The Mafia's Doll

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The Mafia’s Doll

Attention, ce livre contient des passages capables de choquer un lectorat


non-habitué à lire de la dark romance et s’adresse donc à un public averti.
Trigger Warnings : violences physiques et psychologiques, mutilation,
automutilation, sexe, consommation de drogues, meurtres, tortures, langage
grossier, maladies mentales et mentions de troubles du comportement
alimentaire.

Prologue
Neala
Il m'attrape par les cheveux et me jette au sol.
- Je croyais que c'était fini... je dis en retenant du mieux que je peux
mes larmes.
- T'avais tort bébé, c'est que le commencement.
Un sourire sadique se dessine sur ses lèvres tandis qu'il s'approche à
nouveau de moi, son couteau en main.
- Cette fois-ci tu vas payer pour tes conneries Neala, s'exclame-t-il.

5 mois plus tôt


Je me regarde avec désespoir dans le miroir. Le jour qui était censé être le
plus beau de ma vie est en fait le pire de tous. Aujourd'hui je me marie,
mais certainement pas avec l'homme de mes rêves, non, mais avec Bhaltair
Mulligan, le tout nouveau chef de la mafia finlandaise. Il est connu pour son
instabilité mentale. Apparemment, l'accord a été passé entre nos pères car
selon la tradition, un homme ne peut accéder au titre de chef quand celui-ci
n'est pas marié. Il fallait donc vite trouver une épouse pour Bhaltair et bien
évidemment, c'est moi qu'on a choisi. « Prends-le comme un compliment, tu
es magnifique et c'est pour cela qu'ils t'ont choisi toi », m'a dit mon père.
Foutaises, il est juste trop heureux de se débarrasser de moi. Il n'a jamais
voulu de fille, je le sais bien. La longue robe blanche que je porte me parait
terne et sans goût. En fait, elle me dégoute. Qui dit mariage, dit aussi nuit
de noce. Et comme bon mafieux qui se respecte, je sais que Bhaltair ne me
l'épargnera pas. Je suis vierge, et je sais que je risque d'avoir mal. Je soupire
et détache mon regard du miroir, je n'ai pas besoin de me voir plus
longtemps. J'enlève une pince du chignon beaucoup trop serré qui retient
ma longue chevelure blonde en otage et la laisse tomber au sol. Pourvu que
ce calvaire se passe vite. Je vais devoir quitter ma maison, ma routine et
mes habitudes pour aller vivre avec cet homme qu'est Bhaltair. La fille du
meilleur tueur du gang duquel fait partie mon père est une amie à moi, et
elle a déjà rencontré Bhaltair un soir. Elle a voulu aller lui parler et
apparemment, il l'a frappé au visage tellement fort que son nez s'est cassé.
J'espère ne pas subir le même sort.
Je remets un coup de crayon sous mes yeux bleus histoire de ne pas avoir
l'air trop douce et chausse mes escarpins qui me permettent de me grandir.
Je ne suis pas petite, je mesure approximativement 1 mètre 70, ce qui me
convient parfaitement. La cérémonie va bientôt commencer, et plus le
moment fatidique approche, plus je sens mon cœur s'emballer. Je n'ai que
20 ans, et voilà que je vais me marier à l'homme le plus dangereux de toute
la Finlande.

Chapitre1
Bhaltair

Étrangle-la.
Non, pas maintenant. Plus je vois ma future femme arriver, plus j'ai envie
de la tuer. Et apparemment, les voix dans ma tête pensent la même chose.
Fais-la s'étouffer dans son propre sang.
Patience... un jour viendra où je lui ferai sa fête à cette pute. Je me passe
une main dans les cheveux tout en fermant les yeux. J'ai vraiment besoin de
me calmer. Si ça commence comme ça, je lui laisse à peine quelques
heures. Quand elle arrive à ma hauteur, je balaye son corps du regard de
haut en bas. Au moins, je prendrai mon pied au pieu, bien que j'ai tendance
à tuer les femmes après avoir couché avec. Je ne sais pas pourquoi je
ressens le besoin de leur ôter la vie. Elle relève son voile et je peux voir son
visage. Elle a des traits fins. Je pense qu'elle est du genre à attirer le regard
des hommes. Malheureusement, je ne suis pas vraiment du genre partageur
avec ce qui m'appartient. Un mec commence à réciter les vœux. Je ne
l'écoute pas et laisse mon regard traîner sur la foule présente. Tous des
beaux abrutis. Surtout mon père, assis tout devant. Je parie qu'il est bien
content d'avoir assis son gros corps pour une fois. Je lui succède aujourd'hui
au rôle de chef de la mafia finlandaise, je pense que je vais le tuer. Il a tué
ma mère sous mes propres yeux quand j'avais six ou sept ans alors je ne
vois pas pourquoi je ne pourrais pas à mon tour lui ôter la vie. Et pourquoi
pas devant ma nouvelle épouse.
- Vous pouvez embrasser la mariée.
Je suis tiré de mes pensées à ces mots. Il faut vraiment que je l'embrasse ?
Pousse-la.
Oui, c'est vrai que je suis tenté de lui faire du mal. Mais pour le moment, je
vais faire de moi ce que l'on attend. Je dépose donc un rapide baisé sur ses
lèvres, ce qui a l'air de suffire au monde présent puisque ces abrutis
commencent à applaudir.
- Prends la mariée par la main ! lance quelqu'un dans la foule.
Elle me regarde.
Crève-lui les yeux.
Attends, j'ai encore le temps pour faire ce genre de choses... pourquoi tout
précipiter maintenant ? J'attrape mon épouse par la main pour la diriger
jusqu'à notre table. Celle où il y a également mon père, le sien et sa mère.
- Alors, je t'avais dit qu'elle était belle ! lance mon père.
Putain ce que j'aimerais prendre ma fourchette et la lui planter dans la main.
Et puis je m'en fou qu'elle soit belle ou non, de toute façon elle ne passera
pas le mois, j'en suis persuadé.
- Et ce soir c'est la nuit de noce, alors tu sais ce que ça veut dire.
Je lui réponds d'un bref hochement de tête. J'ai envie qu'il ferme sa bouche.
Il se tourne vers les parents de mon épouse.
- En tout cas, je suis rassuré. La descendance de mon fils et votre fille
sera magnifique et je suis sûr qu'ils dirigeront la mafia d'une main de
fer.
Et à partir de ce moment-là, je décide d'arrêter d'écouter. Je bloque mes
pensées. Je me vois sortir mon arme et tirer sur tous les invités. Je vois du
sang, partout, des corps jonchant le sol par dizaine. Ouais, c'est bon ça...
- Bhaltair, tu m'écoutes ?
Tout le sang disparaît tandis que je reviens à la réalité. J'interroge mon
minable de père du regard.
- Est-ce que tu as pris tes médicaments aujourd'hui ?
Je secoue négativement la tête. Déjà que l'on me force à me marier, on ne
va pas en plus m'obliger à avaler ces trucs dégueulasses. Je sens les yeux de
mon épouse sur moi. Je me tourne vers elle et lui lance un regard dénué
d'expression. Un regard signifiant si peu et tellement en même temps...

Neala

Un peu plus tard dans la soirée, je m'éloigne avec mes parents.


- Alors ? fait mon père.
- Il est charmant ! fait ma mère.
Je secoue rapidement la tête.
- Il est horrible ! Et puis sa façon de me regarder... j'ai vu la mort dans
ses yeux.
- Ne raconte pas n'importe quoi Neala, dit mon père, agacé. Tous les
hommes ici l'ont vu, la mort.
Je secoue la tête. Ce n'est pas ce que je voulais dire. J'ai vu la mort à mon
égard. Je ne cherche pas à convaincre mon père, de toute façon il ne me
croirait pas. Nous retournons nous assoir à table et j'essaye d'ignorer un
maximum Bhaltair. J'ai déjà peur de lui.
Encore un peu plus tard dans la soirée, tout le monde est bien alcoolisé, sauf
mon mari. Je ne l'ai pas vu boire une goutte. Je me lève pour rejoindre les
gens qui dansent sur
l'estrade faite pour. Une fois dessus, je commence à bouger mon corps au
rythme de la musique mais, gênée, je remarque qu'un homme peut-être un
peu plus âgé que moi, que je ne connais pas, me regarde avec insistance. Je
décide de ne pas y prêter plus attention mais il se rapproche de moi.
- Même si tu es prise, tu n'es pas encore officiellement sa femme
puisque vous n'avez pas encore passé la nuit de noce. Ça te dirait de
venir t'amuser avec moi ma jolie ?
J'hausse un sourcil, c'est qu'il a du cran ! Je ne lui réponds pas et le
contourne pour retourner m'assoir. J'ai toujours eu du mal avec le contact
des hommes. Je m'apprête à descendre une marche mais il m'attrape par le
bras et m'attire à lui.
- Lâchez-moi ! je m'exclame, un peu trop fort.
Quelques gens, dont Bhaltair, se tournent vers nous. Celui-ci se lève,
soulève sa veste et en sort un flingue. Il n'hésite pas une seconde et tire une
balle dans la tête du type. Un silence de mort s'abat. Je le vois ensuite se
battre avec lui-même, comme s’il discutait avec quelqu'un. Est-ce que les
voix qu'il entend lui parlent en ce moment ? Je me suis renseignée sur la
schizophrénie, et une forte accélération du rythme cardiaque peut provoquer
une crise. Tout le monde le regarde et je sursaute quand, d'un coup, il
redresse la tête. Et là, pour la première fois de la soirée, il prend la parole.
- Que ça soit bien clair pour tout le monde : on ne touche pas à ce qui
m'appartient. Famille ou non, je n'hésiterai pas une seconde à tirer une
nouvelle fois sur l'un d'entre vous.
Oh, mon Dieu, alors il est possessif à ce point ? Moi qui aime avoir de la
liberté, je commence à me dire que le mari que j'ai ne va pas m’en donner
beaucoup. Petit à petit, la soirée reprend son cours tandis que des hommes
de mains viennent nettoyer la scène de crime. Je n'ose même plus regarder
Bhaltair, même de loin. Il m’effraie trop. Quand je pense que dans quelques
minutes je vais devoir passer la nuit avec lui, je commence réellement à
avoir peur. Je ne peux empêcher une larme de couler le long de ma joue. Je
tourne la tête, me sentant observer. Il me regarde. Ses yeux sont dénués
d'expression, encore une fois. Ils sont froids et presque... sadiques. Je ne
sais pas ce que sont actuellement en train de lui murmurer les voix dans sa
tête mais ce qui est sûr, c'est que ce n'est rien de positif.
Chapitre 2

En fin de soirée, je sens que le moment fatidique arrive bientôt : la nuit de


noce. Bhaltair ne m'a pas quitté du regard depuis ce qu'il s'est passé tout à
l'heure et ça me met vraiment mal à l'aise.
- Allez ma chérie, c'est le grand moment, me glisse soudain ma mère.
- Hein ? je fais en fronçant les sourcils.
- Vous allez consommer votre mariage...
Je soupire. Je ne veux absolument pas le faire.
- Maman...
Je suis persuadée qu'il va me faire atrocement mal. Des exclamations
commencent à retentir. Au début, je ne comprends pas puis rapidement je
peux discerner des « baise-la, baise-la ! ». Voilà comment ça se passe dans
la mafia. Les femmes sont des objets de luxure soumises et sans aucune
liberté. Bhaltair s'approche de moi et me fait un signe de main pour que je
le suive. Tout le monde commence à crier. Enfin, surtout les hommes.
J'essaye de ne pas les écouter tout en le suivant à l'intérieur du manoir
familial. Peu à peu, les voix se font lointaines. Plus nous nous rapprochons
de la chambre, plus les battements de mon cœur accélèrent. Quand on y
arrive enfin, j'ai l'impression que je suis à deux doigts de faire un arrêt
cardiaque. Il l'ouvre et j'entre derrière lui. Il referme la porte à clé après moi
et j'avale difficilement ma salive.
- Déshabille-toi, dit-il.
Je reste immobile. Je suis comme paralysée. J'ai atrocement peur de ce qu'il
peut me faire, ou plutôt de ce qu'il va me faire. Comme je ne bouge pas, je
l'entends grogner dans mon dos, et un bruit sourd retentit, comme s'il venait
de frapper quelque chose. Je l'entends respirer fort. Soudain, il m'attrape par
le poignet et me tourne face à lui. Il est à moitié en train de rire et de péter
un câble. On dirait qu’il perd la tête.
- Tu sais, quand on m'a dit que j'allais me marier, je m'en suis battu les
couilles. Sauf que là, il y a un souci ! Si tu ne réagis pas quand je te
parle, je risque vraiment de t'exploser la gueule dans les minutes qui
suivent !
Il me relâche et part dans la salle de bain mitoyenne, me laissant seule dans
la chambre. J'ai peur, j'ai vraiment peur. Je ne pensais pas qu'il était fou à ce
point. Il m'a l'air complètement barjo. Je prends alors mon courage à deux
mains et retire précautionneusement ma robe. Je me retrouve donc en sous-
vêtements. En attendant qu'il revienne, je m'assois sur le lit. J'entends de
l'agitation provenant de la salle de bain, et un bruit de verre brisé retentit.
Est-ce qu'il a mis son poing dans le miroir ? Quelques secondes plus tard, la
porte s'ouvre et j'entrouvre la bouche. Il a le visage ensanglanté, comme si
c’était sa tête qu’il avait explosé dans le miroir. Quand il voit que je le
regarde avec effroi, il m'ignore. Il a l'air plus détendu que tout à l'heure.
- Elles devenaient de plus en plus fortes, j'étais obligé de les faire taire,
dit-il.
- De... de qui est-ce que tu parles ?
Il me regarde de haut en bas comme si la réponse était évidente.
- Les voix.
J'aurais dû m'y attendre. Mais au lieu de me rassurer, ça ne me fait paniquer
encore plus.
- Je vois que tu as fait ce que je t'ai dit, fait-il en se rapprochant de
moi.
Je sens mon cœur pulser contre ma poitrine. De manière d'ailleurs tellement
forte que je
me demande comment est-ce qu’il n'est pas encore sorti en dehors de ma
cage thoracique. Quand il arrive à ma hauteur, il s'arrête et m'observe.
- T'es pas moche, dit-il.
- Euh... merci...
- Mais j'ai quand même envie de te tuer.
Un petit silence s’installe, mais pas pour longtemps puisqu’il reprend la
parole.
- Allonge-toi, ordonne-t-il en s'approchant de moi.
Stressée et effrayée par la situation, je décide de coopérer et de me laisser
faire. Je m'allonge donc et il s’avance vers moi, mais petit à petit, je vois les
traits de son visage changer. Plus il s'approche de moi, plus il s'assombrit. Il
n'est plus qu'à quelques centimètres de mon visage, et je ne le sens pas.
Dans un geste incontrôlé, je pose mes deux mains sur son torse et le
repousse. Le cri de rage qu'il pousse juste après m'effraie tellement que je
n'ose même plus bouger. Son poing part s'écraser dans un des barreaux du
lit, et le bruit est tellement fort que je me demande comment il fait pour ne
pas crier mais de douleur. Il glisse sa main jusqu'à une de ses poches et en
sort un couteau. Mes yeux s’agrandissent. Il s'approche de moi à une vitesse
impressionnante et vient le placer juste sous ma gorge. Un rire incontrôlé
sort de sa bouche. Il se passe une main dans les cheveux à plusieurs reprises
et son œil droit bouge de manière anormale, son globe oculaire part vers le
haut, laissant place à pratiquement que du blanc. On dirait un tic nerveux. Il
respire très fort, tout comme moi, sauf que dans mon cas, c'est de la peur.
- J'vais te tuer.
Ces quatre mots viennent résonner en écho en moi.
- S'il te plaît... je fais.
Il commence à enfoncer le couteau mais à ce moment-là, la porte s'ouvre
sur nos pères, qui se précipitent sur Bhaltair pour l'éloigner de moi.
- L'accord n'était pas qu'il tue ma fille juste après l'avoir épousé ! se
fâche mon père en le maîtrisant.
- Ouais, j'aurais dû me douter qu'il recommencerait, dit le sien.
Qu'il recommencerait ? Qu'est-ce qu'il a bien pu faire auparavant ? Son père
sort une seringue de sa poche et la plante dans le bras de son fils, qui se
débat en hurlant des menaces de mort à leur encontre. Je me dépêche de
mettre la couverture sur mon corps, puisque je ne suis qu'en sous-
vêtements, et les regarde faire en tremblant, encore choquée par ce qu'il
vient de se passer. Je sens quelque chose d'humide couler dans mon cou et
pose la main dessus. C'est du sang. Il m'a coupé assez profondément pour
me faire saigner. Une seconde de plus et je serais morte à l’heure qu’il est...
Une fois que Bhaltair est bel et bien inconscient, les deux hommes se
tournent vers moi.
- Il va falloir attendre pour la nuit de noce, dit son père, sinon il risque
bien de lui trancher la gorge avant le lever du jour.
- Comment... comment est-ce que vous avez su qu'il me ferait ça ? je
demande.
- Il a pris pour habitude de tuer les femmes avec qui il couche, et puis
nous avons entendu le coup qu'il a mis dans je ne sais quoi il y a
quelques minutes.
Je tourne la tête vers mon père, des larmes commençant à se former aux
coins de mes yeux.
- Tu as si peu d'estime pour moi que ça ?
- C'est plus compliqué que ça Neala.
- Non, ce n'est absolument pas compliqué, tu m'as vendu au diable en
personne. Tu t'en contrefous qu'il puisse me tuer, hein ?? Excuse-moi
si je ne suis pas née avec une queue entre les jambes, mais je n'ai pas
vraiment pu choisir à la naissance !
De la colère traverse désormais le regard de mon père, probablement fâché
que je lui parle de cette manière devant son nouvel associé. Il s'approche de
moi et me gifle, laissant probablement une trace rouge sur ma joue puisqu'il
n'y est pas allé de main morte. Je ne dis rien et baisse les yeux, je sais que
ça ne sert à rien d'en rajouter.
- Allez rhabille-toi et sors de là avant qu'il ne se réveille, dit mon père
d'un ton froid.
Les deux hommes sortent et je fais ce que mon père m'a dit, je me rhabille.
J'essuie les
larmes qui coulent le long de mes joues et sors de cette pièce maudite, me
demandant ce que j'ai bien pu faire pour mériter tout ce qui est en train de
m'arriver.
Chapitre 3

Habillée d'une robe légère, je retrouve tous les invités dans la grande pièce.
Que se passe-t-il ? questionne une personne que je n'avais encore
jamais vu. N'est-elle pas censée passer la nuit avec son époux ?
- Bhaltair a encore fait une crise. Si elle était restée plus longtemps, il
l'aurait tué, l’informe son père.
Il dit ça comme si c'était la chose la plus banale du monde alors que je suis
à deux doigts de faire une crise de panique. Je fais partie de la mafia, certes,
mais je ne suis pas habituée à être agressée de la sorte ! On m'a toujours
couverte pour s'assurer que je serai parfaitement mariable. Et maintenant
que c'est fait, je me demande si je n'aurais pas préféré avoir déjà connu la
douleur, car c'est clair que je vais en subir très souvent avec Bhaltair. Je pars
m'assoir à côté de ma mère, la seule personne qui tient un minimum à moi
ici. Ça va être dur de la quitter, même si je sais qu'elle suit les idéaux de
mon père, peut-être plus par crainte que par réelle conviction d'ailleurs. Dès
que je suis assise à ses côtés, elle me lance un regard compatissant.
- Ça va ? demande-t-elle en jetant un coup d’œil à mon cou.
- Oui, tout va bien, je réponds calmement.
J'aimerais la supplier de renoncer à ce mariage, lui dire que je suis encore
vierge et que rien n'est donc perdu, mais au fond je connais déjà la réponse.
Et puis de toute façon, ce n'est pas à elle que revient la décision. Mon père
et celui de Bhaltair viennent s'assoir à nos côtés.
- Je suis vraiment navré de ce qu'il se passe, dit son père.
Il parle de l'arrangement entre eux. Tant que je serai toujours vierge, il est
impossible qu'il soit considéré comme « pacté ».
- Bhaltair a toujours été un gamin bizarre. Déjà petit, il adorait aller
dans la chambre de nos hommes pour les égorger. J'étais content, je
me disais qu'il deviendrait un chef excellent et sans pitié. Sauf qu'en
fait, il est vraiment étrange, et je me demande s'il dirigera la mafia
correctement. J'ai un gros doute.
- C'est clair qu'il est complément givré, mais ça repousse les ennemis,
dit mon père.
- Il va me tuer... je murmure.
Le père de Bhaltair ainsi que mes parents se tournent vers moi.
- Qu'est-ce que tu as dit ? demande mon père.
- Il va me tuer, je répète plus fort cette fois-ci.
Le père de Bhaltair souffle, exaspéré.
- Tu pourrais apprendre à ta fille à fermer sa gueule ?
- D'habitude elle ne l'ouvre pas autant, dit mon père. Sois un peu
silencieuse Neala, prends exemple sur ta mère.
Je jette un coup d'œil à cette dernière. Celle-ci ne dit rien et se contente de
sourire. En gros, ils veulent que je me transforme en bijou de luxe. Je me
lève, ne voulant pas en rajouter, et me dirige vers le buffet pour aller me
servir un verre de champagne.
- Alors, dure soirée ? fait un homme en s'approchant de moi, me
caressant le bras du dos de l'index.
- Ouais, je réponds simplement en m'éloignant de lui.
Mais il se rapproche.
- Dites-moi, il me semble que vous avez froid, je peux...
Il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'une balle vient lui transpercer le
crâne. Je lâche ma coupe sous le cou de la surprise et porte ma main à ma
bouche en laissant un cri d’horreur m'échapper. Je relève la tête, comme
tous les invités, et en haut des escaliers qui mènent à la salle, Bhaltair se
tient debout, son arme encore pointée sur l'homme qu'il vient de descendre.
- Je déteste devoir me répéter, dit-il. On ne touche pas à ce qui
m'appartient, c'est bien clair !?

Bhaltair

Tue-les tous.
Perché en haut des escaliers, je baisse enfin mon arme et la range. Je
descends les marches une à une et m'approche du cadavre du type, sous le
regard de tous les invités, y compris celui de celle que je suis censé appeler
« ma femme ». Ouais, c'est clair que je devrais tous les buter. Je sors mon
couteau de ma poche, et l'approche du torse du cadavre. Je l'enfonce d'un
coup et découpe précisément. Je fais un trou tout autour de son cœur et
retire la peau. Dos à la salle, personne ne voit ce que je suis en train de
faire. Je m'empare d'un coup du cœur et tire dessus pour l'arracher. Il cède
assez facilement et une fois qu'il est totalement détaché du reste du corps, je
me redresse lentement, très lentement, et me tourne vers les invités.
Certaines femmes portent leurs mains à leur bouche en voyant ce que je
tiens. Je m'approche d'une table d'hommes, et le colle sous le nez de l'un
d'entre eux.
- Tu veux baiser ce qui m'appartient toi ?
Il secoue précipitamment la tête alors que je hoche la mienne.
- Ouais, c'est bien ce que je pensais. Et toi ?
Je glisse le cœur sous le nez d'un autre homme.
- Non, bien sûr que non.
- Mmh, c'est bien, c'est bien.
Je jette le cœur par terre et essuie mes mains pleines de sang sur mon
costard noir.
- J'espère réellement que je n'aurai pas à me répéter.
En fait si, qu'ils le fassent, ça me donnera une raison valable de les buter.
- Maintenant dégagez tous de chez moi, la fête est finie.
Les invités se lancent des regards alors je prends mon flingue et tire en l'air.
- J'ai dit dégagez de chez moi !
Tout le monde se lève assez brusquement et commence à prendre le chemin
de la sortie. Mon père et celui de mon épouse se précipitent vers moi. Je
lance un regard noir au mien.
- Je déteste que tu m'enfonces cette merde dans le bras. Maintenant
que je suis le chef, je t'ordonne de ne plus jamais recommencer, c'est
clair ?
- Il faut à tout prix qu'elle reste en vie, dit-il sans même relever ce que
je viens de dire. Sinon une guerre pourrait éclater.
- Je n’en ai rien à branler de ta guerre, mais alors à un point dont tu
n'as même pas idée. Maintenant vous aussi, vous allez dégager de
chez moi, et pas dans cinq ans.
Ils échangent un regard mais finissent tout de même par se barrer. Petit à
petit, le manoir se retrouve vide, excepté moi et mon épouse, alors je me
tourne vers elle.
- Monte dans la chambre, je lui ordonne.
- Pourquoi ? demande-t-elle d'une voix tremblante.
Putain mais pourquoi est-ce qu'elle n’obéit pas ?? Je sens que ma raison
commence à se barrer.
Défonce-lui la gueule.
- Ouais, c'est complètement ce qu'elle mérite.
- Quoi ?
- Ce n’est pas à toi que je parle.
- Mais... il n'y a plus que nous deux.
Pourquoi est-ce qu'elle cherche à avoir le dernier mot bordel !? J'attrape la
première chose qui me tombe sous la main, c'est-à-dire une assiette, et la lui
balance dessus. Elle l'évite de justesse avec un cri de surprise.
- Monte dans la putain de chambre ! je hurle.
Cette fois-ci, elle ne répond pas et se précipite en courant vers l'étage, là où
il y a la chambre. Je ramasse une serviette, m'éponge le front avec et la
repose. Les domestiques s'occuperont de nettoyer tout ce carnage, ils ont
l'habitude avec moi. Je marche jusqu'à l'escalier, gravis les marches une à
une et une fois en haut, m'avance jusqu'en direction de la chambre que je
vais désormais devoir partager avec elle. Puis, je pénètre à l'intérieur de
celle-ci.
Chapitre 4

Neala

Il a refait ce truc avec son œil droit. Il est devenu presque blanc tellement sa
pupille se barrait vers le haut de la paupière. C'est flippant, et c'est pour ça
que lorsqu’il m'a ordonné de me rendre dans la chambre, je l'ai fait sans
broncher. Mais maintenant, j'ai peur de ce qu'il va se passer. Quand la porte
s'ouvre, je fixe mon regard sur le sol. Il entre, mais contrairement à ce que
je pensais, il ne me calcule pas et part s'enfermer dans la salle de bain en
claquant la porte. Je me lève donc du lit sur lequel j'étais assise et
commence à faire les cents pas dans la chambre. J'aimerais bien en sortir,
mais j'ai peur de sa réaction. Mes yeux s'arrêtent sur une photo dépassant
d'un tiroir. Je jette un coup d'œil vers la salle de bain, qui est toujours
fermée, alors je me retourne vers le tiroir et m’empare la photo. Dessus, on
y voit Bhaltair et son père, plus jeunes d'au moins une dizaine d'années, et
deux femmes. Enfin, une femme et une jeune fille. J'imagine que la femme
est sa mère, par contre je n'ai pas la moindre idée de qui peut être la fille.
- On ne t'a jamais appris à respecter la vie privée ? retentit une voix
glaciale derrière moi.
Je me fige instantanément et ne dis rien. Je repose délicatement la photo à
sa place et me retourne en tremblant.
- Tu sais, sur cette photo deux personnes sont mortes, dit-il. Ma mère,
que mon père a tué, et ma sœur, que j'ai tué.
Un frisson me parcourt le corps à l'annonce de ses derniers mots.
- Tu as... pourquoi ?
- Tu n'as pas encore compris que j'ai un souci avec les femmes ?
Je déglutis péniblement et ne dis rien.
- Tu vas me tuer ? je demande.
- Tant que tu ne me mets pas hors de moi et que je ne te touche pas, ça
devrait aller.
Son regard froid ne me dit rien qui vaille. Je sens qu'avoir cette
conversation avec moi est déjà très compliqué pour lui, mais je me risque à
lui poser une dernière question.
- Et pourquoi est-ce que tu ne me tues pas ?
Il inspire profondément avant de répondre.
- Si je ne suis pas marié, je ne peux pas être chef, et si je ne suis pas
chef, je ne peux pas tuer mon père sans que ça ne me retombe dessus.
C'est donc la seule raison pour laquelle je suis encore en vie, parce qu’il
veut tuer son père ? Je me contente de hocher la tête. Cette journée a été
épuisante pour moi, et je n’ai qu’une envie, c’est de dormir. Lentement, je
me lève et me dirige vers la salle de bain, là où un pyjama est normalement
censé m'attendre, et comme je remarque qu'il ne dit rien, je m'y précipite
rapidement. Une fois à l'intérieur, je m'enferme et souffle un grand cou. Je
suis mariée avec une espèce de psychopathe sans cœur et cruel, qui tue sa
propre famille. Comment est-ce que je peux relativiser dans tout ça ? Je
retire ma robe, enfile la nuisette qui repose sur l'étendoir et me démaquille,
puis passe de l'eau sur mon visage. Il va falloir que je ressorte pour aller me
mettre sous les draps maintenant. J'inspire à nouveau une grande bouffée
d’air. Je peux le faire. J'attends encore une petite minute et décide
finalement de sortir. A ma grande surprise, Bhaltair est lui-même déjà
couché. Je m'approche donc discrètement de lui et soulève le drap. Je me
glisse dessous en tentant de faire le moins de bruit possible. J'éteins la
lumière grâce à l'interrupteur juste au-dessus de ma table de chevet et tente
tant bien que mal de fermer les yeux. J'espère juste une chose, c'est d'être
toujours en vie demain matin.
**
Quand je me réveille le lendemain, je remarque que Bhaltair n'est plus là.
C'est loin de me déplaire, évidemment. Sauf que ce qui est étrange, c'est que
j'entends des gémissements provenir de la salle de bain. Je m'en approche
et, discrètement, entrouvre la porte. Oh, mon Dieu. Bhaltair est en train de
coucher avec une femme, qui a l'air d'adorer se faire prendre avec violence
contre le lavabo. Dégoûtée par cette vue rebutante, je m'apprête à refermer
la porte et faire comme si je n'avais rien vu lorsque je le vois sortir
discrètement un couteau de sa poche. La femme, dos à lui, ne le voit pas
venir et avant que je n'ai le temps de réaliser ce qu’il se passe, il le lui
enfonce dans le dos. Elle hurle de douleur, tandis qu'il le retire et l'enfonce à
nouveau. Elle essaye de se retourner mais n'y arrive pas, piégée par le corps
de mon mari.
Il répète ce geste au moins une dizaine de fois, jusqu'à ce qu'elle ne bouge
plus, baignant dans son propre sang. Je porte une main à ma bouche. Plus
les heures passent, et plus je comprends que ma survie avec cet homme va
être compliquée. Je me souviens de ce qu'il m'a dit hier soir « tant que tu ne
me mets pas hors de moi et que je ne te touche pas, ça devrait aller ». Pour
le coup, c'est clair que je ne le tenterai pas de me toucher. Soudain, la porte
contre laquelle je suis appuyée grince et il tourne immédiatement la tête
dans ma direction. Je n'ai pas le temps de la refermer et prétendre que je n'ai
rien vu, c'est trop tard. Il a sauvagement assassiné cette pauvre femme, et il
n'a pas l'air d'avoir une once de regret. En même temps pourquoi en aurait-il
? C'est un psychopathe. Il s'éloigne du cadavre, qui est déjà la troisième
personne qu'il tue sous mon nez en moins de 24 heures, et s'approche
dangereusement de moi. Je m'éloigne. J'essaye d'aller le plus loin possible
de cet individu mais j'ai à peine fait quelques pas qu'il m'attrape par le bras
pour me maintenir proche de lui.
- Qu'est-ce que tu fous à me regarder baiser ?
Voyant mon affolement, il ajoute :
- Arrête de chialer, j'ai déjà envie de t'ouvrir le ventre.
- Je...
- T'as d'la chance que je vienne de tuer, sinon j'aurais déjà pété un
câble et je t'aurais égorgé.
Il me lâche brusquement, me faisant tomber par terre, et quitte la chambre
en claquant la porte. Et que va-t-il advenir de ce cadavre ? Je ne me pose
pas plus longtemps la question puisque deux hommes, qui ressemblent à
des soldats, viennent et se dirigent vers la salle de bain sans me calculer.
Je reste sur le sol pendant une bonne quinzaine de minutes avant de me
relever. Je m'empare de mon téléphone et envoie un message à mon père. «
Il a tué une femme juste sous mon nez, je vais y passer dans la semaine si
ce n'est même aujourd'hui ». J'aperçois qu'il lit immédiatement mon
message, mais il ne me répond pas. Je soupire et une larme solitaire coule le
long de ma joue. Il faut que je sorte d'ici, j'ai besoin de prendre l'air, c'est
impératif. Je m'habille rapidement, m'attache les cheveux et sors de la
chambre à pas de loup. Il y a une forêt d'une centaine d'hectares qui entoure
le manoir, alors je peux me promener dedans sans garde du corps ni rien. Je
descends les marches, traverse la salle commune où Bhaltair a arraché le
cœur de l'homme hier soir, et j'arrive enfin dans le hall. Je m'empare de ma
veste et ouvre la porte mais évidemment à ce moment-là, j'entends des pas
arriver dans mon dos.
Chapitre 5

- Tu fais quoi ? demande Bhaltair de son habituelle voix glaciale.


- Je sors faire un tour. J'ai le droit.
- Non. Je sors en ville alors tu viens avec moi.
Je fronce les sourcils et me tourne vers lui.
- Pourquoi donc ?
Il inspire un grand coup en fermant les yeux.
- Parce que tu es ma femme et que je ne te laisse pas seule ici.
Il attrape un manteau et me balance le mien dessus.
- On y va, dit-il.
Je le suis alors sans rien dire. Après ce que j'ai vu ce matin, je sais
maintenant qu'il peut vraiment péter un câble à n'importe quel moment. Et
puis du moment que je sors de ce manoir, ça me va. Nous nous installons
dans sa voiture, une Porsche noire à vitres teintées, et j'ose lui demander où
est-ce que nous nous rendons.
- J'ai un rendez-vous, me répond-il simplement.
Un rendez-vous... pour se faire soigner ?
Nous roulons une bonne trentaine de minutes avant qu'il ne s'arrête devant
un hôtel de luxe. D'accord, ce n'est définitivement pas un rendez-vous pour
sa santé mentale. Il descend alors je me dépêche de le suivre. Nous entrons
tout de suite à l'intérieur et il n'a même pas besoin de présenter de carte ou
quoique ce soit que tout le monde le laisse passer sans souci. Il se dirige
vers l'ascenseur, moi sur ses talons. Quand les portes se referment, une
légère appréhension me gagne. Nous sommes seuls à l'intérieur, et l'idée
pourrait lui prendre de me faire du mal. Les étages me semblent défiler trop
lentement. Je l'ai vu appuyer sur le onzième, et nous ne sommes qu'au
quatrième.
Après un temps qui m'a semblé durer une éternité, les portes de l'ascenseur
s'ouvrent sur un long couloir somptueux. Nous sortons et il marche jusqu'à
la chambre 1134, dont il pousse la porte sans même toquer. Nous traversons
une sorte de hall et pénétrons dans une chambre où quatre hommes, qui
étaient en train de discuter, gardent maintenant le silence, les yeux braqués
sur nous.
- Bhaltair, c'est un plaisir de te revoir, lance un homme avec une
longue barbe blanche à qui je donnerais facilement la cinquantaine.
Et... j'imagine que cette jeune femme est ton épouse ?
Il se contente d'un rapide hochement de tête avant de s'installer parmi les
quatre hommes. L'un d'eux commence à parler et je me sens rapidement de
trop.
- Euh...
J'essaye de les interpeller discrètement, mais ils ne m'entendent absolument
pas. Je me racle la gorge, sans plus de succès.
- Bhaltair ? je lance soudain.
Il se tourne vers moi d'un air énervé.
- Quoi ?
- Je... fais quoi moi ?
- Tu fermes ta gueule et tu attends que j'ai fini.
Je m'apprête à ouvrir la bouche une nouvelle fois mais il se retourne et
l'homme qui était en train de parler reprend ce qu'il était en train de dire. Je
n'ose pas l'ouvrir à nouveau alors j'attends, comme il me l'a dit.
Au bout d'une quinzaine de minutes à patienter sans rien faire, je commence
vraiment à m'ennuyer. Oh et puis après tout je suis sa femme, pas sa
soumise. J'ai le droit de sortir de cette chambre si j'en ai envie. Je tourne
donc les talons, me dirige vers la porte mais au moment où je pose ma main
sur la poignée, quelqu'un m'attrape par le bras et me retourne brutalement.
- J'peux savoir c'que tu fous ? fait Bhaltair en me relâchant.
- Je sors me dégourdir les jambes.
Il doit vraiment penser que je le provoque, alors que ce n'est même pas le
cas. Le peu de confiance que j'avais retombe aussitôt quand je vois son œil
droit devenir blanc. Quand il fait ça, j'ai bien compris qu'il s'apprête à faire
une crise et à commettre des dégâts.

Bhaltair

Sers son cou jusqu'à ce que ses yeux deviennent blancs et son teint livide.
Pourquoi est-ce qu'elle veut sortir alors que je lui ai dit de rester ici ? Elle
cherche à ce que je lui fasse du mal, en fait.
- Tu veux que je te frappe pour t'obliger à rester avec moi, c'est ça ?
Pas de souci.
Ma main s'apprête à attraper son cou mais elle m'évite de justesse et s'enfuit
en courant dans le couloir. Je ne vais pas la louper. Un rire s'échappe
soudain de ma bouche. Elle n'a pas la clé de la chambre, ce qui veut dire
qu'elle ne peut pas entrer dans l'ascenseur, et donc qu'elle est bloquée ici à
cet étage avec moi... elle court vite pendant que je me contente de la suivre
en marchant. Je sors mon flingue, dirigé par une force que je n'arrive pas à
contrôler, et le fais tourner entre mes mains. Quand elle se rend compte
qu'elle court droit dans un cul-de-sac, je l'entends commencer à pleurer. Elle
se laisse
glisser contre l'ascenseur et me regarde d'un air suppliant.
Arrache-lui les yeux.
- Elle ne mérite que ça.
Elle fronce les sourcils, ne comprenant pas de quoi je parle. Je m'agenouille
pour être à sa hauteur, pose une main à côté de sa tête contre l'ascenseur, et
plaque mon flingue sur sa tempe tout en la regardant droit dans les yeux.
- Ça te fait plaisir de me foutre en rogne ? Ou alors tu kiffes te sentir
menacée en permanence, dis-moi ?
Elle secoue énergiquement la tête de gauche à droite.
- Je voulais juste...
Je frappe un grand coup à côté de sa tête, désormais à bout de nerfs.
- Ferme ta gueule.
Et soudain dans un élan de rage, elle me pousse, ce qui me fait tomber en
arrière. Elle en profite pour prendre ma carte de chambre pour pouvoir
déverrouiller l'ascenseur. Le temps que je me relève et que je l'atteigne, les
portes se sont déjà refermées derrière elle.
- Putain...
Mon corps est pris de tremblements de rage. Dominé par ma conscience, je
m'explose la tête contre le mur. Je sens immédiatement un liquide rouge
couler le long de ma tempe. Je retourne précipitamment vers la chambre
dans laquelle avait lieu mon rendez-vous tout en prévenant le gérant de
l'hôtel de verrouiller toutes les issues.
- Donnez-moi une carte de chambre !
Ces bouffons se regardent tous en s'échangeant des regards. Je me frotte les
tempes tout en fermant les yeux. Ils ont tous décidé de me faire péter un
câble aujourd'hui. Je brandis mon flingue, et les troue tous les quatre d'une
balle en pleine tête. Je fouille le premier et m'empare de sa carte. Je cours
jusqu'à l'ascenseur malgré mes vertiges et la sueur qui commence à perler le
long de mon front, et entre dans l'ascenseur. Quand les portes se referment,
il commence à descendre mais beaucoup trop lentement. Je passe mes
mains dans mes cheveux de manière hystérique sans m'arrêter, presque au
point de mes les arracher. Je ne vois pas bien du tout, mais c'est la rage qui
me guide.
Troue-lui le crâne à cette salope.
- Oui, c'est tout ce qu'elle mérite.
Non, tu dois la torturer d'abord.
- Je crois que j'ai une idée.
Fais-la regretter de t'avoir manqué de respect.
- J'y compte bien.
Quand les portes de l'ascenseur s'ouvrent enfin, je la vois en train de tirer
sur les portes d’entrée comme si sa vie en dépendait. En fait c'est vrai, sa
vie en dépend.
Fais-lui comprendre qui tu es.
J'y compte bien. Quand elle me voit, elle tente de s'enfuir mais je l'attrape
habilement par le bras et la fait basculer de sorte à ce qu'elle tombe à la
renverse. Allongée sur le dos à même le sol, je m'assois sur elle, mes
jambes de part et d'autre de son bassin. À nous deux.
Chapitre 6

Neala

Je me débats de toutes mes forces. Je sens que ma dernière heure a sonné et


c'est pire que tout. Il prend mes deux poignets et les attache ensemble sans
que je n'arrive à faire quoique ce soit. Il est beaucoup trop fort et je ne peux
rien faire contre lui, surtout dans la position dans laquelle nous sommes. Je
m'attends à ce qu'il sorte son flingue, sauf qu'au lieu de ça, il sort un
couteau de sa poche arrière. Tétanisée, je me demande ce qu'il compte faire.
Me torturer jusqu'à ce que je meure ?
- Tu te permets de me provoquer, et même de me résister, dit-il.
Il se passe une main dans les cheveux, le front couvert de sueur, et son œil
blanc me fait terriblement peur.
- Ça ne passe pas ça. Non, ça ne passe pas. On m'a dit de t'arracher les
yeux.
Des larmes commencent à inonder mes joues. Et s’il comptait extraire mes
yeux de mes orbites avec ce couteau ??
- Bhaltair lâche-moi je t'en prie ! je tente, même si je me doute que ça
ne lui fera
absolument rien.
- Ferme-la ! crie-t-il.
Je sursaute et n'ose ajouter quoique ce soit.
- Bhaltair...
- Ouais, Bhaltair c'est mon prénom. Et tu t'amuses à me faire péter un
plomb, moi. Il faut que tu retiennes qui je suis, c'est peut-être
simplement ça le problème.
Il s'embrouille, je ne comprends absolument rien à ce qu'il raconte.
- Peut-être que si je te le grave tu t'en souviendra mieux ?!
Je ne comprends toujours pas ce qu'il veut dire, alors je continue de me
débattre tout en le suppliant de me lâcher.
- Nan nan nan, j'crois que tu n'as pas bien compris, poursuit-il.
Et sans que j’ai le temps de réaliser ce qu'il se passe, il soulève mon teeshirt
jusqu'en dessous des seins, laissant mon ventre a l'air libre. Mais que veut-il
me faire ?? Il approche son couteau et soudain, je comprends. Je hurle au
moment où la lame entre en contact avec ma peau. Il la bouge, me faisant
hurler encore plus. La douleur est insupportable, je sens que je suis proche
du malaise. Il enlève enfin le couteau, mais le renfonce juste après. Je me
débats en lui hurlant de me lâcher.
- Du calme, je n'en suis qu'au H.
Il est vraiment en train de faire ça. Il écrit son putain de prénom sur mon
ventre avec la lame de son couteau. Des larmes incontrôlées s’échappent de
mes yeux et tombent les unes après les autres sur le sol. Il lève son couteau
et l'enfonce à nouveau, m'arrachant un autre hurlement de douleur et de
supplication. Je sens mon propre sang couler pour venir goutter au sol. Il
recommence encore et encore à enfoncer sa lame dans ma chair. Je
préférerais qu'il me tue plutôt que d'avoir à supporter sa torture une minute
de plus.
- Tue-moi ! je m'écris soudain. Je t'en prie, tue-moi.
Si subir ce genre de chose va devenir mon quotidien avec lui, alors je
préfère mourir. Un rire hystérique s'échappe de sa bouche tandis qu'il se
penche vers moi.
- Non, non non non. Ça ne serait pas drôle. Je vais attendre un petit
peu avant de faire ça, genre quelques mois. Parce que crois-moi, j'ai
une putain d'envie de te tuer. Malheureusement je ne le peux pas
encore, alors je passe mes nerfs autrement, dit-il en faisant à nouveau
glisser la lame contre ma peau, m'arrachant un énième hurlement.
Je commence à me sentir extrêmement mal. Je ne sais pas si c'est à cause de
tout le sang que je suis en train de perdre ou de la douleur, mais petit à petit,
mes yeux se ferment et je tombe dans les pommes.
**
Je me réveille avec une vive douleur à la tête. Ce qu'il vient de se passer
avec Bhaltair me revient immédiatement en mémoire et je me redresse d'un
coup, sauf qu'une autre douleur, au bas du ventre celle-ci, m'arrache une
grimace. Je soulève mon teeshirt et remarque un très gros bandage sur toute
la zone où il m'a ouverte. Je ne peux pas retenir les larmes qui menacent de
s'échapper de mes yeux. La porte s'ouvre d'un coup sur mon père, ainsi que
celui de mon époux. Mon géniteur semble furieux.
- Neala bon sang ! Tu ne pourrais pas juste une fois dans ta vie écouter
ce qu'on te dit !? Je ne ferai pas le déplacement plusieurs fois, il faut
bien que tu retiennes la leçon ! N'essaye plus jamais de lui résister,
bon sang !
- Mais papa, il a gravé son prénom sur mon ventre à l'aide d'un
couteau ! Pourquoi est-ce que c'est sur moi que tu cries ??
- Bhaltair ne comprendrait pas. Il est malade, évite de le mettre en
rogne. Il faut que tu te soumettes à ses règles et tout ira bien.
- Mais je ne suis pas sa boniche bordel de merde !
- N'élève pas la voix, Neala, ordonne strictement mon père.
Bhaltair rentre dans la chambre à ce moment-là. Instinctivement, j’ai un
mouvement de recul. Il me lance un regard indifférent. Quel monstre.
- Ce soir tu vas rejoindre ceux qui étaient mes meilleurs associés, le
prévient soudain son père.
- Ok. Prépare-toi, dit-il en se tournant dans ma direction.
Je fronce immédiatement les sourcils. Comment ça « prépare-toi » ?
Comme je ne bouge pas, son regard s'assombrit.
- Tu... tu veux que je vienne avec toi ?
- Je ne laisse pas ce qui m'appartient seul dans un lieu où quelqu'un
pourrait y toucher, répond-il simplement. Il y a un dressing au -1, va
te trouver un truc correct.
Même si je ne sais pas ce qu'il entend par « correct », je ne veux pas le
contrarier alors je hoche la tête et sors de la chambre. Si j'ai bien compris,
cette maison comporte une partie sous terre, donc le -1, le premier étage, le
second, et enfin un troisième. C'est une gigantesque bâtisse qui doit
sûrement faire plus de mille mètres carrés. C'est seulement après être sortie
de la chambre que je me sens respirer à nouveau. Sa seule présence me
donne l’impression d’étouffer.
Je réalise que je ne sais pas dans quelle pièce est le dressing. Il m'a dit au -1,
mais il doit y avoir au moins une dizaine de pièces à ce niveau. Tant pis, je
n'ai pas envie d'y retourner, je me contenterai de fouiner. Je descends les
marches et tente la première pièce. Non, c'est une chambre. C'est la même
chose pour la deuxième et troisième pièce. Je m'approche de la quatrième et
déjà, celle-ci me paraît différente. Une sorte de reflet bleu étrange passe
sous l'espace qui sépare la porte du sol. Je fronce les sourcils. C’est étrange.
Je la pousse quand même et dès l'instant où je vois ce qu'elle contient, je ne
peux empêcher un cri de s'échapper de ma bouche. Au plein milieu de la
pièce trône un aquarium de forme ronde dans lequel se trouve un putain de
grand requin blanc ! Il est gigantesque et ce qui me fait le plus peur, c'est le
fait qu'il ait l'air plutôt agressif.
- Oh, mon Dieu...
Suite à mon cri, mon père, celui de Bhaltair et mon mari arrivent. Dès que
Bhaltair voit où je suis, il m'attrape le bras et nous sort de la pièce, puis la
referme.
- Qu'est-ce que tu foutais là ? demande-t-il d'un froid alarmant.
- Je... tu ne m'as pas dit dans quelle pièce était le dressing alors je...
- T'as fouillé ?
Je hoche lentement la tête. Je n'ose pas le regarder dans les yeux.
- Tu voulais rencontrer la façon dont tu vas mourir ? murmure-t-il
soudain.
- Quoi ?! je fais en redressant immédiatement la tête.
Il fronce les sourcils d'incompréhension.
- Tu... tu viens de dire...
- Je n’ai rien dit, répond-il d'un ton tranchant, ce qui ne laisse aucune
place à la conversation. C'est là-bas, dépêche-toi, ajoute-t-il en me
montrant une pièce.
Je ne me fais pas prier et m'y précipite. Non mais sérieusement, quel genre
de psychopathe il est pour avoir un tel animal chez lui ??
Chapitre 7

Une fois dans le dressing, je me rends rapidement compte que les seuls
vêtements qu'il y a sont des robes courtes et moulantes. J'en déniche une qui
me semble à peu près convenable, une argentée à bretelles fines, courte et
moulante donc, marquée à la taille par une ceinture épaisse de la même
couleur. Je n'en reviens toujours pas de ce que je viens de voir. Je ne sais
pas ce qui me choque le plus entre ce grand requin blanc qu'il cache sous
son toit ou le fait qu'il m'ait expressément fait comprendre qu'il comptait me
faire manger par cette bête.
Après m'être habillée, je sors à reculons de la pièce. Je ne suis absolument
pas pressée de revoir mon époux. C'est marrant, ce mot sonne presque
ironique dans ma bouche. Quand il me voit, il ne fait même pas attention à
ce que je porte. Je crois qu'il s'en fiche en fait. Nos pères ne sont plus là, ils
ont dû s'en aller pour ne pas augmenter le risque de crise de Bhaltair.
Il commence à marcher alors je le suis. Je le suis jusqu'à une limousine qui
pourrait contenir une classe entière. Je m'installe et il s'assoit après moi.
Même si je n'ai pas envie de parler, le silence qu'il y a entre nous
m'angoisse. Car quand il ne parle pas, il songe. Et Dieu sait ce qu'il y a dans
sa tête.
- Ce... ce requin...
- Hiomakone.
- Quoi ?
Il me lance un regard noir avant de prendre son téléphone pour faire je ne
sais quoi dessus. Est-ce que c'est le nom du requin ? « Hiomakone » signifie
littéralement « broyeur » en finnois. Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer
de la situation. J'ai l'impression que plus le temps passe, plus je découvre
qui il est, et ça ne va clairement pas dans le bon sens. Ma peau me tiraille
sous la robe. Quand je pense qu'il m'a gravé son prénom dessus, ça me
donne envie de crier. Son téléphone sonne et son expression devient plus
aigrie. Il semble énervé en décrochant l’appel. Une personne semble lui
parler à l’autre bout de la ligne et ça n’a pas l’air de lui plaire.
- Très bien, mais sachez que si vous ne respectez pas les règles du
contrat je ferais un snuff movie avec votre fille en actrice principale.
Je ne sais pas à qui il parle, mais ça semble tendu. Il raccroche son
téléphone et je vois son regard se poser sur mes cuisses nues. Je les resserre
discrètement.
- Cette robe n'est pas correcte, dit-il.
- Comment ça ?
- Je t'avais dit de mettre une robe correcte, et tu ne m'as pas écouté,
ajoute-t-il en ignorant ma question.
J'entends sa respiration s'accélérer. Merde, s'il recommence à s'énerver, c'est
moi qui vais tout prendre. Je vois le chauffeur nous jeter un coup d'œil dans
rétro mais il détourne vite le regard.
- Je... je la trouve correcte donc...
Je n'ai même pas le temps de finir ma phrase qu'il m'attrape par le cou pour
venir me bloquer contre la banquette. Il sort un couteau de je ne sais où et
commence à découper la robe. Je me débats, j'ai atrocement peur qu'il abuse
de moi à ce moment précis.
- Qu'est-ce que tu fais !? Lâche-moi !
Son œil devient blanc. Merde, c'est super mauvais signe... je commence à
pleurer sans
même le vouloir. Il déchire ma robe du bas qui recouvrait mes jambes
jusqu'au haut qui cachait ma poitrine. Une fois qu'il l'a découpé en deux, il
arrache le débris brutalement. En sous-vêtements sous lui, je sens mes
larmes redoubler. Mais contrairement à ce que je pensais, il s'éloigne et se
rassoit dans son siège. Je me redresse brusquement et blottie mes jambes
contre ma poitrine.
- Tu ne m'as pas écouté, c'est ton souci. Tu iras en boîte dans cette
tenue.
- En... en sous-vêtements ??
En fait, ce n'est même pas le fait que j'ai mis une robe qu'il a jugé « non
correcte » qui le dérange, mais le fait que je lui ai désobéi...
- On ne me laissera pas entrer...
Il me lance un regard méprisant.
- Je suis le maître de ce pays. Je fais rentrer et sortir qui je veux de
n'importe quel endroit.
Mes larmes coulent de plus belle. Après tout ce qu'il m'a déjà fait en si peu
de temps, je vais devoir vivre une humiliation supplémentaire. Je ne sais
pas si je vais encore pouvoir tenir longtemps...
Quand la limousine s'arrête, je jette un regard à Bhaltair. Il a bien l'air
décidé à me faire aller en boîte en sous-vêtements.
- Écoute, on peut peut-être trouver un terrain d'entente ou... ou je ne
sais pas moi, nous pouvons...
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il m'attrape par le poignet et me
sort de la voiture. Je manque de trébucher mais heureusement, il me
stabilise, puis me lâche une fois que j'ai retrouvé mon équilibre.
- Je te vois parler à un mec, que ça soit barman, videur ou même
fêtard, je lui troue le crâne, c'est bien compris ?
- Oui mais... on risque de m'aborder dans cette tenue...
Il me jette un coup d'œil et me détaille de haut en bas.
- À toi de faire en sorte qu'ils ne s'approchent pas, dit-il.
Hélas, j'ai bien peur de ne rien pouvoir y faire... il commence à marcher
vers une entrée qui semble réservé aux membres VIP, alors je me dépêche
de le suivre. Même si ce ne sont pas pour des bonnes raisons, je sais au
moins que je suis en sécurité avec lui, il ne laissera aucun mec lourd ou
pervers me toucher. Évidemment, mon accoutrement attire les regards. J'en
fais abstraction jusqu'à ce que nous entrions dans la boite. J'imagine que les
hommes qu'il doit retrouver se situent au coin VIP. Je le suis sans rien dire,
devinant que c'est la meilleure des choses à faire. Des sortes de serveuses
ou alors strip-teaseuses nous indiquent le chemin, et nous arrivons
effectivement dans un recoin en hauteur où nous avons vu sur tous les gens
qui dansent. Un groupe de quatre hommes tous âgés de la cinquantaine à la
soixantaine sont assis et discutent entre eux. Il y a des putes qui auraient
l'âge d'être leurs filles sur leurs genoux et de la drogue partout autour d'eux,
c'est malsain. Bhaltair s'assoit à la place libre qui lui était probablement
réservée et je me contente de rester debout, ne sachant trop quoi faire à part
couvrir mon corps du regard de ces porcs. L'un d'eux me remarque
justement et me fais un grand sourire dans lequel je vois plein de
perversion. Il chuchote quelque chose dans l'oreille de l'une des putes pour
qu'elle l'entende et prend la parole.
- Bonsoir ma jolie, j'ai demandé à ce que l'on t'apporte une chaise. Moi
c'est Dean. Je suppose que tu es la ravissante épouse de Bhaltair, dit-il
avec un fort accent américain.
Je le salue d'un signe de tête et jette un coup d'œil à mon époux. Si un
regard pouvait tuer, il serait déjà mort.
- Eh, fais gaffe, lance un autre type. Il paraît qu'il a déjà tué deux
hommes qui l'avaient regardé un peu trop longtemps.
- Ah, bah il est possessif avec ce qui lui appartient, c'est normal, fait
Dean en laissant son regard traîner un peu trop longtemps sur mon
corps à mon goût.
Une fille arrive avec une chaise dans les mains, qu'elle pose entre lui et
Bhaltair. Génial...
- Et tu nous expliques pourquoi elle est en sous-vêtements ? demande
Dean.
- On est là pour parler affaires ou parler d'une fille qui sera morte d'ici
la fin du mois ? lance soudain Bhaltair avec son habituel regard de
tueur.
Je déteste quand il sort de telles choses à propos de moi alors que je suis
juste à côté. En plus, il en parle comme si c'était quelque chose de banal,
qui devait arriver. Je ne veux pas que ça se passe comme ça et j'aimerais
bien qu'il arrête de parler de ma mort à tout bout de champ, ça commence à
être plutôt angoissant…
Chapitre 8

Comme je ne comprends rien à la conversation de Bhaltair et de ses


associés, je me lève pour aller danser. Mon mari ne me prête pas attention
mais je le vois me lancer un coup d'œil et un de ses sbires me suit de loin
pour me surveiller. Je descends du coin qui lui est réservé et me mêle à la
foule. Heureusement, les gens n'ont pas vraiment l'air de remarquer la façon
dont je suis habillée, ils ont probablement tous trop bu. Que Calor de Major
Lazer passe et je commence à bouger au rythme de la musique.
C'est la première fois que je sors en boîte de nuit avec des inconnus. Avant,
beaucoup de choses m'étaient interdites étant donné qu'il fallait s'assurer
que je reste vierge jusqu'à mon mariage. C'est d'ailleurs ironique, puisque je
le suis toujours. Quoiqu'il en soit, je danse comme si c'était la dernière fois.
Qui sait ce qu'il peut se passer dans les prochains jours ? Je soupire et vais
me poser au bar. Je demande à la barmaid un mojito et celle-ci me le
prépare.
- Hey.
Je me tourne vers cette voix masculine et me rend compte qu'elle provient
d'un inconnu. Je jette un rapide coup d’œil aux alentours. Le mec qui me
surveillait n'est plus là, mais je ne veux pas tenter le diable. Je me contente
donc de me lever et m'apprête à partir,
sauf qu'il m'attrape par le bras. Je me retourne en fronçant les sourcils.
- Tu te prends pour une star à m'ignorer comme ça ??
- Tu devrais vraiment me lâcher, je lui réponds simplement.
- Et pourquoi ça ??
La musique se stoppe d'un coup, et tous les gens présents dans la boîte
commencent à se plaindre.
- Pour ça... je murmure.
Les gens s'écartent quand Bhaltair, suivi de plusieurs de ses hommes,
déboulent, armés jusqu'aux dents.
- C'est quoi ce cirque ? fait le mec qui m'a abordé.
- Je tenterais le cirque de l'horreur, dit Bhaltair.
Il s'approche de lui et tout se passe si vite que j'ai à peine le temps de le
réaliser qu'il a attrapé le mec par la gorge. Il est en train de l'étouffer.
- On ne touche pas à ce qui m'appartient, mime-t-il en me regardant
droit dans les yeux.
- Mais c'est ridicule ! Je lui disais justement qu'il ferait mieux de s'en
aller !
Et en une fraction de seconde, il lui brise la nuque en me fixant droit dans
les yeux, sans aucune émotion. Un frisson parcourt mon corps. Des cris
retentissent et j'essaye de contrôler ma respiration pour ne pas faire de crise
de panique, ce qui s'avère assez compliqué.
- Le rendez-vous est fini, dit-il en lâchant le cadavre. On s'en va.
Je regarde le corps du mec.
- Mais...
Il s'approche de moi précipitamment et mon premier réflexe est de reculer.
Malheureusement, il est plus rapide et s'empare de mon bras, puis nous
entraîne ensuite vers la sortie, suivis par tous ses sbires. Je cours presque,
car il a une grande foulée. Une fois que nous arrivons à la voiture, il me fait
entrer d'abord et vient s'assoir ensuite. Le chauffeur démarre sans rien dire
alors que des larmes commencent à couler sur mes joues. Il me regarde et
souffle bruyamment. Je pense que mes pleurs lui donnent envie de me faire
du mal, beaucoup de mal, mais je ne peux plus le faire. Il est hors de
question que le reste de ma vie ressemble à ça : souffrir et regarder des
innocents mourir par ma faute parce que j'ai un mari complètement barge !
- Tu aurais pu lui mettre un simple coup de poing, ça aurait largement
suffit, tu n'avais pas besoin de le tuer ! je m’exclame.
Il ne me calcule pas alors je décide d'insister, bien décidée à en découdre
avec lui. À partir de maintenant, je ne le laisserai plus jamais me marcher
sur les pieds. Pour le faire réagir, je le pousse par les épaules. Cette fois-ci,
il se tourne vers moi mais le regard qu'il me lance me fait instantanément
regretter mon geste.

Bhaltair

Je rêve ou elle vient de me pousser ?


