Mémoire de Master Recherche
Mémoire de Master Recherche
Mémoire de Master Recherche
Par :
NOAH AWONO Fabien Félicien Prosper
Titulaire d’une Licence en Droit Public
Sous la direction de :
Dr. ABENG MESSI François
Chargé de Cours
Sous la Supervision de :
Pr. PEKASSA NDAM Gérard Martin
Professeur Titulaire
AVERTISSEMENT
i
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
DÉDICACE
Mes parents.
ii
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
REMERCIEMENTS
Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à notre Directeur, Dr. ABENG
MESSI François auprès de qui nous nous imprégnons des valeurs fondamentales de la
recherche notamment : l’humilité, le travail, la rigueur et la patience. Sans réserve, il a accepté
de diriger ce mémoire. Son inconditionnelle disponibilité et ses conseils à la valeur
inestimable ont été déterminants pour la réalisation de ce travail. Que ces mots traduisent
autant que faire se peut notre profonde et déférente gratitude à son égard.
Qu’il nous soit également permis d’exprimer notre révérencieuse gratitude au corps
enseignant de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université de Yaoundé II,
dont la contribution à notre formation demeure éminente. Une pensée va à l’endroit au chef de
département de Théorie et Pluralisme Juridiques, Monsieur le Professeur KENFACK Pierre –
Étienne. Celle-ci s’étend aux Professeurs : ONDOUA Alain Franklin, NKOT Fabien, SIMO
KOUAM Francis Ampère, TAMASANG Christopher, TCHEUWA Jean – Claude, NGUELE
ABADA Marcellin, BIAKAN Jacques, ABANE ENGOLO Edgard Patrick, GUESSELE
ISSEME Lionel Pierre et AKONO ONGBA SEDENA.
Nos remerciements vont en outre à l’endroit de M. AKONO ESSAME Joseph pour ses
conseils et orientations pour la réalisation de ce travail.
In fine, le soutien sans faille et les encouragements de mes proches, ont contribué à ce
que cette année de recherche soit moins pénible :
Amour et reconnaissance à mes parents, M. AWONO BIKIE Désiré et Mme
AMBOMO NOA Stéphanie, c’est au prix d’un énorme sacrifice champêtre que vous aviez dû
défricher mon chemin de classe. Je vous serai éternellement reconnaissant chers parents.
Amour et reconnaissance à mes frères et sœurs qui, n’ont cessé, de me soutenir depuis le
début de ce travail. Je vous serai infiniment reconnaissant.
iii
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Al : Alinéa
Art : Article
ASJ : African Scientific Journal
CCAP : Contrôle citoyen de l’action publique
CDBF : Conseil de Discipline Budgétaire et Financière
CEMAC : Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale
CF : Contrôleur financier
CGCTD : Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées
Coll : Collection
CM : Conseil Municipal
CONAC : Commission Nationale Anti – Corruption
CONSUPE : Contrôle Supérieur de l’État
CPI : Cour Pénal Internationale
CS : Cour Suprême
CTD : Collectivités Territoriales Décentralisées
CTGPF : Code de transparence et de bonne gouvernance dans la gestion des finances
publiques
DESS : Diplôme d’Études Supérieures Spécialisées
DGB : Direction générale du budget
DOB : Débats d’orientation budgétaire
Éd : Édition
ENAM : École Nationale de l’Administration et de Magistrature
FFI : Finance et Finance Internationale
GBO : Gestion budgétaire par objectifs
GFP : Gestion et Finances Publiques
IMJST: International Multilingual Journal of Science and Technology
INTOSAI : International Organization of Supreme Audit Institutions
ISC : Institution Supérieure de Contrôle
ISSAI : International Standards of Supreme Audit Institutions
LGDJ : Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence
iv
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
v
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
RÉSUMÉ
Le cadre législatif des CTD au Cameroun a été renforcé par la loi no 2019/024 du 24
décembre 2019 portant Code général des collectivités territoriales décentralisées. Cette loi
précise les principes de la décentralisation, les compétences transférées aux CTD, ainsi que
les mécanismes de l’exécution et du contrôle budgétaire. En complément, la loi no 2009/011
du 10 juillet 2009 portant régime financier des collectivités territoriales décentralisées établit
des règles spécifiques concernant l’élaboration, l’exécution et le contrôle de l’exécution du
budget des CTD, ainsi que les obligations en matière de transparence et de responsabilité
financière. En effet, la question du financement de la décentralisation figure en bonne place
dans la loi portant Code général des collectivités territoriales décentralisées.
C’est encore conformément à l’esprit du principe de l’autonomie financière que se
réalise l’exécution des opérations financières des CTD malgré les contrôles susceptibles de
s’appliquer. Dès lors, nous avons privilégié la question de l’effectuation du contrôle de
l’exécution du budget des CTD en mettant prioritairement en lumière la méthode juridique et
accessoirement la méthode sociologique.
Au bénéfice des considérations qui précèdent, il ressort que le contrôle de l’exécution
du budget des CTD est axé sur la régularité et la performance. En effet, la possibilité de
sanctions en cas d’irrégularités ou de mauvaise gestion joue un rôle dissuasif important. Elle
incite les gestionnaires publics à respecter les règles et à adopter des comportements
responsables, sachant qu’ils peuvent être tenus responsables de leurs actes.
vi
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
ABSTRACT
vii
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
SOMMAIRE
viii
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
1
BOUVIER (Michel), « Préface », in MILEBE VAZ Christian, La nouvelle gouvernance financière publique
dans les organisations du système des Nations Unies, Paris, LGDJ, 2021, p. 9.
2
LAKENE DONFACK (Charles – Étienne), « Constitution, Chambre des comptes, comptes publics en droit
public financier camerounais », RAFP, no 12, 2nd semestre 2022, p. 30.
3
MÉDÉ (Nicaise), « L’Afrique francophone saisie par la fièvre de la performance financière », RFFP, no 135,
2016, p. 350.
4
AKONO OLINGA (André), L’apport de la performance au contrôle des finances locales au Cameroun, Thèse
de doctorat en Droit Public, Université de Yaoundé II, 2020, p. 4.
2
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
entraver la réalisation des objectifs qui leur ont été assignés. On dénombre ainsi : des
irrégularités5 au regard des normes de la comptabilité publique6 et des indélicatesses
comptables, d’importantes malversations financières justifiées par la multiplication des actes
de corruption7 qui tendent à y obtenir un droit de cité qui, en fin de compte, participent à une
perte significative des fonds devant servir au financement des politiques publiques locales. Il
apparaît donc plus qu’impératif, que la collectivité satisfasse au mieux les besoins de la
population vivant sur son territoire. Cet objectif passe non seulement par l’amélioration de la
gestion financière de la collectivité, mais davantage par la pratique d’un contrôle dynamique 8
et efficace.
Le contrôle de l’exécution du budget des collectivités territoriales décentralisées au
Cameroun soulève plusieurs interrogations. Malgré les avancées législatives et
institutionnelles, les défis majeurs subsistent en termes de gestion financière locale. Les
dysfonctionnements budgétaires, la corruption, l’inefficacité administrative et le manque de
transparence sont autant de maux qui entravent la bonne gouvernance locale. De plus, les
mécanismes de contrôle existants, qu’ils soient internes ou externes, peinent souvent à remplir
pleinement leur rôle, en raison de contraintes institutionnelles, logistiques et humaines.
5
Nous pouvons citer :
- Les fautes de gestion ;
- Les détournements de derniers publics ;
- Le non versement des fonds au trésor public ;
- L’absence des états d’émargement. Cette incohérence managériale a par exemple été relevée dans le cas
de l’arrêt no 72/AD/CSC/CDC/S2 du 29 septembre 2011 (commune urbaine de Garoua pour l’exercice
2004) ;
- La comptabilité de fait relevée également dans l’arrêt no 118/P/S2 du 6 septembre 2012 (communauté
urbaine de Yaoundé pour l’exercice 2007) ;
- Le retard dans la production des comptes dans l’arrêt n o 187/D/S2 du 22 novembre 2012, compte de
gestion de la commune urbaine de Douala pour l’exercice 2009.
6
MAGNET (Jacques), Éléments de comptabilité, Paris, LGDJ (3e éd.), Coll. Système-Finances Publiques, 1996,
p. 11.
7
CHARTIER (Jean – Louis), « Les collectivités locales et la corruption », RFFP, no 69, 2000, pp. 87 – 94.
8
LEJOUR (Baptiste), Du contrôle budgétaire et financier au contrôle de gestion dans les collectivités locales,
Mémoire de D.E.S.S, Institut d’Études politiques de Lyon, 2003, p. 4.
3
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Sur ces entrefaites, la présente étude se penche sur la question, et se propose de mener
une recherche sur « Le contrôle de l’exécution du budget des collectivités territoriales
décentralisées au Cameroun ». Ainsi, pour mieux l’appréhender, il est plus que nécessaire de
procéder à la construction scientifique de notre étude en mettant un point d’honneur sur les
cadres théorique (I) et matériel (II), ainsi que les axes de ladite étude (III).
I- CADRE THÉORIQUE
A- LE CADRE CONTEXTUEL
9
YATTA (François Paul), « La gestion des finances locales en Afrique : Convergence et Divergence des
systèmes », RAFL, éd. 2014, pp. 2 – 35.
10
OWONA (Joseph), La décentralisation camerounaise, L’Harmattan Cameroun, 2011, p. 62.
11
LAKENE DONFACK (Charles – Étienne), Finances publiques camerounaises, Paris, Berger-Levrault, mars
1987, p. 16.
4
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
1- Le contexte politique
Ce constat sonne opportunément le glas d’une opinion fort répandue, bien que décriée
par certains, selon laquelle « l’étendue des droits africains, en ce domaine (constitutionnel)
comme en droit public en général, serait de peu d’intérêt, car ils ne représentaient que de
simples prolongements des droits des pays industrialisés et plus spécialement des anciennes
métropoles. Ces droits ne seraient en outre que le produit d’une influence générale et
omniprésente de modèles et conceptions élaborés ailleurs, en ce sens qu’ils auraient la
caractéristique d’être sans réel impact, le mimétisme contribuant à leur ineffectivité, leur
principal office étant de remplir des fonctions purement symboliques13 ». Contre toute attente
donc, outre son originalité sur des points tels que la protection des minorités et des
autochtones, le statut des religions, le constitutionnalisme africain des années 1990 est marqué
par l’existence d’ « écritures de la Constitution propres à ces groupes de pays qui font que les
questions constitutionnelles sont élaborées de façon identique : les Constitutions sont
rédigées selon un même type de plan, les compétences sont définies selon une même grille de
répartition, les institutions communes s’y retrouvent systématiquement, les mêmes absences st
silences s’y répètent. Autant d’éléments qui créent entre les textes français et ceux des États
12
On peut citer la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.
13
DU BOIS DE GAUDUSSON (Jean), « Le constitutionnalisme en Afrique », in Les constitutions africaines
publiées en langue française, Bruylant, 1978, p. 3.
5
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
14
Ibid.
15
Ces expressions sont de Martine Viallet et Didier Maus, « Préfaces », in Les constitutions africaines publiées
en langue française, op.cit., p. 2.
16
Art. 2, Loi constitutionnelle du Cameroun ; Art. 1er (nouveau) de la loi constitutionnelle de la France.
17
Art. 2 de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.
6
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
ainsi que les missions qui leurs sont dévolues. Tel est l’objet de l’article 55 de cette loi
constitutionnelle. Au Cameroun, l’autonomie financière qui constitue un versant
constitutionnel de la libre administration des CTD comprend l’autonomie fiscale et
l’autonomie budgétaire. L’autonomie financière constitue une condition de réalisation de la
décentralisation. S’agissant particulièrement de l’autonomie budgétaire, les CTD
camerounaises bénéficient depuis l’avènement de la décentralisation, d’un certain nombre de
prérogatives en matière de recettes et de dépenses. Ces prérogatives ne leur confèrent pas une
réelle autonomie18. Elles ne mettent en œuvre qu’un pouvoir budgétaire que leur confère la
loi19. Ce pouvoir, bien qu’affirmé par le législateur reste strictement encadré au point où l’on
s’interroge sur la pertinence de la liberté des collectivités territoriales en matière budgétaire20.
La gouvernance est l’un des enjeux de la décentralisation. On décentralise parce qu’il y a des
problèmes de gestion au niveau central qui empêchent l’État de répondre aux besoins des
citoyens. Mais, si on n’anticipe pas sur les risques d’exclusion, de corruption, de confiscation
du pouvoir local, la décentralisation peut simplement signifier transférer les problèmes du
niveau central vers le niveau local sans pour autant les résoudre.
Le Cameroun en général et les CTD en particulier n’ont pas échappé à cette
préoccupation du contrôle car leurs finances ont été confrontées à plusieurs maux : mauvaise
gouvernance et détournements de derniers publics ont sans nul doute accentué la
problématique de la qualité et de l’efficacité des mécanismes de contrôle. Nous avons encore
en mémoire le classement de l’ONG Transparency International, qui a classé le Cameroun
deux fois champion du monde de la corruption21. Notre étude s’insère dans un contexte
politique marqué par des scandales de la corruption, de détournement de derniers publics et de
mauvaise gestion qui se répandent, au sein des régions et des communes comme une traînée
de poudre. C’est pourquoi, le législateur camerounais consacre des modalités de contrôle de
l’exécution du budget des CTD afin de « tordre le cou » aux irrégularités survenues dans le
processus de l’exécution de la dépense publique locale. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle
« La fonction de contrôle des finances publiques est devenue un des standards du droit et de
la gestion des finances publiques dans le monde22 ». En gros, le contexte politique de cette
18
MONGBAT (Alassa), DJODA (Jean-Marc), « Recherche sur le pouvoir budgétaire des collectivités
territoriales décentralisées en droit public financier camerounais », IMJST, Vol. 5, 2020, pp. 2203-2217, p. 2203.
19
Ibid.
20
Idem.
21
Classement de l’ONG Transparency International de 1998 et 1999, « https://issue.com/tranparency-
international/docs »/CPI – 1998, 1999. Lire Claude Assira, « Procès et procédures : état de non droit
permanent », in sous la direction de Charlie Gabriel MBOCK, L’opération épervier au Cameroun, un droit
d’injustice, éd. Kiyikant, octobre 2011, p. 49 et s.
22
MÉDÉ (Nicaise), Finances publiques Espace UEMOA/UMOA, Sénégal, L’harmattan, 2016, p. 323.
7
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
étude sur le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun est marqué par les défis
persistant en matière de gestion financière et de gouvernance au niveau local.
2- Le contexte juridique
23
Art. 1er al. 2 de la Constitution camerounaise du 18 janvier 1996.
24
L’autonomie financière doit « se manifester par l’exercice d’une compétence fiscale et d’un pouvoir
budgétaire au niveau local », PHILIP (Loïc), « Les garanties constitutionnelles du pouvoir financier local »,
RFDA, no3, mai – juin 1992, p. 454.
8
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
25
Loi no 2019/024 du 24 décembre 2019, portant Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées.
26
YATTA (François Paul), La décentralisation financière en Afrique, Succès, problèmes et contraintes, Paris,
PDM, 2000, p. 1.
27
Loi no 2009/011 du 10 juillet 2009 portant régime financier des collectivités territoriales décentralisées.
28
Loi no 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État et des autres entités publiques.
9
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
B- LE CADRE CONCEPTUEL
Émile DURKHEIM affirmait que le chercheur « doit d’abord définir les choses dont il
traite afin que l’on sache et qu’il sache de quoi il est question29 ». A ce titre, notre sujet
repose sur certains concepts dont la compréhension mérite une définition assez précise afin de
donner sens à leur usage dans le corps de nos développements. Il s’agit précisément des
concepts de contrôle, de l’exécution, du budget et de collectivités territoriales
décentralisées,
Le concept de « contrôle » peut être appréhendé sous une double acception, l’une
littéraire (a) et l’autre juridique (b).
a- L’acception littéraire
b- L’acception juridique
29
DURKHEIM (Émile), Les règles de la méthodologie, Paris, PUF, 1891, p. 34.
30
Dictionnaire Universel, Hachette (4e éd.), p. 275.
31
GRANDGUILLAUME (Nicolas), Théorie générale du contrôle, Paris, Economica, 1994, 187 p.
32
BENSOUDA (Noureddine), « Efficacité et transparence des finances publiques pour une meilleure offre de
biens pour le citoyen », RFFP, no 100, Novembre 2007, pp. 333 – 336.
10
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
est alors admis à cet effet, que : « le contrôle des finances publiques tire son fondement du
principe du consentement du peuple à l’impôt »33. On peut dès lors remarquer, que : « tous les
citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la
contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la
quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée »34. Encore mieux, « la société a le droit de
demander compte à tout agent public de son administration »35. Une analyse exégétique de
ces dispositions suggère, qu’il s’agit là, d’une matrice fondamentale de nombre de principes
qui régulent la vie financière des personnes publiques. Parmi ces principes, se trouve
indubitablement l’exigence de contrôle.
33
BESSALA (Alain Georges), Ajustement Structurel et Droit Budgétaire Camerounais : contribution à l’étude
des Droits Budgétaires des États Africains sous Ajustements Structurel, Thèse de Doctorat PhD en Droit Public,
Université de Yaoundé II, 2013 – 2014, p. 431.
34
Art. 14 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789.
35
Ibid., Art. 15.
36
GAUDEMET (Paul Marie), MOLINIER (Joël), Finances publiques, Paris, budget / trésor, Tome 1,
Montchrestien (6e éd.), 1992, p. 16.
37
Ibid., p. 17.
38
PONTIER (Jean – Marie), « L’intérêt général existe-t-il encore ? », Recueil Dalloz, 1998, pp. 327 et suivantes.
39
RANGEON (François), « Peut-on parler d’un intérêt général local ? » in La proximité en politique : Usages,
rhétoriques, pratiques, Rennes, PUR, 2005, pp. 45 – 46.
40
PEKASSA NDAM (Gérard Martin), « La classification des communes au Cameroun », RASJ, no 1, Vol. 6,
2009, pp. 229 – 266.
11
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
41
CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, PUF, p. 236.
42
Ibid.
43
BOUVIER (Michel), Introduction au droit fiscal général et à la théorie de l’impôt, Paris, LGDJ (6e éd.), 2004,
p. 1.
44
BOUVIER (Michel), Les finances locales, Paris, LGDJ (12e éd.), 2013, p. 4.
45
Idem.
46
TOURE (Cheickna), « Le système de contrôle des finances publiques au Mali », Afrilex, no 4,
https://www.afrilex.u-bordeaux4.fr.
47
FABRE (Jean-François), Le contrôle des finances publiques, Paris, PUF, 1968, p. 8.
48
TCHATCHOUA NYA (Magloire), NJIKE NGOMESSE (Désirée), KETCHANKEU (Pierre), « Perception des
enjeux du contrôle de gestion dans les municipalités au Cameroun : une approche par le cadre théorique de
l’acteur stratégique ? », FFI, Vol. 1, no 25, 2013, pp. 1 – 24., p. 3.
49
Ibid.
50
Idem.
12
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
l’accent sur la mobilité des énergies et des ressources pour atteindre les objectifs fixés par
l’entité. De cette réflexion découle la définition suivante : « le contrôle de gestion est le
processus mis en œuvre au sein d’une entité économique pour s’assurer d’une mobilisation
efficace et performante des énergies et des ressources en vue d’atteindre l’objectif que vise
cette entité51 ». Qu’il s’agisse d’une organisation publique ou privée, le contrôle de
l’exécution du budget est un processus qui vise à surveiller et à évaluer la mise en œuvre des
dépenses prévues dans le budget d’une entité.
