Cours de Chimie 5sc6 2024-2025

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Cours de chimie.

5è année sc6h.

COURS DE CHIMIE DE 5SC6 COLLEGE JEAN XXIII


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CHRISTIAENS QUENTIN
Perspectives légales du cours de chimie, sciences générales, 3è degré.
Directement repris du nouveau programme D/2016/7362/3/12 (mise à jour 2021)

Finalités de la formation en sciences.

L'apprentissage.

Expliciter des connaissances (C) : acquérir et structurer des ressources.

L’élève explicite un savoir, une notion, un concept quand il est capable, dans un contexte où cette
ressource est utilisée de l’illustrer par un dessin ou un schéma, d’en donner une définition avec ses
propres mots, d’établir et d’énoncer des liens avec d’autres ressources, de l’utiliser de manière pertinente
dans une explication ou d’en exprimer certaines caractéristiques.

Appliquer (A) : exercer et maitriser des savoir-faire.

Par savoir-faire, il faut entendre toute procédure qui s’applique de manière automatisée : Décrire,
expliquer, justifier, émettre une hypothèse, effectuer une recherche documentaire, suivre un mode
opératoire, utiliser tel ou tel instrument de mesure,...

Transférer (T) : développer des compétences.

L’élève développe ses compétences s’il est amené régulièrement à réaliser des tâches. Il acquerra
progressivement de l’autonomie en prenant conscience, avec l’aide du professeur, des processus
mentaux impliqués (sélection et articulation des ressources, …). La réalisation de ces tâches comporte
trois étapes qui interagissent : la problématisation, le recueil et le traitement de l’information, et la
communication.

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CHRISTIAENS QUENTIN
Intentions pédagogiques.
Le but premier de ce cours de chimie est clairement de permettre à l'élève d'accéder à des études
supérieures ou universitaires à orientation scientifique avec un bagage solide.
Pour ce faire, le cours de chimie proposera à l’élève

• De connaître les théories permettant de comprendre l’état actuel des connaissances et leur
développement.
• De connaître les ions et la nomenclature, indispensables à une pratique efficace de la chimie.
• De maîtriser efficacement le tableau périodique.
• De résoudre bon nombre de calculs, équations et problèmes en développant la réflexion, le bon sens
et l'esprit critique.
• De manipuler en laboratoire afin de pouvoir observer et conclure à partir de l’expérimentation.
• D’acquérir une culture générale et une vision d'ensemble de la matière.

Il permettra aussi à l’élève de développer une attitude citoyenne en prenant plaisir à comprendre le
monde qui l'entoure et en lui permettant d'agir en conséquence.

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Programme du second degré et prérequis.

Bien plus qu’en physique, la compréhension de la chimie se construit pas à pas et la maîtrise efficace
d’une notion A est bien souvent indispensable pour aborder la notion B. La matière vue en 3è et 4è
années est donc essentielle à une bonne compréhension de ce cours.

Dans cette optique, ce cours de chimie contient de nombreux rappels dont les objectifs sont

• de garantir à l’élève qu’il dispose des prérequis,


• de lui remettre ces notions en tête,
• de lui permettre de vérifier (et d’améliorer rapidement si nécessaire) sa maîtrise de ces notions
indispensables pour pouvoir aborder sereinement les chapitres suivants.

Le programme officiel des cours de chimie qui vous ont été dispensés jusqu’ici est le suivant :

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Programme du troisième degré.

Et voici le programme officiel des cours de chimie de 5è et 6è années :

Le programme prévoit que les UUA 5 → 8 soient vues en 5è et les deux dernières en rhéto, mais
laisse tout de même au professeur une certaine marge de manœuvre.

Au niveau de ce cours, je ne modifierai que le découpage de la chimie organique, qui me parait peu
évident tel qu’il est proposé. Ainsi les UAA 8 (I), UAA 8 (II) et UAA 9 seront réorganisées :

En 5è → Structure des molécules et fonctions organiques :

• Les hydrocarbures, alcools, acides carboxyliques, esters, amines, amides…


• Les isomères
• La nomenclature.

En 6è → La réactivité en chimie organique :

• Combustible, comburant, combustion et pouvoir calorifique.


• Estérification et saponification.
• Monomères, polymérisation, polymères.
• Acides aminés, lien peptidique et protéines.

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Evaluation

• L’évaluation à valeur formative vise à apprécier le progrès accompli par l’élève, à comprendre
la nature des difficultés qu’il rencontre lors de l’apprentissage mais aussi à apprécier
l’adéquation des stratégies mises en place par l’enseignant. Elle se fonde essentiellement sur
une autoévaluation par l'élève qui implique de réaliser des exercices à domicile, de prendre
conscience de ses difficultés éventuelles et de solliciter, si nécessaire, l'aide du professeur
afin de les surmonter.

• L’évaluation à valeur certificative se fonde sur la maîtrise des ressources (explicitation des
savoirs et exercice des savoir-faire) et sur l'évaluation de séances pratiques.

Consignes

• L’élève aura toujours son matériel (cours, feuilles, bics, calculatrice et tableau périodique).

• Il doit gérer ses notes de cours et ses travaux, de manière à disposer en permanence d’un
ensemble cohérent. A tout moment, l’inspection scolaire (qui est aussi compétente pour
l’homologation des diplômes) peut vérifier la bonne tenue des notes et la qualité des informations
qui s’y trouvent.

• Il est de la responsabilité de l’élève de mettre son cours en ordre après toute absence, quelle
qu’en soit la raison. L’absence à toute évaluation certificative doit être justifiée par un certificat
médical. L’élève devra étudier par lui-même la matière vue pendant son absence. Après une
absence à une interrogation, dès son retour au cours, l’élève se présente spontanément au
professeur afin de réaliser l’interrogation ou de définir une date pour la représenter en accord
avec le professeur.

• L’élève qui éprouve des difficultés prend contact avec le professeur en charge des remédiations.
Dans la mesure de mes disponibilités, je me tiens également à la disposition d'un élève souhaitant
des explications supplémentaires, que ce soit pendant une récréation ou un temps de midi.

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Sommaire.

• 1er rappel : Structure atomique.


• 2nd rappel : L’électronégativité.

• Structure électronique et moléculaire.


• Chimie organique 1ère partie
• Thermochimie 1ère partie : Calorimétrie.

• 3èmè rappel : Ions et nomenclature


• 4èmè rappel : Les équations chimiques
• 5ème rappel : Le calcul molaire : nombre de moles (n), masse (m),
masse molaire (M), concentration molaire (C) et concentration massique (Cm).
• 6ème rappel : La loi des gaz parfaits.
• 7ème rappel : Les équations stœchiométriques.

• Thermochimie 2ème partie : cv, cp, U, H.


• Vitesse des réactions chimiques et catalyse.
• Equilibre chimique et déplacement d’équilibre.
• Entropie et spontanéité des réactions : S, G.

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1er rappel : Structure Atomique.

Nous savons tous aujourd'hui qu’un atome est composé de protons, de neutrons et d’électrons.

Nous devons cette connaissance à

• George Johnstone Stoney (1826-1911) qui fut le premier à avancer la thèse de l’électron en 1874
avant que celui-ci ne soit découvert en 1897 par J. J. Thomson (1856-1940) qui a montré que l'on
pouvait arracher une partie de la matière, et que cette partie portait une charge électrique négative.
• Ernest Rutherford (1871-1937) qui a mis en évidence l'existence d'un noyau atomique, dans
lequel étaient réunies toute la charge positive et presque toute la masse de l'atome.
• James Chadwick (1891-1974) connu pour la découverte du neutron en 1932.

Le nombre de protons d’un atome est donné par le nombre atomique Z de cet élément.

Le nombre de neutrons d’un atome peut être obtenu en soustrayant le nombre atomique Z à la
masse A de l’atome.

On représente généralement un nuclide (type d’atome) comme ceci : A


ZX où A est la masse du
nuclide, Z son nombre atomique et X son symbole.

Enfin, le nombre d’électrons d’un atome est égal à celui des protons si l’atome considéré est
électriquement neutre.

Si le nombre d’électrons n’est pas égal au nombre de protons, l’atome n’est plus électriquement
neutre, on parle dans ce cas d’un ion.

Si l’atome neutre a pris un ou plusieurs électrons supplémentaires, il acquiert une charge négative,
il s’agit d’un ion négatif ou anion. Si l’atome neutre a perdu un ou plusieurs électrons, il acquiert
une charge positive, il s’agit d’un ion positif ou cation.

L’unité de masse atomique (u.m.a) est définie comme 1/12ème de la masse du nuclide 126C.

Chaque particule possède une masse caractéristique :

Le proton ~ 1,007 u.m.a

Le neutron ~ 1,008 u.m.a


1
L’électron ~ 1822 u.m.a

La plupart des éléments sont présents dans la nature sous forme de différents nuclides isotopiques
qui ont le même nombre atomique Z mais une masse A différente, c’est-à-dire qu’ils diffèrent
uniquement par le nombre de neutrons.

Par exemple, le protium, le deutérium et le tritium sont trois nuclides isotopiques de l’hydrogène.
Ils ont tous les trois un proton et un électron et sont donc de nombre atomique Z = 1
Mais, alors que le protium (11H) n’a pas de neutron (A = 1), le deutérium (21H) en a un
(A = 2) et le tritium (31H) en a deux (A = 3)

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Soyons clairs au niveau des termes :

Un atome est une entité composée de protons, neutrons et électrons.


Un élément est représenté par une case du tableau périodique.
Un nuclide est un type d’atome.
Deux nuclides sont isotopes ou isotopiques s’ils ont le même nombre de protons mais un nombre
de neutrons différents. On parle souvent d’isotopes ou par exemple de l’isotope 12 du carbone…
Pourtant « isotope » n’est pas à la base un nom commun, il l’est devenu par abus de langage, à la
base, c’est un adjectif au même titre que isobare ou isotherme. Il est donc plus correct de dire : « les
nuclides 12 et 13 du carbone sont isotopes.»

La masse atomique trouvée dans le tableau périodique constitue une moyenne pondérée des masses
des différents nuclides de cet élément.

Exemple :

On trouve dans le tableau périodique pour la masse du chlore la valeur de A = 35,453 u.m.a
En fait, cette valeur comprend la masse de deux nuclides :

le 3517Cl (34,969 u.m.a.) et le 3717Cl (36,966u.m.a.)

Il s’avère que dans la nature, le 35


17Cl est présent à raison de 75,76% et le 37
17Cl, à raison de
24,24%.

Donc, la valeur de la masse du chlore dans le tableau périodique sera donnée par

24,24% de 36,966 + 75,76% de 34,969 = 35,453 u.m.a

Exercices :

1. A partir de la masse du brome trouvée dans le tableau périodique, déterminez les pourcentages des
deux nuclides du brome trouvés dans la nature :

Le 7935 Br (78,918u.m.a.) et le 8135 Br (80,916u.m.a)

2. Donner le nombre de protons, de neutrons et d’électrons de :


9 23 19 - 32 2- 27 3+ 56 2+
4Be, 11Na, 9F , 16S , 13Al , 26Fe .

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2nd rappel : L’électronégativité.()
L’électronégativité est la tendance qu’a un atome à attirer les électrons dans un lien chimique
avec un autre atome.

Nous savons que tous les atomes « souhaitent » réaliser l’octet c'est-à-dire adopter la configuration
électronique d’un des gaz rares. Pour cela, ils ont tendance à « prendre » ou à « perdre » des
électrons. Le sodium qui n’a qu’un électron sur sa dernière couche le perdra très facilement afin
d’avoir la configuration électronique du néon alors que dans la même période, le chlore a déjà 7
électrons sur sa dernière couche, il aura donc plutôt tendance à prendre celui qui lui manque pour
atteindre la configuration électronique de l’argon plutôt que de devoir en perdre 7 pour atteindre
la configuration électronique du néon.

Dans une même période, l’électronégativité augmentera donc vers la droite dans le tableau
périodique.

Les électrons perdus ou gagnés ne concernent jamais que la dernière couche, or plus l’électron est
proche du noyau, plus il est attiré par celui-ci. (Force électrostatique de Coulomb entre des charges
+ et -). Donc, plus un atome est petit, plus ses électrons sont attirés par son noyau et plus il lui sera
plus difficile de les perdre. Par conséquent, plus un atome est petit, plus il aura tendance à prendre
des électrons plutôt que les perdre.
Les tailles des atomes sont données dans le tableau ci-dessous :

Dans une même famille, l’électronégativité augmentera donc vers le haut dans le tableau
périodique.

Etant donné que les gaz rares ont déjà atteint l’octet, on ne trouve pas de valeur
d’électronégativité pour eux.
L’élément le plus électronégatif est donc celui qui est le plus haut et le plus à droite dans le
tableau périodique : C’est le fluor, auquel on a donné une valeur arbitraire d’électronégativité de
4 à partir de laquelle on a déterminé les valeurs de tous les autres éléments par comparaison.

Le contraire de l’électronégativité est l’électropositivité, c'est-à-dire la tendance à perdre des


électrons dans un lien. A votre avis, quel est l’élément le plus électropositif ?

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Structure électronique et moléculaire.
Structure électronique.
Niels Henrik David Bohr (1885-1962) est un physicien danois qui, se basant sur les théories de
Rutherford, publia en 1913 un modèle de la structure de l'atome. Cette théorie présente l'atome
comme un noyau autour duquel gravitent des électrons, les orbites les plus éloignées du noyau
comprenant le plus d'électrons, ce qui détermine les propriétés chimiques de l'atome.

Wolfgang Ernst Pauli (1900-1958) est un physicien autrichien qui proposa en 1923 un principe
selon lequel les fermions (type de particules auquel appartiennent les électrons, protons et
neutrons), ne peuvent pas se trouver au même endroit dans le même état quantique.
Ce principe est connu sous le nom de « principe d'exclusion de Pauli. »

En clair, il faut que tous les électrons d’un atome diffèrent les uns des autres par au moins un
nombre quantique. Les quatre nombres quantiques qui caractérisent chacun des électrons sont des
notions complexes relevant de la mécanique quantique. On peut cependant tenter de leur donner
une analogie classique.

Comme l’affirme le modèle de Bohr, les électrons gravitent autour du noyau sur différentes orbites
ou « couches ».

Le premier nombre quantique (principal) correspond à la couche sur laquelle se trouve


l’électron. Prenons le sodium, qui a 11 électrons. Dans le tableau périodique, nous voyons que ces
électrons sont répartis sur trois couches, 2 dans la première, 8 dans la deuxième et 1 dans la
troisième. Ce qui donne une répartition comme celle-ci :

Ces électrons gravitent à des vitesses vertigineuses. Pour donner un ordre de grandeur, le calcul
de la vitesse de rotation de l’électron de l’hydrogène gravitant autour d’un seul proton mène à une
valeur de 2200km/s ! Il est donc impossible de déterminer la position d’un de ces électrons à un
moment donné. On a donc développé des objets mathématiques représentant les lieux où la
probabilité de rencontrer un électron est maximale : On les appelle « les orbitales ».
Comme on peut le constater dans le tableau périodique, il en existe 4 différentes : s, p, d et f.

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Ces orbitales ont des formes différentes :

• L’orbitale s a une forme sphérique :

Elle adopte une géométrie spatiale autour du noyau.

• L’orbitale p a la forme d’un « huit aplati ».

Elle peut s’orienter dans les trois directions de l’espace.

Elle se subdivise donc en trois « sous-orbitales » : px, py et pz.

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• L’orbitale d est représentée ci-dessous :

Elle se subdivise en cinq sous-orbitales.

• Et enfin l’orbitale f …

… qui se subdivise en sept sous-orbitales.

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Le deuxième nombre quantique (azimutal) correspond au type de l’orbitale : s, p, d ou f.

Le troisième nombre quantique (magnétique) correspond à la géométrie de l’orbitale (x, y, z,


xy, xz, …)

Le quatrième nombre quantique (magnétique de spin) est « le spin ». Bien qu’il n’y ait pas
d’analogie classique au spin, on se le représente souvent comme une symétrie de rotation de
l’électron qui peut tourner dans deux sens opposés. (« spin up » ou « spin down »).

Donc, chaque couche possède une ou plusieurs orbitales qui se subdivisent en sous-orbitales qui
peuvent chacune contenir deux électrons de spins différents.

Dans le tableau périodique, on constate que la première couche ne contient qu’une orbitale s qui
n’a qu’une géométrie et qui ne peut donc contenir que 2 électrons qui diffèrent par leur spin.

La deuxième couche contient une orbitale s et une orbitale p.


On peut donc y mettre 8 électrons : 2 dans la s, 2 dans la px, 2 dans la py, 2 dans la pz.

On se rend maintenant compte que si une orbitale s peut contenir 2 électrons et une orbitale p peut
contenir 6 électrons, une orbitale d qui possède 5 géométries différentes pourra contenir 10
électrons et une orbitale f pourra en contenir 14.

La troisième couche possède une orbitale s, une p et une d. On pourra donc y mettre 18 électrons.

A partir de la quatrième couche, les quatre types d’orbitales sont présents, on peut donc y mettre
32 électrons.

On peut comprendre à présent ce qu’il est indiqué dans la case du sodium : 1s2 2s2 2p6 3s1.
L’exposant représente le nombre d’électrons présents dans l’orbitale.

Il y a donc
• 2 électrons dans l’orbitale s de la première couche,
• 2 électrons dans l’orbitale s de la deuxième couche,
• 6 électrons dans l’orbitale p de la deuxième couche et
• 1 électron dans l’orbitale s de la troisième couche puisqu’au total, le sodium a 11 électrons.

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L’ordre de remplissage des orbitales (« Aufbau principle ») ce fait comme ci-dessous :

Ce qui donne la succession : 1s 2s 2p 3s 3p 4s 3d 4p 5s 4d 5p 6s 4f 5d 6p 7s …

La seule petite surprise par rapport à un remplissage qui se ferait par couche, est que la 4s se
remplisse avant la 3d. Il en est de même pour la 5s…

En fait ces orbitales se recouvrent, elles sont quasiment à la même place dans l’espace et par
conséquent les électrons peuvent passer de l’une à l’autre très facilement. Ce phénomène est, entre
autres, à la base de la bonne conductivité électrique des métaux.

A titre d’exercice, donnez la structure électronique complète de 94Be, 3115P, 2010Ne, 4018Ar, 84
36Kr,
19 - 32 2- 27 3+ 56 2+
9F , 16S , 13Al , 26Fe . Que constate-t-on pour les gaz rares et les ions?

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La liaison chimique.

Liaisons covalentes.

Un lien chimique résulte de la mise en commun d’électrons entre deux atomes.

Lorsque les électronégativités des deux atomes engagés dans un lien chimique sont identiques, et
donc que leur différence d’électronégativité vaut 0 ( = 0), les électrons constituant le lien sont
partagés de façon symétrique entre les deux atomes. Il s’agit d’un lien covalent pur. Exemple :
H2, O2, Cl2, N2…

Par contre, si les atomes engagés dans une liaison ont des électronégativités différentes
(  ≠ 0), les électrons formant la liaison passent plus de temps à proximité de l’atome le plus
électronégatif. La densité électronique de cet atome a donc augmenté et celle de l’atome moins
électronégatif, diminué.

Il s’ensuit que le centre des charges négatives (pôle négatif) est plus proche de cet atome alors que
le centre des charges positives (pôle positif) est plus proche de l’atome le moins électronégatif. On
dit qu’il y a polarisation de la liaison chimique ou encore que la liaison constitue un dipôle
électrique permanent (). Dans ce cas, il s’agit d’un lien covalent polarisé. Sur un schéma, on
indique cette polarisation en plaçant des charges partielles (+ et -) sur les atomes.

Exemple : le lien entre H et Cl est un lien covalent polarisé. Dans ce cas, le Cl est le plus
électronégatif, il prendra donc une charge partielle -, tandis que le H prendra une charge partielle
+.

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Liaisons ioniques.

Lorsque la  ≥ 1,7, comme pour le NaCl, la polarisation du lien est telle que la paire d’électrons
passe majoritairement sur l’atome le plus électronégatif qui devient un anion alors que le moins
électronégatif devient un cation. Ce qui revient à dire que le chlore a « arraché » l’électron du
sodium.

Le lien ionique ne résulte plus de la mise en commun d’une paire d’électrons entre deux
atomes, mais de l’attraction électrostatique coulombienne entre deux ions de signes opposés.

On notera donc les deux ions sur un schéma comme de véritables charges.

En pratique, à l’exception du lien covalent pur, une liaison chimique n’est jamais totalement
covalente ou totalement ionique mais un des deux caractères est plus marqué que l’autre. Le
pourcentage d’ionicité dépend du moment dipolaire et de la longueur de la liaison entre les deux
atomes. Toutefois on peut faire une bonne corrélation avec la différence d’électronégativité et on
voit ci-dessous que le modèle de la liaison ionique devient prépondérant pour une différence
d’électronégativité  ≥ 1,7. De plus, on ne considère vraiment un lien comme polarisé que lorsque
 ≥ 0,5. C’est ce qui vous est indiqué sur votre tableau périodique.

Exercice : Représentez les liaisons NaI, OH, AgF, CH, PH, LiBr, CS, CsH, OF, CuCl.

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La structure de Lewis
Avant de s’attaquer à la structure tridimensionnelle d’une molécule, il nous faut d’abord savoir
comment les atomes sont liés entre eux dans la molécule d’intérêt et ceci nous est donné par la
structure de Lewis. Il s’agit de relier les électrons des différents atomes afin que ces derniers
atteignent l’octet.

Reprenons le cas de HCl. Le H a 1 électron périphérique et le Cl en a 7. Ce qui donne ceci :

Chaque électron périphérique est représenté par un point, et une barre équivaut à deux points.

Puis, il faut relier les électrons non appariés. Dans ce cas-ci, c’est très simple :

Enfin, on caractérise le lien chimique. Ici, il s’agit d’un lien covalent polarisé. On indique donc les
charges partielles sur le schéma :

Prenons un exemple plus difficile : NaOH

Il faut tout d’abord trouver l’atome central de la molécule. Dans ce cas-ci, c’est l’oxygène.
Ici, le lien chimique entre Na et O est un lien ionique. L’électron du sodium est donc « arraché »
par l’atome d’oxygène qui de ce fait à un électron en plus (une barre en dessous au lieu d’un
point) et le lien entre eux est indiqué par des pointillés.

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Encore un peu plus difficile : SOCl2

Si les deux exemples précédents étaient clairs, celui-ci pose plus de questions :

• 1° question : D’où sortent les quatre points du soufre ?

D’abord n’oublions pas qu’une barre équivaut à deux points. Donc, pour faire cette structure, il a
fallu « briser » une barre.

• 2° question : pourquoi pas simplement ceci :

D’abord, dans cette structure, un Cl se retrouve positif car il est lié à l’oxygène. Nous savons que
le chlore est un élément fort électronégatif et qu’il possède déjà 7 électrons, il n’est donc pas du
tout favorable pour lui d’en perdre un. De plus, l’oxygène souhaite « gagner » 2 électrons et il lui
est plus facile de « tirer » sur l’électron du soufre (comme dans la bonne structure) que de « tirer »
sur celui du chlore (car le soufre est moins électronégatif que le chlore).

Dernier exemple : CS2

Dans ce cas, les liens sont tous covalents purs, il n’y a donc pas de charge à indiquer sur le schéma.
Ici, l’explication est plus complexe : Les électrons sont des charges négatives qui se repoussent
entre elles. Dans la bonne structure, les électrons contenus dans les liens sont plus éloignés, la
structure est donc plus stable. De plus, si les structures cycliques sont fréquentes en chimie
organique (chimie du carbone), nous nous intéresserons ici à des structures qui possèdent un atome
central → pas de cycle ! Et enfin, les carbènes, molécules qui possèdent un carbone divalent, sont
généralement très instables.

Exercice : Représentez les structures de Lewis de CH2Cl2, PCl5, SO2, SO3, H2SO4, KMnO4

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Structure tridimensionnelle et polarité.
Le modèle le plus courant qui permet d’aborder la structure 3D d’une molécule est le modèle
VSEPR pour « Valence Shell Electron Pair Repulsion ». Autrement dit : « Répulsion des paires
électroniques de la couche de valence ».
Pour minimiser la répulsion entre les paires d’électrons qui sont dans la coque valencielle de
l’atome central, ces paires électroniques s’orientent de manière à s’écarter le plus possible les unes
des autres.
Dans ce modèle, on symbolise par A l’atome central, X les atomes liés à l’atome central et E les
doublets électroniques non liants de l’atome central.

