Alain Corrigé Conscience

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Introduction :

Ce texte d'Alain propose une définition philosophique de la conscience. Au delà du sens commun
qui assimile la conscience au sentiment que chacun peut avoir d'être lui même, l'auteur y voit la
connaissance de soi. Elle consisite en une forme d'attention particulière que le sujet se porte à lui
même. Elle se définit également comme resposabilité morale. Cette conception de la conscience
s'inscrit donc dans le prolongement de la pensée socratique. C'est Socrate qui le premier invita
l'homme à l'introspection. Alain semble reprendre à son compte cette idée philosophique.
L'enseignement qu'on peut tirer de ce bref paragraphe, c'est qu'il ne suffit pas de parler et de penser
pour pouvoir prétendre être conscient. Ou encore, sans doute chacun d'entre nous a-t-il pleinement
le sentiment d'être ou d'exister, d'être conscient. Mais pour autant, nous connaissons nous nous
mêmes ?

(Dans un premier temps l'auteur donne donc une définition de la conscience


Dans un second temps il introduit l'idée de moralité
Enfin, le texte propose quelques exemples.)

Première partie
Ce texte porte donc sur la conscience. Mais qu'entend on habituellement par conscience ?
Le sentiment que chacun peut avoir d'être lui même. Le fait que nous nous rendons compte que
nous sommes.
La conscience signifie ce qui est accompagné de savoir, ou de représentation.
C'est l'aptitude à se représenter la réalité : le monde extérieur, les choses, et nous même.
On l'assimile a un dédoublement intellectuel : l’homme existe et il sait qu’il existe, il a la représentation de
son existence.
La conscience peut être comparée à un miroir intérieur qui permettrait à l’homme de se voir, de porter le
regard sur lui-même. Plus précisément encore, elle signifie l’aptitude à se penser soi-même, ou à se
constituer soi même comme objet de pensée. Elle est associée à la réflexion. On désigne la conscience
humaine comme conscience réfléchie.
L’homme est un sujet conscient, un être pensant, doué de la faculté de pensée.
Elle signifie l’aptitude à se constituer comme sujet.
La conscience chez l’homme est une conscience réfléchie, elle distingue l ’homme de l’animal qui en est
dépourvu. Elle fonde la possibilité du savoir et de la connaissance, et celle de la liberté. Parce que nous
sommes conscients, nous pouvons nous déterminer librement par rapport à notre existence, en orienter le
cours à des perspectives que nous concevons nous mêmes/
Parce que nous sommes conscients, nous pouvons penser notre nature et notre existence. Nous pouvons aussi
concevoir nous même les règles ou les principes de notre existence.
Nous pouvons également concevoir l’ordre des valeurs, définir ce qui nous paraît être la meilleure façon de
vivre, nous poser la question des modes d’existence.
Se poser cette question c’est entreprendre une réflexion d’ordre moral : Morale, « morales » en latin, les
mœurs ou les façons de vivre. (Terme voisin : Ethique, du grec « ethos », les mœurs ou les façons de vivre).
Par extension, la réflexion concernant les règles, valeurs ou principes que l’on doit appliquer à l’existence et
aux façons de vivre.
La conscience n’a pas qu’une dimension intellectuelle. Elle a aussi une dimension pratique : c’est la
conscience morale.
Comment l'auteur la définit il plus précisément ?
C'est d'abord dit-il, le savoir revenant sur lui même.
Ce savoir revient sur lui même. Il fait retour sur lui même. Il s'examine, se réfléchit, s'évalue, s'interroge.
Etre conscient suppose que l'on s'interroge. Ou plutôt, qu'on interroge ses propres représentations, ses
pensées, mais aussi ses croyances, ses impulsions, tout ce qui se manifeste en nous mêmes. La conscience
suppose donc que l'on se soumette à une forme d'examen constant. Ne rien tenir pour évident ou allant de
soi : voilà une exigence particulière qui suppose une attention particulière à soi même. Tâchons si l'on veut
de bien penser, de bien réfléchir. Par cet attention aprtoiculière de soi à soi, nous pouvons exercer une forme
de contrôle sur ce qui advient. Ne pas le faire c'est s'exposer à devenir le jouet de nos mouvements intérieurs,
de nos croyances ou de nos opinions, et au delà, à devenir les jouets des circonstances. Pensons donc à ce
que nous faisons, à ce que nous disons, à ce que nous pensons.