Le concept d’exécution peut être défini sous un double angle. Il peut être défini sous
l’angle littéraire (a) et sous l’angle juridique (b).
51
KHEMAKHEM (Abdellatif), La dynamique du contrôle de gestion, Dunod (2e éd.), 1976, 587 p.
52
AKONO OLINGA (André), L’apport de la performance au contrôle des finances locales au Cameroun, Thèse
de doctorat en Droit Public, op.cit., p. 5.
53
BOUVIER (Michel), Les finances locales, op.cit., p. 20.
13
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
a- L’acception littéraire
b- L’acception juridique
54
Dictionnaire Universel, op.cit., p. 459.
55
Dictionnaire Larousse, p. 163.
56
CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, PUF, p. 384.
14
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Le concept de « budget » est un mot polysémique qui peut être entendu non seulement
sous l’angle littéraire (a), mais aussi sous l’angle juridique (b).
a- L’acception littéraire
Sous l’angle littéraire, le budget peut être défini comme un « état de prévision des
recettes et des dépenses d’un pays, d’un département, d’une famille, d’un particulier, etc. »58.
Il ressort de cette définition une typologie de budget. Non seulement cette définition du
budget fait référence au budget général de l’État, ce qui a été qualifié de « recettes et dépenses
d’un pays », mais aussi au budget des collectivités locales, au budget familial et au budget
d’une personne physique. Cette définition littéraire du budget semble plus large, c’est
pourquoi, il est judicieux de l’appréhender sous l’angle juridique.
b- L’acception juridique
Dans le cadre juridique, le concept de « budget » peut, être défini au sens formel et au
sens matériel. Formellement, le budget est un « acte par lequel sont prévues et autorisées les
recettes et les dépenses des organismes publics »59. Au sens matériel du terme, il peut être
appréhendé comme l’« ensemble des recettes et dépenses d’un organisme public, autorisées et
effectuées au titre d’une année »60. Le budget peut encore être défini comme un « état
prévisionnel et limitatif des dépenses et des recettes à réaliser au cours d’une période donnée
57
Ibid.
58
Dictionnaire de Français Larousse, p. 53.
59
CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique, idem., p. 124.
60
Idem.
15
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
par une unité économique »61. L’établissement d’un budget implique des choix, puis le
respect de ceux-ci lors de l’exécution, mais au préalable, une information sur l’avenir plus
satisfaisante possible est nécessaire62. La qualité de cette information dépend de la nature de
l’unité économique, de l’horizon temporel dans lequel s’inscrit le budget.
Chaque année, les gouvernements préparent et rendent publics les documents
budgétaires qui vont définir leur action économique et financière63. Ces documents sont repris
par les médias qui les dissèquent, en font une présentation simplifiée et recueillent les
commentaires de nombreux spécialistes. Des groupes d’intérêt divers vérifient si les mesures
annoncées correspondent aux demandes qu’ils ont faites et prennent position sur la place
publique. S’ils ont une telle couverture de presse et si l’opinion publique est interpellée par les
documents budgétaires, c’est qu’ils expriment clairement le programme d’action d’un
gouvernement, avec les contraintes qui sont les siennes. C’est d’ailleurs ce que soulignait un
premier ministre Québec, René LÉVESQUE : « Un budget réussi, pourvu qu’on sache le lire,
c’est chaque année, la photo la plus précise qu’on peut tirer d’une société, avec tout son pain
et tout son beurre64 ».
En fait, le budget est sans doute l’ensemble de documents le plus important publié
annuellement par un gouvernement. Il indique ses priorités, puisque les ressources étant rares,
des choix ont dû être effectués par rapport à de multiples possibilités. Il s’inscrit, ce faisant,
dans une démarche d’imputabilité car les choix étant explicites, une reddition de comptes
devra s’ensuivre. Mais à travers ces documents, il est également possible de voir apparaître
tout le fonctionnement d’un État et la dynamique des rapports entre ses différentes
composantes. De même, si le budget permet de mieux comprendre l’environnement concret
de la gestion publique, il est aussi le reflet de la part de la richesse collective consacrée à la
production de biens et de services publics65.
16
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
une limite n’excédant pas trois (3) ans. De même, en dépassement du principe de l’équilibre
budgétaire consacré par l’article 3566 de la loi du 10 juillet 2009 portant régime financier des
CTD, le législateur camerounais du 11 juillet 2018, consacre désormais un principe de
soutenabilité budgétaire. En effet, tandis que l’équilibre budgétaire se résume autour de
l’interdiction de déficit ou excédent budgétaire, le principe de soutenabilité budgétaire quant à
lui, autorise les personnes publiques à exécuter les budgets déficitaires à condition de pouvoir
assumer les dépenses prioritaires inscrites dans les programmes budgétaires.
Avant même de parler de l’exécution et du contrôle de l’exécution, le budget des CTD
au Cameroun est mis en œuvre par l’étape préalable qu’est l’élaboration. L’élaboration du
budget, du latin « Laborare », qui signifie « travailler », l’élaboration du budget des CTD est
une étape qui désigne l’ensemble des opérations ou des activités juridiques préalables à
l’exécution du budget des personnes publiques. À cet effet, l’élaboration du budget des CTD
au Cameroun se déroule en trois phase67 à savoir : la préparation, le vote ou l’adoption et
l’approbation.
La préparation du budget local est une notion qui met en exergue deux approches
complémentaires : l’une classique et l’autre moderne. Dans son approche classique, la
préparation du budget des personnes publiques consiste à déterminer les prévisions de recettes
et de dépenses d’une personne publique. En revanche, la conception moderne consacrée en
droit positif camerounais par les lois no 2007/006 du 26 décembre 2007, portant régime
financier de l’État, et la loi no 2018/011 du 11 juillet 2018, portant régime financier de l’État
et des autres entités publiques, consacrent l’élaboration des programmes comme articulation
nouvelle de l’élaboration du budget des personnes publiques. Il s’agit, au-delà des prévisions
de recettes et de dépenses, de déterminer les projets, activités et action à réaliser par les
pouvoirs publics au cours du prochain exercice budgétaire ou encore durant une période
triennale.
L’adoption du budget communal ou régional quant à elle, est une phase qui incombe à
l’organe délibérant de chacune des CTD ci-dessus évoquées. Telle est la teneur de l’article
422 alinéa 1er du CGCTD68.
En ce qui concerne l’approbation du budget des CTD, elle en mise en œuvre
66
L’article 35 de la loi no 2009/011 du 10 juillet 2009, portant régime financier des collectivités territoriales
décentralisées dispose à cet effet que : « le budget est voté en équilibre en recettes et en dépenses ».
67
Les phase de l’élaboration du budget des CTD au Cameroun sont : la préparation, le vote ou l’adoption et
l’approbation.
68
L’article 422, al. 1er du CGCTD dispose à cet effet que : « le budget de la collectivité territoriale, est voté, par
l’organe délibérant, au plus tard le 15 Novembre de chaque année ».
17
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
par les organes d’approbation tels que, les organes délibérants des CTD et les autorités de
tutelle des CTD. En effet, « le budget de la Collectivité Territoriale est approuvé par arrêté
du représentant de l’État dans un délai de quinze (15) jours suivant la date de sa réception
par celle-ci. Passé ce délai, le budget est réputé approuvé69 ».
Hormis le concept de « budget », le concept de « collectivité territoriale
décentralisée » qui, apparaît dans l’intitulé de notre thème de recherche mérite à son tour
d’être défini.
Au Cameroun, cela peut inclure les communes, les régions et autres entités
territoriales. Eu égard à cette définition, il ressort qu’au sein d’un État unitaire dont
l’organisation est décentralisée72, comme c’est d’ailleurs le cas du Cameroun, les CTD sont
des circonscriptions administratives dotée de la personnalité morale et de l’autonomie
administrative et financière73. En définissant l’autonomie financière, Monsieur André ROUX
martèle qu’elle « revêt une double dimension. En premier lieu, c’est la reconnaissance d’une
capacité juridique de décision qui, en matière de recettes, implique un véritable pouvoir
fiscal, le pouvoir de créer et, de lever l’impôt et, qui en matière de dépenses implique la
liberté de décider d’affecter les ressources à telle ou telle dépense. En second lieu, c’est la
possibilité pour les collectivités régionales ou locales d’assurer le financement de leurs
69
Art. 426 du CGCTD.
70
SILEM (Ahmed), ALBERTINI (Jean – Marie), Lexique d’économie, op.cit., p. 171.
71
Art. 4 (4) de la loi no 2004/017 du 22 juillet 2004 portant loi d’Orientation de la Décentralisation.
72
AVRIL (Pierre), GICQUEL (Jean), Lexique de droit constitutionnel, PUF (4e éd.), p. 23.
73
Ibid.
18
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
dépenses par des ressources propres en volume suffisant74 ». Pour cet auteur, le pouvoir fiscal
local est d’abord un pouvoir normatif, c'est-à-dire le pouvoir de créer les recettes fiscales. Or,
ce pouvoir de création de recette appartient au Parlement en vertu du principe de la légalité
fiscale. Ensuite, le pouvoir fiscal local est budgétaire, c'est-à-dire le pouvoir de percevoir
l’impôt et de l’utiliser librement. Cette conception extensive du pouvoir fiscal local ne fait pas
l’unanimité en doctrine. La raison semble être simple. Doter les collectivités locales du
pouvoir de créer les recettes fiscales serait une atteinte au principe de la légalité fiscale dans
un État dont la forme revêt un caractère unitaire et décentralisé. C’est pourquoi l’autonomie
financière s’entend pour certains « comme la situation d’une collectivité locale disposant d’un
pouvoir propre de décision et de gestion de ses recettes et des dépenses regroupées en un
budget nécessaires pour l’exercice de ses compétences75 ». Autrement dit, « l’autonomie
implique un pouvoir fiscal local, accompagné d’un pouvoir budgétaire autonome dotant les
collectivités locales de la capacité de disposer d’un budget propre, distinct du budget général
de l’État, et dont l’exécution se fait indépendamment de toute contrainte extérieure ou
précisément de toute influence étatique76 ». Cependant, le pouvoir fiscal local ne serait qu’un
élément du pouvoir budgétaire. L’on peut soutenir cet avis par le fait que le fiscal constitue un
élément du budgétaire. En droit budgétaire, l’impôt constitue une matière budgétaire et une
recette permanente du budget. A l’analyse, l’étude sur le pouvoir budgétaire des collectivités
territoriales se situe dans le vaste champ de la décentralisation financière. En effet, finances
publiques et décentralisation ne s’excluent pas l’une de l’autre. La première constitue la
condition sine qua non de réalisation de la décentralisation. La seconde quant à elle ne peut
être effective que si les collectivités territoriales décentralisées disposent des moyens
nécessaires pour financer le développement local. Pour ce faire, elles ont besoin d’un véritable
pouvoir budgétaire qui constitue une condition de l’autonomie financière77 et permet la
réalisation de la décentralisation78 . En vertu du principe de subsidiarité79, le législateur leur
74
ROUX (André), « L’autonomie financière des collectivités locales en Europe », Rapport introductif, AIJC,
2006, p. 499 ; du même auteur, « Le principe constitutionnel de la libre administration des collectivités
territoriales », RFDA, 1992, Vol. 8, no 3, pp. 435-452.
75
ESSONO OVONO (Alexis), « L’autonomie financière des collectivités locales en Afrique noire francophone.
Le cas du Cameroun, de la Côte-d’Ivoire, du Gabon et du Sénégal », REA, Bordeaux 4, pp. 1 – 24, p. 2.
76
MONEMBOU (Cyrille), « Le pouvoir règlementaire des collectivités locales dans les États d’Afrique noire
francophone (les cas du Cameroun, du Gabon et du Sénégal) », RC/SJP, no 002/2015, pp. 79 – 111, p. 97.
77
PHILIP (Loïc), « L’autonomie financière des collectivités territoriales », CCC no 12, Dossier : le droit
constitutionnel des collectivités territoriales – mai 2002, in www.conseil-constitutionnel.fr consulté, le 30
décembre 2023 à 14h59 min.
78
OLIVA (Éric), « La conception de l’autonomie locale, quel contenu ? quelle effectivité ? », G&FP, 2017/no 2,
pp. 13 – 24, p. 13.
79
Comme on l’a expliqué, « principe d’origine ancienne ayant trouvé son premier essor dans la pensée sociale
catholique, le principe juridique de subsidiarité implique une double obligation qui découle directement de sa
19
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
accorde un certain nombre de compétences en matière financière pour gérer les affaires
publiques locales80. C’est au regard de ce principe qu’il est reconnu aux CTD d’exercer
certaines compétences au niveau local dans l’optique de limiter l’intervention de l’État sans
toutefois l’effacer81.
Les CTD qui bénéficient de cette autonomie financière au Cameroun sont de deux
types à savoir les régions et les communes82. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Georges
VEDEL affirme que : « Ce n’est pas l’État qui a changé la vieille société ; c’est la nouvelle
société qui a changé l’État83 ». Nous ne pouvons envisager aborder ce sujet sans avoir saisi la
notion même de décentralisation qui est au cœur du droit budgétaire des collectivités
territoriales décentralisée, même si elle n’est pas un terme clé de notre sujet.
Le concept de décentralisation n’est certes pas identifié dans l’intitulé de notre mémoire,
mais il revêt un intérêt fondamental pour la compréhension de notre argumentaire.
La décentralisation, elle peut être entendue comme un processus par lequel certaines
responsabilités gouvernementales et administratives sont transférées des autorités centrales à
des entités locales, telles que les collectivités territoriales décentralisées, l’objectif étant de
rapprocher la prise de décision des citoyens et de promouvoir le développement local.
Autrement dit, la décentralisation est le « fait de donner le pouvoir de décision, dans la
gestion administrative, à des collectivités territoriales ou à des personnes publiques distinctes
de l’État »84. L’opération constituante amorcée depuis quelques années au Cameroun et qui
s’est achevée avec la promulgation par le Président de la République, de la Loi no 96/06 du 18
janvier 1996 portant révision de la Constitution du 2 juin 1972, n’a donné naissance ni à un
double origine étymologique. Provenant à la fois du terme subsidium, signifiant "renfort, ressource"(idée de
secours), et du terme subsidiarius, signifiant "en réserve"(idée de secondaire), ce principe oblige, d’une part, le
niveau supérieur de compétence à demeurer "en réserve"et donc de laisser intervenir le plus possible les niveaux
inférieurs, et impose d’autre part, à ce niveau supérieur de venir "en renfort"et donc au secours des niveaux
inférieurs dès lors que ceux-ci ne sont plus en mesure d’intervenir », DEROSIER (J.-P.), « « Et au milieu coule
la rivière » : la subsidiarité et la frontière rhénane. Signification juridique, implication possibles et portées
positives de deux articles 72, alinéa 2 : la subsidiarité, entre principe et objectif », in BRISSON (Jean-François)
(dir.), Les transferts de compétence aux collectivités locales, Paris, L’Harmattan, 2009, pp. 91 – 108, pp. 93 – 94.
80
DELCAMP (Alain), « Principe de subsidiarité et décentralisation », RFDC, n° 23, 1995, pp. 609 – 624.
81
PONTIER (Jean – Marie), « La subsidiarité en droit administratif », RDP, 1986, pp. 1515 – 1537.
82
Art. 2(1) de la loi no 2019/024 du 24 décembre 2019 portant CGCTD ; Art. 55 Al. 1 de la loi constitutionnelle
du 18 janvier 1996.
83
VEDEL (Georges), « Décentralisation et finances locales : clés pour la réflexion », RFFP, no 38, 1992, pp. 9 –
13, p. 10.
84
RUDELLE (Christian), Dictionnaire des termes juridiques, Édimages, 1992, p. 83.
20
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
85
GUIMDO DONGMO (Bernard – Raymond), « Les bases constitutionnelles de la décentralisation au
Cameroun (Contribution à l’étude de l’émergence d’un droit constitutionnel des collectivités territoriales
décentralisées) », RGD, no 1, décembre 1998, Vol. 29, pp. 79 – 100., p. 81.
86
Art. 1er de la Loi constitutionnelle no 96/06 du 18 janvier 1996.
87
Ibid.
88
Idem.
21
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
de problématique pertinente sans une solide revue de la littérature89 ». À cet effet, réfléchir
sur le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun nous a conduit
inéluctablement à nous interroger sur les orientations et options des réflexions de certains
auteurs qui, à n’en point douter, ont constitué un gouvernail à notre question de recherche.
La décentralisation budgétaire au Cameroun a été un sujet d’intérêt croissant pour les
chercheurs.
Dès lors, toutes les structures au sein d’un État, usant des derniers publics, sont
soumises au contrôle90, qui, est gage de la préservation de l’intérêt général. C’est d’ailleurs la
raison pour laquelle M. André BARILARI estime que « l’action publique en général et la
gestion du dernier public en particulier doit faire l’objet d’un contrôle particulier afin de non
seulement de prévenir ou sanctionner les détournements à des fins privées ou étrangère à
l’intérêt général, mais aussi de garantir qu’elle exerce conformément aux décisions prises par
les instances légitimes qui expriment la souveraineté des citoyens. La démocratie exige, plus
que tout autre régime, contrôle et transparence dans le domaine des finances publiques »91.
Ainsi, un contrôle correctement effectué constitue le corollaire indispensable et logique d’un
régime qui entend œuvrer dans le sens de l’intérêt général92, pour la réalisation du bien
commun. Face à « un constat généralisé de stagnation de l’action publique, de malversations
financières, d’opacité administrative et surtout de corruption dans la gestion des affaires
publiques »93, le Cameroun s’est engagé dans un vaste processus de modernisation de sa
gestion publique94. L’objectif étant la recherche d’une plus grande efficacité de l’action
publique et la transparence pour une meilleure offre des biens et services aux citoyens.
Dans la même logique, Christian DESCHEEMAEKER pense que, la transformation
des mécanismes de contrôle a pour fondement les principes généraux du droit et est
manifestée par un alourdissement des procédures et une modernisation des méthodes de
89
OLIVIER (Lawrence), BEDARD (Guy), FERRON (Julie), L’élaboration d’une problématique de recherche,
Paris, l’Harmattan, 2005, Coll. Logiques sociales, pp. 10 – 11.
90
YAMPILI ABDOURAHMANOU, « Le contrôle de l’exécution des budgets des établissements publics
spéciaux au Cameroun : Le cas de la CNPS et de la CAA », IMJSTP, no 1, Vol. 9, Janvier 2024, p. 6959.
91
BARILARI (André), « La nouvelle gouvernance financière de l’État et l’évolution des dispositifs de
contrôle », La revue du trésor, no 6, juin 2005, p. 275.
92
HASSANA (Barnabas), « L’évolution des finalités du contrôle de la dépense publique au regard des nouvelles
réformes de finances publiques camerounaises », IMJST, no 7, Vol. 5, Juillet 2020, p. 1227.
93
AKONO OLINGA (André), « La codification de la transparence et de la bonne gouvernance dans les finances
publiques des États de la CEMAC », Annales africaines, Vol. 1 no 18, avril 2023, p. 42.
94
SADOA (Arnaud Claude), L’adaptation du contrôle des finances publiques à la nouvelle gouvernance
financière au Cameroun, Mémoire de master en Droit Public, Université de Strasbourg, 2022 – 2023, p. 1.