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CHRISTIAENS QUENTIN
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CHRISTIAENS QUENTIN
La polarité d’une molécule est une notion très importante en chimie pour expliquer les propriétés
physiques et chimiques d’une substance. On peut considérer que si, dans une molécule, le centre
des charges positives se trouve à la même place que le centre des charges négatives, cette molécule
est non polaire. Et inversement, si les deux centres se trouvent en des endroits différents, la
molécule est polaire.

Prenons le CO2. Sa structure correspond au type AX2, la molécule est donc linéaire.

Le centre des charges positives se trouve au niveau du carbone et le centre des charges négatives
se trouve aussi au niveau du carbone : La molécule est non polaire.

Prenons maintenant H2O. Sa structure correspond au type AX2E2, la molécule est coudée.

Le centre des charges négatives se trouve sur l’oxygène alors que le centre des charges positives
se trouve entre les deux atomes d’hydrogène : La molécule est polaire.

Lorsqu’on veut représenter le centre de charge, il faut bien sur tenir compte de la pondération de
la charge :

De plus, une charge effective (provenant par exemple d’un lien ionique) a plus de valeur qu’une
charge partielle.

La polarité joue un rôle prépondérant dans la solubilité d’une molécule.

Exercices : Représentez les structures 3D et donnez la polarité de CH2Cl2, PCl3, NaOH, H2SO3,
KMnO4,HNO2, N2O3, N2O4, N2O5, IF7.

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L’étage d’oxydation (E.0.).
Par définition, il correspond à la charge que posséderait un atome si tous les liens de cet atome
avec les autres atomes de la molécule considérée étaient ioniques. Il permet de caractériser l’état
électronique d’un atome dans une molécule.

Prenons par exemple le soufre qui peut avoir différents E.O. en fonction des atomes avec lesquels
il fait des liaisons chimiques.

Dans H2S, l’étage d’oxydation du


soufre est -2 tandis que celui de
chacun des 2 atomes d’hydrogène
est +1.

Le soufre à l’état natif se présente


sous la forme d’une couronne S8.
E.O.S = 0

Dans SO2
E.O.S = +4
E.O.O = -2

Dans SO3
E.O.S = +6
E.O.O = -2

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CHRISTIAENS QUENTIN
Est-il toujours indispensable de représenter la structure de Lewis pour déterminer l’E.O. d’un
atome ? → Non.

On peut très bien déterminer l’E.O. d’un atome en connaissant celui des autres atomes de la
molécule (ou de l’ion). En effet, une molécule est une entité électriquement neutre. Dès lors, la
somme de tous les E.O. des atomes de la molécule doit être nulle.

De plus, l’hydrogène a très souvent l’E.O. = +1 et l’oxygène a très souvent l’E.O. = -2.
Un métal alcalin est toujours à +1 (sauf à l’état pur) et un métal alcalino-terreux est toujours à +2
(sauf à l’état pur). Pour les métaux de transition, il faut regarder dans le tableau périodique ou
représenter la structure de la molécule.

Nous verrons un peu plus loin quelques contre-exemples.

Exemple : Quel est l’E.O.S dans H2SO4 ?

H2SO4 est une molécule électriquement neutre. La somme des E.O. de ses atomes doit être nulle.
Ce qui signifie que 2*(E.O.H) + E.O.S + 4*(E.O.O) = 0

Si E.O.H = +1 et E.O.O = -2

→ 2*(+1) + E.O.S + 4*(-2) = 0

→ +2 + E.O.S -8 = 0

→ E.O.S = +6

En est-il de même pour les ions ? → Oui. Si ce n’est qu’un ion est une entité chargée et que la
somme de tous les E.O. des atomes de l’ion doit être égale à la charge totale de l’ion.

Exemple : Quel est l’E.O.P dans l’ion phosphate (PO43-) ?

(E.O.P) + 4*(E.O.O) = -3

→ (E.O.P) + 4*(-2) = -3

→ (E.O.P) -8 = -3

→ E.O.P = +5

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Contre-exemples :

• H2O2, l’eau oxygénée, constitue un contre-exemple car l’E.O.O = -1.

En effet :

• Normalement, tous les corps purs simples sont composés d’atomes à l’E.O. = 0 puisque aucun lien
n’est polarisé. Il existe cependant encore quelques exceptions comme l’ozone (O3) où l’atome
central d’oxygène utilise « tout » son doublet pour faire un lien avec l’atome d’oxygène de gauche
(sur ce schéma) ce qui le rend positif et rend l’atome d’oxygène de gauche négatif.
Il y a donc dans l’ozone, un atome qui est à l’E.O. = 0, un atome qui est à l’E.O. = +1 et un atome
qui est à l’E.O. = -1

• Dans certains composés (très réactifs) des atomes d’hydrogène peuvent se lier avec des atomes
métalliques moins électronégatifs qu’eux.
Dans ce cas, ces atomes d’hydrogène sont à l’E.O. = -1. Ils sont à ce moment appelés hydrures.
(Exemples : NaBH4 ou LiAlH4)

Exercice :

Déterminez les E.O. de tous les atomes dans

LiOH, KCl, MgBr2, KMnO4, SnO2, CO32-, H2PO3-, NO3-, HSO4-.

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Les interactions intermoléculaires.
Les liaisons hydrogène (ponts H).

Ce sont des liaisons électrostatiques intermoléculaires entre les atomes d’hydrogènes positifs et
les électrons des doublets non liants d’atomes très électronégatifs comme l’oxygène, l’azote ou le
fluor.

L’énergie de ces ponts H est généralement comprise entre 1 et 50 kJ/mol et dépend de


l’électronégativité de l’atome (plus élevée pour F) et de la distance séparant l’atome très
électronégatif de l’hydrogène. Bien sûr, plus cette distance est faible, plus le lien H est fort. Pour
la molécule d’eau, l’énergie d’un pont H est de l’ordre de 20kJ/mol.

Les ponts H sont liaisons plus fortes que celles de van der Waals (dont nous parlerons juste après)
mais moins fortes que les liaisons covalentes ou ioniques dont l’énergie est souvent comprise entre
100 et 1000kJ/mol.

Comme une molécule d’eau possède 2 doublets non liants sur l’oxygène et 2 atomes d’hydrogène,
elle peut faire au maximum 4 ponts H, ce qui est le cas dans la glace.

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Ces ponts H ont de nombreuses conséquences.

On peut voir, sur le schéma qui précède, la structure hexagonale « très aérée » de la glace, qui la
rend peu dense, au point de flotter dans son propre liquide, ce qui est particulièrement rare.

Presque toujours, l'organisation microscopique des atomes ou des molécules s'observe aussi à
l'échelle macroscopique et cette symétrie hexagonale des molécules d'eau n'échappe à la règle.

A l’état liquide, une molécule d’eau fait encore statistiquement environ 3,5 ponts H avec ses
voisines.

Ce nombre et la force des liens diminuent à cause de l’agitation moléculaire lorsque la température
augmente. Elever la température de l’eau correspond donc à briser des ponts H et bien sûr, ceci
coûte de l’énergie.
C’est la raison pour laquelle l’eau a une capacité calorifique aussi élevée (4186J.kg-1.K-1)

Pour cette raison, l’eau joue, entre autres, un rôle de tampon thermique à la surface de la Terre.
Plus il y a d'eau à la surface et sous forme de nuages dans une région, plus la variation de
température entre le jour et la nuit est atténuée. Il en est de même pour les planètes ou satellites.

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La lune par exemple, qui ne possède pas d'eau en surface et pas d'atmosphère, voit sa température
varier entre 120°C le jour et -180°C la nuit.
Dans la vapeur d’eau, à une température de plus de 100°C, il y a encore statistiquement 1 pont H
par molécule d’eau.

Faisons un petit calcul :

L’énergie nécessaire pour vaporiser de l’eau est de 22,6.105J/kg. Admettons que cette énergie ne
provienne que de la rupture de ponts H. Nous avons dit précédemment que l’énergie d’un pont H
dans l’eau est de l’ordre de 20kJ/mol. Combien de ponts H par molécule devrait-on briser lors de
la vaporisation ?
……………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
Bien sûr, nous savons que les ponts H ne sont pas la seule énergie à fournir parce que les molécules
à l’état gazeux sont plus agitées. Il a donc fallu leur fournir cette énergie (de vibration, de
translation et de rotation). Mais malgré cela, on peut quand même croire que les ponts H jouent un
rôle prépondérant dans l’énergie que coûte la vaporisation de l’eau et sont donc « un obstacle » à
la transformation de l’eau en vapeur. En fait , il est même plus que probable, que sans les ponts H,
l’eau serait gazeuse à des températures et pressions normales. Si on compare l’eau avec la molécule
d’H2S, qui lui est très comparable, on ne peut qu’être frappé par la différence entre leurs
températures d’ébullition.

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Les ponts H sont également les forces qui lient les deux brins de l’ADN.
Il y a 2 ponts H entre T et A et 3 entre C et G.

Les ponts H sont aussi responsables des éléments de la structure secondaire des protéines.

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On notera aussi dans le cas de certaines molécules organiques, que les ponts H peuvent mener à
la formation de dimères et ne sont pas toujours intermoléculaires mais peuvent être parfois
intramoléculaires.

Ils sont aussi responsables, par exemple, de l’agencement des molécules de polymères comme
dans le Kevlar, un polymère extrêmement résistant.

La liaison métallique.

Grâce au recouvrement des bandes de valence et de conduction, les électrons périphériques d’un
métal sont relativement libres de se déplacer dans le cristal métallique à la condition de respecter
l’électroneutralité locale. On peut donc voir un cristal métallique comme des noyaux (avec les
premières couches d’électrons) positifs baignant dans une mer d’électrons délocalisés.

La liaison métallique est l’attraction électrostatique forte entre les cations métalliques et les
électrons délocalisés. C’est cette attraction qui maintient la cohésion du cristal métallique.

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La force du lien dépend de la taille de l’ion. Plus un cation est petit, plus les liens métalliques
qu’il fera avec les électrons délocalisés seront forts. Et plus le lien est fort, plus les températures
de fusion ou d’ébullition auront tendance à augmenter. On peut, par exemple, observer cet effet
en comparant les températures de fusion du lithium et du sodium.

La force du lien dépend aussi de la charge de l’ion. Le lien métallique que fait un électron
délocalisé est plus fort avec un ion Al3+ qu’avec un ion Mg2+, lui-même plus fort qu’avec Na+.

De plus, l’aluminium a un point de fusion très élevé à cause de la forte concentration en


électrons délocalisés.

Cette délocalisation des électrons rend aussi les métaux bons conducteurs d’électricité.

De par leur mobilité, ces électrons peuvent aussi transférer rapidement la chaleur faisant des
métaux des bons conducteurs thermiques.

Enfin, les métaux sont ductiles (étirables en fils) et malléables (pouvant être façonnées sans se
casser ou se fissurer) En effet cette « mer d’électrons » permet aux noyaux positifs de se déplacer
sous l’effet d’une contrainte sans rupture du cristal.

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Forces ion-dipôle.

De manière générale, cette interaction se produit lorsqu’un composé ionique se retrouve en


solution dans un solvant polaire. Elle est donc responsable de l’hydratation des ions en solution.
Prenons le cas de la dissolution d’un cristal de sel de cuisine dans l’eau.

Les molécules d’eau arrachent progressivement les ions au cristal en faisant des interactions ion-
dipôle. Les molécules d’eau s’organisent autour des ions en couches de solvatation.

L’énergie de ces forces est classiquement de l’ordre de 15kJ/mol et est proportionnelle à


l’inverse de la distance au carré. (Comme la force de Coulomb)
Les nombres de solvatation par des molécules d'eau dans la première sphère dépendent de l’ion
et de la température. Il est possible de les déterminer à l’aide de différentes méthodes telles que
la diffraction des rayons X. Par exemple, il y a généralement dans la première sphère de
solvatation

• 4 molécules d’eau pour les ions Li+


• De 4 à 8 molécules d’eau pour les ions Na+ ou K+
• 6 molécules d’eau pour les ions Mg2+, Ca2+, F-, Cl-, Br-
• 8 molécules d’eau pour les ions NH4+ ou SO42-

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On peut penser en toute légitimité que les composés les plus ioniques sont ceux qui seront les
plus solubles dans l’eau.

Et on peut s’attendre à ce que les composés les plus ioniques soient ceux qui possèdent un atome
métallique fortement électropositif et/ou menant à un cation très chargé. (*)

Si on regarde à l’arrière du tableau périodique, on trouve le tableau des produits de solubilité.

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L’exploitation des valeurs contenues dans ce tableau ne fait malheureusement pas partie du
programme de secondaire mais on peut néanmoins en expliciter qualitativement le contenu.

Les valeurs de ce produit de solubilité ne sont pas exactement la solubilité de ces sels (en mol de
soluté par litre de solution) mais y sont directement liés. On peut donc dire, pour une première
approche, que plus la valeur trouvée dans le tableau est petite, moins le sel est soluble. Cette
comparaison devant être faite pour des sels donnant des ions dans les mêmes proportions.

Ainsi, on pourra dire que, à 25°C, on pourra dissoudre dans deux volumes d’eau identiques,
moins de CaF2 que de Ca(OH)2.

D’ailleurs si les dentifrices contiennent du fluor, c’est non-seulement pour son action
antibactérienne mais également par ce que l’hydroxyapatite Ca5(PO4)3OH, qui représente 97%
de l’émail de nos dents, subit une modification chimique suite au contact répété avec le fluor et
devient de la fluorapatite Ca5(PO4)3F plus dure et plus résistante à l’attaque des acides.

Si on ne trouve pas de valeur dans le tableau, c’est que la solubilité du sel est très élevée et donc
considérée comme infinie. Bien sûr, « une solubilité infinie » n’est pas à prendre au sens propre.
On considère généralement qu’un composé est totalement soluble lorsque sa solubilité est plus
grande que 0,1mol/l. Pour donner une idée, le NaCl est très soluble dans l’eau. A 20°C, la
solubilité du sel de cuisine atteint 360g/l, ce qui correspond à 6,15mol/l.

Revenons à ce qui a été dit précédemment. (voir *)

Premièrement, on peut constater que tous les sels de tous les métaux alcalins (qui sont les atomes
les plus électropositifs) sont solubles (tous les sels de sodium, tous les sels de potassium…). La
seule exception que l’on trouve dans le tableau est le Li2CO3, partiellement insoluble. Et
encore… Car en réalité, sa solubilité est de 13,1g/l à 20°C, ce qui correspond à 0,1955mol/l. Au
sens de ce qui a été dit précédemment, le Li2CO3 est donc bien un composé soluble et on aurait
très bien pu ne pas mettre de valeur dans la case. Tout n’est qu’une question de limite fixée par
ceux qui ont fait le tableau.

Deuxièmement, regardons les ions métalliques très chargés (3+).

Pour Al3+, seul le phosphate est insoluble.


Pour Bi3+, seul le sulfure est insoluble.
Et pour Fe3+, seuls l’hydroxyde et le phosphate sont insolubles.

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Les forces de van der Waals.

Ce sont des forces d’attraction dues aux interactions entre dipôles.


Elles portent ce nom en l’honneur du physicien Johannes Diderik van der Waals (1837-1923), prix
Nobel de physique en 1910 pour avoir introduit l’effet de ces forces dans l’équation d’état des gaz
permettant ainsi d’améliorer PV = n.R.T

L’équation d’état des gaz s’écrivant alors

𝑎. 𝑛2
(𝑃 + ) . (𝑉 − 𝑛. 𝑏) = 𝑛. 𝑅. 𝑇
𝑉2
𝑎.𝑛²
Le terme 𝑉² permet de prendre en compte l’attirance mutuelle des atomes ou molécules du gaz,
on l’appelle la « pression de liaison ».

Le terme b est le « covolume » qui représente le volume propre des atomes ou des molécules du
gaz et qui s’interprète comme un volume exclu (il est impossible de rendre le volume d’une mole
du gaz inférieur à b).

Exercice :

Pour une pression de 101325Pa (Patm), calculez le volume d’une mole de CO2 à une température
de 273,15K à l’aide de la loi des gaz parfaits. (R = 8,314J.K-1.mol-1)
(Réponse : 0,0224127m³ ou 22,413 litres)

Refaites le calcul avec l’équation de VDW sachant que pour une pression en Pa, les valeurs des
coefficients pour le CO2 sont a = 0,366 kg.m5.s-2.mol-2 et b = 4,29 10-5 m3.mol-1

(Réponse : 0,0222939m³ ou 22,294 litres)

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Ce sont les interactions entre les molécules qui expliquent la différence obtenue.

Les forces de VDW regroupent trois interactions différentes :

• Les forces de Keesom liées à l’électronégativité et qui résultent d’une interaction


intermoléculaire entre dipôles permanents. Elles sont d’autant plus fortes que les moments
dipolaires des molécules sont élevés et que la température est basse.

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• Les forces de Debye qui résultent d’une interaction intermoléculaire entre un dipôle
permanent et un dipôle induit.

Tous les atomes et molécules sont polarisables. Cette polarisabilité résulte de la déformation
du nuage électronique par un champ électrique généré par une molécule polaire à proximité.

• Les forces de London qui résultent d’une interaction intermoléculaire entre deux dipôles
induits.

En fait, les électrons étant des charges en mouvement, la distribution du nuage électronique
d’un atome ou d’une molécule, même non-polaire, peut-être momentanément asymétrique.
Dès lors, cette asymétrie peut créer un moment dipolaire momentané et induire un moment
dipolaire chez un atome ou une molécule proche.

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Chimie organique 1ère partie.
La chimie organique est la chimie du carbone et de ses composés. Ainsi, les atomes constitutifs
des molécules organiques sont C, H, N, O, P, S + les halogènes (F, Cl, Br, I) et dans quelques rares
cas Si.

La distinction entre chimie organique et inorganique est complexe et assez arbitraire.

Les composés organiques naturels ont une origine biologique. Mais il existe des composés
organiques synthétiques. De plus, le CO2 peut être produit naturellement par fermentation mais il
n’est pas considéré comme une molécule organique.

Les molécules organiques contiennent toujours du carbone mais le diamant (C), le monoxyde de
carbone CO et le dioxyde de carbone CO2 ne sont pas considérés comme des molécules
organiques.

Les molécules organiques contiennent le plus souvent au moins un atome de carbone lié à
un atome d’hydrogène par une liaison covalente. Malheureusement, il existe des exceptions :
l'acide oxalique, l'acide trifluoroacétique, l'hexachloroéthane et l'urée sont des molécules
organiques.

La définition actuelle est la suivante :

« Un composé organique contient au moins un atome de carbone et un ou plusieurs des éléments


suivants : hydrogène, halogènes, oxygène, soufre, phosphore, silicium ou azote, à
l'exception des oxydes de carbone et des carbonates et bicarbonates inorganiques. »

De plus, il existe des molécules « organométalliques » utilisées l’industrie pharmaceutique,


comme additif pour les carburants, dans la synthèse organique (réaction de Friedel-Crafts, réactifs
de Grignard), la catalyse (réaction de Heck)…

Les molécules organiques constituent l’essence même de la vie. Les protéines, les acides
nucléiques (ADN et ARN), les sucres et les graisses sont des molécules organiques. Des milliers
de produits de consommation quotidienne contiennent d’innombrables composés organiques.
Certains de ces composés sont naturels et souvent extraits de plantes comme le coton, d’autres
sont synthétiques comme les plastiques.

Les deux plus grands pôles de recherche et développement en chimie organique sont d’une part
les médicaments et d’autre part les polymères mais on trouve encore bien d’autres domaines en
chimie organique comme les explosifs, les textiles, les résines, les colorants, les vernis, les
pesticides, les savons, les produits cosmétiques, les parfums…

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Les Hydrocarbures.
Les hydrocarbures sont des molécules constituées uniquement de carbone et d’hydrogène.
Ces molécules peuvent être saturées (ce qui veut dire qu’elles ne possèdent que des simples
liaisons) ou insaturées (possédant une ou plusieurs doubles ou triples liaisons).
Elles peuvent être linéaires, ramifiées, cycliques, aromatiques…

Les alcanes.

Les alcanes sont les molécules les plus simples en chimie organique. Ils ne sont composés que de
carbone et d’hydrogène et les atomes ne sont liés que par de simples liaisons.

Il existe en chimie organique plusieurs façons de représenter une molécule. Exemple : Le propane.

Formule développée : Représentation dans laquelle on indique tous les atomes et les liens
chimiques qui les lient.

Formule semi-développée : Représentation dans laquelle on indique les groupes d’atomes.

CH3-CH2-CH3

Formule brute : C’est la forme la plus compacte qui reflète juste le nombre d’atomes qui
composent la molécule.
C3H8

Forme 2D : La molécule est représentée à plat. On ne représente plus que les liens et on peut
représenter (facultativement) les groupes terminaux.

Structure 3D :

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Nomenclature des alcanes linéaires : Radical + ANE.

Le radical utilisé dépend du nombre d’atomes de carbone de la chaîne principale.

→Méthane, éthane, propane, butane…

Comme chaque carbone porte deux atomes d’hydrogène et les carbones aux extrémités en portent
trois, la formule brute d’un alcane (non-cyclique) sera toujours CnH2n+2.

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Nomenclature des alcanes à chaîne ramifiées :

Quelques bons exemples vaudront certainement mieux qu’un long discours.

1°cas :

La première chose qu’il faut bien voir est que ces deux molécules ne sont en fait qu’une seule et
même molécule mais représentée de deux manières différentes. La ramification est ici un CH3
positionné sur le carbone 6 à gauche ou sur le carbone 3 à droite en fonction du sens de la
numérotation qu’on a choisi.

Nomenclature des ramifications : Radical + YLE.

On parlera de groupement méthyle (-CH3), éthyle (-CH2-CH3), propyle (-CH2-CH2-CH3), …

La molécule qui est représentée est donc un méthyloctane. Il est à noter que le e terminal de
méthyle disparaît dès que celui-ci est lié.

La position du groupement méthyle est donnée par le numéro du carbone sur lequel il se trouve.
Si comme dans ce cas-ci, on a le choix entre deux numéros :
6-méthyloctane et 3-méthyloctane, on prend toujours le plus petit.

Par conséquent, la numérotation de gauche est mauvaise !


Cette molécule est la 3-méthyloctane.

2°cas :

Première chose à faire : trouver la chaîne la plus longue.

Cette chaîne fait 10 atomes de carbone, c’est donc un décane et les ramifications sont des
groupements méthyle et propyle.

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Deuxième chose, numéroter cette chaîne. Deux possibilités :

3-méthyl-6-propyldécane. 8-méthyl-5-propyldécane.

Dans ce cas, on additionne les numéros et on choisit la somme la plus petite.

9 à gauche, 13 à droite, c’est donc la numérotation de gauche qui est la bonne.

Pour les noms des molécules, on indique la succession des groupements avant la chaîne principale
par ordre alphabétique. Ainsi méthyl vient avant propyl.

Si le groupement propyle venait à être remplacé par un groupement éthyle :

Ce serait la 6-éthyl-3-méthyldécane.

3°cas :

Sur base de ce que nous avons vu jusqu’à présent, on pourrait appeler cette molécule
5-éthyl-2-méthyl-7-méthylnonane. En fait lorsqu’on a plusieurs mêmes groupements, on utilise
une notation raccourcie : 5-éthyl-2,7-diméthylnonane.

Faites bien attention à ne pas vous tromper entre les virgules et les traits d’union.

On utilise le préfixe « di » pour 2 groupements identiques, « tri » pour 3, « tétra » pour 4…

Il existe quelques groupements qui sont eux-mêmes ramifiés et qui portent des noms un peu
particuliers.

5-isopropylnonane. 5-tertiobutyldécane.

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Exercices :

Représentez les molécules suivantes :

• 3,4-diéthyl-5-méthyloctane

• 3-éthyl-2,6-diméthyl-4-isopropyloctane.

Donnez les noms des molécules suivantes :

L’essence est un mélange de plusieurs composés organiques tels que l’isooctane (qu’on devrait en
fait appeler 2,2,4-triméthylpentane).

Cette molécule est un très bon carburant dans la mesure où elle brûle de manière uniforme (la
raison principale est que cette molécule est fort ramifiée) et n’a pas (ou très peu) tendance à
exploser à l’intérieur des cylindres du moteur.

Par contre, les molécules linéaires comme le n-heptane, s’enflamment en explosant à l’intérieur
des moteurs.

La capacité de l’essence à brûler doucement et à ne pas exploser est appelée pour cette raison
l’indice d’octane. De manière purement arbitraire, on a fixé la valeur de l’isooctane à 100 et celle
du n-heptane à 0. On rencontre aujourd’hui des essences (et diesel) qui se situent entre 95 et 98
d’indice d’octane. Une essence à 95 d’indice d’octane signifie qu’elle brûle comme un mélange
95% isooctane et 5% n-heptane. Certaines essences de compétition atteignent 110 d’indice
d’octane. De plus, il est possible d’ajouter des additifs à l’essence pour en améliorer la combustion.

