Citations de Philo

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Les citations à (bien) utiliser à l’épreuve de philo

Utiliser des citations à l’épreuve de philosophie n’est pas obligatoire, mais fortement recommandé. Cela
vous permettra de montrer au correcteur que vous avez bien compris la pensée et les idées d’un auteur, et
pourrait vous rapporter des points. Mais à condition de le faire bien. Voici nos conseils et notre sélection de
citations à utiliser au bac de philo 2019.

Comme chaque année, l’épreuve de philosophie, qui marquera le début des épreuves écrites terminales du
baccalauréat, est l’une de celle que vous redoutez le plus. Pendant quatre heures, vos capacités d’analyse et
de raisonnement seront mises à l’épreuve, mais pas uniquement. Vos connaissances des auteurs et des
courants de pensées seront également prises en compte.

Vous devez expliquer vos citations

Utiliser des citations dans sa dissertation ou son commentaire de texte peut être un moyen efficace de
montrer au correcteur l’étendue de votre connaissance et de votre compréhension des notions étudiées
dans l’année. À condition de le faire bien, et de ne pas en abuser.

"La citation ne doit pas être un argument d’autorité, c’est-à-dire qu’elle ne doit pas être utilisée comme une
preuve en soi", prévient Gilles Vervisch, professeur agrégé de philosophie. Autrement dit, si vous couchez
une citation dans votre copie, vous devrez ensuite l’expliquer et la justifier, soit par un argument de
l’auteur, soit par un argument ou un exemple personnel.

Ne pas utiliser trop de citations

À l’inverse, la citation ne doit pas servir de preuve à votre raisonnement. C’est bien à vous de "restituer la
pensée de l’auteur que vous citez", insiste Gilles Vervisch. Autre recommandation : "Il ne faut tomber dans
l’opinion personnelle."

Attention également à ne pas trop en faire ! Multiplier les citations peut s’avérer contre-productif. Le
professeur de philosophie conseille ainsi d’utiliser "une citation par partie, bien comprise et bien expliquée",
mais reconnaît aussi que citer des auteurs n’est pas une obligation.

Retrouvez ci-dessous une sélection de citations à utiliser à l’épreuve de philosophie du baccalauréat, classées
par notions, issues de livres d'auteurs.

Citations au bac de philo : le sujet

La conscience

 "Conscience signifie d’abord mémoire." Henri Bergson (1859–1941)


 "Je pense, donc je suis." René Descartes (1596–1650)
 "Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience." Karl Marx
(1818–1883)

La perception

 "La perception dispose de l’espace dans l’exacte proportion où l’action dispose du temps." Henri
Bergson (1859–1941)
 "Être, c’est être perçu." George Berkeley (1685–1753)
 "Nos sens étant frappés par certains objets extérieurs, font entrer dans notre âme plusieurs
perceptions distinctes de choses." John Locke (1632–1704)

L’inconscient
 "L’interprétation des rêves est la voie royale de la connaissance de l’inconscient." Sigmund Freud
(1856–1939)
 "Les œuvres d’art [sont] les satisfactions imaginaires de désirs inconscients, tout comme les rêves."
Sigmund Freud (1856–1939)
 "L’inconscient est une méprise sur le Moi, c’est une idolâtrie du corps." Alain (1868–1951)

Autrui

 "L’enfer, c’est les autres." Jean-Paul Sartre (1905–1980)


 "Le vaniteux fait dépendre son propre bonheur de l’activité d’autrui." Marc Aurèle (121–180)
 "Le monde auquel je suis est toujours un monde que je partage avec d’autres." Martin Heidegger
(1889–1976)

Le désir

 "Le désir est l’appétit accompagné de la conscience de lui-même." Spinoza (1632–1677)


 "Parmi les désirs, certains sont naturels, d’autres sont vains. Parmi les désirs naturels, certains sont
nécessaires, d’autres sont simplement naturels." Épicure (342–270 av. J.-C.)
 "Ce n’est pas par la satisfaction des désirs que s’obtient la liberté, mais par la destruction du désir."
Épictète (50–125)

L’existence

 "Carpe diem." Horace (65–8 av. J.-C.)


 "L’existence est une douleur constante, tantôt lamentable et tantôt terrible." Arthur Schopenhauer
(1788–1860)
 "Dusses-tu vivre trois fois mille ans et même autant de fois dix mille, souviens-toi toujours que
personne ne perd d’autre existence que celle qu’il vit et qu’on ne vit que celle qu’on perd." Marc
Aurèle (121–180)

Le temps

 "Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande


et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus." Saint Augustin (354–430)
 "L’étendue est la marque de ma puissance. Le temps est la marque de mon impuissance." Jules
Lagneau (1851–1894)
 "Vouloir être de son temps, c’est déjà être dépassé." Eugène Ionesco (1909–1994)

Citations au bac de philo : la raison et le réel

Théorie et expérience

 "Le critère de la scientificité d’une théorie réside dans la possibilité de l’invalider, de la réfuter ou
encore de la tester." Karl Popper (1902–1994)
 "L’expérience n’est qu’une observation invoquée dans un but de contrôle." Claude Bernard (1813–
1878)
 "L’expérience : c’est là le fondement de toutes nos connaissances." John Locke (1632–1704)

La démonstration

 "Il est impossible de démontrer à l’infini…" Sextus Empiricus (160–210)


 "La logique, qui peut seule donner la certitude, est l’instrument de la démonstration : l’intuition est
l’instrument de l’invention." Henri Poincaré (1854–1912)
 "Démontrer n’est pas autre chose que résoudre les termes d’une proposition et substituer au terme
défini sa définition ou une de ses parties pour dégager une sorte d’équation." Leibniz (1646–1716)

L’interprétation
 "On ne peut plus parler, car personne ne peut commencer son discours sans témoigner aussitôt de
tout autre chose que de ce qu’il dit." Emmanuel Levinas (1906–1995)
 "Toute action suivant la règle serait une interprétation. Mais on ne devrait donner au terme
“interprétation” d’autre sens que celui-ci : le fait de substituer une expression de la règle à une autre."
Ludwig Wittgenstein (1889–1951)
 "Que les choses puissent avoir une nature en soi, indépendamment de l’interprétation et de la
subjectivité, c’est une hypothèse parfaitement oiseuse." Friedrich Nietzsche (1844–1900)

Le vivant

 "La nature n’a aucune fin à elle prescrite et toutes les causes finales ne sont rien que des fictions des
hommes." Spinoza (1632–1677)
 "On doit aborder sans dégoût l’examen de chaque animal avec la conviction que chacun réalise sa
part de nature et de beauté." Aristote (384–322 av. J.-C.)
 "Il y a comme un dessin préétabli de chaque être et de chaque organe." Claude Bernard (1813–1878)
 "Dans une montre, un rouage ne peut en produire un autre et encore moins une montre d’autres
montres." Emmanuel Kant (1724–1804)

La matière et l’esprit

 "Je crois la pensée si peu incompatible avec la matière organisée qu’elle semble en être une
propriété…" La Mettrie (1709–1751)
 "Toutes nos analyses nous montrent dans la vie un effort pour remonter la pente que la matière
descend." Henri Bergson (1859–1941)
 "Désordre dans le corps, erreur dans l’esprit, l’un nourrissant l’autre." Alain (1868–1951)

La vérité

 "De même que la lumière fait paraître elle-même et les ténèbres, de même la vérité est sa propre
norme et celle du faux." Spinoza (1632–1677)
 "Vrai et faux sont des attributs de la parole et non des choses. Là où n’est point de parole, il n’y a ni
vérité ni fausseté." Thomas Hobbes (1588–1679)
 "La vérité est fille de discussion, non pas fille de sympathie." Gaston Bachelard (1884–1962)

Citations au bac de philo : la culture

Le langage

 "Le mot ne note de la chose que sa fonction la plus commune et son aspect banal."
Henri Bergson (1859–1941)
 "Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde." Ludwig Wittgenstein
(1889–1951)
 "Danger du langage pour la liberté de l’esprit : chaque mot est un préjugé." Friedrich Nietzsche
(1844–1900)

L’art

 "L’œuvre d’art n’est pas la représentation d’une belle chose, mais la belle représentation d’une
chose." Emmanuel Kant (1724–1804)
 "L’art, c’est l’homme ajouté à la nature." Francis Bacon (1561–1626)
 "La vie imite l’art, bien plus que l’art n’imite la vie." Oscar Wilde (1854–1900)

Le travail et la technique

 "Le travail est désir réfréné, disparition retardée : le travail forme." Hegel (1770–1831)
 "Le règne de la liberté commence seulement à partir du moment où cesse le travail dicté par la
nécessité." Karl Marx (1818–1883)
 "Aussi longtemps que nous nous représentons la technique comme un instrument, nous restons pris
dans la volonté de la maîtriser." Martin Heidegger (1889–1976)

La religion

 "La religion est une réaction défensive de la nature contre la représentation, par l’intelligence, de
l’inévitabilité de la mort." Henri Bergson (1859–1941)
 "C’est l’homme qui fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme." Karl Marx (1818–
1883)
 "Les religions sont comme des routes différentes convergeant vers un même point." Gandhi (1869–
1948)

L’histoire

 "Un homme versé dans l’histoire peut être regardé comme ayant vécu depuis le commencement du
monde." David Hume (1711–1776)
 "L’histoire justifie ce que l’on veut." Paul Valéry (1871–1945)
 "Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre." Karl Marx (1818–1883)

Citations au bac de philo : la politique

La société

 "L’homme est un animal politique." Aristote (384–322 av. J.-C.)


 "Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage." Michel de Montaigne (1533–1592)
 "À l’homme rien de plus utile que l’homme." Spinoza (1632–1677)

La justice et le droit

 "La justice, c’est l’égalité." Alain (1868–1951)


 "Si la justice disparaît, c’est chose sans valeur que le fait que des hommes vivent sur la Terre."
Emmanuel Kant (1724–1804)
 "Il est plus déshonorant de commettre une injustice que d’en être la victime." Platon (427–346 av. J.-
C.)
 "La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique." Blaise Pascal (1623–
1662)

L’État

 "En vérité le but de l’État, c’est la liberté" Spinoza (1632–1677)


 "Si l’État est fort, il nous écrase. S’il est faible, nous périssons." Paul Valéry (1871–1945)
 "Le droit, l’ordre éthique, l’État constituent la seule réalité positive et la seule satisfaction de la
liberté." Hegel (1770–1831)
 "L’État n’est que la muselière dont le but est de rendre inoffensive cette bête carnassière, l’homme, et
de faire en sorte qu’il ait l’aspect d’un herbivore." Arthur Schopenhauer (1788–1860)

Citations au bac de philo : la morale

La liberté

 "Les hommes se croient libres pour cette seule cause qu’ils sont conscients de leurs actions et
ignorants des causes par où ils sont déterminés." Spinoza (1632–1677)
 "Qui cherche dans la liberté autre chose qu’elle-même est fait pour servir." Alexis de Tocqueville
(1805–1859)
 "La préméditation de la mort est préméditation de la liberté. Qui a appris à mourir, il a désappris à
servir." Michel de Montaigne (1533–1592)
Le devoir

 "Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne
une loi universelle." Emmanuel Kant (1724–1804)
 "Nul ne possède d’autre droit que celui de toujours faire son devoir." Auguste Comte (1798–1857)
 "Plus un homme a fondé profondément sa vie sur l’éthique, moins il sentira le besoin de parler
constamment du devoir." Søren Kierkegaard (1813–1855)

Le bonheur

 "Ce n’est pas seulement en vue de vivre, mais plutôt en vue d’une vie heureuse qu’on s’assemble en
une cité." Aristote (384–322 av. J.-C.)
 "Le bonheur est un idéal de l’imagination et non de la raison." Emmanuel Kant (1724–1804)
 "Le bonheur, c’est de continuer à désirer ce qu’on possède." Saint Augustin (354–430)
 "Il n’y a qu’une route vers le bonheur, c’est de renoncer aux choses qui ne dépendent pas de notre
volonté." Épictète (50–125)

Dictionnaire des citations (classement par Notions)


La conscience, l'inconscient, le sujet

* "Connais-toi toi-même" (Socrate)


* "La conscience est toujours conscience de quelque chose." (Husserl, Méditations cartésiennes)
* "L'enfer, c'est les autres." (Sartre, Huis-clos)

* "Le moi (...) n'est pas seulement maître dans sa propre maison" (Freud, Introduction à la
psychanalyse)
* "L'interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l'inconscient dans la
vie psychique." (Freud, La science des rêves)
"Je pense où je ne suis pas, donc je suis où je ne pense pas." (Lacan, Écrits)

* "Je pense donc je suis" (Descartes, Discours de la méthode)

Autrui

"Le chemin le plus court de soi à soi passe par autrui" (Lavelle)
* "L'enfer, c'est les autres." (Sartre, Huis-clos)

Le désir

* "Tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du
monde" (Descartes, Discours de la méthode)
* "Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit
moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux"
(Rousseau, La Nouvelle Héloïse)
"L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin." (Bachelard, La
psychanalyse du feu)

L'existence et le temps (et la mort)

* "Le corps est le tombeau de l'âme" (Platon, Cratyle)

* "L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible des roseaux, mais c'est un roseau pensant." (Pascal,
Pensées)
"La vie est un songe un peu moins inconstant" (Pascal, Pensées)
* "L'homme n'est rien d'autre que la série de ses actes." (Hegel, Encyclopédie)
* "L'homme est un animal métaphysique" (Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme
représentation)
* "La vie oscille, comme une pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui."
(Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation)
* "Il ne peut y avoir un système de l'existence." (Kierkegaard, Post-scriptum aux miettes
philosophiques)
* "L'homme est quelque chose qui doit être surmonté." (Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra)
* "L'existence précède l'essence" (Sartre, L'existentialisme est un humanisme)
* "Tout existant naît sans raison, se prolonge par faiblesse et meurt par rencontre." (Sartre,
L'Être et le Néant)
* "L'homme est une passion inutile" (Sartre, L'Être et le Néant)
"Si je veux que ma vie ait un sens pour moi, il faut qu'elle en ait pour autrui ; personne n'oserait
donner à la vie un sens que lui seul apercevrait." (Bataille, L'expérience intérieure)

* "Tu ne meurs pas de ce que tu es malade ; tu meurs de ce que tu es vivant" (Montaigne, Essais)
* "Qui a appris à mourir, il a désappris à servir" (Montaigne, Essais)
* "On mourra seul" (Pascal, Pensées)
* "La sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie" (Spinoza, Éthique)
* "Se faire tuer ne prouve rien, sinon qu'on n'est pas le plus fort." (Diderot, Nouvelles pensées
philosophiques)
* "L'humanité se compose de plus de morts que de vivants" (Comte)
* "La mort n'est jamais ce qui donne son sens à la vie, c'est au contraire ce qui lui ôte toute
signification." (Sartre, L'Être et le Néant)
* "Être mort, c'est être en proie aux vivants." (Sartre, L'Être et le Néant)

La nature - La nature et la culture

* "La nature ne fait rien en vain" (Aristote, Métaphysique)


* "Dieu, c'est-à-dire la nature" (Spinoza)
* "Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles" (Leibniz)
* "L'Univers m'embarrasse, et je ne puis songer / Que cette horloge existe et n'ait pas d'horloger"
(Voltaire)

* "L'homme est naturellement un animal politique." (Aristote, Politique)


* "A l'état de nature, l'homme est un loup pour l'homme" (Hobbes, Léviathan)
* "L'homme est naturellement bon et c'est la société qui le déprave." (Rousseau, Discours sur
l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes)

Le langage

* "Ce dont on ne peut parler, il faut le taire." (Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus)


"Le pouvoir est là tapi dans tout discours que l'on tient, fût-ce à partir d'un lieu hors pouvoir."
(Roland Barthes, Leçon)

L'art

* "L'art est imitation de la nature" (Aristote)


"Il n'est point de serpent, ni de monstre odieux / Qui par l'art imité ne puisse plaire aux yeux."
(Boileau, Art poétique)
* "Quelle vanité que la peinture qui attire notre admiration par la ressemblance des choses dont on
n'admire point les originaux" (Pascal, Pensées)
* "La réalité est "une apparence plus trompeuse que l'apparence de l'art." (Hegel, Esthétique)
"La vie imite l'art beaucoup plus que l'art n'imite la vie." (Oscar Wilde, Intentions)
* "L'art n'a d'autre objet que d'écarter (...) tout ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre
face à la réalité même." (Bergson, Le rire)
"L'art est la magie délivrée du mensonge d'être vrai" (Adorno, Minima moralia)
"L'art ne reproduit pas le visible mais rend visible." (Paul Klee, Théorie de l'art moderne)

* "Le beau plaît immédiatement. Il plaît en dehors de tout intérêt."(Kant, Critique de la faculté de
juger)

Le travail et la technique

* "Riche ou pauvre, puissant ou faible, tout citoyen oisif est un fripon." (Rousseau, Émile ou de
l'éducation)

* "L'homme est intelligent parce qu'il a une main" (Anaxagore, Fragments)


* "On ne commande à la nature qu'en lui obéissant" (Bacon, Novum Organum)
* La technique nous rend "comme maîtres et possesseurs de la nature" (Descartes, Discours de la
méthode)
* "L'intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de
fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment
la fabrication. (Bergson, L'évolution créatrice)

La religion

* "Je crois parce que c'est absurde" (Saint Augustin)


* "Si les triangles faisaient un Dieu, ils lui donneraient trois côtés" (Montesquieu, Lettres
Persanes)
* "L'idée qu'il n'y a pas de Dieu ne fait trembler personne ; on tremble plutôt qu'il y en ait un."
(Diderot, Pensées philosophiques)
* "La religion est l'opium du peuple." (Marx, Critique de la philosophie hégélienne du droit)
* "Dieu est mort" (Nietzsche)
"Mythe est le nom de tout ce qui n'existe et ne subsiste qu'ayant la parole pour cause." (Paul
Valéry, Petite lettre sur les mythes)

L'histoire

* "Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé" (Pascal,
Pensées)
* "Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion." (Hegel, La Raison dans
l'histoire)
* "L'expérience et l'histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n'ont jamais rien
appris de l'histoire." (Hegel, La Raison dans l'histoire)
* "L'histoire du monde n'est pas le lieu de la félicité. Les périodes de bonheur y sont des pages
blanches." (Hegel, La Raison dans l'histoire)
* "La Raison gouverne le monde" (Hegel, La Raison dans l'histoire)
* "L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de la lutte des classes." (Marx,
Manifeste du parti communiste)
"L'histoire justifie ce que l'on veut. Elle n'enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout et
donne des exemples de tout" (Paul Valéry, Regards sur le monde actuel)

La raison et le réel
* "Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée" (Descartes, Discours de la méthode)
* "Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas" (Pascal, Pensées)
* "Ce qui est rationnel est réel et ce qui est réel est rationnel" (Hegel, Principes de la philosophie
du droit)

Théorie et expérience

* "On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve" (Héraclite d'Éphèse, Fragments)
* "Des pensées sans matière sont vides, des intuitions sans concepts sont aveugles" (Kant, Critique
de la Raison pure)
* "L'homme connaît le monde en le transformant et le transforme en le connaissant." (Marx)
* "Une expérience scientifique est (...) une expérience qui contredit l'expérience commune."
(Bachelard, La formation de l'esprit scientifique)
* "Une théorie qui n'est réfutable par aucun évènement qui se puisse concevoir est dépourvue de
caractère scientifique." (Popper, Conjectures et réfutations)
La démonstration

* "Qui a une idée vraie sait en même temps qu'il a une idée vraie et ne peut douter de la vérité de la
chose" (Spinoza, Éthique)

L'interprétation

"L'homme est une invention dont l'archéologie de notre pensée montre aisément la date récente. Et
peut-être la fin prochaine." (Foucault, Les mots et les choses)

Le vivant

"La vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort" (Bichat, Recherches physiologiques
sur la vie et la mort)

La matière et l'esprit

La vérité

* "La seule chose que je sais, c'est que je ne sais rien" (Socrate)
* "L'homme est la mesure de toute chose" (Protagoras d'Abdère)
"Car je ne cherche pas à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre." (Anselme,
Proslogion)
* L'imagination est "maîtresse d'erreur et de fausseté" (Pascal, Pensées)
" Il viendra un jour où l'humanité ne croira plus, mais où elle saura." (Renan, L'avenir de la
science)
* "L'opinion a, en droit, toujours tort." (Bachelard, La formation de l'esprit scientifique)

* "Le commencement de toutes les sciences, c'est l'étonnement de ce que les choses sont ce qu'elles
sont" (Aristote, Métaphysique)
* "Science, d'où prévoyance ; prévoyance d'où action." (Comte, Cours de philosophie positive)
* "L'humanité ne se pose jamais que les problèmes qu'elle peut résoudre." (Marx)
"La chance ne favorise que les esprits préparés." (Pasteur)
* "Philosopher, c'est apprendre à mourir au sensible' (Platon, Phédon)
* "Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre" (Platon, phrase gravée sur le fronton de l'Académie)
* L'oisiveté est la mère de la philosophie" (Hobbes, Léviathan)
* "Se moquer de la philosophie c'est vraiment philosopher" (Pascal, Pensées)
* "La chouette de Minerve ne prend son envol qu'au crépuscule." (Hegel, Principes de la
philosophie du droit)
* "Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde : il s'agit maintenant de le
transformer." (Marx, Thèses sur Feuerbach)
* " La phénoménologie (...) c'est d'abord le désaveu de la science." (Merleau-Ponty,
Phénoménologie de la perception)
La société et les échanges

* "La propriété, c'est le vol" (Proudhon, Qu'est-ce que la propriété ?)


