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REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix - Travail - Patrie Peace - Work - Fatherland


******** ********
MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT MINISTRY OF HIGHER
SUPÉRIEUR EDUCATION
******** ********
UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ II THE UNIVERSITY OF YAOUNDÉ
******** II
FACULTÉ DES SCIENCES ********
JURIDIQUES ET POLITIQUES FACULTY OF LAWS AND
******** POLITICAL SCIENCES
********

LE CONTRÔLE DE L’EXÉCUTION DU BUDGET


DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
DÉCENTRALISÉES AU CAMEROUN

Mémoire présenté et soutenu en vue de l’obtention du diplôme de Master en Théorie et


Pluralisme Juridiques

Par :
NOAH AWONO Fabien Félicien Prosper
Titulaire d’une Licence en Droit Public

Sous la direction de :
Dr. ABENG MESSI François
Chargé de Cours

Sous la Supervision de :
Pr. PEKASSA NDAM Gérard Martin
Professeur Titulaire

ANNÉ ACADÉMIQUE : 2023-2024


Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

AVERTISSEMENT

« L’Université de Yaoundé II n’entend donner ni approbation, ni improbation aux opinions


émises dans ce mémoire. Elles doivent être considérées comme propres à leur auteur ».

i
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

DÉDICACE

Mes parents.

ii
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

REMERCIEMENTS

Nos infinis remerciements s’adressent à notre Superviseur, Monsieur le Professeur


PEKASSA NDAM Gérard Martin pour avoir supervisé ce travail. Votre expertise, votre
disponibilité et votre bienveillance ont été des piliers fondamentaux dans la conduite de ce
travail.

Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à notre Directeur, Dr. ABENG
MESSI François auprès de qui nous nous imprégnons des valeurs fondamentales de la
recherche notamment : l’humilité, le travail, la rigueur et la patience. Sans réserve, il a accepté
de diriger ce mémoire. Son inconditionnelle disponibilité et ses conseils à la valeur
inestimable ont été déterminants pour la réalisation de ce travail. Que ces mots traduisent
autant que faire se peut notre profonde et déférente gratitude à son égard.

Qu’il nous soit également permis d’exprimer notre révérencieuse gratitude au corps
enseignant de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université de Yaoundé II,
dont la contribution à notre formation demeure éminente. Une pensée va à l’endroit au chef de
département de Théorie et Pluralisme Juridiques, Monsieur le Professeur KENFACK Pierre –
Étienne. Celle-ci s’étend aux Professeurs : ONDOUA Alain Franklin, NKOT Fabien, SIMO
KOUAM Francis Ampère, TAMASANG Christopher, TCHEUWA Jean – Claude, NGUELE
ABADA Marcellin, BIAKAN Jacques, ABANE ENGOLO Edgard Patrick, GUESSELE
ISSEME Lionel Pierre et AKONO ONGBA SEDENA.
Nos remerciements vont en outre à l’endroit de M. AKONO ESSAME Joseph pour ses
conseils et orientations pour la réalisation de ce travail.

In fine, le soutien sans faille et les encouragements de mes proches, ont contribué à ce
que cette année de recherche soit moins pénible :
Amour et reconnaissance à mes parents, M. AWONO BIKIE Désiré et Mme
AMBOMO NOA Stéphanie, c’est au prix d’un énorme sacrifice champêtre que vous aviez dû
défricher mon chemin de classe. Je vous serai éternellement reconnaissant chers parents.
Amour et reconnaissance à mes frères et sœurs qui, n’ont cessé, de me soutenir depuis le
début de ce travail. Je vous serai infiniment reconnaissant.

iii
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

SIGLES, ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS

Al : Alinéa
Art : Article
ASJ : African Scientific Journal
CCAP : Contrôle citoyen de l’action publique
CDBF : Conseil de Discipline Budgétaire et Financière
CEMAC : Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale
CF : Contrôleur financier
CGCTD : Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées
Coll : Collection
CM : Conseil Municipal
CONAC : Commission Nationale Anti – Corruption
CONSUPE : Contrôle Supérieur de l’État
CPI : Cour Pénal Internationale
CS : Cour Suprême
CTD : Collectivités Territoriales Décentralisées
CTGPF : Code de transparence et de bonne gouvernance dans la gestion des finances
publiques
DESS : Diplôme d’Études Supérieures Spécialisées
DGB : Direction générale du budget
DOB : Débats d’orientation budgétaire
Éd : Édition
ENAM : École Nationale de l’Administration et de Magistrature
FFI : Finance et Finance Internationale
GBO : Gestion budgétaire par objectifs
GFP : Gestion et Finances Publiques
IMJST: International Multilingual Journal of Science and Technology
INTOSAI : International Organization of Supreme Audit Institutions
ISC : Institution Supérieure de Contrôle
ISSAI : International Standards of Supreme Audit Institutions
LGDJ : Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence

iv
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

LOLF : Loi organique relative aux lois de finances


MINFI : Ministère des finances
OHADA : Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires
ONG : Organisation non gouvernementale
Op.cit : Opus citatum
PUCAC : Presses de l’Université Catholique d’Afrique Centrale
PUF : Presses Universitaires de France
PUR : Presses Universitaires de Renne
PUQ : Presses de l’Université du Québec
RAFL : Revue Africaine des Finances Locales
RAFP : Revue Africaine des Finances Publiques
RASJ : Revue Africaine des Sciences Juridiques
RC/SJP : Revue CAMES/ Sciences Juridiques et Politiques
RDP : Revue du Droit Public
REA : Revue des Études Anciennes
RFDA : Revue Française de Droit Administratif
RFDC : Revue Française de Droit Constitutionnel
RFEAP : Régime financier de l’État et des autres entités publiques
RFFP : Revue Française de Finances Publiques
RGD : Revue Générale de Droit
RIDC : Revue Internationale de Droit Comparé
RISA : Revue Internationale des Sciences Administratives
TCS : Tribunal Criminel Spécial
TGI : Tribunal de Grande Instance
TPI : Tribunal de Première Instance
TRC : Tribunal Régional des Comptes
UE : Union Européenne
UEAC : Union Économique d’Afrique Centrale
UEMOA : Union Économique et Monétaire Ouest – africaine
UMOA : Union Monétaire Ouest – africaine
Vol : Volume

v
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

RÉSUMÉ

Le cadre législatif des CTD au Cameroun a été renforcé par la loi no 2019/024 du 24
décembre 2019 portant Code général des collectivités territoriales décentralisées. Cette loi
précise les principes de la décentralisation, les compétences transférées aux CTD, ainsi que
les mécanismes de l’exécution et du contrôle budgétaire. En complément, la loi no 2009/011
du 10 juillet 2009 portant régime financier des collectivités territoriales décentralisées établit
des règles spécifiques concernant l’élaboration, l’exécution et le contrôle de l’exécution du
budget des CTD, ainsi que les obligations en matière de transparence et de responsabilité
financière. En effet, la question du financement de la décentralisation figure en bonne place
dans la loi portant Code général des collectivités territoriales décentralisées.
C’est encore conformément à l’esprit du principe de l’autonomie financière que se
réalise l’exécution des opérations financières des CTD malgré les contrôles susceptibles de
s’appliquer. Dès lors, nous avons privilégié la question de l’effectuation du contrôle de
l’exécution du budget des CTD en mettant prioritairement en lumière la méthode juridique et
accessoirement la méthode sociologique.
Au bénéfice des considérations qui précèdent, il ressort que le contrôle de l’exécution
du budget des CTD est axé sur la régularité et la performance. En effet, la possibilité de
sanctions en cas d’irrégularités ou de mauvaise gestion joue un rôle dissuasif important. Elle
incite les gestionnaires publics à respecter les règles et à adopter des comportements
responsables, sachant qu’ils peuvent être tenus responsables de leurs actes.

Mots – clés : CTD – budget – contrôle de l’exécution – régularité – performance et sanctions.

vi
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

ABSTRACT

The legislative framework for decentralized territorial authorities in Cameroon has


been strengthened by Law No 2019/024 of December 24, 2019, which establishes the General
Code of Decentralized Territorial Authorities. This law outlines the principles of
decentralization, the competencies transferred to CTDs, and the mechanisms for budget
execution and control. Complementing this, Law No 2009/011 of July 10, 2009, establishes
specific rules regarding the preparation, execution and control of CTD budgets, as well as
obligations concerning transparency and financial accountability. Indeed, the issue of
financing decentralization is prominently addressed in the General Code of Decentralized
Territorial Authorities. The enshrinement of the principle of free administration of territorial
authorities, underpinned by the affirmation of their administrative an financial autonomy,
embodies the legal personality of CTDs in accordance with Article 11.
It is also in line with the spirit of financial autonomy that the execution of CTD
financial operations occurs despite applicable controls. Therefore, we have prioritized the
issue of controlling the execution of CTD budgets, emphasizing the legal method primarily
and the sociological method secondarily.
In light of the above considerations, it appears that the oversight of budget execution
of decentralized local authorities is focused on regularity and performance. Indeed, the
possibility of sanctions in cases of irregularities or mismanagement plays a significant
deterrent role. It encourages publics managers to adhere to the rules and adopt responsible
behaviors, knowing that they can be held accountable for their actions.

Keywords: Decentralized Territorial Authorities (CTD) – budget – control of execution –


regularity – performance and sanctions.

vii
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

SOMMAIRE

INTRODUCTION GÉNÉRALE ............................................................................................ 1

PREMIÈRE PARTIE : UN CONTRÔLE FORMELLEMENT STRUCTURÉ .............. 30

CHAPITRE I : UN CADRE INSTITUTIONNEL NON JURIDICTIONNEL


OPÉRATIONNEL .................................................................................................................. 32

SECTION I : UN CONTROLE PRIORITAIREMENT CONFIE AUX ORGANES


EXTERNES AUX CTD ....................................................................................................... 32

SECTION II : UN CONTROLE ACCESSOIREMENT CONFIE AUX ORGANES


EXTERNES AUX CTD ....................................................................................................... 41

CHAPITRE II : UN CADRE INSTITUTIONNEL JURIDICTIONNEL INACHEVÉ .. 50

SECTION I : L’EFFECTIVITE DES JURIDICTIONS DE DROIT COMMUN ................. 50

SECTION II : L’EFFECTIVITE PARTIELLE DES JURIDICTIONS FINANCIERES ...... 58

SECONDE PARTIE : UN CONTRÔLE MATÉRIELLEMENT AMÉNAGÉ ................ 72

CHAPITRE I : UN CONTRÔLE DE LA RÉGULARITÉ ................................................ 74

SECTION I : LES DIMENSIONS DE LA REGULARITE ................................................. 74

SECTION II : L’ENGAGEMENT DE LA RESPONSABILITE DES AGENTS PUBLICS


DU FAIT DES IRREGULARITES ...................................................................................... 84

CONCLUSION DU CHAPITRE I ....................................................................................... 94

CHAPITRE II : UN CONTRÔLE DE PERFORMANCE................................................. 95

SECTION I : LA MESURE DE LA PERFORMANCE BUDGETAIRE ............................. 96

SECTION II : LA PRISE DE MESURES CONTRE LES DECIDEURS LOCAUX DU FAIT


DE LA CONTRE – PERFORMANCE BUDGETAIRE .................................................... 104

CONCLUSION GÉNÉRALE ............................................................................................. 112

viii
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

INTRODUCTION GÉNÉRALE

1
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Constitutionnalisée et renforcée par diverses lois telles que la loi no 2004/017 du 22


juillet 2004 portant Orientation de la décentralisation et la loi no 2019/024 du 24 décembre
2019 portant Code général des collectivités territoriales décentralisées, la décentralisation vise
à rapprocher l’administration des citoyens, à promouvoir le développement local et à
renforcer la démocratie participative.
Dans ce cadre, les CTD, comprenant les communes et les régions, jouent un rôle
essentiel dans la planification et l’exécution des politiques publiques locales. Elles disposent
de compétences étendues en matière de développement économique, social et culturel, ainsi
que d’une autonomie financière conséquente pour la gestion de leurs budgets.
Toutefois, cette autonomie doit être assortie de mécanismes de contrôle rigoureux pour
garantir la transparence, la responsabilité et l’efficience dans l’utilisation des ressources
publiques. Le contrôle de l’exécution du budget des CTD s’inscrit dans la logique de la
nouvelle gouvernance financière. Dans la construction doctrinale, « la nouvelle gouvernance
financière » est un modèle de gestion et de décision financière publique inspiré des modes de
gouvernance du secteur marchand et caractérisé par « la responsabilisation des acteurs, leur
efficacité d’action et la transparence de leurs pratiques »1. Dans le cas spécifique du
Cameroun, la nouvelle gouvernance financière renvoie à la nouvelle philosophie de gestion
publique, introduite par le régime financier de l’État de 2007 et confirmée par celui de 2018
caractérisée par le passage d’une logique de moyens centrée sur la recherche de la régularité
budgétaire à une logique de performance intégrant les préoccupations d’efficacité de l’action
publique, de transparence et de bonne gouvernance des finances publiques. C’est d’ailleurs la
raison pour laquelle le Professeur Charles – Étienne LAKENE DONFACK la qualifie de
« nouvelle orthodoxie financière »2.
Depuis le début des années 2000, la fièvre de la recherche de la performance
financière qui a traversé de nombreux pays d’Afrique francophone, n’a pas laissé le
Cameroun indifférent3. En effet, la décentralisation aujourd’hui mobilise beaucoup de derniers
publics malgré la crise à laquelle sont encore confrontées les finances locales camerounaises 4.
Parallèlement, leur gestion est encore confrontée à de nombreuses difficultés qui tendent à

1
BOUVIER (Michel), « Préface », in MILEBE VAZ Christian, La nouvelle gouvernance financière publique
dans les organisations du système des Nations Unies, Paris, LGDJ, 2021, p. 9.
2
LAKENE DONFACK (Charles – Étienne), « Constitution, Chambre des comptes, comptes publics en droit
public financier camerounais », RAFP, no 12, 2nd semestre 2022, p. 30.
3
MÉDÉ (Nicaise), « L’Afrique francophone saisie par la fièvre de la performance financière », RFFP, no 135,
2016, p. 350.
4
AKONO OLINGA (André), L’apport de la performance au contrôle des finances locales au Cameroun, Thèse
de doctorat en Droit Public, Université de Yaoundé II, 2020, p. 4.

2
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

entraver la réalisation des objectifs qui leur ont été assignés. On dénombre ainsi : des
irrégularités5 au regard des normes de la comptabilité publique6 et des indélicatesses
comptables, d’importantes malversations financières justifiées par la multiplication des actes
de corruption7 qui tendent à y obtenir un droit de cité qui, en fin de compte, participent à une
perte significative des fonds devant servir au financement des politiques publiques locales. Il
apparaît donc plus qu’impératif, que la collectivité satisfasse au mieux les besoins de la
population vivant sur son territoire. Cet objectif passe non seulement par l’amélioration de la
gestion financière de la collectivité, mais davantage par la pratique d’un contrôle dynamique 8
et efficace.
Le contrôle de l’exécution du budget des collectivités territoriales décentralisées au
Cameroun soulève plusieurs interrogations. Malgré les avancées législatives et
institutionnelles, les défis majeurs subsistent en termes de gestion financière locale. Les
dysfonctionnements budgétaires, la corruption, l’inefficacité administrative et le manque de
transparence sont autant de maux qui entravent la bonne gouvernance locale. De plus, les
mécanismes de contrôle existants, qu’ils soient internes ou externes, peinent souvent à remplir
pleinement leur rôle, en raison de contraintes institutionnelles, logistiques et humaines.

L’amélioration de la gouvernance des finances publiques en général, et de celles


locales particulier y reste primordiale. Elle a pour corollaires, la protection des finances
publiques à travers l’impulsion d’une dynamique d’adoption des mesures économique,
juridique et politique sur les principes fondamentaux de la transparence et de la bonne
gouvernance dans la gestion des finances publiques. À l’analyse, l’adoption de ces mesures au
Cameroun constitue primo, une manifestation des réformes auxquelles notre administration
publique est soumise ; secundo, une résultante de la nécessité et surtout de l’obligation

5
Nous pouvons citer :
- Les fautes de gestion ;
- Les détournements de derniers publics ;
- Le non versement des fonds au trésor public ;
- L’absence des états d’émargement. Cette incohérence managériale a par exemple été relevée dans le cas
de l’arrêt no 72/AD/CSC/CDC/S2 du 29 septembre 2011 (commune urbaine de Garoua pour l’exercice
2004) ;
- La comptabilité de fait relevée également dans l’arrêt no 118/P/S2 du 6 septembre 2012 (communauté
urbaine de Yaoundé pour l’exercice 2007) ;
- Le retard dans la production des comptes dans l’arrêt n o 187/D/S2 du 22 novembre 2012, compte de
gestion de la commune urbaine de Douala pour l’exercice 2009.
6
MAGNET (Jacques), Éléments de comptabilité, Paris, LGDJ (3e éd.), Coll. Système-Finances Publiques, 1996,
p. 11.
7
CHARTIER (Jean – Louis), « Les collectivités locales et la corruption », RFFP, no 69, 2000, pp. 87 – 94.
8
LEJOUR (Baptiste), Du contrôle budgétaire et financier au contrôle de gestion dans les collectivités locales,
Mémoire de D.E.S.S, Institut d’Études politiques de Lyon, 2003, p. 4.

3
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

d’arrimer fondamentalement les finances publiques camerounaises aux exigences de la


nouvelle gouvernance financière publique. Cette dernière est une approche managériale qui a
foncièrement pour objectif la mise en place d’un système de gestion par performance.

À l’observation, les finances publiques locales camerounaises sont imbibées de cette


nouvelle philosophie qui innerve la gestion publique. Elles « sont le « nerf de la guerre » en
ce qu’elles conditionnent la capacité des collectivités locales à mettre en œuvre les politiques
publiques locales »9 et d’atteindre leurs objectifs10. C’est dire en effet, que les finances
publiques sont à la base de toute action administrative, et aucune activité administrative ne
s’exerce sans les finances publiques11.

Sur ces entrefaites, la présente étude se penche sur la question, et se propose de mener
une recherche sur « Le contrôle de l’exécution du budget des collectivités territoriales
décentralisées au Cameroun ». Ainsi, pour mieux l’appréhender, il est plus que nécessaire de
procéder à la construction scientifique de notre étude en mettant un point d’honneur sur les
cadres théorique (I) et matériel (II), ainsi que les axes de ladite étude (III).

I- CADRE THÉORIQUE

L’étude sur le contrôle de l’exécution du budget des collectivités territoriales


décentralisées au Cameroun prend en compte un cadre théorique précis. Ce cadre théorique
met en exergue la conjugaison du cadre contextuel (A) et du cadre conceptuel (B) permettant
de mieux saisir les contours de notre sujet.

A- LE CADRE CONTEXTUEL

Le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun s’inscrit dans un cadre à


la fois politique (1) et juridique (2). Politiquement, le Cameroun a entrepris une
décentralisation pour renforcer la gouvernance locale et favoriser le développement local.
Juridiquement, le foisonnement des textes relatifs à la décentralisation définit les règles de
gestion financière et les mécanismes de contrôle des CTD.

9
YATTA (François Paul), « La gestion des finances locales en Afrique : Convergence et Divergence des
systèmes », RAFL, éd. 2014, pp. 2 – 35.
10
OWONA (Joseph), La décentralisation camerounaise, L’Harmattan Cameroun, 2011, p. 62.
11
LAKENE DONFACK (Charles – Étienne), Finances publiques camerounaises, Paris, Berger-Levrault, mars
1987, p. 16.

4
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

1- Le contexte politique

Le contrôle de l’exécution du budget des collectivités territoriales décentralisées au


Cameroun s’inscrit dans un contexte politique marqué par la décentralisation et la
gouvernance locale. Depuis les années 1990, le Cameroun a entrepris des réformes visant à
renforcer le pouvoir et l’autonomie des collectivités locales, notamment en matière de gestion
budgétaire. Cependant, ces réformes sont confrontées à des défis tels que la corruption, le
manque de transparence et de capacités institutionnelles.
Le contrôle de l’exécution du budget est donc crucial pour garantir une gestion
transparente et efficace des ressources au niveau local, dans un contexte où la gouvernance et
la reddition des comptes sont des enjeux majeurs. Les lois constitutionnelles révisées des pays
d’Afrique noire francophone12 ont singulièrement bouleversé la conception de l’autonomie
locale en matière de décentralisation territoriale dans un État unitaire de type classique. Elles
devancent en cela la révision de la Constitution française du 4 octobre 1958, dont on
connaissait déjà l’ampleur de l’influence enregistrée sur le constitutionnalisme africain.

Ce constat sonne opportunément le glas d’une opinion fort répandue, bien que décriée
par certains, selon laquelle « l’étendue des droits africains, en ce domaine (constitutionnel)
comme en droit public en général, serait de peu d’intérêt, car ils ne représentaient que de
simples prolongements des droits des pays industrialisés et plus spécialement des anciennes
métropoles. Ces droits ne seraient en outre que le produit d’une influence générale et
omniprésente de modèles et conceptions élaborés ailleurs, en ce sens qu’ils auraient la
caractéristique d’être sans réel impact, le mimétisme contribuant à leur ineffectivité, leur
principal office étant de remplir des fonctions purement symboliques13 ». Contre toute attente
donc, outre son originalité sur des points tels que la protection des minorités et des
autochtones, le statut des religions, le constitutionnalisme africain des années 1990 est marqué
par l’existence d’ « écritures de la Constitution propres à ces groupes de pays qui font que les
questions constitutionnelles sont élaborées de façon identique : les Constitutions sont
rédigées selon un même type de plan, les compétences sont définies selon une même grille de
répartition, les institutions communes s’y retrouvent systématiquement, les mêmes absences st
silences s’y répètent. Autant d’éléments qui créent entre les textes français et ceux des États

12
On peut citer la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.
13
DU BOIS DE GAUDUSSON (Jean), « Le constitutionnalisme en Afrique », in Les constitutions africaines
publiées en langue française, Bruylant, 1978, p. 3.

5
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

de succession française un effet de familiarité14 ». De ces « airs de famille, particularismes


religieux, sociaux ou juridiques15 », on pourrait même dire, qu’il se dégage un ensemble
cohérent tendant vers un arrimage aux normes de droit constitutionnel contemporain dans le
monde.

En effet, à l’instar de la France depuis 1946, plusieurs pays d’Afrique noire


francophone et Madagascar reconnaissent pour la première fois dans leurs Constitutions,
l’existence des collectivités territoriales décentralisées à deux ou trois niveaux, comme entités
juridiques autonomes faisant partie intégrante de leurs territoires. Certaines lois
fondamentales révisées de ces pays s’ouvrent en général par une disposition liminaire
commune qui proclame le caractère « unitaire et décentralisé » de la République16.
Au Cameroun, les acteurs du processus de décentralisation mettent en œuvre leurs
activités dans le respect de l’unité nationale, de l’intégrité du territoire et de la primauté de
l’État. Cette première orientation législative est une donnée fondamentale de notre pays, où la
tentation sécessionniste s’est parfois manifestée d’une manière plus ou moins sérieuse.
L’histoire de la décentralisation au Cameroun est antérieure à l’indépendance du pays. Les
premières communes de Yaoundé et de Douala ont été créées en 1941. La loi no 96/06 du 18
janvier 1996 portant révision de la Constitution du 02 juin 1972 qui a donné une impulsion
nouvelle et un rôle accru et déterminant à la décentralisation pour améliorer et dynamiser le
développement politique, social et économique au Cameroun. Au sens de cette loi, deux
dispositions pertinentes peuvent servir d’assises normatives et précisément constitutionnelles
du droit public financier local. En premier lieu, l’on peut se référer à l’article 2 du titre
premier de cette loi constitutionnelle qui dispose que : « La République du Cameroun est un
État Unitaire décentralisé17 ». Cette disposition constitutionnelle, ne dissimule aucune
ambiguïté au sujet de la forme et du mode d’organisation administrative de l’État. Il s’agit
clairement de la décentralisation administrative, à l’exclusion de la décentralisation politique.

La décentralisation administrative postule non seulement l’autonomie administrative,


mais aussi l’autonomie financière des CTD. Plus loin, au terme du titre X, consacré aux CTD,
le constituant camerounais détermine, non seulement la nature des collectivités territoriales,
mais également, les principes fondamentaux régissant ces démembrements infra – étatiques,

14
Ibid.
15
Ces expressions sont de Martine Viallet et Didier Maus, « Préfaces », in Les constitutions africaines publiées
en langue française, op.cit., p. 2.
16
Art. 2, Loi constitutionnelle du Cameroun ; Art. 1er (nouveau) de la loi constitutionnelle de la France.
17
Art. 2 de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.

6
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

ainsi que les missions qui leurs sont dévolues. Tel est l’objet de l’article 55 de cette loi
constitutionnelle. Au Cameroun, l’autonomie financière qui constitue un versant
constitutionnel de la libre administration des CTD comprend l’autonomie fiscale et
l’autonomie budgétaire. L’autonomie financière constitue une condition de réalisation de la
décentralisation. S’agissant particulièrement de l’autonomie budgétaire, les CTD
camerounaises bénéficient depuis l’avènement de la décentralisation, d’un certain nombre de
prérogatives en matière de recettes et de dépenses. Ces prérogatives ne leur confèrent pas une
réelle autonomie18. Elles ne mettent en œuvre qu’un pouvoir budgétaire que leur confère la
loi19. Ce pouvoir, bien qu’affirmé par le législateur reste strictement encadré au point où l’on
s’interroge sur la pertinence de la liberté des collectivités territoriales en matière budgétaire20.
La gouvernance est l’un des enjeux de la décentralisation. On décentralise parce qu’il y a des
problèmes de gestion au niveau central qui empêchent l’État de répondre aux besoins des
citoyens. Mais, si on n’anticipe pas sur les risques d’exclusion, de corruption, de confiscation
du pouvoir local, la décentralisation peut simplement signifier transférer les problèmes du
niveau central vers le niveau local sans pour autant les résoudre.
Le Cameroun en général et les CTD en particulier n’ont pas échappé à cette
préoccupation du contrôle car leurs finances ont été confrontées à plusieurs maux : mauvaise
gouvernance et détournements de derniers publics ont sans nul doute accentué la
problématique de la qualité et de l’efficacité des mécanismes de contrôle. Nous avons encore
en mémoire le classement de l’ONG Transparency International, qui a classé le Cameroun
deux fois champion du monde de la corruption21. Notre étude s’insère dans un contexte
politique marqué par des scandales de la corruption, de détournement de derniers publics et de
mauvaise gestion qui se répandent, au sein des régions et des communes comme une traînée
de poudre. C’est pourquoi, le législateur camerounais consacre des modalités de contrôle de
l’exécution du budget des CTD afin de « tordre le cou » aux irrégularités survenues dans le
processus de l’exécution de la dépense publique locale. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle
« La fonction de contrôle des finances publiques est devenue un des standards du droit et de
la gestion des finances publiques dans le monde22 ». En gros, le contexte politique de cette

18
MONGBAT (Alassa), DJODA (Jean-Marc), « Recherche sur le pouvoir budgétaire des collectivités
territoriales décentralisées en droit public financier camerounais », IMJST, Vol. 5, 2020, pp. 2203-2217, p. 2203.
19
Ibid.
20
Idem.
21
Classement de l’ONG Transparency International de 1998 et 1999, « https://issue.com/tranparency-
international/docs »/CPI – 1998, 1999. Lire Claude Assira, « Procès et procédures : état de non droit
permanent », in sous la direction de Charlie Gabriel MBOCK, L’opération épervier au Cameroun, un droit
d’injustice, éd. Kiyikant, octobre 2011, p. 49 et s.
22
MÉDÉ (Nicaise), Finances publiques Espace UEMOA/UMOA, Sénégal, L’harmattan, 2016, p. 323.

7
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

étude sur le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun est marqué par les défis
persistant en matière de gestion financière et de gouvernance au niveau local.

Dans un pays où la décentralisation est un pilier de la gouvernance publique, le


contrôle efficace de l’exécution du budget revêt une importance cruciale pour assurer la
transparence, la responsabilité et l’efficacité dans l’utilisation des ressources publiques. Le
contexte politique, économique et institutionnel du Cameroun influence directement les
mécanismes et les pratiques de contrôle budgétaire au niveau des CTD, et met en lumière
l’urgence d’une analyse approfondie de ces processus. La dynamique complexe entre l’État et
les collectivités locales, les ressources financières limitées et la pression croissante pour
répondre aux besoins des populations sont autant de facteurs qui façonnent le contexte dans
lequel s’inscrit cette étude. En comprenant pleinement le contexte spécifique dans lequel
s’opère le contrôle de l’exécution du budget du Cameroun, cette étude vise à fournir des
recommandations pragmatiques adaptées pour renforcer les mécanismes de contrôle et
améliorer la gestion financière des collectivités territoriales décentralisées.

2- Le contexte juridique

Le contrôle de l’exécution du budget des collectivités territoriales décentralisées au


Cameroun est encadré par une diversité de texte juridiques, notamment la Constitution, les
lois relatives à la décentralisation et à la décentralisation fiscale et financière, ainsi que les
textes règlementaires et les directives émis par les autorités compétentes.
Sans prétendre à l’exhaustivité de ces textes, la Constitution Camerounaise reconnaît
le principe de la décentralisation23 et établit les bases de l’autonomie financière24 des
collectivités territoriales. Elle dispose également les principes de transparence, de reddition
des comptes et de gestion rigoureuse des finances publiques. La décentralisation au
Cameroun, inscrite dans la loi no 2019/024 du 24 décembre 2019, vise à renforcer la
gouvernance locale et la participation citoyenne.

Depuis le 24 décembre 2019, la décentralisation territoriale au Cameroun est


harmonisée autour d’un texte constitutif : le Code Général des Collectivités Territoriales

23
Art. 1er al. 2 de la Constitution camerounaise du 18 janvier 1996.
24
L’autonomie financière doit « se manifester par l’exercice d’une compétence fiscale et d’un pouvoir
budgétaire au niveau local », PHILIP (Loïc), « Les garanties constitutionnelles du pouvoir financier local »,
RFDA, no3, mai – juin 1992, p. 454.

8
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Décentralisées25. Ce texte marque la volonté des pouvoirs publics à accélérer le processus de


décentralisation amorcé depuis 1996. Dans cette mouvance, on assiste à une évolution
remarquable de la d’un régime financier des CTD via la consécration d’une autonomie
administrative et financière. À ce titre, la fiscalité locale, les dotations et les ressources
propres acquises par les CTD constituent les bases de la décentralisation financière26.
Cependant, pour assurer une gestion financière transparente et efficace, un cadre
juridique solide est nécessaire. La loi no 2009/011 du 10 juillet 2009 établit ce cadre en
définissant les principes budgétaires et les organes de gestion financière au niveau local. La
loi no 2009/011 du 10 juillet 200927, pose les fondements des finances locales en énonçant les
principes de l’équilibre budgétaire, de l’annualité, de la sincérité et de la transparence. Elle
établit également la procédure budgétaire, comprenant l’élaboration, l’adoption, l’exécution et
le contrôle du budget des collectivités territoriales décentralisées. Les organes de gestion
financière, tels que les conseils municipaux et les conseils régionaux, sont chargés de cette
gestion.
Le contrôle financier des budgets locaux repose sur plusieurs mécanismes institués par
la loi no 2018/012 du 11 juillet 201828 et les textes règlementaires. Les commissions de
contrôle financier, composées de représentants de l’État et des collectivités locales, sont
chargées de vérifier la régularité, la sincérité et la conformité des opérations financières des
collectivités territoriales décentralisées. Elles émettent des avis et des recommandations visant
à améliorer la gestion financière locale. À travers des cas pratiques, il est possible d’illustrer
l’application du contrôle financier des budgets locaux au Cameroun. Par exemple, des audits
réalisés par les commissions de contrôle financier ont révélé des irrégularités dans la gestion
des fonds publics dans certaines collectivités. Les décisions prises suite à ces audits ont
souvent conduit à des mesures correctives et à des sanctions administratives, démontrant ainsi
l’efficacité du contrôle financier dans la préservation des derniers publics.
Hormis le cadre contextuel, le cadre théorique de notre étude prend également en
compte le cadre conceptuel.

25
Loi no 2019/024 du 24 décembre 2019, portant Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées.
26
YATTA (François Paul), La décentralisation financière en Afrique, Succès, problèmes et contraintes, Paris,
PDM, 2000, p. 1.
27
Loi no 2009/011 du 10 juillet 2009 portant régime financier des collectivités territoriales décentralisées.
28
Loi no 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État et des autres entités publiques.

9
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

B- LE CADRE CONCEPTUEL

Émile DURKHEIM affirmait que le chercheur « doit d’abord définir les choses dont il
traite afin que l’on sache et qu’il sache de quoi il est question29 ». A ce titre, notre sujet
repose sur certains concepts dont la compréhension mérite une définition assez précise afin de
donner sens à leur usage dans le corps de nos développements. Il s’agit précisément des
concepts de contrôle, de l’exécution, du budget et de collectivités territoriales
décentralisées,

1- La définition du concept de « contrôle »

Le concept de « contrôle » peut être appréhendé sous une double acception, l’une
littéraire (a) et l’autre juridique (b).

a- L’acception littéraire

Dans son acception littéraire, le concept de « contrôle » peut simplement signifier, la


vérification ou la surveillance. Dans le cadre de la gestion, le contrôle se réfère à « l’analyse
des écarts entre prévisions et réalisations »30.
Le concept de « contrôle » dans le cadre de son acception littéraire, semble moins
original et moins adapté dans le cadre de notre étude. C’est la raison pour laquelle, ce concept
mérite une définition juridique plus précise pour la compréhension de notre argumentaire.

b- L’acception juridique

La question du contrôle des finances publiques est un immense sujet consubstantiel à la


création et la gestion des sociétés31. Elle se pose avec insistance et pertinence, qu’elle
n’épargne aucun pays adhérant à l’idéologie de l’État de droit et de la démocratie.
Le contrôle de gestion financière des personnes publiques apparaît aujourd’hui comme
sinon un paramètre, du moins un déterminant de la bonne gouvernance et de la démocratie. Il
participe de l’efficacité et de la transparence des finances locales pour une meilleure offre de
biens pour le citoyen32. Le citoyen qui demeure par ailleurs, le contribuable par excellence. Il

29
DURKHEIM (Émile), Les règles de la méthodologie, Paris, PUF, 1891, p. 34.
30
Dictionnaire Universel, Hachette (4e éd.), p. 275.
31
GRANDGUILLAUME (Nicolas), Théorie générale du contrôle, Paris, Economica, 1994, 187 p.
32
BENSOUDA (Noureddine), « Efficacité et transparence des finances publiques pour une meilleure offre de
biens pour le citoyen », RFFP, no 100, Novembre 2007, pp. 333 – 336.

10
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

est alors admis à cet effet, que : « le contrôle des finances publiques tire son fondement du
principe du consentement du peuple à l’impôt »33. On peut dès lors remarquer, que : « tous les
citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la
contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la
quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée »34. Encore mieux, « la société a le droit de
demander compte à tout agent public de son administration »35. Une analyse exégétique de
ces dispositions suggère, qu’il s’agit là, d’une matrice fondamentale de nombre de principes
qui régulent la vie financière des personnes publiques. Parmi ces principes, se trouve
indubitablement l’exigence de contrôle.

En effet, le contrôle dans une appréhension préliminaire, est un examen, une


vérification. Dans le cas d’espèce, c’est une vérification exercée sur la gestion des finances
locales. Ces dernières s’entendent comme étant, les finances des personnes morales de droit
public, notamment les CTD dans le cadre de notre étude. Elles constituent une variante des
finances publiques. À ce titre, Messieurs Paul Marie GAUDEMET, et Joël MOLINIER
relèvent que : « les finances publiques constituent une richesse »36 et, un « moyen d’action
des collectivités publiques »37. Ces ressources sont employées par ces personnes publiques,
pour la satisfaction directe ou indirecte des besoins d’intérêt général, même si à l’observation
du déploiement du secteur public aujourd’hui, l’on peut avoir un sentiment de corrosion de
l’intérêt général38 pourtant inébranlable39. Il faut préciser que le constituant camerounais de
1996, a consacré deux types de CTD, les régions et les communes. Contrairement à la
commune40, la mise en place de la région se trouve encore dans les sentiers de la progressivité
consacrée par la constitution. Par ailleurs, l’institution communale demande encore un champ
d’investigation juridique particulièrement profond, même si sous d’autres cieux, certains
s’interrogent sur l’avenir de cette dernière.