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CHRISTIAENS QUENTIN
Pendant longtemps, on a ajouté à l’essence du plombtétraméthyle ou mieux encore du
plombtétraéthyle dans cet objectif.

On a diminué cette pratique à partir des années 80 pour finalement interdire l’utilisation de ces
produits dans l’union européenne depuis l’an 2000. La raison est très simple : ces composés sont
liposolubles et sont donc facilement bioassimilables via la chaîne alimentaire ou via la peau.
Malheureusement, ces composés, toxiques, ne sont pas (ou très peu) biodégradables et restent
encore aujourd’hui une source de pollution persistante.

Tant que nous y sommes, parlons un peu du pétrole. C’est une huile minérale provenant de la
sédimentation de matières organiques principalement végétales. Au fur et à mesure que des
couches de sédiments se superposent, la température et la pression augmentent. Dans ces
conditions, la matière organique se transforme lentement en kérogène (à ne pas confondre avec le
kérosène qui est utilisé dans la fabrication du carburant des avions), un extrait sec disséminé dans
la roche sous forme de petits grumeaux. C’est la dégradation de ce kérogène qui entraînera la
production de pétrole et/ou de gaz naturel qui sont des matières plus hydrogénées que le kérogène
de départ. Si la pression est suffisante, ces fluides s’échappent : c’est ce qu’on appelle la migration
primaire. En général, la roche à plusieurs dizaines voire centaines de millions d’années lorsque
cette migration se produit. Les hydrocarbures plus légers que l’eau finissent par remonter à la
surface de la terre où ils sont oxydés ou biodégradés mais dans certains cas une partie de ces
hydrocarbures ne peut s’échapper à cause d’une couche imperméable et se retrouve piégée. Il
existe différents pétroles en fonction de leur composition chimique et de leur origine.

Quelques chiffres :

1 baril (bbls) = 158,987 litres = 42 gallons


La consommation de pétrole avoisine les 100Mbbls/jour tandis que les réserves mondiales
prouvées sont de l’ordre de 1,5Tbbls.

Si on prend ces chiffres pour argent comptant, il reste, sur base de la consommation actuelle, du
pétrole pour une quarantaine d’années ! A côté de cela, il devrait rester du gaz naturel pour environ
50 ans, du charbon pour 200ans et de l’uranium 235 pour une petite centaine d’années. Le
développement d’énergies renouvelables telles que l’électricité produite par les éoliennes et les
cellules photovoltaïques est donc indispensable, à moins d’avoir maîtrisé la fusion nucléaire d’ici-
là !

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Le raffinage du pétrole consiste à faire une distillation du pétrole à pression normale pour le séparer
en plusieurs fractions utilisables à différents niveaux. Lorsque le pétrole brut arrive dans la
colonne, ses différents constituants se répartissent à différents niveaux en fonction de leur
température d’ébullition, elle-même fonction du nombre d’atomes de carbone. La partie la plus
lourde (qui ne passe pas en phase vapeur à une température de 370°C) va être envoyée vers une
seconde colonne de distillation sous pression réduite pour abaisser le point d’ébullition de ces
composants.

Le tableau ci-dessous donne une idée de la composition des différentes fractions.

Températures de fusion et d'ébullition des alcanes à chaînes linéaires.

Nombre de C Température de fusion à 1atm (°C) Température d'ébullition à 1atm (°C)

1 (méthane) -184 -164


2 (éthane) -172 -88,5
3 (propane) -190 -44,5
4 (butane) -135 0,6
5 -131 36,2
6 -94 69
7 -90 98,5
8 -56,5 126
9 -54 150,5
10 -30 173
11 -26,5 194,5
12 -12 214
13 -5,3 235,4
14 5,8 253,5
15 9,9 270,6
16 18,1 286,8
17 22 302
18 28,2 316,3
19 32,1 329,9
20 38 342

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CHRISTIAENS QUENTIN
Aujourd’hui, diverses techniques permettent de maximiser la production des fractions les plus
intéressantes : essence et gazole (diesel).

L’alkylation est un procédé par lequel on transforme de petites molécules (≈ 4 C) en molécules


plus lourdes (≈ 8 C) et ramifiées à haut indice d’octane.
L’isomérisation (qui n’est pas indiquée sur le schéma) est une opération qui consiste à transformer
des molécules à chaînes linéaires en molécules de même taille mais à chaînes ramifiées. Ce
processus vise principalement les molécules relativement légères (≈ 6 C).

Le reformage catalytique a pour but de transformer des molécules cycliques de type naphténiques
en molécules aromatiques de type benzéniques car celles-ci ont à nouveau un indice d’octane
nettement meilleur.

Ci-dessus, le reformage du naphtène (ou cyclohexane) en benzène. Cette réaction correspond donc
à une déshydrogénation.

Enfin, le craquage catalytique consiste à casser les molécules très lourdes en molécules plus
légères. On récupèrera différentes fractions de cette opération:

• Les gaz dont une partie rejoindra le gaz naturel et une autre sera traitée par alkylation.
• Les molécules à ≈ 8 C qui entreront dans la composition de l’essence.
• Le gazole léger pour moteurs diesel.
• Le fioul (ou mazout) utilisé dans les chaudières.

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Mais le pétrole n’est pas transformé qu’en combustibles. Si c’est là son utilisation majoritaire, elle
n’est certainement pas la plus importante dans notre vie. En effet, on récupère du pétrole tous les
solvants et les molécules de base qu’on trouve dans un labo de chimie organique. L’énorme
majorité des réactions de chimie organique ne se font pas dans l’eau mais bien dans des solvants
organiques tels que le méthanol (CH3OH), le dichlorométhane (CH2Cl2) ou l’éther diéthylique
(CH3-CH2-O-CH2-CH3) pour ne citer que ceux-là.

Pour rappel, les deux pôles industriels les plus importants en chimie organique sont la fabrication
des médicaments et des polymères. Il suffit de regarder autour de soi pour se rendre compte à quel
point notre vie dépend de ces deux éléments.

Qui n’a pas d’Aspirine ou de Dafalgan dans sa pharmacie ?


Qui n’a jamais pris le moindre médicament et peut dire qu’il n’en prendra jamais ?

Qui peut se passer des plastiques ? L’énorme majorité des objets autour de nous contiennent du
plastique ou sont faits à partir de fibres polymères.

Ce sont bien sûr


• les bics et les lattes (en polystyrène),
• la calculatrice ou le pare-chocs de voiture (en ABS : acrylonitrile butadiène styrène),
• les t-shirts et les pulls (en polyester),
• les bouteilles d’eau (en polyéthylène téréphtalate),
• les « Tupperware » et films d’emballage cellophane (en polyéthylène),
• les mousses d’isolation (en polyuréthane),
• les tuyaux, châssis et les revêtements de surface (en PVC),
• les DVD et les casques de moto (en polycarbonate),
• les revêtements antiadhésifs (en téflon)
• les LED et panneaux photovoltaïques (en PPV : poly-paraphénylène-vinylène)

… jusqu’aux polyacrylamides supers absorbants qu’on trouve dans les couches pour bébés
et les serviettes hygiéniques… etc… etc… etc…

Qui peut se passer de tout ça et de bien d’autres choses encore ?

Après cette parenthèse sur le pétrole, parlons à présent des isomères en chimie organique.

En chimie organique, on parle d'isomérie lorsque deux molécules possèdent la même formule brute
mais ont des formules développées différentes. Ces molécules, appelées isomères, ont des
propriétés physiques, chimiques et biologiques différentes.

Le terme isomérie vient du grec isos (identique) et meros (partie).


L'isomérie a été remarquée la première fois en 1827, quand Friedrich Woehler a préparé l'acide
isocyanique H-C=N=O et a noté que, bien que sa composition élémentaire soit la même que celle
de l'acide fulminique H-N=C=O, préparé par Justus von Liebig l'année précédente, les propriétés
chimiques de ces substances sont radicalement différentes. Cette découverte était en contraste avec
les théories de l'époque car on pensait que les propriétés d'une substance étaient entièrement
déterminées par sa formule brute.

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Il existe différents types d’isomères. Ceux que nous aborderons dans le cadre de ce cours sont les
isomères de structure.

Prenons par exemple C5H12. Il existe trois isomères de structure pour cette formule brute : le n-
pentane, le 2-méthylbutane (isopentane) et le 2,2-diméthylpropane (néopentane).

Comme nous l’avons dit, ces trois molécules ont des propriétés différentes.
Il y a évidemment beaucoup de propriétés sur lesquelles on pourrait comparer ces substances.
Prenons juste la densité et les températures de fusion et d’ébullition :

Composé Densité T° fus (°C) T° ébul (°C)

n-pentane 0,626 -129,8 36,1

2-méthylbutane 0,616 -159,9 27,7

2,2-diméthylpropane 0,627 -16,6 9,5

Le tableau ci-dessus permet de se rendre bien compte que ces substances sont différentes. Même
si leurs densités sont très proches, leurs températures de fusion et d’ébullition sont quant à elles
fort différentes.

Exercice : Représentez en formules semi-développées tous les isomères de structure de C6H14 puis
faites la même chose pour C7H16.

Les alcènes.

Les alcènes sont les composés qui contiennent au moins une double liaison C = C.
Nous n’étudierons pas ici la nomenclature des alcènes. Ce qu’il faut savoir est que leurs noms
terminent en « -ène » au lieu de « -ane » pour les alcanes. Ci-dessous, l’éthène et le propène :

Les propriétés tant chimiques que physiques des alcènes sont fort différentes des alcanes.
On peut dire par exemple que la seule différence significative qu’il existe entre de la matière grasse
solide et de l’huile pour friteuse liquide est la présence de doubles liaisons dans les molécules
d’huile alors que la graisse n’en contient pas. Par hydrogénation, on peut transformer un alcène en
alcane.

On dit des alcènes qu’ils sont « insaturés » car on peut encore y ajouter des atomes d’hydrogène
par rapport aux alcanes qui sont dits « saturés » car on ne peut plus rien y additionner.

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Les composés aromatiques.

En 1825, en pyrolysant de l’huile de baleine, Michael Faraday a obtenu un liquide incolore


particulièrement stable de formule C6H6 : le benzène.

Le benzène est simplement un cycle plan de six atomes de carbone (et six hydrogènes) formant
un hexagone parfait. Les atomes de carbones sont reliés par des doubles liaisons conjuguées (une
simple liaison puis une double, puis une simple, puis une double...) dont les électrons peuvent se
déplacer à l'intérieur du cycle. On les représente donc souvent par un rond à l'intérieur du cycle.

La rotation de ces électrons est d'ailleurs démontrée par le fait que cela produit un champ
magnétique dont l'effet est observable en RMN.

Le benzène est extraordinairement inerte :

• Il ne subit que très difficilement les réactions d’additions pourtant typiques des systèmes
insaturés.
• L’hydrogénation catalytique est particulièrement lente sur le benzène.
• Même un oxydant aussi puissant que le KMnO4 , capable d’oxyder des chaînes entières de
carbone en CO2, n’a pas d’effet sur lui.

La raison provient de cette délocalisation des électrons. Il existe d’autres cycles qui « profitent »
de cette stabilité appelée aromaticité mais le cycle benzénique est de très loin la structure
aromatique la plus fréquente.

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La nomenclature des cycles aromatiques est un peu particulière. Les positions par rapport à un
substituant sur le cycle sont appelées ortho, méta et para. Même si une nomenclature IUPAC
existe, force est de constater que tout le monde fait un peu à sa mode. En soi, ce n'est pas bien
grave du moment qu'on sait tous de quoi on parle. Ca complique juste un peu les recherches sur
internet...

Une fois qu'il y a trois substituants, on utilise plus généralement la nomenclature à chiffres.

Les alcynes.

Les alcynes sont les composés qui contiennent au moins une triple liaison C ≡ C.
Nous n’étudierons pas ici la nomenclature des alcynes. Ce qu’il faut savoir est que leurs noms
terminent en « -yne » au lieu de « -ane » pour les alcanes. Ci-dessous, l’éthyne (plus couramment
appelé acétylène) et le propyne :

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Les fonctions en chimie organique.
Les molécules composées uniquement d’atomes de carbone et d’hydrogène que nous avons vues
précédemment sont appelées hydrocarbures. Mais l’énorme diversité des molécules organiques
tient surtout dans les différentes fonctions qui les caractérisent.

Il existe un grand nombre de fonctions différentes en chimie organique. Nous ne les verrons pas
toutes mais la liste donnée ici permet déjà de se faire une idée de leur diversité.

La fonction hydroxyle.

Elle correspond à un groupement OH et caractérise les alcools.

Ci-dessous, le méthanol et l’éthanol.

Comme on peut le voir dans le tableau ci-dessous, les alcools ont des températures d’ébullition
beaucoup plus élevées que les alcanes correspondants.

Températures d'ébullition des alcools à chaînes linéaires.

Températures d'ébullition à 1atm (°C)


Nombre de C Alcools Alcanes

1 65 -164
2 78,5 -88,5
3 97,5 -44,5
4 117 0,6
5 137,5 36,2
6 157 69
7 175 98,5
8 195,5 126
9 213,5 150,5
10 230 173

Cela provient des ponts hydrogènes entre les molécules d’alcool.

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Cet effet sur la température d’ébullition diminue avec l’allongement de la chaîne car plus celle-ci
est longue, plus elle gène la formation des ponts H.
Les alcools peuvent être primaires, secondaires ou tertiaires en fonction du nombre d’atomes de
carbone auxquels le carbone qui porte la fonction hydroxyle est relié.

Alcool primaire. Alcool secondaire. Alcool tertiaire.

Lorsque le groupement terminal est – SH, on parlera de thiol.

Si la fonction hydroxyle est sur un cycle aromatique, on ne parlera pas d’alcool mais de phénol.

Le phénol est fortement corrosif pour les organismes vivants. Une solution aqueuse à 1 % suffit à
provoquer des irritations sévères. Les brûlures au phénol sont très douloureuses et longues à guérir.
De plus, elles peuvent être suivies de complications graves pouvant mener à la mort de par la
toxicité de ce composé et sa capacité à pénétrer dans l’organisme en traversant la peau. Toutefois,
il reste un intermédiaire important pour de nombreuses synthèses de produits pharmaceutiques.

La fonction éther.

Il s’agit d’un atome d’oxygène relié à deux atomes de carbone par de simples liaisons.

Exemples : L’éther diméthylique et l’éther diéthylique.

Lorsque c’est un atome de soufre qui est coincé entre deux atomes de carbone, on parlera de
thioéther.

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La fonction carbonyle.

Il s’agit d’une double liaison C=O.

• Si le carbone est relié à deux autres carbones, on a affaire à une cétone.

Exemple : La diméthylcétone (plus couramment appelée acétone) qui est un solvant organique
utilisé fréquemment comme dissolvant pour les peintures ou vernis.

• Si le carbone est relié à un atome de carbone et un atome d’hydrogène, on a affaire à un aldéhyde.

Exemple : Le butanal aussi appelé butyraldéhyde.

La fonction amine.

Les amines sont des composés organiques dérivés de l’ammoniac (NH3) dont au moins un atome
d’hydrogène a été remplacé par un atome de carbone.

Exemples : La méthylamine, la diéthylamine et la triméthylamine.

Amine primaire. Amine secondaire. Amine tertiaire.

A cause du doublet électronique de l’atome d’azote, les amines sont basiques au même titre que
l’ammoniac.

La fonction imine.

Une imine est une fonction organique caractérisée par une double liaison C=N.
Elle provient de la condensation d’une cétone ou d’un aldéhyde avec une amine primaire ou
l’ammoniac.

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La fonction carboxyle.

Cette fonction caractérise les acides carboxyliques et tous leurs dérivés. Il s’agit d’un atome de
carbone faisant une simple et une double liaison avec deux atomes d’oxygène (O=C- O).

• Les acides carboxyliques.

Si R est un atome d’hydrogène, c’est l’acide méthanoïque presque toujours appelé acide formique
car il fut isolé la première fois à partir des fourmis. En fait, il est présent dans la piqûre de plusieurs
insectes comme les fourmis et les abeilles. Il constitue donc un moyen de défense chimique pour
ces animaux. On le trouve également chez les végétaux, par exemple sur les poils des feuilles des
orties.

L’acide éthanoïque est presque toujours appelé acide acétique (acetum en latin veut dire vinaigre).

Il représente environ 10% du vinaigre auquel il donne un goût acide et une odeur piquante.
C’est un produit corrosif et irritant. Pur, il est connu sous le nom d’acide acétique glacial. C’est un
réactif très utilisé dans l’industrie que ce soit en tant que solvant ou réactif pour la fabrication de
plastiques par exemple.

Le corps humain transforme par oxydation l’éthanol en acétaldéhyde qui est lui-même oxydé en
acide acétique.

Cette réaction se produit également à l’air libre où l’oxygène joue le rôle d’oxydant mais est
évidemment beaucoup plus lente que dans notre organisme. C’est cette lente oxydation de
l’éthanol en acide acétique qui est responsable du fait que toute boisson alcoolisée laissée à l’air
libre va se transformer en vinaigre. Un vin « sûr » est un vin dont l’alcool éthylique s’est déjà
partiellement transformé en acide acétique et suffisamment pour donner le sentiment du vinaigre.
Les bouchons des bouteilles de vin sont généralement en liège qui est imperméable aux liquides
mais pas aux gaz et donc permet des échanges gazeux avec l’extérieur. Il est donc utile, si on
souhaite conserver du vin dans une cave de vérifier « la garde » proposée du vin.

Les acides carboxyliques réagissent avec les bases comme tous les acides.
Lorsque le groupement carboxylique perd son H+, il prend le nom de carboxylate.

L’acide acétique a ici réagi avec le NaOH pour donner l’acétate de sodium et de l’eau.

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• Les esters.

Dans le cas d’un ester, R1 et R2 doivent être des atomes de carbone.

Les esters sont des composés organiques généralement formés par la condensation d’un alcool et
d’un acide carboxylique.

Les esters ont souvent une odeur agréable et sont souvent à l’origine des arômes des fruits ou des
odeurs des fleurs. Ils sont donc très utilisés en parfumerie. En voici quelques exemples :

Propanoate d’éthyle → Fraise. Acétate de benzyle → Jasmin. Butanoate d’éthyle →Ananas.


Acétate de 2-phénylethyle →Rose. Benzoate d’éthyle → Cerise.

Mais les esters ne sont pas les seules molécules à l’origine des arômes. Citons par exemple la
vanilline qui est la molécule la plus caractéristique de l’arôme du bâton de vanille. Cette
molécule représente environ 2% de la masse de la gousse.

Quelles sont les fonctions organiques que l’on trouve dans la molécule de vanilline ?

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• Les amides.

Les amides sont des composés organiques généralement formés par la condensation d’une amine
et d’un acide carboxylique.

Les amides sont des groupements importants en biochimie car ils constituent les liens peptidiques
qui lient les acides aminés dans les protéines.

Il existe encore bien d’autres fonctions en chimie organique dont nous ne parlerons pas ici.
Il semble nettement plus opportun d’apprendre à les reconnaître.

En guise d’exercice, voici quelques molécules « d’utilisation » courante. Essayez d’y retrouver
toutes les différentes fonctions organiques.

Vous pouvez également vous exercer sur internet où l’on peut trouver des sites à l’attention des
élèves et étudiants qui vous proposent le même type d’exercice. Toutefois, il se peut que vous
tombiez sur des fonctions que vous n’avez pas rencontrées au niveau de ce cours comme les
anhydrides, les carbamates…

Parmi les médicaments les plus prescrits dans le monde, on trouvait la ranitidine qui est un
antiulcéreux commercialisé entre autres sous le nom de Zantac®. Cette molécule provoque une
diminution de la production d’acide au niveau de l’estomac. Depuis 2019, cette molécule a été
retirée du marché parce qu’elle entrainait la présence potentielle d’une autre molécule considérée
comme cancérigène, la NDMA.

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CHRISTIAENS QUENTIN
Le groupement « nitro » est une fonction organique qu’on rencontre assez souvent. Elle est
également présente dans des explosifs tels que la nitroglycérine (qu’on appelle d’ailleurs
couramment « la nitro ») et le trinitrotoluène (TNT).

L’explosivité de ces molécules provient du fait qu’elles se décomposent en produits très


majoritairement gazeux ce qui est thermodynamiquement très favorable et va entraîner une
production d’énergie considérable.

En effet, l’équation par laquelle se « dissocie » majoritairement le TNT est la suivante :

2 TNT 3 N2 + 5 H2 + 12 CO + 2 C produisant environ 4600J par gramme de TNT !

On constate donc qu’à l’exception du carbone (suie), tous les produits formés sont des gaz.

Exercice : Le TNT a une masse volumique de 1650kg/m³. En négligeant une éventuelle réaction
de l’hydrogène formé (qui est lui-même explosif), si 1 cm³ de TNT venait à exploser, quel serait
le volume que les gaz produits devraient occuper à une température moyenne de 500°C ?

Parmi les médicaments les plus prescrits dans le monde, on trouve également la fluoxétine, un
antidépresseur commercialisé entre autres sous le nom de Prozac®.

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Citons également le diclofénac, un anti-inflammatoire commercialisé entre autres sous les noms
de Cataflam® et Voltaren®.

Mais les deux médicaments les plus consommés dans le monde restent l’acide acétylsalicylique
(aspirine) et le paracétamol (Dafalgan®)

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Les trois molécules très semblables ci-dessous sont la codéine, la morphine et l’héroïne. Ce sont
des analgésiques (médicaments utilisés contre la douleur) extraits du pavot et que l’on retrouve
donc également dans l’opium. La codéine se retrouve assez fréquemment dans les sirops
antitussifs, la morphine est généralement utilisée comme analgésique puissant tandis que l’héroïne
n’est que rarement utilisée à des fins médicales.

L’accès, offert par internet, à des modes opératoires permettant de transformer la codéine en
morphine ou en héroïne a amené les pharmaciens à ne plus pouvoir délivrer de médicaments à
base de codéine que sur prescription médicale.

Tant que nous en sommes à parler de substances qui peuvent être potentiellement utilisées en tant
que stupéfiants, voici la cocaïne et le tétrahydrocannabinol (THC) qui est la molécule
physiologiquement active du cannabis.

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CHRISTIAENS QUENTIN
La pénicilline est une toxine qui provient d’une moisissure (champignon) et qui est utilisée comme
antibiotique. Bien qu’il existe plusieurs pénicillines, elles ont toutes la même structure générale et
ne varient que par le groupement R.

Une molécule souvent prescrite et faisant partie des pénicillines est l’amoxicilline.

Exercice : trouvez un maximum de molécules de formule C4H6O.

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CHRISTIAENS QUENTIN
Thermochimie 1ère partie : Calorimétrie
La calorimétrie traite des échanges macroscopiques de chaleur entre les corps.
Les processus physiques microscopiques par lesquels cette chaleur se transmet ne la concernent
donc pas directement.

On conçoit trois types de système du point de vue des échanges avec le monde extérieur.

• Le système ouvert, qui fait des échanges de chaleur et de matière avec le monde extérieur.
(Exemples : la classe de cours, une bouteille ouverte…)

• Le système fermé, qui fait des échanges de chaleur mais pas de matière avec le monde
extérieur. (Exemple : une bouteille fermée)

• Le système isolé, qui ne fait ni échange de chaleur ni échange de matière avec le monde
extérieur. (Exemples : une bouteille « thermos » parfaite ou encore l’univers qui, par
définition, est un système isolé)

Dans ce chapitre, nous considèrerons que les systèmes traités sont des systèmes isolés, il n’y a
donc pas de « perte ».

PREMIER PRINCIPE DE THERMODYNAMIQUE :

« L’énergie interne totale d’un système isolé est constante »

Par conséquent, s’il y a transfert de chaleur entre les corps appartenant à un tel système isolé, la
somme des chaleurs données par certains corps est égale à la somme des chaleurs absorbées par
d’autres.

La chaleur nécessaire pour élever la température d’un corps dépend de trois facteurs

• La masse de ce corps

• La capacité thermique massique (anciennement capacité calorifique) de ce corps qui


est le rapport entre l’énergie qui lui est fournie et sa variation de température par unité de
masse. On devra donc fournir plus d’énergie pour élever la température d’un corps qui a
une capacité thermique élevée que pour élever de la même quantité la température d’un
corps de même masse que le précédent mais qui a une capacité thermique plus faible.

• La variation de température que l’on souhaite faire subir à ce corps.

