à chacune des 4 moyennes issue des 4 groupes
professionnels. Et une seconde qui coefficiente la moyenne du groupe professionnel en
fonction du nombre de répondant associé.
A partir de ces données, plusieurs graphiques ont été construits dans l’objectif d’identifier
les priorités des acteurs de l’agencement de l’officine et de comprendre leurs divergences.
Pour l’analyse des résultats, seule la moyenne quadripartite a été retenue puisqu’elle
représente à part égale les 4 groupes professionnels et permet ainsi de gommer la
différence du nombre de répondants par groupe. Elle a également l’avantage de ne pas
favoriser un groupe professionnel plutôt qu’un autre alors que chacun possède une place
équivalente dans les réflexions sur l’agencement de l’officine.
3.3.2. Résultats
Le questionnaire a reçu un total de 558 réponses.
A partir d’une échelle de Likert graduée de 1 à 5, les 558 répondants ont attribué un
ordre de priorité aux douze propositions. Grâce à un calcul de moyenne sur l’ensemble
Préparateurs
Pharmaciens
Agenceurs
Étudiants
Proposition n°1 Développer plusieurs espaces de confidentialité 4,26/5 1 1 1 6
spécialement aménagés pour l’entretien avec les
patients et les missions de prévention et dépistage.
Proposition n°2 Veiller à l’ergonomie de l’espace de travail. 4,19/5 2 3 3 1
Proposition n°3 Augmenter la confidentialité aux comptoirs. 4,03/5 8 2 2 2
Proposition n°4 Développer un espace de télésoin dans les déserts 3,90/5 3 7 4 5
médicaux et territoires sous-dotés.
Proposition n°5 Accorder de l’importance au back office pour optimiser 3,86/5 4 5 8 4
les différents flux (marchandises, usagers, personnels).
Proposition n°6 Faire de l’officine un lieu de rencontre et permettant un 3,74/5 4 4 5 7
accueil des usagers dans des conditions optimales.
Proposition n°7 Disposer de matériel informatique adapté pour avoir 3,67/5 10 6 6 3
recours à la e-prescription et faciliter l’utilisation de
l’ENS (Espace Numérique de Santé).
Proposition n°8 Intégrer à l’agencement des mesures en faveur du 3,53/5 7 8 9 8
développement durable (mobilité, matériaux, gestion
des déchets, énergies, …).
Proposition n°9 Adapter l’officine aux nouveaux besoins de la population 3,46/5 6 9 10 10
(click and collect, démarche qualité, PDA, …).
Proposition Aménager un espace facilitant l’exercice 3,38/5 10 10 7 9
n°10 interprofessionnel.
Ces résultats sont révélateurs des priorités de l’ensemble des acteurs de l’agencement.
On observe une tendance forte pour l’amélioration de la confidentialité partagée par
l’ensemble des quatre catégories professionnelles à l’exception des préparateurs qui ne
donne pas une priorité aussi élevée pour le développement des espaces de confidentialité
ainsi que des agenceurs qui estiment moins prioritaire le fait d’augmenter la
confidentialité des comptoirs. En revanche, l’ergonomie de l’espace de travail fait
davantage consensus aux yeux de l’ensemble des acteurs.
Par la suite, ces résultats montrent des divergences de priorisation entre les différentes
catégories professionnelles qui sont liées à leurs missions au sein de cet espace. Cela
leur confère alors une vision différente de l’officine idéale en fonction des intérêts de
chacun.
Les priorités les plus faibles ont été attribuées aux enjeux technologiques, ce qui
témoigne d’une certaine technophobie à l’officine sans doute par méfiance ou par
méconnaissance des avantages associés.
On remarque également que la proposition d’intégration du développement durable à
l’officine se classe moins bien que ce que l’on aurait pu envisager.
Les 558 réponses recueillies ne permettent de donner qu’une valeur indicative aux
résultats issus du questionnaire et non représentative. En effet, pour pouvoir être
représentatif (avec un intervalle de confiance de 95% et une marge d’erreur de 5%) des
quatre catégories professionnelles il aurait fallu recueillir environ 380 réponses pour les
pharmaciens d’officine, les étudiants en pharmacie et les préparateurs en pharmacie et
sonder l’ensemble des agenceurs de pharmacie.