Éventre-la avec la crosse de ton flingue.
Je me tourne vers elle et lui lance un regard menaçant. Je commence
vraiment à avoir du mal à la supporter.
- Il n’y a pas assez de place ici, je te règlerai ton compte quand nous
rentrerons.
Je la vois déglutir et tout faire pour garder un air confiant, mais on ne me la
fait pas à moi, elle est terrifiée.
Une fois que la voiture s'arrête, je sors et ne l'attends même pas. J'ai besoin
de meth, alors je me précipite vers ma salle spécialement aménagée pour
contenir toutes mes drogues fétiches et sors des cristaux de
méthamphétamine d’un petit tiroir. Je les écrase et les inhale dans la minute
qui suit. Lorsque c'est fait, j'essuie mon nez et sors mon téléphone pour voir
où ma femme se trouve. C'est sans grand étonnement que j’aperçois qu'elle
s'est réfugiée dans notre chambre. Si elle croit pouvoir m'échapper, elle peut
toujours rêver. Ma vision s'assombrit. Je commence à péter un câble.
Serre sa gorge jusqu'à ce que l'air ne passe plus.
Putain, j'ai sacrément envie de faire ça. Ma main me démange. Mais si je la
tue, je ne pourrais pas rester chef et je ne pourrais donc pas tuer mon père
sans retombées. Putain, ça craint ! Il faut que je me calme avant d'aller la
voir, sinon je vais vraiment faire une connerie... je prends la première chose
qui me tombe sous le coude, c'est-à-dire un marteau, et m'explose la main
droite avec. Je suis tellement en transe que je ne ressens pratiquement pas la
douleur, même si je la devine en voyant du sang s’échapper de ma blessure.
Ma respiration se calme quelque peu. C'est bon, ça devrait le faire. Je pose
le marteau et sors de la pièce pour aller retrouver ma femme.
Une fois que j'arrive devant la porte de notre chambre, je l'ouvre
brusquement, ce qui la fait sursauter.
Étrangle-la.
Pas encore, mais bientôt... sa tête, qui affichait une expression terrorisée sur
le coup, est maintenant pleine de colère, je le ressens. Elle se précipite vers
moi à grandes enjambées et tente de me frapper, mais je la contre et la
balance au sol. Ça y est, je sens que je déraille à nouveau. Brusquement, je
m'agenouille sur elle, qui est toujours au sol, attrape ses poignets et les
relève violemment au-dessus de sa tête. Elle se débat avec férocité et hurle.
Je sors un briquet de ma poche et dès qu'elle le voit, elle semble
comprendre mes intentions.
- Combien de tortures est-ce que je vais devoir te faire subir pour que
tu apprennes à rester à ta place, hein ? je m’exclame.
Je sens une mèche de mes cheveux me tomber sur la tête, signe que je suis
en train de transpirer. Ça n’annonce absolument rien de bon pour elle.
- Tu n'es qu'un psychopathe ! Lâche-moi ! Jamais je ne me soumettrai
à toi, tu ne l'as pas encore compris ??
Je l'attrape à la gorge en lâchant ses bras, et commence à serrer pour la faire
taire. J'approche mon autre main de ses cuisses, toujours armé de mon
briquet. Elle me hurle de la lâcher mais je ne l'écoute pas. J'allume le
briquet et le rapproche de son entrejambe, puis brûle la peau de ses cuisses
juste en dessous. Elle hurle, et ça me procure un bien fou. Torturer des
femmes a toujours fait partie de mes crises de nerfs, surtout si c'en est une
qui a provoqué une de ces crises. Et en l'occurrence, c'est le cas ce soir.
Quand j'éteins le briquet, je redresse la tête, apaisé. Elle ne se débat plus
mais semble être en état de choc.
- J'espère que ça te servira de leçon, je lance avant de me redresser et
de la laisser seule et choquée dans la chambre.
Chapitre 9

Neala

Le lendemain matin, je me réveille sur le grand canapé du salon. C'est là


que je me suis réfugiée hier soir après que Bhaltair m'ait brûlé et je n'en ai
pas bougé. Heureusement qu'il n'est pas venu me chercher. J'écarte mes
jambes pour constater l'ampleur des dégâts. Ma peau est toute sèche et
marron. La plaie n'est pas très grosse, mais ça pique beaucoup. Il faut que
j'aille dans la salle de bain pour trouver une crème d'Aloe Vera, c'est très
utilisé pour soigner les grands brûlés. En tant que fille ayant grandi dans le
milieu criminel, on m'a fait suivre des cours de premiers secours.
Je monte donc jusqu'à notre salle de bain en faisant bien attention à ne pas
le réveiller, puis commence à fouiller dans les tiroirs. J'ouvre le placard qui
est derrière le miroir qu'il a explosé en y mettant un coup avec sa tête
quelques jours plus tôt, qui a d'ailleurs été réparé comme neuf, et cherche.
Je m'empare d'un tube sur lequel est marqué que c'est à appliquer sur les
brûlures superficielles. Ça devrait le faire, même si je suis quand même pas
mal brûlée. Je referme le placard et sursaute en voyant Bhaltair dans le
reflet. Je me retourne instantanément et plante mon regard dans le sien. Ses
bras sont croisés sur sa poitrine et son expression est indéchiffrable. Je
commence lentement à me diriger vers la sortie mais il m'interpelle. Je me
tourne alors vers lui.
- On va chez Dean ce midi. Il y a un contrat dont je n'ai pas eu le
temps de parler avec lui hier soir.
Tu n'avais qu'à pas être si pressé de me mettre une raclée. Je me contente
d'hocher la tête.
- Et habille-toi couvert. S'il repose les yeux sur toi une fois de plus,
j'en jugerai que c'est de ta faute.
Même si ce qu'il dit me semble injuste, je ne dis rien et me contente de
sortir de la salle de bain. Me retrouver seule dans la même pièce que lui me
fait tellement peur.
Je retourne dans le salon et commence à appliquer la crème sur ma brûlure.
Je grimace, ça pique vraiment beaucoup. Une fois que j'ai terminé, je
remonte dans la chambre pour m'habiller. Je n'ai malheureusement pas le
choix. Mais à mon plus grand bonheur, il n'est pas dans la pièce quand j'y
entre. Je fouille dans la penderie et m'habille des vêtements les plus
couvrants que je trouve. Au-delà de ne pas vouloir mettre Bhaltair encore
plus en rogne, je ne veux pas que ce vicieux de Dean me regarde. J'ai donc
enfilé un sweat et un jean large troué aux genoux. Ça faisait bien longtemps
que je ne m'étais pas habillée « simplement ».
À l'heure de partir, nous montons dans la limousine et je le vois jauger ma
tenue du regard. Puis, il sort un petit sachet de sa poche que je devine être
de la cocaïne. Il met son doigt dedans puis l’apporte à sa bouche. Je
détourne la tête, ça me répugne. En plus, il a tendance à être plus méchant
quand il est drogué. Enfin, ça ne l'empêche pas de me brûler la peau ou de
me graver son prénom sur le ventre quand il est sobre.
Une fois que nous arrivons, nous sortons et Bhaltair entre sans même
frapper. Dean nous attend, assis autour d'une table en verre.
- Je ne pensais pas te revoir en vie après la scène d'hier soir, lance-t-il
à mon égard.
Je ne dis rien.
- Ma cousine est dans la cuisine. Tu n'as qu'à aller la rejoindre, ici on
parle de trucs d'hommes, dit-il.
Merci mon Dieu. Je ne me fais pas prier et me dépêche de partir la
rejoindre. Une jeune femme à la chevelure châtain à qui je donnerais peut-
être vingt-cinq ans me salue chaleureusement.
- Alors c'est toi, la fameuse Neala dont tout le monde parle !
s'exclame-t-elle.
Je fronce les sourcils.
- On parle de moi ? je la questionne.
- Bien sûr, les hommes te décrivent tous comme le sexe symbole qu'ils
rêvent d'avoir au moins une fois dans leur lit.
Bhaltair serait content s'il apprenait ça.
- Et c'est vrai que tu es ravissante !
- Merci, je dis en souriant.
Elle n'a rien à m'envier, elle est d'une beauté à couper le souffle. Je
remarque soudain qu'elle me sonde de la tête aux pieds.
- Excuse-moi, mais est-ce que tu pourrais remonter tes manches ?
demande-t-elle.
Même si je ne comprends pas trop pourquoi elle me demande ça, je le fais
quand même. C'est la première fois que je peux entretenir une conversation
avec quelqu'un du même sexe que moi depuis que je suis mariée alors je ne
vais pas tout gâcher.
- Je suis étonnée, finit-elle par dire.
- Par quoi ? je demande en rabaissant mes manches.
- Eh bien je connais un petit peu Bhaltair. Ça m'étonne que tu n'aies
aucun bleu sur le corps.
- En fait...
C'est vrai qu'il ne m'a jamais « frappé » au sens littéral du terme. Violenté,
par contre, des centaines de fois.
- Il m'a fait pire que ça, crois-moi. J'aurais d'ailleurs préféré qu’il me
frappe.
- Qu'est-ce qu'il a bien pu faire de pire ? demande-t-elle.
Je soulève le bas de mon sweat et dès qu'elle voit ma cicatrice de son
prénom gravé sur mon ventre, elle porte une main à sa bouche.
- Et hier soir il m'a brûlé l'intérieur d'une cuisse, j'ajoute. Puis je ne te
parle pas du nombre d'hommes qu'il a tué à cause de moi.
Elle soupire.
- Je suis réellement désolée pour toi. Moi, j'ai eu de la chance de
tomber sur quelqu'un de pas particulièrement causant, mais pas
méchant non plus. Enfin, si je ne lui en donne pas l’occasion… Tu es
déjà très forte de ne pas t'être suicidée. Beaucoup à ta place auraient
déjà préféré quitter cette vie.
Même si Bhaltair me fait vivre un enfer, jamais de la vie je ne mettrai fin à
mes jours. À vrai dire, l'idée ne m'avait même pas effleuré l'esprit. Et puis
de toute façon, même si je devais mourir de ses mains, ça ne serait pas
avant un bon bout de temps. Il a besoin d'être marié pour pouvoir assassiner
son père sans représailles.
- Au fait, on ne s'est même pas présentées. Je suis Nina, et toi ?
- Tiens c'est marrant, nos prénoms se ressemblent. Moi c'est Neala.
Même si elle connait déjà mon prénom, c’est sympa d’entretenir une
conversation « banale » pour une fois.
- Sauf que je suppose que tu es native de Finlande, moi je suis native
américaine, dit-elle.
- Ça ne m'étonne pas, même ton cousin Dean possède un prénom
américain.
Elle hoche la tête.
- D'ailleurs, à propos de Dean, fais attention à ne pas te retrouver seule
avec lui.
- Pourquoi ça ?
- Je ne vais pas passer par quatre chemins, c'est un violeur. Si jamais tu
lui laisses l'occasion de te bloquer dans un coin, il ne te laissera pas
t'échapper. Il a déjà essayé d'abuser de moi une fois, quand il était
défoncé. C’est pour ça que j’ai dit
qu’il était méchant seulement quand je lui en donnais l’occasion.
J’essaye de ne pas rester seule avec lui trop longtemps à chaque fois,
on ne sait jamais.
Je porte une main à ma bouche.
- D'accord, merci du conseil...
- Mon but n'est pas de t'effrayer, mais comme je sais que Dean fait
partie des associés les plus importants de la mafia et donc de ton mari,
tu risques de le voir souvent.
- Et toi, c'est possible que je te revoie ?
Dans ce merdier chaotique qu'est ma vie à l’heure actuelle, une amie ne
serait pas de refus. Elle sourit gentiment.
- Si ton mari le permet alors oui, bien sûr.
Un sourire franc nait sur mes lèvres pour la première fois depuis que je suis
mariée. Avoir quelqu'un à qui je vais désormais pouvoir parler apporte un
peu de lumière dans ma vie.

Chapitre 10
Quand nous retournons dans la limousine, je ne peux m'empêcher d'ouvrir
la bouche.
- Pourquoi est-ce que tu es si sûr que je serai bientôt morte ? Tu te
rabaisses tellement au point de penser que tu auras tué ta propre
femme d'ici quelques semaines grand maximum ?
Il me jette un coup d’œil et souffle. Je vois déjà que cette discussion lui est
pénible. Il prend tout de même la peine de me répondre.
- Je suis malade. Ce n'est pas tout le temps moi qui ai les commandes.
Et si tu continues de me faire des reproches, je vais bientôt vriller.
Je soupire et détourne la tête.
- Pourquoi est-ce que tu n'as pas tué Dean ? je demande alors.
D'habitude, un peine un regard suffit. Il a passé toute la soirée le
regard rivé sur mes jambes nues lorsque nous étions en boite.
- Oh, son heure viendra. Mais pour l'instant j'ai besoin de lui.
- Pourquoi ?
Il frappe brusquement le siège sur lequel il est assis, ce qui me fait
sursauter.
- Arrête de poser des questions, dit-il.
Et je comprends qu'il est temps que je me taise. Le reste du trajet se passe
dans le plus grand des silences. Une fois de retour au manoir, je me dépêche
d'aller dans notre chambre pour enlever le sweat et le jean et me mettre en
pyjama. Je suis en train de me changer et sursaute en voyant Bhaltair
m'observer.
- Tu pourrais t'annoncer la prochaine fois s'il te plaît ? J'ai failli faire
un arrêt cardiaque.
- La prochaine fois t'en fera vraiment un, murmure-t-il.
- Hein ?
- Rien.
Je ne m'en formalise pas plus et finis d'enfiler mon haut de pyjama. C'est
l'heure d'aller dormir et comme d'habitude, j'ai peur. Je pense que la nuit est
un moment où ses troubles peuvent se révéler encore plus. Et puisque nous
dormons ensemble, ce n'est pas l'idéal.
- Demain j'organise une grande réception avec mes alliés, me prévient-
il soudain. Ne fais rien de stupide.
Comme draguer un de ses associés pour qu'il le tue juste après ? Ça ne
risque pas. Tous les gens dans ce milieu me répugnent plus qu'autre chose,
alors que c'est le milieu dans lequel j'ai grandi et aussi le seul que je
connaisse. Il se déshabille et garde son boxer puis s’installe sous les draps,
alors je vais le rejoindre et il éteint les lumières.
- Tu as une chose qui m'appartient, lance-t-il soudain. Et je compte
bien la prendre au plus vite.
- De quoi est-ce que tu parles ?
- Ta virginité.
Je ne dis rien. À moins qu'il compte abuser de moi, ce qu'il risque
probablement de faire un jour ou l’autre, il ne risque certainement pas de la
prendre « au plus vite ».
**
En plein milieu de la nuit, je suis réveillée par une vive douleur au ventre.
Je jette un coup d'œil à Bhaltair, qui dort. C'est dommage qu'il ait un
caractère de fou furieux, car il a un grand charme. J'allume la lumière à côté
de moi et remarque rapidement que... j'ai mes règles. J'ai tâché tout le drap
ainsi que mon short, fait chier ! Je me lève et commence à marcher sur la
pointe des pieds pour aller me changer et me nettoyer, sauf qu'évidemment,
Bhaltair se réveille. Je me fige. Il se redresse, se lève et s'approche
lentement de moi. Je reste figée, le regardant faire. Je ne sais pas comment
il va réagir. Peut-être qu'il va me violenter car il me trouvera sale et
dégoûtante, et ça me fait flipper. Il a forcément remarqué mon pantalon
taché de sang. Quand il arrive à ma hauteur, il penche légèrement la tête
vers moi et dit :
- Pourquoi est-ce que t'es debout ?
Son ton est tellement inexpressif que je pourrais en venir à me demander si
ce n'est pas un automate.
- Je... j'ai mes règles mais... mais je vais nettoyer et je sais que ça doit
te dégoûter mais...
Je me tais instantanément quand il pose sa main sur l'intérieur de l'une de
mes cuisses. Je fronce les sourcils tandis que ma respiration s'accélère. J'ai
peur de ce qu'il va faire. Il remonte sa main, jusqu'à ce que celle-ci s'arrête
sur la bordure de mon short. Une fois à cet endroit, il la passe sous le tissu
et mon rythme cardiaque augmente encore plus. Je sens l'un de ses doigts se
déplacer sur ma peau nue mais heureusement, il ne remonte pas jusqu'à mon
intimité. Puis, il retire sa main et je vois mon sang sur l'un de ses doigts. Je
comprends instantanément son message. Il a les mains couvertes de sang,
au sens littéral comme au sens figuré. Il tue sans arrêt et parfois même sans
raison. Mon sang ne peut pas le dégoûter, il est habitué. Je me sauve
soudain et pars dans la salle de bain, puis m'y enferme. Ce n'est pas tant le
fait qu'il m'ait touché qui me met dans cet état, mais plutôt le fait que ça ne
m'ait pas autant dégoûtée que je l'imaginais.
Je passe le reste de la journée allongée sur le grand canapé du salon en
short. Le jean que j’avais mis commençait à irriter ma peau abîmée alors j'ai
préféré le retirer. Je ne sais pas quelle heure il est mais je sais que Bhaltair
est sorti, sans moi cette fois-ci. Je ne vais absolument pas m'en plaindre.
Seulement, ça me paraît étrange, puisqu'en temps normal il veut tout le
temps m'emmener partout avec lui pour ne pas me laisser potentiellement
coucher avec un autre. Des bruits de pas retentissent derrière moi. Je me
redresse et aperçois un des employés de Bhaltair.
- Mademoiselle, il y a un appel pour vous.
- Pour moi ? je demande en fronçant les sourcils.
Je m'empare du téléphone.
- Oui ?
- C'est Nina, comment est-ce que tu vas ?
- Oh, ça va et toi ? je demande, contente de parler à une amie.
- Ça va. Dis-moi, tu sais où mon cousin et ton mari sont partis il y a de
ça plus d'une heure déjà ?
- Non. Je ne savais même pas qu'il était avec Dean.
- D'habitude il me dit où il se rend, c'est pour ça que je trouve ça
bizarre.
- J'essaye de te téléphoner si j'ai plus de nouvelles.
- D'accord, prends soin de toi. À plus.
- Bye.
Elle raccroche et je décide d'allumer la télé pour passer le temps. Rien de
bien intéressant, ils parlent des nouvelles grosses productions à paraître
prochainement. Je décide donc d'éteindre la télé et de me reposer. Puis, petit
à petit, je finis par m'endormir.
**
Le bruit de la porte qui claque me réveille en sursaut. Je regarde rapidement
l'heure sur l'horloge centrale, qui indique deux heures et demi du matin. Je
me tourne vers l'endroit d'où provient le son et aperçois Bhaltair, couvert de
sang. Je dois bien avouer que je ne sais absolument pas quoi faire à ce
moment précis. Je ne sais pas si c'est son sang ou celui d'un autre. Est-ce
qu'il aurait déjà tué son père et prévu de me tuer juste après ? Il ne
m'adresse même pas un regard et se précipite dans les escaliers, laissant une
trace de sang sur son passage. Je me lève et le suis. Il se rend jusqu'à la salle
de bain mitoyenne à notre chambre et fouille dans tous les placards,
hystérique. Je le regarde depuis l'encadrement, ne sachant quoi faire.
J'essaye de l'analyser et rapidement, je remarque qu'il a pris une balle dans
la hanche. Je porte une main à ma bouche. En tant que femme dans la
mafia, j'ai très rarement été exposée aux blessés des gangs alliés, et c'est
plutôt impressionnant. Je fronce les sourcils en remarquant qu'il n'a pas pris
qu'une balle, mais... trois ! Il se saisit d’une pince chirurgicale, d'une
aiguille et de fils, puis se tourne vers moi. Je me fige instantanément.
- Va chercher de l'alcool fort, tout de suite ! s'exclame-t-il.
Je sors de la salle de bain et descends vite les escaliers jusqu'au bar. Je
cherche parmi les bouteilles et m'empare d'un rhum qui devrait faire
l'affaire. Je retourne en haut et remarque qu'il s'est assis sur notre lit. Il
m'arrache la bouteille des mains et en verse sur sa plaie sans même
sourciller. Je n'ose même pas imaginer à quel point ça doit piquer. Il
s'empare ensuite de la pince chirurgicale et l'enduit d'alcool. Puis, il
l'enfonce dans sa blessure à la hanche, à la recherche de la balle. Il est trop
nerveux et trop en colère, il ne pourra jamais y arriver sans se blesser
davantage. J'aperçois rapidement son visage et remarque qu'il a encore ce
toc, son œil droit qui devient blanc. Ça, ça me fait vraiment flipper. Du sang
s'écoule de sa plaie qu'il est en train de mutiler, et je ne peux m'empêcher
d'intervenir.
Chapitre 11

- Attends, je vais le faire, je dis en me rapprochant de lui.


Même si je le déteste du plus profond de mon cœur, je suis humaine et voir
quelqu'un le corps criblé de balles me rend malade. J'ai suivi une rapide
formation des secours à porter aux blessés, alors je vais tenter de me
débrouiller. Je suis à peine à dix centimètres de lui quand il me repousse en
s'exclamant :
- Ne t'approche pas de moi ou je t'explose le cerveau !
Je soupire.
- Ne sois pas bête, laisse-moi faire je...
Il lève la tête vers moi et son œil blanc me prend de court. Sa respiration est
haletante et ses cheveux sont complètement en désordre. Je risque de me
faire tuer.
- Tu n'y arriveras jamais tout seul, tu es trop nerveux.
Je me rapproche de lui à mes risques et périls et lui attrape la pince
chirurgicale des mains. Il tente de me pousser mais je m'agenouille pour
être à hauteur de la première balle et sans lui laisser plus de temps pour
m'éloigner de lui, j'enfonce la pince dans sa blessure. Il ne réagit pas,
l'adrénaline doit l’empêcher de ressentir de la douleur pour le moment.
J'attrape la balle et la retire, puis la laisse tomber au sol. Je lève la tête et
remarque que Bhaltair me fixe. Son œil est redevenu normal mais il semble
toujours autant énervé. Je me saisis de la bouteille d'alcool et en verse sur la
plaie où je viens d'extraire la balle. Il sert les dents et me repousse par les
épaules, me faisant tomber en arrière. Je me redresse.
- Il en reste deux. Si tu ne me laisses pas faire tu vas mourir.
- Dégage ! crie-t-il en donnant un coup dans la table de chevet,
renversant au passage la lampe et un réveil.
Mais il ne contrôle pas bien son geste et, sans doute affaibli par tout le sang
qu'il vient de perdre, il tombe et se retrouve allongé sur le sol. Je
m'approche de lui sans qu'il m'ait vu venir, enfonce la pince dans la seconde
blessure qui se situe dans le bas gauche de son ventre, et il tente de me
repousser mais je tiens bon. J'arrive à attraper la deuxième balle et la sors,
puis la laisse à même le sol elle aussi. Je m'empare de la bouteille d'alcool
et en verse une seconde fois sur son corps. Il se tend et donne un coup de
poing dans la bouteille, qui part voler à l'autre bout de la pièce. Je vais la
chercher en courant, elle ne s'est heureusement pas totalement vidée. Je
m'apprête à retourner vers Bhaltair mais remarque qu'il s'est redressé et
tente de partir de la chambre. Il s'accoude aux murs et tente de garder
l'équilibre, mais ça a l'air compliqué. Je me dépêche de le rejoindre.
- Tu veux que j'te brûle une deuxième fois ?! crie-t-il en me poussant,
me faisant à nouveau tomber.
Il peine à garder son équilibre. Je me fais mal ce coup-ci, mais me relève
encore.
- Si tu meurs maintenant, ton père aura la satisfaction de dire que son
fils était une mauviette et toi, tu n'auras plus jamais l'occasion de le
tuer ! je m'exclame.
Il se stoppe, puis se tourne vers moi, les yeux remplis de rage.
- D'où est-ce que tu te permets de me parler SUR CE TON ?!
s'exclame-t-il en m'agrippant pat la gorge, plaçant ma tête au-dessus
du vide, mon corps contre la rampe d'escalier.
J'ai tellement peur qu'il me balance par-dessus et que je meurs
lamentablement.
- Lâche-moi ! je m'exclame.
Il resserre un peu plus sa prise autour de mon cou et je pose une de mes
mains sur la sienne pour tenter de le faire lâcher ma gorge. Ça ne change
rien puisqu'il resserre à nouveau sa prise. Je commence à manquer d'air
quand soudain, il me lâche et s'éloigne. Il se met à tousser et s'effondre
contre le mur en face de moi.
Je reprends mon souffle et m'avance près de lui. Je m'agenouille pour être à
sa hauteur et il tente vainement de me repousser, mais je vois bien qu'il est
de plus en plus faible. Je m'empare de la pince chirurgicale qui était tombée
au sol quand il m'a agrippé par le cou, et l'enfonce dans la troisième et
dernière blessure, qui se situe juste au-dessus de son cœur. Il se débat et ne
me rend pas la tâche facile.
- Si tu bouges je risque de te tuer !
- Dégage ! lance-t-il en me repoussant à l'aide de son pied sur mon
bassin.
Je tombe à nouveau en arrière mais la pince, elle, est restée dans sa plaie.
J'y retourne et tandis que Bhaltair tente à nouveau de me pousser, je sens la
balle, la saisie et l'extrais de son corps. Je lance ensuite la pince au sol. Je
m’empare du rhum et lui verse la fin de la bouteille sur sa blessure. Il
grogne et me pousse en arrière. C'est à moment-là que la porte d'entrée
s'ouvre sur le père de Bhaltair, accompagné d'un homme en blouse blanche
et de trois types armés.
- Il faut le recoudre ! je m'exclame.
Le médecin sort une seringue de sa poche et sans que Bhaltair ait le temps
de réagir, il la lui enfonce dans le bras. Il pousse un cri de rage et donne un
coup de poing au médecin qui s'effondre immédiatement, inconscient. Mais
Bhaltair ne tarde pas à tomber dans les vapes, sous le regard de son père,
qui se tient parfaitement immobile.
- Emmenez-le et trouvez-moi un médecin capable de recoudre cet
imbécile ! s'exclame-t-il avant de faire demi-tour et de descendre les
marches à grandes enjambées.
Les types armés s'y prennent tous les trois pour soulever Bhaltair et
l'emmener jusqu'en bas des escaliers, puis jusqu'à la sortie. Ils passent le
seuil de la porte et une fois qu'ils sont sortis, je m'avachis au sol. Le silence
envahit le manoir et le seul bruit audible est ma respiration haletante après
tout ce qu'il vient de se passer. Il y a du sang partout sur le sol et sur les
murs, et l'odeur me donne la nausée. Ma respiration se calme petit à petit,
même si je n'arrive pas encore à réaliser ce qu'il vient de se passer. Je viens
de sauver la vie de celui qui fait de la mienne un enfer.
**
Le lendemain matin, je me réveille au même endroit où je me suis endormie
cette nuit. Le seul truc qui a changé, c'est que toute trace de sang a
entièrement disparu. Je me redresse et immédiatement, une vive douleur me
prend. Mon corps entier me fait souffrir. Je me déshabille et me précipite
vers le grand miroir de notre chambre, et remarque que mon corps n’est
plus qu’un énorme hématome à cause de toutes les fois où il m'a repoussé
pendant que j’essayais de le soigner. Mes bras sont couverts de bleus et le
bas de mon ventre est violet. Je porte une main à mon cou en voyant que la
trace de sa main autour de celui-ci a laissé une grosse marque violacée. Je
me retourne et remarque que mon dos est lui aussi couvert de bleus. Je
soupire. Sous le coup de l'adrénaline, je n'ai quasiment pas ressenti de
douleur, et pourtant je suis sacrément amochée. Mais Bhaltair est dans un
état mille fois pire que le mien, et je me demande s'il s'en est sorti. Je ne
peux rien faire d'autre qu'attendre maintenant. Le connaissant un minimum,
j'ai bien peur de devoir admettre qu'il me semble increvable.
Chapitre 12

En fin d'après-midi, je me suis fait couler un bain pour apaiser mes muscles
endoloris et ça doit déjà faire une bonne heure que je suis dedans quand
j'entends la porte de la salle bain claquer. Je me tourne précipitamment et
sursaute en voyant Bhaltair. Je suis complètement nue et à sa merci. S'il
veut abuser de moi, il peut le faire sans aucune peine. Mais je remarque un
truc qui cloche tandis qu'il s'approche de moi. Il pue l'alcool. Il s'assoit sur
le bord de la baignoire et commence à observer les différentes parties de
mon corps qui sont hors de l'eau. Quand il remarque les bleus, ses yeux se
plissent.
- Je n'ai pas pour habitude d'abîmer ce qui m'appartient, remarque-t-il
simplement.
- Tu aimes bien y poser ta signature par contre, je remarque.
Et sans que j'ai le temps de réaliser ce qu'il se passe, je me retrouve la tête
plongée sous l'eau, sa main m'empêchant de remonter à la surface. Je me
débats et remue dans tous les sens, tout en tentant de maintenir l'eau hors de
mes poumons. Mais rapidement, l'oxygène me manque et inévitablement,
j'ai le mauvais réflexe d'ouvrir la bouche. L'eau entre dans mon corps et je
n'arrive pas à respirer, alors je commence à m'étouffer sous l'eau. Est-ce
qu'il veut me tuer ? Est-ce que c'est son but ? Car si c'est le cas je ne suis
absolument pas en position de lutte, il peut en finir avec moi à tout moment.
Seulement, il est hors de question que je laisse une telle chose arriver ! Je
me débats du mieux que je peux quand enfin, il retire sa main et je peux
remonter à la surface. Je tousse beaucoup et inspire autant d'air que je le
peux. Pendant une fraction de seconde, j'ai vraiment cru que c'en était fini
pour moi. Je tente de régulariser ma respiration et de la calmer, puis je
m'éloigne jusqu'au fond de la baignoire, fuyant son regard. Il me laisse la
vie sauve seulement pour pouvoir plus tard tuer son père sans représailles. Il
me fixe de ses deux yeux aussi sombres que les ténèbres avec un regard
noir. Je n'ai clairement pas envie d'entamer une discussion avec lui, mais je
n'ai encore moins envie qu'il me fixe de la sorte, alors je lance une
conversation.
- Tes... tes blessures sont bien rebouchées ?
Il me fixe toujours sans répondre. Merde à la fin ! Mais qu'il arrête !
Comme il ne détourne pas son regard, j'attrape une serviette que j'avais
préalablement posé là et sors de la baignoire en lui dévoilant le moins
possible de mon corps.
- Heureusement que tu n'as pas eu de grand frère, lance-t-il soudain
alors que j’ai le dos tourné.
- Pourquoi ça ? je demande en fronçant les sourcils tout en me
retournant vers lui.
- Il t'aurait baisé depuis bien longtemps déjà.
J'aurais plutôt dit violer, mais comme il n'aime pas que je le contredise, je
me tais. J'aimerais autant éviter qu'il essaye une seconde fois de me noyer.
Et soudain, quelque chose me revient en tête.
- Toi tu as eu une petite sœur qui m'a semblé très jolie sur la photo que
tu m'as montré le premier soir de notre vie commune. Est-ce que tu
l'as... ?
Il me fixe encore un long moment et ne semble pas décidé à répondre. Je
m'apprête donc à quitter la salle de bain mais juste avant que je sorte, il
prend enfin la parole.
- Non. Par contre toi, tu n'es pas ma petite sœur, alors surveille tes
arrières.
Je fronce immédiatement les sourcils. Est-il implicitement en train de me
faire comprendre qu’il pourrait me… ? Je refuse d’y croire, même si au
fond de moi je sais que cet homme est imprévisible, violent, malade et
dangereux. Je quitte la salle de bain en vitesse, m’éloignant le plus loin
possible de cet homme.
Il a essayé de me noyer et ça ne me traumatise même pas. Il a déjà tellement
fait pire. Je soulève la serviette et observe la cicatrice des lettres de son
prénom écrites sur le bas de mon ventre. J'aurai cette cicatrice à vie, il m'a
coupé trop profondément pour espérer que ça finisse par partir un jour. Je
sursaute quand quelqu'un toque à la porte de notre chambre.
- Oui ?
L’un des hommes de main de Bhaltair entre.
- Votre mari vous attend à l'étage -1. Il dit qu'il veut vous montrer
quelque chose.
Je fronce les sourcils mais hoche la tête. Je descends donc les escaliers qui
mènent jusqu'à l'étage et une fois que j'y suis, je me demande dans quelle
pièce je suis censée me rendre. Je ne me pose pas plus de question quand je
remarque qu'une des portes est grande ouverte. Et ce n'est pas n'importe
quelle pièce, mais celle dans laquelle il y a son grand requin blanc... je ne
l'ai vu qu'une fois, et cette bête me fait frissonner rien qu'en ayant
connaissance de son existence.
Je pénètre malgré moi dans la pièce et y découvre Bhaltair, sauf qu'il n'est
pas seul. Ligoté et menotté, un homme se tient allongé sur le sol. La seule
lumière provient de celle qu'il y a au-dessus du bassin de forme ronde.
- P... pourquoi est-ce que tu m'as fait venir ici ?
- Je veux te montrer un des possibles sort qui t'attend si tu te montres
une fois de plus arrogante avec moi.
Je fronce les sourcils, ne comprenant pas où il veut en venir. Il s'approche
de l’homme au sol, le relève à la force d'une seule main, et l'emmène
jusqu'à une sorte de grue. Il dépose le type dedans et, grâce à je ne sais
quelle manipulation, il positionne le bout de la grue à 2 mètres au-dessus de
l'aquarium. Quand je comprends ce qu'il compte faire, je me tourne
précipitamment vers lui.
- Non, tu ne peux pas faire ça Bhaltair !
- Ah oui, vraiment ?
Il appuie sur un bouton et le bout de la grue se retourne, sous les hurlements
de l’homme
qui tombe dans l'eau. J'aurais aimé pouvoir détourner la tête à temps,
malheureusement je ne suis pas assez rapide et j'ai le temps de voir le
requin arracher la jambe du type. L'eau devient immédiatement rouge et je
ferme les yeux en détournant la tête. C’est sans compter sur Bhaltair, qui se
place derrière moi, mon dos collé à son torse, qui attrape mon visage et me
force à regarder.
- Attends, le meilleur n'est pas encore arrivé, murmure-t-il à mon
oreille.
Tandis que le pauvre homme essaye de nager le plus loin possible du
requin, il parcourt à peine quelques centimètres qu'il se fait arracher un
bras. J'arrive à voir la douleur sur son visage. Il commence petit à petit à
suffoquer et, tandis que j'essaye à nouveau de détourner le regard, Bhaltair
m'en empêche et maintient mon visage en place. Puis, d'un troisième coup
de mâchoire, le requin découpe le corps en deux. J'arrive enfin à détourner
le regard et sens une nausée commencer à m'envahir.
- Tu... tu es un monstre... je peine à murmurer.
Un sourire démoniaque se dessine sur ses lèvres.
- Et tu sais ce qu'il y a de marrant ? C'est que chaque soir, je songe au
fait que ça sera bientôt toi qui sera à la place de tous ces types qui se
font bouffer vivant.
Un haut-le-cœur me prend. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de le sauver cette
nuit. C'était une horrible erreur. J'aurais dû le laisser mourir et me laisser
une chance de m'en sortir, mais au lieu de ça j'ai préféré le sauver car je ne
peux pas voir quelqu'un souffrir sans intervenir. Ce qui est bien loin d'être
son cas, apparemment. Ce type me rend vraiment malade.
Chapitre 13

Le lendemain matin, Bhaltair m'apprend que ce soir, nous nous rendons à


une réception chez un gang allié. Normalement, cette réception devait avoir
lieu chez nous hier soir, mais il l’a annulé à cause de la nuit précédente,
quand il est rentré le corps criblé de balles. Me rendre à cette réception ne
m'enchante pas vraiment, le seul point positif est que Nina sera là. Et
puisque c'est une fille, je peux lui parler sans avoir peur des représailles de
mon mari. Je trouve ça d'ailleurs idiot, je pourrais très bien le tromper avec
elle si j'en avais envie. Assise devant mon petit déjeuner, j'essaye de ne pas
croiser le regard de celui qui hante mes cauchemars depuis maintenant
plusieurs nuits d'affilées. Il n'est pas du genre bavard alors je m'imagine
prendre un repas tranquille sauf que soudain, il ouvre la bouche.
- Ce soir tu mettras quelque chose qui cachera tes bleus.
- Pourquoi ça ? Tu n'assumes pas l'homme que tu es ?
Il lève son regard vers moi et je me tais immédiatement. Je suis parfois trop
impulsive quand je parle. Un soupire m’échappe.
- Il me faudra une longue robe à manches longues également, je lance.
Il ne répond rien. Je décide alors de quitter la table et d'aller prendre une
longue, très
longue douche.
Le soir, je m'habille d'une robe bleu nuit moulante qui descend jusqu’à mes
chevilles, à manches longues et avec un super décolleté qui me fait une
belle poitrine. Elle est fendue jusqu'à mi-cuisse. Je chausse des talons bleu
nuit vernis et prends une pochette de la même couleur. Niveau maquillage,
je me contente de gloss rouge mat et de mascara. Je n'ai jamais vraiment
aimé me maquiller. J'ondule ensuite mes cheveux et les laisse tomber dans
mon dos. Puis, je rejoins Bhaltair, qui attend déjà dans la limousine. Il
semble valider ma robe, puisqu'il ne fait pas de remarque dessus.
Le trajet se passe dans le plus grand des silences, comme la plupart du
temps, et quand nous arrivons, il est le premier à descendre. Nos épaules se
frôlent au moment où je sors de la voiture, juste après lui, et pour la
deuxième fois, un étrange frisson me parcourt le corps à son contact. Est-ce
que je serai malade ?
La soirée se déroule dans une magnifique villa de quatre étages et il y a déjà
énormément de monde dans la salle de réception. Bhaltair attrape deux
verres de champagne et m'en passe un. J'aperçois Nina au loin, qui me fait
des grands signes.
- Je vais rejoindre Nina, je l'informe.
Il ne dit rien alors je pars la rejoindre, soulagée qu’il ne m’empêche pas de
la voir.
- Comment est-ce que tu vas ? demande-t-elle.
- Bien, je mens.
Mes bleus me font souffrir.
- Bon, très bien.
Elle fouille alors dans sa poche et en sort...
- Une clé ? Pourquoi faire ?
- Tu sais où est-ce qu’elle mène cette clé ?
- Non, mais je suis sûre que tu vas me le dire, je réponds en souriant.
- Exactement ! C'est la clé de la cave à vins, je l'ai volé à un mec du
gang.
- Wow, vraiment ? Mais comment est-ce que tu as fait ?
- La manipulation par la séduction, ma chérie.
Je hoche la tête.
- Eh bien je te suis ! je m’exclame.
Elle sourit et tourne les talons vers la fameuse cave à vins. Je la suis à
travers plusieurs couloirs et un escalier. Certains hommes nous regardent
bizarrement, comme si nous portions sur notre tête que nous nous apprêtons
à faire une connerie, mais rien à faire. Ce soir, j'ai l'occasion de me laisser
aller alors je compte bien en profiter. Une fois que nous y sommes, je ne
peux qu'être impressionnée par toutes ces différentes bouteilles. Nous
échangeons un regard. Je sens que je ne vais pas rester sobre encore
longtemps ce soir...
**
- Aux femmes de la mafia ! je lance en levant ma bouteille de vin et en la
finissant complètement.
Nina et moi nous mettons à rire aux éclats.
- Je sens que Bhaltair ne va pas être content, et tu sais quoi ? Rien à
foutre ! je m’exclame, la voix pâteuse.
- Ahah moi c'est Dean qui va me faire passer un sal quart d'heure, mais
je m'amuse tellement !
- Et si on allait faire une entrée spectaculaire et digne de ce nom ?? je
propose soudain.
- Très bonne idée !
Nous nous levons, titubons, mais nous débrouillons pour faire le chemin
jusqu'à la salle de réception. Une fois que nous y sommes, je fais un
décompte.
- À trois, on entre dans la pièce avec une démarche calculée, ok ?
- Je te suis !
- D'accord alors... trois !
On explose de rire et entrons dans la salle au même moment. Tous les
regards se tournent
instantanément vers nous.
- Eh oh ! On est des canons ! je m'exclame.
- Des bombes tu veux dire !! s'exclame Nina à côté de moi.
On explose une nouvelle fois de rire quand soudain, je croise le regard
sombre de Bhaltair. Je suis sûre qu'il a envie de me tuer à cet instant précis.
Je manque de trébucher quand Dean arrive et attrape Nina d'un coup sec par
le bras, l'obligeant à lâcher le mien par la même occasion.
- T’es pas drôle ! je lance.
Je remarque un type me regarder avec dégoût.
- Eh, toi là ! Qu'est-ce que tu regardes ? T'as genre quoi, 120 ans alors
que ta femme a l'air d'en avoir 25 !
Il s'approche de moi et sans que je le vois venir, me gifle. Il me claque si
fort que je suis obligée de me retenir à une table pour ne pas m'effondrer.
Un blanc soudain règne dans la salle. Puis, petit à petit, des chuchotements
s'élèvent. Et enfin, un rire retentit. Mais pas un vrai rire, non. Un rire
sadique, limite cruel.
- Je rêve ou tu viens juste d'humilier ma femme ? retentit soudain la
voix de Bhaltair.
Le visage du type qui vient de me gifler se décompose immédiatement.
- Ta... f... femme ? Je suis vraiment désolé Bhaltair je n'en avais
aucune i...
- L'humilier elle en la giflant, ça en revient à m'humilier moi
également, dit-il très, ou plutôt trop calmement en avançant lentement
dans sa direction.
- Bhaltair écoute...
- Tu sais ce qui me fait encore plus chier que tes excuses pitoyables ?
Le type ne sait pas quoi répondre. Et à ce moment-là, je vois l'œil de
Bhaltair se retourner petit à petit et devenir blanc, signe qu'il ne va pas
tarder à partir en vrille.
- C'est de te voir mater ma femme comme si c'était à toi qu'elle
appartenait.
Ce qui se passe ensuite se déroule en une fraction de secondes. Bhaltair sort
un flingue
de l'intérieur de sa veste et tire sur le type puis sur sa femme. Des
exclamations de surprise retentissent. Et avant que je n'ai le temps de faire
quoique ce soit, Bhaltair s'approche de moi et m'attrape brusquement par le
bras, puis me sort à l'extérieur de la villa, à l'abris des regards indiscrets.
Dès qu'il s’arrête, il me lâche si brutalement que j'en tombe au sol, encore
bourrée.
- Je peux savoir à quoi est-ce que tu es en train de de jouer putain ? Tu
veux une balle entre les deux yeux, ou même peut-être dans la chatte,
histoire que ça m'apaise un peu ??
Je me redresse difficilement tout en m'adossant au mur de la villa, puis
porte une main à ma tête.
- J'en ai marre, j'en ai vraiment ras-le-bol...
Ses sourcils se froncent et son œil droit est toujours blanc.
- Je n'ai pas envie de donner bonne impression aux autres alors que tu
me fais vivre un enfer...
Il m'attrape fermement par le cou, me faisant grimacer, approche son visage
du mien et murmure :
- Si tu veux jouer à ça, très bien, on va jouer. Mais souviens-toi bien
que de nous deux, je suis celui qui n'a aucun principe.
Et il me lâche, puis repart à l'intérieur de la villa tandis que ses mots
raisonnent en boucle dans ma tête.

Chapitre 14

Bhaltair
Explose son crâne contre le mur en béton pour lui faire payer son
insolence.
- Oh ce que j'aimerais faire ça.
Quand j'aurai buté le fils de pute qui me sert de père, je m'en donnerai à
cœur joie.
- Excusez-moi ?
Je ne calcule pas le vieillard qui passe à côté de moi et retourne à la salle de
réception, là où je viens juste d’assassiner deux personnes. Les corps ont
déjà disparu, pas les traces de sang en revanche. Tout le monde s'écarte sur
mon passage, par peur des représailles.
Répand leur sang sur le carrelage et les murs.
Ouais, je rêve de refaire la tapisserie avec la tête de tous ces abrutis. Sauf
qu'ils sont utiles à la mafia, car ils sont tous très doués au tir et à la tactique.
Celle qui n'est pas utile, c'est ma femme. Pour qu'elle me foute la paix une
bonne fois pour toute, je devrais la baiser, la prendre de force si jamais elle
se refuse à moi, sauf que je sais que je la tuerais à la fin. Et si je faisais ça,
je perdrais toute chance de pouvoir tuer mon père impunément. C'est à ce
moment-là qu'elle revient à son tour dans la pièce. Dès que nos regards se
croisent, elle détourne le sien. Dès que je l'ai vu dans sa robe, j'ai
directement eu envie de la faire crier, autant de douleur que de plaisir. Tuer
des femmes juste après le sexe me provoque une montée d'endorphine
probablement plus élevée que la moyenne. Voir le sang couler me procure
un plaisir intense.
- On peut y aller ? demande-t-elle.
Elle semble mal à l'aise. Elle peut, après le cirque qu'elle vient de faire.
- Non. J'ai des gens à voir.
- Je peux t'attendre dans la voiture alors ?
Je la regarde de haut en bas et fronce les sourcils.
Déchire sa robe et baise-la devant tout le monde.
- Pourquoi est-ce que tu veux attendre dans la voiture ? je demande
froidement.
- Je... euh...
Elle cherche ses mots. Je sens qu'elle s'apprête à me mentir et j'ai horreur de
ça. J'imagine serrer son cou. Ça, je n'en ai pas horreur, c'est tout le contraire.
Elle s'apprête à ouvrir la bouche mais je la stoppe d'un signe de main. Elle
se tait, et quand la porte par laquelle elle est rentrée quelques secondes
auparavant s'ouvre, elle se retourne précipitamment pour voir de qui il
s'agit. C'est Juan, un associé espagnol. Elle se retourne vers moi l’air de
rien, mais je vois bien à son visage que quelque chose la gêne.
- Parle, je lâche abruptement.
- Quoi ?
- Tu sais très bien à quoi je fais référence. Parle ou je fais faire un
360°C à ton cou.
Elle souffle péniblement.
- Juste après que tu sois partis lorsque nous étions dehors, il a surgi de
je-ne-sais-où et m'a regardé de manière très dérangeante. Je pense que
si je n'étais pas rentrée il aurait tenté une approche.
Voilà encore un homme qui va mourir de la plus idiote des manières qui
soit. Pourtant, il devrait avoir appris la leçon avec le vieux que je viens de
buter.
- Tu ne vas pas le tuer juste pour un regard quand même ?
- Si.
- Je retourne à la voiture.
- Non.
- Oh si, il est hors de question que j'assiste à un meurtre de plus par ma
faute ce soir.
Elle fait demi-tour vers la sortie alors je l'agrippe par sa robe au niveau de
l'épaule, ce qui fait sauter des coutures et une bonne partie du tissu me reste
entre les mains. Putain, mais pourquoi est-ce qu'elle n'a pas mis de sous-
vêtements ??

Neala

Il m'attrape par ma robe si rapidement que les coutures sautent et qu'il


arrache toute la partie du buste. Je croise immédiatement mes bras sur ma
poitrine tandis que des exclamations résonnent de tous les côtés. Je vois de
la rage passer dans le regard de Bhaltair. Il m'attrape par mon bras
désormais nu et me conduit dehors. Une fois que nous y sommes, nous
marchons jusqu'à la voiture et montons à l'intérieur de celle-ci. Il jette un
coup d’œil au chauffeur et lance :
- Quoi, toi aussi t'as envie de mater ma femme ? J'te mets au défi ?
Bhaltair n'a jamais vu ma poitrine nue, alors être dans cette situation si
inconfortable face à lui me met profondément mal à l'aise. Je ne comprends
pas trop ce qu'il est en train de faire, mais il commence à déboutonner les
premiers boutons de la chemise qu'il porte, jusqu'à tous les enlever. Ensuite,
il l'enlève et son corps attire directement mon regard. Il se promène de sa
cicatrice qui m'a l'air de ne pas s'être infectée, à ses larges épaules. Mais
pourquoi est-ce qu'il se déshabille ?? Il s'approche de moi et
instinctivement, je recule. Il peut à tout moment m'agresser sexuellement.
Mais il n'en
fait rien, puisqu'il se contente de me balancer sa chemise dessus.
- Mets-la. Il est hors de question que tu te laisses regarder comme ça,
dit-il sur son habituel ton glacial.
Je ne sais pas si c'est la fatigue, le ras-le-bol ou juste l'alcool qui me motive
à dire ce que je m'apprête à dire, mais tant pis, je me lance.
- C'est de ta faute. C'est toi qui a arraché ma robe.
Son regard s'assombrit.
- Répète ?
- Non, tu as très bien entendu.
Soudain, il m'attrape par le cou et me plaque sur la banquette, lui au-dessus
de moi, ce qui fait que je ne peux plus bouger.
- Tu sais que te voir dans cette robe me donne envie de te baiser ? Et tu
sais très bien ce qui arrive aux filles avec qui je couche juste après un
rapport. Je les tue. Et tu sais quoi ? J'peux te faire tout ce que je veux
maintenant puisque tu es bloquée en dessous de moi.
Mon rythme cardiaque accélère. J'ai peur qu'il le fasse vraiment. Je ne vois
pas ce qui l'en empêcherait, pour être honnête.
- Mais t'as de la chance que j'ai besoin de toi vivante pour pouvoir
buter mon père.
Il se redresse, et je le fais aussi juste après. J'enfile sa chemise, parce que
bien que je n'ai absolument pas envie de porter quelque chose qui lui
appartient et qui a son odeur, je préfère ça à devoir tenir mes bras serrés
contre ma poitrine tout le trajet.
Une fois de retour au manoir, je me dépêche de monter jusqu'à notre
chambre et me couche directement, toute habillée. Tant pis pour la propreté,
j'ai juste envie de terminer cette journée au plus vite.
**
Le lendemain matin, je me réveille et remarque que je ne porte plus que la
chemise de
Bhaltair, ce qui signifie qu'il a retiré le bout de robe qu'il restait sur mes
jambes. Mais pourquoi a-t-il fait ça ? Je décide de ne pas directement me
faire des idées et de tout simplement aller lui demander, en espérant qu'il
me réponde et que ma question ne lui donne pas envie de m'attraper par le
cou et de m'étrangler comme il aime si bien le faire. Je passe rapidement
devant le miroir de la salle de bain pour me démaquiller, en profite pour
attacher mes cheveux et enfin, je descends les escaliers pour aller où il doit
probablement être : le salon. Une fois que je l'atteints, je m'apprête à rentrer
quand j'entends une voix qui n'est pas la sienne. Il n'est pas tout seul.
Chapitre 15

Je tends l’oreille et reconnais immédiatement de qui il s’agit.


- C'est primordial Bhaltair. Si elle meurt, tu perds la place de chef et tu
le sais très bien, dit le père de Bhaltair.
Est-ce qu'il lui a parlé de ses envies de meurtre sur moi ??
- Il me semble que nous ne sommes plus seuls, résonne la voix froide
de mon mari.
Il pousse soudain la porte derrière laquelle je me cachais et je vois son
regard traîner sur mes cuisses nues.
- Ah Neala, tu tombes bien, dit son père. J'étais en train de dire à
Bhaltair qu'il faudrait t'apprendre à manier une arme et viser
correctement. Si un accident comme celui de la dernière fois où mon
fils a été criblé de trois balles t'arrive, tu sauras te défendre.
- Euh je... il est hors de question que je tire sur qui que ce soit.
- Tu ne diras pas la même chose le jour où un gang ennemi s'introduira
dans le manoir et tentera de te violer.
J'avale difficilement ma salive. En fait, c'est plutôt contre son fils que j'ai
besoin de
me protéger.
- Puisque Bhaltair n'a rien de prévu ce matin, il va te montrer. Sur ce,
je vous laisse, je dois aller retrouver quelqu'un.
Il nous salue d'un hochement de tête avant de disparaître.
- Je rêve du moment où je verrai sa cervelle éclabousser les murs.
Je grimace, et repense à la raison de ma venue dans le salon.
- Sinon je voulais savoir, c'est toi qui m’as... déshabillée ?
- Oui.
Des secondes pendant lesquelles j'attends qu'il explique pourquoi il a fait ça
passent mais comme je réalise qu'il ne va rien ajouter, je reprends la parole.
- Pourquoi ça ?
Il souffle.
- J'me suis branlé en matant tes formes à travers la chemise.
Mes yeux s'écarquillent.
- Et tu... est-ce que tu m’as touché ?
Voyant qu'il me met mal-à-l'aise, un sourire malsain se dessine ses lèvres.
- Bien sûr que non. Si je t'avais touché je t'aurais probablement réveillé
et tu ne m'aurais pas laissé terminer.
J'avale difficilement ma salive.
- Ce que tu dis est affreusement malsain.
- Alors pourquoi est-ce que tu es en train de serrer les jambes ?
Je ne m'en étais même pas rendu compte. Je les décroise immédiatement.
Bhaltair est un homme d'une grande beauté, c'est normal que mon corps
réagisse sans mon accord face à lui. Mais malgré, tout ça me perturbe.

- Je vais te montrer maintenant comment tirer. Viens.


Je le suis dans le jardin sans rien dire. Il n'y a aucun voisin aux alentours,
puisque toutes les terres à dix kilomètres à la ronde lui appartiennent. Il
charge un automatique et me désigne du menton un oiseau dans le ciel. Il
tire et instantanément, l'oiseau s'écroule au sol, mort.
- Tu aurais pu viser autre chose, je remarque.
- C'est vrai, je pourrais viser pile entre tes deux yeux par exemple.
Je fronce les sourcils mais ne dis rien. Il me tend l'arme, que je prends non
sans stresser. Il se place derrière moi et pose une de ses mains sur la
mienne, qui tient l'automatique.
- Pour mieux viser, fais le vide dans ta tête, dit-il.
Son corps collé contre mon dos ne m'aide pas vraiment à faire le vide, pour
être honnête.
- Et quand c'est fait, tu lèves le flingue à hauteur de tes yeux. Un peu
en dessous si la cible est plus haute, un peu au-dessus si la cible est
plus basse.
Je hoche la tête.
- Vise le nid là-haut, dit-il.
Je fronce les sourcils et secoue immédiatement la tête.
- Non il est hors de question que je...
Je suis coupée par son bras qui s'enroule lentement autour de ma gorge. Il
rapproche son visage de mon oreille et murmure :
- Vise… le… nid. Je ne me répéterai pas.
Ma respiration s'accélère. Je lève l'arme, la place comme il me l'a dit et
presse la détente. Ça y est, le coup est parti.

Bhaltair

Evidemment, elle a fait exprès de rater la cible. Ça me donne envie de lui


tirer une balle en pleine gueule. Je m'approche d'elle et reprends l'arme. Je
m'éloigne et dresse une pomme de pin sur une branche. Je me rapproche
d'elle et lui tends à nouveau l'automatique.
- Tu fais encore exprès de l'éviter et je te fais dormir dehors ce soir,
compris ?
- Comment est-ce que tu sais que...
- Même en ne sachant pas tirer tu ne pourrais pas faire un truc aussi
médiocre.
Elle se contente d'hocher la tête et vise la pomme de pin, qui doit être à une
dizaine de mètres d'elle. Le coup part et elle l'effleure. Elle tire une seconde
fois juste après et cette fois-ci, elle la touche et la propulse au loin. Je me
tourne vers elle.
- Où est-ce que t'as appris à faire ça ?
- Je n'ai jamais appris.
- Tu me mens.
Etrangle-la.
Je l'attrape par le cou et la plaque contre un arbre qui est juste à côté de
nous. Si jamais elle ne me ment pas, je suis étonné par la précision de son
tire. Elle tente de me faire lâcher prise mais évidemment, elle n'a pas assez
de force. Je la trouve pitoyable. Et en même temps, j'ai envie de me la faire.
Je sors un couteau de l'une de mes poches et viens le coller contre sa joue.
- À tout moment, je te mets à genoux et je te force à me sucer... je
lance calmement.
- Et pour... pourquoi est-ce que tu ne le fais pas ? demande-t-elle tout
en tentant d'inspirer un maximum d'air.
J'approche mon visage du sien et lui réponds :
- Parce que je risquerais de te décapiter.
Ça la calme instantanément. Elle arrête de bouger, si bien que je ne trouve
plus ça marrant et la lâche.
- T'es vierge, au moins ? je demande.
- En quoi est-ce que ça t'intéresse ?
Je me retourne et lui lance un regard noir l'encourageant à vite répondre si
elle ne veut pas le regretter.
- Oui, bien sûre que je suis vierge, on ne m'a jamais laissé seule avec
un homme à part toi.
- Très bien. Il est hors de question que j'ai une femme par qui d'autres
sont déjà passés.
- Alors toi tu peux te le permettre mais pas moi ?
- Ferme-la.
- Non. J'en ai marre de me taire. Comment est-ce que tu oses vouloir
une femme vierge alors que tu as probablement dû coucher avec un
plus grand nombre de femmes que le nombre de jours qu'il y a dans
une année ?!
Elle vient de désobéir à mon ordre. Mon œil droit commence à déconner et
ma vision se floute. Il faut que je lâche le flingue, sinon je sens que je ne
vais pas pouvoir me maîtriser. Je le balance et tente de l'attraper par le cou,
mais comme un seul de mes yeux est fonctionnel, je ne vise pas bien et elle
en profite pour s'éloigner. Elle retourne en direction du manoir, alors je la
suis.
- Tu peux toujours t'enfuir, de nous deux c'est moi qui cours le plus
vite alors je finirai par te rattraper !
Et ça arrive d'ailleurs plus vite que ce que je pensais puisqu'elle trébuche
dans l'herbe. Je me place alors au-dessus d'elle pour l'empêcher de se
relever et maîtrise ses poignets. Je glisse lentement ma main autour de sa
gorge. La peur dans ses yeux m'apporte une profonde excitation. Tellement,
que j'en viens à bander. Elle finit par tomber dessus. Elle détourne le regard
presque instantanément, mais la fraction de seconde pendant laquelle et ne
l'a pas fait me fait comprendre que ça l'intrigue. J'ai envie de la baiser, de
rentrer en elle et de la faire crier, mais puisque j'ai besoin d'elle en vie et
que je ne pense pas réussir à me contrôler si je me la fais, je la relâche et me
relève. Ma vision est redevenue normale, et j'ai réussi à ma calmer sans
même m'en rendre compte. D'habitude, il me faut plus de temps que ça...

Chapitre 16

Neala

Le soir, Bhaltair et moi mangeons comme tous les soirs en silence. Il n'est
pas du genre à faire la conversation et honnêtement, ça me va parfaitement.
Mais soudain, il brise le silence si brusquement que je sursaute.
- Je sors ce soir, seul. Alors tu resteras ici.
Je ne dis rien l'espace de quelques secondes.
- Tu es sûr ? La dernière fois que tu as fait ça tu es rentré criblé de
balles.
Un faux rire lui échappe.
- Et alors ? Tu t'inquiètes pour moi ?
Sa réponse m'étonne alors je ne réponds rien. Il sait comment me faire taire.
- Pourquoi est-ce que je ne pourrai pas venir ?
Il ignore ma question et se lève de table tout en faisant signe à un serviteur
de venir ramasser son assiette. Je me lève à mon tour mais par malchance,
mes pieds se prennent dans ceux de l'homme et je trébuche sur Bhaltair, qui
a l'excellent réflexe de vite se remettre en équilibre. Il ne tombe donc pas, et
moi non plus, mais je me suis accrochée à l’un de ses bras pour me retenir.
Il lève les yeux au ciel, mais prend quand même la peine de poser ses mains
sur mes hanches pour me relever et me remettre en équilibre. Puis, il s'en va
comme si de rien n'était. Ce contact m'a procuré une sensation étrange,
comme si... j'avais apprécié qu'il me touche. Pourtant, les seules fois où il a
habituellement ses mains sur moi, c'est pour me faire du mal. Je soulève le
bas de mon sweat et regarde la cicatrice de son prénom qu'il a gravé sur ma
peau. Heureusement, je n'ai pas fait d'infection suite à ça. Je pense que je
n'aurais pas pu me relever. D'ailleurs, je ne sais pas vraiment comment je
fais pour toujours être debout. Même quand il se comporte de manière
absolument horrible avec moi, ça ne me choque plus.
Après qu'il soit parti, je me sers un verre de vin et m'installe devant un film
appelé « Les blousons dorés », qui date des années 1950. J'aime bien ce
genre de vieux films. Et pendant que les minutes passent, je me resserre des
verres et bois de plus en plus de vin. Je ne vois pas la bouteille descendre, si
bien que lorsque je songe au fait que je devrais peut-être la poser et arrêter
de boire, je remarque que j'en ai vidé les trois quarts.
- Merde.
Je pose la bouteille sur la table en face de moi et termine le film sans me
resservir. Je sens les effets de l'alcool commencer à monter petit à petit, si
bien que je décide d'aller me coucher avant de devenir saoule er de faire
n'importe quoi comme à la réception de la dernière fois.
Sauf qu'une fois dans mon lit, je n'arrive pas à m'endormir. Je décide donc
d'aller au balcon de notre chambre et m’assois au sol pour regarder les
étoiles. Est-ce que je parviendrai à être heureuse avec la situation dans
laquelle je vis ? Est-ce que je vais finir par m'habituer au comportement de
Bhaltair et toutes les violences qu'il aime tant me faire subir ? Toutes ces
questions restent en suspens dans ma tête, si bien que ça m'empêche de
fermer l'œil.
Quand la nuit commence à tomber en entraînant la température avec elle, je
retourne à l'intérieur et me rallonge, sans grand succès. Je me demande ce
que Bhaltair est en train de faire ce soir. Peut-être qu'il est en train de parler
avec des associés, ou alors il fait chanter un mafieux russe, ou encore il
baise une prostituée qui ne parle même pas notre langue pour que la pauvre
finisse décapitée à la fin de la soirée... et finalement, grâce à toutes ces
questions qui me tourmentent et au fort taux d'alcoolémie présent dans mon
organisme, je finis par fermer les yeux et sombrer dans le sommeil.
**
- Mmh, oui c'est bon Bhaltair.
- Tu kiffes ça, hein ?
- Oh oui, tu n'as même pas idée à quel point.
Il enfonce un troisième doigt en moi et j'agrippe sa main en rouvrant les
yeux.
- Accélère, je l’implore.
Un sourire diabolique naît sur ses lèvres. À travers ce sourire, il me promet
de me faire du bien à m'en faire du mal, d'aller plus fort que je ne pourrai
jamais le supporter. Et contrairement à la sensation que ça devrait me
procurer, comme de la peur ou du dégoût, j’adore ça.
La porte de notre chambre qui claque brutalement me réveille en sursaut.
Bhaltair allume la lumière et c'est seulement maintenant que je réalise que
ma main est dans mon short de pyjama. Je m'empresse de la retirer mais une
étrange moiteur entre mes jambes me dérange et me gêne. Est-ce que je
viens réellement de faire un rêve érotique en imaginant Bhaltair entre mes
jambes ? C'est bien la première fois que ça m'arrive.
- Qu'est-ce que tu fous ? demande-t-il en voyant mon air farouche.
Il ne marche pas très droit, je suppose qu'il doit être saoul ou défoncé. Je ne
peux pas vraiment me permettre de le juger, je sens toujours les effets de
l'alcool dans mon corps.
- Je... rien.
Ma réponse trop nette me fait perdre toute crédibilité. Il me fusille du
regard et soulève d'un coup la couette. Quand il aperçoit mon short que je
n'ai pas eu le temps de remettre en place, il comprend immédiatement ce
que j'étais en train de faire. Je n'ose plus bouger ou dire quoique ce soit. Il
s'approche de moi, et je ne bouge toujours pas. Puis, lentement, très
lentement, il vient passer sa main sur mon intimité par-dessus mon short.
- Dis-moi, qui est-ce qui te met dans un tel état ? demande-t-il.
Il retire sa main et semble attendre une réponse.
- Je... personne.
- Ne me mens pas.
Je sens qu'il va commencer à s'énerver, alors je me demande si je ne devrais
pas tout simplement lui dire la vérité. D’un parce qu'il le saura si je mens, et
de deux parce qu’il sait qu'il a du charme et qu'il peut avoir la fille qu'il
souhaite dans son lit.
- Vite, ajoute-t-il.
- Je... j'ai fait un rêve érotique avec toi mais... mais je ne l'ai pas fait
exprès et...
Son regard de prédateur me stoppe instantanément. Soudain, il se lève et
retire sa chemise ainsi que son pantalon, si bien qu'il se retrouve en boxer
sous mes yeux.
- Qu... qu'est-ce que tu fais ? je lui demande tandis qu'il se rapproche
de moi.
- Je ne peux pas te baiser parce que je risque de te tuer alors que j'ai
besoin de toi vivante pour le moment, mais je suppose qu'avoir un
avant-goût ne me donnera pas envie de t'égorger vive.
Ses mots crus, qui devraient me dégoûter et me remplir de haine, ont en fait
tout l'effet inverse sur moi. Je sens une étrange sensation prendre place dans
mon bas-ventre et sans que je m'y attende, il écarte brusquement mes deux
cuisses pour se placer entre elles. Ma respiration s'accélère d'un coup. Je
n'ai pas envie de l'arrêter, même si je sais que c'est mal. De toute façon je
suppose que même si je le voulais, je ne le pourrais pas. Tout en me
regardant droit dans les yeux, il passe directement une main sous mon short
et entre deux doigts en moi. La surprise et la douleur que je ressens me font
agripper son avant-bras. Le sourire carnassier qui se dessine sur ses lèvres
me fait comprendre qu'il l'a fait exprès. D'un côté ça me rassure, ça me
prouve qu'il sait quelle pression mettre pour telle ou telle chose. D’un autre
côté, ça veut aussi dire qu’il sait parfaitement comment me faire du mal à
cet endroit-là s’il le souhaite. Tandis que son sourire disparaît peu à peu, je
comprends que la soirée qui s'annonce ne va pas être de tout repos pour lui
comme pour moi...
Chapitre 17

- Tu t'es déjà doigtée avant ce soir ? demande-t-il sur un ton


inquisiteur.
- Euh je... oui, oui.
Il ne dit rien pendant quelques secondes. Au bout de ces quelques secondes,
il fait à nouveau bouger ses doigts en moi, me faisant cambrer le dos sans
même le vouloir. Je le fixe droit dans les yeux et vois ses pupilles se dilater.
Ce n'est pas bon signe.
- Retire ton haut, dit-il.
Je ne sais pas par quelle sorte de folie je suis prise, mais je l'écoute sans
rechigner et l'enlève. Tandis qu'il recommence à faire bouger ses doigts en
moi, il mate ma poitrine sans s'en cacher. Je sursaute quand l'une de ses
mains vient agripper l’un de mes seins. Ça fait mal car il serre fort sa prise,
mais c'est aussi terriblement excitant. Tandis qu'il commence à triturer mon
sein dans sa main, il accélère les mouvements dans mon intimité. Un
soupire inattendu s'échappe de la barrière de mes lèvres. Je cache
immédiatement ma bouche d'une main, affreusement gênée, et Bhaltair
m'observe avec un air que je ne saurais déchiffrer.
- Les vierges sont toutes aussi effarouchées que ça la première fois
qu’un mec les doigte ?
- Bah... je ne sais pas.
- Ma question était ironique. Je n'attendais pas de réponse de ta part,
comment est-ce que tu pourrais m’en fournir une ?
Il appuie ses propos en faisant des mouvements plus forts à l'intérieur de
moi. Ses pupilles sont vraiment très dilatées maintenant. Comme ça me fait
un peu peur, je détourne le regard.
- J'savais pas que j'te faisais mouiller comme ça, dit-il en stoppant ses
mouvements pour contempler ses doigts mouillés grâce à moi.
Je ne réponds rien, tout simplement car je ne sais pas quoi dire. De toute
façon, je ne pense même pas qu'il attende une réponse de ma part.
- Si ça se trouve, tu kiffes que je te malmène.
Je redresse la tête dans sa direction et le regarde droit dans les yeux. Son
regard se pose soudain sur son prénom écrit sur mon ventre et c'est à ce
moment-là que je lui fais comprendre que non, je ne kiffe pas qu'il me
malmène. Je vois son regard s'assombrir, et tandis qu'il me fixe toujours
droit dans les yeux, je vois son œil commencer à se retourner. Il enfonce
brusquement deux doigts en moi, m'arrachant un autre cri de surprise. Il y
va vite cette fois, de plus en plus vite, et même trop vite.
- Attends, Bhaltair, je fais.
Il ne m'écoute pas, il semble même ne pas m'entendre, et continue ses
mouvements en moi avec ses doigts. Sauf qu'il commence à aller beaucoup
trop vite, et le plaisir commence sérieusement à s'estomper. Pour le faire
réagir, je me redresse et stoppe son mouvement en attrapant son avant-bras
à l'aide de l'une de mes mains. D'un geste brusque, il retire ses doigts de
moi et me pousse avec une telle force à l'épaule que je retombe dans le lit,
allongée. Il ne revient pas en moi mais un bruit de flingue qui se fait armer
me fait comprendre qu'il a prévu d'autres plans pour ce soir. Je me redresse
à nouveau dans le lit, et remarque que l'une de ses armes est désormais
braquée sur ma tête. Je ne bouge plus, je m'immobilise. J'essaye même de
retenir ma respiration. Son œil droit s'est désormais complètement retourné
et est donc tout blanc. Ma respiration s'accélère. Est-ce qu'il compte me tuer
ce soir ? Nous nous affrontons du regard pendant un temps qui me semble
durer une éternité puis soudain, il baisse son arme. Il la lâche brusquement,
la laissant tomber au sol, et se dirige vers la sortie en murmurant :
- J'trouverai l'occasion de te buter.
Puis il sort en claquant la porte derrière lui, me laissant seule, pantelante et
effrayée dans cette chambre où il vient de se passer des choses que je
n'aurais jamais imaginé capables de se produire.

