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Correspondance, e-mail : victorien88@hotmail.com
RÉSUMÉ
L’inflammation est un processus de défense immunitaire de l’organisme en
réponse à une agression pour éliminer l’agent pathogène. Certaines molécules
anti inflammatoires sont utilisées pour le traitement mais des effets secondaires
sont notés dans la plupart des cas. Les herboristes de marché constituent un
maillon essentiel dans la conservation des connaissances endogènes utiles pour
le traitement de diverses affections au Bénin. La présente étude vise à
répertorier quelques plantes médicinales à activité anti inflammatoire vendues
dans les marchés des Communes d’Abomey-Calavi et de Cotonou (Sud-
Bénin). Il s’agit d’une enquête auprès de 42 herboristes localisés dans les
marchés des ‘’ Communes’’ de Cotonou et d’Abomey-Calavi pour s’enquérir
des plantes qu’elles utilisent dans le traitement des inflammations. La méthode
utilisée est l’Achat en Triplet de Recettes Médicinales (ATRM). Au cours de
cette étude, 39 espèces de plantes appartenant à vingt-huit familles botaniques
ont été vendues par les herboristes de marché. Les plantes les plus citées sont:
Ocimum gratissimum (11,92 %), Lantana camara (10,60 %), et Crateva
adansonii (8,61 %). Cette étude montre la richesse de la pharmacopée
béninoise dans le traitement de l’inflammation ainsi que la grande
connaissance des herboristes de marché dans le traitement des affections
courantes comme l’inflammation. Elle constitue une base des études
ultérieures visant à évaluer le potentiel anti-inflammatoire de ces plantes qui
sont des sources potentielles des médicaments traditionnels améliorés.
Mots-clés : maladies inflammatoires, pharmacopée traditionnelle,
herboristes, Sud-Bénin.
ABSTRACT
Use of South Benin plants in the treatment of inflammatory
diseases : Ethnopharmacological survey of herbalists
I - INTRODUCTION
L’inflammation est un processus de défense immunitaire de l’organisme en
réponse à une agression d’origine exogène (brûlure, infection, allergie,
traumatisme) ou endogène (cellules cancéreuses ou pathologies auto-
immunes), dont le but est d’éliminer l’agent pathogène, réparer les lésions
tissulaires et favoriser le retour à l’homéostasie [1, 2]. Elle se traduit chez le
sujet généralement par le gonflement douloureux de la peau, la rougeur de la
peau enflée et la chaleur. Une altération du fonctionnement de l’organe touché
peut survenir [3]. Au niveau tissulaire, la réponse inflammatoire se caractérise
par l’augmentation de la perméabilité vasculaire, l’augmentation de la
dénaturation de protéines et l’altération de membranes cellulaires [3, 4]. La
persistance de l’inflammation constitue un facteur étiologique de diverses
maladies chroniques comme l’arthrite rhumatoïde, l’athérosclérose, le cancer
et les maladies cardiovasculaires et neurodégénératives [5, 6]. Le traitement de
II - MATÉRIEL ET MÉTHODES
II-1. Cadre de l’étude
Cette étude a été menée dans les Communes d’Atlantique et du Littoral dans
le sud-Bénin plus spécifiquement dans les Communes de Cotonou et
d’Abomey-Calavi. Le choix de ces deux Communes réside dans le fait qu’ils
sont les Communes les plus peuplées de la république du Bénin [16] et
constituent une zone de concentration des herboristes de marché [9]. La ville
de Cotonou est située dans le golfe de Guinée, sur un cordon littoral qui relie
le lac Nokoué à l'Atlantique, à l'embouchure du fleuve Ouémé, et elle est
traversée par un canal, la lagune de Cotonou, creusée au XIXème siècle. Le
climat est équatorial, alternant entre des saisons sèches et des saisons
pluvieuses (d'avril à juillet et de septembre à octobre). Les températures varient
entre 18 et 35°C, et de décembre à janvier, la ville est balayée par l'harmattan,
un vent semi chaud, semi sec et poussiéreux (Figure 2). La ville d’Abomey-
Calavi est une ville du Sud du Bénin, Chef-lieu de la Commune d’Abomey-
Calavi. Elle est située à 18 kilomètres au Nord de Cotonou, la capitale
économique du Bénin. Abomey-Calavi est située sur un plateau de terre avec
des côtes sablonneuses. La ville est délimitée au sud et à l'ouest par une lagune,
à l'est par le Lac Nokoué. L’enquête a été menée dans ces deux Communes
(Figure 2). Un total de quarante-deux (42) herboristes ont été visités. Deux
herboristes ont été visités dans chaque marché. Le critère de choix de ces
herboristes a porté essentiellement sur la richesse et la diversité des espèces
végétales de leur étalage, le nombre d’herboristes présents dans le marché et
de la distance qui sépare chaque herboriste de l’autre. Ces derniers sont
généralement engloutis sur un même site dans les marchés. Les marchés visités
sont Dantokpa, Wologuèdè, Fifadji, Abomey-Calavi, Godomey, Kpota,
Cocotomey, Akassato, Glo-djigbé, Sainte Rita, et Zogbo (Figure 1). Ces marchés
sont répartis dans les Communes d’Abomey-Calavi et de Cotonou (Figure 2).