• Biais méthodologiques
C’est ce qui peut entraîner une divergence entre les réponses recueillies et la vision
des répondants. Cela peut provenir d’une mauvaise formulation de la consigne avec
un risque d’inversement de l’échelle, d’un recueil d’information incomplet, …
a) Présentation du plan
Ce plan a été établi de façon schématique et non précise. La surface choisie correspond
à une officine de taille assez importante.
Figure 24: Liste des douze propositions par ordre de priorité pour la
pharmacie de demain
On trouve également à l’entrée du front office une zone d’accueil faisant office de lieu de
rencontre. Cet espace a pour but d’entamer une prise en charge des usagers dès leur
arrivée dans l’officine en assurant une ambiance propice aux soins. L’objectif est aussi
de créer du lien social au sein du territoire dans lequel est implantée l’officine afin de
jouer un rôle dans son développement.
Les réponses à apporter sont multiples. Les espaces de prévention permettent en premier
lieu d’apporter une première réponse à la désertification médicale en prévenant
L’officine reste avant tout un lieu de travail pour l’ensemble des collaborateurs et des
interlocuteurs gravitant dans son écosystème.
Il est essentiel de prendre en compte cette notion lors des réflexions concernant
l’agencement d’une officine.
Du point de vue de la santé des collaborateurs, une intégration des enjeux ergonomiques
est à prévoir pour prévenir notamment l’apparition de troubles musculo-squelettiques.
Un espace de repos bien équipé apporte du confort à l’équipe et leur permet de se reposer
ce qui contribue à améliorer la productivité et le bien-être au travail.
La mise à disposition d’un ou plusieurs bureaux fermés pour l’équipe permet de donner
plus de responsabilités à l’équipe ce qui les implique davantage dans l’entreprise. En leur
permettant de disposer d’un bureau, les collaborateurs vont pouvoir rencontrer des
commerciaux et gérer des rendez-vous. Cet espace pourra aussi être utilisé pour réaliser
des tâches de fonds (communication, marketing, analyse d’ordonnances, etc.) ou pour
améliorer les conditions d’accueil de stagiaires.
Ce qui ressort de façon majoritaire de la priorisation des propositions par l’ensemble des
acteurs de l’agencement de l’officine est la nécessité d’intégrer davantage de
confidentialité pour la prise en charge pharmaceutique des usagers. En effet, la
confidentialité semble avoir un rôle primordial à jouer dans les années à venir. Elle
permet à la fois à l’équipe officinale de réaliser correctement la prise en charge
pharmaceutique en apportant l’ensemble de son expertise et également à l’usager de se
sentir pris en considération. Cela a pour conséquence que l’exercice officinal va se tourner
vers la valeur ajoutée qui est apportée par son exercice. Ce qui se porte dans le sens de
l’évolution du modèle de rémunération vers un modèle libéral. Ainsi, le pharmacien
d’officine serait davantage un professionnel de santé rémunéré dans l’objectif de soigner
les patients.
Enfin, ce travail a permis de comprendre que les pharmaciens d’officine doivent se saisir
des enjeux de l’aménagement de leur officine et être acteurs aux côtés des agenceurs
pour définir leurs besoins et leurs attentes.
Cela peut se faire en définissant un cahier des charges au préalable de leur projet
d’agencement. En complément, il faut bien qu’ils se saisissent de l’ensemble de la
réglementation, des besoins et des enjeux décris tout au long de cette thèse. Cela
Pour finir, ce travail a été mené de façon pragmatique et n’a pas vocation à poser de
certitudes sur ce que sera l’officine dans quelques années. La vision prospective qui est
proposée se base sur des réflexions établies en prenant en compte un ensemble
d’évolutions récentes et à partir de discussions avec des experts issus de différents
domaines de la pharmacie d’officine.