Bhaltair

J'ai passé la nuit dehors, je me suis tapé une pute et je l'ai égorgé derrière un
conteneur. Il fallait que je me défoule sinon j'aurais fini par tuer ma femme.
Pas que je n'en ai pas l'envie, évidement. Mais il me la faut vivante pour le
moment. Mon plan pour tuer mon père s'élabore petit à petit. C'est un
homme très difficile à atteindre, même moi je vais avoir du mal à
l'assassiner.
Je rentre au manoir vers neuf heures du matin et la trouve allongée dans le
canapé, en train de prendre son petit déjeuner. Quand elle m'entend, elle se
redresse directement et fronce les sourcils.
- Qu'est-ce que tu as sur ta chemise ?
Je baisse le regard, ennuyé, même si je sais déjà ce qu'il y a.
- Du sang. Et bientôt ça sera le tien.
Et ça risque d'arriver plus tôt que prévu si je n'arrive pas à me retenir. J'ai
envie de me la faire, mais je sais que je risque de la tuer en le faisant. Elle
ne dit rien et se contente de s’en aller.
Rattrape-la et baise-la à même le sol.
- J'en meurs d'envie.
- Tu m'as parlé ?
- Non.
Mon téléphone sonne et je remarque que c'est mon connard de père. Je ne
décroche pas, mais comme il insiste une deuxième fois, je décide de
prendre l'appel.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu te souviens que je donne une réception ce soir ? Il faut que tu
viennes. Tout le beau monde des réseaux mafieux européens sera là, il
faudra te présenter en tant que chef maintenant, et avec ta femme.
- Ouais, j'viendrai.
Je raccroche, il sait que je déteste discuter. Je monte jusqu'à l'endroit où
celle avec qui je vis s'est rendue, la salle de bain, et entre sans frapper. Elle
sursaute, elle est pratiquement nue. Elle était en train de regarder la jolie
marque de mon prénom que j'ai laissé sur le bas de son ventre. Un sourire
sournois naît sur mes lèvres. J'aime marquer ce qui m'appartient.
- Ce soir on voit du monde. Habille-toi bien et mets des sous-
vêtements, cette fois.
Elle ne dit rien mais me regarde fixement. Ma respiration commence à
s'accélérer, je déteste qu'elle me fixe de la sorte.
- Quoi ? je fais, froidement.
- J'ai saigné après ce que tu m'as fait hier soir. C'est normal ?
- Si rien qu'avec mes doigts tu saignes, j'ai hâte d'enfoncer ma queue
en entier.
Elle souffle et détourne le regard.
- À propos de ça... je ne veux plus qu'une quelconque chose de la sorte
arrive à nouveau.
Je hausse un sourcil.
- Parce que c'est toi qui fixes les règles maintenant ?
Ma question semble l'effrayer. Enfin, mon ton y est sûrement et surtout pour
quelque chose. Je m'approche d'elle et l'agrippe fermement par les hanches,
puis la rapproche le plus possible de moi. Puis, je baisse mon visage à
hauteur de ses oreilles et murmure :
- Il se repassera des choses de la sorte, je peux te le certifier.
Tire-lui les cheveux juste pour le plaisir de la voir supplier d'arrêter.
Je souffle un grand coup, puis m'éloigne d'elle. Je sens que me contenir va
être vraiment très dur. Je sors de la pièce et pars fumer un joint, puis snifer
quelques rails. Il va m'en falloir de la patience ce soir face à tous ces
hommes qui se croient tous plus forts les uns que les autres. Il va aussi y
avoir ceux qui vont poser les yeux sur ma femme à qui je vais devoir trouer
le crâne, ou encore ceux qui vont tenter de m'impressionner à cause de mon
jeune âge. Le potentiel que je fasse une crise ce soir est assez élevé, et il est
hors de question que je prenne un médicament pour arrêter ça. De toute
façon je ne les prends jamais, à part quand mon père est là.
Chapitre 18

Neala

Vêtue d'une longue robe rouge bustier près du corps, je me dirige vers la
limousine. Bhaltair y est déjà alors quand je m'installe, le chauffeur
démarre.
- Prends ça, dit mon mari en me tendant un flingue.
Je fronce les sourcils.
- Mais ça ne va pas ? Qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ??
- Si quelqu'un t'agresse, tu le butes. J'ai besoin de toi en vie, alors vas
pas te faite tuer.
Je prends précautionneusement l’arme car je sais que de toute manière, il ne
me lâchera pas tant que je ne l'aurais pas prise. Je la range ensuite dans ma
pochette en soupirant.
Une petite dizaine de minutes plus tard, nous arrivons au lieu de réception.
C'est très grand, et il y a une cour extérieur énorme. D'ailleurs, c'est là que
sont la plupart des invités.
- Quelle langue devons-nous parler ? je demande alors.
Toutes les mafias de tous les pays d'Europe sont représentées ce soir alors
j'aimerais bien ne pas faire de bourde.
- Parle anglais.
Je ne dis rien, mais mon niveau en anglais est affreusement limité. La
voiture s'arrête et nous descendons. Immédiatement, le père de Bhaltair
vient nous accueillir.
- Vous êtes les derniers arrivés, remarque-t-il. Est-ce qu’il y a eu un
problème sur la route ?
- Non, répond froidement Bhaltair.
Son père, comprenant qu'il n'aura pas d'explication, change de sujet.
- Tu vois le petit groupe là-bas ? Il est composé de Lothar Weber, le
chef de la mafia allemande, à sa droite il y a Aleksander Nowak, le
chef de la mafia polonaise, et à côté de lui il y a Alexeï Savenkov, le
chef de la mafia russe. Les trois femmes qui les accompagnent sont
leurs épouses. Tu devrais aller discuter avec eux, ils ont des réseaux
très affluents.
Mon époux se tourne vers moi.
- Viens, dit-il à mon intention.
Il ignore son père et commence à marcher vers l'intérieur du grand manoir.
- Où va-t-on ? je le questionne.
- Loin de mon père. J'ai envie de lui crever les yeux.
Je ne dis rien mais ne peux empêcher un frisson de traverser mon corps.
Une fois que nous arrivons à l'intérieur, Bhaltair se dirige vers un groupe
d'hommes à l'accent fort prononcé et m'oublie totalement. Je m'avance donc
vers le buffet et m'empare d'une coupe de champagne. J'en bois une gorgée
puis me rapproche de Bhaltair. Celui-ci est en train de faire des grands
gestes avec ses mains. Ou alors, il est en train de se prendre la tête et dans
ce cas quelqu'un risque de bientôt y passer, ou peut-être qu’il raconte un de
ses fameux plans infaillibles concernant de nouvelles affaires. Le truc, c'est
qu'il ne m'entend pas arriver alors quand en faisant ses gestes il tend le bras
en arrière, je me reçois son poing en pleine face et tombe à la renverse. Je
me maudits d'encore m'être faite remarquée alors que je ne suis même pas
bourrée tandis qu'il me jette un regard ennuyé. Je tente tant bien que mal de
me relever mais c'est très compliqué avec mes talons.
- Voyons, mais pourquoi est-ce que personne n'aide cette femme à se
relever !? s'exclame un serveur en m'attrapant par la taille pour me
remettre debout.
Je le remercie brièvement et me tourne instantanément vers Bhaltair. C'est
bien ce que je pensais, celui-ci vient de sortir son flingue et le braque sur la
tête du serveur.
- Tu viens vraiment de poser tes mains sur elle ?
- Je... je l'aidais simplement à se rele...
Il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'il se prend une balle en pleine tête,
me faisant au passage sursauter.
- Bhaltair ! je m'exclame.
- Ta gueule. Ferme-la. Et par pitié va mettre de la glace sur ton œil
avant que tu ne ressembles à un orque.
J'entrouvre la bouche. Je n'attendais pas d'excuses de sa part, mais sa
remarque m'a blessé. Je m'éloigne d'un pas décidé vers l'extérieur. Il est
hors de question que je reste une minute de plus dans la même pièce que cet
individu qui me sert de mari.

Bhaltair

Ça fait déjà quinze bonnes minutes que j'ai assassiné ce type et que celle qui
me sert de femme s'est cassée, et petit à petit, le monde commence à se
rapatrier à l'intérieur. La nuit commence à tomber alors la soirée se poursuit
en toute logique là où il fait chaud. Je vois également mon épouse rentrer.
Elle est accompagnée de deux femmes, et ces femmes sont avec leur mari.
Je reconnais le chef de la mafia russe et polonaise. Tandis que de la
musique retentit, je m'approche du groupe et prends ma femme par le bras.
Son œil est désormais noir et le blanc de ses yeux est maintenant rouge. Il
faut dire que même si ce n'était pas voulu, je n'y suis pas allé de main
morte. D'habitude je n'abîme pas ce qui m'appartient.
- Ne traine pas avec d'autres hommes quand je ne suis pas là, c'est clair
?
- Ils venaient de nous rejoindre.
- Tu n'as rien fait pour ton œil.
- Que voulais-tu que je fasse ?
- T'aurais dû aller dans les cuisines et demander de la glace.
- Tu aurais aussi pu le faire, c'est toi qui m’as fait ça après tout.
Je lui lance un regard tellement noir qu'elle se tait. Je sens l'adrénaline
commencer à pulser dans mes veines en voyant mon père s’approcher de
nous.
- Il faudrait que vous alliez danser pour montrer à tout le monde votre
union, comme pour l'officialiser en quelque sorte.
- Sans votre respect monsieur, il vient de tuer un homme simplement
car il m'a touché pour m'aider à me relever. Je pense que tout le
monde l'a désormais compris maintenant, remarque ma femme.
- On va danser, je lance froidement.
Tout est bon pour m'éloigner de ce gros lard. J'attrape brusquement ma
femme par la main et nous emmène sur la piste de danse, au milieu de la
foule.
Marche sur sa robe pour qu'elle trébuche et se casse la cheville.
Comme c'est une musique lente, j'en déduis que c'est un slow. Elle place ses
mains derrière mon cou et je place les miennes sur sa taille. J'ai l'étrange
impression de la sentir se tendre à mon contact, mais pas de peur. Nous
commençons à danser dans une lenteur et un calme qui ne me ressemble
pas. Mais si j'arrive à duper tous ces gens, alors je gagerais leur confiance.
Dans ce monde il vaut mieux être seul, mais quitte à choisir je préfère avoir
des alliés que des ennemis. D'un coup, je baisse la tête et mon regard croise
celui de ma partenaire. Ses yeux bleus dont l'un est marqué d'une trace noire
me débloque soudain un souvenir lointain.
Je vois ma mère, alors que je n'avais que 6 ou 7 ans, en train de pleurer. Je
me souviens que ses pleurs m'insupportent et que j'ai envie qu'elle se taise.
Mais elle me fait quand même de la peine, puisque c'est ma mère. Ses yeux
bleus sont remplis de larmes, et l'un est marqué par un gros coquard noir. Je
sais ce qu'il vient de se passer. Mon père vient de la violer sous mes yeux.
Ma sœur, âgée de deux ans de moins que moi, pleure également car mon
père vient de lui mettre un coup de pied dans le ventre. Je n'en ai pas grand-
chose à faire. En fait, peut-être que je ressentirais de la pitié pour elle si elle
n'était pas en train de me briser les tympans. Mon père entre dans la
chambre et attrape ma mère par les cheveux. Il lui crie quelque chose mais
je ne me souviens plus quoi, et il lui cogne la tête dans le miroir à plusieurs
reprises. Je songe à l'aider, mais je songe aussi que s’il la tue je n'aurais plus
à supporter ses pleurs. Je m'approche donc lentement du miroir, m'empare
d'un morceau de verre brisé et tandis que je regard ma mère mourir, je
m'approche de ma sœur.
- Tu sais quoi Carita ? On n’aura jamais cette relation de grand frère et
petite sœur comme on en voit dans les films, la vie est composée de
vrais méchants qui tuent par pur plaisir. Alors oui je t'aurais sans
doute sauvé de deux ou trois agressions sexuelles commises par le
personnel ou les hommes de main de notre père, je t'aurais appris à
manier une arme pour que tu deviennes utile à la mafia, mais tout ça
n'arrivera pas. Ne prends pas ce que je m'apprête à faire
personnellement, je le fais surtout par pur égoïsme, tes pleurs me
donnent l'envie de me tirer une balle. Quitte ce monde en paix, Carita.
J'approche le morceau de miroir brisé de son cou et lui tranche soudain la
carotide sans aucun remord. Le sang se répand sur mes mains et j'adore ça.
Je redresse la tête et croise le regard de mon père. J'en conclus que ma mère
est décédée, et il vient de remarquer ce que j'ai fait à Carita. Il hoche
lentement la tête. Il a tué ma mère, alors j'ai très envie de le tuer lui aussi,
mais je ne peux rien faire pour le moment. Je suis trop jeune et trop
impuissant. Je vais attendre le bon moment, et je sais que celui-ci finira par
arriver. Car un jour je serai à la tête de la mafia, et un jour je serai tellement
puissant que même lui se prosternera devant moi, me suppliant de
l'épargner. Et ce jour-là, je presserai la détente sans aucun remord, comme il
vient de le faire pour ma mère et comme je viens
de le faire pour ma sœur. Et tout ça sans aucun regret, aucun.
Chapitre 19

Je reviens à la réalité et observe les yeux de mon épouse. Ils me font penser
à ceux de ma mère et bizarrement, ça me perturbe. Je souffle un grand coup
et me frotte les yeux avec l'une de mes mains. Ça y est, je sens que je suis
en train de vriller. Si je veux mettre du monde de mon côté, ce n'est pas en
faisant une crise devant eux que ça va fonctionner. Pour essayer de me
calmer, je ferme les yeux et tente de maîtriser ma respiration. Je glisse mes
mains dans le dos de ma femme et commence à la serrer contre moi.
D'extérieur, les gens penseront que c'est une étreinte, alors qu'en fait, la
serrer jusqu'à lui en faire mal me permet d'évacuer la pression.
- Bhaltair, qu'est-ce que tu fais ? demande-t-elle.
- Pose ta tête sur mon épaule et fais comme si nous étions en train de
nous étreindre.
J'imagine qu'elle ne comprend pas et ça ne m'étonne pas, mais au moins elle
m'obéit et se serre contre moi dans une vraie étreinte. Je continue de la
serrer le plus fort possible et j'entends sa respiration accélérer, je dois lui
donner beaucoup trop chaud. Mais en même temps, cette sensation est
étrange. Elle n'est pas exactement comme je me l'imaginais. Je crois bien
que c'est la première fois que j'étreins une fille et même que je reste aussi
longtemps collé à l'une d'elle pour autre chose que le sexe, et sans la tuer.
- Lâche-moi, s'il te plaît. Je commence à avoir du mal à respirer, dit-
elle.
Je ne prends pas la peine de répondre mais elle insiste en me redemandant
de la lâcher alors je sens mon rythme cardiaque, qui avait beaucoup
descendu, remonter petit à petit.
- Bhaltair ! s'exclame-t-elle en chuchotant.
Et soudain, ses mains lâchent mon corps. Quand je comprends qu'elle s'est
évanouie, ce n'est pas vraiment de la rage que je ressens, mais plutôt de la
pitié. Je ne ressens pas ce genre d'émotion ordinairement, mais je pense que
la comparer à ma mère y est pour quelque chose. J'ai de la pitié pour elle
comme j'en ai eu pour ma mère avant qu'elle se fasse assassiner. Je l'allonge
au sol et elle reprend connaissance.
- On va prendre l'air, je lance en sa direction mais plutôt pour que les
autres m'entendent.
Elle se redresse péniblement alors je l'attrape par le bras et la relève
facilement. Nous nous dirigeons à l’extérieur, où il n'y a d'ailleurs plus
personne, et nous adossons contre le mur avec pour seule compagnie le
silence de la nuit tombée.
- Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? demande-t-elle soudain en brisant
le silence.
- Tu m'as fait penser à ma mère.
- Ah oui ? En bien ?
Je pousse un soupire agacé.
- Je pensais à son œil au beurre noir juste avant qu'elle crève.
Mes paroles la calment instantanément. Elle ne dit plus rien pendant
plusieurs secondes avant de reprendre la parole.
- Tu sais si jamais... enfin si tu veux...
- Accouche.
- Et bien si jamais tu as besoin de parler je... je suis là, je peux écouter.
Un rire s'échappe de ma bouche.
- Tu penses réellement que j'en ai quelque chose à foutre de ton aide ?
- Je me doutais que tu répondrais quelque chose comme ça.
Seulement, ce soir tu as failli faire une crise en repensant à elle. Et ça,
ça veut dire que tout n'est pas perdu en toi, Bhaltair. Il y a peut-être du
bon à sauver quelque part, même une infime partie.
Je la fusille du regard. Depuis quand est-ce qu'elle pense avoir son mot à
dire sur la personne que je suis ?
- Tu sais ce que j'ai fait après avoir vu ma mère mourir ? J'ai égorgé
ma sœur. Ne pense pas qu'il y a encore ou même qu'il y a déjà eu un
jour une once de bonté en moi. Je suis pourri jusqu'à la moelle, et ça
tu ne pourras jamais rien y faire.

Neala

Je suis peut-être complètement folle de penser ça, mais Bhaltair me fait de


la peine. Même s'il est malade, j'imagine qu'il n'est pas né avec, mais que le
climat dans lequel il a grandi l'a fait développer tout ça.
- Tu veux qu'on y aille ? je lui demande alors.
Il ne me répond pas, alors je me tourne vers lui et remarque qu'il se tient la
tête entre les mains.
- Bhaltair ? je fais en m'approchant de lui.
Il redresse la tête et nous échangeons un regard.
- J'ai besoin de mes médocs, dit-il.
- Euh...
- Va voir mon père il sait où ils sont !
- Mais pourquoi ça ?
- Hein ?
- Pourquoi ça ?
- Je n’entends rien, il y a trop de bruit ! s'énerve-t-il.
Pourtant il n'y a que nous dehors, je suppose donc que ce sont les voix dans
sa tête. Je me dépêche d'aller à l'intérieur et cherche son père. Quand je le
trouve enfin, je me précipite vers lui.
- Votre fils a besoin de ses médicaments, je lui chochotte à l'oreille.
Il s'excuse auprès des gens avec qui il discutait et nous nous mettons à
l'écart.
- Tu montes à l'étage, tu ouvres la première porte sur ta droite et il y a
une étagère rouge, tu fouilles dedans et tu trouveras, il y a écrit son
prénom dessus.
Je hoche la tête et me précipite à l'étage. Une fois que j'y suis, je pousse la
porte et commence à fouiller l'étagère. Je le trouve assez rapidement et me
dépêche de redescendre. Je sors dehors et remarque que Bhaltair n'est plus
là, mais le mur contre lequel il était quand je suis partie est couvert de sang.
Merde, mais pourquoi est-ce que ça m'inquiète ?
- Bhaltair ?
Je commence à faire le tour du manoir en l'appelant.
- Bhaltair ??
J'entends du bruit un peu plus loin et tourne la tête dans la direction de sa
provenance. J'y vois Bhaltair allongé au sol, le crâne en sang. Je m'approche
vite de lui.
- Je n'arrive pas à les faire taire, dit-il.
- Les voix dans ta tête ?
Il acquiesce. Je lui sors un médicament.
- Tiens, prends-ça.
Je lui mets dans la bouche et il l'avale. Sans vraiment contrôler ce que je
fais, j'arrache un pan de ma robe et commence à lui nettoyer le crâne avec.
Il ne dit rien, c'est bien la première fois qu'il ne rejette pas mon contact.
- Tu as besoin qu'on te recouse, je l’informe.
Non.
- Tu n'as pas le choix, tu as le crâne ouvert et tu risques déjà d'avoir
une cicatrice à vie.
- Je l'ai déjà fait à plusieurs reprises sans aucune séquelle.
Physique du moins, je songe. Je l'aide à se relever et nous nous dirigeons
vers la limousine. Évidemment, il recommence à rejeter mon contact une
fois qu'il est debout.
- On rentre, dit-il à l'intention du chauffeur.
Je soupire mais ne dis rien. Je ne sais pas quelle réaction il peut avoir,
surtout alors qu'il vient de faire une crise.
Une fois que nous arrivons au manoir, il descend en premier et part
s'enfermer dans la salle de bain mitoyenne à notre chambre, et n'en sors pas
avant plus d'une heure. Comme il est tard, je pars me glisser sous les draps.
Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je voulais attendre qu'il sorte pour
savoir comment il va. J'ai l'impression que savoir qu'il a vu sa mère se faire
tuer sous ses propres yeux et que ça lui fasse quelque chose lui donne un air
plus humain à mes yeux. C'est bête, puisqu'il n'a pas semblé
particulièrement touché par cette histoire, mais je suis sûr que le jeune
Bhaltair qui a vécu cette scène a dû sentir quelque chose se briser à jamais
au plus profond de lui. Si cela arrivait à ma mère, je ne m'en relèverais pas.
Lui s'est relevé, mais... à sa manière...

Chapitre 20

Je me réveille le lendemain matin avec un sacré mal de tête. Je n'ai pas


énormément bu hier pourtant, seulement un verre précisément. Mais bon, je
suppose que ça arrive. Je me tourne sur le côté du lit et remarque que
Bhaltair n'est pas là. Le contraire m'aurait étonné. Je me suis endormie
avant qu'il ne vienne se coucher alors ça se trouve il n'est même pas venu
dormir. Je me dirige vers la salle de bain histoire de me passer un peu d'eau
sur le visage ou même de prendre un médicament, et remarque vite que c'est
ici que se trouve mon mari. Il s'est endormi dans la baignoire. Je me
demande si je dois le réveiller. Je ne préfère pas, il pourrait me le faire
payer. Je me contente donc de trouver le médicament adapté pour pouvoir
quitter la pièce au plus vite. Sauf qu'il doit avoir le sommeil très léger car
lorsque je referme le placard, il se réveille. C'est là que j'aperçois qu'il a lui-
même recousu sa plaie. Mais quel genre de malade faut-il être pour pouvoir
se recoudre soi-même ??
- Ça va ? je demande en m'approchant de lui.
Je m'agenouille à côté de la baignoire pour être à sa hauteur.
- Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ? T'en as réellement quelque
chose à foutre ??
Ne sachant pas trop quoi répondre, je me contente de me redresser sans rien
dire.
- Tu devrais aller t'allonger dans le lit, tu y seras cents fois mieux.
Et je quitte la salle de bain sur ces mots, descendant ensuite dans la cuisine
pour avaler mon médicament et commencer à me préparer un petit déjeuner.
Bhaltair me rejoint une dizaine de minutes plus tard.
- Fais-moi à bouffer, dit-il.
- Je ne suis pas ta boniche.
Le regard qu'il me lance me fait fermer ma bouche. Il veut que je lui fasse à
manger ? Très bien, je vais lui faire à manger, mais à ma façon. Je lui
prépare donc une omelette bien assaisonnée à base de pratiquement un tube
entier de sel.
- Tiens, je fais en la déposant juste sous son nez.
Évidemment, il ne me remercie pas et entame directement. Sauf qu'il n'a pas
vraiment la réaction escomptée, puisqu'il se contente de dégager l'assiette
d'une main et de commenter :
- C'est dégueulasse. J'espère que tu baises mieux que tu fais la cuisine.
- Si on comparait ta cuisine à tes performances sexuelles, j'imagine
qu'elle serait ratée de manière volontaire de ta part.
Je fais bien évidemment référence à toutes les fois où il a tué des femmes
juste après avoir couché avec, ou encore quand il a failli me tuer moi.
J'évite de justesse l'assiette encore pleine d'omelette qu'il lance dans ma
direction, en me disant qu'il savait pertinemment que j'allais tenter de
l'éviter et qu'il m'aurait très bien visé s'il le voulait. Sans que je n'ai le temps
de le réaliser, il se tient désormais debout juste en face de moi, me
surplombant d'une bonne tête, mon corps quasiment collé contre un mur. Je
tente de le repousser en mettant mes mains sur son torse mais il attrape mes
poignets et me les maintient baissés.
- T'as des couilles maintenant ? demande-t-il.
Je soupire.
- T'as envie que j'te baise.
- Non.
- Ce n'était pas une question. Je sais que t'en a envie. Et moi aussi, j'ai
très envie de te faire crier toute la nuit, seulement à un moment je te
ferais crier parce que je serais en train de t'égorger, alors je suis obligé
de me retenir. Cependant...
Il approche sa tête de mon cou et d'un coup, il dépose ses lèvres dessus et
commence à me faire un suçon. Je le laisse faire, même si je sens qu'il
prend plaisir à me détruire la peau plus que les gens normaux le font
lorsqu’ils font des suçons. Quand il redresse sa tête, je peux voir le désir
dans ses yeux, et ça m'effraie autant que ça m'excite...

Bhaltair

Je sais qu'elle en a envie. Il suffit de voir à quel point elle devient livide à
chaque fois que je suis presque à poil à côté d'elle. Elle a ce regard de
vierge effarouché qui me donne envie de la prendre brusquement. Je
m'éloigne enfin d'elle et me contente de quitter la pièce.
Je me dirige vers le rez-de-chaussée et vais dans la salle où mon requin
Hiomakone tourne en rond toute la journée. C'est aussi là que je fume
beaucoup, ce qui explique peut-être la folie meurtrière de ma bestiole. Je
me roule un joint tout en y ajoutant quelques mélanges spéciaux dont je ne
me souviens plus des noms et commence à fumer. Puis à la fin du premier,
je commence à en rouler un deuxième, et à le fumer également, puis un
troisième, puis un quatrième... au final, je m'en fais dix. Je suis
complètement défoncé, mais ce n'est étonnamment pas à ce moment-là que
je suis le plus dangereux. Là, j'ai juste envie d'aller tuer, de me défouler. Et
petit à petit, mon esprit divague sur celle que je rêve d'assassiner depuis
plusieurs semaines déjà. Son œil noir n'est pas beau, et je me souviens que
celui de ma mère ne l'était pas non plus quand on l'a mise en terre. Mon
père avait l'audace de prétendre qu'il était triste. Moi, je n'ai pleuré ni à son
enterrement, ni à celui de Carita. En même temps, ma sœur n'a pas
réellement été enterrée, puisque mon père a balancé son corps dans un lac et
a prétendu une noyade accidentelle. Son corps, enfin ce qu’il en reste, y gît
toujours. Soudain, on toque à la porte.
- Quoi ?
Un de mes employés entre.
- Monsieur Dean vient de frapper à la porte. Je l'emmène jusqu'ici ?
Je hoche simplement la tête et il ressort. Je le garde à l'œil celui-là, j'ai
l'impression qu'il dérive un peu trop le regard sur ma femme à chaque fois
qu'elle entre dans la même pièce que lui.
Une minute plus tard, Dean entre.
- J'ai apporté Nina avec moi, elle est restée avec ta gonzesse,
m'informe-t-il.
Je hoche la tête et il s'assoit à côté de moi.
- Sacrée bestiole, dit-il en matant ma bête.
Je hoche à nouveau la tête.
- Dis-moi, je peux te poser une question ? fait-il.
Je tourne la tête vers lui, l'encourageant à parler.
- Je n'ai pu m'empêcher de mater ta nana en arrivant, elle était debout
dans la cuisine en train de nettoyer je ne sais quoi, et j'ai remarqué
qu'elle avait une cambrure de malade. Dis-moi, tu l'as enfin baisé ?
C'est fou à quel point il me casse les couilles ce mec. J'ai terriblement envie
de le buter pour mater ce qui n'est pas à lui, mais j'ai besoin de lui vivant
alors je me contente de répondre un « non » à peine audible.
- Et pourquoi est-ce que tu ne la prends pas de force ? Je veux dire, t'as
quand même bien plus de forces qu'elle, tu peux facilement la
maîtriser.
Je ne lui réponds pas, il n'en vaut pas la peine. Que je la prenne de force ou
non, je risque de la buter dans tous les cas, alors que j'ai besoin d'elle en vie
également. En plus, le cri strident des femmes qu'il m'a déjà été donné
d'entendre me donne envie de m'éclater la
gueule contre un mur, et d'éclater leur gueule par la même occasion.
- D'ailleurs, quand elle s'est tournée pour saluer Nina j'ai remarqué
qu'elle avait un œil au beurre noir. Tu lui as fait sa fête ?
Brûle-lui le joint sur la cuisse.
C'est quoi toutes ces questions ? Un interrogatoire ? Je décide pour une fois
d'écouter ce que l'on me dit, et lui balance le joint à la gueule. Il se le prend
sur la joue et pousse un cri étouffé, puis se met à rire. Il croit vraiment que
je suis en train de plaisanter là ? Il a sûrement peur des représailles s'il tente
de se retourner contre moi alors il prétend ne pas comprendre que j'avais
réellement envie de lui cramer les yeux. Je me lève et me casse de la pièce.
S'il ouvre encore une fois sa gueule, je risque réellement de le buter cet
imbécile.
Chapitre 21

Neala

Posée dans le salon avec Nina, celle-ci maquille mon œil au beurre noir
pour ne pas qu'il soit trop voyant. Je lui ai expliqué que c'était un accident,
je ne sais pas trop pourquoi mais je n'ai pas envie de donner à Bhaltair cette
image de monstre à laquelle tout le monde le rapproche.
- Tu sais, certaines femmes ont déjà tenté de fuir leur mari et ont
réussi, m'informe Nina.
- Oui, mais leur mari n'était pas Bhaltair.
- Pas faux.
- Tu sais pourquoi ton cousin et lui devaient se voir aujourd'hui
d'ailleurs ?
- Parler affaires. Il y a un ennemi de la mafia assez coriace qui gagne
du terrain en ce moment.
Je hoche la tête. Je ne m'y connais pas trop et préfère ne pas fourrer mon
nez là-dedans. J'entends une porte claquer et peu de temps après, Bhaltair et
Dean surgissent.
- Ils ont fait vite, remarque Nina.
Je hoche la tête.
- On y va, lance Dean à l’intention de sa cousine en s'approchant de la
porte d'entrée.
- Oh euh... d'accord.
Elle se lève, me salue puis part avec son cousin. Une fois la porte close,
Bhaltair s'assoit dans un des fauteuils et allume la télé, puis passe un bras
derrière sa tête. Je ne peux m'empêcher de trouver ce geste sexy. Un
reportage sur les prédateurs les plus dangereux de la nature s'affiche et je ne
peux m'empêcher de penser que mon mari en fait définitivement partie. Il
s'apprête à changer de chaîne quand son portable vibre. Il se lève et
s'éloigne pour décrocher tandis que je concentre mon intention sur ce qu'il y
a à la télé. « Le tigre du Bengale est connu autant pour sa rareté que pour sa
tendance à attaquer les hommes, les femmes et les enfants qu'il croise à côté
des villages ». Cette phrase pourrait décrire à peu près tous les mafieux que
je connais, malheureusement.
Quelques minutes plus tard, Bhaltair raccroche et se dirige vers moi.
- Va préparer tes affaires. On part en voyage.
Je fronce immédiatement les sourcils et directement, les mots « voyage de
noces » me viennent à l'esprit. Une peur panique s'empare alors de moi. Il a
décidé de réclamer son dû et de m'agresser ? Voyant mon expression, il
fronce les sourcils d'incompréhension et ajoute :
- On part en Italie dans une heure, j'ai des associés à assassiner puisque
mes hommes ne savent pas faire le boulot correctement.
- Mais pourquoi est-ce que je dois venir avec toi ?
- Il est hors de question que je te laisse seule entourée d'hommes qui
pourraient vouloir ton corps à n'importe quel moment.
J'entrouvre la bouche, mais ne dis rien. Je ne sais pas si cette possessivité
malsaine et qui m'objectifie me rassure ou me met hors de moi. Quoiqu'il en
soit, ce n'est pas comme si j'avais mon mot à dire dans cette histoire.
- Euh... il fait plutôt chaud ou froid en Italie ?
- Chaud, tout autant que les italiennes et les italiens.
Il me lance un regard furtif.
- Je garderai un œil sur toi tout le long du séjour. Le moindre homme
que tu regarderas plus d'une seconde sera mort dans la minute.
Je me retiens de lever les yeux au ciel et me lève pour aller préparer ma
valise. Un petit séjour en Italie devrait me faire du bien. Changer d'air et
être loin du monde de la mafia me permettra sûrement de me sentir mieux
et de me changer les idées. Je m'apprête à gravir les marches pour monter à
l'étage quand soudain, quelque chose me passe par la tête. Je retourne dans
le salon et formule de manière hésitante ma question à l'intention de
Bhaltair.
- Est-ce qu'il serait possible que nous mangions dans des restaurants
italiens une fois sur place ?
Il tourne la tête vers moi et met du temps avant de répondre.
- C'est quoi cette question ? Tu penses que je comptais faire les repas
moi-même ?
Bon, ça a le mérite d'être clair. Je retourne sur mes pas et gravis les marches
cette fois-ci. Italie, nous voilà.

Bhaltair

Assis dans le jet, j'attends que ma femme arrive pour que nous puissions
décoller. Je sens que ce séjour va être très compliqué pour moi. D’un parce
que la voir avec des tenues courtes et moulantes à longueur de journée va
me donner envie de la baiser, et de deux parce que je sais que je ne serai pas
le seul à la regarder. On ne mate pas ce qui m'appartient avec envie, c'est
tout. Et puis je ne sais pas exactement pourquoi, mais je n'ai tout
simplement pas envie que d'autres mecs que moi la regardent. Elle monte
dans l'avion avec un short en jean noir et en crop top rouge bustier qui laisse
apparaître mon prénom que j'ai gravé sur sa peau, et je ne me prive pas de la
mater. Et ça, de haut en bas. Elle est gênée, je le vois bien, et je n’en ai
strictement rien à foutre. Deux de mes hommes nous rejoignent et le jet
commence à rouler. Elle n'a pas l'air rassuré, et l'idée qu'elle flippe me fait
doucement rire.
Balance-la par la porte de secours.
Elle regarde à travers la fenêtre avec appréhension tandis que l'avion
commence à décoller. Petit à petit, il quitte le sol et nous voilà en train de
nous envoler pour l'Italie. On devrait en avoir pour approximativement 3
heures 30 de vol, c'est plutôt long sachant que je suis une personne qui a
beaucoup de mal à patienter. Je vois un de mes hommes de main mater les
jambes de mon épouse et je fronce les sourcils. Je le bute dès que nous
atterrissons. Je jette un coup d'œil à l'autre, qui lui a le regard fixé dans le
vide. Très bien, c'est ça que j'attends d'un de mes hommes : une
concertation optimale.
**
Ça fait déjà deux heures que l'avion a décollé et je commence sérieusement
à tenter de me maîtriser. J'ai envie de me cogner la tête contre le hublot pour
faire partir cette petite voix au fond de moi qui m'empêche de raisonner et
m'empêche de passer le temps correctement. Mon homme de main regarde
une nouvelle fois ma femme, c'est la troisième fois déjà, alors je songe
sérieusement à le buter en plein vol. Dommage, on ne saura jamais s'il sera
mort au-dessus de la République Tchèque ou encore de l’Autriche. Je pose
discrètement ma main sur mon arme cachée dans ma poche quand soudain,
mon téléphone vibre. Je fronce les sourcils et lève les yeux au ciel en
m'apercevant qu'il s'agit de mon épouse.
- L'altitude te fait perdre ta langue, tu ne peux plus me parler en vrai ?
je lance à son intention.
Elle fait des gros yeux alors je la fusille du regard et regarde le message
qu'elle m'a envoyé. « Qui est cet homme qui n'arrête pas de me regarder
depuis tout à l'heure ? Je ne l'avais jamais vu auparavant ». Je fronce une
énième fois les sourcils et lève la tête vers ce type, qui désormais me
dévisage. Putain mais c'est vrai, c'est bien la première fois que je le vois. Je
m'apprête immédiatement à m'emparer de mon arme sauf que celui-ci agit
plus rapidement que moi et tue le second homme de main. Puis, il me tire
dessus. Je suis touché à l'épaule et tombe au sol. Je lui tire dessus à mon
tour mais la douleur dans mon épaule m'empêche de viser correctement et
je le rate. Il s'apprête à tirer une seconde balle dans ma direction quand son
bras se retrouve propulser en arrière par ma femme. Le type la dégage d'un
coup de main dans le ventre, ce qui la fait tomber plus loin, et il repointe
son arme dans ma direction. Putain, on est dans la merde.
Chapitre 22

Neala

Le type me pousse à l'aide de son bras et je m'effondre loin de lui. Puis, il


pointe à nouveau son arme sur Bhaltair, et c'est là que je réalise que ça va
être à moi de m'occuper de la situation. Je ne vais avoir que quelques
secondes pour agir. Je sors très discrètement le couteau que je garde tout le
temps sur moi depuis que Bhaltair a commencé à m'apprendre à me
défendre, et je vois que celui-ci m'aperçoit. Il essaye donc de gagner du
temps.
- T'es qui putain ? Et pour qui est-ce que tu travailles ?
Le type semble hésiter, mais finit par répondre.
- De toute façon je vais vous buter toi et ta greluche, alors je peux te
mettre au courant.
Il marque une pause durant laquelle je m'approche de lui en rampant au sol.
- Ce sont les italiens que vous comptiez aller tuer qui m'ont embauché.
Ils savent qu'avec vous ils ne peuvent attendre que la mort sans
aucune merci, alors ils ont
voulu prendre les devants.
Un rire sans joie sort de la poitrine de Bhaltair.
- Ils voulaient s'attaquer à la mafia ? Quelle connerie.
Désormais arrivée derrière le type, je commence à me redresser dans le plus
grand des silences. Merde, mais qu'est-ce que je suis censée faire ? Le tuer
??
- Ta gueule Mulligan, tu penses vraiment être en état de l'ouvrir en ce
moment ?
Qu'est-ce que je fais bordel ?
- T'as un dernier mot à dire avant que je t'explose la cervelle ?
- Ça se peut, oui. Que penses-tu de la place des femmes dans la mafia
?
Putain, il a compris. Il sait que j'hésite à le tuer, et le faire avouer lui-même
qu'il est un monstre avec les femmes me motivera à passer à l'acte.
- Pourquoi cette question ? Parce que tu viens de te marier ? Les
femmes sont des salopes bonnes seulement à nous satisfaire
sexuellement ! À ce qu'il parait tu ne t'es pas encore tapé ta poule ?
Ça veut dire qu'elle est encore vierge, si je ne me trompe pas. Ne t’en
fais pas, je ne la laisserai pas mourir sans avoir vu un pénis de toute
sa vie.
Bhaltair pose son regard droit dans le mien et pour la première fois depuis
que je le connais, je pourrais jurer y voir autre chose que de l'indifférence et
un froid extrême. Quoi qu'il en soit, il a réussi. Il a réussi à me motiver.
L'homme debout dos à moi est un monstre qui parle du fait qu'il compte me
violer sans aucun scrupule après avoir tué mon mari. Je prends alors une
grande inspiration, approche mon couteau de son cou et... le plante dedans,
puis le lui tranche. Du sang gicle de partout tandis que je m'empresse de
reculer en évitant de crier.
Ma respiration est saccadée, je commence à faire une crise de panique. Je
viens de tuer un homme bordel ! Je m'assois vite sur un siège pour ne pas
faire un malaise et m'écrouler au sol, même si je sens que c'est bien parti
pour. Bhaltair se redresse en s'appuyant contre le mur et se dirige vers moi.
- C'est la deuxième fois que tu me sauves la vie. Je ne sais pas si t'es
complètement folle ou juste profondément idiote.
Contrairement à ses paroles, son ton n'est pas méchant. Je pense vraiment
qu'il ne comprend pas pourquoi j'ai fait ça. Il sait qu'il est mauvais, et il s'en
rend compte.
- Je... ce type...
- On atterrira sur le sol italien dans une heure et trente minutes
environ. Tu vas devoir admirer la beauté de ce que tu viens
d'accomplir pendant encore quatre-vingt-dix minutes. Ensuite, j'aurai
deux types à aller tuer.
Il se passe une longue pause pendant laquelle ni lui ni moi n’ajoutons
quoique ce soit, jusqu'à ce qu'il prenne à nouveau la parole.
- Tu as commis ton premier meurtre aujourd'hui, et ça pour me sauver.
Je crois que je suis autant motivé par l'envie de te buter que je suis
intrigué par ta personne, désormais. Et je ne pense pas que ça soit une
bonne chose pour toi.
Un frisson me parcourt à l’entente de ses mots. Ce mec est perché et j’ai
beau le savoir, il me terrifie toujours autant...
**
Quand le jet se pose sur le toit de l'hôtel dans lequel nous allons résider,
nous descendons et un médecin prend immédiatement Bhaltair en charge,
malgré les protestations de ce dernier. On me donne ma carte pour accéder à
notre chambre alors j'y vais en attendant qu'il se fasse soigner. La chambre
est très luxueuse, sans doute la plus grande de l'hôtel. D'ailleurs,
j'appellerais plutôt ça un appartement qu'une chambre. Tout pue l'opulence
ici, de la table en bois de chêne au comptoir en marbre.
Deux heures plus tard, Bhaltair entre dans la chambre.
- Ce soir, je vais m'occuper des deux types que j'ai à buter, m'informe-
t-il. Et toi, tu resteras là en m'attendant. Tu n'auras pas intérêt à sortir,
ou de toute manière je le saurais.
Je m'empêche de lever les yeux au ciel.
- Cette possessivité malsaine me rend malade. Pourquoi est-ce que je
sortirais de toute manière ? Je ne parle pas un fichtre mot d'italien.
- Allez, on va bouffer, m’ignore-t-il.
Il ressort de la chambre presque aussi vite qu'il en est rentré alors je le suis
dans le couloir au pas de course. Nous entrons dans l'ascenseur et pendant
ce petit lapse de silence, un souvenir me revient à l'esprit. La dernière fois
que nous avons été dans un hôtel, il m'a ouvert le ventre pour me graver son
prénom. C'était un épisode traumatisant, mais j'ai heureusement bien
cicatrisé. L'ascenseur nous informe que nous venons d'arriver au premier
étage, et juste avant que les portes ne s'ouvrent, Bhaltair me tend son sweat.
- Tiens, mets-ça.
- Pourquoi ? je demande en fronçant les sourcils.
- Ne pose pas de questions, fait-il d'un air agacé.
Je n'ajoute rien et l'enfile. Le sweat cache désormais une grande partie de
mon corps. C'est étrange, car jusque-là il s'est toujours montré très
possessif, mais il ne m'a jamais passé ses propres affaires pour me couvrir.
S'il trouve que je m'habille trop vulgairement, pourquoi ne pas tout
simplement me le dire ? Ce n'est pas comme s'il avait sa langue dans sa
poche lorsqu’il s'agit de me descendre.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et nous en sortons en silence. Sur le
chemin, une fille ne peut s'empêcher de lui faire les yeux doux et ça
m'énerve. Elle ne voit pas qu'il est avec quelqu'un ? Je trouve ce genre de
comportement tellement révoltant. Nous sortons de l'hôtel et une limousine
nous attend juste devant. Nous montons et je me retiens de lui demander
l'adresse du restaurant où nous allons. Il a l'air -pour une raison que j'ignore-
assez énervé comme ça.
La limousine roule pendant une dizaine de minutes et finit par s'arrêter
devant un petit restaurant très chic, qu'il a l'air d'avoir fait privatiser
puisqu'il n'y a apparemment personne à l'intérieur, je peux le remarquer à
travers la vitre transparente. J'avale difficilement ma salive. Un dîner en
tête-à-tête avec Bhaltair quand nous sommes chez nous ne me pose pas de
problème puisque nous n'avons pas vraiment le choix, mais un dîner en tête-
à-tête avec lui dans un restaurant, c'est différent, même oppressant. Je
descends de la voiture avec une certaine appréhension et nous entrons. Un
serveur vient immédiatement s'occuper de nous en nous plaçant sur une
table reculée, cachée par une sorte de grosse plante exotique. Les cartes
nous sont remises et la première chose que je remarque est la carte des vins.
Tiens, j'en prendrais bien, même si je sais que l'alcool ne rend pas très beau
sur moi. Je vois Bhaltair sortir un joint, l'allumer et commencer à le fumer.
Comme l'odeur me dérange, je grimace mais ne dis rien. Malheureusement,
il le remarque et l'expression qu'il affiche me fait comprendre qu'il n'aime
pas ce qu'il voit.
Chapitre 23

- Pourquoi est-ce que tu fais cette tête ?? demande-t-il en me fusillant


du regard.
- Pour rien, c'est juste que je n'aime pas l'odeur, je fais en enlevant le
sweat qu'il m'a passé.
- Pourquoi est-ce que tu le retires ? Tu veux te faire mater ??
Mais qu'est-ce qu'il a ce soir ? Moi qui commençais à le trouver un petit peu
apaisé en ce moment et à lui trouver un côté humain avec ce que j'ai appris
sur son enfance, là j'ai l'impression de me tromper complètement.
- Non, nous sommes en Italie et il doit sûrement faire plus de trente
degrés, alors j'aimerais éviter de mourir d'une bouffée de chaleur trop
importante ou même d'une combustion spontanée.
Ma tentative d'humour ne fonctionne pas du tout et je le vois souffler.
- Tu me prends pour un abruti ?
Et c'est là que son œil droit commence à se tourner et devenir blanc. Mais
qu'est-ce qu’il lui prend ? Ma serviette tombe de mes genoux à ce moment-
là alors je me baisse pour la ramasser et soudain, un bruit sourd retentit. Je
me redresse et remarque qu'il vient de planter une fourchette dans la table...
là où se situait ma main à peine trois secondes plus tôt. Si ma serviette
n'était pas tombée et que je ne m'étais pas servie de ma main pour la
ramasser, il me l'aurait sûrement planté dans cette dernière. Je le regarde
avec de grands yeux ronds.
- Remet le sweat, dit-il.
- Mais non je ne vais pas le remettre il...
- REMETS-LE IMMÉDIATEMENT ! s'exclame-t-il soudain, me
faisant sursauter.
Et d'un coup, il ressort la fourchette de la table et se la plante dans sa propre
main. Je porte les miennes à ma bouche. Aucune expression de douleur ne
s'affiche sur son visage, comme s'il n'était même pas conscient de ce qu'il
vient de faire.
- Bhaltair...
Je n'ose pas le toucher, j'ai peur qu'il me frappe pour m'éloigner, même s’il
n'a jamais volontairement lever la main sur moi au sens littéral du terme.
Mais ce soir, il me semble particulièrement à cran alors je ne préfère pas
tenter le diable. Puis soudain, il se lève d'un coup et sans même me dire ce
qu'il compte faire, il sort du restaurant. Je le vois à travers la vitre en verre,
il marche en cercle. Ça a l'air de fonctionner puisque sa poitrine regagne un
rythme d’inspiration et d’expiration de plus en plus normal.
Il revient dans le restaurant seulement dix minutes plus tard, minutes durant
lesquelles j'ai eu le temps de commander du vin. Quand il se réinstalle à sa
place, le serveur qui nous a accueilli tout à l'heure vient prendre nos
commandes, puis s'éclipse en vitesse. Je comprends qu'il ait peur.
- T'as commandé du vin ? fait Bhaltair en me lançant un regard empli
de dédain.
- Ouais... tu en veux ?
- Non.
Excuse-moi de proposer... je jette un coup d'œil à sa main qu'il a emballé
dans une serviette et remarque qu'il n'a pas l'air de saigner abondamment.
Tant mieux. Ça me serait pénible de le voir perdre trop de sang.
Je me sers mon second verre de vin et le descend quasiment d'une traite.
J'aime ça puis j'ai envie de faire passer cette soirée le plus vite possible. Et
quel meilleur moyen que de se saouler au vin ? Je vois Bhaltair me
surveiller du coin de l'œil. Il observe mes moindres faits et gestes et ça me
rend nerveuse, je ne sais pourquoi. La soirée à venir s'annonce longue et
ennuyante à mourir après ce qu'il vient de se passer. Je ne me sens pas l'âme
à tenter de faire la discussion, il a essayé de me planter une fourchette dans
la main, après tout.
Bhaltair

Nos pizzas arrivent et le silence règne. Je pense qu'elle est en colère que j'ai
tenté de lui enfoncer ma fourchette dans la main et honnêtement, je n'en ai
rien à foutre. Elle m'énerve à ne pas vouloir prendre mon sweat pour se
couvrir, je n'ai pas envie qu'on la regarde. Je ne sais pas pourquoi,
ordinairement je n'en ai rien à faire de la manière dont elle s'habille lorsque
nous n’allons pas à un endroit fréquenté par beaucoup de mafieux, si on la
regarde trop je bute le mec en face, c'est tout, mais là... bref, je ne me
comprends pas. Elle a vidé la bouteille de vin de sa moitié, je n'en ai pas bu
une goutte, et elle m'a l'air plutôt éméchée, même si elle tente de le cacher.
Rien ne m'échappe.
- Pourquoi ? finit-elle par demander.
Je fronce les sourcils.
- Pourquoi est-ce que tu as tellement de mal avec les femmes, y
compris moi ?
- Je suis malade, et tu le sais.
- Oui, bien sûr que je le sais, mais tous les hommes schizophrènes
n'ont pas envie de tuer toutes les femmes avec qui ils couchent ou
même avec qui ils parlent. C'est plus profond chez toi, tu ressens une
vraie aversion à notre égard.
- Tu parles de schizophrénie, mais ce n'est qu'une toute petite partie de
tout ce dont je suis atteint.
Elle soupire.
- Je le sais, et ça me fait de la peine pour t...
Je frappe du poing sur la table tellement fort qu'elle sursaute.
- De la peine pour moi, vraiment ??
Un faux rire s'échappe de mes lèvres.
- Laisse-moi te dire que t'es encore plus conne que ce que je pensais
alors !
Elle lève les yeux au ciel et au lieu de me répondre, elle se serre un énième
verre de vin et commence à manger sa pizza. Je n'ai pas faim, alors je ne
touche pas à la mienne. De la peine pour moi, sérieusement ? Est-ce que je
ressemble à un chiot égaré sur le bord d'une route ? Je ne pense pas.
Soudain, un rire retentit, le sien.
- Tu sais ce qui est marrant ? demande-t-elle.
- Non, et je n'en ai rien à foutre.
- Ce qui est marrant c'est que t'as beau être super flippant, méchant et
violent, tu n'en restes pas moi super sexy !
Ma respiration commence doucement à s'accélérer. Son comportement
m'insupporte déjà quand elle est sobre, mais alors quand elle est bourrée
c'est encore pire. Soudain, elle se lève, fait le tour de la table et se plante
devant moi.
- Je n’ai pas vraiment faim, en fait... dit-elle.
- Ferme-la.
- Oh, c'est méchant ça.
Elle se rapproche de moi et par je ne sais quel élan de stupidité, pose ses
genoux de part et d’autre de mon corps sur la banquette sur laquelle je suis
assis. Elle est en train de me chevaucher, et j'ai l'habitude d'être au-dessus,
d'habitude. Elle passe ses mains derrière mon cou et me lance un regard
langoureux. Je la regarde faire sans rien dire. Ce n'est pas une pucelle
bourrée en chaleur qui va m'exciter, même si ses hanches qui commencent à
onduler pile au bon endroit commencent doucement à me chauffer. Je pose
brusquement mes mains dessus, ce qui la fait sursauter, pour la faire onduler
plus rapidement. Un autre rire lui échappe. Elle rapproche ses lèvres de
mon cou et commence à le lécher de bas en haut. Je ne lui connaissais pas
ce tempérament. Au
moment où elle se rapproche de mon oreille, j'en profite pour lui glisser :
- Tu n'imagines pas à quel point j'ai envie de te faire du mal.
Je vois un frisson parcourir son corps. Ce n'était pas l'effet escompté, mais
ça me plaît assez en fin de compte. Soudain, elle recule son visage pour me
regarder droit dans les yeux, et pendant plusieurs secondes, ni elle ni moi ne
bougeons. Puis, sans que je m'y attende, elle approche rapidement son
visage du mien et commence à m'embrasser sauvagement.
Chapitre 24

Sans que je m'y attende, elle approche rapidement son visage du mien et
commence à m'embrasser sauvagement. Nos langues se rejoignent
immédiatement, et je trouve qu'elle embrasse plutôt bien pour une personne
sans aucune expérience. Mes mains remontent sur sa taille, que j'attire à
moi. Nos lèvres mouvent les unes contre les autres et lentement, l’une de
mes mains descend jusqu'à se poser sur ma cuisse, ou plus précisément
jusqu'à la poche de mon pantalon, sur mon couteau.
Tranche-lui la gorge.
De mon autre main, j'attrape l'arrière de son crâne pour approfondir le
baiser. Peut-être que je lui fais mal, je m'en fous.
Poignarde-la en plein cœur.
Je pose désormais ma main sur sa poitrine et commence à la malaxer
brutalement. Un gémissement de surprise lui échappe, toujours contre mes
lèvres, mais elle ne me repousse pas. De ses mains, elle soulève le bas de
mon teeshirt et commence à caresser mon torse.
Cogne-lui la tête contre le carrelage.
De mes deux mains, je l'attrape par la taille et lui plaque le dos contre la
table, rompant notre baiser. Un gémissement de douleur lui échappe. Je suis
désormais debout, et elle a ses jambes écartées autour de mon entrejambe,
allongée horizontalement sur la table.
- Attends, Bhaltair... fait-elle.
Étrangle-la.
Je l'attrape par les cuisses pour coller mon bassin contre elle et cette fois-ci,
elle pousse un petit cri.
- Arrête ! fait-elle en me poussant de ses deux mains sur mon torse.
Me contrôlant à moitié, je tombe sur la banquette. Je sens que je suis en
train de faire une crise et que je vais avoir du mal à redescendre.
Écorche-lui le visage.
Ma main se pose sur mon couteau, et je sens qu'elle ne va pas faire long feu
si ça continue ainsi.
- Dégage, je lance soudain.
- Quoi ? fait-elle en se relevant.
- Dégage ! je crie, cette fois.
Elle ne perd pas une seconde et commence à se diriger vers la sortie du
restaurant. Je lutte de toutes mes forces pour ne pas lui courir après et la
tuer, même si j'en ai très envie. Ça devient de plus en plus insupportable.
Même si elle n'est désormais plus là, je n'arrive pas à me calmer, et ma
respiration ne fait que s'accélérer. Ma main sort d'elle-même mon couteau
de ma poche et, au lieu de me précipiter à la suite de ma femme pour la tuer,
je le dirige vers ma main déjà amochée par la fourchette de tout à l'heure et
l'enfonce brusquement. Je ne sens quasiment rien à cause de l'adrénaline,
mais le peu que je sens tout de même me permet de réguler ma respiration.
Voir le sang couler de ma main m'apaise. Je commence peu à peu à
redevenir maître de moi-même, même si je ne suis pas totalement calmé. Je
ressors le couteau de ma main et enroule celle-ci dans une serviette. Ma
respiration commence à revenir à la normale et moi aussi.
Je souffle un grand coup et appelle le même médecin qui s'est occupé de
mon épaule une heure plus tôt. Il me prévient qu'il sera là dans une dizaine
de minutes. Ça risque de retarder mon plan de ce soir, qui consiste à tuer les
deux abrutis qui m'ont trahi. C'est seulement là que je remarque que mon
sweat est toujours posé sur la banquette à côté de moi, ce qui veut dire
qu'elle est désormais seule avec des vêtements qui en dévoilent beaucoup
dans une ville peuplée de mecs en chaleur qui pourraient tenter de se la
faire, avec ou sans son accord. Ça me met hors de moi, mais j'arrive à me
contrôler à peu près. Elle a un couteau sur elle, elle peut se défendre, elle a
de quoi se défendre. Mais la question est : si quelqu'un tente de l'agresser,
est-ce qu'elle osera riposter ? Je pense avoir la réponse à cette question, et
elle ne me plaît absolument pas.

Neala

Je marche dans la grande ville qu'est Portofino, mais je ne sais pas vraiment
où je vais. Je n'ai pas de but. Même si je n'ai pas envie de me l'avouer, j'ai
adoré ce baiser avec Bhaltair. Il a de l'expérience et ça se sent.
Malheureusement, il ne l'a pas supporté et a bien failli me tuer sur cette
table, juste à côté de nos pizzas.
- Excusez-moi, vous êtes perdue ? me demande soudain un inconnu en
italien.
Comme je ne comprends pas cette langue, je tente de lui parler anglais et
l'informe que je traîne simplement devant les boutiques. Il n'en reste pas là
puisqu'il commence à marcher à ma hauteur. Je l'informe que c'est une très
mauvaise idée, mais il a l'air de s'en contreficher. Je décide donc de rentrer
dans une boutique de lingerie en espérant qu'il me lâche, mais ça ne
fonctionne pas puisqu'il rentre avec moi.
- D’où venez-vous ? me demande-t-il.
- Très loin.
- Alors que faites-vous là ? Vous n'êtes manifestement pas en
vacances.
Je ne pense pas que lui dire la raison de ma présence ici soit une très bonne
idée, alors je me contente de hausser les épaules et commence à regarder
différents modèles. Comme il me suit encore, je me tourne brusquement
dans sa direction et croise mes bras sur ma poitrine.
- Je peux savoir pourquoi est-ce que vous me suivez de la sorte ? C'est
flippant !
L'air de rien, il se rapproche lentement de moi et regarde les modèles en
exposition. Puis ce qu'il dit ensuite me glace le sang.
- Gardez une expression neutre car ce que je m'apprête à vous dire
peut potentiellement vous faire peur. Il y a deux hommes dehors qui
sont en train de vous suivre depuis une dizaine de minutes déjà, alors
je voulais vous mettre au courant pour que vous puissiez vous mettre
à l'abris.
Je jette un très bref coup d'œil à l’extérieur. Il y a effectivement deux
hommes qui ne bougent pas. Ma respiration s'accélère. Est-ce que ce sont
les deux hommes que Bhaltair est censé tuer ? J'avale difficilement ma
salive.
- Merci de m'avoir mise au courant.
Il hoche la tête tandis que je sors mon téléphone. Je clique sur le numéro de
Bhaltair et le colle contre mon oreille. Celui-ci décroche au bout de deux
sonneries.
- Quoi ?
- Tu vas mieux ?
Un silence règne à l'autre bout du fil, je me contente donc de lui dire le plus
important.
- Les deux hommes que tu veux tuer, je crois qu'ils sont là.
- Comment ça « là » ?
- Bah ici ! Je suis dans une boutique, ils sont sur le trottoir en face de
celle-ci.
- Envoie-moi ta localisation.
- Ok mais...
- Pas la peine en fin de compte, je l'ai déjà.
Et il raccroche. Je ne sais pas si cette information doit me rassurer ou
m'effrayer. Je me
contente de rester à l'intérieur de la boutique tandis que l'homme qui me
suivait me prévient qu'il doit partir. Je le remercie une deuxième fois avant
qu'il passe les portes de la boutique et s’en aille. C'est alors qu'un des deux
types qui m'observaient traverse la rue et... entre. J'essaye de garder un
minimum de contenance, mais je sens mon sang se figer dans mes veines.
J'examine les différents modèles de soutien-gorge et fais semblant de m'y
intéresser.
- Le vert vous irait parfaitement.
Je sursaute en entendant sa voix juste à côté de moi. Je ne l'avais pas vu
venir.
- Ah... merci.
Je m'apprête à m'en aller quand il m'attrape par le bras.
- Attendez ne partez pas, je ne vais pas vous manger.
Je lui souris timidement. J'aimerais être partout sauf ici à l'heure qu'il est. Et
quelque chose me dit que le pire reste à venir.
Chapitre 25

- Écoutez, c'est avec plaisir que je resterais discuter mais... mais j'ai un
petit ami voyez-vous, et il est très, très jaloux.
- C'est ce qu'on dit oui... murmure-t-il.
- Je vous demande pardon ?
- Non, rien. Alors comme ça, vous allez souvent vous trouver des
jolies sous-vêtements seule, sans votre copain ?
- Eh bien non pas vraim...
- Il ressemble à quoi votre copain, dites-moi ?
- B... Blond. Avec des yeux bleus et deux belles fossettes.
Il hoche lentement la tête. Nous échangeons un regard et je parie qu'il sait
que je mens. J'ai l'impression que je vais mourir sur place. Il faut que
j'essaye de m'en aller.
- Bon bah je vais vous laiss...
Soudain, mon téléphone se met à vibrer, et le prénom de Bhaltair s'affiche
sur l'écran. Je relève la tête et croise le regard du type. En un claquement de
doigt, je tente de m'éclipser, sauf qu'il m'attrape par le bras et tente de me
mettre un coup de poing que j'évite de justesse, qui atterrit dans un lot de
strings rayés. Je lui envoie mon genou entre les jambes et cours vers la
sortie du magasin, mais c'était sans penser au deuxième type, qui arrive à ce
moment-là et me bloque le passage. La caissière et les clients se mettent à
crier quand il sort une arme. Je sens les battements de mon cœur accélérer.
Je suis vraiment dans la merde. Je tente de m'enfuir en tournant les talons
mais un premier coup de feu retentit et je me fige sur place. La balle a frôlé
mon épaule. Je sens une larme rouler sur ma joue. Quelques gouttes de sang
s'écoulent de mon épaule mais ça ne me fait pas vraiment mal.
- Viens-là sale pute ! lance le premier type tandis que je me cache
derrière un rayon de soutien-gorge pour femmes enceintes.
Je sens que je commence à faire une crise de panique. Je ne vais pas réussir
à me contrôler. Heureusement, ils n'ont pas l'air de m'avoir repéré, et le plus
longtemps je resterai caché, le plus longtemps je serai en sécurité avant que
Bhaltair arrive et leur fasse leur fête. Enfin ça, c'était avant qu'une dame,
cachée derrière le même rayon que moi, me pousse exprès pour que les
types me remarquent. Dès qu'ils me voient, ils se précipitent dans ma
direction. L'un d'eux m'attrape par les bras et me maîtrise, m'empêchant de
bouger, tandis que l'autre soulève le bas de mon top. Il hoche lentement la
tête en riant.
- Alors les rumeurs disaient vraies. Il a gravé son nom sur le ventre de
sa nana ! C'est bien elle, on l'embarque.
Je me débats dans tous les sens, mets des coups de jambes, mais je
commence à me dire que je vais bel et bien me faire kidnapper. Ils me
sortent de la boutique et personne ne tente d'intervenir, ça serait d'ailleurs
fou de le faire. Mais au moment de traverser la rue, une Lamborghini
violette arrive à fond. Une de ses vitres teintées s'ouvre et en une fraction de
seconde, le deuxième type tombe à terre, la balle d'un automatique venant
de lui traverser la tête. Le premier ne tarde pas à se prendre une balle à son
tour, me libérant au passage. Je me redresse vite et me retiens de pousse un
cri horrifié devant ces deux cadavres. La portière de la voiture s'ouvre et
Bhaltair crie :
- Dépêche, monte !
Je ne me fais pas prier et fonce dans la voiture. Il referme la portière
derrière lui et
démarre en trombe.
- On quitte l'Italie ce soir, dit-il.
Je hoche lentement la tête. Je n'aurais pas dit mieux. Je vois son regard
parcourir mon corps, et s'arrêter sur mon épaule. Il fronce les sourcils mais
retourne son regard vers la route tandis que je me remets de mes émotions
du mieux que je le peux, c'est-à-dire absolument pas.
Une fois de retour à l'hôtel, nous nous dépêchons de faire nos valises, ou
plutôt de les prendre puisque nous ne les avions pas encore ouvertes, et
nous dépêchons d'aller jusqu'au jet. C'est trop dangereux pour nous de rester
en Italie. Quand nous serons de retour en Finlande, nous aurons toute la
protection nécessaire.
Une fois assise dans le jet, je prends le temps de regarder mon épaule et
grimace. Le sang a séché et ce n'est pas beau à voir. J'entends quelqu'un
souffler à côté de moi. Je me tourne vers Bhaltair.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Il ne me répond pas et je n'insiste pas. Je n'ai pas très envie de recevoir ses
foudres maintenant. Je baisse le regard et tombe sur mes cuisses brûlées,
une œuvre de mon époux. Je soupire et regarde à travers le hublot.
- Redresse-toi.
Je sursaute et me tourne vers lui en fronçant les sourcils.
- Quoi ?
- Redresse-toi putain, fait-il en m'attrapant par le bras pour me
redresser.
Il pose une espèce de mallette à côté de moi et l'ouvre. Elle contient des
produits de soins.
- Retire ton haut.
- Mais...
- Retire-le où je le déchire.
Je l’enlève et il commence à sortir du produit pour nettoyer la plaie.
- Pourquoi est-ce que tu fais ça ?
- Tu risques une infection si ce n'est pas soigné à temps, et tu sais que
j'ai besoin de toi en vie.
Je hoche lentement la tête. Il s'occupe donc de ma blessure pendant les
minutes qui suivent et étonnamment, il ne s'amuse pas à appuyer trop fort
pour me faire mal. Il finit par couvrir mon épaule d'un gros pansement et
ferme la mallette.
- Merci.
- Ta gueule.
Je hausse les sourcils.
- Dis-moi, ces hommes... qu'est-ce qu'ils me voulaient tu penses ?
- T'enlever, te séquestrer, te violer et m'envoyer des vidéos pour me
faire chanter.
J'écarquille les yeux. Son manque de tact me fascine autant qu'il m'effraie.
- Mais comment est-ce qu'ils auraient pu te faire chanter ? Tout le
monde sait que tu ne me voues pas une grande affection.
- Mais ils savent que ça me rendrait malade de savoir ma femme en
leur possession, comme à peu près tout ce qui m'appartient.
Il sort une boîte de sa poche et l'ouvre, puis prend une espèce de
médicament qu'il y a à l'intérieur et l'avale. Je suppose que c'est un
traitement contre l’une de ses maladies. Je me demande pourquoi est-ce
qu'il en consomme un maintenant, lui qui n'a jamais daigné les prendre.
- Et... quand est-ce que les voix dans ta tête ont commencé ?
- Tu poses trop de questions.
- Je m'ennuie, j'ai envie de passer le temps plus vite.
- Je passerais bien le temps d'une autre manière.
Je ne dis rien et détourne le regard. Mais soudain, il décide de me répondre.
- Après la mort de ma mère et de ma sœur.
- Oh... mais alors ça t'a touché plus que tu ne le laisses paraître ? je fais
en me tournant vers lui.
- Ouais, ça me brise le cœur, dit-il d'un air cynique.
- Et pourquoi est-ce que tu veux tuer ton père ?
Il souffle.
- Mêle-toi de ton putain de cul.
Je soupire.
- Je n'aime pas mon père, mais pourtant je ne rêve pas de le tuer, je
lance.
- Pourtant tu devrais.
- L'amour pour le sang ne coule pas dans mes veines à moi.
Il ne répond rien.
- Pour revenir aux italiens avec qui tu pensais travailler qui ont tenté
de m'enlever pour te faire chanter... tu penses qu'ils sont aux ordres de
qui ?
- Je n'en sais rien.
Il prend un autre médicament. Il ne doit pas avoir l'habitude de ne pas avoir
la situation entre ses mains.
**
Deux heures plus tard, le jet se pose enfin en Finlande et nous rentrons au
manoir. Je ne me sens pas vraiment en sécurité, même dans mon propre
pays. J'ai l'impression que quelque chose se prépare et que cette attaque en
Italie n’était que le commencement.