* "Ce n'est pas la conscience des hommes qui déterminent leur être social, c'est leur être social qui
détermine la conscience des hommes." (Marx)
"La première règle est la plus fondamentale est de considérer les faits sociaux comme des choses."
(Durkheim, Les règles de la méthode sociologique)

L'État, la justice et le droit

* "Il faudrait pour le bonheur des États que les philosophes fussent rois ou que les rois fussent
philosophes" (Platon, La République)
* "C'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va
jusqu'à ce qu'il trouve des limites" (Montesquieu, De l'esprit des lois)
* "Il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir." (Montesquieu, De l'esprit
des lois)
* "Il n'y a point encore de liberté si la puissance de juger n'est pas séparée de la puissance
législative et de l'exécutrice" (Montesquieu, De l'esprit des lois)
"L'État est une communauté humaine qui dans les limites d'un territoire revendique avec succès
pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime" (Max Weber, Le savant et
le politique)

* "Commettre l'injustice est pire que la subir, et j'aimerai mieux quant à moi, la subir que la
commettre." (Platon, Gorgias)
* "Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà" (Pascal, Pensées)
* "Les lois sont toujours utiles à ceux qui possèdent et nuisibles à ceux qui n'ont rien" (Rousseau,
Du Contrat social)
* "Le bois dont l'homme est fait est si noueux qu'on ne peut y tailler des poutres bien droites."
(Kant, Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique)
* "De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins" (Marx, L'idéologie allemande)

La liberté

* "Parmi les choses, les unes dépendent de nous, les autres n'en dépendent pas." (Épictète)
* "Être libre, c'est vouloir que les choses arrivent, non comme il te plaît, mais comme elles
arrivent" (Épictète)
* "Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme" (Rousseau, Du Contrat social)
* "L'obéissance au seul appétit est esclavage et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est
liberté." (Rousseau, Du Contrat social)
* "Aie le courage de te servir de ton propre entendement !" (Kant, Qu'est-ce que les Lumières)
* "L'homme est condamné à être libre" (Sartre, L'existentialisme est un humanisme)
* "Jamais nous n'avons été aussi libres que sous l'occupation allemande." (Sartre, Situations, III)

"Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux" (La Boétie, Discours sur la servitude
volontaire)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres" (La Boétie, Discours sur la servitude
volontaire)
* "La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent" (Montesquieu, De l'esprit des lois)
* "Dans un État, c'est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu'à
pouvoir faire ce que l'on doit vouloir, et à n'être point contraint de faire ce que l'on ne doit pas
vouloir." (Montesquieu, De l'esprit des lois)
* "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de
le dire." ( Phrase attribuée à Voltaire)
"Entre le fort et le faible, le riche et le pauvre, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit."
(Lacordaire, Conférences de Notre Dame)
"Qui cherche dans la liberté autre chose qu'elle-même est fait pour servir." (Tocqueville, L'Ancien
régime et la Révolution)
* "Il faut avoir le courage de rompre les chaînes du consentement, qui sont les vraies chaînes."
(Alain)
* "Tout peuple qui s'endort en liberté se réveillera en servitude." (Alain, Politique)
* "Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance il assure l'ordre, par
la résistance il assure la liberté." (Alain, Propos d'un Normand)
* "La liberté ne peut être limitée que par la liberté." (Rawls)

Le devoir et le bonheur

* "Nul n'est méchant volontairement" (Socrate)


* "Conscience ! Conscience ! Instinct divin (Rousseau, Émile ou de l'éducation)
* "Agis toujours de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la
personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un
moyen" (Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs)
* "Il n'y a qu'une chose qu'on puisse tenir pour bonne sans restriction, c'est une bonne volonté."
(Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs)
* "Tu dois donc tu peux" (Kant)
"Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie
authentiquement humaine" (Jonas, Le principe de responsabilité)
"Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilité future de la
vie." (Jonas, Le principe de responsabilité)

* "Le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse." (Épicure, Lettre à Ménécée)

TOP 20 DES CITATIONS PHILO À CONNAÎTRE


Pour briller dans les dîners, on vous livre les 20 citations qui cloueront le bec de vos interlocuteurs, ceux qui
pensent toujours avoir raison. Bien sûr, elles doivent être utilisées à bon escient. Mais user de mauvaise foi
et de roublardise sans modération quand vous citez Epicure ou Sartre ne fait jamais de mal.
Un dernier conseil : lâchez votre phrase, et laissez passer quelques secondes, l’effet en sera meilleur.
 Socrate : “Ce que je sais, c’est que je ne sais rien”
 Einstein : “Le vrai signe de l’intelligence, ce n’est pas la connaissance, mais l’imagination”
 Nietzsche: “Deviens ce que tu es”
 Nietzsche: “Dieu est mort”
 Nietzsche : “L’homme est un pont, non une fin”
 Platon : “L’homme est la mesure de toute chose”
 Voltaire: “Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer”
 Spinoza: “L’homme n’est pas un empire dans un empire“
 Locke: “La connaissance de l’homme ne peut pas s’étendre au-delà de son expérience propre”
 Marx: “Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde, nous avons maintenant à le transformer”
 Hobbes: “L’homme est un loup pour l’homme“
 Épicure : “La mort n’est rien pour nous“
 Epicure : “Si tu n’es pas Socrate, tu dois vivre comme si tu voulais être Socrate”
 Sartre: “L’homme est condamné à être libre”
 Pascal : “L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible des roseaux, mais c’est un roseau pensant”
 Leibniz : “Pourquoi y a t il quelque chose plutôt que rien?”
 Machiavel : “Tout n’est pas politique, mais la politique s’intéresse à tout”
 Schopenhauer : “L’homme est un animal métaphysique”
 Epictète : “N’attends pas que les événements arrivent comme tu le souhaites ; décide de vouloir ce qui
arrive et tu seras heureux”
 Heidegger : “Le Dasein est un être des lointains”
Ainsi, vous êtes prêts à affronter n’importe qui !

40 PHRASES PHILOSOPHIQUES À CONNAÎTRE


Même si l’on ne peut pas résumer l’histoire de la philosophie avec des citations et des phrases célèbres, il
reste que certaines assertions philosophiques doivent être connues, non seulement pour le bac philo, mais
aussi pour la culture générale.
Notre sélection des meilleures pensées philosophiques
Nous vous proposons donc une sélection des citations de philosophie les plus marquantes et importantes de
la philosophie, à notre humble avis (subjectif et partial bien sûr !) sur la vie, la mort, l’amour, le beau,
l’existence, l’homme, la morale, le bonheur, …
40 citations de philo à connaître pour le bac :
 1/ Descartes: “Je pense, donc je suis” (explication du cogito) Discours de la Méthode
 2/ Socrate: “Connais-toi toi-même” (explication de la philosophie de socrate) Alcibiade
 3/ Socrate : “Ce que je sais, c’est que je ne sais rien” Apologie de Socrate
 4/ Kant: “Il faut apprendre à philosopher, et non pas la philosophie” Annonce du programme des leçons de
M.E. Kant durant le semestre d’hiver
 5/ Kant: “Que puis-je connaître? – Que dois-je faire? – Que suis-je permis d’espérer? Critique de la raison
pure
 6/ Kant: “Pense par toi-même” (Kant et les Lumières) Réponse à la question: Qu’est-ce que les Lumières
 7/ Nietzsche: “Deviens ce que tu es” (explication du surhomme) Ainsi Parlait Zarathoustra
 8/ Nietzsche: “Dieu est mort” (explication sur la mort de Dieu) Ainsi Parlait Zarathoustra
 9/Nietzsche : “L’homme est un pont, non une fin” Ainsi Parlait Zarathoustra
 10/ Platon: “C’est la vraie marque d’un philosophe que le sentiment d’émerveillement” Ménon
 11/ Platon : “Nul n’est méchant volontairement” Gorgias
 12/ Platon : “L’homme est la mesure de toute chose” Protagoras
 13/ Aristote: “L’homme est un animal politique” (La politique d’Aristote)
 14/ Aristote: “Le bonheur est une fin en soi” (l’éthique d’Aristote)
 15/ Voltaire: “Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer” (Epîtres)
 16/ Kierkegaard: “La vie n’est pas un problème à résoudre mais une réalité qui doit être vécue” (Traité du
désespoir)
 17/ Spinoza: “L’homme n’est pas un empire dans un empire” (L’éthique)
 18/ Locke: “La connaissance de l’homme ne peut pas s’étendre au-delà de son expérience propre” (Essai sur
l’entendement humain)
 19/ Marx: “Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde, nous avons maintenant à le transformer”
(Manifeste du Parti Communiste)
 20/ Hobbes: “L’homme est un loup pour l’homme” (Le Léviathan)
 21/ Épicure : “La mort n’est rien pour nous” (Lettre à Ménécée)
 22/ Epicure : “Si tu n’es pas Socrate, tu dois vivre comme si tu voulais être Socrate” (Lettre à Ménécée)
 23/ Hume: “L’ego est une fiction” (Traité sur la nature humaine)
 24/ Hegel: “Rien de grand ne s’est fait dans le monde sans passion” (La raison dans l’histoire)
 25/ Sartre: “L’homme est condamné à être libre” (explication de la citation) (L’existentialisme est un
humanisme)
 26/ Pascal : “L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible des roseaux, mais c’est un roseau
pensant” (explication du roseau pensant) (Pensées)
 27/ Pascal : “Le coeur a ses raisons que la raison ignore” (Pensées)
 28/ Leibniz : “Pourquoi y a t il quelque chose plutôt que rien?” (La Monadologie)
 29/ Montesquieu : “La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent” (L’esprit des Lois)
 30/ Machiavel : “Tout n’est pas politique, mais la politique s’intéresse à tout” (Le Prince)
 31/ Husserl : “Toute conscience est conscience de quelque chose” (Les méditations cartésiennes)
 32/ Tocqueville : “Les peuples veulent l’égalité dans la liberté et, s’ils ne peuvent l’obtenir, ils la veulent
encore dans l’esclavage” (La Démocratie en Amérique)
 33/ Schopenhauer : “L’homme est un animal métaphysique” (Le Monde comme volonté et comme
représentation)
 34/ Schopenhauer : “La vie oscille, tel un pendule, de l’ennui à la souffrance” (Le Monde comme volonté et
comme représentation)
 35/ Epictète : “N’attends pas que les événements arrivent comme tu le souhaites ; décide de vouloir ce qui
arrive et tu seras heureux” (Le Manuel)
 36/ Heidegger : “Le Dasein est un être des lointains” (Etre et Temps)
 37/ De Beauvoir : “On ne naît pas femme, on le devient” (Le deuxième sexe)
 38/ Fichte : “L’homme (ainsi que tous les êtres finis en général) ne devient homme que parmi les hommes”
(La destination de l’homme)
 39/ Rabelais : “Science sans conscience n’est que ruine de l’âme” (Pantagruel)
 40/ Alain : “l’effort qu’on fait pour être heureux n’est jamais perdu” (Propos sur le bonheur)
Auteurs Divers, Citations
CITATIONS SUR L’AMOUR
Citations philosophiques sur l’amour :
L’amour est un sujet hautement philosophique. Il se distingue de l’amitié et désigne généralement une
relation intime, qu’elle soit physique et/ou intellectuelle, entre deux êtres ou entre l’homme et Dieu chez les
penseurs religieux.
Chez certains philosophes, notamment les grecs et les romains, l’amour est érigée en notion fondamentale de
leur pensée. Ainsi Platon fait de l’amour, l’amour de la sagesse. Etre amoureux renvoie à la contemplation
des Idées. Etre philosophe, c’est être amoureux. En revanche, l’amour humain, lui, est vue comme une
passion du corps condamnable, une mise en esclavage du désir.
Plus tard, les Romantiques feront de l’amour la plus haute expérience humaine : chez Rousseau notamment
ou Goethe, l’amour permet à l’homme de faire un avec la Nature et l’ensemble du Cosmos.
Chez Kierkegaard, l’amour permet à l’infini des possibles de s’exprimer en l’homme.
Au XXème siècle, Sartre fera de l’amour une passion inutile, une tentative pour se faire Dieu. Etre
amoureux selon Sartre, c’est tenter de justifier son existence, son être hors de soi, exister “en soi pour soi”.
Avant lui, Schopenhauer dira de l’amour qu’elle n’est qu’une invention de l’espèce humaine pour justifier
la reproduction, une ruse de l’instinct sexuel.
Voici donc une sélection de citations sur l’amour, de la philosophie antique à la philosophie
contemporaine :
Anthologie philosophique de l’amour :
Platon et l’amour :
– “Ce qu’on n’a pas, ce qu’on n’est pas, ce dont on manque, voilà les objets de l’amour”
– “Chacun cherche sa moitié”
– “Existe-t-il plaisir plus grand ou plus vif que l’amour physique ? Non, pas plus qu’il n’existe plaisir plus
déraisonnable”
– “Touché par l’amour, tout homme devient poète”
St Augustin et l’amour :
– “Personne ne vit sans aimer”
– “Je n’aimais pas, j’étais amoureux de l’amour”
– “La mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure”
Shakespeare et l’amour :
– “On peut faire beaucoup avec la haine, mais encore plus avec l’amour”
– “Ce que l’amour peut faire, l’amour ose le tenter”
– “L’amour ne voit pas avec les yeux, mais avec l’âme”
– “L’amour contient tout juste ce qu’il faut pour l’éteindre”
– “De même que tout est mortel dans la nature, de même toute nature atteinte d’amour est mortellement
atteinte de folie”
La Bruyère et l’amour :
– L’on n’aime bien qu’une seule fois, c’est la première ; les amours qui suivent sont moins involontaires”
– “L’amour commence par l’amour ; et l’on ne saurait passer de la plus forte amitié qu’à un amour faible”
– “L’amour et l’amitié s’excluent l’un à l’autre”
– “Le commencement et le déclin de l’amour se font sentir par l’embarras où l’on est de se trouver seuls”
– “L’amour qui naît subitement est le plus long à guérir”
– “Les amours meurent par le dégoût, et l’oubli les enterre”
– “Les femmes vont plus loin en amour que la plupart des hommes ; mais les hommes l’emportent sur elles
en amitié”
De la Rochefoucauld et l’amour :
– “Il n’y a qu’une sorte d’amour, mais il y a mille différentes copies”
– “Il y a des gens si remplis d’eux-mêmes que, lorsqu’ils sont amoureux, ils trouvent moyen d’être occupés
de leur passion sans l’être de la personne qu’ils aiment”
– “N’aimer guère en amour est la meilleure façon d’être aimé”
Nietzsche et l’amour :
-”Des femmes peuvent très bien lier amitié avec un homme : mais pour la maintenir, il y faut peut-être le
concours d’une légère antipathie physique”
-”Dans la vengeance et dans l’amour, la femme est plus barbare”
– “Où n’entrent en jeu ni amour ni haine, la femme n’est qu’une médiocre actrice”
– “Ce qu’on fait par amour s’accomplit toujours par-delà le bien et le mal”
– “N’aimer qu’un seul est barbarie, car c’est au détriment de tous les autres. Fût-ce l’amour de Dieu”
– “Dans la plupart des amours, il y en a un qui joue et l’autre qui est joué ; Cupidon est avant tout un petit
régisseur de théâtre”
– “On ne fonde pas le mariage sur « l’amour », on le fonde sur l’instinct de l’espèce, sur l’instinct de
propriété (la femme et les enfants étant des propriétés), sur l’instinct de la domination qui sans cesse
s’organise dans la famille en petite souveraineté”
Schopenhauer et l’amour :
– “L’amour, c’est l’ennemi. Faites-en, si cela vous convient, un luxe et un passe-temps, traitez-le en artiste ;
le Génie de l’espèce est un industriel qui ne veut que produire. Il n’a qu’une pensée, pensée positive et sans
poésie, c’est la durée du genre humain”
– “L’instinct sexuel est cause de la guerre et but de la paix : il est le fondement d’action sérieuse, objet de
plaisanterie, source inépuisable de mot d’esprit, clé de toutes les allusions, explication de tout signe muet, de
toute proposition non formulée, de tout regard furtif ; c’est que l’affaire principale de tous les hommes se
traite en secret et s’enveloppe ostensiblement de la plus grande ignorance possible”
– “Le sexe et la procréation ne sont qu’une dictature de l’espèce”
– “Le besoin sexuel est le plus violent de nos appétits : le désir de tous nos désirs”
– “Tout amour est pitié”
Balzac et l’amour :
– “L’amour est la seule passion qui ne souffre ni passé ni avenir”
– “L’amant qui n’est pas tout n’est rien”
– “L’amour a horreur de tout ce qui n’est pas lui-même”
Hugo et l’amour :
– “L’amour fait songer, vivre et croire”
– “Naît-on deux fois ? Oui. La première fois, le jour où l’on naît à la vie ; la seconde fois, le jour où l’on naît
à l’amour”
– “Dans le premier amour, on prend l’âme bien avant le corps ; plus tard on prend le corps bien avant l’âme ;
quelquefois on ne prend pas l’âme du tout”
– “Aimer, c’est la moitié de croire”
– “L’amour est une panique de la raison”
Diderot et l’amour :
– “Il n’y a que les femmes qui sachent aimer; les hommes n’y entendent rien”
– “Est-ce qu’on est maître de devenir ou de ne pas devenir amoureux ? Et quand on l’est, est-on maître
d’agir comme si on ne l’était pas ?”
– “On n’a tant d’indulgence que quand on n’a plus d’amour”
Kierkegaard et l’amour :
– “Si on ne sait pas faire de l’amour cet absolu auprès de quoi toute autre histoire disparaît, on ne devrait
jamais se hasarder à aimer, même pas si on se mariait dix fois”
– “L’amour ne se trouve que dans la liberté, et ce n’est qu’en elle qu’il y a de la récréation et de l’amusement
éternel”
– “Qu’aime l’amour ? L’infinité. Que craint l’amour ? Des bornes”
– “A chaque femme correspond un séducteur. Son bonheur, ce n’est que de le rencontrer”
– “Amener une jeune fille à voir dans l’abandon total l’unique tâche de sa liberté”
– “Il est trop peu d’en aimer une seule… en aimer le plus grand nombre possible, voilà qui est jouir, voilà
qui est vivre”
– “Il ne faut pas dire du mal du paradoxe, passion de la pensée: le penseur sans paradoxe est comme l’amant
sans passion, une belle médiocrité”
– “L’essentiel est de savoir déceler ce qu’une femme peut donner et ce que par suite, elle demande”
– “Qu’il est beau d’être épris et intéressant de le savoir; ce n’est pas la même chose”
– “Quand deux êtres s’éprennent l’un de l’autre, il importe d’avoir le courage de rompre; car on a tout à
perdre en persistant et rien à gagner”
Wilde et l’amour :
– “Aimer c’est se surpasser”
– “Ceux qui sont fidèles ne connaissent de l’amour que sa trivialité; ce sont les infidèles, qui en connaissent
les tragédies”
– “Celui qui cherche une femme belle, bonne et intelligente, n’en cherche pas une mais trois”
– “On devrait toujours être amoureux. C’est la raison pour laquelle on ne devrait jamais se marier”
Proust et l’amour :
– “Sans doute peu de personnes comprennent le caractère purement subjectif du phénomène qu’est l’amour,
et la sorte de création que c’est d’une personne supplémentaire, distincte de celle qui porte le même nom
dans le monde, et dont la plupart des éléments sont tirés de nous-mêmes”
– “Chaque être est détruit quand nous cessons de le voir; puis son apparition suivante est une création
nouvelle, différente de celle qui l’a immédiatement précédée, sinon de toutes”
– “L’amour devient immense, nous ne songeons pas combien la femme réelle y tient peu de place”
– “Ce qu’on prend en présence de l’être aimé n’est qu’un cliché négatif, on le développe plus tard, une fois
chez soi, quand on a retrouvé à sa disposition cette chambre noire intérieure dont l’entrée est condamnée tant
qu’on voit du monde”
– “L’expérience aurait dû m’apprendre – si elle apprenait jamais rien – qu’aimer est un mauvais sort comme
ceux qu’il y a dans les contes, contre quoi on ne peut rien jusqu’à ce que l’enchantement ait cessé”
Camus et l’amour :
– “Je ne connais qu’un seul devoir, et c’est celui d’aimer”
– “L’homme a deux faces : il ne peut pas aimer sans s’aimer”
– “Aimer un être, c’est accepter de vieillir avec lui”
– “Il n’y a pas d’amour de vivre sans désespoir de vivre”
– “C’est cela l’amour, tout donner, tout sacrifier sans espoir de retour”
– “Pourquoi faudrait-il aimer rarement pour aimer beaucoup ?”
Sartre et l’amour :
– “Aimer est, dans son essence, le projet de se faire aimer”
– “Un amour, une carrière, une révolution : autant d’entreprises que l’on commence en ignorant leur issue”
– “C’est là le fond de la joie d’amour, lorsqu’elle existe: nous sentir justifiés d’exister”
– “Aimer est le projet de se faire aimer”
– “Ma tentative originelle pour me saisir de la subjectivité libre de l’autre à travers son objectité pour moi est
le désir sexuel”
Si vous connaissez d’autres citations d’amour, n’hésitez pas à les ajouter en commentaires. Les meilleures
d’entre elles seront ajoutées à l’article.