22
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
contrôle95. Michel PRAT et Sylvie CHAIGNAU PEYROUX96, n’en disent pas autrement en
assimilant la transformation à la modernisation97. Ils rejoignent ainsi Michel BOUVIER et
Jean-Marie PONTIER qui expriment une idée semblable en opinant respectivement, que la
recherche de l’efficacité est devenue un impératif, justifie à certains égards, les
transformations du contrôle des finances locales98 ; et « si les finalités du contrôle (…)
demeurent les mêmes qu’auparavant, le sens de ce contrôle a profondément changé, et il est
possible de parler de transmutations »99. Restant dans la même logique, Michel BOUVIER,
Marie – Christine ESCLASSAN et Jean – Pierre LASSALE, semble marquer son adhésion à
cette appréciation. Ils se montrent favorables à la thèse de la transformation du contrôle avec
la complexification du secteur public local qui se présente aujourd’hui en forme satellitaire100.
B- L’OBJET DE L’ÉTUDE
1- La problématique
95
DESCHEEMAEKER (Christian), « La transformation des contrôles. L’alourdissement des procédures »,
RFFP, no 87, Septembre 2004, pp. 203 – 217.
96
PRAT (Michel), CHAIGNAU – PEYROUX (Sylvie), « La modernisation des méthodes de contrôle », RFFP,
no 87, Septembre 2004, pp. 219 – 230.
97
PRAT (Michel), CHAIGNAU – PEYROUX (Sylvie), « La modernisation des méthodes de contrôle », op.cit.
98
BOUVIER (Michel), Les finances locales, op.cit., p. 146.
99
PONTIER (Jean – Marie), « Les transmutations du contrôle sur les collectivités territoriales décentralisées »,
La semaine juridique. Administrations et Collectivités territoriales, no 44, 5 Novembre 2012, p. 6.
100
BOUVIER (Michel), ESCLASSAN (Marie – Christine), LASSALE (Jean – Pierre), Finances Publiques,
Paris, LGDJ, Montchrestien (18e éd.), 2019 – 2020, p. 961.
101
BEAUD (Michel), L’art de la thèse, Paris, éd. La découverte, 2006, p. 55.
23
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
entités infra – étatiques possèdent ou disposent des ressources et exécutent des dépenses en
toute liberté à côté, ou en dehors de l’État. Il s’agit là de l’implication financière d’un principe
fondamental du droit de la décentralisation : le principe de la libre administration des CTD.
C’est encore conformément à l’esprit de ce principe que se réalise l’exécution des opérations
financières des CTD malgré les contrôles susceptibles de s’appliquer à ces dernières. Comme
le souligne Hans KELSEN, « le droit positif ne reconnaît que la centralisation et la
décentralisation partielles »102. C’est dire qu’en matière de décentralisation, l’autonomie des
structures décentralisées doit toujours être relative et non absolue. C’est ce qui découle même
de la règle de subsidiarité.
Cependant en matière de finances publiques locales, l’on constate que la
décentralisation financière rime avec une certaine centralisation qui parait excessive. En effet,
l’intention du législateur de doter les CTD d’un certain nombre de pouvoir en matière
budgétaire ne serait qu’apparente voire trompeuse au regard de l’encadrement strict dudit
pouvoir. D’où la question la question du contrôle de l’exécution du budget des CTD. Dès lors,
comment s’effectue le contrôle de l’exécution du budget des collectivités territoriales
décentralisées au Cameroun ?
2- L’hypothèse de recherche
102
KELSEN (Hans), Théorie générale du droit et de l’État, Paris et Bruxelles, LGDJ et Bruylant, 1997, p. 355.
24
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
1- L’intérêt de l’étude
a- L’intérêt théorique
103
SY (Aboubakry), La transparence dans le droit budgétaire de l’État en France, Paris, LGDJ, 2017, p. 6.
104
Art. 2 Al. 2 de la loi no 2018/11 du 11 juillet 2018 portant CTGFP.
105
Art. 5(2) de la loi portant CGCTD.
25
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
b- L’intérêt pratique
26
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
2- La méthode de l’étude
106
SALMON (Jean), Le droit international à l’épreuve au tournant du XXI e siècle, Cours Euro-méditerranéens,
Bancaja de droit international, Valencia, Vol. VI, 2002, pp. 35 – 363, p. 53.
107
KAMTO (Maurice), Pouvoir et droit en Afrique noire francophone : Essai sur le fondement du
constitutionnalisme francophone, Paris, éd. LGDJ, 1987, p. 47.
108
GRAWITZ (Madeleine), Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz (11e éd.), 2000, p. 71.
109
KAMTO (Maurice), TCHEUWA (Jean-Claude), Manuel de méthodologie et exercices corrigés de droit
international, éd. PUCAC, 2010, p. 85.
110
COHENDET (Marie – Anne), Méthodes de travail : droit public, Paris, Montchrestien (3e éd.), 1998, p. 209.
27
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Une fois la méthode d’analyse mise en œuvre, notre sujet sera davantage structuré
autour de deux techniques de recherches à savoir : la recherche documentaire et la recherche
numérique. S’agissant de la recherche documentaire, elle consiste à consulter différents
ouvrages et autres publications de la doctrine qui traitent d’une manière générale le régime
financier de l’État et d’une manière particulière le régime financier des collectivités
territoriales décentralisées au Cameroun afin de parvenir à des résultats envisagés. La
recherche numérique quant à elle, sera pour nous, un complément à la recherche documentaire
à travers l'actualisation des données et de nouvelles informations nécessaires relatives au
contrôle de l’exécution du budget des CTD. C’est à la lumière de cette approche
méthodologique que l’on étudiera l’efficacité du contrôle de l’exécution du budget des CTD
au Cameroun. Compte tenu de la question et de l’hypothèse de recherche, l’étude du contrôle
de l’exécution du budget des collectivités territoriales décentralisé sera structurée autour de
deux grands axes.
111
BERGEL (Jean – Louis), Méthodes de droit et théorie générale du droit, Dalloz, (2e éd.), p. 35.
112
VIRALLY (Michel), Le phénomène juridique, LGDJ, 1966, p. 37.
113
VIRALLY (Michel), Le phénomène juridique, op.cit.
28
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
29
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
30
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
31
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Les audits internes réalisés par les organes internes des CTD constituent une couche de
vérification. Ces audits évaluent l’efficacité des systèmes de contrôle interne, la conformité
des opérations financières, et identifient les irrégularités ou inefficacités potentielles. Les
conclusions et recommandations de ces audits sont cruciales pour améliorer les pratiques de
gestion financière et renforcer la transparence et la responsabilité au sein des CTD. Ces
mécanismes de contrôle interne, intégrés et coordonnés, assurent une gestion budgétaire saine
et conforme aux standards de bonne gouvernance.
Le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun peut être diligenté par
deux agents publics dont le statut et les missions demeurent séparés. Il s’agit principalement
32
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
A- L’ordonnateur
114
THÉBAULT (Stéphane), L’ordonnateur en droit public financier, LGDJ, 2007, p. 408.
115
Ibid.
116
KAMDOM DJEYA (Gabriel Yves), La responsabilité des ordonnateurs dans le système financier public
contemporain : étude comparée des droits camerounais et français, Thèse de doctorat en Droit Public,
Université de Lille & Université de Yaoundé II, 2019, p. 26.
117
Voir, Art. 64 (1) de la loi no 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État et des autres entités
publiques. Cette loi abroge la loi no 2007/006 du 26 décembre 2007 portant régime financier de l’État qui
constitue la pierre angulaire de la mise en place de la budgétisation par programme axée sur la performance.
118
Voir, Art. 4, Al. 1 du décret no 2020/375 du 7 juillet 2020 portant règlement général de la comptabilité
publique.
33
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
les dépenses. C’est celui qui donne les ordres aux comptables publics »119.
Au demeurant, la notion d’ordonnateur renvoie aux autorités centrales, déconcentrées
et décentralisées bénéficiant d’un statut particulier leur attribuant des pouvoirs de décisions en
matière d’exécution du budget120. En clair, les ordonnateurs sont aussi bien des responsables
politiques que des agents publics se trouvant, du fait des fonctions qu’ils exercent, dans la
situation de prendre des décisions ayant une incidence financière.
Définir les objectifs et les priorités sur lesquels se fondent les programmes indicatifs ;
Sélectionner et adopter les programmes indicatifs ;
Préparer, négocier et conclure les marchés ;
La coordination, la programmation et le suivi de la mise en œuvre des programmes ;
Assurer une exécution adéquate, rapide et efficace des programmes121.
En clair, la fonction managériale exige des ordonnateurs les qualités de managers publics.
Car, il est non seulement tenu de fixer les objectifs généraux, mais surtout de mobiliser les
moyens pour atteindre les objectifs initialement fixés et les résultats escomptés. Il va sans dire
119
GUINCHARD (Serge), DEBARD (Thierry), Lexique des termes juridiques, Paris Dalloz (25e éd.), 2017 –
2018, p. 1449.
120
LAKENE DONFACK (Charles – Étienne), Finances publiques camerounaises, op.cit., p. 216.
121
NGUIMFACK VOUFO (Théophile), BANA (Lucy), « La rénovation du statut de l’ordonnateur dans la loi no
2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État et des autres entités publiques », IMJST, Vol. 6, no
9, septembre 2021, pp. 4082 – 4091, p. 4084.
34
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
B- Le comptable public
122
Voir l’article 51 (1) de la loi no 2007/006 du 26 décembre 2007 portant régime financier de l’État.
123
Voir le manuel de pilotage et d’exécution du budget programme, janvier 2013, p. 13.
124
PEKASSA NDAM (Gérard Martin), « La dialectique du responsable de programme en finances publiques
camerounaises : recherche sur les nouveau acteurs budgétaires », in MÉDÉ Nicaise. (dir.), Les nouveaux
chantiers des finances publiques en Afrique, Mélange en l’honneur de Michel BOUVIER, Dakar, L’Harmattan,
2029, p. 308
125
Voir, Manuel de pilotage et d’exécution du budget programme, op.cit., p. 23.
126
Ibid.
127
Voir, Art. 69 de la loi de 2018 précitée.
128
CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, op.cit., pp. 192-193.
35
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Conseil régional), le comptable quant à lui, est généralement un agent public, nommé, désigné
ou préposé auprès d’une CTD pour assurer la vérification des dépenses et le suivi des recettes.
Les comptables publics placés auprès des Collectivités Territoriales Décentralisées
sont dénommés : Receveur Régional, lorsqu’ils sont placés auprès des Régions ; Receveur
Municipal, lorsqu’ils sont placés auprès de la Commune, de la Communauté Urbaine ou de la
Commune d’Arrondissement129. Ceux-ci sont des agents publics régulièrement préposés aux
comptes et habilités à effectuer, à titre exclusif au nom de la Collectivité, des opérations de
recouvrement des recettes et de règlement des dépenses ou de maniement de titres, soit au
moyen des fonds et des valeurs dont ils ont la garde, soit par virement interne d’écriture, soit
par l’intermédiaire d’autres comptables130. Le comptable public, au moment de la phase
comptable d’exécution du budget, exécute toutes les opérations de recettes et de dépenses du
budget de la Collectivité, ainsi que toutes les opérations de la trésorerie et de financement.
En tant que payeur, le comptable public a la charge de faire les vérifications sur la
régularité des opérations décidées par l’ordonnateur. Cela signifie qu’il revient au comptable
public de vérifier que l’ensemble des pièces qui lui ont été fournies au regard de la
nomenclature, soient complètes, précises et cohérentes au regard de la catégorie de la
dépense, de sa nature et de son objet131. En cas de pièces manquantes ou d’irrégularité
flagrante, telle l’absence de contrat obligatoire au regard du droit des marchés publics, le
comptable devra suspendre le paiement et interpeller l’ordonnateur sur l’insuffisance des
pièces sans toutefois lui imposer une certaine marche à suivre132. Autrement dit, le comptable
129
Art. 2 du décret no 2023/475 du 7 novembre 2023 précisant certaines attributions et fixant les avantages des
avantages des comptables publics placés auprès des Collectivités Territoriales Décentralisées.
130
Op.cit., Art. 5, al. 1.
131
« Le contrôle de légalité, limite de la compétence du comptable public », Disponible en ligne sur
https://www.atd13.fr/le-controle-de-legalite-limite-de-la-competence-du-comptable-public, Consulté lundi, 20
mai 2024 à 16h31 min.
132
Ibid.
36
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
public doit s’abstenir de payer une dépense mandatée sur des crédits irrégulièrement ouverts,
une dépense mandatée sur des crédits insuffisants, en cas de mauvaise imputation budgétaire.
133
Art. 16, al. 1 du décret no 2023/475 du 7 novembre 2023 précisant certaines attributions et fixant les
avantages des avantages des comptables publics placés auprès des Collectivités Territoriales Décentralisées.
37
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Au Cameroun, les CTD comprennent les régions et les communes. Les organes
délibérants de ces collectivités sont le Conseil Municipal et l’Exécutif Communal137 pour ce
qui est des Communes, et le Conseil Régional et l’Exécutif Régional pour ce qui est des
Régions.
Cependant, les organes délibérants directement désignés par le peuple sont les
Conseillers Municipaux, élus à un mandat de cinq (5) ans138 renouvelables139. Cet organe
délibérant (Conseil Municipal) exerce des missions de contrôle dans le cadre du budget
communal. Tel est l’objet de l’article 104 de la loi no 2009/011 du 11 juillet 2009, qui dispose
en effet que « lors de l’examen du budget ou du compte administratif, l’organe délibérant
exerce un contrôle sur l’exécution du budget, ainsi que les programmes y afférents140 ».
L’organes délibérant exerce un contrôle a priori, dans la mesure où, il a le pouvoir
d’approuver le budget des CTD. Avant son adoption, le budget est examiné et débattu au sein
du conseil. Cette étape permet aux conseillers de contrôler les dépenses prévues et de
134
La loi no 2019/024 du 24 décembre 2019 portant CGCTD.
135
Ibid., art. 482.
136
YAMTCHEU KAYE (Estelle Audrey), « Le régime financier des collectivités territoriales décentralisées à
statut spécial au Cameroun », RAFP, no 2 (10), pp. 1 – 22, p. 14.
137
L’article 164 (1) de la no 2019/024 du 24 décembre 2019 portant CGCTD dispose à cet effet que : « Les
organes de la Commune sont : le Conseil Municipal et l’Exécutif Communal ».
138
Telle est la teneur de l’article 169 (1) de la loi no 2012/001 du 19 avril 2012 portant code électoral modifiée et
complétée par la loi no 2012/017 du 21 décembre 2012, qui dispose que : « Les conseillers municipaux sont élus
pour cinq (05) ans au suffrage universel, direct et secret ».
139
Ibid., Art. 169 (2), qui dispose qu’ : « Ils sont rééligibles ».
140
Art. 104 de la loi no 2009/011 du 10 juillet 2009 portant régime financier des collectivités territoriales
décentralisées.
38
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
s’assurer de leur cohérence avec les priorités et les besoins de la population locale. Les
organes délibérants sont chargés de suivre l’exécution du budget des CTD tout au long de
l’année. Ils examinent régulièrement les rapports financiers et les comptes rendus d’exécution
budgétaire pour évaluer la réalisation des objectifs fixés et pour détecter d’éventuelles
irrégularités ou anomalies. Les organes délibérants exercent un contrôle sur les dépenses
engagées par l’exécutif local. Ils veillent à ce que les dépenses soient effectuées
conformément aux priorités établies dans le budget approuvé et qu’elles respectent les règles
et les procédures en vigueur. Les organes délibérants peuvent décider de réaliser des audits ou
des évaluations spécifiques sur certains aspects de la gestion financière de la CTD. L’exigence
de Ces audits permettent de vérifier la conformité aux normes comptables et aux règlements
en vigueur, ainsi que d’identifier les domaines nécessitant des améliorations.
L’article 105 de la loi no 2009/011 du 10 juillet 2009 ajoute en effet que « l’organe
délibérant peut constituer des commissions ad hoc sur des sujet intéressant la gestion
financière de la collectivité territoriale, les rapports de cette commission, sont soumis à
l’appréciation de l’organe délibérant141 ».
De ce qui précède, l’on peut retenir que les organes délibérants directement désignés
par le peuple jouent un rôle majeur dans la prise de décisions ayant une incidence budgétaire,
mais ceux désignés indirectement par le peuple exercent également des missions budgétaires.
141
Art. 105 de la loi no 2009/011 du 10 juillet 2009 portant régime financier des collectivités territoriales
décentralisées.
142
Voir Art. 200 (1) de la loi portant CGCTD.
143
Art. 275 (2) de la loi portant CGCTD.
39
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
indirect et les représentants du commandement traditionnel élus par leurs pairs144. Elles
s’assurent que toutes les opérations financières respectent les lois et règlements en vigueur,
ainsi que les directives budgétaires adoptées par l’organe délibérant. Cela inclut la vérification
des procédures de passation des marchés publics, la conformité des dépenses aux
autorisations budgétaires, et la régularité des recettes. Les commissions évaluent également
l’efficacité et l’efficience de l’utilisation des fonds publics, en analysant si les objectifs
budgétaires sont atteints et si les ressources sont utilisées de manière optimale.
144
Ibid., Art. 275 (3).
40
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Outre le contrôle par les organes internes des CTD qui permet de prévenir les
irrégularités, les fraudes et les inefficacités dans l’utilisation des fonds publics au niveau local,
le contrôle effectué par les organes externes des CTD est d’une importance capitale pour
renforcer le cadre institutionnel non juridictionnel. Ce contrôle inclut d’une part, le contrôle
diligenté par les organes dépendant de la Présidence (Paragraphe I) et d’autre part, le
contrôle effectué par le contrôleur financier (Paragraphe II) en tant qu’organe dépendant du
MINFI.
Leur action vise à garantir une gestion financière transparente, efficace et responsable
au niveau local, contribuant ainsi à renforcer la bonne gouvernance et la confiance des
citoyens au sein des CTD.
145
L’article 2 (1) du décret no 2013/287 du 04 septembre 2013 portant organisation des services du Contrôle
supérieur de l’État dispose à cet effet que : « Les services du Contrôle supérieur de l’État constituent l’institution
supérieure de contrôle des finances publiques (ISC) du Cameroun. Ils sont chargés de l’audit externe (…) ».
41
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Est considérée comme irrégularité au sens de la présente loi, toute faute commise
préjudiciable à la puissance publique, ne ressortissant pas nécessairement de la compétence
des tribunaux répressifs ou de commerce. Le CONSUPE interagit aussi en amont de la
gestion des structures auditées en vue du renforcement des capacités des managers et du
146
BAKITI BA MBOG BINYET (Joseph Olivier), « Effet de l’action du contrôle supérieur de l’État sur l’offre
des services publics au Cameroun », ASJ, no 8, Vol. 3, 2021, pp. 157 – 186, p. 161.
147
Ibid.
148
Telle est la teneur de l’article 2 (2) du décret no 2013/287 du 04 septembre 2013 portant organisation des
services du Contrôle supérieur de l’État qui dispose que : « Les services du Contrôle supérieur de l’État peuvent,
sur instruction du Président de la République, effectuer des contrôles spécifiques auprès des organismes privés
poursuivant un objet ayant un lien avec le service public, et présentant un caractère stratégique pour l’économie
ou la défense nationale ».
42
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Au Cameroun, le contrôle de l’exécution du budget des CTD est également assuré par
le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière. Ce conseil est chargé de veiller à la
régularité des opérations financières et comptables des CTD, en garantissant notamment le
respect des règles budgétaires et financières établies.
Le CDBF peut être saisi pour examiner des cas de non-conformité aux règles
budgétaires, de mauvaise gestion financière ou d’autres infractions relevant de sa compétence.
Il peut alors mener des enquêtes, prendre des mesures correctives et, recommander des
sanctions en cas de manquements avérés151. En collaboration avec d’autres organes, le CDBF
149
BAKITI BA MBOG BINYET (Joseph Olivier), « Effet de l’action du contrôle supérieur de l’État sur l’offre
des services publics au Cameroun », op.cit., p. 162.