33
BESSALA (Alain Georges), Ajustement Structurel et Droit Budgétaire Camerounais : contribution à l’étude
des Droits Budgétaires des États Africains sous Ajustements Structurel, Thèse de Doctorat PhD en Droit Public,
Université de Yaoundé II, 2013 – 2014, p. 431.
34
Art. 14 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789.
35
Ibid., Art. 15.
36
GAUDEMET (Paul Marie), MOLINIER (Joël), Finances publiques, Paris, budget / trésor, Tome 1,
Montchrestien (6e éd.), 1992, p. 16.
37
Ibid., p. 17.
38
PONTIER (Jean – Marie), « L’intérêt général existe-t-il encore ? », Recueil Dalloz, 1998, pp. 327 et suivantes.
39
RANGEON (François), « Peut-on parler d’un intérêt général local ? » in La proximité en politique : Usages,
rhétoriques, pratiques, Rennes, PUR, 2005, pp. 45 – 46.
40
PEKASSA NDAM (Gérard Martin), « La classification des communes au Cameroun », RASJ, no 1, Vol. 6,
2009, pp. 229 – 266.

11
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Le contrôle en clair, renvoie à la vérification des actes et des documents. M. Gérard


CORNU entend par contrôle, une « opération consistant à vérifier si un organe public, un
particulier ou un acte respectent ou ont respecté les exigences de leurs fonctions ou des règles
qui s’imposent à eux. Ex. contrôle fiscal, contrôle de la régularité d’un compte »41. Dans son
acception juridique plus large, le concept de « contrôle » renvoie à la « vérification de la
conformité à une norme, d’une décision, d’une situation, d’un comportement, etc. »42.
Pour l’éminent auteur Michel BOUVIER, contrôler c’est faire des investigations et
mener des recherches sur la sincérité et l’exactitude d’un fait, d’une pièce ou d’une
situation43. Poursuivant son propos, il précise, qu’il s’agit des opérations de recherches et
d’analyses44. Il parle à cet effet, d’un « contrôle vérification »45. Sous ce rapport, il faut
relever, que la logique de l’assimilation du contrôle à la vérification semble rencontrer
l’adhésion de M. Jean – François FABRE cité par M. Cheickna TOURE46. Le chercheur
l’appréhende comme une mesure dont la finalité est de s’assurer qu’une chose est bien, telle
qu’on l’a déclarée, ou telle qu’elle doit être par rapport à une norme donnée47. Eu égard à la
clarification du concept de « contrôle », le contrôle de l’exécution du budget peut donc être
appréhendé comme un processus par lequel les autorités compétentes vérifient si les dépenses
prévues dans le budget d’une collectivité territoriale décentralisée sont effectivement réalisées
conformément aux priorités et aux normes établies. Souvent qualifié de « contrôle de
gestion », celui-ci trouve ses fondements au lendemain de la seconde guerre mondiale suite
aux efforts menés par les États-Unis d’Amérique de conduire la guerre à moindre coût et de
maîtriser l’avenir des entreprises48. Aussitôt, il va s’affirmer comme un véritable outil d’aide à
la performance au sein des entreprises et se répandre dans le monde capitaliste.49
Parallèlement, la nouvelle culture managériale résultant des réformes internationales
au sein des États, appréhende le contrôle de gestion comme un outil d’aide à la performance
qui viendra contribuer à l’efficacité des politiques publiques50. KHEMAKHEM (1976) met

41
CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, PUF, p. 236.
42
Ibid.
43
BOUVIER (Michel), Introduction au droit fiscal général et à la théorie de l’impôt, Paris, LGDJ (6e éd.), 2004,
p. 1.
44
BOUVIER (Michel), Les finances locales, Paris, LGDJ (12e éd.), 2013, p. 4.
45
Idem.
46
TOURE (Cheickna), « Le système de contrôle des finances publiques au Mali », Afrilex, no 4,
https://www.afrilex.u-bordeaux4.fr.
47
FABRE (Jean-François), Le contrôle des finances publiques, Paris, PUF, 1968, p. 8.
48
TCHATCHOUA NYA (Magloire), NJIKE NGOMESSE (Désirée), KETCHANKEU (Pierre), « Perception des
enjeux du contrôle de gestion dans les municipalités au Cameroun : une approche par le cadre théorique de
l’acteur stratégique ? », FFI, Vol. 1, no 25, 2013, pp. 1 – 24., p. 3.
49
Ibid.
50
Idem.

12
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

l’accent sur la mobilité des énergies et des ressources pour atteindre les objectifs fixés par
l’entité. De cette réflexion découle la définition suivante : « le contrôle de gestion est le
processus mis en œuvre au sein d’une entité économique pour s’assurer d’une mobilisation
efficace et performante des énergies et des ressources en vue d’atteindre l’objectif que vise
cette entité51 ». Qu’il s’agisse d’une organisation publique ou privée, le contrôle de
l’exécution du budget est un processus qui vise à surveiller et à évaluer la mise en œuvre des
dépenses prévues dans le budget d’une entité.

Ce processus comprend différentes activités telles que la vérification des dépenses


effectuées par rapport aux prévisions budgétaires, l’évaluation de la conformité aux règles et
aux réglementations en vigueur, et l’analyse de l’efficacité et de l’efficience des dépenses
réalisées. En d’autres termes, le contrôle de l’exécution du budget permet de s’assurer que les
fonds alloués dans le budget sont utilisés de manière transparente, responsable et conforme
aux objectifs fixés. Il contribue également à détecter les écarts éventuels entre les prévisions
budgétaires et la réalité, ce qui permet d’identifier les problèmes potentiels et de prendre des
mesures coercitives si nécessaire.
Le contrôle de la gestion des finances publiques est un mécanisme indispensable à la
bonne au niveau local. Cela est d’autant plus important, que l’évolution de la situation
financière des CTD se conjugue à la complexification du secteur local52. Le secteur local en
pleine métamorphose, s’apparente progressivement à un système dont le contrôle et la
régulation deviennent particulièrement malaisés à assurer53.
En marge du concept de « contrôle », le mot exécution qui apparaît dans l’intitulé de
notre thème de recherche mérite d’être défini.

2- La définition du concept d’« exécution »

Le concept d’exécution peut être défini sous un double angle. Il peut être défini sous
l’angle littéraire (a) et sous l’angle juridique (b).

51
KHEMAKHEM (Abdellatif), La dynamique du contrôle de gestion, Dunod (2e éd.), 1976, 587 p.
52
AKONO OLINGA (André), L’apport de la performance au contrôle des finances locales au Cameroun, Thèse
de doctorat en Droit Public, op.cit., p. 5.
53
BOUVIER (Michel), Les finances locales, op.cit., p. 20.

13
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

a- L’acception littéraire

L’exécution fait référence à une « action d’exécuter, d’accomplir »54. L’exécution


renvoie en quelque sorte à « l’accomplissement d’une obligation, d’un jugement »55. Cette
définition ne semble pas suffisante pour cerner les contours de notre étude. C’est pourquoi,
pour plus de clarté et de précision, une acception juridique est extrêmement importante.

b- L’acception juridique

Dans son acception juridique, le mot « exécution » renvoie à l’ « accomplissement, par


le débiteur, de la prestation due ; fait de remplir son obligation (impliquant donnée au
créancier) »56. Compte tenu de la définition du mot « exécution », l’exécution du budget dans
le cadre de notre analyse, fait référence à la mise en œuvre des dépenses et des recettes
prévues dans le budget public d’une entité administrative ou gouvernementale. Cela
comprend la réalisation des dépenses autorisées pour différents programmes et projets, ainsi
que la collecte des recettes fiscales et autres sources de financement prévues.
Cette phase de l’exécution budgétaire implique également le suivi et le contrôle des
dépenses effectuées pour s’assurer qu’elles sont conformes aux autorisations budgétaires et
aux règles financières en vigueur. Elle peut également impliquer des ajustements ou des
réallocations de fonds en cours d’exercice budgétaire pour répondre aux besoins changeants
ou aux situations d’urgence. L’exécution du budget comporte donc deux phases, qu’il s’agisse
de la dépense ou de la recette publique : la phase administrative et la phase comptable. Mais
avant de parler d’une quelconque exécution, il sied de rappeler que celle-ci fait,
traditionnellement intervenir deux grandes catégories d’acteurs : les ordonnateurs qui décident
de l’opération en recette ou en dépense et les comptables publics qui, procèdent au
recouvrement ou au paiement de ces opérations.

Afin d’assurer un contrôle de régularité le plus étendu possible dans la gestion


financière publique, les fonctions d’ordonnateur et de comptable public sont confiées à des
autorités différentes dont les compétences sont strictement délimitées. L’un et l’autre
bénéficient, également, d’une indépendance réciproque. Une finalité et des exigences qui se
confondent au sein de ce que l’on nomme le principe de séparation des ordonnateurs et des

54
Dictionnaire Universel, op.cit., p. 459.
55
Dictionnaire Larousse, p. 163.
56
CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, PUF, p. 384.

14
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

comptables publics57. Les ordonnateurs disposent d’une compétence particulièrement large


dans la mesure où les trois premières opérations de chaque phase budgétaire relèvent de leurs
prérogatives. Seul le maniement des derniers publics leur est interdit, car réservé aux
comptables publics. Ces derniers sont donc les seuls agents autorisés à manier les fonds
publics, aussi bien en recette qu’en dépense. À ce titre, ils ont la charge de contrôler les ordres
de recouvrer et de payer transmis par les ordonnateurs.
Le terme « exécution dans le cadre des finances publiques locales ne se suffit pas. Il y
a lieu de se demander ce que l’on exécute. C’est pourquoi ce terme mérite d’être complété par
la définition du concept de « budget ».

3- La définition du concept de « budget »

Le concept de « budget » est un mot polysémique qui peut être entendu non seulement
sous l’angle littéraire (a), mais aussi sous l’angle juridique (b).

a- L’acception littéraire

Sous l’angle littéraire, le budget peut être défini comme un « état de prévision des
recettes et des dépenses d’un pays, d’un département, d’une famille, d’un particulier, etc. »58.
Il ressort de cette définition une typologie de budget. Non seulement cette définition du
budget fait référence au budget général de l’État, ce qui a été qualifié de « recettes et dépenses
d’un pays », mais aussi au budget des collectivités locales, au budget familial et au budget
d’une personne physique. Cette définition littéraire du budget semble plus large, c’est
pourquoi, il est judicieux de l’appréhender sous l’angle juridique.

b- L’acception juridique

Dans le cadre juridique, le concept de « budget » peut, être défini au sens formel et au
sens matériel. Formellement, le budget est un « acte par lequel sont prévues et autorisées les
recettes et les dépenses des organismes publics »59. Au sens matériel du terme, il peut être
appréhendé comme l’« ensemble des recettes et dépenses d’un organisme public, autorisées et
effectuées au titre d’une année »60. Le budget peut encore être défini comme un « état
prévisionnel et limitatif des dépenses et des recettes à réaliser au cours d’une période donnée

57
Ibid.
58
Dictionnaire de Français Larousse, p. 53.
59
CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique, idem., p. 124.
60
Idem.

15
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

par une unité économique »61. L’établissement d’un budget implique des choix, puis le
respect de ceux-ci lors de l’exécution, mais au préalable, une information sur l’avenir plus
satisfaisante possible est nécessaire62. La qualité de cette information dépend de la nature de
l’unité économique, de l’horizon temporel dans lequel s’inscrit le budget.
Chaque année, les gouvernements préparent et rendent publics les documents
budgétaires qui vont définir leur action économique et financière63. Ces documents sont repris
par les médias qui les dissèquent, en font une présentation simplifiée et recueillent les
commentaires de nombreux spécialistes. Des groupes d’intérêt divers vérifient si les mesures
annoncées correspondent aux demandes qu’ils ont faites et prennent position sur la place
publique. S’ils ont une telle couverture de presse et si l’opinion publique est interpellée par les
documents budgétaires, c’est qu’ils expriment clairement le programme d’action d’un
gouvernement, avec les contraintes qui sont les siennes. C’est d’ailleurs ce que soulignait un
premier ministre Québec, René LÉVESQUE : « Un budget réussi, pourvu qu’on sache le lire,
c’est chaque année, la photo la plus précise qu’on peut tirer d’une société, avec tout son pain
et tout son beurre64 ».
En fait, le budget est sans doute l’ensemble de documents le plus important publié
annuellement par un gouvernement. Il indique ses priorités, puisque les ressources étant rares,
des choix ont dû être effectués par rapport à de multiples possibilités. Il s’inscrit, ce faisant,
dans une démarche d’imputabilité car les choix étant explicites, une reddition de comptes
devra s’ensuivre. Mais à travers ces documents, il est également possible de voir apparaître
tout le fonctionnement d’un État et la dynamique des rapports entre ses différentes
composantes. De même, si le budget permet de mieux comprendre l’environnement concret
de la gestion publique, il est aussi le reflet de la part de la richesse collective consacrée à la
production de biens et de services publics65.

À la suite du législateur communautaire, à travers les directives du 19 décembre 2011,


le législateur camerounais prend le soin d’internaliser et de s’approprier, la programmation
budgétaire comme une nouvelle logique ou stratégie d’élaboration des budgets des personnes
publiques. Cette stratégie nouvelle, qui ne répudie pas totalement la teneur de l’annualité
budgétaire, consacre désormais la programmation budgétaire. Celle-ci postule l’élaboration
des activités et actions des personnes publiques au-delà d’une année budgétaire, mais dans
61
SILEM (Ahmed), ALBERTINI (Jean-Marie), Lexique d’économie, Dalloz, (11e éd.), 2010, p. 118.
62
Ibid.
63
CLICHE (Pierre), Gestion budgétaire et dépenses publiques, Québec, PUQ, 2009, p. 13.
64
LEVESQUE (René), Attendez que je me rappelle, Montréal, Québec-Amérique, 525 p.
65
CLICHE (Pierre), op.cit.

16
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

une limite n’excédant pas trois (3) ans. De même, en dépassement du principe de l’équilibre
budgétaire consacré par l’article 3566 de la loi du 10 juillet 2009 portant régime financier des
CTD, le législateur camerounais du 11 juillet 2018, consacre désormais un principe de
soutenabilité budgétaire. En effet, tandis que l’équilibre budgétaire se résume autour de
l’interdiction de déficit ou excédent budgétaire, le principe de soutenabilité budgétaire quant à
lui, autorise les personnes publiques à exécuter les budgets déficitaires à condition de pouvoir
assumer les dépenses prioritaires inscrites dans les programmes budgétaires.
Avant même de parler de l’exécution et du contrôle de l’exécution, le budget des CTD
au Cameroun est mis en œuvre par l’étape préalable qu’est l’élaboration. L’élaboration du
budget, du latin « Laborare », qui signifie « travailler », l’élaboration du budget des CTD est
une étape qui désigne l’ensemble des opérations ou des activités juridiques préalables à
l’exécution du budget des personnes publiques. À cet effet, l’élaboration du budget des CTD
au Cameroun se déroule en trois phase67 à savoir : la préparation, le vote ou l’adoption et
l’approbation.
La préparation du budget local est une notion qui met en exergue deux approches
complémentaires : l’une classique et l’autre moderne. Dans son approche classique, la
préparation du budget des personnes publiques consiste à déterminer les prévisions de recettes
et de dépenses d’une personne publique. En revanche, la conception moderne consacrée en
droit positif camerounais par les lois no 2007/006 du 26 décembre 2007, portant régime
financier de l’État, et la loi no 2018/011 du 11 juillet 2018, portant régime financier de l’État
et des autres entités publiques, consacrent l’élaboration des programmes comme articulation
nouvelle de l’élaboration du budget des personnes publiques. Il s’agit, au-delà des prévisions
de recettes et de dépenses, de déterminer les projets, activités et action à réaliser par les
pouvoirs publics au cours du prochain exercice budgétaire ou encore durant une période
triennale.

L’adoption du budget communal ou régional quant à elle, est une phase qui incombe à
l’organe délibérant de chacune des CTD ci-dessus évoquées. Telle est la teneur de l’article
422 alinéa 1er du CGCTD68.
En ce qui concerne l’approbation du budget des CTD, elle en mise en œuvre

66
L’article 35 de la loi no 2009/011 du 10 juillet 2009, portant régime financier des collectivités territoriales
décentralisées dispose à cet effet que : « le budget est voté en équilibre en recettes et en dépenses ».
67
Les phase de l’élaboration du budget des CTD au Cameroun sont : la préparation, le vote ou l’adoption et
l’approbation.
68
L’article 422, al. 1er du CGCTD dispose à cet effet que : « le budget de la collectivité territoriale, est voté, par
l’organe délibérant, au plus tard le 15 Novembre de chaque année ».

17
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

par les organes d’approbation tels que, les organes délibérants des CTD et les autorités de
tutelle des CTD. En effet, « le budget de la Collectivité Territoriale est approuvé par arrêté
du représentant de l’État dans un délai de quinze (15) jours suivant la date de sa réception
par celle-ci. Passé ce délai, le budget est réputé approuvé69 ».
Hormis le concept de « budget », le concept de « collectivité territoriale
décentralisée » qui, apparaît dans l’intitulé de notre thème de recherche mérite à son tour
d’être défini.

4- La définition du concept de « collectivité territoriale décentralisée »

Au sens du Vocabulaire juridique de Gérard CORNU, une collectivité territoriale


décentralisée ou locale, corollaire de la « décentralisation administrative » renvoie à un
« ensemble d’habitants d’une même partie du territoire ayant des intérêts communs gérés par
des organes administratifs qui lui sont propres70 ». Autrement dit, les CTD renvoient donc à
des entités administratives locales dotées d’une certaine autonomie qui est à la fois
administrative et financière permettant de gérer les affaires locales dans un cadre défini par la
loi. C’est dans cette perspective que, la loi no 2004/017 du 22 juillet 2004 portant loi
d’Orientation de la Décentralisation définit les collectivités territoriales comme des personnes
morales de droit public71 jouissant d’une autonomie administrative et financière pour la
gestion des intérêts régionaux et locaux.

Au Cameroun, cela peut inclure les communes, les régions et autres entités
territoriales. Eu égard à cette définition, il ressort qu’au sein d’un État unitaire dont
l’organisation est décentralisée72, comme c’est d’ailleurs le cas du Cameroun, les CTD sont
des circonscriptions administratives dotée de la personnalité morale et de l’autonomie
administrative et financière73. En définissant l’autonomie financière, Monsieur André ROUX
martèle qu’elle « revêt une double dimension. En premier lieu, c’est la reconnaissance d’une
capacité juridique de décision qui, en matière de recettes, implique un véritable pouvoir
fiscal, le pouvoir de créer et, de lever l’impôt et, qui en matière de dépenses implique la
liberté de décider d’affecter les ressources à telle ou telle dépense. En second lieu, c’est la
possibilité pour les collectivités régionales ou locales d’assurer le financement de leurs

69
Art. 426 du CGCTD.
70
SILEM (Ahmed), ALBERTINI (Jean – Marie), Lexique d’économie, op.cit., p. 171.
71
Art. 4 (4) de la loi no 2004/017 du 22 juillet 2004 portant loi d’Orientation de la Décentralisation.
72
AVRIL (Pierre), GICQUEL (Jean), Lexique de droit constitutionnel, PUF (4e éd.), p. 23.
73
Ibid.

18
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

dépenses par des ressources propres en volume suffisant74 ». Pour cet auteur, le pouvoir fiscal
local est d’abord un pouvoir normatif, c'est-à-dire le pouvoir de créer les recettes fiscales. Or,
ce pouvoir de création de recette appartient au Parlement en vertu du principe de la légalité
fiscale. Ensuite, le pouvoir fiscal local est budgétaire, c'est-à-dire le pouvoir de percevoir
l’impôt et de l’utiliser librement. Cette conception extensive du pouvoir fiscal local ne fait pas
l’unanimité en doctrine. La raison semble être simple. Doter les collectivités locales du
pouvoir de créer les recettes fiscales serait une atteinte au principe de la légalité fiscale dans
un État dont la forme revêt un caractère unitaire et décentralisé. C’est pourquoi l’autonomie
financière s’entend pour certains « comme la situation d’une collectivité locale disposant d’un
pouvoir propre de décision et de gestion de ses recettes et des dépenses regroupées en un
budget nécessaires pour l’exercice de ses compétences75 ». Autrement dit, « l’autonomie
implique un pouvoir fiscal local, accompagné d’un pouvoir budgétaire autonome dotant les
collectivités locales de la capacité de disposer d’un budget propre, distinct du budget général
de l’État, et dont l’exécution se fait indépendamment de toute contrainte extérieure ou
précisément de toute influence étatique76 ». Cependant, le pouvoir fiscal local ne serait qu’un
élément du pouvoir budgétaire. L’on peut soutenir cet avis par le fait que le fiscal constitue un
élément du budgétaire. En droit budgétaire, l’impôt constitue une matière budgétaire et une
recette permanente du budget. A l’analyse, l’étude sur le pouvoir budgétaire des collectivités
territoriales se situe dans le vaste champ de la décentralisation financière. En effet, finances
publiques et décentralisation ne s’excluent pas l’une de l’autre. La première constitue la
condition sine qua non de réalisation de la décentralisation. La seconde quant à elle ne peut
être effective que si les collectivités territoriales décentralisées disposent des moyens
nécessaires pour financer le développement local. Pour ce faire, elles ont besoin d’un véritable
pouvoir budgétaire qui constitue une condition de l’autonomie financière77 et permet la
réalisation de la décentralisation78 . En vertu du principe de subsidiarité79, le législateur leur

74
ROUX (André), « L’autonomie financière des collectivités locales en Europe », Rapport introductif, AIJC,
2006, p. 499 ; du même auteur, « Le principe constitutionnel de la libre administration des collectivités
territoriales », RFDA, 1992, Vol. 8, no 3, pp. 435-452.
75
ESSONO OVONO (Alexis), « L’autonomie financière des collectivités locales en Afrique noire francophone.
Le cas du Cameroun, de la Côte-d’Ivoire, du Gabon et du Sénégal », REA, Bordeaux 4, pp. 1 – 24, p. 2.
76
MONEMBOU (Cyrille), « Le pouvoir règlementaire des collectivités locales dans les États d’Afrique noire
francophone (les cas du Cameroun, du Gabon et du Sénégal) », RC/SJP, no 002/2015, pp. 79 – 111, p. 97.
77
PHILIP (Loïc), « L’autonomie financière des collectivités territoriales », CCC no 12, Dossier : le droit
constitutionnel des collectivités territoriales – mai 2002, in www.conseil-constitutionnel.fr consulté, le 30
décembre 2023 à 14h59 min.
78
OLIVA (Éric), « La conception de l’autonomie locale, quel contenu ? quelle effectivité ? », G&FP, 2017/no 2,
pp. 13 – 24, p. 13.
79
Comme on l’a expliqué, « principe d’origine ancienne ayant trouvé son premier essor dans la pensée sociale
catholique, le principe juridique de subsidiarité implique une double obligation qui découle directement de sa

19
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

accorde un certain nombre de compétences en matière financière pour gérer les affaires
publiques locales80. C’est au regard de ce principe qu’il est reconnu aux CTD d’exercer
certaines compétences au niveau local dans l’optique de limiter l’intervention de l’État sans
toutefois l’effacer81.

Les CTD qui bénéficient de cette autonomie financière au Cameroun sont de deux
types à savoir les régions et les communes82. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Georges
VEDEL affirme que : « Ce n’est pas l’État qui a changé la vieille société ; c’est la nouvelle
société qui a changé l’État83 ». Nous ne pouvons envisager aborder ce sujet sans avoir saisi la
notion même de décentralisation qui est au cœur du droit budgétaire des collectivités
territoriales décentralisée, même si elle n’est pas un terme clé de notre sujet.

Le concept de décentralisation n’est certes pas identifié dans l’intitulé de notre mémoire,
mais il revêt un intérêt fondamental pour la compréhension de notre argumentaire.

La décentralisation, elle peut être entendue comme un processus par lequel certaines
responsabilités gouvernementales et administratives sont transférées des autorités centrales à
des entités locales, telles que les collectivités territoriales décentralisées, l’objectif étant de
rapprocher la prise de décision des citoyens et de promouvoir le développement local.
Autrement dit, la décentralisation est le « fait de donner le pouvoir de décision, dans la
gestion administrative, à des collectivités territoriales ou à des personnes publiques distinctes
de l’État »84. L’opération constituante amorcée depuis quelques années au Cameroun et qui
s’est achevée avec la promulgation par le Président de la République, de la Loi no 96/06 du 18
janvier 1996 portant révision de la Constitution du 2 juin 1972, n’a donné naissance ni à un

double origine étymologique. Provenant à la fois du terme subsidium, signifiant "renfort, ressource"(idée de
secours), et du terme subsidiarius, signifiant "en réserve"(idée de secondaire), ce principe oblige, d’une part, le
niveau supérieur de compétence à demeurer "en réserve"et donc de laisser intervenir le plus possible les niveaux
inférieurs, et impose d’autre part, à ce niveau supérieur de venir "en renfort"et donc au secours des niveaux
inférieurs dès lors que ceux-ci ne sont plus en mesure d’intervenir », DEROSIER (J.-P.), « « Et au milieu coule
la rivière » : la subsidiarité et la frontière rhénane. Signification juridique, implication possibles et portées
positives de deux articles 72, alinéa 2 : la subsidiarité, entre principe et objectif », in BRISSON (Jean-François)
(dir.), Les transferts de compétence aux collectivités locales, Paris, L’Harmattan, 2009, pp. 91 – 108, pp. 93 – 94.
80
DELCAMP (Alain), « Principe de subsidiarité et décentralisation », RFDC, n° 23, 1995, pp. 609 – 624.
81
PONTIER (Jean – Marie), « La subsidiarité en droit administratif », RDP, 1986, pp. 1515 – 1537.
82
Art. 2(1) de la loi no 2019/024 du 24 décembre 2019 portant CGCTD ; Art. 55 Al. 1 de la loi constitutionnelle
du 18 janvier 1996.
83
VEDEL (Georges), « Décentralisation et finances locales : clés pour la réflexion », RFFP, no 38, 1992, pp. 9 –
13, p. 10.
84
RUDELLE (Christian), Dictionnaire des termes juridiques, Édimages, 1992, p. 83.

20
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

État fédéral ni à un « État régional »85.


Le constituant a marqué sa préférence pour un « État unitaire décentralisé86 ». S’il n’y
a pas révolution, il faut cependant reconnaître qu’une évolution significative a été opérée.
L’article 1er al. 2 de la Constitution du 2 juin 1972 disposait que « la République du Cameroun
est un État unitaire ». Le constituant du 18 janvier 1996 y a ajouté le qualificatif
« décentralisé ». Il s’agit d’une solution de compromis qui renvoie dos-à-dos les tenants du
fédéralisme et ceux de l’État unitaire centralisé. Mais c’est un choix qui est loin d’être accepté
par tous, en particulier par les tenants du fédéralisme87. Quoi qu’il en soit, cette option a pour
corollaire la constitutionnalisation de la décentralisation territoriale au Cameroun. L’histoire
constitutionnelle du Cameroun enseigne que la constitutionnalisation de la décentralisation en
1996 n’est pas une opération nouvelle. Le constituant avait inséré, pour la première fois, dans
le texte constitutionnel du 4 mars 1960, en son article 46, une disposition qui faisait des
provinces et des communes des « collectivités locales de l’État du Cameroun ». Celles-ci
devaient s’administrer librement par des conseils de élus, être dotées de la personnalité morale
et jouir de l’autonomie financière88.
Pour mieux mener notre analyse, il est judicieux de joindre au cadre théorique, le
cadre matériel.

II- LE CADRE MATÉRIEL

Le cadre matériel intègre l’objet de l’étude, la matière essentielle ou plutôt la


substance de la recherche. Dans le cadre de cette recherche, il prendra corps à partir de la
précision de la revue critique de la littérature (A), l’objet de l’étude (B), de l’intérêt et de la
méthode d’analyse (C) et des axes de l’étude (D).

A- LA REVUE CRITIQUE DE LA LITTÉRATURE

La revue critique de la littérature est une prospection intelligente et évaluative qui


favorise l’émersion et la circonscription de l’objet de l’étude. Cette prospection est
intimement liée à la détermination de la problématique. Autrement dit, « il ne saurait y avoir

85
GUIMDO DONGMO (Bernard – Raymond), « Les bases constitutionnelles de la décentralisation au
Cameroun (Contribution à l’étude de l’émergence d’un droit constitutionnel des collectivités territoriales
décentralisées) », RGD, no 1, décembre 1998, Vol. 29, pp. 79 – 100., p. 81.
86
Art. 1er de la Loi constitutionnelle no 96/06 du 18 janvier 1996.
87
Ibid.
88
Idem.

21
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

de problématique pertinente sans une solide revue de la littérature89 ». À cet effet, réfléchir
sur le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun nous a conduit
inéluctablement à nous interroger sur les orientations et options des réflexions de certains
auteurs qui, à n’en point douter, ont constitué un gouvernail à notre question de recherche.
La décentralisation budgétaire au Cameroun a été un sujet d’intérêt croissant pour les
chercheurs.

Dès lors, toutes les structures au sein d’un État, usant des derniers publics, sont
soumises au contrôle90, qui, est gage de la préservation de l’intérêt général. C’est d’ailleurs la
raison pour laquelle M. André BARILARI estime que « l’action publique en général et la
gestion du dernier public en particulier doit faire l’objet d’un contrôle particulier afin de non
seulement de prévenir ou sanctionner les détournements à des fins privées ou étrangère à
l’intérêt général, mais aussi de garantir qu’elle exerce conformément aux décisions prises par
les instances légitimes qui expriment la souveraineté des citoyens. La démocratie exige, plus
que tout autre régime, contrôle et transparence dans le domaine des finances publiques »91.
Ainsi, un contrôle correctement effectué constitue le corollaire indispensable et logique d’un
régime qui entend œuvrer dans le sens de l’intérêt général92, pour la réalisation du bien
commun. Face à « un constat généralisé de stagnation de l’action publique, de malversations
financières, d’opacité administrative et surtout de corruption dans la gestion des affaires
publiques »93, le Cameroun s’est engagé dans un vaste processus de modernisation de sa
gestion publique94. L’objectif étant la recherche d’une plus grande efficacité de l’action
publique et la transparence pour une meilleure offre des biens et services aux citoyens.
Dans la même logique, Christian DESCHEEMAEKER pense que, la transformation
des mécanismes de contrôle a pour fondement les principes généraux du droit et est
manifestée par un alourdissement des procédures et une modernisation des méthodes de

89
OLIVIER (Lawrence), BEDARD (Guy), FERRON (Julie), L’élaboration d’une problématique de recherche,
Paris, l’Harmattan, 2005, Coll. Logiques sociales, pp. 10 – 11.
90
YAMPILI ABDOURAHMANOU, « Le contrôle de l’exécution des budgets des établissements publics
spéciaux au Cameroun : Le cas de la CNPS et de la CAA », IMJSTP, no 1, Vol. 9, Janvier 2024, p. 6959.
91
BARILARI (André), « La nouvelle gouvernance financière de l’État et l’évolution des dispositifs de
contrôle », La revue du trésor, no 6, juin 2005, p. 275.
92
HASSANA (Barnabas), « L’évolution des finalités du contrôle de la dépense publique au regard des nouvelles
réformes de finances publiques camerounaises », IMJST, no 7, Vol. 5, Juillet 2020, p. 1227.
93
AKONO OLINGA (André), « La codification de la transparence et de la bonne gouvernance dans les finances
publiques des États de la CEMAC », Annales africaines, Vol. 1 no 18, avril 2023, p. 42.
94
SADOA (Arnaud Claude), L’adaptation du contrôle des finances publiques à la nouvelle gouvernance
financière au Cameroun, Mémoire de master en Droit Public, Université de Strasbourg, 2022 – 2023, p. 1.

22
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

contrôle95. Michel PRAT et Sylvie CHAIGNAU PEYROUX96, n’en disent pas autrement en
assimilant la transformation à la modernisation97. Ils rejoignent ainsi Michel BOUVIER et
Jean-Marie PONTIER qui expriment une idée semblable en opinant respectivement, que la
recherche de l’efficacité est devenue un impératif, justifie à certains égards, les
transformations du contrôle des finances locales98 ; et « si les finalités du contrôle (…)
demeurent les mêmes qu’auparavant, le sens de ce contrôle a profondément changé, et il est
possible de parler de transmutations »99. Restant dans la même logique, Michel BOUVIER,
Marie – Christine ESCLASSAN et Jean – Pierre LASSALE, semble marquer son adhésion à
cette appréciation. Ils se montrent favorables à la thèse de la transformation du contrôle avec
la complexification du secteur public local qui se présente aujourd’hui en forme satellitaire100.

Ensemble, ces travaux offrent un aperçu approfondi de la décentralisation budgétaire


et de ses implications pour la gouvernance locale et la gestion des finances publiques au
Cameroun. Ils soulignent l’importance de renforcer la transparence, la responsabilité et la
participation citoyenne pour garantir l’efficacité et l’efficience des CTD dans la fourniture de
services publics. C’est à la lumière de ces travaux que l’objet de notre étude sera structuré.

B- L’OBJET DE L’ÉTUDE

L’objet de l’étude s’articule autour de la construction de la problématique ou la


question de recherche (1) conjuguée à la formulation de l’hypothèse de recherche (2).

1- La problématique

La question de recherche ou problématique s’entend de « l’ensemble construit autour


d’une question principale, des hypothèses de recherche et des lignes d’analyse qui
permettront de traiter le sujet choisi »101. Dans cette perspective, la personnalité morale ainsi
que l’autonomie administrative et financière concédée par l’État aux CTD explique que ces

95
DESCHEEMAEKER (Christian), « La transformation des contrôles. L’alourdissement des procédures »,
RFFP, no 87, Septembre 2004, pp. 203 – 217.
96
PRAT (Michel), CHAIGNAU – PEYROUX (Sylvie), « La modernisation des méthodes de contrôle », RFFP,
no 87, Septembre 2004, pp. 219 – 230.
97
PRAT (Michel), CHAIGNAU – PEYROUX (Sylvie), « La modernisation des méthodes de contrôle », op.cit.
98
BOUVIER (Michel), Les finances locales, op.cit., p. 146.
99
PONTIER (Jean – Marie), « Les transmutations du contrôle sur les collectivités territoriales décentralisées »,
La semaine juridique. Administrations et Collectivités territoriales, no 44, 5 Novembre 2012, p. 6.
100
BOUVIER (Michel), ESCLASSAN (Marie – Christine), LASSALE (Jean – Pierre), Finances Publiques,
Paris, LGDJ, Montchrestien (18e éd.), 2019 – 2020, p. 961.
101
BEAUD (Michel), L’art de la thèse, Paris, éd. La découverte, 2006, p. 55.

23
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

entités infra – étatiques possèdent ou disposent des ressources et exécutent des dépenses en
toute liberté à côté, ou en dehors de l’État. Il s’agit là de l’implication financière d’un principe
fondamental du droit de la décentralisation : le principe de la libre administration des CTD.
C’est encore conformément à l’esprit de ce principe que se réalise l’exécution des opérations
financières des CTD malgré les contrôles susceptibles de s’appliquer à ces dernières. Comme
le souligne Hans KELSEN, « le droit positif ne reconnaît que la centralisation et la
décentralisation partielles »102. C’est dire qu’en matière de décentralisation, l’autonomie des
structures décentralisées doit toujours être relative et non absolue. C’est ce qui découle même
de la règle de subsidiarité.
Cependant en matière de finances publiques locales, l’on constate que la
décentralisation financière rime avec une certaine centralisation qui parait excessive. En effet,
l’intention du législateur de doter les CTD d’un certain nombre de pouvoir en matière
budgétaire ne serait qu’apparente voire trompeuse au regard de l’encadrement strict dudit
pouvoir. D’où la question la question du contrôle de l’exécution du budget des CTD. Dès lors,
comment s’effectue le contrôle de l’exécution du budget des collectivités territoriales
décentralisées au Cameroun ?

2- L’hypothèse de recherche

Dans le domaine du droit budgétaire des collectivités territoriales décentralisées, la


question du contrôle de l’exécution du budget des CTD est un sujet qui soulève des enjeux
fondamentaux en matière de bonne gestion et gouvernance locale. À ce titre, le contrôle de
l’exécution du budget des collectivités territoriales décentralisées au Cameroun
s’effectue de manière particulière.

C- L’INTÉRÊT ET LA MÉTHODE DE L’ÉTUDE

Traditionnellement, tout travail scientifique présente nécessairement un intérêt et une


méthode d’analyse. À cet effet, notre étude ne déroge pas à ces exigences scientifiques et
mérite de mettre en exergue un intérêt (1) qui peut être varié, et une méthode (2) qui est à la
fois prioritaire et complémentaire.