CITATIONS SUR L’AMITIÉ


L’amitié et la philosophie
L amitié est un sujet hautement philosophique. Il désigne généralement une relation complice et de
proximité. L’amitié a ceci de commun avec l’amour qu’elle est fondé sur une intimité, non pas physique,
mais spirituelle.
Chez certains philosophes, notamment les grecs et les romains, l’amitié est érigée en notion fondamentale de
leur pensée. Ainsi Aristote fait de l’amitié la pierre de touche de la vie du sage et de la vie politique. Le but
de la politique est de favoriser l’amitié entre les citoyens (Ethique à Nicomaque). Et qui a des amis est
heureux.
Chez Platon, l’amitié est au coeur de la maieutique et de la dialectique socratique. Il faut s’entourer pour
accoucher des savoirs, l’âme ne peut enfanter seule de la connaissance. L’amitié est donc une condition de
l’élévation vers la sagesse.
Voici donc une sélection de citations sur l’amitié, de la philosophie antique à la philosophie
contemporaine :
Epicure :
– “Ce n’est pas tant l’intervention de nos amis qui nous aide mais le fait de savoir que nous pourrons
toujours compter sur eux”
– “Toute amitié doit être recherchée pour elle-même, elle a cependant l’utilité pour l’origine”
– “Parmi les choses dont la sagesse se munit en vue de la félicité de la vie tout entière, de beaucoup la plus
importante est la possession de l’amitié”
– “Il est plus doux de donner que de recevoir”
Citations d’Epicure
Saint-Augustin et l’amitié :
– “On ne connaît personne sinon par l’amitié ”
Aristote et l’amitié :
– “L’amitié est une forme d’égalité comparable à la justice. Chacun rend à l’autre des bienfaits semblables à
ceux qu’il a reçus”
– “L’objet principal de la politique est de créer l’amitié entre les membres de la cité”
Citations d’Aristote
Montaigne et l’amitié :
– “Dans la véritable amitié, celui qui donne est l’obligé ; Tout y est abandon : deux âmes n’en font qu’une”
– “Mon opinion est qu’il faut se prêter à autrui et ne se donner qu’à soi-même”
– “L’amitié, c’est une chaleur générale et universelle, tempérée, au demeurant, et égale”
Pascal et l’amitié :
– “Si les hommes savaient ce qu’ils disent les uns des autres, il n’y aurait pas quatre amis dans le monde”
Citations de Pascal
Nietzsche et l’amitié :
-”Des femmes peuvent très bien lier amitié avec un homme : mais pour la maintenir, il y faut peut-être le
concours d’une légère antipathie physique”
Balzac :
– “Ce qui rend les amitiés indissolubles et double leur charme, est un sentiment qui manque à l’amour, la
certitude”
– “Le malheur a cela de bon qu’il nous apprend à connaître nos vrais amis”
– “Rien ne renforce plus l’amitié entre deux hommes que lorsque chacun des deux considère qu’il est
supérieur à l’autre”
Chateaubriand :
– “L’amitié ? Elle disparaît quand celui qui est aimé tombe dans le malheur, ou quand celui qui aime devient
puissant”
Kundera :
– “Voila la vraie et seule raison d’être de l’amitié : procurer un miroir dans lequel l’autre peut contempler
son image d’autrefois qui, sans l’éternel bla-bla de souvenirs entre copains, se serait effacée depuis
longtemps”
– “L’amitié, ‘est être un gardien devant la porte où cache sa vie privée, c’est être celui qui n’ouvrira jamais
cette porte, qui à personne ne permettra de l’ouvrir”
Cioran et l’amitié :
– ““L’amitié est une source inépuisable de mécontentement et de rage dont il serait déraisonnable de vouloir
se passer”

CITATIONS SUR LA LIBERTÉ


Liberté : du destin à l’existence
ans l’Antiquité, seuls les stoïciens ont thématisé, mais négativement, en termes de destin, la liberté en
philosophie. Epictète nous rappelait ainsi que la plupart des choses (notre corps, notre réputation, notre mort)
ne dépendent pas de nous, seul le regard que nous portons sur ces mêmes “objets” étant en notre pouvoir. La
liberté est donc d’abord perçue, non comme la possibilité de faire “ce que l’on veut”, mais comme
l’acceptation du destin. Tout le reste serait du registre du fatum selon les stoïciens.
A la renaissance, Descartes pense la liberté humaine dans son rapport à Dieu et surtout à la connaissance. Il
s’agit d’une vision épistémologique.
Plus tard, au XVIIIème siècle, ce concept entre dans le champ politique : Rousseau, Voltaire, Kant, Diderot
font d’elle le pilier de la vie politique, censée garantir aux citoyens une participation dans les affaires
publiques. Les Lumières feront entrer cette notion dans l’histoire avec la Révolution française.
Ce n’est qu’au XIXème et XXème siècle, avec les existentialistes, Kierkegaard en tête, puis Sartre et
Heidegger, que la liberté devient existentielle et métaphysique.
Voici donc un florilège de citations philosophiques sur la liberté, de Sénèque à Einstein.
Citations de philosophes sur la liberté :
Sénèque : Méditer la mort, c’est méditer la liberté ; celui qui sait mourir, ne sait plus être esclave
Spinoza : Telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d’avoir et qui consiste en cela seul
que les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent (L’homme n’est
pas un empire dans un empire)
Marx : La liberté est l’expression française de l’unité de l’être humain, de la conscience générique et du
rapport social et humain de l’homme avec l’homme (La Sainte Famille)
Schopenhauer : La liberté est la négation du principe de raison suffisante, qui veut que tout ce qui existe ait
une raison (Le Monde comme volonté et comme représentation)
Proudhon : Il ne s’agit pas de tuer la liberté individuelle mais de la socialiser
Stuart Mill : La liberté consiste à faire ce que l’on désire
Tocqueville : Les peuples veulent l’égalité dans la liberté et, s’ils ne peuvent l’obtenir, ils la veulent encore
dans l’esclavage
Chateaubriand : Les excès de la liberté mènent au despotisme ; mais les excès de la tyrannie ne mènent
qu’à la tyrannie
Montesquieu : La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent (L’esprit des Lois)
Locke : La liberté naturelle de l’homme, consiste à ne reconnaître aucun pouvoir souverain sur la terre, et de
n’être point assujetti à la volonté ou à l’autorité législative de qui que ce soit
Rousseau : L’homme est né libre et partout il est dans les fers
Kierkegaard : L’angoisse est le vertige de la liberté
Einstein : Je ne crois point, au sens philosophique du terme, à la liberté de l’homme. Chacun agit non
seulement sous une contrainte extérieure, mais aussi d’après une nécessité intérieure (Citations d’Einstein
dans Comment je vois le Monde)
Lénine : Tant que l’Etat existe, pas de liberté; quand régnera la liberté, il n’y aura plus d’Etat (L’Etat et la
Révolution)
Sartre : Cette possibilité pour la réalité humaine de sécréter un néant qui l’isole, Descartes, après les
Stoïciens, lui a donné un nom : c’est la liberté. (L’Etre et le Néant)
Sartre : L’homme est condamné à être libre (L’existentialisme est un humanisme)
Rawls : La liberté ne peut être limitée qu’au nom de la liberté

CITATIONS SUR L’ART


L’art est un sujet brûlant de philosophie : il déchire les philosophes depuis Platon jusqu’à Heidegger. De
discipline mineure à l’Antiquité, l’art est devenue une thématique propre (la philosophie esthétique)
tardivement.
Kant, dans la Critique de la faculté de juger, fait de l’art et du sentiment esthétique le troisième pilier de la
raison. Certains, comme Nietzsche ou Kierkegaard, feront de l’esthétique un mode de vie, une catégorie
existentielle (authentique chez Nietzsche, inauthentique chez Kierkegaard). Plus tard, l’Ecole de Francfort et
la théorie critique feront de l’art une forme de résistance à la déshumanisation du monde moderne.
Les grandes questions relatives à l’art sont les suivantes :
– L’art est-il une technique ?
– Qu’est-ce que le génie ?
– Le beau est-il universel ?
– Qu’est-ce qu’une oeuvre d’art ?
– Quel est le rôle de l’artiste ?
Pour aller plus loin, voyez notre article sur la définition de l’art
Phrases célèbres sur l’art
Platon : L’art est l’illusion d’une illusion
Aristote : C’est par l’expérience que la science et l’art font leur progrès chez les hommes
Baumgarten : Science de la connaissance sensible ou gnoséologie inférieure
Kant : Le jugement de goût, c’est-à-dire un jugement qui repose sur des fondements subjectifs et dont le
motif déterminant ne peut être un concept, ni par suite le concept d’une fin déterminée (Critique du
Jugement)
Arthur Schopenhauer : L’art est contemplation des choses, indépendante du principe de raison
Friedrich Nietzsche : Chez l’homme l’art s’amuse comme la perfection (Nietzsche et l’art)
Oscar Wilde : La Vie imite l’Art bien plus que l’Art n’imite la Vie (citations Oscar Wilde)
Alain : Tous les arts sont comme des miroirs où l’homme connaît et reconnaît quelque chose de lui-même
Martin Heidegger : L’essence de l’art, c’est la vérité se mettant elle-même en œuvre
Herbert Marcuse : L’art brise la réification et la pétrification sociales. Il crée une dimension inaccessible à
toute autre expérience – une dimension dans laquelle les êtres humains, la nature et les choses ne se tiennent
plus sous la loi du principe de la réalité établie. Il ouvre à l’histoire un autre horizon (L’homme
Unidimensionnel)
Bibliographie sur l’Art :
Nietzsche : La Naissance de la Tragédie
Kant : Critique de la faculté de juge
Hegel : L’esthétique
Platon : La République
Aristote : Poétique
Schopenhauer : Le Monde comme volonté et comme représentation

LE TRAVAIL EN PHILOSOPHIE : DÉFINITIONS, CITATIONS ET AUTEURS


Le concept de “travail” est marqué par la tradition religieuse, qui a souvent privilégié dans sa définition
l’idée de contrainte pénible (labor en latin), avant de devenir, dans le contexte philosophique moderne, dans
la philosophie de Hegel et Marx, à désigner l’activité de transformation de la nature destinée à satisfaire les
besoins. Le travail devient alors une activité humaniste et historique.
Le travail s’oppose au jeu, qui est une activité désintéressée et se distingue de l’effort, qui peut être
désordonné.
Définition générale :
La philosophie définit aujourd’hui le travail comme un action consciente et volontaire par laquelle l’homme
s’extériorise dans le monde à des fins destinées à le modifier, de manière à produire des valeurs ou des biens
socialement ou individuellement utiles et à satisfaire des besoins.
Citations philosophiques sur le concept de travail :
Hegel : Le travail est désir réfréné, disparition retardée : le travail forme. Le rapport négatif à l’objet devient
forme de cet objet même, il devient quelque chose de permanent, puisque justement, à l’égard du travailleur,
l’objet a une indépendance” (La phénoménologie de l’esprit)
Comte : Le travail est la mise en jeu de toutes les richesses et de toutes les forces naturelles ou artificielles
que possède l’Humanité dans le but de satisfaire tous ses besoins (Discours sur l’ensemble du positivisme)
Marx : Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l’homme et la nature. L’homme y joue lui-
même vis-à-vis de la nature le rôle d’une puissance naturelle. Les forces dont son corps est doué, il les met
en mouvement, afin de s’assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie (Le Capital)
Marx : De chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins (Manifeste du parti communiste)
Voltaire : Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin (Candide)
CITATIONS SUR LA RELIGION
Le Dieu des philosophes
Dès l’Antiquité, les Anciens faisaient appel au Démiurge (Platon dans le Timée par exemple), preuve que la
transcendance n’est pas une invention de la Révélation. Les Stoïciens, quant à eux, faisait de la raison,
pouvoir suprême de l’homme face au destin, un synonyme de Dieu.
Les philosophes-théologiens les plus célèbres sont bien sûr Thomas d’Aquin (Saint-Thomas) et Saint-
Augustin : ils ont poussée la pensée de Dieu à son paroxysme, en faisant la pierre philosophale de la
subjectivité et de l’organisation politique de la Cité. Blaise Pascal, à la Renaissance, livrera d’émouvantes
pensées sur la relation de l’homme à Dieu.
Plus tard, Nietzsche, Freud, Marx ou encore Sartre et les existentialistes athés feront de la suppression de
la religion et de l’idée de Dieu la condition sine qua non de la libération de l’homme, de son existence en
tant que sujet plein.
Enfin, rappelons que la religion est au programme du bac de philosophie. Il est donc utile de connaître
quelques citations majeures sur la religion.
Citations de philosophes sur Dieu et la religion :
Saint-Augustin : Crois, et tu comprendras
Saint Thomas : Ce qu’on retranche à la perfection des créatures, c’est à la perfection même de Dieu qu’on
le retranche
Spinoza : Dieu ou la nature
Spinoza : Par Dieu, j’entends un être absolument infini, c’est-à-dire une substance constituée d’une infinité
d’attributs, dont chacun exprime une essence éternelle et infinie
Nietzsche : Hommes supérieurs! Maintenant seulement la montagne de l’avenir humain va enfanter. Dieu
est mort: maintenant nous voulons—que le Surhumain vive
Nietzsche : Qu’y aurait-il donc à créer s’il y avait des dieux ?
Dostoïevski : Si Dieu n’existe pas, tout est permis (explication de la citation de Dostoïevski)
Pascal : Misère de l’homme sans Dieu, félicité de l’homme avec Dieu
Pascal (Pari) : Puisqu’il faut choisir, voyons ce qui vous intéresse le moins. Vous avez deux choses à
perdre : le vrai et le bien et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre
béatitude, et votre nature a deux choses à fuir : l’erreur et la misère. Votre raison n’est pas plus blessée, en
choisissant l’un que l’autre, puisqu’il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ?
Pesons le gain et la perte en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez
tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagnez donc qu’il est, sans hésiter.
Descartes : Sur un seul point, la puissance de Dieu est en défaut: il ne peut faire que ce qui est arrivé ne
soit pas arrivé
Leibniz : Aussi Dieu seul fait la liaison et la communication des substances, et c’est par lui que les
phénomènes des uns se rencontrent et s’accordent avec ceux des autres, et par conséquent qu’il y a de la
réalité dans nos perceptions
Kant : La morale conduit immanquablement à la religion, s’élargissant ainsi jusqu’à l’idée d’un législateur
moral tout-puissant, extérieur à l’homme, en la volonté duquel est fin dernière de la création du monde ce
qui peut et doit-être également la fin dernière de l’homme
Marx : La religion est le soupir de la créature accablée, le cœur d’un monde sans cœur, comme elle est
l’esprit d’une époque sans esprit. Elle est l’opium du peuple.
Sartre : L’homme n’est rien, il ne sera qu’ensuite, et il sera tel qu’il se sera fait. Ainsi il n’y a pas de nature,
puisqu’il n’y a pas de Dieu pour la concevoir (voir les autres citations de Sartre)

Dico Philo
CITATIONS SUR LA CONSCIENCE
“Conscience, conscience, instinct divin” disait Rousseau dans l’Emile. La conscience est un thème
philosophique moderne, puisque les grecs et les Anciens lui préférait plutôt le “noos” ou l’âme.
Elle est devenue une préoccupation centrale au XXème, que ce soit pour la nier ou la minorer (les
structuralistes ou les psychanalystes) ou bien pour en faire le coeur de la subjectivité (existentialistes). La
notion renvoie tant aux questions morales que métaphysiques.
Dans le cadre du bac philo, la conscience figure dans le chapitre “Le sujet”. A ne pas négliger, donc. Voici
quelques citations de philosophes sur cette importante notion :
Phrases à retenir sur la conscience :
Husserl : Toute conscience est conscience de quelque chose
Socrate : Connais-toi toi-même
Rabelais : Science sans conscience n’est que ruine de l’âme
Rousseau : La conscience est la voix de l’âme, les passions sont la voix du corps
Freud : La conscience est la conséquence du renoncement aux pulsions
Kant : Ce tribunal que l’homme sent en lui est la conscience
Hegel : La conscience générale de soi est l’affirmative connaissance de soi-même dans l’autre moi.