150
Tel est l’objet de l’article 2 (3) du décret no 2013/287 du 04 septembre 2013 portant organisation des services
du Contrôle supérieur de l’État qui dispose que : « Dans l’exercice de leurs attributions, les services du Contrôle
supérieur de l’État effectuent :
- Un contrôle de conformité et de régularité ;
- Un contrôle financier ;
- Un contrôle de performance ;
- Un contrôle de l’environnement ;
- Un contrôle des systèmes d’information. ».
151
Telle est l’esprit de l’article 1 er (1) du décret no 97/049 du 5 mars 1997 portant organisation et fonctionnement
du Conseil de Discipline Budgétaire et Financière qui dispose que : « Le Conseil de Discipline Budgétaire et
Financière est chargé de la sanction des responsabilités des ordonnateurs et gestionnaires des crédits publics et
entreprises publiques. À ce titre, il sanctionne les irrégularités et fautes de gestion commises par :
43
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
contribue à renforcer le dispositif global de contrôle administratif visant à assurer une gestion
transparente, légale et efficace des ressources publiques par les CTD au Cameroun. Son action
est essentielle pour promouvoir la responsabilité et la bonne gouvernance au niveau local.
Le CDBF peut exercer des actions conjoncturelles avec les juridictions répressives au
Cameroun dans le cadre du contrôle de l’exécution du budget des CTD. Cette collaboration
vise à garantir que les infractions détectées lors des enquêtes menées par le CDBF soient
traitées de manière appropriée sur le plan judiciaire152.
- Les ordonnateurs et gestionnaires de crédits de l’État, les collectivités territoriales décentralisées, des
entreprises et organismes publics ou parapublics et toute autre personne agissant en cette qualité ;
- Les commissaires aux comptes, censeurs et commissaires du Gouvernement auprès des entreprises
publiques et toute autre personne agissant en cette qualité. ».
152
Le CDBF peut exercer une action conjoncturelle avec les juridictions répressives. C’est d’ailleurs le sens de
l’article 18 (3) du décret no 97/049 du 5 mars 1997 portant organisation et fonctionnement du Conseil de
Discipline Budgétaire et Financière qui dispose que : « Si l’instruction fait apparaître des faits susceptibles
d’être qualifiés de crimes ou délits, le Président du Conseil transmet le dossier à l’autorité judiciaire
compétente. Cette transmission vaut plainte au nom de l’État, de la collectivité publique ou de l’entreprise
concernée contre le mis en cause ».
44
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Le contrôleur financier est nommé par le Ministre des finances auprès des
ordonnateurs. Il est chargé d’effectuer un contrôle a priori sur la liasse de chaque opération
financière de recettes ou de dépenses pour s’assurer de la conformité au budget et à la
règlementation en vigueur.
C’est une innovation dans la loi no 2018/012 du 11 juillet 2018154 : il a existé des
contrôleurs en droit financier camerounais dans le cadre des décrets, mais aucune loi portant
droit financier ne faisait mention de leur substance jusqu’à ce dernier texte.
153
Tel est l’esprit de l’article 115 alinéa 1er du décret no 2020/375 du 07 juillet 2020 portant règlement général de
la comptabilité publique qui dispose à cet effet que : « un contrôleur financier est nommé auprès des
ordonnateurs principaux, ainsi qu’auprès des ordonnateurs secondaires placés à la tête des services
déconcentrés ».
154
Loi no 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État et d’autres entités publiques.
45
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Partis du cadre général de la gestion des finances publiques, du rôle et des modalités
d’intervention du contrôleur financier dans la chaîne PPBS ( Planification – Programmation –
Budgétisation – Suivi/Évaluation), de son rôle dans la contractualisation publique, son devoir
de maîtrise de la Nomenclature Budgétaire de l’État en passant par des procédures budgétaires
et le reporting des activités du CF, les travaux initiés par la Division du Contrôle Budgétaire,
de l’Audit et de la Qualité de la dépense ont également porté l’attention du CF sur la place des
impôts et taxes dans les procédures budgétaires.
En tant qu’agent désigné par le ministre des finances pour garantir en ses lieux et
place, l’orthodoxie dans l’exécution des budgets publics à travers des avis et visas, le
contrôleur financier, assure à cet effet, la centralisation des opérations budgétaires des
ordonnateurs auprès desquels il est placé, par une bonne tenue des fiches de suivi des
engagements et des ordonnancements155. Une action vaste enrobée de règles déontologiques
spécifiques avec pour socle des normes internationales et nationales156. Il s’agit des règles
déontologiques de l’INTOSAI s’adressant aux contrôleurs du secteur public157. Des règles
respectivement édictées par les normes ISSAI 130 et ISSAI 140. D’un autre côté, il s’agit de
la loi no 2018/011 du 11 juillet 2018 portant code de transparence et de bonne gouvernance en
130
« Le contrôleur financier : juge de la régularité et acteur essentiel dans la chaîne d’exécution du budget de
l’État », Disponible en ligne sur https://www.dgb.cm/le-controleur-financier-juge-de-la-regularite-et-acteur-
essentiel-dans-la-chaine-dexecution-du-budget-de-letat, op.cit.
156
Ibid.
132
Idem.
46
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
158
son article 52 (1) . Ainsi, le contrôleur financier a pour mission d’apposer son visa
budgétaire159 préalable à l’exécution de toute dépense publique. L’absence de visa du
contrôleur financier est un cas de suspension absolue de paiement pour le receveur municipal.
Le délai prévu pour l’apposition dudit visa est de 72 heures. Ce principe peut être atténué
lorsque ce dernier a adressé une demande d’informations ou de documents complémentaires.
Dans ce cas, le délai est suspendu jusqu’à la production des informations et documents
sollicités.
Sous peine d’être taxé de fantaisiste, le refus de visa doit être motivé. Il faut noter que
si le visa du contrôleur financier ne peut être outrepassé que sur l’autorisation du ministre des
finances160 (visa budgétaire préalable, visa de validation, accord pur et simple du visa, visa
avec observation, visa de réserve…), son avis quant à lui prend la forme d’une lettre motivée
qui ne lie pas l’ordonnateur et n’a aucun effet contraignant dans la gestion quotidienne.
Concernant par exemple l’apposition du visa relativement à la question des impôts et taxes
locaux dans les procédures budgétaires, il est convenu que les outils de sécurisation des
recettes fiscales, la maîtrise des règles fiscales par les acteurs de la chaîne de la dépense
représentent un enjeu majeur pour la bonne exécution du budget des collectivités territoriales
décentralisées. Ceci exige la vigilance de la part des contrôleurs financiers dans les
procédures de liquidation et de retenues des impôts et taxes sur l’ensemble des actes dont ils
sont appelés à contrôler la régularité, ainsi que la conformité. Ainsi, le contrôleur financier
exerce un contrôle a priori161 et un contrôle a posteriori162 des opérations budgétaires.
133
L’article 52 alinéa 1er de la loi no 2018/011 du 11 juillet 2018 portant code de transparence et de bonne
gouvernance dans la gestion des finances publiques au Cameroun dispose à ce titre que, « Les obligations des
agents de l’État sont régies par des règles déontologiques claires et largement connues de tous ».
159
Telle est la teneur de l’article 70 alinéa 2 de la loi no 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de
l’État et des autres entités publiques qui dispose que : « le contrôleur financier est chargé des contrôles a priori
par l’apposition d’un visa préalable des opérations budgétaires, les propositions d’acte de dépense qui luis sont
transmises par le ministre ou ses ordonnateurs délégués selon les modalités définies par le ministre chargé des
finances ».
160
Tel est le sens de l’article 70 alinéa 3 du même texte qui dispose que : « il ne peut être passé outre au refus de
visa que sur autorisation écrite du Ministre chargé des finances. Dans ce cas, la responsabilité du Ministre
chargé des finances se substitue à celle du Contrôleur Financier ».
161
Tel est l’objet de l’article 116 alinéa 1er du décret no 2020/375 du 07 juillet 2020 portant règlement général de
la comptabilité publique qui dispose que : « les contrôles a priori exercés par les contrôleurs financiers portent
sur les opérations budgétaires. Tous les projets d’actes des ordonnateurs portant engagement de dépenses,
notamment les marchés publics ou contrats, baux administratifs, arrêtés, mesures ou décisions émanant d’un
ordonnateur, sont soumis au visa préalable du contrôleur financier ».
162
Voir l’article 119 alinéa 1er du même texte, qui dispose que : « les contrôles a posteriori sont inopinés ou non,
sur pièces ou sur place, sur les actes des ordonnateurs et des comptables. Ces contrôles ont pour objet de
vérifier la bonne application des lois et règlements en vigueur en matière de gestion des finances publiques ».
47
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Il faut par ailleurs mettre en exergue la nécessité d’une remontée de données fiables et
leur archivage qui s’alignent désormais au système de dématérialisation des supports
physiques, l’archivage électronique de supports de la dépense, leur uniformisation et la
sécurisation desdites données163. Toute chose qui concourt à relever qu’en tant qu’acteur
d’exécution du budget, le contrôleur financier doit connaître toutes les procédures, afin de
mieux assurer d’une part le contrôle des dépenses engagées, et de bien exercer d’autre part,
ses fonctions de centralisateur des opérations budgétaires, d’informateur du ministre au
travers du reporting.
Son action devrait permettre un meilleur suivi des positions des personnels de l’État
dans les ministères, les Établissements publics et les CTD, en vue de l’assainissement du
fichier de solde165. À ce titre, le CF joue un rôle crucial dans la supervision des paiements de
solde et des pensions.
163
« Le contrôleur financier : juge de la régularité et acteur essentiel dans la chaîne d’exécution du budget de
l’État », op.cit.
164
Ibid.
165
Idem.
48
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
CONCLUSION DU CHAPITRE I
49
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
50
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Les juridictions inférieures jouent un rôle essentiel mais souvent sous-estimé dans le
cadre du contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun. Ces juridictions
comprennent principalement les juridictions de premier degré (A), et le Tribunal criminel
spécial (B), chargées de protéger la fortune publique au niveau local.
166
L’article 133 (1) du code du travail dispose que : « Les tribunaux statuant en matière sociale se composent :
d’un magistrat, président ; d’un assesseur employeur et d’un assesseur travailleur choisis parmi ceux figurant sur
les listes établies conformément à l’article 134 ; d’un greffier ».
167
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », in Répertoire quinquennal
OHADA, 2006 – 2010, pp. 93 – 122, p. 98.
168
Ibid.
169
Idem.
51
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Autrement dit, en matière pénale, le TPI est compétent pour le jugement des
infractions qualifiées de délits ou de contraventions, des demandes de mise en liberté formées
par toute personne détenue et poursuivie devant lui, pour une infraction de sa compétence ; il
statue aussi en matière de délinquance juvénile, pour des crimes commis par des mineurs sans
coauteur ou complice majeur170.
Tout comme l’organisation du TPI, celle du Tribunal de Grande Instance a été revue
par la nouvelle loi portant organisation judiciaire du Cameroun en ses articles 16 et suivants.
L’article 17 de la loi no 2006/015 du 29 décembre 2006 dispose que : « Le Tribunal de Grande
Instance comprend : Au siège : un Président, un ou plusieurs juges, un greffier en chef, des
greffiers ; À l’instruction : un ou plusieurs juges d’instruction, un plusieurs greffiers ; Au
parquet : un Procureur de la République, un ou plusieurs substituts du procureur de la
République. ».
Le Président, les juges d’instruction, les juges, les greffiers en chef, les greffiers du
TPI du siège d’un TGI peuvent cumulativement avec leurs fonctions respectives être nommés
aux mêmes fonctions au TGI171.
Toute affaire soumise au TGI est jugée par un seul magistrat ; toutefois, le tribunal
peut siéger en formation collégiale composée de trois membres, sur ordonnance du Président
prise d’office ou sur réquisitions du ministère public ou à la requête d’une partie.
Exceptionnellement, en matière sociale, le TGI est composé conformément aux dispositions
du code du travail.
170
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », op.cit., p. 98.
171
Ibid.
52
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
En matière pénale, le TGI est compétent pour des crimes et délits connexes, les
demandes de mise en liberté formées par toute personne détenue et renvoyée devant lui, pour
toute infraction relevant de sa compétence.
Bien que les juridictions de premier degré soient compétentes de certaines infractions
tendant à vicier la bonne exécution du budget des CTD, il n’en demeure pas moins de mener
une analyse su le tribunal criminel spécial, qui lui aussi, contribue à la protection de la fortune
publique.
L’évocation de son nom seul fait sursauter bon nombre de gestionnaires des fonds
publics. Le Tribunal criminel spécial, est devenu un véritable cauchemar pour certains hauts
cadres de l’administration. On se souvient pourtant qu’à sa création, une bonne tranche de la
population ne vendait pas cher la peau de cette juridiction, au regard de nombreuses critiques
dont elle avait fait l’objet. L’un des reproches que les citoyens faisaient à ce tribunal était la
discrimination basée sur le critère financier175. Aux termes de la loi mettant sur pied le TCS en
effet, ne sont justiciables de cette juridiction que les justiciables suspectés d’avoir détourné les
derniers publics à hauteur de cinquante millions (50 000 000) de FCFA au moins. Ceux au
passif de qui sont mis des atteintes à la fortune publique inférieures à ce montant ne méritent
pas l’attention du TCS. C’est le TGI et le TPI qui sont compétents pour juger ces « petits »
présumés voleurs.
172
Idem.
173
Idem.
174
Idem.
175
TAKAM (Dieudonné), « Le Tribunal criminel spécial au Cameroun », Disponible en ligne sur
https://www.cabinettakam.com/index.php/le-cabinet//publications/165-le-tribunal-criminel-special-au-cameroun,
Consulté jeudi le 6 juin 2024 à 20h17 min.
53
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Avant l’entrée en vigueur de la loi instituant le TCS, toutes les affaires inhérentes aux
indélicatesses avec la gestion de la fortune publique relevaient de plein droit de la compétence
du TGI176. Certains n’ont pas compris où se trouvait la nécessité de créer un autre tribunal
pour lutter contre les détournements de derniers publics. D’autres estimant que si l’efficacité
de la protection des biens publics passait par la naissance d’une juridiction spéciale, il fallait
alors que tous les cas de malversations financières publiques soient renvoyés devant cette
nouvelle juridiction177. L’une des particularités du TCS est qu’il s’agit d’un tribunal statuant
en premier et en dernier ressort. Ce qui signifie que ses jugements sont sans appel. Autrement
dit, lorsque le TCS a rendu une décision, aucune voie de recours ordinaire n’est possible178.
Ce qui constitue le principal reproche que bon nombre de spécialistes du droit pénal, et
notamment les Avocats, font à cette juridiction. Dans l’ordonnancement juridique classique en
effet, toute décision rendue par un tribunal doit pouvoir normalement faire l’objet d’appel.
Cette voie de recours fondamentale en droit permet à celui qui, étant partie au procès, n’est
pas satisfait du jugement rendu par le tribunal de porter l’affaire devant la Cour d’Appel
territorialement compétente. C’est ce qu’on appelle le principe du double degré de
juridiction179.
En vertu de ce principe, l’affaire portée devant la juridiction d’appel, qui est une
juridiction supérieure au tribunal, est à nouveau examinée, afin de voir si l’appel est fondé ou
non. Avec cette particularité, qu’en appel, le dossier est jugé par les magistrats ayant plus
d’expérience que ceux officiant au tribunal. Et non pas par un seul juge, mais par un collège
d’au moins trois juges. Ce qui diminue sensiblement les risques d’erreurs judiciaires180. Et
c’est probablement conscient de la réalité de ce risque que le législateur camerounais a prévu
dans la loi régissant le TCS que toutes les affaires y soient jugées en collégialité. Étant
entendu qu’après le verdict, aucun appel n’est recevable.
Que faire donc si l’on n’est pas satisfait d’un jugement prononcé par le Tribunal
criminel spécial ?
176
TAKAM (Dieudonné), « Le Tribunal criminel spécial au Cameroun », op.cit.
177
Ibid.
178
Idem.
179
Idem.
180
Idem.
54
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Compte tenu du principe de double degré de juridiction, il ressort que les parties
déboutées insatisfaites des jugements rendus par les juridictions inférieures, peuvent soit faire
appel, soit pourvoir devant les juridictions supérieures.
A – La Cour d’appel
La Cour d’appel est une juridiction supérieure devant laquelle, peuvent être contestés
des jugements rendus par les juridictions inférieures à l’occasion des infractions constatées
lors du contrôle de l’exécution du budget des CTD.
Il existe actuellement sur le territoire camerounais dix Cours d’appel calquées sur
l’organisation administrative par régions. Une Cour d’appel est créée au niveau de chaque
région et a son siège au Chef – lieu de la région182.
181
TAKAM (Dieudonné), « Le Tribunal criminel spécial au Cameroun », op.cit.
182
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », op.cit., p. 103.
55
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Pour exercer ses attributions, la Cour d’appel peut désormais revêtir deux formations :
les chambres et l’assemblé.
La Cour d’appel est matériellement compétente pour statuer sur les appels à l’encontre
des décisions rendues par les juridictions de premier degré184, les appels formés contre les
ordonnances du juge d’instruction, le contentieux de l’exécution de ses décisions et sur tout
autre cas prévu par la loi. La Cour d’appel est également compétente pour statuer, par renvoi
de la Cour suprême sur les arrêts ayant fait l’objet de cassation. Ces arrêts peuvent porter sur
des litiges de droit moderne ou de droit traditionnel. Sur le plan territorial, la Cour d’appel est
compétente à l’égard de tous les tribunaux qui ont leur siège dans son ressort. Les décisions
rendues par les Cour d’appel peuvent faire l’objet d’un pourvoi devant la Cour suprême.
B – La Cour suprême
La Cour suprême est la plus haute juridiction du Cameroun qui statue sur les décisions
qui peuvent avoir une dimension financière, rendues par la Cour d’appel185. Son siège est à
Yaoundé, la capitale du Cameroun et son ressort couvre tout le territoire de la République.
L’organisation et le fonctionnement de la Cour suprême sont désormais fixés par la loi de
2006. À ce titre, il convient d’examiner d’une part sa composition et d’autre part, ses
compétences.
183
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », op.cit., p. 103.
184
Tribunal de première instance, tribunal de grande instance, tribunal de premier degré, tribunal coutumier,
« Alkali courts » et « customary courts ».
185
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », ibid., p. 104.
56
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Par ailleurs, la Cour suprême comprend une chambre judiciaire, une chambre
administrative, une chambre des comptes, une formation des chambres réunies, une assemblée
générale, un bureau, un secrétaire général, un greffe186. Chaque chambre comprend des
sections et une formation de sections réunies. En outre, chaque chambre est composée d’un
président, de conseillers, d’un ou de plusieurs avocats généraux, d’un greffier en chef, des
greffiers. Toutefois, chacune de ces chambres à également une composition propre187.
De manière générale, la Cour suprême statue sur des pourvois formés à l’encontre des
décisions entachées d’incompétence, de la dénaturation des faits de la cause ou des pièces de
la procédure, du défaut, de la contradiction ou de l’insuffisance des motifs, du vice de forme,
de la violation de la loi, de la non réponse aux conclusions des parties ou aux réquisitions du
ministère public, de détournement de pouvoir, de la violation d’un principe général du droit et
du non – respect de la jurisprudence de la Cour suprême ayant statué en Sections Réunies
d’une chambre ou en Chambres Réunies188.