102
KELSEN (Hans), Théorie générale du droit et de l’État, Paris et Bruxelles, LGDJ et Bruylant, 1997, p. 355.

24
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

1- L’intérêt de l’étude

L’étude sur le contrôle de l’exécution du budget des collectivités territoriales


décentralisées revêt un intérêt varié, c’est-à-dire un intérêt théorique (a) et un intérêt pratique
(b).

a- L’intérêt théorique

Au plan théorique, le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun vise la


transparence, la bonne gestion des finances publiques locales. La notion de transparence est
de plus en plus l’une des notions les plus usuelles de la gestion publique moderne et gage de
la bonne gouvernance financière. Définie comme « la mise en œuvre satisfaisante de
l’ensemble des mécanismes destinés à assurer la production, la fiabilité, l’accessibilité et
l’intelligibilité de l’information budgétaire des personnes publiques – sous réserve des secrets
légitimement protégés –, à temps et pour la durée utile103 », la transparence est un principe qui
irrigue toute la vie financière publique.
La transparence est l’exigence de contrôle, d’information et d’intégrité des acteurs
d’exécution du budget des entités publiques. Elle suppose aussi la lisibilité, l’accessibilité et
l’intelligibilité de la législation financière104. Prévu par la loi n° 2018/012 portant RFEEP, la
loi n° 2018/011 du 11 juillet 2018 portant CTGFP et la loi n° 2019/024 portant CGCTD,
l’impératif de transparence exige désormais du contrôleur financier spécialisé la vérification
exhaustive et fiable des informations sur les activités passées, présentes et futures des
collectivités locales ou des établissements publics afin de contribuer à une meilleure prise des
décisions des acteurs de l’exécution du budget (ordonnateurs, régisseurs, comptables). Une
fois que la transparence et la bonne gouvernance financière sont remplies par la fonction de
contrôle de l’exécution du budget, on assiste au processus de décentralisation qui constitue
l’axe fondamental de promotion du développement de la démocratie et de la bonne
gouvernance au niveau local105. L’intérêt du contrôle de l’exécution du budget des CTD réside
dans la volonté de mettre en œuvre des mécanismes de gestion saine des finances publiques
locales afin de promouvoir notamment mais non exclusivement le développement local.
Autrement dit, au plan théorique, l’intérêt du contrôle de l’exécution du budget des CTD au
Cameroun est multiple et revêt une importance capitale pour plusieurs raisons.

103
SY (Aboubakry), La transparence dans le droit budgétaire de l’État en France, Paris, LGDJ, 2017, p. 6.
104
Art. 2 Al. 2 de la loi no 2018/11 du 11 juillet 2018 portant CTGFP.
105
Art. 5(2) de la loi portant CGCTD.

25
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Le contrôle de l’exécution du budget permet de garantir la transparence dans la gestion


des fonds publics au niveau local. En rendant compte de l’utilisation des ressources
financières, il renforce la redevabilité des autorités locales envers les citoyens. En surveillant
les dépenses et en identifiant les éventuelles irrégularités, le contrôle budgétaire contribue à
prévenir la corruption et la fraude au sein des CTD. En analysant l’efficacité et l’efficience
des dépenses, le contrôle de l’exécution du budget permet d’identifier les domaines où des
améliorations peuvent être apportées, et d’optimiser ainsi l’utilisation des ressources
disponibles. Un contrôle efficace de l’exécution du budget renforce la gouvernance locale en
favorisant des processus décisionnels transparents et responsables, et en renforçant la
confiance des citoyens dans leurs autorités locales. En garantissant que les fonds utilisés
conformément aux priorités définies, le contrôle budgétaire contribue à améliorer la qualité
des services publics fournis aux citoyens au niveau local.
Un contrôle rigoureux de l’exécution du budget contribue à assurer la stabilité
financière des CTD en évitant les déficits budgétaires et en garantissant une gestion prudente
des ressources. En résumé, au plan théorique, l’intérêt du contrôle de l’exécution du budget
des CTD au Cameroun réside dans sa capacité à promouvoir la transparence, la responsabilité,
l’efficacité et la gouvernance démocratique au niveau local, tout en garantissant une
utilisation optimale des ressources financières pour répondre aux besoins des citoyens.
Hormis l’intérêt théorique, notre étude repose également sur un intérêt pratique.

b- L’intérêt pratique

Au plan pratique, le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun permet


non seulement de constater des irrégularités administratives (faute de gestion, gestion de fait)
et des infractions pénales (détournement de derniers publics locaux, corruption) dans la
gestion du budget local, mais aussi de faire endosser la responsabilité financière aux acteurs
de ladite exécution, coupables des irrégularités susmentionnées. Cette responsabilité
financière a une double dimension. Elle revêt une dimension administrative, c’est-à-dire, la
prise des sanctions administratives à l’encontre des acteurs de l’exécution du budget des CTD.
La responsabilité financière revêt également une dimension juridictionnelle, c’est-à-dire, la
prise des sanctions par la juridiction financière spécialisée (Chambre des comptes de la Cour
suprême) ou par les juridictions répressives à l’encontre desdits acteurs.
Eu égard aux différents intérêts, notre étude sera menée sous l’angle d’une méthode
précise qui, permettra d’atteindre des résultats fiables.

26
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

2- La méthode de l’étude

Traditionnellement, « la première obligation d’un scientifique […] est de décrire sa


méthode, la manière dont il perçoit l’objet de son étude et la mesure dans laquelle sa propre
subjectivité affecte l’objet de celle-ci106 ». Nous ne dérogeons pas à cette exigence scientifique
dans le cadre de notre travail, car la question de la méthode est justement au cœur de toute
œuvre scientifique107. D’après Madeleine GRAWITZ, la méthode d’analyse est appréhendée
comme « une démarche intellectuelle essentielle pour parvenir à la vérité, et de prouver cette
vérité le cas échéant. Elle permet d’expliquer le processus d’établissement du résultat
obtenu108 ». Ainsi, notre travail sera prioritairement abordé sous l’angle de la méthode
juridique ou du positivisme juridique (a) et éventuellement sous l’angle de la méthode
sociologique (b).

a- La méthode prioritaire : la méthode juridique

À la vérité, la méthode juridique ou positivisme juridique appelle à la conjugaison


concomitante de la dogmatique et la casuistique. La première convoquée, c’est-à-dire, la
dogmatique juridique ou la méthode exégétique est « un exercice d’exploitation des fonds et
des tréfonds de la pensée dont les moindres nuances doivent être busquées et explicitées109
». Cette méthode consiste à interpréter les dispositions pertinentes des instruments normatifs
c’est-à-dire, Constitution, codes, lois, actes règlementaires régissant de manière générale le
cadre règlementaire de la décentralisation au Cameroun et en particulier le contrôle de
l’exécution du budget des CTD. C’est dans cette logique que Marie-Anne COHENDET
soutient à propos de la dogmatique juridique qu’ « il s’agit du domaine de la science du droit
consacré à l’interprétation et à la systématisation des normes juridiques. Elle consiste pour
l’essentiel dans la discipline, l’interprétation et la tentative de compléter les règles de droit en
comblant des carences de la législation110 ».
Dans le même sens, Jean-Louis BERGEL affirme que : « la recherche juridique est
effectivement une recherche scientifique et se caractérise par l’examen des phénomènes

106
SALMON (Jean), Le droit international à l’épreuve au tournant du XXI e siècle, Cours Euro-méditerranéens,
Bancaja de droit international, Valencia, Vol. VI, 2002, pp. 35 – 363, p. 53.
107
KAMTO (Maurice), Pouvoir et droit en Afrique noire francophone : Essai sur le fondement du
constitutionnalisme francophone, Paris, éd. LGDJ, 1987, p. 47.
108
GRAWITZ (Madeleine), Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz (11e éd.), 2000, p. 71.
109
KAMTO (Maurice), TCHEUWA (Jean-Claude), Manuel de méthodologie et exercices corrigés de droit
international, éd. PUCAC, 2010, p. 85.
110
COHENDET (Marie – Anne), Méthodes de travail : droit public, Paris, Montchrestien (3e éd.), 1998, p. 209.

27
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

sociaux, la doctrine, les textes et la jurisprudence111 ». A travers la casuistique, il sera


question d’observer et de discuter les règles et solutions jurisprudentielles régissant le
contrôle de l’exécution du budget consacrées par le juge financier Camerounais, saisi d’une
question relative aux opérations financières des CTD. La méthode sociologique, bien
qu’accessoire, sera d’une importance cruciale dans le cadre de notre étude.

b- La méthode complémentaire : la méthode sociologique

Accessoirement à la méthode juridique, la méthode sociologique ou positivisme


sociologique est utilisée car comme le dit Michel VIRALLY, « nul ne saurait contester, en
effet, que le contenu du droit, son niveau de développement technique, la façon dont il
s’applique dépendent directement de celui auquel est parvenue la société qu’il ordonne du
point de vue économique, culturel, éthique, religieux… »112. En effet, la science du droit ne se
limite pas à l’analyse exégétique ou logico-conceptuelle des normes juridiques, elle intègre
selon elle, les aspects sociologiques qui permettent de sortir du formalisme113. Dans le cadre
de notre travail, elle permet de scruter concrètement des influences de l’environnement sur le
comportement des acteurs de contrôle, mais également sur le comportement des acteurs
d’exécution de la dépense publique locale.

Une fois la méthode d’analyse mise en œuvre, notre sujet sera davantage structuré
autour de deux techniques de recherches à savoir : la recherche documentaire et la recherche
numérique. S’agissant de la recherche documentaire, elle consiste à consulter différents
ouvrages et autres publications de la doctrine qui traitent d’une manière générale le régime
financier de l’État et d’une manière particulière le régime financier des collectivités
territoriales décentralisées au Cameroun afin de parvenir à des résultats envisagés. La
recherche numérique quant à elle, sera pour nous, un complément à la recherche documentaire
à travers l'actualisation des données et de nouvelles informations nécessaires relatives au
contrôle de l’exécution du budget des CTD. C’est à la lumière de cette approche
méthodologique que l’on étudiera l’efficacité du contrôle de l’exécution du budget des CTD
au Cameroun. Compte tenu de la question et de l’hypothèse de recherche, l’étude du contrôle
de l’exécution du budget des collectivités territoriales décentralisé sera structurée autour de
deux grands axes.

111
BERGEL (Jean – Louis), Méthodes de droit et théorie générale du droit, Dalloz, (2e éd.), p. 35.
112
VIRALLY (Michel), Le phénomène juridique, LGDJ, 1966, p. 37.
113
VIRALLY (Michel), Le phénomène juridique, op.cit.

28
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

III- LES AXES

Eu égard à la démarche méthodologique adoptée, il apparaît que le contrôle de


l’exécution du budget des CTD est formellement structuré (Première partie), et
matériellement aménagé (Seconde partie).

29
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

PREMIÈRE PARTIE : UN CONTRÔLE


FORMELLEMENT STRUCTURÉ

30
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun est un processus


formellement structuré, essentiel pour assurer la transparence et la responsabilité dans la
gestion des finances publiques locales. Ce contrôle commence dès l’élaboration du budget, où
les prévisions de recettes et de dépenses sont établies selon les besoins et les priorités des
collectivités territoriales. Une fois le budget approuvé par les autorités compétentes, le
contrôleur financier veille à son exécution en respectant strictement les lignes budgétaires
définies. Il s’assure que les dépenses engagées correspondent aux crédits votés et que les
recettes prévues sont effectivement recouvrées.
Pendant l’exécution du budget, le contrôleur financier exerce une surveillance
continue pour garantir que les fonds publics sont utilisés de manière efficace et conformément
aux objectifs fixés. Cela inclut la vérification des engagements de dépenses, l’examen des
pièces justificatives et l’autorisation des paiements. Le contrôleur financier s’assure que toute
ces opérations financières respectent les procédures règlementaires et les principes de la
comptabilité publique. Ce suivi rigoureux permet de prévenir les abus, les fraudes et les
erreurs dans l’utilisation des fonds publics.
Le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun est encadré par une
législation spécifique qui définit les rôles et les responsabilités des différents acteurs
impliqués. La loi de finances et les textes règlementaires relatifs aux finances publiques
locales fixent les procédures et les normes à respecter.
À ce titre, ce mécanisme est formellement structuré en ce qu’il repose, non seulement
sur un cadre institutionnel non juridictionnel opérationnel (Chapitre I), mais aussi et surtout,
sur un cadre institutionnel juridictionnel inachevé (Chapitre II).

31
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

CHAPITRE I : UN CADRE INSTITUTIONNEL


NON JURIDICTIONNEL OPÉRATIONNEL

Le cadre institutionnel non juridictionnel du contrôle de l’exécution du budget des


CTD au Cameroun est opérationnel grâce à une structuration claire des responsabilités et des
procédures, impliquant des organes internes et des organes externes des collectivités
territoriales. Les organes internes des CTD incluent principalement les services de contrôle
financier interne et les conseils municipaux et régionaux. Les services de contrôle financier
interne, souvent intégrés aux directions financières des collectivités territoriales, jouent un
rôle crucial en surveillant quotidiennement les opérations budgétaires et comptables.
Les conseils municipaux et régionaux, en tant qu’instances de délibération, examinent
les rapports financiers périodiques pour suivre l’exécution du budget et adopter des mesures
correctives nécessaires.
Dans ce cadre institutionnel non juridictionnel, le contrôle de l’exécution du budget
des CTD est un contrôle prioritairement confié à des organes internes aux CTD (Section I), et
accessoirement confié à des organes externes (Section II) aux CTD.

SECTION I : UN CONTROLE PRIORITAIREMENT CONFIE AUX ORGANES


EXTERNES AUX CTD

Les audits internes réalisés par les organes internes des CTD constituent une couche de
vérification. Ces audits évaluent l’efficacité des systèmes de contrôle interne, la conformité
des opérations financières, et identifient les irrégularités ou inefficacités potentielles. Les
conclusions et recommandations de ces audits sont cruciales pour améliorer les pratiques de
gestion financière et renforcer la transparence et la responsabilité au sein des CTD. Ces
mécanismes de contrôle interne, intégrés et coordonnés, assurent une gestion budgétaire saine
et conforme aux standards de bonne gouvernance.

Paragraphe I : Le contrôle diligenté par les agents de contrôle de l’exécution du budget


des CTD

Le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun peut être diligenté par
deux agents publics dont le statut et les missions demeurent séparés. Il s’agit principalement

32
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

de l’ordonnateur (A) et du receveur municipal ou régional communément appelé comptable


public (B).

A- L’ordonnateur

Depuis longtemps, et contrairement au Cameroun, la notion d’ordonnateur constitue


un réel objet d’étude pour l’ensemble de la doctrine française 114. Toutefois, la doctrine
s’accorde pour reconnaître que cette notion demeure difficile à appréhender dans sa globalité
du fait de son hétérogénéité115. C’est pourquoi, il est intéressant de l’envisager comme un
concept, dont le contenu devrait être identifié et appréhendé sous un double angle, statutaire,
c’est-à-dire, qui privilégie l’étude de ses responsabilités, et fonctionnel, qui s’attache à définir
ses compétences personnelles116.

Du point de vue de la définition, l’ordonnateur est généralement appréhendé comme


« une catégorie d’agent public de l’État, des collectivités territoriales et des établissements
publics seuls compétents pour prescrire l’exécution des recettes et des dépenses
publiques »117. Il s’agit d’une transposition du texte communautaire, qui aux termes de
l’article 8 de la directive CEMAC no 02/11-UEAC-190-CM-22 relative au règlement général
de la comptabilité public, définit l’ordonnateur comme étant « toute personne ayant qualité au
nom de l’État pour prescrire l’exécution des recettes et des dépenses inscrites au budget de
l’État ». Le décret no 2020/375 du 7 juillet 2020 portant règlement général de la comptabilité
publique reprend la définition du législateur communautaire en définissant l’ordonnateur
comme « toute personne ayant qualité pour prescrire les recettes et les dépenses publiques
inscrites au budget de l’État, ou des entités concernées »118. Ces définitions corroborent celle
que propose le Vocabulaire juridique, aux termes duquel l’ordonnateur « est une autorité
administrative chargée de prescrire l’exécution des recettes et des dépenses des personnes
publiques. Il constate les droits des organismes publics, liquide les recettes, engage et liquide

114
THÉBAULT (Stéphane), L’ordonnateur en droit public financier, LGDJ, 2007, p. 408.
115
Ibid.
116
KAMDOM DJEYA (Gabriel Yves), La responsabilité des ordonnateurs dans le système financier public
contemporain : étude comparée des droits camerounais et français, Thèse de doctorat en Droit Public,
Université de Lille & Université de Yaoundé II, 2019, p. 26.
117
Voir, Art. 64 (1) de la loi no 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État et des autres entités
publiques. Cette loi abroge la loi no 2007/006 du 26 décembre 2007 portant régime financier de l’État qui
constitue la pierre angulaire de la mise en place de la budgétisation par programme axée sur la performance.
118
Voir, Art. 4, Al. 1 du décret no 2020/375 du 7 juillet 2020 portant règlement général de la comptabilité
publique.

33
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

les dépenses. C’est celui qui donne les ordres aux comptables publics »119.
Au demeurant, la notion d’ordonnateur renvoie aux autorités centrales, déconcentrées
et décentralisées bénéficiant d’un statut particulier leur attribuant des pouvoirs de décisions en
matière d’exécution du budget120. En clair, les ordonnateurs sont aussi bien des responsables
politiques que des agents publics se trouvant, du fait des fonctions qu’ils exercent, dans la
situation de prendre des décisions ayant une incidence financière.

Dès lors, s’appesantir sur le nouveau statut de l’ordonnateur après la réforme


introduite par le nouveau régime financier de l’État de 2018 s’impose.
Traditionnellement, l’ordonnateur est chargé de l’exécution des recettes et des
dépenses inscrites au budget de l’État ou des entités concernées. À ce titre, en matière de
recettes, il constate les droits de l’État et des organismes publics, liquide et émet les titres de
créances correspondants. Et, en matière de dépenses, il juge de l’opportunité conformément
aux objectifs visés par la loi de finances et aux budgets votés, les engage, les liquide et les
ordonnance dans les limites des crédits disponibles. Mais avec le nouveau régime financier de
l’État, l’ordonnateur s’est vu attribuer une nouvelle fonction. Il s’agit de la fonction
managériale qui confère à ce dernier le statut de manager public. À cet effet, il convient de
ressortir le contenu de cette nouvelle attribution afin d’indiquer en quoi consiste la fonction
managériale de l’ordonnateur, ainsi que les implications de cette fonction sur le statut de
l’ordonnateur. Cette fonction découle de la mise en œuvre du budget programme. Ainsi,
l’ordonnateur est chargé de :

 Définir les objectifs et les priorités sur lesquels se fondent les programmes indicatifs ;
 Sélectionner et adopter les programmes indicatifs ;
 Préparer, négocier et conclure les marchés ;
 La coordination, la programmation et le suivi de la mise en œuvre des programmes ;
 Assurer une exécution adéquate, rapide et efficace des programmes121.

En clair, la fonction managériale exige des ordonnateurs les qualités de managers publics.
Car, il est non seulement tenu de fixer les objectifs généraux, mais surtout de mobiliser les
moyens pour atteindre les objectifs initialement fixés et les résultats escomptés. Il va sans dire

119
GUINCHARD (Serge), DEBARD (Thierry), Lexique des termes juridiques, Paris Dalloz (25e éd.), 2017 –
2018, p. 1449.
120
LAKENE DONFACK (Charles – Étienne), Finances publiques camerounaises, op.cit., p. 216.
121
NGUIMFACK VOUFO (Théophile), BANA (Lucy), « La rénovation du statut de l’ordonnateur dans la loi no
2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État et des autres entités publiques », IMJST, Vol. 6, no
9, septembre 2021, pp. 4082 – 4091, p. 4084.

34
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

qu’avec cette fonction managériale, l’ordonnateur associera à sa fonction administrative, celle


de bonne exécution des programmes122 et de production du rapport annuel de performance123.
Dans ce contexte, il a semblé utile pour des besoins opérationnels, que l’ordonnateur
puisse désigner un responsable pour la coordination des actions, des activités et des tâches de
chaque programme, à savoir le responsable de programme. À en croire le Professeur Gérard
Martin PEKASSA NDAM, ce dernier est « une personne physique à qui incombe l’obligation
légale de faire bon usage des crédits publics qui lui sont affectés dans le cadre de
l’accomplissement d’une mission de service public »124. Sa mission principale réside dans
pilotage125 et la coordination126 de l’ensemble du programme et trouve son fondement dans le
nouveau régime financier de l’État qui dispose : « sur la base des objectifs généraux fixés par
le ministre, le responsable de programme détermine les objectifs spécifiques, affecte les
moyens et contrôle les résultats des services chargés, sous sa responsabilité de la mise en
œuvre du programme. Il assure du respect des dispositifs de contrôle interne et de contrôle de
gestion »127. Il faut pourtant rappeler que le responsable de programme est d’office désigné
ordonnateur délégué. En ce sens, il reçoit une délégation de compétence limitée que l’on ne
saurait classer dans la catégorie des délégations de pouvoirs qui dessaisissent le déléguant.
L’ordonnateur n’est donc pas le seul agent à pouvoir effectuer le contrôle du budget
local, le comptable public est également concerné par ce dernier, puisque c’est lui qui détient
le monopole du maniement des fonds publics au sein de la collectivité locale.

B- Le comptable public

Le comptable public ou le receveur municipal ou régional, peut être appréhendé


comme un « agent nommé par le ministre des finances et placé sous son autorité dont la
mission est d’assurer le maniement (perception, versement) des fonds des organismes publics,
de tenir la comptabilité des opérations qu’ils effectuent et de conserver les pièces
justificatives de ces opérations (…) »128. À la différence de l’ordonnateur qui, dans le cadre de
la décentralisation financière est, une personnalité élue (cas du maire ou du président du

122
Voir l’article 51 (1) de la loi no 2007/006 du 26 décembre 2007 portant régime financier de l’État.
123
Voir le manuel de pilotage et d’exécution du budget programme, janvier 2013, p. 13.
124
PEKASSA NDAM (Gérard Martin), « La dialectique du responsable de programme en finances publiques
camerounaises : recherche sur les nouveau acteurs budgétaires », in MÉDÉ Nicaise. (dir.), Les nouveaux
chantiers des finances publiques en Afrique, Mélange en l’honneur de Michel BOUVIER, Dakar, L’Harmattan,
2029, p. 308
125
Voir, Manuel de pilotage et d’exécution du budget programme, op.cit., p. 23.
126
Ibid.
127
Voir, Art. 69 de la loi de 2018 précitée.
128
CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, op.cit., pp. 192-193.

35
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Conseil régional), le comptable quant à lui, est généralement un agent public, nommé, désigné
ou préposé auprès d’une CTD pour assurer la vérification des dépenses et le suivi des recettes.
Les comptables publics placés auprès des Collectivités Territoriales Décentralisées
sont dénommés : Receveur Régional, lorsqu’ils sont placés auprès des Régions ; Receveur
Municipal, lorsqu’ils sont placés auprès de la Commune, de la Communauté Urbaine ou de la
Commune d’Arrondissement129. Ceux-ci sont des agents publics régulièrement préposés aux
comptes et habilités à effectuer, à titre exclusif au nom de la Collectivité, des opérations de
recouvrement des recettes et de règlement des dépenses ou de maniement de titres, soit au
moyen des fonds et des valeurs dont ils ont la garde, soit par virement interne d’écriture, soit
par l’intermédiaire d’autres comptables130. Le comptable public, au moment de la phase
comptable d’exécution du budget, exécute toutes les opérations de recettes et de dépenses du
budget de la Collectivité, ainsi que toutes les opérations de la trésorerie et de financement.

Avant de procéder aux opérations de d’encaissement et de décaissement, le receveur


régional ou le receveur municipal effectue un contrôle de régularité des opérations
budgétaires de la collectivité. À ce titre, le comptable public, qu’il s’agisse du receveur
régional ou du receveur municipal, a une double fonction : la fonction de caissier et la
fonction de payeur. En tant que caissier, le comptable public a le monopole de la
manutention des derniers publics de la collectivité, soit directement, soit par l’intermédiaire
d’agents sous son contrôle et de sa responsabilité.

En tant que payeur, le comptable public a la charge de faire les vérifications sur la
régularité des opérations décidées par l’ordonnateur. Cela signifie qu’il revient au comptable
public de vérifier que l’ensemble des pièces qui lui ont été fournies au regard de la
nomenclature, soient complètes, précises et cohérentes au regard de la catégorie de la
dépense, de sa nature et de son objet131. En cas de pièces manquantes ou d’irrégularité
flagrante, telle l’absence de contrat obligatoire au regard du droit des marchés publics, le
comptable devra suspendre le paiement et interpeller l’ordonnateur sur l’insuffisance des
pièces sans toutefois lui imposer une certaine marche à suivre132. Autrement dit, le comptable

129
Art. 2 du décret no 2023/475 du 7 novembre 2023 précisant certaines attributions et fixant les avantages des
avantages des comptables publics placés auprès des Collectivités Territoriales Décentralisées.
130
Op.cit., Art. 5, al. 1.
131
« Le contrôle de légalité, limite de la compétence du comptable public », Disponible en ligne sur
https://www.atd13.fr/le-controle-de-legalite-limite-de-la-competence-du-comptable-public, Consulté lundi, 20
mai 2024 à 16h31 min.
132
Ibid.

36
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

public doit s’abstenir de payer une dépense mandatée sur des crédits irrégulièrement ouverts,
une dépense mandatée sur des crédits insuffisants, en cas de mauvaise imputation budgétaire.

Cette solution permet au comptable public d’une part de se protéger tout en


demeurant dans les limites de son contrôle, et d’autre part de laisser à l’ordonnateur assumer
seul la responsabilité de l’absence d’éventuelles pièces justifiant le paiement d’une dépense.

Toutefois, l’ordonnateur peut passer outre le refus du comptable et lui adresser un


ordre de réquisition, auquel il doit se conformer. Dans ce cas, il engage sa propre
responsabilité qui va se substituer à celle du comptable public.

À la différence de l’ordonnateur qui, conformément à l’esprit du principe de la


séparation de l’ordonnateur et du comptable est juge de l’opportunité, le comptable public
quant à lui est juge de la régularité. Tel est l’esprit de l’article 16 alinéa 1 du décret n o
2023/475 du 7 novembre 2023 qui dispose que : « le comptable public est implicitement
considéré quitte de sa gestion si l’arrêté définitif du compte constate la régularité des
opérations exécutées »133. À ce titre, le comptable public vérifie les différents éléments
financiers des titres de paiement (pour la dépense). Ces vérifications portent sur la qualité de
l’ordonnateur, l’imputation budgétaire de la dépense, la disponibilité budgétaire des crédits,
l’exactitude des calculs de liquidation de la dépense, la justification du « service fait », le
caractère libératoire du règlement et la prescription quadriennale.

Le receveur municipal ou régional a également pour mission de contrôle de surveiller


le flux de la trésorerie. Dans le cas d’espèce, surveiller de près les entrées de la trésorerie
provenant des différentes sources de recettes locales, telles que les impôts, les taxes, les frais
de services, etc., ainsi que les sorties de trésorerie pour les dépenses prévues dans le budget.
Le comptable public doit également élaborer les prévisions de la trésorerie régulières pour
anticiper les besoins de trésorerie à court et à moyen terme, et identifier les périodes de
surplus ou de déficit de la trésorerie. Le receveur municipal ou régional doit comparer
régulièrement les flux de trésorerie réels avec les prévisions et les budgets pour identifier les
écarts et les raisons sous-jacentes, et ajuster les plans de gestion de trésorerie en conséquence.

Hormis le contrôle effectué par l’ordonnateur et le comptable public en tant qu’agents


de l’exécution du budget local, celui-ci s’opère également par les organes délibérants.

133
Art. 16, al. 1 du décret no 2023/475 du 7 novembre 2023 précisant certaines attributions et fixant les
avantages des avantages des comptables publics placés auprès des Collectivités Territoriales Décentralisées.

37
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Paragraphe II : Le contrôle opéré par les organes délibérants

Le Cameroun, comme de nombreux pays, a mis en place un système de


décentralisation pour rapprocher la gestion publique des citoyens et améliorer l’efficacité
administrative. Le contrôle par l’organe délibérant est une innovation de la loi de 2019134. Ce
contrôle porte sur l’exécution du budget ainsi que sur les programmes et projets y afférents135.
Ce nouveau type de contrôle peut apparaitre comme un moyen pour les collectivités
locales de prendre en charge leurs affaires locales et s’autogérer, mais ne permet pas de
garantir une spécificité pour les collectivités à statut spécial, en raison de son application à
toutes les CTD136. Les CTD au Cameroun sont principalement les régions et les communes.
Les organes délibérants, pour assurer le contrôle de l’exécution du budget des CTD sont : soit
désignés directement par le peuple (A), soit indirectement désignés par le peuple (B).

A- Les organes délibérants directement désignés par le peuple

Au Cameroun, les CTD comprennent les régions et les communes. Les organes
délibérants de ces collectivités sont le Conseil Municipal et l’Exécutif Communal137 pour ce
qui est des Communes, et le Conseil Régional et l’Exécutif Régional pour ce qui est des
Régions.
Cependant, les organes délibérants directement désignés par le peuple sont les
Conseillers Municipaux, élus à un mandat de cinq (5) ans138 renouvelables139. Cet organe
délibérant (Conseil Municipal) exerce des missions de contrôle dans le cadre du budget
communal. Tel est l’objet de l’article 104 de la loi no 2009/011 du 11 juillet 2009, qui dispose
en effet que « lors de l’examen du budget ou du compte administratif, l’organe délibérant
exerce un contrôle sur l’exécution du budget, ainsi que les programmes y afférents140 ».
L’organes délibérant exerce un contrôle a priori, dans la mesure où, il a le pouvoir
d’approuver le budget des CTD. Avant son adoption, le budget est examiné et débattu au sein
du conseil. Cette étape permet aux conseillers de contrôler les dépenses prévues et de

134
La loi no 2019/024 du 24 décembre 2019 portant CGCTD.
135
Ibid., art. 482.
136
YAMTCHEU KAYE (Estelle Audrey), « Le régime financier des collectivités territoriales décentralisées à
statut spécial au Cameroun », RAFP, no 2 (10), pp. 1 – 22, p. 14.
137
L’article 164 (1) de la no 2019/024 du 24 décembre 2019 portant CGCTD dispose à cet effet que : « Les
organes de la Commune sont : le Conseil Municipal et l’Exécutif Communal ».
138
Telle est la teneur de l’article 169 (1) de la loi no 2012/001 du 19 avril 2012 portant code électoral modifiée et
complétée par la loi no 2012/017 du 21 décembre 2012, qui dispose que : « Les conseillers municipaux sont élus
pour cinq (05) ans au suffrage universel, direct et secret ».
139
Ibid., Art. 169 (2), qui dispose qu’ : « Ils sont rééligibles ».
140
Art. 104 de la loi no 2009/011 du 10 juillet 2009 portant régime financier des collectivités territoriales
décentralisées.

38
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

s’assurer de leur cohérence avec les priorités et les besoins de la population locale. Les
organes délibérants sont chargés de suivre l’exécution du budget des CTD tout au long de
l’année. Ils examinent régulièrement les rapports financiers et les comptes rendus d’exécution
budgétaire pour évaluer la réalisation des objectifs fixés et pour détecter d’éventuelles
irrégularités ou anomalies. Les organes délibérants exercent un contrôle sur les dépenses
engagées par l’exécutif local. Ils veillent à ce que les dépenses soient effectuées
conformément aux priorités établies dans le budget approuvé et qu’elles respectent les règles
et les procédures en vigueur. Les organes délibérants peuvent décider de réaliser des audits ou
des évaluations spécifiques sur certains aspects de la gestion financière de la CTD. L’exigence
de Ces audits permettent de vérifier la conformité aux normes comptables et aux règlements
en vigueur, ainsi que d’identifier les domaines nécessitant des améliorations.

L’article 105 de la loi no 2009/011 du 10 juillet 2009 ajoute en effet que « l’organe
délibérant peut constituer des commissions ad hoc sur des sujet intéressant la gestion
financière de la collectivité territoriale, les rapports de cette commission, sont soumis à
l’appréciation de l’organe délibérant141 ».
De ce qui précède, l’on peut retenir que les organes délibérants directement désignés
par le peuple jouent un rôle majeur dans la prise de décisions ayant une incidence budgétaire,
mais ceux désignés indirectement par le peuple exercent également des missions budgétaires.

B – Les organes délibérants indirectement désignés par le peuple

Les organes délibérants indirectement désignés par le peuple sont le Président de


l’Exécutif Communal pour ce qui est des Communes, et les Conseillers Régionaux et le
Président du Conseil Régional pour ce qui est des régions.
En ce qui concerne le Président de l’Exécutif Municipal, il est placé à la tête de
l’exécutif communal. Il s’agit généralement le maire. Ce dernier est élu au scrutin uninominal
majoritaire à deux (2) tours. L’élection est acquise au premier tour à la majorité des suffrages
exprimés142. Pour ce qui est des Conseillers Régionaux, il en existe quatre – vingt – dix
(90), élus pour un mandat de cinq (05) ans143. Le Conseil Régional, en tant qu’organe
délibérant des régions comprend les délégués des départements élus au suffrage universel

141
Art. 105 de la loi no 2009/011 du 10 juillet 2009 portant régime financier des collectivités territoriales
décentralisées.
142
Voir Art. 200 (1) de la loi portant CGCTD.
143
Art. 275 (2) de la loi portant CGCTD.

39
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

indirect et les représentants du commandement traditionnel élus par leurs pairs144. Elles
s’assurent que toutes les opérations financières respectent les lois et règlements en vigueur,
ainsi que les directives budgétaires adoptées par l’organe délibérant. Cela inclut la vérification
des procédures de passation des marchés publics, la conformité des dépenses aux
autorisations budgétaires, et la régularité des recettes. Les commissions évaluent également
l’efficacité et l’efficience de l’utilisation des fonds publics, en analysant si les objectifs
budgétaires sont atteints et si les ressources sont utilisées de manière optimale.

En cas de détection d’irrégularités ou de dysfonctionnements, ces organes proposent


des mesures correctives à l’exécutif local et peuvent recommander des ajustements
budgétaires. Elles jouent un rôle consultatif en formulant des avis et des recommandations
pour améliorer la gestion budgétaire.

Le contrôle concomitant opéré par les commissions ad hoc de l’organe délibérant,


permet de détecter rapidement des anomalies. À cet effet, grâce à un suivi continu, les
commissions peuvent identifier et corriger les écarts budgétaires avant qu’ils ne deviennent
des problèmes majeurs. Ces commissions peuvent également améliorer la gouvernance, en
assurant une gestion rigoureuse et responsable des ressources publiques, ce contrôle contribue
à une meilleure gouvernance locale et à la confiance des citoyens dans les institutions
publiques.

En somme, les commissions ad hoc de l’organe délibérant jouent un rôle indispensable


dans le contrôle concomitant de l’exécution budgétaire, garantissant une gestion financière
saine, transparente et conforme aux intérêts de la collectivité.

Puisqu’on parle d’un cadre institutionnel non juridictionnel opérationnel, le contrôle


de l’exécution du budget des CTD au Cameroun va au-delà des organes internes des
collectivités territoriales décentralisées. Ce contrôle est également effectué par les organes
externes des collectivités territoriales décentralisées.

144
Ibid., Art. 275 (3).

40
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

SECTION II : UN CONTROLE ACCESSOIREMENT CONFIE AUX ORGANES


EXTERNES AUX CTD

Outre le contrôle par les organes internes des CTD qui permet de prévenir les
irrégularités, les fraudes et les inefficacités dans l’utilisation des fonds publics au niveau local,
le contrôle effectué par les organes externes des CTD est d’une importance capitale pour
renforcer le cadre institutionnel non juridictionnel. Ce contrôle inclut d’une part, le contrôle
diligenté par les organes dépendant de la Présidence (Paragraphe I) et d’autre part, le
contrôle effectué par le contrôleur financier (Paragraphe II) en tant qu’organe dépendant du
MINFI.

Paragraphe I : Le contrôle diligenté par les organes dépendant de la Présidence de la


République

En matière de contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun, les organes


dépendant de la présidence jouent un rôle important dans la supervision et la régulation des
activités financières desdites CTD.

Leur action vise à garantir une gestion financière transparente, efficace et responsable
au niveau local, contribuant ainsi à renforcer la bonne gouvernance et la confiance des
citoyens au sein des CTD.

