The Mafia's Doll
The Mafia's Doll
The Mafia's Doll
Prologue
Neala
Il m'attrape par les cheveux et me jette au sol.
- Je croyais que c'était fini... je dis en retenant du mieux que je peux
mes larmes.
- T'avais tort bébé, c'est que le commencement.
Un sourire sadique se dessine sur ses lèvres tandis qu'il s'approche à
nouveau de moi, son couteau en main.
- Cette fois-ci tu vas payer pour tes conneries Neala, s'exclame-t-il.
Chapitre1
Bhaltair
Étrangle-la.
Non, pas maintenant. Plus je vois ma future femme arriver, plus j'ai envie
de la tuer. Et apparemment, les voix dans ma tête pensent la même chose.
Fais-la s'étouffer dans son propre sang.
Patience... un jour viendra où je lui ferai sa fête à cette pute. Je me passe
une main dans les cheveux tout en fermant les yeux. J'ai vraiment besoin de
me calmer. Si ça commence comme ça, je lui laisse à peine quelques
heures. Quand elle arrive à ma hauteur, je balaye son corps du regard de
haut en bas. Au moins, je prendrai mon pied au pieu, bien que j'ai tendance
à tuer les femmes après avoir couché avec. Je ne sais pas pourquoi je
ressens le besoin de leur ôter la vie. Elle relève son voile et je peux voir son
visage. Elle a des traits fins. Je pense qu'elle est du genre à attirer le regard
des hommes. Malheureusement, je ne suis pas vraiment du genre partageur
avec ce qui m'appartient. Un mec commence à réciter les vœux. Je ne
l'écoute pas et laisse mon regard traîner sur la foule présente. Tous des
beaux abrutis. Surtout mon père, assis tout devant. Je parie qu'il est bien
content d'avoir assis son gros corps pour une fois. Je lui succède aujourd'hui
au rôle de chef de la mafia finlandaise, je pense que je vais le tuer. Il a tué
ma mère sous mes propres yeux quand j'avais six ou sept ans alors je ne
vois pas pourquoi je ne pourrais pas à mon tour lui ôter la vie. Et pourquoi
pas devant ma nouvelle épouse.
- Vous pouvez embrasser la mariée.
Je suis tiré de mes pensées à ces mots. Il faut vraiment que je l'embrasse ?
Pousse-la.
Oui, c'est vrai que je suis tenté de lui faire du mal. Mais pour le moment, je
vais faire de moi ce que l'on attend. Je dépose donc un rapide baisé sur ses
lèvres, ce qui a l'air de suffire au monde présent puisque ces abrutis
commencent à applaudir.
- Prends la mariée par la main ! lance quelqu'un dans la foule.
Elle me regarde.
Crève-lui les yeux.
Attends, j'ai encore le temps pour faire ce genre de choses... pourquoi tout
précipiter maintenant ? J'attrape mon épouse par la main pour la diriger
jusqu'à notre table. Celle où il y a également mon père, le sien et sa mère.
- Alors, je t'avais dit qu'elle était belle ! lance mon père.
Putain ce que j'aimerais prendre ma fourchette et la lui planter dans la main.
Et puis je m'en fou qu'elle soit belle ou non, de toute façon elle ne passera
pas le mois, j'en suis persuadé.
- Et ce soir c'est la nuit de noce, alors tu sais ce que ça veut dire.
Je lui réponds d'un bref hochement de tête. J'ai envie qu'il ferme sa bouche.
Il se tourne vers les parents de mon épouse.
- En tout cas, je suis rassuré. La descendance de mon fils et votre fille
sera magnifique et je suis sûr qu'ils dirigeront la mafia d'une main de
fer.
Et à partir de ce moment-là, je décide d'arrêter d'écouter. Je bloque mes
pensées. Je me vois sortir mon arme et tirer sur tous les invités. Je vois du
sang, partout, des corps jonchant le sol par dizaine. Ouais, c'est bon ça...
- Bhaltair, tu m'écoutes ?
Tout le sang disparaît tandis que je reviens à la réalité. J'interroge mon
minable de père du regard.
- Est-ce que tu as pris tes médicaments aujourd'hui ?
Je secoue négativement la tête. Déjà que l'on me force à me marier, on ne
va pas en plus m'obliger à avaler ces trucs dégueulasses. Je sens les yeux de
mon épouse sur moi. Je me tourne vers elle et lui lance un regard dénué
d'expression. Un regard signifiant si peu et tellement en même temps...
Neala
Habillée d'une robe légère, je retrouve tous les invités dans la grande pièce.
Que se passe-t-il ? questionne une personne que je n'avais encore
jamais vu. N'est-elle pas censée passer la nuit avec son époux ?
- Bhaltair a encore fait une crise. Si elle était restée plus longtemps, il
l'aurait tué, l’informe son père.
Il dit ça comme si c'était la chose la plus banale du monde alors que je suis
à deux doigts de faire une crise de panique. Je fais partie de la mafia, certes,
mais je ne suis pas habituée à être agressée de la sorte ! On m'a toujours
couverte pour s'assurer que je serai parfaitement mariable. Et maintenant
que c'est fait, je me demande si je n'aurais pas préféré avoir déjà connu la
douleur, car c'est clair que je vais en subir très souvent avec Bhaltair. Je pars
m'assoir à côté de ma mère, la seule personne qui tient un minimum à moi
ici. Ça va être dur de la quitter, même si je sais qu'elle suit les idéaux de
mon père, peut-être plus par crainte que par réelle conviction d'ailleurs. Dès
que je suis assise à ses côtés, elle me lance un regard compatissant.
- Ça va ? demande-t-elle en jetant un coup d’œil à mon cou.
- Oui, tout va bien, je réponds calmement.
J'aimerais la supplier de renoncer à ce mariage, lui dire que je suis encore
vierge et que rien n'est donc perdu, mais au fond je connais déjà la réponse.
Et puis de toute façon, ce n'est pas à elle que revient la décision. Mon père
et celui de Bhaltair viennent s'assoir à nos côtés.
- Je suis vraiment navré de ce qu'il se passe, dit son père.
Il parle de l'arrangement entre eux. Tant que je serai toujours vierge, il est
impossible qu'il soit considéré comme « pacté ».
- Bhaltair a toujours été un gamin bizarre. Déjà petit, il adorait aller
dans la chambre de nos hommes pour les égorger. J'étais content, je
me disais qu'il deviendrait un chef excellent et sans pitié. Sauf qu'en
fait, il est vraiment étrange, et je me demande s'il dirigera la mafia
correctement. J'ai un gros doute.
- C'est clair qu'il est complément givré, mais ça repousse les ennemis,
dit mon père.
- Il va me tuer... je murmure.
Le père de Bhaltair ainsi que mes parents se tournent vers moi.
- Qu'est-ce que tu as dit ? demande mon père.
- Il va me tuer, je répète plus fort cette fois-ci.
Le père de Bhaltair souffle, exaspéré.
- Tu pourrais apprendre à ta fille à fermer sa gueule ?
- D'habitude elle ne l'ouvre pas autant, dit mon père. Sois un peu
silencieuse Neala, prends exemple sur ta mère.
Je jette un coup d'œil à cette dernière. Celle-ci ne dit rien et se contente de
sourire. En gros, ils veulent que je me transforme en bijou de luxe. Je me
lève, ne voulant pas en rajouter, et me dirige vers le buffet pour aller me
servir un verre de champagne.
- Alors, dure soirée ? fait un homme en s'approchant de moi, me
caressant le bras du dos de l'index.
- Ouais, je réponds simplement en m'éloignant de lui.
Mais il se rapproche.
- Dites-moi, il me semble que vous avez froid, je peux...
Il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'une balle vient lui transpercer le
crâne. Je lâche ma coupe sous le cou de la surprise et porte ma main à ma
bouche en laissant un cri d’horreur m'échapper. Je relève la tête, comme
tous les invités, et en haut des escaliers qui mènent à la salle, Bhaltair se
tient debout, son arme encore pointée sur l'homme qu'il vient de descendre.
- Je déteste devoir me répéter, dit-il. On ne touche pas à ce qui
m'appartient, c'est bien clair !?
Bhaltair
Tue-les tous.
Perché en haut des escaliers, je baisse enfin mon arme et la range. Je
descends les marches une à une et m'approche du cadavre du type, sous le
regard de tous les invités, y compris celui de celle que je suis censé appeler
« ma femme ». Ouais, c'est clair que je devrais tous les buter. Je sors mon
couteau de ma poche, et l'approche du torse du cadavre. Je l'enfonce d'un
coup et découpe précisément. Je fais un trou tout autour de son cœur et
retire la peau. Dos à la salle, personne ne voit ce que je suis en train de
faire. Je m'empare d'un coup du cœur et tire dessus pour l'arracher. Il cède
assez facilement et une fois qu'il est totalement détaché du reste du corps, je
me redresse lentement, très lentement, et me tourne vers les invités.
Certaines femmes portent leurs mains à leur bouche en voyant ce que je
tiens. Je m'approche d'une table d'hommes, et le colle sous le nez de l'un
d'entre eux.
- Tu veux baiser ce qui m'appartient toi ?
Il secoue précipitamment la tête alors que je hoche la mienne.
- Ouais, c'est bien ce que je pensais. Et toi ?
Je glisse le cœur sous le nez d'un autre homme.
- Non, bien sûr que non.
- Mmh, c'est bien, c'est bien.
Je jette le cœur par terre et essuie mes mains pleines de sang sur mon
costard noir.
- J'espère réellement que je n'aurai pas à me répéter.
En fait si, qu'ils le fassent, ça me donnera une raison valable de les buter.
- Maintenant dégagez tous de chez moi, la fête est finie.
Les invités se lancent des regards alors je prends mon flingue et tire en l'air.
- J'ai dit dégagez de chez moi !
Tout le monde se lève assez brusquement et commence à prendre le chemin
de la sortie. Mon père et celui de mon épouse se précipitent vers moi. Je
lance un regard noir au mien.
- Je déteste que tu m'enfonces cette merde dans le bras. Maintenant
que je suis le chef, je t'ordonne de ne plus jamais recommencer, c'est
clair ?
- Il faut à tout prix qu'elle reste en vie, dit-il sans même relever ce que
je viens de dire. Sinon une guerre pourrait éclater.
- Je n’en ai rien à branler de ta guerre, mais alors à un point dont tu
n'as même pas idée. Maintenant vous aussi, vous allez dégager de
chez moi, et pas dans cinq ans.
Ils échangent un regard mais finissent tout de même par se barrer. Petit à
petit, le manoir se retrouve vide, excepté moi et mon épouse, alors je me
tourne vers elle.
- Monte dans la chambre, je lui ordonne.
- Pourquoi ? demande-t-elle d'une voix tremblante.
Putain mais pourquoi est-ce qu'elle n’obéit pas ?? Je sens que ma raison
commence à se barrer.
Défonce-lui la gueule.
- Ouais, c'est complètement ce qu'elle mérite.
- Quoi ?
- Ce n’est pas à toi que je parle.
- Mais... il n'y a plus que nous deux.
Pourquoi est-ce qu'elle cherche à avoir le dernier mot bordel !? J'attrape la
première chose qui me tombe sous la main, c'est-à-dire une assiette, et la lui
balance dessus. Elle l'évite de justesse avec un cri de surprise.
- Monte dans la putain de chambre ! je hurle.
Cette fois-ci, elle ne répond pas et se précipite en courant vers l'étage, là où
il y a la chambre. Je ramasse une serviette, m'éponge le front avec et la
repose. Les domestiques s'occuperont de nettoyer tout ce carnage, ils ont
l'habitude avec moi. Je marche jusqu'à l'escalier, gravis les marches une à
une et une fois en haut, m'avance jusqu'en direction de la chambre que je
vais désormais devoir partager avec elle. Puis, je pénètre à l'intérieur de
celle-ci.
Chapitre 4
Neala
Il a refait ce truc avec son œil droit. Il est devenu presque blanc tellement sa
pupille se barrait vers le haut de la paupière. C'est flippant, et c'est pour ça
que lorsqu’il m'a ordonné de me rendre dans la chambre, je l'ai fait sans
broncher. Mais maintenant, j'ai peur de ce qu'il va se passer. Quand la porte
s'ouvre, je fixe mon regard sur le sol. Il entre, mais contrairement à ce que
je pensais, il ne me calcule pas et part s'enfermer dans la salle de bain en
claquant la porte. Je me lève donc du lit sur lequel j'étais assise et
commence à faire les cents pas dans la chambre. J'aimerais bien en sortir,
mais j'ai peur de sa réaction. Mes yeux s'arrêtent sur une photo dépassant
d'un tiroir. Je jette un coup d'œil vers la salle de bain, qui est toujours
fermée, alors je me retourne vers le tiroir et m’empare la photo. Dessus, on
y voit Bhaltair et son père, plus jeunes d'au moins une dizaine d'années, et
deux femmes. Enfin, une femme et une jeune fille. J'imagine que la femme
est sa mère, par contre je n'ai pas la moindre idée de qui peut être la fille.
- On ne t'a jamais appris à respecter la vie privée ? retentit une voix
glaciale derrière moi.
Je me fige instantanément et ne dis rien. Je repose délicatement la photo à
sa place et me retourne en tremblant.
- Tu sais, sur cette photo deux personnes sont mortes, dit-il. Ma mère,
que mon père a tué, et ma sœur, que j'ai tué.
Un frisson me parcourt le corps à l'annonce de ses derniers mots.
- Tu as... pourquoi ?
- Tu n'as pas encore compris que j'ai un souci avec les femmes ?
Je déglutis péniblement et ne dis rien.
- Tu vas me tuer ? je demande.
- Tant que tu ne me mets pas hors de moi et que je ne te touche pas, ça
devrait aller.
Son regard froid ne me dit rien qui vaille. Je sens qu'avoir cette
conversation avec moi est déjà très compliqué pour lui, mais je me risque à
lui poser une dernière question.
- Et pourquoi est-ce que tu ne me tues pas ?
Il inspire profondément avant de répondre.
- Si je ne suis pas marié, je ne peux pas être chef, et si je ne suis pas
chef, je ne peux pas tuer mon père sans que ça ne me retombe dessus.
C'est donc la seule raison pour laquelle je suis encore en vie, parce qu’il
veut tuer son père ? Je me contente de hocher la tête. Cette journée a été
épuisante pour moi, et je n’ai qu’une envie, c’est de dormir. Lentement, je
me lève et me dirige vers la salle de bain, là où un pyjama est normalement
censé m'attendre, et comme je remarque qu'il ne dit rien, je m'y précipite
rapidement. Une fois à l'intérieur, je m'enferme et souffle un grand cou. Je
suis mariée avec une espèce de psychopathe sans cœur et cruel, qui tue sa
propre famille. Comment est-ce que je peux relativiser dans tout ça ? Je
retire ma robe, enfile la nuisette qui repose sur l'étendoir et me démaquille,
puis passe de l'eau sur mon visage. Il va falloir que je ressorte pour aller me
mettre sous les draps maintenant. J'inspire à nouveau une grande bouffée
d’air. Je peux le faire. J'attends encore une petite minute et décide
finalement de sortir. A ma grande surprise, Bhaltair est lui-même déjà
couché. Je m'approche donc discrètement de lui et soulève le drap. Je me
glisse dessous en tentant de faire le moins de bruit possible. J'éteins la
lumière grâce à l'interrupteur juste au-dessus de ma table de chevet et tente
tant bien que mal de fermer les yeux. J'espère juste une chose, c'est d'être
toujours en vie demain matin.
**
Quand je me réveille le lendemain, je remarque que Bhaltair n'est plus là.
C'est loin de me déplaire, évidemment. Sauf que ce qui est étrange, c'est que
j'entends des gémissements provenir de la salle de bain. Je m'en approche
et, discrètement, entrouvre la porte. Oh, mon Dieu. Bhaltair est en train de
coucher avec une femme, qui a l'air d'adorer se faire prendre avec violence
contre le lavabo. Dégoûtée par cette vue rebutante, je m'apprête à refermer
la porte et faire comme si je n'avais rien vu lorsque je le vois sortir
discrètement un couteau de sa poche. La femme, dos à lui, ne le voit pas
venir et avant que je n'ai le temps de réaliser ce qu’il se passe, il le lui
enfonce dans le dos. Elle hurle de douleur, tandis qu'il le retire et l'enfonce à
nouveau. Elle essaye de se retourner mais n'y arrive pas, piégée par le corps
de mon mari.
Il répète ce geste au moins une dizaine de fois, jusqu'à ce qu'elle ne bouge
plus, baignant dans son propre sang. Je porte une main à ma bouche. Plus
les heures passent, et plus je comprends que ma survie avec cet homme va
être compliquée. Je me souviens de ce qu'il m'a dit hier soir « tant que tu ne
me mets pas hors de moi et que je ne te touche pas, ça devrait aller ». Pour
le coup, c'est clair que je ne le tenterai pas de me toucher. Soudain, la porte
contre laquelle je suis appuyée grince et il tourne immédiatement la tête
dans ma direction. Je n'ai pas le temps de la refermer et prétendre que je n'ai
rien vu, c'est trop tard. Il a sauvagement assassiné cette pauvre femme, et il
n'a pas l'air d'avoir une once de regret. En même temps pourquoi en aurait-il
? C'est un psychopathe. Il s'éloigne du cadavre, qui est déjà la troisième
personne qu'il tue sous mon nez en moins de 24 heures, et s'approche
dangereusement de moi. Je m'éloigne. J'essaye d'aller le plus loin possible
de cet individu mais j'ai à peine fait quelques pas qu'il m'attrape par le bras
pour me maintenir proche de lui.
- Qu'est-ce que tu fous à me regarder baiser ?
Voyant mon affolement, il ajoute :
- Arrête de chialer, j'ai déjà envie de t'ouvrir le ventre.
- Je...
- T'as d'la chance que je vienne de tuer, sinon j'aurais déjà pété un
câble et je t'aurais égorgé.
Il me lâche brusquement, me faisant tomber par terre, et quitte la chambre
en claquant la porte. Et que va-t-il advenir de ce cadavre ? Je ne me pose
pas plus longtemps la question puisque deux hommes, qui ressemblent à
des soldats, viennent et se dirigent vers la salle de bain sans me calculer.
Je reste sur le sol pendant une bonne quinzaine de minutes avant de me
relever. Je m'empare de mon téléphone et envoie un message à mon père. «
Il a tué une femme juste sous mon nez, je vais y passer dans la semaine si
ce n'est même aujourd'hui ». J'aperçois qu'il lit immédiatement mon
message, mais il ne me répond pas. Je soupire et une larme solitaire coule le
long de ma joue. Il faut que je sorte d'ici, j'ai besoin de prendre l'air, c'est
impératif. Je m'habille rapidement, m'attache les cheveux et sors de la
chambre à pas de loup. Il y a une forêt d'une centaine d'hectares qui entoure
le manoir, alors je peux me promener dedans sans garde du corps ni rien. Je
descends les marches, traverse la salle commune où Bhaltair a arraché le
cœur de l'homme hier soir, et j'arrive enfin dans le hall. Je m'empare de ma
veste et ouvre la porte mais évidemment à ce moment-là, j'entends des pas
arriver dans mon dos.
Chapitre 5
Bhaltair
Sers son cou jusqu'à ce que ses yeux deviennent blancs et son teint livide.
Pourquoi est-ce qu'elle veut sortir alors que je lui ai dit de rester ici ? Elle
cherche à ce que je lui fasse du mal, en fait.
- Tu veux que je te frappe pour t'obliger à rester avec moi, c'est ça ?
Pas de souci.
Ma main s'apprête à attraper son cou mais elle m'évite de justesse et s'enfuit
en courant dans le couloir. Je ne vais pas la louper. Un rire s'échappe
soudain de ma bouche. Elle n'a pas la clé de la chambre, ce qui veut dire
qu'elle ne peut pas entrer dans l'ascenseur, et donc qu'elle est bloquée ici à
cet étage avec moi... elle court vite pendant que je me contente de la suivre
en marchant. Je sors mon flingue, dirigé par une force que je n'arrive pas à
contrôler, et le fais tourner entre mes mains. Quand elle se rend compte
qu'elle court droit dans un cul-de-sac, je l'entends commencer à pleurer. Elle
se laisse
glisser contre l'ascenseur et me regarde d'un air suppliant.
Arrache-lui les yeux.
- Elle ne mérite que ça.
Elle fronce les sourcils, ne comprenant pas de quoi je parle. Je m'agenouille
pour être à sa hauteur, pose une main à côté de sa tête contre l'ascenseur, et
plaque mon flingue sur sa tempe tout en la regardant droit dans les yeux.
- Ça te fait plaisir de me foutre en rogne ? Ou alors tu kiffes te sentir
menacée en permanence, dis-moi ?
Elle secoue énergiquement la tête de gauche à droite.
- Je voulais juste...
Je frappe un grand coup à côté de sa tête, désormais à bout de nerfs.
- Ferme ta gueule.
Et soudain dans un élan de rage, elle me pousse, ce qui me fait tomber en
arrière. Elle en profite pour prendre ma carte de chambre pour pouvoir
déverrouiller l'ascenseur. Le temps que je me relève et que je l'atteigne, les
portes se sont déjà refermées derrière elle.
- Putain...
Mon corps est pris de tremblements de rage. Dominé par ma conscience, je
m'explose la tête contre le mur. Je sens immédiatement un liquide rouge
couler le long de ma tempe. Je retourne précipitamment vers la chambre
dans laquelle avait lieu mon rendez-vous tout en prévenant le gérant de
l'hôtel de verrouiller toutes les issues.
- Donnez-moi une carte de chambre !
Ces bouffons se regardent tous en s'échangeant des regards. Je me frotte les
tempes tout en fermant les yeux. Ils ont tous décidé de me faire péter un
câble aujourd'hui. Je brandis mon flingue, et les troue tous les quatre d'une
balle en pleine tête. Je fouille le premier et m'empare de sa carte. Je cours
jusqu'à l'ascenseur malgré mes vertiges et la sueur qui commence à perler le
long de mon front, et entre dans l'ascenseur. Quand les portes se referment,
il commence à descendre mais beaucoup trop lentement. Je passe mes
mains dans mes cheveux de manière hystérique sans m'arrêter, presque au
point de mes les arracher. Je ne vois pas bien du tout, mais c'est la rage qui
me guide.
Troue-lui le crâne à cette salope.
- Oui, c'est tout ce qu'elle mérite.
Non, tu dois la torturer d'abord.
- Je crois que j'ai une idée.
Fais-la regretter de t'avoir manqué de respect.
- J'y compte bien.
Quand les portes de l'ascenseur s'ouvrent enfin, je la vois en train de tirer
sur les portes d’entrée comme si sa vie en dépendait. En fait c'est vrai, sa
vie en dépend.
Fais-lui comprendre qui tu es.
J'y compte bien. Quand elle me voit, elle tente de s'enfuir mais je l'attrape
habilement par le bras et la fait basculer de sorte à ce qu'elle tombe à la
renverse. Allongée sur le dos à même le sol, je m'assois sur elle, mes
jambes de part et d'autre de son bassin. À nous deux.
Chapitre 6
Neala
Une fois dans le dressing, je me rends rapidement compte que les seuls
vêtements qu'il y a sont des robes courtes et moulantes. J'en déniche une qui
me semble à peu près convenable, une argentée à bretelles fines, courte et
moulante donc, marquée à la taille par une ceinture épaisse de la même
couleur. Je n'en reviens toujours pas de ce que je viens de voir. Je ne sais
pas ce qui me choque le plus entre ce grand requin blanc qu'il cache sous
son toit ou le fait qu'il m'ait expressément fait comprendre qu'il comptait me
faire manger par cette bête.
Après m'être habillée, je sors à reculons de la pièce. Je ne suis absolument
pas pressée de revoir mon époux. C'est marrant, ce mot sonne presque
ironique dans ma bouche. Quand il me voit, il ne fait même pas attention à
ce que je porte. Je crois qu'il s'en fiche en fait. Nos pères ne sont plus là, ils
ont dû s'en aller pour ne pas augmenter le risque de crise de Bhaltair.
Il commence à marcher alors je le suis. Je le suis jusqu'à une limousine qui
pourrait contenir une classe entière. Je m'installe et il s'assoit après moi.
Même si je n'ai pas envie de parler, le silence qu'il y a entre nous
m'angoisse. Car quand il ne parle pas, il songe. Et Dieu sait ce qu'il y a dans
sa tête.
- Ce... ce requin...
- Hiomakone.
- Quoi ?
Il me lance un regard noir avant de prendre son téléphone pour faire je ne
sais quoi dessus. Est-ce que c'est le nom du requin ? « Hiomakone » signifie
littéralement « broyeur » en finnois. Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer
de la situation. J'ai l'impression que plus le temps passe, plus je découvre
qui il est, et ça ne va clairement pas dans le bon sens. Ma peau me tiraille
sous la robe. Quand je pense qu'il m'a gravé son prénom dessus, ça me
donne envie de crier. Son téléphone sonne et son expression devient plus
aigrie. Il semble énervé en décrochant l’appel. Une personne semble lui
parler à l’autre bout de la ligne et ça n’a pas l’air de lui plaire.
- Très bien, mais sachez que si vous ne respectez pas les règles du
contrat je ferais un snuff movie avec votre fille en actrice principale.
Je ne sais pas à qui il parle, mais ça semble tendu. Il raccroche son
téléphone et je vois son regard se poser sur mes cuisses nues. Je les resserre
discrètement.
- Cette robe n'est pas correcte, dit-il.
- Comment ça ?
- Je t'avais dit de mettre une robe correcte, et tu ne m'as pas écouté,
ajoute-t-il en ignorant ma question.
J'entends sa respiration s'accélérer. Merde, s'il recommence à s'énerver, c'est
moi qui vais tout prendre. Je vois le chauffeur nous jeter un coup d'œil dans
rétro mais il détourne vite le regard.
- Je... je la trouve correcte donc...
Je n'ai même pas le temps de finir ma phrase qu'il m'attrape par le cou pour
venir me bloquer contre la banquette. Il sort un couteau de je ne sais où et
commence à découper la robe. Je me débats, j'ai atrocement peur qu'il abuse
de moi à ce moment précis.
- Qu'est-ce que tu fais !? Lâche-moi !
Son œil devient blanc. Merde, c'est super mauvais signe... je commence à
pleurer sans
même le vouloir. Il déchire ma robe du bas qui recouvrait mes jambes
jusqu'au haut qui cachait ma poitrine. Une fois qu'il l'a découpé en deux, il
arrache le débris brutalement. En sous-vêtements sous lui, je sens mes
larmes redoubler. Mais contrairement à ce que je pensais, il s'éloigne et se
rassoit dans son siège. Je me redresse brusquement et blottie mes jambes
contre ma poitrine.
- Tu ne m'as pas écouté, c'est ton souci. Tu iras en boîte dans cette
tenue.
- En... en sous-vêtements ??
En fait, ce n'est même pas le fait que j'ai mis une robe qu'il a jugé « non
correcte » qui le dérange, mais le fait que je lui ai désobéi...
- On ne me laissera pas entrer...
Il me lance un regard méprisant.
- Je suis le maître de ce pays. Je fais rentrer et sortir qui je veux de
n'importe quel endroit.
Mes larmes coulent de plus belle. Après tout ce qu'il m'a déjà fait en si peu
de temps, je vais devoir vivre une humiliation supplémentaire. Je ne sais
pas si je vais encore pouvoir tenir longtemps...
Quand la limousine s'arrête, je jette un regard à Bhaltair. Il a bien l'air
décidé à me faire aller en boîte en sous-vêtements.
- Écoute, on peut peut-être trouver un terrain d'entente ou... ou je ne
sais pas moi, nous pouvons...
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il m'attrape par le poignet et me
sort de la voiture. Je manque de trébucher mais heureusement, il me
stabilise, puis me lâche une fois que j'ai retrouvé mon équilibre.
- Je te vois parler à un mec, que ça soit barman, videur ou même
fêtard, je lui troue le crâne, c'est bien compris ?
- Oui mais... on risque de m'aborder dans cette tenue...
Il me jette un coup d'œil et me détaille de haut en bas.
- À toi de faire en sorte qu'ils ne s'approchent pas, dit-il.