Ce qui donne Q = m.c.T = C.T


Q : Chaleur [J] m : masse [kg]
c : capacité thermique massique [J/kg.K] C : capacité thermique [J/K]
T : variation de température [K]

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CHRISTIAENS QUENTIN
Bien sûr, on remarquera facilement que la capacité thermique (C) d’un corps est juste le produit
de sa masse (m) de sa capacité thermique massique (c). On notera également que dans ce cas-ci,
la température apparait sous la forme d’une variation de température, il n’est donc pas nécessaire
de transformer toutes les températures en K puisque K = °C

Capacités thermiques massiques :

Substance c (J/kg.K) à 20°C et 1atm

Al 900
Cu 385
Verre 840
Glace(-5°C) 2100
Fer ou acier 450
Plomb 129
Marbre 860
Argent 235
Bois 1700
Ethanol 2400
Mercure 140
Eau(15°C) 4186
Vapeur(110°C) 2010
Corps humain (en moyenne) 3470

Rappel : La première unité de chaleur qui a été développée est la calorie, définie comme l’énergie
qu’il faut fournir à 1g d’eau pour élever sa température de 1°C.
Cette quantité d’énergie vaut 4,186J, c’est la raison pour laquelle on retrouve cette valeur de 4186
J / kg.K dans la table.

Tous les corps cristallins (composés d’atomes disposés selon une structure bien ordonnée dans
l’espace) sont caractérisés par un diagramme de phases qui définit graphiquement l’état dans
lequel doit se trouver un corps pur en fonction des pressions et températures auxquelles il est
soumis. La grande majorité des corps ont un diagramme de phase qui ressemble à ceci :

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63
CHRISTIAENS QUENTIN
On trouve sur ce diagramme les courbes de pressions et températures le long desquelles le corps
change d’état et également deux points particuliers :

• Le point triple : coordonnée de température et pression pour lesquelles les trois états du
corps coexistent.

• Le point critique : Limite de la courbe liquide/gaz. Au-delà de la température critique, un


corps ne peut exister qu’à l’état de gaz (gaz supercritique), quelle que soit la pression.

L’eau se distingue par un diagramme de phases un peu différent :

En regardant bien, constate que la courbe solide/liquide est de pente négative alors que dans la
grande majorité des corps, elle est positive, ce qui signifie qu’on peut liquéfier de la glace en
augmentant la pression alors que pour les autres corps, une augmentation de pression permettrait
de les faire passer de l’état liquide à l’état solide.

L’énergie que nécessite le changement d’état d’un corps dépend de deux facteurs :

• Sa masse

• Sa chaleur latente massique (ou, pour utiliser un terme plus récent, son enthalpie de
fusion ou de vaporisation massique) qui résulte de la modification (rupture ou
établissement) de liaisons interatomiques ou intermoléculaires due au changement de
structure des molécules. Etant donné que les trois états d’un corps sont complètement
différents, on trouvera une valeur pour l’enthalpie massique de fusion et une autre pour
l’enthalpie massique de vaporisation.

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CHRISTIAENS QUENTIN
Substance TFUS (°C) LFUS (J/kg) TVAP (°C) LVAP (J/kg)

Oxygène -218,8 0,14 105 -183 2,1 105


Ce qui donne Q = m.L Ethanol -114 1,04 105
78 8,5 105
Eau 0 3,33 105 100 22,6 105
L : Chaleur latente massique [J/kg] Plomb 327 0,25 105
1750 8,7 105
5
Argent 961 0,88 10 2193 23 105
Tungstène 3410 1,84 105 5900 48 105

Par définition, l’enthalpie est l’énergie totale d’un système. Pour des processus se déroulant à
pression constante et donc durant lesquels aucun travail n’est effectué par des forces de pressions,
on peut dire que la chaleur Q apportée au système correspond donc à sa variation d’enthalpie H.

[Petite parenthèse] :

Il semble important à ce niveau de vous sensibiliser à l’imbroglio des notations rencontrées en


thermochimie. En effet, alors que l’on parlait jusqu’il y a peu de capacité calorifique (c) et de
chaleur latente (L), pour tenter de clarifier et rigoriser les termes utilisés, on en est arrivé à un
n’importe quoi où tout le monde appelle et note une grandeur d’une manière différente ! Ne soyez
donc pas surpris et trompés par des différences de terminologie d’un site à l’autre (ou entre deux
livres même s’ils sont tous deux considérés comme des bons livres de chimie ou de physique).

Par exemple :

• Les termes « capacité calorifique », « capacité thermique » et « chaleur spécifique » sont


parfois utilisés pour c et parfois pour C !

• La chaleur latente massique de fusion LFUS (parfois avec une minuscule lFUS) peut être aussi
appelée « enthalpie massique de fusion (hFUS) » voire « enthalpie spécifique de fusion » !
Il en est de même pour la vaporisation évidemment.

• Le Green Book (« Quantités, unités et symboles en chimie physique » : la Bible des


chimistes !) tend aujourd’hui à dire qu’il faut écrire VAPH mais presque tout le monde
continue d’écrire HVAP. Même chose pour HFUS évidemment.

• L’enthalpie H ou la variation d’enthalpie H, qui sont des énergies en J, sont parfois
données en J/kg ou en J/mol, ce qui correspond en réalité à des enthalpies massique ou
molaire.

Le seul bon conseil que l’on peut vous donner est de bien faire attention aux unités pour
savoir à quoi vous avez affaire !

[Fin de la parenthèse]

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65
CHRISTIAENS QUENTIN
Les corps cristallins sont donc caractérisés par des paliers de fusion et de vaporisation.
Lorsque le corps change d’état, il n’y a aucune variation de température, toute la chaleur est utilisée
dans le changement d’état. Prenons par exemple le cas de l’eau :

Il existe cependant certains corps dont les atomes ne sont pas disposés selon une structure bien
ordonnée dans l’espace, ils sont dits amorphes. C’est le cas par exemple des polymères
(plastiques…) ou du verre. On les appelle parfois liquides figés en référence au fait que leurs
atomes ou molécules ne soient pas ordonnés, tout comme dans un liquide. De plus, ces matériaux
solides sont souvent fabriqués à l’état liquide (ou pâteux), soit à de hautes températures pour le
verre, soit dans un solvant pour les polymères.

L’évolution de la température d’un corps amorphe en fonction de la chaleur qui lui est fournie ne
présente pas de palier et ne présente souvent qu’un point particulier : La température de
transition vitreuse, Tg, qui est en fait le croisement des extrapolations des comportements solide
et liquide, donnant une température à laquelle on considère que le corps change d’état et se trouve
sous la forme d’un liquide surfondu.

Pour un polymère, on observera mieux cette transition en portant en graphique le module de Young
en fonction de la température. Le module de Young caractérise l'opposition d'un matériau à son
allongement lié à une traction. Autrement dit, plus le module de Young est faible, plus un matériau
se déformera facilement.

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Il existe encore certains corps dont la température d’ignition (température à laquelle ils
s’enflamment spontanément) est inférieure à la température de fusion ou la température de
transition vitreuse. C’est le cas du diamant qui brûle à partir de 500°C à l’air libre alors qu’il ne
fond qu’à 3547°C sous atmosphère protectrice.

Exercices :

1. (*) Quelle quantité de chaleur faut-il pour faire passer 1kg de fer de 20°C à 500°C ?

2. (*) Quelle quantité de chaleur doit perdre un verre de 200g contenant 150ml d’eau à 20°C
pour atteindre la température de 5°C ? On estime que le verre a toujours la même
température que l’eau.

3. (**) Une balle tombe de 10 m de haut et rebondit jusque 4m de haut. Si cette balle a une
capacité thermique massique de 500 J/kg.K et que l’on considère que l’énergie dissipée
lors du choc sert entièrement à faire chauffer la balle, quelle variation de température a
subi la balle lors du choc ?

4. (**) Lors d'un freinage, l'énergie cinétique de la voiture est dissipée sous forme de
frottement avec le sol, échauffement et déformation des pneus, échauffement des
plaquettes et disques de frein. A eux seuls, les disques (acier) récupèrent 50% de l'énergie
cinétique lors du freinage. Des disques classiques ont un diamètre de l'ordre de 25cm, une
épaisseur de 2cm et une masse de 5kg. Si une voiture, dont la masse totale (avec
chargement) est de 1500kg, freine et passe de 90km/h à 50km/h, quelle devrait être la
variation de température subie par les disques de freins? On considèrera que les 4 disques
sont identiques.

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5. (**) On souhaite couler un bain à une température de 37° pour un bébé dans une b§assine
en plastique de capacité thermique négligeable.
Si l'eau froide sort à 16°C et l'eau chaude à 50°C, quelles sont les proportions d'eau chaude
et d'eau froide à mettre dans la bassine ?

6. (**) On verse 150ml de thé à 75°C dans une tasse en porcelaine (c = 900 J/kg.K) de 100g
contenant une cuillère en acier de 30g toutes deux initialement à 20°C. Quelle est la
température finale de ce système ?

7. (*) Quelle quantité de chaleur faut-il pour faire passer 1kg de plomb de 20°C à 500°C ?
(cPlomb liq = 142 J/kg.K)

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8. (**) Exercice à domicile : Tracer le graphique de la température de 500g de glace
initialement à -30°C en fonction de la chaleur fournie jusqu’à ce que le système atteigne
120°C.

9. (**) Pour déterminer la capacité thermique massique d’un nouvel alliage, on en chauffe un
morceau de 100g jusque 100°C puis on le place rapidement dans un calorimètre dont le
vase interne, d’une masse de 100g, est en aluminium et contenant 150ml d’eau à 20°C. Si
la température finale du système est de 25°C, quelle est la capacité thermique massique de
l’alliage ?

Calorimètre :

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10. (**) Dans l’exercice précédent, nous avions connaissance du matériau et de la masse du
vase interne du calorimètre. En pratique ce n’est pas le cas mais finalement la capacité
thermique C du vase ne change jamais et peut, elle, être déterminée :
Dans un calorimètre contenant 100g d’eau à 20°C, on ajoute 100g d’eau à 80°C. Si la
température finale du système est de 47°C, combien vaut la capacité thermique du
calorimètre ?

11. (**) Le vase interne d’un chauffe-biberon a une capacité thermique de 150J/K. Si ce
chauffe-biberon permet de faire passer un biberon en verre de 100g et les 300ml de lait
qu’il contient de 20°C à 37°C en 1min, quelle est la puissance du chauffe-biberon ? Si le
constructeur indique que le chauffe-biberon consomme 500W sur le courant électrique,
quel est son rendement?

12. (**) Une bouilloire électrique (C = 100 J/K) est à une température de 21°C. On y met 600g
d'eau à 12°C et on la met en fonctionnement. Le constructeur indique que la bouilloire
consomme 1000W. Si on s'attend à un rendement de 80%, combien de temps devrait-il
falloir pour que l'eau arrive à ébullition?

13. (**) Une bombe calorimétrique est un système permettant de mesurer la chaleur dégagée
par une réaction chimique. On peut s'en servir par exemple pour déterminer la quantité
d'énergie contenue dans un aliment en provoquant sa combustion. Déterminez le nombre
de calories contenues dans 200g de gâteau à partir des données suivantes : On fait sécher
10g de ce gâteau puis on les dépose dans la bombe calorimétrique. Cette « bombe »
contient un petit récipient très solide en aluminium de 0,5kg qui se trouve dans un autre
récipient plus mince, en aluminium également, d’une masse de 0,35kg et contenant 2 litres
d’eau. Le gâteau brûle à l'aide de l’oxygène sous pression dans le petit récipient et on note
que la température du système s’élève de 15°C à 35°C. (Faites abstraction de la capacité
thermique des gaz)

14. (*) De l'eau rentre dans un radiateur avec un débit de 3litres/min. Elle a une température
de 65°C en entrant dans le radiateur et en sort avec une température de 50°C. Quelle est la
puissance de ce radiateur?

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15. (**) Un verre de 150g contient 200ml de cola light initialement à 20°C. On y met 2 glaçons
de 10g chacun initialement à -20°C. Caractérisez l’état final du système.

16. (**) Calculez la masse de glace à -20°C nécessaire pour faire passer de 25°C à 10°C, un
verre de 100g contenant 200ml d'eau.

17. (**) Dans un verre de 200g contenant 100ml d’eau initialement à 20°C, on met 100g de
glace pilée à -30°C. Caractérisez l’état final du système.

18. (**) Dans un calorimètre (mc = 200J/°C) initialement à 20°C, on met 150g de glace à -
10°C puis on verse 120ml d’eau bouillante (90°C). Caractérisez l’état final du système.

19. (**) A l’aide d’azote liquide, Mac Gyver a solidifié 200g d’éthanol à -196°C et l’a mis
dans un chauffe-biberon (mc = 100J/°C) de 150W allumé. A l’aide d’un thermomètre à
résistance (très précis), il a mis dans un tableau la température observée au cours du temps.

Temps (min) 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5 5,5 6 6,5 7 7,5 8 8,5 9

Température (°C) -196 -185 -173 -157 -146 -133 -121 -114 -114 -114 -114 -114 -104 -98 -90 -84 -75 -69 -61

Mettez ces valeurs en graphique et déterminez

• c de l’éthanol solide (fictif)


• LFUS de l’éthanol solide
• TFUS de l’éthanol
• c de l’éthanol liquide

Solutions des exercices :

1 → Q = 216000J 10 → (mc)calo = 93,02J/°C

2 → Q = 11938,5J 11 → P = 422W Rdt = 84,4%

3 → T = 0,118°C 12 → 4’46’’

4 → T = 18°C 13 → 873,1kcal

5 → 38,2% d’eau froide et 61,8% d’eau 14 → P = 3139,5W


chaude
15 → Toute la glace a fondu. Tf = 11,24°C.
6 → Tf = 67,2°C
16 → m = 33,15g
7 → Q = 89169J
17 → Tf = 0°C et 16,3g de glace ont fondu.
9 → Call = 478,6 J/kg.°C
18 → Tf = 0°C et 11,7g de glace n’ont pas
fondu.

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Dans la suite de ce cours de chimie, nous allons effectuer une étude plus poussée des quantités de
chaleurs libérées ou consommées lors de réactions chimiques.

Il semble donc indispensable dès lors de pouvoir écrire correctement une équation.
Cette maîtrise passe par

• la connaissance parfaite des différents ions ainsi que de leurs charges. Vous n’irez nulle
part en chimie si vous ne savez pas qu’un sulfate porte une charge 2- !
• La connaissance des noms de ces ions est également plus que souhaitable car elle permet
plus de fluidité dans le traitement de l’information. Par exemple : on dira que le vinaigre
est une solution d’acide acétique. Il vous faut donc savoir que cela correspond en fait à
l’acétate d’hydrogène et que sa formule est donc CH3COOH.
• Il faut pouvoir associer ces ions pour obtenir une molécule. Na1+, SO42- donc Na2SO4
• Il faut pouvoir écrire et pondérer une équation chimique.
• Enfin, il faut pouvoir exploiter la stœchiométrie de la réaction et pour cela, savoir jongler
entre nombre de mole, masse, masse molaire, concentration molaire et concentration
massique.

Normalement, toutes ces notions vous ont été enseignées en 3ème et 4ème années.
Toutefois, on peut raisonnablement penser qu’une petite piqûre de rappel pourrait faire le plus
grand bien.

3ème rappel : Ions et nomenclature.


Il s’agit ici de donner le nom d’une molécule à partir de sa formule ou l’inverse.
Ceci ne peut se faire qu’en connaissant d’abord les noms, formules et charges des différents ions.

Acétate CH3COO-
Bromure Br-
-
Hypobromite BrO
Bromite BrO2-
Bromate BrO3-
Perbromate BrO4-
-
Amidure NH2
Ammonium NH4+ Carbonate CO32-
Hydrogénocarbonate (bi-) HCO3-
3-
Arsénite AsO3
Arsénate AsO43- Chromate CrO42-
Hydrogénochromate HCrO4-
Dichromate Cr2O72-
Borate BO33-
Hydrogénodichromate HCr2O7-
Hydrogénoborate HBO32-
Dihydrogénoborate H2BO3-

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Chlorure Cl- Nitrure N3-
Hypochlorite ClO- Nitrite NO2-
Chlorite ClO2- Nitrate NO3-
Chlorate ClO3- Azoture N3-
Perchlorate ClO4-
Oxalate C2O42-
Cyanure CN-
Cyanate CNO-
Thiocyanate SCN-

Ferricyanure Fe(CN)63- Hydrogéno-oxalate HC2O4-


Ferrocyanure Fe(CN)64-
Phosphure P3-
Fluorure F- Hydrogénophosphure HP2-
Hypofluorite FO-
Dihydrogénophosphure H2P-
Fluorite FO2-
Fluorate FO3- Phosphite PO33-
Perfluorate FO4- Hydrogénophosphite HPO32-
- Dihydrogénophosphite H2PO3-
Formate HCOO
Phosphate PO43-
Hydrogénophosphate HPO42-
Dihydrogénophosphate H2PO4-

Sulfure S2-
Hydrogénosulfure HS-
Hydrure H-
- Sulfite SO32-
Hydroxyde OH
Hydrogénosulfite HSO3-
Oxyde O2-
Sulfate SO42-
Peroxyde O22-
Hydrogénosulfate HSO4-
Iodure I- Thiosulfate S2O32-
Hypoiodite IO- Hydrogénothiosulfate HS2O3-
Iodite IO2- Persulfate S2O82-
Iodate IO3- Tartrate C4H4O62-
Periodate IO4-

Manganate MnO42-
Permanganate MnO4-

Hydrogénotartrate HC4H4O6-

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73
CHRISTIAENS QUENTIN
Nomenclature des acides.

Mis à part les acides organiques et les acides dits « de Lewis », les acides sont des molécules dont
la formule chimique commence toujours par H.

Exemples : HCl, H2SO4, HNO3.

• Le nom scientifique d’un acide est toujours donné par le nom de l’ion + « d’hydrogène ».

Exemples : HCl : Chlorure d’hydrogène. H2SO4 : Sulfate d’hydrogène

• Le nom usuel d’un acide est donné par acide + « ion-suffixe ».

Si le nom scientifique de l’ion se termine par URE (ex : chlorure), le suffixe est HYDRIQUE.

HCl : Acide chlorhydrique.

Si le nom scientifique de l’ion se termine par ITE (ex : sulfite), le suffixe est EUX.

H2SO3 : Acide sulfureux.

Si le nom scientifique de l’ion se termine par ATE (ex : sulfate), le suffixe est IQUE.

H2SO4 : Acide sulfurique.

Nomenclature des bases.

Mis à part l’ammoniac (NH3) et les bases organiques comme les amines, les bases sont des
hydroxydes. Leurs formules chimiques terminent donc toujours par OH.

Exemple : NaOH, KOH, Mg(OH)2.

• Le nom scientifique d’une base est toujours donné par « hydroxyde de » + nom du métal.

Exemple : NaOH : Hydroxyde de sodium.

• Il existe certains noms usuels de bases dont les deux plus utilisés sont « soude caustique » pour
NaOH et « potasse caustique » pour KOH.

• Il est à noter que lorsqu’un métal peut avoir différents E.O., il faut indiquer cet E.O. par le chiffre
romain correspondant derrière le nom du métal.

Exemples : Fe(OH)2 : Hydroxyde de fer (II) Fe(OH)3 : Hydroxyde de fer (III)

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CHRISTIAENS QUENTIN
Nomenclature des sels.

Un sel est toujours composé d’un métal et d’un non-métal ou d’un métal, un non-métal et de
l’oxygène. Exemples : NaCl, K2SO4.

• Le nom scientifique d’un sel est toujours donné par le nom de l’ion + de + nom du métal.

Exemples : NaCl : Chlorure de sodium K2SO4 : Sulfate de potassium.

• A nouveau, lorsqu’un métal peut avoir différents E.O., il faut indiquer cet E.O. par le chiffre
romain correspondant derrière le nom du métal.

Exemples : FeCl2 : Chlorure de fer (II) FeCl3 : Chlorure de fer (III)

Nomenclature des oxydes métalliques.

Les oxydes métalliques se composent toujours d’un métal et d’oxygène.

• Le nom scientifique d’un oxyde métallique est toujours donné par « oxyde de » + nom du métal.
Exemples : MgO : Oxyde de Magnésium K2O : Oxyde de potassium.

• Encore une fois, lorsqu’un métal peut avoir différents E.O., il faut indiquer cet E.O. par le chiffre
romain correspondant derrière le nom du métal.

Exemples : SnO : Oxyde d’étain (II) SnO2 : Oxyde d’étain (IV)

Nomenclature des oxydes non-métalliques.

Les oxydes non-métalliques se composent toujours d’un non-métal et d’oxygène.

• Le nom scientifique d’un oxyde non-métallique est toujours donné par « préfixe-oxyde » + nom
du non-métal.

Exemples : CO2 : Dioxyde de carbone P2O5 : Hémipentoxyde de phosphore

Le préfixe est obtenu par le rapport du nombre d’atomes d’oxygène sur le nombre d’atomes du
non-métal dans la molécule.

Rapport O/X Préfixe

0,5 hémi

1 mon

1,5 sesqui ou hémitri

2 di

2,5 hémipent

3 tri

3,5 hémihept

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Exercice : Complétez le tableau ci-dessous :

Type de
Formule composé Nom scientifique Nom Usuel
exemple:HCl acide Chlorure d'hydrogène Acide chlorhydrique

CdS

Hydroxyde de calcium

Acide phosphoreux

Hydrogénophosphate de sodium

HI

Sesquioxyde d'azote

Acide chlorique

MnO

Potasse caustique

Oxyde de chrome (VI)

CO

Hydrure de sodium

Acide nitreux

KBrO

Hémiheptoxyde de chlore

Acide oxalique

HClO

Thiocyanate de magnésium

KSH

Sulfate d'aluminium

PbO

Perchlorate d'hydrogène

NaOH

Chlorure d'ammonium

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CHRISTIAENS QUENTIN
4ème rappel : Les équations chimiques.

Il existe beaucoup de réactions chimiques différentes. Nous n’aborderons ici que certaines
réactions d’oxydation et les réactions entre des substances minérales alors que les équations
REDOX seront vues en 5° année et certaines réactions de chimie organique seront abordées en 6°
année.

Oxydation d’un métal

La réaction entre un métal et de l’oxygène donne un « oxyde métallique » dit aussi « oxyde
basique ». Nous verrons juste après pourquoi un oxyde métallique est aussi appelé oxyde basique.

Exemple : Mg + ½ O2 MgO

Oxydation d’un non-métal

La réaction entre un non-métal et de l’oxygène donne un « oxyde non-métallique » dit aussi


« oxyde acide ».

Exemple: S(IV) + O2 SO2

On remarque qu’on a noté (IV) derrière le soufre. Ceci ne correspond pas à son E.O. mais bien à
l’E.O. qu’il aura lorsqu’il fera un composé avec l’oxygène.(E.O.S dans SO2 = +4)
On peut le voir comme une prédestination du soufre à devenir +4.
Cette notation n’est nécessaire que pour les métaux ou non-métaux qui peuvent avoir différents
E.O. Le magnésium ne pouvant être que +2 dans ses composés, il n’était pas utile de noter Mg(II)
dans le premier exemple.

Oxydation complète d’un composé organique. (Combustion)

Elle donne lieu à la formation de CO2 et de H2O.

Exemple: C6H12O6 + 6O2 6CO2 + 6H2O

Oxydation incomplète d’un composé organique. (Combustion)

Elle donne lieu à la formation de CO et de H2O. Elle se produit lorsque la quantité d’oxygène
est insuffisante pour produire une oxydation complète. Le CO formé est un gaz incolore, inodore
mais particulièrement toxique car il forme un composé stable avec notre hémoglobine
(hémoglobine + CO = carboxyhémoglobine) normalement chargée de fixer et transporter
l’oxygène dans notre sang. (Hémoglobine + O2 = Oxyhémoglobine) Il provoque donc une asphyxie
progressive par l’incapacité de notre sang de se charger en oxygène.

Exemple: C6H12O6 + 3O2 6CO + 6H2O

On constatera que lors de toutes ces réactions d’oxydation, l’E.O. des éléments qui ont réagi avec
l’oxygène augmente. Une oxydation correspond donc à une élévation de l’E.O., tandis que
l’élément oxydant (ici l’oxygène) est passé à un E.O. plus bas, on dit qu’il a été réduit. Une
réduction correspond à une diminution de l’E.O.

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CHRISTIAENS QUENTIN
Réaction entre l’eau et un oxyde métallique.

Un oxyde métallique est aussi appelé oxyde basique car il réagit avec l’eau pour former une
base.

Exemple : CuO + H2O Cu(OH)2

Réaction entre l’eau et un oxyde non-métallique.