Appel du 22 mars 2021 avec David Van Acker, appeler spécialistes marketing du point de vente
directeur général de Mobil M. officinal (bon ça fait un peu pompeux là comme
ça). Notre positionnement c’est d’accompagner
« Julien Tomé : - Ma première question ce serait nos clients dans leur investissement. Et donc
de savoir : quelles sont les prestations qui sont l’architecture commercial, l’agencement et la
proposées par votre entreprise pour les modification des pharmacies est un
pharmaciens ? investissement. L’offre que l’on va proposer c’est
une offre de service d’accompagnement global
David Van Acker : - En fait l'entreprise existe (pour répondre à votre question) de A à Z. De
depuis 50 ans son positionnement au départ partir de la réflexion : « Qu’est-ce que je dois
c'était de l'agencement de pharmacie en fait et faire ? Je suis dans cette position-là, quelles sont
donc comme ça fait 50 ans, il y a 30-40 ans les informations que je peux avoir à disposition ?
l’agencement de pharmacie n'avait pas la même Et quelle typologie d’études je peux mener pour
vocation qu’aujourd'hui c'était une vocation savoir quel est mon potentiel ? ». Jusqu’à : le
historique un peu, les pharmaciens gagnaient transfert, le réaménagement, la construction
bien leur vie ils avaient des bilans qui étaient très d’un bâtiment, le réaménagement complet, la
confortables et donc ils refaisaient des travaux livraison des mobiliers, le marketing du point de
parce qu’il fallait qu'ils payent moins d'impôts, vente, l’identité de marque, la communication
c’était une vocation un peu sans aucune vision, jusqu’à la remise des clés et l’accompagnement
c’était juste défensif du point de vue comptable. a posteriori, le financement, le merchandising, la
Et puis le marché s’est transformé, il a été formation du personnel. Tout ce qui doit
attaqué par d’autres acteurs de la grande accompagner l’investissement d’un client pour
distribution. Et donc le marché de la pharmacie être sûr qu’il soit rentable et viable. Voilà, est-ce
s’est un peu tendu et a été obligé de se remettre que ça a répondu à votre question ?
un peu en cause puisqu’il y a eu des
déremboursements de médicaments, le business JT : - Oui, très bien parfait. Et donc moi je me
model de la pharmacie sur le médicament a été demandais, actuellement, quel est l’intérêt pour
moins rentable, il a été un peu mis à mal donc du un pharmacien d’avoir recours aux prestations
coup ce qui a obligé les pharmacies à se poser d’un agenceur ?
des questions : « Quel est mon business model
de demain ? ». Et donc du coup nous petit à petit DVA : - L’agencement c’est une conséquence,
nous on s’est traditionnellement transformé une stratégie commerciale, ce n’est pas un
d’agenceurs en pharmacie en ce que l’on peut objectif en soi. L’objectif en soi c’est la première
DVA : - Aujourd’hui on fait de plus en plus de DVA : - De manière plus générale, moi je
lieux avec beaucoup d’espaces de confidentialité. pensais, c’est l’avènement des cabines de
En moyenne on fait des pharmacies entre 200 et télémédecine en pharmacie. Ça c’est pour moi
2
1000 m et les espaces de confidentialité sont à quelque chose qui va complètement changer
chaque fois au minimum de 2 et peuvent aller l’approche et qui la change déjà un peu. Après en
jusqu’à 6. Ça prend une part incontournable dans termes de posture, si l’on en revient plus aux
l’officine. outils d’ergonomie, c’est créer de la proximité
avec son client et de la confidentialité. C’est plus
JT : - Et est-ce que l’on pourrait voir dans le futur des endroits où vous pouvez échanger
où serait aiguillé soit vers un espace informellement avec votre client dans l’espace de
« Ordonnances » où ce serait des espaces de vente. Et puis surtout il y a encore
confidentialité où on prend le temps de discuter considérablement à faire sur les mobiliers qui
avec le patient et un autre espace plus sont chargés de représenter les produits en
« Parapharmacie » où là c’est plus rapide, on pharmacie, il y a encore des aménagements de
vient juste pour avoir un conseil pour une merchandising à effectuer. Et puis il y a aussi des
pathologie bénigne ? Est-ce que ça pourrait voir choses qui sont plus proches du médicament
le jour quelque chose de ce type ? avec le fait que l’on vende des médicaments à
l’unité ça va considérablement potentiellement
DVA : - Oui bien sûr. On voit déjà que les changer les approches.
pharmaciens ont le droit de vacciner, on voit que
les actes qui pouvaient être du ressort du JT : - Pour prendre un exemple très précis, est-
médecin et considérés comme des actes ce que ce serait possible dans le futur de voir au
médicaux peuvent être ouverts aux pharmaciens, comptoir les pharmaciens ou préparateurs qui
la vaccination en est la preuve. Demain, on travailleraient en position assise sur une chaise
pourra ouvrir ce champ auprès des pharmacies haute par exemple ? Parce que l’on sait que ça
puisqu’on aura une offre des médecins qui sera pose beaucoup de problème au niveau de la
encore moins conséquente qu’aujourd’hui. santé au travail, le fait de travailler debout toute
la journée, est-ce que c’est envisageable ?