Chapitre 26

- Debout !
J’ouvre les yeux en sursaut et m'empresse de couvrir mes genoux en voyant
mon père et celui de Bhaltair juste devant notre lit. Bhaltair se réveille en
les fusillant du regard.
- Il est six heures du matin, qu'est-ce que vous foutez ici ?
- On a entendu parler de ce qu'il s'est passé hier. C'est quoi ce bordel ?
lance mon beau-père.
- Dégagez de la chambre.
- Non il faut...
- Ma femme est à moitié à poil et je connais ton amour pour les
femmes plus jeunes alors DÉGAGEZ DE LA CHAMBRE !
Nos pères s'échangent un regard et finissent par quitter la pièce.
- Habille-toi, me dit Bhaltair en se levant.
Je me dirige vers le dressing et me vêtis d'une robe près du corps en satin
bleu clair. Mon épaule me fait mal, mais je préfère éviter de me plaindre.
L'homme en face de moi s'est déjà pris trois balles dans le corps il n'y a pas
longtemps, alors ce que j'ai n'est rien
à côté de lui. Une fois que nous sommes prêts, nous sortons de la chambre
pour rejoindre nos parents.
- Comment va maman ? je demande alors à mon père en m'asseyant.
- Bien, mais on s'en fout.
J'échange un regard avec Bhaltair qui hausse un sourcil, faisant sûrement
référence à notre conversation d'hier soir dans le jet. Pendant que les trois
hommes autour de moi discutent de potentiels ennemis, je focalise mes
pensées sur le lustre au-dessus de nos têtes. Je m'ennuie, je ne pense pas que
prendre part à la conversation plaise à ces messieurs, alors je préfère me
taire. Je décide même de me lever pour m'en aller mais Bhaltair m'attrape
par le bras et me fait me rassoir.
- Sinon, avez-vous consommé le mariage, ou pas encore ? demande
son père.
- Pas encore, je fais.
- À cause de tes envies de meurtre je présume ? questionne-t-il en se
tournant vers son fils.
Il hoche la tête.
- Ça en devient ridicule. Ça fait plus d'un mois que vous vous êtes
mariés, enfin !
Je vois le regard de mon époux se durcir.
- Ne me dis pas comment gérer ce que je fais ou non avec ma femme.
- Change de ton.
- Pourquoi, c'est toi le chef de la mafia ?
- Dans un certain sens oui, puisque tu ne l'as pas encore défloré.
Oh, par pitié. Ça me met tellement mal à l'aise qu'ils parlent de ma virginité
comme si je n'étais pas là, et devant mon père qui plus est. Les deux
hommes de la famille Mulligan s’affrontent du regard pendant plusieurs
secondes avant que le père détourne le sien. Si même lui ne tient pas tête à
son fils, je me demande qui le peut, et surtout qui est assez con pour penser
pouvoir lui faire du chantage.
- Bon, nous allons y aller, dit son père.
Mon père et lui se lèvent et nous saluent. Puis, ils s'en vont. Bon débarras !
Je me sens oppressée ici. Et depuis ce qu'il s'est passé hier, j'ai l'impression
de ne plus pouvoir respirer correctement. Je me sens emprisonnée. Soudain,
une idée me passe par la tête.
- J'aimerais sortir en boîte.
- Non. Je vais aller interroger mes gangs alliés et toi tu resteras ici.
Je ne réponds rien, mais je ne suis pas d'accord avec lui. C'est décidé, ce
soir je sortirai et si ça ne lui plaît pas, alors je le ferais dans son dos. Je suis
peut-être complément givrée, mais je préfère sortir et qu'il me le fasse
regretter plutôt que de rester enfermée à étouffer ici. Il me jette un coup
d'œil comme s'il tentait de déchiffrer mon expression, qui se veut
impassible. Ouais, ce soir je risque de m'attirer les foudres de mon mari.
- T'as intérêt à être là quand je reviens, dit-il sur le pas de la porte.
Je ne dis rien et il ne semble pas s'en formaliser, puisqu'il sort en claquant la
porte derrière lui. Immédiatement, je me précipite au dressing qu'il y a au
sous-sol, celui qui regorge de belles robes et aussi celui qui m'a fait faire la
rencontre du requin de Bhaltair lorsque je le cherchais. Je déniche une robe
bustier rouge, longue et moulante. Elle est parfaite. Je l'enfile, détache mes
cheveux et ne prends pas la peine de me maquiller. Je ne sais pas quand il
va rentrer alors je préfère me laisser le plus de temps possible. Je remonte à
l'étage et après avoir vérifié qu'aucun de ses hommes n'était dans le coin, je
sors vite du manoir pour aller m'installer derrière le volant d'une Bugatti
bleu nuit. Je mets la clé dans le contact et grimace quand le moteur se met
en route. Même si je n'ai pas mon permis, je sais conduire. Ma mère m'a
appris il y a quelques années de ça. J'appuie donc sur la pédale
d'accélérateur après avoir fait toutes les mises au point nécessaires et me
voilà partie.
Sur le chemin, je sens mon cœur s'accélérer. Je sais que je vais
probablement me faire tuer par Bhaltair pour ce que je suis en train de faire,
mais j'ai envie de sortir alors je ne vais pas m'en priver parce que mon mari
me l'interdît !
Au bout d'une vingtaine de minutes, je gare la voiture pas loin d’une boîte
espagnole appelé le San-José. J'en sors et mes talons claquent sur le sol
tandis que je me dirige vers la queue. Je n'ai pas le temps d'attendre... je
passe donc devant tout le monde et une fois
devant le videur, je me stoppe.
- Tu fais la queue, dit-il machinalement.
- Non. Je vais passer tout de suite.
Il commence à se foutre de moi.
- Et comment est-ce que tu comptes t'y prendre ?
- Cette boîte appartient à Bhaltair Mulligan, c'est bien ça ?
- Ouais et... ?
Il m'observe quelques secondes avant de froncer les sourcils.
- Je ne vous avais pas reconnu. Entrez, madame Mulligan.
- Je vous remercie.
Et me voilà à l'intérieur de la boîte. J'ai la soirée pour moi et je suis bien
décidée à en profiter ! Je me dirige immédiatement vers le bar et demande
un mojito. Je vais commencer doucement, ça fait longtemps que je n'ai pas
bu à en perdre la tête. Enfin, si on exclut la fois où moi et Nina avons
débarqué complètement saouls lors de la réception des hommes à la tête des
mafias étrangères. Une fois que je reçois mon mojito, je commande un
verre de rhum, et une fois que je l'ai, j’alterne entre les deux. Ma vessie
commence vite à peser.
Une dizaine de minutes plus tard, pas saoul mais pas sobre non plus, je
danse au milieu de la boîte. Je suis heureuse, ça fait tellement longtemps
que je ne m'étais pas sentie libre comme ça !
- Eh ! m'interpelle un homme assis sur un canapé avec trois amis.
Je m'approche d'eux.
- Ouais ?
- C'est toi la femme de Mulligan ?
Je hoche la tête.
- D'ailleurs s’il te voyait en train de me parler, il t'exploserait la gueule.
- Ouais, je m’en doute. Mais... il n'est pas là. Ça te dit de t'asseoir avec
nous ?
Je pèse mentalement le pour et le contre, et finis par trancher.
- Oui, pourquoi pas.
Il sourit et fait de la place entre lui et son pote pour que je m'y installe.
- Tu m'offres un verre ? je demande alors.
- Avec plaisir.
Un sourire se dessine sur mes lèvres.
- Toi, je t'aime bien.
- Moi aussi je t'aime bien, fait-il en posant sa main sur ma cuisse, ce
qui fait immédiatement redescendre mon sourire.
J'ai intérêt à faire attention à ce que Bhaltair ne voit pas ça, sinon ça va mal
aller autant pour ce type trop tactile que pour moi...
Chapitre 27

Une bonne heure plus tard, je danse avec mes quatre nouveaux amis. J'ai
enchaîné les verres et Dylan, l'américain qui avait posé sa main sur ma
cuisse, danse collé-serré avec moi. Après tout, Bhaltair a déjà couché avec
d'autres femmes pendant que nous étions mariés, alors je ne vois pas ce qu'il
y a de mal à danser avec ce mec.
- Viens, on va s'aérer, fait-il en me prenant par la main.
Je le laisse me conduire à l'extérieur de la boîte sans rien dire et une fois
que l'air frais entre en contact avec ma peau, je ne peux empêcher un
soupire de s'échapper de mes lèvres. Nous nous asseyons sur le bord d'un
trottoir dans un recoin caché de tous.
- Et il te laisse souvent sortir seule, Bhaltair ? me demande-t-il.
Je secoue négativement la tête.
- Je l'ai fait dans son dos. Il voulait que je reste seule à la maison à
l'attendre. Je ne suis pas son objet. Je préfère subir ses foudres et
avoir fait quelque chose qui me plaît plutôt qu'il me laisse tranquille
mais de m'ennuyer mortellement.
Il hoche la tête.
- Et d'où est-ce que tu le connais ?
- Il est connu de tout le monde dans le réseau du crime.
C’est à mon tour d’hocher la tête. Je me redresse et nos regards se croisent.
Nous sommes juste à côté l'un de l'autre. Soudain, il s'humidifie les lèvres et
commence à pencher la tête vers moi. Merde, mais qu'est-ce que je fais ? Je
garde les yeux ouverts sans bouger, ne sachant trop quoi faire quand
soudain, nous sommes interrompus par des crissements de pneus. Une
voiture vient de passer à fond devant le recoin et de ce que je peux
entendre, elle a dû s'arrêter juste devant la boîte. Ça doit être Bhaltair... ce
qui veut dire qu'il est temps que je dise au revoir à Dylan.
- Il faut que j'y aille, je fais en détournant la tête, ce qui fait que ses
lèvres atterrissent sur ma joue.
Terriblement gênée, je le salue et m'éloigne du recoin.
- Attends ! fait Dylan derrière moi.
Non, il ne faut pas qu’il me suive.
- Neala !
- Non Dylan ne me suis p...
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'un coup de feu retentit et une balle
vient trouer son crâne. Je porte mes mains à ma bouche. C'est sans grand
étonnement que je vois la silhouette de Bhaltair se dessiner dans l'ombre.
Puis, il approche à grandes enjambées de moi. Son œil est blanc, il est en
colère. Pire que ça, il est fou de rage.
- Alors c'est à ça que tu t'amuses quand je ne suis pas là, hein ?? Tu
pars te faire baiser par le premier mec rencontré en boîte !?
Il m'attrape brusquement par le bras et m'entraine vers sa voiture, une
Lamborghini violette.
- Lâche-moi tu...
- Ferme ta putain de grande gueule avant que je te l'explose Neala !
Soudain, bien qu'il me traîne à sa suite, je me fige. C'est la première fois
qu'il prononce mon prénom. Je ne sais pas pourquoi ça me choque, mais en
tout cas c'est perturbant. Il se dirige vers sa voiture, qui ne se trouve pas
devant la boîte mais dans un coin reculé où il n'y a personne, et me balance
presque sur le siège arrière. Il arrive à ma suite et referme la portière
derrière lui. Il m'allonge le dos contre les sièges de la voiture et se place au-
dessus de moi.
- Alors ça te plaît de te faire baiser par n'importe qui ? Tu veux que je
te le fasse regretter ? s'exclame-t-il en attrapant mes poignets pour
venir les mettre au-dessus de mon crâne.
La peur s'empare de moi tandis que ses yeux me fusillent du regard.
- J'dois pouvoir te baiser moi aussi puisque t'es qu'une salope !
Il appuie sa pression sur mes bras en s'approchant brusquement de mon
visage. Et je ne sais pas ce qu'il se passe à ce moment-là, mais en plus de la
peur, une autre sensation vient se nicher en moi. Et j'ai bien l’impression
qu’il s’agit de nul autre que... de l'excitation.

Bhaltair

Je renforce ma pression sur ses bras en approchant brusquement mon visage


du sien. Et je ne sais pas ce qu'il se passe à ce moment-là, mais une étrange
lueur passe dans son regard, un regard presque lubrique. Putain, est-ce
qu'elle est excitée ?
- T'es excitée là ??
- Je n'y peux rien, je ne peux pas le contrôler !
- Ça ne fait que me montrer la salope que t'es !
- Mais je n'ai rien fait avec ce type !
- Ah ouais ? Tu me permets d'aller vérifier ??
Je glisse ma main entre ses jambes, qu'elle referme instinctivement. Énervé,
je la pose sur sa gorge, et referme mes doigts autour.
- Je vais t'étrangler...
De la peur et cette même intensité lubrique passent dans son regard. Putain,
je ne sais pas ce qu'elle fout mais ça m'allume. Je la fixe droit dans les yeux
plusieurs secondes et soudain, je m'empare de sa robe et la déchire
totalement, si bien qu'elle se retrouve désormais en sous-vêtements devant
moi. Un gémissement de surprise lui échappe et ça commence à me faire
bander. Je repose ma main sur sa gorge et rapproche mon visage du sien. Je
le rapproche d'ailleurs si près qu'il ne doit plus y avoir que quelques
centimètres qui les séparent.
- En fait tu kiffes que j'sois brusque ?
Elle ne dit rien mais sa respiration qui s'accélère répond à ma question. Oh
et puis tant pis si je finis par la buter, j'ai envie de me payer du bon temps.
Désormais allongé par-dessus elle, une de mes mains descend sur sa
poitrine et je m'empare d'un de ses seins tandis qu'elle passe ses mains sous
mon sweat pour caresser mon torse. Nos regards ne se lâchent pas une
seconde et, l'envie de la prendre se faisant plus pressante, je passe
directement à l'étape supérieur en glissant ma main jusqu'à ses cuisses. Elle
semble hésiter à les écarter alors je décide pour elle en les écartant de ma
seule main, lui mettant ses jambes de part et d'autre de ma taille. Je vois à
nouveau de l’excitation passer dans ses yeux au moment où je fais ça. Elle
ne kiffe peut-être pas la brutalité quand je lui brûle l'intérieur des cuisses ou
quand je grave mon prénom sur elle, mais ce qui est sûr c'est qu'elle kiffe
que je sois brutal quand on en vient au sexe.
Ma main se pose directement sur sa chatte et un hoquet de surprise lui
échappe. Je ne suis pas doux et je ne sais pas comment l'être, alors elle
devra faire avec. De toute façon même si je savais comment faire attention,
je n'aurais aucune envie de me montrer doux avec elle. Je la caresse par-
dessus son sous-vêtement et la vois fermer les yeux. Elle se cambre
naturellement contre moi, collant ma queue déjà bandée contre son ventre.
N'ayant aucune patience, je sors un couteau de ma poche et coupe son string
avec. Je le balance ensuite à l’avant de la voiture pour ne pas qu'il me
dérange. Je m'allonge encore plus au-dessus d'elle et m'empare de ses bras
pour les maintenir fermement, l'empêchant de bouger, et j'observe à quel
point elle semble adorer que je la maîtrise de cette manière. Je laisse une de
mes mains redescendre et sans prendre aucune précaution, je rentre deux
doigts en elle. Elle échappe un cri et je pose ma main libre sur sa bouche. Je
déteste entendre les femmes crier, c'est une des choses qui m'insupporte au
plus haut point et qui pourrait me faire vriller. Elle est totalement
impuissante en dessous de moi, elle ne peut plus bouger ni parler, et j'adore
ça. Elle semble adorer également puisque les doigts que je ressors d'elle
sont trempés. Je me fais un malin plaisir à les essuyer sur sa cuisse avant d'y
retourner. Ma main sur sa bouche empêche un gémissement de passer la
barrière de ses lèvres.
- Si ça, ça te fait déjà kiffer, t'es pas prête pour la suite.
Chapitre 28

Neala

Putain, cette phrase crue me fait ressentir cette drôle de sensation au bas du
ventre. Ses doigts vont et viennent en moi, et même si ça me fait un peu
mal, je suis surtout en train de prendre mon pied. Je pose soudain l’une de
mes mains sur son bras, qu'il dégage rapidement en me fusillant du regard,
pensant sûrement que je veux qu'il aille moins vite mais... c'est tout le
contraire.
- Va... plus vite, s'il te plaît.
Il reste statique pendant une fraction de seconde, juste avant de replonger
ses doigts en moi de plus belle, ce qui me fait cambrer le dos dans sa
direction. Il agrippe l’un de mes seins de sa main disponible et, prise d'un
élan soudain, j'approche les miennes de son sweat pour le lui retirer. Je le
fais passer par-dessus ses épaules et sa musculature me tape directement
dans l'œil. Putain, ce qu'il est beau. Des tatouages ainsi que pleins de
cicatrices, notamment celles des trois balles que je lui ai enlevées il n'y a
pas longtemps, parcourent son corps.
Sa tête descend au niveau de mes seins et il commence à aspirer ma peau
juste au-dessus de ceux-ci. Ses doigts continuent leurs va-et-vient et j'ai
l'impression de perdre la tête. Il m'avait déjà fait ça, mais il ne m'avait pas
touché avec autant d'intensité et d'envie. Je ne sais pas si ce que je
m'apprête à dire est une bonne idée ou non, mais je décide quand même de
me lancer.
- Bhaltair, j'ai envie de consommer le mariage maintenant.
Il s'immobilise puis me fixe un instant, et soudain son œil redevient blanc.
Il ferme les yeux et secoue la tête avant de les rouvrir. Il est revenu à la
normal. D'un coup sec, il m'enlève mon soutif, me laissant complètement
nue et à sa merci en dessous de lui. Il retire son jogging et à ce moment-là,
je le remercie intérieurement de ne pas avoir mis de costard pour sortir ce
soir, comme il a l'habitude de le faire. Ça aurait été plus compliqué à retirer
à l'arrière d'une voiture. Quand il enlève son boxer, je le vois nu pour la
première fois, et je dois admettre que c'est plutôt impressionnant. Il est
vraiment très... très bien membré, surtout lorsque l’on pense au fait que les
pornos sont ma seule référence. Il approche deux doigts de ma bouche et
me fait comprendre que je dois les humidifier. Je les laisse donc franchir la
barrière de mes lèvres et les suce, avant qu'il ne les ressorte et les approche
de mon intimité. Il les enfonce à l'intérieur de moi, me faisant échapper un
soupire involontaire, pour me préparer à recevoir son sexe. Puis, il les
ressort et s'allonge à nouveau au-dessus de moi.
- J'ai envie de te faire mal... vient-il me murmurer à l’oreille.
Olala, ce n'est pas normal que cette phrase m'excite encore plus, si ? Il vient
se placer à la bonne hauteur, puis prend son membre en main afin de le
positionner correctement, c'est-à-dire contre le bord de mon intimité. Je
viens passer mes mains derrière sa nuque car j'ai besoin de m'attacher à
quelque chose, même si je sais que le contact physique l'horripile. Son
regard s'assombrit mais il ne dit rien et, tandis que nos regards s'imbriquent
l'un dans l'autre, il vient pousser en moi. Un cri de surprise et de douleur
m'échappe, et je vois dans ses yeux qu'il a l'air d’adorer ça.
Il attend un peu, puis bouge de nouveau et s'enfonce une seconde fois en
moi. Mon rythme cardiaque a cruellement augmenté et le sien aussi, je sens
son pouls battre grâce à mon bras qui frôle son cou. Il s'enfonce une
troisième, puis une quatrième fois en moi, me faisant grimacer mais aimer
en même temps. Mes mains se détachent de sa nuque pour parcourir son
corps. Ses bras musclés, puis son torse tatoué, et enfin son dos. Un
gémissement de plaisir m'échappe quand il s'enfonce pour la cinquième fois
en moi, et c'est seulement là que je réalise ce qui est en train de se passer. Je
viens de perdre ma virginité à l'arrière d'une voiture de luxe au milieu d'un
endroit publique où n'importe qui peut nous voir à n'importe quel moment.
Honnêtement, ça m'est bien égal pour l'instant. La main de Bhaltair se pose
à nouveau sur mon cou et il commence à serrer tandis qu'il continue ses va-
et-vient en moi. Son œil n'est plus blanc alors je n'ai pas peur qu'il
m'étrangle pour de vrai, du moins pour le moment. Un son grave s'échappe
de sa bouche, me procurant encore plus d'excitation. Il accélère légèrement
la cadence et j'aime bien ça. La douleur est toujours très présente, mais je
crois bien que le plaisir la surpasse. Ses lèvres viennent se poser sur mon
cou qu'il commence à suçoter, et ça me pique. Ça ne m'étonnerait même pas
de me retrouver avec un deuxième gros suçon dans quelques minutes. Je
bascule la tête en arrière pour lui donner un plus grand accès à cette partie
de mon anatomie, sa main et ses lèvres l'emprisonnant toujours tandis que
sa queue en moi s'enfonce de plus en plus. J'ai l'impression que ses
mouvements commencent à devenir plus brutaux, et ça me plaît réellement.
Soudain, il se redresse et, à l'aide de ses deux mains, m'écarte les cuisses. Et
là, il commence à regarder son sexe me pénétrer.
- Tu saignes, dit-il.
Je hoche la tête, incapable de parler. Je me doutais que je saignerais. Il
continue de regarder et je le jalouse un peu à ce moment-là. Moi aussi
j'aimerais le voir s'enfoncer en moi. Il accélère encore un peu plus le rythme
et un frisson vient parcourir mon corps. Je suis en train de prendre mon
pied. Il accélère encore et un cri de douleur m'échappe. Il a l'air de
comprendre que cette fois-ci il n'y a pas de plaisir puisqu'il ralentit le
rythme, maintenant tout de même une bonne cadence. Ça m'étonne qu'il en
ait quelque chose à faire de ce que je peux actuellement ressentir. Je sens le
plaisir revenir et monter de plus en plus en moi. Un gémissement m'échappe
à nouveau et soudain, une vague de plaisir déferle en moi. Je ferme les yeux
et cambre mon dos au maximum tandis que Bhaltair s'allonge à nouveau au-
dessus de moi en respirant de plus en plus fort. Des gémissements
incontrôlés m'échappent tandis que je suis en train de jouir, et à sa
respiration encore plus saccadée qu'avant, j'en déduis que c'est également
son cas.
Ça dure plusieurs secondes. Puis, une fois que c'est fini, il se retire de moi
en soufflant un coup et remet son boxer ainsi que son jogging. Il ouvre
ensuite la portière pour sortir de la voiture et part s'appuyer contre le mur le
plus proche. Heureusement que nous sommes dans un coin isolé, je serais
très gênée que quelqu'un nous remarque et comprenne ce que nous venons
de faire. Mon rythme cardiaque commence quelque peu à s'apaiser tandis
que je remets mes sous-vêtements en grimaçant à cause d'une nouvelle
douleur à l'entrejambe. Je jette un coup d'œil à ma robe en lambeau et une
pensée qui me vient soudain à l'esprit me fait doucement sourire.

Elle n'aura pas été la seule à se faire déchirer ce soir.


Chapitre 29

Bhaltair

Torse nu et adossé contre un mur alors que je viens de déflorer mon épouse,
je sors une clope et commence à la fumer tandis que je l'observe se rhabiller
à travers la portière que j'ai laissé ouverte.
- Je peux prendre ton sweat ? demande-t-elle en jetant un regard à ce
qu'il reste de sa robe.
Je la fusille du regard tandis qu'elle semble attendre une réponse.
- Ouais mais la prochaine fois je te fais rentrer à poil.
Elle l'enfile donc et vient me rejoindre. Ses cheveux sont en désordre et son
maquillage a coulé. J'aime voir la trace de mon passage sur elle.
- Je peux ? fait-elle en regardant ma cigarette.
- Tu n'as plus jamais intérêt à sortir alors que je t'ai dit de ne pas le
faire.
- Si la punition est de refaire ce que l'on vient de faire dans la voiture,
attends-toi à ce que je recommence.
Je hausse les sourcils en me tournant vers elle. Cette audace... me plaît
autant qu'elle me donne envie de lui exploser le crâne contre le mur. Je lui
file mon paquet de clopes et elle s'en prend une.
- Je ne fume pas d'habitude mais...
- Je m'en fous. Si tu taches mon sweat de sang, t'auras intérêt à le
nettoyer.
Nullement démoralisée par ma façon de lui parler, elle prend à nouveau la
parole.
- Tu n'as pas tenté de me tuer.
Je prends une taffe avant de l’expirer sur son visage, ce qui la fait grimacer.
- Pourquoi, t'aurais bien aimé ?
- Non, bien sûr que non. Mais peut-être que la vue de mon sang et ta
brutalité pendant l'acte t'ont calmé.
Je ne réponds rien. J'ai plus pris mon pied que ce que je pensais avec elle ce
soir.
- Est-ce qu'à l'avenir tu seras un peu moins rudes avec les hommes à
qui il me sera donné de parler, puisque je ne suis officiellement plus
vierge ?
- Tu es à moi, et encore plus maintenant. Ça ne changera pas. Et tu sais
que je déteste qu'on touche à ce qui m'appartient.
Beaucoup vont la convoitiser juste pour le plaisir de m'humilier après avoir
appris que je l'ai défloré. Parce que ouais, je vais devoir en parler à mon
père, que je vais du coup pouvoir tuer bientôt. S'il demande à voir le sang
de ma femme, je le défonce sur place. Mon regard se pose sur son cou et sa
poitrine. Deux suçons y ont désormais pris place, très bien. Comme je viens
au bout de ma clope et que je n'ai pas envie d'en fumer une deuxième, je
m'empare de la sienne, qu'elle n'a fumé qu'à moitié, et la colle à mes lèvres.
- Monte dans la voiture, on rentre.
Elle ne se fait pas prier et s'installe sur le siège passager, puis jette un coup
d'œil à travers le rétroviseur et grimace.
- Il y a du sang sur la banquette arrière, dit-elle.
Ouais, je sais. Et savoir que c'est grâce à moi qu'il y est me ferait presque
bander.
Arrête-toi sur le bord de l'autoroute et baise-la devant toutes les voitures
qui passent.
J'avais réussi à être tranquille pendant l'acte, mais c'est désormais reparti à
ce que je vois. Non, je ne ferai pas ça, du moins pas pour le moment. Je vois
mon épouse remonter les genoux contre sa poitrine, elle semble avoir froid.
- T'as encore mal ? je demande alors.
Elle tourne la tête vers moi et acquiesce. Tant mieux, ça la fait garder une
image de moi imprimée dans sa tête.
- J'irai prendre une douche en rentrant, m'informe-t-elle comme si ça
pouvait me foutre quelque chose.
À bien y penser, je pourrais éventuellement la prendre contre le mur de la
salle de bain. Devant mon silence, elle retourne la tête vers l’extérieur et
n’ajoute rien.
Je concentre à nouveau mon regard sur la route tout en pensant au fait que
maintenant que je suis officiellement le nouveau chef de la mafia puisque je
l'ai défloré, il n'y a plus rien qui m'empêche de buter mon père. Et ça, même
s'il faut que j'attende un certain délai pour qu'on ne me soupçonne de rien,
je ne vais pas me priver de le faire le plus tôt possible.
Pendant que je conduis, ma femme regarde à travers la fenêtre. Je me
demande si elle a encore mal, et cette simple pensée me fait bander. Je ne
l'imaginais pas du genre à aimer ce genre de brutalité pendant le sexe, et ça
me surprend. Soudain, elle se tourne vers moi avec un air peu serein sur le
visage.
- Je ne veux pas t'affoler et je me trompe peut-être mais... j'ai
l'impression que la voiture de derrière nous suit.
Je jette un coup d'œil dans le rétroviseur. Il y a effectivement des gens
suicidaires derrière nous. J'arrête la voiture d'un coup, ce qui la fait
sursauter. Je prends mon arme, la charge et ouvre la portière. Mais à peine
ai-je mis un pied dehors que des balles viennent ricocher contre la
carrosserie.
- C'était quoi ça ??
- Le tonnerre, je réponds en levant les yeux au ciel.
Elle ne dit rien.
- Prends un flingue, on va les buter !
Je ne m'attends pas à ce qu'elle tire sur qui que ce soit mais ça peut au
moins effrayer les gens en face. Elle ouvre la boîte à gants et s'empare d'un
glock. Elle le charge et abaisse sa fenêtre. Je commence alors à viser la
voiture ennemie. Deux hommes en sortent et nous visent à leur tour. J'en tue
un immédiatement tandis que l'autre parvient à se cacher. Il nous tire
dessus, caché derrière sa portière, tandis que j'avance en tirant également.
Sauf que mon arme est petite et évidement, vient le moment fatidique où je
n'ai plus de balle.
- Tire ! je lance à l'adresse de ma femme.
Le type en face se redresse et me vise avec un sourire. Un grognement
m'échappe, j'aimerais lui arracher les yeux à mains nues. Lentement, ma
femme sort de la voiture et braque son arme sur l'homme. Puis, elle
l'abaisse et je la fusille du regard. Mais qu'est-ce qu'elle est en train de
foutre ? Et soudain lentement, très lentement, elle relève son arme pour la
braquer sur... moi. Ma mâchoire se serre. J'aurais dû la buter quand j'en
avais l'occasion, la torturer et la faire crier jusqu'à ce qu'elle meure de
souffrance.
Elle s'approche lentement de moi et le type en face n'a pas vraiment l'air de
comprendre.
- Tu mérites de mourir pour tout le mal que tu m'as fait. Tu m'as fait
vivre un enfer dès le premier jour de notre mariage, et ça je ne pourrai
jamais l'oublier.
Le type en face ricane et sort de sa cachette. Il marche jusqu'à cette pute de
traîtresse et s'installe juste à côté d'elle.
- Dans ce cas-là je te laisse l'honneur, dit-il.
Elle ne dit rien pendant quelques secondes avant de finalement prendre la
parole.
- C'était facile, dit-elle.
Mais de quoi est-ce qu'elle parle merde ?
- Qu'est-ce qui était facile ?
Et ce qu’il se passe ensuite, même moi je ne l'avais pas vu venir. Elle
retourne l'arme contre la tête du type et lui tire une balle pile entre les deux
yeux. Il s’effondre au sol et je prends immédiatement conscience qu’elle
vient de me sauver la mise. C'est là que je réalise que Neala est loin d'être la
fille naïve et innocente qu'elle a l'air d'être. Après combien elle a aimé ce
que je lui ai fait ce soir et ce qu'elle vient de faire à ce type, je comprends
tout de suite qu'il y a une part sombre en elle. Et ça, c'est intéressant, même
si elle ne se rend probablement pas compte de cette part cachée en elle. Elle
abaisse son arme et nos regards s'imbriquent l'un dans celui de l'autre. A ce
moment-là, une sensation bizarre s'empare de moi. J'ai l'impression que je
ne la déteste plus. Sa respiration se coupe tandis qu'elle lâche l'arme au sol.
- Quand j'ai tué ce type dans le jet, j'ai détesté ça mais là... merde, je
crois que ça m'a plus de le berner pour pouvoir l'assassiner juste
après... qu'est-ce qu'il m'arrive ?
Chapitre 60
Bhaltair ne répond pas. Mon corps commence à se prendre de tremblements
incontrôlés.
- Ton âme est peut-être plus tordue que tu ne l'imaginais... et que je ne
l'imaginais également.
Et encore une fois, je lui ai sauvé la vie. Il l'a fait à plusieurs reprises avec
moi également, mais j'avoue tout de même me questionner sur la nature de
mes actions. Serait-il possible que je souhaite le protéger ?
- On rentre, retourne dans la voiture.
Je ne me fais pas prier et pars vite m'installer côté passager. Il monte à son
tour et comme d'habitude, un silence de mort règne dans l'habitacle. Sauf
que cette fois-ci, ce silence me gêne.
- Est-ce que c'est possible que ça soit à cause de toi ? je demande
soudainement.
Il ne me répond pas tout de suite, mais finit par prendre la parole.
- Non. Aimer tuer et être habitué à tuer n'est pas la même chose. Être
habitué, c'est ne pas en être dégouté car on l'a fait un nombre
incalculable de fois. Aimer, c'est ne pas en être dégouté et adorer
depuis la naissance.
- Mais... je n'ai jamais adoré tuer ! Voyons, je n'ai jamais tué qui que
ce soit avant le type du jet !
Il ne répond pas alors que je commence à me poser des questions. Je prends
donc mon téléphone et écris un message à mon père. « Bonsoir, j'ai une
question un peu étrange à te poser mais... est-ce que j'ai déjà tué avant de
me marier ? ».
- Et toi, tu aimes ou tu es obligé ? je demande.
- Les deux. Au départ j'ai commencé à tuer pour me sentir plus
tranquille. Ma sœur pleurait trop bruyamment, alors je lui ai tranché
la gorge. Elle a été la première sur la liste.
Je hoche difficilement la tête. Le silence s'installe à nouveau jusqu'à ce que,
à mon grand étonnement, il reprenne la parole.
- Qu'est-ce que tu as ressenti en tuant ce type ce soir ?
Je réfléchis. À vrai dire, je ne me suis pas vraiment posée la question.
- Je ne sais pas trop... une sorte d'adrénaline qui me faisait me sentir
bien. Une sensation de pouvoir, aussi.
Il hoche la tête.
- C'est pour ça que ça semble tant te plaire de me répondre et d'être
insolente alors que tu sais qu'à tout moment, je peux vriller.
- Mouais...
Je ne pense pas non plus être une sadomasochiste. Quoique, il faudra peut-
être que j'aille jeter un coup d'œil à la définition. Ça peut être inconscient,
après tout.
Le reste du trajet se passe dans le plus grand des calmes. Et étonnamment,
je ne me sens pas mal d'avoir tué cet homme. Il le méritait, de toute
manière, alors peu importe que je me sente coupable ou non. De retour au
manoir, je pars dans la cuisine me remplir un verre d'eau et suis
soudainement prise d'une quinte de toux. Mince, j'ai dû attraper froid en
sortant de la voiture. Bhaltair arrive à côté de moi et soudain, une question
me passe par la tête.
- Est-ce que tu sais par qui cet homme était envoyé ?
- Non. Mais j'ai l'impression que quelqu'un tente d'avoir ma peau
depuis quelques
temps. Les deux italiens que je devais buter qui ont été avertis de mes
intentions, le mec qui a tenté de m'assassiner dans le jet, maintenant
ça... je crois qu'on ne cherche pas à s'en prendre à la mafia, mais que
ça m'est personnellement visé.
Le verre qu'il avait en main éclate soudain en morceaux. Des bouts de verre
le font saigner mais il n'a même pas l'air de le remarquer. Je décide de le
laisser tout seul, j'aimerais autant éviter qu'il passe ses nerfs sur moi. Je
remonte donc dans notre chambre et soudain, mon téléphone vibre. Mon
père vient de répondre au message que je lui ai envoyé tout à l'heure. «
Maintenant que tu le dis, oui, je m'en rappelle. Tu devais avoir cinq ans
lorsque tu es sortie seule dans le jardin, tu as pris une pierre et sans raison
apparente, tu as tué un des chiens de garde de la propriété. Juste après, tu as
assommé l'homme en charge de ce chien. Pourquoi veux-tu savoir ça ? ». Je
repose mon téléphone en portant lentement une main à ma bouche sans
prendre la peine de lui répondre. Oh, merde.
**
Le lendemain matin, je me réveille avec un sacré rhume. J'ai toussé toute la
nuit et tellement bruyamment que j'ai fini par aller dormir sur le canapé de
peur que Bhaltair tente de me faire taire en m'étranglant. Je me souviens
qu'il m'a dit à quel point il déteste les femmes qui crient. Certes, je ne criais
pas, mais je faisais du bruit et comme je ne comprends pas tout ce qu'il se
passe dans sa tête, j'ai préféré assurer ma sécurité. Je me lève du canapé,
m'étire puis me dirige vers la cuisine, et sursaute en voyant... un poussin
mort. Je m'en approche lentement en me demandant ce que ça fait là.
- Ça te dégoûte ou t'aimes ce que tu vois ? retentit alors une voix dans
mon dos, me faisant sursauter une seconde fois.
- Mais... je n'aime pas ça !
Il s'approche du poussin et le prend dans sa main comme si de rien n'était.
Du sang lui dégouline le long des phalanges et je retiens un haut-le-cœur.
D’un coup, il le serre brusquement, si bien que du sang lui sort par la
bouche et que ses yeux explosent. Je ne sais pas si je dois rire ou m'enfuir
en courant.
- À quoi est-ce que tu joues ? je demande.
- Viens, dit-il en commençant à marcher.
Je ne comprends vraiment rien, mais décide tout de même de ne pas le
mettre de mauvaise humeur et de le suivre. Il m'entraîne dans le jardin, au
même endroit où il m'a appris à tirer quelques semaines plus tôt. Là, je
vois... un homme attaché contre un arbre.
- Je ne suis pas une tueuse, je fais en me tournant vers lui, ayant
compris ses intentions.
- Ah oui, tu es sûre ?
Il sort un flingue, le charge et me le tend. Je m’en empare de manière
hésitante.
- Dis-toi que ce mec, qui est un de mes hommes, n'hésiterait pas une
seconde à abuser de toi s'il en avait l'occasion.
Tue-le.
Je ne peux pas faire ça... ma conscience me joue parfois des mauvais tours.
- Tue-le, dit Bhaltair. Je veux savoir jusqu'où tu es capable d'aller.
- Tu vas être déçu, dans ce cas.
- Tue. Le.
Je brandis l'arme mais ne me résous pas à tirer.
- Imagine ses mains de gros porc dégueulasse en train de toucher ton
corps...
- Arrête.
- Imagine qu'il mette sa main de force dans tes sous-vêtements pour te
toucher...
- Stop !
- Imagine qu'il remonte ta robe et qu'il te v...
- Arrête ! je m'exclame, et c'est là que le coup part tout seul.
Il est mort. J'ai tué ce type d'une balle dans la poitrine. Je porte une main à
ma bouche.
- Me forcer à tuer ne me fera pas aimer ça !
- Ouais... n'empêche que tu ne m'as pas l'air traumatisé...
Je me tourne vers lui et un détail me surprend brusquement. Il est en train
de bander.
- Me voir tuer t'excite ??
- Tu n'as même pas idée à quel point.
J'entrouvre la bouche pour répondre mais la vérité, c'est que je ne sais pas
quoi dire. Mes yeux passent de la bosse sous son pantalon à sa bouche, puis
de nouveau à la bosse sous son pantalon. Il se rapproche lentement de moi
et je ne peux empêcher un frisson de me parcourir le corps. Ce n'est pas
normal. Ce n'est absolument pas normal que j'ai envie qu'il me prenne
contre un arbre alors qu'il y a le cadavre d'un mec que je viens de tuer juste
à côté. Ce n'est pas normal, ce n'est absolument pas normal. Et pourtant, je
suis obligée de reconnaître que j'en ai envie. Lui aussi regarde mes lèvres,
puis ma poitrine, puis ma main qui tient l'arme. Et enfin, nos deux regards
s'imbriquent l'un dans l'autre. La tension sexuelle qui flotte dans l'air à ce
moment-là est tellement étouffante qu'il est temps de la résoudre. Et par la
résoudre, je veux dire... la laisser exploser.

Chapitre 61
Soudain, il m'attrape par le cou et me plaque contre l'arbre le plus proche. Il
arrache ma robe, me faisant me retrouver en sous-vêtements en plein milieu
du jardin. Puis, il tourne mon dos contre son torse, mes mains appuyées sur
l'arbre. Il me colle à lui, et je sens son érection contre mes fesses. Ses mains
viennent caresser l'intérieur de mes cuisses en passant par le devant, et
rapidement, il les remonte jusqu'à mon intimité. Il commence à me caresser
par-dessus le tissu de mon string et un soupire m'échappe.
Malheureusement, je suis un peu gênée qu'il fasse ça alors que nous
sommes dehors et que n'importe lequel de ses hommes pourrait nous voir.
Tandis qu'il passe ses doigts sous mon sous-vêtement, je me retourne et le
repousse de mes deux mais sur son torse.
- Pas ici, je dis simplement.
Il me lance un regard noir mais, heureusement pour moi, n'insiste pas. Il se
contente de ramasser son arme et de quitter les lieux.
**
Quelques heures plus tard, on toque à la porte. J'ouvre et souris à Nina. Je
l'ai invité à venir juste après ce qu'il s'est passé avec Bhaltair. Je fronce les
sourcils en voyant qu'elle a un bleu à l'œil.
- Dean me mène la vie dure depuis qu'on a débarqué bourrées à la
réception de la dernière fois, m'informe-t-elle.
Je hausse les sourcils. Quel connard ce mec !
- J'ai de la crème cicatrisante si tu veux...
- Non merci, j'en ai déjà mis plein.
- Ah...
On dirait presque que ça lui semble habituel de se faire violenter par Dean.
- Mais c’était gentil de proposer.
- Pas de souci.
Nous partons nous assoir sur le grand canapé du salon et commençons à
discuter quand soudain, Bhaltair entre dans la pièce et part s'accouder au
plan de travail de la cuisine qui donne sur le salon. Je lui jette un regard et
remarque qu'il m'observe silencieusement. Un peu gênée, je reprends ma
conversation avec Nina mais je sens toujours son regard sur moi.
- Dis-moi, finit-elle par chuchoter, pourquoi est-ce qu'il t'observe
comme ça ?
- Ah, toi aussi tu as remarqué ?
- Il faudrait être aveugle pour ne pas s’en être aperçu.
Elle n'a pas tort. Je ne sais pas si je dois lui expliquer ce qu'il s'est passé hier
soir et tout à l'heure. Je décide de garder ça pour moi pour le moment.
- Excuse-moi, je vais te laisser deux minutes, je fais.
Elle hoche la tête et je me lève, m'avançant vers Bhaltair.
- Qu'est-ce qu'il y a ? je demande assez discrètement pour ne pas que
Nina nous entende.
- Je n'avais jamais remarqué à quel point tu es bonne en robe.
Sa franchise soudaine me laisse sans voix.
- D'accord et... c'est pour ça que tu m'observes depuis tout à l'heure ?
Il hoche la tête et m'observe de haut en bas. Je ne sais pas trop pourquoi,
mais sa façon de me regarder me donne une confiance que je ne savais
même pas posséder. Je décide donc de poser un coude contre un meuble
pour bien faire ressortir la courbe de ma poitrine et de mes hanches, et lui
lance un regard langoureux.
- Et ça, t'apprécies ?
- On dirait que tu as envie que je te baise devant ton amie.
Mes joues virent probablement au rouge mais je fais comme si de rien
n'était.
- J'ai envie que tu me baises devant tout le monde...
Un air lubrique passe dans son regard et il passe sa langue sur ses lèvres en
me regardant une nouvelle fois de haut en bas.
- T'as de la chance que j'ai du travail, dit-il. Sinon, je t'aurais démonté
sur ce plan de travail dans les minutes qui suivaient.
Et c'est sur ces mots qu'il quitte la pièce, me laissant pour le coup plutôt
confuse quant à ce qu'il vient de se passer.
**
Le soir, Nina vient à peine de partir que Bhaltair entre dans la pièce et me
balance une veste.
- On sort, dépêche-toi.
Je ne dis rien et me contente de le suivre jusqu'à sa Lamborghini violette.
Celle dans laquelle il m'a défloré sur les sièges arrière...
- Où va-t-on ? je demande alors.
Sa jambe tressaute nerveusement et ses doigts sont crispés sur le volant.
- Bhaltair ?
Il se tourne si brusquement vers moi que ça me fait sursauter. Son œil
devient blanc, et je réalise que ça faisait longtemps que ça n'avait plus été le
cas. Mais qu'est-ce qu'il se passe, bon sang ? Je n'insiste pas pour savoir
quoique ce soit étant donné qu'à tout
moment il pourrait me tuer d'une balle dans la tête, mais je commence à
paniquer.
- Ouvre la boîte à gants, dit-il. Il y a un glock que je veux que tu
prennes.
Je fais ce qu'il m'a dit et m'en empare.
- Tu commences à me faire peur, je l’informe.
- Eh bah tu devrais avoir l'habitude.
Je hausse les sourcils face à sa remarque pleine de sarcasme.
Il conduit une bonne demi-heure jusqu'à un entrepôt désaffecté et s'arrête
pile devant. Deux voitures de luxe noires sont déjà garées là. Il descend tout
en m'ordonnant de ne pas bouger et s'en va, me laissant seule dans la
voiture avec comme seule compagnie le glock que je tiens dans ma main
depuis trente minutes. Le truc, c'est que je n'ai pas eu le temps d'aller aux
toilettes avant de partir et que je suis soudain prise d'une envie pressante. Il
ne le remarquera pas si je sors deux minutes de la voiture...
Ne suis pas ses règles.
Il n'en saura rien. Je décide donc d'ouvrir la portière, de sortir du véhicule,
puis je m'approche d'un fourré pas trop loin d'ici. Je m'agenouille et fais ce
que j'ai à faire, puis remets ma robe en place une fois que j'ai fini. Voilà,
c'était rapide et il ne s'en saura jamais rien. Je me relève et commence à
marcher pour sortir des fourrés quand le bruit d'une branche qui craque
retentit soudain. Je me tourne d'un coup vers la zone d'où provient ce bruit,
le glock à la main. Je sens les battements de mon cœur commencer à
accélérer. Mais soudain, une voix féminine retentit.
- Hey, doucement ma belle.
Et une femme absolument ravissante sort de derrière un fourré. Elle a les
cheveux blonds polaires mais je peux voir à ses racines qu'elle est brune de
nature. Ses cheveux sont coupés au carré. Elle a des yeux très foncés qui
vont parfaitement avec la robe en cuir noire qu'elle porte. Mais ce qui me
choque le plus, c'est la grande cicatrice qu'elle a sur le cou. Je ne baisse pas
mon arme et lui jette un regard méfiant.
- Qui êtes-vous ? Et que faites-vous là ?
- Comme toi, en fait. J'attends quelqu'un et je voulais me trouver un
endroit tranquille pour pisser. Ta tête me dit quelque chose, tu es
Neala Mulligan, c'est ça ?
J'hésite avant de hocher la tête mais finis par le faire. Elle ne semble pas
armée et plutôt amicale, alors je décide de baisser le glock.
- Tu sais ce qu'ils sont partis faire à l'intérieur ? je la questionne.
- Absolument pas, mais les hommes ont toujours des urgences à régler,
tu le sais surement.
Je hoche lentement la tête. Des bruits retentissent au niveau de l'ouverture
de l'entrepôt et l'étrangère sourit.
- Il faut que je te laisse, mais j'ai été ravie de te rencontrer Neala.
- Oh euh... moi aussi. Et tu es ?
Mais elle est déjà partie, alors je n'aurai jamais de réponse.
- Qu'est-ce que tu fous en dehors de la voiture ? retentit soudain une
voix dans mon dos, me faisant me crisper.
C'est Bhaltair.
- Remonte, on se casse.
Je ne me fais pas prier et retourne vite dans la voiture tout en repensant à
cette rencontre pour le moins... surprenante.
Chapitre 32

- C'était rapide, je remarque.


Il est resté à peine cinq minutes là-bas.
- Mon hacker m'a dit que je trouverai la personne qui semble vouloir
me faire tomber dans cet entrepôt sauf qu'il n'y avait personne d'autre
que des hommes de main. À croire qu'il s'est trompé et qu'il m'a fait
perdre mon temps.
Je me fige instantanément à l'entente de ses paroles.
- Et... tu cherchais un homme ou... une femme ?
Il me lance un regard de travers, comme s'il suspectait quelque chose. Est-
ce que je devrais lui parler de ma rencontre avec cette fille ? Et si jamais
elle était celle qui lui voulait du mal ? Mais elle me semble pourtant si...
gentille. Enfin, je ne la connais pas et les apparences sont souvent
trompeuses, mais quand même... je décide de ne rien dire pour le moment.
Je verrai au fil du temps si j'ai besoin de lui en parler ou non, après il va
m'accuser de vouloir lui brouiller les pistes.
Le reste du trajet passe vite, et une fois que nous sommes de retour au
manoir, il se dépêche de quitter la voiture pour aller s'enfermer je ne sais où.
Je rentre donc toute seule et décide de me poser devant un film, « massacre
à la tronçonneuse ». Je me demande si Bhaltair a déjà tué quelqu'un avec
une tronçonneuse. Ça ne m'étonnerait franchement pas de lui. J'entends
soudain du bruit derrière moi et me retourne vivement. C'est lui, torse nu, et
il regarde le film avec une bouteille de rhum à la main.
- Tu... veux venir t'assoir à côté de moi ? je propose, hésitante.
Il ne dit rien et se contente de marcher dans ma direction et de se poser à
côté de moi. La moitié de la bouteille est déjà vide. Comme il la pose à côté
de lui sur le canapé, je décide de la prendre et de boire également. Et
comme je n'ai pas une grande résistance à l'alcool, je sens que ça va vite me
monter à la tête. Je suis allongée, la tête contre un accoudoir, et il est assis à
côté de mes pieds.
Nous regardons le film en silence pendant une trentaine de minutes,
minutes pendant lesquelles nous vidons la bouteille. Je me sens paisible,
même si je suis complètement saoule. Mais cette fois-ci, je ne me sens pas
d'aller me taper la honte devant toute une assemblée d'hommes. Même si lui
semble se contrôler, j'imagine qu'il doit être saoul également, puisqu'il a dû
vider presque les trois quarts de la bouteille. Je suis incapable de me
concentrer sur le film, trop occupée à le regarder. Il a un corps
incroyablement bien sculpté, et plusieurs tatouages parcourent son torse et
ses bras que je me permets d'observer bien attentivement. Un en particulier
attire mon attention. C'est une sorte de visage, duquel de la fumée
s'échappe. Une moitié de la face est souriante, et l'autre a l'air complètement
détruite. Je comprends immédiatement que c'est par rapport à sa
schizophrénie. Quand j'y songe, je ne l'ai jamais entendu parler de sa
maladie. Les seules fois où il l'a mentionné étaient pour me dire des trucs du
genre « je suis malade, alors je n'hésiterai pas à te faire du mal ». Tandis
qu'une fille se fait découper à la télé, je décide de prendre la parole.
- Bhaltair ?
Il ne me répond pas mais ne me dit pas de me taire non plus, alors je
poursuis.
- Tu aimerais ne plus être malade parfois ?
Ma question est peut-être indiscrète, alors ça ne m'étonnerait pas qu'il me
rembarre. Mais je suis bourrée, alors ce soir je suis moins peureuse.
- Oui.
Comme il n'ajoute rien, je me contente de cette réponse mais soudain, il
reprend la parole.
- Je n'étais pas malade quand je suis né. Je n'étais pas schizophrène du
moins. Mais j'avais déjà d'autres troubles probablement dû à la
souffrance mentale et physique subite par ma mère lorsqu'elle était
enceinte de moi.
Je retiens mon souffle un instant. Il est bourré, et j'ai bien l'impression qu'il
est sur le point de m'en dire un peu plus sur lui. Alors je me tais, et
commence à écouter bien attentivement.
- J'ai des médicaments pour aller mieux, mais je déteste les prendre.
J'ai l'impression d'être un abruti qui a besoin d'être dépendant d'un
truc pour se sentir bien.
Je me souviens comment son père l'a dénigré en parlant de ses maladies il y
a quelques semaines. Il n'a clairement jamais pu être aidé.
- Tu n'es pas le seul à prendre des médicaments pourtant, je dis
simplement.
- T'en prends toi ?
- Non, mais même si ce ne sont pas forcément pour les mêmes raisons
que toi, d'autres personnes sont malades et en ont besoin pour se
sentir bien.
Il me lance un regard noir.
- Tu ne peux pas comprendre si tu n'as jamais eu besoin d'en prendre.
- Eh bien en fait si... j'ai pris des médicaments pendant mes quatorze et
quinze ans. J'étais boulimique à cause de mon père. Il me répétait
sans arrêt que j'étais trop grosse alors que mon poids était pourtant en
dessous de la ligne considérée comme le poids « idéal ». Comme je
n'arrêtais pas de vomir, j'ai commencé à faire beaucoup de malaises à
cause du manque de nourriture et j'ai dû prendre des compléments
alimentaires.
Il hoche lentement la tête.
- Alors tu comprends ce que ça fait, dit-il.
Je hoche la tête. Un silence s'installe soudainement avant qu'il ne reprenne
la parole.
- J'ai l'impression d'être plus calme en ce moment.
Un léger sourire s'affiche sur mes lèvres.
- Oui, c'est vrai que ça fait longtemps que tu n'as pas essayé de me
noyer ou encore de m'ouvrir la peau.
Et pour la première fois depuis que je le connais, je le vois esquisser un
mini sourire amusé. Je suis tellement étonnée par ça que je n'arrive pas à
dire quoique ce soit d'autre.
- Tu n'as pas tort, dit-il.
Il passe une main sur son visage, négligeant au passage ses cheveux
auxquels il donne un côté décoiffé très séduisant, et reporte son intention
sur le film. Est-ce qu'il se comporte comme ça parce qu'il est saoul ?
Probablement. Mais je m'en fiche, si je peux avoir un Bhaltair plus humain
le temps d'une soirée, alors je suis preneuse.
- Dis-moi, tu voulais à tout prix que je sois vierge, et j'ai donc fait ma
première fois avec toi. Donc tu sais tout de moi, sexuellement parlant.
Moi en revanche, je ne sais rien. Avec qui as-tu fait ta première fois ?
Il me jette un coup d'œil et ses yeux s'attardent sur mes jambes nues.
- J'ai fait...
Un cri retentit à la télé, alors je m'empare de la télécommande et appuie sur
le bouton pause.
- J'ai fait ma première fois avec une italienne, dit-il. J'étais en voyage
d'affaires avec mon père et j'avais 13 ans.
Mes yeux s'écarquillent. Je ne juge pas le fait qu'il l'ait fait à 13 ans, ça me
semble juste vraiment très jeune. À cet âge-là, je sortais à peine de
l'enfance.
- J'ai tenté de la tuer juste après le rapport, ajoute-t-il.
Voilà qui me remet bien en mémoire l’homme que j'ai en face de moi.
- « Tenté » ?
- Oui. Je lui ai enfoncé un couteau dans l'épaule au lieu du cœur, dit-il.
Je hoche lentement la tête. Disons que ça ne m'étonne plus vraiment de sa
part.
- Tu es la première femme que je n’ai pas tué pas après avoir couché
avec, lâche-t-il soudain.
- Ah oui ?
Il hoche la tête. Un soupire m'échappe.
- C'est triste que tu les tues à cause de ta maladie qui te ronge. Ton
père aurait dû prendre ça au sérieux et t'aider à t'en sortir quand tu
étais plus jeune.
- Il trouvait ça utile pour effrayer l'ennemi.
- Et ce n'est pas normal.
Son regard se tourne dans ma direction. Nous nous fixons les yeux dans les
yeux pendant une trentaine de secondes avant que je ne détourne mon
regard.
- Je remets le film ? je demande alors.
Il hoche lentement la tête. J’appuie donc sur le bouton « play » et pose la
télécommande. C'est alors que se produit la dernière chose à laquelle
j'aurais pu un jour m'attendre. Il pose machinalement sa main sur ma jambe,
le regard concentré sur la télé, et commence à la caresser lentement de haut
en bas. Son contact fait couvrir mon corps de frissons. Et c'est là que je
réalise que son touché est vraiment très agréable, quand il le fait avec
douceur.
Chapitre 33

Je me réveille en baillant. Désorientée, je tente de me remémorer les


événements de la veille. Je crois bien m'être endormie dans le canapé
devant massacre à la tronçonneuse... pourtant c'est étrange, je suis dans ma
chambre. Le lit étant vide à côté de moi, je suppose que Bhaltair est déjà
réveillé. Il est tout le temps réveillé, c'est à croire qu'il dort très peu chaque
jour. J'enfile un gilet en soie et me contente d'aller le retrouver. Je le vois
assis sur le canapé du salon, celui sur lequel nous étions hier soir, et me
demande un instant s’il ne s'est pas endormi là. Sauf qu'il est en train de
regarder des papiers tout en fumant ce qui me semble être un joint. Il me
lance un regard en m'entendant arriver vers lui, avant de se concentrer à
nouveau sur ses papiers.
- Tu m'as monté dans la chambre après que je me sois endormie ?
- Ouais, tu ronflais et je voulais voir la fin du film pour me donner de
l'inspiration.
- De l'ins... ? Peu importe, merci. Je pense que je me serais réveillée
avec un gros torticolis sinon.
Il ne répond pas, je m'éloigne donc de lui pour aller prendre un petit
déjeuner. Je me prépare simplement un cappuccino et commence à le boire
tout en l'observant de dos. Il est toujours torse nu et la vue est vraiment très
intéressante... il a des épaules larges et un dos musclé qui sont
impressionnants. Et c'est à ce moment-là que je songe au fait que s’il avait
voulu abuser de moi sexuellement, il n'aurait jamais eu aucun problème à le
faire. En fait, le fait qu'il ait besoin de moi en vie m'a peut-être sauvé de ses
agressions. Je pousse un soupire. C'est exactement pareil pour la violence. Il
ne m'a jamais frappé, mais s’il le faisait je serais vraiment dans un sale état.
Considérant la largeur de ses mains, je pense qu’il pourrait m'envoyer dans
la lune en deux coups de poing. J'enlève mon gilet tout en ayant
l'impression que la température de la pièce a augmenté.
- Quoi ?
Sa voix froide résonne et je détourne le regard. Mince, il m'a vu en train de
l'observer.
- Euh... rien.
Je vois sa poitrine commencer à se soulever plus rapidement.
- Ne me mens pas.
- Je te regardais, c'est tout. Tu es très musclé.
Il m'observe pendant quelques secondes et finit par froncer les sourcils.
Puis, il se lève, s'approche de moi et observe mon visage. Mal à l'aise, je
décide de l'interroger.
- Pourquoi est-ce que tu me fixes ?
- Ton visage est rouge.
- Oh ! Ça... j’ai attrapé un coup de froid quand j'ai... tué cet homme.
Il me fixe pendant quelques secondes supplémentaires et finit par hocher la
tête. Puis, il s'en va. Au moment où je pense qu'il ne compte pas revenir, il
fait son retour dans la pièce, un de ses sweats sous le bras. Quand il revient
à ma hauteur, il me le tend.
- Dans ce cas tu n'es pas assez couverte, dit-il.
Je m'empare de son sweat avec hésitation.
- Tu es sûr que...
- Je veux que tu le mettes.
- Oh...
Je m'exécute sans poser plus de questions et enfile donc son sweat. Il me
contemple encore une fois pendant plusieurs secondes et finit par détourner
le regard en mettant
ses mains dans les poches de son bas de jogging.
- C'est mieux comme ça, dit-il sans me regarder.
Et il tourne les talons pour retourner s'assoir sur le canapé, sur lequel il était
en train de regarder ses papiers lorsque je suis arrivée. Je hausse un sourcil,
ne comprenant vraiment pas ce qu'il vient de se passer. Est-ce que je suis
réellement en train de porter le sweat de Bhaltair ?
Un peu plus tard dans la journée, vers midi, je suis allongée dans notre lit en
train de somnoler. Je ne me sens pas très bien et ma tête me fait un peu mal.
C'est ça qui est pénible avec les coups de froid : tu en attrapes tout le temps
et à la moindre occasion. Je n'ai pas revu Bhaltair depuis qu'il m'a donné
son sweat et ça ne me dérange pas tant que ça. Je commence à le connaître,
et je sais qu'il serait capable de piquer une crise en disant que je l'ai porté
trop longtemps. Je le vois bien me l'enlever brusquement et aller le jeter
dans l'aquarium de son requin Hiomakone. Je n'ai pas le temps d'y réfléchir
plus longtemps puisqu'il fait soudain irruption dans la pièce. J'ai d'abord
peur qu'il me fasse une remarque, mais je me rends vite compte vite qu'il ne
fait pas attention à moi. Il semble chercher quelque chose, il est énervé. En
fait, c'est même un euphémisme pour dire qu'il est complément enragé. Et
soudain, il s'arrête brusquement et se tourne dans ma direction. Je me fige
dans le lit.
- Où est-ce que tu as mis le gilet que tu portais ce matin ??
- Le gilet que... ?
- Où est-ce qu’il est putain !?
- En... en bas, sur le comptoir de la cuisine.
Et il quitte précipitamment la pièce. Si je me souviens bien, j'ai cru sentir un
petit truc dans la poche droite, mais je n'y ai pas réellement prêté attention,
peut-être que c'était une petite clé ou bien un bout de papier, ou même une
carte USB... oui, maintenant que j'y pense, c'est très possible que ça soit ça.
Mais qu'est-ce qu'il y a sur cette carte de si particulier ? Curieuse de le
savoir, je réunie tout le courage qui est en moi et descends jusqu'au salon. Je
le vois devant son ordinateur. Il est en train d’insérer à l'intérieur ce que
j’identifie bel et bien comme une carte USB. Et seulement quelques
secondes après, une carte s’affiche, suivie d'un point rouge représentant
sûrement quelqu'un, d'une date et d'une heure précises. Je fronce les sourcils
en reconnaissant la date d’hier et de l'heure à laquelle nous sommes allés à
l'entrepôt.
- Qu'est-ce que c'est ? je demande alors.
Il me lance un regard et ne répond pas tout de suite. Je pense même qu'il ne
compte pas me donner de réponse quand soudain, il prend la parole.
- Mon hacker m'a déposé ça ce matin et je l'ai mise dans ce gilet que tu
as enfilé. Il a réussi à hacker la zone dans laquelle nous nous situions
hier soir et ce téléphone est le seul auquel je ne trouve pas
d'appartenance. Tous les autres sont aux noms des hommes que j'ai vu
sur place.
J'entrouvre la bouche. Plus les heures passent et plus je réalise que cette
mystérieuse femme que j'ai rencontré est peut-être celle qui veut du mal à
Bhaltair...
- Euh... je crois qu'il faut que je te parle de quelque chose.
Il se tourne vers moi en soufflant et fronce les sourcils. C'est alors je lui
raconte ma rencontre avec cette femme.
- ... Et quand tu es sorti de l'entrepôt elle a disparu, je clos mon récit.
Il se passe trois secondes pendant lesquelles son regard s'assombrit.
- Et tu n'aurais pas pu me le dire plus tôt !? s'exclame-t-il soudain, me
faisant sursauter.
- Je ne suis pas habituée à vivre de cette manière ! Je ne me rends pas
compte que chaque personne peut être une menace !
- Ferme-la !
Je me tais en haussant les sourcils. En fait, j'aurais peut-être dû garder cette
information pour moi. Si c'est pour qu'il m'engueule comme il vient de le
faire, alors autant ne rien lui dire du tout. Là pour le coup, c'est déjà trop
tard. Mais pourquoi est-ce qu'une femme voudrait s'en prendre à Bhaltair au
juste ??