En tant qu’organes dépendant de la Présidence, le contrôle de l’exécution du budget


des CTD au Cameroun est amorcé par les services du ministère délégué à la Présidence de la
République chargé du Conseil Supérieur de l’État (CONSUPE) (A) et poursuivi par le Conseil
de Discipline Budgétaire et Financière (CDBF) (B).

A- Le contrôle amorcé par les services du ministère délégué à la Présidence de la


République chargé du contrôle supérieur de l’État

Institution Supérieure de Contrôle des Finances publiques, Le CONSUPE est


l’auditeur gouvernemental externe145, car placé en dehors du gouvernement. Il relève de
l’autorité Président de la République de qui il reçoit les instructions. Il rend compte à travers
le Secrétariat Général de la Présidence de la République. Ses agents sont en théorie
indépendants vis-à-vis de l’organe audité, mais pas de leur hiérarchie. Réorganisé par décret

145
L’article 2 (1) du décret no 2013/287 du 04 septembre 2013 portant organisation des services du Contrôle
supérieur de l’État dispose à cet effet que : « Les services du Contrôle supérieur de l’État constituent l’institution
supérieure de contrôle des finances publiques (ISC) du Cameroun. Ils sont chargés de l’audit externe (…) ».

41
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

présidentiel no 2013/287 du 04 septembre 2013, il joue un rôle central dans la protection de la


fortune publique146. Il audite les CTD, les établissements, entreprises publiques et
parapubliques, les établissements et associations confessionnels ou laïcs bénéficiant des
concours financiers, avals ou garanties de l’État, les autres personnes morales publiques sur le
plan administratif, financier et stratégique147. Son champ d’action va au-delà de la barrière des
structures étatiques ou subventionnées par l’État. Il peut sur instruction du Président de la
République, effectuer des contrôles spécifiques auprès des organismes privés d’intérêt public
présentant un caractère stratégique pour le Cameroun148.

Ses missions consistent à l’appréciation de la qualité de la gestion des services et


organismes contrôlés. Il constate les irrégularités, les entorses à la règlementation, la mesure
et l’appréciation de l’efficacité, de l’efficience et de l’économie de la gestion. Il statue aussi
sur la sincérité et la fidélité des états financiers produits par la structure auditée. Il prend
connaissance de l’organe à auditer, détermine ses besoins en information, recense les actes
administratifs de portée générale, les textes, arrêtés, circulaires et autres actes administratifs
censés encadrer les comportements des agents et mis au point dans l’organe à auditer
conformément à la loi.

En ce qui concerne la gestion des crédits publics, il détermine les manquements


énumérés par la loi du 5 décembre 1974, modifiée par celle du 8 juillet 1978. On distingue les
irrégularités mentionnées aux articles 3, 4 et 5 pour ceux relatifs à la gestion de l’État et des
collectivités publiques et celles citées aux articles 6 et 7 relatifs à la gestion des entreprises de
l’État.

Est considérée comme irrégularité au sens de la présente loi, toute faute commise
préjudiciable à la puissance publique, ne ressortissant pas nécessairement de la compétence
des tribunaux répressifs ou de commerce. Le CONSUPE interagit aussi en amont de la
gestion des structures auditées en vue du renforcement des capacités des managers et du

146
BAKITI BA MBOG BINYET (Joseph Olivier), « Effet de l’action du contrôle supérieur de l’État sur l’offre
des services publics au Cameroun », ASJ, no 8, Vol. 3, 2021, pp. 157 – 186, p. 161.
147
Ibid.
148
Telle est la teneur de l’article 2 (2) du décret no 2013/287 du 04 septembre 2013 portant organisation des
services du Contrôle supérieur de l’État qui dispose que : « Les services du Contrôle supérieur de l’État peuvent,
sur instruction du Président de la République, effectuer des contrôles spécifiques auprès des organismes privés
poursuivant un objet ayant un lien avec le service public, et présentant un caractère stratégique pour l’économie
ou la défense nationale ».

42
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

personnel par des actions de formation continue et de sensibilisation149. Le Conseil Supérieur


de l’État (CONSUPE) au Cameroun, joue un rôle fondamental dans l’audit et le contrôle de
l’exécution du budget des CTD. En tant qu’organe externe de contrôle, le CONSUPE assure
la vérification de la conformité, de la régularité et de l’efficience des opérations financières
des CTD150.

Le CONSUPE, créé pour garantir la bonne gouvernance financière, a pour mandat


d’effectuer des audits et des contrôles sur les finances publiques au niveau national et local.
Ses compétences s’étendent à : l’audit des comptes et des opérations financières des CTD, la
vérification de la conformité des dépenses publiques par rapport aux lois et règlements en
vigueur, l’évaluation de l’efficacité et de l’efficience dans l’utilisation des ressources
publiques et la détection et la prévention des fraudes et des irrégularités financières.

Tout comme le CONSUPE, le CDBF, en tant qu’organe dépendant de la présidence


exerce le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun.

B- Le contrôle poursuivi par le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière

Au Cameroun, le contrôle de l’exécution du budget des CTD est également assuré par
le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière. Ce conseil est chargé de veiller à la
régularité des opérations financières et comptables des CTD, en garantissant notamment le
respect des règles budgétaires et financières établies.

Le CDBF peut être saisi pour examiner des cas de non-conformité aux règles
budgétaires, de mauvaise gestion financière ou d’autres infractions relevant de sa compétence.
Il peut alors mener des enquêtes, prendre des mesures correctives et, recommander des
sanctions en cas de manquements avérés151. En collaboration avec d’autres organes, le CDBF

149
BAKITI BA MBOG BINYET (Joseph Olivier), « Effet de l’action du contrôle supérieur de l’État sur l’offre
des services publics au Cameroun », op.cit., p. 162.
150
Tel est l’objet de l’article 2 (3) du décret no 2013/287 du 04 septembre 2013 portant organisation des services
du Contrôle supérieur de l’État qui dispose que : « Dans l’exercice de leurs attributions, les services du Contrôle
supérieur de l’État effectuent :
- Un contrôle de conformité et de régularité ;
- Un contrôle financier ;
- Un contrôle de performance ;
- Un contrôle de l’environnement ;
- Un contrôle des systèmes d’information. ».
151
Telle est l’esprit de l’article 1 er (1) du décret no 97/049 du 5 mars 1997 portant organisation et fonctionnement
du Conseil de Discipline Budgétaire et Financière qui dispose que : « Le Conseil de Discipline Budgétaire et
Financière est chargé de la sanction des responsabilités des ordonnateurs et gestionnaires des crédits publics et
entreprises publiques. À ce titre, il sanctionne les irrégularités et fautes de gestion commises par :

43
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

contribue à renforcer le dispositif global de contrôle administratif visant à assurer une gestion
transparente, légale et efficace des ressources publiques par les CTD au Cameroun. Son action
est essentielle pour promouvoir la responsabilité et la bonne gouvernance au niveau local.

Le CDBF peut exercer des actions conjoncturelles avec les juridictions répressives au
Cameroun dans le cadre du contrôle de l’exécution du budget des CTD. Cette collaboration
vise à garantir que les infractions détectées lors des enquêtes menées par le CDBF soient
traitées de manière appropriée sur le plan judiciaire152.

Lorsque le CDBF identifie des cas de mauvaise gestion financière, de détournement de


derniers publics ou d’autres infractions graves, il peut transmettre ces dossiers aux juridictions
compétentes pour enquête et poursuites judiciaires. Les preuves recueillies par le CDBF
peuvent ainsi servir de base à des actions judiciaires visant à sanctionner les responsables des
actes répréhensibles.

Cette action conjoncturelle entre le CDBF et les juridictions répressives renforce


l’efficacité du contrôle de l’exécution du budget des CTD, assurant que les cas de violation de
la loi soient traités de manière rigoureuse et que les acteurs des infractions soient tenus
responsables de leurs actes. La conjugaison des actions dans la collaboration entre le CDBF et
les juridictions répressives contribue à promouvoir la transparence, la responsabilité et la
bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques au niveau local.

Hormis les organes dépendant de la présidence, le contrôle de l’exécution du budget


des CTD est également assuré par l’organe dépendant du ministère des finances à savoir : le
contrôleur financier.

- Les ordonnateurs et gestionnaires de crédits de l’État, les collectivités territoriales décentralisées, des
entreprises et organismes publics ou parapublics et toute autre personne agissant en cette qualité ;
- Les commissaires aux comptes, censeurs et commissaires du Gouvernement auprès des entreprises
publiques et toute autre personne agissant en cette qualité. ».
152
Le CDBF peut exercer une action conjoncturelle avec les juridictions répressives. C’est d’ailleurs le sens de
l’article 18 (3) du décret no 97/049 du 5 mars 1997 portant organisation et fonctionnement du Conseil de
Discipline Budgétaire et Financière qui dispose que : « Si l’instruction fait apparaître des faits susceptibles
d’être qualifiés de crimes ou délits, le Président du Conseil transmet le dossier à l’autorité judiciaire
compétente. Cette transmission vaut plainte au nom de l’État, de la collectivité publique ou de l’entreprise
concernée contre le mis en cause ».

44
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Paragraphe II : Le contrôle effectué par le contrôleur financier

Le contrôleur financier est nommé par le Ministre des finances auprès des
ordonnateurs. Il est chargé d’effectuer un contrôle a priori sur la liasse de chaque opération
financière de recettes ou de dépenses pour s’assurer de la conformité au budget et à la
règlementation en vigueur.

Il effectue donc une vérification sur la régularité de l’opération financière. Il vérifie


notamment la bonne imputation de la dépense, la disponibilité des crédits, l’évaluation
correcte de la dépense, l’existence d’un acte d’engagement préalablement visé. Il contrôle et
apure les caisses d’avance et les mises à disposition des fonds. Il a ainsi un rôle d’appui-
conseil de l’ordonnateur au sens de la circulaire no 00003672/C/MINFI/SG/DGB/DCOB du
23 mai 2019 précisant les attributions des contrôleurs financiers à la lumière des dispositions
de la loi no 2018/012 du 11 juillet 2018 portant RFEAP.

En effet, il convient d’abord d’analyser le statut du contrôleur financier (A), avant de


s’appesantir sur ses missions (B).

A – Le statut du contrôleur financier

Au Cameroun, le contrôleur financier est un agent dans la chaîne d’exécution de la


dépense publique. Agent nommé153 par le ministre des finances, son statut lui confère une
autorité et une responsabilité spécifiques en matière de supervision des dépenses publiques au
niveau local. Il bénéficie généralement d’un statut officiel, souvent défini par des décrets ou
des arrêtés ministériels, qui lui confèrent des prérogatives juridiques et administratives pour
mener à bien ses missions de contrôle.

C’est une innovation dans la loi no 2018/012 du 11 juillet 2018154 : il a existé des
contrôleurs en droit financier camerounais dans le cadre des décrets, mais aucune loi portant
droit financier ne faisait mention de leur substance jusqu’à ce dernier texte.

En tant que fonctionnaire de l’État, le contrôleur financier peut bénéficier de certains


avantages et de protections liés à son statut, tels que la sécurité de l’emploi, des garanties en

153
Tel est l’esprit de l’article 115 alinéa 1er du décret no 2020/375 du 07 juillet 2020 portant règlement général de
la comptabilité publique qui dispose à cet effet que : « un contrôleur financier est nommé auprès des
ordonnateurs principaux, ainsi qu’auprès des ordonnateurs secondaires placés à la tête des services
déconcentrés ».
154
Loi no 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État et d’autres entités publiques.

45
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

matière de rémunération et d’avantages sociaux, ainsi que des possibilités de formation et de


développement professionnel. Son statut peut également lui conférer une certaine
indépendance dans l’exercice de ses fonctions, lui permettant d’opérer de manière impartiale
et objective dans ses évaluations et recommandations.

Le statut du contrôleur financier peut en outre inclure des obligations spécifiques en


termes de déontologie et d’éthique professionnelle, visant à garantir l’intégrité et la fiabilité
de son travail. Ces obligations peuvent inclure des restrictions en matière de conflits
d’intérêts, des règles de confidentialité et de discrétion, ainsi que des normes de
comportement professionnel. Le contrôleur financier se présente alors comme un conseiller de
l’ordonnateur. Toutefois, il exerce ses missions propres.

B – Les missions du contrôleur financier

Partis du cadre général de la gestion des finances publiques, du rôle et des modalités
d’intervention du contrôleur financier dans la chaîne PPBS ( Planification – Programmation –
Budgétisation – Suivi/Évaluation), de son rôle dans la contractualisation publique, son devoir
de maîtrise de la Nomenclature Budgétaire de l’État en passant par des procédures budgétaires
et le reporting des activités du CF, les travaux initiés par la Division du Contrôle Budgétaire,
de l’Audit et de la Qualité de la dépense ont également porté l’attention du CF sur la place des
impôts et taxes dans les procédures budgétaires.

En tant qu’agent désigné par le ministre des finances pour garantir en ses lieux et
place, l’orthodoxie dans l’exécution des budgets publics à travers des avis et visas, le
contrôleur financier, assure à cet effet, la centralisation des opérations budgétaires des
ordonnateurs auprès desquels il est placé, par une bonne tenue des fiches de suivi des
engagements et des ordonnancements155. Une action vaste enrobée de règles déontologiques
spécifiques avec pour socle des normes internationales et nationales156. Il s’agit des règles
déontologiques de l’INTOSAI s’adressant aux contrôleurs du secteur public157. Des règles
respectivement édictées par les normes ISSAI 130 et ISSAI 140. D’un autre côté, il s’agit de
la loi no 2018/011 du 11 juillet 2018 portant code de transparence et de bonne gouvernance en

130
« Le contrôleur financier : juge de la régularité et acteur essentiel dans la chaîne d’exécution du budget de
l’État », Disponible en ligne sur https://www.dgb.cm/le-controleur-financier-juge-de-la-regularite-et-acteur-
essentiel-dans-la-chaine-dexecution-du-budget-de-letat, op.cit.
156
Ibid.
132
Idem.

46
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

158
son article 52 (1) . Ainsi, le contrôleur financier a pour mission d’apposer son visa
budgétaire159 préalable à l’exécution de toute dépense publique. L’absence de visa du
contrôleur financier est un cas de suspension absolue de paiement pour le receveur municipal.
Le délai prévu pour l’apposition dudit visa est de 72 heures. Ce principe peut être atténué
lorsque ce dernier a adressé une demande d’informations ou de documents complémentaires.
Dans ce cas, le délai est suspendu jusqu’à la production des informations et documents
sollicités.

Sous peine d’être taxé de fantaisiste, le refus de visa doit être motivé. Il faut noter que
si le visa du contrôleur financier ne peut être outrepassé que sur l’autorisation du ministre des
finances160 (visa budgétaire préalable, visa de validation, accord pur et simple du visa, visa
avec observation, visa de réserve…), son avis quant à lui prend la forme d’une lettre motivée
qui ne lie pas l’ordonnateur et n’a aucun effet contraignant dans la gestion quotidienne.
Concernant par exemple l’apposition du visa relativement à la question des impôts et taxes
locaux dans les procédures budgétaires, il est convenu que les outils de sécurisation des
recettes fiscales, la maîtrise des règles fiscales par les acteurs de la chaîne de la dépense
représentent un enjeu majeur pour la bonne exécution du budget des collectivités territoriales
décentralisées. Ceci exige la vigilance de la part des contrôleurs financiers dans les
procédures de liquidation et de retenues des impôts et taxes sur l’ensemble des actes dont ils
sont appelés à contrôler la régularité, ainsi que la conformité. Ainsi, le contrôleur financier
exerce un contrôle a priori161 et un contrôle a posteriori162 des opérations budgétaires.

133
L’article 52 alinéa 1er de la loi no 2018/011 du 11 juillet 2018 portant code de transparence et de bonne
gouvernance dans la gestion des finances publiques au Cameroun dispose à ce titre que, « Les obligations des
agents de l’État sont régies par des règles déontologiques claires et largement connues de tous ».
159
Telle est la teneur de l’article 70 alinéa 2 de la loi no 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de
l’État et des autres entités publiques qui dispose que : « le contrôleur financier est chargé des contrôles a priori
par l’apposition d’un visa préalable des opérations budgétaires, les propositions d’acte de dépense qui luis sont
transmises par le ministre ou ses ordonnateurs délégués selon les modalités définies par le ministre chargé des
finances ».
160
Tel est le sens de l’article 70 alinéa 3 du même texte qui dispose que : « il ne peut être passé outre au refus de
visa que sur autorisation écrite du Ministre chargé des finances. Dans ce cas, la responsabilité du Ministre
chargé des finances se substitue à celle du Contrôleur Financier ».
161
Tel est l’objet de l’article 116 alinéa 1er du décret no 2020/375 du 07 juillet 2020 portant règlement général de
la comptabilité publique qui dispose que : « les contrôles a priori exercés par les contrôleurs financiers portent
sur les opérations budgétaires. Tous les projets d’actes des ordonnateurs portant engagement de dépenses,
notamment les marchés publics ou contrats, baux administratifs, arrêtés, mesures ou décisions émanant d’un
ordonnateur, sont soumis au visa préalable du contrôleur financier ».
162
Voir l’article 119 alinéa 1er du même texte, qui dispose que : « les contrôles a posteriori sont inopinés ou non,
sur pièces ou sur place, sur les actes des ordonnateurs et des comptables. Ces contrôles ont pour objet de
vérifier la bonne application des lois et règlements en vigueur en matière de gestion des finances publiques ».

47
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Il convient de souligner que, le régime financier de l’État et des autres entités


publiques, retient la responsabilité du contrôleur financier pour des visas qu’il appose, tout
particulièrement lorsqu’une faute identifiée a été occasionnée par la défaillance du contrôle
qu’il aurait dû effectuer.

Il faut par ailleurs mettre en exergue la nécessité d’une remontée de données fiables et
leur archivage qui s’alignent désormais au système de dématérialisation des supports
physiques, l’archivage électronique de supports de la dépense, leur uniformisation et la
sécurisation desdites données163. Toute chose qui concourt à relever qu’en tant qu’acteur
d’exécution du budget, le contrôleur financier doit connaître toutes les procédures, afin de
mieux assurer d’une part le contrôle des dépenses engagées, et de bien exercer d’autre part,
ses fonctions de centralisateur des opérations budgétaires, d’informateur du ministre au
travers du reporting.

Le contrôleur financier effectue également un contrôle de la solde et des pensions. À


ce titre, il est chargé de mettre en œuvre les techniques de contrôle des effectifs et des
rémunérations, des éléments constitutifs d’un bulletin de solde et des pensions, les cas de
fraudes, irrégularités et anomalies régulièrement rencontrés à la lecture d’un bulletin de solde
ou de pension, et les solutions pour y remédier164.

Son action devrait permettre un meilleur suivi des positions des personnels de l’État
dans les ministères, les Établissements publics et les CTD, en vue de l’assainissement du
fichier de solde165. À ce titre, le CF joue un rôle crucial dans la supervision des paiements de
solde et des pensions.

163
« Le contrôleur financier : juge de la régularité et acteur essentiel dans la chaîne d’exécution du budget de
l’État », op.cit.
164
Ibid.
165
Idem.

48
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

CONCLUSION DU CHAPITRE I

Au terme de ce chapitre qui portait sur un cadre institutionnel non juridictionnel


opérationnel, il ressort que, ce cadre n’est opérant qu’avec la conjugaison des organes internes
et externes de contrôle de l’exécution du budget des collectivités territoriales décentralisées au
Cameroun.
Le contrôle par les organes internes des CTD est d’autant plus important qu’il favorise
une gestion financière optimale en corrigeant rapidement les erreurs et en améliorant les
processus budgétaires. Il permet aussi aux dirigeants des CTD de rendre compte de leur
gestion, renforçant ainsi la culture de la reddition de comptes. En assurant une utilisation
efficiente des ressources, le contrôle interne contribue directement au développement
économique et social des collectivités locales, en alignant les dépenses avec les priorités
locaux.
Cependant, le contrôle par les organes internes, bien qu’important, demeurent
insuffisant pour renforcer la bonne gouvernance et la bonne gestion des ressources publiques
au niveau local. C’est dans cette perspective que, le contrôle par les organes externes des CTD
est non négligeable, car ces organes externes apportent une expertise indépendante qui permet
de détecter les anomalies et les abus que les organes qui effectuent le contrôle interne du
budget des CTD pourraient négliger.

49
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

CHAPITRE II : UN CADRE INSTITUTIONNEL


JURIDICTIONNEL INACHEVÉ

Le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun représente un pilier


essentiel pour assurer une gestion transparente et efficace des finances publiques locales.
Cependant, malgré les avancées réalisées dans la décentralisation et la mise en place des
institutions de contrôle, le cadre institutionnel juridictionnel demeure incomplet. Cette
situation entraîne des défis significatifs dans la reddition de comptes et la transparence des
opérations financières au niveau local, compromettant ainsi l’atteinte des objectifs de bonne
gouvernance. L’absence des juridictions financières spécialisées pour les CTD limite
l’efficacité du contrôle budgétaire. Actuellement, les tâches de vérification sont
principalement attribuées à la Chambre des comptes de la CS dont le mandat couvre une vaste
gamme d’entités publiques. À ce titre, le cadre institutionnel juridictionnel inachevé est la
résultante de l’effectivité des juridictions de droit commun (Section I), et de l’effectivité
partielle des juridictions financières (Section II).

SECTION I : L’EFFECTIVITE DES JURIDICTIONS DE DROIT COMMUN

L’effectivité des juridictions de droit commun dans le cadre du contrôle de l’exécution


du budget des collectivités territoriales décentralisées au Cameroun est un sujet complexe qui
révèle plusieurs lacunes et défis. Bien que ces juridictions jouent un rôle crucial dans la
régulation et la supervision des finances locales, leur efficacité est souvent entravée par des
contraintes institutionnelles et opérationnelles, ce qui impacte la transparence et la gestion des
fonds publics au niveau local.
Même si l’efficacité de ces juridictions demeure entravée, il convient tout de même de
les analyser, car, elles font partie des institutions qui protègent la fortune publique. Ces
juridictions sont entre autres : les juridictions inférieures (Paragraphe I), et les juridictions
supérieures (Paragraphe II).

50
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Paragraphe I : Les juridictions inférieures

Les juridictions inférieures jouent un rôle essentiel mais souvent sous-estimé dans le
cadre du contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun. Ces juridictions
comprennent principalement les juridictions de premier degré (A), et le Tribunal criminel
spécial (B), chargées de protéger la fortune publique au niveau local.

A- Les juridictions de premier degré

Les juridictions de premier degré dans le cadre du contrôle de l’exécution du budget


des CTD au Cameroun sont le Tribunal de Première Instance et le Tribunal de Grande
Instance. Il convient donc d’analyser la composition desdites juridictions avant d’identifier
leurs attributions.
En ce qui concerne le TPI, l’article 14 de la loi no 2006/015 dispose : « Le
Tribunal de Première Instance comprend :

 Au siège : un Président, un ou plusieurs juges, un greffier en chef, des greffiers ;


 À l’instruction : un ou plusieurs juges d’instruction, un ou plusieurs greffiers ;
 Au parquet : un procureur de la République, un ou plusieurs substituts du procureur
de la République. ».

Toute affaire soumise à ce tribunal est tranchée par un seul magistrat.


Exceptionnellement, en matière sociale, le TPI est complété par des assesseurs conformément
à l’article 133166 du code du travail.

Ainsi, le TPI a une double dimension en ce qui concerne sa compétence : territoriale


ou ratione loci et matérielle ou ratione materiæ167. Relativement à sa compétence territoriale,
d’après l’article 13 de la loi de 2006 précitée, il est créé un TPI par arrondissement168.
Toutefois, suivant les nécessités de service, le ressort du tribunal peut comprendre plusieurs
arrondissements169. Le TPI siège au Chef – lieu de l’arrondissement.

166
L’article 133 (1) du code du travail dispose que : « Les tribunaux statuant en matière sociale se composent :
d’un magistrat, président ; d’un assesseur employeur et d’un assesseur travailleur choisis parmi ceux figurant sur
les listes établies conformément à l’article 134 ; d’un greffier ».
167
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », in Répertoire quinquennal
OHADA, 2006 – 2010, pp. 93 – 122, p. 98.
168
Ibid.
169
Idem.

51
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

En ce qui concerne sa compétence matérielle, et conformément l’article 15 de la loi de


2006, le TPI est compétent en matière civile, commerciale et sociale et en matière pénale.
Mais dans le cadre de notre sujet, il convient d’insister exclusivement en matière pénale. Car,
les irrégularités avérées lors du contrôle de l’exécution du budget des CTD par le TPI, et
qualifiées d’infraction sur le plan pénal peuvent faire l’objet de sanction par ladite juridiction
si celles-ci (les infractions) relèvent de sa compétence.

Autrement dit, en matière pénale, le TPI est compétent pour le jugement des
infractions qualifiées de délits ou de contraventions, des demandes de mise en liberté formées
par toute personne détenue et poursuivie devant lui, pour une infraction de sa compétence ; il
statue aussi en matière de délinquance juvénile, pour des crimes commis par des mineurs sans
coauteur ou complice majeur170.

Tout comme l’organisation du TPI, celle du Tribunal de Grande Instance a été revue
par la nouvelle loi portant organisation judiciaire du Cameroun en ses articles 16 et suivants.
L’article 17 de la loi no 2006/015 du 29 décembre 2006 dispose que : « Le Tribunal de Grande
Instance comprend : Au siège : un Président, un ou plusieurs juges, un greffier en chef, des
greffiers ; À l’instruction : un ou plusieurs juges d’instruction, un plusieurs greffiers ; Au
parquet : un Procureur de la République, un ou plusieurs substituts du procureur de la
République. ».

Le Président, les juges d’instruction, les juges, les greffiers en chef, les greffiers du
TPI du siège d’un TGI peuvent cumulativement avec leurs fonctions respectives être nommés
aux mêmes fonctions au TGI171.

Toute affaire soumise au TGI est jugée par un seul magistrat ; toutefois, le tribunal
peut siéger en formation collégiale composée de trois membres, sur ordonnance du Président
prise d’office ou sur réquisitions du ministère public ou à la requête d’une partie.
Exceptionnellement, en matière sociale, le TGI est composé conformément aux dispositions
du code du travail.

En ce qui concerne ses attributions, la compétence territoriale du TGI doit être


distinguée de sa compétence matérielle.

170
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », op.cit., p. 98.
171
Ibid.

52
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

En ce qui concerne sa compétence territoriale, d’après l’article 16 de la loi de 2006, il


est créé un TGI par département172. Toutefois, suivant les nécessités de service, le ressort d’un
TGI peut, être étendu à plusieurs départements173. Le TGI siège au Chef – lieu du
département. Pour ce qui concerne sa compétence matérielle, conformément à l’article 18 de
la loi de 2006, le TGI est compétent en matière civile, commerciale et sociale, et en matière
pénale. Mais comme nous l’annoncions dans le cadre du TPI, nous préférons insister sur sa
compétence en matière pénale174.

En matière pénale, le TGI est compétent pour des crimes et délits connexes, les
demandes de mise en liberté formées par toute personne détenue et renvoyée devant lui, pour
toute infraction relevant de sa compétence.

Bien que les juridictions de premier degré soient compétentes de certaines infractions
tendant à vicier la bonne exécution du budget des CTD, il n’en demeure pas moins de mener
une analyse su le tribunal criminel spécial, qui lui aussi, contribue à la protection de la fortune
publique.

B- Le Tribunal criminel spécial

L’évocation de son nom seul fait sursauter bon nombre de gestionnaires des fonds
publics. Le Tribunal criminel spécial, est devenu un véritable cauchemar pour certains hauts
cadres de l’administration. On se souvient pourtant qu’à sa création, une bonne tranche de la
population ne vendait pas cher la peau de cette juridiction, au regard de nombreuses critiques
dont elle avait fait l’objet. L’un des reproches que les citoyens faisaient à ce tribunal était la
discrimination basée sur le critère financier175. Aux termes de la loi mettant sur pied le TCS en
effet, ne sont justiciables de cette juridiction que les justiciables suspectés d’avoir détourné les
derniers publics à hauteur de cinquante millions (50 000 000) de FCFA au moins. Ceux au
passif de qui sont mis des atteintes à la fortune publique inférieures à ce montant ne méritent
pas l’attention du TCS. C’est le TGI et le TPI qui sont compétents pour juger ces « petits »
présumés voleurs.

172
Idem.
173
Idem.
174
Idem.
175
TAKAM (Dieudonné), « Le Tribunal criminel spécial au Cameroun », Disponible en ligne sur
https://www.cabinettakam.com/index.php/le-cabinet//publications/165-le-tribunal-criminel-special-au-cameroun,
Consulté jeudi le 6 juin 2024 à 20h17 min.

53
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Avant l’entrée en vigueur de la loi instituant le TCS, toutes les affaires inhérentes aux
indélicatesses avec la gestion de la fortune publique relevaient de plein droit de la compétence
du TGI176. Certains n’ont pas compris où se trouvait la nécessité de créer un autre tribunal
pour lutter contre les détournements de derniers publics. D’autres estimant que si l’efficacité
de la protection des biens publics passait par la naissance d’une juridiction spéciale, il fallait
alors que tous les cas de malversations financières publiques soient renvoyés devant cette
nouvelle juridiction177. L’une des particularités du TCS est qu’il s’agit d’un tribunal statuant
en premier et en dernier ressort. Ce qui signifie que ses jugements sont sans appel. Autrement
dit, lorsque le TCS a rendu une décision, aucune voie de recours ordinaire n’est possible178.
Ce qui constitue le principal reproche que bon nombre de spécialistes du droit pénal, et
notamment les Avocats, font à cette juridiction. Dans l’ordonnancement juridique classique en
effet, toute décision rendue par un tribunal doit pouvoir normalement faire l’objet d’appel.
Cette voie de recours fondamentale en droit permet à celui qui, étant partie au procès, n’est
pas satisfait du jugement rendu par le tribunal de porter l’affaire devant la Cour d’Appel
territorialement compétente. C’est ce qu’on appelle le principe du double degré de
juridiction179.

En vertu de ce principe, l’affaire portée devant la juridiction d’appel, qui est une
juridiction supérieure au tribunal, est à nouveau examinée, afin de voir si l’appel est fondé ou
non. Avec cette particularité, qu’en appel, le dossier est jugé par les magistrats ayant plus
d’expérience que ceux officiant au tribunal. Et non pas par un seul juge, mais par un collège
d’au moins trois juges. Ce qui diminue sensiblement les risques d’erreurs judiciaires180. Et
c’est probablement conscient de la réalité de ce risque que le législateur camerounais a prévu
dans la loi régissant le TCS que toutes les affaires y soient jugées en collégialité. Étant
entendu qu’après le verdict, aucun appel n’est recevable.

Que faire donc si l’on n’est pas satisfait d’un jugement prononcé par le Tribunal
criminel spécial ?

176
TAKAM (Dieudonné), « Le Tribunal criminel spécial au Cameroun », op.cit.
177
Ibid.
178
Idem.
179
Idem.
180
Idem.

54
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

La loi en interdisant l’appel a néanmoins autorisé le pourvoi en cassation181. C’est une


voie de recours ouverte contre toutes les décisions rendues en dernier ressort. Et qui permet à
la partie ayant perdu le procès de porter l’affaire devant la Cour suprême. Cette voie de
recours est extraordinaire, en ce sens qu’elle est sans effet sur la sentence prononcée, laquelle
doit être exécutée malgré tout. De plus, le pourvoi en cassation ne doit pas être fondé sur les
faits, mais essentiellement sur le droit. En d’autres termes, pour que le pourvoi soit recevable,
il faut avoir indiqué clairement la disposition légale qui a été violée par la décision attaquée.
C’est malheureusement la seule voie de recours dont disposent les justiciables du TCS. Il en
résulte que la loi créant ce tribunal veut que ses décisions soient acceptées même si on n’est
pas d’accord de l’appréciation que le tribunal a donnée aux faits. Toute chose qui contribue à
faire craindre le TCS.

Compte tenu du principe de double degré de juridiction, il ressort que les parties
déboutées insatisfaites des jugements rendus par les juridictions inférieures, peuvent soit faire
appel, soit pourvoir devant les juridictions supérieures.

Paragraphe II : Les juridictions supérieures de contrôle

Les juridictions supérieures concernées par le contrôle de l’exécution du budget des


CTD au Cameroun sont : la Cour d’appel (A), qui intervient contre les jugements des
juridictions inférieures telles que le TPI et le TGI ; et la Cour Suprême (B), qui officie en
cassation contre les décisions de la Cour d’appel et même des jugements du TPI et du TGI en
matière financière.

A – La Cour d’appel

La Cour d’appel est une juridiction supérieure devant laquelle, peuvent être contestés
des jugements rendus par les juridictions inférieures à l’occasion des infractions constatées
lors du contrôle de l’exécution du budget des CTD.

Il existe actuellement sur le territoire camerounais dix Cours d’appel calquées sur
l’organisation administrative par régions. Une Cour d’appel est créée au niveau de chaque
région et a son siège au Chef – lieu de la région182.

181
TAKAM (Dieudonné), « Le Tribunal criminel spécial au Cameroun », op.cit.
182
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », op.cit., p. 103.

55
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

En ce qui concerne sa composition, l’article 19 de la loi de 2006 mentionne que la


Cour d’appel comprend :

 Au siège : un Président, un ou plusieurs vice – présidents, un ou plusieurs conseillers,


un greffier en chef, des greffiers ;
 Au parquet : un Procureur général, un ou plusieurs avocats généraux, un ou plusieurs
substituts du Procureur général, un ou plusieurs attachés183.

Pour exercer ses attributions, la Cour d’appel peut désormais revêtir deux formations :
les chambres et l’assemblé.

La Cour d’appel est matériellement compétente pour statuer sur les appels à l’encontre
des décisions rendues par les juridictions de premier degré184, les appels formés contre les
ordonnances du juge d’instruction, le contentieux de l’exécution de ses décisions et sur tout
autre cas prévu par la loi. La Cour d’appel est également compétente pour statuer, par renvoi
de la Cour suprême sur les arrêts ayant fait l’objet de cassation. Ces arrêts peuvent porter sur
des litiges de droit moderne ou de droit traditionnel. Sur le plan territorial, la Cour d’appel est
compétente à l’égard de tous les tribunaux qui ont leur siège dans son ressort. Les décisions
rendues par les Cour d’appel peuvent faire l’objet d’un pourvoi devant la Cour suprême.

B – La Cour suprême

La Cour suprême est la plus haute juridiction du Cameroun qui statue sur les décisions
qui peuvent avoir une dimension financière, rendues par la Cour d’appel185. Son siège est à
Yaoundé, la capitale du Cameroun et son ressort couvre tout le territoire de la République.
L’organisation et le fonctionnement de la Cour suprême sont désormais fixés par la loi de
2006. À ce titre, il convient d’examiner d’une part sa composition et d’autre part, ses
compétences.

À la lecture de l’article 4 de la loi de 2006, la Cour suprême est composée :

 Au siège : d’un Premier Président, président de la Cour suprême, de présidents de


chambres ; de conseillers, de conseillers maîtres, de conseillers référendaires, du
greffier en chef de la Cour suprême, de greffiers en chef de chambres, de greffiers ;

183
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », op.cit., p. 103.
184
Tribunal de première instance, tribunal de grande instance, tribunal de premier degré, tribunal coutumier,
« Alkali courts » et « customary courts ».
185
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », ibid., p. 104.

56
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

 Au parquet : d’un Procureur général, d’un premier avocat général, d’avocats


généraux.

Par ailleurs, la Cour suprême comprend une chambre judiciaire, une chambre
administrative, une chambre des comptes, une formation des chambres réunies, une assemblée
générale, un bureau, un secrétaire général, un greffe186. Chaque chambre comprend des
sections et une formation de sections réunies. En outre, chaque chambre est composée d’un
président, de conseillers, d’un ou de plusieurs avocats généraux, d’un greffier en chef, des
greffiers. Toutefois, chacune de ces chambres à également une composition propre187.

De manière générale, la Cour suprême statue sur des pourvois formés à l’encontre des
décisions entachées d’incompétence, de la dénaturation des faits de la cause ou des pièces de
la procédure, du défaut, de la contradiction ou de l’insuffisance des motifs, du vice de forme,
de la violation de la loi, de la non réponse aux conclusions des parties ou aux réquisitions du
ministère public, de détournement de pouvoir, de la violation d’un principe général du droit et
du non – respect de la jurisprudence de la Cour suprême ayant statué en Sections Réunies
d’une chambre ou en Chambres Réunies188.