La conscience dit l'auteur, c'est ce qui nous met en demeure de décider et de juger.
Une mise en demeure, c'est une injonction qui nous est faite. Elle peut être
légale ou juridique. Mais ici elle a un sens moral. Elle définit une obligation
morale. Nous devons décider et juger. Nous devons donc nous déterminer nous
mêmes dans nos choix et nos jugements. Nous devons en être les auteurs, les
sujets.
Est ce toujours le cas ? Bien souvent nous adoptons des jugements communs
dont nous ne sommes pas pleinement les auteurs. Nous nous rangeons aux
opinions, à l'avis du plus grand nombre, à ce qui est considéré comme
acceptable. Nous agissons comme tout le monde.
Décider soi même, juger soi même, cela suppose au contraire que nous
pensions nous mêmes. Qu'après examen, réflexion, analyse, comparaison et
évaluation, nous prenions nous même une décision. Cela suppose que nous
nous affirimions nous mêmes comme les sujets de nos propres existences.
Décider c'est choisir. Se déterminer soi même dans ses actes ou jugements, de
façon autonome, en s'interrogeant sur ce qui est réellement souhaitable ou
juste. Et ce n'est possible qu'à partir d'une réflexion personnelle, en
s'interrogeant sur ce qui est communément admis, ou sur les assignations
sociales et culturelles qui tendent à déterminer les choix si l'on y réfléchit pas.
Juger c'est penser. Déterminer le sens, qualifier le réel, statuer sur soi même
ou sur le monde. Mais un jugement n'est libre que s'il procède d'un examen
attentif. Si je donne mon assentiment à ce qui est communément admis, si
j'adhère ou si j'approuve sans interorger, est ce bien moi qui pense ? N'est ce
pas plutôt autrui qui pense à travers moi ? Il nous faut trouver de
l'indépendance, ou de l'autonomie.
La conscience définit le sujet en tant qu'il est pelinement auteur et responsable
de ses jugements et de ses actes. Mais cela ne va pas de soi. Il nous faut
penser. C'est en ce sens qu'il faut entendre la mise en demeure dont il est
question. C'est une obligation, un devoir moral. La conscience relève de
l'exigence morale. Elle n'a rien de spontané. Elle consiste tout entière dans la
pensée. C'est du reste ainsi que l'auteur conclut cette première partie de son
texte. Nous devons nous interroger sur ce que nous devons penser. Ne pas le
faire revient à ne pas penser du tout. Sans doute mille pensées semble se
manifester en nous à tout moment. Mais penser véritablement, c'est
s'interroger. La conscience est donc pensée, et introspection. Il nous faut
porter le regard en nous mêmes.