Chapitre 34

Bhaltair

Elle se casse et je me remets derrière mon ordinateur. J'envoie un mail à


mon hacker pour lui demander de s'occuper du téléphone inconnu. Alors
comme ça c'est une femme qui me veut du mal ? Très intéressant, je n'ai
jamais eu d'ennemis qui avaient un vagin. Les femmes sont plus vives et
sournoises, alors je dois me méfier. Je n'en ai pas rencontré beaucoup qui
étaient à la tête de quelque chose dans ma vie, mais le peu que j'ai vu m'ont
bien fait comprendre qu'elles ne rigolent pas. N'empêche, je suis Bhaltair
Mulligan, il faut plus qu’une paire de talons pour m'impressionner. En
revanche, je me demande réellement qui cela peut être.
Je passe une main dans mes cheveux et tire dessus en en arrachant
quelques-uns au passage sans même m'en rendre compte. Ma respiration
s'accélère et je commence à voir flou. Je me lève pour sortir prendre l'air car
je sens que je vais péter un câble. Mon rythme cardiaque augmente lorsque
je vois du sang sur mes mains. J'ai dû me gratter les bras si fort que je me
suis ouvert. Il y a du sang sur le canapé blanc. Ça m'énerve encore plus. Je
fais un pas pour me casser de là et sortir mais ma vision étant très trouble, je
me prends les pieds dans le tapis et trébuche. Je tombe sur la table basse en
verre devant le canapé et elle explose en milliers de morceaux sous mon
corps. Un cri de rage m'échappe. Je déteste ces situations où je n'arrive pas
à me contrôler et que je fais tout de travers.
- Bhaltair ? retentît alors la voix de mon épouse.
Je l'entends descendre les escaliers tandis que je ferme les yeux en appuyant
fort mes mains sur mes yeux. Je n'arrive pas à me calmer. Alors, je
commence à griffer mes paupières et répète cette action à plusieurs reprises.
Je sens du sang commencer à couler le long de mon visage et ça me fait du
bien.
- Bhaltair ! s'exclame-t-elle en arrivant à mon niveau. Mais qu'est-ce
qu'il s'est passé !?
J'ouvre les yeux et la regarde. Je la sens tout de suite plus hésitante à
s'approcher de moi.
- Je... je vais t'aider à te relever, dit-elle.
Elle commence à s'approcher de moi.
- Non. Dégage.
- Mais je ne peux pas te laisser là alors que tu dois avoir des bouts de
verre plantés partout dans le corps !
Elle continue à s'approcher de moi et ça m'agace plus que tout. Elle tente de
me prendre par les bras alors je les repousse vivement. Sauf que je ne
m'attendais pas à ce qu'elle soit mal positionnée et donc qu'elle tombe
brusquement, juste à côté de moi parmi les bouts de verre. Un cri de
douleur lui échappe tandis qu'elle s'immobilise à côté de mon corps.
- Je t'avais dit de ne pas venir.
- Tu m'as poussé !
- Tu n'avais qu'à pas venir.
Elle commence à se relever en grimaçant et je l'observe. Elle a des bouts de
verre enfoncés dans le dos et dans les bras. J'imagine que je dois en avoir
pleins également, aux mêmes endroits. Je me lève à mon tour et jette un
coup d'œil aux dégâts. Je pourrais bien tuer mon père avec un bout de verre
en plein cœur. Elle se regarde dans un miroir en grimaçant toujours et tente
d'enlever les bouts de verre qu'il y a dans son dos. Elle galère en se tournant
dans tous les sens possibles et imaginables. Un grognement m'échappe
tandis que je m'approche d'elle et l'attrape par le bras.
- Mais... qu'est-ce que tu fais ?
- Je vais te les enlever, tu n'y arriveras pas toute seule.
Neala

Il m'entraîne dans la salle de bain et me fait assoir sur une chaise.


- Bouge pas, dit-il en s'emparant d'une sorte de pince à épiler.
Il l'approche de ma peau et immédiatement, un cri m'échappe.
- Ta gueule.
- C'est gentil de m'aider mais tu me fais mal.
- C'est la première fois que je soigne quelqu'un.
Ça ne m'étonne pas tellement. En revanche, je ne sais pas si je dois trouver
ça sympa ou flippant. Les deux, en fait. Il enlève un deuxième morceau
avec toujours aussi peu de délicatesse. Bon, je vais me taire, je ne pourrais
pas le faire moi-même de toute façon.
Et un par un, il enlève tous les morceaux de verre qui se sont incrustés dans
mon dos.
- Et... tu sais qui pourrait être cette fille ? je demande soudain.
- Non. Aucune femme n'a de raison de me vouloir du mal.
Je hausse un sourcil, et il le voit à travers le miroir.
- Je les ai toutes butées avant qu'elles ne puissent faire quoique ce soit.
- C'est peut-être la sœur d'une fille que tu as tuée...
- Non, dit-il, catégorique. Elle envoie des hommes et sait disparaître
quand
j'apparais. C'est forcément une personne entraînée.
- Ah, si tu le dis.
Il m'enlève le dernier bout de verre et je peux enfin souffler. Mon dos est
parcouru d'égratignures et ça me fait grimacer. Je n'ai jamais aimé voir mon
corps meurtri, et depuis que je vis avec lui c'est compliqué de l'avoir en bon
état.
- Tu veux que j'enlève ceux que tu as dans ton dos ? je lui demande en
me levant.
- Non. Je vais appeler un médecin, je ne te fais pas confiance.
Pourtant, ce n'est pas comme si je ne l'avais jamais soigné. Il est quand
même incroyable à vouloir me soigner alors qu'il n'a jamais fait ça
auparavant et il ne veut pas que moi, qui ai de l'expérience, le soigne à son
tour.
- Je te l'ai fait parce qu'il est hors de question qu'un homme pose ses
mains sur toi.
- Mais un médecin est fait pour...
- Ne discute pas.
Je m’empêche de lever les yeux au ciel.
- Dis-moi... je fais en me tournant vers lui. On pourrait sortir ce soir ?
J'ai l'impression d'avoir un trop plein d'énergie à dépenser.
Il me regarde de haut en bas, se demandant sûrement s'il peut me laisser
sortir sans que je le trompe. Il faudrait qu'il se rappelle que la dernière fois
que je suis sortie en boîte, j'ai fini par perdre ma virginité à l'arrière de sa
Lamborghini.
- Ouais, mais tu ne t'éloigneras pas de moi.
C'est étrange, avant j'avais l'impression qu'il ne s'agissait que de
possessivité, maintenant j'ai l'impression qu'il y a quelque chose en plus... je
ne saurais dire quoi en revanche.
- On partira à 21 heures, alors tu te tiendras prête.
Je hoche la tête et tandis qu'il part appeler un médecin, je mets une crème
sur mon dos pour soulager mes blessures. Ça aurait pu être beaucoup plus
grave que ça. J'ai peur de ses maladies, ça va finir par l'achever. Ce n'est pas
la première fois qu'il se fait du mal à cause de ses sautes d'humeur.
J'aimerais bien l'aider, car la situation deviendrait alors bien plus vivable
pour nous deux, mais je ne sais pas comment m’y prendre. Il est clair qu'il
ne veut pas prendre ses médicaments, et je ne peux pas le forcer à le faire,
je n'en ai pas les moyens. Je pousse un soupire tout en me regardant dans le
miroir. Maintenant, il faut que j'enlève les bouts de verre qui sont dans mes
bras. Heureusement, il n'y en a pas beaucoup. Et après, j'irai choisir la robe
que je porterai ce soir. Je me promets mentalement de ne pas abuser sur
l'alcool, ça n'a pas tendance à me réussir...
Chapitre 35

Vêtue d'une jolie robe courte et moulante dorée, à manches longues pour
cacher les blessures sur mes bras, je m'installe dans la limousine. Bhaltair
ne tarde pas à me rejoindre et nous partons en direction d'une boîte à lui. Ça
va me faire du bien de pouvoir lâcher la pression.
- J'ai demandé à Nina de me rejoindre, je l'informe.
- Alors ça veut dire que Dean sera également là.
- Euh... eh bien oui, je suppose.
Il n'ajoute rien et le silence retombe sur l'habitacle.
Il ne nous quitte pas jusqu'à notre arrivée à la boîte, quinze minutes plus
tard. Je suis la première à poser un pied sur le béton froid de la route et
Bhaltair sort derrière moi. Je sursaute quand son bras vient s'enrouler autour
de mon corps pour finalement poser sa main sur ma hanche et me
rapprocher de lui.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je ne veux pas qu'on te pense libre.
Je ne dis rien tandis que nous commençons à marcher. Nous rentrons
immédiatement et
Bhaltair m'emmène au coin VIP, là où Nina et Dean sont déjà arrivés. Celle-
ci me lance un sourire franc, se lève et me fait la bise.
- Dean est particulièrement embêtant ce soir, me glisse-t-elle à
l'oreille.
- Ah oui, pourquoi ? je demande en nous mettant un peu à l'écart
tandis que les deux criminels commencent à discuter entre eux.
Enfin, Dean parle et Bhaltair fait semblant de s'y intéresser.
- Il a posé sa main sur ma cuisse pendant tout le trajet alors que je lui
ai dit de ne pas le faire. A un moment j'ai même cru qu'il allait me
gifler pour que je me taise.
Je hausse un sourcil.
- Il est attiré par toi... alors que c'est ton cousin ?
Elle hoche la tête.
- La vie n'est pas rose ici, elle ne l'a jamais été et ne le sera jamais. Ça
ne fait pas longtemps que tu es entrée dans ce monde pour de vrai,
c'est normal que ça te semble anormal.
Et ça l'est, mais je préfère ne rien dire.
- J'aime beaucoup ta robe, sinon, c'est une Versace ?
Comprenant qu’elle ne souhaite pas s’attarder sur le sujet Dean, je hoche la
tête.
- Ils font des belles robes, c'est vrai. La mienne, c'est une Prada, elle a
été cousue main en Finlande même, dans un petit bureau qui...
Je commence à perdre le fil de la discussion tandis que mon regard
commence à divaguer. Il se pose sur tout ce qui est présent autour de nous :
des coupes de champagne, des sachets de coke, Bhaltair...
Celui-ci semble sentir mon regard sur lui puisqu'il tourne la tête dans ma
direction. Nous nous dévisageons plusieurs secondes sans qu'aucun de nous
ne détourne le regard. Je n'avais jamais remarqué à quel point sa mâchoire
est bien dessinée, il aurait pu être top model dans une autre vie...
- Neala, tu m'écoutes ?
La voix de Nina me ramène brusquement à la réalité et je suis la première à
briser le contact visuel avec Bhaltair.
- Euh, pardon... je n'entends pas beaucoup ce que tu dis avec la
musique...
Elle pousse un faux soupire d'agacement.
- Bon, et si on allait danser alors ?
Un grand sourire se dessine sur mes lèvres.
- Allons danser !
Elle me prend par le bras et nous voilà, scotchées l'une à l'autre, en train de
nous diriger vers la foule où tout le monde se mélange sans pudeur pour
pouvoir danser. La chanson « Stripper » d'Achille Lauro passe et nous
commençons à bouger toutes les deux en rythme avec le tempo. Malgré la
chaleur qui commence à guider mon corps, je n'arrive pas totalement à me
lâcher puisque je sens un regard sur moi. Je relève la tête puis, en hauteur et
à travers la vitre transparente du coin VIP, je vois Bhaltair m'observer, un
verre à la main...
Je détourne le regard et tente d'oublier le sien. J'ai voulu venir ici pour
prendre du bon temps et me détendre, et ce ne sont certainement pas ses
yeux me détaillant des pieds à la tête qui vont m’y aider. Je jette tout de
même un dernier regard à la vitre transparente du coin VIP derrière laquelle
il se tenait, et remarque qu'il n'y a désormais plus personne. Tant mieux. Je
recommence donc à danser tout en regardant Nina repousser un type qui a
tenté de se coller à elle.
- Ils sont fous ! s'exclame-t-elle par-dessus la musique.
Je hoche la tête en riant et ferme les yeux pour sentir la musique vibrer en
moi. Là, tout de suite, je me sens bien. J'ai l'impression que je n'avais plus
ressenti cette sensation de liberté depuis des semaines. Je pourrais presque
monter debout sur le comptoir pour danser, presque. Heureusement que je
n'ai pas bu...
Soudain, un corps d’homme se colle au mien, le torse contre mon dos. Bien
consciente
du risque encouru par le pauvre type qui s'est rapproché de moi, je
m'apprête à me tourner pour le repousser, mais il m'en empêche en
enroulant ses bras autour de mon ventre. Et ma nuque se retrouve d'un coup
recouverte d’une nuée de frissons quand ce type murmure à mon oreille :
- Je crois que j'aime te voir danser...
Bhaltair.
J'ai l'impression que mon souffle se coupe. Pourquoi est-ce qu'il fait ça ?
Comment est-ce qu'il fait ça ? Je le déteste, mais par moment... pas
complètement. Je crois que je deviens complètement folle, ce n'est pas
possible autrement.
- Tu...
- Chut, danse.
Je ne me fais pas prier et commence à bouger timidement, son corps
toujours collé au mien.
- Allez, je sais que tu peux faire mieux... dit-il.
Sa phrase me donnant un soudain élan de confiance, je commence à onduler
mes hanches contre lui.
- Ouais, j'préfère ça...
Le ton froid et presque autoritaire de sa voix me procure une étrange
sensation dans le bas de mon ventre. Et lentement, il commence à descendre
ses mains, qui étaient jusque-là sur mon ventre, vers mes cuisses nues.
- Bhaltair tu...
- Chut, ordonne-t-il d'un ton ferme et agacé.
Alors je me tais. Je ne peux pas mentir, ses mains sur ma peau nue me
procurent tout un tas de sensations mais... le fait que nous soyons en plein
milieu de la foule me rend nerveuse. Lentement, il commence à remonter
ses mains vers l'intérieur de mes cuisses, mais je les ferme d'un coup. Il
souffle, agacé, et les retire.
- Viens, fait-il en me prenant par le bras.
Il m'entraîne jusqu'au bar et m'accoude à celui-ci.
- Commande un truc, dit-il.
- Euh... d’accord.
Je tourne la tête vers lui et il m'intime de poursuivre d'un regard.
- Un mojito, s'il vous plaît.
Le barman acquiesce et tandis qu'il se retourne pour commencer à le
préparer, Bhaltair se remet derrière moi, le torse contre mon dos. Enfin,
mon haut du corps est légèrement penché sur le comptoir, lui laissant une
jolie vue sur mon postérieur.
Et là, ses mains viennent reprendre place entre mes cuisses. Personne ne
peut voir ce qu'il se passe d'ici... il commence lentement à remonter ses
mains, et je le laisse faire. Un soupire m'échappe quand un de ses doigts se
pose sur mon intimité. J'écarte très subtilement les jambes pour lui donner
un meilleur accès, ce qu'il semble remarquer puisque j'entends un rire
cynique s'échapper de sa bouche par-dessus la musique.
- Votre mojito, mademoiselle, fait le barman en déposant un verre
devant moi.
Je m'apprête à le remercier mais c'est ce moment que choisit Bhaltair pour
enfoncer un doigt en moi. Du coup, un petit cri m'échappe, et le barman
fronce les sourcils. Il l'a fait exprès, j'en suis pratiquement sûre...
Chapitre 36

- Euh je... merci.


Le barman acquiesce et retourne servir d'autres clients tandis que Bhaltair
commence à bouger son doigt en moi. Je lutte pour ne pas fermer les yeux,
ce qui laisserait les gens autour de nous s'imaginer des choses. Ils n'auraient
pas tort, remarque... il ajoute rapidement un autre doigt en moi, et je ne
peux m'empêcher de soupirer, même si ça ne s'entend pas grâce à la
musique. Putain, c'est bon...
- Je ne vous avais jamais vu avant, vous n'êtes pas du coin ? fait
soudain le barman en se rapprochant de moi.
- Eh bien... effectivement, je ne suis pas d'ici.
Bhaltair se penche légèrement vers moi en grognant, pour me faire
comprendre qu'il n'aime pas que je parle avec lui.
- Vous êtes étrangère ? Il me semble avoir entendu un accent.
- Non, pas du tout, je... aïe !
Tandis que le barman hausse un sourcil, je lance un rapide regard à Bhaltair.
Il a donné un coup brusque à l'intérieur de moi à l'aide de ses doigts pour
me faire du mal,
volontairement. J'ai bien compris que ça ne lui plaît pas beaucoup que je
parle avec le barman.
- Excusez-moi, je viens de cogner ma main sous le comptoir...
- Oh, pas de souci. Je peux savoir votre prénom ?
- C'est...
Je plisse les yeux tandis que Bhaltair me pince la cuisse avec les doigts de
sa main qui ne sont pas en moi.
- Excusez-moi, je pense que des clients attendent que vous preniez leur
commande... je fais.
Il écarquille presque les yeux.
- Oh, oui, je... oui.
Et il part, confus. Mince, je m'en veux de l'avoir mis mal à l'aise.
- Je préfère ça... glisse Bhaltair contre mon oreille, couvrant ma nuque
d'une nouvelle nuée de frissons.
Il recommence à bouger ses doigts en moi, et une certaine moiteur vient
prendre place entre mes cuisses. Merde, mais c'est qu'il m'excite plus que je
n'ai envie de l'admettre ! Quand il commence à accélérer le mouvement, un
soupire m'échappe. Il sait parfaitement comment faire bouger ses doigts. Il
pourrait avoir une réputation de super coup au lit s'il n'avait pas... cette
mauvaise habitude à la fin de l'acte.
Et tandis qu'il accélère encore le mouvement, je bascule la tête en arrière.
Nos regards se croisent et un sourire carnassier se dessine sur ses lèvres en
voyant que j'aime ce qu'il me fait. Je ferme les yeux pour savourer encore
plus, et tant pis si les gens autour remarquent ce qu'il se passe. Je suis
cachée par son corps derrière moi de toute manière.
- T'as tellement peu d'expérience mais pourtant tu me sembles
tellement accro... murmure-t-il dans le creux de mon oreille.
J'ouvre alors les yeux et nos regards se croisent à nouveau. Il accélère une
fois de plus le mouvement et c'est le moment. Je sens que je vais jouir. De
ma main, j'agrippe son bras. Et tandis que je sens une sorte d'explosion
m'envahir, il accélère de plus en plus le mouvement pour me procurer
encore plus de plaisir. Puis, une fois que je me sens enfin « assouvie », il
retire lentement ses doigts de moi. Nos regards ne se quittent toujours pas.
Il prend mon mojito et commence à le boire, les cheveux légèrement en
bataille. Putain, je pourrais le regarder pendant des heures durant, il a une
aura magnétique. Lui non plus n'a pas l'air décidé à lâcher mon regard,
puisque nos yeux se fixent même quand il repose le verre juste à côté de
moi. Je serre les jambes, sentant mon pouls commencer à accélérer à
nouveau.
Mais quand je commence à souhaiter que ce moment ne s'arrête jamais, un
coup de feu retentit, et une peur panique s'empare de moi. Même Bhaltair
semble pris au dépourvu. Pour une fois, ce n'est pas de lui que la menace
vient...
- Que plus personne ne bouge ! s'exclame un homme cagoulé, un
AK47 en mains, suivi d'autres hommes habillés de la même façon que
lui.
Par instinct, je me place à côté de Bhaltair. Même s’il est dangereux, il n'est
pas la source de peur dans la boîte actuellement.
- Où est Bhaltair Mulligan ?? s'exclame l'homme cagoulé.
- Fils de pute... je l'entends murmurer à côté de moi.
- C'est qui ? je le questionne.
- Je n’en sais rien, probablement un homme envoyé par celui ou celle
qui veut me descendre.
Et soudain, les yeux de l'homme se posent sur... nous. Un sourire satisfait
prend place sur ses lèvres tandis qu'il lève lentement son arme en notre
direction.
- Bougez, et je vous bute tous les deux.
- Alors pourquoi est-ce que tu ne le fais pas maintenant enfoiré ? fait
Bhaltair à mes côtés.
Mes yeux s'écarquillent et je lui lance un coup d'œil. Ça me convient très
bien de ne pas me faire tuer maintenant, pourquoi est-ce qu'il ouvre sa
bouche !?
- Oh, ça va arriver plus tôt que prévu, ne t'en fais pas...
Je vois discrètement Bhaltair poser une main sur son arme. Je fais de même
avec mon couteau même si présentement, ça ne m'est d'aucune utilité.
- Allez, assez parlé.
L'homme lève de nouveau son arme, mais Bhaltair est beaucoup plus
rapide, et lui tire dans l'épaule. Et après, tout s'enchaîne. Un autre homme
cagoulé tire dans notre direction, et je me reçois une balle dans l'épaule à
mon tour, m'arrachant un cri de douleur. Bhaltair me jette un coup d'œil.
D'autres tires fusent, on nous veut mort. Nous nous baissons, un petit peu
protégés par les gens immobiles qui nous entourent.
- Prends ça, dit Bhaltair sans se soucier de mon épaule en sang en me
tendant un flingue. Il y a quatre types à mettre hors d'état de nuire.
Je ne lui réponds pas et m'empare de l'arme tandis que des larmes dévalent
le long de mon visage.
- Il y a deux issues de secours, tu prends celle de gauche, je prends
celle de droite.
- Quoi ??
Nous allons nous séparer ?? Il me lance un regard noir m'encourageant à me
taire.
- Maintenant ! lance-t-il.
Il se précipite d'un côté alors je fais de même de l'autre malgré mon épaule
qui pourrait me faire tomber dans les pommes à tout moment. Sauf qu'il y a
un soudain mouvement de foule et... je me retrouve à la vue de ceux qui
nous veulent du mal... j'en vois un lever son arme vers moi, et je sais alors
qu'il est trop tard pour m'échapper. Même si je cours, il aura le temps de
tirer. Je ferme les yeux, mais alors que je m'apprête à recevoir une balle, je
me retrouve projetée au sol. J'ouvre les yeux et me redresse précipitamment,
cette fois-ci cachée par la foule, et observe rapidement mon corps. Je n'ai
pas pris de deuxième balle. Mais alors...
- Bhaltair ! je fais en voyant mon époux plus loin à côté de moi, une
balle dans le bas du ventre.
Je porte une main à ma bouche et ma respiration commence à s'accélérer
d'un coup. Je
commence à faire une crise de panique. Il se redresse péniblement, et
j’aperçois alors un air sur son visage que je n'avais encore jamais vu
auparavant. Il y a la mort dans ses yeux. Il tente de se redresser, mais a
beaucoup de mal à y parvenir. Je pense que ses reins sont touchés. Merde, il
vient de prendre une balle pour moi et maintenant il semble vraiment dans
un sale état...
A ce moment-là, je réalise que c'est à moi de prendre les choses en mains.
Chapitre 37

Je m'empare de l'arme que Bhaltair a fait tomber et saisis mon couteau au


passage. Je me relève en essayant de me mêler à la foule, et vise un premier
type. Je le rate, mais tire une seconde fois et ce coup-ci, le touche à la
poitrine. Les trois hommes restant se tournent vers moi et commencent à
tirer. Des innocents commencent à se faire toucher, et ça me soulève le
cœur. Je tire sur l'homme le plus proche de moi et lui effleure le bras, mais
c'est assez puissant pour le mettre à terre. A côté, je vois Bhaltair se relever
en s'accoudant au bar, et il m'observe faire. Je tire sur un des deux types
qu'il reste, mais le vise trois fois en le ratant à chaque fois. Merde, il ne doit
plus me rester beaucoup de balles... je tire une quatrième fois et cette fois-
ci, le touche. Il s'écroule au sol juste après que la balle ait transpercé son
cou. L'autre s’avance vers moi en approchant son arme de ma tête, alors je
le vise et tire mais... il n'y a plus de balles... celui-ci sourit et sans me laisser
le temps de faire quoique ce soit, m'attrape et enroule ses mains autour de
mon cou. Bhaltair nous regarde, incapable de se déplacer à un bon rythme
pour espérer pouvoir le combattre. Sauf qu'il me reste encore une carte en
main...
Mon couteau, que j'avais camouflé le long de mon bras, est désormais prêt à
planter ce type. Je le fixe droit dans les yeux et tandis que ses mains serrent
fermement mon cou, je le plante subitement... dans l'œil. Un cri de douleur
lui échappe, et il tombe à la renverse. Je pourrais porter mes mains à ma
bouche, choquée par l'acte barbare que je viens de commettre, ou même
pour ces types que j'ai tué ou gravement blessé... mais je ne m'en veux
absolument pas. Je me tourne immédiatement vers Bhaltair.
- Beau travail, dit-il.
Il n'y a désormais plus personne dans la boîte, à part les types cagoulés dont
la plupart sont morts.
- Je vais t'aider à retourner à la limousine, je fais en m'approchant de
lui.
- Non.
Je fronce les sourcils.
- Tu n'y arriveras pas par toi-même.
- Je n'ai pas besoin de toi, fait-il en se décollant du bar et en
commençant à marcher presque comme si de rien n'était.
Il boîte juste un peu... mais alors il aurait pu m'aider !?
- Tu... tu marches ! je m'exclame.
- Il faut plus qu'une balle pour m'abattre Neala...
Neala. C'est seulement la deuxième fois qu'il prononce mon prénom, et ça
me fait bizarre. Nous enjambons les cadavres, marchant côte à côte jusqu'à
la limousine. Je ne parle pas, surtout parce que je n'y arrive pas. Je sens que
si je prends conscience de tout ce qu'il vient de se passer, je vais paniquer et
faire une crise d'angoisse.
Nous montons dans la limousine et le trajet du retour est silencieux. Aucun
de nous ne dit quoique ce soit. Je suis perdue dans mes pensées, et une
question tourne en boucle dans ma tête : qui peut bien être cet ennemi qui
cherche la mort de Bhaltair ?
Une fois que nous arrivons au manoir, je suis la première à sortir de la
voiture. Mon épaule me fait atrocement mal, et même si Bhaltair ne le
voudra probablement pas, il faut que je vois un docteur. Je prends donc mon
téléphone, et commence à composer un numéro.
- Qu'est-ce que tu fous ?? s'exclame-t-il en entendant la sonnerie.
- J'appelle un médecin, j'ai besoin de soins.
- Non. Tu ne laisses pas un homme te...
- J'en ai besoin alors si, merde !
Il m'arrache d’un coup mon téléphone des mains et l'envoie valser contre un
mur. Et c'est là que ça commence. Je sens ma respiration s'accélérer, et je ne
peux rien y faire. Je suis soudain prise de tremblements, et je n'arrive plus à
maîtriser mon souffle.
- Je... je viens de prendre une... une balle, et TOI ! Oui toi ! Tu ne me
laisses même pas... tu ne me laisses même pas appeler quelqu'un tu...
tu...
Ma pensée est incohérente et sûrement incompréhensible. Des sanglots
m’échappent tandis que j'enfouie ma tête dans mes mains. J'entends
Bhaltair se rapprocher, alors j'écarte mes mains pour le regarder. Il avance
dans ma direction avec un regard énervé et froid. Je sais qu'il déteste les
femmes qui pleurent et qui crient, et je combine les deux. Je recule, mais il
continue de se rapprocher. Quand je me retrouve collée contre un mur, je
me contente de fermer les yeux, prête à endurer le calvaire qu'il va me faire
subir, mais tandis que mes sanglots redoublent, mon cœur loupe un
battement quand l’un de ses bras vient s'enrouler dans mon dos et coller
mon corps contre le sien.
Ma tête contre son torse, je m'apaise presque instantanément, et commence
à maîtriser de nouveau ma respiration. Mes sanglots ne redoublent plus, et
se font au contraire de plus en plus rares. Les larmes qu'il me reste viennent
tomber sur sa chemise noire, et tandis que je sens son regard sur moi, je
n'ose pas relever la tête. J'ai peur de la manière dont il peut me dévisager.
Peut-être qu'il compte me tuer juste après car le contact physique est une
épreuve particulièrement irritante pour lui. Mais finalement, je prends le
risque de relever la tête, et ce que j'y vois me fait mal au cœur. Il ne
transmet aucune émotion, comme s'il était vide.
- J'pourrais pas te soigner cette fois, appelle le médecin, dit-il en me
donnant son téléphone.
Et il part s'assoir plus loin dans un fauteuil en fermant les yeux. Je l'ai déjà
vu au plus bas, et même avec trois balles dans le corps il n'était pas ainsi. Je
trouve vite le numéro du médecin et lui demande de venir au plus vite.
Une dizaine de minutes plus tard, il arrive. Et il passe ainsi le restant de la
nuit à s'occuper de Bhaltair, puis de moi. Mon épaule me fait souffrir et je
frôle le malaise à plusieurs reprises. Le médecin me fait prendre de
l'adrénaline, ce qui me permet de rester debout même si je risque la crise
cardiaque à n'importe quel moment. Mais heureusement, quand vient mon
tour, il m'endort en me promettant que je me réveillerai le lendemain matin
avec une épaule toute neuve.
**
Une odeur d'herbe vient me chatouiller le nez en me réveillant par la même
occasion. Je plisse les yeux pour les adapter à la lumière de... tiens, où est-
ce que je suis ? Je me redresse dans le lit et remarque que je suis tout
simplement dans ma chambre, et pour une fois Bhaltair dort encore, à côté
de moi. Un gros bandage entour ses reins, et je ne peux m'empêcher de
grimacer. Ça doit faire très mal.
La situation devient de plus en plus ingérable. Il est maintenant clair que
quelqu'un souhaite la mort de Bhaltair, pas son poste ni sa réputation, mais
bien sa mort. Il s'agit donc forcément d'une personne qui a une bonne raison
de lui en vouloir, mais pour en arriver au point de le vouloir mort, il a quand
même dû faire quelque chose de très grave... et comme faire dans la charité
n'est pas dans ses habitudes, retracer sa vie depuis la naissance pour savoir
qui aurait une raison de vouloir le tuer risque d'être très long.
- Tu n'es pas morte.
Je me tourne vers lui, qui vient de se relever dans le lit, comme moi.
- Non, comme tu peux le voir. Comment est-ce que tu vas ?
- J'ai envie de tuer.
J'ouvre la bouche, mais ne sais pas vraiment quoi répondre. Son manque de
tact me perturbera toujours.
- Va me chercher un verre d'eau.
Je croise mes bras sur ma poitrine en le regardant de haut en bas. Quand il
remarque que je n'obtempère pas, il me gratifie d'un regard assassin.
- Lève vite ton cul avant que je t'emmène faire de la plongée dans
l'aquarium de Hiomakone.
Son requin...
Il me menace toujours. Est-ce qu'il finira un jour par arrêter ? Malgré moi,
j'obtempère et avant que je ne passe le pas de la porte, il ajoute :
- Et ramène-moi mes médicaments.
Je tressaille deux secondes sur le pas de la porte. Alors comme ça il veut se
soigner ? C'est la première fois qu'il me demande ses médicaments alors
qu'il n'est pas en pleine crise. Je me dépêche donc de les lui ramener avant
qu'il ne change d'avis, et ça me plaît réellement de voir qu'il a pris la
décision de les prendre.
Chapitre 38

Bhaltair

Pendant que j'avale mes médocs, je vois mon épouse en train de me fixer. Je
crois que j'ai autant envie de la baiser que de l'étrangler... j'ai pris une balle
pour elle hier soir. Pourquoi est-ce que j'ai fait ça ? Elle serait morte par
accident alors on n'aurait pas pu m'accuser de m'en être pris à elle et aucune
guerre n'aurait éclaté.
Je crois que récemment, je commence à sentir du changement en moi. J'ai
toujours envie de la tuer et de lui faire payer toutes ces fois où elle s'est
montrée insolente avec moi, mais cette envie a comme... diminué.
- Tu vas avoir besoin d'une canne pour marcher pendant les semaines à
venir ? me questionne-t-elle.
Je lui lance un regard meurtrier.
- Ose m'imaginer avec une canne et je te crève les yeux.
Elle se tait et détourne le regard. Soudain, un petit détail me revient en tête.
- Qu’est-ce que tu as ressenti ?
- Hein ?
- Qu’est-ce que tu as ressenti en tuant ces types ?
Elle a l’air de réfléchir à ma question. Plusieurs fois, elle semble prête à
répondre mais s'abstient.
- Eh bien... je me suis sentie forte. Je n'avais jamais ressenti une telle
sensation de toute ma vie avant hier soir. J'ai toujours été la bonne
petite fille docile qui obéit à tout ce qu'on lui dit et qui accepte les
remarques que son père lui fait concernant son physique peu adapté,
mais hier soir... c'était...
- L'extase... murmure-t-on en même temps.
Je commence à bander. Elle a deux visages. Celui qu'elle affiche à la vue de
tous et... celui qu'elle affiche seulement avec moi, face à mes ennemis. Et
ça, ça me file une putain de trique.
- Bhaltair... commence-t-elle soudain, hésitante.
Je l'amène à parler du regard.
- Est-ce que je peux te poser une question assez... particulière ?
- Je gagne quoi en retour ?
- Hum... tout ce que tu veux...
- C'est que cette question doit être super importante, alors.
- Oui, elle l'est.
- Alors pose-la.
- Bon très bien euh... est-ce que tu... te considères comme un
psychopathe ? Froid, et incapable de ressentir la moindre émotion ?
- Je ressens de la colère.
- Oui mais...
- Alors non, je ne suis pas un psychopathe.
Elle me lance un regard peu convaincu. Pourtant c'est vrai, si on s'en réfère
au dictionnaire, je ne suis pas un psychopathe. Mes nombreux troubles
mentaux comme la schizophrénie, le trouble borderline, ou même encore la
psychose et la démence font de moi la personne que je suis aujourd'hui. Je
ne suis pas né comme ça, et un rapport psychologique le prouve. À quatre
ans, je courrais partout avec ma sœur qui elle, rampait dû à ses quelques
années de moins. Le seul trouble que j'avais à cette époque-là était une
dépression sévère dû aux nombreuses tortures infligées par mon père pour
me rendre plus fort.
Putain... penser à ça commence à me faire vriller. Je dois me calmer, sinon
je risque de péter un câble et de me faire du mal. Et vu l'état dans lequel je
suis, j'ai bien conscience que me faire mal, même un tout petit peu, pourrait
m’être fatidique. J'ai beau être malade, je ne suis pas idiot pour autant. Je
me contente donc de prendre des médicaments en plus. Tant pis si j'en
prends trois en cinq minutes plutôt qu’un par heure grand maximum,
comme conseillé par le médecin. En parlant de médecin, j'espère que celui
qui s'est occupé de ma femme ne l'a pas regardé... je n'étais même pas là
pour faire attention à ça...
Retrouve-le et tue-le.
Non. Si. Je ne sais pas. Si j'apprends à un moment ou à un autre qu'il a eu
un geste ou un regard déplacé envers ma femme, je le bute. Puis, je me
tourne vers ma femme et prends la parole.
- J'ai répondu à ta question, maintenant j'ai le droit à tout ce que je
veux...

Neala
Le ton qu’il emploie et le regard lubrique qu'il m'envoie me font très
clairement comprendre ses intentions. Il me regarde de haut en bas et je me
demande si j'en suis capable. Il est assis sur le lit, et je me tiens debout non
loin de là. Il m'a déjà donné du plaisir, mais je ne lui en ai jamais donné...
j'ai envie d'essayer, mais j'ai peur. Il risque de péter un câble si je m'y
prends mal. En plus, je ne suis pas sûre que ça soit le meilleur moment pour
faire ce genre de truc : il a un bandage autour des reins et un ennemi dont il
ignore encore tout veut sa mort et a bien failli l'obtenir. Il me détaille
toujours de haut en bas, et ne dit rien face à mon hésitation, il ne me presse
pas. J'ai cette étrange sensation
qu'il ne me forcera pas si je n'en ai pas envie. Sauf que j'en ai envie...
Lentement, je m'approche de lui. Il observe le moindre de mes mouvements
tandis que je me retrouve à genoux sur le lit. Je viens doucement poser ma
main gauche sur le haut de l'une de ses jambes, et la remonte un petit peu.
- Comme tu dois le savoir, je n'ai encore jamais fait ça à quelqu'un
avant alors... est-ce que tu me le feras regretter si je m'y prends mal ?
Il me lance un regard ennuyé.
- J'ai pris une balle pour sauver ton cul hier, si je devais te faire payer
pour quoique ce soit ça devrait être ça.
- Oh...
Je remonte un peu plus ma main, et arrive à la limite de son entrejambe.
Bien qu'il soit encore habillé, une bosse se dessine sous son pantalon et ça
me rend très nerveuse.
J'ai couché avec lui et pourtant l'idée de lui donner du plaisir me stresse,
c'est pathétique. Un rire cynique lui échappe.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Après tout ce que je t'ai fait subir, me toucher te fait peur ?
J'ouvre la bouche pour répondre, mais ne trouve pas quoi répondre. Un
autre rire cynique lui échappe.
- Tu te moques de moi ?
- Ouais, répond-il.
Je hausse un sourcil mais ne dis rien. Décidée à lui prouver que je peux le
faire, je viens poser ma main sur son entrejambe. Son air moqueur quitte
instantanément son visage tandis qu'il me regarde avec intensité. Alors, je
commence à le caresser par-dessus son vêtement, et je sens que je lui fais de
l'effet. Pourquoi est-ce que ça me procure une certaine fierté ? Peut-être
parce qu'il a tellement d'expérience que savoir que moi, je peux l'exciter, me
redonne confiance. Je commence ensuite à déboutonner son pantalon, sous
son regard insistant. Je le fais ensuite glisser sur ses cuisses, et me retrouve
nez à nez avec une grosse bosse sous son boxer. Je redresse la tête et nos
regards se croisent. Aucun de nous ne le détourne, nous nous fixons
pendant peut-être 4 ou 5 secondes. Gênée, je suis la première à baisser les
yeux. Je repose ma main sur son entrejambe et commence à le caresser par-
dessus le tissu de son boxer. J'espère vraiment que je m'y prends bien.
- Arrête de flipper, prends les devant, dit-il.
- Oui mais... j'ai peur que tu me le fasses regretter si je m'y prends mal.
Il fronce les sourcils.
- Je ne vais pas te le faire payer parce que tu m'as mal sucé. Pas toi, en
tout cas.
Je redresse la tête à l'entente de sa dernière phrase. Lui aussi semble se
demander pourquoi il l'a dite. Bon, il m'a dit qu'il ne me le ferait pas payer
et il veut que je prenne les devants, alors je vais le faire. Je sais que je peux
le faire.

Chapitre 39

Je m'empare du haut de son boxer et commence à le descendre. Je fais une


petite pause avant de le dévoiler entièrement, mais finis par le faire. Wow...
je ne l'avais encore jamais réellement vu. Bon, nous avons couché
ensemble, mais je n'y avais pas prêté autant d’attention que ça. Maintenant
je comprends pourquoi ça m'a fait mal. Il est très bien fait. Il bande déjà
beaucoup, et je suppose que c'est grâce à moi. Je ne peux empêcher un petit
sourire de satisfaction de naître sur mes lèvres. Par contre, je ne sais pas
vraiment ce que je suis censée faire là... je jette un petit coup d'œil à
Bhaltair, qui prend la parole.
- Sois pas timide, prends-la dans ta main.
Je fais ce qu'il me dit, et commence lentement à la bouger de haut en bas. Je
suppose que c'est ce qu'il faut faire, j'ai déjà vu des pornos après tout. Je le
sens durcir contre la paume de ma main, alors j'imagine que je m'y prends
bien. Je prends donc un petit peu confiance et commence à accélérer le
mouvement. Je sens qu'il apprécie, car il ne dit rien et fixe mon visage. Je
continue donc, en accélérant la pression de temps en temps. En fait, je
pense que faire ça me fascine. C'est la première fois que je le fais à un
homme, et c'est une expérience... enrichissante, je dirais. Mais maintenant,
faut-il que je la prenne en bouche ? Bhaltair semble comprendre mon
intention, puisqu'il se redresse et me prend par le bras pour me faire mettre
à genoux au sol. Il s'assoit contre le rebord du lit, me laissant un libre accès
à son entrejambe. Je m'en approche donc, et recommence à la caresser avec
ma main. Puis, petit à petit, j'approche ma bouche. Je pose ma langue sur le
bas de sa queue et lentement, la remonte jusqu'à son extrémité tout en le
fixant droit dans les yeux. Puis, je la prends dans ma bouche sans jamais le
quitter du regard. Après, je commence à faire glisser mes lèvres autour. Je
le fais lentement, car je ne sais pas si je dois le faire rapidement ou non.
Mais, voyant que ça lui plaît, je commence à accélérer le rythme. Ensuite, je
pose ma main sur la zone que je ne peux pas atteindre et commence à le
masturber. Je baisse alors mon regard pour m’appliquer et pouvoir le faire
correctement. J'entends sa respiration s'accélérer, et une peur me prend
soudain. Et s’il était en train de tourner de l'œil ? Je lui jette un regard et
remarque que non, sa respiration s'accélère simplement parce qu'il aime ce
que je lui fais. Je continue donc en m'appliquant du mieux que je le peux.
- Regarde-moi, ordonne-t-il soudain.
Je lève la tête, et nos regards s'imbriquent. J'imagine que ça l'excite. Je
poursuis donc tout en le fixant, et plus j'accélère le rythme, plus sa
respiration se saccade. Je continue pendant quelques minutes, avant qu'il ne
me dise :
- Je vais jouir, et j'imagine que tu n'as pas envie d'avaler.
Effectivement, ça ne me tente pas beaucoup. Je m'éloigne donc en essuyant
les coins de mes lèvres, et le regarde se masturber. Nos regards ne se sont
toujours pas détachés, et je trouve ce que je vois particulièrement érotique.
Puis... il jouit. Là, sous mes yeux. Je parie que si je me touchais au même
endroit que lui, j'aurais l'entrejambe moite.
- Je vais me doucher, dit-il.
Je me contente de hocher la tête, et le regarde partir vers la salle de bain. Je
viens de faire jouir un homme... je n'avais pas conscience du pouvoir que je
pouvais avoir à ce niveau-là, j'ai quand même réussi à donner du plaisir à un
homme comme Bhaltair ! Honnêtement, je suis plutôt fière de moi, je suis
obligée de l'admettre.
Un peu plus tard dans la journée, quelqu'un sonne à la porte. Je vais donc
ouvrir, et découvre alors Dean, ainsi que Nina.
- Bonjour ! je la salue en la serrant dans mes bras.
- Bhaltair est là ? demande Dean en me regardant de haut en bas.
- Oui, mais je crois qu'il se repose. Tu as dû entendre qu'il a pris une
balle dans les reins.
- Ouais, c'est pour ça que j'suis là. Tu aurais l'amabilité de me conduire
jusqu'à votre chambre ?
- Euh... oui, suis-moi.
Nina part s'installer sur le canapé pour m'attendre tandis que je commence à
gravir les marches, suivie par Dean. Je sens son regard posé sur moi dans
mon dos, et ça me dérange.
- Bhaltair a de la chance, dit-il.
- Pour ?
- Toi.
Je me stoppe et me tourne dans sa direction.
- Cette conversation est inappropriée, et tu le sais.
Il hausse les épaules alors je secoue la tête et recommence à gravir les
marches. Puis soudain, je sens sa main frôler mes fesses. Je me retourne
presque instantanément vers lui et fronce les sourcils.
- Excuse-moi, je n'ai pas fait exprès, dit-il avec un faux sourire sur le
visage.
Je ne bouge pas pendant plusieurs secondes, le fixant toujours, quand une
voix retentit.
- Qu'est-ce qu'il se passe ici ? demande Bhaltair.
- Rien, fait Dean. Ta charmante épouse me menait justement à toi.
- Ma charmante épouse ?
- Ouais, il y a un souci ?
- Oh non, je te ferai juste crever dans d'abominables circonstances.
Dean échappe un rire.
- Toujours le mot pour plaisanter !
Je ne suis pas sûre qu'il plaisante...
- Mmh, viens.
Dean suit Bhaltair et je redescends les marches pour aller retrouver Nina.
- Comment est-ce que tu vas ? je lui demande en m'asseyant à côté
d'elle.
- Pas très bien. Hier je me suis disputée avec Dean et il m'a éclaté la
tête contre une table, j'ai perdu une dent. Je vais aller voir une
prothésiste dentaire ce soir.
Mes yeux s'écarquillent.
- Mais pourquoi est-ce que tu vis encore avec lui ?!
- Je n'ai pas le choix. Et puis sans lui je n'aurais aucune protection, et
pas d'argent pour vivre.
Je la prends dans mes bras. Sa relation avec son cousin m'a l'air de plus en
plus tendue.
- Et toi, avec Bhaltair ?
Je hausse les épaules, et rougis.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demande-t-elle.
- Bon... il est possible que pour la première fois de ma vie, j'ai...
enfin...
- Couché ?
- Non, non. Ça je l'ai déjà fait. Non, l'autre truc quoi.
- Oh oui, je vois. Félicitations ! Tu t'y es bien pris ?
- Je pense que oui. Il n'a pas sa langue dans sa poche, il me l'aurait dit
si ça n'allait pas.
Elle hoche la tête.
- Dean continue de te faire des avances ?
Elle soupire.
- Oui. Mais ça, tant qu'il ne franchit pas cette ligne invidible, ça ne me
dérange pas tant que ça. Je fréquente des hommes dérangés depuis la
naissance, alors que mon cousin veuille coucher avec moi n'est pas la
pire chose qui ne me soit jamais
arrivée.
Je grimace. Je n'ose même pas imaginer ce qu'une fille qui n'a pas eu la
protection de la mafia dès sa naissance a dû endurer.
- Et si on se prenait un truc à grignoter ? je propose alors pour alléger
la conversation.
- Oui, pourquoi pas.
- Est-ce que tu aimes la glace ? je lui demande en me levant pour aller
jusqu'au frigo.
- N'importe quoi fera l'affaire !
Je souris. Je suis contente d'avoir trouvé une amie, je n'y aurais jamais cru
plus tôt. Je n'en avais jamais eu avant elle. Je m'empare de la glace et
retourne vers le canapé.
Soudain, Dean et Bhaltair descendent les escaliers et, tandis que je fronce
les sourcils, mon mari prend la parole.
- Montez à l'étage et enfermez-vous à clé dans un placard. Une
présence inconnue vient d'être détectée autour du manoir.
Chapitre 40

Bhaltair

Une fois que les filles sont montées, Dean et moi sortons à l'extérieur du
manoir et je fais bien attention à le verrouiller derrière moi. Il fonctionne
avec un code, que seuls mon épouse et moi possédons.
- Tu penses que ça peut être un homme de ton ennemi ? demande
Dean.
Pauvre idiot, qu'est-ce que j'en sais ?
- Sans doute.
J'ai remarqué un truc avec cette personne qui semble me vouloir mort, c'est
qu'elle ne se salit pas les mains, elle ne se rend jamais sur le terrain.
- Une seule présence a été détectée, alors on se sépare pour trouver le
fils de pute le plus vite possible, que nous puissions retourner à nos
occupations.
Comme se faire sucer par ma femme.
- D'accord, je prends à gauche.
Depuis quand est-ce que c'est lui qui choisit où il part ? Sans rien dire, je
pars vers la gauche, et il comprend qu'il doit aller sur la droite. Je marche
très près du mur, et garde mon doigt sur la gâchette, prêt à tirer à n'importe
quel moment. Cet ennemi peut se trouver n'importe où. S'il rentre et s'en
prend à ma femme, je lui promets un petit tour avec moi, puis avec mon
requin...
Un craquement retentit soudain derrière moi, et je me retourne d'un coup.
Un coup de feu retentit alors je tire rapidement vers cette silhouette qui se
dessine au loin. Je touche ma cible, qui s'écroule au sol. Je cours dans sa
direction, et tombe nez à nez avec un homme cagoulé, le même modèle que
les hommes qui nous ont attaqué hier soir en boîte.
- Pour qui est-ce que tu bosses ?! je demande agressivement.
- Va te faire foutre !
Il est en mauvais état. Je lui retire sa cagoule et pose mon arme à côté de
moi et assez loin de lui avant de le désarmer à son tour. Je m'empare de mon
couteau, et m'empare de sa main.
- Je vais me répéter, bien que j'ai horreur de ça. Pour qui est-ce que tu
bosses ??
- Crève, je lui ai promis de lui rester fidèle sinon ma famille paiera,
tocard. Elle le saura si je la balance.
Elle ?
Alors mon ennemi est bel et bien une ennemie. Intéressant...
Tranche-lui les doigts un par un et fais-le les avaler.
- Dis-moi pour qui tu bosses.
- Plutôt crever.
- Oh, si tel est ton souhait.
Et d'un coup, je m'empare de son bras et le tranche en deux juste avant le
coude. Il hurle de douleur et je pousse un soupire de satisfaction tandis que
son sang gicle partout sur moi.
- Mince, je n’ai pas visé au bon endroit, je fais.
Puis je relève mon couteau et lui tranche le bras juste au-dessus du coude. Il
pousse un dernier hurlement avant de s'évanouir. Puisqu'il ne dira rien et
qu'il ne me sert plus à grand-chose, j'enfonce mon couteau dans son cœur à
plusieurs reprises, tandis que Dean accourt derrière moi. Il était temps, sale
con.
- Bhaltair ! Ça va ?
- Ouais ça va, pourquoi ça n'irait pas ?
Garde son bras en souvenir.
- J'ai une idée.
- Quoi ?
- Ce n'est pas à toi que je parlais.
Étrangement, j'ai envie de remercier ma femme pour ce matin. Les femmes
aiment les cadeaux, non ? Je m'approche du cadavre, et ramasse le bras
détaché du corps.
- J'ai un présent à offrir, tu prends Nina et vous vous cassez.
Il fronce les sourcils.
- Mmh, ok.
Tandis que nous retournons au manoir, j'envoie un message à ma femme
pour lui dire qu'elles peuvent sortir de leur cachette. Je cache le bras
derrière une chaise et, tandis que les filles se saluent, j'ignore la main de
Dean. Puis, ils se cassent et mon épouse se tourne vers moi.
- Alors, qu'est-ce qu'il s'est passé ? À quoi devons-nous cette frayeur ?
- Un type qui travaillait pour l'ennemie. Il a accidentellement fait fuiter
qu’il s’agit d’une femme.
- Donc celle que j'ai vu l'autre soir pourrait être cette fameuse ennemie
?
Je hoche la tête.
- Il va falloir que tu me décrives jusqu’au moindre détail qui la
caractérisait. Mais avant, j'ai une petite surprise pour toi.

Elle ouvre en grand ses yeux.


- Une surprise ?
Je hoche la tête, et pars chercher le bras que j'avais caché derrière la chaise.
Quand elle le voit, elle porte une main à sa bouche et ses sourcils se
froncent.
- Tiens, je fais en lui tendant.
Elle le regarde, mais ne le prend pas. Ça ne lui plaît pas ?

Neala

J'imagine que faire ce type de cadeau pour un psychopathe est quelque


chose de plutôt attentionné, et ça me touche presque mais... ça reste un bras
découpé qui pisse le sang.
- Tu ne le veux pas ? demande-t-il.
- Euh... en quel honneur est-ce ?
- Pour ce matin, dit-il alors qu'un air lubrique lui passe sur le visage.
- Ah ! C'est... la première fois que tu fais un cadeau à quelqu'un ?
- Ouais.
Ça se voit.
Il lâche d'un coup le bras au sol.
- Tant pis si tu n'en veux pas, je ne vais pas me mettre à genoux pour
que tu l'acceptes.
Et il part en direction des escaliers, sans doute pour aller nettoyer tout le
sang qu'il a sur lui. Il n'a même pas l'air vexé ni contrarié, juste inconscient
de la raison pour laquelle ce cadeau n'est pas le cadeau dont une femme
rêve.
**
Le soir, je m'apprête à aller dîner. Je n'ai pas revu Bhaltair de la journée
depuis qu'il m'a offert son... cadeau, et je n'ai pas réellement chercher à le
voir, pour être honnête. Quand je descends les marches, je remarque qu'il
n'y a plus aucune trace du bras ni du sang qui en coulait. Tant mieux. Je me
dirige vers la table et m'arrête immédiatement en le voyant trôner en plein
milieu de la table. Une nausée me prend, il sent fort.
- Je parie que t'adores la déco, fait Bhaltair en arrivant derrière moi.
- Je... l'odeur ne te dérange pas ?
Il me regarde de haut en bas.
- J'ai grandi dans le sang et les cadavres. Il en faut plus pour me
déranger.
- Mais... pourquoi tu l’as mis là ?
- Quand quelqu'un offre un cadeau, on l'accepte. Ça t'apprendra.
D'ailleurs, tu devrais t'estimer chanceuse que je ne te force pas à lui
bouffer un doigt.
Un autre haut-le-cœur me prend à l'entente de sa phrase. Il ne ferait pas ça,
tout de même ? Il m'a gravé son prénom dessus, il a essayé de me noyer...
alors j'en conclus que si, il pourrait, et ça me donne sérieusement envie de
vomir.
- J'apprécie l'attention en soi, mais je n’apprécie pas le cadeau en
question.
Il me fusille du regard et commence à manger. Je baisse la tête vers mon
assiette.
- Je n'ai pas très f...
- Mange.
Je soupire mais m'empare de mes couverts et commence à découper une
tomate farcie. On a un très bon cuisinier ici qui vient tous les soirs, c'est
dommage que ses plats soient gâchés par les goûts décoratifs plutôt
excentriques de Bhaltair. Je mange donc le plus rapidement possible, sans
même savourer, et me dépêche de quitter la table. Tant pis s'il me prend la
tête, je ne pourrais pas rester là plus longtemps.
Une fois dans la chambre, la porte de celle-ci s'ouvre sur Bhaltair presque
juste après que je l'ai fermé. Il me fixe sans rien dire pendant plusieurs
secondes, puis finit par prendre la parole.
- Maintenant, je veux que tu me dises tous les détails dont tu peux te
souvenir sur cette femme qui t'a parlé le soir où nous sommes allés à
l'entrepôt.
Je hoche la tête.
- Alors... elle était grande, plutôt fine, elle était très jolie... elle avait
les cheveux blond polaire coupés au carré, mais c'était une teinture
car j’ai vu qu’elle avait des racines brunes. Elle avait les yeux foncés
aussi, je m'en souviens. Mais je ne saurais dire de quelle couleur ils
étaient.
- Ça ne m'aide pas, tu viens de me décrire à peu près la moitié des
femmes qui peuplent cette planète.
Je fouille dans ma mémoire et quelque chose me revient en tête.
- Elle avait une cicatrice qui lui barrait tout le cou.
Et soudain, les sourcils de Bhaltair se froncent.
- Une cicatrice tu dis ? Elle avait l'air récente ou pas ?
- Euh... non, je ne pense pas. Elle me semblait parfaitement cicatrisée.
Ses sourcils se froncent un peu plus tandis qu'il se parle à lui-même.
- Non, ça ne peut pas être possible...
Chapitre 41

- Qui penses-tu que ça soit ? je le questionne.