Auteurs allemands, Citations, Freud


CITATIONS DE FREUD
Inutile de présenter l’inventeur de la psychanalyse. L’œuvre de Freud est tellement influente que ses
concepts sont passés dans la langue courante. Très critiqué par les philosophies du sujet
(Alain, Sartre notamment) qui refuse le concept même d’inconscient,sa postérité et le succès de sa
sémantique reste pourtant évidente : chacun de nous utilise au quotidien les termes “lapsus”, “inconscient”,
“refoulement”, “sublimer”, ‘surmoi” sans forcément se référer au théoricien des 3 topiques. Retenons
ses citations essentielles.
Freud et la mort (thanatos) :
– “La mort propre est irreprésentable. Dans l’inconscient, chacun de nous est convaincu de son immortalité”
Freud et l’inconscient :
– “L’inconscient s’exprime à l’infinitif”
Freud et le rêve :
– “Le rêve est le gardien du sommeil”
– “Le rêve ne pense ni ne calcule ; d’une manière générale il ne juge pas : il se contente de transformer”
– “Tout rêve est réalisation de désir”
Freud et la religion :
– “En fixant fortement ses adeptes à un infantilisme psychique et en leur faisant partager un délire collectif,
la religion réussit à épargner à quantité d’êtres humains une névrose individuelle”
– “La psychanalyse par elle-même n’est ni pour ou contre la religion; c’est l’instrument impartial qui peut
servir au clergé comme au monde laïque lorsqu’il n’est utilisé que pour libérer les gens de leur souffrance”
Freud et la civilisation :
– “La question du sort de l’espèce humaine me semble se poser ainsi : le progrès de la civilisation saura-t-il,
et dans quelle mesure, dominer les perturbations apportées à la vie en commun par les pulsions humaines
d’agression et d’autodestruction ? Les hommes d’aujourd’hui ont poussé si loin la maîtrise des forces de la
nature qu’avec leur aide il leur est devenu facile s’exterminer mutuellement jusqu’au dernier”
– “Il existe infiniment plus d’hommes qui acceptent la civilisation en hypocrites que d’hommes vraiment et
réellement civilisés”
– “La civilisation est quelque chose d’imposé à une majorité récalcitrante par une minorité ayant compris
comment s’approprier les moyens de puissance et de coercition”
Freud et la conscience :
– “La conscience est la conséquence du renoncement aux pulsions”
– “Notre conscience, loin d’être le juge implacable dont parlent les moralistes, est, par ses origines, de
«l’angoisse sociale» et rien de plus”
Freud et l’enfance :
– “L’origine des névroses est à chercher dans des traumatismes apparus durant l’enfance”
– “Si l’humanité était capable de s’instruire par l’observation directe des enfants, j’aurais pu m’épargner la
peine d’écrire ce livre”
– “Chez la fille, il n’est pas de désir plus grand que celui de protection par le père”
– “Le bonheur est un rêve d’enfant réalisé dans l’âge adulte”
Freud et les femmes :
– “Après trente ans passés à étudier la psychologie féminine, je n’ai toujours pas trouvé de réponse à la
grande question: Que veulent-elles au juste?”
– “Les femmes, c’est le continent noir”
– “Les femmes, peu aptes à la sublimation, souffrent d’un trop-plein de libido”
Freud et la sexualité :
– “Le désir de faire souffrir l’objet sexuel – ou le sentiment opposé, le désir de se faire souffrir soi-même –
est la forme de perversion la plus fréquente de la vie sexuelle”
– “Les qualités de l’objet sexuel, nous les nommerons : excitantes”
– “Le caractère normal de la vie sexuelle est assuré par la conjonction vers l’objet et le but sexuel de deux
courants, celui de la tendresse et celui de la sensualité”
Freud et le désir :
– “Nous ne savons renoncer à rien. Nous ne savons qu’échanger une chose contre une autre”
FREUD: LE ÇA, LE MOI ET LE SURMOI
La topique freudienne du ça, du moi et du surmoi :
La révolution opérée par Freud est assez simple : la théorie psychanalytique consiste à détruire, à
désintégrer le sujet humain, tel que Descartes puis Kant l’avaient défini, sujet défini comme être doté
d’une faculté de représentation, à savoir la Conscience. La conscience dans la philosophie classique était
une et unique, d’un seul bloc, sans faille. Freud introduit justement une faille au sein même du sujet humain.
Freud a élaboré deux théories de l’inconscient : La première topique se divisait en trois parties (conscient,
préconscient, inconscient) mais Freud a vite compris les limites de cette conception.
Il a donc crée une seconde topique (en 1923), bâtie sur le triptyque ça, surmoi, moi. C’est cette seconde
topique qui marque le plus profondément la scission avec la philosophie classique. Freud définit en effet
trois instances présentes en l’homme, lesquelles régissent ses comportements, à la fois conscients et
inconscients.
Freud et le ça :
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Voici comment Freud décrit le ça:
“C’est la partie la plus obscure, la plus impénétrable de notre personnalité. [Lieu de] Chaos, marmite pleine
d’émotions bouillonnantes. Il s’emplit d’énergie, à partir des pulsions, mais sans témoigner d’aucune
organisation, d’aucune volonté générale; il tend seulement à satisfaire les besoins pulsionnels, en se
conformant au principe de plaisir. Le ça ne connaît et ne supporte pas la contradiction. On y trouve aucun
signe d’écoulement du temps” (phrases de Freud)
Le ça désigne la part la plus inconsciente de l’homme, c’est le réservoir des instincts humains, le réceptacle
des désirs inavoués et refoulés au plus profond. Ces besoins pulsionnels ont besoin d’être canalisés,
notamment via la sublimation (qui consiste à réaliser de manière détournée un désir pulsionnel). L’exemple
donné par Freud est l’artiste sublimant ses pulsions via l’art.
Freud et le Surmoi :
Le Surmoi représente une intériorisation des interdits parentaux, une puissance interdictrice dont le Moi est
obligé de tenir compte. L’être humain subit, en effet, durant son enfance, une longue dépendance qu’exprime
le Surmoi. Le surmoi est cette voix en nous qui dit “il ne faut pas”, une sorte de loi morale qui agit sur nous
sans comprendre son origine.
Freud et le moi :
Le Moi désigne la partie de la personnalité assurant les fonctions conscientes :
“Le moi a pour mission d’être le représentant de ce monde aux yeux du ça et pour le plus grand bien de ce
dernier. En effet, le moi, sans le ça, aspirant aveuglément aux satisfactions instinctuelles, viendrait
imprudemment se briser contre cette force extérieure plus puissante que lui. Le moi détrône le principe de
plaisir, qui, dans le ça, domine de la façon la plus aboslue. Il l’a remplacé par le principe de réalité plus
propre à assurer sécurité et réussite.”
Le moi assure la stabilité du sujet, en l’empêchant au quotidien de libérer ses pulsions.
Résumé de la théorie de Freud sur le ça, le moi et le Surmoi :
Chez Freud, le moi correspond à la partie défensive de notre personnalité, il est considéré comme la plus
consciente. Il tente grâce à un rôle de médiateur de répondre aux intérêts respectifs du ça, du surmoi et du
monde extérieur afin de trouver un certain équilibre. Le Moi est une “pauvre créature, devant servir trois
maîtres». En effet, le moi doit supporter la menace provenant du monde extérieur, du ça et du surmoi. Le ça
est le «lieu» d’où proviennent les pulsions, il répond principalement au domaine de l’instinctif et de
l’inconscient. De plus, le ça, dans l’Interprétation des Rêves notamment, ne connaît aucune règle, ni de
temps ni d’espace, ni d’interdit ; il est seulement régi par sa libido, c’est à dire l’énergie psychique souvent
liée à la sexualité ou à l’agressivité, dans le but final d’atteindre le plaisir immédiat. Enfin, le surmoi
représente l’agent critique, l’intériorisation des interdits et les exigences parentales, sociales et culturelles. Il
est en partie inconscient, et se forme durant l’enfance et l’adolescence.
LA CONSCIENCE CHEZ FREUD
Freud, de la conscience à l’inconscient
Le titre de cet article est trompeur car Freud ne parle justement plus de conscience, au sens où Descartes ou
Kant l’avait définie, mais de psychisme.
Chez Freud, la conscience n’est que la surface d’un iceberg entièrement immergé et constitué par le pouvoir
de l’inconscient. La conscience n’est que “ce qui est connu de soi-même” : “il se passe dans le psychisme
bien plus de choses qu’il ne peut s’en révéler à la conscience” (citation de Freud issue de Essai de
Psychanalyse).
Nous avons déjà consacré un article aux 2 topiques crées par Freud (la première :
préconscient/conscient/subconscient; et la seconde : ça/moi/surmoi), mais les deux ont en commun
la déstructuration du sujet classique : le psychisme est n’est plus comme chez Descartes un livre dans lequel
on se plonge, mais un jeu de forces opposées, un voile qui se dévoile tout en se voilant, il est donc de nature
conflictuelle.
En sus de l’opacité du sujet, la conscience chez Freud est dominée par des forces pulsionnelles, faisant de
l’ontologie de Freud une ontologie déterministe où l’homme se trouve aux prises avec une force qui le
transcende. Les pulsions rendent l’homme passif, alors que Descartes et les philosophes classiques faisait de
la conscience un pouvoir actif. En affirmant que les pulsions sont “la cause de toute activité” (Abrégé de
Psychanalyse), Freud récuse l’ensemble de la philosophie du sujet. Kant, par exemple, admettait l’existence
des passions mais selon lui la morale et la dignité du sujet devaient l’arracher à succomber à ses passions.
Chez Freud, l’homme est tout entier passion, pulsion de vie, ce qui revient chez les classiques à cesser d’être
homme, au sens plein du terme. Freud n’est certes pas philosophe, il ne préconise rien, il constate que la
sublimation est par exemple le seul moyen d’objectiver ses pulsions.
En résumé, le sujet freudien est un sujet aliéné. On peut se demander en quoi la thérapeutique de la
psychanalyse peut l’aider à se réapproprier.
Extrait des Essais de psychanalyse
Pour éclairer notre analyse, voici un extrait des Essais de psychanalyse de Freud :
“La division du psychique en une psychique conscient et un psychisme inconscient constitue la prémisse
fondamentale de la psychanalyse, sans laquelle elle serait incapable de comprendre les processus
pathologiques, aussi fréquents que graves, de la vie psychique et de les faire entrer dans le cadre de la
science. […] Si je pouvais avoir l’illusion que tous ceux qui s’intéressent à la psychologie lisent cet essai, je
m’attendrais certainement à ce que plus d’un lecteur, choqué par la place modeste que j’accorde à la
conscience, me faussât compagnie dès cette première page et se refusât à poursuivre la lecture. […] Etre
conscient est avant tout une expression purement descriptive et se rapporte à la perception la plus immédiate
et la plus certaine. Mais l’expérience nous montre qu’un élément psychique, une représentation par exemple,
n’est jamais conscient d’une façon permanente. Ce qui caractérise plutôt les éléments psychiques, c’est la
disparition rapide de leur état conscient.”
CITATIONS DE HEGEL
Quelques citations de Hegel, philosophe allemand romantique et idéaliste
La philosophie de Hegel est la plus achevée de l’histoire de la philosophie. En véritable architecte, Hegel a
bâti une cathédrale, un système complet, totalisant l’ensemble du Savoir de son époque (l’art, la religion, la
philosophie, l’histoire, …) Prétentieux pour certains (Kierkegaard), génial pour d’autres (Husserl, Sartre ou
Heidegger), l’oeuvre de Hegel est l’une des plus complexes (on recommande souvent la lecture
de La Phénoménologie de l’Esprit à partir de 5 années de philosophie à l’université …)
Gageons néanmoins que l’on puisse quelque peu expliciter sa pensée en retenant ses pensées phares :
Hegel et la raison :
– “L’esprit est pensant : il prend pour objet ce qui est, et le pense tel qu’il est”
– “La raison ne peut penser et agir dans le monde que parce que le monde n’est pas un pur chaos”
Hegel et l’action :
– “L’extériorisation de la volonté comme volonté subjective ou morale est l’action”
Hegel et le sujet :
– “L’homme n’est rien d’autre que la série de ses actes”
– “La conscience générale de soi est l’affirmative connaissance de soi-même dans l’autre moi”
Hegel et l’histoire :
– “Rien de grand ne s’est accompli de grand dans le monde sans passion”
– “La raison gouverne le monde et par conséquent gouverne et a gouverné l’histoire universelle”
– “L’histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté”
– “L’expérience et l’histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n’ont jamais rien appris de
l’histoire”
– “la chouette de Minerve ne prend son envol qu’au crépuscule”
Hegel et l’absolu :
– “Dans la hiérarchie des moyens servant à exprimer l’absolu, la religion et la culture issue de la raison
occupent le degré le plus élevé, bien supérieur à celui de l’art”
– “L’art, la religion et la philosophie ne diffèrent que par la forme; leur objet est le même”
Hegel et la vérité :
– “En disant que la beauté est idée, nous voulons dire par là que beauté et vérité sont une seule et même
chose”
– “Il n’existe pas d’opinions philosophiques”
Hegel et l’art :
– “L’Art est ce qui révèle à la conscience la vérité sous forme sensible”
– “Lorsque l’art ne va pas au-delà de la simple imitation, il est incapable de nous donner l’impression d’une
réalité vivante ou d’une vie réelle: tout ce qu’il peut nous offrir, c’est une caricature de la vie”
LA PHILOSOPHIE DE HEGEL
Hegel, penseur de la dialectique et du Système
Hegel est un philosophe allemand qui a construit un immense système ordonnant toutes les connaissances de
l’époque. Il est probablement le philosophe le plus complexe à lire, nous vous présentons donc une
introduction sur sa philosophie qui s’efforce de rendre simple une pensée aussi ardue.
Hegel dégage, dans l’histoire et la culture humaines, la genèse progressive de l’Absolu, ce qui possède, en
soi-même, sa raison d’être. L’Idée universelle, forme supérieure de l’Esprit, représente, à la fin du processus,
le terme absolu, en soi et par soi, parvenu à la transparence.
La philosophie, système de l’Absolu selon Hegel :
Aux yeux de Hegel, la philosophie doit englober tout ce qui est, comprendre le réel dans sa totalité, penser
l’histoire et les choses : « Saisir et comprendre ce qui est, telle est la tâche de la philosophie ».
La Philosophie représente un Système (contrairement aux penseurs non-systématiques, tels
que Nietzsche ou Kierkegaard dont les philosophies font primer la subjectivité), c’est-à-dire un ensemble
organisé et clos dont tous les éléments sont indépendants, une connaissance formant une unité et
englobant tous les éléments de la pensée et de la vie.
– Cette entreprise totalisante et synthétique a pour contenu fondamental l’Idée, comprise non pas en
tant que représentation subjective, mais comme principe spirituel dynamique, création éternelle, vie
éternelle, roulant, dans ses flots étincelants, toutes les choses finies déterminées.
– L’Idée substance même de ce qui est, se forme, s’approfondit et se développe à différents niveaux.
Elle existe d’abord comme Pensée identique à elle-même (premier moment). Puis, elle sort d’elle-même et
s’extériorise (second moment). Enfin, durant le troisième moment, l’Idée revient en elle-même et se déploie
comme Esprit, c’est-à-dire comme Pensée se clarifiant progressivement et parvenant finalement à l’Absolu.
– La Logique, science de l’Idée et des catégories logiques, la Philosophie de la Nature, science de
l’Idée se développant dans la Nature externe, et la Philosophie de l’Esprit, discipline étudiant le retour de
l’Idée vers elle-même, à partir de son existence extérieure, correspondent à ces trois moments spirituels.
Hegel et la logique dialectique :
Envisageons, tout d’abord, la logique et les lois de la dialectique. L’Idée se déploie, en effet dialectiquement,
selon certaines déterminations et lois qu’analyse Hegel, dans la Logique.
Le principe fondamental de Hegel est l’idée d’un déploiement et d’une progression dialectiques. Que
désigne, chez ce penseur, la dialectique ?
– Essentiellement la marche de la pensée procédant par contradictions surmontées, en allant de la thèse
à l’antithèse et à la synthèse.
– C’est par dépassements successifs des contradictions (ce terme de dépassement désigne très
précisément, chez Hegel, l’acte de supprimer et de nier en conservant, sana anéantir), que s’opère, en effet,
le mouvement de tout le devenir.
– A chaque étape, une détermination est niée et, en même temps, conservée.
– Ainsi, le bouton disparait-il dans l’éclatement de la floraison : la fleur nie le bouton et, en même
temps, le conserve.
– De même en est-il à l’apparition du fruit, négation et conservation de la fleur.
Telle est cette marche où chaque terme nié est, en même temps, intégré.
– S’effectue ainsi, une synthèse réunissant et unifiant des moments antithétiques.
– En ce développement, un rôle majeur est joué par la contradiction, c’est-à-dire le jeu de termes dont
l’un est la négation de l’autre : ainsi « mort » et « vivant » sont-ils, non pas isolés, mais en échange
permanent l’un avec l’autre.
– De même, « être » et « néant », « chaud » et « froid », ces termes contradictoires s’appellent-ils
réciproquement.
Dans cette perspective, le négatif joue, bien entendu, un rôle essentiel.
– Le négatif, c’est-à-dire le moment du processus de développement où les déterminations positives
sont supprimées, incarne un véritable « travail » créateur.
– Il détruit, maintient et conserve, d’un seul et même mouvement.
Moment négatif et moment positif sont les deux faces de la dialectique hégélienne.
Pour aller plus loin, voir cet article sur le maître et l’esclave chez Hegel.
Hegel, l’activité humaine et l’histoire :
Le négatif par excellence, c’est l’homme qui nous le fait saisir. L’homme représente, en effet,
fondamentalement, un désir négateur : il tend vers un but ou un objet et il s’efforce de les assimiler, de les
nier, de les faire siens (par exemple, la nourriture est absorbée par le sujet).
Mais le véritable objet du désir, c’est Autrui : la conscience ne s’engendre et ne se forme qu’en se dirigeant
vers l’Autre, qu’elle tend à dominer pour se faire reconnaitre comme « conscience de maitre ».
Seul, montre Hegel, le désir du désir est générateur du moi. En une lutte à mort de pur prestige, la
conscience humaine affronte une autre conscience et s’efforce de se faire « reconnaitre » dans sa supériorité.
Au-delà de la formation du moi individuel, c’est dans le Travail et dans l’Histoire que la négation s’exprime
avec sa pleine puissance édificatrice.
– Travailler, c’est, en effet, nier la nature pour la vaincre, c’est construire des outils pour soumettre le
monde extérieur à la forme humaine.
– Ainsi, l’homme humanise-t-il les choses et dompte-t-il la nature.
– Il exerce une activité pratique, expression qui désigne une transformation des choses extérieures,
marquées, dès lors, du sceau de l’intériorité humaine et de la négativité.
L’Histoire, elle aussi (comprise comme développement de l’Idée et processus spirituel total), manifeste
pleinement la négativité humaine qui s’inscrit en elle : c’est un devenir où l’homme nie le monde et
extériorise ainsi sa liberté.
– Néanmoins, il ne faut pas se méprendre sur le caractère de l’évolution historique.
– Certes, un individu historique marque dans les choses son propre projet, mais il n’est que le chargé
d’affaires de l’Esprit du monde.
– En effet, l’Histoire, ce mouvement spirituel total par lequel s’engendre l’Idée absolue, est une
manifestation de la raison, conçue comme Principe divin immanent au monde.
– La Raison gouverne les choses et, pour mener à bonne fin ses desseins, elle utilise les volontés, ou
passions des individus.
Les hommes font-ils réellement ce qu’ils veulent ?
– En fait, la Raison « ruse » : on peu appeler « Ruse de la raison » le fait qu’elle n’agit pas par elle-
même, mais laisse agir à sa place les passions humaines.
– Ainsi les hommes s’usent-ils et s’épuisent-ils pour actualiser un projet qui les dépasse infiniment,
celui de la « Raison » divine.
Aux yeux de Hegel, le processus historique tend, à travers ces « ruses » diverses, à une intelligibilité et à une
transparence de plus en plus parfaites.
– En particulier, l’Etat est une réalisation de la raison absolue. Loin de désigner une organisation
relative et contingente, il représente la substance sociale arrivée à la pleine conscience d’elle-même.
– En lui, l’homme s’affirme et se retrouve : loin d’être livré à l’arbitraire, il expérimente, dans
l’organisation étatique, une authentique autonomie.
L’Histoire ne possède donc pas, chez Hegel, un sens étroit, mais elle désigne un processus global et
universel. L’Histoire universelle n’est rien d’autre que la manifestation du processus divin absolu de
l’Esprit, la marche graduelle par laquelle il prend conscience de soi.
Hegel, l’Art, la religion et la philosophie :
Les étapes finales du processus spirituel total correspondent à celles de l’Art, de la Religion et de la
Philosophie : le mouvement de l’Esprit acquiert alors une transparence de plus en plus grande.
– L’Art, en effet, manifeste l’Absolu sous une forme sensible.
– Il désigne l’Esprit se prenant pour objet, s’exprimant à travers une forme ou une représentation
concrètes.
– Quant au Beau, il se définit, dans cette perspective, comme la manifestation sensible de l’Idée.
L’Idée, conçue comme une forme supérieure de l’Esprit, s’actualise pleinement dans l’œuvre d’art et le
Beau.
– Toutefois, elle revêt encore, dans l’œuvre d’art, une forme sensible et n’atteint pas encore le concept
pur, comme elle le fera dans la philosophie.
L’Art est, pour nous, désormais, du passé : il a perdu, pense Hegel, dans notre civilisation, sa vérité et sa
vie ;
– Ce déclin rend possible la venue de l’Esthétique, réflexion philosophique sur l’Art et philosophie des
Beaux-arts.
Dans la Religion (formation où l’individu s’élève à la pensée de Dieu et entre en union avec lui), et
la Philosophie (Intelligence et pensée du présent et du réel, conception et système de ce qui est, saisie
conceptuelle du monde dans son unité), l’Esprit se dépouille progressivement de sa gangue sensible.
Ainsi l’Esprit Absolu, délivré de ses particularités, atteint-il une parfaite égalité avec lui-même.
– Il désigne l’Idée parvenue à la transparence, à son être pour-soi et au savoir de soi, à travers la
médiation finale de l’Art, de la Religion et de le Philosophie.
Notre époque est particulièrement sévère à l’égard de Hegel. Aux yeux de Hegel, tout ce qui s’est produit
marque, en effet, une étape vers la réalisation de l’Esprit. Tout phénomène historique peut trouver, dans ce
contexte, sa pleine légitimation, puisqu’il est appelé par l’exigence même de la Raison.
Si ce rationalisme intégral n’est pas toujours jugé satisfaisant par notre culture, les enseignements de la
dialectique hégélienne ne sont nullement caducs. Négativité, travail de la contradiction, autant de riches
éléments hégéliens qu’il faut prendre en compte et qui demeurent des instruments d’analyse.
Le droit obéit également à cette philosophie dialectique.
Hegel, philosophe du devenir :
Hegel a su définir une raison dialectique, à savoir une faculté dynamique et un processus indiquant le
passage d’une détermination de l’être à la détermination opposée.
Citations
CITATIONS DE NIETZSCHE
Quelques phrases célèbres et pensées de Friedrich Nietzsche
Friedrich Nietzsche a toujours été considéré comme un philosophe en marge de ses pairs, s’opposant tant
à Platon qu’à Kant ou à Descartes. En fait, Nietzsche récuse l’ensemble de la philosophie avant lui.
S’exprimant dans une langue poétique, Nietzsche est sans doute l’un des philosophes les plus difficiles
d’accès (notamment le célèbre Ainsi Parlait Zarathoustra)

Nous essaierons plus tard de défricher sa philosophie.


Commençons avec quelques unes de ses pensées et citations philosophiques les plus percutantes,
révélatrice de sa philosophie du “marteau” :

Citations de Nietzsche sur les femmes, l’amour et le mariage :

-“Des femmes peuvent très bien lier amitié avec un homme : mais pour la maintenir, il y faut peut-être le
concours d’une légère antipathie physique”

-“Dans la vengeance et dans l’amour, la femme est plus barbare”


– “Où n’entrent en jeu ni amour ni haine, la femme n’est qu’une médiocre actrice”
– “Le concubinage lui-même a été corrompu – par le mariage”
– “Ce qu’on fait par amour s’accomplit toujours par-delà le bien et le mal”
– “N’aimer qu’un seul est barbarie, car c’est au détriment de tous les autres. Fût-ce l’amour de Dieu”
– “Dans la plupart des amours, il y en a un qui joue et l’autre qui est joué ; Cupidon est avant tout un petit
régisseur de théâtre”
– “La femme est la seconde faute de Dieu”
– “Si les époux ne vivaient pas ensemble, les bons mariages seraient plus fréquents”
– “On ne fonde pas le mariage sur « l’amour », on le fonde sur l’instinct de l’espèce, sur l’instinct de
propriété (la femme et les enfants étant des propriétés), sur l’instinct de la domination qui sans cesse
s’organise dans la famille en petite souveraineté “
Nietzsche, le Surhumain et la Volonté de Puissance :

-“L’homme est une corde tendue entre l’animal et la Surhomme, une corde au-dessus d’une abîme”

-“Nous n’aimons pas l’humanité”

-“Je ne vous apprends pas l’amour du prochain, mais l’amour du lointain”

– “La grandeur de l’homme, c’est qu’il est un pont et non une fin”
– “L’homme qui ne trouve pas les chemins de son propre idéal vit d’une vie plus frivole et plus impudente
que l’homme sans idéal”
– “Soyez reconnaissants ! — Le grand résultat que l’humanité a obtenu jusqu’à présent, c’est que nous
n’avons plus besoin de vivre dans la crainte continuelle des bêtes sauvages, des barbares, des dieux et de nos
rêves”
– “Deviens ce que tu es“
– “La vie est, à mes yeux, instinct de croissance, de durée, d’accumulation de force, de puissance : là où la
volonté de puissance fait défaut, il y a déclin”
– “Partout où j’ai trouvé du vivant, j’ai trouvé de la volonté de puissance ; et même dans la volonté de celui
qui obéit, j’ai trouvé la volonté d’être maître. Et la vie elle-même m’a confié ce secret : “Vois, m’a-t-elle dit,
je suis ce qui doit toujours se surmonter soi-même”
– “La vie est, à mes yeux, instinct de croissance, de durée, d’accumulation de force, de puissance : là où la
volonté de puissance fait défaut, il y a déclin”
– “Je vous le dis : il faut encore porter en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. Je
vous le dis : vous portez encore un chaos en vous”
– “Ce qui doit tomber, il ne faut pas le retenir. Il faut encore le pousser”
Citations de Nietzsche sur Dieu :
– “Dieu est mort”
– “Qu’y aurait-il donc à créer s’il y avait des dieux?”
– “Dieu a aussi son enfer: c’est son amour des hommes”
– “A vrai dire, la foi n’a pas encore réussi à déplacer de vraies montagnes, quoique cela ait été affirmé par je
ne sais plus qui; mais elle sait placer des montagnes où il n’y en a point”
Nietzsche, la foule et l’instinct grégaire :
– “Être profond et sembler profond. — Celui qui se sait profond s’efforce d’être clair ; celui qui voudrait
sembler profond à la foule s’efforce d’être obscur”
– “La maturité de l’homme : cela veut dire retrouver le sérieux que l’on avait au jeu, étant enfant”
– “Veux-tu avoir la vie facile ? Reste toujours près du troupeau, et oublie-toi en lui”
– “Un animal grégaire, un être docile, maladif, médiocre, l’Européen d’aujourd’hui !”
Nietzsche et la Vérité :

– “Il y a dans le mensonge une innocence qui est un signe de bonne foi”
– “Nous avons l’art, afin de ne pas mourir de la vérité”
– “Ce n’est pas le doute qui rend fou: c’est la certitude”
Nietzsche et la Politique :
– “L’Etat, le plus froid des monstres froids”
Nietzsche, l’Art et l’esthétique :
– “La musique offre aux passions le moyen de jouir d’elle-même”
– “Sans la musique, la vie serait une erreur”
– “Ce n’est pas l’histoire, mais l’art qui exprime la vraie vie”
Auteurs français, Citations, Rousseau
CITATIONS ROUSSEAU
Quelques citations célèbres de Jean-Jacques Rousseau
S’il ne devait rester qu’une “Lumière”, Rousseau serait sans doute celle que l’on sauverait, tant sa
contribution politique (et morale dans une moindre mesure) est importante. Les Révolutionnaires,
de Danton à Robespierre, ont porté aux nues ses vues sur l’Etat, la démocratie, la liberté. Kant a dialogué
avec lui sur la paix et la guerre, son anthropologie a inspiré le structuralisme, son discours sur le langage a
marqué les linguistes modernes, sa controverse avec Voltaire est restée célèbre … Annonçant
le Romantisme comme célébrant le classicisme, Rousseau est à la croisée de la modernité en philosophie
politique, morale et philosophique, comme nul autre philosophe.
Quelques unes de ses pensées philosophiques et phrases importantes :
Rousseau et la liberté :
– “L’homme est né libre et partout il est dans les fers”
– “Il n’y a donc point de liberté sans Lois, ni où quelqu’un est au-dessus des Lois”
Rousseau, la société et la politique :
– “L’homme naît pur, c’est la société qui le corrompt”
– “S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement”
– “Le bien commun se montre partout avec évidence, et ne demande que du bon sens pour être aperçu”
– “Dans la puissance législative, le peuple ne peut être représenté”
– “La volonté ne se délègue pas”