De manière spécifique, les trois chambres de la Cour suprême ont chacune une
compétence qui lui est propre189. La chambre judiciaire est compétente pour connaître190 :
Des décisions rendues en dernier ressort par les Cours et tribunaux en matière civile,
commerciale, pénale, sociale et de droit traditionnel ;
Des actes juridictionnels émanant des juridictions inférieures et définitifs, dans tous les
cas où l’application du droit est en cause ;
De toute autre matière qui lui est expressément attribuée par la loi191.
186
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », op.cit.
187
Ibid.
188
Art. 35 de la loi no 2006/016 du 29 décembre 2016 fixant l’organisation et le fonctionnement de la Cour
suprême.
189
Sur les compétences des chambres administratives et de comptes, voir plus loin.
190
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », ibid., p. 105.
57
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Même si les juridictions de droit commun sont effectives, leur efficacité demeure
limitée en raison de l’effectivité partielle des juridictions financières.
191
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », op.cit.
58
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
D’après l’article 3 de la loi no 2006/017, le tribunal régional des comptes est composé :
En ce qui concerne sa compétence, elle est aussi bien territoriale que matérielle.
Relativement à sa compétence territoriale, d’après l’article 2 alinéa 2 de la loi no 2006/017, il
est créé un tribunal régional des comptes par région et son siège est fixé au Chef – lieu de
ladite région. Toutefois, suivant les nécessités de service, le ressort d’un TRC peut être étendu
à plusieurs régions193.
Pour ce qui est de sa compétence matérielle, il ressort à l’article 9 de la loi précitée que
le TRC est compétent194 pour contrôler et statuer sur les comptes publics des collectivités
territoriales décentralisées de son ressort et de leurs établissements publics ; il est également
compétent pour connaître des comptes qui lui sont attribués par la chambre des comptes de la
Cour suprême ; enfin, il connaît de toute autre matière qui lui est expressément attribuée par
la loi195.
Autrement dit, Le contrôle de l’exécution du budget des CTD par les TRC repose sur
un cadre juridique rigoureux. Ce cadre est défini par plusieurs textes législatifs dont la
Constitution et les lois spécifiques sur le régime financier des CTD, qui établissent des règles
de transparence et de responsabilité financière. Les TRC ont été institués pour s’assurer que
les comptes publics des CTD sont gérés de manière régulière et sincère, contribuant ainsi à
une meilleure gouvernance locale.
Les TRC jouent un rôle central en tant que juridictions inférieures, dans ce processus
en examinant et en jugeant les comptes des CTD. Leur mission inclut la vérification de la
192
L’article 41 de la Constitution camerounaise du 18 janvier 1996 dispose à cet effet que : « (…) Elle statue
souverainement sur les décisions rendues en dernier ressort par les juridictions inférieures des comptes… ».
193
KALIEU ELONGO (Yvette Rachel), « Organisation judiciaire du Cameroun », op.cit., p. 114.
194
Sous réserve des attributions de la chambre des comptes.
195
Ibid., p. 114.
59
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
régularité des comptes, l’évaluation de la gestion des comptables publics, et la sanction des
irrégularités. C’est dans cette perspective que les comptabilités de fait sont, outre
l’administration, l’audit interne ou externe, l’audit de l’Institution Supérieure de Contrôle des
Finances Publiques, découvertes par le tribunal régional des comptes196.
Les procédures de contrôle commencent par la transmission des comptes annuels des
CTD aux TRC, suivi d’un examen préliminaire pour vérifier leur complétude. Les comptes
sont ensuite instruits en détail, avec des auditions et des enquêtes complémentaires si
nécessaire. Les TRC délibèrent ensuite sur les comptes et rendent des jugements 197 qui
peuvent inclure des recommandations ou des sanctions198. Ce processus détaillé garantit que
chaque étape de la gestion financière des CTD est scrutée et corrigée si besoin.
Tout comme les tribunaux régionaux des comptes, la Cour des comptes, juridictions
financière prescrite par la directive CEMAC de 2011 est jusqu’à nos jours non effective sur le
territoire camerounais, pour apporter son expertise dans le cadre du contrôle budgétaire.
196
Telle est la teneur de l’article 29 (1) de la loi no 2006/017 du 29 décembre 2017 fixant l’organisation, les
attributions et le fonctionnement des tribunaux régionaux des comptes qui martèle en fait que : « Les
comptabilités de fait sont découvertes, soit par l’administration, soit par un audit interne ou externe, soit par
une mission d’audit de l’Institution de Contrôle Supérieure des Finances Publiques, soit par le Tribunal
Régional des Comptes ».
197
En tant que juridiction inférieure, juridiction financière de premier degré, le tribunal régional des comptes
rend des jugements qui peuvent être provisoires ou définitifs conformément à la loi n o 2006/017 du 29 décembre
2017 fixant l’organisation, les attributions et le fonctionnement des tribunaux régionaux des comptes.
198
Ainsi, le comptable public peut être l’objet de la sanction des responsabilités comme l’indique l’article 35 (1)
de la loi no 2006/017 du 29 décembre 2017 fixant l’organisation, les attributions et le fonctionnement des
tribunaux régionaux des comptes dispose à cet effet que : « Le comptable public est présumé responsable
personnellement et pécuniairement :
- des défauts comptables constatés dans ses comptes ;
- de l’exercice des contrôles par la loi et les règlements ;
- du recouvrement des recettes et du paiement des dépenses régulièrement justifiées ;
- de la conservation des fonds et valeurs ;
- du maniement des fonds et mouvements de disponibilités ;
- de la tenue de la comptabilité de son poste. ».
199
Cité par BUISSON (Jacques), Finances publiques, Dalloz (15e éd.), 2012, p. 3.
60
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
puissent jouer un rôle appréciable dans l’ancrage institutionnel des principes de contrôle des
finances publiques200. C’est dans cette optique que le législateur communautaire a instauré
des mécanismes de surveillance multilatérale des politiques budgétaires aux niveaux de la
CEMAC201 et de l’UE. Faisant spécifiquement sienne la suggestion de (J.M) BRETON, le
législateur communautaire CEMAC adopta deux générations de directives en matière de
finances publiques. Les directives de première génération sont adoptées en 2008. L’adoption
des directives de la seconde génération interviennent en 2011 pour remédier aux incohérences
et insuffisances de celles de 2008 susvisées, et les abroger. Ces directives de 2011 prises en
exécution de celle portant Code de transparence adoptée le 19 décembre 2011, sont au nombre
de cinq (5) :
La directive CEMAC de 2011 relative aux lois des finances, compte tenu des
innovations remarquables qu’elle recèle, aura particulièrement retenu l’attention de l’opinion
publique nationale203. Sans être exhaustif, ces innovations sont : le renforcement du contrôle
parlementaire des derniers publics, la consécration du budget programme, la démocratisation
200
OUEDRAOGO (Djibrihina), L’autonomisation des juridictions financières dans l’espace UEMOA : Étude
sur l’évolution des Cours de comptes, Thèse pour le doctorat, Université de Montesquieu de Bordeaux IV, p. 43.
201
Pour des développements sur la question, lire (Daniel) AVOM et (Désiré) GBETNKOM, « La surveillance
multilatérale des politiques budgétaires dans la zone CEMAC : bilan et perspectives », Monde et développement,
no 123, 2003, pp. 107 – 125.
202
DIARRA (Éloi), « Pour un observatoire des finances publiques africaines », Afrilex, p. 2.
203
KOUA (Samuel Éric), « La prescription de la CEMAC pour la création d’une Cour des comptes : le cas du
Cameroun », G&FP, 2020/6 no 6, pp. 113 – 122., p. 114.
61
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Afin que nul n’en ignore, on entend par ISC, l’organe de nature juridictionnelle ou
non, indépendant et autonome des trois pouvoirs, qui, au sein d’un État, assure au niveau le
plus élevé le contrôle de la gestion des finances publiques, et coordonne l’activité des autres
organes de contrôle. Pour faire bref, « Les ISC sont des organes supérieurs qui veillent à ce
que les actes financiers de l’administration fassent l’objet de suivi selon les normes
comptables »205. Traditionnellement, chaque État a le droit de choisir librement sa forme
d’ISC. C’est pourquoi il existe une diversité d’ISC dans le monde. La nature de l’ISC peut
varier d’une culture juridique à l’autre. Classiquement, la doctrine distingue trois modèles
d’ISC : le modèle juridictionnel ou latino206, le modèle anglo-saxon207 et le modèle allemand
(mixte)208. En marge de ces trois modèles précités, il existe le modèle administratif en vigueur
notamment au Cuba, au Mali et au Cameroun. Ici, ce sont les services du
CONSUPE209/l’inspection générale de l’État qui tiennent lieu d’ISC.
Parallèlement à ces considérations, l’État de droit et la démocratie constituent les
prémisses essentielles pour le contrôle indépendant des finances publiques210. Toute ISC ne
peut prétendre être du niveau, que si elle est consacrée par une législation. L’existence
204
KOUA (Samuel Éric), « La prescription de la CEMAC pour la création d’une Cour des comptes : le cas du
Cameroun », op.cit.
205
GONZALE (B), ALLII, « Les ISC et leurs stratégies de communication », RISA, no 3, Vol. 4, 2008, p. 463.
206
Qui a pour ISC la Cour des comptes. Pratiquent ce modèle, la France, l’Espagne, le Portugal, le Bre2sil et la
plupart des États francophones d’Afrique, etc.
207
Ici, l’ISC renvoie à un organe généralement rattaché au parlement, mais vis-à-vis duquel il est inde2pendant.
Comme exemples d’ISC relevant de ce modèle, on peut citer : le National Audit Office (NAO) en Angleterre, le
Vérificateur Général au Canada, Le Government Accountability Office (GAO) en Corée du Nord, l’Office
National d’Audit en Chine et l’Auditeur Général en Inde.
208
Modèle mixte en ce qu’il combine des éléments d’ordre administratif et juridictionnel. Comme les juges
fédéraux allemands, ses membres sont nommés à vie.
209
Au Cameroun, les services CONSUPE tiennent lieu d’ISC. Tel est l’objet de l’article 2 alinéa 1 er du décret no
2013/287 du 04 septembre 2013 portant organisation des services du Contrôle supérieur de l’État qui dispose
que « les services du Contrôle supérieur de l’État constituent l’institution supérieure de contrôle des finances
publiques (ISC) du Cameroun. Ils sont chargés de l’audit externe ».
210
Déclaration de Lima cité par BATIA EKASSI Sandrine dans sa thèse de doctorat,
62
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
En ce qui concerne les missions juridictionnelles, il faut noter que la Cour assurera le
jugement et l’apurement des comptes publics, et sanctionnera les irrégularités constatées
durant ses investigations sur le compte apuré215. Selon DESHEEMAEKER, pour la Cour,
juger un compte c’est vérifier que le comptable public a rempli correctement sa tâche216.
211
NGUELE ABADA (Marcellin), État de droit et démocratie : Contribution à l’étude de l’évolution politique et
constitutionnelle au Cameroun, Thèse de doctorat en Droit Public (NR), Université de Paris 1 – Panthéon
Sorbonne, janvier 1995, p. 4. (Une définition usuelle de l’État de droit entendu comme « soumission de l’État au
droit »), cité par BATIA EKASSI Sandrine, p. 46.
212
Art. 3 de la Section 5 de la déclaration de Lima, p. 7. Citée par BATIA EKASSI Sandrine.
213
BATIA EKASSI (Sandrine), L’Institution supérieure de contrôle des finances publiques au Cameroun, Thèse
de doctorat en Droit Public, Université de Yaoundé II, 2015 – 2016, p. 46.
214
Ibid.
215
KOUA (Samuel Éric), « La prescription de la CEMAC pour la création d’une Cour des comptes : le cas du
Cameroun », op.cit., p. 114.
216
DESHEEMAEKER (Christian), « Changer les procédures juridictionnelles de la Cour : une réforme attendue
et de grande ampleur », G&FP, no 10, octobre 2009, p. 700.
217
Les sanctions dont ils sont passibles devant cette Cour sont : les déchéances et les amendes (débets).
63
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
A contrario, des procédures contentieuses des autres juridictions, il n’y a pas de débat
contradictoire dans le contentieux devant le juge des comptes. Quoi qu’il en soit, après avoir
jugé le compte, la Cour sous analyse, rendra un arrêt déclarant le compte contrôlé quitte, en
avance ou en débet.
Fait notable, la Cour des comptes, objet de cette étude, est compétente pour contrôler y
compris au plan juridictionnel les ordonnateurs219, et sanctionner les fautes de gestions
commises par ceux-ci220. De la sorte, elle s’éloigne de la Cour des comptes française et de
l’actuelle Chambre des comptes de la Cour suprême du Cameroun, qui ne peuvent contrôler
au sens juridictionnel du terme les ordonnateurs, ni sanctionner les fautes de gestions
commises par eux. En France, ces fautes sont sanctionnées par la Cour de discipline
budgétaire et financière. Au Cameroun, si la loi portant régime financier de l’État précitée, à
travers son article 76, élargit la compétence de ladite chambre en lui permettant notamment de
juger les fautes de gestion des ordonnateurs, en l’état actuel de la pratique du contrôle de
l’exécution du budget dans ce pays, réprimées par le CDBF221.
C’est dire que la Cour des comptes prescrite au par le législateur CEMAC au États
membres, au plan fonctionnel, s’assimile à une forme de fusion entre la Cour des comptes
française et la Cour de discipline budgétaire et financière de l’hexagone.
218
VACHIC (J – P ), « La sauvegarde des droits de l’hommes en matière de jugement des comptes », in (Dir.
Alexis DIPANDA MOUELLE et Maurice KAMTO), Justice, Procédures juridictionnelles et Protection des
droits de l’homme en Afrique, p. 82.
219
En matière de dépense publique, les ordonnateurs principaux sont : les chefs des départements ministériels et
des institutions constitutionnelles (Sénat, AN, Conseil économique et social, CC, etc.). En matière de recettes, le
Ministre des finances est l’ordonnateur principal de l’État alors que les autres chefs de départements ministériels
sont des ordonnateurs secondaires.
220
Ainsi qu’il ressort de l’article 74 de la Directive no 01/1/11-UEAC-190-CM-22 du 19 décembre 2011 : « Toute
personne appartenant au cabinet d’un membre du gouvernement, tout fonctionnaire ou agent d’un organisme
soumis à un titre quelconque au contrôle de la Cour des comptes et toute personne à qui est reproché un des
faits énumérés à l’article 75 de la présente directive, peut être sanctionné pour faute de gestion ».
221
Fonctionnellement parlant, il est l’équivalent de la Cour de discipline budgétaire et financière au Cameroun.
64
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
La Cour des comptes est avant tout juge de la sincérité des comptes publics222.
Contrairement au juge pénal qui statue in rem et in persona, le juge des comptes se limite à la
stricte appréciation des actes du comptable public. Il ne saurait, lors de l’appréciation de la
responsabilité de ce dernier, tenir compte de sa personnalité au moment où il concevait le
compte scruté. On dit alors que devant le juge des comptes, on a à faire à un contentieux
subjectif223. C’est un truisme, la fonction sanctionnatrice de la Cour sous analyse la
particularise des modèles d’ISC ne relevant pas du modèle latin. En effet, la Cour a le pouvoir
de sanctionner les irrégularités avérées lors de ses investigations sur les comptes à lui déférés.
Or, les modèles d’ISC allemand, anglo-saxon et de type CONSUPE n’ont pas de pouvoir
sanctionnateur. Ils constatent juste des irrégularités et formulent des observations y
afférentes224. À charge pour les organes sanctionnateurs compétents de tirer les conséquences
de droit et de prononcer les sanctions le cas échéant. À titre d’exemple, l’ISC actuelle du
Cameroun (CONSUPE) se limite à la constatation des irrégularités commises, lors de
l’exécution du budget, par les ordonnateurs et autres agents publics hormis les comptables,
dont la responsabilité disciplinaire et financière relève de la compétence de la Chambre de
comptes de la Cour suprême225. Il incombe au CDBF de les sanctionner.
222
Pour Christophe NYOBE NLEND, Chef de la Division de la Magistrature et des greffes à l’ENAM : « Le
juge des comptes est le juge de la sincérité des écritures comptables » (Cours d’Éthique et Déontologie du
Magistrat, (Année académique 2012 – 2013).
223
PHILIP (Loïc), Finances publiques, les dépenses, le droit budgétaire et financier, Paris, Cujas, 2000, p. 353.
224
KOUA (Samuel Éric), « La prescription de la CEMAC pour la création d’une Cour des comptes : le cas du
Cameroun », op.cit., p. 115.
225
Ibid.
226
TOURE (Cheickna), « Le système de contrôle des finances publiques au Mali », Afrilex, no 4, 2004, p. 156.
65
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Elle est considérée comme une juridiction de substitution en raison l’ineffectivité des
tribunaux régionaux des comptes et de la Cour des comptes sur le territoire national.
227
À travers la publication de ses rapports, elle informera les pouvoirs publics et l’opinion nationale sur les
irrégularités commises lors de l’exécution du budget.
228
Il s’agit de l’audit de conformité, de l’audit de performance et de l’audit financier. Ce dernier consiste à
déterminer si les états financiers sont fidèles.
229
À l’instar du compte général de l’État.
230
KOUA (Samuel Éric), « La prescription de la CEMAC pour la création d’une Cour des comptes : le cas du
Cameroun », op.cit., p. 116.
231
Loi no 2003/005 du 21 avril 2003 fixant les attributions, l’organisation et le fonctionnement de la Chambre
des Comptes de la Cour Suprême.
66
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
- Une section de contrôle et de jugement des comptes des comptables des collectivités
territoriales décentralisées et de leurs établissements publics, sous réserve des
attributions dévolues aux juridictions inférieures des comptes ;
- Une section de contrôle et de jugement des comptes des entreprises du secteur public
et parapublic ;
- Une section des pourvois232.
La chambre des Comptes est composée d’un siège, d’un Ministère Public et d’un greffe233.
Les fonctions du Ministère Public sont exercées par le Procureur Général près de la Cour
suprême235.
Le greffe de la chambre des comptes de la Cour suprême comprend : le greffier en
chef de la Chambre des Comptes ; les greffiers des sections ; les greffiers236.
Toutefois, en dehors de son organisation, la Chambre des comptes de la Cour suprême
a également des attributions en matière de contrôle budgétaire d’une manière générale, et
particulièrement le contrôle de l’exécution du budget des CTD.
232
Art. 13 de la loi no 2003/005 du 21 avril 2003 fixant les attributions, l’organisation et le fonctionnement de la
Chambre des Comptes de la Cour Suprême.
233
Art. 14 de la loi no 2003/005 du 21 avril 2003 fixant les attributions, l’organisation et le fonctionnement de la
Chambre des Comptes de la Cour Suprême.
192
Ibid., Art. 15.
235
Loi no 2003/005 du 21 avril 2003 fixant les attributions, l’organisation et le fonctionnement de la Chambre
des Comptes de la Cour Suprême, op.cit., Art. 17.
236
Ibid., Art. 16.
67
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Ceci étant, le cadre juridique est posé par la loi no 2003/005 du 21 avril 2003 relative
aux attributions, l’organisation et le fonctionnement de la Chambre des comptes de la Cour
suprême, précise en substance que la fonction juridictionnelle de contrôle des comptes est son
activité principale239. L’examen de la gestion, autre attribution traditionnellement reconnue à
toute juridiction financière n’est malheureusement pas de son ressort.
237
« La juridiction des comptes : un acteur au service de la sincérité dans la gestion des finances publiques »,
Disponible sur https://rfp.cm/la-juridiction-des-comptes--un-acteur-au-service-de-la-sincerite-dans-la-gestion-
des-finances-publiques/, Consulté vendredi, 7 juin 2024 à 15h42 min.
238
Ibid.
239
Idem.