Un oxyde non-métallique est aussi appelé oxyde acide car il réagit avec l’eau pour former un
acide.

Exemple : SO2 + H2O H2SO3

Lors de ces deux réactions, on constatera les les E.O. des atomes n’ont pas changés. C’est une
information importante car elle permet de savoir quel acide sera formé à partir de quel oxyde.

Question : La réaction entre Cl2O5 et l’eau donnera-t-elle lieu à la formation de HCl, HClO, HClO2,
HClO3 ou HClO4 ?

Réaction entre un acide et un métal.

La réaction entre un acide et un métal donne un sel et de l’hydrogène.

Exemple : H2SO3 + Mg MgSO3 + H2

Réaction entre un acide et une base.

La réaction entre un acide et une base donne un sel et de l’eau.

Exemple: H2SO3 + Cu(OH)2 CuSO3 + 2H2O

Réaction entre un sel et un autre sel.

La réaction entre un sel et un autre sel peut donner deux autres sels.

Exemple: 2KI + Pb(NO3)2 2KNO3 + PbI2

Cette réaction ne se produit pas nécessairement. En fait, il faut souvent qu’il y ait un déplacement
d’équilibre c'est-à-dire que la réaction en sens inverse ne soit pas possible ou très nettement
diminuée par exemple à cause de l’insolubilité d’un des deux sels formés. (Dans ce cas-ci PbI2 est
insoluble dans l’eau)

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CHRISTIAENS QUENTIN
Exercices

• Complétez les réactions chimiques suivantes en indiquant en dessous de chaque atome son étage
d’oxydation.

Na + O2 →

H2SO4 + Al →

HClO2 + Cu(OH)2 →

C4H10O + O2 → CO2 +

+ → Al(OH)3

C13H26O4 + → CO +

+ → H3PO4

• Donnez la nature des produits A, B, C, D, E, F, G, H, I.

+O2 +H2O
S(VI) A B

E + F

+O2 +H2O
C CuO D

Sn(NO3)4 + H2

+O2 +H2O
H I HNO3

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5ème rappel : Le calcul molaire : nombre de moles (n), masse (m), masse
molaire (M), concentration molaire (C) et concentration massique (Cm).
L’unité S.I. de quantité de matière est la mole [mol]. Elle correspond au nombre d’atomes qu’il y
a dans 12g de 126C. Cette valeur est le nombre d’Avogadro (NA = 6,023.1023)

La mole ne correspond donc qu’à un nombre et peut être appliquée à n’importe quoi.
Exemple : 2 moles de pommes = 12,046.1023 pommes ou encore 1,2046.1024 pommes.

Bien sûr, vu le caractère assez gigantesque de ce nombre, il ne s’applique qu’à des atomes, ions
ou molécules.

Lorsqu’on dira qu’il y a 0,3 moles de NaOH, on comprendra que ce sont 0,3 moles de molécules
de NaOH c'est-à-dire 0,3*6,023.1023 molécules de NaOH
ou encore 1,8069.1023 molécules de NaOH.

Mais sachant qu’il y a trois atomes par molécule de NaOH, on pourrait très bien dire qu’il y a
5,4207.1023 atomes dans 0,3 moles de NaOH.

Petit exercice pour fixer les idées :

Dans 0,4 moles de Al2(SO4)3,

• Combien y a-t-il de molécules ?


• Combien y a-t-il d’ions sulfates ?
• Combien y a-t-il d’atomes d’oxygène ?
• Combien y a-t-il d’atomes ?

Comme on l’a dit ci-dessus, la mole ne correspond qu’à un nombre d’entités. Si on veut connaître
la masse totale de toutes ces entités, il faut d’abord connaître la masse d’une entité.

La masse d’un atome s’exprime en u.m.a. (unité de masse atomique) et est indiquée dans le tableau
périodique. Rappel : La masse indiquée dans le tableau correspond à la masse moyenne des
nuclides de l’élément en question.

Donc, lorsqu’on regarde dans le tableau périodique, on constate que l’atome de carbone pèse en
moyenne 12,0110 u.m.a.
Mais, tout l’intérêt de la mole est que une mole de carbone pèse 12.0110g !
Donc, 1u.m.a = 1g/6,023.1023

Le rapport entre la masse et le nombre de moles d’un composé est appelé sa masse molaire et
s’exprime donc en [g/mol]

On peut donc écrire que n =m/M


Question : Combien pèse 0,05 mol de AlCl3 ?

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Abordons maintenant la notion de concentration. Celle-ci correspond au nombre de moles de
soluté par volume de solution et s’exprime donc en [mol/l].

Ce qui signifie que C =n/V


Enfin la concentration massique correspond à la masse de soluté par volume de solution et
s’exprime donc en [g/l].

Le bureau international des poids et mesures recommande d’utiliser pour la concentration


massique le symbole . Généralement, ce symbole est celui de la masse volumique dont l’unité
est le kg/m³ ou le g/l. Cela a donc du sens car la concentration massique à la même unité. Toutefois,
je trouve sincèrement que cela porte à confusion car la masse volumique d’une solution, et la
concentration massique en soluté, ce n’est pas du tout la même chose ! Dès lors, je préfère utiliser
Cm.(on voit aussi parfois Xm)

Prenons l’exemple des solutions de saccharose C12H22O11 (M = 342,3g/mol) dont la masse


volumique augmente avec la concentration en saccharose.

Préparons une solution de saccharose 0,1mol/l :

• On met 34,23g de saccharose dans un ballon jaugé de 1 litre.


• On ajoute environ 500ml d’eau distillée.
• On veille à ce que tout le saccharose soit dissout.
• On ajoute à nouveau de l’eau distillée jusqu’au trait en veillant toujours à ce que la solution
soit la plus homogène possible (agiter en ajoutant l’eau)
• En faisant la différence entre la masse du ballon jaugé sec et sa masse lorsqu’il contient la
solution, on obtient 1010g

La solution obtenue a

• une concentration molaire en saccharose C = 0,1mol/l


• une concentration massique en saccharose Cm = 34,23g/l
• une masse volumique  = 1010g/l (on dira aussi une densité d = 1,010)

On comprend donc que la masse volumique  de la solution et la concentration massique Cm en


soluté ne représentent pas du tout la même chose.

Si on avait dissout de la même manière 200g de saccharose pour former un litre de solution, on
aurait obtenu une solution qui a

• une concentration molaire en saccharose C = 200/342,3 = 0,584mol/l


• une concentration massique en saccharose Cm = 200g/l
• une masse volumique  = 1073g/l (→ d = 1,073)

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CHRISTIAENS QUENTIN
Une dilution consiste à augmenter la quantité de solvant pour abaisser la concentration d’une
solution. Elle se fait généralement à l’aide d’une pipette jaugée et d’un matras (fiole jaugée).

• On prélève à l’aide d’une pipette un volume (V1) de solution concentrée (C1) qu’on met
dans le matras (V2).
• On ajoute de l’eau distillée jusqu’à ce que le matras soit rempli au 2/3 puis on agite pour
homogénéiser la solution.
• On ajoute de l’eau jusqu’au trait de jauge avec une pissette.

Le nombre de moles de soluté contenues dans le matras à la fin de l’opération (n2 = C2.V2) est le
même que le nombre de moles contenues dans la pipette (n1=C1.V1) si ce n’est que cette quantité
de soluté est à présent dans un plus grand volume de solution.

Formule de dilution : → C1 . V1 = C2 . V2

Il existe des pipettes jaugées de 1ml, 2ml, 5ml, 10ml, 20ml, 50ml et 100ml.

Remarque : La pipette jaugée sera toujours plus précise que la pipette graduée ou la burette mais
elle présente le désavantage de ne pouvoir prélever précisément que le volume correspondant à
son trait de jauge.

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CHRISTIAENS QUENTIN
Exercices :

1. Quelle est la masse de 4.1024 molécules de FeCl2 ?


2. Combien de molécules y a-t-il dans 45g de glucose ?
3. Si on amène 12g de CaSO4 à un volume de 150ml avec de l’eau, quelle est la concentration de la
solution obtenue ?
4. Quelle masse de KMnO4 a-t-on besoin pour préparer 100ml d’une solution de concentration
0,15mol/l ?
5. A quel volume doit-on amener 17g de Pb(NO3)2 pour obtenir une solution 0,2mol/l ?
6. A quel volume doit-on amener 1 ml de H2SO4 18mol/l pour obtenir une solution 0,045mol/l ?
7. Quel volume de HNO3 11mol/l doit-on amener à 100ml pour obtenir une solution 0,8mol/l ?

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CHRISTIAENS QUENTIN
6ème rappel : La loi des gaz parfaits.
La loi des gaz parfaits provient en fait de 4 lois distinctes :

• Loi de Boyle et Mariotte (~1670) : Pour une quantité de gaz donnée, le volume est
inversement proportionnel à la pression qui lui est appliquée lorsque la température
demeure constante. (V ~ 1/P pour T = cst)

• Loi de Charles (~1800) : Le volume d’une quantité de gaz donnée est directement
proportionnelle à la température absolue lorsque la pression demeure constante.
(V ~T pour P = cst)

• Loi de Gay-Lussac (~1800) : La pression d’un gaz dont le volume reste constant est
directement proportionnelle à sa température absolue. (P ~ T pour V = cst)

• Loi d'Avogadro (~1811) : Le volume occupé par un gaz à une température et une pression
données est directement proportionnelle aux nombre de particules (molécules ou atomes)
de gaz. (V ~ n pour P = cst et T = cst)

→ P.V ~ n.T
Le produit P.V est proportionnel à n.T mais pas encore égal.
En divisant P.V par n.T, on obtient toujours une même valeur notée R qui est la constante des gaz
parfait.

→ P.V = R ou encore P.V = n.R.T P : Pression [Pa ou atm]


n.T V : Volume [m3 ou l]
n : Nombre de moles [mol]
T : Température [K]

R : Constante des gaz parfaits = 8,3145 m3.Pa/mol.K = = 8,3145 J/mol.K = 0,08206 l.atm/mol.K

La valeur de R dépend donc des unités utilisées pour la pression et le volume.

Exercices :

1. Déterminez le volume qu’occupe une mole de gaz à TPn (273K et 1atm)

2. Exprimez la loi des gaz parfaits en fonction de la masse volumique d’un gaz.

3. Calculez la masse volumique de l’air à 995hPa et 25°C.

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CHRISTIAENS QUENTIN
7ème rappel : Les équations stœchiométriques.

Juste après que Antoine Laurent de Lavoisier ait énoncé la première version de la loi de
conservation de la matière (rien ne se perd, rien ne se crée), Jeremias Benjamin Richter (chimiste
allemand, 1762-1807) ayant énoncé en 1791 la "loi de proportions définies" : « pour une réaction
donnée le rapport des masses des réactifs consommés est constant », écrivait alors : «La
stœchiométrie est la science qui mesure les proportions quantitatives ou rapports de masse dans
lesquels les éléments chimiques sont impliqués.»

Son observation se limitait donc aux quantités de matières consommées. Aujourd’hui, on pourrait
écrire : « la stœchiométrie est le calcul des relations quantitatives entre réactifs et produits
au cours d'une réaction chimique ».

Prenons comme exemple la réaction chimique de la respiration.

C6H12O6 + 6O2 6CO2 + 6H2O

Si nous lisons cette équation, cela donne : « une molécule de glucose réagit avec 6 molécules
d’oxygène pour donner 6 molécules de dioxyde de carbone et 6 molécules d’eau ».

Bien sûr, les quantités engagées ne sont jamais de l’ordre de la molécule mais plutôt de la mole.
Dès lors, on dira : « une mole de glucose réagit avec 6 moles d’oxygène pour donner 6 moles de
dioxyde de carbone et 6 moles d’eau ».

Cette façon d’exprimer l’équation chimique permet d’abord de mieux relier les quantités de
matières engagées à des notions de masse, de concentration ou encore de pression s’il s’agit d’un
gaz et ensuite autorise la lecture de coefficients stœchiométriques fractionnaires.

Exemple :

Combien de moles d’oxygène a-t-on besoin pour faire brûler complètement 45g de glucose ? Dans
ce cas, quel volume de CO2 à TPn et quelle masse d’eau seront produits par la réaction ?

Comme nous l’avons vu ci-dessus, une équation chimique se traite en nombre de moles. Il faut
donc, quelle que soit l’information dont vous disposez pour démarrer le calcul, la convertir en
nombre de moles.

L’information dont nous disposons ici est la masse de glucose. Pour obtenir le nombre de moles
que cela représente, il faut diviser cette masse par la masse molaire du glucose (180g/mol) et on
obtient 0,25mol.

Pour des raisons de clarté et de facilité pour la suite du cours, prenez l’habitude de présenter
l’équation stœchiométrique de cette manière :

C6H12O6 + 6O2 6CO2 + 6H2O

Départ 0,25 0 0
Fin 0 0

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CHRISTIAENS QUENTIN
Nous savons, d’après les coefficients stœchiométriques qu’une mole de glucose réagit avec 6
moles d’oxygène pour donner 6 moles de dioxyde de carbone et 6 moles d’eau.

Donc, 0,25 mole de glucose réagit avec 1,5 moles d’oxygène pour donner 1,5 moles de dioxyde
de carbone et 1,5 moles d’eau ».

L’équation stœchiométrique devient donc :

C6H12O6 + 6O2 6CO2 + 6H2O

Départ 0,25 1,5 0 0


Fin 0 0 1,5 1,5

Dès que ce tableau est complet, nous pouvons commencer à répondre aux questions posées.

• Combien de moles d’oxygène a-t-on besoin pour faire brûler complètement 45g de glucose ?

→ 1,5 moles

• Quel volume de CO2 à TPn a été produit par la réaction ?

Nous savons qu’une mole de gaz à TPn occupe un volume de 22,4 litres. Comme cette réaction a
produit 1,5 moles de CO2, le volume est donc de 1,5 * 22,4 litre = 33,6 litres.

Remarque : Dans le cas où le gaz formé n’est pas à TPn, le calcul nécessite l’utilisation de la
loi des gaz parfaits.

• Quelle masse d’eau sera produite par la réaction ?

Cette réaction a produit 1,5 moles d’eau, donc pour obtenir la masse de d’eau produite, il faut
multiplier par la masse molaire de l’eau (18g/mol) ce qui donne 27g.

Autre exemple : (Plus difficile)

Quel volume de HNO3 0,5 mol/l doit-on faire réagir avec du magnésium pour obtenir 2 litres
d’hydrogène gazeux à 30°C et 1atm ? Dans ce cas, quelle masse de magnésium doit-on faire réagir
et quelle est la solution formée ?

2 HNO3 + Mg Mg(NO3)2 + H2

Départ 0 0
Fin 0 0

Il faut d’abord savoir combien de moles d’H2 gazeux occupent un volume de 2 litres à 1atm et
30°C.

n = P.V/R.T = 1 . 2 / (0,082 . 303) = 0,0805 mol

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86
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En vertu de l’équation stœchiométrique cela donne :

2 HNO3 + Mg Mg(NO3)2 + H2

Départ 0,161 0,0805 0 0


Fin 0 0 0,0805 0,0805

Nous pouvons donc répondre aux questions.

• Quel volume de HNO3 0,5 mol/l doit-on faire réagir ?

V = n / C = 0,161 mol / 0,5 mol/l = 0,322 l ou 322 ml

• Quelle masse de magnésium doit-on faire réagir ?

m = n . M = 0,0805mol . 24g/mol = 1,932g

• Quelle est la solution formée ?

Le produit restant en solution est le Mg(NO3)2 et le volume de la solution finale est de 322ml. (Ce
n’est ni le volume des 1,932g de Mg, ni le gaz qui s’échappe de la solution qui vont en faire
changer significativement le volume)

Dès lors, la solution obtenue est une solution de Mg(NO3)2 dont la concentration est donnée par
C = n / V = 0,0805 / 0,322 = 0,25mol/l

Remarque : Dans le cas où le produit formé est insoluble dans l’eau, définir sa concentration
est parfaitement faux, on doit définir à ce moment la masse de précipité formée.

Dernier exemple : (Titrage)

Le titrage est un procédé qui permet de déterminer la concentration d’une solution en la faisant
réagir avec une autre solution de concentration connue.
On titre une solution de Mg(OH)2 par une solution d’HCl 0,1 mol/l. En moyenne, le volume d’HCl
utilisé pour titrer 10 ml de Mg(OH)2 est de 17,4 ml. Quelle est la concentration de la solution
de Mg(OH)2 ?

2 HCl + Mg(OH)2 MgCl2 + 2 H2O

Départ 0 0
Fin 0 0

Nous allons commencer par cherchez le nombre de moles d’HCl.


n = C.V = 0,1 mol/l . 0,0174 l = 1,74.10-3 mol

→ L’équation devient donc :

2 HCl + Mg(OH)2 MgCl2 + 2 H2O

Départ 1,74.10-3 8,7.10-4 0 0


Fin 0 0 8,7.10-4 1,74.10-3

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On sait donc qu’il y a 8,7.10-4 moles dans 10 ml de la solution de Mg(OH)2

→ La concentration de cette solution est C = n / V = 8,7.10-4 / 0,01 = 8,7.10-2 mol/l.

Remarque : Si on veut ici caractériser la solution obtenue par le titrage, il faut bien faire
attention au volume final.

A nouveau, ce n’est pas le peu d’eau formée par la réaction qui va changer le volume de toute la
solution et ceci sera toujours vrai tant que les concentrations des réactifs ne sont pas trop élevées.
(< 2 mol/l)

Le volume final de la solution est donc 27,4 ml (en moyenne), 10 ml provenant de la solution de
Mg(OH)2 et 17,4 ml provenant de HCl.

La solution obtenue est donc 27,4 ml d’une solution de MgCl2 qui a une concentration de

C = n / V = 8,7.10-4 / 0,0274 = 3,175.10-2 mol/l

Remarque : Si on veut s’assurer du fait que la formation d’eau soit négligeable, on peut faire le
calcul suivant : 1,74.10-3 moles d’eau → 0,03132g d’eau → 0,03132ml d’eau → c’est bien
négligeable (0,11%) par rapport au volume total de la solution.

Exercices :

1. Quelle masse de Fe(III) peut-on faire réagir avec 60ml de H2SO4 0,25 mol/l ? Caractérisez la
solution obtenue et le volume de gaz à TPn qui a été dégagé lors de la réaction.

2. D’après l’article ci-dessous, après décomposition complète de 10g d’acide perchlorique, quelles
seront les masses des différents produits formés ?

3. On prépare une solution A en amenant par dilution 5 ml de H2SO4 18 mol/l à 100ml avec de l’eau
distillée. Ensuite, on prépare une solution B en dissolvant 1g de LiOH dans de l’eau distillée
jusqu’à 100ml. Quel volume de solution B dois-je ajouter pour réagir stœchiométriquement avec
10ml de solution A ? Caractérisez la solution obtenue.

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4. Le texte ci-dessous est un condensé de deux articles de 1924 et 1928.

• En admettant qu’une boîte métallique contienne 1 kg de Ca(ClO)2 sous pression atmosphérique


normale à 20°C, quel pourcentage du produit doit se décomposer afin que la pression dans la boite
atteigne 3atm si le gaz dispose d’un volume de 1litre à l’intérieur de la boîte?

• Dans le cas où tout le produit s’est décomposé et en admettant que la boîte supporte cette pression
(ce qui est parfaitement impossible), quelle serait approximativement la pression à l’intérieur de
la boîte ?

5. Par réaction chimique, on obtient 50ml d’une solution 0,15 mol/l en Cu(NO3)2 et de l’hydrogène
gazeux à 25°C et 1atm. Quels composés a-t-on fait réagir et en quelles quantités ? Quel volume de
gaz s’est dégagé lors de la réaction ?

6. On a fait réagir en quantités stœchiométriques 20ml d’une solution 0,2 mol/l de KI avec une
solution de Pb(NO3)2. La réaction a donné lieu à la formation de 70ml d’une solution contenant un
précipité jaune.
Quelle est la concentration de la solution de Pb(NO3)2 ?
Caractérisez la solution obtenue.
Quelle masse de précipité s’est formée ?

7. Dans un erlenmeyer de 200ml, on met 0,1g de Fe(III) puis une quantité stœchiométrique de H2SO4
0,1mol/l et on ferme rapidement l’erlenmeyer avec un bouchon. Si on considère que la réaction
est complète et qu’elle amène la température de l’ensemble du système à 30°C, quelle sera la
pression à l’intérieur de l’erlenmeyer une fois la réaction terminée ?

8. Donnez deux possibilités différentes du point de vue de la réaction pour former 150 ml de ZnCl 2
0,3 mol/l.

Exercice de dépassement :

9. On fait brûler complètement 15g d’un mélange éthanol/acétone (C2H6O/ C3H6O). Sachant que la
réaction produit 16,2g d’eau, donnez la composition du mélange initial, la quantité d’oxygène
consommée et le volume de CO2 produit à 30°C et 1atm.

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CHRISTIAENS QUENTIN
Si un titrage fait intervenir des réactifs en quantités stœchiométriques, ce cas de réaction chimique
est relativement rare. En effet, dans de nombreux cas, un des deux réactifs est en quantité « trop »
importante par rapport à l’autre, on dit que ce réactif est en excès. Par conséquent, tout le réactif
qui est en excès ne sera pas consommé, il en restera après que la réaction chimique ait eu lieu,
même si celle-ci est complète.

La réaction chimique est donc limitée par le réactif qui est en quantité inférieure au réactif en
excès. Ce réactif est dit limitant. Si la réaction est complète, ce réactif sera totalement consommé.

La grande majorité des réactions chimiques font intervenir un réactif en excès (souvent le moins
cher) de telle manière à transformer le maximum de réactif limitant. En chimie organique, c’est
presque toujours le cas.

Dans ce chapitre, nous allons considérer que la réaction chimique est complète, c'est-à-dire que
tout le réactif limitant est consommé. (Sauf si le contraire vous est clairement indiqué, ce qui nous
permettra d’approcher la notion de rendement d’une réaction chimique)

Premier exemple :
On fait réagir 0,3 mol de NaOH avec 0,2mol de H2SO4.

La réaction est donc la suivante :

2 NaOH + H2SO4 Na2SO4 + 2 H2O

La première chose à faire est de déterminer lequel des deux réactifs est limitant.

Pour réagir avec 0,2mol de H2SO4, il faudrait 0,4 mol de NaOH, NaOH est donc limitant
tandis que H2SO4 est en excès, ce qui veut dire que tout le NaOH sera consommé alors qu’il
restera de l’H2SO4 après la réaction.

Ce qui donne 2 NaOH + H2SO4 Na2SO4 + 2 H2O

Départ 0,3 0,2 0 0


Fin 0

Pour des raisons de clarté et afin de commettre le moins de fautes possible, prenez l’habitude de
présenter dorénavant une équation de cette manière :

2 NaOH + H2SO4 Na2SO4 + 2 H2O

Départ 0,3 0,2 0 0


(C ou F)
Fin 0

La ligne (C ou F) correspond à la quantité de la substance qui est consommée ou formée au cours


de la réaction.

Si 0,3 mol de NaOH ont été consommées, il a fallu qu’elles réagissent avec 0,15 mol de H2SO4
et par conséquent il restera 0,05 mol de H2SO4 après la réaction.

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CHRISTIAENS QUENTIN
Ce qui donne ceci : 2 NaOH + H2SO4 Na2SO4 + 2 H2O

Départ 0,3 0,2 0 0


(C ou F) -0,3 -0,15
Fin 0 0,05

Si 0,3 mol de NaOH ont réagi avec 0,15 mol de H2SO4, cela signifie que 0,15 mol de Na2SO4 ont
été formées ainsi que 0,3 mol d’eau.

Donc, le tableau complet est le suivant :

2 NaOH + H2SO4 Na2SO4 + 2 H2O

Départ 0,3 0,2 0 0


(C ou F) -0,3 -0,15 +0,15 +0,3
Fin 0 0,05 0,15 0,3

Second exemple :
On fait réagir 100ml de HNO3 1 mol/l avec 1g de Mg. Caractérisez la solution formée et
déterminez le volume de gaz formé à 1atm et 25°C.

L’équation est la suivante :

2 HNO3 + Mg Mg(NO3)2 + H2

100ml de HNO3 1 mol/l contiennent n = C.V = 1 . 0,1 = 0,1 mol de HNO3.

1g de Mg contient n = m/M = 1/24 = 4,167.10-2 mol de Mg.

Pour réagir avec 0,1 mol de HNO3, il faudrait 5.10-2 mol de Mg. Le Mg est donc limitant et
HNO3 est donc en excès.