Hélas, j'ai bien peur de ne rien pouvoir y faire... il commence à marcher
vers une entrée qui semble réservé aux membres VIP, alors je me dépêche
de le suivre. Même si ce ne sont pas pour des bonnes raisons, je sais au
moins que je suis en sécurité avec lui, il ne laissera aucun mec lourd ou
pervers me toucher. Évidemment, mon accoutrement attire les regards. J'en
fais abstraction jusqu'à ce que nous entrions dans la boite. J'imagine que les
hommes qu'il doit retrouver se situent au coin VIP. Je le suis sans rien dire,
devinant que c'est la meilleure des choses à faire. Des sortes de serveuses
ou alors strip-teaseuses nous indiquent le chemin, et nous arrivons
effectivement dans un recoin en hauteur où nous avons vu sur tous les gens
qui dansent. Un groupe de quatre hommes tous âgés de la cinquantaine à la
soixantaine sont assis et discutent entre eux. Il y a des putes qui auraient
l'âge d'être leurs filles sur leurs genoux et de la drogue partout autour d'eux,
c'est malsain. Bhaltair s'assoit à la place libre qui lui était probablement
réservée et je me contente de rester debout, ne sachant trop quoi faire à part
couvrir mon corps du regard de ces porcs. L'un d'eux me remarque
justement et me fais un grand sourire dans lequel je vois plein de
perversion. Il chuchote quelque chose dans l'oreille de l'une des putes pour
qu'elle l'entende et prend la parole.
- Bonsoir ma jolie, j'ai demandé à ce que l'on t'apporte une chaise. Moi
c'est Dean. Je suppose que tu es la ravissante épouse de Bhaltair, dit-il
avec un fort accent américain.
Je le salue d'un signe de tête et jette un coup d'œil à mon époux. Si un
regard pouvait tuer, il serait déjà mort.
- Eh, fais gaffe, lance un autre type. Il paraît qu'il a déjà tué deux
hommes qui l'avaient regardé un peu trop longtemps.
- Ah, bah il est possessif avec ce qui lui appartient, c'est normal, fait
Dean en laissant son regard traîner un peu trop longtemps sur mon
corps à mon goût.
Une fille arrive avec une chaise dans les mains, qu'elle pose entre lui et
Bhaltair. Génial...
- Et tu nous expliques pourquoi elle est en sous-vêtements ? demande
Dean.
- On est là pour parler affaires ou parler d'une fille qui sera morte d'ici
la fin du mois ? lance soudain Bhaltair avec son habituel regard de
tueur.
Je déteste quand il sort de telles choses à propos de moi alors que je suis
juste à côté. En plus, il en parle comme si c'était quelque chose de banal,
qui devait arriver. Je ne veux pas que ça se passe comme ça et j'aimerais
bien qu'il arrête de parler de ma mort à tout bout de champ, ça commence à
être plutôt angoissant…
Chapitre 8
Bhaltair
Neala
Chapitre 10
Quand nous retournons dans la limousine, je ne peux m'empêcher d'ouvrir
la bouche.
- Pourquoi est-ce que tu es si sûr que je serai bientôt morte ? Tu te
rabaisses tellement au point de penser que tu auras tué ta propre
femme d'ici quelques semaines grand maximum ?
Il me jette un coup d’œil et souffle. Je vois déjà que cette discussion lui est
pénible. Il prend tout de même la peine de me répondre.
- Je suis malade. Ce n'est pas tout le temps moi qui ai les commandes.
Et si tu continues de me faire des reproches, je vais bientôt vriller.
Je soupire et détourne la tête.
- Pourquoi est-ce que tu n'as pas tué Dean ? je demande alors.
D'habitude, un peine un regard suffit. Il a passé toute la soirée le
regard rivé sur mes jambes nues lorsque nous étions en boite.
- Oh, son heure viendra. Mais pour l'instant j'ai besoin de lui.
- Pourquoi ?
Il frappe brusquement le siège sur lequel il est assis, ce qui me fait
sursauter.
- Arrête de poser des questions, dit-il.
Et je comprends qu'il est temps que je me taise. Le reste du trajet se passe
dans le plus grand des silences. Une fois de retour au manoir, je me dépêche
d'aller dans notre chambre pour enlever le sweat et le jean et me mettre en
pyjama. Je suis en train de me changer et sursaute en voyant Bhaltair
m'observer.
- Tu pourrais t'annoncer la prochaine fois s'il te plaît ? J'ai failli faire
un arrêt cardiaque.
- La prochaine fois t'en fera vraiment un, murmure-t-il.
- Hein ?
- Rien.
Je ne m'en formalise pas plus et finis d'enfiler mon haut de pyjama. C'est
l'heure d'aller dormir et comme d'habitude, j'ai peur. Je pense que la nuit est
un moment où ses troubles peuvent se révéler encore plus. Et puisque nous
dormons ensemble, ce n'est pas l'idéal.
- Demain j'organise une grande réception avec mes alliés, me prévient-
il soudain. Ne fais rien de stupide.
Comme draguer un de ses associés pour qu'il le tue juste après ? Ça ne
risque pas. Tous les gens dans ce milieu me répugnent plus qu'autre chose,
alors que c'est le milieu dans lequel j'ai grandi et aussi le seul que je
connaisse. Il se déshabille et garde son boxer puis s’installe sous les draps,
alors je vais le rejoindre et il éteint les lumières.
- Tu as une chose qui m'appartient, lance-t-il soudain. Et je compte
bien la prendre au plus vite.
- De quoi est-ce que tu parles ?
- Ta virginité.
Je ne dis rien. À moins qu'il compte abuser de moi, ce qu'il risque
probablement de faire un jour ou l’autre, il ne risque certainement pas de la
prendre « au plus vite ».
**
En plein milieu de la nuit, je suis réveillée par une vive douleur au ventre.
Je jette un coup d'œil à Bhaltair, qui dort. C'est dommage qu'il ait un
caractère de fou furieux, car il a un grand charme. J'allume la lumière à côté
de moi et remarque rapidement que... j'ai mes règles. J'ai tâché tout le drap
ainsi que mon short, fait chier ! Je me lève et commence à marcher sur la
pointe des pieds pour aller me changer et me nettoyer, sauf qu'évidemment,
Bhaltair se réveille. Je me fige. Il se redresse, se lève et s'approche
lentement de moi. Je reste figée, le regardant faire. Je ne sais pas comment
il va réagir. Peut-être qu'il va me violenter car il me trouvera sale et
dégoûtante, et ça me fait flipper. Il a forcément remarqué mon pantalon
taché de sang. Quand il arrive à ma hauteur, il penche légèrement la tête
vers moi et dit :
- Pourquoi est-ce que t'es debout ?
Son ton est tellement inexpressif que je pourrais en venir à me demander si
ce n'est pas un automate.
- Je... j'ai mes règles mais... mais je vais nettoyer et je sais que ça doit
te dégoûter mais...
Je me tais instantanément quand il pose sa main sur l'intérieur de l'une de
mes cuisses. Je fronce les sourcils tandis que ma respiration s'accélère. J'ai
peur de ce qu'il va faire. Il remonte sa main, jusqu'à ce que celle-ci s'arrête
sur la bordure de mon short. Une fois à cet endroit, il la passe sous le tissu
et mon rythme cardiaque augmente encore plus. Je sens l'un de ses doigts se
déplacer sur ma peau nue mais heureusement, il ne remonte pas jusqu'à mon
intimité. Puis, il retire sa main et je vois mon sang sur l'un de ses doigts. Je
comprends instantanément son message. Il a les mains couvertes de sang,
au sens littéral comme au sens figuré. Il tue sans arrêt et parfois même sans
raison. Mon sang ne peut pas le dégoûter, il est habitué. Je me sauve
soudain et pars dans la salle de bain, puis m'y enferme. Ce n'est pas tant le
fait qu'il m'ait touché qui me met dans cet état, mais plutôt le fait que ça ne
m'ait pas autant dégoûtée que je l'imaginais.
Je passe le reste de la journée allongée sur le grand canapé du salon en
short. Le jean que j’avais mis commençait à irriter ma peau abîmée alors j'ai
préféré le retirer. Je ne sais pas quelle heure il est mais je sais que Bhaltair
est sorti, sans moi cette fois-ci. Je ne vais absolument pas m'en plaindre.
Seulement, ça me paraît étrange, puisqu'en temps normal il veut tout le
temps m'emmener partout avec lui pour ne pas me laisser potentiellement
coucher avec un autre. Des bruits de pas retentissent derrière moi. Je me
redresse et aperçois un des employés de Bhaltair.
- Mademoiselle, il y a un appel pour vous.
- Pour moi ? je demande en fronçant les sourcils.
Je m'empare du téléphone.
- Oui ?
- C'est Nina, comment est-ce que tu vas ?
- Oh, ça va et toi ? je demande, contente de parler à une amie.
- Ça va. Dis-moi, tu sais où mon cousin et ton mari sont partis il y a de
ça plus d'une heure déjà ?
- Non. Je ne savais même pas qu'il était avec Dean.
- D'habitude il me dit où il se rend, c'est pour ça que je trouve ça
bizarre.
- J'essaye de te téléphoner si j'ai plus de nouvelles.
- D'accord, prends soin de toi. À plus.
- Bye.
Elle raccroche et je décide d'allumer la télé pour passer le temps. Rien de
bien intéressant, ils parlent des nouvelles grosses productions à paraître
prochainement. Je décide donc d'éteindre la télé et de me reposer. Puis, petit
à petit, je finis par m'endormir.
**
Le bruit de la porte qui claque me réveille en sursaut. Je regarde rapidement
l'heure sur l'horloge centrale, qui indique deux heures et demi du matin. Je
me tourne vers l'endroit d'où provient le son et aperçois Bhaltair, couvert de
sang. Je dois bien avouer que je ne sais absolument pas quoi faire à ce
moment précis. Je ne sais pas si c'est son sang ou celui d'un autre. Est-ce
qu'il aurait déjà tué son père et prévu de me tuer juste après ? Il ne
m'adresse même pas un regard et se précipite dans les escaliers, laissant une
trace de sang sur son passage. Je me lève et le suis. Il se rend jusqu'à la salle
de bain mitoyenne à notre chambre et fouille dans tous les placards,
hystérique. Je le regarde depuis l'encadrement, ne sachant quoi faire.
J'essaye de l'analyser et rapidement, je remarque qu'il a pris une balle dans
la hanche. Je porte une main à ma bouche. En tant que femme dans la
mafia, j'ai très rarement été exposée aux blessés des gangs alliés, et c'est
plutôt impressionnant. Je fronce les sourcils en remarquant qu'il n'a pas pris
qu'une balle, mais... trois ! Il se saisit d’une pince chirurgicale, d'une
aiguille et de fils, puis se tourne vers moi. Je me fige instantanément.
- Va chercher de l'alcool fort, tout de suite ! s'exclame-t-il.
Je sors de la salle de bain et descends vite les escaliers jusqu'au bar. Je
cherche parmi les bouteilles et m'empare d'un rhum qui devrait faire
l'affaire. Je retourne en haut et remarque qu'il s'est assis sur notre lit. Il
m'arrache la bouteille des mains et en verse sur sa plaie sans même
sourciller. Je n'ose même pas imaginer à quel point ça doit piquer. Il
s'empare ensuite de la pince chirurgicale et l'enduit d'alcool. Puis, il
l'enfonce dans sa blessure à la hanche, à la recherche de la balle. Il est trop
nerveux et trop en colère, il ne pourra jamais y arriver sans se blesser
davantage. J'aperçois rapidement son visage et remarque qu'il a encore ce
toc, son œil droit qui devient blanc. Ça, ça me fait vraiment flipper. Du sang
s'écoule de sa plaie qu'il est en train de mutiler, et je ne peux m'empêcher
d'intervenir.
Chapitre 11
En fin d'après-midi, je me suis fait couler un bain pour apaiser mes muscles
endoloris et ça doit déjà faire une bonne heure que je suis dedans quand
j'entends la porte de la salle bain claquer. Je me tourne précipitamment et
sursaute en voyant Bhaltair. Je suis complètement nue et à sa merci. S'il
veut abuser de moi, il peut le faire sans aucune peine. Mais je remarque un
truc qui cloche tandis qu'il s'approche de moi. Il pue l'alcool. Il s'assoit sur
le bord de la baignoire et commence à observer les différentes parties de
mon corps qui sont hors de l'eau. Quand il remarque les bleus, ses yeux se
plissent.
- Je n'ai pas pour habitude d'abîmer ce qui m'appartient, remarque-t-il
simplement.
- Tu aimes bien y poser ta signature par contre, je remarque.
Et sans que j'ai le temps de réaliser ce qu'il se passe, je me retrouve la tête
plongée sous l'eau, sa main m'empêchant de remonter à la surface. Je me
débats et remue dans tous les sens, tout en tentant de maintenir l'eau hors de
mes poumons. Mais rapidement, l'oxygène me manque et inévitablement,
j'ai le mauvais réflexe d'ouvrir la bouche. L'eau entre dans mon corps et je
n'arrive pas à respirer, alors je commence à m'étouffer sous l'eau. Est-ce
qu'il veut me tuer ? Est-ce que c'est son but ? Car si c'est le cas je ne suis
absolument pas en position de lutte, il peut en finir avec moi à tout moment.
Seulement, il est hors de question que je laisse une telle chose arriver ! Je
me débats du mieux que je peux quand enfin, il retire sa main et je peux
remonter à la surface. Je tousse beaucoup et inspire autant d'air que je le
peux. Pendant une fraction de seconde, j'ai vraiment cru que c'en était fini
pour moi. Je tente de régulariser ma respiration et de la calmer, puis je
m'éloigne jusqu'au fond de la baignoire, fuyant son regard. Il me laisse la
vie sauve seulement pour pouvoir plus tard tuer son père sans représailles. Il
me fixe de ses deux yeux aussi sombres que les ténèbres avec un regard
noir. Je n'ai clairement pas envie d'entamer une discussion avec lui, mais je
n'ai encore moins envie qu'il me fixe de la sorte, alors je lance une
conversation.
- Tes... tes blessures sont bien rebouchées ?
Il me fixe toujours sans répondre. Merde à la fin ! Mais qu'il arrête !
Comme il ne détourne pas son regard, j'attrape une serviette que j'avais
préalablement posé là et sors de la baignoire en lui dévoilant le moins
possible de mon corps.
- Heureusement que tu n'as pas eu de grand frère, lance-t-il soudain
alors que j’ai le dos tourné.
- Pourquoi ça ? je demande en fronçant les sourcils tout en me
retournant vers lui.
- Il t'aurait baisé depuis bien longtemps déjà.
J'aurais plutôt dit violer, mais comme il n'aime pas que je le contredise, je
me tais. J'aimerais autant éviter qu'il essaye une seconde fois de me noyer.
Et soudain, quelque chose me revient en tête.
- Toi tu as eu une petite sœur qui m'a semblé très jolie sur la photo que
tu m'as montré le premier soir de notre vie commune. Est-ce que tu
l'as... ?
Il me fixe encore un long moment et ne semble pas décidé à répondre. Je
m'apprête donc à quitter la salle de bain mais juste avant que je sorte, il
prend enfin la parole.
- Non. Par contre toi, tu n'es pas ma petite sœur, alors surveille tes
arrières.
Je fronce immédiatement les sourcils. Est-il implicitement en train de me
faire comprendre qu’il pourrait me… ? Je refuse d’y croire, même si au
fond de moi je sais que cet homme est imprévisible, violent, malade et
dangereux. Je quitte la salle de bain en vitesse, m’éloignant le plus loin
possible de cet homme.
Il a essayé de me noyer et ça ne me traumatise même pas. Il a déjà tellement
fait pire. Je soulève la serviette et observe la cicatrice des lettres de son
prénom écrites sur le bas de mon ventre. J'aurai cette cicatrice à vie, il m'a
coupé trop profondément pour espérer que ça finisse par partir un jour. Je
sursaute quand quelqu'un toque à la porte de notre chambre.
- Oui ?
L’un des hommes de main de Bhaltair entre.
- Votre mari vous attend à l'étage -1. Il dit qu'il veut vous montrer
quelque chose.
Je fronce les sourcils mais hoche la tête. Je descends donc les escaliers qui
mènent jusqu'à l'étage et une fois que j'y suis, je me demande dans quelle
pièce je suis censée me rendre. Je ne me pose pas plus de question quand je
remarque qu'une des portes est grande ouverte. Et ce n'est pas n'importe
quelle pièce, mais celle dans laquelle il y a son grand requin blanc... je ne
l'ai vu qu'une fois, et cette bête me fait frissonner rien qu'en ayant
connaissance de son existence.
Je pénètre malgré moi dans la pièce et y découvre Bhaltair, sauf qu'il n'est
pas seul. Ligoté et menotté, un homme se tient allongé sur le sol. La seule
lumière provient de celle qu'il y a au-dessus du bassin de forme ronde.
- P... pourquoi est-ce que tu m'as fait venir ici ?
- Je veux te montrer un des possibles sort qui t'attend si tu te montres
une fois de plus arrogante avec moi.
Je fronce les sourcils, ne comprenant pas où il veut en venir. Il s'approche
de l’homme au sol, le relève à la force d'une seule main, et l'emmène
jusqu'à une sorte de grue. Il dépose le type dedans et, grâce à je ne sais
quelle manipulation, il positionne le bout de la grue à 2 mètres au-dessus de
l'aquarium. Quand je comprends ce qu'il compte faire, je me tourne
précipitamment vers lui.
- Non, tu ne peux pas faire ça Bhaltair !
- Ah oui, vraiment ?
Il appuie sur un bouton et le bout de la grue se retourne, sous les hurlements
de l’homme
qui tombe dans l'eau. J'aurais aimé pouvoir détourner la tête à temps,
malheureusement je ne suis pas assez rapide et j'ai le temps de voir le
requin arracher la jambe du type. L'eau devient immédiatement rouge et je
ferme les yeux en détournant la tête. C’est sans compter sur Bhaltair, qui se
place derrière moi, mon dos collé à son torse, qui attrape mon visage et me
force à regarder.
- Attends, le meilleur n'est pas encore arrivé, murmure-t-il à mon
oreille.
Tandis que le pauvre homme essaye de nager le plus loin possible du
requin, il parcourt à peine quelques centimètres qu'il se fait arracher un
bras. J'arrive à voir la douleur sur son visage. Il commence petit à petit à
suffoquer et, tandis que j'essaye à nouveau de détourner le regard, Bhaltair
m'en empêche et maintient mon visage en place. Puis, d'un troisième coup
de mâchoire, le requin découpe le corps en deux. J'arrive enfin à détourner
le regard et sens une nausée commencer à m'envahir.
- Tu... tu es un monstre... je peine à murmurer.
Un sourire démoniaque se dessine sur ses lèvres.
- Et tu sais ce qu'il y a de marrant ? C'est que chaque soir, je songe au
fait que ça sera bientôt toi qui sera à la place de tous ces types qui se
font bouffer vivant.
Un haut-le-cœur me prend. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de le sauver cette
nuit. C'était une horrible erreur. J'aurais dû le laisser mourir et me laisser
une chance de m'en sortir, mais au lieu de ça j'ai préféré le sauver car je ne
peux pas voir quelqu'un souffrir sans intervenir. Ce qui est bien loin d'être
son cas, apparemment. Ce type me rend vraiment malade.
Chapitre 13
Chapitre 14
Bhaltair
Explose son crâne contre le mur en béton pour lui faire payer son
insolence.
- Oh ce que j'aimerais faire ça.
Quand j'aurai buté le fils de pute qui me sert de père, je m'en donnerai à
cœur joie.
- Excusez-moi ?
Je ne calcule pas le vieillard qui passe à côté de moi et retourne à la salle de
réception, là où je viens juste d’assassiner deux personnes. Les corps ont
déjà disparu, pas les traces de sang en revanche. Tout le monde s'écarte sur
mon passage, par peur des représailles.
Répand leur sang sur le carrelage et les murs.
Ouais, je rêve de refaire la tapisserie avec la tête de tous ces abrutis. Sauf
qu'ils sont utiles à la mafia, car ils sont tous très doués au tir et à la tactique.
Celle qui n'est pas utile, c'est ma femme. Pour qu'elle me foute la paix une
bonne fois pour toute, je devrais la baiser, la prendre de force si jamais elle
se refuse à moi, sauf que je sais que je la tuerais à la fin. Et si je faisais ça,
je perdrais toute chance de pouvoir tuer mon père impunément. C'est à ce
moment-là qu'elle revient à son tour dans la pièce. Dès que nos regards se
croisent, elle détourne le sien. Dès que je l'ai vu dans sa robe, j'ai
directement eu envie de la faire crier, autant de douleur que de plaisir. Tuer
des femmes juste après le sexe me provoque une montée d'endorphine
probablement plus élevée que la moyenne. Voir le sang couler me procure
un plaisir intense.
- On peut y aller ? demande-t-elle.
Elle semble mal à l'aise. Elle peut, après le cirque qu'elle vient de faire.
- Non. J'ai des gens à voir.
- Je peux t'attendre dans la voiture alors ?
Je la regarde de haut en bas et fronce les sourcils.
Déchire sa robe et baise-la devant tout le monde.
- Pourquoi est-ce que tu veux attendre dans la voiture ? je demande
froidement.
- Je... euh...
Elle cherche ses mots. Je sens qu'elle s'apprête à me mentir et j'ai horreur de
ça. J'imagine serrer son cou. Ça, je n'en ai pas horreur, c'est tout le contraire.
Elle s'apprête à ouvrir la bouche mais je la stoppe d'un signe de main. Elle
se tait, et quand la porte par laquelle elle est rentrée quelques secondes
auparavant s'ouvre, elle se retourne précipitamment pour voir de qui il
s'agit. C'est Juan, un associé espagnol. Elle se retourne vers moi l’air de
rien, mais je vois bien à son visage que quelque chose la gêne.
- Parle, je lâche abruptement.
- Quoi ?
- Tu sais très bien à quoi je fais référence. Parle ou je fais faire un
360°C à ton cou.
Elle souffle péniblement.
- Juste après que tu sois partis lorsque nous étions dehors, il a surgi de
je-ne-sais-où et m'a regardé de manière très dérangeante. Je pense que
si je n'étais pas rentrée il aurait tenté une approche.
Voilà encore un homme qui va mourir de la plus idiote des manières qui
soit. Pourtant, il devrait avoir appris la leçon avec le vieux que je viens de
buter.
- Tu ne vas pas le tuer juste pour un regard quand même ?
- Si.
- Je retourne à la voiture.
- Non.
- Oh si, il est hors de question que j'assiste à un meurtre de plus par ma
faute ce soir.
Elle fait demi-tour vers la sortie alors je l'agrippe par sa robe au niveau de
l'épaule, ce qui fait sauter des coutures et une bonne partie du tissu me reste
entre les mains. Putain, mais pourquoi est-ce qu'elle n'a pas mis de sous-
vêtements ??
Neala
Bhaltair
Chapitre 16
Neala
Le soir, Bhaltair et moi mangeons comme tous les soirs en silence. Il n'est
pas du genre à faire la conversation et honnêtement, ça me va parfaitement.
Mais soudain, il brise le silence si brusquement que je sursaute.
- Je sors ce soir, seul. Alors tu resteras ici.
Je ne dis rien l'espace de quelques secondes.
- Tu es sûr ? La dernière fois que tu as fait ça tu es rentré criblé de
balles.
Un faux rire lui échappe.
- Et alors ? Tu t'inquiètes pour moi ?
Sa réponse m'étonne alors je ne réponds rien. Il sait comment me faire taire.
- Pourquoi est-ce que je ne pourrai pas venir ?
Il ignore ma question et se lève de table tout en faisant signe à un serviteur
de venir ramasser son assiette. Je me lève à mon tour mais par malchance,
mes pieds se prennent dans ceux de l'homme et je trébuche sur Bhaltair, qui
a l'excellent réflexe de vite se remettre en équilibre. Il ne tombe donc pas, et
moi non plus, mais je me suis accrochée à l’un de ses bras pour me retenir.
Il lève les yeux au ciel, mais prend quand même la peine de poser ses mains
sur mes hanches pour me relever et me remettre en équilibre. Puis, il s'en va
comme si de rien n'était. Ce contact m'a procuré une sensation étrange,
comme si... j'avais apprécié qu'il me touche. Pourtant, les seules fois où il a
habituellement ses mains sur moi, c'est pour me faire du mal. Je soulève le
bas de mon sweat et regarde la cicatrice de son prénom qu'il a gravé sur ma
peau. Heureusement, je n'ai pas fait d'infection suite à ça. Je pense que je
n'aurais pas pu me relever. D'ailleurs, je ne sais pas vraiment comment je
fais pour toujours être debout. Même quand il se comporte de manière
absolument horrible avec moi, ça ne me choque plus.
Après qu'il soit parti, je me sers un verre de vin et m'installe devant un film
appelé « Les blousons dorés », qui date des années 1950. J'aime bien ce
genre de vieux films. Et pendant que les minutes passent, je me resserre des
verres et bois de plus en plus de vin. Je ne vois pas la bouteille descendre, si
bien que lorsque je songe au fait que je devrais peut-être la poser et arrêter
de boire, je remarque que j'en ai vidé les trois quarts.
- Merde.
Je pose la bouteille sur la table en face de moi et termine le film sans me
resservir. Je sens les effets de l'alcool commencer à monter petit à petit, si
bien que je décide d'aller me coucher avant de devenir saoule er de faire
n'importe quoi comme à la réception de la dernière fois.
Sauf qu'une fois dans mon lit, je n'arrive pas à m'endormir. Je décide donc
d'aller au balcon de notre chambre et m’assois au sol pour regarder les
étoiles. Est-ce que je parviendrai à être heureuse avec la situation dans
laquelle je vis ? Est-ce que je vais finir par m'habituer au comportement de
Bhaltair et toutes les violences qu'il aime tant me faire subir ? Toutes ces
questions restent en suspens dans ma tête, si bien que ça m'empêche de
fermer l'œil.
Quand la nuit commence à tomber en entraînant la température avec elle, je
retourne à l'intérieur et me rallonge, sans grand succès. Je me demande ce
que Bhaltair est en train de faire ce soir. Peut-être qu'il est en train de parler
avec des associés, ou alors il fait chanter un mafieux russe, ou encore il
baise une prostituée qui ne parle même pas notre langue pour que la pauvre
finisse décapitée à la fin de la soirée... et finalement, grâce à toutes ces
questions qui me tourmentent et au fort taux d'alcoolémie présent dans mon
organisme, je finis par fermer les yeux et sombrer dans le sommeil.
**
- Mmh, oui c'est bon Bhaltair.
- Tu kiffes ça, hein ?
- Oh oui, tu n'as même pas idée à quel point.
Il enfonce un troisième doigt en moi et j'agrippe sa main en rouvrant les
yeux.
- Accélère, je l’implore.
Un sourire diabolique naît sur ses lèvres. À travers ce sourire, il me promet
de me faire du bien à m'en faire du mal, d'aller plus fort que je ne pourrai
jamais le supporter. Et contrairement à la sensation que ça devrait me
procurer, comme de la peur ou du dégoût, j’adore ça.
La porte de notre chambre qui claque brutalement me réveille en sursaut.
Bhaltair allume la lumière et c'est seulement maintenant que je réalise que
ma main est dans mon short de pyjama. Je m'empresse de la retirer mais une
étrange moiteur entre mes jambes me dérange et me gêne. Est-ce que je
viens réellement de faire un rêve érotique en imaginant Bhaltair entre mes
jambes ? C'est bien la première fois que ça m'arrive.
- Qu'est-ce que tu fous ? demande-t-il en voyant mon air farouche.
Il ne marche pas très droit, je suppose qu'il doit être saoul ou défoncé. Je ne
peux pas vraiment me permettre de le juger, je sens toujours les effets de
l'alcool dans mon corps.
- Je... rien.
Ma réponse trop nette me fait perdre toute crédibilité. Il me fusille du
regard et soulève d'un coup la couette. Quand il aperçoit mon short que je
n'ai pas eu le temps de remettre en place, il comprend immédiatement ce
que j'étais en train de faire. Je n'ose plus bouger ou dire quoique ce soit. Il
s'approche de moi, et je ne bouge toujours pas. Puis, lentement, très
lentement, il vient passer sa main sur mon intimité par-dessus mon short.
- Dis-moi, qui est-ce qui te met dans un tel état ? demande-t-il.
Il retire sa main et semble attendre une réponse.
- Je... personne.
- Ne me mens pas.