68
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
La Chambre des comptes en tant que juridiction financière exerçant les missions de
contrôle en lieu et place des tribunaux régionaux des comptes a donc pour mission d’assister
le parlement dans le contrôle de l’exécution de la loi de finances ; de certifier la régularité, la
sincérité et la fidélité du compte général de l’État ; de juger les ordonnateurs, les contrôleurs
financiers et les comptables publics, de contrôler la légalité financière et la conformité
budgétaires de toutes les opérations de dépenses et de recettes de l’État ; d’évaluer
l’économie, l’efficacité et l’efficience de l’emploi des fonds publics au regard des objectifs
fixés, des moyens utilisés et des résultats attendu ainsi que la pertinence et la fiabilité des
méthodes, indicateurs et données permettant de mesurer la performance des politiques et
administrations publiques.
240
« La juridiction des comptes : un acteur au service de la sincérité dans la gestion des finances publiques »,
Disponible sur https://rfp.cm/la-juridiction-des-comptes--un-acteur-au-service-de-la-sincerite-dans-la-gestion-
des-finances-publiques/, op.cit.
241
Ibid.
242
Idem.
69
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
CONCLUSION DU CHAPITRE II
70
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Au terme de cette première partie qui portait sur un contrôle formellement structuré, il
ressort que le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun présente une structure
formelle bien définie, mais qui nécessite des améliorations pour garantir une gestion
financière optimale et transparente. Les dispositifs institutionnels en place, incluant des
organes juridictionnels et des organes non juridictionnels fournissent un cadre juridique et
procédural visant à assurer la reddition de comptes et la discipline budgétaire.
71
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
72
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
73
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
CHAPITRE I : UN CONTRÔLE DE LA
RÉGULARITÉ
Ce qui caractérise les opérations budgétaires en général, c’est l’existence d’un certain
nombre de règles que les acteurs sont tenus de respecter243. Car, l’utilisation des ressources
collectives par les gestionnaires publics élus ou non doit s’inscrire dans le respect rigoureux
de principes et procédures établis et les informations y relatives doivent être portées à la
connaissance du citoyen, aussi bien par ces gestionnaires que par une instance de contrôle
indépendante244. D’ailleurs, le respect des lois est une expression de l’État de droit 245. Le
citoyen ne supporte les prélèvements que s’il a une garantie que les fonds qui se sont
soustraits à sa décision sont utilisés de manière transparente, conforme aux règles de droit et
aux décisions des assemblées délibérantes qui adoptent les budgets 246 : c’est un contrôle de la
régularité.
Ce contrôle met à cet effet en exergue, les dimensions de la régularité (Section I),
ainsi que l’engagement de la responsabilité des agents publics du fait des irrégularités
(Section II).
243
HASSANA (Barnabas), « L’évolution des finalités du contrôle de la dépense publique au regard des nouvelles
réformes de finances publiques camerounaises », IMJST, Vol. 5, no 7, juin 2020, pp. 1227 – 1240, p. 1228.
244
Ibid.
245
Idem.
246
Idem.
74
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
l’utilisation optimale des ressources disponibles pour atteindre des résultats escomptés.
Autrement dit, la régularité implique non seulement la conformité (Paragraphe I), mais aussi
la règle du service fait (Paragraphe II).
Paragraphe I : La conformité
A- La conformité formelle
247
DUTHEILLET DE LAMOTHE (Louis), « Étendu du contrôle de la qualité de l’ordonnateur par le
comptable », G&FP, 2018/4, no 4, pp. 94 – 99, p. 94.
248
Ibid.
75
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Le comptable public doit donc en principe tenir pour légaux les justificatifs qui lui
sont donnés par l’ordonnateur, qu’il s’agisse de normes générales ou de décisions
administratives non règlementaires. Le reste regarde le respect des contrôles prévus par la
nomenclature, ce qui n’interdit pas d’ailleurs au comptable d’interpréter les actes qui lui sont
fournis et de vérifier que les justificatifs sont précis, complets et cohérents.
249
CE, Sect., 1971 – 02 – 05, Ministre de l’économie et des finances c/ Sieur BALME, p. 105, « (…) qu’il
résulte de ces dispositions que les comptables doivent exercer leur contrôle sur la production des justifications
mais alors même qu’il leur appartient, pour apprécier la validité des créances, de donner aux actes
administratifs une interprétation conforme à la règlementation en vigueur, ils n’ont pas le pouvoir de se faire
juges de leur légalité ».
250
HASSANA (Barnabas), « L’évolution des finalités du contrôle de la dépense publique au regard des nouvelles
réformes de finances publiques camerounaises », op.cit., p. 1229.
251
Ibid.
247
« Le contrôleur financier : juge de la régularité et acteur essentiel dans la chaîne d’exécution du budget de
l’État », Disponible en ligne sur https://www.dgb.cm/le-controleur-financier-juge-de-la-regularite-et-acteur-
essentiel-dans-la-chaine-dexecution-du-budget-de-letat, op.cit.
76
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
C’est ainsi que le contrôleur se livre alors à l’examen de la régularité juridique c’est-à-
dire imputation des crédits et disponibilité des crédits. Ici, le contrôle est nécessairement plus
formel que celui exercé au stade de l’engagement de la dépense253. Le contrôleur financier et
comptable qui, sont les principaux intervenants dans le circuit se soucient accessoirement si la
dépense engagée ordonnancée est légale, leur souci premier porte sur l’existence de certaines
pièces précises qui sont des conditions sine qua none de la suite à donner a1 l’opération.
C’est ainsi que le contrôleur vérifie certes la régularité du dossier de l’engagement de
la dépense, de l’accréditation du gestionnaire du crédit, du niveau des prix dans la mercuriale
lorsqu’il s’agit d’un marché public, de l’existence des crédits, mais surtout il assure que les
pièces y relatives sont conformes. Dans d’autres pays, le visa d’engagement de la dépense
publique est une exigence et par conséquence constitue la pièce maîtresse sur laquelle porte le
contrôle financier à cette étape de la dépense du droit commun. Pour ce qui est des
comptables par exemple, ils ne s’attèlent qu’à vérifier les pièces sanctionnant le passage dans
les étapes précédentes d’engagement, de la liquidation et de l’ordonnancement.
Outre la conformité formelle, la régularité budgétaire implique également la
conformité matérielle.
B- La conformité matérielle
253
HASSANA (Barnabas), « L’évolution des finalités du contrôle de la dépense publique au regard des nouvelles
réformes de finances publiques camerounaises », op.cit., p. 1229.
254
Ibid.
255
Idem.
77
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Le droit financier est innervé par un ensemble des règles et principes. L’exercice du
contrôle de conformité doit reposer avant tout sur l’exploitation des données contenues dans
la loi de finances de l’année et dans les documents comptables des administrations
financières. Son efficacité suppose une véritable implication des organes et le souci d’un
examen scrupuleux des règles et principes qui peuvent être comme des véritables boussoles
pour ces derniers256. Autrement dit, les principaux acteurs intervenant dans les différentes
étapes ou qui interviennent lors de la collecte des recettes et d’engagement des dépenses
publiques doivent respecter les règles et principes qui encadrent ces processus. C’est
d’ailleurs l’occasion pour les contrôleurs de s’assurer le respect par les principaux intervenant
dans les processus de l’autorisation accordée par le paiement, même si celle – ci n’a qu’une
valeur habilitative257 et non impérative par rapport à l’ordonnateur de crédit qui est,
aucunement obligé d’effectuer la dépense autorisée telle quelle258.
Ainsi, l’appréciation de l’opportunité de la dépense par exemple revient à
l’ordonnateur, seulement celui – ci n’a pas la faculté de franchir la barre de crédit autorisée
par la loi de finances. La dépense autorisée n’est pas potentielle, elle n’est pas encore réelle
encore faut – il engager. Et bien plus, la conformité matérielle en dépit de dysfonctionnement
pratique propre à la procédure camerounaise de contrôle de la dépense publique qui, pour les
différents organes de contrôle d’insister sur les formalités259, la régularité matérielle porte tout
de même sur le fond des règles elles – mêmes. En principe il s’agit de vérifier l’exacte
application des différents instruments juridiques qui gouvernent les finances publiques. Ces
instruments juridiques sont entre autres les lois et règlements et éventuellement la constitution
voire les conventions intégrées dans l’ordre juridique financier interne260. Ces acteurs doivent
également vérifier la conformité des opérations aux principes telles que le principe
d’annualité, le principe d’équité, le principe de la spécialité, le principe d’unité, le principe de
l’universalité.
Les contraintes relatives à la bonne exécution des budgets des CTD imposent le
respect des règles, principes et procédures par tous les intervenants dans la chaîne de
l’exécution budgétaire. Il en est de même des projections effectuées en amont de l’exécution
256
Idem.
257
BIDIAS (Benjamin), Les finances publiques et l’Économie financière de la République fédérale du
Cameroun, 1ere éd., 1971, p. 69.
258
BILOUNGA (Steve – Thiery), La réforme du contrôle de la dépense publique au Cameroun, op.cit., p. 324.
259
Ibid.
260
CONAN (Mathieu), La non obligation de dépenser, Thèse de doctorat en Droit Public, Paris II, 2004, pp. 48
et suivantes.
78
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
afin de satisfaire aux exigences de crédibilité et de sincérité des budgets et des comptables
publics. Autrement dit, les bonnes pratiques imposent la conformité budgétaire aux principes,
règles et procédures consacrées par la loi et règlements.
Nous pouvons ainsi dire non sans quelques raisons, que l’un des soucis majeurs du
contrôle de conformité réside dans l’optique de préserver cette égalité financière qui est
d’ailleurs gage de l’État de droit financier. En réalité, la conformité dont il est question c’est
la conformité de ce qui est prévu par les textes et ce qui est finalement, ou entrain d’être
réalisé. À titre illustratif, il s’agit entre autres :
261
BILOUNGA (Steve – Thiery), op.cit., p. 326.
262
BOUVIER (Michel) et autres, Finances Publiques, Paris, LGDJ, 1993, p. 289.
263
HASSANA (Barnabas), « L’évolution des finalités du contrôle de la dépense publique au regard des nouvelles
réformes de finances publiques camerounaises », op.cit., p. 1229.
264
Les étapes dont il est question sont : engagement, liquidation, ordonnancement et paiement.
79
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
l’une des exigences de la régularité, mais il ne faut pas perdre de vue que la règle du service
fait également partie intégrante des dimensions de la régularité.
La règle du service fait revêt une importance capitale dans le cadre du contrôle de la
régularité des opérations budgétaires. Cette règle, qui régit les relations entre l’administration
publique et ses fournisseurs ou prestataires de services, constitue un pilier essentiel de la
gestion transparente et efficace des ressources publiques au niveau local.
Cependant, cette règle est non absolue dans la mesure où elle est assortie de quelques
dérogations. C’est la raison pour laquelle nous examinerons la consistance de la règle du
service fait (A), et les exceptions (B) à ladite règle.
Naturellement, aucun texte ne définit ce qu’est le « service fait ». Mais la notion même
de « service fait » trahit l’origine de cette expression : le service dont il est question est celui
du fonctionnaire, ou plus généralement l’agent public : c’est une « règlementation déjà
ancienne et confirmée par le statut général comme par les principes de la comptabilité
publique »268. Le fonctionnaire fait son service, on le paie, il ne le fait pas…en principe, on ne
le paie pas. C’est d’ailleurs en matière de fonction publique que la règle de service fait donne
lieu à l’essentiel de la jurisprudence et des écrits doctrinaux. Mais, même en matière de
265
CLAMOUR (Guylain), TERNEYRE (Philippe), Financement et contrats publics, éd. Cream, p. 32.
266
LEFEBVRE (Barbara), Une règle d’or de la comptabilité publique : le paiement après service fait, Rev.
Trésor, 1995, p. 667.
267
AMSELEK (Pierre), Une instruction en clair – obscur : la règle du service fait. Mélanges en l’honneur de P –
M. GAUDEMET, Economica, 1984, p.421.
268
PLANTEY (Alain), La Fonction Publique, Traité Général, Litec, 2e éd., 2001, no 1235.
80
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
fonction publique, la règle est tout sauf simple : le service partiellement fait, le service mal
fait, le service impossible, etc., donnent lieu à des discussions montrant que la notion de
service fait n’est pas aussi manichéenne qu’il paraît. Le Professeur AMSELEK a pu parler à
son sujet d’ « institution en clair – obscur ».
Toute théorique, quel que soit sa pertinence, n’a de réelle importance qu’une fois
traduite dans la réalité concrète quotidienne269. C’est ainsi que la régularité formelle tire toute
sa pertinence lorsqu’elle est traduite sur le plan matériel ou lorsqu’elle est effective.
Et comme la précision en vaut la règle, il n’est pas exagéré de préciser que, le contrôle
de l’effectivité a toujours existé au Cameroun contrairement à ce beaucoup le faisaient
remarquer. Ce contrôle n’était pas seulement trop développé. Les récentes réformes des
finances publiques270 engagées par les autorités camerounaises ont davantage milité dans le
sens de renforcement du contrôle de l’effectivité de la dépense publique. Autrement dit, le
contrôle de la régularité substantielle ou matérielle n’était pas trop ressenti jusqu’à une date
récente. En dépit de la forte concentration du système de contrôle des finances publiques
camerounaises au contrôle de la régularité, les récentes réformes ont pu instaurer plus que par
le passé, un mariage assez serré entre le contrôle de la régularité formelle et le contrôle de la
régularité matérielle271 ou d’effectivité. C’est d’ailleurs une bonne homogénéité entre le
formel et le matériel dans la mesure où, le respect des règles de forme n’exclut pas la
violation de celles de fond. Pour dire autrement, le respect des règles formelles peut mettre un
pan de voile sur des irrégularités dans la réalisation physique272 de la dépense.
L’effectivité matérielle ou le service fait, est donc une investigation qui vise pour le
contrôleur de se rassurer que la prestation qui a présidé à l’initiative de la dépense publique a
été bel et bien réalisé273. Ainsi, les contrôleurs doivent, avant toute certification ou liquidation,
s’assurer que les prestations et les livraisons constituent l’équivalent réel des sommes à
décaisser et qu’elles ont été effectivement exécutées selon les règles de l’art274. Le contrôle de
conformité matérielle vise donc une proportionnalité entre les prestations et les sommes à
269
HASSANA (Barnabas), « L’évolution des finalités du contrôle de la dépense publique au regard des nouvelles
réformes de finances publiques camerounaises », op.cit., p. 1231.
270
Voir à cet effet l’article 2 de la loi no 2007/006 du 26 décembre 2007 portant régime financier de l’État du
Cameroun (dont le régime de 2018 n’a pas explicitement abrogé).
271
BILOUNGA (Steve – Thiery), op.cit., p. 320.
272
Ibid.
273
Idem., p. 341.
274
Idem.
81
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
décaisser. Mais en sus de cela, ce contrôle a aussi pour objectif le respect des standards
qualitatifs.
Ainsi, le but n’est pas d’appauvrir l’agent qui rend service à l’État ou à la collectivité
territoriale par la réalisation des prestations, ni de l’État ou de la CTD qui bénéficie des
prestations et paie la créance ainsi générée. Mais qu’il y a une sorte d’égalité ou équivalence
entre les sommes et les prestations afin qu’aucune des parties ne soit lésée.
Le contrôle du respect des standards qualitatifs se justifie par le fait que, dans certaines
situations et qui est d’ailleurs récurent au Cameroun, d’importantes sommes d’argent étaient
décaissées sans une quelconque prestation en contrepartie277. On dira alors que le contrôle de
l’effectivité a un double objectif. En dehors du fait qu’il doit veiller à l’équivalence, il doit
également assurer que les prestations ont été physiquement réalisées selon les règles de
l’art278. Notamment en respectant les critères et standards qualitatifs en rapport avec la
réalisation des ouvrages ou des services des CTD.
Même si la règle du service fait est prise en compte par le comptable public, celle – ci
demeure cependant assortie de dérogation.
La règle du service fait dans le cadre du contrôle de l’exécution du budget des CTD au
Cameroun stipule que les paiements ne peuvent être effectués que pour des services
réellement fournis, des travaux effectivement réalisés, ou des biens effectivement livrés.
Cependant, il existe des exceptions à cette règle pour répondre à certaines situations
275
HASSANA (Barnabas), op.cit., p. 1231.
276
Ibid.
277
Idem., p. 1232.
278
Guide Pratique du contrôle budgétaire élaboré par la Direction Générale du Budget, version de mars 2002, p.
40.
82
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
spécifiques. Si la règle du service fait était aussi simple que d’aucuns le prétendent et si elle
avait la valeur quasi – constitutionnelle (puisqu’il est question de protection des derniers
publics) que les comptables publics lui prêtent sans le dire, alors on n’y toucherait qu’avec
stupeur et tremblements279. On le fait au mieux par voie règlementaire – qui est effectivement
le niveau, dans la hiérarchie des normes, auquel cette supposée « règle d’or » se situe – mais
aussi et surtout par de simples circulaires et autres directives émanant de la direction de la
comptabilité publique ou visées par elle280.
En ce qui concerne les avances, elles peuvent être accordées aux prestataires,
fournisseurs, ou entrepreneurs dans le cadre des marchés publics pour faciliter l’exécution des
travaux, la fourniture de biens ou de services. Ces avances sont généralement prévues dans les
termes du marché et sont remboursables sur les paiements futurs.
S’agissant des acomptes, ils peuvent être versés en cours d’exécution des marchés
publics, sur la base des prestations partiellement réalisées, après vérification et certification
par les services compétents.
En cas d’urgence ou de force majeure, des dépenses peuvent être engagées et payées
avant la réalisation complète du service ou la livraison des biens. Cela inclut les situations
d’urgence, les catastrophes naturelles, ou tout autre évènement nécessitant une intervention
rapide282.
Cependant, lorsque les règles régissant la régularité des opérations budgétaires ne sont
pas respectées, la responsabilité des agents publics (agents publics internes aux CTD) chargés
de l’exécution et du contrôle budgétaire local peut être engagée.
279
CLAMOUR (Guylain), TERNEYRE (Philippe), Financement et contrats publics, op.cit., p. 36.
280
Ibid.
281
Idem.
282
Idem.
283
Idem.
83
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
La responsabilité financière et budgétaire des agents publics des CTD s’inscrit dans le
cadre de la bonne gouvernance et de la gestion transparente des ressources publiques. Celle –
ci revêt, une importance particulière dans un contexte ou la décentralisation est présentée
comme un levier majeur pour le développement local et la participation citoyenne.
284
ENGOUTOU (Jean – Luc), NGUECHE (Sylvie), MBALLA ELOUNDOU (Aimé Christel), « La
responsabilité financière des ordonnateurs en droit public camerounais », RFFP, no 157, 2022, p. 95.
285
ENGOUTOU (Jean – Luc), NGUECHE (Sylvie), MBALLA ELOUNDOU (Aimé Christel), « La
responsabilité financière des ordonnateurs en droit public camerounais », op.cit.
84
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Tout manquement à ces obligations peut être qualifié de faute de gestion et, par voie
de conséquence, entraîner des sanctions.
286
Ibid.
287
Idem.
288
Idem.
289
En se contentant d’énoncer, en son article 51 (1) que : « L’ordonnateur a la responsabilité de la bonne
exécution des programmes […] ». Cette disposition a son pendant au niveau local dans la loi de 2019 portant
CGCTD. Il s’agit en effet de l’article 466 aux termes duquel : « Les ordonnateurs sont tenus de rendre compte de
l’exécution des programmes et projets ».
85
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
l’État, d’une Collectivité territoriale décentralisée ou d’une entité publique, par tout
représentant, administrateur ou agent d’organismes, manifestement contraire à l’intérêt
général ».