Tout acte juridictionnel des juridictions inférieures devenu définitif et entaché de


violation de la loi peut être déféré à la Cour suprême par le Procureur Général de ladite Cour.

De manière spécifique, les trois chambres de la Cour suprême ont chacune une
compétence qui lui est propre189. La chambre judiciaire est compétente pour connaître190 :

Des décisions rendues en dernier ressort par les Cours et tribunaux en matière civile,
commerciale, pénale, sociale et de droit traditionnel ;

Des actes juridictionnels émanant des juridictions inférieures et définitifs, dans tous les
cas où l’application du droit est en cause ;

Des demandes de mise en liberté en cas de pourvoi recevable ;

De toute autre matière qui lui est expressément attribuée par la loi191.

186
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », op.cit.
187
Ibid.
188
Art. 35 de la loi no 2006/016 du 29 décembre 2016 fixant l’organisation et le fonctionnement de la Cour
suprême.
189
Sur les compétences des chambres administratives et de comptes, voir plus loin.
190
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », ibid., p. 105.

57
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Même si les juridictions de droit commun sont effectives, leur efficacité demeure
limitée en raison de l’effectivité partielle des juridictions financières.

SECTION II : L’EFFECTIVITE PARTIELLE DES JURIDICTIONS FINANCIERES

Le Cameroun dispose de plusieurs textes régissant le contrôle de l’exécution du budget


des CTD. Malgré la création des juridictions financières spécialisées par ces textes, il ressort
que certaines d’entre elles ne sont pas encore effective sur le territoire national : on parle de
l’effectivité partielle des juridictions financières. Cette effectivité partielle implique non
seulement, l’absence des juridictions financières spécialisées (Paragraphe I) et l’existence
d’une juridiction de substitution : la Chambre administrative de la Cour suprême
(Paragraphe II).

Paragraphe I : L’absence des juridictions financières spécialisées

L’absence des juridictions financières spécialisées dans le cadre du contrôle de


l’exécution du budget des CTD au Cameroun pose de nombreux défis et limites à la
gouvernance locale efficace. Cette absence se traduit par l’absence des tribunaux régionaux
des comptes (A) et l’absence de la Cour des comptes (B).

A – L’absence des tribunaux régionaux des comptes

Au Cameroun, l’absence de mise en place effective des tribunaux régionaux des


comptes a des implications significatives pour la gouvernance financière et la gestion des
ressources publiques des collectivités territoriales décentralisées. Même si ces tribunaux ont
été créés par la loi no 2006/017 du 29 décembre 2017 fixant l’organisation, les attributions et
le fonctionnement des tribunaux régionaux des comptes, leurs missions sont provisoirement
dévolues à la Chambre des comptes de la Cour suprême.
Malgré l’absence d’une mise en place effective des tribunaux régionaux des comptes
au Cameroun, il existe une loi fixant l’organisation, les attributions et le fonctionnement des
tribunaux régionaux des comptes à savoir : la loi no 2006/017 du 29 décembre 2006.

191
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », op.cit.

58
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Au sens de l’article 41 de la Constitution camerounaise du 18 janvier 1996, les


tribunaux régionaux des comptes sont des juridictions inférieures192.

D’après l’article 3 de la loi no 2006/017, le tribunal régional des comptes est composé :

Au siège : d’un Président, de Présidents de section, de juges, de greffiers, de greffiers


en service extraordinaire, de juges en service extraordinaire, d’auditeurs, d’auditeurs
stagiaires ; Au parquet : du Procureur Général près de la Cour d’appel du siège du tribunal,
des substituts du Procureur Général près de ladite Cour, des substituts du Procureur Général
en service extraordinaire.

En ce qui concerne sa compétence, elle est aussi bien territoriale que matérielle.
Relativement à sa compétence territoriale, d’après l’article 2 alinéa 2 de la loi no 2006/017, il
est créé un tribunal régional des comptes par région et son siège est fixé au Chef – lieu de
ladite région. Toutefois, suivant les nécessités de service, le ressort d’un TRC peut être étendu
à plusieurs régions193.

Pour ce qui est de sa compétence matérielle, il ressort à l’article 9 de la loi précitée que
le TRC est compétent194 pour contrôler et statuer sur les comptes publics des collectivités
territoriales décentralisées de son ressort et de leurs établissements publics ; il est également
compétent pour connaître des comptes qui lui sont attribués par la chambre des comptes de la
Cour suprême ; enfin, il connaît de toute autre matière qui lui est expressément attribuée par
la loi195.

Autrement dit, Le contrôle de l’exécution du budget des CTD par les TRC repose sur
un cadre juridique rigoureux. Ce cadre est défini par plusieurs textes législatifs dont la
Constitution et les lois spécifiques sur le régime financier des CTD, qui établissent des règles
de transparence et de responsabilité financière. Les TRC ont été institués pour s’assurer que
les comptes publics des CTD sont gérés de manière régulière et sincère, contribuant ainsi à
une meilleure gouvernance locale.

Les TRC jouent un rôle central en tant que juridictions inférieures, dans ce processus
en examinant et en jugeant les comptes des CTD. Leur mission inclut la vérification de la

192
L’article 41 de la Constitution camerounaise du 18 janvier 1996 dispose à cet effet que : « (…) Elle statue
souverainement sur les décisions rendues en dernier ressort par les juridictions inférieures des comptes… ».
193
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », op.cit., p. 114.
194
Sous réserve des attributions de la chambre des comptes.
195
Ibid., p. 114.

59
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

régularité des comptes, l’évaluation de la gestion des comptables publics, et la sanction des
irrégularités. C’est dans cette perspective que les comptabilités de fait sont, outre
l’administration, l’audit interne ou externe, l’audit de l’Institution Supérieure de Contrôle des
Finances Publiques, découvertes par le tribunal régional des comptes196.

Les procédures de contrôle commencent par la transmission des comptes annuels des
CTD aux TRC, suivi d’un examen préliminaire pour vérifier leur complétude. Les comptes
sont ensuite instruits en détail, avec des auditions et des enquêtes complémentaires si
nécessaire. Les TRC délibèrent ensuite sur les comptes et rendent des jugements 197 qui
peuvent inclure des recommandations ou des sanctions198. Ce processus détaillé garantit que
chaque étape de la gestion financière des CTD est scrutée et corrigée si besoin.

Tout comme les tribunaux régionaux des comptes, la Cour des comptes, juridictions
financière prescrite par la directive CEMAC de 2011 est jusqu’à nos jours non effective sur le
territoire camerounais, pour apporter son expertise dans le cadre du contrôle budgétaire.

B – L’absence de la Cour des comptes

Si l’on en croit à Jean BODIN, « les finances publiques sont le nerf de la


république »199. De ce point de vue, elles constituent le point névralgique de la chose
publique, doivent être sécurisées et faire l’objet d’une gestion saine. Signe des temps,
aujourd’hui, même le législateur communautaire est conscient de la nécessité d’une gestion
orthodoxe des fonds publics. Cela étant, à la fin de son ouvrage relatif au contrôle de l’État
sur le continent africain, (J.M) BRETON suggérait que les organisations sous régionales

196
Telle est la teneur de l’article 29 (1) de la loi no 2006/017 du 29 décembre 2017 fixant l’organisation, les
attributions et le fonctionnement des tribunaux régionaux des comptes qui martèle en fait que : « Les
comptabilités de fait sont découvertes, soit par l’administration, soit par un audit interne ou externe, soit par
une mission d’audit de l’Institution de Contrôle Supérieure des Finances Publiques, soit par le Tribunal
Régional des Comptes ».
197
En tant que juridiction inférieure, juridiction financière de premier degré, le tribunal régional des comptes
rend des jugements qui peuvent être provisoires ou définitifs conformément à la loi n o 2006/017 du 29 décembre
2017 fixant l’organisation, les attributions et le fonctionnement des tribunaux régionaux des comptes.
198
Ainsi, le comptable public peut être l’objet de la sanction des responsabilités comme l’indique l’article 35 (1)
de la loi no 2006/017 du 29 décembre 2017 fixant l’organisation, les attributions et le fonctionnement des
tribunaux régionaux des comptes dispose à cet effet que : « Le comptable public est présumé responsable
personnellement et pécuniairement :
- des défauts comptables constatés dans ses comptes ;
- de l’exercice des contrôles par la loi et les règlements ;
- du recouvrement des recettes et du paiement des dépenses régulièrement justifiées ;
- de la conservation des fonds et valeurs ;
- du maniement des fonds et mouvements de disponibilités ;
- de la tenue de la comptabilité de son poste. ».
199
Cité par BUISSON (Jacques), Finances publiques, Dalloz (15e éd.), 2012, p. 3.

60
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

puissent jouer un rôle appréciable dans l’ancrage institutionnel des principes de contrôle des
finances publiques200. C’est dans cette optique que le législateur communautaire a instauré
des mécanismes de surveillance multilatérale des politiques budgétaires aux niveaux de la
CEMAC201 et de l’UE. Faisant spécifiquement sienne la suggestion de (J.M) BRETON, le
législateur communautaire CEMAC adopta deux générations de directives en matière de
finances publiques. Les directives de première génération sont adoptées en 2008. L’adoption
des directives de la seconde génération interviennent en 2011 pour remédier aux incohérences
et insuffisances de celles de 2008 susvisées, et les abroger. Ces directives de 2011 prises en
exécution de celle portant Code de transparence adoptée le 19 décembre 2011, sont au nombre
de cinq (5) :

 La Directive no 01/1/11-UEAC-190-cm-22 relative aux lois de finances ;


 La Directive no 02/08-UEAC-190-CM portant Règlement général sur la comptabilité
publique ;
 La Directive no 03/03-UEAC-190-CM portant nomenclature budgétaire ;
 La Directive no 04/08-UEAC-190-CM-17 relative aux opérations financières de
l’État ;
 La Directive no 05/08-UEAC-190-CM-17 relative au plan comptable de l’État.

Au-delà du souci de l’harmonisation du droit public financier dans la zone CEMAC,


l’adoption des directives précitées, visait en filigrane la promotion d’une gestion financière
responsable au sein des États de cet espace communautaire. Il s’ensuit que l’éradication des
maladies infantiles des finances publiques africaines202 : la corruption, le détournement des
derniers publics et la gabegie, est l’un de ses objectifs primordiaux.

La directive CEMAC de 2011 relative aux lois des finances, compte tenu des
innovations remarquables qu’elle recèle, aura particulièrement retenu l’attention de l’opinion
publique nationale203. Sans être exhaustif, ces innovations sont : le renforcement du contrôle
parlementaire des derniers publics, la consécration du budget programme, la démocratisation

200
OUEDRAOGO (Djibrihina), L’autonomisation des juridictions financières dans l’espace UEMOA : Étude
sur l’évolution des Cours de comptes, Thèse pour le doctorat, Université de Montesquieu de Bordeaux IV, p. 43.
201
Pour des développements sur la question, lire (Daniel) AVOM et (Désiré) GBETNKOM, « La surveillance
multilatérale des politiques budgétaires dans la zone CEMAC : bilan et perspectives », Monde et développement,
no 123, 2003, pp. 107 – 125.
202
DIARRA (Éloi), « Pour un observatoire des finances publiques africaines », Afrilex, p. 2.
203
KOUA (Samuel Éric), « La prescription de la CEMAC pour la création d’une Cour des comptes : le cas du
Cameroun », G&FP, 2020/6 no 6, pp. 113 – 122., p. 114.

61
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

des processus budgétaires et la prescription de la Cour des comptes comme ISC204.


Indéniablement, la prescription de la Cour des comptes comme ISC aux États
membres de la CEMAC, est l’innovation la plus saisissante dans le domaine du contrôle des
finances publiques. Cette prescription procède de l’article 72 de la Directive no 01/1/11-
UEAC-190-CM-22 du 19 décembre 2011. Cet article dispose en effet que : « Le contrôle
juridictionnel des opérations budgétaires et comptables des administrations est assuré par
une Cour des Comptes qui doit être créée dans chaque État (…). Elle est l’Institution
Supérieure de Contrôle dans chaque État ».

Afin que nul n’en ignore, on entend par ISC, l’organe de nature juridictionnelle ou
non, indépendant et autonome des trois pouvoirs, qui, au sein d’un État, assure au niveau le
plus élevé le contrôle de la gestion des finances publiques, et coordonne l’activité des autres
organes de contrôle. Pour faire bref, « Les ISC sont des organes supérieurs qui veillent à ce
que les actes financiers de l’administration fassent l’objet de suivi selon les normes
comptables »205. Traditionnellement, chaque État a le droit de choisir librement sa forme
d’ISC. C’est pourquoi il existe une diversité d’ISC dans le monde. La nature de l’ISC peut
varier d’une culture juridique à l’autre. Classiquement, la doctrine distingue trois modèles
d’ISC : le modèle juridictionnel ou latino206, le modèle anglo-saxon207 et le modèle allemand
(mixte)208. En marge de ces trois modèles précités, il existe le modèle administratif en vigueur
notamment au Cuba, au Mali et au Cameroun. Ici, ce sont les services du
CONSUPE209/l’inspection générale de l’État qui tiennent lieu d’ISC.
Parallèlement à ces considérations, l’État de droit et la démocratie constituent les
prémisses essentielles pour le contrôle indépendant des finances publiques210. Toute ISC ne
peut prétendre être du niveau, que si elle est consacrée par une législation. L’existence

204
KOUA (Samuel Éric), « La prescription de la CEMAC pour la création d’une Cour des comptes : le cas du
Cameroun », op.cit.
205
GONZALE (B), ALLII, « Les ISC et leurs stratégies de communication », RISA, no 3, Vol. 4, 2008, p. 463.
206
Qui a pour ISC la Cour des comptes. Pratiquent ce modèle, la France, l’Espagne, le Portugal, le Bre2sil et la
plupart des États francophones d’Afrique, etc.
207
Ici, l’ISC renvoie à un organe généralement rattaché au parlement, mais vis-à-vis duquel il est inde2pendant.
Comme exemples d’ISC relevant de ce modèle, on peut citer : le National Audit Office (NAO) en Angleterre, le
Vérificateur Général au Canada, Le Government Accountability Office (GAO) en Corée du Nord, l’Office
National d’Audit en Chine et l’Auditeur Général en Inde.
208
Modèle mixte en ce qu’il combine des éléments d’ordre administratif et juridictionnel. Comme les juges
fédéraux allemands, ses membres sont nommés à vie.
209
Au Cameroun, les services CONSUPE tiennent lieu d’ISC. Tel est l’objet de l’article 2 alinéa 1 er du décret no
2013/287 du 04 septembre 2013 portant organisation des services du Contrôle supérieur de l’État qui dispose
que « les services du Contrôle supérieur de l’État constituent l’institution supérieure de contrôle des finances
publiques (ISC) du Cameroun. Ils sont chargés de l’audit externe ».
210
Déclaration de Lima cité par BATIA EKASSI Sandrine dans sa thèse de doctorat,

62
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

d’institutions opérationnelles faisant l’objet d’une sécurité juridique devient donc un


impératif, voire une nécessité dans les démocraties où prévaut « l’État de droit »211.
La déclaration de Lima précise à cet effet que « l’établissement des Institutions
supérieures de contrôle des finances publiques et le niveau d’indépendance qui leur est
nécessaire doivent être précisés dans la Constitution. Les modalités peuvent être détaillées
dans les textes de loi »212. L’existence d’un cadre constitutionnel et législatif approprié et
l’application des dispositions de ce cadre sont donc des exigences formelles pour toute ISC
qui se veut efficace213.
Au Cameroun, l’institution qui se rapproche réellement de ces exigences textuelles et
qui semble vêtir la carrure d’une ISC, n’est que la Chambre des comptes de la Cour
suprême214. On relèvera que la Cour des comptes prescrite par le droit communautaire
CEMAC aura deux types de missions : les missions juridictionnelles et les missions non
juridictionnelles. La directive CEMAC de 2011 met en exergue les missions de contrôle de la
Cour des comptes. À ce titre, la Cour devra exercer deux types de mission de contrôle à
savoir : les missions juridictionnelles et les missions non juridictionnelles.

En ce qui concerne les missions juridictionnelles, il faut noter que la Cour assurera le
jugement et l’apurement des comptes publics, et sanctionnera les irrégularités constatées
durant ses investigations sur le compte apuré215. Selon DESHEEMAEKER, pour la Cour,
juger un compte c’est vérifier que le comptable public a rempli correctement sa tâche216.

D’évidence, si lors du jugement d’un compte, des irrégularités y sont constatées, la


Cour doit par un jugement, mettre en jeu la responsabilité personnelle et pécuniaire du
contrôlé217. Bien entendu, « Ce jugement ne tranche pas un litige, mais s’assure de

211
NGUELE ABADA (Marcellin), État de droit et démocratie : Contribution à l’étude de l’évolution politique et
constitutionnelle au Cameroun, Thèse de doctorat en Droit Public (NR), Université de Paris 1 – Panthéon
Sorbonne, janvier 1995, p. 4. (Une définition usuelle de l’État de droit entendu comme « soumission de l’État au
droit »), cité par BATIA EKASSI Sandrine, p. 46.
212
Art. 3 de la Section 5 de la déclaration de Lima, p. 7. Citée par BATIA EKASSI Sandrine.
213
BATIA EKASSI (Sandrine), L’Institution supérieure de contrôle des finances publiques au Cameroun, Thèse
de doctorat en Droit Public, Université de Yaoundé II, 2015 – 2016, p. 46.
214
Ibid.
215
KOUA (Samuel Éric), « La prescription de la CEMAC pour la création d’une Cour des comptes : le cas du
Cameroun », op.cit., p. 114.
216
DESHEEMAEKER (Christian), « Changer les procédures juridictionnelles de la Cour : une réforme attendue
et de grande ampleur », G&FP, no 10, octobre 2009, p. 700.
217
Les sanctions dont ils sont passibles devant cette Cour sont : les déchéances et les amendes (débets).

63
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

l’accomplissement parfait d’une obligation répétitive »218. Un litige suppose la présence de


deux parties devant le juge : le demandeur et le défendeur. Or, tel n’est pas le cas en matière
d’apurement des comptes publics par le juge des comptes. En l’espèce, le comptable public
défère juste ses comptes à ce dernier afin qu’il les juge.

A contrario, des procédures contentieuses des autres juridictions, il n’y a pas de débat
contradictoire dans le contentieux devant le juge des comptes. Quoi qu’il en soit, après avoir
jugé le compte, la Cour sous analyse, rendra un arrêt déclarant le compte contrôlé quitte, en
avance ou en débet.

Fait notable, la Cour des comptes, objet de cette étude, est compétente pour contrôler y
compris au plan juridictionnel les ordonnateurs219, et sanctionner les fautes de gestions
commises par ceux-ci220. De la sorte, elle s’éloigne de la Cour des comptes française et de
l’actuelle Chambre des comptes de la Cour suprême du Cameroun, qui ne peuvent contrôler
au sens juridictionnel du terme les ordonnateurs, ni sanctionner les fautes de gestions
commises par eux. En France, ces fautes sont sanctionnées par la Cour de discipline
budgétaire et financière. Au Cameroun, si la loi portant régime financier de l’État précitée, à
travers son article 76, élargit la compétence de ladite chambre en lui permettant notamment de
juger les fautes de gestion des ordonnateurs, en l’état actuel de la pratique du contrôle de
l’exécution du budget dans ce pays, réprimées par le CDBF221.

C’est dire que la Cour des comptes prescrite au par le législateur CEMAC au États
membres, au plan fonctionnel, s’assimile à une forme de fusion entre la Cour des comptes
française et la Cour de discipline budgétaire et financière de l’hexagone.

218
VACHIC (J – P ), « La sauvegarde des droits de l’hommes en matière de jugement des comptes », in (Dir.
Alexis DIPANDA MOUELLE et Maurice KAMTO), Justice, Procédures juridictionnelles et Protection des
droits de l’homme en Afrique, p. 82.
219
En matière de dépense publique, les ordonnateurs principaux sont : les chefs des départements ministériels et
des institutions constitutionnelles (Sénat, AN, Conseil économique et social, CC, etc.). En matière de recettes, le
Ministre des finances est l’ordonnateur principal de l’État alors que les autres chefs de départements ministériels
sont des ordonnateurs secondaires.
220
Ainsi qu’il ressort de l’article 74 de la Directive no 01/1/11-UEAC-190-CM-22 du 19 décembre 2011 : « Toute
personne appartenant au cabinet d’un membre du gouvernement, tout fonctionnaire ou agent d’un organisme
soumis à un titre quelconque au contrôle de la Cour des comptes et toute personne à qui est reproché un des
faits énumérés à l’article 75 de la présente directive, peut être sanctionné pour faute de gestion ».
221
Fonctionnellement parlant, il est l’équivalent de la Cour de discipline budgétaire et financière au Cameroun.

64
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

La Cour des comptes est avant tout juge de la sincérité des comptes publics222.
Contrairement au juge pénal qui statue in rem et in persona, le juge des comptes se limite à la
stricte appréciation des actes du comptable public. Il ne saurait, lors de l’appréciation de la
responsabilité de ce dernier, tenir compte de sa personnalité au moment où il concevait le
compte scruté. On dit alors que devant le juge des comptes, on a à faire à un contentieux
subjectif223. C’est un truisme, la fonction sanctionnatrice de la Cour sous analyse la
particularise des modèles d’ISC ne relevant pas du modèle latin. En effet, la Cour a le pouvoir
de sanctionner les irrégularités avérées lors de ses investigations sur les comptes à lui déférés.
Or, les modèles d’ISC allemand, anglo-saxon et de type CONSUPE n’ont pas de pouvoir
sanctionnateur. Ils constatent juste des irrégularités et formulent des observations y
afférentes224. À charge pour les organes sanctionnateurs compétents de tirer les conséquences
de droit et de prononcer les sanctions le cas échéant. À titre d’exemple, l’ISC actuelle du
Cameroun (CONSUPE) se limite à la constatation des irrégularités commises, lors de
l’exécution du budget, par les ordonnateurs et autres agents publics hormis les comptables,
dont la responsabilité disciplinaire et financière relève de la compétence de la Chambre de
comptes de la Cour suprême225. Il incombe au CDBF de les sanctionner.

Au vu de sa fonction sanctionnatrice, sus relevée, la Cour risque bousculer certaines


habitudes en matière de gestion des finances publiques. En fait, jusque-là en France et dans
les États francophones d’Afrique, les ministres sont irresponsables sur le plan de la discipline
budgétaire et financière. Note un auteur : « Il est couramment admis que les ministres
ordonnateurs principaux doivent disposer d’une certaine latitude, d’une marge de manœuvre
pour décider de l’opportunité des dépenses à engager ; il sera donc inutile de les incomber de
règles paralysantes et leur responsabilité est d’autant plus atténuée »226. Or, au regard de la
Directive no 01/1/11-UEAC-190-CM-22 du 19 décembre 2011 : « En cas de faute de gestion
telle que définie à l’article 75 de la présente directive, tous les ordonnateurs encourent, en
raison de l’exercice de leurs attributions, les responsabilités que prévoit la constitution de
chaque État, sans préjudice des sanctions prononcées par la Cour des comptes ».

222
Pour Christophe NYOBE NLEND, Chef de la Division de la Magistrature et des greffes à l’ENAM : « Le
juge des comptes est le juge de la sincérité des écritures comptables » (Cours d’Éthique et Déontologie du
Magistrat, (Année académique 2012 – 2013).
223
PHILIP (Loïc), Finances publiques, les dépenses, le droit budgétaire et financier, Paris, Cujas, 2000, p. 353.
224
KOUA (Samuel Éric), « La prescription de la CEMAC pour la création d’une Cour des comptes : le cas du
Cameroun », op.cit., p. 115.
225
Ibid.
226
TOURE (Cheickna), « Le système de contrôle des finances publiques au Mali », Afrilex, no 4, 2004, p. 156.

65
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

En marge des missions juridictionnelles de contrôle, la Cour des comptes devra


exercer des missions non juridictionnelles de contrôle budgétaire. À ce titre, les missions non
juridictionnelles de la Cour s’articulent autour de la fonction de conseil ou d’assistance des
pouvoirs publics, d’information227, de contrôle de gestion, d’audit228, d’évaluation des
performances ainsi que de certification de la régularité, de la fidélité et de la sincérité des
comptes publics229. Le contrôle de gestion concerne l’ordonnateur. Il porte sur la qualité de la
gestion de derniers publics. Il vise spécifiquement à s’assurer de l’utilité de la dépense
publique qui a été prescrite par l’ordonnateur.
L’amélioration de la qualité de la dépense publique est l’une des finalités primordiales
du juge financier. La future Cour des comptes, pour rationaliser la dépense publique, devra,
au-delà des audits de régularité, réaliser des audits de performances. Ces derniers ont pour
objet la vérification des écarts éventuels existants entre les moyens déployés et les objectifs
atteints pour s’assurer que l’entité auditée a économisé ou non. Ce type d’audit s’assure donc
du respect de la loi des trois « E » (efficacité, économie et efficience) par l’opération de la
dépense scrutée230.
Malgré l’absence des tribunaux régionaux des comptes et de la cour des comptes, la
chambre des comptes de la cour suprême officie en tant que juridiction de substitution.

Paragraphe II : L’existence d’une juridiction de substitution : la Chambre des comptes


de la Cour suprême

Contrairement à la chambre judiciaire et administrative de la Cour suprême qui n’ont


pas de textes d’application et sont régies par une loi générale, la chambre des comptes est
régie par une loi spéciale, la loi no 2003/005 du 21 avril 2003231 ses attributions, son
organisation et son fonctionnement.

Elle est considérée comme une juridiction de substitution en raison l’ineffectivité des
tribunaux régionaux des comptes et de la Cour des comptes sur le territoire national.

227
À travers la publication de ses rapports, elle informera les pouvoirs publics et l’opinion nationale sur les
irrégularités commises lors de l’exécution du budget.
228
Il s’agit de l’audit de conformité, de l’audit de performance et de l’audit financier. Ce dernier consiste à
déterminer si les états financiers sont fidèles.
229
À l’instar du compte général de l’État.
230
KOUA (Samuel Éric), « La prescription de la CEMAC pour la création d’une Cour des comptes : le cas du
Cameroun », op.cit., p. 116.

231
Loi no 2003/005 du 21 avril 2003 fixant les attributions, l’organisation et le fonctionnement de la Chambre
des Comptes de la Cour Suprême.

66
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Puisqu’elle exerce provisoirement des missions des juridictions susmentionnées, il convient


d’analyser son organisation (A), avant de s’appesantir sur ses attributions (B).

A – L’organisation de la Chambre des comptes de la Cour suprême

La chambre des comptes de la Cour suprême, en tant que juridiction de substitution


comprend :

- Une section de contrôle et de jugement des comptes des comptables des collectivités
territoriales décentralisées et de leurs établissements publics, sous réserve des
attributions dévolues aux juridictions inférieures des comptes ;
- Une section de contrôle et de jugement des comptes des entreprises du secteur public
et parapublic ;
- Une section des pourvois232.

La chambre des Comptes est composée d’un siège, d’un Ministère Public et d’un greffe233.

En ce qui concerne le siège, il comprend : le Président de la Chambre ; les Présidents de


section ; les conseillers ; les conseillers maîtres ; les conseillers référendaires ; les Auditeurs et
les Auditeurs stagiaires234.

Les fonctions du Ministère Public sont exercées par le Procureur Général près de la Cour
suprême235.
Le greffe de la chambre des comptes de la Cour suprême comprend : le greffier en
chef de la Chambre des Comptes ; les greffiers des sections ; les greffiers236.
Toutefois, en dehors de son organisation, la Chambre des comptes de la Cour suprême
a également des attributions en matière de contrôle budgétaire d’une manière générale, et
particulièrement le contrôle de l’exécution du budget des CTD.

232
Art. 13 de la loi no 2003/005 du 21 avril 2003 fixant les attributions, l’organisation et le fonctionnement de la
Chambre des Comptes de la Cour Suprême.
233
Art. 14 de la loi no 2003/005 du 21 avril 2003 fixant les attributions, l’organisation et le fonctionnement de la
Chambre des Comptes de la Cour Suprême.
192
Ibid., Art. 15.
235
Loi no 2003/005 du 21 avril 2003 fixant les attributions, l’organisation et le fonctionnement de la Chambre
des Comptes de la Cour Suprême, op.cit., Art. 17.
236
Ibid., Art. 16.

67
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

B – Les attributions de la Chambre des comptes de la Cour suprême

La juridiction des comptes présente au Cameroun est la structure constituée de


tribunaux régionaux des comptes et de la Chambre des comptes de la Cour suprême. Encore
non effectifs jusqu’à nos jours, les tribunaux régionaux des comptes consacrés par la loi du 29
décembre 2006, voient leurs attributions provisoirement exercées par la Chambre des comptes
de la Cour suprême237. Cette dernière, assure conformément à la loi du 21 avril 2003 la
certification des comptes des comptables publics de l’État, des établissements publics, des
CTD et des entreprises publiques.

Dans ce sillage, la Constitution du 18 janvier 1996 de la République du Cameroun


ordonne que la Cour suprême, est la plus haute juridiction en ‘‘ matière judiciaire,
administrative et de jugement des comptes’’. Elle prévoit l’existence d’une Chambre des
comptes au sein de cette juridiction. En vertu de l’article 41 de la Constitution, « la Chambre
des comptes est compétente pour contrôler et statuer sur les comptes publics de l’État et de
tous ses démembrements notamment : les entreprises et les établissements publics ainsi que
les collectivités territoriales décentralisées ». Elle statue souverainement sur les décisions
rendues en dernier ressort par les juridictions inférieures des comptes238.

Il convient d’abord de rappeler les attributions de la Chambre des comptes telles


qu’elles figurent dans la Constitution, et d’analyser les transformations apportées par la loi de
2003, la loi de 2006, la loi de 2007 sur le régime financier de l’État ainsi que le décret de
2013 sur le Règlement Général de la Comptabilité Publique.

Ceci étant, le cadre juridique est posé par la loi no 2003/005 du 21 avril 2003 relative
aux attributions, l’organisation et le fonctionnement de la Chambre des comptes de la Cour
suprême, précise en substance que la fonction juridictionnelle de contrôle des comptes est son
activité principale239. L’examen de la gestion, autre attribution traditionnellement reconnue à
toute juridiction financière n’est malheureusement pas de son ressort.

237
« La juridiction des comptes : un acteur au service de la sincérité dans la gestion des finances publiques »,
Disponible sur https://rfp.cm/la-juridiction-des-comptes--un-acteur-au-service-de-la-sincerite-dans-la-gestion-
des-finances-publiques/, Consulté vendredi, 7 juin 2024 à 15h42 min.
238
Ibid.
239
Idem.

68
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Structurée en sections, la Chambre des comptes est composée d’un Président, de


présidents de sections, de conseillers et d’auditeurs. Le ministère public y est représenté par le
Procureur Général et les magistrats sont nommés par décret du Président de la République.

Toutefois, la loi de 2003 a une compréhension restrictive, voire en recul ou en


contradiction avec la Constitution. Elle réduit la compétence de la Chambre des comptes aux
comptes des comptables publics patents ou de fait240. Cette malencontreuse écriture a amené
certaines entreprises publiques et parapubliques ainsi que certaines sociétés d’économie mixte
qui n’ont pas de comptable public à estimer qu’elles ne rentrent pas dans le champ de
compétence de la Chambre des comptes241. Ce problème est aujourd’hui résolu pour la plupart
des entreprises, grâce à une sensibilisation de la Chambre des comptes auprès des organes de
gestion242.

La Chambre des comptes en tant que juridiction financière exerçant les missions de
contrôle en lieu et place des tribunaux régionaux des comptes a donc pour mission d’assister
le parlement dans le contrôle de l’exécution de la loi de finances ; de certifier la régularité, la
sincérité et la fidélité du compte général de l’État ; de juger les ordonnateurs, les contrôleurs
financiers et les comptables publics, de contrôler la légalité financière et la conformité
budgétaires de toutes les opérations de dépenses et de recettes de l’État ; d’évaluer
l’économie, l’efficacité et l’efficience de l’emploi des fonds publics au regard des objectifs
fixés, des moyens utilisés et des résultats attendu ainsi que la pertinence et la fiabilité des
méthodes, indicateurs et données permettant de mesurer la performance des politiques et
administrations publiques.

240
« La juridiction des comptes : un acteur au service de la sincérité dans la gestion des finances publiques »,
Disponible sur https://rfp.cm/la-juridiction-des-comptes--un-acteur-au-service-de-la-sincerite-dans-la-gestion-
des-finances-publiques/, op.cit.
241
Ibid.
242
Idem.

69
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

CONCLUSION DU CHAPITRE II

Au terme de ce chapitre qui portait sur le cadre institutionnel juridictionnel inachevé,


une analyse a été menée sur l’effectivité des juridictions de droit commun et l’effectivité
partielle des juridictions financières. Il ressort que le cadre institutionnel juridictionnel de
contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun reste incomplet, reflétant des défis
significatifs qui entravent une gestion financière optimale et transparente. La décentralisation,
bien que promue comme moyen d’améliorer l’efficacité et la proximité de la gouvernance,
souffre encore des mécanismes de contrôle et de supervision insuffisamment développés. Les
instances juridictionnelles, notamment les tribunaux régionaux des comptes et la cour des
comptes ne sont pas toujours effectifs jusqu’à nos jours sur le territoire national pour offrir
leur expertise, en tant que juridictions financières spécialisées, dans le cadre du contrôle de
l’exécution du budget de l’État et même celui des CTD.

70
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE

Au terme de cette première partie qui portait sur un contrôle formellement structuré, il
ressort que le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun présente une structure
formelle bien définie, mais qui nécessite des améliorations pour garantir une gestion
financière optimale et transparente. Les dispositifs institutionnels en place, incluant des
organes juridictionnels et des organes non juridictionnels fournissent un cadre juridique et
procédural visant à assurer la reddition de comptes et la discipline budgétaire.

Cependant la mise en œuvre de ce cadre souffre de limitations en termes de ressources


humaines et matérielles, ainsi que d’indépendance et d’impartialité opérationnelles des
organes de contrôle.

L’infrastructure juridique et institutionnel prévoit des mécanismes de contrôle a priori


et a posteriori, permettant une surveillance continue et une évaluation ex post des pratiques
budgétaires.

En marge d’un contrôle formellement structuré, le contrôle de l’exécution du budget


des collectivités territoriales décentralisées s’effectue également à travers un contrôle
matériellement aménagé.

71
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

SECONDE PARTIE : UN CONTRÔLE


MATÉRIELLEMENT AMÉNAGÉ

72
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun est conçu de manière à


assurer une gestion optimale des ressources publiques tout en respectant les principes de
décentralisation. Ce contrôle matériellement aménagé s’appuie sur une infrastructure
juridique et institutionnelle robuste, visant à garantir la conformité des dépenses aux
prévisions budgétaires et aux objectifs de développement local. Les mécanismes mis en place
incluent des audits internes et externes et des rapports de performance, permettant une
évaluation rigoureuse de la gestion financière des collectivités territoriales. Les institutions
clés, telles que la Chambre des comptes de la Cour suprême, le TCS, le TGI et le TPI jouent
un rôle éminemment important dans la surveillance et la protection de la fortune publique, en
s’assurant que les fonds publics sont utilisés de manière efficace, efficiente et transparente.

Cette approche structurée du contrôle budgétaire permet d’identifier et de corriger les


dysfonctionnements, les fraudes et les gaspillages potentiels, tout en promouvant la
responsabilité et la reddition de comptes des gestionnaires publics. En outre l’aménagement
matériel du contrôle inclut les objectifs dudit contrôle. Cette organisation méthodique et
proactive du contrôle budgétaire vise non seulement à prévenir les irrégularités, mais aussi à
renforcer la capacité des CTD à gérer leurs ressources de manière autonome et à répondre
efficacement aux besoins de leur population. Ainsi, le contrôle du budget, dans sa dimension
matériellement aménagée, est essentiel pour la bonne gouvernance et le développement
durable des CTD au Cameroun. Ce contrôle est matériellement aménagé dans la mesure où, il
est axé sur un contrôle de la régularité (Chapitre I), et sur un contrôle de performance
(Chapitre II), dont l’inobservation des règles budgétaires entraîne ipso jure des sanctions qui
peuvent être juridictionnelles ou non juridictionnelles.