Rousseau et le bonheur :
– “Le bonheur est un état permanent qui ne semble pas fait ici-bas pour l’homme”
– “Si l’on pouvait prolonger le bonheur de l’amour dans le mariage, on aurait le paradis sur la terre”
– “A quoi bon chercher notre bonheur dans l’opinion d’autrui, si nous pouvons le trouver en nous-mêmes ?”
Rousseau et l’amour :
– “A moins qu’une belle femme ne soit un ange, son mari est le plus malheureux des hommes”
Rousseau et l’amour-propre :
– Il ne faut pas confondre l’amour-propre et l’amour de soi-même . L’amour de soi-même est un sentiment
naturel qui porte tout animal à veiller à sa propre conservation et qui, dirigé dans l’homme par la raison et
modifié par la pitié, produit l’humanité et la vertu. L’amour-propre n’est qu’un sentiment relatif, factice, et
né dans la société, qui porte chaque individu à faire plus de cas de soi que de tout autre”
Rousseau et la conscience :

– “Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d’un être ignorant et
borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rend l’homme semblable à Dieu”
– “La conscience est la voix de l’âme, les passions sont la voix du corps”
Rousseau et la propriété :
– “Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire « Ceci est à moi », et trouva des gens assez
simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile”
– “Aliéner, c’est donner ou vendre”

Français, Philosophes, Rousseau


LA PHILOSOPHIE DE ROUSSEAU
Jean-Jacques Rousseau est un philosophe genevois de langue française considéré comme un des
principaux philosophes des Lumières
[ad#ad-5] Rousseau a été l’objet d’interprétations multiples, souvent contradictoires et caricaturales et au-
delà de ces visons parfois un peu simpliste, surgit, pour le lecteur attentif, un penseur original, sensible et
cohérent, qui s’est fondamentalement intéressé au vrai contrat, légitime afin de refouler l’univers de la
violence, qu’elle soit morale ou politique.
Rousseau sa philosophie de l’homme naturel:
Ainsi en est-il de la fameuse notion d’état de nature, qui est souvent l’objet d’interprétations caricaturales et
qui, loin de représenter une réalité donnée, désigne une hypothèse méthodologique et un instrument de
travail pour Rousseau.
– Si nous retranchons, par hypothèses, ce que la société a apporté à l’homme, nous obtenons un état qui
n’a probablement jamais existé mais permettant, par abstraction, d’éclairer notre situation présente.
Ainsi, se dessine l’homme naturel, fiction méthodologique. Quels sont ses caractères ?
– Nous les saisissons par opposition à ceux de l’animal, cette simple machine.
– Conscience et liberté définissent l’homme, toujours en mesure d’acquiescer ou de résister à ses
impressions, comme nous le dit Rousseau dans le Discours sur l’origine de l’inégalité.
– Cet homme naturel peut pourvoir à ses besoins : il est donc heureux.
– Le seul sentiment social qui lui appartienne est la pitié, pouvoir effectif de s’identifier à quiconque
souffre.
► La pitié est un sentiment naturel qui, modérant dans chaque individu l’activité de l’amour de soi-même,
concourt à la conservation mutuelle de toute l’espèce.
► Distinguons ici avec Rousseau, amour de soi-même et amour propre : le 1er désigne un sentiment naturel
portant tout animal à veiller à sa propre conservation. Le 2ème, au contraire, né dans la société, porte chaque
individu à faire plus de cas de soi que de tout autre.
L’homme, à la différence de l’animal, va progresser : il possède, en effet, la perfectibilité, possibilité de se
perfectionner, de s’ouvrir ainsi à un développement et à son histoire.
Si l’animal se caractérise par son statisme et ignore toute histoire, l’homme apparaît comme un dynamisme
intelligent et inventif.
Rousseau et la Formation et le développement du mal social:
Ainsi l’homme peut-il évoluer dans le sens du bien, certes, mais aussi dans celui du mal, car tel est le revers
de la médaille, puisque la créativité humaine se double de la formation du mal social.
La propriété, appropriation par l’homme de certains objets, représente le terme extrême de l’état de nature.
– Le premier qui s’avisa de dire « ceci est à moi » fut le vrai fondateur de la société civile (voir aussi
les citations de Rousseau)
– C’est en effet, la propriété qui est au fondement de la société civil, c’est-à-dire organisée et dotée
d’une culture.
Ainsi progresse, dans ce contexte, l’inégalité politique, caractérisée par les différents privilèges dont
jouissent certains, au préjudice des autres : être plus riches, plus puissants…
La société civile, régie par la violence, la force déchaînée, sans nul recours au droit, tend ainsi
au despotisme, sa forme extrême, qui lui est quasi inhérent.
– Appelons despotisme une autorité politique, ne se soumettant pas à la loi, se mettant au dessus d’elle,
et usurpant le pouvoir souverain.
– Le despote, cet usurpateur du pouvoir souverain, ne doit pas être confondu avec le tyran, usurpateur
de l’autorité royale.
Ainsi, l’homme est-il partout dans les fers.
La philosophie sociale de Rousseau : le contrat en tant que remède au mal social
Comment remédier au mal ?
– Le problème se pose en ces termes clairs : il s’agit de trouver une forme de société où l’homme
puisse se reconnaître lui-même, obéir à la loi et, en même temps, être libre.
– L’optique de Rousseau sera, en cette quête, normative.
C’est donc, le fondement du droit politique qui fonde son objet d’étude. Le contrat social désigne ainsi le
pacte instituant la règle du droit politique, de ce qui est légitime.
– Il ne porte pas sur ce qui s’est réellement passé, mais sur ce qui doit être. C’est-à-dire, un pacte au
terme duquel les citoyens cèdent tous leurs droits naturels au profit du Souverain, instance supérieure du
pouvoir, corps politique considéré en tant qu’il est actif.
– Dans cette perspective, appelons citoyens, toute les personnes participant à l’autorité souveraine
et sujets, les mêmes individus en tant qu’ils sont soumis aux lois de l’Etat.
Le concept de souveraineté est, on le voit, central :
– Il désigne l’exercice de la volonté générale, volonté du corps social uni pour un intérêt commun.
– Il existe donc un lien étroit entre le concept du souverain et celui de volonté générale : le souverain,
cette autorité suprême, doit agir, non pas selon son bon plaisir, mais selon les vœux de la volonté générale,
dans laquelle se reconnaissent tous les membres du corps social.
Enfin, la volonté générale, ne peut se transmettre : Rousseau élimine ainsi le régime représentatif, puisque
l’exercice de la volonté générale ne peut être délégué.
– La loi de la cité émanera directement de cette volonté générale.
– C’est dans cette optique et cette perspective que la liberté politique peut s’actualiser, la loi se faisant
l’instrument de la liberté et son organe.
– La loi, expression impérative et universelle de la volonté générale, permet l’autonomie :
► Les hommes se soumettent, en effet, à ce qui émane d’eux sous forme de loi.
► Ils sont redevables à celle-ci de la liberté et de la justice.
► Par la loi, ils échappent à l’arbitraire des penchants.
► Attention, il faut distinguer la loi du simple décret, acte de la puissance exécutive.
Ainsi, grâce au vrai contrat, le Bien et le Droit finiront par avoir le dernier mot.
Rousseau et la morale:
C’est dans Emile ou De l’éducation ou, plus précisément, dans la fameuse Profession de foi du vicaire
savoyard que Rousseau nous expose sa morale, dont le principe est inné : ce principe, c’est la conscience,
conçue comme cette propriété que possède l’esprit humain de porter des évaluations morales.
La conscience morale est un sentiment, c’est-à-dire, une force spirituelle, intuitive et immédiate.
– Dieu nous a donné la conscience pour aimer le bien.
– Qu’est ce Dieu dont il est question dans l’Emile ? un Etre qui veut et qui peut, qui meut l’univers et
ordonne toutes choses.
Si l’histoire humaine est celle d’une chute, le remède est à notre portée. Robespierre etSaint-Just feront des
énoncés de Rousseau (en les transformant certes…) un programme révolutionnaire.
Les oeuvres majeures de Rousseau :
– Discours sur les sciences et les arts (1750)
– Discours sur l’origine de l’inégalité (1755)
– Du contrat social (1762)
– Emile (1762)

COMMENTAIRE DE PHILOSOPHIE : LA MÉTHODE


Voici notre guide de conseils pour le commentaire de texte (aussi appelée “explication de texte”) pour
la redoutée épreuve du philosophie au bac.
Qu’est-ce qu’un commentaire en philosophie ?
Le commentaire doit être une analyse argumentée d’un extrait d’oeuvre d’un philosophe célèbre (Descartes,
Kant, Platon, ou Nietzsche par exemple).
Voici 5 astuces pour réussir au mieux cette épreuve :
1. définissez les termes clés du texte (les concepts principaux du texte)
2. essayez de montrer que vous connaissez l’auteur et son courant philosophique si possible. Si vous ne
connaissez pas l’auteur, tentez de le rattacher à son courant philosophique (idéalisme, existentialisme,
empirisme, …)
3. essayez de situer le texte dans son contexte historico-philosophique (par exemple, si le texte est de Sartre et
porte sur la guerre, une analyse du contexte de la Seconde guerre mondiale est utile)
4. citez le texte ou le passage que vous analysez, en permanence
5. si l’auteur critique d’autres philosophes, essayez de les identifier
L’explication de texte :
Le commentaire de texte est toujours le troisième sujet possible lors du bac philosophie. Il est donc
impératif d’en maîtriser la méthode et la structure. Ce, pour plusieurs raisons :
 Les deux sujets de dissertation peuvent vous rebuter. Il ne faudrait surtout pas que vous rendiez une copie
blanche pour la première fois le jour du bac.
 Sachez aussi que la moyenne des notes au commentaire de texte est plus faible que pour la dissertation.
Soyez donc bien sûr de votre choix.
 Plus aisé en apparence, le commentaire de texte est en fait plus compliqué que la dissertation car les
correcteurs suspectent souvent les élèves choisissant le 3ème sujet de paresse intellectuelle et sont donc plus
sévères.
Quand faut-il choisir le commentaire ?
Avant de choisir définitivement le texte, lisez au moins 5 fois le texte. Les éléments suivants doivent vous
permettre de choisir ou non le commentaire philosophique :
1. Quand vous comprenez les termes du textes (si le texte parle d’onto-théologie et que vous ignorez sa
signification, reportez-vous sur la dissertation)
2. Quand vous la thématique du texte vous apparaît clairement (la mort, la responsabilité, la conscience, la
justice, …).
3. Posez-vous la question : “De quoi parle ce texte ?” Si vous pouvez répondre sans hésitation, vous pouvez
opter pour le texte.
4. Posez-vous la question : “Quelle thèse l’auteur défend-il ?” Si vous répondez à cette question, optez
définitivement pour le commentaire.
Types de Plan
Il existe plusieurs types de plan :
1. Plan linéaire : il s’agit du plan ligne par ligne, regroupé en partie (ligne 1/ligne 8; ligne 9/ligne 15, etc.)
2. Plan thématique : il s’agit du plan par notions (La conscience et la liberté / Réfutation de la théorie kantienne
/ Défense de la liberté d’indifférence)
En conclusion :
Il n’existe pas de commentaire philosophique parfait, mais les correcteurs jugeront votre copie sur sa
structure et la pertinence de votre analyse, rien d’autre !

Nous consacrerons des articles dédiés au plan, à la problématique, à l’introduction

MÉTHODE DE LA DISSERTATION PHILOSOPHIQUE


Comment réussir une dissertation de philosophie ?
La dissertation philosophique effraie, voire terrorise plus d’un élève de terminale. Pourtant, les élèves
commencent dès la seconde, en français, en histoire ou en économie, à rédiger des dissertations. Il n’y a donc
a priori pas de nouveautés en terminale philo. Mais sa réussite passe par la maîtrise d’une méthode.
Pour rassurer tout le monde d’emblée, sachez que :
1. la dissertation est avant tout une question de méthode. Si vous acquérez en cours d’année les fondamentaux,
vous ne serez pas démuni le jour de l’épreuve de philosophie
2. il n’existe pas de dissertation parfaite, mais de bonnes voire très bonnes dissertations.
3. la dissertation porte sur le programme de terminale. Si vous avez révisé vos notions et vos cours, vous ne
risquerez pas la copie blanche.
Ceci posé, voici quelques astuces qui vous permettront de vous aider à construire vos dissertations de
philosophie :
Le sujet : Interrogez-le !
Le contenu du sujet
Décortiquez le sujet donné par le prof (ou par le jury le jour du bac) : essayez de définir tous les termes.
Ne paniquez pas si la signification d’un des termes du sujet ne vous saute pas au yeux, vous tenterez de le
définir par la suite.
La format du sujet
La format du sujet donné est-il interrogatif (en quoi consiste ma dignité ?) ou bien est-ce un simple intitulé
(devoir et bonheur) ? Cela vous aidera à construire votre problématique.
Le Plan de la dissertation : en 3 parties !
Le plan annonce la structure de votre dissertation.
Il doit au minimum inclure :
– une première partie (thèse, ou bien définition du sujet)
– une seconde partie (antithèse, ou thèse si votre première partie est consacrée à la définition du sujet)
– une troisième partie (synthèse, c’est-à-dire dépassement du sujet donné et réponse à la problématique)
L’introduction de la dissertation : Justifiez le sujet
L’introduction à plusieurs rôles :
– justification du sujet (demandez vous : En quoi le sujet est intéressant ? En quoi y-a-t-il matière à
disserter ?)
– formulation de la problématique
La problématique consiste à reformuler les termes du sujet et à en expliciter les termes.
– Annonce du plan de la dissertation
Le développement : Argumentez
Le mot-clé est : Argumentez. Vous pouvez (presque) tout dire dans une dissertation tant que vos justifiez et
détaillez vos arguments.
Vos développements (structuré en trois parties) doit équilibrer théorie (philosophes classiques) et pratique
(utilisez toute votre expérience et votre culture : cas de la vie quotidienne, article de journaux, émission TV,
livre, …)
Une dissertation sans théorie paraît creuse, une dissertation sans pratique sera jugée trop conceptuelle.
La conclusion : Soyez bref
La conclusion doit ramasser ce que vous avez semé. Soyez bref (10/15 lignes sont généralement suffisantes)
et répondez à la problématique de manière claire (évitez les “ça dépend”)
EXEMPLE DE DISSERTATION PHILOSOPHIQUE
Le cas d’une dissertation rédigée et corrigée
La dissertation en philosophie est un exercice difficile car elle suppose la maîtrise d’une méthode et d’une
structure déterminée.
Nous vous donnons donc un exemple de dissertation rédigée et corrigée par un professeur, tant d’un
point de vue méthodologique (forme) qu’éditorial (fond).
Nous avons volontairement choisi un sujet de dissertation très classique en terminale philo : “La liberté est-
elle une illusion ?” (fréquent pour les terminales littéraires)
La liberté est-elle une illusion ?
Travail préparatoire
A) L’analyse des termes du sujet :
1) La liberté : Il s’agit de toujours partir de la conception spontanée, immédiate que l’on se fait de la liberté,
celle de l’ « homme de la rue » qu’aurait pu interroger Socrate. Ainsi, la liberté, c’est « faire ce que l’on
veut », elle correspond, semble-t-il à la toute-puissance de la volonté de chacun. Spontanément, tout individu
se sent libre dès lors qu’il peut accomplir tous ses désirs, toutes ses envies.
Or l’expérience ordinaire de la vie montre aussi, paradoxalement, l’être humain soumis à de
nombreuses contraintes à la fois externes (physiques, sociales, politiques) et internes (instincts, habitudes,
passions) qui pèsent sur sa liberté et qu’il lui est difficile voire impossible de surmonter totalement de sa
propre initiative. Dès lors, le sentiment de liberté ne serait-il qu’illusoire ?
2) l’illusion : Il s’agit de saisir l’importance de ce terme à distinguer de l’erreur. L’illusion procède certes de
l’erreur en ce qu’elle trompe l’individu, mais elle procède également de la mystification. Qu’est-ce à dire ?
Tout individu est responsable de ses erreurs et dispose du pouvoir de les corriger. En revanche, dans
l’illusion, qui peut être à la fois individuelle et collective, nous serions victimes d’une puissance
trompeuse impossible à vaincre.
La question qui s’impose est donc la suivante : Quel type de désir proprement humain se trouve à la racine
d’une illusion ? Ou bien quel besoin l’homme cherche-t-il à satisfaire dans la pérennité d’une illusion ?
B) Repérer les notions du programme en jeu dans le sujet : la liberté, la conscience et l’inconscient, le désir.
C) Problématiser le sujet : Si tout individu éprouve un sentiment immédiat de liberté, cette conviction
renvoie-t-elle à une croyance illusoire ou à une véritable connaissance de soi ? L’objectif consistera donc à
faire la part de ce qui relève d’une liberté réelle, repérable, de ce qui relève d’un désir infondé de liberté,
dans un souci de lucidité et de vérité.
D) Mobiliser des références utilisables :
– Platon, dans le Gorgias, dénonce la confusion commune entre la liberté du sage et la réalisation impulsive
de tous ses désirs.
– Descartes, dans La Méditation quatrième, donne une définition du libre arbitre qui apparente l’homme à
Dieu.
– Spinoza, dans L’Ethique, montre que la conscience d’exister n’implique pas nécessairement la liberté
humaine.
E) Elaboration du plan : elle doit obéir à la règle du « plus proche au plus lointain », c’est-à-dire aller de
l’explicite à l’implicite, du plus évident au moins évident.
Exemple de plan possible :
I) La liberté est un sentiment immédiat : la thèse du libre arbitre
II) La critique déterministe du libre arbitre
III) La liberté est à conquérir : de la libération à la quête d’autonomie
Introduction à la dissertation
1) Amorce : Il nous faut partir de ce constat de départ que le sentiment commun et immédiat éprouvé par
tout homme est de se sentir libre : en effet, chaque homme peut faire l’expérience, du moins intérieure, d’une
liberté de penser et d’agir, indépendamment de toute contrainte extérieure. Cette conviction intérieure est
donc profondément ancrée en chacun de nous.
2) Annonce du sujet et problématisation : Cependant, la liberté ne serait-elle pas une illusion ? Ou pour le
dire autrement, le fait de se sentir libre n’est-il pas susceptible de ne renvoyer qu’à une croyance illusoire ?
Le sentiment immédiat de notre liberté est-il vrai, c’est-à-dire renvoie-t-il à une véritable connaissance de
soi-même ?
3) Annonce du plan d’étude : elle doit être suffisamment explicite sans en dire trop, sans être trop
« lourde » : Nous tenterons, tout d’abord, d’évaluer la pertinence et les limites du sentiment spontané de
liberté, commun à tous les hommes. Puis nous tâcherons de montrer que cette expérience immédiate du libre
arbitre est susceptible de camoufler à l’homme une méconnaissance de lui-même. Enfin, une nouvelle tâche
se dressera face à nous : la nécessité de reconstruire une nouvelle approche de la liberté humaine, si tant est
qu’elle soit possible.
Développement de la dissertation : 1ère partie
I) Le sentiment immédiat de notre liberté : la théorie du libre arbitre
a) Tout homme se juge spontanément libre
Dans le langage courant, la liberté renvoie au pouvoir que possède tout homme de n’obéir qu’à lui-même,
qu’à sa propre volonté, et d’agir uniquement en fonction de ses désirs, indépendamment de toute contrainte
ou de toute pression extérieure.
Tout homme se sent donc spontanément libre, tout simplement parce qu’il se croitcapable de faire
des choix de petite ou de grande importance, de prendre des décisions, de petite ou de grande ampleur.
Autrement dit, tout homme, lorsqu’il porte un regard réflexif sur lui-même, se juge spontanément libre,
c’est-à-dire en mesure d’agir simplement en fonction de sa volonté.
La plupart des philosophes qui se sont prononcés en faveur de la liberté humaine, en faveur de l’existence du
libre arbitre, ont accordé une grande valeur à l’expérience intime, immédiate que nous aurions, selon eux, de
notre liberté : « La liberté de notre volonté, écrit Descartes (Principes de la Philosophie, I, art.39), se connaît
sans preuve par la seule expérience que nous en avons ».
Transition : Faire le point et formuler une ou plusieurs questions permettant de poursuivre la réflexion : La
liberté correspondrait donc à un sentiment intérieur, à une expérience immédiate en chaque homme. Or peut-
on se contenter de cette expérience immédiate ou pour reprendre la formulation de Bergson, de cette
« donnée immédiate de la conscience » ? Autrement dit, peut-on se contenter du sentiment de notre liberté
pour en déduire son existence certaine ? Est-il donc possible de faire une expérience de notre liberté qui
puisse justifier ce sentiment ?
b) Peut-on prouver l’existence du libre arbitre ?
1) Première tentative de preuve : l’expérience de l’âne de Buridan et la mise à jour de la « liberté
d’indifférence »
Jean Buridan, philosophe français du quatorzième siècle, aurait, selon la légende, conçu une expérience
imaginaire afin de prouver l’existence du libre arbitre : la situation serait celle d’un animal, en l’occurrence
un âne, ayant également faim et soif, et qui, placé à égale distance d’une botte de foin et d’un seau d’eau,
hésite, se montre incapable de choisir, et finalement se laisse mourir.
Ce « protocole expérimental métaphysique » aurait donc pour objectif de prouver l’existence de la « liberté
d’indifférence » proprement humaine. En effet, nous avons tous déjà vécu une situation où les mobiles ou
motifs en faveur d’un acte ou d’un autre étaient si équivalents, ou aussi contraignants l’un que l’autre, que
nous nous sommes retrouvés incapables de faire un choix.
En effet, que se passe-t-il lorsqu’un individu se retrouve face à deux possibilités aussi équivalentes l’une que
l’autre, lorsque rien ne puisse permettre de déterminer son choix ? Or ce qui permet à l’homme d’échapper à
la situation absurde de l’âne mourant de faim et de soif entre une botte de foin et un seau d’eau, c’est qu’il
dispose de cette liberté d’indifférence, c’est-à-dire de cette liberté par laquelle notre volonté a le pouvoir
de choisir spontanément et de sa propre initiative.
Cette situation d’indifférence du choix prouve donc que l’homme est doté d’un libre arbitre, c’est-à-dire
d’une capacité de choisir pouvant échapper à tout déterminisme. Pour Descartes, cette liberté d’indifférence,
bien que considérée comme « le plus bas degré de la liberté », témoigne en même temps d’un pur libre
arbitre qui apparente l’homme à Dieu (Méditation quatrième).
2) Seconde tentative de preuve du libre arbitre : le crime de Lafcadio dans Les Caves du Vatican d’André
Gide
André Gide, dans Les Caves du Vatican, cherche à illustrer la possibilité pour un être humain de réaliser
un acte gratuit, c’est-à-dire un acte accompli sans raison, par le seul effet de sa liberté.
Dans le roman, le « héro » Lafcadio se rend à Rome par le train et se retrouve seul dans la nuit, ne partageant
son compartiment qu’avec un vieux monsieur. Lafcadio se prend alors d’une idée folle :
« Là sous ma main, la poignée. Il suffirait de la tirer et de le pousser en avant. On n’entendrait même pas un
cri dans la nuit. Qui le verrait…Un crime immotivé, quel embarras pour la police ».
Lafcadio se dit en effet, et à juste titre, que s’il n’a pas de mobiles pour réaliser ce crime, il n’a donc pas
de motivations. Le lien entre l’acteur et l’acte commis est inexistant. Lafcadio prend d’ailleurs un soin tout
particulier à renforcer la gratuité de son crime : il remet tout au hasard et se met à compter pour soumettre sa
décision de passer à l’acte ou de ne pas passer à l’acte à l’apparition d’un feu dans la nuit. Or le hasard, c’est
précisément ce qui est fortuit, c’est-à-dire dépourvu de toute intention consciente, donc de motivation
intrinsèque… Et le crime a lieu.
3) Peut-on dire que l’acte de Lafcadio est un acte gratuit ?
Le mérite du roman d’André Gide est d’aborder la question suivante : Un acte gratuit est-il possible ? Or
deux critiques permettent d’être avancées pour remettre en cause cette possibilité :
La première critique consistera à remarquer que Lafcadio fait reposer son passage à l’acte sur des signes
extérieurs, en l’occurrence l’apparition ou la non apparition d’un feu dans la campagne. Son acte serait
donc déterminé par une extériorité.
La seconde critique consistera à remarquer que l’absence de motivations dans l’acte de Lafcadio est tout sauf
évidente : l’une de ses premières motivations ne serait-elle pas le désir même de se prouver à lui-même sa
liberté ? Si bien qu’il est tout-à fait envisageable de soupçonner Lafcadio de prendre pour une absence de
motifs ce qui ne serait au fond qu’une ignorance profonde des motifs de son acte.
L’ « acte gratuit » est donc une notion philosophiquement problématique : la volonté de prouver sa liberté
par un acte supposé sans mobile constitue, par elle-même, un mobile.
Transition : Une nouvelle question se pose dès lors : le sentiment de liberté ou la volonté de réaliser un acte
non déterminé ne seraient-ils pas qu’une croyance ? Ne semble-t-il pas que ce ne soit que de façon illusoire
et superficielle que je fasse l’ « expérience » de ma liberté, par ignorance des déterminations qui sont
pourtant en jeu ?
Développement de la dissertation : 2ème partie
II) La critique déterministe du libre arbitre
a) L’illusion anthropocentrique du libre arbitre : « L’homme n’est pas un empire dans un empire » (Spinoza)
Le projet philosophique de B.Spinoza, dans le sillage des travaux scientifiques de Laplace, est de dénoncer
les illusions du libre arbitre.
C’est ainsi que dans la troisième partie de l’Ethique, dans la section intitulée De l’origine et de la nature des
affections, Spinoza rejette totalement l’idée selon laquelle l’homme occuperait une place privilégiée au sein
de la nature.
Spinoza critique notamment Descartes qui conçoit l’homme comme « un empire dans un empire », ainsi que
tous les philosophes qui croient que « l’homme trouble l’ordre de la Nature plutôt qu’il ne le suit, qu’il a sur
ses propres actions un pouvoir absolu et ne tire que de lui-même sa détermination ».
Or l’objectif de Spinoza est bel et bien de montrer que l’homme suit les lois communes de la Nature, comme
toutes les choses de ce monde.
b) L’illusion humaine de la liberté
C’est dans sa lettre à Schuller, extraite de sa Correspondance, que Spinoza dénonce l’illusion du libre arbitre.
Il défend ainsi une position philosophique déterministesuivant laquelle tous les événements sont
absolument nécessaires et le sentiment que nous avons d’être libres ne serait qu’une illusion naturelle :
« Telle est cette liberté humaine que tous les hommes sevantent d’avoir et qui consiste en cela seul que les
hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent ».
Et Spinoza d’ajouter un peu plus loin : « Et comme ce préjugé est inné en tous les hommes, ils ne s’en
libèrent pas facilement ».
Cette illusion naturelle de l’homme a donc deux causes d’après Spinoza qui justifient que l’homme
s’illusionne et qu’il ne fasse pas seulement erreur. Premièrement, la source de l’illusion humaine du libre
arbitre est l’ignorance des causes qui nous poussent à agir. Or à prendre les choses rigoureusement, l’homme
est tout aussi déterminé à se mouvoir sous l’influence de causes externes qu’une pierre qui reçoit une
impulsion. Les hommes se croient libres alors qu’ils sont contraints ou déterminés par leur nature.
Deuxièmement, Spinoza précise bien que les hommes « se vantent » d’être libre car le désir d’être libre,
même illusoire, est beaucoup plus valorisant pour l’orgueil humain que l’idée d’être totalement déterminé.
c) La liberté désigne alors la nécessité bien comprise
C’est ainsi que Spinoza ne fait pas consister la liberté, dans la lettre à Schuller, dans un libre décret mais
dans une libre nécessité ou dans la nécessité bien comprise : « j’appelle libre, quant à moi, une chose qui est
et agit par la seule nécessité de sa nature ».
Tout comme les comportements des animaux sont déterminés par l’instinct, leur environnement ou des
déterminations biologiques, les actes et les pensées des hommes le sont eux-mêmes par de multiples facteurs
à la fois internes et externes dont on ignore le plus souvent l’existence et la puissance : facteurs d’origine
physiologiques, psychologiques, sociales, etc.
Dès lors, l’un des apports essentiels de la critique spinoziste du libre arbitre est de montrer que la croyance
en l’existence du libre arbitre est la source d’aliénation de l’homme. En effet, selon Spinoza, non seulement
l’homme est déterminé mais cette illusion naturelle du libre arbitre nous déterminent à ne pas savoir que
nous sommes déterminés, et ainsi à l’être d’autant plus sûrement. Or il n’y a pas pire esclave que celui qui se
croit libre.
Transition : Il nous faut donc tirer les enseignements de la critique spinoziste du libre arbitre et
reconnaîtreque l’idée d’une liberté spontanée ou d’un sentiment immédiat de liberté n’est plus tenable. Est-il
dès lors possible de reconstruire une approche de la liberté qui soit accessible à l’homme ?
Développement de la dissertation ; 3ème et dernière partie
III) La liberté est à conquérir : de la libération à la quête d’autonomie
a) Être libre, c’est apprendre à se libérer des passions
Platon, dans le Gorgias, pose la question suivante : est-ce la vie de l’homme aux désirs insatiables ou celle
guidée par la raison qui est la meilleure ? Dans ce dialogue qui met aux prises Socrate et Calliclès, ce dernier
défend le droit au désir, comme un droit à être puissant, autrement dit à être capable de mettre les forces de
son énergie et de son intelligence au service des passions, pour leur donner la plus grande ampleur possible.
C’est ainsi que Calliclès préfère les « tonneaux qui fuient » puisque « ce qui fait l’agrément de la vie, c’est
de verser le plus possible ». En revanche, Socrate choisit la vie ordonnée, celle où les tonneaux
du sage « seraient en bon état ».
Platon cherche ainsi à montrer, dans ce dialogue, l’illusion dans laquelle se trouvent les hommes comme
Calliclès, qui croient qu’être libre consiste à faire ce que l’on veut, c’est-à-dire à réaliser tous ses désirs. Or
une telle vie, guidée par des désirs multiples, polymorphes et surtout infinis, mène nécessairement au
tourment et au malheur. En effet, le risque pour un homme comme Calliclès décidant de mener une
vie intempérante et désordonnée est de devenir l’esclave de ses propres passions et désirs.
A cette vie désordonnée, Platon oppose une vie guidée par la raison, incarnée par la sagesse socratique.
Socrate incarne, en effet, le sage qui sait distinguer entre les désirs à poursuivre ou à ne pas poursuivre, qui
sait se gouverner lui-même et qui est en mesure d’accéder à une véritable autonomie de la volonté.
b) Être libre, c’est être responsable de ses actes
Par conséquent, l’entrée dans la liberté authentique, par opposition avec la liberté illusoire des désirs infinis,
c’est l’entrée dans une véritable autonomie et c’est pouvoir devenir responsable de ses actes et pouvoir en
répondre.
L’enjeu de l’entrée dans la liberté authentique est donc celui du rapport à soi-même et à autrui. La liberté
entre alors dans le champ de la réflexion morale, sociale et politique. C’est ainsi qu’au sens moral et
juridique, être libre, c’est pouvoir être reconnu autonome et responsable de ses actes, de ses choix, à la fois
devant soi-même et devant la société à laquelle on appartient.
En conséquence, si la liberté est illusoire ou inaccessible, il semble que c’en soit fini de la responsabilité
morale et juridique de tout individu, et par là même de la justice. Le fait que nous nous sentions, à tort ou à
raison libre, exige donc que l’on agisse comme si on était effectivement libre.
c) La liberté comme condition de l’acte éthique
C’est ainsi que dans la première note de la préface à la Critique de la raison pratique, Kant affirme que la
liberté est la condition de possibilité et l’essence (la ratio essendi) de la vie morale de l’homme, comme la
vie morale de l’homme est ce par quoi l’homme connaît la réalité de sa liberté (elle en est la ratio
cognoscendi). Et Kant ajoute pour préciser : « (…) si la loi morale n’était pas d’abord clairement conçue
dans notre raison, nous ne nous croirions jamais autorisés à admettre une chose telle que la liberté (…). En
revanche, s’il n’y avait pas de liberté, la loi morale ne saurait nullement être rencontrée en nous ».
Ainsi, pour Kant, pour que l’homme soit moral, il faut qu’il soit libre, car s’il était forcé par une nature
intelligible à la bonté, à la justice et à l’altruisme, il ne serait qu’un automate spirituel et s’il était forcé par sa
nature sensible à l’égoïsme, il ne serait qu’un mécanisme matériel.
Conclusion de notre exemple de dissertation philosophique
1) Faire le bilan de la démarche poursuivie dans le devoir : La liberté humaine est-elle donc possible ? Nous
avons pu comprendre, tout au long de notre travail, la difficulté qui existe à pouvoir saisir une véritable
« expérience » de la liberté et, par conséquent, la difficulté à en prouver véritablement l’existence.
2) Répondre à la question initiale : La liberté est-elle une illusion ? Notre travail a, en tout cas, cherché à
démontrer que si la croyance en une liberté immédiate était illusoire, voire naïve, la critique spinoziste nous
a permis d’accéder à une approche de la liberté qui puisse permettre d’en préserver l’espoir : en effet, si
l’homme n’est pas libre, il lui est, en revanche, donné d’entrer dans un processus, dans
une conquêteassimilable à une libération par l’usage de la raison et par son entrée dans la morale et la vie
sociale.
3) Si possible, proposer une ouverture à une nouvelle réflexion : Comment penser les conséquences d’une
authentique libération de l’homme dans ses interactions morales, sociales et politiques ?
Vincent Boyer, professeur de philosophie à Paris.
L'Etat est-il l'ennemi de la liberté ?