Ce qui donne : 2 HNO3 + Mg Mg(NO3)2 + H2

Départ 0,1 0,04167 0 0


(C ou F) -0,04167
Fin 0

A partir de la consommation en Mg, on peut déterminer ce qui a été consommé en HNO3 et ce qui
a été formé en Mg(NO3)2 et en H2.

Ce qui donne le tableau final :

2 HNO3 + Mg Mg(NO3)2 + H2

Départ 0,1 0,04167 0 0


(C ou F) -0,08333 -0,04167 +0,04167 +0,04167
Fin 0,01667 0 0,04167 0,04167

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Le volume total de la solution finale est de 100ml, et cette solution contient 0,01667mol de HNO3
et 0,04167mol de Mg(NO3)2.

On a donc une solution 0,01667 / 0,1 = 0,1667 mol/l en HNO3 et 0,04167 / 0,1 = 0,4167 mol/l en
Mg(NO3)2.

Quant au volume d’hydrogène dégagé à 1atm et 25°C, il est de

V = n.R.T / P = 0,04167. 0,082 . 298 / 1 = 1,018 litres

Troisième exemple (rendement) :

On fait réagir 2 moles d’acide acétique avec 3 moles de méthanol à température ambiante pendant
30 min, après séparation des produits obtenus, on récupère 37g d’acétate de méthyle. Quel est le
rendement de la réaction ?

Normalement, la réaction devrait donner ceci :

Départ 2 3 0 0
(C ou F) -2 -2 +2 +2
Fin 0 1 2 2

Comme l’acétate de méthyle a une masse molaire de 74g/mol, on devrait en récupérer 148g.

Dans ce cas, la réaction n’est pas complète, on ne récupère que 37g du produit souhaité.

Le rendement de la réaction est de (37g / 148g) . 100% = 25%

Le rendement correspond donc au pourcentage (en masse ou en nombre de moles) de produit


réellement récupéré par rapport à la quantité de ce produit que la réaction aurait pu fournir.

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Exercices :

1. On dissout 3g de NaOH dans 100ml d’eau → solution A.


Puis on prélève 10ml d’HCl 8mol/l qu’on amène à 100ml → solution B.
On fait réagir 20ml de la solution A avec 20ml de la solution B.
Caractérisez la solution obtenue.

2. On dissout 10g de KOH dans 100ml d’eau → solution A.


Puis on prélève 10ml d’H2SO3 5 mol/l qu’on amène à 100ml → solution B.
On fait réagir 40ml de la solution A avec 10ml de la solution B.
Caractérisez la solution obtenue.

3. On dissout 15g de Cu(OH)2 dans 100ml d’eau → solution A.


Puis on prélève 5ml d’H3PO4 8 mol/l qu’on amène à 100ml → solution B.
On fait réagir 50ml de la solution A avec 20ml de la solution B.
Caractérisez la solution obtenue.

4. On fait réagir 30ml d’une solution de Pb(NO3)2 avec un excès de KI et on récupère 0,1g d’un
précipité jaune. Quelle est la concentration de la solution de Pb(NO3)2 qui a réagi ?

5. En faisant réagir du NaOH solide avec H2SO4 on veut obtenir 150ml d’une solution 0,4 mol/l en
Na2SO4 et 0,1mol/l en NaOH. Comment faire ?

6. En partant de HCl concentré (8,5mol/l) et KOH solide, comment faire pour fabriquer
précisément 100ml d’une solution 0,3mol/l en KCl et 0,4mol/l en HCl ?

7. A partir de HCl 0,5 mol/l et de NaOH 0,5 mol/l, comment fabriquer 100ml d’une solution 0,4
mol/l en NaCl et 0,1 mol/l en NaOH ?

8. Dans un erlenmeyer de 200ml, on met 0,2g de Fe(III) puis 40 ml de H2SO4 0,2mol/l et on ferme
rapidement l’erlenmeyer avec un bouchon. L’ensemble est initialement à une température de
20°C. Si on considère que la réaction est complète et qu’elle amène la température de l’ensemble
du système à 45°C, quelle sera la pression à l’intérieur de l’erlenmeyer une fois la réaction
terminée ?
Caractérisez la solution obtenue.

9. En faisant réagir 10ml de CaCl2 0,8 mol/l avec 15ml de Na3PO4 0,7 mol/l, un élève récupère 0,59g
de précipité. Quel est le rendement de sa réaction ?

10. On fait réagir 20ml de BaCl2 1 mol/l avec 30 ml de KIO3 1 mol/l. Si on s’attend à un rendement
de 88% pour cette réaction, quelle masse de précipité devrait-on obtenir ?

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CHRISTIAENS QUENTIN
Thermochimie 2ème partie : cv, cp, U, H.
Intéressons-nous à présent à la quantité de chaleur cédée ou reçue au cours d’une transformation
chimique. Certaines réactions chimiques consomment de la chaleur, elles sont dites
« endothermiques ». Nous avons déjà rencontré des phénomènes endothermiques tels que
l’évaporation d’un liquide, la fusion d’un solide, la détente d’un gaz… Dans le cas d’une réaction
chimique endothermique, on peut dire que l’énergie que nécessite la rupture de certaines liaisons
chimiques des réactifs est plus importante que l’énergie dégagée par la reformation de certaines
liaisons chimiques des produits.

Un exemple classique de réaction endothermique est celle qui se produit lorsqu’on mélange dans
un récipient deux solides : le Ba(OH)2.8H2O et le NH4SCN.

Ce sont deux solides cristallins blancs de granulométrie variable en fonction du producteur. (Ils
peuvent avoir l’apparence de gros cristaux ou du sucre fin ou encore de la farine)

Ba(OH)2.8H2O NH4SCN

L’hydroxyde de Baryum est une base forte, c’est un produit très corrosif qui, de plus, est toxique.
Il est utilisé dans les titrages d’acides car il permet d’éliminer la présence de carbonates car le
carbonate de baryum est insoluble contrairement aux carbonates de sodium et de potassium.

Le thiocyanate d’ammonium est nocif en cas d’ingestion, d’inhalation ou de contact cutané et est
essentiellement utilisé pour la fabrication d’herbicides.

La réaction entre les deux est très endothermique et mène à la formation de thiocyanate de Baryum,
d’ammoniac gazeux et d’eau.

Ba(OH)2.8H2O (s) + NH4SCN (s) + Energie Ba(SCN)2 (aq) + 2NH3 (g) + 10H2O (l)

L’énergie peut donc être vue dans ce cas comme un réactif.

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CHRISTIAENS QUENTIN
Cette réaction nécessite tellement de chaleur qu’elle provoque la congélation de l’eau à l’extérieur
du récipient.

Voir la vidéo sur Youtube :

The Endothermic Reaction between Barium Hydroxide and Ammonium Thiocyanate


https://www.youtube.com/watch?v=PijjjHjjsck&ab_channel=ScienceSkool

La photosynthèse est un autre exemple de réaction endothermique. L’énergie solaire est utilisée
pour la fabrication d’hydrates de carbone, en général du glucose, à partir d’eau et de CO2

6CO2 + 6H2O + Energie C6H12O6 + 6O2

Les atomes et molécules servent de réserve d’énergie. Dans des réactions dites « exothermiques »,
les produits ont moins d’énergie que les réactifs et l’excès d’énergie est libéré au cours de la
réaction. C’est ce qui se passe lors de la respiration.

C6H12O6 + 6O2 6CO2 + 6H2O + Energie

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95
CHRISTIAENS QUENTIN
Dans la cas de la respiration, l’oxydation du glucose dans les cellules est contrôlée inversement à
un incendie ou simplement lorsqu’on met le feu à un produit inflammable (carburant) qui dispose
de suffisamment d’oxygène (comburant) pour brûler.

Lors d’une réaction exothermique, l’énergie interne du système diminue d’une quantité identique
à l’augmentation de l’énergie totale de son environnement.

Tout d’abord, l’énergie interne d’un échantillon dépend de son état physique (solide-liquide-
gazeux), de sa température et de la pression qu’il subit.

Ensuite, l’énergie interne est une propriété extensive, c’est-à-dire qu’elle dépend de la taille du
système . Ainsi 100g d’essence contiennent deux fois plus d’énergie que 50g d’essence à la même
température et la même pression. Par opposition, la température, la pression, la densité, l’indice
de réfraction… sont des propriétés intensives, elles ne dépendent pas de la taille du système.

Enfin, l’énergie interne d’un échantillon est la même quelle que soit la provenance de l’échantillon.
Ainsi l’énergie interne de 50ml d’eau à une température et une pression donnée est la même que
cette eau ait été obtenue par distillation, par réaction entre l’hydrogène et l’oxygène ou par
condensation de vapeur d’eau sur une vitre froide.

On dira que l’énergie interne est une fonction d’état : elle est indépendante de la façon dont le
corps a été obtenu et découle directement de variables d’état telles que la pression, le volume et la
température.

Un autre exemple de fonction d’état est l’altitude (hauteur par rapport au niveau de la mer).
Si vous vous trouvez au sommet d’une montagne à 1000m d’altitude, cette valeur est la même que
vous ayez gravi la montagne où que vous y soyez arrivé en ayant sauté en parachute d’un avion.

Une variable d'état caractérise un état, pas une évolution entre deux états. Ainsi toute grandeur
assimilable à une vitesse ou un flux (une dérivée par rapport au temps) n'est pas une variable
d'état car elle ne décrit pas un état, mais le passage d'un état à un autre (une transformation).

Les variables d'état caractérisent le système lui-même tandis que les mesures des interactions d'un
système avec l'extérieur ne sont pas des variables d'état.

Calcul de l’énergie interne d’une mole d’un gaz parfait monoatomique à 25°C.

Un atome d'un gaz monoatomique peut se déplacer dans trois directions indépendantes, de sorte
que le gaz a trois degrés de liberté en raison de son mouvement de translation. Par conséquent, son
énergie interne vaut U = 3/2 RT.

Où R = 8,3145 J.mol-1.K-1 est la constante des gaz parfaits et T la température en K. Les unités de
U sont donc bien ici [J/mol]

Pour un gaz parfait diatomique, on se placera, pour des températures classiques, dans
l’approximation du rotateur rigide, c’est-à-dire que la distance interatomique est supposée fixée à
sa valeur d’équilibre (donc qu’il n’y pas de degré de liberté de vibration). Dans ce cas, il n’y a que
deux degrés de liberté internes qui correspondent aux deux angles de rotation autour des deux axes
perpendiculaires à l’axe internucléaire. Son nombre total de degrés de liberté est donc de 5 et son
énergie interne vaut U = 5/2 RT.

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CHRISTIAENS QUENTIN
Exercices :

1. Calculez l’énergie interne d’une mole d’hélium à 25°C.

2. Calculez l’énergie requise pour élever la température d’une mole d’air (considéré ici
comme un gaz parfait bien sûr) enfermée dans un récipient indéformable et faire passer
cette température de 20°C à 100°C.

Déduisez-en la capacité thermique molaire de l’air à volume constant et comparez-la à


celle de l’eau.

En réalité, il faut être très prudent avec les degrés de liberté d’une molécule. S’il s’agit d’un gaz
monoatomique, on a dit que U = 3/2 RT et cela s’avère exact pour n’importe quelle température.

Par contre, nous avons dit que l’on se plaçait, pour des températures classiques, dans
l’approximation du rotateur rigide, ce qui autorisait deux degrés de liberté de rotation
supplémentaires.

Cela veut donc dire que la température doit permettre cette liberté rotationnelle !

A partir de là, on pourrait penser qu’à de très basses températures, seuls les degrés de liberté de
translation seraient possibles car les degrés de liberté de rotation seraient « gelés ». Dès lors on
s’attendrait, pour des molécules diatomiques, à ce que U = 3/2RT pour de très basses températures.
Inversement, on pourrait s’attendre à voir apparaître des degrés de liberté de vibration à partir de
certaines températures plus élevées.

Et c’est effectivement ce qu’on constate sur ce graphique :

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CHRISTIAENS QUENTIN
Il faut encore discuter le fait que nous avons calculé ici une capacité thermique isochore c’est-à-
dire à volume constant.

Si on avait permis la dilatation du gaz à pression constante, cette dilatation aurait effectué un
travail sur le milieu extérieur entrainant une variation d’énergie interne différente que lors d’une
variation isochore. On doit donc distinguer cv, la capacité thermique isochore (à volume
constant), de cp, la capacité thermique isobare (à pression constante).

Pour des corps parfaitement incompressibles et donc qui ne se dilateraient pas lors d’une
diminution de pression ou d’une augmentation de température, le travail qu’ils effectueraient sur
l’extérieur est nul et donc cv = cp. Les solides et les liquides peuvent être globalement considérés
comme tels.

Par contre, pour les gaz, on peut globalement dire que pour

• les gaz monoatomiques : cp = 5/3 cv = 1,667 cv


• les gaz diatomiques : cp = 7/5 cv = 1,4 cv
• les gaz triatomiques : cp = 9/7 cv = 1,286 cv

Le rapport cp/cv est souvent noté  (appelé « indice adiabatique »)

Dans le tableau ci-dessous, on a fait un calcul approximatif de  en prenant les valeurs théoriques
de cv et en les comparant à des valeurs mesurées de cp.

On peut constater que les valeurs de  proposées ci-dessus (5/3, 7/5 et 9/7) sont très bien
respectées.

Exercices :

3. A partir de la valeur du tableau, recalculez la valeur de la capacité thermique massique de


la vapeur d’eau.

4. Toujours à partir de ce tableau, recalculez l’énergie requise pour élever la température


d’une mole d’air 20°C à 100°C, mais cette fois, à pression constante.

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CHRISTIAENS QUENTIN
Le tableau ci-dessous donne des valeurs exactes de  et fait apparaitre des nuances dans les valeurs
dues à la température.

On peut aussi se poser une autre question : Comment se fait-il que les métaux aient des capacités
thermiques massiques aussi différentes ?
En effet, la capacité thermique massique (en J.kg-1.K-1) à 20°C vaut 129 pour le plomb, 385 pour
le cuivre, 450 pour le fer, 900 pour l’aluminium et 1023 pour le magnésium. En réalité, ces
différences proviennent surtout de la masse atomique de ces métaux.

Exercice :

5. Calculez les capacités thermiques molaires des métaux cités ci-dessus. Qu’observe-t-on ?
Faites une moyenne des valeurs obtenues puis exprimer cette capacité thermique massique
moyenne en fonction de R.

6. Faites la même chose que pour l’exercice précédent, mais juste pour le mercure dont la
capacité thermique massique à 20°C vaut 140 J.kg-1.K-1 Critiquez la valeur obtenue.

Lorsqu’une réaction se produit de telle sorte que toute l’énergie échangée entre le système et son
environnement est sous forme de chaleur, on peut écrire que cette quantité de chaleur est égale à
la variation d’énergie interne du système. Si on note Q, la quantité d’énergie qui entre dans un
système sous forme de chaleur, on peut écrire

Q = U

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Donc, lorsqu’une réaction exothermique libère 10kJ d’énergie, l’énergie interne du système a bien
diminué de 10kJ. (U = -10kJ)
Toutefois, de nombreuses réactions chimiques se produisent à pression normale et font intervenir
des gaz.

Prenons par exemple, de l’essence qui brûle à pression atmosphérique normale.


L’essence se compose de différents hydrocarbures dont les molécules possèdent environ 8 atomes
de carbone. Prenons donc, par exemple, la combustion complète de l’octane.

2 C8H18 (l) + 25 O2 (g) 16 CO2 (g) + 18 H2O (g)

Puisque 34mol de gaz sont formées pour 25 mol de gaz consommées, il est évident que les produits
occuperont à pression constante un volume plus important que les réactifs. Ces produits repoussent
donc l’air atmosphérique lorsqu’ils sont formés et par conséquent effectuent un travail.

En physique, le travail effectué par une force est donné par le produit de cette force et de la distance
sur laquelle cette force est exercée.

W = F . x = P . S . x = P . V

Calculons le travail qui doit être effectué pour permettre l’expansion des produits de la combustion
de 2mol d’octane à TPn (0°C et 1atm).

Pour rappel, une mole de gaz à TPn occupe un volume de 22,4litres = 0,0224m³

Lors de la combustion de 2mol d’octane, la variation de volume correspond à l’apparition nette de


9 mol de gaz qui occuperont donc un volume à TPn qui vaut 9 . 0,0224m³ = 0,2016m³

Le travail qui doit être effectué pour permettre l’expansion des produits de combustion vaudra
donc W = 101325Pa . 0,2016m³ = 20427,12J = 20,4kJ

Exercice :

7. Calculez le travail qui doit être effectué pour permettre l’expansion des produits de la
combustion de 1mol de glucose à TPn.

La variation d’enthalpie H d’un système est égale à la quantité de chaleur qu’il produit à pression
constante et vaut
H = U + P.V

Autrement dit, si lors d’une réaction de combustion U = -100kJ mais qu’il faut effectuer un travail
W = P.V = + 20kJ pour « faire de la place » aux produits, la variation d’enthalpie sera
H = -80kJ alors qu’elle aurait valu H = -100kJ à volume constant.

Les réactions dont le H est négatif sont exothermiques puisque de la chaleur quitte le système et
inversement, les réactions dont le H est positif sont endothermiques.

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Exercices :

8. La chaleur libérée par la réaction de formation de l’ammoniac à 25°C et à volume constant


vaut 41kJ par mol d’azote qui réagit.

N2 (g) + 3 H2 (g) 2 NH3 (g)

Quelle serait la quantité de chaleur dégagée si cette même réaction se produisait à cette
même température de 25°C et à une pression constante de 10atm ?

Rép : H = -45,955kJ par mol de N2 consommée

Remarquons que cette valeur à pression constante est supérieure à celle obtenue à volume
constant car à pression constante, le système se contracte.

9. A volume constant, la réaction de formation du monoxyde de carbone ci-dessous libère


113kJ de chaleur par mol de C consommée.

2C (s) + O2 (g) 2 CO (g)

Quelle serait la quantité de chaleur dégagée si cette même réaction se produisait à la


température de 25°C et sous une pression constante de 1atm ?

Rép : H = -110,52kJ par mol de N2 consommée

10. Dans un calorimètre (C = 100J/K), à pression atmosphérique normale, on mélange 100ml


de NaOH 0,5mol/l et 100 ml d’HCl 0,5 mol/l. Lors de la réaction, la température de
l’ensemble passe de 22,4°C à 25,4°C. Quelle est la chaleur produite par la réaction et
combien vaut le H produit par la réaction par mole de NaOH consommée ?

Rép : Q = 2812J, H = -56,23kJ par mole de NaOH consommée

En Belgique, la valeur moyenne du pouvoir énergétique de 1m³ de gaz naturel correspond environ
à 10kWh. Cette conversion est nécessaire car votre compteur de gaz est en m³ mais votre facture
est en kWh.

Cette conversion est fixée par votre fournisseur de gaz naturel en fonction de la composition du
gaz, de l’altitude de votre commune (plus l'altitude est importante, plus la pression atmosphérique
diminue, moins le gaz naturel devient dense (un même volume contient donc moins de matière et
donc moins de pouvoir calorifique) et de la pression de livraison.

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11. Le gaz naturel se compose essentiellement de méthane.

CH4 (g) + 2 O2 (g) CO2 (g) + 2H2O (g) H = -802kJ par mol de CH4

On met 1 litre d’eau dans une casserole en acier de 800g. Le système est initialement à 20°C. On
fait chauffer la casserole à l’aide d’une cuisinière alimentée par du gaz naturel.
Si on veut amener le système à ébullition,

• De quelle énergie le système a-t-il besoin pour arriver à 100°C ?

• Si on fait le calcul à partir de l’équation chimique ci-dessus, quel volume de CH4 à TPn
faudrait-il pour produire la chaleur nécessaire ?
• Comparez la valeur obtenue à celle de la conversion générale (1m³ = 10kWh) sur le
compteur ?

En pratique, ce volume devra être à peu près multiplié par 5 car le chauffage d’une casserole par
le gaz offre un rendement de l’ordre de 20%.

• En juin 2023, en Belgique, le prix moyen du kWh gaz valait 0,075€/kWh alors que celui
de l’électricité valait 0,337€/kWh. Sachant que le chauffage par induction à un rendement
de 90%, quel est le mode de chauffage le plus intéressant du point de vue du prix?

12. Le H de la réaction de combustion complète d’une mole de butane (g) vaut -2877,3kJ/mol
de butane consommée.

• Ecrivez cette équation.


• Quelle masse de butane faut-il brûler pour dégager 1MJ de chaleur ?

13. Le H de la réaction de combustion complète d’une mole d’octane vaut -5471kJ/mol


d’octane (l) consommée.

• Ecrivez cette équation. (l’eau produite est liquide)


• L’essence utilisée dans les voitures est ici tout à fait comparable à de l’octane et a une
densité de 0,8. Quelle serait l’énergie dégagée par la combustion d’un litre d’essence ?

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CHRISTIAENS QUENTIN
Une enthalpie standard de réaction (H°) est un H qui est mesuré lorsque les réactifs dans leur
état standard, se transforment en produits dans leur état standard. En général, ces données sont
fournies à 25°C. Reprenons la réaction de combustion du méthane.

CH4 (g) + 2 O2 (g) CO2 (g) + 2H2O (g) H° = -802kJ par mol de CH4 (1*)

Dans cette réaction, l’eau est produite sous forme de gaz. Si l’eau avait été produite à l’état liquide,

CH4 (g) + 2 O2 (g) CO2 (g) + 2H2O (l) H° = -890kJ par mol de CH4 (2*)

le H° aurait été plus négatif car le facteur P.V, nul dans la première réaction, est négatif dans la
seconde.

Hasardons-nous à une petite transformation de formules : inversons cette dernière équation (2*) et
additionnons l’équation (1*)

CO2 (g) + 2H2O (l) CH4 (g) + 2 O2 (g) H° = 890kJ par mol de CH4
CH4 (g) + 2 O2 (g) CO2 (g) + 2H2O (g) H° = -802kJ par mol de CH4

2H2O (l) 2H2O (g) H° = 88kJ


Est-ce cohérent ?

• Cela signifierait tout d’abord que la vaporisation de l’eau est endothermique puisque le H
est positif.

Jusque-là, pas de souci, l’énergie interne de l’eau à l’état de vapeur est logiquement plus élevée
que celle de l’eau à l’état liquide, la vaporisation de l’eau demande donc de la chaleur à
l’environnement extérieur. C’est donc bien un processus endothermique.

• Ensuite, cela signifierait que vaporiser deux moles d’eau à pression constante nécessiterait
88kJ. Autrement dit, que le vapH de l’eau serait de 44kJ/mol.

Si on se réfère à la valeur utilisée en calorimétrie, nous avions pris 22,6.105 J/kg.K


Etant donné que la masse molaire de l’eau fait 18g/mol, cela fait 40,7kJ/mol.
C’est pas loin, mais c’est pas tout à fait ça…

En fait, la différence provient de la température. Lorsque de l’eau arrive à 100°C sous une pression
de 1atm, sa vaporisation demande bien une énergie de 40,7kJ/mol. Mais ici, nous sommes à 25°C
et cette valeur s’en trouve donc un peu modifiée.

Conclusion.

• Il est très intéressant de constater que l’on peut associer des équations chimiques pour
obtenir la variation d’enthalpie d’une autre réaction.

• En plus, cela peut se faire avec des équations « hypothétiques », qui en réalité, ne peuvent
peut-être même pas se produire dans la nature. Dans ce cas-ci, le fait d’avoir retourné
l’équation (2*) est purement théorique car la réaction entre l’eau et le dioxyde de carbone
ne donnera jamais du méthane !

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CHRISTIAENS QUENTIN
Loi de Hess (1840) :

« L’enthalpie d’une réaction est la somme des enthalpies de toute séquence de réactions que l’on
peut imaginer, en partant du même état initial et en aboutissant au même état final (mêmes T et P)
pour constituer la réaction globale. »

Je lui préfère personnellement cette version :

« Puisque l’enthalpie est une fonction d’état, sa variation ne change pas pour aller de réactifs
donnés à des produits déterminés, quel que soit le chemin suivi. »

Cela a pour conséquence immédiate que le H° de n’importe quelle réaction peut être déterminé à
partir des H° d’autres réactions.

Dans ce cas, H°1 = H°2 + H°3

Exercices :

14. Selon le shéma ci-dessous, comment pourrait-on calculer la valeur de H°3 ?

15. A partir des valeurs de H° des oxydations complète et incomplète du carbone, calculez le
H° de la réaction d’oxydation du monoxyde de carbone en dioxyde de carbone.