Je sens qu'il va commencer à s'énerver, alors je me demande si je ne devrais
pas tout simplement lui dire la vérité. D’un parce qu'il le saura si je mens, et
de deux parce qu’il sait qu'il a du charme et qu'il peut avoir la fille qu'il
souhaite dans son lit.
- Vite, ajoute-t-il.
- Je... j'ai fait un rêve érotique avec toi mais... mais je ne l'ai pas fait
exprès et...
Son regard de prédateur me stoppe instantanément. Soudain, il se lève et
retire sa chemise ainsi que son pantalon, si bien qu'il se retrouve en boxer
sous mes yeux.
- Qu... qu'est-ce que tu fais ? je lui demande tandis qu'il se rapproche
de moi.
- Je ne peux pas te baiser parce que je risque de te tuer alors que j'ai
besoin de toi vivante pour le moment, mais je suppose qu'avoir un
avant-goût ne me donnera pas envie de t'égorger vive.
Ses mots crus, qui devraient me dégoûter et me remplir de haine, ont en fait
tout l'effet inverse sur moi. Je sens une étrange sensation prendre place dans
mon bas-ventre et sans que je m'y attende, il écarte brusquement mes deux
cuisses pour se placer entre elles. Ma respiration s'accélère d'un coup. Je
n'ai pas envie de l'arrêter, même si je sais que c'est mal. De toute façon je
suppose que même si je le voulais, je ne le pourrais pas. Tout en me
regardant droit dans les yeux, il passe directement une main sous mon short
et entre deux doigts en moi. La surprise et la douleur que je ressens me font
agripper son avant-bras. Le sourire carnassier qui se dessine sur ses lèvres
me fait comprendre qu'il l'a fait exprès. D'un côté ça me rassure, ça me
prouve qu'il sait quelle pression mettre pour telle ou telle chose. D’un autre
côté, ça veut aussi dire qu’il sait parfaitement comment me faire du mal à
cet endroit-là s’il le souhaite. Tandis que son sourire disparaît peu à peu, je
comprends que la soirée qui s'annonce ne va pas être de tout repos pour lui
comme pour moi...
Chapitre 17
Bhaltair
J'ai passé la nuit dehors, je me suis tapé une pute et je l'ai égorgé derrière un
conteneur. Il fallait que je me défoule sinon j'aurais fini par tuer ma femme.
Pas que je n'en ai pas l'envie, évidement. Mais il me la faut vivante pour le
moment. Mon plan pour tuer mon père s'élabore petit à petit. C'est un
homme très difficile à atteindre, même moi je vais avoir du mal à
l'assassiner.
Je rentre au manoir vers neuf heures du matin et la trouve allongée dans le
canapé, en train de prendre son petit déjeuner. Quand elle m'entend, elle se
redresse directement et fronce les sourcils.
- Qu'est-ce que tu as sur ta chemise ?
Je baisse le regard, ennuyé, même si je sais déjà ce qu'il y a.
- Du sang. Et bientôt ça sera le tien.
Et ça risque d'arriver plus tôt que prévu si je n'arrive pas à me retenir. J'ai
envie de me la faire, mais je sais que je risque de la tuer en le faisant. Elle
ne dit rien et se contente de s’en aller.
Rattrape-la et baise-la à même le sol.
- J'en meurs d'envie.
- Tu m'as parlé ?
- Non.
Mon téléphone sonne et je remarque que c'est mon connard de père. Je ne
décroche pas, mais comme il insiste une deuxième fois, je décide de
prendre l'appel.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu te souviens que je donne une réception ce soir ? Il faut que tu
viennes. Tout le beau monde des réseaux mafieux européens sera là, il
faudra te présenter en tant que chef maintenant, et avec ta femme.
- Ouais, j'viendrai.
Je raccroche, il sait que je déteste discuter. Je monte jusqu'à l'endroit où
celle avec qui je vis s'est rendue, la salle de bain, et entre sans frapper. Elle
sursaute, elle est pratiquement nue. Elle était en train de regarder la jolie
marque de mon prénom que j'ai laissé sur le bas de son ventre. Un sourire
sournois naît sur mes lèvres. J'aime marquer ce qui m'appartient.
- Ce soir on voit du monde. Habille-toi bien et mets des sous-
vêtements, cette fois.
Elle ne dit rien mais me regarde fixement. Ma respiration commence à
s'accélérer, je déteste qu'elle me fixe de la sorte.
- Quoi ? je fais, froidement.
- J'ai saigné après ce que tu m'as fait hier soir. C'est normal ?
- Si rien qu'avec mes doigts tu saignes, j'ai hâte d'enfoncer ma queue
en entier.
Elle souffle et détourne le regard.
- À propos de ça... je ne veux plus qu'une quelconque chose de la sorte
arrive à nouveau.
Je hausse un sourcil.
- Parce que c'est toi qui fixes les règles maintenant ?
Ma question semble l'effrayer. Enfin, mon ton y est sûrement et surtout pour
quelque chose. Je m'approche d'elle et l'agrippe fermement par les hanches,
puis la rapproche le plus possible de moi. Puis, je baisse mon visage à
hauteur de ses oreilles et murmure :
- Il se repassera des choses de la sorte, je peux te le certifier.
Tire-lui les cheveux juste pour le plaisir de la voir supplier d'arrêter.
Je souffle un grand coup, puis m'éloigne d'elle. Je sens que me contenir va
être vraiment très dur. Je sors de la pièce et pars fumer un joint, puis snifer
quelques rails. Il va m'en falloir de la patience ce soir face à tous ces
hommes qui se croient tous plus forts les uns que les autres. Il va aussi y
avoir ceux qui vont poser les yeux sur ma femme à qui je vais devoir trouer
le crâne, ou encore ceux qui vont tenter de m'impressionner à cause de mon
jeune âge. Le potentiel que je fasse une crise ce soir est assez élevé, et il est
hors de question que je prenne un médicament pour arrêter ça. De toute
façon je ne les prends jamais, à part quand mon père est là.
Chapitre 18
Neala
Vêtue d'une longue robe rouge bustier près du corps, je me dirige vers la
limousine. Bhaltair y est déjà alors quand je m'installe, le chauffeur
démarre.
- Prends ça, dit mon mari en me tendant un flingue.
Je fronce les sourcils.
- Mais ça ne va pas ? Qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ??
- Si quelqu'un t'agresse, tu le butes. J'ai besoin de toi en vie, alors vas
pas te faite tuer.
Je prends précautionneusement l’arme car je sais que de toute manière, il ne
me lâchera pas tant que je ne l'aurais pas prise. Je la range ensuite dans ma
pochette en soupirant.
Une petite dizaine de minutes plus tard, nous arrivons au lieu de réception.
C'est très grand, et il y a une cour extérieur énorme. D'ailleurs, c'est là que
sont la plupart des invités.
- Quelle langue devons-nous parler ? je demande alors.
Toutes les mafias de tous les pays d'Europe sont représentées ce soir alors
j'aimerais bien ne pas faire de bourde.
- Parle anglais.
Je ne dis rien, mais mon niveau en anglais est affreusement limité. La
voiture s'arrête et nous descendons. Immédiatement, le père de Bhaltair
vient nous accueillir.
- Vous êtes les derniers arrivés, remarque-t-il. Est-ce qu’il y a eu un
problème sur la route ?
- Non, répond froidement Bhaltair.
Son père, comprenant qu'il n'aura pas d'explication, change de sujet.
- Tu vois le petit groupe là-bas ? Il est composé de Lothar Weber, le
chef de la mafia allemande, à sa droite il y a Aleksander Nowak, le
chef de la mafia polonaise, et à côté de lui il y a Alexeï Savenkov, le
chef de la mafia russe. Les trois femmes qui les accompagnent sont
leurs épouses. Tu devrais aller discuter avec eux, ils ont des réseaux
très affluents.
Mon époux se tourne vers moi.
- Viens, dit-il à mon intention.
Il ignore son père et commence à marcher vers l'intérieur du grand manoir.
- Où va-t-on ? je le questionne.
- Loin de mon père. J'ai envie de lui crever les yeux.
Je ne dis rien mais ne peux empêcher un frisson de traverser mon corps.
Une fois que nous arrivons à l'intérieur, Bhaltair se dirige vers un groupe
d'hommes à l'accent fort prononcé et m'oublie totalement. Je m'avance donc
vers le buffet et m'empare d'une coupe de champagne. J'en bois une gorgée
puis me rapproche de Bhaltair. Celui-ci est en train de faire des grands
gestes avec ses mains. Ou alors, il est en train de se prendre la tête et dans
ce cas quelqu'un risque de bientôt y passer, ou peut-être qu’il raconte un de
ses fameux plans infaillibles concernant de nouvelles affaires. Le truc, c'est
qu'il ne m'entend pas arriver alors quand en faisant ses gestes il tend le bras
en arrière, je me reçois son poing en pleine face et tombe à la renverse. Je
me maudits d'encore m'être faite remarquée alors que je ne suis même pas
bourrée tandis qu'il me jette un regard ennuyé. Je tente tant bien que mal de
me relever mais c'est très compliqué avec mes talons.
- Voyons, mais pourquoi est-ce que personne n'aide cette femme à se
relever !? s'exclame un serveur en m'attrapant par la taille pour me
remettre debout.
Je le remercie brièvement et me tourne instantanément vers Bhaltair. C'est
bien ce que je pensais, celui-ci vient de sortir son flingue et le braque sur la
tête du serveur.
- Tu viens vraiment de poser tes mains sur elle ?
- Je... je l'aidais simplement à se rele...
Il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'il se prend une balle en pleine tête,
me faisant au passage sursauter.
- Bhaltair ! je m'exclame.
- Ta gueule. Ferme-la. Et par pitié va mettre de la glace sur ton œil
avant que tu ne ressembles à un orque.
J'entrouvre la bouche. Je n'attendais pas d'excuses de sa part, mais sa
remarque m'a blessé. Je m'éloigne d'un pas décidé vers l'extérieur. Il est
hors de question que je reste une minute de plus dans la même pièce que cet
individu qui me sert de mari.
Bhaltair
Ça fait déjà quinze bonnes minutes que j'ai assassiné ce type et que celle qui
me sert de femme s'est cassée, et petit à petit, le monde commence à se
rapatrier à l'intérieur. La nuit commence à tomber alors la soirée se poursuit
en toute logique là où il fait chaud. Je vois également mon épouse rentrer.
Elle est accompagnée de deux femmes, et ces femmes sont avec leur mari.
Je reconnais le chef de la mafia russe et polonaise. Tandis que de la
musique retentit, je m'approche du groupe et prends ma femme par le bras.
Son œil est désormais noir et le blanc de ses yeux est maintenant rouge. Il
faut dire que même si ce n'était pas voulu, je n'y suis pas allé de main
morte. D'habitude je n'abîme pas ce qui m'appartient.
- Ne traine pas avec d'autres hommes quand je ne suis pas là, c'est clair
?
- Ils venaient de nous rejoindre.
- Tu n'as rien fait pour ton œil.
- Que voulais-tu que je fasse ?
- T'aurais dû aller dans les cuisines et demander de la glace.
- Tu aurais aussi pu le faire, c'est toi qui m’as fait ça après tout.
Je lui lance un regard tellement noir qu'elle se tait. Je sens l'adrénaline
commencer à pulser dans mes veines en voyant mon père s’approcher de
nous.
- Il faudrait que vous alliez danser pour montrer à tout le monde votre
union, comme pour l'officialiser en quelque sorte.
- Sans votre respect monsieur, il vient de tuer un homme simplement
car il m'a touché pour m'aider à me relever. Je pense que tout le
monde l'a désormais compris maintenant, remarque ma femme.
- On va danser, je lance froidement.
Tout est bon pour m'éloigner de ce gros lard. J'attrape brusquement ma
femme par la main et nous emmène sur la piste de danse, au milieu de la
foule.
Marche sur sa robe pour qu'elle trébuche et se casse la cheville.
Comme c'est une musique lente, j'en déduis que c'est un slow. Elle place ses
mains derrière mon cou et je place les miennes sur sa taille. J'ai l'étrange
impression de la sentir se tendre à mon contact, mais pas de peur. Nous
commençons à danser dans une lenteur et un calme qui ne me ressemble
pas. Mais si j'arrive à duper tous ces gens, alors je gagerais leur confiance.
Dans ce monde il vaut mieux être seul, mais quitte à choisir je préfère avoir
des alliés que des ennemis. D'un coup, je baisse la tête et mon regard croise
celui de ma partenaire. Ses yeux bleus dont l'un est marqué d'une trace noire
me débloque soudain un souvenir lointain.
Je vois ma mère, alors que je n'avais que 6 ou 7 ans, en train de pleurer. Je
me souviens que ses pleurs m'insupportent et que j'ai envie qu'elle se taise.
Mais elle me fait quand même de la peine, puisque c'est ma mère. Ses yeux
bleus sont remplis de larmes, et l'un est marqué par un gros coquard noir. Je
sais ce qu'il vient de se passer. Mon père vient de la violer sous mes yeux.
Ma sœur, âgée de deux ans de moins que moi, pleure également car mon
père vient de lui mettre un coup de pied dans le ventre. Je n'en ai pas grand-
chose à faire. En fait, peut-être que je ressentirais de la pitié pour elle si elle
n'était pas en train de me briser les tympans. Mon père entre dans la
chambre et attrape ma mère par les cheveux. Il lui crie quelque chose mais
je ne me souviens plus quoi, et il lui cogne la tête dans le miroir à plusieurs
reprises. Je songe à l'aider, mais je songe aussi que s’il la tue je n'aurais plus
à supporter ses pleurs. Je m'approche donc lentement du miroir, m'empare
d'un morceau de verre brisé et tandis que je regard ma mère mourir, je
m'approche de ma sœur.
- Tu sais quoi Carita ? On n’aura jamais cette relation de grand frère et
petite sœur comme on en voit dans les films, la vie est composée de
vrais méchants qui tuent par pur plaisir. Alors oui je t'aurais sans
doute sauvé de deux ou trois agressions sexuelles commises par le
personnel ou les hommes de main de notre père, je t'aurais appris à
manier une arme pour que tu deviennes utile à la mafia, mais tout ça
n'arrivera pas. Ne prends pas ce que je m'apprête à faire
personnellement, je le fais surtout par pur égoïsme, tes pleurs me
donnent l'envie de me tirer une balle. Quitte ce monde en paix, Carita.
J'approche le morceau de miroir brisé de son cou et lui tranche soudain la
carotide sans aucun remord. Le sang se répand sur mes mains et j'adore ça.
Je redresse la tête et croise le regard de mon père. J'en conclus que ma mère
est décédée, et il vient de remarquer ce que j'ai fait à Carita. Il hoche
lentement la tête. Il a tué ma mère, alors j'ai très envie de le tuer lui aussi,
mais je ne peux rien faire pour le moment. Je suis trop jeune et trop
impuissant. Je vais attendre le bon moment, et je sais que celui-ci finira par
arriver. Car un jour je serai à la tête de la mafia, et un jour je serai tellement
puissant que même lui se prosternera devant moi, me suppliant de
l'épargner. Et ce jour-là, je presserai la détente sans aucun remord, comme il
vient de le faire pour ma mère et comme je viens
de le faire pour ma sœur. Et tout ça sans aucun regret, aucun.
Chapitre 19
Je reviens à la réalité et observe les yeux de mon épouse. Ils me font penser
à ceux de ma mère et bizarrement, ça me perturbe. Je souffle un grand coup
et me frotte les yeux avec l'une de mes mains. Ça y est, je sens que je suis
en train de vriller. Si je veux mettre du monde de mon côté, ce n'est pas en
faisant une crise devant eux que ça va fonctionner. Pour essayer de me
calmer, je ferme les yeux et tente de maîtriser ma respiration. Je glisse mes
mains dans le dos de ma femme et commence à la serrer contre moi.
D'extérieur, les gens penseront que c'est une étreinte, alors qu'en fait, la
serrer jusqu'à lui en faire mal me permet d'évacuer la pression.
- Bhaltair, qu'est-ce que tu fais ? demande-t-elle.
- Pose ta tête sur mon épaule et fais comme si nous étions en train de
nous étreindre.
J'imagine qu'elle ne comprend pas et ça ne m'étonne pas, mais au moins elle
m'obéit et se serre contre moi dans une vraie étreinte. Je continue de la
serrer le plus fort possible et j'entends sa respiration accélérer, je dois lui
donner beaucoup trop chaud. Mais en même temps, cette sensation est
étrange. Elle n'est pas exactement comme je me l'imaginais. Je crois bien
que c'est la première fois que j'étreins une fille et même que je reste aussi
longtemps collé à l'une d'elle pour autre chose que le sexe, et sans la tuer.
- Lâche-moi, s'il te plaît. Je commence à avoir du mal à respirer, dit-
elle.
Je ne prends pas la peine de répondre mais elle insiste en me redemandant
de la lâcher alors je sens mon rythme cardiaque, qui avait beaucoup
descendu, remonter petit à petit.
- Bhaltair ! s'exclame-t-elle en chuchotant.
Et soudain, ses mains lâchent mon corps. Quand je comprends qu'elle s'est
évanouie, ce n'est pas vraiment de la rage que je ressens, mais plutôt de la
pitié. Je ne ressens pas ce genre d'émotion ordinairement, mais je pense que
la comparer à ma mère y est pour quelque chose. J'ai de la pitié pour elle
comme j'en ai eu pour ma mère avant qu'elle se fasse assassiner. Je l'allonge
au sol et elle reprend connaissance.
- On va prendre l'air, je lance en sa direction mais plutôt pour que les
autres m'entendent.
Elle se redresse péniblement alors je l'attrape par le bras et la relève
facilement. Nous nous dirigeons à l’extérieur, où il n'y a d'ailleurs plus
personne, et nous adossons contre le mur avec pour seule compagnie le
silence de la nuit tombée.
- Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? demande-t-elle soudain en brisant
le silence.
- Tu m'as fait penser à ma mère.
- Ah oui ? En bien ?
Je pousse un soupire agacé.
- Je pensais à son œil au beurre noir juste avant qu'elle crève.
Mes paroles la calment instantanément. Elle ne dit plus rien pendant
plusieurs secondes avant de reprendre la parole.
- Tu sais si jamais... enfin si tu veux...
- Accouche.
- Et bien si jamais tu as besoin de parler je... je suis là, je peux écouter.
Un rire s'échappe de ma bouche.
- Tu penses réellement que j'en ai quelque chose à foutre de ton aide ?
- Je me doutais que tu répondrais quelque chose comme ça.
Seulement, ce soir tu as failli faire une crise en repensant à elle. Et ça,
ça veut dire que tout n'est pas perdu en toi, Bhaltair. Il y a peut-être du
bon à sauver quelque part, même une infime partie.
Je la fusille du regard. Depuis quand est-ce qu'elle pense avoir son mot à
dire sur la personne que je suis ?
- Tu sais ce que j'ai fait après avoir vu ma mère mourir ? J'ai égorgé
ma sœur. Ne pense pas qu'il y a encore ou même qu'il y a déjà eu un
jour une once de bonté en moi. Je suis pourri jusqu'à la moelle, et ça
tu ne pourras jamais rien y faire.
Neala
Chapitre 20
Bhaltair
Je sais qu'elle en a envie. Il suffit de voir à quel point elle devient livide à
chaque fois que je suis presque à poil à côté d'elle. Elle a ce regard de
vierge effarouché qui me donne envie de la prendre brusquement. Je
m'éloigne enfin d'elle et me contente de quitter la pièce.
Je me dirige vers le rez-de-chaussée et vais dans la salle où mon requin
Hiomakone tourne en rond toute la journée. C'est aussi là que je fume
beaucoup, ce qui explique peut-être la folie meurtrière de ma bestiole. Je
me roule un joint tout en y ajoutant quelques mélanges spéciaux dont je ne
me souviens plus des noms et commence à fumer. Puis à la fin du premier,
je commence à en rouler un deuxième, et à le fumer également, puis un
troisième, puis un quatrième... au final, je m'en fais dix. Je suis
complètement défoncé, mais ce n'est étonnamment pas à ce moment-là que
je suis le plus dangereux. Là, j'ai juste envie d'aller tuer, de me défouler. Et
petit à petit, mon esprit divague sur celle que je rêve d'assassiner depuis
plusieurs semaines déjà. Son œil noir n'est pas beau, et je me souviens que
celui de ma mère ne l'était pas non plus quand on l'a mise en terre. Mon
père avait l'audace de prétendre qu'il était triste. Moi, je n'ai pleuré ni à son
enterrement, ni à celui de Carita. En même temps, ma sœur n'a pas
réellement été enterrée, puisque mon père a balancé son corps dans un lac et
a prétendu une noyade accidentelle. Son corps, enfin ce qu’il en reste, y gît
toujours. Soudain, on toque à la porte.
- Quoi ?
Un de mes employés entre.
- Monsieur Dean vient de frapper à la porte. Je l'emmène jusqu'ici ?
Je hoche simplement la tête et il ressort. Je le garde à l'œil celui-là, j'ai
l'impression qu'il dérive un peu trop le regard sur ma femme à chaque fois
qu'elle entre dans la même pièce que lui.
Une minute plus tard, Dean entre.
- J'ai apporté Nina avec moi, elle est restée avec ta gonzesse,
m'informe-t-il.
Je hoche la tête et il s'assoit à côté de moi.
- Sacrée bestiole, dit-il en matant ma bête.
Je hoche à nouveau la tête.
- Dis-moi, je peux te poser une question ? fait-il.
Je tourne la tête vers lui, l'encourageant à parler.
- Je n'ai pu m'empêcher de mater ta nana en arrivant, elle était debout
dans la cuisine en train de nettoyer je ne sais quoi, et j'ai remarqué
qu'elle avait une cambrure de malade. Dis-moi, tu l'as enfin baisé ?
C'est fou à quel point il me casse les couilles ce mec. J'ai terriblement envie
de le buter pour mater ce qui n'est pas à lui, mais j'ai besoin de lui vivant
alors je me contente de répondre un « non » à peine audible.
- Et pourquoi est-ce que tu ne la prends pas de force ? Je veux dire, t'as
quand même bien plus de forces qu'elle, tu peux facilement la
maîtriser.
Je ne lui réponds pas, il n'en vaut pas la peine. Que je la prenne de force ou
non, je risque de la buter dans tous les cas, alors que j'ai besoin d'elle en vie
également. En plus, le cri strident des femmes qu'il m'a déjà été donné
d'entendre me donne envie de m'éclater la
gueule contre un mur, et d'éclater leur gueule par la même occasion.
- D'ailleurs, quand elle s'est tournée pour saluer Nina j'ai remarqué
qu'elle avait un œil au beurre noir. Tu lui as fait sa fête ?
Brûle-lui le joint sur la cuisse.
C'est quoi toutes ces questions ? Un interrogatoire ? Je décide pour une fois
d'écouter ce que l'on me dit, et lui balance le joint à la gueule. Il se le prend
sur la joue et pousse un cri étouffé, puis se met à rire. Il croit vraiment que
je suis en train de plaisanter là ? Il a sûrement peur des représailles s'il tente
de se retourner contre moi alors il prétend ne pas comprendre que j'avais
réellement envie de lui cramer les yeux. Je me lève et me casse de la pièce.
S'il ouvre encore une fois sa gueule, je risque réellement de le buter cet
imbécile.
Chapitre 21
Neala
Posée dans le salon avec Nina, celle-ci maquille mon œil au beurre noir
pour ne pas qu'il soit trop voyant. Je lui ai expliqué que c'était un accident,
je ne sais pas trop pourquoi mais je n'ai pas envie de donner à Bhaltair cette
image de monstre à laquelle tout le monde le rapproche.
- Tu sais, certaines femmes ont déjà tenté de fuir leur mari et ont
réussi, m'informe Nina.
- Oui, mais leur mari n'était pas Bhaltair.
- Pas faux.
- Tu sais pourquoi ton cousin et lui devaient se voir aujourd'hui
d'ailleurs ?
- Parler affaires. Il y a un ennemi de la mafia assez coriace qui gagne
du terrain en ce moment.
Je hoche la tête. Je ne m'y connais pas trop et préfère ne pas fourrer mon
nez là-dedans. J'entends une porte claquer et peu de temps après, Bhaltair et
Dean surgissent.
- Ils ont fait vite, remarque Nina.
Je hoche la tête.
- On y va, lance Dean à l’intention de sa cousine en s'approchant de la
porte d'entrée.
- Oh euh... d'accord.
Elle se lève, me salue puis part avec son cousin. Une fois la porte close,
Bhaltair s'assoit dans un des fauteuils et allume la télé, puis passe un bras
derrière sa tête. Je ne peux m'empêcher de trouver ce geste sexy. Un
reportage sur les prédateurs les plus dangereux de la nature s'affiche et je ne
peux m'empêcher de penser que mon mari en fait définitivement partie. Il
s'apprête à changer de chaîne quand son portable vibre. Il se lève et
s'éloigne pour décrocher tandis que je concentre mon intention sur ce qu'il y
a à la télé. « Le tigre du Bengale est connu autant pour sa rareté que pour sa
tendance à attaquer les hommes, les femmes et les enfants qu'il croise à côté
des villages ». Cette phrase pourrait décrire à peu près tous les mafieux que
je connais, malheureusement.
Quelques minutes plus tard, Bhaltair raccroche et se dirige vers moi.
- Va préparer tes affaires. On part en voyage.
Je fronce immédiatement les sourcils et directement, les mots « voyage de
noces » me viennent à l'esprit. Une peur panique s'empare alors de moi. Il a
décidé de réclamer son dû et de m'agresser ? Voyant mon expression, il
fronce les sourcils d'incompréhension et ajoute :
- On part en Italie dans une heure, j'ai des associés à assassiner puisque
mes hommes ne savent pas faire le boulot correctement.
- Mais pourquoi est-ce que je dois venir avec toi ?
- Il est hors de question que je te laisse seule entourée d'hommes qui
pourraient vouloir ton corps à n'importe quel moment.
J'entrouvre la bouche, mais ne dis rien. Je ne sais pas si cette possessivité
malsaine et qui m'objectifie me rassure ou me met hors de moi. Quoiqu'il en
soit, ce n'est pas comme si j'avais mon mot à dire dans cette histoire.
- Euh... il fait plutôt chaud ou froid en Italie ?
- Chaud, tout autant que les italiennes et les italiens.
Il me lance un regard furtif.
- Je garderai un œil sur toi tout le long du séjour. Le moindre homme
que tu regarderas plus d'une seconde sera mort dans la minute.
Je me retiens de lever les yeux au ciel et me lève pour aller préparer ma
valise. Un petit séjour en Italie devrait me faire du bien. Changer d'air et
être loin du monde de la mafia me permettra sûrement de me sentir mieux
et de me changer les idées. Je m'apprête à gravir les marches pour monter à
l'étage quand soudain, quelque chose me passe par la tête. Je retourne dans
le salon et formule de manière hésitante ma question à l'intention de
Bhaltair.
- Est-ce qu'il serait possible que nous mangions dans des restaurants
italiens une fois sur place ?
Il tourne la tête vers moi et met du temps avant de répondre.
- C'est quoi cette question ? Tu penses que je comptais faire les repas
moi-même ?
Bon, ça a le mérite d'être clair. Je retourne sur mes pas et gravis les marches
cette fois-ci. Italie, nous voilà.
Bhaltair
Assis dans le jet, j'attends que ma femme arrive pour que nous puissions
décoller. Je sens que ce séjour va être très compliqué pour moi. D’un parce
que la voir avec des tenues courtes et moulantes à longueur de journée va
me donner envie de la baiser, et de deux parce que je sais que je ne serai pas
le seul à la regarder. On ne mate pas ce qui m'appartient avec envie, c'est
tout. Et puis je ne sais pas exactement pourquoi, mais je n'ai tout
simplement pas envie que d'autres mecs que moi la regardent. Elle monte
dans l'avion avec un short en jean noir et en crop top rouge bustier qui laisse
apparaître mon prénom que j'ai gravé sur sa peau, et je ne me prive pas de la
mater. Et ça, de haut en bas. Elle est gênée, je le vois bien, et je n’en ai
strictement rien à foutre. Deux de mes hommes nous rejoignent et le jet
commence à rouler. Elle n'a pas l'air rassuré, et l'idée qu'elle flippe me fait
doucement rire.
Balance-la par la porte de secours.