Proposé par : evab (eleve)

Description du corrigé : Corrigé entièrement rédigé en trois parties :

I. L'État protège les hommes et leur liberté,


II. Mais pour arriver à protéger les citoyens, le moyen de l’état est-il de faire disparaître la liberté ?,
III. Par la protection des sujets, l’État crée la liberté civile

Le premier article de la Déclaration universelle des droits de l’homme affirme que l’homme est libre par
nature. Ce serait là notre droit le plus fondamental. Cependant, on peut se demander si en vivant dans une
société gouvernée par un État, l’homme ne perd pas certaines de ses libertés fondamentales, qu’il cède à
l’État au profit d’autres bienfaits comme la sécurité ou la tranquillité. D’où la question : l’État est-il l’ennemi
de la liberté ?

L’État est une notion politique, c’est l’institution qui rassemble les pouvoirs, l’instance qui gouverne la
société. L’ennemi c’est celui qui est hostile, l’adversaire. La liberté vient du latin « libertas » et désigne la
condition d’homme libre par rapport à celle d’esclave. Être libre ce serait donc agir conformément à sa
volonté.

En théorie, l’État est créé pour permettre aux hommes de vivre tous ensemble, et doit donc les protéger,
assurer leur sécurité. Cela inclut donc la protection de nos libertés individuelles. Très clairement, les États
totalitaires ou injustes, ceux qui ne visent pas le bien de leurs citoyens sont des ennemis de la liberté, qui est
un danger pour eux. Mais pour les États qui ont à cœur la sécurité de leurs citoyens, la question est plus
compliquée : en effet en pratique pour protéger ses citoyens l’État réduit leurs libertés. On peut se demander
si les notions d’État et de liberté ne s’excluent pas complètement. Nous nous concentrerons ici sur les États
qui ont pour fin le bien des hommes.

Nous verrons tout d’abord comment l’État est créé pour protéger les hommes, et leur liberté, puis comment
en essayant d’arriver à sa fin il finit par faire disparaître la liberté, et enfin comment en nous protégeant
l’État crée la liberté civile.

I. L'État protège les hommes et leur liberté


A. L’État : une protection absolument nécessaire pour vivre en paix

Hobbes pense un état de nature fictif dans lequel il imagine que les êtres humains seront dangereux et
violents les uns envers les autres ; c’est ce qu’il résume en empruntant ce vers du poète Plaute « l’homme est
un loup pour l’homme ». Sans État civil l’homme est misérable, condamné à toujours être sur ses gardes. De
plus, il laisse libre cours à toutes ses pulsions agressives et destructrices, l’état de nature est un état de guerre
perpétuelle. L’État civil apparaît ainsi comme la condition de la paix, de la vie ensemble sans violence donc
de la sécurité pour l’homme. L’état est une construction artificielle des hommes : ils acceptent
volontairement de se soumettre au pouvoir. Mais c’est donc que ce pouvoir peut leur apporter un plus grand
bien en échange. L’État garantit la sécurité et la justice, comme compensation de la diminution de la liberté.

B. La fin de l’État : sécurité ou liberté ?

« Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur c’est la liberté qui
opprime et la loi qui affranchit ». Cette phrase d’Henri Lacordaire montre bien le paradoxe entre l’État et la
liberté, la contradiction entre la fin de l’État qui est la sécurité et la liberté. La liberté dans le sens de faire
tout ce que l’on veut ne protège pas, c’est pour cela que l’État réduit la liberté, pour mieux protéger. La fin
d’un État est de protéger ; or, pour faire ceci, il s’oppose complètement à la liberté de faire tout ce que nous
désirons.

C. Licence & liberté : une distinction conceptuelle entre vivre dans la peur & être libre paisiblement

Mais cette liberté de donner libre cours à tous nos désirs porte un nom particulier : c’est la licence du latin «
licentia » qui signifie permission, c’est la liberté excessive, sans limites et sans règle. C’est la liberté qui
permet au fort de commander sans jamais obéir et donc alors qu’elle prétend ne suivre aucune règle, aucune
obligation, paradoxalement suit une loi : celle du plus fort. L’État se fait l’ennemi de la licence pour le bien
de tous. En effet la licence finit par être s’autodétruire : c’est l’exemple du tyran qui n’est jamais heureux,
jamais en paix, toujours occupé à tuer plus de gens, à semer plus de terreur, car on ne peut rester le plus fort
bien longtemps.

Donc l’État s’oppose à la licence et à la liberté naturelle afin de protéger ses citoyens, mais a priori il n’est
pas l’ennemi de la liberté.

II. Paradoxe : pour arriver à sa fin, qui est de protéger les citoyens, le moyen de l’état est-il de faire
disparaître la liberté ?

A. La liberté : entièrement, un peu, beaucoup ?

Mais à partir du moment où on se soumet à l’autorité d’un État, où l’on accepte, ne serait-ce qu’un peu, de
réduire sa liberté est-on encore libre ? Peut-on vraiment être un peu libre ou très libre ? Cela pose la question
de savoir si la liberté comme notion tout entière peut être divisée, et pour les anarchistes la réponse est non :
« la liberté est indivisible » écrit Bakounine. Dans ce cas-là aucune liberté ne peut m’être retirée sans que
j’en souffre. C’est néanmoins, une vision peut-être un peu trop binaire de la liberté, et idéalisée : nous ne
regrettons pas que nos voisins ne soient pas libres de s’introduire chez nous. Toutes les libertés ne sont pas
désirables. Elle pose cependant une autre question : qu’elle est la limite entre un citoyen avec une liberté
réduite, mais protégée, et un citoyen sans liberté et totalement pris en charge par son État ?

B. La liberté fait partie intégrante des biens que défend un état ?

Dans le cas d’un État injuste qui ne vise pas le bien des citoyens très clairement l’État se fait l’ennemi de la
liberté sous toutes ses formes pour sa propre sécurité, mais dans le cas d’un État qui agit dans l’intérêt des
citoyens ? À vouloir absolument protéger ses citoyens, un État risque de finir dans l’absolutisme à l’instar du
Big Brother du roman 1984 de George Orwell. Les citoyens sont entretenus : l’État fait ce qui est le mieux
pour eux, par exemple il leur fait faire du sport chaque matin afin de maintenir leur forme. Cela reste une
contrainte aliénante, même si elle est dans leur intérêt. Ou prenons l’exemple de Habib Bourguiba, qui
paradoxalement est un « bon tyran » c’était un dictateur, mais il a modernisé son pays, amélioré l’éducation
et les droits des femmes, tout en interdisant tous les autres politiques, en créant un culte de la personnalité
autour de sa personne et en entretenant des milices armées. Dans ces deux cas, l’État se fait ennemi de la
liberté, ce qui n’est pas acceptable même si c’est pour le bien des citoyens. L’État, prend un rôle trop
paternaliste et opprime les citoyens, les infantilise complètement et les étouffe. La liberté s’accompagne de
responsabilités, et nous devrions être libres de nous occuper de nous-mêmes, même si cela signifie que nous
ne ferons jamais de sport ou ne lirons jamais : cela relève de notre propre responsabilité. Les campagnes qui
encouragent à faire du sport nous sensibilisent, mais ne nous contraignent pas.

Un État ne peut pas protéger ses citoyens sans leur laisser de liberté, c’est une des conditions de leur bien-
être.

Donc un État qui protège trop ses citoyens paradoxalement finit par les opprimer. La liberté est une
condition absolue au fonctionnement d’un État juste. L’État ne peut donc pas être l’ennemi de la liberté, il
doit s’appliquer à la sauvegarder.

III. Par la protection des sujets, l’État crée la liberté civile

A. La liberté est plus qu’un droit, c’est une création à part entière de l’état

Lorsque Lacordière dit « la liberté qui opprime » on peut imaginer qu’il parle de la licence qui comme nous
l’avons vu n’est pas souhaitable, mais ensuite il dit « la loi qui affranchit ». Le terme affranchir est
intéressant : on affranchissait un esclave cela voulait dire qu’on lui rendait sa liberté. L’État ne fait pas
qu’interdire la licence et garantir certaines libertés individuelles ; il en crée une autre, la liberté civile. Grâce
aux lois nous accédons à cette nouvelle forme de liberté, qui elle dépend totalement de l’État et ne peut
exister sans lui. « En un mot, la liberté suit toujours le sort des lois, elle règne ou périt avec elle, je ne sais
rien de plus certain » écrivait Rousseau dans Lettres écrites de la montagne. Il n’est plus question de
défendre la liberté, ou de la réduire, mais de la créer.

B. Ce type de liberté à un nom : l’autonomie

Ce n’est plus une liberté de l’indépendance, mais de l’autonomie : nous n’obéissons qu’à nous-mêmes grâce
aux lois, du grec autonomos, autos propres et nomos lois. Pour Kant, la véritable liberté consiste à agir selon
les lois morales universelles : être libre, c’est être autonome, c’est donc agir conformément aux lois morales
que notre raison a conçues. Par extension on peut imaginer qu’un peuple libre, le peuple autonome c’est
celui qui crée lui-même les lois auxquelles il se soumet, et non pas aux lois naturelles, aux lois du plus fort,
qui elles seraient une hétéronomie, une autre — du grec hétéros — loi — de nomos —.

C. Une institution qui représente son citoyen

À la fois, l’État est une institution, donc, sans préférence et pas corruptible, à la fois cette institution est créée
par des hommes qui eux sont faillibles. C’est pour cela, que le citoyen doit s’investir dans des institutions
pour qu’elles le représentent le plus fidèlement possible et ainsi éviter la corruption de l’État, participer à la
création de lois le plus juste possible et empêcher l’État de ne défendre qu’une partie de la société. L’homme
est à la fois le citoyen et le créateur d’un État. La liberté civile inclut des droits et amène des devoirs et des
responsabilités pour le maintien de ces droits. Il n’y a pas de meilleur défenseur de sa liberté que le citoyen
lui-même.

Conclusion

Donc l’État n’est, non pas l’ennemi de la liberté, mais le créateur de la liberté civile, la seule qui nous
permette de vivre ensemble. Pour cela, il doit s’opposer à la licence, et trouver un équilibre entre la sécurité
et la liberté des citoyens. Ces derniers, pour être libres, se doivent d’être le garde-fou de l’État. Nos
définitions ont évolué : la liberté n’est pas la capacité de laisser libre cours à tous nos désirs, mais notre
capacité à nous gouverner nous-mêmes de manière juste dans un état paisible, de plus elle s’accompagne de
responsabilités et n’est pas innée. Quant à l’État, c’est l’institution artificielle que les hommes créent et où ils
déposent leurs pouvoirs afin de pouvoir vivre librement. Cette institution leur permet d’effacer leurs défauts
naturels, à condition qu’ils s’investissent dedans afin qu’elle les représente réellement.
L'Etat est-il l'ennemi de l'individu ?