2 C (s) + O2 (g) 2 CO (g) H° = -221kJ (pour 2 mol de C)

2 C (s) + 2 O2 (g) 2 CO2 (g) H° = -787kJ (pour 2 mol de C)

2 CO (g) + O2 (g) 2 CO2 (g) H° = ?

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On appelle « enthalpie standard de formation » (fH°) d'une espèce chimique, la variation
d'enthalpie correspondant à la réaction de formation d'une mole de cette espèce à la pression
constante de 1atm à partir de corps simples pris dans leur état standard et stable.

Elle correspond donc à la différence entre l’enthalpie des réactifs purs à 1atm et celle des produits
à 1atm pris à la même température que les réactifs. Généralement, la température de référence est
298,15 K (25 °C)

L'enthalpie de formation des corps purs simples est par définition nulle à 298,15 K.

(ΔfH° de C (s), H2 (g), O2 (g), N2 (g), S (s), Cl2 (g) et F2 (g) est nulle)

Les deux premières équations de l’exercice précédent correspondent donc aux enthalpies standards
de formation du CO (g) et du CO2 (g)

16. Nous avions discuté dans un exercice précédent de la combustion complète de l’octane. Le
H° de cette réaction vaut H° = -5471kJ/mol d’octane consommée.

2 C8H18 (l) + 25 O2 (g) 16CO2 (g) + 18H2O (l) H° = - 10942 kJ

(Cette valeur de H° sous-entend bien sûr qu’on consomme 2 moles d’octane)

On s’attend à ce que la combustion incomplète de l’octane libère moins d’énergie.

Calculez le H° de cette réaction si les réactifs et produits restent dans le même état.

(Indice : vous aurez besoin d’avoir fait l’exercice précédent)

Rép : La combustion incomplète donne H° = -3207kJ/mol d’octane consommée.

17. Même exercice avec le propane (g).

C3H8 (g) + 5 O2 (g) 3CO2 (g) + 4H2O (l) H° = - 2220 kJ

On peut également se servir des équations de combustion pour déterminer la variation d’enthalpie
d’une réaction de synthèse. Essayons de déterminer le fH° de la réaction de formation du propane.

3C (s) + 4 H2 (g) C3H8 (g) fH° = ?

On peut utiliser l’équation de l’exercice précédent…

C3H8 (g) + 5 O2 (g) 3CO2 (g) + 4H2O (l) H° = - 2220 kJ (1*)

…l’équation de l’enthalpie standard de formation de l’eau…

H2 (g) + 1/2 O2 (g) H2O (l) fH° = - 285,7 kJ (2*)

…et enfin l’équation de l’enthalpie standard de formation du CO2 que nous avions déjà vue.

C (s) + O2 (g) CO2 (g) fH° = -787/2 = - 393,5kJ (3*)

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CHRISTIAENS QUENTIN
On va inverser l’équation (1*) et multiplier l’équation (2*) par 4 et l’équation (3*) par 3.

3CO2 (g) + 4H2O (l) C3H8 (g) + 5 O2 (g) H° = 2220 kJ


4H2 (g) + 2 O2 (g) 4H2O (l) H° = -1142,8 kJ
3C (s) + 3O2 (g) 3CO2 (g) H° = - 1180,5 kJ

La somme de ces trois équations donne

3C (s) + 4 H2 (g) C3H8 (g) fH° = -103,3 kJ

La réaction de synthèse du propane est exothermique et libère 103,3 kJ par mole de propane
produite.

18. Même chose avec le benzène. Calculez l’enthalpie standard de la réaction de synthèse du
benzène (C6H6 (l)) à partir de ses éléments sachant que

C6H6 (l) + 15/2 O2 (g) 6CO2 (g) + 3H2O (l) H° = - 3268 kJ

Rép : La synthèse du benzène donne H° = 49,9kJ/mol de benzène produite. (endothermique)

Voici un petit tableau d’enthalpies standard de formation à 25°C.

CO (g) -110,5kJ/mol CO2 (g) -393,5kJ/mol


H2O (l) -285,7kJ/mol H2O (g) -241,8kJ/mol
NO (g) +90,3kJ/mol NO2 (g) +33,2kJ/mol N2O4 (g) +9,2kJ/mol
SO2 (g) -296,8kJ/mol SO3 (g) -395,7kJ/mol

19. Le dioxyde d’azote est un gaz qui a la possibilité de former un dimère, le peroxyde
d’azote.
2NO2 (g) N2O4 (g)

Calculez l’enthalpie standard de cette réaction.


Rép : H° = -57,2kJ/mol de N2O4 produite.

On a obtenu la valeur de l’exercice précédent

• en écrivant les deux équations de formation,


• en inversant l’une des deux,
• et en les additionnant.

Remarquez que cela n’était pas indispensable.

En prenant les valeurs dans la table, on aurait simplement pu faire 9,2 – (2 x 33,2) = -57,2kJ/mol

L’enthalpie standard d’une réaction H° = fH° (produits) – fH° (réactifs)

20. A partir de ce qui est dit ci-dessus, vérifiez la valeur de H° = - 2220 kJ de l’exercice 17.

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CHRISTIAENS QUENTIN
Vitesse des réactions chimiques et catalyse.
De manière générale, la notion de vitesse est associée à une variation. En physique, la vitesse d’un
mobile correspond à une variation de vitesse en fonction du temps. En chimie, il s’agira plutôt
d’une variation de concentration en fonction du temps.

Admettons qu’on enferme dans un volume donné, 2moles de HI (g) pour observer sa
décomposition selon l’équation suivante :

2HI (g) H2 (g) + I2 (g)

Si au bout de 20s, on constate que la concentration en HI a diminué de 0,36mol/l, on peut dire que
la vitesse moyenne de la réaction pendant cet intervalle de temps est v = 0,018mol.l-1.s-1 en HI.
Bien sûr, au vu de la stœchiométrie de la réaction, on peut tout aussi bien dire que

v = 0,009mol.l-1.s-1 en H2 ou v = 0,009mol.l-1.s-1 en I2

Ceci n’est toutefois que la mesure d’une vitesse moyenne sur un intervalle de temps donné.
Il serait dangereux (pour ne pas dire presque toujours faux !) de ce servir de cette vitesse pour
déterminer par exemple le moment où le HI serait totalement décomposé. La raison provient du
fait que la vitesse dépend de la concentration. La théorie des collisions prévoit que la vitesse de
réaction est proportionnelle au nombre de collisions entre les réactifs. Collisions qui permettront
la rupture de certaines liaisons chimiques (ici H – I) et la formation d’autres liaisons chimiques
(ici H – H et I – I). Au fur et à mesure que la concentration en HI diminue, la vitesse de la réaction
diminue également. De plus, au fur et à mesure que les concentrations en H2 et I2 augmentent, la
réaction inverse à de plus en plus de chances de se produire. Il n’est donc même pas certain que
tout le HI soit décomposé un jour !

Prenons un autre exemple : La décomposition en phase gazeuse de l’hémipentoxyde d’azote.

2N2O5 (g) 4NO2 (g) + O2 (g)

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107
CHRISTIAENS QUENTIN
Si on trace la courbe de la concentration en N2O5 (g) en fonction du temps, la vitesse instantanée
de la réaction à un moment donné correspond à la tangente à la courbe à ce moment donné. On
voit donc clairement que la vitesse de la réaction diminue avec le temps.
En partant de concentrations initiales différentes, on peut ainsi tracer différentes courbes.

On voit donc bien que la vitesse de départ est fonction de la concentration.


De plus, si on porte en graphique la vitesse obtenue en fonction de la concentration, on obtient
une droite linéaire.

Ce qui signifie que la vitesse est proportionnelle à la concentration ou encore v = k.[N2O5]

La valeur numérique de k est la pente de la droite obtenue.

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108
CHRISTIAENS QUENTIN
Les vitesses des réactions chimiques ne sont pas toutes proportionnelles à la concentration.

Si on prend la réaction de décomposition du dioxyde d’azote :

2NO2 (g) 2NO (g) + O2 (g)

On constate que c’est en portant la vitesse en fonction du carré de la concentration en NO2 qu’on
obtient une droite.

Dans ce cas-ci : v = k.[NO2]2

On dira de manière générale que la vitesse d’une réaction chimique est donnée par v = k.[réactifs]a

Où a est l’ordre de la réaction.

La réaction de décomposition en phase gazeuse de l’hémipentoxyde d’azote est une réaction


d’ordre 1 car v = k.[N2O5]1

La réaction de décomposition du dioxyde d’azote est une réaction d’ordre 2 car v = k.[NO2]2

Remarquez que k peut avoir des unités différentes en fonction de l’ordre de la réaction.
• Pour la décomposition du N2O5, les unités de k sont des s-1
• Pour la décomposition du NO2, les unités de k sont des l.mol-1.s-1

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109
CHRISTIAENS QUENTIN
Une réaction d’ordre 0 est indépendante de la concentration en réactif. Sa vitesse ne change pas
au cours de la réaction. Et donc v = k

Il en découle que la concentration du réactif diminue à vitesse constante jusqu’à ce qu’il soit
entièrement consommé. La réaction s’arrête alors brutalement.

La décomposition de l’ammoniac sur un fil de platine chauffé est une réaction d’ordre 0.

 , Pt
2NH3 (g) N2 (g) + 3H2 (g)

Prenons la réaction suivante…

S2O8 2- (aq) + 3I - (aq) 2SO4 2- (aq) + I3 - (aq)

Sa vitesse obéit à v = k.[S2O82-].[I-]

Cette réaction est donc d’ordre 1 en S2O82- et d’ordre 1 en I-. Son ordre « global » est la somme
des puissances auxquelles sont élevées les concentrations dans la loi des vitesses. Son ordre global
vaut donc 2.

Exercices :

21. La réduction du dioxyde d’azote par le CO obéit à la loi des vitesses v = k.[NO2]2

NO2 (g) + CO (g) NO (g) + CO2 (g)

Quel est l’ordre de réaction en NO2 (g), en CO (g) et l’ordre global ?

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CHRISTIAENS QUENTIN
Si la réaction précédente est d’ordre 0 en CO (g), cela veut dire que la présence de CO est
indispensable à la réaction mais la vitesse de celle-ci est indépendante de la quantité de CO présent.

22. En présence de platine, l’oxydation du dioxyde de soufre en trioxyde de souffre obéit à la


loi des vitesses v = [SO2]/√[SO]

Quel est l’ordre de réaction en SO2 (g), en O2, en SO3 (g) et l’ordre global ?

Rép : 1 , 0 , - ½ , ½

Dans ce cas-ci, comme l’ordre de la réaction en SO3 est négatif, cela signifie que la vitesse de la
réaction diminue lorsque la concentration en SO3 augmente.

23. Même question avec cette réaction-ci :

BrO3- (aq) + 5Br- (aq) + 6H+ (aq) 3Br2 (aq) + H2O(l)

Dont la vitesse obéit à v = k.[BrO3-].[Br-].[H+]2

• Quel est l’ordre de réaction en BrO3-, en Br-, en H+ et l’ordre global ?

• Lorsque [BrO3-] = [Br-] = [H+] = 0,1mol/l, alors v = 1,2mmol.l-1.s-1 en BrO3-


Dans ce cas quelle serait la vitesse si [BrO3-] = 0,08mol/l, [Br-] = 0,15mol/l
et [H+] = 0,18mol/l ? Rép : 4,67mmol.l-1.s-1 en BrO3-

Il est parfois possible que la vitesse de la réaction dépendent de la présence d’un produit permettant
la réaction mais n’apparaissant pas explicitement dans la réaction. Par exemple, l’ioduration de
l’acétone se fait en milieu acide :

H+
CH3COCH3 (aq) + I2 (aq) CH2ICOCH3 (aq) + HI (aq)

Et sa vitesse obéit à v = k.[CH3COCH3].[H+]

24. Si la vitesse d’une réaction chimique est d’ordre 2 par rapport à la concentration d’un
réactif A, par quel facteur doit-on multiplier la concentration de ce réactif A pour multiplier
la vitesse de la réaction par 2 ?

25. La décomposition d’un composé A obéit à la loi des vitesses v = k.[A]2/[B]

A (g) B (g)

• Par quel facteur est multipliée la vitesse de décomposition de A si la concentration en B


diminue de 60% ?
Rép : 2,5
• Pourquoi peut-on dire que B est un inhibiteur de la décomposition de A ?

(Un inhibiteur diminue la vitesse d’une réaction chimique alors qu’un catalyseur l’augmente)

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CHRISTIAENS QUENTIN
Enfin, il faut comprendre que l’ordre global d’une réaction chimique dépend du mécanisme
réactionnel.

Certains mécanismes, parfois compliqués, ne permettent pas de définir un ordre global de la


réaction.

C’est le cas par exemple de la décomposition de l’ozone.

2O3 (g) 3O2 (g)

En l’absence de catalyseur, dont nous parlerons un peu plus tard, cette réaction est lente.

L’ozone est naturellement instable par rapport au dioxygène.

k1
O3 O2 + ●O● Où ●O● est le radical oxygène

Un radical libre est une espèce chimique possédant un ou plusieurs électrons non appariés.
Généralement, ils sont très instables et ont une durée de vie très courte car ils ont la possibilité de
réagir avec de nombreux composés.

Ils sont entre autres responsables du vieillissement de nos cellules. C’est pour cela qu’il est
important d’avoir une alimentation riche en antioxydants (renseignez-vous sur le stress oxydatif
par les radicaux libres)

Etant donné que °O° est très réactif, il peut réagir avec l’oxygène qui vient d’être formé pour
donner la réaction inverse…

k-1
O2 + ●O● O3
…ou bien avec l’ozone.

k2
O3 + ●O● 2O2

On peut démontrer que dans ce cas, la vitesse de la réaction obéit à v = k1.k2.[O3]2/(k-1.[O2]+k2.[O3])

Il n’y a donc pas d’ordre spécifique en O3, pas d’ordre spécifique en O2 et pas d’ordre global.

Peut-on dire que l’oxygène est un inhibiteur de cette réaction de décomposition ?

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En 1928, l’industrie chimique découvre les CFC (pour chlorofluorocarbure) qui sont des gaz
dérivés du méthane et de l’éthane où tous les atomes d’hydrogène ont été remplacés par des atomes
de fluor ou de chlore. Ils ont été très utilisés au XX e siècle

• Dans l’industrie du froid : La vaporisation d’un liquide et la détente d’un gaz étant des
processus endothermiques, on se sert de cette propriété dans le fonctionnement d’un frigo.
• Comme nettoyants industriels : Les CFC dissolvent très bien les graisses.
• Comme gaz propulseurs : extincteurs, bombes aérosols (déodorant, laque…)
• L’industrie des mousses : Par exemple utilisé comme gaz pour des mousses d’isolation.

Les raisons de cette utilisation intensives sont nombreuses : Ils sont

• extrêmement stables : ne se dégradent que très lentement


• inertes : ne font quasiment aucune réaction chimique
• ininflammables : même projetés sur une flamme, ils chassent l’oxygène et éteignent la
flamme.
• très peu coûteux à fabriquer
• beaucoup plus pratiques à utiliser que leurs prédécesseurs : Avant les CFC, on utilisait du
NH3, SO2, CH3Cl, CH4… Tous ces gaz sont toxiques et/ou très inflammables !

Les cinq CFC les plus utilisés sont CFCl3, CF2Cl2, C2F3Cl3, C2F4Cl2, C2F5Cl.

Dans les années 70, plusieurs scientifiques mettent en évidence le fait que le chlore pourrait être
néfaste pour la couche d’ozone et que la longévité des CFC pour endommager celle-ci de manière
importante. En 1978, le gouvernement américain interdit la propulsion d’aérosols par les CFC.

En 1985, la découverte du trou dans la couche d’ozone au-dessus de l’antarctique accélère les
négociations et mène au protocole de Montréal, signé le 16 septembre 1987 et entré en vigueur le
1er janvier 1989 qui signera la fin des CFC pour l’an 2000. Cela est d’autant plus bénéfique que
certains de ces gaz sont, de plus, de puissants gaz à effet de serre.

Certains CFC ont été remplacés par des

• HCFC (hydrochlorofluorocarbures : qui contiennent un plusieurs atomes d’hydrogène)


moins stables et moins destructeurs mais qui gardent tout de même un effet non-
négligeable sur la couche d’ozone.
• HFC (hydrofluorocarbures) qui ne contiennent pas d’atomes de chlore et donc pas néfastes
directement pour la couche d’ozone mais dont la contribution à l’effet de serre est
importante.

Aujourd’hui, de nombreux rapports confirment la réparation progressive de la couche d’ozone


stratosphérique mais à une vitesse moindre qu’attendue. De plus l’observatoire d’Hawaï a permis
de mettre en évidence une recrudescence de la présence de CFCl3 alors que la production déclarée
depuis 2006 par les industries est proche de 0 ce qui suggère une importante production illégale
identifiée dans les régions industrialisées de l’est de la Chine alors que celle-ci adhère au protocole
de Montréal depuis 1991.

De nombreux protocoles et accords vont aujourd’hui dans le sens de l’interdiction définitive à plus
ou moins court terme des HCFC et HFC.

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Que se passe-t-il avec l’ozone en présence de Cl2 ? L’analyse des vitesses de réactions a permis
d’aboutir au mécanisme réactionnel suivant :

k1
Cl2 + O3 ClO● + ClO2●

(Le ClO● se détruira sans participer à la propagation de la chaîne de réactions)

k2

ClO2 + O3 ClO3● + O2

k3

ClO3 + O3 ClO2● + 2O2

k4
ClO3● + ClO3● Cl2 + 3O2

On voit clairement que lors de ces réactions en chaîne, de l’ozone est transformée en oxygène.

Exercice :

26. Essayer d’additionner ces équations intelligemment pour vous débarrasser de ClO2● et
ClO3●. (Vous ne parviendrez pas à vous débarrasser de ClO● évidemment)

27. La vitesse globale obéit à l’équation

Le chlore peut-il être considéré comme un catalyseur dans cette réaction ? Pourquoi ?

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Parlons un peu plus de rôle de catalyseur.

Dans la théorie du complexe activé, on suppose que l’énergie potentielle des molécules de réactifs
augmente lorsqu’elles se rapprochent, atteint un maximum lorsqu’elles forment un complexe
activé puis diminue lorsque les produits se forment et se séparent. Seules les molécules qui
possèdent suffisamment d’énergie pour passer cette barrière d’activation pourront réagir
lorsqu’elles se rencontrent.
-
La réaction de substitution du Cl sur le CH3Cl par OH illustre très bien ce phénomène.

- -
La réaction chimique CH3Cl + OH CH3OH + Cl a un H° < 0, elle est donc
exothermique et peut se produire spontanément. Toutefois, on observe que la substitution oblige
la molécule à passer par un état de complexe activé qui demande de l’énergie pour être atteint car
moins stable que les réactifs. On se rend compte que la molécule est obligée de « tordre » les
liaisons chimiques (en fait d’augmenter la répulsion des e- formant ces liaisons) avant de pouvoir
basculer de l’autre côté et donner le produit final plus stable.
En réalité, ceci se produit quasiment pour toutes les réactions chimiques.

Autre exemple : L’oxydation du méthane.

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Un catalyseur est une substance capable d’augmenter la vitesse d’une réaction car il permet de
passer par un autre chemin réactionnel dont l’énergie d’activation est plus faible. Plus de molécules
peuvent donc franchir la barrière d’activation et la réaction se produit donc globalement plus vite.

Il faut absolument noter qu’il ne modifie pas l’équilibre d’une réaction chimique, il ne permet pas
à la réaction d’aller « plus loin » ou de mener à d’autres produits (sauf parfois au niveau de la
stéréochimie organique). Il ne modifie que la vitesse de la réaction.
De plus, il n’intervient normalement pas dans l’équation globale et par conséquent n’est pas
consommé ou bien il est reformé à la fin de la réaction.

La catalyse peut être

• homogène, si le catalyseur et les réactifs ne forment qu’une seule phase, souvent liquide.
• hétérogène, si le catalyseur et les réactifs sont dans des phases différentes, souvent le
catalyseur est solide alors que les réactifs sont liquides ou gazeux.
• enzymatique si le catalyseur est une enzyme.

Exemples :

L’eau oxygénée a naturellement tendance à se décomposer :

H2O2 (aq) H2O (l) + O2 (g)

Mais la présence de Br2 (aq) catalyse la réaction :

H2O2 (aq) + Br2 (aq) 2Br- (aq) + 2H+ (aq) + O2 (g)


2Br- (aq) + H2O2 (aq) + 2H+ (aq) 2H2O (l) + Br2 (aq)

Il s’agit ici d’une catalyse homogène. Le KI peut également accélérer la décomposition de l’eau
oxygénée.

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En plus du CO2 et de la vapeur d’eau, les véhicules à moteur thermique, essence ou diesel,
rejettent dans l’atmosphère d’autres composés chimiques nocifs et toxiques comme le monoxyde
de carbone, divers oxydes d’azote, quelques hydrocarbures imbrûlés (CxHy) et des particules
fines (surtout dans le cas des moteurs diesel). Le rôle du pot catalytique est de réduire au
maximum les émissions de ces polluants (CO, NOx et CxHy) en les transformant en composés
non dangereux (CO2, N2 et H2O) selon les réactions suivantes :

2NO + 2CO N2 + 2CO2


2CO + O2 2CO2
C2H4 + 3O2 2CO2 + 2H2O

Ces 3 réactions sont réalisées pour les moteurs essence, on parle alors de catalyse trois-voies (3
réactions). La catalyse n'est efficace qu’à partir de 400 °C, soit plusieurs minutes après le
démarrage du moteur (entre 5 et 10 km parcourus).

Les catalyseurs hétérogènes utilisés en chimie organique comme le palladium, le platine, le fer, le
nickel (Nickel de Raney)… ont souvent la même fonction : faire en sorte qu’une molécule réactive
s’y adsorbe, menant à la dissociation de ses atomes ou, au minimum, à l’affaiblissement de ses
liaisons chimiques.

• Synthèse de l’ammoniac catalysée par le fer :

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• Hydrogénation catalytique par l’oxyde de platine (IV) :

• Hydrogénation sélective d’une imine par le Nickel de Raney (poudre grise constituée d’un
alliage de nickel et d’aluminium.

• Synthèse du SO3 : catalyse hétérogène par V2O5

Le SO3 est utilisé pour la fabrication de l'acide sulfurique, un produit industriel de première
importance, qui trouve de très nombreuses applications, notamment dans les batteries au
plomb pour les voitures et autres véhicules, le traitement des minerais, la fabrication des engrais,
le raffinage du pétrole, le traitement des eaux usées et les synthèses chimiques. C’est le produit
chimique le plus fabriqué au monde avec l’ammoniac. On fabrique 200 millions de tonnes
d’H2SO4 par an !

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Nous avions noté que, en stéréochimie organique, le catalyseur pouvait parfois mener à d’autres
produits. Effectivement, dans le cas ci-dessous, en réduisant une triple liaison par le sodium ou par
le catalyseur de Lindlar (palladium), on obtient bien la double liaison dans les deux cas mais la
molécule finale n’est pas la même. On choisira donc le procédé qui nous permet d’arriver à la
molécule souhaitée.

Enfin, presque toutes les réactions chimiques qui se produisent dans notre organisme sont
catalysées par des protéines spécifiques : les enzymes.

Les kinases ajoutent un groupement phosphate…

…les hydrolases clivent des liaisons en présence d’eau…

Par exemple, les peptidases sont des hydrolases qui clivent les protéines au niveau du lien
peptidique.

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Les ligases créent des liaisons entre deux molécules…

On voit bien sur ce schéma que l’enzyme joue vraiment le rôle « d’entremetteur ». Sans elle, il
faudrait beaucoup plus de temps pour que A rencontre B dans la bonne orientation et qu’il se crée
une liaison entre les deux. Certaines enzymes permettent à des réactions chimiques de se produire
des millions de fois plus vite qu’en leur absence.

Influence de la température sur la vitesse de réaction

Les vitesses de réaction augmentent presque toujours avec l’augmentation de la température.


Et pour une variation de température de quelques degrés, la vitesse peut changer de manière très
importante.

La constante cinétique k d’une réaction dépend de la température et très fréquemment, elle suit
l’équation proposée par Svante Arrhenius :
𝐸𝑎

𝑅𝑇
k=A.e

A est appelé le « facteur préexponentiel » et est une constante qui dépend de la réaction.
Ea est l’énergie d’activation et est donc aussi une constante qui dépend de la réaction.
R est la constante des gaz : 8,3145J.mol-1.K-1
T est la température absolue en K

Appelons v1, la vitesse de la réaction à une température T1 et k1, la constante cinétique de cette
réaction à la température T1

Si on considère que le mécanisme de la réaction ne change pas avec la température, on peut écrire

𝐸𝑎 1 1
. (𝑇1 − 𝑇2)
𝑅
v2 /v1 = k2 /k1 = e

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Exercice :

28. L’énergie d’activation de la réaction suivante est de 89kJ/mol

- -
CH3Cl + OH CH3OH + Cl

Par quel facteur va-t-on multiplier la vitesse si on fait cette réaction à 30°C plutôt qu’à 20°C ?
Rép : 3,339

Recalculez ce facteur pour une Ea diminuée de moitié.