Appel du 24 novembre 2021 avec Laurent d’aujourd’hui c’est qu’il y avait des nouvelles
Elissagaray, ingénieur-ergonome. missions qui arrivent pour les pharmaciens et
donc il faut trouver des endroits pour les faire.
« Laurent Elissagaray : - Donc en fait, moi je Donc par exemple pour les piqûres (les
pense la première chose c’est qu’une officine vaccinations), les soins, … : il faut un local. Pour
c’est pour assez longtemps. Donc ce que je vois les entretiens pharmaceutiques : il faut un local.
moi c’est les pharmaciens déjà historiquement Pour l’orthopédie : il faut un local. Donc ça veut
des travaux dans la pharmacie. Et en fait il y a dire que l’évolution elle va vers une surface plus
deux types de pharmacies, il y a les pharmacies grande de la pharmacie. Après les clients eux-
qu’on réaménage de pharmacien en pharmacien mêmes ont des besoins différents et les clients
lors des reprises et après quand on ne parts de s’attendent à avoir des produits de
rien et d’un nouveau bâtiment et dans ce cas-là parapharmacie en plus grand nombre, ils veulent
c’est le budget qui vient contraindre trouver le produit qu’ils aiment chez le
l’aménagement. Et là c’est beaucoup plus facile. pharmacien. Et donc là aussi ça entraine un
Et ce que je vois moi c’est les pharmacies donc agrandissement du front office. Donc il y a une
qui ont déjà eu un ou deux réaménagement(s) et taille de pharmacie, la taille de la pharmacie
là quelqu’un qui veut à nouveau réaménager et d’autrefois qui commence peut-être à ne plus
principalement suite aux évolutions des missions répondre aux exigences des usagers mais aussi
et à ce nouvel outil qui facilite le travail : le robot. aux exigences de l’ARS, de ce qui fait le métier
du pharmacien de demain.
Julien Tomé : - Pour vous le robot c’est plus de
confort et c’est mieux pour les équipes ? JT : - Donc on va vers une augmentation des
surfaces de front office ?
LE : - Ça apporte pas mal de choses. Je pense
que c’est l’avenir des pharmacies. Après, quand EL : - Alors ça c’est ce que je vois dans toutes les
la pharmacie est vraiment petite, qu’il n’y a pas pharmacies. Le front office augmente et ça pour
beaucoup de clients. Dans ce cas-là le robot, vu répondre aux attentes des clients. Mais aussi aux
le coût que ça a ça paraît plutôt un luxe. Dès qu’il missions, parce qu’il y a le front office mais aussi
commence à avoir des pharmacies où il y a du des petits bureaux, des petits locaux qui
monde, là le robot ça apporte beaucoup de répondent aux nouvelles missions du pharmacien
choses. Pour l’aménagement de la pharmacie, le et ça du coup ça vient manger de la place. Mais
robot c’est une réponse qui est arrivée il y a du coup dans les projets souvent, ce que je vois
quelques années pour gagner de la place et souvent c’est que le pharmacien il pense
gagner du temps. Ça répond à un besoin surtout. beaucoup à l’aspect client et s’il est contraint il
Ce que j’ai vu dans les aménagements d’officine vient réduire le back office. Et le back office c’est
JT : - Et quels sont pour vous les aménagements JT : - Au niveau des comptoirs, est-ce que la
en termes d’ergonomie qui pourraient être mis en position debout des équipes pose soucis ?
place à l’avenir ?
E.L : - Il y a des plaintes des salariés sur la
EL : - Il faut que le côté stockage et les surfaces position debout maintenue donc ce qui peut être
de déballage soient en relation avec les quantités dit c’est que s’il y a un robot, l’équipe va rester
reçues de la pharmacie. Donc c’est vrai que ce ne plus au comptoir. Et ça veut dire que le
va pas être pareil pour une pharmacie de dix pharmacien il faut qu’il réfléchisse bien à son
salariés ou une pharmacie avec 3 ou 4 personnes. organisation du travail pour que les gens ne
C’est proportionnel. Mais il faut penser à ces restent pas toujours debout.
espaces-là.