Elle regarde à travers la fenêtre avec appréhension tandis que l'avion
commence à décoller. Petit à petit, il quitte le sol et nous voilà en train de
nous envoler pour l'Italie. On devrait en avoir pour approximativement 3
heures 30 de vol, c'est plutôt long sachant que je suis une personne qui a
beaucoup de mal à patienter. Je vois un de mes hommes de main mater les
jambes de mon épouse et je fronce les sourcils. Je le bute dès que nous
atterrissons. Je jette un coup d'œil à l'autre, qui lui a le regard fixé dans le
vide. Très bien, c'est ça que j'attends d'un de mes hommes : une
concertation optimale.
**
Ça fait déjà deux heures que l'avion a décollé et je commence sérieusement
à tenter de me maîtriser. J'ai envie de me cogner la tête contre le hublot pour
faire partir cette petite voix au fond de moi qui m'empêche de raisonner et
m'empêche de passer le temps correctement. Mon homme de main regarde
une nouvelle fois ma femme, c'est la troisième fois déjà, alors je songe
sérieusement à le buter en plein vol. Dommage, on ne saura jamais s'il sera
mort au-dessus de la République Tchèque ou encore de l’Autriche. Je pose
discrètement ma main sur mon arme cachée dans ma poche quand soudain,
mon téléphone vibre. Je fronce les sourcils et lève les yeux au ciel en
m'apercevant qu'il s'agit de mon épouse.
- L'altitude te fait perdre ta langue, tu ne peux plus me parler en vrai ?
je lance à son intention.
Elle fait des gros yeux alors je la fusille du regard et regarde le message
qu'elle m'a envoyé. « Qui est cet homme qui n'arrête pas de me regarder
depuis tout à l'heure ? Je ne l'avais jamais vu auparavant ». Je fronce une
énième fois les sourcils et lève la tête vers ce type, qui désormais me
dévisage. Putain mais c'est vrai, c'est bien la première fois que je le vois. Je
m'apprête immédiatement à m'emparer de mon arme sauf que celui-ci agit
plus rapidement que moi et tue le second homme de main. Puis, il me tire
dessus. Je suis touché à l'épaule et tombe au sol. Je lui tire dessus à mon
tour mais la douleur dans mon épaule m'empêche de viser correctement et
je le rate. Il s'apprête à tirer une seconde balle dans ma direction quand son
bras se retrouve propulser en arrière par ma femme. Le type la dégage d'un
coup de main dans le ventre, ce qui la fait tomber plus loin, et il repointe
son arme dans ma direction. Putain, on est dans la merde.
Chapitre 22
Neala
Nos pizzas arrivent et le silence règne. Je pense qu'elle est en colère que j'ai
tenté de lui enfoncer ma fourchette dans la main et honnêtement, je n'en ai
rien à foutre. Elle m'énerve à ne pas vouloir prendre mon sweat pour se
couvrir, je n'ai pas envie qu'on la regarde. Je ne sais pas pourquoi,
ordinairement je n'en ai rien à faire de la manière dont elle s'habille lorsque
nous n’allons pas à un endroit fréquenté par beaucoup de mafieux, si on la
regarde trop je bute le mec en face, c'est tout, mais là... bref, je ne me
comprends pas. Elle a vidé la bouteille de vin de sa moitié, je n'en ai pas bu
une goutte, et elle m'a l'air plutôt éméchée, même si elle tente de le cacher.
Rien ne m'échappe.
- Pourquoi ? finit-elle par demander.
Je fronce les sourcils.
- Pourquoi est-ce que tu as tellement de mal avec les femmes, y
compris moi ?
- Je suis malade, et tu le sais.
- Oui, bien sûr que je le sais, mais tous les hommes schizophrènes
n'ont pas envie de tuer toutes les femmes avec qui ils couchent ou
même avec qui ils parlent. C'est plus profond chez toi, tu ressens une
vraie aversion à notre égard.
- Tu parles de schizophrénie, mais ce n'est qu'une toute petite partie de
tout ce dont je suis atteint.
Elle soupire.
- Je le sais, et ça me fait de la peine pour t...
Je frappe du poing sur la table tellement fort qu'elle sursaute.
- De la peine pour moi, vraiment ??
Un faux rire s'échappe de mes lèvres.
- Laisse-moi te dire que t'es encore plus conne que ce que je pensais
alors !
Elle lève les yeux au ciel et au lieu de me répondre, elle se serre un énième
verre de vin et commence à manger sa pizza. Je n'ai pas faim, alors je ne
touche pas à la mienne. De la peine pour moi, sérieusement ? Est-ce que je
ressemble à un chiot égaré sur le bord d'une route ? Je ne pense pas.
Soudain, un rire retentit, le sien.
- Tu sais ce qui est marrant ? demande-t-elle.
- Non, et je n'en ai rien à foutre.
- Ce qui est marrant c'est que t'as beau être super flippant, méchant et
violent, tu n'en restes pas moi super sexy !
Ma respiration commence doucement à s'accélérer. Son comportement
m'insupporte déjà quand elle est sobre, mais alors quand elle est bourrée
c'est encore pire. Soudain, elle se lève, fait le tour de la table et se plante
devant moi.
- Je n’ai pas vraiment faim, en fait... dit-elle.
- Ferme-la.
- Oh, c'est méchant ça.
Elle se rapproche de moi et par je ne sais quel élan de stupidité, pose ses
genoux de part et d’autre de mon corps sur la banquette sur laquelle je suis
assis. Elle est en train de me chevaucher, et j'ai l'habitude d'être au-dessus,
d'habitude. Elle passe ses mains derrière mon cou et me lance un regard
langoureux. Je la regarde faire sans rien dire. Ce n'est pas une pucelle
bourrée en chaleur qui va m'exciter, même si ses hanches qui commencent à
onduler pile au bon endroit commencent doucement à me chauffer. Je pose
brusquement mes mains dessus, ce qui la fait sursauter, pour la faire onduler
plus rapidement. Un autre rire lui échappe. Elle rapproche ses lèvres de
mon cou et commence à le lécher de bas en haut. Je ne lui connaissais pas
ce tempérament. Au
moment où elle se rapproche de mon oreille, j'en profite pour lui glisser :
- Tu n'imagines pas à quel point j'ai envie de te faire du mal.
Je vois un frisson parcourir son corps. Ce n'était pas l'effet escompté, mais
ça me plaît assez en fin de compte. Soudain, elle recule son visage pour me
regarder droit dans les yeux, et pendant plusieurs secondes, ni elle ni moi ne
bougeons. Puis, sans que je m'y attende, elle approche rapidement son
visage du mien et commence à m'embrasser sauvagement.
Chapitre 24
Sans que je m'y attende, elle approche rapidement son visage du mien et
commence à m'embrasser sauvagement. Nos langues se rejoignent
immédiatement, et je trouve qu'elle embrasse plutôt bien pour une personne
sans aucune expérience. Mes mains remontent sur sa taille, que j'attire à
moi. Nos lèvres mouvent les unes contre les autres et lentement, l’une de
mes mains descend jusqu'à se poser sur ma cuisse, ou plus précisément
jusqu'à la poche de mon pantalon, sur mon couteau.
Tranche-lui la gorge.
De mon autre main, j'attrape l'arrière de son crâne pour approfondir le
baiser. Peut-être que je lui fais mal, je m'en fous.
Poignarde-la en plein cœur.
Je pose désormais ma main sur sa poitrine et commence à la malaxer
brutalement. Un gémissement de surprise lui échappe, toujours contre mes
lèvres, mais elle ne me repousse pas. De ses mains, elle soulève le bas de
mon teeshirt et commence à caresser mon torse.
Cogne-lui la tête contre le carrelage.
De mes deux mains, je l'attrape par la taille et lui plaque le dos contre la
table, rompant notre baiser. Un gémissement de douleur lui échappe. Je suis
désormais debout, et elle a ses jambes écartées autour de mon entrejambe,
allongée horizontalement sur la table.
- Attends, Bhaltair... fait-elle.
Étrangle-la.
Je l'attrape par les cuisses pour coller mon bassin contre elle et cette fois-ci,
elle pousse un petit cri.
- Arrête ! fait-elle en me poussant de ses deux mains sur mon torse.
Me contrôlant à moitié, je tombe sur la banquette. Je sens que je suis en
train de faire une crise et que je vais avoir du mal à redescendre.
Écorche-lui le visage.
Ma main se pose sur mon couteau, et je sens qu'elle ne va pas faire long feu
si ça continue ainsi.
- Dégage, je lance soudain.
- Quoi ? fait-elle en se relevant.
- Dégage ! je crie, cette fois.
Elle ne perd pas une seconde et commence à se diriger vers la sortie du
restaurant. Je lutte de toutes mes forces pour ne pas lui courir après et la
tuer, même si j'en ai très envie. Ça devient de plus en plus insupportable.
Même si elle n'est désormais plus là, je n'arrive pas à me calmer, et ma
respiration ne fait que s'accélérer. Ma main sort d'elle-même mon couteau
de ma poche et, au lieu de me précipiter à la suite de ma femme pour la tuer,
je le dirige vers ma main déjà amochée par la fourchette de tout à l'heure et
l'enfonce brusquement. Je ne sens quasiment rien à cause de l'adrénaline,
mais le peu que je sens tout de même me permet de réguler ma respiration.
Voir le sang couler de ma main m'apaise. Je commence peu à peu à
redevenir maître de moi-même, même si je ne suis pas totalement calmé. Je
ressors le couteau de ma main et enroule celle-ci dans une serviette. Ma
respiration commence à revenir à la normale et moi aussi.
Je souffle un grand coup et appelle le même médecin qui s'est occupé de
mon épaule une heure plus tôt. Il me prévient qu'il sera là dans une dizaine
de minutes. Ça risque de retarder mon plan de ce soir, qui consiste à tuer les
deux abrutis qui m'ont trahi. C'est seulement là que je remarque que mon
sweat est toujours posé sur la banquette à côté de moi, ce qui veut dire
qu'elle est désormais seule avec des vêtements qui en dévoilent beaucoup
dans une ville peuplée de mecs en chaleur qui pourraient tenter de se la
faire, avec ou sans son accord. Ça me met hors de moi, mais j'arrive à me
contrôler à peu près. Elle a un couteau sur elle, elle peut se défendre, elle a
de quoi se défendre. Mais la question est : si quelqu'un tente de l'agresser,
est-ce qu'elle osera riposter ? Je pense avoir la réponse à cette question, et
elle ne me plaît absolument pas.
Neala
Je marche dans la grande ville qu'est Portofino, mais je ne sais pas vraiment
où je vais. Je n'ai pas de but. Même si je n'ai pas envie de me l'avouer, j'ai
adoré ce baiser avec Bhaltair. Il a de l'expérience et ça se sent.
Malheureusement, il ne l'a pas supporté et a bien failli me tuer sur cette
table, juste à côté de nos pizzas.
- Excusez-moi, vous êtes perdue ? me demande soudain un inconnu en
italien.
Comme je ne comprends pas cette langue, je tente de lui parler anglais et
l'informe que je traîne simplement devant les boutiques. Il n'en reste pas là
puisqu'il commence à marcher à ma hauteur. Je l'informe que c'est une très
mauvaise idée, mais il a l'air de s'en contreficher. Je décide donc de rentrer
dans une boutique de lingerie en espérant qu'il me lâche, mais ça ne
fonctionne pas puisqu'il rentre avec moi.
- D’où venez-vous ? me demande-t-il.
- Très loin.
- Alors que faites-vous là ? Vous n'êtes manifestement pas en
vacances.
Je ne pense pas que lui dire la raison de ma présence ici soit une très bonne
idée, alors je me contente de hausser les épaules et commence à regarder
différents modèles. Comme il me suit encore, je me tourne brusquement
dans sa direction et croise mes bras sur ma poitrine.
- Je peux savoir pourquoi est-ce que vous me suivez de la sorte ? C'est
flippant !
L'air de rien, il se rapproche lentement de moi et regarde les modèles en
exposition. Puis ce qu'il dit ensuite me glace le sang.
- Gardez une expression neutre car ce que je m'apprête à vous dire
peut potentiellement vous faire peur. Il y a deux hommes dehors qui
sont en train de vous suivre depuis une dizaine de minutes déjà, alors
je voulais vous mettre au courant pour que vous puissiez vous mettre
à l'abris.
Je jette un très bref coup d'œil à l’extérieur. Il y a effectivement deux
hommes qui ne bougent pas. Ma respiration s'accélère. Est-ce que ce sont
les deux hommes que Bhaltair est censé tuer ? J'avale difficilement ma
salive.
- Merci de m'avoir mise au courant.
Il hoche la tête tandis que je sors mon téléphone. Je clique sur le numéro de
Bhaltair et le colle contre mon oreille. Celui-ci décroche au bout de deux
sonneries.
- Quoi ?
- Tu vas mieux ?
Un silence règne à l'autre bout du fil, je me contente donc de lui dire le plus
important.
- Les deux hommes que tu veux tuer, je crois qu'ils sont là.
- Comment ça « là » ?
- Bah ici ! Je suis dans une boutique, ils sont sur le trottoir en face de
celle-ci.
- Envoie-moi ta localisation.
- Ok mais...
- Pas la peine en fin de compte, je l'ai déjà.
Et il raccroche. Je ne sais pas si cette information doit me rassurer ou
m'effrayer. Je me
contente de rester à l'intérieur de la boutique tandis que l'homme qui me
suivait me prévient qu'il doit partir. Je le remercie une deuxième fois avant
qu'il passe les portes de la boutique et s’en aille. C'est alors qu'un des deux
types qui m'observaient traverse la rue et... entre. J'essaye de garder un
minimum de contenance, mais je sens mon sang se figer dans mes veines.
J'examine les différents modèles de soutien-gorge et fais semblant de m'y
intéresser.
- Le vert vous irait parfaitement.
Je sursaute en entendant sa voix juste à côté de moi. Je ne l'avais pas vu
venir.
- Ah... merci.
Je m'apprête à m'en aller quand il m'attrape par le bras.
- Attendez ne partez pas, je ne vais pas vous manger.
Je lui souris timidement. J'aimerais être partout sauf ici à l'heure qu'il est. Et
quelque chose me dit que le pire reste à venir.
Chapitre 25
- Écoutez, c'est avec plaisir que je resterais discuter mais... mais j'ai un
petit ami voyez-vous, et il est très, très jaloux.
- C'est ce qu'on dit oui... murmure-t-il.
- Je vous demande pardon ?
- Non, rien. Alors comme ça, vous allez souvent vous trouver des
jolies sous-vêtements seule, sans votre copain ?
- Eh bien non pas vraim...
- Il ressemble à quoi votre copain, dites-moi ?
- B... Blond. Avec des yeux bleus et deux belles fossettes.
Il hoche lentement la tête. Nous échangeons un regard et je parie qu'il sait
que je mens. J'ai l'impression que je vais mourir sur place. Il faut que
j'essaye de m'en aller.
- Bon bah je vais vous laiss...
Soudain, mon téléphone se met à vibrer, et le prénom de Bhaltair s'affiche
sur l'écran. Je relève la tête et croise le regard du type. En un claquement de
doigt, je tente de m'éclipser, sauf qu'il m'attrape par le bras et tente de me
mettre un coup de poing que j'évite de justesse, qui atterrit dans un lot de
strings rayés. Je lui envoie mon genou entre les jambes et cours vers la
sortie du magasin, mais c'était sans penser au deuxième type, qui arrive à ce
moment-là et me bloque le passage. La caissière et les clients se mettent à
crier quand il sort une arme. Je sens les battements de mon cœur accélérer.
Je suis vraiment dans la merde. Je tente de m'enfuir en tournant les talons
mais un premier coup de feu retentit et je me fige sur place. La balle a frôlé
mon épaule. Je sens une larme rouler sur ma joue. Quelques gouttes de sang
s'écoulent de mon épaule mais ça ne me fait pas vraiment mal.
- Viens-là sale pute ! lance le premier type tandis que je me cache
derrière un rayon de soutien-gorge pour femmes enceintes.
Je sens que je commence à faire une crise de panique. Je ne vais pas réussir
à me contrôler. Heureusement, ils n'ont pas l'air de m'avoir repéré, et le plus
longtemps je resterai caché, le plus longtemps je serai en sécurité avant que
Bhaltair arrive et leur fasse leur fête. Enfin ça, c'était avant qu'une dame,
cachée derrière le même rayon que moi, me pousse exprès pour que les
types me remarquent. Dès qu'ils me voient, ils se précipitent dans ma
direction. L'un d'eux m'attrape par les bras et me maîtrise, m'empêchant de
bouger, tandis que l'autre soulève le bas de mon top. Il hoche lentement la
tête en riant.
- Alors les rumeurs disaient vraies. Il a gravé son nom sur le ventre de
sa nana ! C'est bien elle, on l'embarque.
Je me débats dans tous les sens, mets des coups de jambes, mais je
commence à me dire que je vais bel et bien me faire kidnapper. Ils me
sortent de la boutique et personne ne tente d'intervenir, ça serait d'ailleurs
fou de le faire. Mais au moment de traverser la rue, une Lamborghini
violette arrive à fond. Une de ses vitres teintées s'ouvre et en une fraction de
seconde, le deuxième type tombe à terre, la balle d'un automatique venant
de lui traverser la tête. Le premier ne tarde pas à se prendre une balle à son
tour, me libérant au passage. Je me redresse vite et me retiens de pousse un
cri horrifié devant ces deux cadavres. La portière de la voiture s'ouvre et
Bhaltair crie :
- Dépêche, monte !
Je ne me fais pas prier et fonce dans la voiture. Il referme la portière
derrière lui et
démarre en trombe.
- On quitte l'Italie ce soir, dit-il.
Je hoche lentement la tête. Je n'aurais pas dit mieux. Je vois son regard
parcourir mon corps, et s'arrêter sur mon épaule. Il fronce les sourcils mais
retourne son regard vers la route tandis que je me remets de mes émotions
du mieux que je le peux, c'est-à-dire absolument pas.
Une fois de retour à l'hôtel, nous nous dépêchons de faire nos valises, ou
plutôt de les prendre puisque nous ne les avions pas encore ouvertes, et
nous dépêchons d'aller jusqu'au jet. C'est trop dangereux pour nous de rester
en Italie. Quand nous serons de retour en Finlande, nous aurons toute la
protection nécessaire.
Une fois assise dans le jet, je prends le temps de regarder mon épaule et
grimace. Le sang a séché et ce n'est pas beau à voir. J'entends quelqu'un
souffler à côté de moi. Je me tourne vers Bhaltair.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Il ne me répond pas et je n'insiste pas. Je n'ai pas très envie de recevoir ses
foudres maintenant. Je baisse le regard et tombe sur mes cuisses brûlées,
une œuvre de mon époux. Je soupire et regarde à travers le hublot.
- Redresse-toi.
Je sursaute et me tourne vers lui en fronçant les sourcils.
- Quoi ?
- Redresse-toi putain, fait-il en m'attrapant par le bras pour me
redresser.
Il pose une espèce de mallette à côté de moi et l'ouvre. Elle contient des
produits de soins.
- Retire ton haut.
- Mais...
- Retire-le où je le déchire.
Je l’enlève et il commence à sortir du produit pour nettoyer la plaie.
- Pourquoi est-ce que tu fais ça ?
- Tu risques une infection si ce n'est pas soigné à temps, et tu sais que
j'ai besoin de toi en vie.
Je hoche lentement la tête. Il s'occupe donc de ma blessure pendant les
minutes qui suivent et étonnamment, il ne s'amuse pas à appuyer trop fort
pour me faire mal. Il finit par couvrir mon épaule d'un gros pansement et
ferme la mallette.
- Merci.
- Ta gueule.
Je hausse les sourcils.
- Dis-moi, ces hommes... qu'est-ce qu'ils me voulaient tu penses ?
- T'enlever, te séquestrer, te violer et m'envoyer des vidéos pour me
faire chanter.
J'écarquille les yeux. Son manque de tact me fascine autant qu'il m'effraie.
- Mais comment est-ce qu'ils auraient pu te faire chanter ? Tout le
monde sait que tu ne me voues pas une grande affection.
- Mais ils savent que ça me rendrait malade de savoir ma femme en
leur possession, comme à peu près tout ce qui m'appartient.
Il sort une boîte de sa poche et l'ouvre, puis prend une espèce de
médicament qu'il y a à l'intérieur et l'avale. Je suppose que c'est un
traitement contre l’une de ses maladies. Je me demande pourquoi est-ce
qu'il en consomme un maintenant, lui qui n'a jamais daigné les prendre.
- Et... quand est-ce que les voix dans ta tête ont commencé ?
- Tu poses trop de questions.
- Je m'ennuie, j'ai envie de passer le temps plus vite.
- Je passerais bien le temps d'une autre manière.
Je ne dis rien et détourne le regard. Mais soudain, il décide de me répondre.
- Après la mort de ma mère et de ma sœur.
- Oh... mais alors ça t'a touché plus que tu ne le laisses paraître ? je fais
en me tournant vers lui.
- Ouais, ça me brise le cœur, dit-il d'un air cynique.
- Et pourquoi est-ce que tu veux tuer ton père ?
Il souffle.
- Mêle-toi de ton putain de cul.
Je soupire.
- Je n'aime pas mon père, mais pourtant je ne rêve pas de le tuer, je
lance.
- Pourtant tu devrais.
- L'amour pour le sang ne coule pas dans mes veines à moi.
Il ne répond rien.
- Pour revenir aux italiens avec qui tu pensais travailler qui ont tenté
de m'enlever pour te faire chanter... tu penses qu'ils sont aux ordres de
qui ?
- Je n'en sais rien.
Il prend un autre médicament. Il ne doit pas avoir l'habitude de ne pas avoir
la situation entre ses mains.
**
Deux heures plus tard, le jet se pose enfin en Finlande et nous rentrons au
manoir. Je ne me sens pas vraiment en sécurité, même dans mon propre
pays. J'ai l'impression que quelque chose se prépare et que cette attaque en
Italie n’était que le commencement.
Chapitre 26
- Debout !
J’ouvre les yeux en sursaut et m'empresse de couvrir mes genoux en voyant
mon père et celui de Bhaltair juste devant notre lit. Bhaltair se réveille en
les fusillant du regard.
- Il est six heures du matin, qu'est-ce que vous foutez ici ?
- On a entendu parler de ce qu'il s'est passé hier. C'est quoi ce bordel ?
lance mon beau-père.
- Dégagez de la chambre.
- Non il faut...
- Ma femme est à moitié à poil et je connais ton amour pour les
femmes plus jeunes alors DÉGAGEZ DE LA CHAMBRE !
Nos pères s'échangent un regard et finissent par quitter la pièce.
- Habille-toi, me dit Bhaltair en se levant.
Je me dirige vers le dressing et me vêtis d'une robe près du corps en satin
bleu clair. Mon épaule me fait mal, mais je préfère éviter de me plaindre.
L'homme en face de moi s'est déjà pris trois balles dans le corps il n'y a pas
longtemps, alors ce que j'ai n'est rien
à côté de lui. Une fois que nous sommes prêts, nous sortons de la chambre
pour rejoindre nos parents.
- Comment va maman ? je demande alors à mon père en m'asseyant.
- Bien, mais on s'en fout.
J'échange un regard avec Bhaltair qui hausse un sourcil, faisant sûrement
référence à notre conversation d'hier soir dans le jet. Pendant que les trois
hommes autour de moi discutent de potentiels ennemis, je focalise mes
pensées sur le lustre au-dessus de nos têtes. Je m'ennuie, je ne pense pas que
prendre part à la conversation plaise à ces messieurs, alors je préfère me
taire. Je décide même de me lever pour m'en aller mais Bhaltair m'attrape
par le bras et me fait me rassoir.
- Sinon, avez-vous consommé le mariage, ou pas encore ? demande
son père.
- Pas encore, je fais.
- À cause de tes envies de meurtre je présume ? questionne-t-il en se
tournant vers son fils.
Il hoche la tête.
- Ça en devient ridicule. Ça fait plus d'un mois que vous vous êtes
mariés, enfin !
Je vois le regard de mon époux se durcir.
- Ne me dis pas comment gérer ce que je fais ou non avec ma femme.
- Change de ton.
- Pourquoi, c'est toi le chef de la mafia ?
- Dans un certain sens oui, puisque tu ne l'as pas encore défloré.
Oh, par pitié. Ça me met tellement mal à l'aise qu'ils parlent de ma virginité
comme si je n'étais pas là, et devant mon père qui plus est. Les deux
hommes de la famille Mulligan s’affrontent du regard pendant plusieurs
secondes avant que le père détourne le sien. Si même lui ne tient pas tête à
son fils, je me demande qui le peut, et surtout qui est assez con pour penser
pouvoir lui faire du chantage.
- Bon, nous allons y aller, dit son père.
Mon père et lui se lèvent et nous saluent. Puis, ils s'en vont. Bon débarras !
Je me sens oppressée ici. Et depuis ce qu'il s'est passé hier, j'ai l'impression
de ne plus pouvoir respirer correctement. Je me sens emprisonnée. Soudain,
une idée me passe par la tête.
- J'aimerais sortir en boîte.
- Non. Je vais aller interroger mes gangs alliés et toi tu resteras ici.
Je ne réponds rien, mais je ne suis pas d'accord avec lui. C'est décidé, ce
soir je sortirai et si ça ne lui plaît pas, alors je le ferais dans son dos. Je suis
peut-être complément givrée, mais je préfère sortir et qu'il me le fasse
regretter plutôt que de rester enfermée à étouffer ici. Il me jette un coup
d'œil comme s'il tentait de déchiffrer mon expression, qui se veut
impassible. Ouais, ce soir je risque de m'attirer les foudres de mon mari.
- T'as intérêt à être là quand je reviens, dit-il sur le pas de la porte.
Je ne dis rien et il ne semble pas s'en formaliser, puisqu'il sort en claquant la
porte derrière lui. Immédiatement, je me précipite au dressing qu'il y a au
sous-sol, celui qui regorge de belles robes et aussi celui qui m'a fait faire la
rencontre du requin de Bhaltair lorsque je le cherchais. Je déniche une robe
bustier rouge, longue et moulante. Elle est parfaite. Je l'enfile, détache mes
cheveux et ne prends pas la peine de me maquiller. Je ne sais pas quand il
va rentrer alors je préfère me laisser le plus de temps possible. Je remonte à
l'étage et après avoir vérifié qu'aucun de ses hommes n'était dans le coin, je
sors vite du manoir pour aller m'installer derrière le volant d'une Bugatti
bleu nuit. Je mets la clé dans le contact et grimace quand le moteur se met
en route. Même si je n'ai pas mon permis, je sais conduire. Ma mère m'a
appris il y a quelques années de ça. J'appuie donc sur la pédale
d'accélérateur après avoir fait toutes les mises au point nécessaires et me
voilà partie.
Sur le chemin, je sens mon cœur s'accélérer. Je sais que je vais
probablement me faire tuer par Bhaltair pour ce que je suis en train de faire,
mais j'ai envie de sortir alors je ne vais pas m'en priver parce que mon mari
me l'interdît !
Au bout d'une vingtaine de minutes, je gare la voiture pas loin d’une boîte
espagnole appelé le San-José. J'en sors et mes talons claquent sur le sol
tandis que je me dirige vers la queue. Je n'ai pas le temps d'attendre... je
passe donc devant tout le monde et une fois
devant le videur, je me stoppe.
- Tu fais la queue, dit-il machinalement.
- Non. Je vais passer tout de suite.
Il commence à se foutre de moi.
- Et comment est-ce que tu comptes t'y prendre ?
- Cette boîte appartient à Bhaltair Mulligan, c'est bien ça ?
- Ouais et... ?
Il m'observe quelques secondes avant de froncer les sourcils.
- Je ne vous avais pas reconnu. Entrez, madame Mulligan.
- Je vous remercie.
Et me voilà à l'intérieur de la boîte. J'ai la soirée pour moi et je suis bien
décidée à en profiter ! Je me dirige immédiatement vers le bar et demande
un mojito. Je vais commencer doucement, ça fait longtemps que je n'ai pas
bu à en perdre la tête. Enfin, si on exclut la fois où moi et Nina avons
débarqué complètement saouls lors de la réception des hommes à la tête des
mafias étrangères. Une fois que je reçois mon mojito, je commande un
verre de rhum, et une fois que je l'ai, j’alterne entre les deux. Ma vessie
commence vite à peser.