II-2. Méthodes
[12] (1)
III - RÉSULTAS
Cette étude a porté sur 42 herboristes. Ces herboristes étaient tous du sexe
féminin. L’âge moyen de ces derniers était de 36 ans. Les sujets ayant au moins
30 ans représentent plus de la moitié des personnes enquêtées. En se basant sur
les tranches d’âge, nous remarquons que les sujets ayant entre 30 et 40 ans font
la moitié des personnes enquêtées (50 %) suivi des personnes de 20 ans à
30 ans. Au de-là de 60 ans, très peu de femmes continuent de vendre les plantes
médicinales (4,76 %) (Figure 3).
Tous les herboristes enquêtés exercent ce métier il y a au moins six ans. Elles
ont donc une expérience d’au moins six ans et la majorité a une expérience
entre 10 et 19 ans (47,63 %) (Figure 5). De plus, ces enquêtés affirment avoir
hérité des connaissances médicinales sur les plantes de la part de leurs parents.
Il s’agit donc de connaissances endogènes transmises de génération en
génération, des mères aux filles et ainsi de suite.
Figure 8 : Fréquence des différentes parties des plantes utilisées dans les
recettes
Tableau 1 : Caractéristiques des différentes plantes citées par les herboristes et utilisées contre les inflammations
Fréquence de Mode de Voie
Noms Scientifiques Familles Botaniques Noms Vernaculaires Parties utilisées
citation Préparation d'administration
Croton zambesicus Euphorbiaceae Adjélélé Feuilles 7,28 % Décoction Orale
Caesalpinia bonduc Fabaceae Adjikouiman Feuilles 0,66 % Décoction Orale
sebastiana chamaelea Euphorbiaceae Adoukin Tige feuillée 0,66 % Décoction Orale
Lippia multiflora Verbenaceae Aglala Feuilles 3,31 % Décoction Orale
Cocos nucifera Arecaceae Agonkêdo Racines 1,32 % Décoction Orale
Parkia biglobosa Mimosaceae Ahwagoto Ecorces 2,65 % Décoction Orale
Acanthospermum hispidium Astéracées Ahwanglonnon Feuilles 5,30 % Décoction Orale
spondias mombin Anacardiaceae Akikonman Tige feuillée 1,32 % Décoction Orale
Cola millenii Malvacées Aloviaton Feuilles 1,32 % Décoction Orale
Mangifera indica Anacardiaceae Amangagoto Ecorces 1,32 % Décoction Orale
Chenopodium ambrosioides Chenopodiaceae Amantronzon Tige feuillée 3,31 % Décoction Orale
Passiflora foetida Passifloraceae Avoungili trui Feuilles 0,66 % Décoction Orale
Uvaria chamae Annonaceae Aylahado Racines 1,99 % Décoction Orale
tragia spp Euphorbiaceae Azoman feuilles 0,66 % Décoction Orale
Senna siamea Fabaceae Casia Tige feuillée 2,65 % Décoction Orale
Pleiocarpa pycnantha Apocynaceae Danmasin Feuilles 0,66 % Décoction Orale
Rytigynia umbellulata Rubiaceae Fiofioman Feuilles 0,66 % Décoction Orale
jatropha curcas Euphorbiaceae Gbadéman feuilles 0,66 % Décoction Orale
Dichapetalum madagascariense Dichapetalaceae Gbagloman feuilles 0,66 % Décoction Orale
momordica charantia Cucurbitaceae Gninsikin Tige feuillée 1,97 % Décoction Orale
IV - DISCUSSION
Les mêmes informations ont été révélées dans les travaux de [8, 11] ayant
travaillé respectivement sur les légumes-feuilles utilisés au Sud-Bénin pour
traiter les diarrhées infectieuses et sur les plantes médicinales utilisées contre
les salmonelloses alimentaires au Sud-Bénin. Aussi, selon le quatrième rapport
national du Bénin sur la diversité biologique, les populations rurales
majoritairement analphabètes sont détentrices des connaissances médicinales
des plantes [22]. Nos résultats sont similaires aux données nationales et
montrent que la vente et la connaissance des vertus des plantes médicinales
restent l’apanage des personnes avec de modeste condition et analphabètes. La
majorité de ces femmes ont affirmé que ces connaissances leurs ont été
transmises par leurs parents. Nous pouvons donc conclure que la vente des
articles médicinaux reste une pratique qui se transmet de génération en
génération. [23] ont révélé que l’ethnomédecine traditionnelle est une science
de société et son contenu demeure un patrimoine familial. Cette étude a été
menée par Achat par Triplet de Recettes Médicinale (ATRM). Ainsi les
informations collectées chez les herboristes ont montré la persistance de
certaines plantes malgré la diminution de la taille des recettes au cours des trois
visites. Toutes les plantes collectées sont toujours utilisées en association selon
les données fournies par les herboristes. La diminution de la taille des recettes
médicinales ne dépendait pas de l’argent car les mêmes sommes ont été payées
V - CONCLUSION
Cette étude a permis de mettre en évidence le rôle essentiel des herboristes des
marchés du Sud-Bénin dans le traitement traditionnel des maladies humaines
notamment les maladies inflammatoires. Les cinq premières espèces de plantes
les plus citées sont Ocimum gratissimum (11,92 %), Lantana camara
(10,60 %), Crateva adansonii (8,61 %), Croton zambesicus (7,28 %, Heterotis
rotundifolia (5,30 %), Acanthospermum hispidium (5,30 %). Ces plantes
devraient faire l’objet de recherches approfondies afin de constituer, en cas
d’efficacité biologique, une source de Médicaments Traditionnels Améliorés
(MTA) pour le traitement des maladies inflammatoires. Ceci vient appuyer
encore une fois l’importance des plantes médicinales dans le traitement des
différentes affections en Afrique.
RÉFÉRENCES