J.T : - Et quelles sont ces solutions-là par
JT : - Il ne faut pas les oublier dans la réflexion exemple ?
de départ de l’aménagement de la pharmacie.
EL : - C’est la rotation sur les différents postes de
EL : - Si on intègre un robot, il faut penser à travail de la pharmacie et ça c’est une rotation
l’intégration future d’un robot aussi. Je pense que sur la semaine. Il peut y avoir du travail
ça va être l’avenir. administratif, du travail de préparation où on
peut être assis ou debout, du travail de piluliers
EL : - Pas de problème. Et surtout pour les EL : - Pour personne. Et ça, moi qui ai vécu dans
personnes qui ont des mobilités un peu réduites. mon métier de m’asseoir et de ne pas être
Donc prévoir un comptoir avec une position debout. Ne pas pouvoir m’asseoir toute une
assise à la fois pour le préparateur ou le journée je trouvais ça bizarre.
pharmacien et le client, c’est bien.
JT : - Vous vous proposez des prestations aux
JT : - Ça permet aussi d’avoir une plus grande pharmacies en termes d’aménagement
proximité d’une certaine manière. ergonomiques ?
Appel du 30 mars 2022 avec Olivier Bascoulès, qui augmente. On va s’équiper d’un robot qui va
pharmacien titulaire de la pharmacie de la Lèze gérer une bonne partie de notre stock. Ce pari
en Ariège, engagé dans une démarche de peut paraître une vision contraire au
développement durable. développement durable, mais le sens que l’on
donne à ce choix c’est clairement le choix de se
« - Julien Tomé : Dans votre officine vous avez libérer du temps pour nos missions. On participe
développé une politique de développement à des réunions de concertations
durable, quelles sont les mesures qui peuvent pluridisciplinaires. Et dans ces réunions on arrive
affecter l’agencement de l’officine ? avec le bilan de médication du patient choisi, et
on a quand même quatre médecins et à chaque
- Olivier Bascoulès : En premier lieu, c’est une réunion les médecins présentent trois patients.
adaptation de la structure aux nouvelles missions Les bilans de médication on en fait depuis
du pharmacien parce que la pharmacie elle a une quelques années. Les préparateurs qui étaient
vocation à accomplir les nouvelles missions du parfois pris au déballage de commande, au
pharmacien. Le changement le plus important rangement des boîtes, on en a besoin aujourd’hui
que je prévois c’est de passer d’une zone de pour l’accueil des gens, pour le service au
confidentialité qui est aujourd’hui polyvalente, comptoir qu’on a envie d’améliorer encore et
qui nous sert pour la contention, les tests, la donc l’idée de la modernisation c’est d’amener de
vaccination. Ça je vais en faire une structure qui la compétence et de l’humain au-devant dans
va multiplier par trois le nombre de boxs, on va l’espace patient. Globalement on est entrés dans
avoir 3 boxs mais également des zones comme une gestion du temps qui je l’espère va nous
un bureau administratif ou un préparatoire qui rendre plus performant auprès des gens.
pourrait même être polyvalent. La pharmacie
pourra être découpée en plusieurs zones de - JT : Quelles sont, selon vous, les principales
confidentialité ou plusieurs zones dédiées aux contraintes à prendre en compte pour
missions. Ça c’est la première chose. Je ne pense l’agencement d’une officine ?
pas que le choix des matières va jouer dans
l’agencement. La deuxième approche c’est une - OB : La première contrainte majeure liée à mon
approche un peu paradoxale mais liée aux engagement en développement durable, elle a
missions, et là vous allez comprendre la été la suivante, c’est que j’ai une officine située
problématique de l’agencement. On s’est posé la au centre du village près de la halle marchande
question suivante : on avait besoin de gagner de où il y a un marché de produits locaux le samedi
l’espace sur notre réserve qui occupait deux tiers matin qui est le cœur du village, donc la
de la pharmacie. Le projet était clair en termes pharmacie est présente dans un centre où les
de mètres carrés. On est une pharmacie où on commerces commençaient un peu à partir mais
réalise deux bilans de médication par semaine. reviennent. Et dans la commune où on a le plus
On est quatre pharmaciens et on a une activité de personnes retraitées du secteur, la pharmacie
Tomé Julien | Aménager la pharmacie de demain 122
se voulait rester le commerce où on peut venir à circuit du médicament, tout est repensé avec le
pieds. J’avais le choix deux ans en arrière de prisme de l’ergonomie : le matériel informatique
transférer sur des terrains disponibles à côté du à la bonne hauteur, les caisses à déballer
supermarché à l’entrée du village. Déjà je sortais également à la bonne hauteur. Tout se veut être
de la zone des cabinets médicaux, de l’endroit où ergonomique, ça c’est un travail qu’on est encore
les gens pouvaient se garer parce que j’ai une rue en train de faire et qui n’en finit plus.