73
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

CHAPITRE I : UN CONTRÔLE DE LA
RÉGULARITÉ

Ce qui caractérise les opérations budgétaires en général, c’est l’existence d’un certain
nombre de règles que les acteurs sont tenus de respecter243. Car, l’utilisation des ressources
collectives par les gestionnaires publics élus ou non doit s’inscrire dans le respect rigoureux
de principes et procédures établis et les informations y relatives doivent être portées à la
connaissance du citoyen, aussi bien par ces gestionnaires que par une instance de contrôle
indépendante244. D’ailleurs, le respect des lois est une expression de l’État de droit 245. Le
citoyen ne supporte les prélèvements que s’il a une garantie que les fonds qui se sont
soustraits à sa décision sont utilisés de manière transparente, conforme aux règles de droit et
aux décisions des assemblées délibérantes qui adoptent les budgets 246 : c’est un contrôle de la
régularité.
Ce contrôle met à cet effet en exergue, les dimensions de la régularité (Section I),
ainsi que l’engagement de la responsabilité des agents publics du fait des irrégularités
(Section II).

SECTION I : LES DIMENSIONS DE LA REGULARITE

La régularité dans le cadre du contrôle de l’exécution du budget des CTD au


Cameroun revêt une importance capitale pour la gouvernance financière locale. Cette
régularité se manifeste par l’application stricte des lois et règlements en vigueur, visant à
garantir que chaque dépense soit justifiée, validée et conforme aux objectifs budgétaires
prédéterminés.

En effet, le contrôle de l’exécution budgétaire local implique plusieurs dimensions,


notamment la conformité juridique, qui veille à ce que les procédures financières respectent
les cadre législatif et règlementaire ; la régularité comptable, assurant une tenue rigoureuse
des comptes et des rapports financiers ; et l’efficience des dépenses publiques, qui mesure

243
HASSANA (Barnabas), « L’évolution des finalités du contrôle de la dépense publique au regard des nouvelles
réformes de finances publiques camerounaises », IMJST, Vol. 5, no 7, juin 2020, pp. 1227 – 1240, p. 1228.
244
Ibid.
245
Idem.
246
Idem.

74
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

l’utilisation optimale des ressources disponibles pour atteindre des résultats escomptés.
Autrement dit, la régularité implique non seulement la conformité (Paragraphe I), mais aussi
la règle du service fait (Paragraphe II).

Paragraphe I : La conformité

La conformité dans le cadre de la régularité des opérations budgétaires locales


implique que les dépenses et les recettes des CTD soient strictement alignées sur les lois, les
règlements et normes établis, garantissant ainsi une utilisation appropriée et justifiable des
fonds publics. Cette conformité est surveillée par divers mécanismes de contrôle. Les agents
et organes de contrôle de régularité jouent un rôle déterminant pour assurer la conformité
formelle (A) et la conformité matérielle (B).

A- La conformité formelle

La conformité formelle dans le cadre du contrôle de régularité est l’objectif poursuivi


par les agents comme le comptable public et le contrôleur financier. Ces acteurs vérifient la
régularité des opérations budgétaires, notamment le contrôle de la qualité de l’ordonnateur, le
contrôle des pièces justificatives, etc.

Le cœur du contrôle de la qualité de l’ordonnateur par le comptable public ne fait pas


de difficulté : ainsi que l’indique la lettre de l’article 19 du décret de 2012, il s’agit de
contrôler la qualité de l’ordonnateur qui a signé l’ordre de payer, adressé au comptable public,
le « mandat » qui constitue l’ordonnancement247. Ce contrôle comprend trois points bien
identifiés : d’abord, vérifier que le mandat est signé et par qui ; ensuite vérifier si le signataire
a bien été nommé ordonnateur de la CTD ; si ce n’est pas le cas, vérifier si le signataire a reçu
délégation de l’ordonnateur et si le mandat entre dans le champ de sa délégation248.

La vérification de ce que l’engagement juridique a été pris par la personne


juridiquement compétente pour engager la CTD ou un établissement peut en revanche,
sembler pertinente et consistante : on peut estimer qu’il est du rôle du comptable public de
bloquer une dépense correspondant à une subvention, un contrat, un recrutement, une
prestation résultant d’un acte pris incompétemment.

247
DUTHEILLET DE LAMOTHE (Louis), « Étendu du contrôle de la qualité de l’ordonnateur par le
comptable », G&FP, 2018/4, no 4, pp. 94 – 99, p. 94.
248
Ibid.

75
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Mais un tel contrôle nous semble impossible : il se heurte frontalement au principe


selon lequel les comptables : « n’ont pas le pouvoir de se faire juges de la légalité » des actes
administratifs249.

Le comptable public doit donc en principe tenir pour légaux les justificatifs qui lui
sont donnés par l’ordonnateur, qu’il s’agisse de normes générales ou de décisions
administratives non règlementaires. Le reste regarde le respect des contrôles prévus par la
nomenclature, ce qui n’interdit pas d’ailleurs au comptable d’interpréter les actes qui lui sont
fournis et de vérifier que les justificatifs sont précis, complets et cohérents.

Les opérations de liquidation sont effectuées en principe à la demande des créanciers.


Les ordonnateurs – liquidateurs, au vu des pièces justificatives, procèdent à la liquidation
après vérification de ces pièces.

Au Cameroun comme en France, le contrôle de la loi de finances repose sur le contrôle


des pièces relatives aux opérations budgétaires250. Il ne s’agit pas ici de vérifier la juridicité ou
la légalité des opérations financières, mais plutôt procéder au contrôle des pièces relatives aux
opérations c’est – à – dire au recouvrement251. C’est ainsi que toute proposition d’engagement
de la dépense par exemple quelle que soit sa nature (décret, arrêté, lettre de commande,
contrat, etc.), doit être soumis au contrôleur avec des pièces justificatives. À ce titre, en tant
qu’agent désigné par le ministre des finances pour garantir en ses lieux et place, l’orthodoxie
dans l’exécution des budgets publics à travers des avis et visas, le contrôleur financier, assure
à cet effet, la centralisation des opérations budgétaires des ordonnateurs auprès desquels il est
placé, par une bonne tenue des fiches de suivi des engagements et des ordonnancements252.

L’absence de visa du contrôleur financier est un cas de suspension absolue de


paiement pour le receveur municipal. Le délai prévu pour l’apposition dudit visa est de 72
heures. Ce principe peut être atténué lorsque ce dernier a adressé une demande d’informations

249
CE, Sect., 1971 – 02 – 05, Ministre de l’économie et des finances c/ Sieur BALME, p. 105, « (…) qu’il
résulte de ces dispositions que les comptables doivent exercer leur contrôle sur la production des justifications
mais alors même qu’il leur appartient, pour apprécier la validité des créances, de donner aux actes
administratifs une interprétation conforme à la règlementation en vigueur, ils n’ont pas le pouvoir de se faire
juges de leur légalité ».
250
HASSANA (Barnabas), « L’évolution des finalités du contrôle de la dépense publique au regard des nouvelles
réformes de finances publiques camerounaises », op.cit., p. 1229.
251
Ibid.
247
« Le contrôleur financier : juge de la régularité et acteur essentiel dans la chaîne d’exécution du budget de
l’État », Disponible en ligne sur https://www.dgb.cm/le-controleur-financier-juge-de-la-regularite-et-acteur-
essentiel-dans-la-chaine-dexecution-du-budget-de-letat, op.cit.

76
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

ou de documents complémentaires. Dans ce cas, le délai est suspendu jusqu’à la production


des informations et documents sollicités. Concrètement, le contrôle est rendu possible du fait
de la transmission au contrôleur financier, de toutes les pièces justifiant l’engagement de la
dépense.

C’est ainsi que le contrôleur se livre alors à l’examen de la régularité juridique c’est-à-
dire imputation des crédits et disponibilité des crédits. Ici, le contrôle est nécessairement plus
formel que celui exercé au stade de l’engagement de la dépense253. Le contrôleur financier et
comptable qui, sont les principaux intervenants dans le circuit se soucient accessoirement si la
dépense engagée ordonnancée est légale, leur souci premier porte sur l’existence de certaines
pièces précises qui sont des conditions sine qua none de la suite à donner a1 l’opération.
C’est ainsi que le contrôleur vérifie certes la régularité du dossier de l’engagement de
la dépense, de l’accréditation du gestionnaire du crédit, du niveau des prix dans la mercuriale
lorsqu’il s’agit d’un marché public, de l’existence des crédits, mais surtout il assure que les
pièces y relatives sont conformes. Dans d’autres pays, le visa d’engagement de la dépense
publique est une exigence et par conséquence constitue la pièce maîtresse sur laquelle porte le
contrôle financier à cette étape de la dépense du droit commun. Pour ce qui est des
comptables par exemple, ils ne s’attèlent qu’à vérifier les pièces sanctionnant le passage dans
les étapes précédentes d’engagement, de la liquidation et de l’ordonnancement.
Outre la conformité formelle, la régularité budgétaire implique également la
conformité matérielle.

B- La conformité matérielle

Les bonnes pratiques imposent la conformité de la pratique budgétaire aux principes,


règles et procédures consacrées par la loi et règlement. Autrement dit, dans un État de droit,
l’ensemble des activités politiques, sociales et financière est régi par des règles et principes
juridiques254. C’est bien – sûr pour répondre à cette exigence d’État de droit que le système de
contrôle de conformité est instauré. Ce contrôle a pour objectif de vérifier l’exacte application
des règles et principes dans un but préventif et répressif. Pour le faire, les organes ou
institutions de ce contrôle doivent s’appuyer sur des règles et principes budgétaires255.

253
HASSANA (Barnabas), « L’évolution des finalités du contrôle de la dépense publique au regard des nouvelles
réformes de finances publiques camerounaises », op.cit., p. 1229.
254
Ibid.
255
Idem.

77
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Le droit financier est innervé par un ensemble des règles et principes. L’exercice du
contrôle de conformité doit reposer avant tout sur l’exploitation des données contenues dans
la loi de finances de l’année et dans les documents comptables des administrations
financières. Son efficacité suppose une véritable implication des organes et le souci d’un
examen scrupuleux des règles et principes qui peuvent être comme des véritables boussoles
pour ces derniers256. Autrement dit, les principaux acteurs intervenant dans les différentes
étapes ou qui interviennent lors de la collecte des recettes et d’engagement des dépenses
publiques doivent respecter les règles et principes qui encadrent ces processus. C’est
d’ailleurs l’occasion pour les contrôleurs de s’assurer le respect par les principaux intervenant
dans les processus de l’autorisation accordée par le paiement, même si celle – ci n’a qu’une
valeur habilitative257 et non impérative par rapport à l’ordonnateur de crédit qui est,
aucunement obligé d’effectuer la dépense autorisée telle quelle258.
Ainsi, l’appréciation de l’opportunité de la dépense par exemple revient à
l’ordonnateur, seulement celui – ci n’a pas la faculté de franchir la barre de crédit autorisée
par la loi de finances. La dépense autorisée n’est pas potentielle, elle n’est pas encore réelle
encore faut – il engager. Et bien plus, la conformité matérielle en dépit de dysfonctionnement
pratique propre à la procédure camerounaise de contrôle de la dépense publique qui, pour les
différents organes de contrôle d’insister sur les formalités259, la régularité matérielle porte tout
de même sur le fond des règles elles – mêmes. En principe il s’agit de vérifier l’exacte
application des différents instruments juridiques qui gouvernent les finances publiques. Ces
instruments juridiques sont entre autres les lois et règlements et éventuellement la constitution
voire les conventions intégrées dans l’ordre juridique financier interne260. Ces acteurs doivent
également vérifier la conformité des opérations aux principes telles que le principe
d’annualité, le principe d’équité, le principe de la spécialité, le principe d’unité, le principe de
l’universalité.

Les contraintes relatives à la bonne exécution des budgets des CTD imposent le
respect des règles, principes et procédures par tous les intervenants dans la chaîne de
l’exécution budgétaire. Il en est de même des projections effectuées en amont de l’exécution

256
Idem.
257
BIDIAS (Benjamin), Les finances publiques et l’Économie financière de la République fédérale du
Cameroun, 1ere éd., 1971, p. 69.
258
BILOUNGA (Steve – Thiery), La réforme du contrôle de la dépense publique au Cameroun, op.cit., p. 324.
259
Ibid.
260
CONAN (Mathieu), La non obligation de dépenser, Thèse de doctorat en Droit Public, Paris II, 2004, pp. 48
et suivantes.

78
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

afin de satisfaire aux exigences de crédibilité et de sincérité des budgets et des comptables
publics. Autrement dit, les bonnes pratiques imposent la conformité budgétaire aux principes,
règles et procédures consacrées par la loi et règlements.

Nous pouvons ainsi dire non sans quelques raisons, que l’un des soucis majeurs du
contrôle de conformité réside dans l’optique de préserver cette égalité financière qui est
d’ailleurs gage de l’État de droit financier. En réalité, la conformité dont il est question c’est
la conformité de ce qui est prévu par les textes et ce qui est finalement, ou entrain d’être
réalisé. À titre illustratif, il s’agit entre autres :

- Le strict respect de la séparation des fonctions d’ordonnateur et de comptable afin de


garantir la sécurité des fonds publics et assurer une division rationnelle du travail ;
- Le respect du calendrier budgétaire par divers intervenants261 ;
- Le respect de la règlementation en matière de commande publique ;
- Le respect par des divers acteurs budgétaires de leurs rôles respectifs ;
- Le respect des différentes étapes de la dépense publique262.
La préservation de la légalité financière a pour conséquence l’usage normal des derniers
des CTD toute chose qui concourt à l’amélioration des conditions de vie des CTD, ou mieux
de sa population. En matière financière, le principe de légalité suppose que toutes les
opérations financières réalisées par les personnes publiques doivent être encadrées et
contenues dans les textes juridiques en emportant toutes les conséquences possibles à tout
acte juridique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la conformité est un moyen de
concrétisation du principe de la légalité financière. Que ce soit une vérification des règles de
fond ou un contrôle des règles de forme, l’objectif final est d’assurer une opération légale des
recettes ou des dépenses263.
Par contrôle de conformité, la sécurité et même l’intégrité des opérations escomptées en
fin de compte par le principe de la légalité sont garanties, au bénéfice de l’intérêt général.
C’est ce qui justifie le besoin de renforcer ces contrôles dans le circuit de réalisation de la
dépense au Cameroun et ceci dans l’optique de parvenir à une bonne maîtrise de cette
opération financière que le principe de la légalité financière recherche264. La conformité est

261
BILOUNGA (Steve – Thiery), op.cit., p. 326.
262
BOUVIER (Michel) et autres, Finances Publiques, Paris, LGDJ, 1993, p. 289.
263
HASSANA (Barnabas), « L’évolution des finalités du contrôle de la dépense publique au regard des nouvelles
réformes de finances publiques camerounaises », op.cit., p. 1229.
264
Les étapes dont il est question sont : engagement, liquidation, ordonnancement et paiement.

79
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

l’une des exigences de la régularité, mais il ne faut pas perdre de vue que la règle du service
fait également partie intégrante des dimensions de la régularité.

Paragraphe II : La règle du service fait

La règle du service fait revêt une importance capitale dans le cadre du contrôle de la
régularité des opérations budgétaires. Cette règle, qui régit les relations entre l’administration
publique et ses fournisseurs ou prestataires de services, constitue un pilier essentiel de la
gestion transparente et efficace des ressources publiques au niveau local.

Cependant, cette règle est non absolue dans la mesure où elle est assortie de quelques
dérogations. C’est la raison pour laquelle nous examinerons la consistance de la règle du
service fait (A), et les exceptions (B) à ladite règle.

A – La consistance de la règle du service fait

La règle du service fait, édictée par le seul règlement général de la comptabilité


publique, interdit, en principe, les paiements des dépenses publiques avant que les
bénéficiaires aient exécutés les prestations qui en sont les contreparties 265. Comme on n’ose
pas la qualifier de principe général de droit – ce qu’elle n’est pas – on appelle la règle du
service fait, dans la littérature administrative, « règle fondamentale de la comptabilité
publique », « pilier fondamental du droit de la comptabilité publique »266, « pièce maîtresse
du droit public financier »267, etc. Les expressions ne manquent pas pour dire son importance,
même si cela ne dit rien sur sa portée ni son insertion dans la hiérarchie des normes.

Naturellement, aucun texte ne définit ce qu’est le « service fait ». Mais la notion même
de « service fait » trahit l’origine de cette expression : le service dont il est question est celui
du fonctionnaire, ou plus généralement l’agent public : c’est une « règlementation déjà
ancienne et confirmée par le statut général comme par les principes de la comptabilité
publique »268. Le fonctionnaire fait son service, on le paie, il ne le fait pas…en principe, on ne
le paie pas. C’est d’ailleurs en matière de fonction publique que la règle de service fait donne
lieu à l’essentiel de la jurisprudence et des écrits doctrinaux. Mais, même en matière de

265
CLAMOUR (Guylain), TERNEYRE (Philippe), Financement et contrats publics, éd. Cream, p. 32.
266
LEFEBVRE (Barbara), Une règle d’or de la comptabilité publique : le paiement après service fait, Rev.
Trésor, 1995, p. 667.
267
AMSELEK (Pierre), Une instruction en clair – obscur : la règle du service fait. Mélanges en l’honneur de P –
M. GAUDEMET, Economica, 1984, p.421.
268
PLANTEY (Alain), La Fonction Publique, Traité Général, Litec, 2e éd., 2001, no 1235.

80
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

fonction publique, la règle est tout sauf simple : le service partiellement fait, le service mal
fait, le service impossible, etc., donnent lieu à des discussions montrant que la notion de
service fait n’est pas aussi manichéenne qu’il paraît. Le Professeur AMSELEK a pu parler à
son sujet d’ « institution en clair – obscur ».

Toute théorique, quel que soit sa pertinence, n’a de réelle importance qu’une fois
traduite dans la réalité concrète quotidienne269. C’est ainsi que la régularité formelle tire toute
sa pertinence lorsqu’elle est traduite sur le plan matériel ou lorsqu’elle est effective.

Et comme la précision en vaut la règle, il n’est pas exagéré de préciser que, le contrôle
de l’effectivité a toujours existé au Cameroun contrairement à ce beaucoup le faisaient
remarquer. Ce contrôle n’était pas seulement trop développé. Les récentes réformes des
finances publiques270 engagées par les autorités camerounaises ont davantage milité dans le
sens de renforcement du contrôle de l’effectivité de la dépense publique. Autrement dit, le
contrôle de la régularité substantielle ou matérielle n’était pas trop ressenti jusqu’à une date
récente. En dépit de la forte concentration du système de contrôle des finances publiques
camerounaises au contrôle de la régularité, les récentes réformes ont pu instaurer plus que par
le passé, un mariage assez serré entre le contrôle de la régularité formelle et le contrôle de la
régularité matérielle271 ou d’effectivité. C’est d’ailleurs une bonne homogénéité entre le
formel et le matériel dans la mesure où, le respect des règles de forme n’exclut pas la
violation de celles de fond. Pour dire autrement, le respect des règles formelles peut mettre un
pan de voile sur des irrégularités dans la réalisation physique272 de la dépense.

L’effectivité matérielle ou le service fait, est donc une investigation qui vise pour le
contrôleur de se rassurer que la prestation qui a présidé à l’initiative de la dépense publique a
été bel et bien réalisé273. Ainsi, les contrôleurs doivent, avant toute certification ou liquidation,
s’assurer que les prestations et les livraisons constituent l’équivalent réel des sommes à
décaisser et qu’elles ont été effectivement exécutées selon les règles de l’art274. Le contrôle de
conformité matérielle vise donc une proportionnalité entre les prestations et les sommes à

269
HASSANA (Barnabas), « L’évolution des finalités du contrôle de la dépense publique au regard des nouvelles
réformes de finances publiques camerounaises », op.cit., p. 1231.
270
Voir à cet effet l’article 2 de la loi no 2007/006 du 26 décembre 2007 portant régime financier de l’État du
Cameroun (dont le régime de 2018 n’a pas explicitement abrogé).
271
BILOUNGA (Steve – Thiery), op.cit., p. 320.
272
Ibid.
273
Idem., p. 341.
274
Idem.

81
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

décaisser. Mais en sus de cela, ce contrôle a aussi pour objectif le respect des standards
qualitatifs.

La règle du service fait ne voudrait pas tout simplement signifier la réalisation


physique d’un ouvrage ou d’une prestation. Autrement dit, la livraison d’un bien ou la
prestation de service à elles seules ne suffisent pas pour parler d’effectivité275. Il y a effectivité
si et seulement s’il existe une équivalence entre le service rendu et la quantité ou le montant
des crédits à sortir de la fortune publique276. Ainsi donc, contrôler l’effectivité signifie tout
d’abord, s’assurer que les prestations ou services réalisés sont équivalents des sommes que
l’on apprête à sortir des caisses de l’État ou des CTD.

Ainsi, le but n’est pas d’appauvrir l’agent qui rend service à l’État ou à la collectivité
territoriale par la réalisation des prestations, ni de l’État ou de la CTD qui bénéficie des
prestations et paie la créance ainsi générée. Mais qu’il y a une sorte d’égalité ou équivalence
entre les sommes et les prestations afin qu’aucune des parties ne soit lésée.

Le contrôle du respect des standards qualitatifs se justifie par le fait que, dans certaines
situations et qui est d’ailleurs récurent au Cameroun, d’importantes sommes d’argent étaient
décaissées sans une quelconque prestation en contrepartie277. On dira alors que le contrôle de
l’effectivité a un double objectif. En dehors du fait qu’il doit veiller à l’équivalence, il doit
également assurer que les prestations ont été physiquement réalisées selon les règles de
l’art278. Notamment en respectant les critères et standards qualitatifs en rapport avec la
réalisation des ouvrages ou des services des CTD.

Même si la règle du service fait est prise en compte par le comptable public, celle – ci
demeure cependant assortie de dérogation.

B- Les exceptions à la règle du service fait

La règle du service fait dans le cadre du contrôle de l’exécution du budget des CTD au
Cameroun stipule que les paiements ne peuvent être effectués que pour des services
réellement fournis, des travaux effectivement réalisés, ou des biens effectivement livrés.
Cependant, il existe des exceptions à cette règle pour répondre à certaines situations

275
HASSANA (Barnabas), op.cit., p. 1231.
276
Ibid.
277
Idem., p. 1232.
278
Guide Pratique du contrôle budgétaire élaboré par la Direction Générale du Budget, version de mars 2002, p.
40.

82
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

spécifiques. Si la règle du service fait était aussi simple que d’aucuns le prétendent et si elle
avait la valeur quasi – constitutionnelle (puisqu’il est question de protection des derniers
publics) que les comptables publics lui prêtent sans le dire, alors on n’y toucherait qu’avec
stupeur et tremblements279. On le fait au mieux par voie règlementaire – qui est effectivement
le niveau, dans la hiérarchie des normes, auquel cette supposée « règle d’or » se situe – mais
aussi et surtout par de simples circulaires et autres directives émanant de la direction de la
comptabilité publique ou visées par elle280.

Au titre des aménagements textuels, on trouve naturellement le régime des avances du


Code des marchés publics281, les acomptes, les dépenses d’urgence et les indemnités et autres
dépenses obligatoires.

En ce qui concerne les avances, elles peuvent être accordées aux prestataires,
fournisseurs, ou entrepreneurs dans le cadre des marchés publics pour faciliter l’exécution des
travaux, la fourniture de biens ou de services. Ces avances sont généralement prévues dans les
termes du marché et sont remboursables sur les paiements futurs.

S’agissant des acomptes, ils peuvent être versés en cours d’exécution des marchés
publics, sur la base des prestations partiellement réalisées, après vérification et certification
par les services compétents.

En cas d’urgence ou de force majeure, des dépenses peuvent être engagées et payées
avant la réalisation complète du service ou la livraison des biens. Cela inclut les situations
d’urgence, les catastrophes naturelles, ou tout autre évènement nécessitant une intervention
rapide282.

Concernant les indemnités et autres dépenses obligatoires, certaines dépenses comme


les indemnités, les pensions, et les traitements des agents publics peuvent être payées sans
exigence préalable de service fait283.

Cependant, lorsque les règles régissant la régularité des opérations budgétaires ne sont
pas respectées, la responsabilité des agents publics (agents publics internes aux CTD) chargés
de l’exécution et du contrôle budgétaire local peut être engagée.

279
CLAMOUR (Guylain), TERNEYRE (Philippe), Financement et contrats publics, op.cit., p. 36.
280
Ibid.
281
Idem.
282
Idem.
283
Idem.

83
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

SECTION II : L’ENGAGEMENT DE LA RESPONSABILITE DES AGENTS


PUBLICS DU FAIT DES IRREGULARITES

L’engagement de la responsabilité des agents publics en raison des irrégularités


budgétaires constitue un sujet d’une importance capitale dans le domaine de la gestion des
finances publiques. Cette question soulève des enjeux majeurs en termes de transparence,
d’intégrité et de bonne gouvernance. Fondée sur des principes juridiques stricts, cette
responsabilité est encadrée par des mécanismes de contrôle rigoureux et peut entraîner des
conséquences sévères pour les agents fautifs.
Ainsi, il convient d’analyser d’une part, la responsabilité financière et budgétaire des
agents publics des CTD (Paragraphe I), et d’autre part, la responsabilité pénale des agents
publics du contrôle de l’exécution du budget des CTD (Paragraphe II).

Paragraphe I : La responsabilité financière et budgétaire des agents publics des CTD

La responsabilité financière et budgétaire des agents publics des CTD s’inscrit dans le
cadre de la bonne gouvernance et de la gestion transparente des ressources publiques. Celle –
ci revêt, une importance particulière dans un contexte ou la décentralisation est présentée
comme un levier majeur pour le développement local et la participation citoyenne.

L’examen de la responsabilité financière et budgétaire des agents publics des CTD


consiste à analyser la responsabilité financière de l’ordonnateur (A), ainsi que la
responsabilité budgétaire du comptable public (B).

A – La responsabilité financière de l’ordonnateur

La responsabilité financière des ordonnateurs s’inscrit dans la problématique plus


globale de la modernisation des finances publiques ou, si l’on veut, de la gouvernance
financière284. Elle marque un saut qualitatif vers la recherche de la performance dans les
administrations publiques. Faut – il le rappeler, l’ordonnance no 62/OF du 7 février 1962
portant régime financier de la République Fédérale du Cameroun avait consacré un budget de
moyens285. Celui – ci se caractérisait par le manque de prévisibilité à moyen terme, surtout,
par un manque de contrôle de performance. Mais avec la raréfaction des ressources, la

284
ENGOUTOU (Jean – Luc), NGUECHE (Sylvie), MBALLA ELOUNDOU (Aimé Christel), « La
responsabilité financière des ordonnateurs en droit public camerounais », RFFP, no 157, 2022, p. 95.
285
ENGOUTOU (Jean – Luc), NGUECHE (Sylvie), MBALLA ELOUNDOU (Aimé Christel), « La
responsabilité financière des ordonnateurs en droit public camerounais », op.cit.

84
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

démocratisation et la diffusion de la culture de la performance au sein des couches socio –


économiques, le budget de moyen a montré des signes d’essoufflement286.

La responsabilité financière de l’ordonnateur dans le cadre du contrôle de régularité


est un sujet crucial pour assurer la bonne gestion des ressources publiques. Tout d’abord,
l’ordonnateur, qui peut être le maire ou le président du conseil régional est chargé de
l’exécution du budget de la collectivité locale. Il doit veiller à ce que les dépenses respectent
les orientations budgétaires et les règles de la comptabilité publique. Ensuite, l’ordonnateur
est tenu de rendre des comptes sur l’utilisation des fonds publics. Cela signifie qu’il doit
fournir des justificatifs de toutes les dépenses engagées et garantir la transparence dans la
gestion financière de la collectivité locale.

Par ailleurs, la responsabilité financière de l’ordonnateur implique également une


obligation de gestion rigoureuse des fonds publics. À ce titre, il doit s’assurer que les
dépenses sont effectuées dans le respect des règles de la comptabilité publique et dans
l’intérêt général.

Tout manquement à ces obligations peut être qualifié de faute de gestion et, par voie
de conséquence, entraîner des sanctions.

Contrairement à l’État de droit antérieur, la faute de gestion fait désormais l’objet,


depuis 2018, d’une définition expresse dans la législation portant régime financier de l’État et
des autres entités publiques. Il s’agit réellement d’une définition si l’on s’en tient, sur le plan
formel, aux termes de l’article 87 suivants lesquels287 : « En cas de faute de gestion telle que
définie à l’article 88 (…) ». Sur le plan substantiel, l’article 88 (1) de la loi no 2018/012 du 11
juillet 2018 procède à une déclinaison des éléments qui permettent de reconnaître ou
d’identifier la faute de gestion288. En plus de cette innovation, le nouveau régime financier de
l’État et des autres entités publiques apporte plus de clarté et d’intelligibilité dans
l’appréhension de la faute de gestion, comme pour remédier a1 l’insécurité juridique et
judiciaire jusqu’alors prégnante289. En effet, l’article 88 (1) de la loi de 2018 précitée, définit
la faute de gestion comme : « tout acte, omission ou négligence commis par tout agent de

286
Ibid.
287
Idem.
288
Idem.
289
En se contentant d’énoncer, en son article 51 (1) que : « L’ordonnateur a la responsabilité de la bonne
exécution des programmes […] ». Cette disposition a son pendant au niveau local dans la loi de 2019 portant
CGCTD. Il s’agit en effet de l’article 466 aux termes duquel : « Les ordonnateurs sont tenus de rendre compte de
l’exécution des programmes et projets ».

85
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

l’État, d’une Collectivité territoriale décentralisée ou d’une entité publique, par tout
représentant, administrateur ou agent d’organismes, manifestement contraire à l’intérêt
général ».

Pour mesurer toute la portée de l’innovation de cette disposition, il convient de


rappeler aux souvenirs la définition antérieure de la faute de gestion, telle que posée par
l’article 3 de la loi no 74/18 du 5 décembre 1974 relative au contrôle des ordonnateurs,
gestionnaires et gérants des crédits publics et des entreprises de l’État, modifiée par la loi no
76/4 du 8 juillet 1976 : « Est considérée comme irrégularité au sens de la présente loi, toute
faute de gestion préjudiciable aux intérêts de la puissance publique (…) »290.

Chef de la structure administrative pour le fonctionnement de laquelle ont été affectés


des crédits, la responsabilité de l’ordonnateur ne se limite pas aux aspects strictement
financiers291. Elle couvre aussi tous les actes de sa gestion tant administrative que politique, et
est engagée dès la commission d’une faute de gestion292. En matière financière en général et
comptable en particulier, les articles 3 et 6 de loi du 5 décembre 1974 relative au contrôle des
ordonnateurs, gestionnaires de crédits publics et des entreprises d’État, modifiée par la loi du
8 juillet 1976 ont dégagé, de manière non exhaustive, les différentes irrégularités constitutives
de la faute de gestion, c’est – à – dire, préjudiciable aux intérêts de la puissance publique293. Il
s’agit de l’engagement d’une dépense sans avoir qualité pour le faire, sans crédits disponibles
ou sans pièces justificatives ; de l’engagement d’une dépense sans visa ou réquisition de
l’autorité compétente ou sans justification du service fait ; de la passation des marchés ou des
recrutements en violation de la règlementation en vigueur en la matière ; de la modification
irrégulière de l’affectation des crédits ou de l’utilisation à des fins personnelles des agents ou
des biens de l’État294.

Sans préjudice des poursuites susceptibles d’être engagées devant les juridictions
répressives compétentes lorsque la faute de gestion tend à se muer à un détournement de
derniers publics, la responsabilité financière de l’ordonnateur est engagée au Cameroun

290
Cette définition et cette catégorisation sont reprises par les articles 4 (1), 10 et 12 du décret n o 2020/375 du 7
juillet 2020 portant règlement général de la comptabilité publique.
291
BILOUNGA (Steve Thiery), « Les relations entre l’ordonnateur et les comptables à la lumière de la loi du 26
décembre 2007 portant régime financier de l’État du Cameroun », G&FP, 2017/3, no 3, pp. 109 – 116, p. 110.
292
Ibid.
293
Idem.
294
BILOUNGA (Steve Thiery), « Les relations entre l’ordonnateur et les comptables à la lumière de la loi du 26
décembre 2007 portant régime financier de l’État du Cameroun », op.cit., p. 111.

86
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

devant le CDBF qui, manifestement officie en tant que juge de gestion alors qu’il n’en est pas
un en principe, eu égard de son essence administrative295.

En tranchant cette question, née du conflit des lois, l’institution supérieure de contrôle
s’affirme comme le seul organe compétent en la matière au Cameroun, à l’exclusion de tout
autre organe administratif, notamment le CDBF rattaché aux services du CONSUPE. La loi
portant régime financier de l’État et d’autres entités publiques du 11 juillet 2018 a transféré
cette compétence à la juridiction des comptes, pour se conformer aux standards internationaux
et aux directives communautaires. C’est en application de ces nouvelles dispositions que la
Chambre des comptes de la Cour suprême a été saisie d’une dénonciation de mauvaise gestion
visant le Maire et le Receveur municipal de la commune de NGOMEDZAP.

Sur la question d’un éventuel conflit de loi et de compétence entre le CDBF et la


Chambre des comptes de la Cour suprême, la juridiction financière a apporté une réponse sans
équivoque dans son arrêt affirmant : « que l’exclusivité du contrôle juridictionnel des entités
publiques et autres entités publiques étant constitutionnellement dévolue à la Chambre des
comptes, la sanction des irrégularités et fautes de gestion ressortit logiquement de la
compétence de cette juridiction »296. De cet arrêt, il découle que le CDBF ne saurait conserver
sa compétence en matière de sanction de la faute de gestion. L’institution supérieure de
contrôle du Cameroun confirme ainsi, sa compétence exclusive en matière de sanction
juridictionnelle de la faute de gestion. À ce titre, cette juridiction peut prononcer en fonction
des cas, des amendes spéciales, des mises en débet ou des déchéances. Les premières
sanctions sont infligées en fonction de la valeur du préjudice subi par la personne publique.
Leur montant varie entre 200 000 et 2 000 000 FCFA. Les mises en débet, quant à elles, sont
mises à la charge de l’agent fautif pour le montant du préjudice réel subi par la personne
publique. Les déchéances, enfin, sont constituées par des interdictions momentanées
d’assumer certaines fonctions publiques.

L’ordonnateur n’est pas le seul responsable devant la juridiction financière, le receveur


municipal, peut également voir sa responsabilité engagée du fait des irrégularités.

295
C’est un organe administratif à fonctionnement quasi juridictionnel rattaché au ministère délégué à la
présidence de la République chargé du contrôle supérieur de l’État. Il est chargé de prendre des sanctions à
l’encontre des agents publics posant des actes en violation de l’orthodoxie financière publique.
296
Arrêt no 01/CDC/CSC/SR/DBF de la Chambre des comptes de la Cour suprême du 15 février 2024 Commune
de NGOMEDZAP c/ Mme TSOUNGUI BLEUE REGINE EPSE BOAMA et M. EKANG EKANG Jules.

87
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

B – La responsabilité financière et budgétaire du comptable public

Les receveurs municipaux et régionaux, comptables publics, sont soumis aux règles de
discipline, de tenue de comptes et de comptabilité, de recouvrement des recettes, de paiement
des dépenses et de responsabilités applicables aux comptables du Trésor 297. À ce titre, ils ont
qualité de comptable principal et sont par conséquent astreints à la production d’un compte de
gestion298. Les receveurs municipaux et régionaux sont ainsi tenus de rendre compte de leur
gestion à raison de la sacralité des derniers publics299, dont ils détiennent l’exclusivité du
maniement. En effet, les derniers publics sont des biens publics qui ne peuvent faire l’objet
d’utilisation privative et sont de ce fait, dotés d’une protection particulière. Cette protection
réside dans l’obligation de reddition des comptes, imposée aux comptables publics. Manier
les derniers publics, en dépense ou en recette, expose paraît – il à la tentation300. L’obligation
de répondre des irrégularités (faute de gestion, gestion de fait) constatées dans leur gestion,
passe par la mise en jeu de leur responsabilité.
Rendant compte personnellement et pécuniairement des opérations financières dont ils
ont la charge durant l’exercice de leurs fonctions, les comptables publics voient leur
responsabilité engagée lorsqu’un préjudice est causé à la personne publique suite à des
irrégularités relevées à l’article 42 du règlement général de la comptabilité publique. Il en est
ainsi des déficits de caisse ou des manquants en derniers et valeur ; de défaut de recouvrement
de recettes ordonnancées, de paiement irrégulier d’une dépense suite à un défaut de contrôle
ou de l’imputation d’une dépense indue à l’État. Le comptable public est alors mis en débet
administratif par le ministre des Finances, ou en débet juridictionnel à l’issue d’une procédure
devant la Chambre des comptes de la Cour suprême301.