- Personne. Ça n'est pas possible de toute manière.
Cette fois-ci, c'est à moi de froncer les sourcils.
- Et tu ne veux pas me dire de qui il s'agit ?
- Si je voulais te le dire je te l’aurais déjà dit ! s’exclame-t-il en faisant
des grands gestes avec ses mains.
Prise de panique, je recule loin de lui. Il me voit faire et plisse les yeux.
Puis, il s'approche de moi.
- Qu'est-ce que tu fais ?? je m’inquiète alors.
- Toi, qu'est-ce que tu fais à t'éloigner de moi ?
- Je préfère ne pas être à côté de toi quand tu es énervé.
Je décide de jouer la carte de la franchise avec lui. Il souffle un grand coup
et me fusille du regard.
- Tu vas vraiment finir par aller faire un tour dans le bassin de
Hiomakone.
Il fait demi-tour et s'apprête à sortir de la chambre, mais juste avant d'ouvrir
la porte, il
se tourne à nouveau vers moi.
- Demain midi nous nous rendons à une réception. Tu mettras une robe
qui cachera ce qu'il faut cacher, ou je te l'arracherais devant tout le
monde.
Et sans même attendre ma réponse, il tourne les talons et sort de la pièce. Je
me demande vraiment pourquoi est-ce qu’il prend tant de plaisir à me faire
peur... ça se voit sur son visage, il n'a pas la même expression qu'il aborde
ordinairement. C'est quand même normal que j'ai peur de lui quand il
s'énerve après tout ce qu'il m'a fait ! Mais je ne demande certainement pas à
ce qu'il apprécie, ça non. Fatiguée autant mentalement que physiquement, je
me mets en pyjama et pars sous la couette. J'espère que la nuit va passer
vite.
**
J'ai fait des cauchemars toute la nuit, j'ai cru qu'elle ne finirait jamais.
Quand je vois qu'il est huit heures du matin, je décide de me lever et prends
un petit déjeuner devant la télé. Bhaltair m'informe que nous partons à la
réception à onze heures, et je réalise donc que je peux rester posée là encore
un peu. Je n'ai pas besoin de cinquante ans pour me préparer pour aller à
une réception remplie de vieux mafieux qui vont me mater comme des gros
pervers. Tiens, je n'ai pas demandé si Dean et Nina seraient là. Je
commence sérieusement à me faire du souci pour elle, j'ai peur qu'il la
blesse gravement. Enfin, encore plus gravement que lui éclater la tête contre
une surface dure, ce qui est déjà terrible. Quand j'y pense, heureusement
que Bhaltair ne m'a jamais fait ça. Je pense que c'est le type de blessure
dont j'aurais eu le plus de mal à me remettre.
Vers neuf heures et demi, je pars dans le grand dressing à l'étage -1, et
cherche une robe. J'en trouve une à manches longues, pas trop décolletée,
large vers le bas et resserrée à la taille, de couleur rouge. J'aime beaucoup.
Je m'en empare donc, remonte à l’étage et l'enfile. J'enroule mes cheveux en
chignon bas et les retiens avec quelques barrettes à perles. Ça fait très
bourgeois, j'adore. Je passe un gloss mat de la même couleur que ma robe
sur mes lèvres, et prends le temps de regarder le résultat. J'aime bien
l'image que me renvoie le miroir, je suis contente.
- Dépêche ! m'ordonne Bhaltair depuis le hall d'entrée alors que mon
téléphone
affiche onze heures précises.
Je mets mes chaussures, des escarpins noirs vernis, et me dépêche de
descendre les marches. Je me concentre sur mes pieds pour ne pas
trébucher, et quand j'arrive en bas des escaliers, je redresse enfin la tête. Et
là, nos regards se croisent et s’imbriquent. Il me regarde de haut en bas et je
fais exactement la même chose. Il est vraiment très élégant et super sexy
dans son costume entièrement noir.
- Allez, on y va, dit-il finalement en détournant le regard.
C'est parti.
Une petite heure plus tard, la limousine se gare devant une immense villa.
Même notre manoir n'est pas aussi grand, je suis choquée par sa taille.
- Où sommes-nous ? je demande alors.
- À la maison d'Austin James, un anglais. Il est un important parti de la
mafia anglaise et se réunit avec ses semblables étrangers pour discuter
affaires.
Je hoche la tête. Ce n'est rien qui ne va m'intéresser alors, comme
d'habitude.
- Et moi je fais quoi en attendant ?
- Tu restes à côté de moi et tu souris.
- Ouais, je fais la potiche quoi.
- Exactement.
Je me retiens de lever les yeux au ciel tandis que nous entrons à l'intérieur.
Directement, il se fait saluer par plein de monde. Si on était dans un lycée et
que ça se passait comme dans les films, je suis sûre que Bhaltair serait ce
mec « mystérieux » sur lequel toutes les filles fantasment. Un petit rire
m'échappe et il me jette un coup d'œil, que j'ignore.
- C'est donc elle, la fameuse Neala ! s’exclame soudain un type dans
un finnois très approximatif que je ne n’avais pas vu approcher et que
je ne connais pas.
- Ouais, et si tu la regardes encore dans les deux secondes qui suivent
je te crève les yeux.
Le type en face rit et met une tape amicale à Bhaltair. Ce dernier regarde la
main qu'il
vient de poser sur lui, et il la retire immédiatement.
- Bon alors... à plus tard.
- Mmh.
Après qu'il soit parti, je me tourne vers mon mari.
- Comment ça se fait que tout le monde te craigne à ce point ?
- Je suis Bhaltair Mulligan, le taré psychotique.
Un petit pincement au cœur me prend tellement il dit ça avec indifférence,
comme si c'était normal pour lui. Or, ça ne l'est pas. Personne n'a jamais
essayé de le soigner, et c'est pour ça qu'il est comme il est aujourd'hui.
J'aimerais tellement l'aider, mais je ne sais pas comment m’y prendre.
- Ah, Bhaltair ! fait un homme que j'imagine être Austin James
puisqu'il possède un collier avec les initiales « AJ » gravées dessus.
Je repère un buffet au loin.
- Je vais vous laisser discuter, je fais en indiquant le buffet du menton
à Bhaltair pour ne pas qu'il commence déjà à s'imaginer que je vais
draguer quelqu'un.
Il hoche simplement la tête et je m'éloigne. Je cherche Nina du regard, mais
il ne me semble pas qu'elle soit là. C'est dommage, j'aurais beaucoup aimé
passer une autre soirée avec elle. C'est un peu la seule qui me comprend et à
qui je peux me confier dans le monde dans laquelle nous vivons. Un soupire
m'échappe tandis que je prends une coupe de champagne. Je la descends
rapidement et commence à me promener dans la salle de réception, quand je
surprends soudain une conversation entre Bhaltair et Austin.
- Ton père a de la chance d'avoir un fils comme toi. Tu es une bonne
arme de guerre pour lui. En fait, t'es le fils complètement fou dont on
veut se débarrasser à la naissance mais qu'on a gardé et qui s'est
révélé être plutôt utile.
Je sais que Bhaltair n'aime pas quand on parle de ses problèmes, et je le
remarque instantanément serrer les poings. Merde, je pense que cet Austin
est quelqu'un de très important pour que nous ayons dû faire presque une
heure de route seulement pour assister à sa réception. Je sens que si Bhaltair
fait quoique ce soit, il risque de lui arriver des ennuis. Alors, sans réfléchir,
je fais la première chose qui me passe par la tête. Je me précipite vers lui, et
lui prends la main. Je le sens se crisper à mon contact, mais il ne dit rien.
- Bonsoir, je ne me suis pas présentée. Je suis Neala Mulligan, sa
femme. C'est une super maison que vous avez là !
Et tandis que je continue la conversation avec Austin pour changer de sujet,
je sens petit à petit Bhaltair se décrisper contre ma main. Est-ce que ça a
marché ? Est-ce que mon contact vient réellement de l'apaiser lui, celui qui
peut faire une crise seulement parce que j'ai parlé un peu fort ?
Chapitre 42

- J'ai été ravi de vous rencontrer, Neala, fait Austin en s'éloignant


parler à un groupe d'hommes, quelques minutes après que je les ai
rejoints.
Bhaltair se tourne ensuite vers moi.
- C'était quoi, ça ? m’interroge-t-il.
- Euh... eh bien je t'ai pris la main.
- Je sais. C'était quoi cette sensation d'apaisement que j'ai ressenti
lorsque tu l'as fait ?
Je hausse les sourcils.
- Je... je ne sais pas, peut-être que mon contact te calme.
- Pourquoi est-ce que ça ferait ça ? Et remonte-moi ton décolleté, je ne
veux pas qu'on s'attarde sur tes formes.
- Je ne sais pas pourquoi ça fait ça, Bhaltair, je fais en remontant
légèrement mon décolleté, sachant pertinemment que dans une
minute il aura de nouveau glissé.
- Viens, j'ai à te parler, dit-il en m'entrainant à l'écart.
- Qu'est-ce qu'il y a ? je fais alors que nous sommes désormais seuls
dans un coin isolé.
- Ce soir je tue mon père.
Mes yeux doivent probablement s'écarquiller.
- Quoi ?? Mais... ce n'est pas trop tôt ? Et avec ce nouvel ennemi qui
veut ta peau, tu vas avoir besoin de lui ! Tu ne vas pas pouvoir gérer
ça tout seul et...
Et tu vas me tuer.
Il me fait taire d'un soupir agacé.
- Je sais pourquoi tu t'inquiètes, dit-il. Mais arrête de me faire ton
cirque, ça me donne sérieusement envie de t'encastrer dans un mur. Si
je te tuais juste après la mort de mon père, on saurait que c'était
prémédité et une guerre se déclencherait. Tu as encore du temps.
- Mais... tu veux toujours me tuer ?
Il se tourne vers moi, et me détaille de haut en bas. Puis, avant qu'il ne
puisse me donner une réponse, Austin réapparait devant nous.
- Excusez-moi ! Vous savez ce que c'est, faire une réception et bien
accueillir tout le monde... de quoi parlions-nous déjà ?
Bhaltair et moi échangeons un regard.
- Ah, oui ! J'avais une question pour vous Bhaltair. Comment faites-
vous pour gérer votre maladie avec votre compagne et tous vos
proches ? Bon, je sais qu'il ne vous en reste pas beaucoup mais...
- Eh, je le coupe.
Bhaltair risque de piquer une crise et puis ça m'énerve que ce type qui ne s'y
connait absolument pas se permette de parler du fait qu'il soit malade.
- Le jour où vous serez malade et développerez un syndrome un peu
plus fort qu'un bon rhume, là et seulement là, vous serez en mesure de
lui poser des questions.
Il me regarde avec étonnement, tandis que je vois... un léger sourire se
dessiner sur les lèvres de mon mari.
- Bon, je vais vous laisser, dit alors Austin en fronçant les sourcils.
Et il s'en va. Puis, à mon plus grand étonnement, Bhaltair m'attrape par la
main et vient me plaquer entre le mur et lui, à l'abris des regards indiscrets.
- Tu prends ma défense ? demande-t-il.
- Je... non, c'est juste que ça m'énerve qu’il...
J'ai dû mal à aligner une pensée cohérente quand il se tient si près de moi.
Son souffle s'abat sur mon visage et je n'ose pas le regarder dans les yeux.
Je sais bien qu'un rien le met en colère et même si ça fait longtemps qu'il ne
s'en est pas pris à moi physiquement, je sais que je ne suis et ne serai jamais
à l'abris d'une rechute.
Un rire grave et froid lui échappe tandis qu'il s'éloigne de moi. Et même si
jusque-là nous n'avons jamais abordé le potentiel désir que je pourrais
ressentir envers lui, à ce moment-là je suis persuadée qu'il en a parfaitement
conscience. Il est l'être le plus beau à l'extérieur et le plus moche à
l'intérieur que je connaisse. Parfois, j'ai l'impression qu'il s'en rend compte.
Nous nous apprêtons à retourner vers le monde quand il se tourne vers moi
et prend la parole.
- Pour répondre à ta question, non, je ne sais pas pourquoi mais je ne
suis plus aussi sûr de vouloir te tuer.
**
- Il est 16 heures 30 monsieur, annonce notre chauffeur après que
Bhaltair le lui ait demandé.
Après qu'il m'ait avoué qu'il n'avait plus temps envie de me voir morte
qu’avant, je n'ai pas osé ouvrir la bouche, de peur de dire une connerie ou
de sortir un truc stupide. Il n'a pas l'air de l'avoir remarqué et après tout, je
ne sais même pas pourquoi je m'en formalise. Il n'a pas dit qu'il ne me
tuerait pas, seulement qu'il n'en avait plus autant envie qu'avant. Je pousse
un soupire. Quand il aura tué son père, un nouveau chapitre commencera.
Ce fumier ne manquera à personne.
Quand la voiture se gare, je suis la première à en sortir. Je me rends
directement dans la cuisine pour aller me faire un café.
- Je pars à 17 heures, me prévient-il soudain.
Je hoche lentement la tête.
- J'imagine que je suis censée te souhaiter bon courage ?
- Non. Ce n'est pas une question de courage.
Je crois que personne ne l'a jamais soutenu avant pour qu'il ne connaisse
même pas cette expression.
- Toi et moi, il faut qu'on parle, déclare-t-il soudain.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
J'entends sa respiration commencer à s'accélérer. Ce n'est pas bon signe.
- Pourquoi est-ce que tu m'aides et prends ma défense alors que je
n'arrête pas de répéter que je vais te tuer dès que je le pourrai ?
Je pose ma tête dans ma main.
- La vérité, c'est que moi-même je ne sais pas. Tu es un...
Je ne finis pas ma phrase. Je m'apprêtais à dire qu'il est un monstre. Mais il
aurait pu penser que je dis ça par rapport à sa maladie, alors que je dis ça à
cause de tout ce qu'il m'a déjà fait endurer.
- Enfin, peu importe. Tu n'es pas une bonne personne et ça tu le sais,
ce qui fait de toi encore plus une mauvaise personne. Tu ne cherches
pas à te soigner alors que ta vie et ta santé mentale pourraient
nettement s'améliorer, mais pourtant je crois que je me suis attachée à
toi.
- C'est ridicule.
Il frappe son poing contre le comptoir en marbre de la cuisine et malgré
moi, j'ai peur qu'il se blesse.
- C'est ridicule, répète-t-il ainsi qu'il recommence son geste.
- Bha...
- C'EST RIDICULE ! s'exclame-t-il en me poussant par les épaules
alors que je m'approchais de lui.
Je tombe à la renverse et il ne me lance même pas un regard. Je me redresse
en grimaçant, mais ne dis rien. Je pose le regard sur sa main, qu'il a
continué d'exploser contre le comptoir. Il saigne. Un soupire m'échappe, et
je m'éloigne de lui. Je ne comprends pas pourquoi ça l'affecte autant. Ce
n'est pas de ma faute si j'ai développé malgré moi de l'attachement pour lui.
Il n'est pas bête, il sait comment fonctionne le cerveau humain.
- Dégage, dit-il soudain.
- Hein ?
- Dégage avant que je te règle ton compte ! s'exclame-t-il en levant sa
main en l'air.
Un frisson de terreur me parcourt. Il ne m'a jamais frappé avec ses mains,
ce serait une première s'il le faisait. Comme je suis incapable de bouger, je
m'attends à ce qu'il mette sa menace à exécution, mais contre toute attente,
il la laisse retomber le long de son corps.
- Dégage, dit-il froidement.
Cette fois-ci, je ne me fais pas prier et quitte la cuisine à grandes
enjambées. Je ne comprends pas pourquoi il a réagi de cette manière. Est-ce
que l'idée que quelqu'un l'apprécie le met mal à l'aise ? Ou plutôt le rend
nerveux ? Ou même encore lui provoque une crise ? C'est la tête remplie de
questions que je pars dans notre chambre et m'enferme dans la salle de bain,
puis commence à pleurer à chaudes larmes.
Chapitre 43

Bhaltair

Elle ne peut pas m'apprécier.


Non, elle ne peut pas.
Pourtant c'est le cas, elle vient de me le dire.
Ce n'est pas réellement ça qui me dérange le plus. Ce qui me dérange le
plus, c'est cette chose que je commence à ressentir quand d'autres hommes
posent le regard sur elle.
Retrouve-les et tue-les.
Avant, c'était une simple possessivité. Maintenant, une chose s'y est ajoutée,
et ça me rend malade de me dire que j'ai préféré baisser ma main non pas
pour ne pas abîmer son visage, mais parce que je n'avais pas envie de la
blesser. Pourquoi ?? Pourquoi est-ce que ça me fait ça ? Ça doit simplement
être une réaction normale de mon corps puisqu'elle a pris ma défense face à
Austin ce midi. Je ne vois pas d'autre solution possible.
Mon téléphone se met soudain à sonner, ce qui signifie donc qu'il est 17
heures. Il faut que j'y aille. Il est temps d'assassiner mon père. Etant donné
l'état de rage dans lequel je suis, il risque de passer un sale quart d'heure. Je
sors du manoir et monte dans ma Lamborghini violette, puis regarde la
banquette arrière à travers le rétroviseur, là où j'ai défloré ma femme. J'ai
envie de la faire hurler à nouveau, mais je ne sais pas réellement dans quel
sens.
Le plan pour tuer mon père est parfait, je le prépare depuis de nombreuses
semaines déjà. Je vais le retrouver dans un de nos entrepôts à 17 heures 10
tapantes. Là, je n'aurai que dix minutes pour faire ce que j'ai à faire, ce qui
veut dire le piéger, l'attacher, régler mes comptes et le buter. Puis, à la fin de
ces dix minutes, un gang ennemi bien connu de la mafia finlandaise
débarquera en pensant que leur informateur anonyme (moi) les a conduit
dans l'entrepôt le plus important du réseau. Même si c'est un entrepôt
important, ce n'est pas le plus grand et je suis prêt à perdre un peu de came
pour voir mon géniteur saigner. Comme ça, son meurtre sera déguisé en
attaque ennemie qui a mal tourné, et personne ne me soupçonnera jamais. Il
n'y a pas de caméra de vidéosurveillance, alors je n'ai aucun souci à me
faire là-dessus. Et puis, jamais aucun de mes plans n'a échoué.
Huit minutes plus tard, je me gare devant l'entrepôt.
- Ah, Bhaltair ! Pourquoi est-ce que tu tenais tant à me voir ici ? Ça
fait longtemps que je n'y ai pas mis les pieds.
- Entrons, je lance calmement.
Il hoche la tête et, à peine ai-je fermé la porte derrière lui que je sors le
taseur que j'avais caché dans ma veste et l'électrocute. Il tombe au sol, raide,
le regard rempli d'incompréhension. Alors, pendant les cinq minutes qui
suivent, je le traîne sur le sol, l’assois sur une chaise que j'avais déjà pris la
disposition d'installer ici quelques semaines plus tôt, et l'attache avec une
corde très solide. Il commence à retrouver un peu de mobilité mais c'est
déjà trop tard pour lui, il ne peut plus bouger.
- Détache-moi, Bhaltair ! Qu'est-ce que tu fous bon sang !?
Je m'approche de lui et penche légèrement mon visage dans sa direction.
- Je vais te tuer.
Il s'immobilise instantanément et fronce les sourcils.
- Mais quelle connerie tu me racontes encore ! Allez, détache-moi.
Un rire sans joie m'échappe tandis que je sors un couteau de ma poche.
- D'accord, si tu insistes.
J'avance le couteau vers les cordes et le lui plante dans le flanc gauche. Un
cri de douleur lui échappe.
- Oups, j'ai mal visé.
Il me fusille du regard mais ne rétorque rien. Il a enfin compris qu'il n'est
pas en position de dire ou exiger quoique ce soit. Et tant mieux, car sa voix
commence sérieusement à me casser les couilles. Ce n'est pas grave, je n'ai
qu'à lui couper la langue. Je me rapproche encore plus de lui et un cri de
douleur lui échappe juste après que je lui ai arraché une dent à main nue.
- Mais pourquoi tu fais ça ?! s'exclame-t-il.
- Pourquoi je fais ça ? Tu me demandes réellement POURQUOI je fais
ça ??
Il me fixe dans l'attente d'une réponse. Très bien, je vais la lui donner.
- « Bhaltair, mon arme psychotique, le fou qui sème la pagaille et fait
peur aux ennemis » ; « Bhaltair, mon idiot de fils qui ne sait même
pas se tenir correctement à la moindre contrariété. » ; « Bhaltair, il ne
sait pas évoluer dans la société comme tout le monde, il lui manque
une case ». Tu n'as jamais essayé de m'aider. Ça te faisait bien trop
plaisir d'avoir un fils timbré. Et tu sais quoi, bingo ! T'as gagné le
gros lot ! Ton fils complètement timbré n'a aucune limite. Oh, mais ça
tu dois déjà le savoir puisque tu m'as regardé assassiner ma sœur sous
tes yeux sans rien dire. Dis-moi, comment est-ce qu'elle va maman ?
Si tu ne l’avais pas tué, elle se serait suicidée.
- Tu es un monstre, un véritable monstre. Tout le monde te craint, alors
je me suis nourri de la peur que tu leur inspirais pour augmenter mon
emprise sur le pays,
et ça a fonctionné. Tu l'as dit toi-même, tu étais mon arme
psychotique.
Dans un élan de rage, je lui plante mon couteau dans la jambe, ce qui lui
fait pousser un autre cri de douleur.
- Je vais t'écorcher la peau et la coller sur mes murs comme trophée...
Même s'il essaie de rester impassible, je vois un frisson de dégoût le
traverser. Il n'avait jamais pensé qu'un jour, le fils timbré pourrait se
retourner contre son père. Je ne parle pratiquement jamais de mes séquelles
mentales et de mes psychoses, ou même encore de ma schizophrénie. Les
gens pensent que je ne m'en rends pas compte, alors que c'est parfaitement
le cas. C'est pour cette raison que je pète un câble à chaque fois qu'on m'en
parle, c'est pour ça que j'ai imaginé démembrer Austin James vivant quand
il a commencé à m'en parler. Et Neala est intervenue...
Je secoue la tête. Je ne vais me déconcentrer maintenant. Je jette un coup
d'œil à mon téléphone. Il me reste trois minutes, parfait.
- As-tu un dernier mot à dire avant que je te plante ce couteau en plein
cœur ?
- Tu vas finir par te faire avoir. Tu ne prends pas tes médicaments alors
que tu sais que tu le devrais. Un jour, tu vas vriller et l'ennemi en
profitera pour te dépecer vivant. Et ce jour-là, je serai aux premières
loges pour y assi...
Je ne le laisse pas terminer sa phrase et le plante en plein cœur. Du sang
jaillit de partout, m'en foutant partout sur les mains, et un immense sourire
prend alors place sur mes lèvres.
Remue le couteau dans la plaie.
L'expression n'aurait pas pu être mieux trouvée. Je fais donc tourner le
couteau et vois une dernière lueur de douleur traverser son regard avant
qu'il ne s'éteigne pour de bon. Je prends son pouls pour m'assurer qu'il est
bien mort et lorsque c'est confirmé, je me redresse et sors le couteau de son
cœur. Je vais garder ce trophée bien précieusement. Je m'essuie les mains
sur ma veste, puis fais demi-tour sans même lui lancer un dernier regard. Je
quitte l'entrepôt, et ce soir j'ai l'impression d'avoir accompli quelque chose
d'important. Maintenant, cet enfoiré ne profitera plus jamais de moi. Je
monte dans ma voiture, pars la garer plus loin, puis descends et retourne sur
les lieux du crime. Je me cache derrière un arbre et m'assure que le gang
ennemi arrive. Ce qu'il fait, une minute plus tard. Des coups de feu
retentissent même s'ils sont seuls, et c'est à ce moment-là que je comprends.
J'ai gagné.
A présent, il ne reste plus qu'une personne dont je dois m'occuper, cette
ennemie dont je ne connais rien et qui veut ma peau depuis plusieurs
semaines, mais sans jamais se salir les mains. Quelques idées m'ont
rapidement effleuré quant à son identité, mais une en particulière retient
mon intention. Pourtant, c'est la plus improbable de toutes.
Chapitre 44

Neala
Il est à peu près 18 heures quand j'entends la porte d'entrée claquer.
J'aperçois sans grand étonnement Bhaltair, couvert de sang.
- Alors... tu l'as tué ?
Il s'approche de moi.
- Évidemment.
Je hoche la tête.
- Et... tu es content ?
- Tu n'as même pas idée.
J'avale difficilement ma salive.
- Tu devrais peut-être aller te nettoyer les m...
- Non, me coupe-t-il. Je préfère garder encore un peu la trace de ma
victoire. Et...

Il approche l’une de ses mains couverte de sang séché de mon cou et


l'enroule lentement autour.
- Ne t'avise pas de me dire ce que je dois faire.
Je le fixe tandis que sa main ne bouge plus.
- Compris ?
Je hoche la tête et il me relâche. Il n'a mis aucune pression sur sa prise,
alors ça a eu la brillante idée de m'exciter. Je suis vraiment déréglée, j'ai
l'impression.
Quelqu'un toque à la porte à ce moment-là et j'échange un regard avec
Bhaltair. Nous n'attendons personne, et ça m'étonnerait que la découverte du
cadavre de son père ait déjà été faite. Il va voir à la porte et regarde à
travers l'œillet, avant de l'ouvrir. Nina entre dans mon champ de vision, les
larmes aux yeux. Je m'approche précipitamment d'elle et la prends dans mes
bras.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? je demande alors.
Elle s'éloigne de moi et renifle.
- Dehors.
Je me tourne soudain vers Bhaltair.
- Quoi ?
- Elle sort. Quelqu'un veut ma mort et ça pourrait très bien être elle.
- Mais... commence-t-elle en fronçant les sourcils.
- Dégage avant que je t'explose le crâne.
Elle sort et Bhaltair referme la porte derrière elle.
- Elle n’a même pas eu le temps de m'expliquer ce qui ne va pas ! Elle
était en train de pleurer ! Franchement, tu penses vraiment qu'elle
pourrait être derrière tout ce qu'il se passe depuis plusieurs semaines
??
- Je n'exclus aucune piste.
Je hausse les sourcils et le fusille du regard. Quel connard. Je me dépêche
de taper un
message à Nina pour m'excuser et lui demande de m'appeler dès qu'elle est
rentrée. Ensuite, je dévisage Bhaltair avec haine.
- Baisse tout de suite les yeux.
Je lui lance un air de défi. Je sais qu'il ne peut pas me tuer.
- Non.
Et je le fixe encore.
- Tu vas le regretter.
- Comment ? Tu ne peux pas me tuer.
- Oh, mais je vais trouver un autre moyen. Je pourrais te forcer à
dépecer une personne encore vivante...
La rapidité avec laquelle il a trouvé cette idée me fait franchement peur.
- Je ne suis pas aussi sensible que j'en ai l'air, et tu le sais.
Un sourire carnassier prend place sur son visage, et il passe sa langue sur
ses lèvres.
- Je le sais, tu as une part d'ombre. Et maintenant que tu m'en parles,
j'ai bien envie d'aller tester ta résistance.
Je fronce immédiatement les sourcils.
- Comment ça ?
- Ce soir, nous allons sortir. Et je vais voir jusqu'où tu peux aller.
- Bien. Je n'appréhende pas.
Nous nous fixons pendant plusieurs secondes avant que mon téléphone ne
se mette à sonner. Je suis donc la première à détourner le regard pour
répondre à l'appel de Nina. Je m'isole pour éviter que mon mari ne
m’entende.
- Nina ! Excuse-moi pour la réaction de Bhaltair tout à l’heure, qu'est-
ce qu'il se passe ?
Je l'entends renifler à travers le combiné.
- Je suis dans la voiture, mais je ne veux pas rentrer à la maison.
- Pourquoi ça ?
- D... Dean.
Elle n'a pas besoin de m'en dire plus, je comprends tout de suite qu'il a fait
quelque chose qu'un cousin ne devrait pas faire à sa cousine.
- Il t'a... ?
Un sanglot lui échappe.
- N... non mais il y était presque. Il m'avait déshabillé et il avait déjà
commencé à me tripoter quand j'ai réussi à l'assommer. Je parie qu'il a
mis un traceur dans mon téléphone, alors il va falloir que je l'éteigne.
- Mais... qu'est-ce que tu vas faire ?
- Je ne sais pas... mais il faut que je m'enfuie loin de lui. J'espère que
nous pourrons nous revoir, Neala, j'ai adoré te connaître.
Un sanglot m'échappe.
- J'ai adoré te connaître également. Au revoir, Nina...
Et c'est là qu'elle raccroche. Je pose ma main sur ma bouche pour empêcher
les sanglots de s'en échapper, mais c'est déjà trop tard. Je viens de perdre la
seule amie que je n'avais jamais eu.
Je suis à moitié déprimée quand je monte dans la voiture de Bhaltair, deux
heures plus tard. Je n'arrête pas de penser à Nina, et d'à quel point j'ai envie
de tuer son enfoiré de cousin.
Torture-le jusqu'à ce qu'il implore pour sa vie.
Oui, je devrais le faire souffrir comme il l'a tant fait souffrir, il ne mérite
que ça.
- Oh, concentre-toi.
Je me tourne vers Bhaltair, qui me fusille du regard.
- Je suis concentrée.
- Ne mens pas où je t'explose la tête dans la vitre.
Je pousse un soupire mais ne dis rien. Je tire légèrement sur mon jogging
noir, qui me moule un peu trop à mon goût. Bhaltair m'a dit de m'habiller en
couleurs sombres et basiques, au cas où un ennemi à lui nous repèrerait,
alors c'est ce que j'ai fait.
- Où est-ce que nous allons ?
- Sur le toit d'un immeuble fréquenté par un gang ennemi. On va voir
si t'es une bonne snipeuse.
- Et toi, tu l'es ?
- Il n'y a aucune chose à laquelle je ne suis pas bon.
Sa remarque me fait fermer ma bouche. Une fois que nous sommes arrivés,
Bhaltair parvient à nous faire pénétrer un immeuble sale et délabré et nous
montons jusqu'au dernier étage, où une trappe mène au toit. Pour être
discrets, nous n'avons que des glocks sur nous, alors autant dire que ça va
être compliqué de viser correctement.
- Mets le silencieux.
Je hoche la tête tout en le faisant. Il veut voir de quoi je suis capable ? Très
bien, je vais le lui montrer. En espérant ne pas me ridiculiser, bien sûr.
- Tu vois le type là-bas ? fait-il une fois que nous sommes en place.
- Ouais.
D'un coup il tire, et le touche. Il s'effondre au sol la seconde qui suit.
- Mais comment... ?
- Je t'ai dit qu'il n'y a aucune chose dans laquelle je ne suis pas bon.
Je hoche la tête.
- À moi. Qui est-ce que je vise ?
Il regarde autour de l’immeuble et m'indique un homme au loin.
- Lui.
- Très bien.
Je me redresse un peu, le vise, tire... et le rate. Comme je m'étais bien
débrouillée le jour où il m'a appris à tirer, j'espérais bien m'en sortir, mais il
faut croire que je manque encore cruellement d'expérience. Un rire moqueur
retentit à côté de moi. Vexée, je tourne l'arme vers lui. Son expression
devient tout de suite plus grave.
- Tu penses me faire peur ?
- Peut-être bien.
- Je te désarmerai aussi facilement que je boirai mon café demain
matin.
Je fronce les sourcils.
- Ah oui, tu penses ?
C'est à son tour de froncer les sourcils. Puis, sans que je n'ai le temps de
comprendre ce qu'il se passe, je me retrouve au sol, et l'arme m'a échappé.
Je grogne et me frotte les fesses en me relevant. Il me tend à nouveau
l'arme. Je hausse les sourcils.
- Qu'est-ce qui te dit que je ne vais pas te tuer sur le champ ? je fais en
m'en emparant.
Il ne dit rien et me regarde fixement. Alors, je pointe à nouveau l'arme sur
le type du bas, le vise, et tire. Cette fois-ci je le touche, puisqu'il s'effondre
au sol. Un sourire naît sur mes lèvres tandis que je repasse fièrement son
arme à Bhaltair.
- J'apprends vite.
- On va dire que tu as eu un bon professeur.
Nous nous détaillons pendant quelques secondes quand un bruit sourd
retentit à l'endroit par lequel nous sommes montés sur le toit. Et soudain, un
homme apparaît de la trappe, avec sous le bras une arme dont je ne préfère
même pas connaître le nom...

Chapitre 45

Bhaltair

Le premier réflexe de ma femme est de reculer, tandis que le mien est


d'avancer.
- J'peux savoir pourquoi vous venez de buter deux de mes gars ?? fait
le type en pointant son RK 62 dans notre direction.
Je ne suis pas quelqu'un de bavard, alors inutile de lui raconter nos vies. Je
brandis lentement le glock que j'ai en ma possession mais avant que je n'ai
le temps de faire quoique ce soit, il tire vers Neala. Il la rate mais à ce
moment-là, il vient de réveiller une très grosse colère en moi. On ne touche
pas à elle. Je ne parviens pas à me l'expliquer, mais je veux lui défoncer la
gueule pour ce qu'il vient de faire. Je m'approche donc de lui à grandes
enjambées et lui fous un coup de poing dans le nez. Il s'effondre au sol et
lâche son arme par la même occasion.
- Un dernier mot à dire avant que je t'explose la mâchoire ?
Il ouvre la bouche quand je tire une balle dans son visage.
- En fait non, ton temps est écoulé.
Comme il est mort et que nous ne risquons plus rien, je me tourne vers mon
épouse.
- Merci... dit-elle.
Elle me remercie, mais ses yeux ne peuvent s'empêcher de fixer le cadavre.
Pourtant, ce n'est pas de la peur ou du dégoût que je vois dans ses yeux. En
fait, je n'arrive pas à comprendre de quoi il s'agit.
- ... Bhaltair ? fait-elle au bout d'un moment.
- Quoi ?
- Tu me montres comment tu... démembres un cadavre ?
Un rictus incontrôlable vient prendre place sur mes lèvres. J'ai envie de la
baiser quand son côté sombre prend le dessus. Et c'est bien ce que je compte
faire maintenant. Je jette le glock au sol et m'approche rapidement d'elle.
D'abord surprise, elle me fixe avec incompréhension. Mais quand je lui
plaque le dos contre la barrière qui la sépare du vide, elle comprend
immédiatement où je veux en venir et me saute presque dessus. Ses lèvres
viennent s'écraser contre les miennes et ses mains viennent prendre place
dans mes cheveux. Les miennes viennent lui passer son haut par-dessus ses
épaules et comme j'ai de la chance, elle n'a pas mis de soutien-gorge. Pour
une fois que c'est une bonne chose. Tandis que je la plaque contre la
barrière au point que sa tête en est dans le vide, elle commence à passer ses
mains sous mon sweat pendant que nos langues se rejoignent. Sa respiration
s'accélère petit à petit et je sens la tension monter.
- Attends, fait-elle pendant que je glisse ma main sous son jogging.
Je lève les yeux au ciel.
- On va réellement baiser à côté d'un cadavre ?
- Ferme-la.
Tandis que nos lèvres se joignent à nouveau, je glisse ma main dans son
jogging et commence à rentrer mes doigts en elle, lui arrachant des
gémissements de surprise et de plaisir. Je sens qu'elle est très excitée si j'en
juge par la sensation de mes doigts en elle. Tandis que des exclamations de
surprise retentissent en bas sans doute par rapport aux deux cadavres, je
baisse d'un coup son jogging, et la retourne. Elle a désormais le cul collé
contre mon érection et ça me fait encore plus bander. Je passe une main
autour de ses hanches pour ensuite la placer sur sa chatte, puis commence à
lui écarter les jambes et remets mes doigts en elle. Elle gigote contre moi
tandis que je la maintiens en place, et elle penche la tête en arrière.
- Vas-y Bhaltair...
Je ne me fais pas prier, et descends à mon tour mon jogging. Ma queue déjà
bandée est prête à entrer en elle. Je la place donc à l'entrée de sa chatte et
pousse d'un coup en elle, lui arrachant un cri au passage. Et c'est ainsi que
je commence à la baiser aussi fort que possible, et qu'elle prend un pied
monstrueux. Rien à foutre du cadavre juste à côté de nous, je pourrais
presque parier que ça l'excite. Et tandis que je jouis en elle, elle jouit en
même temps, dans un râle de plaisir. Une fois que nous avons tous les deux
fini, nous nous rhabillons et retournons dans ma caisse. Cette soirée aura été
plutôt chargée, mais je suis prêt à recommencer dès que possible.
Neala

Une fois que nous sommes de retour à la maison, je cours vite dans la salle
de bain pour prendre une douche. Il y a quelques semaines, nous avons failli
coucher ensemble à côté d'un homme que je venais de tuer, mais je m'étais
ravisée. Ce soir par contre, je suis allée au bout. Il y a vraiment quelque
chose qui cloche chez moi.
Quand je sors de la salle de bain, je remarque que Bhaltair est aussi dans la
pièce, il me regardait me laver. Bien que je trouve ça un peu malsain, je ne
dis rien. Mais lorsque je passe à côté de lui, il tire sur ma serviette et je me
retrouve nue. Je la ramasse en bougonnant.
- T'es pas dégueulasse à regarder, dit-il.
- Nous avons couché ensemble deux fois, et ces deux fois tu n'as
même pas tenté de me tuer. Serait-il possible que je survive,
finalement ?
- Ne te donne pas autant d'importance.
Légèrement vexée, je quitte la pièce. Mais quand je suis dans le couloir, je
l'entends murmurer.
- Enfin, un peu quand même.
- Pardon ?? je fais en retournant sur mes pas.
Il me lance un regard qui me tuerait si c'était possible alors je laisse tomber
et me contente de retourner dans notre chambre.
Une fois que je me suis mise en pyjama, je commence à m'ennuyer. Je
décide donc d'aller fouiller dans les vieux placards et tombe sur un jeu de
cartes et un plateau de dames. Je me prépare une tisane et évidement,
Bhaltair rapplique. J'ai l'impression qu'il surveille sans arrêt le moindre de
mes mouvements.
- Tu sais jouer aux dames ? je demande soudain en mettant ma tasse
d'eau chaude dans le micro-onde.
- Je sais jouer avec les dames.
- Euh... et le poker, tu sais jouer au poker ?
- Je préfère le strip poker, mais ce n'est pas intéressant puisque je fais
sauter tes fringues quand je le veux.
Ce n'est pas normal que ses paroles m'émoustillent. Comme il n'a pas l'air
d’humeur si massacrante que ça ce soir après ce que nous venons de faire,
je décide de rentrer dans son jeu.
- Ah oui, tu penses ?
Il hausse les sourcils.
- Oh oh, ne me provoque pas ou je risque de perdre mon sang froid.
- Et... ça serait une mauvaise chose ?
Il me fixe quelques secondes avant de calmement hocher la tête. Puis, il
marche très lentement dans ma direction, en sortant son couteau. Bien que
je tressaille, je ne bouge pas et ne quitte pas ses yeux du regard. Comme je
suis devant le comptoir, il en fait le tour et se plante derrière moi, ne me
laissant donc aucune issue possible. Puis, il pose soudain la lame à plat dans
mon dos.
- Je pourrais te paralyser à vie, si je perdais mon sang froid...
Il fait lentement glisser la lame sur mes côtes.
- Ou je pourrais t'exploser la cage thoracique...
Il remonte ensuite la lame sur mon bras, ce qui le fait se couvrir d'une nuée
de frissons.
- Je pourrais aussi te taillader les veines...
Je tressaille à nouveau, tandis que sa main libre vient se poser sur ma
hanche et que de son autre main, il fait remonter la lame sur mon cœur.
- Et je pourrais te tuer...
Sur ses dernières paroles, il enfonce très légèrement la lame, déchirant un
bout de tissu de mon pyjama et faisant perler une goutte de sang. Puis,
brusquement, il dégage son couteau et me tourne vers lui. Je suis désormais
bloquée, le dos contre le comptoir avec lui juste en face de moi.
- Ou alors je pourrais te prendre des heures durant contre ce comptoir
sans jamais te faire de mal...
Ma bouche s'entrouvre sans que je lui en ai donné l'ordre. Son regard passe
de mes lèvres à mes yeux à plusieurs reprises quand soudain, le micro-onde
sonne et me fait sortir de cette transe. Je m'éclipse vite et pars m'occuper de
ma tisane, chamboulée par ce qu'il vient de se passer et le nombre
incalculable de sensations que ça m'a fait ressentir.
Chapitre 46

Bhaltair

Ça fait maintenant deux jours que j'ai buté mon père, et aujourd'hui ont lieu
ses obsèques. Ça ne tiendrait qu'à moi, je n’y serais pas allé. Mais je n'ai pas
le choix, sinon je paraîtrais suspect.
Mutile son cadavre.
Je pourrais demander à ma femme de le faire. La question est, en serait-elle
capable ? Je pense que oui. Pour je ne sais quelle raison stupide, elle m'a
pris en pitié et semblait détester mon père tout autant que moi. Mais je ne
vais pas prendre de risque inutile aujourd'hui. Quand elle débarque à mon
bras dans le cimetière, je vois beaucoup d'hommes la regarder et je me
retiens pour ne pas faire une crise. Même si j'en sens une imminente, je
pense pouvoir réussir à me contrôler, avec beaucoup de conviction. Par
contre, si l'un d'entre eux lui parle, je le tue.
Tandis que nous nous asseyons au premier rang, je vois pleins de regards
compatissants se tourner vers moi. J'ai envie de tous leur arracher les yeux.
Ce n'est pas parce qu’il était le dernier membre de ma famille en vie que je
vais me mettre à chialer, surtout quand on pense que c'est moi qui l'ai tué.
- A quoi est-ce que tu penses ? fait la femme du désormais orphelin
que je suis à côté de moi.
- Je pensais à toutes les manières dont je pourrais éventuellement te
prendre contre ce cercueil.
Une grimace de dégoût vient prendre place sur ses lèvres tandis que ses
parents viennent s'assoir à côté d'elle. Son père se relève à peine quelques
secondes après et vient s'assoir à côté de moi. Super, maintenant que le
premier vieillard a disparu, il faut que le deuxième prenne sa place.
- Mes sincères condoléances pour ton père, Bhaltair.
- J'espère qu'il a souffert quand on l'a tué.
Il entrouvre la bouche mais ne dit rien. En fait, il semble hésiter à me dire
quelque chose. Je fronce les sourcils en me tournant vers lui,
l'encourageant, ou plutôt l'obligeant à me dire ce qu'il se passe.
- Il y avait une femme à côté de l'entrée... elle semblait observer avec
détachement la scène qui se déroulait sous ses yeux. Je pensais que tu
voudrais le savoir.
Je fronce immédiatement les sourcils et me lève. Mon épouse me
questionne du regard mais je l'ignore et me précipite vers l'entrée du
cimetière. S’il s’agit de cette ennemie qui cherche ma peau depuis plusieurs
semaines et qu'il s'avère qu'elle est bien la personne à qui je pense, alors
j'aurais enfin découvert son identité. Je vois sa silhouette au loin, grande et
élancée, ainsi que des cheveux blond polaire coupés au carré. Je n'arrive pas
à voir si elle aborde cette cicatrice au cou alors je tente de me rapprocher,
mais elle prend la fuite en m'apercevant. Tout en courant dans sa direction,
je fouille mes poches à la recherche d'une arme, mais je n'ai que mon
couteau. Seules les armes blanches sont autorisées lors d'événements
comme celui-ci. Je me contente donc de lui courir après, mais elle monte
dans une voiture et disparaît aussi vite qu'elle est apparue. Je frappe du
poing dans une chaise et suis à deux doigts de sortir mon couteau pour me
le planter dans la jambe. J'arrive à ne pas m'y résoudre, même si c'est
compliqué. Je ne dois pas faire de vague aujourd'hui, je dois plutôt paraître
le plus neutre possible. Les gens savent que mon père et moi étions comme
de simples collègues, mais ce n'est pas pour autant que je dois avoir l'air de
me réjouir ou encore même de n'avoir rien à faire de sa mort. Tandis que je
retourne m'assoir à côté de ma femme, celle-ci m'interroge à nouveau du
regard. Elle a de la chance que ça soit elle, sinon je lui aurais crevé les
yeux.

Neala

Une fois que nous sommes rentrés de l'enterrement, je mets une tenue plus
confortable. Je prends au passage le temps de me regarder dans le miroir et
grimace. J'ai pris quelques kilos depuis que je suis mariée, je sors beaucoup
moins qu'avant et par conséquent je me dépense moins. Enfin, je ne suis pas
grosse non plus, mais j'ai tellement été conditionnée à surveiller mon poids
quand j'étais plus jeune que je me sens obligée d'y faire quelque chose. Je
pars donc voir Bhaltair, qui est dans le salon en train de faire je ne sais quoi.
- J'aimerais pratiquer une activité physique.
Un air salace lui traverse le visage tandis qu'il me regarde de haut en bas.
- Pas ça...
- Alors tu n’as qu’à utiliser ma salle de sport au -1.
- Euh... ce n'est pas trop mon truc...
Il lève les yeux au ciel.
- Qu'est-ce que tu veux faire alors ??
- Je ne sais pas... pourquoi pas de la natation ? C'est sympa et ça aide à
se dépenser.
- Pas moyen. Tu ne te mettras pas en maillot devant pleins de gens.
- Tu ne peux pas faire privatiser une salle ?
Il hausse les sourcils.
- Ouais. Mais dans ce cas-là je viens aussi, la gonzesse qui veut ma
mort pourrait très bien s'en prendre à toi.
- Comme tu veux, je fais en haussant les épaules.
**
Une heure plus tard, nous voilà tous les deux en train de monter dans la
Lamborghini violette en direction d'une piscine pas loin d'ici. J'ai mon
maillot de bain sur moi et une robe légère le recouvre. Honnêtement, je ne
sais pas trop comment ça va se passer. Bhaltair a déjà essayé de me noyer
quand je prenais mon bain juste après notre mariage, alors j'espère qu’il
n’en aura pas l’envie cette fois-ci.
Quand nous arrivons, nous nous dirigeons vers l'entrée et il me coupe la
route pour rentrer avant moi, sans doute pour s'assurer qu'il n'y a personne
de malveillant qui nous attend à l'intérieur. Un homme à l'accueil nous
donne des clés pour pouvoir fermer un casier où nous déposons nos affaires,
et nous nous dirigeons ensuite vers les bassins, qui sont totalement vides. Il
n'y a personne à l'intérieur et j'avoue que ça m'arrange, je ne suis pas très à
l'aise avec mon corps en maillot. Pendant que je rentre dans l'eau, je sens
Bhaltair derrière moi me fixer sans détacher son regard de mon corps. Ça
m'inquiète et ça m'excite en même temps. Comme j'ai pieds, je ne
commence pas à nager tout de suite et le regarde entrer dans l'eau à son
tour. Son corps est... incroyable. Il est tellement beau, c'est bien dommage
qu'il soit si... particulier à l'intérieur.
- Nage, on est là pour ça.
Toujours aussi aimable... je plonge donc dans l'eau et commence à nager
mais me rends vite compte que je ne me débrouille pas bien du tout, tandis
que mon mari nage à la perfection. Je réessaie mais c'est officiel : je ne sais
pas nager correctement. Bhaltair lève les yeux au ciel en le remarquant.
- Appelle quelqu'un qui te montrera comment faire, dit-il en me
fusillant du regard.
Je fais signe au premier homme que je vois, qui doit probablement être un
maître-nageur.
- Je peux vous aider mademoiselle ? fait-il en se rapprochant du
bassin.
- Oui, vous pourriez m'apprendre à nager correctement ? Ça fait très
longtemps que je n'ai pas pratiqué et...
Je suis dérangée par le regard que me lance Bhaltair. Il n'est pas armé, alors
il ne peut
pas le tuer.
- Et j'ai envie de me débrouiller, je poursuis.
Il hoche la tête, retire son haut et plonge dans l'eau. Il est plutôt musclé et
n'a pas un physique déplaisant à regarder. Bhaltair se pose dans un coin et
nous observe. Je ne sais pas si j'ai bien fait d'appeler ce maître-nageur en fin
de compte...
Chapitre 47

- Voilà, tu te mets sur le ventre et surtout détends-toi, tu te laisses


flotter.
- C'est plus facile à dire qu'à faire !
Ça fait déjà quinze bonnes minutes que Pedro, le maître-nageur, m'apprend
à nager correctement et je me débrouille plutôt bien, seulement je n'arrive
pas à lâcher prise. Le regard assassin de Bhaltair y est peut-être pour
quelque chose.
- Attends, je vais te placer, dit Pedro.
Avant que j'ai le temps de comprendre le sens de sa phrase, je me retrouve
avec sa main sur le bas de mon dos et l'autre sur mon ventre pour me mettre
dans la bonne position. Oh merde.
Je manque de me noyer quand il me lâche subitement, ou plutôt quand
quelqu'un l'a fait me lâcher subitement. Je reprends mon souffle et tente de
voir ce qu'il se passe. Et c'est là que j'aperçois Bhaltair en train de me
fusiller du regard, tout en maintenant la tête de Pedro sous l'eau pour le
noyer.
- Lâche-le ! je m'exclame en me dirigeant vers eux.
- Il a posé sa putain de main sur ton cul. T'as raison, je devrais lui
trancher les
doigts un à un et les lui faire manger.
Je grimace et tente de relever Pedro, mais Bhaltair s'éloigne et empêche le
malheureux de reprendre son souffle.
- Tu vas le tuer ! je lance en tirant sur son bras.
- C'est le but.
- Lâche-le ! je fais en tentant de le pousser.
Mais il est plus rapide que moi et me repousse à l'aide de l'une de ses mains.
Sauf que, n'ayant pas appréhendé son geste, mon pied glisse contre le sol de
la piscine et je me cogne contre le rebord. Une vive douleur s'empare de
moi tandis qu'un gémissement plaintif m'échappe. Au moins, ça a le don de
le faire lâcher Pedro. Il vient vers moi et remarque que je me suis ouverte le
front. Il m'attrape par le bras et me fait sortir de l'eau tout en maugréant.
- C'était une mauvaise idée, on n'aurait pas dû venir ici.
Sur ce point-là je suis d'accord avec lui.
- Tu n'avais pas besoin de tenter de le tuer ! je lance. Il ne faisait que
son travail !
- Ah ouais ? En tant que femme tu ne t'es jamais renseignée sur la
manière dont un supérieur devait traiter une cliente ou une employée
? Son geste n'était pas nécessaire, et il m'a mis en rogne ! Parce qu...
- Parce qu'on ne touche pas à ce qui t'appartiens, oui je sais ! Tu le
répètes assez souvent, j'ai compris !
Il s'arrête brusquement et me tourne vers lui.
- Répète !?
J'en ai marre. Marre de le laisser me tenir tête et de me soumettre comme si
j'étais son esclave, alors que je suis sa femme.
- Non mais c'est fou ça ! Je m'ouvre le crâne par ta faute et tu trouves
le moyen de pouvoir retourner la situation pour me faire encore plus
de mal !
Il me fusille du regard et sa respiration commence à s'accélérer.
- Il y a quelques mois je t'aurais buté si tu m'avais parlé de la sorte.
- Mais aujourd’hui tu ne peux pas sinon tout le monde comprendra tes
petites manigances avec ton père !
À cours de patience, il m'attrape à la gorge, mais ne serre pas beaucoup sa
prise.
- Attention, Neala. Je ne peux peut-être pas te tuer, mais je peux te
faire vivre pire que l'enfer.
- Oh ça, je le sais déjà.
Il pousse un soupire excédé et referme un petit peu plus sa prise sur mon
cou. Et c'est là que je comprends que quelque chose cloche. Il n'a pas l'air
en bon état, mais pas parce qu'il est énervé, non. Il semble plutôt... agacé.
- Je ne peux pas te tuer parce que ça me ferait chier que tu
disparaisses, lance-t-il soudain.
Je reste bouche bée.
- P... pardon ?
- Je ne peux pas l'expliquer. Ça se passe dans mon corps, j'ai vu ça
dans les films. Tu ne penses pas que si j'avais voulu te tuer je l'aurais
déjà fait à de nombreuses reprises ? Tu n'es pas la plus soumise des
épouses.
J'ai le crâne qui saigne mais génial, discutons de choses que je ne pensais
même pas discutables.
- Il y a quelque chose de physique indéniable entre nous, je lance.
Tandis qu'il lâche mon cou et recommence à marcher, je le suis.
- Mais mentalement, nous ne nous correspondons pas.
Il s'arrête à nouveau.
- Ah ouais, tu penses ? Et avec qui j'ai baisé à côté d'un cadavre il y a
quelques jours ?
Je ne sais pas quoi répondre.
- Ton côté barré me plaît, dit-il en recommençant à marcher.
Je le suis sans répondre jusqu'aux vestiaires, là où il y a notre casier. Nous
prenons nos affaires et nous rhabillons, puis retournons dans sa voiture et il
démarre pour rentrer à notre manoir. J'ai quand même une petite pensée
pour Pedro qui doit actuellement être en état de choc.
- Si je te répugnais tant que ça, ça ferait longtemps que tu te serais
tirée une balle, dit-il.
Je vois ses mains se serrer sur le volant.
- Tu es possessif maladif, tu n'y peux rien. Mais ne fais pas passer ça
comme... comme de l'intérêt pour moi.
Il me jette un bref coup d'œil et c'est là que je remarque que son œil est
blanc. Il n'a plus toute sa tête actuellement, et ça commence à me faire peur.
- Ne me contrarie pas, sinon ça va mal finir.
- Je ne dis que la vérité, Bhaltair. Et tu le sais très bien.
Il freine d'un coup, si bien que mon front déjà ouvert manque de s'écraser
contre le pare-brise.
- Mais ça ne va pas ! je m'exclame.
- Non, ça ne va pas, dit-il en ouvrant la boîte à gants juste à côté de
mes jambes.
Il fouille et semble y chercher un truc, mais il fout plus le bordel qu'autre
chose.
- Bordel ! crie-t-il en tapant des mains sur le volant.
Puis, il me dévisage.
- Sors de la bagnole, dit-il.
- Hein ?
- SORS DE LA CAISSE !
Je ne me fais pas prier et quitte la voiture. Je ne sais pas ce qui lui prend. Je
pense qu'il cherchait ses médicaments et que ne pas les trouver lui a fait
péter un câble. Je devrais peut-être m'inquiéter de ses intentions prochaines.
Mes yeux s'écarquillent quand il redémarre la voiture en trombe. Mais
qu'est-ce qu'il fait bordel ?! Un cri de terreur m'échappe et je plaque mes
mains sur ma bouche en le voyant foncer droit vers un arbre. Je n'ai pas le
temps de faire quoique ce soit que la voiture s'y encastre et qu'un frisson
vient parcourir mon corps. Ce n'est pas une tentative de suicide, j'en suis
persuadée. Il a dû vouloir faire taire les voix dans sa tête une bonne fois
pour toute, et c'était sa seule option.
Je me précipite en courant vers la voiture accidentée pour voir ce qu'il
advient de mon mari et me rends soudain compte que mon cœur bat très
fort. Est-ce que ça me ferait quelque chose s'il mourrait ? Cet homme qui
me fait tant de mal... mais aussi tant de bien, et qui ne juge pas mon côté
sombre... je dois me reprendre. J'arrive au niveau de la voiture et constate
qu'elle est très abîmée, je ne sais même pas si c'est récupérable. Je
m'approche de la vitre côté conducteur pour voir dans quel état il est et
l'aperçois, endormi.
Ou peut-être mort.
Chapitre 48

- Votre mari s'est réveillé, madame.


Je me lève du canapé sur lequel j'étais assise pour me diriger vers la
chambre d'ami, là où est Bhaltair depuis deux jours déjà. Ça fait deux jours
qu'il a foncé dans cet arbre, et j'ai bien cru qu'il allait y rester. Honnêtement,
je ne sais pas ce que je ressentirais s’il venait à mourir. Mais là n'est pas la
question, puisqu'il est bel et bien vivant. J'ai mis un crop top aujourd'hui,
qui laisse exposer la cicatrice de son prénom sur mon ventre.
Une fois que j'arrive dans sa chambre, il se tourne vers moi et me regarde
de haut en bas. Je lance un coup d'œil au médecin pour lui demander de
nous laisser tranquille et il s'en va.
- Tu aurais pu te tuer, je lance après qu'il ait refermé la porte derrière
lui.
- Je sais.
- Tu voulais mourir ?
- Non.
- Mais...
- Tu me fais chier avec tes questions.
Je me retiens de lever les yeux au ciel. Quand je remarque qu'il se redresse
dans le lit, je
l'interroge du regard.
- Je dois me rendre à une réception ce soir. Ça fait déjà deux jours que
je n'ai rien fait alors je ne peux pas perdre une minute de plus.
- Ce n'est vraiment pas malin. Tu es encore blessé et...
- Laisse-moi passer.
- Mais il faut que tu te reposes et...
Il ne me laisse pas finir sa phrase et me pousse sur le côté pour passer.
- D'ailleurs tu viens avec moi. Le thème est or ou argent, dit-il.
Je soupire. Je sais que je ne pourrai pas le faire changer d'avis.
- Très bien. Mais tu devrais quand même faire attention.
- Je ne suis pas un gosse.
Je soupire à nouveau et décide de quitter la pièce. De toute manière, il est
trop buté pour reconnaître qu'il est mal en point.
**
J'ai mis la plus belle robe que j'ai pu trouver. Bustier, dorée, longue et
sirène, avec une grosse parure en diamants. J'ai relevé mes cheveux en
chignon bas et malgré moi, j'espère que Bhaltair me regardera. Je monte
dans la limousine avant lui et quand il arrive enfin, je le regarde. Il a vêtu
un costume noir des pieds à la tête avec un nœud papillon doré qui lui va à
merveille.
- Je vais te baiser devant le chauffeur si tu continues de me regarder
ainsi.
- Tu le tuerais avant qu'il ne puisse voir la moindre parcelle de ma
peau.
Il tourne vers moi un regard presque amusé.
- Tu n'as pas tort, pour une fois.
La voiture roule pendant une bonne vingtaine de minutes et s'arrête devant
un manoir un petit peu plus modeste que le nôtre mais quand même très
grand.
- Pourquoi est-ce que tu te rends ici ce soir au fait ?
- Réunion d'affaires.
Je hoche la tête. Puis, nous descendons de la voiture et rapidement, nous
nous faisons interpeller.
- Bhaltair, Neala ! fait Dean.
Nous nous tournons vers lui et le regard qu'il porte sur moi me gêne
atrocement.
- Bah dis-donc, tu as mis les bouchées doubles Neala ! Tous les
regards seront braqués sur toi ce soir... et sur ces jolies formes que
révèle ta robe.
- Dis un mot de plus et je te plombe la cervelle, le prévient froidement
Bhaltair. Tu la mets mal à l'aise et tu m'irrites fortement, alors fais
attention à toi.
- Ah... oui.
Je lance un regard à Bhaltair. C'est bien la première fois qu'il prend ma
défense en voyant que je suis dans une situation plutôt gênante. Nina me
revient subitement en tête et je fusille Dean du regard.
- Comment est-ce qu’elle va ta cousine ? je lui demande
sarcastiquement en croisant mes bras sur ma poitrine.
Disons qu'être la femme du chef de la mafia me procure certains avantages,
comme celui de parler de façon méprisante à d'autres hommes haut placés si
je le souhaite...
- Elle a disparu. Ne joue pas à ça avec moi, je suis persuadé que tu sais
quelque chose.
- Oh sans doute, mais pour rien au monde je ne te dirai quoique ce
soit.
Son regard s'assombrit et il s'approche de moi, puis s'empare de mon bras.
- T'as intérêt à parler sinon...
Il n'a pas le temps d'ajouter quoique ce soit que Bhaltair sort son glock et lui
tire dans le bras. Un cri de douleur lui échappe tandis qu'il se recroqueville
sur lui-même.
- On ne touche pas à ma femme, dit-il simplement avec de nous
entraîner plus loin.
Les gens autour de nous ne semblent même plus choqués par ce qu'il se
passe sous leurs
yeux, c'est plutôt inquiétant.
Une fois que nous sommes à l'intérieur, il nous attrape deux coupes de
champagne et m'en tend une, avant de me laisser seule pour aller voir un
groupe d'hommes sous prétexte que « ils te materaient tous et je ne dois pas
tuer mes associés ». Alors je suis là, à côté des petits-fours, à jouer la
potiche avec une robe à 14 000 dollars.
Un peu plus tard dans la soirée, je me suis assise sur un canapé et j'ai laissé
tomber l'espoir que Bhaltair vienne me chercher. Je suis donc destinée à
m'ennuyer jusqu'à ce que monsieur décide que la soirée se termine. Un éclat
de rire attire soudain mon attention. Je relève la tête et vois mon mari... en
train de faire rire une femme. Un pincement au cœur me prend malgré moi
et je ne peux m'empêcher de les observer. Je sais qu'il a déjà couché avec
d'autres femmes au début de notre mariage (je l'ai même surpris en train de
tuer l'une d'entre elles) mais au fond de moi, j'ose espérer que maintenant
que je lui ai donné ma virginité, il ne recommencera pas. Si je me concentre
bien, je peux les entendre parler d'ici.
- Et donc tu es marié maintenant ? Elle en a de la chance !
J'entends un rire ironique lui échapper.
- Oui, elle a beaucoup de chance. Je lui ai même offert un tatouage sur
le ventre.
La fille rit tandis que je comprends qu'il sait que je les écoute.
- Et... tu penses encore un peu à moi des fois ? Même si nous n'avons
jamais couché ensemble, on a failli franchir le pas tellement de fois...
Tss, elle devrait porter une pancarte avec écrit « baise-moi » dessus, ça irait
plus vite.
- Bien sûr.
Il redresse la tête et nos regards se croisent. Je n'arrive pas à croire qu'il est
en train de me provoquer ! Si je n'avais pas peur de risquer la vie de
quelqu'un, je ferais la même chose avec un autre homme.
- On se prend une chambre quand tu veux, dans ce cas.
- Et pourquoi pas maintenant ?
Non, il ne va quand même pas faire ça ?? Tandis que je le fusille du regard
et que ses yeux sont toujours imbriqués dans les miens, il la prend par la
taille d'une main et la fait glisser jusqu'à ses hanches, puis jusqu'à ses
fesses. Il me teste, il veut voir si j'ai une quelconque réaction. Et il obtient
ce qu'il veut puisque je ne sais pas mentir ! Le rouge me monte aux joues,
pas de gêne mais d'énervement. Je n'arrive pas à croire qu'il fasse ça.
- Oh, Bhaltair, tu as toujours une poigne aussi ferme... mmh...
- Tu sais quoi Lyudmila ? Tu devrais aller m'attendre dans une
chambre à l'étage, je ne vais pas tarder...
- Avec plaisir... la première porte sur ta gauche, ok ?
Il hoche brièvement la tête et elle part vers les escaliers. Tandis qu'il
s'élance derrière elle, je me lève du canapé et l'attrape par le bras.
- Attends, tu ne vas pas réellement faire ça quand même ??
Il jette un coup d'œil à ma main refermée autour de son bras et je l'enlève
rapidement.
- Pourquoi, qu'est-ce qui m'en empêche ?
- Bah... le... enfin...
- J'attends.
Je croise les bras sur ma poitrine.
- Je ne savais pas que mon avis sur toi t'importait.
- Ce n'est pas le cas, répond-il.
- Alors pourquoi est-ce que tu me testes ?
Il ne dit rien pendant plusieurs secondes, puis quelqu'un s'approche de nous.
- Ah, Bhaltair ! Il fallait que je te parle !
J'en profite pour m'éclipser discrètement et monter à l'étage. Je ne sais pas si
ce sont les trois coupes de champagne qui me sont montées à la tête ou si je
suis seulement timbrée, mais j'ai comme envie d'aller régler mes comptes
avec cette fille qui l'attend à l'étage.
Tue-la.
Putain, ce n'est pas vrai que ça recommence. Je n'arrive pas à croire que
vivre avec Bhaltair ait réussi à me déclencher ça. Normalement, ça survient
après un traumatisme. C’est vrai que j'en ai quand même vécu quelques-uns
avec lui...
La première porte sur la gauche, elle a dit ? Une fois arrivée en haut des
marches, je me dirige donc vers la porte en question et l'ouvre. La pièce est
plongée dans le noir, et un parfum hyper fort me monte vite au nez.
- Tu es là, Bhaltair... lance soudain une voix enjôleuse.
- Presque, je lance ironiquement.
Un petit cri de surprise retentit et la lumière s'allume brusquement. C'est là
que je la vois, complètement nue, allongée sur le lit et avec une main
attachée avec une menotte.
- Mais... t'es qui toi ??
- Tu ne me remets vraiment pas ?
Egorge-la.
Je pose une main contre mon front et ferme les yeux. Non, je ne peux pas
laisser ça m'arriver. Je suis bien consciente des ravages que ça a fait sur
Bhaltair.
- Je suis sa femme, je fais en sortant mon couteau de mon décolleté.
Ses yeux s'écarquillent et elle recule le plus possible contre la tête du lit. Je
ne sais pas ce qu'il me prend, mais je me sens animée par une force que je
ne peux pas contrôler.
- Comme ça tu veux te taper Bhaltair alors que tu sais très bien qu'il
est marié ?
- Oh arrête, ce n'est pas comme s’il ne s'en était jamais tapé d'autres.
Tranche-lui les veines.
- Oui, tu as raison. Et tu sais ce qu'il leur a fait à toutes ces filles après
le rapport ? Il les a tués. Tu connais ton point commun avec ces filles
? C'est que malgré le fait que tu ne le toucheras pas d'un doigt, tu
connaîtras le même sort qu'elles.