Une dizaine de minutes plus tard, pas saoul mais pas sobre non plus, je
danse au milieu de la boîte. Je suis heureuse, ça fait tellement longtemps
que je ne m'étais pas sentie libre comme ça !
- Eh ! m'interpelle un homme assis sur un canapé avec trois amis.
Je m'approche d'eux.
- Ouais ?
- C'est toi la femme de Mulligan ?
Je hoche la tête.
- D'ailleurs s’il te voyait en train de me parler, il t'exploserait la gueule.
- Ouais, je m’en doute. Mais... il n'est pas là. Ça te dit de t'asseoir avec
nous ?
Je pèse mentalement le pour et le contre, et finis par trancher.
- Oui, pourquoi pas.
Il sourit et fait de la place entre lui et son pote pour que je m'y installe.
- Tu m'offres un verre ? je demande alors.
- Avec plaisir.
Un sourire se dessine sur mes lèvres.
- Toi, je t'aime bien.
- Moi aussi je t'aime bien, fait-il en posant sa main sur ma cuisse, ce
qui fait immédiatement redescendre mon sourire.
J'ai intérêt à faire attention à ce que Bhaltair ne voit pas ça, sinon ça va mal
aller autant pour ce type trop tactile que pour moi...
Chapitre 27
Une bonne heure plus tard, je danse avec mes quatre nouveaux amis. J'ai
enchaîné les verres et Dylan, l'américain qui avait posé sa main sur ma
cuisse, danse collé-serré avec moi. Après tout, Bhaltair a déjà couché avec
d'autres femmes pendant que nous étions mariés, alors je ne vois pas ce qu'il
y a de mal à danser avec ce mec.
- Viens, on va s'aérer, fait-il en me prenant par la main.
Je le laisse me conduire à l'extérieur de la boîte sans rien dire et une fois
que l'air frais entre en contact avec ma peau, je ne peux empêcher un
soupire de s'échapper de mes lèvres. Nous nous asseyons sur le bord d'un
trottoir dans un recoin caché de tous.
- Et il te laisse souvent sortir seule, Bhaltair ? me demande-t-il.
Je secoue négativement la tête.
- Je l'ai fait dans son dos. Il voulait que je reste seule à la maison à
l'attendre. Je ne suis pas son objet. Je préfère subir ses foudres et
avoir fait quelque chose qui me plaît plutôt qu'il me laisse tranquille
mais de m'ennuyer mortellement.
Il hoche la tête.
- Et d'où est-ce que tu le connais ?
- Il est connu de tout le monde dans le réseau du crime.
C’est à mon tour d’hocher la tête. Je me redresse et nos regards se croisent.
Nous sommes juste à côté l'un de l'autre. Soudain, il s'humidifie les lèvres et
commence à pencher la tête vers moi. Merde, mais qu'est-ce que je fais ? Je
garde les yeux ouverts sans bouger, ne sachant trop quoi faire quand
soudain, nous sommes interrompus par des crissements de pneus. Une
voiture vient de passer à fond devant le recoin et de ce que je peux
entendre, elle a dû s'arrêter juste devant la boîte. Ça doit être Bhaltair... ce
qui veut dire qu'il est temps que je dise au revoir à Dylan.
- Il faut que j'y aille, je fais en détournant la tête, ce qui fait que ses
lèvres atterrissent sur ma joue.
Terriblement gênée, je le salue et m'éloigne du recoin.
- Attends ! fait Dylan derrière moi.
Non, il ne faut pas qu’il me suive.
- Neala !
- Non Dylan ne me suis p...
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'un coup de feu retentit et une balle
vient trouer son crâne. Je porte mes mains à ma bouche. C'est sans grand
étonnement que je vois la silhouette de Bhaltair se dessiner dans l'ombre.
Puis, il approche à grandes enjambées de moi. Son œil est blanc, il est en
colère. Pire que ça, il est fou de rage.
- Alors c'est à ça que tu t'amuses quand je ne suis pas là, hein ?? Tu
pars te faire baiser par le premier mec rencontré en boîte !?
Il m'attrape brusquement par le bras et m'entraine vers sa voiture, une
Lamborghini violette.
- Lâche-moi tu...
- Ferme ta putain de grande gueule avant que je te l'explose Neala !
Soudain, bien qu'il me traîne à sa suite, je me fige. C'est la première fois
qu'il prononce mon prénom. Je ne sais pas pourquoi ça me choque, mais en
tout cas c'est perturbant. Il se dirige vers sa voiture, qui ne se trouve pas
devant la boîte mais dans un coin reculé où il n'y a personne, et me balance
presque sur le siège arrière. Il arrive à ma suite et referme la portière
derrière lui. Il m'allonge le dos contre les sièges de la voiture et se place au-
dessus de moi.
- Alors ça te plaît de te faire baiser par n'importe qui ? Tu veux que je
te le fasse regretter ? s'exclame-t-il en attrapant mes poignets pour
venir les mettre au-dessus de mon crâne.
La peur s'empare de moi tandis que ses yeux me fusillent du regard.
- J'dois pouvoir te baiser moi aussi puisque t'es qu'une salope !
Il appuie sa pression sur mes bras en s'approchant brusquement de mon
visage. Et je ne sais pas ce qu'il se passe à ce moment-là, mais en plus de la
peur, une autre sensation vient se nicher en moi. Et j'ai bien l’impression
qu’il s’agit de nul autre que... de l'excitation.
Bhaltair
Neala
Putain, cette phrase crue me fait ressentir cette drôle de sensation au bas du
ventre. Ses doigts vont et viennent en moi, et même si ça me fait un peu
mal, je suis surtout en train de prendre mon pied. Je pose soudain l’une de
mes mains sur son bras, qu'il dégage rapidement en me fusillant du regard,
pensant sûrement que je veux qu'il aille moins vite mais... c'est tout le
contraire.
- Va... plus vite, s'il te plaît.
Il reste statique pendant une fraction de seconde, juste avant de replonger
ses doigts en moi de plus belle, ce qui me fait cambrer le dos dans sa
direction. Il agrippe l’un de mes seins de sa main disponible et, prise d'un
élan soudain, j'approche les miennes de son sweat pour le lui retirer. Je le
fais passer par-dessus ses épaules et sa musculature me tape directement
dans l'œil. Putain, ce qu'il est beau. Des tatouages ainsi que pleins de
cicatrices, notamment celles des trois balles que je lui ai enlevées il n'y a
pas longtemps, parcourent son corps.
Sa tête descend au niveau de mes seins et il commence à aspirer ma peau
juste au-dessus de ceux-ci. Ses doigts continuent leurs va-et-vient et j'ai
l'impression de perdre la tête. Il m'avait déjà fait ça, mais il ne m'avait pas
touché avec autant d'intensité et d'envie. Je ne sais pas si ce que je
m'apprête à dire est une bonne idée ou non, mais je décide quand même de
me lancer.
- Bhaltair, j'ai envie de consommer le mariage maintenant.
Il s'immobilise puis me fixe un instant, et soudain son œil redevient blanc.
Il ferme les yeux et secoue la tête avant de les rouvrir. Il est revenu à la
normal. D'un coup sec, il m'enlève mon soutif, me laissant complètement
nue et à sa merci en dessous de lui. Il retire son jogging et à ce moment-là,
je le remercie intérieurement de ne pas avoir mis de costard pour sortir ce
soir, comme il a l'habitude de le faire. Ça aurait été plus compliqué à retirer
à l'arrière d'une voiture. Quand il enlève son boxer, je le vois nu pour la
première fois, et je dois admettre que c'est plutôt impressionnant. Il est
vraiment très... très bien membré, surtout lorsque l’on pense au fait que les
pornos sont ma seule référence. Il approche deux doigts de ma bouche et
me fait comprendre que je dois les humidifier. Je les laisse donc franchir la
barrière de mes lèvres et les suce, avant qu'il ne les ressorte et les approche
de mon intimité. Il les enfonce à l'intérieur de moi, me faisant échapper un
soupire involontaire, pour me préparer à recevoir son sexe. Puis, il les
ressort et s'allonge à nouveau au-dessus de moi.
- J'ai envie de te faire mal... vient-il me murmurer à l’oreille.
Olala, ce n'est pas normal que cette phrase m'excite encore plus, si ? Il vient
se placer à la bonne hauteur, puis prend son membre en main afin de le
positionner correctement, c'est-à-dire contre le bord de mon intimité. Je
viens passer mes mains derrière sa nuque car j'ai besoin de m'attacher à
quelque chose, même si je sais que le contact physique l'horripile. Son
regard s'assombrit mais il ne dit rien et, tandis que nos regards s'imbriquent
l'un dans l'autre, il vient pousser en moi. Un cri de surprise et de douleur
m'échappe, et je vois dans ses yeux qu'il a l'air d’adorer ça.
Il attend un peu, puis bouge de nouveau et s'enfonce une seconde fois en
moi. Mon rythme cardiaque a cruellement augmenté et le sien aussi, je sens
son pouls battre grâce à mon bras qui frôle son cou. Il s'enfonce une
troisième, puis une quatrième fois en moi, me faisant grimacer mais aimer
en même temps. Mes mains se détachent de sa nuque pour parcourir son
corps. Ses bras musclés, puis son torse tatoué, et enfin son dos. Un
gémissement de plaisir m'échappe quand il s'enfonce pour la cinquième fois
en moi, et c'est seulement là que je réalise ce qui est en train de se passer. Je
viens de perdre ma virginité à l'arrière d'une voiture de luxe au milieu d'un
endroit publique où n'importe qui peut nous voir à n'importe quel moment.
Honnêtement, ça m'est bien égal pour l'instant. La main de Bhaltair se pose
à nouveau sur mon cou et il commence à serrer tandis qu'il continue ses va-
et-vient en moi. Son œil n'est plus blanc alors je n'ai pas peur qu'il
m'étrangle pour de vrai, du moins pour le moment. Un son grave s'échappe
de sa bouche, me procurant encore plus d'excitation. Il accélère légèrement
la cadence et j'aime bien ça. La douleur est toujours très présente, mais je
crois bien que le plaisir la surpasse. Ses lèvres viennent se poser sur mon
cou qu'il commence à suçoter, et ça me pique. Ça ne m'étonnerait même pas
de me retrouver avec un deuxième gros suçon dans quelques minutes. Je
bascule la tête en arrière pour lui donner un plus grand accès à cette partie
de mon anatomie, sa main et ses lèvres l'emprisonnant toujours tandis que
sa queue en moi s'enfonce de plus en plus. J'ai l'impression que ses
mouvements commencent à devenir plus brutaux, et ça me plaît réellement.
Soudain, il se redresse et, à l'aide de ses deux mains, m'écarte les cuisses. Et
là, il commence à regarder son sexe me pénétrer.
- Tu saignes, dit-il.
Je hoche la tête, incapable de parler. Je me doutais que je saignerais. Il
continue de regarder et je le jalouse un peu à ce moment-là. Moi aussi
j'aimerais le voir s'enfoncer en moi. Il accélère encore un peu plus le rythme
et un frisson vient parcourir mon corps. Je suis en train de prendre mon
pied. Il accélère encore et un cri de douleur m'échappe. Il a l'air de
comprendre que cette fois-ci il n'y a pas de plaisir puisqu'il ralentit le
rythme, maintenant tout de même une bonne cadence. Ça m'étonne qu'il en
ait quelque chose à faire de ce que je peux actuellement ressentir. Je sens le
plaisir revenir et monter de plus en plus en moi. Un gémissement m'échappe
à nouveau et soudain, une vague de plaisir déferle en moi. Je ferme les yeux
et cambre mon dos au maximum tandis que Bhaltair s'allonge à nouveau au-
dessus de moi en respirant de plus en plus fort. Des gémissements
incontrôlés m'échappent tandis que je suis en train de jouir, et à sa
respiration encore plus saccadée qu'avant, j'en déduis que c'est également
son cas.
Ça dure plusieurs secondes. Puis, une fois que c'est fini, il se retire de moi
en soufflant un coup et remet son boxer ainsi que son jogging. Il ouvre
ensuite la portière pour sortir de la voiture et part s'appuyer contre le mur le
plus proche. Heureusement que nous sommes dans un coin isolé, je serais
très gênée que quelqu'un nous remarque et comprenne ce que nous venons
de faire. Mon rythme cardiaque commence quelque peu à s'apaiser tandis
que je remets mes sous-vêtements en grimaçant à cause d'une nouvelle
douleur à l'entrejambe. Je jette un coup d'œil à ma robe en lambeau et une
pensée qui me vient soudain à l'esprit me fait doucement sourire.
Bhaltair
Torse nu et adossé contre un mur alors que je viens de déflorer mon épouse,
je sors une clope et commence à la fumer tandis que je l'observe se rhabiller
à travers la portière que j'ai laissé ouverte.
- Je peux prendre ton sweat ? demande-t-elle en jetant un regard à ce
qu'il reste de sa robe.
Je la fusille du regard tandis qu'elle semble attendre une réponse.
- Ouais mais la prochaine fois je te fais rentrer à poil.
Elle l'enfile donc et vient me rejoindre. Ses cheveux sont en désordre et son
maquillage a coulé. J'aime voir la trace de mon passage sur elle.
- Je peux ? fait-elle en regardant ma cigarette.
- Tu n'as plus jamais intérêt à sortir alors que je t'ai dit de ne pas le
faire.
- Si la punition est de refaire ce que l'on vient de faire dans la voiture,
attends-toi à ce que je recommence.
Je hausse les sourcils en me tournant vers elle. Cette audace... me plaît
autant qu'elle me donne envie de lui exploser le crâne contre le mur. Je lui
file mon paquet de clopes et elle s'en prend une.
- Je ne fume pas d'habitude mais...
- Je m'en fous. Si tu taches mon sweat de sang, t'auras intérêt à le
nettoyer.
Nullement démoralisée par ma façon de lui parler, elle prend à nouveau la
parole.
- Tu n'as pas tenté de me tuer.
Je prends une taffe avant de l’expirer sur son visage, ce qui la fait grimacer.
- Pourquoi, t'aurais bien aimé ?
- Non, bien sûr que non. Mais peut-être que la vue de mon sang et ta
brutalité pendant l'acte t'ont calmé.
Je ne réponds rien. J'ai plus pris mon pied que ce que je pensais avec elle ce
soir.
- Est-ce qu'à l'avenir tu seras un peu moins rudes avec les hommes à
qui il me sera donné de parler, puisque je ne suis officiellement plus
vierge ?
- Tu es à moi, et encore plus maintenant. Ça ne changera pas. Et tu sais
que je déteste qu'on touche à ce qui m'appartient.
Beaucoup vont la convoitiser juste pour le plaisir de m'humilier après avoir
appris que je l'ai défloré. Parce que ouais, je vais devoir en parler à mon
père, que je vais du coup pouvoir tuer bientôt. S'il demande à voir le sang
de ma femme, je le défonce sur place. Mon regard se pose sur son cou et sa
poitrine. Deux suçons y ont désormais pris place, très bien. Comme je viens
au bout de ma clope et que je n'ai pas envie d'en fumer une deuxième, je
m'empare de la sienne, qu'elle n'a fumé qu'à moitié, et la colle à mes lèvres.
- Monte dans la voiture, on rentre.
Elle ne se fait pas prier et s'installe sur le siège passager, puis jette un coup
d'œil à travers le rétroviseur et grimace.
- Il y a du sang sur la banquette arrière, dit-elle.
Ouais, je sais. Et savoir que c'est grâce à moi qu'il y est me ferait presque
bander.
Arrête-toi sur le bord de l'autoroute et baise-la devant toutes les voitures
qui passent.
J'avais réussi à être tranquille pendant l'acte, mais c'est désormais reparti à
ce que je vois. Non, je ne ferai pas ça, du moins pas pour le moment. Je vois
mon épouse remonter les genoux contre sa poitrine, elle semble avoir froid.
- T'as encore mal ? je demande alors.
Elle tourne la tête vers moi et acquiesce. Tant mieux, ça la fait garder une
image de moi imprimée dans sa tête.
- J'irai prendre une douche en rentrant, m'informe-t-elle comme si ça
pouvait me foutre quelque chose.
À bien y penser, je pourrais éventuellement la prendre contre le mur de la
salle de bain. Devant mon silence, elle retourne la tête vers l’extérieur et
n’ajoute rien.
Je concentre à nouveau mon regard sur la route tout en pensant au fait que
maintenant que je suis officiellement le nouveau chef de la mafia puisque je
l'ai défloré, il n'y a plus rien qui m'empêche de buter mon père. Et ça, même
s'il faut que j'attende un certain délai pour qu'on ne me soupçonne de rien,
je ne vais pas me priver de le faire le plus tôt possible.
Pendant que je conduis, ma femme regarde à travers la fenêtre. Je me
demande si elle a encore mal, et cette simple pensée me fait bander. Je ne
l'imaginais pas du genre à aimer ce genre de brutalité pendant le sexe, et ça
me surprend. Soudain, elle se tourne vers moi avec un air peu serein sur le
visage.
- Je ne veux pas t'affoler et je me trompe peut-être mais... j'ai
l'impression que la voiture de derrière nous suit.
Je jette un coup d'œil dans le rétroviseur. Il y a effectivement des gens
suicidaires derrière nous. J'arrête la voiture d'un coup, ce qui la fait
sursauter. Je prends mon arme, la charge et ouvre la portière. Mais à peine
ai-je mis un pied dehors que des balles viennent ricocher contre la
carrosserie.
- C'était quoi ça ??
- Le tonnerre, je réponds en levant les yeux au ciel.
Elle ne dit rien.
- Prends un flingue, on va les buter !
Je ne m'attends pas à ce qu'elle tire sur qui que ce soit mais ça peut au
moins effrayer les gens en face. Elle ouvre la boîte à gants et s'empare d'un
glock. Elle le charge et abaisse sa fenêtre. Je commence alors à viser la
voiture ennemie. Deux hommes en sortent et nous visent à leur tour. J'en tue
un immédiatement tandis que l'autre parvient à se cacher. Il nous tire
dessus, caché derrière sa portière, tandis que j'avance en tirant également.
Sauf que mon arme est petite et évidement, vient le moment fatidique où je
n'ai plus de balle.
- Tire ! je lance à l'adresse de ma femme.
Le type en face se redresse et me vise avec un sourire. Un grognement
m'échappe, j'aimerais lui arracher les yeux à mains nues. Lentement, ma
femme sort de la voiture et braque son arme sur l'homme. Puis, elle
l'abaisse et je la fusille du regard. Mais qu'est-ce qu'elle est en train de
foutre ? Et soudain lentement, très lentement, elle relève son arme pour la
braquer sur... moi. Ma mâchoire se serre. J'aurais dû la buter quand j'en
avais l'occasion, la torturer et la faire crier jusqu'à ce qu'elle meure de
souffrance.
Elle s'approche lentement de moi et le type en face n'a pas vraiment l'air de
comprendre.
- Tu mérites de mourir pour tout le mal que tu m'as fait. Tu m'as fait
vivre un enfer dès le premier jour de notre mariage, et ça je ne pourrai
jamais l'oublier.
Le type en face ricane et sort de sa cachette. Il marche jusqu'à cette pute de
traîtresse et s'installe juste à côté d'elle.
- Dans ce cas-là je te laisse l'honneur, dit-il.
Elle ne dit rien pendant quelques secondes avant de finalement prendre la
parole.
- C'était facile, dit-elle.
Mais de quoi est-ce qu'elle parle merde ?
- Qu'est-ce qui était facile ?
Et ce qu’il se passe ensuite, même moi je ne l'avais pas vu venir. Elle
retourne l'arme contre la tête du type et lui tire une balle pile entre les deux
yeux. Il s’effondre au sol et je prends immédiatement conscience qu’elle
vient de me sauver la mise. C'est là que je réalise que Neala est loin d'être la
fille naïve et innocente qu'elle a l'air d'être. Après combien elle a aimé ce
que je lui ai fait ce soir et ce qu'elle vient de faire à ce type, je comprends
tout de suite qu'il y a une part sombre en elle. Et ça, c'est intéressant, même
si elle ne se rend probablement pas compte de cette part cachée en elle. Elle
abaisse son arme et nos regards s'imbriquent l'un dans celui de l'autre. A ce
moment-là, une sensation bizarre s'empare de moi. J'ai l'impression que je
ne la déteste plus. Sa respiration se coupe tandis qu'elle lâche l'arme au sol.
- Quand j'ai tué ce type dans le jet, j'ai détesté ça mais là... merde, je
crois que ça m'a plus de le berner pour pouvoir l'assassiner juste
après... qu'est-ce qu'il m'arrive ?
Chapitre 60
Bhaltair ne répond pas. Mon corps commence à se prendre de tremblements
incontrôlés.
- Ton âme est peut-être plus tordue que tu ne l'imaginais... et que je ne
l'imaginais également.
Et encore une fois, je lui ai sauvé la vie. Il l'a fait à plusieurs reprises avec
moi également, mais j'avoue tout de même me questionner sur la nature de
mes actions. Serait-il possible que je souhaite le protéger ?
- On rentre, retourne dans la voiture.
Je ne me fais pas prier et pars vite m'installer côté passager. Il monte à son
tour et comme d'habitude, un silence de mort règne dans l'habitacle. Sauf
que cette fois-ci, ce silence me gêne.
- Est-ce que c'est possible que ça soit à cause de toi ? je demande
soudainement.
Il ne me répond pas tout de suite, mais finit par prendre la parole.
- Non. Aimer tuer et être habitué à tuer n'est pas la même chose. Être
habitué, c'est ne pas en être dégouté car on l'a fait un nombre
incalculable de fois. Aimer, c'est ne pas en être dégouté et adorer
depuis la naissance.
- Mais... je n'ai jamais adoré tuer ! Voyons, je n'ai jamais tué qui que
ce soit avant le type du jet !
Il ne répond pas alors que je commence à me poser des questions. Je prends
donc mon téléphone et écris un message à mon père. « Bonsoir, j'ai une
question un peu étrange à te poser mais... est-ce que j'ai déjà tué avant de
me marier ? ».
- Et toi, tu aimes ou tu es obligé ? je demande.
- Les deux. Au départ j'ai commencé à tuer pour me sentir plus
tranquille. Ma sœur pleurait trop bruyamment, alors je lui ai tranché
la gorge. Elle a été la première sur la liste.
Je hoche difficilement la tête. Le silence s'installe à nouveau jusqu'à ce que,
à mon grand étonnement, il reprenne la parole.
- Qu'est-ce que tu as ressenti en tuant ce type ce soir ?
Je réfléchis. À vrai dire, je ne me suis pas vraiment posée la question.
- Je ne sais pas trop... une sorte d'adrénaline qui me faisait me sentir
bien. Une sensation de pouvoir, aussi.
Il hoche la tête.
- C'est pour ça que ça semble tant te plaire de me répondre et d'être
insolente alors que tu sais qu'à tout moment, je peux vriller.
- Mouais...
Je ne pense pas non plus être une sadomasochiste. Quoique, il faudra peut-
être que j'aille jeter un coup d'œil à la définition. Ça peut être inconscient,
après tout.
Le reste du trajet se passe dans le plus grand des calmes. Et étonnamment,
je ne me sens pas mal d'avoir tué cet homme. Il le méritait, de toute
manière, alors peu importe que je me sente coupable ou non. De retour au
manoir, je pars dans la cuisine me remplir un verre d'eau et suis
soudainement prise d'une quinte de toux. Mince, j'ai dû attraper froid en
sortant de la voiture. Bhaltair arrive à côté de moi et soudain, une question
me passe par la tête.
- Est-ce que tu sais par qui cet homme était envoyé ?
- Non. Mais j'ai l'impression que quelqu'un tente d'avoir ma peau
depuis quelques
temps. Les deux italiens que je devais buter qui ont été avertis de mes
intentions, le mec qui a tenté de m'assassiner dans le jet, maintenant
ça... je crois qu'on ne cherche pas à s'en prendre à la mafia, mais que
ça m'est personnellement visé.
Le verre qu'il avait en main éclate soudain en morceaux. Des bouts de verre
le font saigner mais il n'a même pas l'air de le remarquer. Je décide de le
laisser tout seul, j'aimerais autant éviter qu'il passe ses nerfs sur moi. Je
remonte donc dans notre chambre et soudain, mon téléphone vibre. Mon
père vient de répondre au message que je lui ai envoyé tout à l'heure. «
Maintenant que tu le dis, oui, je m'en rappelle. Tu devais avoir cinq ans
lorsque tu es sortie seule dans le jardin, tu as pris une pierre et sans raison
apparente, tu as tué un des chiens de garde de la propriété. Juste après, tu as
assommé l'homme en charge de ce chien. Pourquoi veux-tu savoir ça ? ». Je
repose mon téléphone en portant lentement une main à ma bouche sans
prendre la peine de lui répondre. Oh, merde.
**
Le lendemain matin, je me réveille avec un sacré rhume. J'ai toussé toute la
nuit et tellement bruyamment que j'ai fini par aller dormir sur le canapé de
peur que Bhaltair tente de me faire taire en m'étranglant. Je me souviens
qu'il m'a dit à quel point il déteste les femmes qui crient. Certes, je ne criais
pas, mais je faisais du bruit et comme je ne comprends pas tout ce qu'il se
passe dans sa tête, j'ai préféré assurer ma sécurité. Je me lève du canapé,
m'étire puis me dirige vers la cuisine, et sursaute en voyant... un poussin
mort. Je m'en approche lentement en me demandant ce que ça fait là.
- Ça te dégoûte ou t'aimes ce que tu vois ? retentit alors une voix dans
mon dos, me faisant sursauter une seconde fois.
- Mais... je n'aime pas ça !
Il s'approche du poussin et le prend dans sa main comme si de rien n'était.
Du sang lui dégouline le long des phalanges et je retiens un haut-le-cœur.
D’un coup, il le serre brusquement, si bien que du sang lui sort par la
bouche et que ses yeux explosent. Je ne sais pas si je dois rire ou m'enfuir
en courant.
- À quoi est-ce que tu joues ? je demande.
- Viens, dit-il en commençant à marcher.
Je ne comprends vraiment rien, mais décide tout de même de ne pas le
mettre de mauvaise humeur et de le suivre. Il m'entraîne dans le jardin, au
même endroit où il m'a appris à tirer quelques semaines plus tôt. Là, je
vois... un homme attaché contre un arbre.
- Je ne suis pas une tueuse, je fais en me tournant vers lui, ayant
compris ses intentions.
- Ah oui, tu es sûre ?
Il sort un flingue, le charge et me le tend. Je m’en empare de manière
hésitante.
- Dis-toi que ce mec, qui est un de mes hommes, n'hésiterait pas une
seconde à abuser de toi s'il en avait l'occasion.
Tue-le.
Je ne peux pas faire ça... ma conscience me joue parfois des mauvais tours.
- Tue-le, dit Bhaltair. Je veux savoir jusqu'où tu es capable d'aller.
- Tu vas être déçu, dans ce cas.
- Tue. Le.
Je brandis l'arme mais ne me résous pas à tirer.
- Imagine ses mains de gros porc dégueulasse en train de toucher ton
corps...
- Arrête.
- Imagine qu'il mette sa main de force dans tes sous-vêtements pour te
toucher...
- Stop !
- Imagine qu'il remonte ta robe et qu'il te v...
- Arrête ! je m'exclame, et c'est là que le coup part tout seul.
Il est mort. J'ai tué ce type d'une balle dans la poitrine. Je porte une main à
ma bouche.
- Me forcer à tuer ne me fera pas aimer ça !
- Ouais... n'empêche que tu ne m'as pas l'air traumatisé...
Je me tourne vers lui et un détail me surprend brusquement. Il est en train
de bander.
- Me voir tuer t'excite ??
- Tu n'as même pas idée à quel point.
J'entrouvre la bouche pour répondre mais la vérité, c'est que je ne sais pas
quoi dire. Mes yeux passent de la bosse sous son pantalon à sa bouche, puis
de nouveau à la bosse sous son pantalon. Il se rapproche lentement de moi
et je ne peux empêcher un frisson de me parcourir le corps. Ce n'est pas
normal. Ce n'est absolument pas normal que j'ai envie qu'il me prenne
contre un arbre alors qu'il y a le cadavre d'un mec que je viens de tuer juste
à côté. Ce n'est pas normal, ce n'est absolument pas normal. Et pourtant, je
suis obligée de reconnaître que j'en ai envie. Lui aussi regarde mes lèvres,
puis ma poitrine, puis ma main qui tient l'arme. Et enfin, nos deux regards
s'imbriquent l'un dans l'autre. La tension sexuelle qui flotte dans l'air à ce
moment-là est tellement étouffante qu'il est temps de la résoudre. Et par la
résoudre, je veux dire... la laisser exploser.