Sans préjudice des poursuites susceptibles d’être engagées devant les juridictions
répressives compétentes lorsque la faute de gestion tend à se muer à un détournement de
derniers publics, la responsabilité financière de l’ordonnateur est engagée au Cameroun
290
Cette définition et cette catégorisation sont reprises par les articles 4 (1), 10 et 12 du décret n o 2020/375 du 7
juillet 2020 portant règlement général de la comptabilité publique.
291
BILOUNGA (Steve Thiery), « Les relations entre l’ordonnateur et les comptables à la lumière de la loi du 26
décembre 2007 portant régime financier de l’État du Cameroun », G&FP, 2017/3, no 3, pp. 109 – 116, p. 110.
292
Ibid.
293
Idem.
294
BILOUNGA (Steve Thiery), « Les relations entre l’ordonnateur et les comptables à la lumière de la loi du 26
décembre 2007 portant régime financier de l’État du Cameroun », op.cit., p. 111.
86
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
devant le CDBF qui, manifestement officie en tant que juge de gestion alors qu’il n’en est pas
un en principe, eu égard de son essence administrative295.
En tranchant cette question, née du conflit des lois, l’institution supérieure de contrôle
s’affirme comme le seul organe compétent en la matière au Cameroun, à l’exclusion de tout
autre organe administratif, notamment le CDBF rattaché aux services du CONSUPE. La loi
portant régime financier de l’État et d’autres entités publiques du 11 juillet 2018 a transféré
cette compétence à la juridiction des comptes, pour se conformer aux standards internationaux
et aux directives communautaires. C’est en application de ces nouvelles dispositions que la
Chambre des comptes de la Cour suprême a été saisie d’une dénonciation de mauvaise gestion
visant le Maire et le Receveur municipal de la commune de NGOMEDZAP.
295
C’est un organe administratif à fonctionnement quasi juridictionnel rattaché au ministère délégué à la
présidence de la République chargé du contrôle supérieur de l’État. Il est chargé de prendre des sanctions à
l’encontre des agents publics posant des actes en violation de l’orthodoxie financière publique.
296
Arrêt no 01/CDC/CSC/SR/DBF de la Chambre des comptes de la Cour suprême du 15 février 2024 Commune
de NGOMEDZAP c/ Mme TSOUNGUI BLEUE REGINE EPSE BOAMA et M. EKANG EKANG Jules.
87
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Les receveurs municipaux et régionaux, comptables publics, sont soumis aux règles de
discipline, de tenue de comptes et de comptabilité, de recouvrement des recettes, de paiement
des dépenses et de responsabilités applicables aux comptables du Trésor 297. À ce titre, ils ont
qualité de comptable principal et sont par conséquent astreints à la production d’un compte de
gestion298. Les receveurs municipaux et régionaux sont ainsi tenus de rendre compte de leur
gestion à raison de la sacralité des derniers publics299, dont ils détiennent l’exclusivité du
maniement. En effet, les derniers publics sont des biens publics qui ne peuvent faire l’objet
d’utilisation privative et sont de ce fait, dotés d’une protection particulière. Cette protection
réside dans l’obligation de reddition des comptes, imposée aux comptables publics. Manier
les derniers publics, en dépense ou en recette, expose paraît – il à la tentation300. L’obligation
de répondre des irrégularités (faute de gestion, gestion de fait) constatées dans leur gestion,
passe par la mise en jeu de leur responsabilité.
Rendant compte personnellement et pécuniairement des opérations financières dont ils
ont la charge durant l’exercice de leurs fonctions, les comptables publics voient leur
responsabilité engagée lorsqu’un préjudice est causé à la personne publique suite à des
irrégularités relevées à l’article 42 du règlement général de la comptabilité publique. Il en est
ainsi des déficits de caisse ou des manquants en derniers et valeur ; de défaut de recouvrement
de recettes ordonnancées, de paiement irrégulier d’une dépense suite à un défaut de contrôle
ou de l’imputation d’une dépense indue à l’État. Le comptable public est alors mis en débet
administratif par le ministre des Finances, ou en débet juridictionnel à l’issue d’une procédure
devant la Chambre des comptes de la Cour suprême301.
297
Art. 4 du décret no 94/232 du 5 décembre 1994 précisant le statut et les attributions des receveurs municipaux.
298
AMOUGOU MBETOUMOU (Estelle Delphine), « Aspects de la responsabilité des receveurs municipaux en
droit public financier camerounais », IMJST, Vol. 7, no 7, Juillet 2022, pp. 5081 – 5096, p. 5082.
299
Ibid.
300
DUFRESNOY (Philippe), « La responsabilité des comptables publics : une assurance raisonnable de la
régularité des comptes », G&FP, 2018/2, no 2, pp. 102 – 104, p. 102.
301
Il convient toutefois de relever la non – conformation jusqu’à ce jour de l’État camerounais au droit
communautaire dans le cadre de la CEMAC. En effet, les articles 91 et 92 de la Directive no 02/11 – UEAC –
190 – CM – 22, relative au règlement général de la comptabilité publique nécessite pour sa concrétisation que
chaque État membre se dote d’une Cour des comptes. Malgré sa position de proue dans cette communauté, le
Cameroun ne s’est pas encore doté de cette juridiction des comptes et se contente encore d’une simple Chambre
des comptes.
88
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
recouvrement des sommes dues qui sont réservées, le cas échéant, à la personne morale
concernée. Les arrêtés de débets, quel qu’en soit le type, sont exécutoires dès leur notification
au comptable concerné et susceptibles de recours devant le juge des comptes sans effet
suspensif302.
En ce qui concerne la responsabilité personnelle des comptables publics, elle est mise
en œuvre au travers d’un ensemble des sanctions qui lui sont infligées à titre personnel et qui
visent à sanctionner son indiscipline au sein de l’administration, ou alors réprimer toute
violation de la loi pénale. Sur le plan disciplinaire, les receveurs municipaux et régionaux sont
soumis au pouvoir hiérarchique du Ministre des finances et du Ministre de la décentralisation
et du développement local, qui ont le pouvoir d’engager leurs responsabilités disciplinaires.
Ainsi, chaque fois qu’ils ont omis d’exécuter leurs missions, ils peuvent voir leur
responsabilité être engagée sur le plan disciplinaire. Cette responsabilité permet à l’autorité
hiérarchique de prononcer une sanction non pécuniaire contre un agent qui aurait commis une
faute de service.
Au regard des irrégularités telles que les fautes de gestion et les gestions de fait, le
comptable public peut être l’objet de sanctions par la juridiction des comptes. Ces sanctions
peuvent être des amendes, des débets et même des déchéances.
302
BILOUNGA (Steve Thiery), « Les relations entre l’ordonnateur et les comptables à la lumière de la loi du 26
décembre 2007 portant régime financier de l’État du Cameroun », op.cit.
303
CHOUVEL (François), Finances publiques, Gualino (23e éd.), 2020, p. 160.
304
DUTHEILLET DE LAMOTHE (Olivier), VANDENDRIESSCHE (Xavier), « La notion de préjudice
financier en dépenses », GFP, Vol. 100, no 2 – 2020/ Mars – Avril 2020, p. 112.
89
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
La responsabilité pénale des agents publics impliqués dans l’exécution du budget des
CTD au Cameroun, en raison des irrégularités, est régie par le droit pénal camerounais. En
général, les agents publics peuvent être tenus responsables pénalement pour des infractions
ayant une incidence financière ou budgétaire.
Il convient donc d’examiner au préalable des faits générateurs de la responsabilité
pénale des agents publics internes des CTD (A), avant de s’appesantir sur la mise en œuvre de
cette responsabilité (B) proprement dite par des juridictions répressives.
A – Les faits générateurs de la responsabilité pénale des agents publics internes aux
CTD
305
AMOUGOU MBETOUMOU (Estelle Delphine), « Aspects de la responsabilité des receveurs municipaux en
droit public financier camerounais », op.cit., p. 5084.
306
Ibid.
307
Idem.
90
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
comme une infraction aux règle du droit budgétaire et de la comptabilité publique, et la définit
comme le fait d’ordonner l’établissement ou la perception d’impôts, droits ou taxes non
autorisées par la loi, ou encore le fait de consentir sans autorisation de la loi, à des
exonérations d’impôts, droits ou taxes ou encore le fait de délivrer gratuitement des produits
de l’établissement public de l’État308.
B – La mise en jeu de la responsabilité pénale des agents publics internes aux CTD
Les irrégularités dans l’exécution du budget des CTD peuvent inclure des actes tels
que la mauvaise gestion des fonds, le non – respect des procédures légales, l’octroi des
contrats sans appel d’offres, entre autres. Lorsque de telles irrégularités sont découvertes, les
agents publics responsables peuvent faire l’objet d’enquête et de poursuites pénales.
308
PHILIP (Loïc), Dictionnaire encyclopédique de Finances publiques, Economica, 1991, p. 1344.
309
Art. IX de la Convention interaméricaine de la lutte contre la corruption du 29 mars 1996.
91
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
d’infraction, pas de sanction sans texte qui les prévoie : « nullum crimen nulla poena sine
lege ».
Compte tenu du développement des poursuites pénales, introduites le plus souvent par
les victimes, se constituant partie civile et en déclenchant l’action publique, la responsabilité
pénale de ces agents publics se trouve engagée à l’occasion des actes de détournement de
derniers publics, de concussion, de la corruption…etc. Il est crucial de noter que la
responsabilité pénale nécessite généralement la preuve d’une intention criminelle ou de grave
négligence de la part des agents impliqués. Les sanctions peuvent aller de peines d’amende à
des peines privatives de liberté, en fonction de la gravité des infractions commises et des
circonstances spécifiques de chaque cas.
310
Telle est la teneur de l’article 2 de la loi no 2011/028 du 14 décembre 2011 portant création d’un Tribunal
Criminel Spécial qui dispose que : « Le Tribunal est compétent pour connaître, lorsque le préjudice est d’un
montant minimum de 50 000 000 F CFA, des infractions de détournement de derniers publics et des infractions
connexes prévues par le Code Pénal et les Conventions Internationales ratifiées par le Cameroun ».
311
Art. 184, Al. 1 (a) de la loi no 2016/007 du 12 juillet 2016 portant Code pénal.
312
Ibid., Art. 184, Al. 1(b).
92
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
inférieure à cent mille (100 000) francs, l’emprisonnement est de cinq (05) à dix (10) ans et
d’une amende de cinquante mille (50 000) francs à cinq cent mille (500 000) francs313.
En ce qui concerne l’infraction de concussion, elle est prévue par les articles 137 et
142 du code pénal. La concussion est punie d’un emprisonnement de deux (2) à dix (10) ans
et d’une amende de vingt mille (20 000) à deux millions (2 000 000) de francs CFA. La
juridiction compétente pour connaître de cette infraction est le TGI.
313
Idem., Art. 184, Al. 1 (c) de la loi portant code pénal.
314
NDJIE MGBA (Marc Stéphane José), « La lutte contre la corruption au Cameroun : un effort inachevé »,
RIDC, 2018/70 – 1, pp. 159 – 185, p. 183.
315
En ce qui concerne la corruption active, en principe, l’alinéa 1 de l’article 134 de la loi n o 2016/007 du 12
juillet 2016 portant Code pénal dispose que : « Est puni d’un emprisonnement de cinq (05) à dix (10) ans et
d’une amende de deux cent mille (200 000) à deux millions (2 000 000) de francs, tout fonctionnaire ou agent
public national, étranger ou international qui, pour lui – même ou pour un tiers, sollicite, agrée ou reçoit des
offres, promesses, dons ou présents pour faire, s’abstenir de faire ou ajourner un acte de sa fonction ».
316
En ce qui concerne la corruption passive, en principe, l’alinéa 1 de l’article 134 – 1 de la loi no 2016/007 du
12 juillet 2016 portant Code pénal dispose à cet effet que : « Quiconque, pour obtenir soit l’accomplissement,
l’ajournement ou le refus d’accomplissement d’un acte, soit des faveurs ou des avantages tels que prévus à
l’article 134 ci – dessus, fait des promesses, offres, dons, présents ou cède à des sollicitation tendant à la
corruption, est puni des peines prévues à l’article 134 alinéa 1 ci – dessus, que la corruption ait ou non produit
son effet ».
93
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
CONCLUSION DU CHAPITRE I
En conclusion, le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun est axé sur
la vérification de la régularité des dépenses et des recettes. Cette approche vise à garantir la
conformité des actions financières des collectivités locales avec les lois et règlements en
vigueur.
94
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
CHAPITRE II : UN CONTRÔLE DE
PERFORMANCE
317
À notre sens, cette ambition passe par la maîtrise des dépenses de plus en plus croissantes face à une
raréfaction des ressources publiques, et l’instauration d’une bonne gouvernance financière avec la mise en place
de bonnes pratiques de gestion.
318
AKAKPO (Maxime), « Le contrôle de performance : comment et avec qui ? », in MÉDÉ Nicaise., (dir.), La
LOLF dans tous ses états, pp. 153 – 168, cité par AKONO OLINGA André dans sa thèse de doctorat
319
Ibid.
320
AKONO OLINGA (André), op.cit., p. 323.
321
Ibid.
322
Art. 83, al. 2, de la loi no 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État et des autres entités
publiques.
95
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
La gestion budgétaire par objectifs (GBO) est une nouvelle approche de gestion du
budget de l’État et même des CTD323. Elle propose de gérer les ressources financières et
humaines de façon efficiente et efficace pour réaliser des objectifs précis et apporter une plus
grande transparence dans l’exécution des politiques publiques324. Elle s’articule autour d’un
budget présenté sous forme programmatique et d’une démarche de performance325.
323
« Comprendre la GBO – Gestion du Budget par Objectifs », Disponible en ligne sur
https://www.gbo.tn/fr/comprendre-la-gbo, Consulté lundi, 17 juin 2024 à 19h26 min.
324
Ibid.
325
Idem.
96
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
La définition des objectifs budgétaires des CTD est crucial dans la gestion financière
et opérationnelle de ces entités. Ces objectifs servent à orienter les efforts des CTD vers
l’atteinte des résultats escomptés, tout en assurant leur alignement avec les objectifs globaux
de ces entités infra – étatiques327. Pour ce faire, le processus commence par une analyse
approfondie des besoins financiers spécifiques de chaque CTD, incluant les prévisions de
revenus, les coûts fixes et variables, ainsi que les investissements requis pour soutenir les
activités opérationnelles.
326
« Comprendre la GBO – Gestion du Budget par Objectifs », Disponible en ligne sur
https://www.gbo.tn/fr/comprendre-la-gbo, op.cit.
327
Ibid.
328
Idem.
329
Idem.
97
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
l’atteinte des objectifs. Les résultats obtenus sont ensuite analysés pour identifier les écarts
éventuels par rapport aux objectifs et de prendre des mesures correctives si nécessaire330.
En clair, un bon indicateur doit être pertinent, c’est – à – dire, simple, compréhensible,
produit annuellement à un coût raisonnable, mesurable, fiable et vérifiable331. C’est un outil
d’évaluation et d’aide à la décision grâce auquel, on va pouvoir mesurer une situation ou une
tendance de façon relativement objective, à un instant donné, ou dans le temps et l’espace332.
Cette appréhension semble rencontrer l’adhésion de M. Raphaël POLI. Il pense à juste titre,
que : « un indicateur doit être pertinent, synthétique ou sélectif, clair et immédiatement
interprétable, bien défini et disponible au cours du temps à un coût compatible avec l’usage
que l’on attend de son usage »333.
330
Idem.
331
AKONO OLINGA (André), op.cit., p. 325.
332
SOHINTO (David Mahouna), « Les indicateurs de performance vus par un contrôle des finances publiques »,
in MÉDÉ Nicaise., (dir.), La LOLF dans tous ses états, pp. 243 – 254.
333
POLI (Raphaël), « Les indicateurs de performance de la dépense publique », RFFP, no 82, 2003, pp. 107 –
114.
98
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Une fois les indicateurs définis, il est essentiel d’établir des mécanismes de collecte,
de suivi et de rapport des données de manière régulière et systématique. Cela garantit que les
informations pertinentes sont disponibles pour évaluer la performance en temps réel et
prendre des décisions éclairées.
334
AKONO OLINGA (André), op.cit., p. 325.
335
Ibid.
336
EYEBIYI (H. G), GARBA (T), « Finances locales et LOLF : La performance jusqu’au niveau
décentralisé ? », in MÉDÉ Nicaise, (dir.), La LOLF dans tous ses états, pp. 203 – 234.
337
AKONO OLINGA (André), Ibid., p. 327.
99
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
S’il y a faute de gestion, alors la gestion a été contrôlée, donc l’on peut parler de
contrôle de gestion dans la gestion budgétaire locale au Cameroun339. C’est un contrôle qui
permet s’intéresse à la performance. À cet esprit, le contrôle de performance est considéré
comme « un système de pilotage mis en œuvre par un responsable de programme dans son
champ d’attribution en vue d’améliorer le rapport entre les moyens engagés et soit l’activité
développée, soit les résultats obtenus dans le cadre déterminé par une démarche stratégique
préalable ayant fixé les orientations »340. À l’analyse, cette définition est celle qui nous est
proposée par le rapport de WEISS341. En France, elle a été retenue par la circulaire
interministérielle du 21 juin 2001 ayant pour objet, le développement du contrôle de gestion
dans les administrations publiques. Le contrôle de gestion devient ainsi, « une impérieuse
obligation avec la démarche de performance »342. Il a pour objectif : « d’analyser et de mettre
en évidence les sources potentielles d’amélioration de l’efficacité de la gestion »343. Toute
chose qui semble être partagée à travers l’affirmation selon laquelle : le contrôle de gestion
« a pour but de comparer des résultats par rapport aux objectifs donnés afin de corriger les
actions et de rapprocher les résultats des objectifs »344.
En toute évidence, le contrôle de gestion est exercé suivant des spécificités propres à
chaque organe qui l’exerce dans une administration, même locale fût – elle. En clair, « il
n’existe pas un modèle de contrôle de gestion unique pour toutes les organisations, mais des
338
Idem.
339
Idem.
340
Cette définition est tirée du site officiel du ministère du budget de France : www.performance-
publique.budget.gove.fr.
341
Il s’agit du rapport de travail produit par le groupe « amélioration de la gestion publique », encore appelé
rapport WEISS d’octobre 2000.
342
MORDACQ (Frank), La LOLF : un nouveau cadre budgétaire pour reformer l’État, Paris, Dalloz, 2006, p.
253.
343
Ibid., p. 254.
344
COURBET (Gérard), « Le contrôle de gestion dans les collectivités territoriales », Politiques et Management
Public, no 3, Vol. 20, 2002, pp. 201 – 207.
100
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
modèles multiples de ce contrôle de gestion qui doivent tenir compte des spécificités des
administrations pour lesquelles il est développé »345. En outre, le contrôle de gestion est
appelé à s’adapter aux caractéristiques des missions, leurs objectifs et davantage le contexte
de son implémentation. Les éléments constitutifs du contrôle de gestion sont donc : l’analyse
des coûts, l’analyse comparative, les techniques de planification, les outils budgétaires et les
indicateurs couplés aux tableaux de bord.
Au regard des analyses qui précèdent, l’on peut se donner la liberté d’affirmer, que
« la performance et le contrôle de gestion sont fortement liés »348. Le contrôle de gestion agit
comme un outil de pilotage de la performance. La mesure cde cette dernière se base sur les
345
ZUGUETTA (Stéphane), Le contrôle de la gestion dans les administrations de l’État. Éléments de
méthodologie, Paris, Jouve Imprimeur, 2003, p. 18.
346
Ibid., p. 22.
347
Idem.
348
ZAHED (Mahrez), La démarche de performance dans la gestion locale, L’Harmattan, 2017, p. 108.