Chapitre 49

Je vois qu'elle a peur et même si je sais que je ne devrais pas ressentir ce


genre de chose, j'aime ça. J'aime voir la crainte dans ses yeux en se
demandant ce que je compte lui faire. J'aime voir la peur animer ses yeux
alors qu'elle sait pertinemment qu'elle a fait une connerie. Je crois que dès
que je l'ai entendu parler avec Bhaltair, quelque chose a déconné dans ma
tête. Je ne me sens plus maîtresse de moi-même.
- Tu sais, s’il t'arrive quoique ce soit ce soir, tu ne pourras que blâmer
Bhaltair. Jamais, au grand jamais, je n'aurais songé à tuer quelqu'un
avant de l'épouser. Mais vois-tu... on dit souvent qu'un élément ou
qu'une suite d'éléments traumatiques peuvent mener à la déviance, à
la psychose et même à la schizophrénie... je vais te résumer deux ou
trois trucs qui peuvent potentiellement avoir été des déclencheurs
chez moi. Par où commencer... ah, oui, puisque toute la mafia
finlandaise est au courant, j'imagine que tu l’es également. Une fois,
j'ai essayé de m'éloigner de lui et il m'a plaqué au sol, a soulevé mon
haut et a gravé les huit lettres de son prénom sur mon ventre avec un
couteau, pendant que pleins de gens nous regardaient sans rien faire
alors que je hurlais de douleur. J'ai même fini par m'évanouir. Ça,
c'est la première possibilité... il y a aussi ce jour où j'ai dit un mot qui
ne lui a pas plus et qu'il a essayé de me noyer... ou alors, c'était peut-
être le jour de notre mariage, quand il a ouvert la cage thoracique d'un
homme qui m'avait simplement abordé et qu'il en a extrait son cœur à
mains nues. Je n'étais pas encore préparée à tout ce que j'allais
endurer, ce jour-là. Mais j'avais bien compris que vivre avec lui ne
serait pas une partie de plaisir. Il m'a forcé à tuer des gens, il a tué une
femme qu'il venait de baiser sous mes yeux, il m'a laissé aller en boîte
en sous-vêtements, il me parle sans arrêt de son bonheur le jour où il
m'aura fait sauter la cervelle, il m’a forcé à regarder quelqu'un se faire
déchiqueter vivant par son requin... il t'en faut d'autres ou c'est assez
pour toi ? Oh, mais je perds le fil de la conversation, c'est moi qui me
suis mise à parler toute seule. Un dernier mot avant ton dernier soupir
?
Une larme roule sur sa joue.
Arrache-lui les dents une à une.
- P... pourquoi tu me fais ça ?
- Sérieux, ce sont ça tes derniers mots ? Ça craint.
Je m'approche brusquement d'elle, et elle commence à crier.
- Ferme-la. De toute façon tu sais que tu n'as aucune chance, tu t'es toi-
même menottée à ce lit tout en t'imaginant toutes les choses salaces
que Bhaltair allait te faire. Je suis persuadée que t'es ultra mouillée, et
tu sais quoi ? je fais en m'approchant de son visage. Ça me débecte.
Elle recommence à crier et c'est ce moment que je choisis pour la faire taire
à tout jamais. J'enfonce brusquement la lame en plein dans son cœur et la
retire juste après. Du sang gicle sur mon visage, et c'est seulement à ce
moment-là que je reprends mes esprits. Elle a perdu connaissance et va
bientôt mourir. Je me contente donc de nettoyer mon couteau sur ses jambes
nues et jette un coup d'œil à son entrejambe. Elle est effectivement trempée,
la garce. Elle aurait dû apprendre qu'on ne touche pas au mari d'une autre.
Même si je recouvre peu à peu mes esprits, je ne regrette pas ce que je viens
de faire. Je m'assois au bord du lit, beaucoup plus calme, et réalise que tuer
m'a apaisé. Voir tout son sang m'a fait du bien. Et je pense que je comprends
enfin pourquoi Bhaltair a foncé dans cet arbre il y a deux jours. Ça l'a
soulagé. La douleur et le sang lui ont fait du bien. J'inspire un grand coup
avant de jeter un dernier regard au cadavre. Je m'essuie rapidement le
visage avec un morceau de drap et sors de la chambre, puis descends les
marches pour retourner à la salle de réception. Je vois immédiatement le
regard de Bhaltair se poser sur moi. Il parle avec le même type qui l'a
interpellé avant que je ne rejoigne Lyudmila, et comme il s'est amusé à me
provoquer tout à l'heure, je décide que c'est à mon tour de m'amuser un petit
peu. Je ne sais pas à quoi rime tout ça, mais malgré moi, ça commence à me
plaire. Son côté barge me paraît moins effrayant qu'avant, j'ai même
l'impression de mieux le comprendre...
Tandis que je m'empare d'un plateau de crudités, je retourne m'assoir sur le
canapé sur lequel j'étais assise avant de me lever pour aller régler son
compte à la désormais défunte. Je m'empare d'un morceau de concombre,
lance un regard lubrique à Bhaltair qui ne me lâche pas une seconde des
yeux, et commence mon petit tour.
- Oui et pour une raison économique, je pense qu’il serait mieux de...
L'homme à côté de Bhaltair parle mais celui-ci ne l'écoute pas. Il me
regarde en train d'approcher le morceau de concombre de mes lèvres. Et
puis, quand il franchit leur barrière, je referme ma bouche autour et
commence à le sucer sous ses yeux, toujours sans lâcher son regard. Il
fronce les sourcils et je vois sa mâchoire se contracter. Je ressors le morceau
de concombre et lui envoie un bisou avec mes lèvres. Il ne me lâche plus du
regard, alors je remets le morceau dans ma bouche et recommence à le
sucer. Personne ne me voit et heureusement, sinon je serais terriblement
gênée.
- Tu m'écoutes, Bhaltair ? fait le type avec qui mon mari parle.
- Ouais.
- Mais tu...
- J'ai dit oui.
L'interlocuteur marque une pause.
- Euh... d'accord.
Je ressors le morceau de concombre de ma bouche tandis qu'il recommence
à parler. Je me raidis en sentant un homme s'assoir à côté de moi.
- Neala, c'est ça ? Tu pourrais m'sucer aussi bien que tu suces ce
concombre ?
Je me tourne vers le type, un cinquantenaire plus proche des soixante que
des cinquante ans, qui me regarde comme si j'étais une proie.
- Va te faire foutre papi.
- Garde tes mots salaces pour la chambre poupée.
Je ne peux pas le laisser me parler comme ça. Histoire de l'effrayer, je sors
le couteau qui a servi à tuer Lyudmila et le lui mets sous la gorge.
Instantanément, des gens autour réagissent et sortent leurs armes, qu'ils
braquent sur moi. Une main se pose brusquement sur mon épaule et je me
retourne d'un coup. C’est Bhaltair.
- C'est sur ma femme que vous pointez vos armes bande d'imbéciles.
Comme aucun ne réagit, je vois sa respiration commencer à se saccader.
- Pour tous les fils de pute qui n'ont pas compris le sous-entendu,
baissez vos armes ou vous découvrirez de vos propres yeux la colère
du chef de la mafia finlandaise.
Ils baissent tous leurs armes presque instantanément. En ce qui me
concerne, je garde mon couteau sous le cou du pervers.
- Dis-lui de baisser son arme, lance une voix masculine dans la foule.
- Et pourquoi devrais-je faire ça ?
Il baisse la tête vers moi.
- Neala, dis-moi, pourquoi est-ce que ce type a ton couteau sous la
gorge ?
- Euh...
Je jette un coup d'œil à la foule.
- Il a voulu... que je le suce. Et il m'a très mal parlé.
Je vois immédiatement son regard s'assombrir.
- Ah ouais, il a fait ça ? demande-t-il en jetant un regard à l'homme.
Un rire sans joie lui échappe. D'un coup, il sort son arme et l'abat d'une
balle en plein cœur. Personne n'ose faire quoique ce soit, mais je vois bien
que ça ne leur plaît pas.
Bhaltair m'attrape soudain par la main et me met debout.
- Allez, on se casse, dit-il en commençant à m'entraîner à travers la
foule.
Je le suis au pas de course sans rien dire, et tandis que nous quittons le
manoir, j'ai l'impression de respirer à nouveau.
- Dis-moi, qu'est-ce que tu es partie faire à l'étage ? demande-t-il en
me lâchant la main.
- Hein ? Rien, je réponds innocemment.
Cette fois-ci, un rire cynique lui échappe.
- Je devrais te punir pour me mentir. J'ai des yeux et des oreilles
partout, je sais que t'as tué Lyudmila.
J'entrouvre la bouche mais ne dis rien.
- Il y a des caméras dans les chambres. Même si je n'avais pas le son,
je t'ai regardé faire en direct... comme quoi, j'ai bien fait de jouer à la
séduction avec elle pour te tester, tu me surprends de plus en plus et
ça commence à me plaire...
- Vraiment ?
Il hoche la tête tandis que nous montons dans la limousine.
Sur le chemin du retour, je demande au chauffeur de s'arrêter au bord d'une
falaise qu'il y a sur la route. J'ai besoin de prendre l'air. Comme il y a une
plage en contrebas, j'en profite pour aller marcher et Bhaltair me suit. Le
soleil est en train de se coucher et la vue sur la mer est magnifique. Nous
marchons d'abord en silence, puis il finit par prendre la parole.
- C'est à cause de moi que t'es comme ça, hein ?
- Comme quoi ?
- Tueuse, barrée, masochiste.
Je soupire.
- Ça dépend à quoi tu fais référence. Mais dans ce que tu me demandes
là, non. Tu m'as juste fait révéler mon côté sombre. J'ai demandé à
mon père si j'avais déjà tué avant d'être mariée à toi, et il m'a dit oui.
J'ai tué un chien et assommé son garde quand j'étais petite.
Il hausse un sourcil et me jette un coup d'œil.
- Et à quoi tu fais référence alors, quand tu parles de ce qui est à cause
de moi ?
- J'ai... commencé à entendre des voix.
Il s'arrête.
- Elles me disent tout un tas de choses que je préférerais ne pas
entendre. Mais sur le moment, quand elles me parlent, j'ai juste une
envie, c'est de...
- Les écouter, dit-on en même temps.
Je tourne la tête vers lui. Je commence à comprendre ses réactions,
maintenant. Je sais ce que ça fait d'entendre des voix et de les laisser
prendre le contrôle, ça vient de m'arriver avec Lyudmila. Nos regards l'un
dans celui de l'autre, aucun de nous ne dit quoique ce soit. Et à ce moment-
là, je pourrais jurer que nous sommes sur la même longueur d'onde.
Chapitre 50

Bhaltair

Alors comme ça, je l'ai rendu aussi barrée que moi ? J'ai dû sacrément la
traumatiser pour qu'elle finisse dans cet état. Une part à l'intérieur de moi
s'en veut de lui avoir fait subir tout ça. Maintenant qu'elle est malade elle
aussi, j'ai l'impression de mieux la cerner. Elle m'agace moins, elle me
pause moins problème, je ne surréagis plus autant quand elle me désobéit,
et je ne suis même pas sûr d'avoir encore envie de la tuer. Mon téléphone
vibre, et j’y jette un coup d’œil. Le cadavre de Lyudmila a été découvert.
- On va nous prendre pour un couple de timbrés, tu t'en rends compte ?
je fais en lui montrant mon téléphone.
Elle lit ce qui y est écrit et un rire lui échappe.
- Ils n'auraient pas si tort que ça.
Un soupire agacé m'échappe.
- Tu devrais tenter de te faire soigner. C'est trop tard pour moi, mais ça
ne l'est pas encore pour toi.
- Non, refuse-t-elle catégoriquement. Je ne regrette pas celle que je
suis aujourd'hui.
- Ça, ça prouve à quel point t'es dérangée.
- Et ça te pose un problème ?
Je hausse les sourcils.
- Pas le moins du monde.
Nous recommençons à marcher et pour la première fois depuis bien
longtemps, peut-être même une décennie, je me sens bien, apaisé. Peut-être
parce que désormais, je me sens moins seul dans la maladie.
- Pourquoi est-ce que tu as tué ce type juste après que j'ai dit la raison
pour laquelle je lui avais mis ce couteau sous la gorge ?
- On ne touche pas à...
- Ça je le sais, on ne touche pas à ce qui t'appartient. Mais dans ce cas-
là, tu l’aurais tué dès que tu l’aurais vu s'assoir à côté de moi. Or, tu
ne l'as pas fait.
- Alors je suppose que le fait d'apprendre qu'il s'imaginait te baiser m'a
mis en rogne.
Elle ne dit rien, étonnée par ma franchise. Elle m'étonne moi-même. Si je
pouvais, je ramènerais ce type à la vie et le démembrerais vivant. D'abord
ses bras, puis ses jambes et enfin son putain de pénis.
- Alors on s'entend bien toi et moi désormais ?
Je laisse du temps passer pendant lequel je réfléchis.
- Ne prends pas tes désirs pour des réalités. Je suis bien plus malade
que toi, et tu trouveras toujours un moyen pour me casser les couilles,
et moi pour avoir l'envie de t'éclater la tête contre un mur.
- Mmh, pas faux.
Nous continuons à marcher quand soudain, elle me questionne.
- Je voulais savoir, est-ce que parfois tu regrettes d'avoir tué ton père ?
- Non, je réponds sans hésitation. Il méritait de mourir.
- Et... comment est-ce que tu as procédé ?
- Pour le tuer ?
- Oui.
Je lui lance un regard.
- Pourquoi, ça t'excite de savoir ce genre de détail ?
- Eh bien... disons que je suis curieuse.
- Mmh, tu m'accompagneras la prochaine fois que j'irai m'occuper de
quelqu'un.
- Très bien.
Et pendant les minutes qui suivent, je lui explique comment j'ai ôté la vie à
mon sombre idiot de paternel. Elle m'écoute avec attention sans jamais
broncher, et elle semble même captivée par ce que je raconte. Si on m'avait
dit au début de mon mariage que je finirais par supporter mon épouse et
qu'elle finirait quasiment aussi timbrée que moi, j'aurais crevé les yeux de
l'imbécile qui m'aurait dit ça. Pourtant, il ne se serait pas trompé. Il n'y a
personne sur la plage et le soleil commence à décliner.
- On devrait peut-être retourner à la voiture, dit-elle en frissonnant
dans sa robe bustier.
Je suis persuadée qu'elle l'a mis pour me plaire. Et ça marche, puisque je
n'ai pensé qu'à la baiser toute la soirée, surtout quand elle a sucé le morceau
de concombre sous mes yeux. J'aurais pu la tuer juste pour le fait qu'elle
m'ait provoqué si ouvertement mais en fin de compte, ça m'a plus.
Tandis que nous faisons demi-tour, je la vois me regarder. Je ne dis rien
pendant que nous retournons vers la voiture. Pour ça, nous avons besoin
d'emprunter des escaliers qui nous ramèneront à la falaise sur laquelle elle
est garée. Nous montons donc les marches, et une fois que nous arrivons sur
la falaise, je suis pris d'un mauvais pressentiment.
Plus nous nous approchons de la voiture, plus mon pressentiment se révèle
vrai. Notre chauffeur n'est plus dans la limousine mais en dehors de celle-ci,
allongé sur le ventre à même le sol.
- Putain... fait Neala à côté de moi. Il est... mort ?
Nous nous rapprochons un peu plus de lui et je remarque instantanément la
flaque de sang qui s'étale sous son corps.
- Ouais.
- Mais... qui ?
Je jette des regards partout autour de moi, et quand un ricanement retentit,
mon regard se fige vers l'endroit de sa provenance. Et puis de derrière la
voiture sort soudain une femme, très grande, avec des cheveux blond
polaire coupés au carré, possédant une cicatrice lui traversant tout le cou. Je
comprends immédiatement que la personne à laquelle je m'attendais est
vraiment celle qui cherche ma mort depuis plusieurs semaines, je l'ai
immédiatement reconnu. Tandis qu'elle nous adresse un sourire hypocrite,
elle croise les bras sur sa poitrine.
- Ravie de te revoir, Bhaltair. Tu te rappelles de moi, j'espère ? Carita,
ta sœur que tu pensais avoir assassiné il y a 17 ans.

Carita

17 ans plus tôt


J'ouvre péniblement les yeux et immédiatement, je commence à pleurer à
cause de la lumière aveuglante. Où est-ce que je suis ?
- Maman ?
Du haut de mes cinq ans, ma mère est la seule personne de ma famille qui
me remonte le moral quand je suis triste. Mon frère passe du temps avec
moi, mais jamais quand je pleure, il dit qu'il déteste ça.
- Hey, bonjour toi.
Je ne connais pas cette voix. Je me redresse donc dans mon lit et une peur
m'envahît en
voyant une dame en blouse blanche que je n'avais jamais vu auparavant.
- Elle est où maman ?
Je pleure encore plus fort. Je veux voir ma mère. Celle qui me semble être
une infirmière prend une expression peinée sur son visage et vient
s'agenouiller devant mon lit d'hôpital.
- Je suis désolée d'avoir à t'apprendre cela ma chérie mais... ta maman
est partie au ciel. Elle ne reviendra pas.

- Ferme ta gueule salope ! Je vais te buter ! crie papa.


Il attrape sa tête et commence à la cogner contre le miroir de maman.
Pourquoi est-ce qu'il lui fait ça ? Maman pleure, elle n'aime pas ça.
D'ailleurs moi aussi, je pleure. Bhaltair, qui était alors à côté de moi, se
lève et s'empare d'un bout de miroir brisé. Il commence à me parler mais
tout ce qu'il me dit est confus. Puis il approche le morceau de verre brisé de
moi et...
Je porte une main à mon cou. Un gros bandage le recouvre.
- Pourquoi est-ce qu’il m'a fait ça Bhaltair, madame ?
Une larme roule le long de sa joue tandis qu'elle vient essuyer les miennes.
- Je n'en sais rien, ma belle. Remercie juste le ciel qu'ils t'aient trouvé.
- Qui ça ?
Deux hommes tatoués entre dans la pièce et m'observent avec attention.
- On a bien cru que tu ne t'en sortirais pas, dit l'un d'entre eux, un
homme à l'allure effrayante couvert de tatouages.
Mais qui sont ces hommes ?

10 ans plus tôt


- Joyeux anniversaire, Carita.
- Merci !
Je regarde avec un sourire le gâteau qu'on vient de déposer sous mon nez. Je
fête mes 12 ans aujourd'hui !
Après que mon père m'ait lâchement balancé dans une rivière il y a sept ans,
deux frères à la tête d'un gang ont trouvé mon corps à peine quelques
minutes après. J'ai eu beaucoup de chance ce jour-là. Je porte une main à
mon cou et trace ma cicatrice avec mon doigt. Je la dois à mon frère
Bhaltair, qui lui est âgé de14 ans à l'heure qu'il est. Je lui voue une haine
profonde et dès que je serai assez entraînée, je le retrouverai et lui ferai
payer ce qu'il m'a fait endurer.

4 ans plus tôt


- Tu es majeure ma belle, bravo !
Aujourd'hui je fête mes 18 ans en compagnie de Lucy, ma meilleure amie.
Ce qu'elle ne sait pas c'est qu'aujourd'hui, pour ma majorité, j'ai prévu de
commettre mon premier meurtre. Mon petit ami, ou plutôt ex petit ami, m'a
touché sans mon consentement hier alors que j'étais bourrée et défoncée, et
je compte bien le lui faire payer.
Avec un peu de chance, il sera le premier mais pas le dernier. Ça fait
désormais six putains d'années que je m'entraîne sans relâche pour pouvoir
m'occuper du cas de mon grand frère. Je sais qu'il est très fort, et que c'est
une redoutable arme de guerre. Il aurait à lui seul décimé un gang de dix
hommes. Malgré ça, il ne me fait pas peur. Je ne suis pas encore à son
niveau mais lorsque je le serai, il prendra cher, vraiment très cher.

4 mois et demi plus tôt


- Non, vraiment ?
Alors comme ça, mon malade de frère va se marier ? Désormais, je suis
assez grande
pour faire ma loi et j'ai tout un tas d'hommes qui le photographient et
m'informent de tout ce qu'il y a à savoir sur lui. C'est comme ça que j'ai
appris qu'il allait se marier mais aussi qu'il est atteint de nombreux
déficients mentales et troubles de la personnalité multiples. Je souhaite bon
courage à la malheureuse élue, je ne lui donne même pas un mois avant
qu'elle ne soit plus de ce monde. Car oui, grâce à mes espions j'ai appris
qu'il tuait ses conquêtes après les avoir baisées.
Je passe une main sur la cicatrice qu'il m'a laissé. En ce qui me concerne, je
suis désormais assez forte et assez entraînée pour m'occuper de son cas. Je
ne sais pas précisément quand ni où, mais ce qui est sûr, c'est que je vais
enfin prendre cette revanche à laquelle je me prépare depuis maintenant dix
ans. J'ai une technique et une force imparable, j'ai déjà battu tous les
meilleurs, y compris ceux à qui je dois la vie et que je considère à l'heure
actuelle comme ma famille. « Nous sommes tous impressionnés par là où tu
en es aujourd'hui. À 22 ans, tu es à la tête de ton propre gang et tu es
beaucoup plus forte, mentalement comme physiquement, que n'importe
lequel d'entre nous », m'a dit Lewi, un de mes deux sauveurs. Ça m'a
immédiatement donné confiance, et c'est là que j'ai su. J'ai su que j'étais
prête à revenir d'entre les morts et affronter mon frère.

Chapitre 51
Neala

Retour au présent
- Carita, dit Bhaltair, nullement étonné. Je t'attendais.
Je manque de m'étrangler à l'entente du prénom qu'il vient de mentionner.
Comment ça Carita ? Carita, comme sa petite sœur ? Cette même petite
sœur à qui il était censé avoir tranché la gorge ?? Et puis, « je t'attendais »,
est-ce qu'il joue un rôle ou est-ce qu'il savait réellement qu'il allait la revoir
? Tout se bouscule dans ma tête. Elle braque brusquement un flingue dans
notre direction.
- Tu ne m'as pas l'air le moins du monde étonné, remarque-t-elle.
- « J'ai vu une femme avec une immense cicatrice sur le cou », m'a dit
ma femme à propos du soir où vous vous êtes rencontrées à l'entrepôt.
Tu pensais que je n'aurais pas deviné ?
J'avale difficilement ma salive. Si elle est là ce soir, je ne pense pas que ça
soit dans l'optique de renouer des liens avec son frère.
- J'ai mal fait le job une première fois, je m'appliquerai mieux la
seconde, je te le promets.
Il dit ça avec tellement d'arrogance, comme si elle n'avait pas une arme
pointée droit sur nous... et moi, je ne sais absolument pas où me mettre.
- J'en connais beaucoup sur ta vie, dit-elle.
- Alors tu dois savoir qu'on ne m'a pas aussi facilement que ça.
Un rire cynique lui échappe. C'est exactement le même que celui de
Bhaltair. Mon sang se glace.
- J'ai appris que tu détestais par-dessus tout que l'on touche à ta
femme... est-ce vrai ? fait-elle en tournant l'arme dans ma direction.
Il sort immédiatement la sienne et la braque sur elle.
- « On ne m'a pas aussi facilement ». Ça fait dix ans que je m'entraîne
pour ce moment-là. Dix ans.
- Pourquoi donc ?
Il essaye de gagner du temps.
- Ou tu es stupide, ou tu essayes de gagner du temps.
Mince, elle n'est pas dupe.
- Je me suis entraînée avec les meilleurs, poursuit-elle.
- Et pourtant toutes tes précédentes tentatives ont échoué.
Elle fronce les sourcils tandis que la scène du meurtre que j'ai commis alors
que je venais de faire ma première fois me revient en tête, même si ce n'est
pas la seule fois où ses hommes ont essayé de le tuer. C'est du moins la plus
marquante pour moi.
- Au fait, joli ton cou, on dirait un collier.
Il est tellement arrogant. Je lui lance un regard furtif, qu'il ignore. Elle
braque de nouveau son flingue sur lui et je les observe. Je ne sais pas
comment ça va finir, mais ce qui est sûr, c'est que ça va très mal se passer
pour l'un d'entre eux. Peut-être que Bhaltair
a un plan ?
- Puisque tu sembles si bien renseignée, tu dois savoir que...
- Tu as tué notre père ?
Il fronce immédiatement les sourcils et j'entends sa respiration s'accélérer.
- On ne me coupe pas la parole.
- Oh, je suis effrayée. Et qu'est-ce que tu vas faire ? Tenter de me tuer
?
- Ne joue pas à la plus maligne, Carita...
- Je ne joue pas à la plus maligne. Je prends ma revanche.
Je le sens mal... j'ai l'impression d'avoir à faire à un règlement de compte et
d'être de trop. Je tente de m'éloigner discrètement sur le côté mais elle le
remarque immédiatement et braque son arme dans ma direction. Je m'arrête
de suite. Ce n'est pas comme si j'étais en position de faire quoique ce soit,
avec comme seule arme mon couteau caché dans mon décolleté.
- Il a de la chance de t'avoir Bhaltair, t'es sacrément bien foutue...
- Ferme ta gueule, dit mon mari. Et arrête de la mater.
- Pourquoi ? T'es tellement barré que ça pourrait t'exciter que ta sœur
fantasme sur ta femme.
- Tu te trompes. Et si tu ne détournes pas immédiatement le regard je
te crève les yeux.
- Tu essaieras plutôt.
Bhaltair laisse échapper ce qui ressemble à un grognement. Il est vraiment
en train de perdre la tête et ce n'est pas bon, car elle risque de vite prendre le
dessus dans ce cas.
- Ne t’en fais pas, j'aime aussi les hommes. D'ailleurs il y a un de tes
petits soldats... mmh... je me le taperai bien.
Soudain, un bruit de voiture retentit et son regard s'assombrit, comme si elle
se souvenait de la raison pour laquelle elle se tient en face de nous.
- Assez parlé. Un mot à dire avant que je vous descende toi et ta
femme ?
Les battements de mon cœur s'accélèrent considérablement.
- Je ne vais pas te rater espèce d’enfoiré, et juste après je vais mutiler
ton cadavre...
Elle pointe précisément le flingue sur lui quand il prend la parole.
- Attends, j'ai un truc à te dire.
- Quoi ??
- T'as raison, je gagnais du temps.
- Hein ? fait-elle en fronçant les sourcils. Arrête de me prendre pour
une putain d’imbécile !
Elle lui pointe à nouveau l'arme dessus, et le coup part. Je plaque mes mains
sur mes yeux au même moment où un bruit sourd retentit. Je me jette à
même le sol pour éviter un maximum qu'elle ne me tire dessus également
mais au bout d'un moment, je n'entends plus rien.
- Ouvre les yeux c'est bon, lance soudain une voix que je ne connais
que trop bien.
J'ouvre les yeux et découvre Bhaltair, sain et sauf.
- Pour une fois qu'il a servi à quelque chose cet incapable, je l'entends
murmurer.
Je me tourne vers l'emplacement où était Carita il y a à peine une minute et
là, je la vois au sol, inconsciente, et juste devant son corps se trouve une
voiture, qui vient probablement de la renverser... la portière s'ouvre et je
vois Dean en sortir.
- Bordel, c'est ta sœur ?? demande-t-il avec surprise.
**
Ça fait deux heures que nous sommes retournés au manoir, et je suis
toujours autant sous le choc. Dean est arrivé pile au bon moment. À une
seconde prêt, Carita n'aurait pas été touché par la voiture et donc son tire
n'aurait pas dévié, elle aurait probablement touché Bhaltair. Je prends ma
tête dans mes mains. Je n'arrive pas à savoir si j’aurais été heureuse ou triste
si ça c'était passé de cette manière. Carita a été transporté à un hôpital pas
très loin d'ici, et elle est ligotée et sanglée de partout. Bhaltair a même
voulu la faire museler pour qu'elle « ferme sa grande bouche de cadavre ».
- Va dormir, tu ne ressembles à rien, lance soudain Bhaltair en
s'asseyant à côté de moi dans le grand canapé blanc du salon.
- Je n'arriverai pas à dormir.
- Mmh, moi non plus.
Un silence s'installe, que je romps cinq secondes plus tard.
- Tu comptes lui faire quoi, à ta sœur ?
Il semble réfléchir.
- Comme tu t'en doutes, je n'ai pas le sens de la famille.
- Mais... tu comptes la tuer alors ?
- Je ne sais pas encore. Elle, elle veut me tuer en tout cas. Mais elle
pourrait aussi m'être utile. C'est une arme de guerre, et pas à cause de
maladies, elle.
Un soupire m'échappe.
- Ne te compare pas aux autres.
Il me fusille du regard.
- Tu te la joues psy maintenant ? Allez, va dormir.
- Mais...
- Va dormir putain !
Je sursaute et me lève pour me diriger vers la chambre, quand l'horloge
électronique commence à sonner. Il est minuit, et un petit détail me revient
soudain en tête.
Joyeux anniversaire Neala.
Aujourd'hui j'ai 21 ans, la majorité internationale. Tss, comme si ne pas être
majeure m'interdisait quoique ce soit. Je monte jusqu'à notre chambre et me
glisse sous les draps. Aujourd'hui a été une journée vraiment très chargée,
en positif comme en négatif... En fait, le seul point positif est que j'ai
l'impression qu'une barrière qu'il y avait depuis le début s'est brisée entre
moi et Bhaltair. Comme si le fait qu'il découvre qui je suis réellement le
fasse d’avantage s'ouvrir à moi. Il sait que je peux le comprendre, puisque
nous partageons la même part d'ombre et une maladie commune.
Cette nuit-là, je mets plus de trois heures à m'endormir, et jamais Bhaltair
ne me rejoint. Je me demande ce qu'il peut faire à cette heure-là. Il est
probablement défoncé en train de regarder son pauvre requin faire des
cercles dans son bassin beaucoup trop petit pour lui. Quand je pense qu'il
m'a forcé à regarder un homme se faire déchiqueter vivant par cet animal...
Le lendemain matin, je me réveille avec un mal de tête. Je crois que j'ai trop
réfléchi cette nuit. Une odeur étrange me monte soudain au nez, alors je me
tourne dans le lit et là, à la place de Bhaltair, je vois... un chien mort. Un cri
m'échappe tandis que je me lève du lit en un temps record.
- Quoi ? fait Bhaltair en entrant dans la pièce.
- C'est quoi ça ??
- Bah c'est ton anniversaire non ?
- Mais... c'est un cadeau ?
Il hoche la tête.
- Je croyais que tu avais compris lorsque tu m'avais offert le bras de ce
type la dernière fois...
- C'était pour te rappeler un souvenir heureux de ton enfance.
- Un souvenir heureux ?
- Quand t'as tué ce chien et assommé son garde.
J'entrouvre la bouche.
- Ça part d'une bonne intention mais...
- Tu n'es jamais contente.
- Mais... là c'est l'hôpital qui se fout de la charité.
- Quoi ??
Je me dirige vers la salle de bain mitoyenne à notre chambre et fait couler
de l'eau pour me rafraîchir.
- Qu'est-ce que t'as dit ?? fait-il en entrant dans la pièce.
Je ne peux me retenir de lever les yeux au ciel. Je crois bien que c'est la
première fois
que je le fais devant lui. Il s'approche brusquement de moi et me pousse par
les épaules en me plaquant contre le lavabo. Comme l'eau coule, je suis
rapidement mouillée dans le dos.
- Je déteste ton arrogance, dit-il, sa tête à quelques centimètres de mon
visage.
Il a l'air en colère et pourtant... je n'ai pas peur.
- Et alors ? je fais d'un air provocant.
Il m'observe et à ce moment-là, son regard descend très lentement sur mes
lèvres. La tension qui flotte est insoutenable, j'ai besoin d'y mettre fin. Mais
avant que je ne prenne l'initiative de faire quoique soit, il vient plaquer ses
lèvres aux miennes et me soulever avec ses mains sous mes cuisses pour me
poser sur le lavabo, me mouillant de partout, mais je m'en fous. Nos langues
viennent s'entremêler l'une à l'autre tandis que je passe mes mains derrière
sa nuque et le rapproche de moi. Je sens la pression monter entre mes
jambes, et ça n'arrange rien lorsqu'il se glisse entre elles. Une de ses mains
se pose sur ma taille et remonte le long de mes seins, puis sur ma nuque
pour me maîtriser à sa guise. Un sourire naît sur mes lèvres alors que nous
nous embrassons toujours à en perdre haleine. Mais soudain, un bruit sourd
retentit et avant que nous ne comprenions ce qu'il se passe, le lavabo sur
lequel j'étais assise craque et s'effondre au sol, moi au-dessus. Et surtout...
la canalisation casse également. De l'eau commence à sortir d'un gros tuyau,
commençant à inonder le sol de la salle de bain et nous par la même
occasion. Je jette un coup d'œil à Bhaltair, et celui-ci me dévisage toujours
avec envie. D'un coup, il me rejoint au sol et agrippe à nouveau ma nuque
pour rapprocher nos lèvres. Nous recommençons à nous embrasser avec
passion tandis que l'eau nous trempe de partout et que le lavabo brisé gît à
nos côtés. Et putain, j'adore ça.

Chapitre 52

- J'ai une réunion ce soir, m'informe Bhaltair quand je sors de la


douche.
Nous venons de baiser dans la salle de bain, et juste après ça j'ai décidé
d'aller me laver.
- Encore ?? Mais hier soir...
- Ça s'appelle du boulot, dit-il.
- Vraiment ? je fais, ironique.
- Je vais réellement finir par te tuer pour ton arrogance. C'est peut-être
ce que tu cherches, après tout.
- Oui, c'est mon rêve que tu m'assassines.
Je commence à m'habiller sous le regard inquisiteur de mon mari. Enfin
plus précisément, c’est la cicatrice qu'il m'a fait sur le ventre alors que nous
venions de nous marier qu’il regarde.
- Tu as peut-être souffert quand je t’ai fait ça, mais au moins tous ceux
qui pourraient voir cet endroit-là sauront que tu es à moi.
Je ne dis rien et finis de m'habiller.
- Au fait, elle s'est réveillée ta sœur ?
- Pas encore. Ils vont probablement l'opérer.
- Ah. Tu aimerais qu'elle s'en sorte ?
- Oui. Je veux qu'elle travaille pour moi.
- Ça m'étonnerait qu'elle accepte.
- Je sais.
La discussion s'arrête ici alors que j'ai fini de m'habiller. Puis, je sors de la
pièce pour aller dans le grand dressing au niveau -1 et trouver une jolie robe
à mettre ce soir. J'ai envie de lui plaire.
**
- Chez qui va-t-on ? je demande en montant dans la limousine.
Un allié à moi.
- Et d'où est-ce que tu le connais ?
- Il travaillait avec mon père juste après être sorti de taule, ils ont dû se
rencontrer lors d'une réception. Son nom est Sohan Aït Merghad, c'est
un marocain qui travaille en Amérique. Il a une femme, alors tu ne
me feras pas chier pendant la soirée. Elle a un prénom tiré par les
cheveux, Syllana j'crois.
- Oh, super. Ça me fera une nouvelle amie puisque tu as refusé
d'accueillir Nina chez nous en pensant qu'elle pourrait être une
menace. D'ailleurs, maintenant que tu sais que c'était ta sœur qui en
avait après toi, je pourrais lui demander de venir.
- Je m'en fous, fais c'que tu veux.
Je hausse les sourcils. J'ai le choix de quelque chose dans ma vie pour une
fois ? Je note mentalement de penser à l'appeler demain matin.
Quand nous arrivons, nous sortons et je vois Bhaltair observer comment je
suis habillée. Il ne pouvait pas bien me voir avant puisque j'étais comprimée
sur le siège de sa voiture certes très belle mais aussi peu confortable.
- Il y a un souci ? je demande.
Il secoue la tête.
- Je te trouve belle dans cette robe.
Le rouge doit immédiatement me monter aux joues.
- Ah oui ?
Je suis contente, puisque je l'avais minutieusement choisi en espérant qu'il
l'apprécie. Il hoche rapidement la tête avant de dire :
- Allez, on entre.
Je le suis donc à l'intérieur d'une grande villa. Puisque son allié est censé
travailler en Amérique, je suppose que cette maison est louée. Il a les
moyens, à ce que je vois. Il y a beaucoup de monde. À vue d'œil, je compte
facilement 150 personnes et pratiquement aucune femme. Au moins,
Bhaltair me laisse l'accompagner. D'ailleurs ça m'étonne, étant donné la
façon dont je me suis comportée les premières fois que nous nous sommes
rendus à des réceptions ensemble.
- Je vais voir du monde, occupe-toi, dit Bhaltair avant de
m'abandonner dans cette foule de gens.
Je soupire et sors m'assoir sur les marches de l'extérieur. Il n'y a personne
ici et la nuit est déjà installée, alors je me sens bien. Un petit toussotement
me fait sursauter. Je me tourne vers la provenance de ce son et vois une
femme sublime, qui doit avoir mon âge. C'est une brune aux yeux noisette
qui m'a l'air vraiment très petite.
- Désolée de te déranger, je viens prendre l'air. Ça ne te dérange pas ?
Je secoue la tête en tentant de lui répondre dans un anglais correct.
- Pas du tout. Tu dois bien être la première femme que je rencontre à
avoir le droit de s'éloigner de son mari.
Un rire lui échappe.
- C'est normal, je suis la femme de l'homme qui a organisé cette
réception. Les autres types savent qu'ils n'ont pas le droit de me
toucher.
- Oh, alors tu es... Syllana, c'est ça ?
- Oui, Syllana Johnson.
- Tu n'es pas mariée ?
- Non, ce n'est pas pour lui le mariage, dit-elle en riant.
Je souris.
- Toi tu es Neala Mulligan, la femme du redouté Bhaltair Mulligan.
- Oui, c'est ça. Je te remercie de ne pas le qualifier d'arme de guerre
comme à peu près tout le monde mafieux.
Un sourire triste naît sur ses lèvres.
- Avant d'être la compagne de Sohan, je faisais des études pour devenir
infirmière. J'ai travaillé sur les maladies mentales, et ça me fait
beaucoup de mal qu'elles ne soient pas assez prises au sérieux dans ce
milieu qu'est la criminalité.
Je hoche la tête.
- J'ai appris qu'il t'avait fait subir de nombreux sévices.
Je hoche à nouveau la tête.
- Et pourtant, je ne le hais pas. Tu dois me trouver folle.
- Je serais vraiment une hypocrite si je te trouvais folle. Sohan et moi
nous sommes rencontrés car il m'a pris en otage en s'évadant de
prison. Il me frappait au début, et il m'a même tiré dessus. Pourtant, il
a su évoluer. Il m'a sauvé la vie à plusieurs reprises, a commencé à se
montrer plus attentionné et moins violent... et ça s'est fait tout seul.
Je prends le temps de réfléchir à ce qu'elle vient de me dire. Et plus j'y
pense, plus j'ai l'impression que Bhaltair est en train de suivre le même
parcours.

Bhaltair

Je viens de quitter Sohan et parle désormais avec d'autres types


inintéressants. Je sors de mes pensées en voyant Neala rentrer à l'intérieur,
suivie d'une autre femme. Quand
elle me voit, elle vient dans ma direction.
- C'est votre femme ? Elle est ravissante ! lance un des types avec qui
je parle.
Ma respiration s'accélère, j'ai envie de lui crever les yeux. Je les abandonne
donc là et me dirige vers Neala. Je l'attrape d'une main autour de sa taille et
nous fais prendre le chemin inverse. En fait, je la ramène dehors. Elle
semble étonnée mais ne pose pas de question. Une fois qu'il n'y a plus que
nous deux, elle prend la parole.
- Je viens d'avoir une conversation très intéressante avec Syllana
Johnson, la copine de celui que tu viens voir ce soir.
- Mmh, et ?
- Sohan lui a fait subir tout un tas de violences physiques et mentales
quand ils se sont connus.
Je pose sur elle un regard ennuyé. J'ai acheté quelque chose dans la journée
que j'aimerais bien lui donner.
- Tu es pareil, dit-elle.
- Je n'ai jamais demandé à être marié avec toi, je n'ai donc aucune
raison d'être un adorable clébard. Surtout que la plupart du temps, je
ne réalise même pas ce que je suis en train de faire.
- Oui, tu n'as pas tort.
Et elle détourne le regard, contrariée.
- Bon, puisque c'est ton anniversaire aujourd'hui je suis allé voir sur
internet le type de cadeau qu'il fallait faire et j'ai trouvé un truc.
Elle pose à nouveau son regard sur moi.
- Tu sais, ce n'est pas que je n'apprécie pas l'intention mais les cadeaux
que tu fais sont...
- Laisse-moi finir et ne me coupe pas la parole, je fais, ennuyé.
Elle se tait et me laisse parler.
- Je te dis que j'ai regardé sur internet, alors si ça ne te plaît pas je
t'étrangle avec,
je lance en sortant une boîte de ma poche.
Elle la prend avec hésitation et me lance un regard avant de l'ouvrir. Puis,
après l'avoir découverte, elle porte une main à sa bouche.
- Quoi ? Tu ne vas pas encore me dire que tu n'aimes pas quand même
?
Je lui ai pris un pendentif en argent qui la représente, je trouve.
- Bhaltair c'est... je suis touchée que tu aies décidé de trouver un autre
cadeau après avoir découvert que celui de ce matin me donnait plus
envie de vomir qu'autre chose.
Voyant que je fronce les sourcils, elle se dépêche d'ajouter :
- Il est magnifique, ce pendentif en forme de femme ailée, ou peut-être
d'ange ?
Le corps de la femme brille et les ailes non, mais elles se remarquent plus
que le reste.
- Les deux. Ça me faisait penser à une poupée. Et puisque tout le
monde sait qui tu es et tout le monde te désire après t'avoir vu et que
ça me fout en rogne, je me suis dit que tu étais un peu la poupée de la
mafia.
Elle lève vers moi un regard... attendri.
- Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ?
- Ça me fait très plaisir. Il est magnifique. Tu peux me l'accrocher ?
- Mmh.
Pendant que je prends le collier et le passe autour de son cou, je me
demande pourquoi elle a l'air de tant l'apprécier. Je n'ai jamais eu de femme
dans ma vie pour savoir ce qu'elles aiment ou non, alors je suppose
qu'internet visait juste.
Étouffe-la.
Je ferme les yeux et stoppe mes mouvements.
- Il y a un souci ? demande Neala.
- Je me bats contre moi-même pour ne pas te tuer avec ce collier en
guise de fil étrangleur.
Je la sens instantanément se figer, mais je me calme. J'arrive à m'apaiser
assez rapidement. Je lui attache donc le collier et m'éloigne d'elle avant de
commettre un crime. Et puis, je l'observe. Il lui va bien, il tombe
parfaitement dans son décolleté.
- Tu en penses quoi ? demande-t-elle en souriant.
Je hoche la tête. Ça semble lui convenir puisque son sourire s'agrandit. Si
elle m'avait demandé mon avis sur quelque chose il y a quelques mois, je
l'aurais menacé de la démembrer vivante. Maintenant, j'arrive à avoir des
conversations à peu près normales avec elle. Elle est la première personne
avec qui ça m'arrive.
- Et si on retournait à l'intérieur ? Il fait un peu froid.
- Je vais fumer d'abord. J'ai besoin de passer mes nerfs avec du tabac
avant de sortir mon flingue pour menacer tous les fous qui vont poser
le regard sur toi.
Elle hausse les sourcils mais ne dit rien, et nous allons nous adosser contre
un mur. J'allume une clope et commence à la fumer. Elle me regarde faire.
- Je peux ? finit-elle par demander.
Je la lui tends et elle tire une taffe avant de me la rendre en grimaçant.
- Je n'ai jamais aimé fumer, dit-elle.
- Alors pourquoi est-ce que tu m'as demandé ma clope ?
- Parce que la dernière fois que j'ai fumé j'avais apprécié.
- Et c'était quand ?
- Juste après que tu m'aies défloré.
Ah ouais ? Intéressant. Des bruits de pas se font entendre et un ivrogne
débarque. Il sourit en nous voyant avant de s'attarder un peu trop sur le
corps de Neala. Oh, mais je crois que je le connais ce type. Il fait partie d'un
réseau de proxénétisme au Moyen-Orient. Ça me rend complètement
dingue de voir ma femme tuer, et j'ai bien envie de prendre mon pied ce
soir.
- Lui, c'est un proxénète, je lui glisse à l'oreille.
Son regard s'assombrit instantanément. Ça y est, son côté sombre va
prendre le dessus.

Chapitre 53

Neala

Ce mec est un proxénète ?


Coupe-lui la queue et oblige-le à la regarder se vider de son sang.
Je jette un coup d'œil à Bhaltair.
- Et si on faisait ça ensemble ? je lui propose.
Une étincelle passe dans son regard à ce moment-là tandis qu'il acquiesce
lentement et qu'un sourire s'installe de nouveau sur mes lèvres. Il sort un
couteau de l'une de ses poches et je sors le mien, que je cache toujours dans
mon décolleté. L'homme en face de nous fronce immédiatement les sourcils
en voyant deux malades mentaux en train de le regarder avec des couteaux
à la main.
- Je te laisse l'honneur du premier coup, dit mon mari.
- Oh, c'est très aimable de ta part.
Je m'approche du type et immédiatement, lui plante un coup de couteau
dans l'épaule.
Arrache-la.
- Vas-y, à toi, je lance tandis qu'il échappe un hurlement de douleur.
- Avec plaisir.
Il s'approche du type, beaucoup trop saoul pour pouvoir nous échapper, et
lui plante son couteau dans son autre épaule. Il pousse à nouveau un cri de
douleur, et j'adore ça.
- Tu le ressens toi aussi ? je demande à Bhaltair en me tournant vers
lui.
- Bien sûr. Je le ressens à chaque fois.
Un petit rire m'échappe tandis que je m'approche du mec et commence à
déboutonner son pantalon. Malgré le fait qu'il soit ivre et qu’il ait reçu deux
coups de couteaux, il est encore assez vif pour réussir à me pousser en
arrière. Je fronce les sourcils.
- Bhaltair, tu me le tiens s'il te plaît ?
Il vient derrière le mec et l'immobilise en mettant ses bras dans son dos.
- Fais toi plaisir, dit-il.
- J'y compte bien.
Je descends donc le pantalon du type, qui tente de me mettre des coups de
pieds, et retire son boxer.
- Alors comme ça tu forces des femmes à avoir des rapports sexuels
sans leur propre consentement ? je demande innocemment.
- Dégage salope ! hurle-t-il.
Puis un cri lui échappe. J'interroge Bhaltair du regard.
- On n'insulte pas ma femme de salope. Je viens de lui couper un
doigt.
- Ah, d'accord.
Je m'agenouille, histoire d'être à hauteur de sa queue, et entends Bhaltair
grommeler.
- Quoi ?
- Ma queue n'est plus la seule que tu as vu de ta vie.
- Euh, Bhaltair, je regardais des pornos avant que nous soyons mariés.
- Ah ouais ? Tu me montreras comment tu te faisais plaisir en
regardant une fois que nous serons rentrés à la maison.
- Oh, mais avec plaisir.
Le type gigote alors je tourne à nouveau la tête vers sa queue. J'approche
mon couteau et il gesticule encore plus, mais il ne me complique pas
beaucoup la tâche à vrai dire. Je pose le couteau contre sa queue, et
l'enfonce. Son hurlement vient fendre le silence de la nuit, pendant que je
prends tout mon temps pour le faire souffrir de plus en plus. Même si je
risque de regretter mon geste une fois que je serai revenue à mon état
normal, je pense à toutes ces femmes qui ont dû crier comme lui. Ces
femmes qui criaient à cause de lui, puisqu'il les forçait à se faire baiser par
des hommes qui leur faisaient du mal. Du sang éclabousse mon visage, et
Bhaltair n'en perd pas une miette.
- Ouais, vas-y bébé, murmure-t-il.
Je me stoppe brusquement et le regarde.
- Comment tu m'as appelé ?
- C'est sorti tout seul.
- Ce n'était pas ma question.
- Tu parles beaucoup trop. Je...
- N'aime pas ça, je sais, je le coupe.
- Ouais.
Je redirige mon attention sur le type et tente de ne pas perdre mon attention.
Je tenterai de reparler de ça avec lui plus tard. Pour l'instant, j'ai un homme
à faire regretter d'être venu au monde. Je lui ai tranché la queue jusqu'à la
moitié, et j'ai peur qu'il ne perde connaissance. Alors, je tranche la fin d'un
coup. Il s'assoupît, mais je lui donne une bonne claque et il se réveille.
- T'aurais dû le claquer avec sa queue, ça aurait fait une bifle, dit
Bhaltair.
- Pas faux.
Et c'est donc de ce que je fais. Le mec a l'air dégoûté et commence à vomir,
ce qui me fait rire.
- Elle est toute molle c'est marrant, je remarque.
- En tout cas, la mienne ne l'est pas en ce moment...
Le rouge me monte aux joues.
- Maintenant on fait quoi ? je demande.
- On le force à avaler.
- C'est vrai. Elles, c'est du sperme qu'il oblige ces pauvres filles à
avaler. Lui, c'est sa propre queue. Quelle ironie du sort, tu ne trouves
pas ?
- Ça l'est, précisément.
Un rire m'échappe et je le surprends avec un léger sourire.
- On échange les rôles, je commence à m'ennuyer, dit-il soudain.
- Comme tu veux, mais je ne suis pas sûre de réussir à le maîtriser.
- Il est à moitié assommé et encore bourré, ça devrait le faire.
- Pas faux.
Je prends donc la place de Bhaltair et n'ai pratiquement pas besoin de le
tenir. Je regarde mon époux faire. Il prend la queue découpée dans sa main
et l'enfonce d'un coup dans la gorge du type, qui a immédiatement un
réflexe vomitif et régurgite tout. Sa queue tombe au sol, et cette fois-ci
couverte de vomi.
- Oh c'est dégueulasse, je ne touche plus à ça. Je pense qu'on s'est
assez amusés. On le finit ?
- On le finit.
Nous dirigeons tous les deux nos couteaux vers son cœur, et quand il
s'apprête à le planter, je le stoppe.
- Attends !
- Quoi ?
- On fait un compte à rebours !
Il lève les yeux au ciel mais ne dit rien.
- À la une, à la deux, à la trois !
Et nous abattons tous les deux nos couteaux sur le proxénète, dont le corps
est pris d'un soubresaut au moment où nous lames entrent en contact avec
son corps. Je redresse la tête et Bhaltair fait de même. Nous nous fixons
ainsi pendant au moins une trentaine de secondes, trente secondes pendant
lesquelles je ressasse tout ce qu’il vient de se passer. Et là, un sourire se
dessine sur nos lèvres au même moment. Lui et moi sommes pratiquement
pareils.
Sur le chemin du retour, ni lui ni moi ne parlons. Bhaltair a prévenu Sohan
que le meurtre venait de lui, qu'il ne pense pas qu'un ennemi ait tué l’un de
ses invités.
Quand nous rentrons, je pars prendre une douche pour nettoyer le sang
séché et me regarde longtemps dans le miroir. Je me semble normale. Je ne
me dis pas que quelque chose cloche chez moi. Et apparemment, les gens
qui se pensent psychopathes ne le sont pas réellement. Puisque je n'ai pas
l'impression d'en être une, alors j'imagine que le contraire fonctionne aussi,
ceux qui ne se pensent pas psychopathes le sont probablement. Devrais-je
m'inquiéter ?
Je secoue la tête. Je ne suis pas comme Bhaltair comme je le pensais un peu
plus tôt. Il est atteint depuis longtemps, et a un stade beaucoup plus avancé.
Il en vient à se mutiler pour s'apaiser.
Après toutes ces réflexions, je sors de la salle de bain et me glisse sous les
draps. Ma journée, ou plutôt ma soirée d'anniversaire aura été très
particulière. Je porte une main au pendentif que Bhaltair m'a offert. C'est la
première fois qu'on me fait un vrai cadeau. Je ne lui ai pas dit, il n'en a
probablement rien à faire. En tout cas, je trouve le collier magnifique, je
pensais tout ce que je lui ai dit. Et je suis réellement ravie qu’il me l’ait
offert.
**
- C'est quoi cette merde ? C'est une blague ? Qu'est-ce qu'il fout ici ?
Je me réveille en grimaçant sous la voix exaspérée de Bhaltair.
- Ton père est là, me dit-il.
- Hein ? Ici ? Il est à peine 9 heures du matin ! Qu'est-ce qu'il veut ?
- Parler de mon nouveau rôle de chef.
- Ah...
Il se lève, se prépare et sors de la chambre pour aller voir mon père. Je me
prépare à mon tour et les rejoints ensuite.
- Bonjour Neala, installe-toi tu veux.
Je le salue et m'installe à côté de Bhaltair.
- Maman va bien ?
- Non. Je crois qu'elle est tombée malade. Mais je ne suis pas ici pour
parler de ta mère.
Il se tourne vers Bhaltair et une discussion commence alors entre les deux
hommes. Encore fatiguée à cause du peu de sommeil que j'ai eu cette nuit,
un bâillement m'échappe. Mon père me fusille du regard.
- Tu as été mieux éduquée que ça quand même, tu es malpolie.
Je hausse un sourcil.
- Je ne suis pas sûre que grandir dans le monde de la mafia soit un bon
lieu d'éducation.
- Et tu es insolente... tu serais encore sous ma responsabilité, je
t'enfermerais deux jours dans ta chambre sans eau ni nourriture.
Je pouffe. J'en ai marre de ne jamais lui répondre comme un bon petit chien
bien obéissant.
- C'est vrai que j'ai été bien éduquée avec toi comme père.
Il fronce les sourcils et sans que je ne le vois venir, il se lève et me gifle de
toutes ses forces. Je pause immédiatement ma main là où il vient d'abattre la
sienne. Même si ce n'est pas la première fois qu'il le fait, ça me choque
toujours autant.
- Espèce de sale petite ingrate. Bhaltair, si nous allions parler loin de...
Bhaltair ? Pourquoi me dévisages-tu ainsi ?
Je regarde Bhaltair, et c'est là que je comprends.
- Bhaltair... pas lui.
Il ne dit rien.
- Bhaltair ! C'est mon père !
- Rien à foutre. On ne tape pas ma femme.
Mon père fronce à nouveau les sourcils.
- Mais qu'est-ce que...
Il n'a pas le temps de finir sa phrase que Bhaltair vient de lui tirer une balle
entre les deux yeux. Un cri de stupeur m'échappe.
- Mais t'es malade ou quoi ! C'est mon père !
- Ouais, j'suis malade. Tu n'étais pas au courant ?
Je me précipite vers mon père et le secoue dans tous les sens tandis que des
larmes jaillissent de mes yeux. Je ne sais même pas ce que je suis en train
de faire. Il est mort, il ne se réveillera pas.
- Putain Bhaltair !
- Oh, change de ton.
- Mais je n'en ai rien à foutre de mon ton putain de merde !
Il braque soudain son arme sur moi, au même moment où je mets mon
couteau sous sa gorge.
- Je suis plus rapide, bébé... ne défie pas les malades, on ne sait jamais
à quoi s'attendre avec eux.
Nous nous fixons du regard pendant une dizaine de secondes, et je finis par
baisser mon couteau. Il fait de même avec son arme. Je lui lance un regard
dégoûté et monte me réfugier à l'étage pour pleurer mon défunt père loin de
lui. Même si je ne l'appréciais pas beaucoup, je n'ai jamais souhaité qu'il
meurt. Je tente de maîtriser ma respiration, mais c'est compliqué. J'ai
l'impression de faire une crise de panique. Allez, j'inspire, j'expire... j’arrive
peu à peu à me calmer, même si des larmes roulent encore le long de mes
joues.

Chapitre 54

Un quart d'heure plus tard, je sors de la chambre pour retourner là où


Bhaltair a tué mon père. Il faut que je lui dise au revoir avant qu'on ne
vienne chercher son corps. Mais, quand je descends dans la pièce, je
remarque que quelque chose cloche. Je me rapproche du cadavre et vois les
coins de la bouche de mon père agrandis, laissant deux gros trous étirés en
forme de sourire où on peut voir l'intérieur de sa bouche à travers. Un autre
cri d'horreur s'échappe de ma bouche et je vomis instantanément.
- Pourquoi est-ce que tu vomis ? fait Bhaltair en arrivant derrière moi.
- Mais... qu'est-ce que tu lui as fait ! Son... son visage ! Tu as mutilé
son visage !
Il ne dit rien pendant quelques secondes et me regarde en train de pleurer.
Puis, il croise les bras dans son dos et s'accoude contre le comptoir de la
cuisine.
- Je pensais que tu serais moins triste si je le faisais sourire.
Alors il a fait ça en pensant que ça me remontrait le moral ? Il est
complètement perché.
- Tu... c'est mon père... tu l'as tué.
Je recommence à pleurer en couvrant mes yeux de mes mains. Soudain, je
sursaute quand deux bras viennent s'enrouler autour de moi. Bhaltair vient
de me prendre dans
ses bras. Je pose ma tête sur son torse et mes larmes viennent mouiller sa
chemise. Il semble assez tendu et ne bouge pas, mais ça me suffit. Ça suffit
à me réconforter, alors qu'il est la raison pour laquelle je pleure.
- C'est mon père... je murmure.
- Je n'ai pas la même manière de voir les gens qui m'entourent que toi,
dit-il en s'éloignant de moi. Ma mère est morte avant que je n’ai eu le
temps de bien la connaître, j'ai buté mon père qui était un connard et
me prenait pour son arme personnel, et j'ai cru pendant 17 ans que
j'avais tué ma sœur juste parce qu'elle avait pleuré.
Je renifle et essuie mes yeux. J'ai l'impression qu'à sa manière, il tente de
me présenter ses excuses. Et malgré tout, ça me touche. Je prends la parole.
- J'aimais mon père car c'est grâce à lui que j'existe. Seulement, je
n'éprouvais aucune affection pour lui. Le deuil devrait être assez
rapide, je l'espère. Mais qu'allons-nous faire du corps ?
- Je dirai qu'on l'a déposé devant un de mes entrepôts.
Je hoche la tête. J'imagine que c'est la chose la plus évidente à faire.
Un peu plus tard dans la journée, je me souviens que j'avais prévu d'appeler
Nina. Je cherche donc son numéro et la sonnerie retentit. Elle décroche
rapidement.
- Oui ?
- Nina ! Comment vas-tu ?
- Je vais plutôt bien... et toi ?
- Moi de même. Bhaltair sait maintenant qui était la personne qui
cherchait sa mort. Alors si jamais tu veux venir ici, je suis sûre qu'il y
aura une place pour toi.
J'entends un reniflement à travers le combiné.
- C'est très gentil, Neala. Mais dès que Dean saura que je suis revenue,
car il l'apprendra tôt ou tard, il s'empressera de venir me chercher. Et
ce n'est pas ce que je veux, je préfère rester loin de lui.
- Oh... d'accord. Où est-ce que tu es là ?
- Je suis dans un hôtel sur les côtes finlandaises. Je me plais bien ici, et
pratiquement tous les soirs des hommes viennent m'offrir des verres.
Un rire triste m'échappe.
- Très bien, je suis contente que tu t'amuses quand même un tout petit
peu.
- Oui. Et merci, Neala. Même si notre amitié aura été brève, tu es une
des meilleures personnes que j'ai rencontré. J'espère qu'on aura
l'occasion de se revoir.
- Je l'espère aussi.
Bhaltair entre dans la chambre à ce moment-là.
- Je vais devoir te laisser... prends soin de toi Nina.
- Toi aussi, Neala.
Et nous raccrochons. Je sens petit à petit la colère monter en moi, et
Bhaltair m'interroge du regard.
- Il te sert à quoi, Dean ?
- Informations, renforts... pourquoi ?
- Je veux le tuer.
Il hausse un sourcil.
- Nina ne peut pas revenir à cause de lui, alors je veux le tuer.
Un sourire étrange se dessine sur ses lèvres.
- Alors on a trouvé notre occupation de la soirée ?
Mes yeux s'écarquillent tandis que je comprends qu'il est d'accord pour que
nous tuions Dean.
- Avec plaisir ! Si je n'avais pas peur que tu m'étrangles, je crois bien
que je te prendrais dans mes bras.
- Evite, en effet. Une fois, c'est déjà un gros effort pour moi.
Et pour la première fois depuis que nous sommes mariés, nous échangeons
un sourire
complice. Mais à peine deux secondes après, Bhaltair reçoit un message et
son visage redevient froid et inexpressif.
- Qu'est-ce qu'il y a ? je m'inquiète.
- Carita s'est réveillée.
**
Quand Bhaltair arrête sa Lamborghini violette sur le parking de l'hôpital, il
sort et se précipite à l'intérieur sans même m'attendre. Je crois qu'il veut en
découdre avec sa sœur. Heureusement, pendant qu'il exige de savoir le
numéro de la chambre, j'ai le temps de le rejoindre.
- Chambre 304.
Comme j'imagine que cet hôpital -comme la plus part des biens immobiliers
de Finlande- appartient à la mafia, personne ne pose de question. Nous
prenons l'ascenseur, et ça me rappelle cette fois où après avoir tenté de
m'échapper de l'hôtel dans lequel nous étions peu après notre mariage, il
m'avait attrapé quand j'étais sortie de l'ascenseur et avait gravé son prénom
sur mon ventre. Un frisson me parcourt, et il ne le remarque même pas. Il
est dans sa bulle et je commence à me demander s'il ne risque pas de faire
une crise et de buter tout le monde. Dès que les portes s'ouvrent, nous allons
vers la chambre 304. Quand nous la trouvons, nous nous y engouffrons et
Bhaltair fait signe à l'homme qui la surveillait de dégager.
- Je préfère que tu m'achèves plutôt que de devoir regarder ta joie de
m'avoir eu, une seconde fois, maugrée Carita.
Il ne dit rien et la regarde froidement.
- C'est quand même étrange que je n'ai pas développé de traumatisme
suite à ta tentative d'assassinat. J'étais encore plus jeune que toi et j'ai
vu exactement les mêmes choses.
La respiration de mon mari commence à considérablement accélérer. Carita
pose ensuite le regard sur moi.
- Oh, tu as emmené ta femme ! Elle est toujours vivante, tu as fait des
efforts à ce que je vois.
Il ne dit toujours rien et la fixe.
- Si tu ne m'as pas encore tué j'imagine qu'il y a une raison. Explique-
toi.
- Tu vois ma femme, celle que tu as une putain d'envie de te taper ? Eh
bah tu sais quoi, elle a tué une pute qui tentait de m'aguicher. Elle est
presque aussi tarée que moi désormais. Tu ne vois pas là où je veux
en venir ? Elle est comme ça à cause de moi. Je l'ai fait devenir celle
qu'elle est aujourd'hui. Et je veux faire la même chose avec toi. Tu es
forte, et tu pourrais être important pour la mafia.
Un silence s'installe et à peine deux secondes plus tard, un rire vient le
rompre. Carita rit à en perdre haleine.
- Non, sérieux ? fait-elle en tentant de reprendre un visage plus neutre.
Après 17 ans d'amertume que je nourris envers toi, tu penses vraiment
que ça, ça va fonctionner et me rallier à la mafia ??
Et elle se remet à rire. Mais elle arrête rapidement quand Bhaltair enroule
une main autour de son cou. Il se penche vers elle et je vois toute la colère
qu'il ressent dans ses yeux. Sa sœur suffoque, il n'a pas la main légère.
- Ne me manque plus jamais de respect.
Il laisse encore sa main autour de son cou une dizaine de secondes, avant de
la relâcher. Et la minute qui suit, la seule chose que nous entendons est
Carita qui reprend son souffle.
- On s'en va, dit Bhaltair à mon intention. Je la laisse crever ici tant
qu'elle ne me donne pas une réponse positive.
- Mais... et si elle ne t'en donne jamais ?
- Alors elle mourra.
Je lui lance un dernier coup d'œil et tandis que nous sortons de la chambre,
je me tourne vers lui.
- J'ai besoin d'aller aux toilettes...
- Je t'attends devant l'hôpital, dit-il en sortant son paquet de cigarettes.
Je hoche la tête tandis qu'il part dans l'ascenseur et disparaît rapidement.
Avant, il ne m'aurait jamais permis de rester seule à un endroit où il y a
d'autres hommes. J'inspire un grand coup et retourne dans la chambre de
Carita. Quand celle-ci voit que je suis seule, un sourire vient se dessiner sur
ses lèvres.
- Attention ma belle, le chef de la mafia va t'en faire baver.
- Non, puisqu'il n'en saura rien.
- Mmh...
Je m'approche d'elle et m'assois sur une chaise à côté du lit.
- Tu as dit que tu préférerais mourir plutôt que de te rallier à la mafia.
Mais je pense que tu devrais mieux y réfléchir. Tu es littéralement une
machine de guerre. Ça aurait servi à quoi de t'entraîner pendant toutes
ces années pour qu'au final, ça ne te serve jamais à rien ? D'accord,
aider la mafia ne faisait pas partie de tes projets. Mais au moins, tu
pourrais te créer un nom, tu ne penses pas ?
Un rire lui échappe.
- Tu sais, je te trouve mignonne. Je n'ai rien contre toi. Mais contre
mon frère, si. Je préfère que ma force soit ou utilisée à bonne escient
pour parvenir à mes fins, ou pas utilisée du tout.
- Mais tu n'as jamais rêvé de retrouver une famille un jour ?
- J'en ai déjà une. Ceux qui m'ont sauvé la vie sont ma famille,
désormais.
Je soupire.
- Et tu n'as jamais eu l’envie de retrouver un grand frère ?
Même si je ne pense pas qu'il soit le frère idéal, je vois que j'ai marqué un
point. Elle a baissé le regard.
- Comment était-il lorsque vous étiez enfant ?
Elle soupire, comme si elle hésitait à m'en parler. Et puis finalement, elle
prend la parole.

Chapitre 55

- Je n'ai pas tant de souvenirs que ça, j'étais très jeune. Mais je me
souviens que hormis les périodes où il faisait des sortes de crises de
psychose, chose dont il souffrait depuis la naissance, on parlait
beaucoup. Il me racontait comment il tuerait sa première victime, et je
l'écoutais attentivement. Même si notre père le favorisait étant donné
que c'était un garçon, il m'a dit un jour qu'il ferait en sorte de me faire
avoir une bonne place dans la mafia.
- Et tu vois, ça n'a pas tant changé. Il veut toujours te donner une
bonne place, il n'a jamais mentionné le fait que tu sois une femme
comme contraignant, contrairement à votre père.
Je l'entends soupirer une nouvelle fois et elle secoue la tête. Je crois qu'il est
temps de la laisser. En tout cas, je pense avoir fait remonter quelques
souvenirs en elle qui la feront peut-être réfléchir. Je la salue et quitte la
chambre, puis pars retrouver Bhaltair, qui fume devant l'hôpital.
- J'finis ma clope et on y va, dit-il.
Je hoche la tête.
- Je pensais vraiment que tu allais péter un câble avec elle. Pourtant, ça
n'a pas été
le cas.
- Ouais, je suis plus calme quand t'es là.
Sa remarque me prend de court.
- Et... c'est une bonne chose ?
- Mmh, si on veut.
Comme je sens qu'il n'a pas l'air dans l'optique de discuter, j'attends donc en
silence qu'il finisse sa cigarette et nous retournons dans sa voiture. Puis,
soudain, une idée me vient.
- Je peux conduire ?
Il hausse un sourcil.
- Tu vas nous tuer. Tu ne sais pas conduire.
- Mais non je ne vais pas nous tuer ! Et puis je ne risque rien, j'ai mon
collier porte-bonheur, je fais en prenant le pendentif en forme d'ange
dans ma main.
Ma dernière phrase a l'air de l'étonner, et il ne le cache même pas.
- Tu kiffes vraiment ce collier alors, dit-il.
- Oui, beaucoup.
- Ok, tu peux conduire.
Un sourire naît petit à petit sur mon visage tandis que je m'approche de lui.
J'ai envie de faire quelque chose.
- Merci, je lance en me mettant légèrement sur la pointe des pieds pour
pouvoir déposer un baiser sur sa bouche.
Quand je m'éloigne de lui pour aller me mettre derrière le volant, je sens
son regard brûler mon dos.
- Je veux que tu fasses ça plus souvent désormais, dit-il.
- De quoi, t'embrasser ?
- Oui.
- Pourqu...
- Je ne t'ai pas demandé de poser des questions.
Tandis que le rouge me monte aux joues, je me glisse derrière le volant avec
un sourire que je n'arrive pas à faire redescendre. Je ne devrais pas être si
excitée par ce que l'homme avec qui je partage ma vie vient de dire, étant
donné que cet homme a également tué mon père ce matin même, mais je ne
peux m'en empêcher. J'ai l'impression qu'il devient meilleur de jour en jour,
et ça me fait sincèrement du bien. Au fait, penser à mon père me fait
également penser à...
- Qu'est-ce que tu as fait du corps de mon père ?
- Je l'ai donné à manger aux chiens des gardes.
- QUOI ?? je fais en arrêtant brusquement la voiture sur la route.
- Je déconne, je l'ai mis dans un frigo.
Je redémarre en levant les yeux au ciel.
- Dans quel frigo au juste ?
- Celui où je stock la bouffe de Hiomakone.
- Ton requin ?
- Ouais. Et pour la question que tu t'apprêtes à me demander, non, je
ne vais pas accidentellement faire exprès de laisser ma bête bouffer le
cadavre de ton père.
- Parfois je me demande si tu te rends compte des choses que tu sors.
- Ouais. Quand je te baise par exemple, ce qui sort c'est mon...
- Bhaltair ! Merci, j'ai compris.
Il se moque légèrement de moi. Ça fait du bien d'avoir une conversation
normale avec lui. Je me sens détendue depuis un petit moment, et je pense
que c'est grâce à son changement de comportement. Je ne sais même pas s'il
s'en rend compte. Il fait beaucoup moins de crises, il se calme beaucoup
plus vite... il a même cherché à me faire un cadeau qui me plaisait ! Perdue
dans mes pensées, je ne vois pas la voiture d'en face arriver et manque de
lui foncer dedans.
- Putain Neala ! s'exclame mon mari sur le siège passager.
Oups.
- N’abime pas cette caisse, j'ai des souvenirs mémorables à l'intérieur
de celle-ci.
Le rouge me monte à nouveau aux joues. Il m'a défloré à l'arrière de cette
bagnole. Soudain, je redeviens sérieuse tandis qu'une interrogation me
traverse l'esprit.
- Dis-moi, qu'est-ce que tu vas faire si Carita refuse de s'allier à toi ?
Tu la laisseras réellement mourir ? Et même si elle accepte de se
rallier à toi, qu'est-ce qui te dit qu'elle ne se moque pas de toi ?
- Je trouve que tu poses trop de questions. Tu devrais te servir de ta
bouche pour d'autres choses plus... utiles.
Merde, c'est qu'il fait chaud dans cette voiture. Je me tais tandis qu'il
commence à me répondre.
- Ouais, je la laisserais réellement mourir si elle ne coopère pas. Et
bien qu'elle m'en veuille et donc qu'elle en veuille également à la
mafia, elle reste sa famille de naissance, celle qui la protège encore
aujourd'hui, puisque les mecs qui l'ont secouru sont sous ma
juridiction. Et du peu que je sache sur elle, elle croit très fortement au
karma. Quand nous étions gosses et que je lui promettais tout le
temps que si elle bouffait des araignées elle se transformerait en fée,
elle n'arrêtait pas de me dire « si tu mens, le karma se chargera de toi
». Au final, elle n'a jamais mangé une seule araignée et le karma ne
s'est pas chargé de moi. Elle n'a pas tant changé que ça aujourd'hui, je
le ressens dans sa manière de parler. Alors elle sait que si elle me
ment en me disant qu'elle est de mon côté alors qu'elle ne l’est pas, le
karma se chargera d'elle.
Sans qu'il ne s'en rende compte, Bhaltair vient de me raconter une longue
tirade sur sa sœur, comme elle-même l'a fait lorsque je suis restée parler
avec elle. Je suis persuadée qu'ils pourraient renouer des liens, mais les
deux sont tellement butés, façon de parler bien sûr, que je pense une telle
chose très compliquée.