Conformément à l’article 35 alinéa 5 de la loi du 21 avril 2001 fixant les attributions,


l’organisation et le fonctionnement de cette juridiction, lorsque les comptes sont en débet, la
Chambre des comptes constitue le comptable débiteur. Le MINFI procède alors au

297
Art. 4 du décret no 94/232 du 5 décembre 1994 précisant le statut et les attributions des receveurs municipaux.
298
AMOUGOU MBETOUMOU (Estelle Delphine), « Aspects de la responsabilité des receveurs municipaux en
droit public financier camerounais », IMJST, Vol. 7, no 7, Juillet 2022, pp. 5081 – 5096, p. 5082.
299
Ibid.
300
DUFRESNOY (Philippe), « La responsabilité des comptables publics : une assurance raisonnable de la
régularité des comptes », G&FP, 2018/2, no 2, pp. 102 – 104, p. 102.
301
Il convient toutefois de relever la non – conformation jusqu’à ce jour de l’État camerounais au droit
communautaire dans le cadre de la CEMAC. En effet, les articles 91 et 92 de la Directive no 02/11 – UEAC –
190 – CM – 22, relative au règlement général de la comptabilité publique nécessite pour sa concrétisation que
chaque État membre se dote d’une Cour des comptes. Malgré sa position de proue dans cette communauté, le
Cameroun ne s’est pas encore doté de cette juridiction des comptes et se contente encore d’une simple Chambre
des comptes.

88
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

recouvrement des sommes dues qui sont réservées, le cas échéant, à la personne morale
concernée. Les arrêtés de débets, quel qu’en soit le type, sont exécutoires dès leur notification
au comptable concerné et susceptibles de recours devant le juge des comptes sans effet
suspensif302.

En ce qui concerne la responsabilité personnelle des comptables publics, elle est mise
en œuvre au travers d’un ensemble des sanctions qui lui sont infligées à titre personnel et qui
visent à sanctionner son indiscipline au sein de l’administration, ou alors réprimer toute
violation de la loi pénale. Sur le plan disciplinaire, les receveurs municipaux et régionaux sont
soumis au pouvoir hiérarchique du Ministre des finances et du Ministre de la décentralisation
et du développement local, qui ont le pouvoir d’engager leurs responsabilités disciplinaires.
Ainsi, chaque fois qu’ils ont omis d’exécuter leurs missions, ils peuvent voir leur
responsabilité être engagée sur le plan disciplinaire. Cette responsabilité permet à l’autorité
hiérarchique de prononcer une sanction non pécuniaire contre un agent qui aurait commis une
faute de service.

Pour ce qui est de la responsabilité pécuniaire, il s’agit de l’obligation de réparer sur


ses fonds propres, le préjudice que le receveur municipal ou régional a causé à la collectivité
territoriale. À ce titre, les manquements du comptable public à son obligation de contrôle des
actes émis par l’ordonnateur303, son inobservation des règles de la comptabilité publique, bref
des irrégularités constatées dans sa gestion, causent à la collectivité locale un préjudice304.

Au regard des irrégularités telles que les fautes de gestion et les gestions de fait, le
comptable public peut être l’objet de sanctions par la juridiction des comptes. Ces sanctions
peuvent être des amendes, des débets et même des déchéances.

Toutefois, lorsque le préjudice financier est qualifié d’infraction par le CONSUPE, le


CDBF ou même la Chambre des comptes de la Cour suprême, le comptable public et
l’ordonnateur peuvent voir leur responsabilité pénale engagée.

302
BILOUNGA (Steve Thiery), « Les relations entre l’ordonnateur et les comptables à la lumière de la loi du 26
décembre 2007 portant régime financier de l’État du Cameroun », op.cit.
303
CHOUVEL (François), Finances publiques, Gualino (23e éd.), 2020, p. 160.
304
DUTHEILLET DE LAMOTHE (Olivier), VANDENDRIESSCHE (Xavier), « La notion de préjudice
financier en dépenses », GFP, Vol. 100, no 2 – 2020/ Mars – Avril 2020, p. 112.

89
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Paragraphe II : La responsabilité pénale des agents publics du contrôle de l’exécution


du budget des CTD

La responsabilité pénale des agents publics impliqués dans l’exécution du budget des
CTD au Cameroun, en raison des irrégularités, est régie par le droit pénal camerounais. En
général, les agents publics peuvent être tenus responsables pénalement pour des infractions
ayant une incidence financière ou budgétaire.
Il convient donc d’examiner au préalable des faits générateurs de la responsabilité
pénale des agents publics internes des CTD (A), avant de s’appesantir sur la mise en œuvre de
cette responsabilité (B) proprement dite par des juridictions répressives.

A – Les faits générateurs de la responsabilité pénale des agents publics internes aux
CTD

Le comptable public voit sa responsabilité engagée lorsqu’il se comporte comme un


délinquant, c’est – à – dire que dans la réalisation de ses missions, il commet un acte
expressément interdit par la loi305. Dès lors, il tombe sous le coup de la sanction pénale. En
effet, le Vocabulaire juridique appréhende la responsabilité pénale comme une obligation de
répondre des infractions commises et de subir la peine prévue par le texte qui les réprime306.
On déduit donc de cette définition de la responsabilité pénale que, les faits générateurs de
celle – ci sont des infractions ayant, dans le cadre des finances publiques locales une
incidence financière. La sanction pénale désigne l’ensemble des peines prévues par le Code
pénal, qui ont pour objectif de sanctionner l’auteur des infractions pénales telles que la
concussion, l’enrichissement illicite, le détournement de derniers publics et la corruption.

Au Cameroun, certains textes précisent les hypothèses suivant lesquelles le comptable


public ou l’ordonnateur serait responsable de violation de la loi pénale307. Sans prétendre à
l’exhaustivité, l’on peut par exemple mentionner le décret no 94/232 du 5 décembre 1994
précisant le statut et les attributions des receveurs municipaux, en son article 13 qui relève
que « Tout receveur municipal qui ne peut établir de distinction entre les fonds et valeurs qu’il
détient ès – qualités et ceux qu’il possède à titre personnel, est présumé coupable de
concussion ». Or la concussion est réprimée à l’article 137 du Code pénal. Dans le même
ordre d’idées, le dictionnaire encyclopédique de finances publiques présente la concussion

305
AMOUGOU MBETOUMOU (Estelle Delphine), « Aspects de la responsabilité des receveurs municipaux en
droit public financier camerounais », op.cit., p. 5084.
306
Ibid.
307
Idem.

90
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

comme une infraction aux règle du droit budgétaire et de la comptabilité publique, et la définit
comme le fait d’ordonner l’établissement ou la perception d’impôts, droits ou taxes non
autorisées par la loi, ou encore le fait de consentir sans autorisation de la loi, à des
exonérations d’impôts, droits ou taxes ou encore le fait de délivrer gratuitement des produits
de l’établissement public de l’État308.

En outre, l’on peut par exemple mentionner la Convention interaméricaine de lutte


contre la corruption qui définit l’infraction d’enrichissement illicite comme « une
augmentation significative du patrimoine d’un fonctionnaire qu’il ne peut raisonnablement
justifier par rapport aux revenus perçus légitimement dans l’exercice de ses fonctions »309. Le
propre dans cette infraction est qu’une personne voit son patrimoine croître, mais ne peut pas
s’appuyer sur ses revenus légitimes pour en justifier raisonnablement la légitimité et la
légalité des sources. Ce qui entraîne un allègement, un contournement, ou un renversement de
la charge de la preuve. La personne est ainsi, appelée à s’expliquer sur les sources et les
moyens d’accroissement de sa fortune, sans que personne ne puisse prouver qu’elle a commis
une infraction.

C’est après constatation des infractions susmentionnées (concussion, enrichissement


illicite, détournement de derniers publics, corruption…etc.) par les juridictions répressives
que, la responsabilité pénale des agents publics internes des CTD chargé de l’exécution et du
contrôle budgétaire est mise en œuvre.

B – La mise en jeu de la responsabilité pénale des agents publics internes aux CTD

Les irrégularités dans l’exécution du budget des CTD peuvent inclure des actes tels
que la mauvaise gestion des fonds, le non – respect des procédures légales, l’octroi des
contrats sans appel d’offres, entre autres. Lorsque de telles irrégularités sont découvertes, les
agents publics responsables peuvent faire l’objet d’enquête et de poursuites pénales.

Au plan pénal, les juridictions répressives ne sont compétentes que si la faute


reprochée (faute de service ou personnelle) à l’ordonnateur et au comptable public est
constitutive de crime ou de délit, en vertu du principe du droit pénal selon lequel il n’y a pas

308
PHILIP (Loïc), Dictionnaire encyclopédique de Finances publiques, Economica, 1991, p. 1344.
309
Art. IX de la Convention interaméricaine de la lutte contre la corruption du 29 mars 1996.

91
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

d’infraction, pas de sanction sans texte qui les prévoie : « nullum crimen nulla poena sine
lege ».

La responsabilité pénale des ordonnateurs, des gestionnaires de crédits et des


comptables publics peut être mise en œuvre dans le cadre des fautes de gestion qui constituent
en même temps des infractions pénales.

Compte tenu du développement des poursuites pénales, introduites le plus souvent par
les victimes, se constituant partie civile et en déclenchant l’action publique, la responsabilité
pénale de ces agents publics se trouve engagée à l’occasion des actes de détournement de
derniers publics, de concussion, de la corruption…etc. Il est crucial de noter que la
responsabilité pénale nécessite généralement la preuve d’une intention criminelle ou de grave
négligence de la part des agents impliqués. Les sanctions peuvent aller de peines d’amende à
des peines privatives de liberté, en fonction de la gravité des infractions commises et des
circonstances spécifiques de chaque cas.

En ce qui concerne les actes de détournement de derniers publics, ce sera


essentiellement l’œuvre du TCS, du TPI et du TGI. Le TCS sera compétent pour connaître des
irrégularités et des fautes de gestion qualifiables de crimes ou de délits, et portant sur des
infractions de détournement de derniers publics et des infractions connexes lorsque le
préjudice est d’un montant minimum de cinquante millions (50 000 000) FCFA 310. Le TPI
sera compétent pour connaître des irrégularités et fautes de gestion qualifiables de délits
lorsque le préjudice est d’un montant inférieur ou égal à dix millions (10 000 000) FCA. Le
TGI quant à lui sera compétent pour connaître des irrégularités et fautes de gestion
qualifiables de crimes ou de délits connexes, lorsque le préjudice est d’un montant supérieur
ou égal à dix millions (10 000 000) FCFA. L’infraction de détournement de derniers publics
par un agent public de l’État ou des CTD est punie d’un emprisonnement à vie311 au cas où la
valeur des biens détournés excède cinq cent mille (500 000) francs ; d’un emprisonnement de
quinze (15) à vingt (20) ans312 lorsque cette valeur est supérieure à cent mille (100 000) francs
et inférieure ou égale à cinq cent mille (500 000) francs et au cas où cette valeur est égale ou

310
Telle est la teneur de l’article 2 de la loi no 2011/028 du 14 décembre 2011 portant création d’un Tribunal
Criminel Spécial qui dispose que : « Le Tribunal est compétent pour connaître, lorsque le préjudice est d’un
montant minimum de 50 000 000 F CFA, des infractions de détournement de derniers publics et des infractions
connexes prévues par le Code Pénal et les Conventions Internationales ratifiées par le Cameroun ».
311
Art. 184, Al. 1 (a) de la loi no 2016/007 du 12 juillet 2016 portant Code pénal.
312
Ibid., Art. 184, Al. 1(b).

92
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

inférieure à cent mille (100 000) francs, l’emprisonnement est de cinq (05) à dix (10) ans et
d’une amende de cinquante mille (50 000) francs à cinq cent mille (500 000) francs313.

En ce qui concerne l’infraction de concussion, elle est prévue par les articles 137 et
142 du code pénal. La concussion est punie d’un emprisonnement de deux (2) à dix (10) ans
et d’une amende de vingt mille (20 000) à deux millions (2 000 000) de francs CFA. La
juridiction compétente pour connaître de cette infraction est le TGI.

Pour ce qui est de l’infraction de corruption, la CONAC exerce une activité


remarquable314. À travers ses rapports, on voit des avancées dans le cadre de la lutte contre
cette infraction en général, et d’une volonté dynamique de remplir les missions assignées. La
CONAC exerce donc une action conjoncturelle avec les juridictions répressives, en enquêtant
sur les cas de corruption et en traduisant les responsables en justice dans le but de promouvoir
la transparence dans l’administration publique au Cameroun. L’infraction de corruption est
réprimée par les articles 134315 et 134 – 1316 du code pénal camerounais.

313
Idem., Art. 184, Al. 1 (c) de la loi portant code pénal.
314
NDJIE MGBA (Marc Stéphane José), « La lutte contre la corruption au Cameroun : un effort inachevé »,
RIDC, 2018/70 – 1, pp. 159 – 185, p. 183.
315
En ce qui concerne la corruption active, en principe, l’alinéa 1 de l’article 134 de la loi n o 2016/007 du 12
juillet 2016 portant Code pénal dispose que : « Est puni d’un emprisonnement de cinq (05) à dix (10) ans et
d’une amende de deux cent mille (200 000) à deux millions (2 000 000) de francs, tout fonctionnaire ou agent
public national, étranger ou international qui, pour lui – même ou pour un tiers, sollicite, agrée ou reçoit des
offres, promesses, dons ou présents pour faire, s’abstenir de faire ou ajourner un acte de sa fonction ».
316
En ce qui concerne la corruption passive, en principe, l’alinéa 1 de l’article 134 – 1 de la loi no 2016/007 du
12 juillet 2016 portant Code pénal dispose à cet effet que : « Quiconque, pour obtenir soit l’accomplissement,
l’ajournement ou le refus d’accomplissement d’un acte, soit des faveurs ou des avantages tels que prévus à
l’article 134 ci – dessus, fait des promesses, offres, dons, présents ou cède à des sollicitation tendant à la
corruption, est puni des peines prévues à l’article 134 alinéa 1 ci – dessus, que la corruption ait ou non produit
son effet ».

93
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

CONCLUSION DU CHAPITRE I

En conclusion, le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun est axé sur
la vérification de la régularité des dépenses et des recettes. Cette approche vise à garantir la
conformité des actions financières des collectivités locales avec les lois et règlements en
vigueur.

Cependant, pour renforcer l’efficacité du contrôle de la régularité des opérations


budgétaires, il est impératif de mettre en place des mécanismes de suivi et d’évaluation plus
robuste, permettant une analyse plus approfondie de la performance financière et l’impact des
dépenses sur le développement local. Le contrôle de la régularité des opérations budgétaires
est essentiel pour assurer la bonne gestion des ressources publiques et maintenir la confiance
des citoyens dans leurs institutions locales. En cas de non – conformité aux règles et
règlementations en vigueur, des sanctions de nature juridictionnelle ou non juridictionnelle
peuvent être appliquées aux agents fautifs des CTD.

Le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun n’est pas exclusivement


axé sur la régularité des opérations budgétaires. Celui – ci prend également en compte le
contrôle de performance.

94
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

CHAPITRE II : UN CONTRÔLE DE
PERFORMANCE

Relever le défi de la rationalisation de la gestion publique317 implique de profondes


mutations au niveau local, et davantage la revue du système de contrôle des finances locales
de façon à le réorienter vers un nécessaire contrôle de performance 318. De ce fait, inhérent en
toute activité humaine, et encore plus en tout exercice d’un mandat confié, « les contrôles
doivent permettre de s’assurer du respect des normes et de l’atteinte des objectifs »319. C’est à
ce stade que se trouve le sens du contrôle de performance.

La question de la performance de l’action publique continue à se poser avec acuité


dans les stratégies de gouvernance que ce soit sous la pression des idéologies ou sous celle
des opinions publiques, nationales ou internationales, de plus en plus éduquées et attentives à
l’usage fait de leurs ressources320. En outre, l’exigence de la performance est aussi le fait des
bailleurs de fonds vis – à – vis de ceux qui reçoivent des crédits dans le cadre du financement
des programmes de développement321. Il y a donc un mouvement généralisé qui amène les
administrations à se préoccuper de rendre des comptes de l’usage des derniers publics, et ce,
bien au – delà de la question des montants dépensé, au – delà même de la régularité de
l’emploi des fonds, pour prouver l’efficacité et l’utilité de la dépense publique322.

En toute évidence, l’appropriation de cette exigence managériale justifie la mesure de


la performance budgétaire (Section I) et la prise de mesures contre les décideurs locaux du
fait de la contre – performance budgétaire (Section II).

317
À notre sens, cette ambition passe par la maîtrise des dépenses de plus en plus croissantes face à une
raréfaction des ressources publiques, et l’instauration d’une bonne gouvernance financière avec la mise en place
de bonnes pratiques de gestion.
318
AKAKPO (Maxime), « Le contrôle de performance : comment et avec qui ? », in MÉDÉ Nicaise., (dir.), La
LOLF dans tous ses états, pp. 153 – 168, cité par AKONO OLINGA André dans sa thèse de doctorat
319
Ibid.
320
AKONO OLINGA (André), op.cit., p. 323.
321
Ibid.
322
Art. 83, al. 2, de la loi no 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État et des autres entités
publiques.

95
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

SECTION I : LA MESURE DE LA PERFORMANCE BUDGETAIRE

La mesure de la performance budgétaire occupe une place centrale dans la gestion


financière moderne, offrant un cadre essentiel pour évaluer, ajuster et optimiser l’utilisation
des ressources financières au sein des collectivités locales. Ce processus complexe et
stratégique dépasse largement la simple comparaison des résultats réels par rapport aux
prévisions budgétaires ; il englobe une série de méthodologies sophistiquées et d’indicateurs
clés visant à fournir une vue d’ensemble précise et dynamique de la santé financière des
collectivités territoriales décentralisées.
Quoi qu’il en soit, la mesure de la performance budgétaire s’effectue
par le contrôle des indicateurs de performance (Paragraphe I), et par la densification des
procédés de contrôle de performance (Paragraphe II).

Paragraphe I : Le contrôle des indicateurs de performance

Le contrôle de performance de la gestion publique est une option de vérification, qui


milite en faveur de la consolidation de la culture de reddition des comptes dans les
administrations publiques.
Le contrôle de performance est une « activité permettant de s’assurer de la réalisation
des objectifs avec efficacité, efficience et économie, sur la base d’indicateurs prédéfinis,
après mise en œuvre des stratégies, des programmes et des actions de l’administration avec
l’allocation conséquente des ressources publiques ».
Le contrôle des indicateurs de performance est conditionné par le choix des objectifs
(A) et indicateurs (B).

A – La prédéfinition des objectifs budgétaires des CTD

La gestion budgétaire par objectifs (GBO) est une nouvelle approche de gestion du
budget de l’État et même des CTD323. Elle propose de gérer les ressources financières et
humaines de façon efficiente et efficace pour réaliser des objectifs précis et apporter une plus
grande transparence dans l’exécution des politiques publiques324. Elle s’articule autour d’un
budget présenté sous forme programmatique et d’une démarche de performance325.

323
« Comprendre la GBO – Gestion du Budget par Objectifs », Disponible en ligne sur
https://www.gbo.tn/fr/comprendre-la-gbo, Consulté lundi, 17 juin 2024 à 19h26 min.
324
Ibid.
325
Idem.

96
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Le programme est la pierre angulaire de cette approche de gestion du budget, « il


traduit une politique publique déterminée relevant d’une même mission et regroupe un
ensemble homogène de sous – programmes et d’activités contribuant directement à la
réalisation des objectifs de la politique publique dudit programme »326.

La définition des objectifs budgétaires des CTD est crucial dans la gestion financière
et opérationnelle de ces entités. Ces objectifs servent à orienter les efforts des CTD vers
l’atteinte des résultats escomptés, tout en assurant leur alignement avec les objectifs globaux
de ces entités infra – étatiques327. Pour ce faire, le processus commence par une analyse
approfondie des besoins financiers spécifiques de chaque CTD, incluant les prévisions de
revenus, les coûts fixes et variables, ainsi que les investissements requis pour soutenir les
activités opérationnelles.

La fixation des objectifs budgétaires se fait en utilisant le cadre SMART (Spécifique,


Mesurable, Atteignable, Réaliste et Temporellement défini), ce qui permet de garantir que les
objectifs sont clairs et réalisables. Il est également crucial d’impliquer les responsables des
CTD et d’autres parties prenantes dans ce processus pour assurer une compréhension
commune et un engagement envers les objectifs définis. Cette consultation favorise une
meilleure acceptation des objectifs et encourage une approche collaborative pour leur
réalisation.

L’utilisation de données historiques et d’analyses de tendances est une pratique


courante pour établir des prévisions budgétaires réaliste et précises328. Cela permet aux
décideurs d’anticiper les besoins futurs et d’ajuster les objectifs en conséquence. De plus, les
objectifs budgétaires doivent être suffisamment flexibles pour s’adapter aux changements
imprévus dans l’environnement externe et interne de la collectivité329. Cela nécessite une
révision régulière des objectifs pour refléter les ajustements nécessaires et maintenir la
pertinence des objectifs fixés. Une fois définis, les objectifs budgétaires sont mis en
œuvre à travers une communication claire et une allocation appropriée des ressources
nécessaires à leur réalisation. Le suivi rigoureux des performances est assuré à l’aide
d’indicateurs clés de performance qui permettent d’évaluer régulièrement les progrès vers

326
« Comprendre la GBO – Gestion du Budget par Objectifs », Disponible en ligne sur
https://www.gbo.tn/fr/comprendre-la-gbo, op.cit.
327
Ibid.
328
Idem.
329
Idem.

97
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

l’atteinte des objectifs. Les résultats obtenus sont ensuite analysés pour identifier les écarts
éventuels par rapport aux objectifs et de prendre des mesures correctives si nécessaire330.

Dans le cadre du contrôle des indicateurs de performance, la prédéfinition des


objectifs budgétaire des CTD vaut autant que la prédéfinition des indicateurs de performance.

B – La prédéfinition des indicateurs de performance

La prédéfinition des indicateurs de performance est une étape critique dans la


planification stratégique des CTD, visant à évaluer efficacement ses progrès et ses résultats.
Ce processus commence par une analyse des objectifs des CTD, permettant ainsi de
déterminer les domaines clés où la performance doit être mesurée. Chaque indicateur de
performance doit être aligné avec les objectifs spécifiques, ce qui nécessite une définition
claire et précise de ce que l’on souhaite mesurer. Les indicateurs doivent être pertinents,
c’est– à – dire qu’ils doivent véritablement refléter la performance dans le domaine concerné
et être significatifs pour les décideurs et les parties prenantes impliquées.

En clair, un bon indicateur doit être pertinent, c’est – à – dire, simple, compréhensible,
produit annuellement à un coût raisonnable, mesurable, fiable et vérifiable331. C’est un outil
d’évaluation et d’aide à la décision grâce auquel, on va pouvoir mesurer une situation ou une
tendance de façon relativement objective, à un instant donné, ou dans le temps et l’espace332.
Cette appréhension semble rencontrer l’adhésion de M. Raphaël POLI. Il pense à juste titre,
que : « un indicateur doit être pertinent, synthétique ou sélectif, clair et immédiatement
interprétable, bien défini et disponible au cours du temps à un coût compatible avec l’usage
que l’on attend de son usage »333.

La prédéfinition des indicateurs de performance implique également une sélection


judicieuse des données à collecter et des méthodes de mesure à utiliser. Cela inclut souvent
l’établissement de benchmarks ou de références pour évaluer la performance actuelle par
rapport à des normes ou à des objectifs précédemment définis.

330
Idem.
331
AKONO OLINGA (André), op.cit., p. 325.
332
SOHINTO (David Mahouna), « Les indicateurs de performance vus par un contrôle des finances publiques »,
in MÉDÉ Nicaise., (dir.), La LOLF dans tous ses états, pp. 243 – 254.
333
POLI (Raphaël), « Les indicateurs de performance de la dépense publique », RFFP, no 82, 2003, pp. 107 –
114.

98
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Une fois les indicateurs définis, il est essentiel d’établir des mécanismes de collecte,
de suivi et de rapport des données de manière régulière et systématique. Cela garantit que les
informations pertinentes sont disponibles pour évaluer la performance en temps réel et
prendre des décisions éclairées.

En fin, la prédéfinition des indicateurs de performance est un processus itératif qui


nécessite une révision périodique pour s’assurer que les mesures utilisées restent pertinentes
et alignées sur les objectifs organisationnels en constante évolution. Cela permet aux
collectivités locales de maintenir sa capacité à répondre aux défis du marché et à saisir les
opportunités de croissance tout en assurant une performance optimale à tous les niveaux.

À l’analyse, les indicateurs constituent la représentation de mesures d’un certain


nombre de réalités comme : la quantité, la qualité, le temps, au – delà des trois (03) « E »334.
Sous ce rapport, les indicateurs de performance participent des exigences de la logique de la
gestion par la performance335. Ainsi, il convient de rappeler que cette logique est à l’origine
de la réforme du cadre de la gestion publique en vue de l’orienter vers les résultats et la
recherche de l’efficacité. Le budget des CTD passe ainsi d’un modèle structuré par nature des
moyens avec pour seul contrôle, la conformité avec les autorisations de dépenses, à un modèle
structuré par les finalités des politiques publiques, contrôlé par les résultats obtenus ou encore
par l’effectivité336. C’est ainsi que le cadre de gestion devient indiqué pour la mise en œuvre
du contrôle de performance par la vérification de ses indicateurs.

Outre le contrôle des indicateurs de performance de la gestion publique, la mesure de


la performance prend également en compte la densification des procédés de contrôle de
performance.

Paragraphe II : La densification des procédés de contrôle de performance337

La densification des procédés de contrôle de performance représente une évolution


cruciale dans la gestion financière moderne. Ce processus complexe et essentiel vise à
optimiser la surveillance et la gestion des ressources financières au sein des CTD quelle que
soit leur taille ou leur secteur d’activité.

334
AKONO OLINGA (André), op.cit., p. 325.
335
Ibid.
336
EYEBIYI (H. G), GARBA (T), « Finances locales et LOLF : La performance jusqu’au niveau
décentralisé ? », in MÉDÉ Nicaise, (dir.), La LOLF dans tous ses états, pp. 203 – 234.
337
AKONO OLINGA (André), Ibid., p. 327.

99
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

En effet, face à un environnement économique de plis en plus compétitif et volatil, les


CTD doivent non seulement assurer une gestion rigoureuse de leurs budgets mais aussi
pouvoir anticiper et réagir efficacement aux changements et aux défis financiers. Eu égard à
ces considérations, la densification des procédés de contrôle de performance se justifie non
seulement par la survivance du contrôle de gestion (A), mais aussi par l’émergence de
l’évaluation des politiques publiques (B).

A – La survivance du contrôle de gestion338

S’il y a faute de gestion, alors la gestion a été contrôlée, donc l’on peut parler de
contrôle de gestion dans la gestion budgétaire locale au Cameroun339. C’est un contrôle qui
permet s’intéresse à la performance. À cet esprit, le contrôle de performance est considéré
comme « un système de pilotage mis en œuvre par un responsable de programme dans son
champ d’attribution en vue d’améliorer le rapport entre les moyens engagés et soit l’activité
développée, soit les résultats obtenus dans le cadre déterminé par une démarche stratégique
préalable ayant fixé les orientations »340. À l’analyse, cette définition est celle qui nous est
proposée par le rapport de WEISS341. En France, elle a été retenue par la circulaire
interministérielle du 21 juin 2001 ayant pour objet, le développement du contrôle de gestion
dans les administrations publiques. Le contrôle de gestion devient ainsi, « une impérieuse
obligation avec la démarche de performance »342. Il a pour objectif : « d’analyser et de mettre
en évidence les sources potentielles d’amélioration de l’efficacité de la gestion »343. Toute
chose qui semble être partagée à travers l’affirmation selon laquelle : le contrôle de gestion
« a pour but de comparer des résultats par rapport aux objectifs donnés afin de corriger les
actions et de rapprocher les résultats des objectifs »344.

En toute évidence, le contrôle de gestion est exercé suivant des spécificités propres à
chaque organe qui l’exerce dans une administration, même locale fût – elle. En clair, « il
n’existe pas un modèle de contrôle de gestion unique pour toutes les organisations, mais des

338
Idem.
339
Idem.
340
Cette définition est tirée du site officiel du ministère du budget de France : www.performance-
publique.budget.gove.fr.
341
Il s’agit du rapport de travail produit par le groupe « amélioration de la gestion publique », encore appelé
rapport WEISS d’octobre 2000.
342
MORDACQ (Frank), La LOLF : un nouveau cadre budgétaire pour reformer l’État, Paris, Dalloz, 2006, p.
253.
343
Ibid., p. 254.
344
COURBET (Gérard), « Le contrôle de gestion dans les collectivités territoriales », Politiques et Management
Public, no 3, Vol. 20, 2002, pp. 201 – 207.

100
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

modèles multiples de ce contrôle de gestion qui doivent tenir compte des spécificités des
administrations pour lesquelles il est développé »345. En outre, le contrôle de gestion est
appelé à s’adapter aux caractéristiques des missions, leurs objectifs et davantage le contexte
de son implémentation. Les éléments constitutifs du contrôle de gestion sont donc : l’analyse
des coûts, l’analyse comparative, les techniques de planification, les outils budgétaires et les
indicateurs couplés aux tableaux de bord.

Le développement du contrôle de gestion est fondamental, voire indispensable dans le


cadre de la réforme de la gestion publique. Le système de contrôle de gestion vise le contrôle
de la mise en œuvre de la stratégie. Il est distinct du contrôle opérationnel. Le contrôle
opérationnel s’appréhende alors comme « le contrôle indissociable des opérations
quotidiennes »346. Ce dernier, si son objectif n’est pas de vérifier la réalisation de la stratégie,
il constitue néanmoins un préalable quelques fois incontournable à la bonne tenue du contrôle
de gestion, dans la mesure où « il permet de créer les éléments fondamentaux du système
d’information qui vont être utilisés pour alimenter les outils de contrôle »347. Le contrôle de
gestion dans le secteur public apparaît aujourd’hui avec beaucoup de spécificités à côté de son
modèle originel. C’est un contrôle qui doit intégrer les réalités selon lesquelles, d’abord, les
administrations contrôlées ne sont pas soumises à la concurrence quoiqu’orientées à la
logique de performance. Ensuite, c’est un contrôle qui doit dorénavant s’appliquer aux
activités de service, différentes de celles industrielles sur lesquelles le contrôle s’abattait déjà.
Enfin, ce contrôle doit s’adapter aux spécificités et missions fondamentales des
administrations publiques, notamment : les missions régaliennes, les missions de service
public et davantage la quête de l’intérêt général.

Au regard des analyses qui précèdent, l’on peut se donner la liberté d’affirmer, que
« la performance et le contrôle de gestion sont fortement liés »348. Le contrôle de gestion agit
comme un outil de pilotage de la performance. La mesure cde cette dernière se base sur les

345
ZUGUETTA (Stéphane), Le contrôle de la gestion dans les administrations de l’État. Éléments de
méthodologie, Paris, Jouve Imprimeur, 2003, p. 18.
346
Ibid., p. 22.
347
Idem.
348
ZAHED (Mahrez), La démarche de performance dans la gestion locale, L’Harmattan, 2017, p. 108.

101
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

outils de la gestion, et ce pour une plus grande transparence dans la gestion349, et donc on ne
peut dissocier les deux350.

En tout état de cause, l’intégration de la performance dans la gestion budgétaire locale


au Cameroun, légitime la survivance du contrôle de gestion dans l’administration publique en
général, et son émergence dans la sphère des services et non concurrentielle.

Hormis la survivance du contrôle de gestion, l’émergence de l’évaluation des


politiques publiques constitue également un attribut du contrôle de performance.

B – L’émergence de l’évaluation des politiques publiques351

L’exigence d’un contrôle de performance dans la gestion budgétaire locale, a fait


naître la pratique de l’audit et de l’évaluation des politiques publiques au niveau local. Ainsi,
« évaluer une politique publique, c’est rechercher si les moyens juridiques, administratifs,
financiers mis en œuvre permettent de produire les effets attendus de cette politique et
d’atteindre les objectifs qui lui ont été fixés »352. En bonne logique, une bonne évaluation est
une opération spécifique, menée dans le cadre d’une méthodologie précise pilotée par des
spécialistes suivant une période bien déterminée. Elle se conclut par la production d’un
rapport.

En effet, l’évaluation des politiques publiques s’effectue par la réalisation des audits
externes dans ce cadre. Elle s’intéresse le plus souvent, en terme d’efficacité socio –
économique, aux impacts lointains des politiques impliquant plusieurs acteurs dont les CTD,
et sans se limiter aux actions financées sur crédits budgétaires, alors que la mesure de la
performance s’attache à apprécier l’impact de l’action de l’État ou des CTD. Une évaluation
permet donc de guider ou réviser le choix des objectifs d’efficacité socio – économiques à
retenir en vue de contribuer de manière efficace a1 un impact lointain recherché. Elle permet
également d’éclairer les décideurs sur les choix des modalités de mise en œuvre de politiques
susceptibles de les aider à atteindre les objectifs de performance353. L’évaluation apparaît
alors, comme « l’activité de rassemblement, d’analyse et d’interprétation de l’information
concernant la mise en œuvre et l’impact de mesure visant à agir sur une situation sociale,

349
GUENOUN (Marcel), Le management de la performance publique locale, Thèse de doctorat en Sciences de
gestion, Université Paul CEZANNE, 2009, p. 217.
350
Ibid.
351
AKONO OLINGA (André), op.cit., p. 329.
352
Décret du 22 janvier 1990 relatif à l’évaluation des politiques publiques en France.
353
MORDACQ (Frank), La LOLF : un nouveau cadre budgétaire pour reformer l’État, op.cit., p. 369.

102
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

ainsi que la préparation de mesures nouvelles »354. Cette réalité n’est pas étrangère dans la
gouvernance locale en général, et des collectivités locales en particulier. C’est justement à ce
niveau que l’on perçoit une montée en puissance de l’évaluation des politiques publiques.
Cette dernière représente un champ particulier d’intervention, une démarche nouvelle pour les
collectivités locales et les acteurs propres au secteur local. En effet, ce moyen d’action
publique activement vulgarisé par les thèses du New Public Management, « se distille
progressivement dans les discours politico – administratifs et s’instillent doucement dans les
pratiques au niveau territorial ».

De manière générale, le développement de l’évaluation de politiques publiques au


niveau territorial, s’inscrit dans la logique de la décentralisation, qui contribue sans doute à
remettre en cause la tradition jacobine du pouvoir hiérarchisé et vertical.
En toute évidence, la pratique de l’évaluation dans la gouvernance locale au Cameroun
est émergente355. Cette caractéristique procède de la progressivité qui demeure substantielle à
toute réforme. Seulement, cet état de chose ne constitue pas un obstacle à ce que, les
évaluations doivent permettre de porter un jugement sur les politiques publiques développées,
de s’interroger sur leur adaptation au contexte et aux besoins, sur le niveau des moyens
globaux à mettre en œuvre, sur les opérateurs et les leviers d’action les plus efficaces 356. Elle
permet alors de redéfinir les objectifs stratégiques et les ressources à mobiliser pour l’atteinte
des objectifs fixés.

En dernière analyse, la standardisation de l’objet du contrôle administratif participe à


des mesures de rationalisation de ce dernier au Cameroun. De ce fait, cette standardisation se
manifeste non moins par la consolidation du contrôle de régularité, qu’à travers la
construction d’un système de contrôle de performance dans la gestion publique locale. Ce
décor nous offre l’efficacité et de l’efficience dans la gouvernance financière locale357.

Cependant, une fois que les objectifs budgétaires fixés ne sont pas atteint, des mesures
peuvent être prises à l’encontre des décideurs des CTD en vue d’une meilleure gouvernance à
venir.

354
LECA (Jean), « L’évaluation dans la modernisation de l’État », Politiques et Management Public, no 2, Vol.
11, 1993, pp. 161 – 172.
355
AKONO OLINGA (André), op.cit., p. 331.
356
Ibid.
357
Idem.

103
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

SECTION II : LA PRISE DE MESURES CONTRE LES DECIDEURS LOCAUX DU


FAIT DE LA CONTRE – PERFORMANCE BUDGETAIRE

La prise de mesures contre les décideurs locaux en raison de contre – performances est
un processus complexe visant à assurer la responsabilité financière et la transparence dans la
gestion des collectivités territoriales. Les contre – performances budgétaires se manifestent
par des écarts significatifs entre les prévisions budgétaires et les réalisations effectives,
peuvent entraîner des déséquilibres financiers graves, mettant en péril les services publics et
le développement local.