Deuxième partie
Ces remarques trouvent un développement dans la suite du texte.
L'auteur associe conscience et moralité. La moralité consiste dans l'adéquation
de nos conduites à un ensemble d'exigences formelles. La morale définit d'une
façon générale l'ensemble des normes, valeurs ou principes susceptibles de
s'appliquer à l'existence en vue de lui donner une forme de rectitude. Elle
repose sur un jugement appréciatif ou jugement de valeur. Toute conscience
est morale. Cela signifie qu'au delà de sa dimension purement intellectuelle,
elle engage le snes du bien et du mal ou du juste et de l'injuste. Cette
expérience est plus ou moins développée, mais elle est commune. Considérer
la conscience comme liée à la moralité, c'est bien supposer qu'elle consiste en
un devoir.
L'immoralité au contraire consiste dans le fait de ne pas se poser de question,
comme l'inconscient. Celui ci ne réfléchit pas. Il donne son assentiment aux
représentations les plus ordinaires sans les remettre en question, il se laisse
aller au gré de ses impressions, de ses impulsions. Il s'expose par là à toutes
sortes de tracas et de déconvenues, à des conséquences non désirées, dans
ses actes, ses propos et ses représentations. Mais au delà de cet exemple, ce
dont parle l'auteur c'est de l'ajournement du jugement intérieur. Ajourner c'est
différer, renoncer, abdiquer son propre jugement. Toutes sortes de raison
peuvent nous pousser à la faire. La paresse, la peur, l'inertie. Mais ajourner ce
jugement, donc y renoncer, c'est se comporter en inconscient. L'inconscient
n'est donc pas réductible à sa caricature. C'est chacun de nous lorsqu'il
renonce à penser. La conscience réside dans le jugement, la réflexion et la
pensée. Il y a de nombreuses situations qui ne mobilisent pas cet effort. Tous
les savoirs faire, les automatismes sur lesquels reposent bon nombre de nos
activités. Et cela est sans doute nécessaire. Mais caractérisons bien
l'incosncience et ses diverses formes, et tâchons de bien comprendre par
opposition ce qu'est la conscience : cette attention toute particulière que le
sujet se porte à lui même.

Troisième partie.

Le dernier temps est consacré à ce qu'on pourrait appeler l'évidence de la


conscience. La conscience est quelques chose de simple. Il suffit de
l'interroger. Elle relève aussi de l'expérience intime du sujet. Elle ne requiert
qu'une intention. Il faut vouloir interroger sa conscience. Cela n'a rien de
mystérieux. Et les exemples donnés par l'auteur le montrent. Ai-je été lâche ?
Ai-je été juste ? Questions simples qui n'ont rien de métaphysique. Chacun
peut se poser ses questions. Voici donc une indication claire. Si la conscience
est introspective, si on peut l'assimiler à une forme de discipline personnelle,
elle ne requiert pas de cconnaissances subtiles. Elle relève d'une expérience
simple, accessible. La difficulté réside dans la détermination de la volonté. Et il
est vrai que par paresse nous pourrions être tentés d'éluder cette perspective.
La conclusion est simple. Ne pas faire cet effort de conscience c'est nous
promettre à une forme d'esclavage intime. Comment comprendre cette
expression ?
L'esclavage désigne une condition de servitude. C'est la manifestation d'un
rapport de domination, donc de privation de liberté. Il est ici évoqué de façon
analogique. Comme une analogie. De la même façon qu'on peut être dominé
par un maître, on peut être comme soumis ou dominé par soi même. Par sa
propre paresse, par ses impulsions, par sa propre négligence. Refuser de
penser, ajourner le jugement intérieur, ne pas s'interroger, c'est se promettre à
cet esclavage dont l'auteur dit bien qu'il est intime. Imposé de soi à soi. La
domination vient de l'intérieur. Mais cela signifie aussi par analogie, que la
conscience affranchit. Qu'elle consiste en un expérience de liberté. Pourquoi ?
Parce qu'elle libère des servitudes liées à nos aveuglements, nos croyances et
nos illusions. Toutes choses qui tendent à nous déterminer lorsqu'on ne fait pas
l'effort de réfléchir et d'interroger. L'alternative est donc enfin la suivante. Ou
bien nous jugeons et décidons, ce qui suppose une intention, une
détermination de la volonté et l'exercice d'un discernement. Ou bien nous ne le
faisons pas et nous exposons à devenir les jouets de nos impulsions et ne de
nos opinions, et par suite des circonstances. Si une liberté est possible, elle
réside dans la conscience comme exercice introspectif.

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