Chapitre 61
Soudain, il m'attrape par le cou et me plaque contre l'arbre le plus proche. Il
arrache ma robe, me faisant me retrouver en sous-vêtements en plein milieu
du jardin. Puis, il tourne mon dos contre son torse, mes mains appuyées sur
l'arbre. Il me colle à lui, et je sens son érection contre mes fesses. Ses mains
viennent caresser l'intérieur de mes cuisses en passant par le devant, et
rapidement, il les remonte jusqu'à mon intimité. Il commence à me caresser
par-dessus le tissu de mon string et un soupire m'échappe.
Malheureusement, je suis un peu gênée qu'il fasse ça alors que nous
sommes dehors et que n'importe lequel de ses hommes pourrait nous voir.
Tandis qu'il passe ses doigts sous mon sous-vêtement, je me retourne et le
repousse de mes deux mais sur son torse.
- Pas ici, je dis simplement.
Il me lance un regard noir mais, heureusement pour moi, n'insiste pas. Il se
contente de ramasser son arme et de quitter les lieux.
**
Quelques heures plus tard, on toque à la porte. J'ouvre et souris à Nina. Je
l'ai invité à venir juste après ce qu'il s'est passé avec Bhaltair. Je fronce les
sourcils en voyant qu'elle a un bleu à l'œil.
- Dean me mène la vie dure depuis qu'on a débarqué bourrées à la
réception de la dernière fois, m'informe-t-elle.
Je hausse les sourcils. Quel connard ce mec !
- J'ai de la crème cicatrisante si tu veux...
- Non merci, j'en ai déjà mis plein.
- Ah...
On dirait presque que ça lui semble habituel de se faire violenter par Dean.
- Mais c’était gentil de proposer.
- Pas de souci.
Nous partons nous assoir sur le grand canapé du salon et commençons à
discuter quand soudain, Bhaltair entre dans la pièce et part s'accouder au
plan de travail de la cuisine qui donne sur le salon. Je lui jette un regard et
remarque qu'il m'observe silencieusement. Un peu gênée, je reprends ma
conversation avec Nina mais je sens toujours son regard sur moi.
- Dis-moi, finit-elle par chuchoter, pourquoi est-ce qu'il t'observe
comme ça ?
- Ah, toi aussi tu as remarqué ?
- Il faudrait être aveugle pour ne pas s’en être aperçu.
Elle n'a pas tort. Je ne sais pas si je dois lui expliquer ce qu'il s'est passé hier
soir et tout à l'heure. Je décide de garder ça pour moi pour le moment.
- Excuse-moi, je vais te laisser deux minutes, je fais.
Elle hoche la tête et je me lève, m'avançant vers Bhaltair.
- Qu'est-ce qu'il y a ? je demande assez discrètement pour ne pas que
Nina nous entende.
- Je n'avais jamais remarqué à quel point tu es bonne en robe.
Sa franchise soudaine me laisse sans voix.
- D'accord et... c'est pour ça que tu m'observes depuis tout à l'heure ?
Il hoche la tête et m'observe de haut en bas. Je ne sais pas trop pourquoi,
mais sa façon de me regarder me donne une confiance que je ne savais
même pas posséder. Je décide donc de poser un coude contre un meuble
pour bien faire ressortir la courbe de ma poitrine et de mes hanches, et lui
lance un regard langoureux.
- Et ça, t'apprécies ?
- On dirait que tu as envie que je te baise devant ton amie.
Mes joues virent probablement au rouge mais je fais comme si de rien
n'était.
- J'ai envie que tu me baises devant tout le monde...
Un air lubrique passe dans son regard et il passe sa langue sur ses lèvres en
me regardant une nouvelle fois de haut en bas.
- T'as de la chance que j'ai du travail, dit-il. Sinon, je t'aurais démonté
sur ce plan de travail dans les minutes qui suivaient.
Et c'est sur ces mots qu'il quitte la pièce, me laissant pour le coup plutôt
confuse quant à ce qu'il vient de se passer.
**
Le soir, Nina vient à peine de partir que Bhaltair entre dans la pièce et me
balance une veste.
- On sort, dépêche-toi.
Je ne dis rien et me contente de le suivre jusqu'à sa Lamborghini violette.
Celle dans laquelle il m'a défloré sur les sièges arrière...
- Où va-t-on ? je demande alors.
Sa jambe tressaute nerveusement et ses doigts sont crispés sur le volant.
- Bhaltair ?
Il se tourne si brusquement vers moi que ça me fait sursauter. Son œil
devient blanc, et je réalise que ça faisait longtemps que ça n'avait plus été le
cas. Mais qu'est-ce qu'il se passe, bon sang ? Je n'insiste pas pour savoir
quoique ce soit étant donné qu'à tout
moment il pourrait me tuer d'une balle dans la tête, mais je commence à
paniquer.
- Ouvre la boîte à gants, dit-il. Il y a un glock que je veux que tu
prennes.
Je fais ce qu'il m'a dit et m'en empare.
- Tu commences à me faire peur, je l’informe.
- Eh bah tu devrais avoir l'habitude.
Je hausse les sourcils face à sa remarque pleine de sarcasme.
Il conduit une bonne demi-heure jusqu'à un entrepôt désaffecté et s'arrête
pile devant. Deux voitures de luxe noires sont déjà garées là. Il descend tout
en m'ordonnant de ne pas bouger et s'en va, me laissant seule dans la
voiture avec comme seule compagnie le glock que je tiens dans ma main
depuis trente minutes. Le truc, c'est que je n'ai pas eu le temps d'aller aux
toilettes avant de partir et que je suis soudain prise d'une envie pressante. Il
ne le remarquera pas si je sors deux minutes de la voiture...
Ne suis pas ses règles.
Il n'en saura rien. Je décide donc d'ouvrir la portière, de sortir du véhicule,
puis je m'approche d'un fourré pas trop loin d'ici. Je m'agenouille et fais ce
que j'ai à faire, puis remets ma robe en place une fois que j'ai fini. Voilà,
c'était rapide et il ne s'en saura jamais rien. Je me relève et commence à
marcher pour sortir des fourrés quand le bruit d'une branche qui craque
retentit soudain. Je me tourne d'un coup vers la zone d'où provient ce bruit,
le glock à la main. Je sens les battements de mon cœur commencer à
accélérer. Mais soudain, une voix féminine retentit.
- Hey, doucement ma belle.
Et une femme absolument ravissante sort de derrière un fourré. Elle a les
cheveux blonds polaires mais je peux voir à ses racines qu'elle est brune de
nature. Ses cheveux sont coupés au carré. Elle a des yeux très foncés qui
vont parfaitement avec la robe en cuir noire qu'elle porte. Mais ce qui me
choque le plus, c'est la grande cicatrice qu'elle a sur le cou. Je ne baisse pas
mon arme et lui jette un regard méfiant.
- Qui êtes-vous ? Et que faites-vous là ?
- Comme toi, en fait. J'attends quelqu'un et je voulais me trouver un
endroit tranquille pour pisser. Ta tête me dit quelque chose, tu es
Neala Mulligan, c'est ça ?
J'hésite avant de hocher la tête mais finis par le faire. Elle ne semble pas
armée et plutôt amicale, alors je décide de baisser le glock.
- Tu sais ce qu'ils sont partis faire à l'intérieur ? je la questionne.
- Absolument pas, mais les hommes ont toujours des urgences à régler,
tu le sais surement.
Je hoche lentement la tête. Des bruits retentissent au niveau de l'ouverture
de l'entrepôt et l'étrangère sourit.
- Il faut que je te laisse, mais j'ai été ravie de te rencontrer Neala.
- Oh euh... moi aussi. Et tu es ?
Mais elle est déjà partie, alors je n'aurai jamais de réponse.
- Qu'est-ce que tu fous en dehors de la voiture ? retentit soudain une
voix dans mon dos, me faisant me crisper.
C'est Bhaltair.
- Remonte, on se casse.
Je ne me fais pas prier et retourne vite dans la voiture tout en repensant à
cette rencontre pour le moins... surprenante.
Chapitre 32
Chapitre 34
Bhaltair
Vêtue d'une jolie robe courte et moulante dorée, à manches longues pour
cacher les blessures sur mes bras, je m'installe dans la limousine. Bhaltair
ne tarde pas à me rejoindre et nous partons en direction d'une boîte à lui. Ça
va me faire du bien de pouvoir lâcher la pression.
- J'ai demandé à Nina de me rejoindre, je l'informe.
- Alors ça veut dire que Dean sera également là.
- Euh... eh bien oui, je suppose.
Il n'ajoute rien et le silence retombe sur l'habitacle.
Il ne nous quitte pas jusqu'à notre arrivée à la boîte, quinze minutes plus
tard. Je suis la première à poser un pied sur le béton froid de la route et
Bhaltair sort derrière moi. Je sursaute quand son bras vient s'enrouler autour
de mon corps pour finalement poser sa main sur ma hanche et me
rapprocher de lui.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je ne veux pas qu'on te pense libre.
Je ne dis rien tandis que nous commençons à marcher. Nous rentrons
immédiatement et
Bhaltair m'emmène au coin VIP, là où Nina et Dean sont déjà arrivés. Celle-
ci me lance un sourire franc, se lève et me fait la bise.
- Dean est particulièrement embêtant ce soir, me glisse-t-elle à
l'oreille.
- Ah oui, pourquoi ? je demande en nous mettant un peu à l'écart
tandis que les deux criminels commencent à discuter entre eux.
Enfin, Dean parle et Bhaltair fait semblant de s'y intéresser.
- Il a posé sa main sur ma cuisse pendant tout le trajet alors que je lui
ai dit de ne pas le faire. A un moment j'ai même cru qu'il allait me
gifler pour que je me taise.
Je hausse un sourcil.
- Il est attiré par toi... alors que c'est ton cousin ?
Elle hoche la tête.
- La vie n'est pas rose ici, elle ne l'a jamais été et ne le sera jamais. Ça
ne fait pas longtemps que tu es entrée dans ce monde pour de vrai,
c'est normal que ça te semble anormal.
Et ça l'est, mais je préfère ne rien dire.
- J'aime beaucoup ta robe, sinon, c'est une Versace ?
Comprenant qu’elle ne souhaite pas s’attarder sur le sujet Dean, je hoche la
tête.
- Ils font des belles robes, c'est vrai. La mienne, c'est une Prada, elle a
été cousue main en Finlande même, dans un petit bureau qui...
Je commence à perdre le fil de la discussion tandis que mon regard
commence à divaguer. Il se pose sur tout ce qui est présent autour de nous :
des coupes de champagne, des sachets de coke, Bhaltair...
Celui-ci semble sentir mon regard sur lui puisqu'il tourne la tête dans ma
direction. Nous nous dévisageons plusieurs secondes sans qu'aucun de nous
ne détourne le regard. Je n'avais jamais remarqué à quel point sa mâchoire
est bien dessinée, il aurait pu être top model dans une autre vie...
- Neala, tu m'écoutes ?
La voix de Nina me ramène brusquement à la réalité et je suis la première à
briser le contact visuel avec Bhaltair.
- Euh, pardon... je n'entends pas beaucoup ce que tu dis avec la
musique...
Elle pousse un faux soupire d'agacement.
- Bon, et si on allait danser alors ?
Un grand sourire se dessine sur mes lèvres.
- Allons danser !
Elle me prend par le bras et nous voilà, scotchées l'une à l'autre, en train de
nous diriger vers la foule où tout le monde se mélange sans pudeur pour
pouvoir danser. La chanson « Stripper » d'Achille Lauro passe et nous
commençons à bouger toutes les deux en rythme avec le tempo. Malgré la
chaleur qui commence à guider mon corps, je n'arrive pas totalement à me
lâcher puisque je sens un regard sur moi. Je relève la tête puis, en hauteur et
à travers la vitre transparente du coin VIP, je vois Bhaltair m'observer, un
verre à la main...
Je détourne le regard et tente d'oublier le sien. J'ai voulu venir ici pour
prendre du bon temps et me détendre, et ce ne sont certainement pas ses
yeux me détaillant des pieds à la tête qui vont m’y aider. Je jette tout de
même un dernier regard à la vitre transparente du coin VIP derrière laquelle
il se tenait, et remarque qu'il n'y a désormais plus personne. Tant mieux. Je
recommence donc à danser tout en regardant Nina repousser un type qui a
tenté de se coller à elle.
- Ils sont fous ! s'exclame-t-elle par-dessus la musique.
Je hoche la tête en riant et ferme les yeux pour sentir la musique vibrer en
moi. Là, tout de suite, je me sens bien. J'ai l'impression que je n'avais plus
ressenti cette sensation de liberté depuis des semaines. Je pourrais presque
monter debout sur le comptoir pour danser, presque. Heureusement que je
n'ai pas bu...
Soudain, un corps d’homme se colle au mien, le torse contre mon dos. Bien
consciente
du risque encouru par le pauvre type qui s'est rapproché de moi, je
m'apprête à me tourner pour le repousser, mais il m'en empêche en
enroulant ses bras autour de mon ventre. Et ma nuque se retrouve d'un coup
recouverte d’une nuée de frissons quand ce type murmure à mon oreille :
- Je crois que j'aime te voir danser...
Bhaltair.
J'ai l'impression que mon souffle se coupe. Pourquoi est-ce qu'il fait ça ?
Comment est-ce qu'il fait ça ? Je le déteste, mais par moment... pas
complètement. Je crois que je deviens complètement folle, ce n'est pas
possible autrement.
- Tu...
- Chut, danse.
Je ne me fais pas prier et commence à bouger timidement, son corps
toujours collé au mien.
- Allez, je sais que tu peux faire mieux... dit-il.
Sa phrase me donnant un soudain élan de confiance, je commence à onduler
mes hanches contre lui.
- Ouais, j'préfère ça...
Le ton froid et presque autoritaire de sa voix me procure une étrange
sensation dans le bas de mon ventre. Et lentement, il commence à descendre
ses mains, qui étaient jusque-là sur mon ventre, vers mes cuisses nues.
- Bhaltair tu...
- Chut, ordonne-t-il d'un ton ferme et agacé.
Alors je me tais. Je ne peux pas mentir, ses mains sur ma peau nue me
procurent tout un tas de sensations mais... le fait que nous soyons en plein
milieu de la foule me rend nerveuse. Lentement, il commence à remonter
ses mains vers l'intérieur de mes cuisses, mais je les ferme d'un coup. Il
souffle, agacé, et les retire.
- Viens, fait-il en me prenant par le bras.
Il m'entraîne jusqu'au bar et m'accoude à celui-ci.
- Commande un truc, dit-il.
- Euh... d’accord.
Je tourne la tête vers lui et il m'intime de poursuivre d'un regard.
- Un mojito, s'il vous plaît.
Le barman acquiesce et tandis qu'il se retourne pour commencer à le
préparer, Bhaltair se remet derrière moi, le torse contre mon dos. Enfin,
mon haut du corps est légèrement penché sur le comptoir, lui laissant une
jolie vue sur mon postérieur.
Et là, ses mains viennent reprendre place entre mes cuisses. Personne ne
peut voir ce qu'il se passe d'ici... il commence lentement à remonter ses
mains, et je le laisse faire. Un soupire m'échappe quand un de ses doigts se
pose sur mon intimité. J'écarte très subtilement les jambes pour lui donner
un meilleur accès, ce qu'il semble remarquer puisque j'entends un rire
cynique s'échapper de sa bouche par-dessus la musique.
- Votre mojito, mademoiselle, fait le barman en déposant un verre
devant moi.
Je m'apprête à le remercier mais c'est ce moment que choisit Bhaltair pour
enfoncer un doigt en moi. Du coup, un petit cri m'échappe, et le barman
fronce les sourcils. Il l'a fait exprès, j'en suis pratiquement sûre...
Chapitre 36
Bhaltair
Pendant que j'avale mes médocs, je vois mon épouse en train de me fixer. Je
crois que j'ai autant envie de la baiser que de l'étrangler... j'ai pris une balle
pour elle hier soir. Pourquoi est-ce que j'ai fait ça ? Elle serait morte par
accident alors on n'aurait pas pu m'accuser de m'en être pris à elle et aucune
guerre n'aurait éclaté.
Je crois que récemment, je commence à sentir du changement en moi. J'ai
toujours envie de la tuer et de lui faire payer toutes ces fois où elle s'est
montrée insolente avec moi, mais cette envie a comme... diminué.
- Tu vas avoir besoin d'une canne pour marcher pendant les semaines à
venir ? me questionne-t-elle.
Je lui lance un regard meurtrier.
- Ose m'imaginer avec une canne et je te crève les yeux.
Elle se tait et détourne le regard. Soudain, un petit détail me revient en tête.
- Qu’est-ce que tu as ressenti ?
- Hein ?
- Qu’est-ce que tu as ressenti en tuant ces types ?
Elle a l’air de réfléchir à ma question. Plusieurs fois, elle semble prête à
répondre mais s'abstient.
- Eh bien... je me suis sentie forte. Je n'avais jamais ressenti une telle
sensation de toute ma vie avant hier soir. J'ai toujours été la bonne
petite fille docile qui obéit à tout ce qu'on lui dit et qui accepte les
remarques que son père lui fait concernant son physique peu adapté,
mais hier soir... c'était...
- L'extase... murmure-t-on en même temps.
Je commence à bander. Elle a deux visages. Celui qu'elle affiche à la vue de
tous et... celui qu'elle affiche seulement avec moi, face à mes ennemis. Et
ça, ça me file une putain de trique.
- Bhaltair... commence-t-elle soudain, hésitante.
Je l'amène à parler du regard.
- Est-ce que je peux te poser une question assez... particulière ?
- Je gagne quoi en retour ?
- Hum... tout ce que tu veux...
- C'est que cette question doit être super importante, alors.
- Oui, elle l'est.
- Alors pose-la.
- Bon très bien euh... est-ce que tu... te considères comme un
psychopathe ? Froid, et incapable de ressentir la moindre émotion ?
- Je ressens de la colère.
- Oui mais...
- Alors non, je ne suis pas un psychopathe.
Elle me lance un regard peu convaincu. Pourtant c'est vrai, si on s'en réfère
au dictionnaire, je ne suis pas un psychopathe. Mes nombreux troubles
mentaux comme la schizophrénie, le trouble borderline, ou même encore la
psychose et la démence font de moi la personne que je suis aujourd'hui. Je
ne suis pas né comme ça, et un rapport psychologique le prouve. À quatre
ans, je courrais partout avec ma sœur qui elle, rampait dû à ses quelques
années de moins. Le seul trouble que j'avais à cette époque-là était une
dépression sévère dû aux nombreuses tortures infligées par mon père pour
me rendre plus fort.
Putain... penser à ça commence à me faire vriller. Je dois me calmer, sinon
je risque de péter un câble et de me faire du mal. Et vu l'état dans lequel je
suis, j'ai bien conscience que me faire mal, même un tout petit peu, pourrait
m’être fatidique. J'ai beau être malade, je ne suis pas idiot pour autant. Je
me contente donc de prendre des médicaments en plus. Tant pis si j'en
prends trois en cinq minutes plutôt qu’un par heure grand maximum,
comme conseillé par le médecin. En parlant de médecin, j'espère que celui
qui s'est occupé de ma femme ne l'a pas regardé... je n'étais même pas là
pour faire attention à ça...
Retrouve-le et tue-le.
Non. Si. Je ne sais pas. Si j'apprends à un moment ou à un autre qu'il a eu
un geste ou un regard déplacé envers ma femme, je le bute. Puis, je me
tourne vers ma femme et prends la parole.
- J'ai répondu à ta question, maintenant j'ai le droit à tout ce que je
veux...
Neala
Le ton qu’il emploie et le regard lubrique qu'il m'envoie me font très
clairement comprendre ses intentions. Il me regarde de haut en bas et je me
demande si j'en suis capable. Il est assis sur le lit, et je me tiens debout non
loin de là. Il m'a déjà donné du plaisir, mais je ne lui en ai jamais donné...
j'ai envie d'essayer, mais j'ai peur. Il risque de péter un câble si je m'y
prends mal. En plus, je ne suis pas sûre que ça soit le meilleur moment pour
faire ce genre de truc : il a un bandage autour des reins et un ennemi dont il
ignore encore tout veut sa mort et a bien failli l'obtenir. Il me détaille
toujours de haut en bas, et ne dit rien face à mon hésitation, il ne me presse
pas. J'ai cette étrange sensation
qu'il ne me forcera pas si je n'en ai pas envie. Sauf que j'en ai envie...
Lentement, je m'approche de lui. Il observe le moindre de mes mouvements
tandis que je me retrouve à genoux sur le lit. Je viens doucement poser ma
main gauche sur le haut de l'une de ses jambes, et la remonte un petit peu.
- Comme tu dois le savoir, je n'ai encore jamais fait ça à quelqu'un
avant alors... est-ce que tu me le feras regretter si je m'y prends mal ?
Il me lance un regard ennuyé.
- J'ai pris une balle pour sauver ton cul hier, si je devais te faire payer
pour quoique ce soit ça devrait être ça.
- Oh...
Je remonte un peu plus ma main, et arrive à la limite de son entrejambe.
Bien qu'il soit encore habillé, une bosse se dessine sous son pantalon et ça
me rend très nerveuse.
J'ai couché avec lui et pourtant l'idée de lui donner du plaisir me stresse,
c'est pathétique. Un rire cynique lui échappe.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Après tout ce que je t'ai fait subir, me toucher te fait peur ?
J'ouvre la bouche pour répondre, mais ne trouve pas quoi répondre. Un
autre rire cynique lui échappe.
- Tu te moques de moi ?
- Ouais, répond-il.
Je hausse un sourcil mais ne dis rien. Décidée à lui prouver que je peux le
faire, je viens poser ma main sur son entrejambe. Son air moqueur quitte
instantanément son visage tandis qu'il me regarde avec intensité. Alors, je
commence à le caresser par-dessus son vêtement, et je sens que je lui fais de
l'effet. Pourquoi est-ce que ça me procure une certaine fierté ? Peut-être
parce qu'il a tellement d'expérience que savoir que moi, je peux l'exciter, me
redonne confiance. Je commence ensuite à déboutonner son pantalon, sous
son regard insistant. Je le fais ensuite glisser sur ses cuisses, et me retrouve
nez à nez avec une grosse bosse sous son boxer. Je redresse la tête et nos
regards se croisent. Aucun de nous ne le détourne, nous nous fixons
pendant peut-être 4 ou 5 secondes. Gênée, je suis la première à baisser les
yeux. Je repose ma main sur son entrejambe et commence à le caresser par-
dessus le tissu de son boxer. J'espère vraiment que je m'y prends bien.
- Arrête de flipper, prends les devant, dit-il.
- Oui mais... j'ai peur que tu me le fasses regretter si je m'y prends mal.
Il fronce les sourcils.
- Je ne vais pas te le faire payer parce que tu m'as mal sucé. Pas toi, en
tout cas.
Je redresse la tête à l'entente de sa dernière phrase. Lui aussi semble se
demander pourquoi il l'a dite. Bon, il m'a dit qu'il ne me le ferait pas payer
et il veut que je prenne les devants, alors je vais le faire. Je sais que je peux
le faire.
Chapitre 39
Bhaltair
Une fois que les filles sont montées, Dean et moi sortons à l'extérieur du
manoir et je fais bien attention à le verrouiller derrière moi. Il fonctionne
avec un code, que seuls mon épouse et moi possédons.
- Tu penses que ça peut être un homme de ton ennemi ? demande
Dean.
Pauvre idiot, qu'est-ce que j'en sais ?
- Sans doute.
J'ai remarqué un truc avec cette personne qui semble me vouloir mort, c'est
qu'elle ne se salit pas les mains, elle ne se rend jamais sur le terrain.
- Une seule présence a été détectée, alors on se sépare pour trouver le
fils de pute le plus vite possible, que nous puissions retourner à nos
occupations.
Comme se faire sucer par ma femme.
- D'accord, je prends à gauche.
Depuis quand est-ce que c'est lui qui choisit où il part ? Sans rien dire, je
pars vers la gauche, et il comprend qu'il doit aller sur la droite. Je marche
très près du mur, et garde mon doigt sur la gâchette, prêt à tirer à n'importe
quel moment. Cet ennemi peut se trouver n'importe où. S'il rentre et s'en
prend à ma femme, je lui promets un petit tour avec moi, puis avec mon
requin...
Un craquement retentit soudain derrière moi, et je me retourne d'un coup.
Un coup de feu retentit alors je tire rapidement vers cette silhouette qui se
dessine au loin. Je touche ma cible, qui s'écroule au sol. Je cours dans sa
direction, et tombe nez à nez avec un homme cagoulé, le même modèle que
les hommes qui nous ont attaqué hier soir en boîte.
- Pour qui est-ce que tu bosses ?! je demande agressivement.
- Va te faire foutre !
Il est en mauvais état. Je lui retire sa cagoule et pose mon arme à côté de
moi et assez loin de lui avant de le désarmer à son tour. Je m'empare de mon
couteau, et m'empare de sa main.
- Je vais me répéter, bien que j'ai horreur de ça. Pour qui est-ce que tu
bosses ??
- Crève, je lui ai promis de lui rester fidèle sinon ma famille paiera,
tocard. Elle le saura si je la balance.
Elle ?
Alors mon ennemi est bel et bien une ennemie. Intéressant...
Tranche-lui les doigts un par un et fais-le les avaler.
- Dis-moi pour qui tu bosses.
- Plutôt crever.
- Oh, si tel est ton souhait.
Et d'un coup, je m'empare de son bras et le tranche en deux juste avant le
coude. Il hurle de douleur et je pousse un soupire de satisfaction tandis que
son sang gicle partout sur moi.
- Mince, je n’ai pas visé au bon endroit, je fais.
Puis je relève mon couteau et lui tranche le bras juste au-dessus du coude. Il
pousse un dernier hurlement avant de s'évanouir. Puisqu'il ne dira rien et
qu'il ne me sert plus à grand-chose, j'enfonce mon couteau dans son cœur à
plusieurs reprises, tandis que Dean accourt derrière moi. Il était temps, sale
con.
- Bhaltair ! Ça va ?
- Ouais ça va, pourquoi ça n'irait pas ?
Garde son bras en souvenir.
- J'ai une idée.
- Quoi ?
- Ce n'est pas à toi que je parlais.
Étrangement, j'ai envie de remercier ma femme pour ce matin. Les femmes
aiment les cadeaux, non ? Je m'approche du cadavre, et ramasse le bras
détaché du corps.
- J'ai un présent à offrir, tu prends Nina et vous vous cassez.
Il fronce les sourcils.
- Mmh, ok.
Tandis que nous retournons au manoir, j'envoie un message à ma femme
pour lui dire qu'elles peuvent sortir de leur cachette. Je cache le bras
derrière une chaise et, tandis que les filles se saluent, j'ignore la main de
Dean. Puis, ils se cassent et mon épouse se tourne vers moi.
- Alors, qu'est-ce qu'il s'est passé ? À quoi devons-nous cette frayeur ?
- Un type qui travaillait pour l'ennemie. Il a accidentellement fait fuiter
qu’il s’agit d’une femme.
- Donc celle que j'ai vu l'autre soir pourrait être cette fameuse ennemie
?
Je hoche la tête.
- Il va falloir que tu me décrives jusqu’au moindre détail qui la
caractérisait. Mais avant, j'ai une petite surprise pour toi.
Neala
Bhaltair
Neala
Il est à peu près 18 heures quand j'entends la porte d'entrée claquer.
J'aperçois sans grand étonnement Bhaltair, couvert de sang.
- Alors... tu l'as tué ?
Il s'approche de moi.
- Évidemment.
Je hoche la tête.
- Et... tu es content ?
- Tu n'as même pas idée.
J'avale difficilement ma salive.
- Tu devrais peut-être aller te nettoyer les m...
- Non, me coupe-t-il. Je préfère garder encore un peu la trace de ma
victoire. Et...
Chapitre 45
Bhaltair
Une fois que nous sommes de retour à la maison, je cours vite dans la salle
de bain pour prendre une douche. Il y a quelques semaines, nous avons failli
coucher ensemble à côté d'un homme que je venais de tuer, mais je m'étais
ravisée. Ce soir par contre, je suis allée au bout. Il y a vraiment quelque
chose qui cloche chez moi.