Dernière mise à jour : 16/03/2021


Proposé par: Joachin89 (eleve)

Description du corrigé: Cette dissertation est faite de la main d'un élève, de bonne qualité et a obtenu 12,5/20

« Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme.
Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression. » L'article deux de la
Déclaration universelle des droits de l'homme assigne ainsi à l'État comme association politique un rôle plus
fondamental que celui de la préservation de la vie et de la sécurité. Il s'agit alors de conserver (protéger et
fournir les conditions propices à leur développement) les droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Par
droits naturels, il faut entendre les droits qui nous sont essentiels, ceux qui nous appartiennent naturellement,
du seul fait que nous participons du genre humain sans distinction de culture, de pays ou de religion. Ces
droits sont imprescriptibles, ce qui signifie qu'ils sont absolus et non conditionnels : on ne saurait
légitimement les contester ou les refuser, les rendre hypothétiques ou propres à une catégorie seulement.
L'article de la déclaration les identifie ainsi : liberté, sûreté, propriété et résistance à l'oppression. Tous les
hommes sont libres et doivent pouvoir jouir du droit à penser par eux-mêmes, il faut que l'État les protège;
ils doivent pouvoir conserver leurs biens sans craindre la spoliation arbitraire et, enfin, ils ne peuvent être
empêchés de lutter contre tout ce qui menace ces trois exigences fondamentales. Les droits de l'homme
instituent alors une norme politique, un modèle idéal conforme à l'essence de l'homme. En outre, l'État
désigne la société en tant qu'elle possède des organes politiques administratifs et juridiques autonomes, et,
qu'elle est conçue comme une personne morale vis-à-vis des autres sociétés. L'Etat doit être distingué de la
patrie, qui désigne le pays des ancêtres et de la communauté nationale. Il doit être également distingué de la
nation, qui est une notion spirituelle: c'est l'unité spirituelle d'une communauté, fondée sur des mœurs et une
histoire communes. L'État est l'incarnation d'une volonté générale placée au-dessus de toutes les volontés
particulières,. il vise l'intérêt général. C'est pourquoi le conflit principal oppose l'individu à l'État. L'individu
a tendance à considérer que l'État est une administration à son service. L'État, de son côté, vise l'universalité
et exige des sacrifices pour l'individu. Ainsi, la citoyenneté, l'appartenance de l'individu à l'État serait une
limitation de sa liberté et aussi une limitation de toute sa personne, puisque l'Etat oblige l'individu à prendre
en compte l'existence des autres et de la collectivité tout entière. Par exemple, le fait de devoir obéir aux lois
ne se pense que par rapport à la bonne marche et à la paix de l'espace social. Dès lors l'individu, s'il veut
vraiment se réaliser, devrait échapper à cette logique citoyenne et politique, en préférant, par exemple, sa vie
privée à sa vie sociale, chacun oeuvrant alors pour son bonheur particulier, loin des préoccupations
politiques. Pourtant si l'État limite ma liberté individuelle, il la garantit et la fait coexister avec la liberté des
autres, ce qui est un signe de raison et de sagesse. De plus la citoyenneté me permet de prendre une part
active dans la vie de la cité et m'invite donc à davantage de responsabilité. De même la dimension privée de
mon existence ne peut être garantie que par l'existence d'un État fort et solide. De ces considérations émerge
la trame de réflexion suivante :
Dans quelle mesure y a-t-il antinomie entre l’État et la liberté de l’homme ?
L’étude portera dans un premier temps sur l’incompatibilité entre le cadre étatique et la liberté individuelle.
D’un autre côté, nous évoquerons un État en tant que garant des libertés individuelles et collectives pour
enfin expliquer les limites de l’absence d’une part et de la présence d’autre part de l’État.

En premier lieu, en instituant la citoyenneté, l'État semble accéder à l'universel. Hegel écrit en ce sens qu'il
est « la réalité de l'idée morale », la rationalité accomplie, réalisant la morale et le droit qui, au niveau
individuel, ne sont que des abstractions. Et le citoyen peut prétendre être l'homme véritablement humain,
élevé au sens du bien public, plus raisonnable que l'individu particulier. Mais ce discours n'est-il pas une
illusion? La réalité de l'État n'est-elle pas essentiellement répressive?
Telle fut la position d'un anti-étatisme radical représenté surtout, au XIXème siècle, par l'anarchisme dont le
projet est de détruire l'État en tant que tel (« ni Dieu, ni maître ») et par le marxisme, qui voit dans l'État non
le garant de l'intérêt général, mais des institutions et des appareils au service des intérêts particuliers de la
classe dominante. L'anarchisme et le marxisme semblent donc se rejoindre dans leur critique de l'État et la
société sans classe qu'ils souhaitent tous deux est aussi une société sans État. Il y a pourtant entre eux des
différences importantes. La première est que Marx rattache l'analyse de l'État à l'évolution de l'histoire.
Moyen pour assurer politiquement la domination de la classe économiquement possédante, l'État a une
fonction et une nécessité que ne lui reconnaît pas l'anarchisme. D'ailleurs, dans la révolution prolétarienne, le
marxisme voit moins la suppression de l'État comme tel que le remplacement de l'État bourgeois par un État
prolétarien qui est censé s'éteindre progressivement. La seconde différence est que si marxisme et
anarchisme sont tous deux des critiques radicales de l'État, cette critique n'obéit pas aux mêmes raisons.
L'anti-étatisme de l'anarchisme se fonde sur un individualisme foncier. C'est parce qu'il est par nature contre
l'individu que l'État est un mal en soi: il est un universel dévorant. Marx lui reproche au contraire d'être un
universel fictif qui prétend réaliser l'homme abstraitement dans le citoyen, au lieu de le réaliser
effectivement dans la société.
En outre, l’existence de l'État lorsque celui est répressif ou totalitaire revient à une limitation des libertés
individuelles. « Totalitarisme » désigne en premier lieu la théorie de « l'État total » développée par le
fascisme mussolinien d'abord, hitlérien ensuite, selon laquelle l'État est un absolu devant lequel les individus
ne sont que des « relatifs ». L'État devient alors l'objet d'un véritable culte. Pris en ce sens, « totalitarisme»
ne s'applique en toute rigueur qu'aux doctrines fascistes de l'État et à leurs réalisations politiques en Italie et
en Allemagne. Par extension, des philosophes et sociologues comme Hannah Arendt ou Raymond Aron ont
repris la catégorie de « totalitarisme » pour penser de façon critique les invariants de certains régimes
antidémocratiques contemporains : nazisme, mais aussi stalinisme, maoïsme de la Révolution culturelle...
Les constantes relevées de tout État totalitaire sont alors : la mystique du chef, l'exercice d'un monopole
idéologique étendu dans le domaine privé (encadrement de la jeunesse, contrôle des relations familiales,
professionnelles...), la militarisation de la vie politique, l'absence de séparation entre l'État et la société
civile, la mise en place d'un appareil de terreur visant à la domination totale des individus. Dans 1984,
George Orwell rassemble toutes ses caractéristiques pour dénoncer l’omnipotence de l'État : la liberté
d'expression en tant que telle n’existe plus. Toutes les pensées sont minutieusement surveillées, et
d’immenses affiches trônent dans les rues, indiquant à tous que « Big Brother vous regarde ». Ainsi, l’État et
la liberté de l’individu sont incompatibles lorsque celui-ci est répressif, totalitaire et n’a que pour seul
objectif de prendre le contrôle totale de la population qu’il gouverne.

En second lieu, l’absence d’État est sans doute bien plus dommageable encore, puisqu’elle rend impossible
l’existence et l’application de la loi, la protection de l’intérêt général et, plus simplement, la vie en
communauté. Dès lors, comment résoudre cette tension entre la nécessité de l’État et les dérives qu’il peut
produire ?
« Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont
dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun » disait Hobbes
dans Le Léviathan. Imaginons un instant la vie sociale sans l'existence de l' État. Qui aurait alors le pouvoir
d'organiser la cité si tant est qu'elle soit concevable sans lui ? Comment les lois pourraient-elles être
protégées ? Quelle instance aurait la légitimité de régler les différends entre les hommes ? Sans un « pouvoir
commun », tout porte à croire que la force se substituerait au droit et qu'il n'y aurait tout simplement plus de
société possible. Avec cette citation, Hobbes nous aide à prendre conscience de la nécessité de l'État. Tant
que l'État n'est pas fondé (c'est ici ce qu'il appelle « le pouvoir commun »), les hommes ne peuvent pas vivre
ensemble. Leur condition est alors la guerre, une guerre permanente, brutale et indépassable dans la nature,
qui rend leur existence misérable et courte. Le salut se trouve dans l'institution de la loi, laquelle passe par
une sortie de l'état de nature et l'abandon par l’homme de son pouvoir et de sa liberté de faire tout ce qu'il
veut (liberté infiniment restreinte puisque proportionnelle à la force dont on est capable et limitée par la
force de l’autre). Le résultat de ce passage est la création de l' État et la conquête de la sécurité, puisque
autrui ne représente plus un danger immédiat et n’a plus de pouvoir sur moi.
De surcroît, Rousseau disait « (…) chacun s'unissant à tous n'obéit pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre
qu'auparavant. Tel est le problème fondamental dont le contrat social donne la solution ». L'État doit être
l'émanation concrète de l'union des hommes qui deviennent à travers lui des citoyens, et pas seulement des
sujets. Néanmoins, l'association politique est vue comme un « problème », parce qu'elle ne va pas de soi
sous sa forme la plus égalitaire et que les hommes n'ont pas d'emblée les moyens d'instaurer le système le
plus juste qui soit. C'est aussi un problème parce que le siècle de Rousseau ne le résout pas : les inégalités
sociales sont flagrantes (« L'homme est né libre et partout il est dans les fers » écrit-il). Il faut donc réaliser
ce que l'histoire n'a jusqu'alors jamais permis de constituer : un État dans lequel l'union aux autres ne soit pas
la condition de notre aliénation, ou bien le règne de l'injustice dans lequel il n'y a que les puissants qui
trouvent leur place. Pour cela, il faut plus qu'un consensus, il faut un contrat. Le consensus n'est qu'une
apparence d'accord, il en est l'expression négative en tant que solution de compromis. On tente alors
d'harmoniser des intérêts divergents en les conjuguant par défaut. Le contrat social au contraire pose une
finalité objective ayant une valeur universelle et il ne peut reposer sur la simple addition des intérêts
particuliers qui par définition ne s'accordent pas entre eux autrement que momentanément ou faute de mieux.
Dans la perspective du contrat, c'est l'intérêt général qui est érigé en principe de l'association et ce n'est qu'à
cette condition que tout le monde « s'y retrouve », comme on pourrait le dire de manière triviale. Une
contradiction apparente est alors levée : en obéissant à l' État qui respecte le contrat, je n'obéis qu'à moi
puisque je suis un contractant. A ce titre, l' État m'oblige et ne me contraint pas, sauf quand je ne respecte
plus la loi que j’ai moi-même décidée en commun avec les autres : « On me forcera à être libre » - dit
Rousseau. Je suis obligé de respecter ses lois parce qu'elles me protègent autant que tout autre et parce
qu'elles n'ont ni préférences ni désirs. L'obligation repose aussi sur un rapport bilatéral : je dois quelque
chose à la loi, mais la loi me doit aussi quelque chose et nul ne saurait légitimement se placer au-dessus
d'elle. A contrario, ce qui relève d'une contrainte ne repose que sur la force, l'arbitraire et l'intérêt particulier.
On comprend alors que le contrat social permet de penser sans contradiction le fait qu'on puisse obéir tout en
étant libre et tout en obéissant finalement à nul autre que soi-même.

Néanmoins, le point de vue de Hobbes, par exemple, peut être mal compris car la distinction entre l'origine
et le fondement n'est pas assez marquée, tout en légitimant un pouvoir politique autoritaire et absolutiste. Si
l'on peut admettre que la quête de la sécurité et la conservation de la vie constitue une origine vraisemblable
à la création d'une institution comme l'État, dont les premières formes sont évidemment archaïques et
simples, il est dangereux d'en conclure que c'est là aussi son fondement, autrement dit, son principe. L'État
n'a pas pour seule mission de nous assurer la sécurité, il doit aussi nous permettre de faire de nous des êtres
libres. Qu'avons-nous à gagner si nous quittons les dangers de la nature pour les échanger avec ceux d'un
État susceptible de se transformer en pouvoir absolu ?
D’un autre côté, on peut reprocher aux personnes prônant l'anti-étatisme en général de ne pas faire de
différence entre les États. Certes, comme le dit Montesquieu, tout pouvoir tend à abuser du pouvoir.
Comment résoudre le problème que pose ce constat ? Deux solutions sont possibles. L'anti-étatisme est la
première d'entre elles : voir dans la disparition de l'État une condition nécessaire de l'émancipation des
hommes. La seconde solution résulte en revanche d'une critique de l'État... par lui-même : seule une forme
déterminée d'État pourra lever le risque despotique que tout État porte en lui. Il suffit pour cela que l'État
sache imposer des limites à son pouvoir. C'est le propre des démocraties modernes d'avoir essayé de définir
de telles limites. En déclarant les droits de l'homme, l'État révolutionnaire français de 1789, et avant lui déjà
le jeune État américain en 1776, ont accompli un geste dont la signification philosophique est importante:
pour la première fois, des États ont reconnu qu'il existait des droits naturels de l'homme antérieurs et
supérieurs à toute autorité politique et que le but principal de l'État est de les préserver. Marx objectait aux
droits de l'homme de n'être que des droits « abstraits » laissant jouer les inégalités sociales. Mais l'erreur de
l'anti-étatisme est sans doute de ne pas avoir bien perçu l'originalité des États démocratiques. Le fait qu'on y
trouve des polices et des prisons ne signifie pas qu'ils sont de même nature que les dictatures. Quelles que
soient les critiques qu'on peut faire à la citoyenneté, ne vaut-il pas mieux vivre dans un État où ses droits
sont reconnus ?

Pour conclure, l’État, et plus particulièrement l’État démocratique, est le défenseur de la liberté de
l’individu. Il n’y a donc pas en général antinomie entre le cadre étatique et l’épanouissement de l’individu
dans un environnement de liberté si l’on distingue État démocratique et État totalitaire. De surcroît, il n’est
même pas nécessaire de se placer sur le terrain de la philosophie politique pour se poser la question de savoir
si oui ou non l’Etat doit être maintenu pour permettre cet épanouissement. La transformation de la société
postmoderne fait déjà éclater les contradictions de fait de l’existence de l’Etat. Le retour du nationalisme sur
la scène des conflits internationaux nous montre à quel point les enjeux du pouvoir enveloppe aussi une crise
d’identité culturelle. La nation est un mythe, mais qui, comme tous les mythes, a un sens capable de
mobiliser les volontés individuelles. L’Etat moderne est en crise et son existence a cessé d’aller de soi, de
valoir pour un idéal. Il est étouffé sous son propre poids, il est confronté à des exigences contradictoires.
Quelque soit le régime sous lequel il est placé, de toute manière l’Etat aura sa rigidité. Quelque soit le
régime politique qui le gouverne, l’Etat est aujourd’hui confronté au défit de la globalisation de l’économie
et de l’information, confronté à une volonté locale de gestion, contre la hiérarchie qu’il impose d’en haut.
Ces contradictions cependant n’éliminent pas le sens de l’action politique dont l’envergure devient
aujourd’hui mondiale, à la mesure de la responsabilité que tout homme a devant l’humanité, à la mesure de
la responsabilité que tout homme a devant la vie.
Le bonheur est-il l'affaire de l'Etat ?

Dernière mise à jour : 16/03/2021


Proposé par: chtite_lolie (eleve)

Description du corrigé: Ceci est le plan détaillé d'un élève.

"Le bonheur est une idée neuve en Europe" déclarait Saint-Just, constatant la revendication croissante des
citoyens désirant que l'Etat développe les conditions nécessaires au bien-vivre. Naissait alors une idée
nouvelle : le bonheur est l'affaire de l'état. Lorsque nous nous rebellons contre les décisions étatiques, c'est
souvent car ces dernières vont à l'encontre de notre bien-être. Cependant, nous ne nous représentons pas le
bonheur de la même manière : pour certains, être heureux c'est être en bonne santé ; pour d'autre la richesse
est avant tout. Si nous nous accordons pour dire que le bonheur est bien la fin ultime de toutes nos actions,
nous divergeons quant à la conception de son contenu. En ce sens, n'est-ce pas plutôt une affaire privée ?

1- Le bonheur se réalise dans l'Etat

A- Le bonheur, fin ultime de toute activité

Bien que le malade place son bonheur ds la santé, beaucoup sont malheureux tout en étant en bonne santé :
les diverses conceptions particulières que nous construisons en fonction de notre situation personnelle ne
représentent pas le bonheur en tant que tel mais des satisfactions diverses qui varient selon l'âge de la vie et
d'une personne à une autre.
Le bonheur est ce que tout homme recherche, chaque activité est subordonnée à cette fin ultime. D'après
Aristote l'homme ne peut l'atteindre qu'à condition de réaliser son essence.

B-L'accomplissement de l'homme réside dans la vie politique

D'après Aristote l'homme est "par nature un animal politique", par essence c'est un être qui vit dans une
société politiquement organisée.
Si le bonheur consiste pour l'être humain à réaliser pleinement son humanité, l'Etat est bien ce grâce à quoi
l'homme peut trouver le bonheur. Le bonheur est l'affaire de l'Etat qui assure que chacun en participant à la
vie de la cité, réalise son humanité et accède au bonheur.

C-La soumission avantageuse

L'Etat est l'autorité souveraine qui s'exerce sur une population et un territoire déterminé. Si l'homme accepte
de se soumettre à ses lois, c'est qu'il doit bien y trouver un avantage. Or est avantageux ce qui ne nuit pas, le
bonheur serait donc l'affaire de l'Etat.
Mais n'est-il pas institué pour d'autres raisons que pour unique fin le bonheur ?

2-Le bonheur, une affaire privée

A-Bien privé et public

Vu que tout homme n'est pas heureux, on peut pense que l'Etat ne remplit pas son rôle. Il faut distinguer bien
public fin de l'Etat et bien privée, fin de l'individu en quoi il place son bonheur.
Bonheur peut être définit comme la "satisfaction de toutes nos inclinations tant en multiplicité qu'en intensité
". Or les désirs varient et peuvent se contredire.
La loi s'applique à tous alors que le bonheur est une affaire privée.

B-Etat garantit d'abord la sécurité

Si une loi existe c'est que nous n'agissons pas comme elle le prescrit. Elle oblige et restreint la liberté.
Hobbes, état de nature "guerre de tous contre tous" : si nous nous soumettons à l'Etat, c'est en vue de la
sécurité qu'il garantit.
Si Etat menait au bonheur, il n'aurait pas besoin d'obliger car bonheur étant ce que tous recherchent. Mais
contre quoi nous rebellons-nous lorque nous remettons en cause la légitimité d'une loi, si ce n'est contre le
fait qu'elle va à l'encontre de notre bonheur ?

3-Le bonheur ne doit pas être exclu des préoccupations de l'Etat

A-L'Etat ne doit pas imposer sa conception du bonheur

Etat qui prétendrait veiller au bonheur des citoyens serait totalitaire "état qui veut régenter tous les domaines
de la vie"
On ne peut rendre quelqu'un heureux en lui imposant notre propre vision du bonheur, l'Etat ne peut décider à
notre place du nombre d'enfants que l'on voudrait...

B-L'Etat doit garantir la liberté de chacun de rechercher le bonheur

A l'état de nature, libertés s'annulent les unes des autres, le droit seul peut fonder la liberté.
Ainsi, par les lois l'Etat nous garantit la liberté de chacun.
La premier étant de pouvoir rechercher le bonheur par nous-mêmes.
Contrat entre contrat social 'garantie liberté' et Etat qui chercherait bonheur à notre place 'infantilise et nie
liberté de placer le bonheur là ou nous le souhaitons'

C-La possibilité de bonheur concerne l'Etat

Il doit de veiller à la possibilité de rechercher le bonheur en respectant les conditions d'accès au bonheur.
Nous devons exiger un droit à des conditions de vie qui respectent notre liberté et notre poursuite du
bonheur.
"Prions l'autorité de rester ds ses limites; qu'elle se borne à être juste, nous nous chargerons d'être heureux"

Conclusion

L'homme ne trouve pas nécessairement ce qui serait susceptible de faire son bonheur dans l'Etat. Il a pour
rôle premier de garantir la liberté du citoyen en ne lui imposant pas sa propre conception du bonheur.
Il doit veiller au respect de la liberté et des conditions minimales de bien-être de chacun, celles-ci étant, pour
une part des conditions nécessaires au bonheur.

Le bonheur sans illusion est-il concevable ?

Dernière mise à jour : 16/03/2021


Proposé par: toxiii (eleve)

Description du corrigé: Commentaire du professeur «Quelques idées intéressantes».

L’ Homme a toujours aspiré à un rêve, un idéal : le bonheur. Derrière ce concept, une question se pose
alors : l’espèce humaine doit-elle s’illusionner pour pouvoir espérer accéder au bonheur? Dans un premier
temps, nous allons voir que le bonheur laisse supposer être une idéologie inaccessible et dans un second
temps que le bonheur s’avère être momentanément présent grâce à l’illusion.

Le bonheur = idéologie inaccessible

Tout d’abord, il s’avère nécessaire de comprendre la parfaite distinction entre bonheur et satisfaction. Le
bonheur serait une vie parfaitement comblée et la notion même du désir serait absente. Alors que la
satisfaction résulte de la volonté et du pouvoir de l’individu afin de parvenir à satisfaire ses désirs.
En effet, pour vouloir satisfaire nos désirs, il faut en éprouver le besoin ou bien l’envie. Cependant, dans le
cas du bonheur, la question ne se pose même pas puisque la situation nous plonge dans un monde où le désir
serait absent car l’espèce humaine serait comblée.

Mais on doit alors se détacher de l’idéal pour parvenir au réel. Effectivement, le bonheur est inaccessible. Et
cette recherche n’aboutit qu’à un échec inéluctable malgré un investissement du sujet. Nous allons voir
comment, en prenant un exemple très simple. Imaginons qu’un individu anda désire acquérir le dictionnaire
de la philosophie de A à Z pour Noël. Jubilation intense dès lors qu’il a en sa possession ce qu’il a attendu
impatiemment. Or après l’obtention de cet objet, un autre désir survient. L’être humain est ainsi constitué. Il
désire s’approprier quelque chose et finalement dès qu’il l’a, l’euphorie émanant du désir s’estompe et en
survient un autre. L’homme ne sera jamais comblé quoi qu’il fasse. Le bonheur n’existe pas. Le bonheur est
une recherche de l’impossible.
De ce fait, on semble être dans une aporie, un obstacle à la pensée, une impasse mentale puisque le bonheur
n’est pas concevable sans illusion. Et même la psychanalyse confirme cette théorie puisqu’il n’y a pas de
perspective à ce que nous soyons comblés.