et une petite place à côté qui permet un accès. Autrement, j’étais parti avec un architecte
Mais dans mon projet de développement durable spécialisé en développement durable mais en
j’ai demandé à la mairie la mise en place de l’occurrence on n’est pas tout à fait satisfait de
garages à vélo. Mais ça va devenir une demande l’intérieur même, de l’agencement des
claire puisque les gens qui sont âgés dans leur rayonnages. Je l’ai un peu surmotivé sur le choix
quartier font leurs courses à pieds, viennent nous des matériaux, donc teneur en composés
voir. Les commerces sont revenus, on a une organiques volatils et choix local. Ici on a des
petite supérette. Concrètement les gens à mines de marbre, il y a du marbre noir et on va
mobilité réduite c’est-à-dire sans véhicule, sans faire le plan de travail du préparatoire comme ça.
motorisation peuvent venir nous voir. L’idée de Le marbre on va le chercher à 50 km. Donc il y a
mettre des garages à vélo, d’avoir demandé ça à tout le matériel et les artisans qui sont choisis
la mairie, c’est de donner un accès vert et à des dans un rayon de 50 km. Ca c’est le côté local et
personnes un peu actives qui vont comme ça le côté choix du matériau le plus neutre possible
prolonger leur autonomie. On va aider à garder en irritants et composés organiques volatils.
les gens en bonne santé et je sais que c’est un Après on a repensé sur l’agencement les zones
indicateur cher à Antoine Prioux. Avec du coup la autour du comptoir, on va mettre des tapis
contrainte qu’on a les Bâtiments de France sur le antifatigues pour ne pas fatiguer les jambes. Au-
dos et qu’on a le permis de construire que le mois dessus du comptoir au niveau du plafond il va y
prochain. Ça c’est une vraie contrainte pour faire avoir un revêtement qui absorbe les bruits. On
un bâtiment peu gourmand en énergie ou reprend notre conseil parce qu’on a besoin de s’y
envisager des panneaux solaires. On a des sentir bien. Il ne faut pas que la pharmacie
contraintes imposées par les Bâtiments de ressemble à un commerce ni à une bibliothèque.
France. Après, pour l’agencement j’ai une pièce Lors de notre dernier sondage de patientèle, 20%
de la pharmacie qui n’a pas la lumière du jour des gens nous demandaient de faire des efforts
étant donné que je suis au centre du village dans sur les prix donc il faut qu’on soit aussi force de
une rue où les bâtiments sont très hauts donc je proposition en termes d’offre commerciale.
fais une verrière. C’est quand même une zone
d’agencement avec de la lumière naturelle, c’est - JT : Qu’est-ce que vous attendez de
censé être une contrainte importante dans notre l’agencement d’une officine ?
projet. La contrainte aussi c’est, tout ce qui va
être zone de manutention et circuit de - OB : En premier, l’agencement que je prévois
conditionnement lourd, de stockage de déchets, est un agencement qui est censé durer donc ça
Appel du 30 mars 2021 avec Antoine Prioux, organisationnelle que veut développer P4pillon
pharmacien titulaire à Bugeat (Corrèze), c’est la notion de coopération entre pharmaciens
coordonnateur de la SISA Millesoins et président- d’un même territoire de santé. Et donc, ça veut
fondateur de l’association P4pillon. Cet appel fait dire que c’est un peu comme si on avait une
suite à une visite de son officine les 13 et 14 mars pharmacie multi-sites tout comme on a un projet
2021. de santé de territoire où on exerce de la
médecine multi-sites. Donc, si on a une
« Julien Tomé : - J’ai quelques questions que pharmacie multi-sites ça veut dire que chaque
j’avais préparées avant de venir. J’ai fait ça en site peut se spécialiser dans une activité donnée.