Quand je sors de la salle de bain, je remarque que Bhaltair est aussi dans la
pièce, il me regardait me laver. Bien que je trouve ça un peu malsain, je ne
dis rien. Mais lorsque je passe à côté de lui, il tire sur ma serviette et je me
retrouve nue. Je la ramasse en bougonnant.
- T'es pas dégueulasse à regarder, dit-il.
- Nous avons couché ensemble deux fois, et ces deux fois tu n'as
même pas tenté de me tuer. Serait-il possible que je survive,
finalement ?
- Ne te donne pas autant d'importance.
Légèrement vexée, je quitte la pièce. Mais quand je suis dans le couloir, je
l'entends murmurer.
- Enfin, un peu quand même.
- Pardon ?? je fais en retournant sur mes pas.
Il me lance un regard qui me tuerait si c'était possible alors je laisse tomber
et me contente de retourner dans notre chambre.
Une fois que je me suis mise en pyjama, je commence à m'ennuyer. Je
décide donc d'aller fouiller dans les vieux placards et tombe sur un jeu de
cartes et un plateau de dames. Je me prépare une tisane et évidement,
Bhaltair rapplique. J'ai l'impression qu'il surveille sans arrêt le moindre de
mes mouvements.
- Tu sais jouer aux dames ? je demande soudain en mettant ma tasse
d'eau chaude dans le micro-onde.
- Je sais jouer avec les dames.
- Euh... et le poker, tu sais jouer au poker ?
- Je préfère le strip poker, mais ce n'est pas intéressant puisque je fais
sauter tes fringues quand je le veux.
Ce n'est pas normal que ses paroles m'émoustillent. Comme il n'a pas l'air
d’humeur si massacrante que ça ce soir après ce que nous venons de faire,
je décide de rentrer dans son jeu.
- Ah oui, tu penses ?
Il hausse les sourcils.
- Oh oh, ne me provoque pas ou je risque de perdre mon sang froid.
- Et... ça serait une mauvaise chose ?
Il me fixe quelques secondes avant de calmement hocher la tête. Puis, il
marche très lentement dans ma direction, en sortant son couteau. Bien que
je tressaille, je ne bouge pas et ne quitte pas ses yeux du regard. Comme je
suis devant le comptoir, il en fait le tour et se plante derrière moi, ne me
laissant donc aucune issue possible. Puis, il pose soudain la lame à plat dans
mon dos.
- Je pourrais te paralyser à vie, si je perdais mon sang froid...
Il fait lentement glisser la lame sur mes côtes.
- Ou je pourrais t'exploser la cage thoracique...
Il remonte ensuite la lame sur mon bras, ce qui le fait se couvrir d'une nuée
de frissons.
- Je pourrais aussi te taillader les veines...
Je tressaille à nouveau, tandis que sa main libre vient se poser sur ma
hanche et que de son autre main, il fait remonter la lame sur mon cœur.
- Et je pourrais te tuer...
Sur ses dernières paroles, il enfonce très légèrement la lame, déchirant un
bout de tissu de mon pyjama et faisant perler une goutte de sang. Puis,
brusquement, il dégage son couteau et me tourne vers lui. Je suis désormais
bloquée, le dos contre le comptoir avec lui juste en face de moi.
- Ou alors je pourrais te prendre des heures durant contre ce comptoir
sans jamais te faire de mal...
Ma bouche s'entrouvre sans que je lui en ai donné l'ordre. Son regard passe
de mes lèvres à mes yeux à plusieurs reprises quand soudain, le micro-onde
sonne et me fait sortir de cette transe. Je m'éclipse vite et pars m'occuper de
ma tisane, chamboulée par ce qu'il vient de se passer et le nombre
incalculable de sensations que ça m'a fait ressentir.
Chapitre 46
Bhaltair
Ça fait maintenant deux jours que j'ai buté mon père, et aujourd'hui ont lieu
ses obsèques. Ça ne tiendrait qu'à moi, je n’y serais pas allé. Mais je n'ai pas
le choix, sinon je paraîtrais suspect.
Mutile son cadavre.
Je pourrais demander à ma femme de le faire. La question est, en serait-elle
capable ? Je pense que oui. Pour je ne sais quelle raison stupide, elle m'a
pris en pitié et semblait détester mon père tout autant que moi. Mais je ne
vais pas prendre de risque inutile aujourd'hui. Quand elle débarque à mon
bras dans le cimetière, je vois beaucoup d'hommes la regarder et je me
retiens pour ne pas faire une crise. Même si j'en sens une imminente, je
pense pouvoir réussir à me contrôler, avec beaucoup de conviction. Par
contre, si l'un d'entre eux lui parle, je le tue.
Tandis que nous nous asseyons au premier rang, je vois pleins de regards
compatissants se tourner vers moi. J'ai envie de tous leur arracher les yeux.
Ce n'est pas parce qu’il était le dernier membre de ma famille en vie que je
vais me mettre à chialer, surtout quand on pense que c'est moi qui l'ai tué.
- A quoi est-ce que tu penses ? fait la femme du désormais orphelin
que je suis à côté de moi.
- Je pensais à toutes les manières dont je pourrais éventuellement te
prendre contre ce cercueil.
Une grimace de dégoût vient prendre place sur ses lèvres tandis que ses
parents viennent s'assoir à côté d'elle. Son père se relève à peine quelques
secondes après et vient s'assoir à côté de moi. Super, maintenant que le
premier vieillard a disparu, il faut que le deuxième prenne sa place.
- Mes sincères condoléances pour ton père, Bhaltair.
- J'espère qu'il a souffert quand on l'a tué.
Il entrouvre la bouche mais ne dit rien. En fait, il semble hésiter à me dire
quelque chose. Je fronce les sourcils en me tournant vers lui,
l'encourageant, ou plutôt l'obligeant à me dire ce qu'il se passe.
- Il y avait une femme à côté de l'entrée... elle semblait observer avec
détachement la scène qui se déroulait sous ses yeux. Je pensais que tu
voudrais le savoir.
Je fronce immédiatement les sourcils et me lève. Mon épouse me
questionne du regard mais je l'ignore et me précipite vers l'entrée du
cimetière. S’il s’agit de cette ennemie qui cherche ma peau depuis plusieurs
semaines et qu'il s'avère qu'elle est bien la personne à qui je pense, alors
j'aurais enfin découvert son identité. Je vois sa silhouette au loin, grande et
élancée, ainsi que des cheveux blond polaire coupés au carré. Je n'arrive pas
à voir si elle aborde cette cicatrice au cou alors je tente de me rapprocher,
mais elle prend la fuite en m'apercevant. Tout en courant dans sa direction,
je fouille mes poches à la recherche d'une arme, mais je n'ai que mon
couteau. Seules les armes blanches sont autorisées lors d'événements
comme celui-ci. Je me contente donc de lui courir après, mais elle monte
dans une voiture et disparaît aussi vite qu'elle est apparue. Je frappe du
poing dans une chaise et suis à deux doigts de sortir mon couteau pour me
le planter dans la jambe. J'arrive à ne pas m'y résoudre, même si c'est
compliqué. Je ne dois pas faire de vague aujourd'hui, je dois plutôt paraître
le plus neutre possible. Les gens savent que mon père et moi étions comme
de simples collègues, mais ce n'est pas pour autant que je dois avoir l'air de
me réjouir ou encore même de n'avoir rien à faire de sa mort. Tandis que je
retourne m'assoir à côté de ma femme, celle-ci m'interroge à nouveau du
regard. Elle a de la chance que ça soit elle, sinon je lui aurais crevé les
yeux.
Neala
Une fois que nous sommes rentrés de l'enterrement, je mets une tenue plus
confortable. Je prends au passage le temps de me regarder dans le miroir et
grimace. J'ai pris quelques kilos depuis que je suis mariée, je sors beaucoup
moins qu'avant et par conséquent je me dépense moins. Enfin, je ne suis pas
grosse non plus, mais j'ai tellement été conditionnée à surveiller mon poids
quand j'étais plus jeune que je me sens obligée d'y faire quelque chose. Je
pars donc voir Bhaltair, qui est dans le salon en train de faire je ne sais quoi.
- J'aimerais pratiquer une activité physique.
Un air salace lui traverse le visage tandis qu'il me regarde de haut en bas.
- Pas ça...
- Alors tu n’as qu’à utiliser ma salle de sport au -1.
- Euh... ce n'est pas trop mon truc...
Il lève les yeux au ciel.
- Qu'est-ce que tu veux faire alors ??
- Je ne sais pas... pourquoi pas de la natation ? C'est sympa et ça aide à
se dépenser.
- Pas moyen. Tu ne te mettras pas en maillot devant pleins de gens.
- Tu ne peux pas faire privatiser une salle ?
Il hausse les sourcils.
- Ouais. Mais dans ce cas-là je viens aussi, la gonzesse qui veut ma
mort pourrait très bien s'en prendre à toi.
- Comme tu veux, je fais en haussant les épaules.
**
Une heure plus tard, nous voilà tous les deux en train de monter dans la
Lamborghini violette en direction d'une piscine pas loin d'ici. J'ai mon
maillot de bain sur moi et une robe légère le recouvre. Honnêtement, je ne
sais pas trop comment ça va se passer. Bhaltair a déjà essayé de me noyer
quand je prenais mon bain juste après notre mariage, alors j'espère qu’il
n’en aura pas l’envie cette fois-ci.
Quand nous arrivons, nous nous dirigeons vers l'entrée et il me coupe la
route pour rentrer avant moi, sans doute pour s'assurer qu'il n'y a personne
de malveillant qui nous attend à l'intérieur. Un homme à l'accueil nous
donne des clés pour pouvoir fermer un casier où nous déposons nos affaires,
et nous nous dirigeons ensuite vers les bassins, qui sont totalement vides. Il
n'y a personne à l'intérieur et j'avoue que ça m'arrange, je ne suis pas très à
l'aise avec mon corps en maillot. Pendant que je rentre dans l'eau, je sens
Bhaltair derrière moi me fixer sans détacher son regard de mon corps. Ça
m'inquiète et ça m'excite en même temps. Comme j'ai pieds, je ne
commence pas à nager tout de suite et le regarde entrer dans l'eau à son
tour. Son corps est... incroyable. Il est tellement beau, c'est bien dommage
qu'il soit si... particulier à l'intérieur.
- Nage, on est là pour ça.
Toujours aussi aimable... je plonge donc dans l'eau et commence à nager
mais me rends vite compte que je ne me débrouille pas bien du tout, tandis
que mon mari nage à la perfection. Je réessaie mais c'est officiel : je ne sais
pas nager correctement. Bhaltair lève les yeux au ciel en le remarquant.
- Appelle quelqu'un qui te montrera comment faire, dit-il en me
fusillant du regard.
Je fais signe au premier homme que je vois, qui doit probablement être un
maître-nageur.
- Je peux vous aider mademoiselle ? fait-il en se rapprochant du
bassin.
- Oui, vous pourriez m'apprendre à nager correctement ? Ça fait très
longtemps que je n'ai pas pratiqué et...
Je suis dérangée par le regard que me lance Bhaltair. Il n'est pas armé, alors
il ne peut
pas le tuer.
- Et j'ai envie de me débrouiller, je poursuis.
Il hoche la tête, retire son haut et plonge dans l'eau. Il est plutôt musclé et
n'a pas un physique déplaisant à regarder. Bhaltair se pose dans un coin et
nous observe. Je ne sais pas si j'ai bien fait d'appeler ce maître-nageur en fin
de compte...
Chapitre 47
Chapitre 49
Bhaltair
Alors comme ça, je l'ai rendu aussi barrée que moi ? J'ai dû sacrément la
traumatiser pour qu'elle finisse dans cet état. Une part à l'intérieur de moi
s'en veut de lui avoir fait subir tout ça. Maintenant qu'elle est malade elle
aussi, j'ai l'impression de mieux la cerner. Elle m'agace moins, elle me
pause moins problème, je ne surréagis plus autant quand elle me désobéit,
et je ne suis même pas sûr d'avoir encore envie de la tuer. Mon téléphone
vibre, et j’y jette un coup d’œil. Le cadavre de Lyudmila a été découvert.
- On va nous prendre pour un couple de timbrés, tu t'en rends compte ?
je fais en lui montrant mon téléphone.
Elle lit ce qui y est écrit et un rire lui échappe.
- Ils n'auraient pas si tort que ça.
Un soupire agacé m'échappe.
- Tu devrais tenter de te faire soigner. C'est trop tard pour moi, mais ça
ne l'est pas encore pour toi.
- Non, refuse-t-elle catégoriquement. Je ne regrette pas celle que je
suis aujourd'hui.
- Ça, ça prouve à quel point t'es dérangée.
- Et ça te pose un problème ?
Je hausse les sourcils.
- Pas le moins du monde.
Nous recommençons à marcher et pour la première fois depuis bien
longtemps, peut-être même une décennie, je me sens bien, apaisé. Peut-être
parce que désormais, je me sens moins seul dans la maladie.
- Pourquoi est-ce que tu as tué ce type juste après que j'ai dit la raison
pour laquelle je lui avais mis ce couteau sous la gorge ?
- On ne touche pas à...
- Ça je le sais, on ne touche pas à ce qui t'appartient. Mais dans ce cas-
là, tu l’aurais tué dès que tu l’aurais vu s'assoir à côté de moi. Or, tu
ne l'as pas fait.
- Alors je suppose que le fait d'apprendre qu'il s'imaginait te baiser m'a
mis en rogne.
Elle ne dit rien, étonnée par ma franchise. Elle m'étonne moi-même. Si je
pouvais, je ramènerais ce type à la vie et le démembrerais vivant. D'abord
ses bras, puis ses jambes et enfin son putain de pénis.
- Alors on s'entend bien toi et moi désormais ?
Je laisse du temps passer pendant lequel je réfléchis.
- Ne prends pas tes désirs pour des réalités. Je suis bien plus malade
que toi, et tu trouveras toujours un moyen pour me casser les couilles,
et moi pour avoir l'envie de t'éclater la tête contre un mur.
- Mmh, pas faux.
Nous continuons à marcher quand soudain, elle me questionne.
- Je voulais savoir, est-ce que parfois tu regrettes d'avoir tué ton père ?
- Non, je réponds sans hésitation. Il méritait de mourir.
- Et... comment est-ce que tu as procédé ?
- Pour le tuer ?
- Oui.
Je lui lance un regard.
- Pourquoi, ça t'excite de savoir ce genre de détail ?
- Eh bien... disons que je suis curieuse.
- Mmh, tu m'accompagneras la prochaine fois que j'irai m'occuper de
quelqu'un.
- Très bien.
Et pendant les minutes qui suivent, je lui explique comment j'ai ôté la vie à
mon sombre idiot de paternel. Elle m'écoute avec attention sans jamais
broncher, et elle semble même captivée par ce que je raconte. Si on m'avait
dit au début de mon mariage que je finirais par supporter mon épouse et
qu'elle finirait quasiment aussi timbrée que moi, j'aurais crevé les yeux de
l'imbécile qui m'aurait dit ça. Pourtant, il ne se serait pas trompé. Il n'y a
personne sur la plage et le soleil commence à décliner.
- On devrait peut-être retourner à la voiture, dit-elle en frissonnant
dans sa robe bustier.
Je suis persuadée qu'elle l'a mis pour me plaire. Et ça marche, puisque je
n'ai pensé qu'à la baiser toute la soirée, surtout quand elle a sucé le morceau
de concombre sous mes yeux. J'aurais pu la tuer juste pour le fait qu'elle
m'ait provoqué si ouvertement mais en fin de compte, ça m'a plus.
Tandis que nous faisons demi-tour, je la vois me regarder. Je ne dis rien
pendant que nous retournons vers la voiture. Pour ça, nous avons besoin
d'emprunter des escaliers qui nous ramèneront à la falaise sur laquelle elle
est garée. Nous montons donc les marches, et une fois que nous arrivons sur
la falaise, je suis pris d'un mauvais pressentiment.
Plus nous nous approchons de la voiture, plus mon pressentiment se révèle
vrai. Notre chauffeur n'est plus dans la limousine mais en dehors de celle-ci,
allongé sur le ventre à même le sol.
- Putain... fait Neala à côté de moi. Il est... mort ?
Nous nous rapprochons un peu plus de lui et je remarque instantanément la
flaque de sang qui s'étale sous son corps.
- Ouais.
- Mais... qui ?
Je jette des regards partout autour de moi, et quand un ricanement retentit,
mon regard se fige vers l'endroit de sa provenance. Et puis de derrière la
voiture sort soudain une femme, très grande, avec des cheveux blond
polaire coupés au carré, possédant une cicatrice lui traversant tout le cou. Je
comprends immédiatement que la personne à laquelle je m'attendais est
vraiment celle qui cherche ma mort depuis plusieurs semaines, je l'ai
immédiatement reconnu. Tandis qu'elle nous adresse un sourire hypocrite,
elle croise les bras sur sa poitrine.
- Ravie de te revoir, Bhaltair. Tu te rappelles de moi, j'espère ? Carita,
ta sœur que tu pensais avoir assassiné il y a 17 ans.
Carita
Chapitre 51
Neala
Retour au présent
- Carita, dit Bhaltair, nullement étonné. Je t'attendais.
Je manque de m'étrangler à l'entente du prénom qu'il vient de mentionner.
Comment ça Carita ? Carita, comme sa petite sœur ? Cette même petite
sœur à qui il était censé avoir tranché la gorge ?? Et puis, « je t'attendais »,
est-ce qu'il joue un rôle ou est-ce qu'il savait réellement qu'il allait la revoir
? Tout se bouscule dans ma tête. Elle braque brusquement un flingue dans
notre direction.
- Tu ne m'as pas l'air le moins du monde étonné, remarque-t-elle.
- « J'ai vu une femme avec une immense cicatrice sur le cou », m'a dit
ma femme à propos du soir où vous vous êtes rencontrées à l'entrepôt.
Tu pensais que je n'aurais pas deviné ?
J'avale difficilement ma salive. Si elle est là ce soir, je ne pense pas que ça
soit dans l'optique de renouer des liens avec son frère.
- J'ai mal fait le job une première fois, je m'appliquerai mieux la
seconde, je te le promets.
Il dit ça avec tellement d'arrogance, comme si elle n'avait pas une arme
pointée droit sur nous... et moi, je ne sais absolument pas où me mettre.
- J'en connais beaucoup sur ta vie, dit-elle.
- Alors tu dois savoir qu'on ne m'a pas aussi facilement que ça.
Un rire cynique lui échappe. C'est exactement le même que celui de
Bhaltair. Mon sang se glace.
- J'ai appris que tu détestais par-dessus tout que l'on touche à ta
femme... est-ce vrai ? fait-elle en tournant l'arme dans ma direction.
Il sort immédiatement la sienne et la braque sur elle.
- « On ne m'a pas aussi facilement ». Ça fait dix ans que je m'entraîne
pour ce moment-là. Dix ans.
- Pourquoi donc ?
Il essaye de gagner du temps.
- Ou tu es stupide, ou tu essayes de gagner du temps.
Mince, elle n'est pas dupe.
- Je me suis entraînée avec les meilleurs, poursuit-elle.
- Et pourtant toutes tes précédentes tentatives ont échoué.
Elle fronce les sourcils tandis que la scène du meurtre que j'ai commis alors
que je venais de faire ma première fois me revient en tête, même si ce n'est
pas la seule fois où ses hommes ont essayé de le tuer. C'est du moins la plus
marquante pour moi.
- Au fait, joli ton cou, on dirait un collier.
Il est tellement arrogant. Je lui lance un regard furtif, qu'il ignore. Elle
braque de nouveau son flingue sur lui et je les observe. Je ne sais pas
comment ça va finir, mais ce qui est sûr, c'est que ça va très mal se passer
pour l'un d'entre eux. Peut-être que Bhaltair
a un plan ?
- Puisque tu sembles si bien renseignée, tu dois savoir que...
- Tu as tué notre père ?
Il fronce immédiatement les sourcils et j'entends sa respiration s'accélérer.
- On ne me coupe pas la parole.
- Oh, je suis effrayée. Et qu'est-ce que tu vas faire ? Tenter de me tuer
?
- Ne joue pas à la plus maligne, Carita...
- Je ne joue pas à la plus maligne. Je prends ma revanche.
Je le sens mal... j'ai l'impression d'avoir à faire à un règlement de compte et
d'être de trop. Je tente de m'éloigner discrètement sur le côté mais elle le
remarque immédiatement et braque son arme dans ma direction. Je m'arrête
de suite. Ce n'est pas comme si j'étais en position de faire quoique ce soit,
avec comme seule arme mon couteau caché dans mon décolleté.
- Il a de la chance de t'avoir Bhaltair, t'es sacrément bien foutue...
- Ferme ta gueule, dit mon mari. Et arrête de la mater.
- Pourquoi ? T'es tellement barré que ça pourrait t'exciter que ta sœur
fantasme sur ta femme.
- Tu te trompes. Et si tu ne détournes pas immédiatement le regard je
te crève les yeux.
- Tu essaieras plutôt.
Bhaltair laisse échapper ce qui ressemble à un grognement. Il est vraiment
en train de perdre la tête et ce n'est pas bon, car elle risque de vite prendre le
dessus dans ce cas.
- Ne t’en fais pas, j'aime aussi les hommes. D'ailleurs il y a un de tes
petits soldats... mmh... je me le taperai bien.
Soudain, un bruit de voiture retentit et son regard s'assombrit, comme si elle
se souvenait de la raison pour laquelle elle se tient en face de nous.
- Assez parlé. Un mot à dire avant que je vous descende toi et ta
femme ?
Les battements de mon cœur s'accélèrent considérablement.
- Je ne vais pas te rater espèce d’enfoiré, et juste après je vais mutiler
ton cadavre...
Elle pointe précisément le flingue sur lui quand il prend la parole.
- Attends, j'ai un truc à te dire.
- Quoi ??
- T'as raison, je gagnais du temps.
- Hein ? fait-elle en fronçant les sourcils. Arrête de me prendre pour
une putain d’imbécile !
Elle lui pointe à nouveau l'arme dessus, et le coup part. Je plaque mes mains
sur mes yeux au même moment où un bruit sourd retentit. Je me jette à
même le sol pour éviter un maximum qu'elle ne me tire dessus également
mais au bout d'un moment, je n'entends plus rien.
- Ouvre les yeux c'est bon, lance soudain une voix que je ne connais
que trop bien.
J'ouvre les yeux et découvre Bhaltair, sain et sauf.
- Pour une fois qu'il a servi à quelque chose cet incapable, je l'entends
murmurer.
Je me tourne vers l'emplacement où était Carita il y a à peine une minute et
là, je la vois au sol, inconsciente, et juste devant son corps se trouve une
voiture, qui vient probablement de la renverser... la portière s'ouvre et je
vois Dean en sortir.
- Bordel, c'est ta sœur ?? demande-t-il avec surprise.
**
Ça fait deux heures que nous sommes retournés au manoir, et je suis
toujours autant sous le choc. Dean est arrivé pile au bon moment. À une
seconde prêt, Carita n'aurait pas été touché par la voiture et donc son tire
n'aurait pas dévié, elle aurait probablement touché Bhaltair. Je prends ma
tête dans mes mains. Je n'arrive pas à savoir si j’aurais été heureuse ou triste
si ça c'était passé de cette manière. Carita a été transporté à un hôpital pas
très loin d'ici, et elle est ligotée et sanglée de partout. Bhaltair a même
voulu la faire museler pour qu'elle « ferme sa grande bouche de cadavre ».
- Va dormir, tu ne ressembles à rien, lance soudain Bhaltair en
s'asseyant à côté de moi dans le grand canapé blanc du salon.
- Je n'arriverai pas à dormir.
- Mmh, moi non plus.
Un silence s'installe, que je romps cinq secondes plus tard.
- Tu comptes lui faire quoi, à ta sœur ?
Il semble réfléchir.
- Comme tu t'en doutes, je n'ai pas le sens de la famille.
- Mais... tu comptes la tuer alors ?
- Je ne sais pas encore. Elle, elle veut me tuer en tout cas. Mais elle
pourrait aussi m'être utile. C'est une arme de guerre, et pas à cause de
maladies, elle.
Un soupire m'échappe.
- Ne te compare pas aux autres.
Il me fusille du regard.
- Tu te la joues psy maintenant ? Allez, va dormir.
- Mais...
- Va dormir putain !
Je sursaute et me lève pour me diriger vers la chambre, quand l'horloge
électronique commence à sonner. Il est minuit, et un petit détail me revient
soudain en tête.
Joyeux anniversaire Neala.
Aujourd'hui j'ai 21 ans, la majorité internationale. Tss, comme si ne pas être
majeure m'interdisait quoique ce soit. Je monte jusqu'à notre chambre et me
glisse sous les draps. Aujourd'hui a été une journée vraiment très chargée,
en positif comme en négatif... En fait, le seul point positif est que j'ai
l'impression qu'une barrière qu'il y avait depuis le début s'est brisée entre
moi et Bhaltair. Comme si le fait qu'il découvre qui je suis réellement le
fasse d’avantage s'ouvrir à moi. Il sait que je peux le comprendre, puisque
nous partageons la même part d'ombre et une maladie commune.
Cette nuit-là, je mets plus de trois heures à m'endormir, et jamais Bhaltair
ne me rejoint. Je me demande ce qu'il peut faire à cette heure-là. Il est
probablement défoncé en train de regarder son pauvre requin faire des
cercles dans son bassin beaucoup trop petit pour lui. Quand je pense qu'il
m'a forcé à regarder un homme se faire déchiqueter vivant par cet animal...
Le lendemain matin, je me réveille avec un mal de tête. Je crois que j'ai trop
réfléchi cette nuit. Une odeur étrange me monte soudain au nez, alors je me
tourne dans le lit et là, à la place de Bhaltair, je vois... un chien mort. Un cri
m'échappe tandis que je me lève du lit en un temps record.
- Quoi ? fait Bhaltair en entrant dans la pièce.
- C'est quoi ça ??
- Bah c'est ton anniversaire non ?
- Mais... c'est un cadeau ?
Il hoche la tête.
- Je croyais que tu avais compris lorsque tu m'avais offert le bras de ce
type la dernière fois...
- C'était pour te rappeler un souvenir heureux de ton enfance.
- Un souvenir heureux ?
- Quand t'as tué ce chien et assommé son garde.
J'entrouvre la bouche.
- Ça part d'une bonne intention mais...
- Tu n'es jamais contente.
- Mais... là c'est l'hôpital qui se fout de la charité.
- Quoi ??
Je me dirige vers la salle de bain mitoyenne à notre chambre et fait couler
de l'eau pour me rafraîchir.
- Qu'est-ce que t'as dit ?? fait-il en entrant dans la pièce.
Je ne peux me retenir de lever les yeux au ciel. Je crois bien que c'est la
première fois
que je le fais devant lui. Il s'approche brusquement de moi et me pousse par
les épaules en me plaquant contre le lavabo. Comme l'eau coule, je suis
rapidement mouillée dans le dos.
- Je déteste ton arrogance, dit-il, sa tête à quelques centimètres de mon
visage.
Il a l'air en colère et pourtant... je n'ai pas peur.
- Et alors ? je fais d'un air provocant.
Il m'observe et à ce moment-là, son regard descend très lentement sur mes
lèvres. La tension qui flotte est insoutenable, j'ai besoin d'y mettre fin. Mais
avant que je ne prenne l'initiative de faire quoique soit, il vient plaquer ses
lèvres aux miennes et me soulever avec ses mains sous mes cuisses pour me
poser sur le lavabo, me mouillant de partout, mais je m'en fous. Nos langues
viennent s'entremêler l'une à l'autre tandis que je passe mes mains derrière
sa nuque et le rapproche de moi. Je sens la pression monter entre mes
jambes, et ça n'arrange rien lorsqu'il se glisse entre elles. Une de ses mains
se pose sur ma taille et remonte le long de mes seins, puis sur ma nuque
pour me maîtriser à sa guise. Un sourire naît sur mes lèvres alors que nous
nous embrassons toujours à en perdre haleine. Mais soudain, un bruit sourd
retentit et avant que nous ne comprenions ce qu'il se passe, le lavabo sur
lequel j'étais assise craque et s'effondre au sol, moi au-dessus. Et surtout...
la canalisation casse également. De l'eau commence à sortir d'un gros tuyau,
commençant à inonder le sol de la salle de bain et nous par la même
occasion. Je jette un coup d'œil à Bhaltair, et celui-ci me dévisage toujours
avec envie. D'un coup, il me rejoint au sol et agrippe à nouveau ma nuque
pour rapprocher nos lèvres. Nous recommençons à nous embrasser avec
passion tandis que l'eau nous trempe de partout et que le lavabo brisé gît à
nos côtés. Et putain, j'adore ça.