Cependant, pour faire face à ces situations, plusieurs mesures sont susceptibles d’être
prises contre les décideurs locaux. Mais, nous n’insisterons que sur deux à savoir : la prise de
mesures par les organes délibérants des CTD (Paragraphe I), et la prise de mesures par les
citoyens des CTD (Paragraphe II).

Paragraphe I : La prise de mesures par les organes délibérants des CTD

La prise de mesures contre les décideurs locaux par les organes délibérants des CTD
en cas de contre – performance budgétaire est un processus essentiel pour garantir la bonne
gestion des finances publiques au niveau local. Les organes délibérants, tels que les conseils
municipaux et régionaux jouent un rôle central dans ce mécanisme de contrôle. En tant
qu’entités responsables de l’adoption et de la surveillance des budgets, ils possèdent plusieurs
leviers pour intervenir en cas de dérives budgétaires.

Ces interventions incluent la réduction des futurs budgets des CTD (A), et la non –
reconduction des candidatures des décideurs locaux défaillants (B).

A – La réduction des futurs budgets des CTD

La réduction des futurs budgets des CTD par les organes délibérants est un sujet
complexe, influencé par divers facteurs économiques, politiques sociaux. Les CTD, entités
clés dans la gouvernance locale, dépendent fortement des transferts de l’État et de leurs
propres ressources fiscales pour financer les services publics essentiels.

104
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Cependant, plusieurs raisons conduisent à la réduction de ces budgets à savoir : la


non– atteinte des objectifs budgétaires fixés358, la constatation des irrégularités359, etc.

La réduction de futurs budgets comme mesure par les organes délibérants, est une
mesure potentiellement efficace pour promouvoir la gouvernance et la gestion responsable des
ressources publiques au sein des CTD360. Les organes délibérants, possèdent le pouvoir de
décider des allocations budgétaires361 en fonction des critères de performance et de
conformité. Lorsqu’une CTD ne respecte pas les règles de bonne gouvernance, telles que la
transparence financière, l’efficacité dans l’utilisation des fonds, ou lorsqu’elle est impliquée
dans des scandales de corruption, ces organes peuvent décider de réduire ses futurs budgets
comme forme de sanction. Cette décision est souvent motivée par la nécessité de garantir que
les fonds publics sont utilisés de manière appropriée et de dissuader les comportements
inappropriés362.

Hormis la réduction des budgets futurs en cas de non atteinte des objectifs fixés,
l’organe délibérant peut également ne plus reconduire le mandat des élus locaux qui se sont
montrés défaillants dans le cadre de leurs missions budgétaires.

B – La non – reconduction des candidatures des décideurs locaux défaillants

La non – reconduction des candidatures des décideurs locaux défaillants en matière


budgétaire par les organes délibérants est une mesure visant à renforcer la responsabilité et la
transparence des élus locaux en matière de gestion des finances publiques locales. Cette
approche se fonde sur l’idée que les élus ayant failli à leurs responsabilités budgétaires ne
devraient pas être reconduits dans leurs fonctions afin de protéger les intérêts des citoyens et
d’assurer une gestion rigoureuse et efficace des ressources publiques.

Les décideurs locaux jouent un rôle crucial dans l’allocation des ressources financières
de leurs collectivités. Ils sont responsables de la préparation et de l’exécution des budgets
locaux, de la gestion des dépenses et des recettes, ainsi que de la surveillance des projets de

358
La non – atteinte des objectifs fixés peut inciter l’organe délibérant à ne plus reconduire le mandat de l’élu
local qui s’est montré défaillant dans le cadre de l’exécution du budget.
359
Tel est également le cas des irrégularités constatées par l’organe délibérant.
360
La réduction des futurs budgets est une mesure potentiellement efficace, qui permet de promouvoir la bonne
gouvernance et la bonne gestion des ressources publiques au niveau local.
361
L’on comprend qu’avec la DOB, l’organe délibérant est un maillon important de la procédure de l’élaboration
du budget local en fonction des critères de performance et de conformité.
362
Le fait pour l’organe délibérant de réduire les futurs budgets permet de dissuader les comportements
inappropriés afin de garantir une utilisation appropriée des fonds publics.

105
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

développement. Lorsqu’ils échouent dans ces responsabilités, les conséquences peuvent être
graves, entraînant des déficits budgétaires, une augmentation de la dette publique locale, et
une diminution de la qualité des services publics offerts aux citoyens.

La non – reconduction des mandats constitue donc une sanction politique visant à
éviter la perpétuation des pratiques budgétaires inadéquates363. Elle envoie un message clair
aux autres élus locaux quant à l’importance de la rigueur financière et de la transparence.
Cette mesure est généralement prise par les organes délibérants, tels que les conseils
municipaux et régionaux, qui ont le pouvoir de valider ou de rejeter les candidatures pour les
élections locales.

En outre, cette approche peut avoir un effet dissuasif, incitant les décideurs locaux à
adopter des pratiques budgétaires plus prudentes et transparentes pour éviter d’être écartés de
la vie politique. La crainte de ne pas être réélu peut encourager une gestion plus responsable,
un meilleur contrôle des dépenses publiques, et une plus grande attention à l’équilibre
budgétaire364. Cela peut également renforcer la confiance des citoyens de leurs élus, sachant
que ceux – ci seront tenus responsables de leurs actions financières.

Cependant, la mise en œuvre de cette mesure nécessite une évaluation rigoureuse et


impartiale des performances budgétaires des élus365. Il est essentiel d’établir des critères clairs
et objectifs pour déterminer les défaillances budgétaires afin d’éviter toute politisation ou
instrumentalisation de ce processus. Des mécanismes de contrôle et de vérifications
indépendants peuvent être mis en place pour garantir l’objectivité de l’évaluation.

Une fois que les objectifs budgétaires ne sont pas atteints, des mesures peuvent
également être prises par les citoyens pour exprimer leur mécontentement.

Paragraphe II : La prise de mesures par les citoyens des CTD

La prise de mesures par les citoyens des collectivités territoriales décentralisées est
une réponse directe aux défis et aux besoins spécifiques rencontrés au niveau local. Ces

363
La non – reconduction des mandats est une sanction politique qui permet à l’organe délibérant de protéger les
intérêts de la collectivité afin de fournir un meilleur service public aux citoyens. C’est dans cette perspective que
l’alinéa 2 de l’article 14 du CGCTD dispose que : « Il peut toutefois, en début d’exercice budgétaire, mandater le
chef de l’Exécutif à l’effet de défendre les intérêts des Collectivités Territoriales concernées en toute matière ».
364
La non – reconduction des mandats constitue une mesure dissuasive permettant d’assurer la bonne gestion des
ressources publiques et la bonne gouvernance au niveau local.
365
L’organe délibérant doit évaluer impartialement les performances budgétaires des élus locaux afin de garantir
la transparence dans l’utilisation des ressources publiques.

106
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

mesures peuvent revêtir plusieurs formes et visent généralement à améliorer la gouvernance, à


renforcer la transparence et à promouvoir le développement durable.

Les citoyens des CTD peuvent ainsi, prendre des mesures contre les acteurs
d’exécution et de contrôle budgétaire qui se montrent défaillants aux objectifs fixés dans le
cadre du vote du budget. Ces mesures sont entre autres les manifestations pacifiques (A) et le
non – renouvellement des mandats des élus locaux défaillants en matière budgétaire (B).

A – Les manifestations pacifiques

Les manifestations pacifiques des citoyens des collectivités territoriales décentralisées


en raison de la contre – performance budgétaire locale expriment souvent le mécontentement
face à la gestion financière inadéquate ou aux décisions politiques qui affectent leur qualité de
vie. Ces manifestations visent généralement à attirer l’attention sur les besoins non satisfaits,
à demander des comptes aux responsables politiques locaux et à encourager des réformes
pour améliorer la transparence et l’efficacité de la gestion des fonds publics au niveau local.

L’implication du citoyen dans le contrôle des finances publiques peut, à n’en point
douter, booster la gouvernance366. En effet, bien que n’ayant pas de pouvoir de sanctions au
sens pénal ou administratif du terme, les citoyens ont la possibilité d’attirer l’attention des
autorités administratives, ou judiciaires sur les dérives éventuelles constatées367. Ces dernières
peuvent alors prendre leurs responsabilités qui d’ailleurs se manifestent sous différentes
formes : pour les autorités administratives, il s’agit d’une prise de sanctions disciplinaires si
tant est que les faits sont avérés368; pour les autorités judiciaires, l’ouverture d’une
information judiciaire et éventuellement, le prononcé de sanctions conformément à la loi369.

Les manifestations pacifiques constituent des réponses à la contre -performance


budgétaire des élus locaux mettant en lumière plusieurs aspects clés. Les citoyens protestent
souvent contre une mauvaise gestion financière, incluant des dépenses non justifiées, une
mauvaise allocation des ressources, et un manque de transparence dans l’utilisation des fonds
publics. Ils peuvent également manifester en raison de la mauvaise qualité des services

366
MANSARE (Augustin), « L’émergence d’un contrôle citoyen des finances publiques en Afrique
francophone », Note d’Analyse Politique, no 87, Avril 2020, pp. 1 – 7., p. 6.
367
Ibid.
368
Idem.
369
Idem.

107
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

publics. Lorsque ces irrégularités sont avérées, les citoyens peuvent décider de ne plus
reconduire les mandats des élus locaux défaillants en matière budgétaire.

B – Le non renouvellement des mandats des élus locaux défaillants en matière


budgétaire

Le non – renouvellement des mandats des chefs des exécutifs locaux défaillants en
matière budgétaire peut être une mesure de responsabilité importante. Cela signifie que les
dirigeants locaux qui ne parviennent pas à gérer efficacement les finances publiques
pourraient être remplacés à la fin de leur mandat, d’autant plus que, « la fonction de contrôle
des finances publiques est devenue un des standards du droit et de la gestion des finances
publiques dans le monde »370. Si le contrôle effectué par les organes de l’État, qu’ils soient
administratifs, politiques ou juridictionnels, est ancré dans la pratique institutionnelle, le
contrôle citoyen, quant à lui, est relativement nouveau.

Ce contrôle émanant de la culture démocratique qui a investi en Afrique le domaine


public, donne au citoyen toute la légitimité pour veiller à l’utilisation du budget de l’État dont
il est le contribuable371. Les origines de ce contrôle sont lointaines et peuvent être trouvées
dans la déclaration française des droits de l’homme et du citoyen de 1789372.

En Afrique francophone, à l’instar des pays occidentaux et dans une certaine mesure
des pays africains non francophones, on assiste à une implication croissante des citoyens dans
la gestion de la chose publique373. Si par le passé, le citoyen semblait détaché et désintéressé
de la chose publique, motivé par la pensée que tout ce qui est public n’est à personne -
aujourd’hui, cette perception a largement changé et tend à être supplantée par un regard
bienveillant, voire exigeant sur la res publica374. Ainsi, les pouvoirs publics sont-ils tenus
d’ouvrir leur gouvernance à l’œil citoyen.

En finances publiques locales, c’est plutôt le concept de contrôle citoyen de l’action


publique (CCAP) qui est utilisé. Celui-ci « renvoie au processus qui vise à renforcer la
performance des collectivités locales à travers un engagement civique et une participation

370
MÉDÉ (Nicaise), op.cit., p. 323.
371
MANSARE (Augustin), « L’émergence d’un contrôle citoyen des finances publiques en Afrique
francophone », op.cit., p. 2.
372
En effet, l’article 15 de la déclaration française des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dispose que : « la
société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ».
373
MANSARE (Augustin), ibid., p. 2.
374
Idem.

108
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

active des citoyens afin d’instaurer une culture de la transparence et de l’inclusion et


d’amener les élus et les organes de gestion des collectivités locales à rendre compte de leurs
décisions »375. Le citoyen est ainsi mis en capacité de comparer les autorisations budgétaires
accordées par le parlement avec les réalisations des CTD, en vue d’apprécier par lui-même,
les écarts éventuels, les imperfections, voire les dérives qui pourraient en résulter376.

Ce mécanisme assure au citoyen un suivi plus clair de l’action publique et lui donne la
possibilité d’appliquer des sanctions à l’égard des autorités si ces dernières se montraient
défaillantes dans l’accomplissement de leur mission377. Les sanctions dont il est question ici
ne peuvent qu’être envisagées dans le cadre d’un régime démocratique où les citoyens, à
travers des élections libres et transparentes, peuvent décider de ne pas reconduire leurs élus
(élus locaux) au pouvoir pour cause d’insuffisance de résultats378. Cependant,
l’analphabétisme en Afrique francophone reste une barrière à la participation active des
citoyens dans le processus politique, car ce facteur conditionne la capacité du citoyen –
électeur à congédier ceux de ces représentants qui ne répondraient pas à leurs engagements et
leur devoir379.

375
https://www.iedafrique.org/la-fiche-d-evaluation-par-la.html, cité par MANSARE Augustin.
376
MANSARE (Augustin), ibid., p. 3.
377
Idem.
378
MANSARE (Augustin), « L’émergence d’un contrôle citoyen des finances publiques en Afrique
francophone », op.cit., p. 3.
379
Ibid.

109
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

CONCLUSION DU CHAPITRE II

Le contrôle de performance dont il était question dans ce chapitre revêt une


importance cruciale pour assurer une gestion financière efficace et transparente dans les CTD.
Ce processus vise à garantir que les ressources publiques sont utilisées de manière optimale
pour répondre aux besoins des citoyens et promouvoir le développement local durable. À
travers des mécanismes tels que les audits réguliers, le reporting financier détaillé et
l’évaluation de la performance, les autorités locales peuvent surveiller l’exécution budgétaire,
détecter les irrégularités et améliorer la responsabilité des gestionnaires publics.
La performance possède autant de facettes qu’il y a d’observateurs d’une CTD et de
rationalités présentes dans ladite CTD. On peut ainsi identifier une performance financière,
mais aussi sociale, environnementale, opérationnelle, etc. De ce fait, la performance ne peut
être définie d’un seul point de vue (opérationnel, social, financier, etc.), mais comme un
dosage de toutes ces dimensions. La difficulté majeure tient au fait que les champs de la
performance ne se recoupent pas forcément et qu’il peut même y avoir des antagonismes entre
ces différentes facettes.

110
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE

Au terme de cette seconde partie de notre devoir qui, portait sur un contrôle
matériellement aménagé, le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun présente
à la fois des avantages substantiels et des défis significatifs. Ce type de contrôle favorise la
transparence et la responsabilité dans la gestion des finances publiques locales, en permettant
une vérification détaillée des dépenses et des recettes. De plus, il offre la possibilité de
détecter précocement des irrégularités financières, ce qui est essentiel pour prévenir la
corruption, les détournements de derniers publics, la concussion, bref, la mauvaise gestion
financière au niveau local.

Cependant, les défis persistent, notamment en termes de ressources humaines et


financières limitées pour assurer un contrôle uniforme et efficace au niveau local. Le
contrôle matériellement aménagé du budget des CTD au Cameroun doit être ancré dans le
respect rigoureux des principes et règles en vigueur pour assurer une gestion financière
transparente, responsable et équitable. Cela nécessitera des efforts concertés pour surmonter
les défis existants et pour promouvoir une gouvernance financière durable et efficace,
répondant ainsi aux attentes des citoyens au niveau local. On peut retenir d’une manière
générale que la finalité du contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun se
caractérise d’une part, par la régularité380, et d’autre part, on assiste à l’introduction de la
performance381.

380
HASSANA (Barnabas), « L’évolution des finalités du contrôle de la dépense publique au regard des nouvelles
réformes de finances publiques camerounaises », op.cit., p. 1238.
381
Ibid.

111
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

CONCLUSION GÉNÉRALE

112
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

La gestion et le contrôle de l’exécution du budget des collectivités territoriales


décentralisées au Cameroun représente un défi majeur dans le cadre de la décentralisation
administrative et financière. Ce travail explore en profondeur les mécanismes et les effets du
contrôle de l’exécution du budget des CTD.

La décentralisation budgétaire est essentielle pour renforcer la gouvernance locale et


promouvoir la démocratie participative. Au Cameroun, elle vise à autonomiser les CTD en
leur donnant la responsabilité de gérer leurs propres affaires, notamment à travers la
planification, l’élaboration et l’exécution de leurs budgets. Cette approche est considérée
comme un levier potentiel pour stimuler le développement local en permettant une meilleure
adaptation des politiques publiques aux réalités locales.

Autrement dit, la décentralisation est un mode d’organisation de l’État et de partage de


pouvoir dans l’État qui implique autant une nouvelle conception, qu’une configuration
rénovée du système financier justifiée par le développement des finances locales 382. De ce
fait, les finances locales sont aujourd’hui traversées par la philosophie de la nouvelle
gouvernance financière publique383. Elle constitue une réalité dans le système financier
camerounais en général, et dans le régime financier des CTD en particulier384. Elle constitue
une véritable révolution financière par l’introduction d’une logique de performance dans la
gestion des finances publiques non seulement de l’État, mais aussi et surtout des collectivités
infra – étatiques comme les CTD385. L’objectif de la nouvelle gouvernance financière
publique était de faire passer la philosophie managériale logique de moyens à une logique de
résultats386. L’exécution du budget des CTD est encadrée par plusieurs mécanismes de
contrôle. Sur le plan juridique, les lois et règlements définissent les procédures à suivre tout
au long du cycle budgétaire, depuis la préparation jusqu’au contrôle postérieur. Le contrôle
interne joue un rôle éminemment important en établissant des systèmes et des procédures
pour assurer la transparence, la régularité et la conformité des opérations financières.
Parallèlement, le contrôle externe est assuré par la juridiction financière spécialisée telle que
la Chambre des comptes de la Cour suprême, chargée de vérifier la régularité des comptes et
la légalité des dépenses.

382
AKONO OLINGA (André), op.cit., p. 382.
383
Ibid.
384
Idem.
385
Idem.
386
Idem.

113
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Malgré les efforts déployés, plusieurs défis persistent dans la gestion et le contrôle de
l’exécution du budget des collectivités territoriales décentralisées au Cameroun. Les capacités
administratives limitées au niveau local entravent souvent une gestion financière efficace,
tandis que la complexité des procédures et la lourdeur administrative peuvent ralentir la mise
en œuvre des projets locaux. De plus, la dépendance financière des CTD vis – à – vis du
pouvoir central limite leur autonomie et leur capacité à répondre aux besoins locaux de
manière proactive. En outre, la persistance de la corruption et des pratiques opaques,
compromettent la bonne utilisation des ressources publiques et sapent la confiance des
citoyens au sein des collectivités locales.

Cependant, pour améliorer la gestion et le contrôle de l’exécution du budget des CTD


au Cameroun, plusieurs perspectives clés doivent être explorées. Il est crucial de renforcer les
capacités administratives locales par le biais de formations continues et du développement des
compétences. La promotion de la transparence et de la reddition des comptes est essentielle,
impliquant la publication régulière des informations budgétaires et l’adoption de mécanismes
de contrôle robustes. Il est également nécessaire de renforcer les organes de contrôle externe
pour assurer une supervision efficace et impartiale. En parallèle, la promotion d’une véritable
décentralisation fiscale et le renforcement des ressources propres des collectivités locales sont
indispensables pour accroître leur autonomie financière.

Les principes de la libre administration, d’autonomie locale et de la personnalité


juridique réaffirmés dans le CGCTD, démontrent bien la volonté des pouvoirs publics à
maintenir les Régions et les Communes au centre de leur propre gestion. Cependant, elles
exercent leurs activités dans le respect de l’unité nationale, de l’intégrité du territoire et de la
primauté de l’État387. Les ressources propres des Régions et des Communes et celles qui sont
transférées par l’État constituent des derniers publics, dont la gestion doit obéir aux
procédures et mécanismes officiels en vigueur et est soumise aux contrôles de tutelle et des
institutions spécialisée.

Même si nous l’avons pas évoqué, l’autorité de tutelle joue un rôle très important dans
le registre du contrôle administratif du budget des CTD. D’une manière générale, les actes et
les délibérations des collectivités territoriales sont en principe soumises à l’approbation du

387
Tel est le sens de l’article 2, alinéa 2 de la loi du 24 décembre 2019 portant CGCTD qui dispose que les
Régions et les Communes sont les CTD de la République, « Elles exercent leurs activités dans le respect de
l’unité nationale, de l’intégrité du territoire et de la primauté de l’État ».

114
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

représentant de l’État388. L’approbation est un procédé de tutelle qui s’exerce sur les
délibérations et les décisions des collectivités territoriales389. Selon ce procédé, « l’acte pris
par l’autorité « sous tutelle » ne peut entrer en vigueur tant que n’est pas survenue
l’approbation qui, selon les textes, peut être expresse – l’autorité de tutelle manifeste
clairement sa volonté d’approuver le texte (ou de le désapprouver) – ou tacite – le silence de
l’autorité de tutelle, pendant un délai dont la durée peut varier, vaut approbation »390.

En finances publiques locales, le pouvoir d’approuver le budget voté par l’organe


délibérant est reconnu au représentant de l’État. L’article 426 du CGCTD dispose à cet effet
que « le budget de la Collectivité Territoriale est approuvé par arrêté du représentant de
l’État dans un délai de quinze (15) jours suivant la date de sa réception par celle-ci. Passé ce
délai, le budget est réputé approuvé ». Il s’agit du Préfet en ce qui concerne les budgets des
communes, et du Gouverneur en ce qui concerne les budgets des régions. L’article 76 du
même texte précise que cette autorisation est préalable. Toute chose qui atteste que les
budgets locaux ne peuvent être exécutés sans l’approbation du représentant de l’État. Ces
dispositions renforcent le pouvoir de la tutelle dans le processus budgétaire local391. Il se pose
en effet un problème de légitimité392. En effet, comment un représentant de l’État, de surcroit
nommé détient le pouvoir de suspendre un organe élu ?393 Ce pouvoir reconnu au représentant
de l’État est en contradiction avec les exigences de la démocratie394. Bien plus, le représentant
de l’État qui approuve le budget, peut le modifier « d’office ». Cette modification intervient
lorsque le budget voté n’est pas conforme à la législation. Dans, ce cas, le représentant de
l’État adresse une mise en demeure à l’organe délibérant. Au cas où ce dernier ne réagit pas,
le budget est modifié d’office395.

La loi consacre ainsi une autre forme de tutelle qu’est le pouvoir de substitution
d’action396. La substitution d’action est définie par le Dictionnaire de droit administratif

388
BIPELE KEMFOUEDIO (Jacques), « La tutelle administrative dans le nouveau droit camerounais de la
décentralisation », ASFJP/Uds, Tome 9, 2005, pp. 83 – 110.
389
MONGBAT (Alassa), DJODA (Jean – Marc), « Recherche sur le pouvoir budgétaire des collectivités
territoriales décentralisées en droit public financier camerounais », op.cit., p. 2210.
390
VANG LANG (Agathe), GONDOUIN (Geneviève), INSERGUET – BRISSET (Véronique), Dictionnaire de
droit administratif, Paris, Sirey (7e éd.), 2015, 515 p., pp. 38 – 39.
391
MONGBAT (Alassa), DJODA (Jean – Marc), ibid., p. 2211.
392
Idem.
393
Idem.
394
Idem.
395
Art. 422 (1) de la loi du 24 décembre 2019 portant CGCDT.
396
PLESSIX (Benoît), « Le pouvoir de substitution d’action », in COMBEAU (Pascal) (dir.), Les contrôles de
l’État sur les collectivités territoriales aujourd’hui, Paris, L’Harmattan, 2007, pp. 67 – 88 ; du même auteur :

115
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

comme « un procédé très rigoureux permettant notamment à une autorité de tutelle de


prendre une décision à la place de l’autorité décentralisée »397. Ce pouvoir de modification
du budget reconnu au représentant de l’État constitue une véritable arme redoutable lui
permettant de défaire le budget selon ses intérêts personnels398. Pouvant se substituer à
l’organe délibérant, le représentant de l’État serait tenté de modifier les budgets dans lesquels
il n’y trouve aucun intérêt399. Ainsi, la tutelle dans le droit budgétaire des CTD constitue une
atteinte à la liberté locale et s’apparente à une sorte de « fonction maudite »400.

En réalité, le pouvoir d’approbation du budget reconnu au représentant de l’État limite


les pouvoirs de l’organe délibérant en matière budgétaire. En conséquence, les sessions
budgétaires sont devenues des sessions de fête pour les conseillers. Ils y vont tout simplement
pour approuver le projet de budget auquel ils n’ont pas participé à l’élaboration et percevoir
leurs perdiems401.

En fin de compte, l’approbation apparaît ainsi comme un autre mécanisme de contrôle


qu’exerce la tutelle sur les collectivités en matière budgétaire. L’autorité de tutelle vérifie
notamment le respect des ratios fixés aux termes de l’article 38 de la loi no 2009/011 du 10
juillet 2009, portant fiscalité locale. Il faut ajouter que le pouvoir d’approbation du budget des
collectivités locales par l’autorité de tutelle, est également un contrôle de performance, car
l’autorité de tutelle a également vocation à vérifier la cohérence des programmes de la
collectivité locale avec les politiques publiques nationales.

« Une prérogative de puissance publique méconnue : le pouvoir de substitution d’action », RDP, no 119, 2003,
pp. 579 – 629.
397
VANG LANG (Agathe), GONDOUIN (Geneviève), INSERGUET – BRISSET (Véronique), op.cit., p. 456.
398
MONGBAT (Alassa), DJODA (Jean – Marc), op.cit., p. 2211.
399
Ibid.
400
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BIBLIOGRAPHIE

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II. THESES DE DOCTORAT ET MEMOIRES

1- Thèses de doctorat

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Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

 BATIA EKASSI (Sandrine), L’Institution supérieure de contrôle des finances publiques


au Cameroun, Thèse de doctorat en Droit Public, Université de Yaoundé II, 2015 – 2016,
445 p.
 BESSALA (Alain Georges), Ajustement Structurel et Droit Budgétaire Camerounais :
contribution à l’étude des Droits Budgétaires des États Africains sous Ajustements
Structurel, Thèse de Doctorat en Droit Public, Université de Yaoundé II, 2013-2014, 591
p.
 GUENOUN (Marcel), Le management de la performance publique locale, Thèse de
doctorat en Sciences de gestion, Université Paul CEZANNE, 2009, 417 p.

2- Mémoires

 LEJOUR (Baptiste), Du contrôle budgétaire et financier au contrôle de gestion dans les


collectivités locales, Mémoire de D.E.S.S, Institut d’Études politiques de Lyon, 2003, 98
p.
 SADOA (Arnaud Claude), L’adaptation du contrôle des finances publiques à la nouvelle
gouvernance financière au Cameroun, Mémoire de master en Droit Public, Université de
Strasbourg, 2022 – 2023, 132 p.

III. ARTICLES ET CONTRIBUTIONS

 AKAKPO (Maxime), « Le contrôle de performance : comment et avec qui ? », in, La


LOLF dans tous ses états, pp. 153 – 168.
 AKONO OLINGA (André), « La codification de la transparence et de la bonne
gouvernance dans les finances publiques des États de la CEMAC », Annales africaines,
Vol. 1 no 18, avril 2023, pp. 37 – 78.
 AMOUGOU MBETOUMOU (Estelle Delphine), « Aspects de la responsabilité des
receveurs municipaux en droit public financier camerounais », IMJST, Vol. 7, no 7, Juillet
2022, pp. 5081 – 5096.
 BAKITI BA MBOG BINYET (Joseph Olivier), « Effet de l’action du contrôle supérieur
de l’État sur l’offre des services publics au Cameroun », ASJ, no 8, Vol. 3, 2021, pp. 157 –
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 BENSOUDA (Noureddine), « Efficacité et transparence des finances publiques pour une
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IV. LEXIQUES ET DICTIONNAIRES

1- Dictionnaires littéraires
 Dictionnaire Universel, Hachette (4e éd.), 1507 p.
 Dictionnaire de Français Larousse, 455 p.

2- Lexiques et dictionnaires juridiques

 AVRIL (Pierre), GICQUEL (Jean), Lexique de droit constitutionnel, PUF (4e éd.), 155 p.
 CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, PUF, (8e éd.), 2007,
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 GUINCHARD (Serge), DEBARD (Thierry), Lexique des termes juridiques, Paris Dalloz
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 PHILIP (Loïc), Dictionnaire encyclopédique de Finances publiques, Economica, 1991, 2
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 VANG LANG (Agathe), GONDOUIN (Geneviève), INSERGUET – BRISSET
(Véronique), Dictionnaire de droit administratif, Paris, Sirey (7e éd.), 2015, 515 p.

IV. TEXTES JURIDIQUES

 Constitution camerounaise du 18 janvier 1996


 Loi no 2003/005 du 21 avril 2003 fixant les attributions, l’organisation et le
fonctionnement de la Chambre des Comptes de la Cour Suprême
 Loi no 2004/017 du 22 juillet 2004 portant loi d’Orientation de la décentralisation
 Loi no 2006/017 du 29 décembre 2006 fixant l’organisation, les attributions et le
fonctionnement des tribunaux régionaux des comptes

123
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

 Loi no 2009/011 du 10 juillet 2009 portant régime financier des collectivités territoriales
décentralisées
 Loi no 2011/028 du 14 décembre 2011 portant création d’un Tribunal Criminel Spécial
 Loi no 2012/001 du 19 avril 2012 portant Code électoral modifiée et complétée par la loi
no 2012/017 du 21 décembre 2012
 Loi no 2006/016 du 29 décembre 2016 fixant l’organisation et le fonctionnement de la
Cour suprême
 Loi no 2016/007 du 12 juillet 2016 portant Code pénal
 Loi no 2018/011 du 11 juillet 2018 portant Code de transparence et de bonne gouvernance
dans la gestion des finances publiques au Cameroun
 Loi no 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État et des autres entités
publiques
 Loi no 2019/024 du 24 décembre 2019 portant Code général des collectivités territoriales
décentralisées au Cameroun
 Décret no 97/049 du 5 mars 1997 portant organisation et fonctionnement du Conseil de
Discipline Budgétaire et Financière
 Décret no 2013/287 du 04 septembre 2013 portant organisation des services du Contrôle
supérieur de l’État
 Décret no 2020/375 du 7 juillet 2020 portant règlement général de la comptabilité publique
 Décret no 2023/475 du 7 novembre 2023 précisant certaines attributions et fixant les
avantages des comptables publics placés auprès des Collectivités Territoriales
Décentralisées

124
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

TABLE DES MATIÈRES

AVERTISSEMENT ..................................................................................................................... I
DÉDICACE ............................................................................................................................... II
REMERCIEMENTS ................................................................................................................ III
SIGLES, ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS ...................................................................... IV
RÉSUMÉ.................................................................................................................................. VI
ABSTRACT ............................................................................................................................VII
SOMMAIRE ......................................................................................................................... VIII
INTRODUCTION GÉNÉRALE ............................................................................................ 1
PREMIÈRE PARTIE : UN CONTRÔLE FORMELLEMENT STRUCTURÉ .............. 30
CHAPITRE I : UN CADRE INSTITUTIONNEL NON JURIDICTIONNEL
OPÉRATIONNEL .................................................................................................................. 32
SECTION I : UN CONTROLE PRIORITAIREMENT CONFIE AUX ORGANES
EXTERNES AUX CTD ....................................................................................................... 32
Paragraphe I : Le contrôle diligenté par les agents de contrôle de l’exécution du budget
des CTD............................................................................................................................ 32
A- L’ordonnateur .......................................................................................................... 33
B- Le comptable public ................................................................................................ 35
Paragraphe II : Le contrôle opéré par les organes délibérants ......................................... 38
A- Les organes délibérants directement désignés par le peuple ................................... 38
B – Les organes délibérants indirectement désignés par le peuple .............................. 39
SECTION II : UN CONTROLE ACCESSOIREMENT CONFIE AUX ORGANES
EXTERNES AUX CTD ....................................................................................................... 41
Paragraphe I : Le contrôle diligenté par les organes dépendant de la Présidence de la
République ....................................................................................................................... 41
A- Le contrôle amorcé par les services du ministère délégué à la Présidence de la
République chargé du contrôle supérieur de l’État ...................................................... 41
B- Le contrôle poursuivi par le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière ......... 43
Paragraphe II : Le contrôle effectué par le contrôleur financier ...................................... 45
A – Le statut du contrôleur financier ............................................................................ 45
B – Les missions du contrôleur financier ..................................................................... 46

125
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

CONCLUSION DU CHAPITRE I ....................................................................................... 49


CHAPITRE II : UN CADRE INSTITUTIONNEL JURIDICTIONNEL INACHEVÉ .. 50
SECTION I : L’EFFECTIVITE DES JURIDICTIONS DE DROIT COMMUN ................. 50
Paragraphe I : Les juridictions inférieures ....................................................................... 51
A- Les juridictions de premier degré............................................................................ 51
B- Le Tribunal criminel spécial .................................................................................... 53
Paragraphe II : Les juridictions supérieures de contrôle .................................................. 55
A – La Cour d’appel ..................................................................................................... 55
B – La Cour suprême ................................................................................................... 56
SECTION II : L’EFFECTIVITE PARTIELLE DES JURIDICTIONS FINANCIERES ...... 58
Paragraphe I : L’absence des juridictions financières spécialisées .................................. 58
A – L’absence des tribunaux régionaux des comptes ................................................... 58
B – L’absence de la Cour des comptes ......................................................................... 60
Paragraphe II : L’existence d’une juridiction de substitution : la Chambre des comptes de
la Cour suprême ............................................................................................................... 66
A – L’organisation de la Chambre des comptes de la Cour suprême ........................... 67
B – Les attributions de la Chambre des comptes de la Cour suprême ......................... 68
CONCLUSION DU CHAPITRE II ...................................................................................... 70
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE ..................................................................... 71
SECONDE PARTIE : UN CONTRÔLE MATÉRIELLEMENT AMÉNAGÉ ................ 72
CHAPITRE I : UN CONTRÔLE DE LA RÉGULARITÉ ................................................ 74
SECTION I : LES DIMENSIONS DE LA REGULARITE ................................................. 74
Paragraphe I : La conformité ............................................................................................ 75
A- La conformité formelle ........................................................................................... 75
B- La conformité matérielle ......................................................................................... 77
Paragraphe II : La règle du service fait ............................................................................ 80
A – La consistance de la règle du service fait .............................................................. 80
B- Les exceptions à la règle du service fait .................................................................. 82
SECTION II : L’ENGAGEMENT DE LA RESPONSABILITE DES AGENTS PUBLICS
DU FAIT DES IRREGULARITES ...................................................................................... 84
Paragraphe I : La responsabilité financière et budgétaire des agents publics des CTD ... 84
A – La responsabilité financière de l’ordonnateur ....................................................... 84
B – La responsabilité financière et budgétaire du comptable public ........................... 88

126
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun

Paragraphe II : La responsabilité pénale des agents publics du contrôle de l’exécution du


budget des CTD ................................................................................................................ 90
A – Les faits générateurs de la responsabilité pénale des agents publics internes aux
CTD .............................................................................................................................. 90
B – La mise en jeu de la responsabilité pénale des agents publics internes aux CTD . 91
CONCLUSION DU CHAPITRE I ....................................................................................... 94
CHAPITRE II : UN CONTRÔLE DE PERFORMANCE................................................. 95
SECTION I : LA MESURE DE LA PERFORMANCE BUDGETAIRE ............................. 96
Paragraphe I : Le contrôle des indicateurs de performance ............................................. 96
A – La prédéfinition des objectifs budgétaires des CTD ............................................. 96
B – La prédéfinition des indicateurs de performance .................................................. 98
Paragraphe II : La densification des procédés de contrôle de performance ..................... 99
A – La survivance du contrôle de gestion .................................................................. 100
B – L’émergence de l’évaluation des politiques publiques ........................................ 102
SECTION II : LA PRISE DE MESURES CONTRE LES DECIDEURS LOCAUX DU FAIT
DE LA CONTRE – PERFORMANCE BUDGETAIRE .................................................... 104
Paragraphe I : La prise de mesures par les organes délibérants des CTD ...................... 104
A – La réduction des futurs budgets des CTD ........................................................... 104
B – La non – reconduction des candidatures des décideurs locaux défaillants .......... 105
Paragraphe II : La prise de mesures par les citoyens des CTD ...................................... 106
A – Les manifestations pacifiques .............................................................................. 107
B – Le non renouvellement des mandats des élus locaux défaillants en matière
budgétaire ................................................................................................................... 108
CONCLUSION DU CHAPITRE II .................................................................................... 110
CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE .................................................................... 111
CONCLUSION GÉNÉRALE ............................................................................................. 112
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 112
TABLE DES MATIÈRES .................................................................................................... 112

127

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