me basant sur ce qui est marqué sur HelloAsso Dans une logique d’interdépendance, exemple :
pour présenter P4pillon donc j’ai repris un peu les moi je vais faire de la PDA pour tout le monde
grands axes. La première question pour (donc tout le monde a besoin de moi pour faire
commencer c’est déjà : qu’est-ce que P4pillon ? de la PDA), une autre pharmacie va faire du
maintien à domicile pour tout le monde (donc moi
Antoine Prioux : - Alors P4pillon est une j’ai besoin de cette pharmacie là pour assurer le
association loi 1901qui a pour objectif de faire de maintien à domicile de mes patients), une autre
la recherche et développement en soins de pharmacie va avoir un pharmacien clinicien formé
premier recours et notamment en pharmacie à l’internat qui va s’occuper de déployer ou de
d’officine au sein de la société m’aider à déployer les bilans partagés de
interprofessionnelle de soins ambulatoires médication sur les 5 pharmacies donc j’ai besoin
Millesoins. Grosso modo, sur le pôle de santé de ce pharmacien-là, etc.
Millesoins. Pour l’instant c’est ça, dans les Et la libération de temps médical derrière est
statuts. aussi liée à l’accès aux ordonnances en temps
réel.
JT : - Le premier axe est « Innovation
organisationnelle en santé » j’ai relevé une JT : - C’est-à-dire ?
phrase qui est « la mutualisation des ressources
et compétences des différents professionnels de AP : - C’est-à-dire, tu sais le coup du pharmacien
santé permet de libérer du temps au pharmacien. correspondant là. Globalement, les gens du
Moi ce que je voulais savoir c’est : quelles sont territoire Millesoins, vu que moi je fais partie de
les activités qui vont pouvoir être développées ? cette équipe-là, les médecins vont demander aux
patients de désigner leur pharmacien
AP : - Sur le champ de l’innovation correspondant et donc on va pouvoir changer
organisationnelle, la maison de santé, la SISA notre manière de travailler en coordination. En
Millesoins est déjà en soit une innovation fait c’est théorique mais c’est assez universel,
organisationnelle. Maintenant, l’innovation c’est quand tu augmentes localement en
L’agencement d’une officine fige l’outil de travail pour plusieurs années. Les titulaires
RÉSUMÉ
souhaitent donc logiquement se projeter sur l’avenir de la profession pour que leur
outil soit adapté le plus longtemps possible à l’exercice professionnel. Pour obtenir ces
réponses, il convient de se questionner sur les besoins et enjeux liés à l’exercice
officinal pour les années à venir.
A partir de l’analyse des différents besoins et des enjeux d’avenir inhérents à la
pharmacie d’officine et à la société (enjeux économiques, technologiques et
environnementaux), douze propositions ont été établies pour apporter des pistes à ce
que pourrait être l’officine des années à venir.
Afin de leur attribuer un ordre de priorité, les propositions ont été priorisées par les
acteurs du secteur de l’agencement (pharmaciens, agenceurs, étudiants et
préparateurs).
L’ensemble des propositions a été intégré à une proposition de plan dans l’objectif de
les présenter dans une situation plus réaliste.
L’agencement de l’officine est le reflet des missions qu’elle réalise et celles-ci sont en
pleine évolution, il faudra donc que l’officine évolue afin de s’y adapter tout en
respectant les principes de bonne prise en charge des usagers.
The layout of a pharmacy fixes the working tool for several years. The owners
therefore logically wish to project themselves into the future of the profession so that
their equipment is adapted to professional practice for as long as possible. In order to
obtain these answers, it is necessary to consider the needs and issues related to
pharmacy practice in the years to come.
Based on an analysis of the various needs and future issues inherent to the pharmacy
and to society (economic, technological and environmental issues), twelve proposals
have been drawn up to provide a vision of what the pharmacy of the future could be.
In order to prioritise them, the proposals were prioritised by those involved in the
layout sector (pharmacists, designers, students and pharmacy technicians).
All the proposals were integrated into a proposed plan in order to present them in a
more realistic situation.
The design of the pharmacy reflects the tasks it performs and these are changing
rapidly, so the pharmacy will have to evolve in order to adapt to them while respecting
the principles of good care for users.