D’autres démentiront cette hypothèse en affirmant qu’il a existé du moins dans le passé comme Pascal
l’exprime explicitement dans son livre Pensées où l’idée d’un bonheur antérieur est soulevé. Notamment
dans l’Ancien testament de la Bible, où le paradis est un Eden perdu, auquel l’homme n’accèdera plus
jamais. Si la réponse de la religion ne nous plaît pas, on peut convenir de celle de la vie utérine s’avérant
plus réelle. Enfin, d’autres penseront que le bonheur réside dans le futur, sous une forme de vie mais surtout
pas comme l’écrit Pascal, dans le présent qui ne nous comble jamais.

Il faut envisager la possibilité d’un bonheur momentanément présent grâce à l’illusion.


Le principe de l’illusion repose sur une volonté de masquer la vérité souvent associée à la réalité. Donc, le
fondement du bonheur est une illusion crée par l’homme afin de justifier cette quête de l’impossible étant
une motivation pour lui. D’après les Pensées de Pascal, même dans le suicide, l’Homme espère atteindre le
bonheur.
Il est convaincu que par des objets « dernier cri », il sera plus heureux. Alors il achète, s’endettant même (les
crédits à la consommation existent!). L’illusion a encore de beaux jours devant elle… Bref, une constatation
apparaît : la réalité entrave l’atteinte du bonheur. En effet, l’homme croît qu’avec la possession de certains
objets, d’un niveau de vie confortable, il sera alors heureux. Cependant, l’illusion conduit à la déception car
ce n’est pas le réel. Il faut se faire une raison : l’Homme doit se désillusionner et cela le déstabilise car pour
lui c’est une motivation. Comment faire pour vivre si le bonheur n’existe pas?

Synthèse

Le bonheur sans illusion est inconcevable, car la recherche elle-même de celui-ci résulte de l’impossibilité et
donc à un échec, car la raison principale est que l’homme ne sera jamais comblé. Effectivement, des
substituts matériels ou un sentiment tel que l’amour peuvent intervenir afin d’avoir une vie heureuse.
Cependant, l’homme fonde ses espoirs d’une vie comblée sur un idéal partiellement accessible, car s’il en a
la conception cela signifie qu’il en a l’idée. Mais il faut alors se résoudre à une évidence : l’homme n’est pas
fait pour le bonheur. Où qu’il soit, avec qui il soit, quel qu’il en soit, il ne sera jamais complètement comblé
à cause de ses désirs, de ses passions.

La conscience suffit-elle à définir l'homme ?

Dernière mise à jour : 16/03/2021


Proposé par: buichi (eleve)

Description du corrigé: C'est un corrigé entièrement rédigé où il manque juste l'introduction. Note obtenue :
18.

La conscience est une notion propre à l’homme. En effet, la conscience permet de se rendre compte de tout ,
de nous de ce qui nous entourent permettant ainsi de mieux comprendre et de mieux se comprendre , de se
définir, cette capacité est inhérente à l’espèce humaine ,c’est dans cette optique que Hegel a écrit « ce qui
élève l’homme par rapport à l’animal, c’est qu’il a conscience d’être un animal. Du fait qu’il sait qu’il est un
animal, il cesse de l’être ». Ici , on comprend bien le désir de l’auteur de restreindre la possibilité de
l’existence d’une conscience uniquement chez l’homme, puisque selon lui , la conscience est la différence
fondamentale entre l’homme et l’animal, on peut donc donner une définition privative de l’homme, c’est-à-
dire que tout ce qui n’a pas de conscience n’est pas homme. Il est donc normal de penser que définir
l’homme comme un « être doué d’une conscience » suffit à le caractériser. En outre, Descartes fut le premier
à démontrer que l’homme était pourvu d’une conscience grâce au raisonnement basé sur le doute et son
fameux « Cogito ergo sum », impliquant que l’homme pouvait faire des choix, disposait d’un libre arbitre
alors q’un animal ne ferait qu’obéir à son instinct, par exemple, l’instinct de survie atteste du fait qu’il fait
tout pour continuer à rester en vie, les réactions de l’animal sont donc primaires et dictées par l’instinct
sauvage alors qu’un homme peut toujours se servir de son libre arbitre , notamment lors qu’il se suicide il
n’obéit en aucun cas à l’instinct de survie. Cela atteste que l’homme est bien l’unique détenteur d’une
conscience permettant ainsi de le définir
De plus d’après certaines théories évolutionnistes, notamment celle de Darwin, on peut considérer que
l’homme est un être évolué, supérieur aux autres animaux. On constate une convergence de point de vue de
plusieurs philosophes à ce sujet : Nietzsche rejoint Platon en pensant que « la conscience est la dernière et la
plus aboutie des évolutions de la vie organique » alors que Platon dans un même temps a défini trois niveaux
de conscience appartenant à la vie organique :la conscience végétative(touchant tous les êtres vivants) la
conscience sensitive qui ne concerne que les animaux et la conscience rationnelle qui dans sa définition
rejoint la conscience de Nietzsche .Cela démontre bien que l’homme est doué d’une conscience unique par
rapport aux autres espèces vivantes, permettant ainsi de le définir pleinement. Ainsi, si l’on excepte
l’existence d’une conscience, qu’est-ce qui nous différencie des animaux ? Nous devons boire, manger,
dormir, d’après la philosophie épicurienne, nous devons uniquement nous plier à ces quatre règles pour
vivre, or cela n’est-il pas nous ramener au rang d’animal alors que la différence essentielle vu précédemment
résidait dans la conscience ? Nous en revenons au fait que l’Homme à besoin de sa conscience pour être un
Homme, que l’homme est un être de conscience. Cette définition est déjà assez complète, puisqu’on peut
définir plusieurs niveaux de conscience, permettant de comprendre les différentes perceptions du monde et
de lui-même que l’homme peut discerner.
La première forme de conscience qu’on peut décrire est la conscience spontanée, ou conscience perceptive.
C’est le plus bas degré de conscience. C’est grâce à elle que le sujet est capable de synthétiser les sensations
qu’il a de la réalité et instaure ainsi le rapport au monde du sujet. En effet, nos organes sensoriels nous
permettent uniquement d’avoir des perceptions successives de ce qui nous entoure, alors que la conscience
permet de créer des liens entre elles et donc de permettre au sujet de se situer par rapport au monde extérieur,
d’y trouver sa place. La conscience implique la mémoire et l’anticipation, comme le dit Bergson dans son
ouvrage L’Energie spirituelle : « qu’est ce que la conscience ? […]sans donner de la conscience une
définition qui serait moins claire qu’elle, je puis la caractériser par son trait le plus apparent : conscience
signifie d’abord mémoire[…]. Mais toute conscience est […] anticipation de l’avenir. » Il donne ici une
définition simplifiée de la conscience pour faire comprendre au lecteur que ses principales fonctions sont la
mémoire et l’anticipation. Il en résulte que la conscience permet une adaptation à la réalité, se situer dans le
temps. En effet, grâce à sa mémoire, le sujet peut se souvenir de situations particulières qu’il a vécu, et
l’anticipation lui permet de réagir plus rapidement à des situations déjà expérimentées. La conscience permet
donc une suradaptation du sujet, qui produit une habitude (différente de l’instinct, qui n’est qu’une
adaptation spontanée à ce qui l’entoure). La conscience spontanée sert donc à définir l’homme par rapport au
monde dans lequel il vit. Après la conscience perceptive, on trouve la conscience réfléchie, qui est un miroir
intérieur pour le sujet. En effet cette dernière lui permet de posséder une identité propre et unique. Grâce à
elle, il peut, comme sujet, avoir une idée de lui-même, et de la distinguer ce qui n’est pas lui. Une illustration
de cette prise de conscience de l’identité du sujet serait l’interaction qui existe entre langage et formation de
la pensée chez le petit enfant. En effet, le moment déterminant chez ce dernier est celui où il dira le mot « je
» pour parler de lui-même, ce qui signifiera qu’il aura pris conscience de lui-même en tant qu’entité à part
entière , pensante. Dans son ouvrage Anthropologie, Kant décrit cette étape décisive : « Une chose qui élève
infiniment l’homme au dessus de toutes les autres créatures, c’est d'être capable d’avoir la notion de lui-
même, du Je […]. Lorsque l’enfant commence à dire je, une lumière nouvelle semble en quelque sorte
l’éclairer : dès ce moment, il ne retombe plus dans sa première manière de s’exprimer. Auparavant il se
sentait, maintenant, il se pense ». L’auteur fait ici apparaître une opposition fondamentale entre « se sentir »
et « se penser ». « Se sentir » traduit la présence de perceptions diverses, multiples et juxtaposées, elles sont
non reliées entre elles, le sujet n’a donc pas encore d’unité, d’identité. Se penser renvoie à la notion d’une
identité acquise et permanente, preuve d’une unité : je suis un sujet identique à lui-même. La capacité de
l’enfant à dire « je » est le signe de la conscience de soi, conscience fondamentale pour le rapport à lui-
même (et aux autres) du sujet. Dans la conscience réfléchie, le « moi » est spectateur de sa propre intériorité,
il s’agit d’une observation de lui-même et d’une analyse de lui-même. Le dernier niveau de conscience est la
conscience morale, née avec la notion de morale. Le sujet intègre des valeurs morales, instaurées par la
société dans laquelle il vit. Nietzsche définit ainsi cette conscience morale dans La Volonté de puissance : «
la conscience morale est le sentiment grâce auquel nous rendons compte de la hiérarchie de nos instincts ».
Le mot « hiérarchie » illustre la valeur morale de cette conscience. En effet, cette forme de conscience
permet au sujet de se juger par rapport à des normes idéales qu’il a intériorisées dans son éducation. Cela va
donc permettre au sujet de qualifier ses actions de justes ou injustes, de bonnes ou mauvaises et ainsi de les
hiérarchiser. Par « instinct », Nietzsche entend ici les actions faites sans avoir pris le temps de réfléchir avec
sa conscience.
La conscience est donc ce qui va permettre au sujet de se conférer une identité, par rapport au monde et à
autrui, et par rapport à lui même. Cette conscience constitue donc l’intériorité essentielle du sujet, elle
représente « l’essence même de sa pensée, on ne peut concevoir d’homme sans pensée » (Pascal). Cette
dernière citation prouve que la conscience est l’élément essentiel pour définir l’homme. Cependant, est ce le
seul ?

L’homme n’est pas constitué seulement de sa conscience. Le fait qu’il existe physiquement lui confère un
corps, et le fait que lors de son sommeil il rêve, révèle l’existence de l’inconscient.
Tout d’abord nous ne pouvons nier l’existence d’un corps chez l’homme. Cette partie correspond à la réalité
physique humaine. Il existe un corps type chez l’homme, défini selon des critères scientifiques, établi par la
biologie moderne. En effet, selon cette science, un homme est un animal bipède possédant quarante-six
chromosomes,ni plus ni moins, une tête dont le volume endocrânien vaut environ 1550 cm cube,cette liste de
critères n’est pas exhaustive, or si un être vivant ne dispose pas de tous ces attributs, on peut dire clairement,
sans objections possible que ce n’est pas un homme. Prenons, l’exemple de l’Homo Néanderthalensis, qui
dispose de la plupart des critères de définition biologiques de l’Homme, les seules différences sont le fait
qu’il dispose de deux chromosomes de trop et qu’il a un crâne plus volumineux que les Hommes (en
moyenne 1800 cm cube), c’est l’espèce la plus proche de l’Homme, ayant inventé les premières sépultures,
ceci étant la preuve que cette espèce était consciente de la mort, de la possibilité d’une existence après la
mort, ce qui constitue l’existence d’une conscience mais cela n’en fait pas pour autant des Hommes. De plus,
dans sa théorie du dualisme, Descartes énonce que le « je » est constitué d’une âme et d’un corps, la pensée
étant plus facile à connaître que le corps. Il écrit dans sa « Lettre au P Mesland, 9 février 1645 »(Œuvres,
lettres) : « mais quand nous parlons du corps d’un homme, nous n’entendons pas une partie déterminée de
matière[…], mais seulement nous entendons toute la matière qui est ensemble unie avec l’âme de cet homme
». Cet extrait illustre très bien sa théorie du dualisme. L’homme existe donc sous deux formes : l’âme, c'est-
à-dire la conscience, et son corps. Maintenant que nous avons montré le corps fait partie intégrante de
l’homme, nous pouvons nous interroger sur ce qu’est ce corps, cette « matière unie avec l’âme ». Pour
Leibniz, « chaque corps organique d’un vivant est une espèce de machine divine, ou d’un automate naturel,
qui surpasse infiniment tous les automates artificiels ». Le corps n’est donc qu’une machine, qui n’est pas
propre à l’homme mais à tous les être vivants. La notion de machine était aussi partagée par Descartes, qui
pensait que cette dernière était gouvernée par la pensée. Le corps est l’élément physique qui constitue
l’homme, il est donc essentiel pour définir l’homme.
En outre, on constate que la conscience fait partie de l’homme,mais ceux qui n’ont pas de conscience sont-ils
pour autant considérés comme inhumains ? La société actuelle pense que non, en effet, la conscience dans
notre société permet de juger si quelqu’un est responsable ou non de ses actes. Ainsi le système judiciaire, si
un meurtre est commis par une personne souffrant de troubles mentaux, va déterminer si la personne était
consciente au moment des faits, si ce n’est pas le cas, la personne recevra des soins spéciaux pour l’aider à
lui faire comprendre que les actes commis sont graves, alors que dans le cas d’un chien qui tue une personne,
le système va ordonner son euthanasie sur le champs, on sait que les deux n’ont pas de conscience et
pourtant on traire l’un comme un être humain , et l’autre comme un animal, ce qui démontre bien que la
conscience ne permet pas de donner une définition exhaustive de l’homme. De plus, c’est cette même société
qui remet en doute l’affirmation « l »homme c’est la conscience » puisque ce qui relève de la conscience
morale est inculqué à ce dernier, ce qui signifie qu’avant que l’homme n’acquiert cette conscience, il n’avait
aucune notion du bien et du mal, si ce n’était pas un homme pourquoi alors lui aurait-on inculqué ces
principes ? Pourquoi n’aurait-on pas éduqué un chien comme un homme, ou un homme comme un chien,
puisque si l’homme n’est qu’un être de conscience, et que si un être vivant n’ a pas de conscience, alors il
n’est pas homme. Cette différence de traitement nous montre encore une fois que l’homme n’est pas
seulement une conscience. On peut donc dire qu’un autre élément joue un rôle important dans la définition
de l’homme.
Cet autre élément important dans la définition de l’homme est l’inconscient. Il est difficile de douter de son
existence, comme le dit Freud dans Métapsychologie, « L'hypothèse de l'inconscient est nécessaire et
légitime, et .... nous possédons de multiples preuves de l'existence de l'inconscient ». Ces « preuves » sont
les actes manqués et les rêves,que nous ne contrôlons pas et qui illustrent que notre esprit est capable d’agir
sans l’intervention de la conscience. Cependant, comme le précise Freud, l’existence de l’inconscient reste
une hypothèse puisque comme il est indépendant de notre conscience, on ne peut pas le sentir ou se le
représenter, et ainsi avoir une preuve concrète de son existence. L’inconscient semble donc être présent dans
l’homme, mais qu’est ce que réellement l’inconscient ? Freud le décrit ainsi dans son ouvrage
L’interprétation des rêves : "L'inconscient est le psychique lui-même et son essentielle réalité. Sa nature
intime nous est aussi inconnue que la réalité du monde extérieur, et la conscience nous renseigne sur lui
d'une manière aussi incomplète que nos organes des sens sur le monde extérieur." L’analogie aux organes
des sens et leur perception du monde extérieur montre que nous ne pouvons avoir qu’une vision incomplète
de ce qu’est notre inconscient. L’inconscient est en fait constitué de faits refoulés par notre conscience, il
représente ainsi le psychisme de l’individu, c'est-à-dire ses pensées dont il n’est pas conscient. « Son
essentielle réalité montre qu’on ne peut nier l’existence de ce psychisme, car l’inconscient et ses
manifestations nous démontre qu’il fait partie de l’homme. L'inconscient comprend toutes ces pensées
refoulées, mais aussi le principe de plaisir, les pulsions, mais tout cela sans hiérarchies ou négations.
L’inconscient est essentiel dans la définition de l’homme dans la mesure où il est constitué de toutes ses
pensées refoulées. Omettre de parler de cet inconscient dans cette définition serait donner une définition
incomplète de l’homme, car sans son inconscient, l’homme n’aurait ni rêves, expression de cet inconscient
dans le sommeil, où la censure (frontière entre conscient et inconscient) n’existe pas, ni actes manqués,
marques de la présence d’un inconscient à un moment où la censure n’agit pas.
La conscience ne suffit donc pas totalement à définir l’homme dans sa totalité. Il ne faut pas oublier son
corps, dimension physique de son existence, et son inconscient.

Nous avons vu précédemment que la conscience pouvait être une définition de l’homme, mais que c’était
une définition incomplète, puisque les deux exemples de l’inconscient et du corps attestent de ce que la
définition de l’homme est plus complexe que cela. En effet, peut-on donner une définition précise de
l’homme, peut-on donner une définition précise de soi même ? L’homme est un être extrêmement complexe,
il est donc impossible de le définir précisément. Socrate a dit « connais-toi toi-même », cette phrase est une
injonction pour ses disciples, qui devaient tacher de se connaître, de se définir en tant qu’hommes.
Cependant cette quête de la connaissance de soi n’est elle pas infinie ? Si l’on demande à quelqu’un de se
définir, sa réponse sera sûrement claire, il pourra définir son caractère, son passé, ses choix, mais est-ce
vraiment cela « se connaître » ? Tout ce qu’il citera ne sera qu’une énumération d’éléments distincts qui
composent sa personnalité, ou son apparence, mais ce ne sera pas une définition précise et globale.
Beaucoup de personnes entreprennent une recherche de soi, ils essaient de découvrir qui ils sont, mais tous
mourront sans avoir été capable de se définir exactement, car en plus d’être difficile à cerner, l’homme
évolue sans arrêt. En effet peut on dire d’un vieillard qu’il est la même personne qu’il a été dans son enfance
? Cette évolution est, de plus, souvent inconsciente ce qui rend impossible à un homme de se définir.
Un moyen de recherche de soi est l’introspection. En effet, il s’agit de « regarder à l’intérieur de soi ». En
psychologie, l’introspection est l’observation de la conscience par elle-même dans le but d’étudier les états
psychiques. On voit ici apparaître la notion de conscience. L’introspection permet à l’homme de revenir sur
lui-même, d’étudier sa nature profonde. Ou comme le dit la définition psychologique, c’est la conscience de
l’homme qui fait ce travail, sa pensée essaie de comprendre et de découvrir ce qui compose la personne dans
son intégralité. Cette introspection est nécessaire pour essayer de se définir soi même, elle est cependant
délicate, car est-il possible de se contempler en temps qu’objet en étant un être pensant en même temps ?
Un autre facteur rend la connaissance de soi impossible. Il s’agit de la subjectivité, dont le sujet est
prisonnier. Le Moi en tant qu’objet et le Moi en tant que sujet sont différents. Le moi que je perçois n’est pas
identique au Moi qui perçois, l’homme est donc condamné à avoir un point de vue sur lui-même, à se juger
tout en s’explorant. Dans son ouvrage Nouveaux essais sur l’entendement humain, Leibniz met en évidence
la présence de deux identités dans un même sujet : « l’identité réelle », c'est-à-dire celle qui agit selon la
conscience de l’individu, qui est en général perçue par la société, et « l’identité apparente », c'est-à-dire la
manière dont je me perçois quand j’essaie de découvrir qui je suis. Ces deux identités sont distinctes parce
que l’homme ne peut être objectif dans la connaissance de soi par soi, il est un observateur partial, intéressé,
à la fois juge et partie. Aristote avait perçu cette difficulté à se connaître soi même et dans son ouvrage La
grande Morale, il explique : « quand nous voulons apprendre à nous connaître, c'est en tournant nos regards
vers notre ami que nous pourrions nous découvrir, puisqu'un ami est un autre soi-même ». Ainsi pour lui, la
seule manière d’accomplir la recherche de soi est l’amitié. Comme un miroir, l’ami reflète ce que nous
sommes. Cependant, peut on vraiment connaître un ami et par conséquent, d’après Aristote, se connaître soi-
même ?
De plus tenter de définir l’homme dans sa totalité revient à poser des cadres précis, avec des grandeurs
physiques , or si quelqu’un souhaite se sentir homme en dehors de ces cadres, il ne sera plus considéré
comme homme, or la liberté n’est-elle pas ce que caractérise l’homme ? D’après Rousseau la qualité
d’homme réside dans la liberté, ce qui signifie qu’en posant des cadres à la définition de l’homme on ôte une
certaine liberté à l’objet de la définition, l’homme ce qui par conséquent, lui ôte sa qualité d’homme.
Le dernier facteur rendant impossible le fait de donner une définition exhaustive de l’homme, est le fait que
cela revient à répondre à toutes les questions de la philosophie. En effet, d’après Sartre , il y a un problème
philosophique « qu’est-ce que l’homme ? c’est tout » cela revient à dire que la définition de l’homme est le
problème majeur de la philosophie, or on sait qu’en philosophie , chaque réponse apporte de nouvelles
questions , ce qui revient donc à dire que définir l’homme dans sa totalité est impossible, utopique, car
chaque nouvelle avancée entraîne la création d’un nouveau problème. On en déduit que la connaissance de
soi et donc de l’homme pose problème

La conscience, ou plutôt les différents niveaux de cette conscience, est donc indéniablement l’élément
nécessaire pour définir l’homme, puisqu’il ne peut exister sans pensée. Pourtant, elle ne suffit pas réellement
à le définir, car nous avons montré l’existence de l’inconscient, qui échappe à notre pensée, et du corps, qui
est la dimension physique de l’homme. Cependant la conscience est indépendante de la connaissance, et il
existe de nombreux obstacles à la connaissance de soi.

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