101
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
outils de la gestion, et ce pour une plus grande transparence dans la gestion349, et donc on ne
peut dissocier les deux350.
En effet, l’évaluation des politiques publiques s’effectue par la réalisation des audits
externes dans ce cadre. Elle s’intéresse le plus souvent, en terme d’efficacité socio –
économique, aux impacts lointains des politiques impliquant plusieurs acteurs dont les CTD,
et sans se limiter aux actions financées sur crédits budgétaires, alors que la mesure de la
performance s’attache à apprécier l’impact de l’action de l’État ou des CTD. Une évaluation
permet donc de guider ou réviser le choix des objectifs d’efficacité socio – économiques à
retenir en vue de contribuer de manière efficace a1 un impact lointain recherché. Elle permet
également d’éclairer les décideurs sur les choix des modalités de mise en œuvre de politiques
susceptibles de les aider à atteindre les objectifs de performance353. L’évaluation apparaît
alors, comme « l’activité de rassemblement, d’analyse et d’interprétation de l’information
concernant la mise en œuvre et l’impact de mesure visant à agir sur une situation sociale,
349
GUENOUN (Marcel), Le management de la performance publique locale, Thèse de doctorat en Sciences de
gestion, Université Paul CEZANNE, 2009, p. 217.
350
Ibid.
351
AKONO OLINGA (André), op.cit., p. 329.
352
Décret du 22 janvier 1990 relatif à l’évaluation des politiques publiques en France.
353
MORDACQ (Frank), La LOLF : un nouveau cadre budgétaire pour reformer l’État, op.cit., p. 369.
102
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
ainsi que la préparation de mesures nouvelles »354. Cette réalité n’est pas étrangère dans la
gouvernance locale en général, et des collectivités locales en particulier. C’est justement à ce
niveau que l’on perçoit une montée en puissance de l’évaluation des politiques publiques.
Cette dernière représente un champ particulier d’intervention, une démarche nouvelle pour les
collectivités locales et les acteurs propres au secteur local. En effet, ce moyen d’action
publique activement vulgarisé par les thèses du New Public Management, « se distille
progressivement dans les discours politico – administratifs et s’instillent doucement dans les
pratiques au niveau territorial ».
Cependant, une fois que les objectifs budgétaires fixés ne sont pas atteint, des mesures
peuvent être prises à l’encontre des décideurs des CTD en vue d’une meilleure gouvernance à
venir.
354
LECA (Jean), « L’évaluation dans la modernisation de l’État », Politiques et Management Public, no 2, Vol.
11, 1993, pp. 161 – 172.
355
AKONO OLINGA (André), op.cit., p. 331.
356
Ibid.
357
Idem.
103
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
La prise de mesures contre les décideurs locaux en raison de contre – performances est
un processus complexe visant à assurer la responsabilité financière et la transparence dans la
gestion des collectivités territoriales. Les contre – performances budgétaires se manifestent
par des écarts significatifs entre les prévisions budgétaires et les réalisations effectives,
peuvent entraîner des déséquilibres financiers graves, mettant en péril les services publics et
le développement local.
Cependant, pour faire face à ces situations, plusieurs mesures sont susceptibles d’être
prises contre les décideurs locaux. Mais, nous n’insisterons que sur deux à savoir : la prise de
mesures par les organes délibérants des CTD (Paragraphe I), et la prise de mesures par les
citoyens des CTD (Paragraphe II).
La prise de mesures contre les décideurs locaux par les organes délibérants des CTD
en cas de contre – performance budgétaire est un processus essentiel pour garantir la bonne
gestion des finances publiques au niveau local. Les organes délibérants, tels que les conseils
municipaux et régionaux jouent un rôle central dans ce mécanisme de contrôle. En tant
qu’entités responsables de l’adoption et de la surveillance des budgets, ils possèdent plusieurs
leviers pour intervenir en cas de dérives budgétaires.
Ces interventions incluent la réduction des futurs budgets des CTD (A), et la non –
reconduction des candidatures des décideurs locaux défaillants (B).
La réduction des futurs budgets des CTD par les organes délibérants est un sujet
complexe, influencé par divers facteurs économiques, politiques sociaux. Les CTD, entités
clés dans la gouvernance locale, dépendent fortement des transferts de l’État et de leurs
propres ressources fiscales pour financer les services publics essentiels.
104
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
La réduction de futurs budgets comme mesure par les organes délibérants, est une
mesure potentiellement efficace pour promouvoir la gouvernance et la gestion responsable des
ressources publiques au sein des CTD360. Les organes délibérants, possèdent le pouvoir de
décider des allocations budgétaires361 en fonction des critères de performance et de
conformité. Lorsqu’une CTD ne respecte pas les règles de bonne gouvernance, telles que la
transparence financière, l’efficacité dans l’utilisation des fonds, ou lorsqu’elle est impliquée
dans des scandales de corruption, ces organes peuvent décider de réduire ses futurs budgets
comme forme de sanction. Cette décision est souvent motivée par la nécessité de garantir que
les fonds publics sont utilisés de manière appropriée et de dissuader les comportements
inappropriés362.
Hormis la réduction des budgets futurs en cas de non atteinte des objectifs fixés,
l’organe délibérant peut également ne plus reconduire le mandat des élus locaux qui se sont
montrés défaillants dans le cadre de leurs missions budgétaires.
Les décideurs locaux jouent un rôle crucial dans l’allocation des ressources financières
de leurs collectivités. Ils sont responsables de la préparation et de l’exécution des budgets
locaux, de la gestion des dépenses et des recettes, ainsi que de la surveillance des projets de
358
La non – atteinte des objectifs fixés peut inciter l’organe délibérant à ne plus reconduire le mandat de l’élu
local qui s’est montré défaillant dans le cadre de l’exécution du budget.
359
Tel est également le cas des irrégularités constatées par l’organe délibérant.
360
La réduction des futurs budgets est une mesure potentiellement efficace, qui permet de promouvoir la bonne
gouvernance et la bonne gestion des ressources publiques au niveau local.
361
L’on comprend qu’avec la DOB, l’organe délibérant est un maillon important de la procédure de l’élaboration
du budget local en fonction des critères de performance et de conformité.
362
Le fait pour l’organe délibérant de réduire les futurs budgets permet de dissuader les comportements
inappropriés afin de garantir une utilisation appropriée des fonds publics.
105
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
développement. Lorsqu’ils échouent dans ces responsabilités, les conséquences peuvent être
graves, entraînant des déficits budgétaires, une augmentation de la dette publique locale, et
une diminution de la qualité des services publics offerts aux citoyens.
La non – reconduction des mandats constitue donc une sanction politique visant à
éviter la perpétuation des pratiques budgétaires inadéquates363. Elle envoie un message clair
aux autres élus locaux quant à l’importance de la rigueur financière et de la transparence.
Cette mesure est généralement prise par les organes délibérants, tels que les conseils
municipaux et régionaux, qui ont le pouvoir de valider ou de rejeter les candidatures pour les
élections locales.
En outre, cette approche peut avoir un effet dissuasif, incitant les décideurs locaux à
adopter des pratiques budgétaires plus prudentes et transparentes pour éviter d’être écartés de
la vie politique. La crainte de ne pas être réélu peut encourager une gestion plus responsable,
un meilleur contrôle des dépenses publiques, et une plus grande attention à l’équilibre
budgétaire364. Cela peut également renforcer la confiance des citoyens de leurs élus, sachant
que ceux – ci seront tenus responsables de leurs actions financières.
Une fois que les objectifs budgétaires ne sont pas atteints, des mesures peuvent
également être prises par les citoyens pour exprimer leur mécontentement.
La prise de mesures par les citoyens des collectivités territoriales décentralisées est
une réponse directe aux défis et aux besoins spécifiques rencontrés au niveau local. Ces
363
La non – reconduction des mandats est une sanction politique qui permet à l’organe délibérant de protéger les
intérêts de la collectivité afin de fournir un meilleur service public aux citoyens. C’est dans cette perspective que
l’alinéa 2 de l’article 14 du CGCTD dispose que : « Il peut toutefois, en début d’exercice budgétaire, mandater le
chef de l’Exécutif à l’effet de défendre les intérêts des Collectivités Territoriales concernées en toute matière ».
364
La non – reconduction des mandats constitue une mesure dissuasive permettant d’assurer la bonne gestion des
ressources publiques et la bonne gouvernance au niveau local.
365
L’organe délibérant doit évaluer impartialement les performances budgétaires des élus locaux afin de garantir
la transparence dans l’utilisation des ressources publiques.
106
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Les citoyens des CTD peuvent ainsi, prendre des mesures contre les acteurs
d’exécution et de contrôle budgétaire qui se montrent défaillants aux objectifs fixés dans le
cadre du vote du budget. Ces mesures sont entre autres les manifestations pacifiques (A) et le
non – renouvellement des mandats des élus locaux défaillants en matière budgétaire (B).
L’implication du citoyen dans le contrôle des finances publiques peut, à n’en point
douter, booster la gouvernance366. En effet, bien que n’ayant pas de pouvoir de sanctions au
sens pénal ou administratif du terme, les citoyens ont la possibilité d’attirer l’attention des
autorités administratives, ou judiciaires sur les dérives éventuelles constatées367. Ces dernières
peuvent alors prendre leurs responsabilités qui d’ailleurs se manifestent sous différentes
formes : pour les autorités administratives, il s’agit d’une prise de sanctions disciplinaires si
tant est que les faits sont avérés368; pour les autorités judiciaires, l’ouverture d’une
information judiciaire et éventuellement, le prononcé de sanctions conformément à la loi369.
366
MANSARE (Augustin), « L’émergence d’un contrôle citoyen des finances publiques en Afrique
francophone », Note d’Analyse Politique, no 87, Avril 2020, pp. 1 – 7., p. 6.
367
Ibid.
368
Idem.
369
Idem.
107
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
publics. Lorsque ces irrégularités sont avérées, les citoyens peuvent décider de ne plus
reconduire les mandats des élus locaux défaillants en matière budgétaire.
Le non – renouvellement des mandats des chefs des exécutifs locaux défaillants en
matière budgétaire peut être une mesure de responsabilité importante. Cela signifie que les
dirigeants locaux qui ne parviennent pas à gérer efficacement les finances publiques
pourraient être remplacés à la fin de leur mandat, d’autant plus que, « la fonction de contrôle
des finances publiques est devenue un des standards du droit et de la gestion des finances
publiques dans le monde »370. Si le contrôle effectué par les organes de l’État, qu’ils soient
administratifs, politiques ou juridictionnels, est ancré dans la pratique institutionnelle, le
contrôle citoyen, quant à lui, est relativement nouveau.
En Afrique francophone, à l’instar des pays occidentaux et dans une certaine mesure
des pays africains non francophones, on assiste à une implication croissante des citoyens dans
la gestion de la chose publique373. Si par le passé, le citoyen semblait détaché et désintéressé
de la chose publique, motivé par la pensée que tout ce qui est public n’est à personne -
aujourd’hui, cette perception a largement changé et tend à être supplantée par un regard
bienveillant, voire exigeant sur la res publica374. Ainsi, les pouvoirs publics sont-ils tenus
d’ouvrir leur gouvernance à l’œil citoyen.
370
MÉDÉ (Nicaise), op.cit., p. 323.
371
MANSARE (Augustin), « L’émergence d’un contrôle citoyen des finances publiques en Afrique
francophone », op.cit., p. 2.
372
En effet, l’article 15 de la déclaration française des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dispose que : « la
société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ».
373
MANSARE (Augustin), ibid., p. 2.
374
Idem.
108
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Ce mécanisme assure au citoyen un suivi plus clair de l’action publique et lui donne la
possibilité d’appliquer des sanctions à l’égard des autorités si ces dernières se montraient
défaillantes dans l’accomplissement de leur mission377. Les sanctions dont il est question ici
ne peuvent qu’être envisagées dans le cadre d’un régime démocratique où les citoyens, à
travers des élections libres et transparentes, peuvent décider de ne pas reconduire leurs élus
(élus locaux) au pouvoir pour cause d’insuffisance de résultats378. Cependant,
l’analphabétisme en Afrique francophone reste une barrière à la participation active des
citoyens dans le processus politique, car ce facteur conditionne la capacité du citoyen –
électeur à congédier ceux de ces représentants qui ne répondraient pas à leurs engagements et
leur devoir379.
375
https://www.iedafrique.org/la-fiche-d-evaluation-par-la.html, cité par MANSARE Augustin.
376
MANSARE (Augustin), ibid., p. 3.
377
Idem.
378
MANSARE (Augustin), « L’émergence d’un contrôle citoyen des finances publiques en Afrique
francophone », op.cit., p. 3.
379
Ibid.
109
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
CONCLUSION DU CHAPITRE II
110
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Au terme de cette seconde partie de notre devoir qui, portait sur un contrôle
matériellement aménagé, le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun présente
à la fois des avantages substantiels et des défis significatifs. Ce type de contrôle favorise la
transparence et la responsabilité dans la gestion des finances publiques locales, en permettant
une vérification détaillée des dépenses et des recettes. De plus, il offre la possibilité de
détecter précocement des irrégularités financières, ce qui est essentiel pour prévenir la
corruption, les détournements de derniers publics, la concussion, bref, la mauvaise gestion
financière au niveau local.
380
HASSANA (Barnabas), « L’évolution des finalités du contrôle de la dépense publique au regard des nouvelles
réformes de finances publiques camerounaises », op.cit., p. 1238.
381
Ibid.
111
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
CONCLUSION GÉNÉRALE
112
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
382
AKONO OLINGA (André), op.cit., p. 382.
383
Ibid.
384
Idem.
385
Idem.
386
Idem.
113
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
Malgré les efforts déployés, plusieurs défis persistent dans la gestion et le contrôle de
l’exécution du budget des collectivités territoriales décentralisées au Cameroun. Les capacités
administratives limitées au niveau local entravent souvent une gestion financière efficace,
tandis que la complexité des procédures et la lourdeur administrative peuvent ralentir la mise
en œuvre des projets locaux. De plus, la dépendance financière des CTD vis – à – vis du
pouvoir central limite leur autonomie et leur capacité à répondre aux besoins locaux de
manière proactive. En outre, la persistance de la corruption et des pratiques opaques,
compromettent la bonne utilisation des ressources publiques et sapent la confiance des
citoyens au sein des collectivités locales.
Même si nous l’avons pas évoqué, l’autorité de tutelle joue un rôle très important dans
le registre du contrôle administratif du budget des CTD. D’une manière générale, les actes et
les délibérations des collectivités territoriales sont en principe soumises à l’approbation du
387
Tel est le sens de l’article 2, alinéa 2 de la loi du 24 décembre 2019 portant CGCTD qui dispose que les
Régions et les Communes sont les CTD de la République, « Elles exercent leurs activités dans le respect de
l’unité nationale, de l’intégrité du territoire et de la primauté de l’État ».
114
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
représentant de l’État388. L’approbation est un procédé de tutelle qui s’exerce sur les
délibérations et les décisions des collectivités territoriales389. Selon ce procédé, « l’acte pris
par l’autorité « sous tutelle » ne peut entrer en vigueur tant que n’est pas survenue
l’approbation qui, selon les textes, peut être expresse – l’autorité de tutelle manifeste
clairement sa volonté d’approuver le texte (ou de le désapprouver) – ou tacite – le silence de
l’autorité de tutelle, pendant un délai dont la durée peut varier, vaut approbation »390.
La loi consacre ainsi une autre forme de tutelle qu’est le pouvoir de substitution
d’action396. La substitution d’action est définie par le Dictionnaire de droit administratif
388
BIPELE KEMFOUEDIO (Jacques), « La tutelle administrative dans le nouveau droit camerounais de la
décentralisation », ASFJP/Uds, Tome 9, 2005, pp. 83 – 110.
389
MONGBAT (Alassa), DJODA (Jean – Marc), « Recherche sur le pouvoir budgétaire des collectivités
territoriales décentralisées en droit public financier camerounais », op.cit., p. 2210.
390
VANG LANG (Agathe), GONDOUIN (Geneviève), INSERGUET – BRISSET (Véronique), Dictionnaire de
droit administratif, Paris, Sirey (7e éd.), 2015, 515 p., pp. 38 – 39.
391
MONGBAT (Alassa), DJODA (Jean – Marc), ibid., p. 2211.
392
Idem.
393
Idem.
394
Idem.
395
Art. 422 (1) de la loi du 24 décembre 2019 portant CGCDT.
396
PLESSIX (Benoît), « Le pouvoir de substitution d’action », in COMBEAU (Pascal) (dir.), Les contrôles de
l’État sur les collectivités territoriales aujourd’hui, Paris, L’Harmattan, 2007, pp. 67 – 88 ; du même auteur :
115
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
« Une prérogative de puissance publique méconnue : le pouvoir de substitution d’action », RDP, no 119, 2003,
pp. 579 – 629.
397
VANG LANG (Agathe), GONDOUIN (Geneviève), INSERGUET – BRISSET (Véronique), op.cit., p. 456.
398
MONGBAT (Alassa), DJODA (Jean – Marc), op.cit., p. 2211.
399
Ibid.
400
RUFFAT (Jocelyne), « La tutelle, une fonction maudite », Politiques et Management Public, no 1, Vol. 7,
1989, pp. 113 – 146.
401
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116
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BIBLIOGRAPHIE
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2- Mémoires
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Décret no 2013/287 du 04 septembre 2013 portant organisation des services du Contrôle
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Décret no 2020/375 du 7 juillet 2020 portant règlement général de la comptabilité publique
Décret no 2023/475 du 7 novembre 2023 précisant certaines attributions et fixant les
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Décentralisées
124
Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
AVERTISSEMENT ..................................................................................................................... I
DÉDICACE ............................................................................................................................... II
REMERCIEMENTS ................................................................................................................ III
SIGLES, ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS ...................................................................... IV
RÉSUMÉ.................................................................................................................................. VI
ABSTRACT ............................................................................................................................VII
SOMMAIRE ......................................................................................................................... VIII
INTRODUCTION GÉNÉRALE ............................................................................................ 1
PREMIÈRE PARTIE : UN CONTRÔLE FORMELLEMENT STRUCTURÉ .............. 30
CHAPITRE I : UN CADRE INSTITUTIONNEL NON JURIDICTIONNEL
OPÉRATIONNEL .................................................................................................................. 32
SECTION I : UN CONTROLE PRIORITAIREMENT CONFIE AUX ORGANES
EXTERNES AUX CTD ....................................................................................................... 32
Paragraphe I : Le contrôle diligenté par les agents de contrôle de l’exécution du budget
des CTD............................................................................................................................ 32
A- L’ordonnateur .......................................................................................................... 33
B- Le comptable public ................................................................................................ 35
Paragraphe II : Le contrôle opéré par les organes délibérants ......................................... 38
A- Les organes délibérants directement désignés par le peuple ................................... 38
B – Les organes délibérants indirectement désignés par le peuple .............................. 39
SECTION II : UN CONTROLE ACCESSOIREMENT CONFIE AUX ORGANES
EXTERNES AUX CTD ....................................................................................................... 41
Paragraphe I : Le contrôle diligenté par les organes dépendant de la Présidence de la
République ....................................................................................................................... 41
A- Le contrôle amorcé par les services du ministère délégué à la Présidence de la
République chargé du contrôle supérieur de l’État ...................................................... 41
B- Le contrôle poursuivi par le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière ......... 43
Paragraphe II : Le contrôle effectué par le contrôleur financier ...................................... 45
A – Le statut du contrôleur financier ............................................................................ 45
B – Les missions du contrôleur financier ..................................................................... 46
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Le contrôle de l’exécution du budget des Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun
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