Chapitre 52
Bhaltair
Chapitre 53
Neala
Chapitre 54
Chapitre 55
- Je n'ai pas tant de souvenirs que ça, j'étais très jeune. Mais je me
souviens que hormis les périodes où il faisait des sortes de crises de
psychose, chose dont il souffrait depuis la naissance, on parlait
beaucoup. Il me racontait comment il tuerait sa première victime, et je
l'écoutais attentivement. Même si notre père le favorisait étant donné
que c'était un garçon, il m'a dit un jour qu'il ferait en sorte de me faire
avoir une bonne place dans la mafia.
- Et tu vois, ça n'a pas tant changé. Il veut toujours te donner une
bonne place, il n'a jamais mentionné le fait que tu sois une femme
comme contraignant, contrairement à votre père.
Je l'entends soupirer une nouvelle fois et elle secoue la tête. Je crois qu'il est
temps de la laisser. En tout cas, je pense avoir fait remonter quelques
souvenirs en elle qui la feront peut-être réfléchir. Je la salue et quitte la
chambre, puis pars retrouver Bhaltair, qui fume devant l'hôpital.
- J'finis ma clope et on y va, dit-il.
Je hoche la tête.
- Je pensais vraiment que tu allais péter un câble avec elle. Pourtant, ça
n'a pas été
le cas.
- Ouais, je suis plus calme quand t'es là.
Sa remarque me prend de court.
- Et... c'est une bonne chose ?
- Mmh, si on veut.
Comme je sens qu'il n'a pas l'air dans l'optique de discuter, j'attends donc en
silence qu'il finisse sa cigarette et nous retournons dans sa voiture. Puis,
soudain, une idée me vient.
- Je peux conduire ?
Il hausse un sourcil.
- Tu vas nous tuer. Tu ne sais pas conduire.
- Mais non je ne vais pas nous tuer ! Et puis je ne risque rien, j'ai mon
collier porte-bonheur, je fais en prenant le pendentif en forme d'ange
dans ma main.
Ma dernière phrase a l'air de l'étonner, et il ne le cache même pas.
- Tu kiffes vraiment ce collier alors, dit-il.
- Oui, beaucoup.
- Ok, tu peux conduire.
Un sourire naît petit à petit sur mon visage tandis que je m'approche de lui.
J'ai envie de faire quelque chose.
- Merci, je lance en me mettant légèrement sur la pointe des pieds pour
pouvoir déposer un baiser sur sa bouche.
Quand je m'éloigne de lui pour aller me mettre derrière le volant, je sens
son regard brûler mon dos.
- Je veux que tu fasses ça plus souvent désormais, dit-il.
- De quoi, t'embrasser ?
- Oui.
- Pourqu...
- Je ne t'ai pas demandé de poser des questions.
Tandis que le rouge me monte aux joues, je me glisse derrière le volant avec
un sourire que je n'arrive pas à faire redescendre. Je ne devrais pas être si
excitée par ce que l'homme avec qui je partage ma vie vient de dire, étant
donné que cet homme a également tué mon père ce matin même, mais je ne
peux m'en empêcher. J'ai l'impression qu'il devient meilleur de jour en jour,
et ça me fait sincèrement du bien. Au fait, penser à mon père me fait
également penser à...
- Qu'est-ce que tu as fait du corps de mon père ?
- Je l'ai donné à manger aux chiens des gardes.
- QUOI ?? je fais en arrêtant brusquement la voiture sur la route.
- Je déconne, je l'ai mis dans un frigo.
Je redémarre en levant les yeux au ciel.
- Dans quel frigo au juste ?
- Celui où je stock la bouffe de Hiomakone.
- Ton requin ?
- Ouais. Et pour la question que tu t'apprêtes à me demander, non, je
ne vais pas accidentellement faire exprès de laisser ma bête bouffer le
cadavre de ton père.
- Parfois je me demande si tu te rends compte des choses que tu sors.
- Ouais. Quand je te baise par exemple, ce qui sort c'est mon...
- Bhaltair ! Merci, j'ai compris.
Il se moque légèrement de moi. Ça fait du bien d'avoir une conversation
normale avec lui. Je me sens détendue depuis un petit moment, et je pense
que c'est grâce à son changement de comportement. Je ne sais même pas s'il
s'en rend compte. Il fait beaucoup moins de crises, il se calme beaucoup
plus vite... il a même cherché à me faire un cadeau qui me plaisait ! Perdue
dans mes pensées, je ne vois pas la voiture d'en face arriver et manque de
lui foncer dedans.
- Putain Neala ! s'exclame mon mari sur le siège passager.
Oups.
- N’abime pas cette caisse, j'ai des souvenirs mémorables à l'intérieur
de celle-ci.
Le rouge me monte à nouveau aux joues. Il m'a défloré à l'arrière de cette
bagnole. Soudain, je redeviens sérieuse tandis qu'une interrogation me
traverse l'esprit.
- Dis-moi, qu'est-ce que tu vas faire si Carita refuse de s'allier à toi ?
Tu la laisseras réellement mourir ? Et même si elle accepte de se
rallier à toi, qu'est-ce qui te dit qu'elle ne se moque pas de toi ?
- Je trouve que tu poses trop de questions. Tu devrais te servir de ta
bouche pour d'autres choses plus... utiles.
Merde, c'est qu'il fait chaud dans cette voiture. Je me tais tandis qu'il
commence à me répondre.
- Ouais, je la laisserais réellement mourir si elle ne coopère pas. Et
bien qu'elle m'en veuille et donc qu'elle en veuille également à la
mafia, elle reste sa famille de naissance, celle qui la protège encore
aujourd'hui, puisque les mecs qui l'ont secouru sont sous ma
juridiction. Et du peu que je sache sur elle, elle croit très fortement au
karma. Quand nous étions gosses et que je lui promettais tout le
temps que si elle bouffait des araignées elle se transformerait en fée,
elle n'arrêtait pas de me dire « si tu mens, le karma se chargera de toi
». Au final, elle n'a jamais mangé une seule araignée et le karma ne
s'est pas chargé de moi. Elle n'a pas tant changé que ça aujourd'hui, je
le ressens dans sa manière de parler. Alors elle sait que si elle me
ment en me disant qu'elle est de mon côté alors qu'elle ne l’est pas, le
karma se chargera d'elle.
Sans qu'il ne s'en rende compte, Bhaltair vient de me raconter une longue
tirade sur sa sœur, comme elle-même l'a fait lorsque je suis restée parler
avec elle. Je suis persuadée qu'ils pourraient renouer des liens, mais les
deux sont tellement butés, façon de parler bien sûr, que je pense une telle
chose très compliquée.
Bhaltair
Quelques heures après que nous soyons revenus de l’hôpital, je prévois
l’activité du soir.
- J'ai donné rendez-vous à Dean dans un de mes hôtels, j'informe
Neala.
Ce soir, nous réglons son compte à ce fils de pute. On aurait dû y aller plus
tôt, mais comme Carita s'est réveillée ça nous a retardé. Ça fait plusieurs
mois que je n'apprécie pas du tout la façon dont il parle de ma femme et que
je ne rêve que d’une chose, lui foutre une balle en pleine tête.
Étouffe-le.
Bien sûr, il le mérite. Elle arrive vers moi, et je la vois fourrer son couteau
dans son décolleté. Putain, je devrais peut-être lui arracher ce haut et la
baiser avant d'y aller.
- Mes yeux sont là, fait-elle en voyant très bien que je mate sa poitrine.
- Et les miens sont sur tes seins.
Elle s'apprête à détourner le regard, comme si elle allait rougir, mais je lui
attrape le menton et la force à me regarder.
- Ne détourne plus jamais le regard devant moi, ça me fout en rogne.
Un sourire joueur vient prendre place sur ses lèvres.
- Ah ouais ? Quel genre de rogne ?
Le même sourire que le sien s'installe sur mes lèvres tandis que je la
soulève par les cuisses pour la poser sur le comptoir et me mettre entre ses
jambes. Nos lèvres se rejoignent ainsi que nos langues, et je l'embrasse à en
perdre haleine. Puis, je descends sur son cou et la marque d'un suçon pour
montrer à tout le monde qu'elle m'appartient, même s'il le sait déjà. Quand
je descends une main vers son pantalon, elle me stoppe en me repoussant.
- Bhaltair, un peu de concentration, nous avons un homme à abattre.
Mmh, j'aime la voir en tueuse, elle est bandante.
- Allons-y, fait-elle en déposant un chaste baiser sur mes lèvres avant
de se diriger vers la sortie.
Je regarde son postérieur bouger tandis qu'elle marche, et la suis. Moi qui
ne suis pas
une personne qui apprécie le contact, le sien ne me dérange plus. Je ne sais
pas ce qu'elle m'a fait, mais j'ai l'impression d'être plus calme depuis
quelques temps. J'arrive à mieux me maîtriser, pas besoin de m'exploser
contre un arbre ou un miroir. Ce soir, nous allons faire notre activité favorite
de couple ensemble : tuer un fils de pute.
- Allez, les morts n'attendent pas ! s'exclame-t-elle en sortant.
Elle est la première à rejoindre la Lamborghini, et du côté passager cette
fois. Heureusement, elle conduit mal. Tandis que je me mets derrière le
volant et démarre à fond, un jeu de regard commence entre nous. Puis, elle
commence à déboutonner les premiers boutons de son haut.
- Il fait chaud, tu ne trouves pas ? demande-t-elle innocemment.
- Pas aussi chaud que lorsque je te baiserai sur le siège arrière... ce qui
risque d'arriver plus tôt que prévu si tu continues...
- Continuer quoi ? demande-t-elle en haussant les épaules comme si
elle ne comprenait pas où je veux en venir, alors qu'elle comme moi
savons qu'elle a très bien compris.
Je pose alors ma main sur sa cuisse et la laisse descendre entre ses jambes.
Ce n'est pas très pratique pour conduire, mais je n'en ai pas grand-chose à
foutre. Je glisse ma main dans son pantalon et son sous-vêtement,
probablement un string j'espère, et commence à la caresser.
- Oh ce n’est pas vrai... fait-elle en agrippant sa portière.
Un sourire triomphant naît sur mes lèvres.
- Les gens dehors pourraient nous voir Bhaltair...
- Tu essayes de convaincre qui, là ?
Un grommellement lui échappe tandis que j'enfonce un doigt en elle. Sans
même se rendre compte de ce qu'elle fait, elle bascule sa tête en arrière
contre son siège tandis que je me languis du spectacle. Elle m'excite comme
je ne le pensais même pas possible. C'est la première femme que je n'ai pas
tué ou tenté de tuer après un rapport et ça signifie peut-être quelque chose.
Tandis qu'un petit son discret de plaisir s'échappe de sa bouche,
j'enfonce deux autres doigts d'un coup.
- Bhaltair ! s'exclame-t-elle, faussement offusquée.
- Oh arrête de faire la prude, chaudasse, je t'ai baisé à côté d'un
cadavre.
Je sens qu'elle devient encore plus mouillée, signe que mes paroles crues
l'excitent. Je remue mes doigts en elle et elle ferme les yeux en se mordant
fort la lèvre inférieure pour ne pas faire trop de bruit. Puis, quand je
commence à avoir des mouvements un peu plus brusques en elle, elle sert
mon bras d'une de ses mains, comme si j'allais trop fort et qu'elle tentait de
faire passer le choc, alors malgré mon envie d'aller encore plus vite, je
ralentis mon mouvement en elle. Immédiatement, elle se décontracte et un
nouveau gémissement lui échappe. Et, tandis que je la sens jouir autour de
mes doigts, je me gare sur le parking de mon hôtel.
- Alors, le trajet a été agréable ? Nous sommes arrivés, Neala.
Chapitre 56
Bhaltair vient d'attacher Dean à une chaise, et l'a bâillonné. Il gigote dans
tous les sens et c'est assez drôle, on dirait un poisson sorti de l'eau qui ne
sait pas quoi faire de sa queue.
- Tu veux commencer par quoi ? me demande Bhaltair.
- Mmh, je ne sais pas. Qu'est-ce qu'on fait aux violeurs ?
On leur coupe la queue.
- Oui, exactement, on leur coupe la queue, je me réponds à moi-même.
- J'approuve l'idée.
- Cependant je l'ai déjà fait à un proxénète il y a quelques jours alors...
j'ai envie d'être un peu plus originale. C'est un hôtel de luxe ici, il doit
bien y avoir des homards ?
Un sourire calculateur naît lentement sur les lèvres de mon mari.
- N'en dis pas plus, je reviens.
Et il sort de la chambre. Je me retourne vers Dean, qui a réussi à faire
tomber son bâillon.
- Si tu vois ma salope de cousine, raconte-lui à quel point je fantasmais
sur elle et à quel point je jouissais vite en pensant à elle.
Je le gifle.
- T'es vraiment qu'un sale pervers.
- Et toi une sale pute, t'étais aussi dans mes fantasmes. Je m'imaginais
bien prendre ta virginité pendant que tu dormais et te menacer pour
que tu n'ouvres pas ta gueule.
Un rire m'échappe.
- Attends, tu penses réellement que si tu m'avais violé, tes menaces
m'auraient fait peur ? Bhaltair est beaucoup plus puissant que toi.
Il ne dit rien et se contente de me fusiller du regard.
- Qu'est-ce que tu comptes me faire avec tes foutus homards ??
Un sourire naît sur mes lèvres.
- Un massage.
Il grommelle.
- J'aurais dû te violer quand t'étais encore vierge.
- Non, tu n'aurais pas dû, résonne la voix de Bhaltair qui rentre dans la
chambre, un homard dans chaque main. J'aurais fait une crise et je
t'aurais probablement enfoncé une visseuse en marche au fond de la
gorge.
- C'est chou, tu prendrais ma défense, je fais.
Il me fusille du regard.
- Dis encore qu'une action que je fais est chou et c'est toi qui auras une
visseuse au fond de la gorge.
Je lève les yeux au ciel.
- Je préfère t'avoir toi au fond de la gorge.
Un sourire pervers se dessine sur ses lèvres.
- Ça peut s'arranger...
- Oh ! s'exclame Dean. Détachez-moi !
Bhaltair inspire un grand coup et met soudain un coup de tête à Dean.
- Tu ne vois pas que je converse avec ma femme ?!
Il gémit de douleur tandis que son nez commence à saigner. Je jette un coup
d'œil à Bhaltair pour m'assurer qu'il aille bien, et ça a l'air d'aller.
- Tiens, dit-il en me tendant les homards. Fais gaffe, ça pince.
- Oui, c'est pour ça que je les aime tant en ce moment même.
Je m'en empare précautionneusement et jette un coup d'œil à Dean.
- Bhaltair, j'ai les mains prises, ça te dérangerait de lui retirer son
pantalon ?
Dean fronce les sourcils et commence à nous insulter. Mais comme il est
attaché de partout, il n'est pas très effrayant. Bhaltair lui retire donc son
pantalon ainsi que son boxer.
- Tu es bien mieux membré, je remarque en direction de mon époux.
- Je le sais. Même si aucune fille avant toi n'a eu l'occasion de me le
dire, je le comprenais à la façon dont elles criaient.
- Ça, je n'étais pas obligée de le savoir.
Il semble réfléchir et pendant ce temps, je pose un premier homard sur l’une
des cuisses de Dean.
- Alors comme ça tu fantasmes en t'imaginant nous violer Nina et moi
?
Il ne dit rien et à nouveau, se contente de me fusiller du regard.
- Maintenant j'aimerais bien te trancher la gorge, grommelle-t-il entre
ses dents.
- Un verre ? me propose Bhaltair en s'approchant du bar de la
chambre.
C'est une des meilleures suites de l’hôtel sans discuter, elle me semble super
bien équipée.
- Oui, pourquoi pas. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Whisky.
- Mmh, ok.
Je me tourne à nouveau vers Dean, qui fixe le homard pour l'instant
immobile. Alors je pose l'autre et il tressaille, car celui-ci remue
immédiatement ses pinces.
- Dégage ça de moi ! s'exclame-t-il.
- Tiens, dit Bhaltair en s'approchant de moi pour me tendre mon verre.
Alors, ça avance ?
- Non, pas vraiment.
- Tu ne les as pas bien placés, dit-il en s'approchant de Dean.
Il s'empare de l'un des homards et le pose directement sur sa queue. Celui-ci
pousse un cri de rage. Et ce qui devait arriver arriva... le homard pince sa
queue. Un cri de douleur lui échappe tandis qu'il bascule la tête en arrière.
Et hop, un deuxième coup de pince. Il saigne abondamment, et sa queue ne
tient plus beaucoup.
- Arrêtez ça ! s'exclame-t-il, je ferai ce que vous voudrez !
- Si des ennemis à moi t'avaient attrapé, ça ne me rassure pas beaucoup
quant à ta fidélité, fait Bhaltair en se plantant devant lui.
Il me fait reculer derrière lui et sort son flingue, puis vise la tête suante de
Dean qui est à deux doigts de tomber dans les pommes.
- Un dernier mot à dire ?
- Je...
Et il se prend une balle en pleine tête. Un sourire naît alors sur mes lèvres.
- Un enfoiré en moins ! je lance. Et si on allait fêter ça au bar de l'hôtel
?
Chapitre 57
Bhaltair
Neala
Quand je me réveille, Bhaltair n'est plus là. Je fronce les sourcils et me lève.
Je pars prendre une douche et m'habille d'une courte robe bustier en satin
noir et moulante. Je sais qu'il va l’apprécier. Je descends dans la cuisine et
commence à couper des fruits pour en faire une salade. J'ai grossi depuis
mon mariage avec lui, alors j'ai envie de manger sain pour calmer tout ça.
Je m'apprête à couper une mangue quand quelqu'un sonne à la porte. Je
m'en approche et regarde à travers l'œillet, tout en m'assurant que le couteau
que je porte tout le temps dans mon décolleté est bien à sa place. Il y est.
Mais heureusement, ce n'est qu'un associé de Bhaltair, je l'ai déjà croisé lors
de réceptions. Il doit sûrement vouloir lui déposer quelque chose. J'ouvre et
il me dévisage des pieds à la tête.
- Salut ma jolie, Bhaltair est là ?
- Non, mais il ne devrait pas tarder. Pourquoi donc ?
Il me tend un colis et se permet d'entrer après que je m’en sois emparée.
- Je dois lui remettre ceci, un échantillon de notre prochaine...
Il me jette un coup d'œil méfiant, comme s’il n'était pas sûr de pouvoir me
confier ce que trafique Bhaltair. Je hausse les sourcils et croise les bras sur
ma poitrine.
- Je tue avec lui, alors vous pensez sérieusement que je suis trop
fragile pour qu'il me parle de ses ventes ?
- Ouais, peu importe. Il s'agit d'une nouvelle drogue mexicaine que
nous allons bientôt commencer à vendre, et je suis venu lui en
transmettre un échantillon.
Je hoche la tête.
- D'accord, merci.
Il hoche la tête et se dirige vers la sortie.
- Vous avez une jolie maison, et Bhaltair possède une jolie femme.
Je lève les yeux au ciel et ne dis rien. Il se contente donc de s'en aller et je
ferme la porte derrière lui. Je pose le paquet sur la table et décide d'appeler
Nina en attendant que mon mari rentre.
- Neala ? Comment est-ce que tu vas ?
- Super bien, et je te téléphone car j'ai une bonne, non une excellente
nouvelle à t'annoncer, Dean est mort !
Un silence règne au bout de l'appareil.
- Comment ça, mort ?
- Bhaltair et moi l'avons tué.
Nouveau silence.
- V... vraiment ?
- Oui !
- Mais pourquoi ?
- Plusieurs raisons.
- Putain Neala... c'est génial ! Merde, je n'arrive pas à y croire !
Un sourire prend place sur mes lèvres. Je vais pouvoir revoir mon amie !
- Ça veut dire que tu vas revenir !?
- Bien sûr !
- Et tu...
La porte claque à ce moment-là sur un Bhaltair plutôt énervé.
- Nina, je te rappelle. Ok ?
- D'accord, prends soin de toi !
- Toi aussi !
Et je raccroche.
- Ça ne va pas ? je le questionne en m'approchant de lui.
- Ça allait très bien jusque-là, puisque Carita a accepté de rejoindre la
mafia.
- Mais c'est une excellente nouvelle ! Pourquoi est-ce que tu as l'air de
si mauvaise humeur alors ?
- Parce que je viens de voir un associé à moi sortir de notre manoir, là
où il y avait ma femme seule et habillée d'une robe échancrée.
- Mais... tu te rends compte de l'absurdité de tes paroles ? Je l'ai mise
pour toi cette robe !
Sa respiration commence à s'accélérer. Putain, qu'est-ce qu'il me fait ?
- Bhaltair ?
- Tu me mens en plus ?
- Tu le fais exprès ou quoi ? Regarde sur la table, il est venu déposer
un paquet de came pour toi !
Sa respiration s’accélère encore.
- Et tu vas me dire qu’il ne t'a pas regardé une seule fois dans cette
robe ?
- Si mais...
- Voilà ! s'exclame-t-il.
Je fronce les sourcils.
- Mais puisque je te dis que...
- Ta gueule !
Il commence à monter en pression. Comme il s'est immédiatement fait des
idées en voyant son associé sortir de chez nous et qu'il est malade
mentalement, il n'arrive pas à
discerner le vrai du faux. Il est persuadé que sa première impression est la
seule qui soit vraie. Et là... son œil tourne et devient blanc. Je recule
lentement derrière le comptoir de la cuisine, peu rassurée.
- Bhaltair, ça fait combien de temps que tu n'as pas pris tes
médicaments ?
- Je t'ai dit de fermer ta putain de gueule ! crie-t-il en envoyant valser
dans ma direction le saladier en verre que j'avais sorti pour ma salade
de fruits.
Je me baisse et l'évite de justesse.
- Putain, oui je vais le faire !
- Quoi ?
- Ce n'est pas à toi que je parle !
Ses voix. Merde. Il s'approche rapidement de moi, et je tourne autour du
comptoir pour l'éviter. Mon cœur loupe un bâtiment en le voyant s'emparer
du couteau qui me servait à couper les fruits.
- Bhaltair...
- Ta gueule !
Il se précipite dans ma direction et cette fois-ci, je ne parviens pas à lui
échapper. Il m'attrape par les cheveux et me jette au sol.
- Je croyais que c'était fini... je dis en retenant du mieux que je peux
mes larmes.
- T'avais tort bébé, c'est que le commencement.
Un sourire sadique se dessine sur ses lèvres tandis qu'il s'approche à
nouveau de moi, son couteau en main.
- Cette fois-ci tu vas payer pour tes conneries Neala, s'exclame-t-il.
- Je n'ai rien fait avec ce type !
Il s'agenouille à mon niveau et s'empare à nouveau de mes cheveux. Des
larmes coulent désormais le long de mes joues.
- Bhaltair...
Il resserre un peu plus sa prise et pose le couteau sous ma gorge.
- Je n'ai rien fait avec lui... je lui promets d'une petite voix.
Je le regarde droit dans les yeux, et à ce moment-là je vois un restant
d'humanité en lui, un restant de l’homme que j’ai petit à petit vu émerger
ces dernières semaines.
- Je n'ai rien fait... je répète. Je te le promets.
Il desserre un petit peu sa prise sur mes cheveux, puis la libère totalement
pour la poser sur sa tempe en fermant les yeux.
- Je n'y arrive pas Neala. Je n'arrive pas à me contrôler.
- Quoi ?
- Je te crois, mais je n'arrive pas à me contrôler ! Les voix n'arrêtent
pas de parler et... merde !
Il me pousse d'un coup par les épaules et je me retrouve allongée en dessous
de lui, son couteau juste sur mon cœur.
- J'ai besoin de te tuer...
Un mélange d’émotions que je parviens difficilement à déchiffrer lui
traverse le village. De la haine, de la colère, de l’épuisement et même de
l’angoisse.
- Résiste, je t'en prie, je l’implore.
Il secoue frénétiquement la tête en fermant les yeux. Et c'est à ce moment-là
que je me souviens que je possède également un couteau. Mais la question
est, est-ce que j'oserai m'en servir contre lui ? Je profite du fait qu'il ait les
yeux fermés pour le sortir et le faire basculer en arrière. Désormais, c'est lui
qui est allongé en dessous de moi, mon couteau pointé sur son cœur. Il a les
yeux ouverts et nos regards se croisent. Mon cœur cogne très fort dans ma
poitrine tandis que ma respiration s’accélère. Il n'arrête pas de me répéter
qu'il a besoin de me tuer. Et tandis que mes larmes coulent le long de mon
visage, c'est là que je réalise que sa maladie est en train de le ronger de
l'intérieur. Il a explosé, et la seule manière qu'il aura de se calmer sera de
me tuer, ou... de mourir.
- Vas-y, fais-le... finit-il par dire.
Je secoue frénétiquement la tête tandis que mes larmes tombent sur son
teeshirt. Je ne peux pas faire ça, je m’en sens incapable et pourtant, je sais
que c’est la seule solution. Je sens mon cœur battre toujours de plus en plus
fort dans ma poitrine et je me mords la lèvre alors que des larmes glissent
dans ma bouche entrouverte.
- Fais-le, Neala !
Il pose ses mains sur ses tempes et ferme à nouveau les yeux. Son visage est
crispé et froid à la fois, il n’avait jamais été dans un tel état avant et
j’aperçois alors réellement sa schizophrénie sur son visage. Ce mélange
d’émotions ne peut être ressenti par un homme saint d’esprit, il est malade
et il en souffre. Je ne pense même pas qu'il parviendra à m'entendre si je
parle. Et honnêtement, je ne sais pas si je parviendrais moi-même à dire
quoique ce soit. Malgré tout, je parviens quand même à murmurer.
- Je ne peux pas...
Il souffle un grand coup et ouvre les yeux. Je vois tellement de souffrance
en lui que ça me brise le cœur. Mais à ce moment-là, je vois une émotion
que je n'avais encore jamais vu auparavant. Ça ressemble à... un regard
aimant, protecteur. Et c'est là que je comprends ce qu'il cherche à me dire à
travers son regard. Un mélange de colère, de peur et d’un tel épuisement ne
peuvent signifier qu’une seule chose. Alors, je lui renvoie exactement le
même regard pour lui faire comprendre que j’ai compris ce qu’il voulait me
dire et que... moi aussi, je suis tombée amoureuse de lui. Je ne sais pas
quand ni comment c’est arrivé, mais c’est bel et bien le cas et je viens d’en
prendre conscience alors que tout est sur le point de dégénérer. Je voudrais
lui parler, mettre des mots sur mes sentiments, mais maintenant il n'arrive
plus à se contrôler et je comprends qu'il n'y parviendra pas.
- Putain, fais-le ! hurle-t-il.
- Je ne peux p...
- Merde, si tu ne me plante pas ce couteau c'est moi qui vais te tuer
Neala !
Alors, sans réfléchir une seconde de plus et tandis que mon cœur tressaute
dans ma poitrine, je ferme les yeux et enfonce la lame dans son cœur. Je
sens immédiatement son corps se détendre sous moi. Je pince mes lèvres et
ne parviens pas à ouvrir mes yeux. Malgré tout, je sens du sang contre mes
mains, beaucoup de sang. Mes larmes redoublent et un gémissement de
désespoir m'échappe. Alors que tout aurait pu bien finir et qu’un nouveau
chapitre aurait pu commencer, tout s’est emballé et nous avons perdu le
contrôle. Il n’y a plus aucun retour en arrière possible et j’en prends
pleinement conscience tandis que son sang commence à inonder le sol de la
cuisine et que je suis à deux doigts de m’étouffer dans mes propres sanglots.
Depuis notre mariage, Bhaltair n'a pas arrêté de dire qu'il finirait par me
tuer et aujourd'hui, c'est moi qui ai mis fin à ses jours.
Epilogue
Chapitre 1
Elías