Bhaltair
Quelques heures après que nous soyons revenus de l’hôpital, je prévois
l’activité du soir.
- J'ai donné rendez-vous à Dean dans un de mes hôtels, j'informe
Neala.
Ce soir, nous réglons son compte à ce fils de pute. On aurait dû y aller plus
tôt, mais comme Carita s'est réveillée ça nous a retardé. Ça fait plusieurs
mois que je n'apprécie pas du tout la façon dont il parle de ma femme et que
je ne rêve que d’une chose, lui foutre une balle en pleine tête.
Étouffe-le.
Bien sûr, il le mérite. Elle arrive vers moi, et je la vois fourrer son couteau
dans son décolleté. Putain, je devrais peut-être lui arracher ce haut et la
baiser avant d'y aller.
- Mes yeux sont là, fait-elle en voyant très bien que je mate sa poitrine.
- Et les miens sont sur tes seins.
Elle s'apprête à détourner le regard, comme si elle allait rougir, mais je lui
attrape le menton et la force à me regarder.
- Ne détourne plus jamais le regard devant moi, ça me fout en rogne.
Un sourire joueur vient prendre place sur ses lèvres.
- Ah ouais ? Quel genre de rogne ?
Le même sourire que le sien s'installe sur mes lèvres tandis que je la
soulève par les cuisses pour la poser sur le comptoir et me mettre entre ses
jambes. Nos lèvres se rejoignent ainsi que nos langues, et je l'embrasse à en
perdre haleine. Puis, je descends sur son cou et la marque d'un suçon pour
montrer à tout le monde qu'elle m'appartient, même s'il le sait déjà. Quand
je descends une main vers son pantalon, elle me stoppe en me repoussant.
- Bhaltair, un peu de concentration, nous avons un homme à abattre.
Mmh, j'aime la voir en tueuse, elle est bandante.
- Allons-y, fait-elle en déposant un chaste baiser sur mes lèvres avant
de se diriger vers la sortie.
Je regarde son postérieur bouger tandis qu'elle marche, et la suis. Moi qui
ne suis pas
une personne qui apprécie le contact, le sien ne me dérange plus. Je ne sais
pas ce qu'elle m'a fait, mais j'ai l'impression d'être plus calme depuis
quelques temps. J'arrive à mieux me maîtriser, pas besoin de m'exploser
contre un arbre ou un miroir. Ce soir, nous allons faire notre activité favorite
de couple ensemble : tuer un fils de pute.
- Allez, les morts n'attendent pas ! s'exclame-t-elle en sortant.
Elle est la première à rejoindre la Lamborghini, et du côté passager cette
fois. Heureusement, elle conduit mal. Tandis que je me mets derrière le
volant et démarre à fond, un jeu de regard commence entre nous. Puis, elle
commence à déboutonner les premiers boutons de son haut.
- Il fait chaud, tu ne trouves pas ? demande-t-elle innocemment.
- Pas aussi chaud que lorsque je te baiserai sur le siège arrière... ce qui
risque d'arriver plus tôt que prévu si tu continues...
- Continuer quoi ? demande-t-elle en haussant les épaules comme si
elle ne comprenait pas où je veux en venir, alors qu'elle comme moi
savons qu'elle a très bien compris.
Je pose alors ma main sur sa cuisse et la laisse descendre entre ses jambes.
Ce n'est pas très pratique pour conduire, mais je n'en ai pas grand-chose à
foutre. Je glisse ma main dans son pantalon et son sous-vêtement,
probablement un string j'espère, et commence à la caresser.
- Oh ce n’est pas vrai... fait-elle en agrippant sa portière.
Un sourire triomphant naît sur mes lèvres.
- Les gens dehors pourraient nous voir Bhaltair...
- Tu essayes de convaincre qui, là ?
Un grommellement lui échappe tandis que j'enfonce un doigt en elle. Sans
même se rendre compte de ce qu'elle fait, elle bascule sa tête en arrière
contre son siège tandis que je me languis du spectacle. Elle m'excite comme
je ne le pensais même pas possible. C'est la première femme que je n'ai pas
tué ou tenté de tuer après un rapport et ça signifie peut-être quelque chose.
Tandis qu'un petit son discret de plaisir s'échappe de sa bouche,
j'enfonce deux autres doigts d'un coup.
- Bhaltair ! s'exclame-t-elle, faussement offusquée.
- Oh arrête de faire la prude, chaudasse, je t'ai baisé à côté d'un
cadavre.
Je sens qu'elle devient encore plus mouillée, signe que mes paroles crues
l'excitent. Je remue mes doigts en elle et elle ferme les yeux en se mordant
fort la lèvre inférieure pour ne pas faire trop de bruit. Puis, quand je
commence à avoir des mouvements un peu plus brusques en elle, elle sert
mon bras d'une de ses mains, comme si j'allais trop fort et qu'elle tentait de
faire passer le choc, alors malgré mon envie d'aller encore plus vite, je
ralentis mon mouvement en elle. Immédiatement, elle se décontracte et un
nouveau gémissement lui échappe. Et, tandis que je la sens jouir autour de
mes doigts, je me gare sur le parking de mon hôtel.
- Alors, le trajet a été agréable ? Nous sommes arrivés, Neala.
Chapitre 56

Pendant qu'elle se remet de ses émotions, je sors de la voiture et lui lance


les clés pour qu'elle les foute dans son sac. Elle ne tarde pas à me suivre et
sans que je m'y attende, enroule son bras autour du mien. Elle me jette un
coup d’œil pour voir si ça ne me met pas en rogne mais je la laisse faire.
Son contact ne me dérange pas.
- Je lui ai donné rendez-vous dans la chambre 208. Tu voudras lui faire
quoi ?
- Mmh...
Elle semble réfléchir.
- Il a tenté de violer Nina, alors il mérite le pire que nous puissions lui
faire. Et j'imagine que tu t'y connais dans ce domaine.
Je hoche la tête et un sourire fend ses lèvres.
- Génial, on va bien s'amuser.
Même si je ne le lui remarque pas, j'apprécie beaucoup cette part d'elle.
Cette part... psychopathe. Car il faut bien l’admettre, pour aimer torturer un
homme il faut avoir une case en moins. Nous entrons dans l'hôtel, et je
l'emmène déjà vers le bar.
- Il faut s'hydrater avant une bonne séance de sport, je remarque.
Un rire lui échappe.
- Tu n'as pas tort.
Nous nous accoudons au bar et je commande deux whiskys. Je ne sais pas si
elle aime mais en tout cas elle ne dit rien. L'adrénaline commence
doucement à couler dans mes veines, et si ça continue ainsi je sens que je ne
vais pas pouvoir laisser à Neala le plaisir de torturer Dean. J'ai envie de
tuer. Et j'ai envie de tuer avec elle.
- Neala...
- Oui ?
- Tu vois ce type là-bas ?
- Lequel ?
- Celui qui a une cravate bleu foncé.
- Ah, à côté du mur ?
- Oui. Je veux que tu ailles le voir et que tu le dragues.
Elle se tourne vers moi en plissant les paupières.
- Pourquoi ?
- Il faut que je me défoule avant qu'on aille voir Dean, sinon je le
tuerais à peine une seconde après être entré dans la chambre. Tu
dragues ce mec, et je le bute.
- Oh... ce n’est pas un peu malsain ce que tu me demandes de faire ?
- Et alors ?
Un rire lui échappe et je remarque que je l'apprécie, ce rire. Elle se dirige
d'une démarche lente et calculée vers le type, qui plonge immédiatement le
regard dans son décolleté.
Ouvre-lui le crâne.
Bien sûr que je vais le faire, il mate ma femme. Ma respiration s'accélère
tandis qu'il pose sa main sur la sienne. Il va mourir... quand il pose sa
deuxième main sur son épaule, c'est là que je réagis. Je m'approche d'eux à
grandes enjambées et braque la pointe de mon arme sur son front.
- Alors comme ça tu veux te faire ma femme ?
- Hein ? Mais c'est elle qui est venue m'allumer !
- Et en plus de ça tu la traites d'aguicheuse ? Neala, bébé, qu'est-ce
qu'on fait à ce genre de type ?
Elle fait semblant de réfléchir en posant un index sur son menton.
- Je crois bien qu'on leur troue le crâne, répond-elle naturellement.
Les yeux du type s'écarquillent instantanément.
- Non, pitié ! Je...
Trop tard, je viens de le tuer. Neala et moi échangeons un regard complice,
et elle sourit à nouveau. Elle sourit beaucoup ces derniers temps, je trouve.
- Tu m'as encore appelé bébé ! s'exclame-t-elle.
Je grommelle.
- Je le fais par inadvertance.
- Mmh, bien sûr oui !
- Je me demande ce qui m'empêche de te trouer le crâne à toi aussi.
- Absolument rien.
Je me tourne vers elle. Elle aime me provoquer ?
- Neala, je ne te laisserai pas gagner à ce petit jeu. Tente encore de me
provoquer et je te baise sur le comptoir.
Le barman me lance un regard étonné que j'ignore.
- Bon, il n'y a pas un autre type dont nous devons nous occuper ce soir
?
- Si, exactement.
- Alors allons-y, dit-elle.
Nous sortons de la zone bar et nous dirigeons vers un ascenseur, au
deuxième étage. Quand les portes s'ouvrent, elle prend une grande
inspiration.
- Ne me dis pas que t'es stressée.
- Bien sûr que non, c'est l'excitation.
- Je peux t'en faire ressentir moi aussi de l'excitation...
Elle me lance un regard lubrique et sa langue vient humidifier ses lèvres.
- Ah, Bhaltair, Neala !
Nos regards se tournent vers Dean, qui se tient sur le seuil d'entrée de sa
chambre. Un faux sourire vient orner les lèvres de ma femme tandis que je
la vois tripoter le pendentif que je lui ai offert. Elle le met tout le temps.
- Nous devons discuter, je fais en me dirigeant vers l'entrée.
Il hoche la tête et nous rentrons tous les trois à l'intérieur de la chambre.
- Alors, de quoi veux-tu parler patron ?
Patron ? Je vais l'égorger.
- T'es qu'un gros fils de pute, résonne la voix de ma femme à côté de
moi.
Il fronce immédiatement les sourcils.
- Qu'est-ce que t'as dit là ?
Heureusement que je viens de tuer l'autre type, sinon il serait déjà mort.
- Elle t'a traité de fils de pute, t'es sourd ou quoi ?
Il se tourne alors vers moi.
- C'est quoi le souci au juste ?
- Le souci c'est que depuis le début de mon mariage tu n'arrêtes pas de
poser tes yeux sur ma femme alors que tu sais très bien que je
l'interdis.
- Et alors ?
Quoi ? Il est sérieux ? Je vais vraiment lui arracher les yeux à mains nues.
- Le souci c'est que tu tentes d'agresser sexuellement ta cousine, dit
Neala.
- Dis à ta femme de fermer sa gueule Bhaltair, où elle va se prendre
une claque.
- Ah oui, tu penses ?
- Bien sûr je vais la gifl...
Je ne lui laisse pas le temps de finir et lui assène un coup de poing en pleine
mâchoire.
- Ouh, fait Neala.
- Que le jeu commence.
Neala

Bhaltair vient d'attacher Dean à une chaise, et l'a bâillonné. Il gigote dans
tous les sens et c'est assez drôle, on dirait un poisson sorti de l'eau qui ne
sait pas quoi faire de sa queue.
- Tu veux commencer par quoi ? me demande Bhaltair.
- Mmh, je ne sais pas. Qu'est-ce qu'on fait aux violeurs ?
On leur coupe la queue.
- Oui, exactement, on leur coupe la queue, je me réponds à moi-même.
- J'approuve l'idée.
- Cependant je l'ai déjà fait à un proxénète il y a quelques jours alors...
j'ai envie d'être un peu plus originale. C'est un hôtel de luxe ici, il doit
bien y avoir des homards ?
Un sourire calculateur naît lentement sur les lèvres de mon mari.
- N'en dis pas plus, je reviens.
Et il sort de la chambre. Je me retourne vers Dean, qui a réussi à faire
tomber son bâillon.
- Si tu vois ma salope de cousine, raconte-lui à quel point je fantasmais
sur elle et à quel point je jouissais vite en pensant à elle.
Je le gifle.
- T'es vraiment qu'un sale pervers.
- Et toi une sale pute, t'étais aussi dans mes fantasmes. Je m'imaginais
bien prendre ta virginité pendant que tu dormais et te menacer pour
que tu n'ouvres pas ta gueule.
Un rire m'échappe.
- Attends, tu penses réellement que si tu m'avais violé, tes menaces
m'auraient fait peur ? Bhaltair est beaucoup plus puissant que toi.
Il ne dit rien et se contente de me fusiller du regard.
- Qu'est-ce que tu comptes me faire avec tes foutus homards ??
Un sourire naît sur mes lèvres.
- Un massage.
Il grommelle.
- J'aurais dû te violer quand t'étais encore vierge.
- Non, tu n'aurais pas dû, résonne la voix de Bhaltair qui rentre dans la
chambre, un homard dans chaque main. J'aurais fait une crise et je
t'aurais probablement enfoncé une visseuse en marche au fond de la
gorge.
- C'est chou, tu prendrais ma défense, je fais.
Il me fusille du regard.
- Dis encore qu'une action que je fais est chou et c'est toi qui auras une
visseuse au fond de la gorge.
Je lève les yeux au ciel.
- Je préfère t'avoir toi au fond de la gorge.
Un sourire pervers se dessine sur ses lèvres.
- Ça peut s'arranger...
- Oh ! s'exclame Dean. Détachez-moi !
Bhaltair inspire un grand coup et met soudain un coup de tête à Dean.
- Tu ne vois pas que je converse avec ma femme ?!
Il gémit de douleur tandis que son nez commence à saigner. Je jette un coup
d'œil à Bhaltair pour m'assurer qu'il aille bien, et ça a l'air d'aller.
- Tiens, dit-il en me tendant les homards. Fais gaffe, ça pince.
- Oui, c'est pour ça que je les aime tant en ce moment même.
Je m'en empare précautionneusement et jette un coup d'œil à Dean.
- Bhaltair, j'ai les mains prises, ça te dérangerait de lui retirer son
pantalon ?
Dean fronce les sourcils et commence à nous insulter. Mais comme il est
attaché de partout, il n'est pas très effrayant. Bhaltair lui retire donc son
pantalon ainsi que son boxer.
- Tu es bien mieux membré, je remarque en direction de mon époux.
- Je le sais. Même si aucune fille avant toi n'a eu l'occasion de me le
dire, je le comprenais à la façon dont elles criaient.
- Ça, je n'étais pas obligée de le savoir.
Il semble réfléchir et pendant ce temps, je pose un premier homard sur l’une
des cuisses de Dean.
- Alors comme ça tu fantasmes en t'imaginant nous violer Nina et moi
?
Il ne dit rien et à nouveau, se contente de me fusiller du regard.
- Maintenant j'aimerais bien te trancher la gorge, grommelle-t-il entre
ses dents.
- Un verre ? me propose Bhaltair en s'approchant du bar de la
chambre.
C'est une des meilleures suites de l’hôtel sans discuter, elle me semble super
bien équipée.
- Oui, pourquoi pas. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Whisky.
- Mmh, ok.
Je me tourne à nouveau vers Dean, qui fixe le homard pour l'instant
immobile. Alors je pose l'autre et il tressaille, car celui-ci remue
immédiatement ses pinces.
- Dégage ça de moi ! s'exclame-t-il.
- Tiens, dit Bhaltair en s'approchant de moi pour me tendre mon verre.
Alors, ça avance ?
- Non, pas vraiment.
- Tu ne les as pas bien placés, dit-il en s'approchant de Dean.
Il s'empare de l'un des homards et le pose directement sur sa queue. Celui-ci
pousse un cri de rage. Et ce qui devait arriver arriva... le homard pince sa
queue. Un cri de douleur lui échappe tandis qu'il bascule la tête en arrière.
Et hop, un deuxième coup de pince. Il saigne abondamment, et sa queue ne
tient plus beaucoup.
- Arrêtez ça ! s'exclame-t-il, je ferai ce que vous voudrez !
- Si des ennemis à moi t'avaient attrapé, ça ne me rassure pas beaucoup
quant à ta fidélité, fait Bhaltair en se plantant devant lui.
Il me fait reculer derrière lui et sort son flingue, puis vise la tête suante de
Dean qui est à deux doigts de tomber dans les pommes.
- Un dernier mot à dire ?
- Je...
Et il se prend une balle en pleine tête. Un sourire naît alors sur mes lèvres.
- Un enfoiré en moins ! je lance. Et si on allait fêter ça au bar de l'hôtel
?
Chapitre 57

- Un mojito pour moi s'il vous plaît, je demande au serveur qui se


précipite presque pour aller m'en faire un.
Il faut dire que le patron de l'hôtel qui n'est autre que mon mari a fait forte
impression en tuant un homme sous les yeux de tous ce soir.
- Je dois reconnaître que tu parviens à m'impressionner. La technique
des homards, je n'y aurais pas pensé, commente Bhaltair à côté de
moi.
Un sourire fier s'installe sur mes lèvres.
- Je n'en aurais jamais eu l'idée sans mon mentor pour me traumatiser,
je lance sarcastiquement, et un petit rire lui échappe.
- Votre mojito mademoiselle, fait le barman en me déposant mon
verre.
- Merci beaucoup !
Une fois qu'il est reparti, je vois le regard de Bhaltair s'assombrir.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je n'aime pas la manière dont il t'a regardé.
- Ah non, tu ne vas pas recommencer ! Tu ne penses pas que tu
l'effraies assez
comme ça pour qu'il ose regarder ta femme trop longtemps ??
- Tu prends sa défense en plus !?
Je ferme les yeux et inspire un grand coup.
- Réponds-moi. Tu prends sa défense !? s'exclame-t-il tandis que
quelques curieux commencent à nous observer.
- Tu me soules !
Il se lève d'un coup en envoyant valser mon verre, qui part s'écraser au sol.
- Répète un peu ? Tu veux réellement que j'te fasse du mal en fait ??
- Va te faire foutre !
Et sans lui laisser le temps de réagir, je me dirige précipitamment vers la
sortie et sors à l'extérieur, où il fait déjà nuit et une pluie torrentielle s'abat
sur moi. Je fouille dans mon sac à la recherche des clés qu'il m'a donné en
arrivant, et déverrouille la Lamborghini. Je me glisse sur le siège
conducteur et, tandis que je le vois sortir à son tour, je démarre sous ses
yeux et sors du parking à grande vitesse. Je prends le chemin de retour
jusqu'au manoir, mais je ne sais pas si je vais m'y arrêter. J'en ai marre de
lui et de ses menaces. Il avait changé ces derniers temps, et voilà qu'il
recommence à être le Bhaltair violent et abusif du début de notre mariage !
Tandis que je conduis, une larme solitaire roule le long de ma joue. On avait
passé un bon moment, et voilà qu'il a tout gâché. Je le déteste tellement ! Je
n'arrive même pas à croire ce que je viens de dire, c'est ça le pire. Énervée,
je frappe le volant d'une main. Je tente de maîtriser ma respiration du mieux
que je le peux, mais c'est assez compliqué. Je suis en colère contre lui et ses
menaces. Je ne veux plus qu'il tente de me terroriser. Peu importe, pour
l'instant je roule. Il n'aura qu'à appeler une limousine pour rentrer, ce n'est
pas mon problème. Enfin le connaissant, il partira à ma recherche si je ne
rentre pas. Mais soudain, je sursaute quand un bruit de klaxonne retentit. Et
d’un coup, une grosse moto arrive au niveau de ma vitre côté conducteur. Et
dessus il y a... Bhaltair.
- Merde.
Bien sûr, Dean n'est pas venu à pied à l'hôtel.
- Arrête la caisse Neala ! je l'entends crier depuis l'extérieur.
Je ne tourne même pas la tête vers lui et continue de conduire, alors qu'une
autre larme roule le long de ma joue.
- Putain Neala !
Je finis par ouvrir ma fenêtre.
- Tu m'énerves ! Je ne peux pas te supporter !
Et je lui jette enfin un coup d'œil. Nous roulons sur les deux voies, si une
voiture arrive en face il va se faire percuter. Surtout qu'il risque de ne pas la
voir puisqu'il pleut à ne plus voir dix mètres plus loin.
- Ne m'oblige pas à te percuter !
- Mais t'es complètement malade ! je m'exclame.
- Arrête la caisse !
- Non !
Et là, il approche la moto de la voiture et la percute, me faisant perdre le
contrôle quelques secondes.
- Arrête ça ! je m'exclame.
- Arrête cette foutue voiture !
Putain, je sens qu'il va finir par tous les deux nous tuer si ça continue.
J'arrête donc la voiture brusquement, et manque de me manger le pare-brise.
J'en sors précipitamment et commence à courir vers la forêt, mais remarque
rapidement qu'un fossé inondé d'eau de pluie me sépare d'elle, et que pour
l'atteindre je dois me tremper jusqu'au cou. Putain, qu'est-ce que je fais ?
Bhaltair a déjà fait demi-tour et vient d'arrêter la moto devant la voiture. La
pluie me fouette le visage et tandis qu'il s'approche de moi, je recule. Je
recule tellement que mon pied finit par tomber dans le vide du fossé. Je
ferme les yeux, prête à plonger dans l'eau glaciale, mais on me retient juste
à temps. Bhaltair me retient, plus précisément. Il me prend par le bras et me
dirige vers la voiture.
- On rentre, dit-il.
- Non ! je crie en tirant sur mon bras.
La pluie frappe son visage, et ses cheveux sont éparpillés partout sur son
front et son crâne.
- Ce n'était pas une putain de question !
Je tire si fort sur mon bras qu'il finit par me lâcher, et je commence à
m'enfuir sur la route. Sauf qu'il m'attrape et à cause de la pluie sur le béton,
je glisse et l’entraine avec moi. Nous sommes désormais allongés au sol, lui
sur moi, entre la moto et la voiture qui nous éclaire de ses phares lumineux
restés allumés. Je vois plus distinctement les traits de son visage durcis par
la colère et merde, il est tellement beau. Nous nous fixons pendant quelques
secondes, secondes durant lesquelles mon souffle se calme un petit peu et le
sien également. Et là, sans que je m'y attende, il plonge sur mes lèvres.
J'accepte immédiatement son baiser, et nous commençons à nous embrasser
avec passion, ferveur, et toute la haine que nous ressentons l'un envers
l'autre. Ses mains ne se font même pas baladeuses. L'une d'elle se pose sur
mon visage tandis qu'il se maintient de l'autre. Une voiture passe soudain à
côté de nous et nous klaxonne, mais rien à foutre. Nous nous embrassons à
en perdre haleine, sans pouvoir nous arrêter tandis que la pluie s'écrase sur
nous. Ce ne sont pas des pulsions sexuelles qui nous guident, c'est bien plus
que ça. Ce sont des pulsions qui nous unissent lui et moi, et qui font que
nous sommes le couple que nous formons aujourd'hui.
**
Lorsque nous rentrons au manoir environ une demi-heure plus tard, nous
nous tenons la main. Evidemment, je suis à l'initiative de cet acte. Dans la
voiture pour rentrer, il avait une main sur le volant et l'autre était appuyée
sur le rangement qui nous séparait. Je l'ai prise et il n'a rien dit. Je baille
tandis que nous nous éloignons l’un de l’autre.
- C'était une sacrée journée, je commente.
- Ouais. Faudrait peut-être que tu préviennes ta pote que Dean est
mort.
- Oui, je l'appellerai demain matin.
Il hoche la tête et je souris toute seule. J'ai bu quelques verres ce soir et je
ne résiste pas bien à l'alcool.
- Quoi ?
- Rien, je crois que le deuxième verre de whisky était de trop.
Je marche à côté de lui pour me prendre un verre d'eau mais glisse. Il me
rattrape à temps et me remet debout. A ce moment-là, mon haut remonte et
son prénom gravé sur mon ventre apparaît. Je le vois l'observer, comme s'il
réfléchissait. Puis, sans que je m'y attende, il m'attrape par le bras et
m'entraîne avec lui.
- Viens, dit-il.
- Hein ?? Mais qu'est-ce que tu fais ?
Il ne me répond pas et nous emmène jusqu'à notre salle de bain. Il me lâche
une fois que nous y sommes et commence à fouiller dans les placards.
- Mais qu'est-ce que tu fais Bhaltair ??
Il ne me répond toujours pas mais s'immobilise lorsqu'il semble avoir mis la
main sur quelque chose. Il se tourne vers moi avec un... scalpel. Je recule
instinctivement, mais me rends rapidement compte de l'idiotie de mon
geste. Il ne me refera pas de mal. Je me rapproche donc de lui.
- Pourquoi est-ce que tu tiens ça dans ta main ?
- Je veux que tu me graves ton prénom dans le bas du dos, comme je
l'ai fait sur ton ventre.
Mes yeux s'écarquillent.
- QUOI ?
Je porte ma main au pendentif qu'il m'a offert et commence à le triturer
nerveusement.
- C'est ce dont tu me parles à chaque fois que tu me fais des reproches,
j'en conclus donc que c'est selon toi la pire chose que je t'ai faite. Si tu
me le fais à ton tour, tu te sentiras mieux.
- Mais... non !
Même si je comprends qu'il fait ça pour moi et que son action vise à me
faire du bien, je n'en ai absolument aucune envie.
- Tu as laissé des homards couper la queue d'un violeur ce soir, et tu ne
peux pas me graver ton prénom dans le dos ? Je ne t'ai peut-être pas
violé, mais je t'ai fait beaucoup de mal.
- Oui mais... maintenant c'est passé...
Est-ce que ça l'est réellement ? En tout cas, je ne pense plus à ça à longueur
de journée en me disant qu'il finira par me tuer.
- Allez, fais-le, dit-il.
- Mais Bhaltair...
- Fais-le.
Je m'empare du scalpel et il s'accoude au lavabo, face au miroir. Je vois nos
reflets, et j'ai l'impression de voir la vraie moi. Je suis cette personne un peu
barge avec des folies meurtrières, et mon mec qui a les mêmes délires que
moi attend que je prenne ma revanche. Nous sommes peut-être une menace
pour les autres mais plus l'un envers l'autre. Du moins, je l'espère...
j'approche le scalpel de sa peau et le pose dessus. Je n'ose pas l'enfoncer.
- Putain allez Neala.
Bon, je me lance. J'enfonce la lame dans sa peau et du sang commence alors
à perler. Je lui jette un coup d'œil dans le miroir, mais c'est comme s'il ne
ressentait rien. Je grave donc le N, la première lettre de mon prénom, puis le
E. Ensuite, je le retire.
- Je ne peux pas continuer.
Il ferme les yeux et souffle en basculant la tête en arrière, les mains toujours
appuyées contre le lavabo. Puis, il tourne la tête vers moi.
- Neala, si tu ne le fais pas je vais avoir un mot de négation gravé sur
le dos, et ça risque de me foutre sacrément en rogne.
Malgré sa menace, il parvient à me faire sourire.
- Ok, je m'y remets.
- Je préfère ça.
Je fronce les sourcils. Je n'apprécie pas qu'il me parle de cette manière. Du
coup, j'enfonce la lame plus profondément que la première fois et grave les
deux lettres suivantes avec une extrême lenteur. Même s'il ne le laisse pas
paraître, je suis persuadée que ça lui fait mal. Il reste un humain après tout,
et il n'est pas atteint d'analgésie congénitale à ce que je sache. Il ne me reste
plus que le « A » à graver, mais je trouverais ça marrant de seulement lui
écrire « Neal ». Qui sait, peut-être aime-t-il le basketteur Shaquille O'Neal ?
Je secoue la tête en replantant le scalpel dans sa peau et grave la dernière
lettre. Il saigne, et je prends un mouchoir pour l'essuyer.
- Il va falloir désinfecter ça, je commente. Tu as eu mal, au moins ?
Il me jette un coup d'œil condescendant.
- Si tu n'as pas souffert alors nous ne sommes pas égaux. Tu ne te
souviens pas à quel point j'ai crié quand tu me l'as fait ?
- Si, ça m'a donné envie de t'ouvrir le ventre et de te faire bouffer tes
entrailles.
Je grimace.
- En tout cas je vérifierai que tu ne m'as pas gravé n'importe quoi
dessus, dit-il et un petit rire m'échappe étant donné que c'est ce que
j'ai failli faire.
Ensuite il se retourne, me soulève par les cuisses et me pose sur le lavabo
avant de se glisser entre mes jambes.
- Je crois que tu as oublié ce qu'il s'est passé la dernière fois que tu
m'as posé sur un lavabo.
- Si, on a baisé.
- Avant, je voulais dire. On a cassé le lavabo.
Un sourire triomphant vient prendre place sur ses lèvres.
- Oui, je sais, dit-il.
Je lui mets une petite tape sur le torse.
- Arrête d'en être fier !
Un petit rire lui échappe, grave et sexy. Il s'approche lentement de moi et
vient chuchoter
à mon oreille.
- C'est avec plaisir que je casserai à nouveau ce lavabo avec toi, Neala.
Ma peau se couvre d'une nuée de frissons à l'entente de ses paroles, mais je
le repousse légèrement.
- Il faut te désinfecter le dos, d'abord.
Il lève les yeux au ciel.
- Ta gueule, embrasse-moi.
Chapitre 58

Bhaltair

Le lendemain matin, je suis réveillé de bonne heure par la sonnerie de mon


téléphone. Je grogne et me lève pour m'en emparer et décrocher. Si on
m'appelle à cette heure-là et que ce n'est pas important, je crève les yeux à
celui qui est venu perturber mon sommeil.
- Quoi ? je fais en décrochant.
- Monsieur Mulligan, je suis le docteur Rose, je m'occupe de votre
sœur. Elle a demandé à vous parler. Et seul à seul, sans votre femme.
Je raccroche et m'habille, puis pars à l'hôpital. Je jette un dernier coup d'œil
à mon épouse, complément nue par-dessus les draps, seulement vêtue du
collier que je lui ai offert. Elle a un corps sublime, avec lequel nous nous
sommes amusés une bonne partie de la nuit. Son visage a l'air paisible
comme ça. Même si j'aime son côté sombre, j'apprécie aussi quand elle est
plus calme maintenant. Avant, elle m'insupportait. Il faut croire que j'ai
changé.
Je monte dans ma voiture et prends la direction de l'hôpital. Je roule vite
pour y arriver
rapidement. Si Carita décide d'être de mon côté, ça peu être un sacré
avantage, elle m'a l'air très forte autant mentalement que physiquement.
Mais si elle s'est préparée pendant autant d'années rien que pour pouvoir me
détruire, alors ça risque d'être compliqué voir impossible de la faire changer
de camp.
Lorsque j'arrive, je me gare et rentre directement dans l'hôpital sans
m'annoncer. Tout le monde sait qui je suis ici. Je monte jusqu'à la chambre
de ma sœur et entre sans frapper. Elle se redresse dans son lit en
m’apercevant.
- Bhaltair, fait-elle.
- Ma chère petite sœur, je réponds sarcastiquement. Alors, tu as une
réponse à me donner ?
La mort ou rejoindre la mafia ?
- J'ai beaucoup réfléchi ces deux derniers jours. De toute façon je
n'avais que ça à faire puisque comme tu l'as si bien ordonné, on ne
m'a plus apporté de nourriture.
- Et tu en es parvenue à quelle conclusion ?
- D'abord, il faut savoir que sans l'intervention de ta femme je serais
restée campée sur mes positions. C'est grâce à elle que j'ai pensé à
reconsidérer ton offre.
Je hausse un sourcil.
- Quand est-ce qu'elle est venue te parler ?
- Juste après que tu sois parti quand vous êtes venus me voir la
dernière fois.
Ah ouais, les toilettes hein Neala ?
- Je suis prête à accepter, dit-elle. Mais j'ai des conditions.
Je lève les yeux au ciel.
- Tu me serais utile mais pas indispensable, alors fais gaffe à ce que tu
vas dire.
- Je veux avoir un rôle de co-chef de la mafia, ou un truc comme ça.
Ce titre me revient tout autant qu'à toi, après tout.
Un rire cynique m'échappe. Elle sait très bien que ce n'est pas le cas,
puisque seulement les hommes ont le droit à ce titre, les femmes étant
jugées trop faibles. En ce qui me concerne, un être humain reste un être
humain. Les hommes possèdent des atouts que les femmes n'ont pas et
inversement, les femmes possèdent des atouts que les hommes n'ont pas.
- C'est tout ?
- Non. Je tiens quand même à avoir ma revanche.
- Et c'est-à-dire ?
- Je veux pouvoir te tirer dessus. Oh et je veux embrasser ta femme, si
celle-ci est consentante bien évidemment.
Je lève les yeux au ciel. Comme je l'ai dit précédemment, pour moi un être
humain reste un être humain alors que Neala soit hétérosexuelle et qu'elle
embrasse une femme ne change rien à mes yeux, et ça Carita le sait très
bien, c'est pour cette raison qu'elle veut le faire. Mais je tente de prendre sur
moi. Par contre, si elle demande une condition de plus, je lui explose la
gueule.
- J'espère que c'est tout.
Un sourire se dessine lentement sur ses lèvres.
- Oui, c'est tout.
- Dans ce cas nous avons un accord. Tu promets d'y faire honneur ?
- Oui, je promets d'y faire honneur.
Je hoche la tête et m'approche d'elle pour défaire ses liens. Elle ne trahira
pas sa promesse, elle a été élevée de cette manière. Du moins jusqu'à ce que
je tente de la tuer. Elle appuie immédiatement sur le bouton pour appeler
une infirmière.
- Apportez-moi à bouffer, et vite avant que je ne vous troue le crâne.
Oh, et je veux bien le docteur avec, j'ai une autre faim à assouvir.
Elle arrête d'appuyer sur le bouton et se tourne vers moi.
- C'est bon, je vais me trouver un manoir dans le coin. On règlera le
plus important plus tard, mais je veux au moins que nous signons un
contrat maintenant pour officialiser mon titre de co-chef de la mafia.
Je sors un papier vierge de mes poches, et le présente sous son nez. Elle
écrit un truc du genre « Carita Mulligan est à partir de ce jour soussignée
co-chef de la mafia finlandaise par le chef de la mafia finlandaise Bhaltair
Mulligan », et nous le signons tous les deux. Ensuite, je pose le papier à
côté d'elle et tandis que le docteur entre, je prends la parole.
- Bienvenue à nouveau dans la famille, Carita.
- Quelle famille ? Ils sont tous morts.
Je hausse les sourcils et un petit sourire cynique se dessine sur mes lèvres.
Je sens qu'on va bien s'amuser.

Neala
Quand je me réveille, Bhaltair n'est plus là. Je fronce les sourcils et me lève.
Je pars prendre une douche et m'habille d'une courte robe bustier en satin
noir et moulante. Je sais qu'il va l’apprécier. Je descends dans la cuisine et
commence à couper des fruits pour en faire une salade. J'ai grossi depuis
mon mariage avec lui, alors j'ai envie de manger sain pour calmer tout ça.
Je m'apprête à couper une mangue quand quelqu'un sonne à la porte. Je
m'en approche et regarde à travers l'œillet, tout en m'assurant que le couteau
que je porte tout le temps dans mon décolleté est bien à sa place. Il y est.
Mais heureusement, ce n'est qu'un associé de Bhaltair, je l'ai déjà croisé lors
de réceptions. Il doit sûrement vouloir lui déposer quelque chose. J'ouvre et
il me dévisage des pieds à la tête.
- Salut ma jolie, Bhaltair est là ?
- Non, mais il ne devrait pas tarder. Pourquoi donc ?
Il me tend un colis et se permet d'entrer après que je m’en sois emparée.
- Je dois lui remettre ceci, un échantillon de notre prochaine...
Il me jette un coup d'œil méfiant, comme s’il n'était pas sûr de pouvoir me
confier ce que trafique Bhaltair. Je hausse les sourcils et croise les bras sur
ma poitrine.
- Je tue avec lui, alors vous pensez sérieusement que je suis trop
fragile pour qu'il me parle de ses ventes ?
- Ouais, peu importe. Il s'agit d'une nouvelle drogue mexicaine que
nous allons bientôt commencer à vendre, et je suis venu lui en
transmettre un échantillon.
Je hoche la tête.
- D'accord, merci.
Il hoche la tête et se dirige vers la sortie.
- Vous avez une jolie maison, et Bhaltair possède une jolie femme.
Je lève les yeux au ciel et ne dis rien. Il se contente donc de s'en aller et je
ferme la porte derrière lui. Je pose le paquet sur la table et décide d'appeler
Nina en attendant que mon mari rentre.
- Neala ? Comment est-ce que tu vas ?
- Super bien, et je te téléphone car j'ai une bonne, non une excellente
nouvelle à t'annoncer, Dean est mort !
Un silence règne au bout de l'appareil.
- Comment ça, mort ?
- Bhaltair et moi l'avons tué.
Nouveau silence.
- V... vraiment ?
- Oui !
- Mais pourquoi ?
- Plusieurs raisons.
- Putain Neala... c'est génial ! Merde, je n'arrive pas à y croire !
Un sourire prend place sur mes lèvres. Je vais pouvoir revoir mon amie !
- Ça veut dire que tu vas revenir !?
- Bien sûr !
- Et tu...
La porte claque à ce moment-là sur un Bhaltair plutôt énervé.
- Nina, je te rappelle. Ok ?
- D'accord, prends soin de toi !
- Toi aussi !
Et je raccroche.
- Ça ne va pas ? je le questionne en m'approchant de lui.
- Ça allait très bien jusque-là, puisque Carita a accepté de rejoindre la
mafia.
- Mais c'est une excellente nouvelle ! Pourquoi est-ce que tu as l'air de
si mauvaise humeur alors ?
- Parce que je viens de voir un associé à moi sortir de notre manoir, là
où il y avait ma femme seule et habillée d'une robe échancrée.
- Mais... tu te rends compte de l'absurdité de tes paroles ? Je l'ai mise
pour toi cette robe !
Sa respiration commence à s'accélérer. Putain, qu'est-ce qu'il me fait ?
- Bhaltair ?
- Tu me mens en plus ?
- Tu le fais exprès ou quoi ? Regarde sur la table, il est venu déposer
un paquet de came pour toi !
Sa respiration s’accélère encore.
- Et tu vas me dire qu’il ne t'a pas regardé une seule fois dans cette
robe ?
- Si mais...
- Voilà ! s'exclame-t-il.
Je fronce les sourcils.
- Mais puisque je te dis que...
- Ta gueule !
Il commence à monter en pression. Comme il s'est immédiatement fait des
idées en voyant son associé sortir de chez nous et qu'il est malade
mentalement, il n'arrive pas à
discerner le vrai du faux. Il est persuadé que sa première impression est la
seule qui soit vraie. Et là... son œil tourne et devient blanc. Je recule
lentement derrière le comptoir de la cuisine, peu rassurée.
- Bhaltair, ça fait combien de temps que tu n'as pas pris tes
médicaments ?
- Je t'ai dit de fermer ta putain de gueule ! crie-t-il en envoyant valser
dans ma direction le saladier en verre que j'avais sorti pour ma salade
de fruits.
Je me baisse et l'évite de justesse.
- Putain, oui je vais le faire !
- Quoi ?
- Ce n'est pas à toi que je parle !
Ses voix. Merde. Il s'approche rapidement de moi, et je tourne autour du
comptoir pour l'éviter. Mon cœur loupe un bâtiment en le voyant s'emparer
du couteau qui me servait à couper les fruits.
- Bhaltair...
- Ta gueule !
Il se précipite dans ma direction et cette fois-ci, je ne parviens pas à lui
échapper. Il m'attrape par les cheveux et me jette au sol.
- Je croyais que c'était fini... je dis en retenant du mieux que je peux
mes larmes.
- T'avais tort bébé, c'est que le commencement.
Un sourire sadique se dessine sur ses lèvres tandis qu'il s'approche à
nouveau de moi, son couteau en main.
- Cette fois-ci tu vas payer pour tes conneries Neala, s'exclame-t-il.
- Je n'ai rien fait avec ce type !
Il s'agenouille à mon niveau et s'empare à nouveau de mes cheveux. Des
larmes coulent désormais le long de mes joues.
- Bhaltair...
Il resserre un peu plus sa prise et pose le couteau sous ma gorge.
- Je n'ai rien fait avec lui... je lui promets d'une petite voix.
Je le regarde droit dans les yeux, et à ce moment-là je vois un restant
d'humanité en lui, un restant de l’homme que j’ai petit à petit vu émerger
ces dernières semaines.
- Je n'ai rien fait... je répète. Je te le promets.
Il desserre un petit peu sa prise sur mes cheveux, puis la libère totalement
pour la poser sur sa tempe en fermant les yeux.
- Je n'y arrive pas Neala. Je n'arrive pas à me contrôler.
- Quoi ?
- Je te crois, mais je n'arrive pas à me contrôler ! Les voix n'arrêtent
pas de parler et... merde !
Il me pousse d'un coup par les épaules et je me retrouve allongée en dessous
de lui, son couteau juste sur mon cœur.
- J'ai besoin de te tuer...
Un mélange d’émotions que je parviens difficilement à déchiffrer lui
traverse le village. De la haine, de la colère, de l’épuisement et même de
l’angoisse.
- Résiste, je t'en prie, je l’implore.
Il secoue frénétiquement la tête en fermant les yeux. Et c'est à ce moment-là
que je me souviens que je possède également un couteau. Mais la question
est, est-ce que j'oserai m'en servir contre lui ? Je profite du fait qu'il ait les
yeux fermés pour le sortir et le faire basculer en arrière. Désormais, c'est lui
qui est allongé en dessous de moi, mon couteau pointé sur son cœur. Il a les
yeux ouverts et nos regards se croisent. Mon cœur cogne très fort dans ma
poitrine tandis que ma respiration s’accélère. Il n'arrête pas de me répéter
qu'il a besoin de me tuer. Et tandis que mes larmes coulent le long de mon
visage, c'est là que je réalise que sa maladie est en train de le ronger de
l'intérieur. Il a explosé, et la seule manière qu'il aura de se calmer sera de
me tuer, ou... de mourir.
- Vas-y, fais-le... finit-il par dire.
Je secoue frénétiquement la tête tandis que mes larmes tombent sur son
teeshirt. Je ne peux pas faire ça, je m’en sens incapable et pourtant, je sais
que c’est la seule solution. Je sens mon cœur battre toujours de plus en plus
fort dans ma poitrine et je me mords la lèvre alors que des larmes glissent
dans ma bouche entrouverte.
- Fais-le, Neala !
Il pose ses mains sur ses tempes et ferme à nouveau les yeux. Son visage est
crispé et froid à la fois, il n’avait jamais été dans un tel état avant et
j’aperçois alors réellement sa schizophrénie sur son visage. Ce mélange
d’émotions ne peut être ressenti par un homme saint d’esprit, il est malade
et il en souffre. Je ne pense même pas qu'il parviendra à m'entendre si je
parle. Et honnêtement, je ne sais pas si je parviendrais moi-même à dire
quoique ce soit. Malgré tout, je parviens quand même à murmurer.
- Je ne peux pas...
Il souffle un grand coup et ouvre les yeux. Je vois tellement de souffrance
en lui que ça me brise le cœur. Mais à ce moment-là, je vois une émotion
que je n'avais encore jamais vu auparavant. Ça ressemble à... un regard
aimant, protecteur. Et c'est là que je comprends ce qu'il cherche à me dire à
travers son regard. Un mélange de colère, de peur et d’un tel épuisement ne
peuvent signifier qu’une seule chose. Alors, je lui renvoie exactement le
même regard pour lui faire comprendre que j’ai compris ce qu’il voulait me
dire et que... moi aussi, je suis tombée amoureuse de lui. Je ne sais pas
quand ni comment c’est arrivé, mais c’est bel et bien le cas et je viens d’en
prendre conscience alors que tout est sur le point de dégénérer. Je voudrais
lui parler, mettre des mots sur mes sentiments, mais maintenant il n'arrive
plus à se contrôler et je comprends qu'il n'y parviendra pas.
- Putain, fais-le ! hurle-t-il.
- Je ne peux p...
- Merde, si tu ne me plante pas ce couteau c'est moi qui vais te tuer
Neala !
Alors, sans réfléchir une seconde de plus et tandis que mon cœur tressaute
dans ma poitrine, je ferme les yeux et enfonce la lame dans son cœur. Je
sens immédiatement son corps se détendre sous moi. Je pince mes lèvres et
ne parviens pas à ouvrir mes yeux. Malgré tout, je sens du sang contre mes
mains, beaucoup de sang. Mes larmes redoublent et un gémissement de
désespoir m'échappe. Alors que tout aurait pu bien finir et qu’un nouveau
chapitre aurait pu commencer, tout s’est emballé et nous avons perdu le
contrôle. Il n’y a plus aucun retour en arrière possible et j’en prends
pleinement conscience tandis que son sang commence à inonder le sol de la
cuisine et que je suis à deux doigts de m’étouffer dans mes propres sanglots.

Depuis notre mariage, Bhaltair n'a pas arrêté de dire qu'il finirait par me
tuer et aujourd'hui, c'est moi qui ai mis fin à ses jours.
Epilogue

3 ans plus tard


- Je vais vraiment finir par l'égorger.
- C'est ton fils, Neala, pas un larbin. Calme tes pulsions tu veux ?
Je m'essuie le front comme s’il y avait de la sueur sur celui-ci et ramasse le
jouet sur lequel je viens de trébucher. Carita me regarde en buvant un café,
un sourire amusé aux lèvres. C'est elle, la chef de la mafia depuis que j'ai
mis fin aux jours de Bhaltair. Ça me fait encore bizarre de me le dire. Mais
en fin de compte, je pense que c'est comme cela que ça devait finir. Il m'a
tellement fait souffrir durant notre vie commune que ça n'aurait jamais pu
être équitable entre nous. Bien sûr, c'est la personne avec qui j’ai ressenti
tout ce que je ne ressentirai plus jamais, mais ainsi va la vie
malheureusement. Il aurait piqué d'autres crises et aurait fini par me tuer un
jour ou l'autre. Il savait qu'il finirait par me faire du mal et a préféré se
sacrifier pour me sauver de lui-même. C'est ironique à dire, mais je
considère cet homme comme mon héros. Je soupire et appelle mon fils.
- Elías, viens ici !
Un peu plus d'un mois après que j'ai tué Bhaltair, j'ai découvert que j'étais
enceinte de lui et cette nouvelle m'a vraiment donné du baume au cœur, ça
m'a remonté le moral. Je ne serais plus en vie aujourd'hui sans Elías, j'étais
comme morte à l'intérieur et je ne me rappelle quasiment plus des jours qui
ont suivi le décès de Bhaltair. Je me souviens seulement de tout le chagrin
et de toute la peine qui m’ont submergé et ne m’ont pas quitté pendant des
semaines durant. Je me suis sentie tellement vide que j’ai voulu mettre fin à
mes jours. L'enfant qu'il m'a donné m'a sauvé, mon fils et son père m'ont
sauvé. En fait, ma famille m'a sauvé. Elías se ramène, un grand sourire aux
lèvres. Je lui donne son jouet en fronçant les sourcils.
- J'ai failli trébucher en marchant là-dessus !
- Je sais, c'est pour ça que je l'ai mis là.
Je lève les yeux au ciel. Ce n'est pas la première fois qu'il fait un truc
comme ça, disons qu’il est bien le fils de son père. Evidemment, je lui ai
apporté un suivi psychologique dès qu'il a eu l'âge de parler. Il a les gènes
de son père, un homme schizophrène atteint de démences, de psychoses... et
je ne suis pas un exemple non plus. Je pars souvent tuer, c'est à ces
moments-là que je me sens le plus proche de Bhaltair, comme s'il était
encore avec moi.
- Sale môme, fait Carita à mes côtés tandis que celui-ci vient de s'en
aller.
- Je ne te le fais pas dire. Il deviendra un chef intransigeant.
- Mmh, espérons qu'il n'essaiera pas de te tuer.
Un rire m'échappe.
- C'est mon fils et non Bhaltair, je te rappelle.
- Mouais, c'est quand même son fils à lui aussi. Tu devrais l'envoyer
faire un tour dans l'aquarium de Hiomakone.
Un rire m'échappe à nouveau tandis que je secoue la tête. Carita est
rapidement devenue une amie très proche. Elle et moi ainsi que Nina, nous
contrôlons la mafia d'une main de fer. Les hommes nous respectent et c'est
plutôt agréable. Et puis, quand mon homme me manque, je vais me
recueillir sur sa tombe. Ou alors, je n'ai qu'à remonter mon haut et regarder
la marque qu'il a laissé sur le bas de mon ventre. Il sera à vie avec moi, j'ai
envie de dire. Ça me réconforte un petit peu quand je suis au plus bas.
- Je compte passer sur la tombe de Bhaltair, tu viens avec moi ? je
propose à Carita.
Elle secoue négativement la tête.
- Non, j'ai des trucs à faire.
- Bon, comme tu veux.
Je mets une veste car il fait assez froid, et sors à l'extérieur. Je prends mes
clés de voiture et déverrouille une certaine Lamborghini violette éraflée sur
la portière côté conducteur. Je m'assois derrière le volant et conduis jusqu'au
cimetière Mulligan, là où tous les mafieux et mafieuses de la famille sont
enterrés depuis de nombreuses générations. Quand j'y arrive, je me gare et
sors de la voiture puis marche jusqu'à la fameuse tombe, tout en riant en
passant devant celle de Carita qui n'a toujours pas été retirée. « Je suis
comme l'ancienne Taylor Swift, mon ancienne moi est morte alors ça ne me
dérange pas de laisser la tombe ici », m'a-t-elle un jour dit. Je m'agenouille
devant celle de Bhaltair et porte une main au pendentif qu'il m'a offert, dont
je ne me suis jamais séparée depuis plus de trois ans.
- Hey, Bhaltair... comment vas-tu en bas ? Pas trop chaud ? Hier avec
Carita et Nina, nous sommes allées nous occuper d'un gang ennemi
qui commençait à vendre leur came sur nos territoires. Eh bien je
peux te dire qu'ils n'ont pas prévu de continuer leur petit manège
après notre visite ! Ta sœur est réellement impressionnante quand elle
s'y met, heureusement qu'elle n'est pas allée au bout de son projet de
t'exécuter.
Je soupire tandis qu'une brise vient me caresser le visage. Je repense à ce
moment où juste avant de mourir, il m'a lancé un regard me faisant
comprendre qu'il m'aimait, que je lui ai par la suite rendu. J'aurais adoré que
nous puissions nous le dire de vive voix, mais nous n'en avons
malheureusement pas eu le temps. Je me tourne à nouveau vers sa tombe.
- Et concernant ton fils, je me rends compte qu'il prend de plus en plus
la même voie que toi. Même si pour le moment il a seulement été
diagnostiqué atteint de troubles psychotiques, je suis persuadée qu'il
pourrait devenir psychopathe. Tu sais, incapable de ressentir le
moindre sentiment. Je me demande comment il va
évoluer, mais en tout cas il fera tout aussi peur que toi quand il en
aura l'âge.
Je cueille une fleur juste à côté et la dépose sur sa tombe.
- Enfin voilà quoi, rien de nouveau, la routine. Il n'y a pas un jour qui
passe sans que je ne pense à toi et à la manière tragique dont ça s'est
terminé. Mais je n'ai pas envie d'en pleurer. Je ne suis pas
malheureuse, à vrai dire. J'ai l'impression que tu es toujours avec moi
par moment, et ça me réconforte. Je sais que si ça n'avait pas été moi
qui t'avais tué, c'est toi qui aurais mis fin à mes jours. C'est comme ça
que ça devait finir, pas vrai ? L'un est destiné à vivre et l'autre à
mourir. Peut-être que nous aurions été beaucoup trop puissants
ensemble et que c'est pour cela qu'il a fallu que je te tue, qu'en
penses-tu ?
Je souris tristement tandis qu'une larme solitaire coule le long de ma joue.
Bhaltair aura été le seul à me faire vivre tout ce que nous avons vécu
ensemble, du bon comme du mauvais, mais surtout du bon. Il sera le seul
homme de ma vie, tout simplement car il sera à jamais le seul à avoir aimé
mon côté sombre et le seul à m'avoir montré comment m'en servir. Je ne
m'en suis pas rendue compte à l'époque, mais il m'a aidé à m'épanouir en
quelques sortes, à prendre conscience de celle que je suis réellement. Avant,
j'étais du genre à pleurer à cause d'une remarque de mon père sur mon
physique. Maintenant, je tuerais la moindre personne qui m’en ferait une. Et
il est avec moi dans ces moments-là. Je le sais, je le sens, et ça me fait du
bien. On ne m'aurait jamais prise au sérieux au départ et tout simplement
car, comment m'a-t-il dit déjà ?

J'étais la poupée de la mafia.


Fin.

Découvrez désormais le premier chapitre de « The Mafia’s Wedding », le


spin off de « The Mafia’s Doll » sur le fils de Neala et Bhaltair, Elías,
disponible dans les mois à venir en version papier et Kindle.

Chapitre 1

Elías

De nombreuses années plus tard


- Bonjour monsieur, fait un homme en se baissant comme si j'étais un
roi.
Remarque, c'est un peu ce que je suis. Hier, j'ai tout juste eu 21 ans. Je suis
allé le fêter dans une boîte de nuit et je me suis tapé trois stripteaseuses en
même temps, Elías Mulligan ne fait jamais dans le classique. Étant le
prochain successeur légal des Mulligan, je suis celui qui reprend le titre de
chef aujourd'hui. Mon père étant mort, ma mère n'ayant plus l'envie
mordante de s'en occuper et ma tante Carita, la sœur de mon père, ayant une
fille de 17 ans donc trop jeune pour reprendre le titre, il n'y avait pas d'autre
option que moi. Et ça me convient parfaitement. Je suis fait pour régner sur
quelque chose.
Qui dit chef, dit aussi mariage. Aujourd'hui, j'épouse la fille de la mafia
Norvégienne pour conclure une entente entre nos deux pays souvent en
guerre par le passé. J'ai aperçu une photo d'elle, et c'est une déesse. Je
compte bien prendre mon pied avec elle, enfin toujours « si elle en a envie,
bien sûr » comme me l'a si bien répété ma mère.
Tiens, parlons-en de ma mère. Neala Mulligan. Cette femme a su se
montrer téméraire et affronter la maladie avec moi. Elle a tué mon père un
matin alors qu'il faisait une crise de schizophrénie et bien que je ne sois pas
atteint de la même chose que lui, je souffre de démences et ça m'arrive
souvent de faire des crises psychotiques, peut-être parce que ma mère était
enceinte de moi au moment où mon père l'a fait souffrir. Elle a été là pour
moi alors que les maladies me rongeaient, alors que je tentais de lui faire du
mal pour me sentir bien, et aujourd'hui je serais sans doute devenu aussi
cinglé que mon père si elle n'avait pas été là, bien qu'elle me gratifie
toujours d'une claque derrière la tête à chaque fois que j'utilise ce terme
pour le décrire.
Elle m'a parlé de lui, mon père. Cet homme schizophrène et bien plus
encore, Bhaltair Mulligan. Et pour être honnête, elle aura beau me
l'expliquer dix mille fois, je ne parviendrai jamais à comprendre comment
est-ce qu'elle a pu tomber amoureuse de lui. Je ne suis pas un saint, je tue et
je torture et parfois rien que par plaisir, mais ma mère m'a appris à ne
jamais toucher aux femmes, sauf bien évidement si celles-ci sont des
ennemies ou s'en prennent à moi les premières. Elle, elle a beaucoup
souffert avec mon père. Bien qu'il ne l'ait jamais frappé par peur de
l'abimer, il lui a fait bien pire. Je pense notamment à cette cicatrice qu'elle a
sur le ventre, où on peut distinctement y lire le prénom de mon père. Elle dit
qu'il lui tient compagnie, et je la trouve folle. Ma mère, elle aussi est
schizophrène. C'est un stade beaucoup moins avancé que celui de mon père
apparemment, mais ça lui arrive parfois d'entendre des voix.
A ma connaissance, elle ne s'est jamais remise en couple avec aucun autre
homme. Elle a déjà flirté mais sois ils la trouvaient dérangée, sois ils
jugeaient ce « côté sombre » que semble abriter chaque membre de cette
famille.
- Alors, prêt à devenir un homme ? lance Liris, ma cousine et aussi la
fille de Carita.
- Ce n’est pas moi le puceau ici, pucelle.
- Mouais, ceci est la réaction typique d'un gamin de douze ans.
- Ferme ta gueule, sinon je te fais le même tatouage que ta mère.
- Le même tat... ?
Au moment où elle semble comprendre, Carita arrive. Quand il était petit,
mon père
pensait avoir assassiné sa sœur en lui tranchant la carotide, mais elle est
restée en vie et depuis, elle se balade avec une belle cicatrice sur le cou.
- Va prendre ta place, Liris.
Puis ma tante se tourne vers moi.
- Et toi, ta mère t’attend à côté de l'estrade alors va la rejoindre au lieu
de raconter des conneries à ma fille.
Un rire m'échappe tandis que ma cousine me montre son majeur. Puis, je me
dirige là où Carita me l'a indiqué. J'y retrouve ma mère, vêtue d'une longue
robe rouge qui lui va vraiment bien.
- Elías, fait-elle.
Elle s'approche de moi et réajuste mon costume. Je l'éloigne, pas très fan du
contact physique, et remarque qu'elle est sur le point de pleurer.
- Il y a un souci ?
Un sourire triste prend place sur ses lèvres.
- Ça me rappelle des souvenirs, tout ça. Je ne savais pas tout ce qui
m'attendait le jour où je me suis mariée avec ton père.
Un petit rire lui échappe.
- Ça y est, aujourd'hui Carita te cède officiellement le rôle de chef.
Je hoche la tête.
- Je suis désolée de ne pas avoir pu faire supprimer cette tradition du
mariage avant de pouvoir prendre le pouvoir. Certains considéraient
cela beaucoup trop important pour être retiré. Et en plus, ça existe
depuis des générations.
Une larme solitaire roule le long de sa joue.
- Ne pleure pas, tu sais que tout le monde sera à mes pieds. Du moins
encore plus qu'ils ne le sont déjà maintenant.
- Je ne sais pas si cet ego surdimensionné que tu possèdes depuis que
tu es petit
me plaît ou si au contraire je le trouve ahurissant.
Elle semble réfléchir, puis reprend la parole.
- Oui, c'est ça.
- Quoi ?
- Je... ce n'était pas à toi que je m'adressais.
Elle me fait un grand sourire.
- Fais-moi plaisir et même si tu ne l'aimes pas, ne rends pas cette
femme malheureuse.
- Et pourquoi pas ? Apparemment ça a fonctionné pour toi, je lance,
moqueur.
Elle lève les yeux au ciel en souriant à nouveau.
- Elle n'est pas comme moi.
Je hoche la tête. Elle me salue, puis part s'assoir à la table de Carita, Liris,
leur amie Nina et Valtteri, son fils, ainsi que les parents de ma futur épouse.
La table d'honneur. Je monte sur l'estrade, et c'est là que je vois ma future
femme arriver. Elle est grande, elle ressemble à un mannequin et ses
cheveux noirs font ressortir ses yeux noisette. Elle aussi semble me
détailler. Puis, elle me lance un regard entendu, je suis son style. Un sourire
vient prendre place sur mes lèvres et tandis que l'on nous officie, nous nous
fixons droit dans les yeux.
- Comment est-ce que tu t'appelles ? je lui demande discrètement.
- Nous allons nous marier et tu ne connais même pas mon prénom ? Je
connais jusqu'aux prénoms de tes grands-pères, tués par des gangs
ennemis. Tu étais au courant de ça au moins ?
- Comment est-ce que tu t'appelles ? je répète, un sourire amusé aux
lèvres.
- Eeva. Je m'appelle Eeva.
Je hoche tranquillement la tête.
- Vous pouvez embrasser la mariée, j'entends soudain.
Ni une ni deux, sans aucune pudeur, j'attrape le visage de ma femme en
mains et scelle
ses lèvres aux miennes dans un baiser ardent qui promet un avenir sauvage,
excitant et surtout rempli d'aventures. Des sifflements retentissent et lorsque
je m'éloigne d'elle, je croise le regard de ma mère, qui sourit encore et
semble avoir séché ses larmes. Elle a compris que mon épouse vierge et moi
risquons de tellement bien nous entendre que les murs en trembleront ce
soir...
Remerciements

Bien évidemment, je ne pouvais pas terminer ce livre sans un mot de


remerciement pour les milliers de lecteurs qui ont d’abord suivi la
publication de ce livre sur Wattpad. Chaque commentaire, chaque petit
message attentionné et même chaque lecture m’a motivé à le poursuivre et à
le publier en version papier et Kindle. Ça parait presque bête à dire, mais
sans Wattpad et ses lecteurs, je ne serais rien et je n’aurais jamais publié
ne serait-ce que l’un de mes livres. Alors du fond du cœur, un grand merci.
Et à ces quelques personnes dont je vais citer le prénom, sachez que vous
êtes les lectrices qui m’ont le plus marqué et que je me dois donc de vous
mentionner : Tara, Mel, Clémence et Clara...
Merci.

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