Rép : 1,827

L’exercice précédent montre bien que la température joue un rôle d’autant plus important que
l’énergie d’activation est importante. Cela se voit très bien sur le graphique ci-dessous où les
valeurs ont été ajustées pour que la vitesse des réactions soient égales à 1 à 25°C.

Au sens où on l’entend, un catalyseur est une espèce chimique qui n’est pas consommée par la
réaction. C’est pourquoi la température, la lumière ou un amorceur radicalaire (par exemple dans
une réaction de polymérisation) ne sont pas considérés comme des catalyseurs même si leur
présence permet d’initier ou d’accélérer certaines réactions chimiques.

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Equilibre chimique et déplacement d’équilibre
Dans la synthèse de l’ammoniac qui se fait à haute température (procédé Haber),
k1
N2 (g) + 3H2 (g) 2NH3 (g)

La concentration en NH3 dans le mélange réactionnel reste relativement faible car la


décomposition de l’ammoniac, c’est-à-dire la réaction inverse, se produit également.
k -1
2NH3 (g) N2 (g) + 3H2 (g)

L’équilibre est établi lorsque les deux réactions se font à la même vitesse. L’équilibre est donc
bien dynamique, les produits et réactifs réagissent toujours mais exactement à la même vitesse, ce
qui fait que leurs concentrations n’évoluent plus. On note cela par une double flèche.

k1
N2 (g) + 3H2 (g) ⇌ 2NH3 (g)
k -1

A l’équilibre, la vitesse v1 de la réaction directe est la même que la vitesse v-1 de la réaction
inverse.

Dès lors k1 [réactifs] = k -1 [produits] → k1 / k -1 = [produits] / [réactifs] = Kc

Dans des conditions données, le rapport des constantes de vitesse donne bien évidemment une
constante appelée constante d’équilibre. Une fois l’équilibre atteint, cette constante d’équilibre
est égale à la concentration des produits sur la concentration des réactifs.

Si la valeur de Kc est élevée, cela veut dire que l’équilibre de la réaction sera plutôt tourné vers
une concentration en produits importante et donc à une transformation importante des réactifs en
produits. Inversement, si la valeur de Kc est faible, peu de réactifs seront transformés en produits
à l’équilibre, ce qui est par exemple le cas dans la synthèse de l’ammoniac.
Généralement, on considère que

• si Kc < 10-3, les réactifs ne seront quasiment pas transformés en produits


• si Kc > 1000, les réactifs seront quasi totalement transformés en produits (si les quantités
de matières mises en jeu sont dans les bonnes proportions)
• et si 0,001<Kc<1000, produits et réactifs se retrouverons à l’état d’équilibre en quantités
non-négligeables.

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Nous avons fait la réaction d’estérification suivante :

Acide + Alcool ⇌ Ester + Eau

Toujours à une température de 100°C nous avons fait trois fois cette réaction mais dans des
conditions différentes.

Conditions 1 : Beaucoup plus d’alcool que d’acide au départ.


Conditions 2 : Même quantités d’alcool que d’acide au départ.
Conditions 3 : Beaucoup moins d’alcool que d’acide au départ.

Conditions Acide (mol/l) Alcool (mol/l) Ester (mol/l) Eau (mol/l) Kc

1 0,7 5,9 4 4
2 3,4 3,4 6,7 6,7
3 10,2 2 8,9 8,9

Rien qu’en regardant ces valeurs, la réaction vous semble-t-elle aller plutôt vers les produits ou
plutôt vers les réactifs ?

Calculez les valeurs de Kc pour les différentes conditions.

Exercice :

1. En gardant toujours les mêmes réactifs que ci-dessus et la même température de 100°C,
complétez le tableau ci-dessous.

Acide + Alcool ⇌ Ester + Eau

Acide (mol/l) Alcool (mol/l) Ester (mol/l) Eau (mol/l) Kc

Départ 12 8 0 0
Conso. ou formé
⇌ 3,88
Rép : On forme 6,25mol/l en ester

Bien sûr, la stœchiométrie de la réaction précédente était la plus simple qu’il soit.

Guldberg et Waage ont étudiées beaucoup de réaction différentes et sont arrivés à la conclusion
que la composition à l’équilibre d’une réaction de type
aA+bB ⇌ cC+dD

satisfait toujours la relation Kc = [C]c . [D]d


[A]a . [B]b
Les concentrations sont donc élevées à une puissance égale au coefficient stœchiométrique dans
l’équation équilibrée.

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Autrement dit, si on reprend la synthèse de l’ammoniac,

N2 (g) + 3H2 (g) ⇌ 2NH3 (g)

La constante d’équilibre de cette réaction sera

Kc = [NH3]2
[N2] . [H2]3

On peut également noter que les unités de la constante d’équilibre ne sont pas toujours les mêmes.
Pour la réaction d’estérification, elle n’avait pas d’unité, ici, ce serait des M-2.

Exercices :

2. Reprenons l’évolution des concentrations des différents gaz lors de la synthèse de


l’ammoniac.

• Calculez le Kc de cette réaction à la température de l’expérience.


Rép = 0,27972 M -2
• Si, à la même température, on avait introduit dans le récipient, une concentration en H2
de 0,5M et une concentration en N2 de 0,5M également, quelles seraient les
concentrations à l’équilibre ?

N2 H2 NH3 Kc

Départ
Conso. ou formé

Rép : le calcul est relativement ardu mais se fait facilement par dichotomie à l’aide d’Excel.
Pour n M de N2 consommé, on trouve n = 0,04131
→ A l’équilibre, [N2] = 0,4587M [H2] = 0,3761 M [NH3] = 0,0826 M

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3. Le tétraoxyde d’azote se décompose partiellement en dioxyde d’azote.

N2O4 (g) ⇌ 2NO2 (g)

• Dans un récipient de 1litre, on vaporise 10g de N2O4. On constate qu’à l’équilibre, 44% du
N2O4 (g) est dissocié. L’échantillon contient donc encore 5,6g de N2O4 (g) pour 4,4g de
NO2 (g). Quelle est la constante d’équilibre de la dissociation du N2O4 (g) à cette
température ?
Rép : Kc = 0,1503 M

• Si dans le même récipient de 1litre, à la même température, on avait vaporisé 20g de N2O4,
quelle aurait été la masse de NO2 (g) contenue à l’équilibre ? Quel pourcentage de N2O4
(g) se serait donc dissocié dans ces conditions ?
Rép : 6,7645g de NO2 (g) et 33,825% du N2O4 s’est dissocié.

• Refaites une dernière fois le calcul pour 92g de N2O4 (g) vaporisé dans le récipient de 1litre
à la même température.
Rép : 16,1886g de NO2 (g) et 17,598% du N2O4 s’est dissocié.

• Calculez la constante d’équilibre de la réaction de dimérisation du NO2 (c’est-à-dire la


réaction inverse) à la même température.
Rép : Kc = 6,653 M -1
• J’ai trouvé sur internet un autre graphique de l’évolution de la concentration en fonction
du temps :

• Qu’en pensez-vous ?

• Reprenez les valeurs du premier point, si on avait écrit l’équation comme ceci :

½ N2O4 (g) ⇌ NO2 (g)


Ou comme cela,
2 N2O4 (g) ⇌ 4 NO2 (g)

Cela aurait changé quelque chose ? Que constatez-vous ?

Rép : Oui ! Dans le premier cas Kc = 0,3877 M ½ et dans le second Kc = 0,02259 M²


Si on multiplie la stœchiométrie par un facteur x, on obtient un nouveau Kc
qui vaut l’ancien Kc à l’exposant x

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CHRISTIAENS QUENTIN
De cet exercice très important, on peut tirer plusieurs choses :

• Il ne faut surtout pas utiliser de règle de 3 en pensant que si on a 4,4g de NO2 (g) à
l’équilibre pour 10g de N2O4 (g) vaporisés au départ, on aura forcément 8,8g de NO2 (g) à
l’équilibre pour 20g de N2O4 (g) vaporisés au départ… c’est FAUX !

• Il semble que plus on met de matière dans le récipient, plus le pourcentage de N2O4 (g) qui
se dissocie est faible. Il semble donc que plus la pression à l’intérieur du récipient serait
élevée, plus la réaction tendrait à diminuer cette pression en allant plutôt vers le N 2O4 (g)
plutôt que les 2 NO2 (g)… nous en reparlerons…

• La constante d’équilibre de la réaction inverse est l’inverse de la constante d’équilibre de


la réaction directe.

• Il faut être très prudent avec la stœchiométrie car la modifier modifie également le Kc.

Nous avons dit précédemment, que les concentrations à l’équilibre des réactifs et produits d’une
réaction de type
aA+bB ⇌ cC+dD

satisfont toujours la relation Kc = [C]c . [D]d


[A]a . [B]b

Mais pourrait-on appliquer cette formule alors que la réaction n’a pas encore atteint l’équilibre ?

La réponse est oui, mais alors, la valeur obtenue ne correspondrait plus à la constante d’équilibre.
Elle serait ce qu’on appelle le « quotient de réaction » à un moment donné et la valeur de ce
quotient évoluerait au cours de la réaction pour tendre vers la valeur de Kc.

On pourrait donc écrire Qc = [C]c . [D]d


[A]a . [B]b

où cette fois, les concentrations seraient celles observées à un moment donné de la réaction.

A quoi cela servirait-il ? → A prévoir dans quel sens va aller la réaction.

Si Qc < Kc , on peut en conclure que le rapport des concentrations des produits sur les
concentrations des réactifs est moins élevé qu’à l’équilibre. Il faut donc que des produits se forment
et que les réactifs soient consommés pour que la réaction aille vers l’équilibre. Celle-ci va donc
aller dans le sens de la formation des produits.

Si Qc > Kc , on peut en conclure que le rapport des concentrations des produits sur les
concentrations des réactifs est plus élevé qu’à l’équilibre. La réaction évoluera donc dans le sens
de la formation des réactifs.

Si Qc = Kc, forcément l’équilibre est atteint.

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CHRISTIAENS QUENTIN
Exercice :

4. Reprenons l’équilibre entre le dioxyde d’azote et le tétraoxyde d’azote de l’exercice 3,

N2O4 (g) ⇌ 2NO2 (g) Kc = 0,1503 M

• Si, dans mon récipient de 1 litre toujours à la même température, à un moment donné, j’ai,
pour 4g de gaz, 2g de NO2 (g) pour 2g de N2O4 (g). Dans quel sens va aller la réaction ?

Rép : Qc = 0,0867 < Kc = 0,1503 → la réaction va aller dans le sens des produits
→ du N2O4 (g) va encore se dissocier en NO2 (g)

Jusqu’ici, nous avons traité la constante d’équilibre à partir de concentrations, toutefois, la mesure
des quantités de gaz se fait souvent à partir de la pression. Cela change-t-il quelque chose ?

Dans une équation du type


a A (g) + b B (g) ⇌ c C (g) + d D (g)
Définissons Kp comme

Kp = [PC]c . [PD]d
[PA]a . [PB]b

𝑛
Si on prend la loi des gaz parfaits : P = . RT → PX = [X] . RT
𝑉

→ Kp = [C]c.(RT)c . [D]d.(RT)d = Kc . (RT)(c + d) - (a + b) = Kc . (RT)n


[A]a.(RT)a . [B]b.(RT)b

Où n est la différence entre la somme des coefficients stœchiométriques des produits et la somme
des coefficients stœchiométriques des réactifs.

Autrement dit, pour la réaction N2O4 (g) ⇌ 2NO2 (g) Kp = Kc . (RT)1

Alors que pour la réaction N2 (g) + 3H2 (g) ⇌ 2NH3 (g) Kp = Kc . (RT)-2

Et enfin, pour H2 (g) + I2 (g) ⇌ 2HI (g) Kp = Kc

Exercice :

5. Dans la réaction de formation de l’ammoniac

N2 (g) + 3H2 (g) ⇌ 2NH3 (g)

A l’équilibre à 500K, PN2 = 1,2atm, PH2 = 0,81atm et PNH3 = 0,15atm

• Calculez Kp et Kc à cette température.


Rép : Kp = 0,03528atm-2 et Kc = 59,3925 M -2

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6. Dans la réaction de formation de l’iodure d’hydrogène

H2 (g) + I2 (g) ⇌ 2HI (g)

On a introduit dans un récipient de 1 litre, un mélange des trois gaz de telle sorte que
leurs concentrations au départ soient toutes les trois égales à 2.10-3M à une température
de 490°C.

• Combien vaut le quotient de réaction au départ ?


• Rép : Qc = 1

• En laissant la réaction évoluer, on constate qu’elle se dirige vers la formation de HI. Que
peut-on dire de Kc ?

• Si la valeur de Kc a cette température vaut 46, quelles seront les concentrations à


l’équilibre?
Rép : [H2] = [I2] = 6,83186.10-4M et [HI] = 4,6336.10-3M

• Dans ce cas, combien vaut Kp à cette température ?

• Quelles seront les pressions partielles des trois gaz à l’équilibre et la pression totale ?

Rép :PH2 = PI2 = 0,042775atm et PHI = 0,290119atm et PTOT = 0,375669atm

7. La constante d’équilibre à 500°C de la réaction suivante vaut Kc = 0,18

CO2 (g) + H2 (g) ⇌ CO (g) + H2O(g)

• Calculez la concentration de H2 dans un mélange à l’équilibre dans lequel


[CO2] = 11.10-3M, [H2O] = 3.10-3M et [CO] = 41.10-3M
Rép : [H2] = 62,12.10-3M

Que se passe-t-il dans le cas ou tous les produits et réactifs ne sont pas dans la même phase ?

En fait c’est très simple, les concentrations des solides et liquides purs peuvent être ignorés dans
la constante d’équilibre !

Donc par exemple, pour la décomposition du carbonate de calcium


CaCO3 (s) ⇌ CaO (s) + CO2 (g)

Kc = [CO2] Kp = PCO2 et Kp = Kc . (RT)1

Comment cela se fait-il ?

En fait, la concentration d’un solide pur (dans ce solide) est liée à sa densité et est indépendante
de la quantité de matière (propriété intensive).

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Par exemple : La concentration de l’eau dans l’eau vaudra toujours

1000𝑔/𝑙
= 55,55mol/l
18g/mol
Si on écrit pour cette réaction…

CaCO3 (s) ⇌ CaO (s) + CO2 (g) K’c =[CO2] . [CaO]


[CaCO3]
(J’ai mis une ‘ pour différencier cette constante de la bonne constante d’équilibre)

… on se rend compte en fait que la [CO2] est constante puisque tous les termes à gauche ci-dessous
sont des constantes
K’c [CaCO3] = [CO2] = Kc
[CaO]

Exercices :

8. On met 25 g de carbamate d’ammonium solide dans un récipient vide de 250 ml et on le


maintient à 25°C.

NH4(NH2CO2) (s) ⇌ 2 NH3 (g) + CO2 (g)

A l’équilibre, il s’est formé 17,4 mg de gaz carbonique.

Quelle est la valeur de Kc de cette réaction à 25°C ?


Rép : Kc = 1,583.10-8M 3
9. Prenons la réaction suivante :

4HCl (g) + O2 (g) ⇌ 2H2O (g) + 2Cl2 (g)

Au départ, on a 4,3 moles d’acide et 2,4 moles de dioxygène. A l’équilibre, on a 1,2 moles
de dichlore. Calculer le Kc de cette réaction, sachant qu’elle a lieu dans un récipient de
cinq litres.
Rép : Kc = 0,442M -1
10. Le PbI2 est un sel globalement insoluble dans l’eau. Une solution saturée en PbI2
correspondrait à un équilibre entre le PbI2 insoluble et ses ions solubilisés.

PbI2 (s) ⇌ Pb2+ (aq) + 2I- (aq)

• Sachant que le PbI2 est globalement insoluble, vous attendez vous à une valeur de Kc très
grande ou très faible ?

Si on met du PbI2 (en excès) dans de l’eau, on constate à 25°C que les concentrations en
ions se stabilisent à [Pb2+] = 0,00129M et [I-] = 0,00258M

• Calculez le Kc de la réaction. Rép : Kc = 8,587.10-9M 3

• Comparez la valeur obtenue avec le Ks du PbI2 trouvé à l’arrière du tableau périodique.

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11. A l’arrière du tableau périodique, on trouve pour Ag2CO3 un Ks = 8,45.10-12M3 à 25°C.
Pour rappel, si on trouve une valeur dans ce tableau, c’est que le sel est peu soluble.

• Ecrivez l’équation de dissolution du Ag2CO3.


• Quelles devraient être les concentrations en Ag+ et CO32- d’une solution aqueuse saturée
en Ag2CO3 ?
Rép : [Ag+] = 2,566.10-4M et [CO3-2] = 1,283.10-4M

• Si on met du Ag2CO3 en excès, quelle masse de Ag2CO3 se dissoudra dans 100ml d’eau ?

Rép : [Ag+] = 3,54mg de Ag2CO3 par 100ml

Déplacement d’équilibre.
Dans tout ce qui a été dit précédemment, il semble que quoi qu’on fasse, les concentrations des
produits et des réactifs, évolueront nécessairement vers un état d’équilibre qui satisfait

Kc = [C]c . [D]d
[A]a . [B]b

Ceci est bien sûr vrai mais il n’en reste pas moins que le caractère dynamique d’un équilibre fait
qu’il réagit aux conditions expérimentales. On peut donc « obliger » l’équilibre de la réaction à
aller plutôt vers la formation des produits ou vers la formations des réactifs en modifiant les
conditions expérimentales.

A) Influence des concentrations.

Le premier pris dans ce chapitre sur les équilibre était celui d’une réaction d’estérification :

Acide + Alcool ⇌ Ester + Eau

Exemple dans lequel nous avions trouvé un Kc = 3,88 à une température de 100°C.

Et nous avions par exemple fait ce calcul-ci :

Acide (mol/l) Alcool (mol/l) Ester (mol/l) Eau (mol/l) Kc

Départ 12 8 0 0
Conso. ou formé -6,25 -6,25 +6,25 +6,25
⇌ 5,75 1,75 6,25 6,25 3,88

Cependant, admettons que cette situation ne nous satisfasse pas.

Par exemple parce que l’alcool mis en jeu est un produit très cher à obtenir. Dans le cas ci-
dessus, seulement 78% de l’alcool a été transformé en ester.

On voudrait donc qu’il soit transformé en plus grande proportion.

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Imaginons qu’on ajoute de l’acide… Cela ferait-il notre affaire ?

Si on regarde l’expression de la constante d’équilibre…

Kc = [ester] . [eau]
[alcool] . [acide]

… il semblerait que oui parce que, mathématiquement, vu que Kc est une constante, si [acide] 

• soit [alcool] 
• soit le numérateur ([ester] . [eau]) 
• soit les deux

Refaites le calcul en doublant la concentration de l’acide. Quel pourcentage de l’alcool aura été
transformé en ester dans ce cas ?

Acide (mol/l) Alcool (mol/l) Ester (mol/l) Eau (mol/l) Kc

Départ 24 8 0 0
Conso. ou formé -n -n +n +n
⇌ 3,88

Rép : n = 7,20365 et cette fois, 90% de l’alcool a été transformé en ester.

En augmentant la concentration d’un réactif, j’ai orienté l’équilibre vers la formation des produits.

Pourrait-on faire le contraire ? Serait-il possible de diminuer la concentration d’un produit ?


De l’eau par exemple ? Oui, tout à fait. Il est tout à fait possible de faire disparaitre un produit de
la réaction pour « tirer » celle-ci vers la formation des produits.

Admettons qu’on parvienne à éliminer l’eau du milieu réactionnel à l’équilibre obtenu


précédemment.
Kc = [ester] . [eau]
[alcool] . [acide]

A nouveau, d’un point de vue purement mathématique, si [eau] 

• soit [ester] 
• soit le dénominateur ([alcool] . [acide]) 
• soit les deux

Acide (mol/l) Alcool (mol/l) Ester (mol/l) Eau (mol/l) Kc

Départ 16,796 0,796 7,204 0


Conso. ou formé -n -n +n +n
⇌ 3,88
Rép : n = 0,7065.

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On arrive donc à

Acide (mol/l) Alcool (mol/l) Ester (mol/l) Eau (mol/l) Kc

Départ 16,796 0,796 7,204 0


Conso. ou formé -0,7065 -0,7065 +0,7065 +0,7065
⇌ 16,0895 0,0895 7,9105 0,7065 3,88

Ce qui veut dire qu’il ne resterait plus que 1,1% de l’alcool qui n’a pas réagi.

En pratique, pour « tirer » une réaction au maximum d’un côté, on fera en sorte d’éliminer en
continu une des espèces chimiques de ce côté de l’équation.
Cela se comprend aussi intuitivement, puisqu’en éliminant l’eau du milieu réactionnel au fur et à
mesure, on empêche la réaction inverse de se produire.

• L’augmentation de la concentration d’une espèce chimique tend à faire évoluer la réaction


dans le sens de la consommation de cette espèce

et

• la diminution de la concentration d’une espèce chimique tend à faire évoluer la réaction


dans le sens de la formation de cette espèce chimique.

B) Influence de la pression.

Nous avions vu dans l’exercice 3, dans le cas de la dissociation du tétraoxyde d’azote…

N2O4 (g) ⇌ 2NO2 (g)

…que plus on mettait de matière dans le récipient, plus le pourcentage de N2O4 (g) qui se
dissociait était faible.

Il semble donc que « plus la pression à l’intérieur du récipient est élevée, plus la réaction
tendrait à diminuer cette pression » en allant dans le sens de la diminution du nombre de
moles de gaz.

Une réaction qui fait intervenir le même nombre de moles de gaz de chaque côté est donc
indépendante de la pression. Par exemple :

H2 (g) + Cl2 (g) ⇌ 2HCl (g)

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C) Influence de la température.

Reprenons la formation de HCl.

H2 (g) + Cl2 (g) ⇌ 2HCl (g)

Nous venons de dire qu’elle n’est pas influencée par la pression. Par contre, sa constante
d’équilibre est, elle, très influencée par la température, comme on le voit dans le tableau ci-dessous.

Température (K) Kc
300 4.1031
500 4.1018
1000 5,1.108

On voit qu’il serait donc plus favorable pour former du HCl (g), de faire cette réaction à une
température faible car Kc est plus élevée à basse température. Inversement, augmenter la
température favoriserait la réaction inverse, à savoir, la dissociation du HCl (g).

En fait, cela provient de l’énergie dégagée ou consommée par la réaction.

La réaction de formation du HCl (g) est exothermique

H2 (g) + Cl2 (g) ⇌ 2HCl (g) (+ énergie) H° = -92,3 kJ

On constate donc qu’en augmentant la température, le système va dans le sens d’une


consommation de l’énergie.

En résumé, un équilibre dynamique tend à s’opposer à toute modification de ses conditions.


C’est ce qu’on appelle le principe de Le Chatelier.

Exercice :

12. Que conseilleriez-vous pour qu’un maximum de CO (g) soit transformé en CO2 (g) ?

2CO (g) + O2 (g) ⇌ 2CO2 (g) H° = -566 kJ

13. Dans le cas de la réaction ci-dessous,

C (s) + CO2 (g) ⇌ 2CO (g) H° = +172,45 kJ

quel sera l’effet sur la concentration en CO2,

• D’une diminution du volume total ?


• D’une augmentation de la température ?
• D’une diminution de la quantité de carbone (s) ?

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En pratique, il n’est pas toujours possible de baisser la température car la vitesse des réactions
dépend très fort de ce paramètre. Par exemple, pour faire la synthèse de l’ammoniac, il serait
préférable d’augmenter la pression et la température.

N2 (g) + 3H2 (g) ⇌ 2NH3 (g) H° = -92,2 kJ

A 25°C, Kp = 6,8.105 atm-2 et donc très favorable à la formation de NH3 (g), malheureusement, la
vitesse de cette réaction est quasiment nulle à cette température et la réaction n’atteindra jamais
l’équilibre.

A 450°C, la vitesse de cette réaction est environ 1010 fois supérieure mais malheureusement, à
cette température, Kp = 7,8.10-5 atm-2 et elle est donc clairement tournée dans le sens de la
décomposition de l’ammoniac.

La solution réside dans l’utilisation d’un catalyseur au fer afin d’abaisser l’énergie d’activation
de la réaction et donc permettre à la vitesse d’être suffisante même à moins haute température.

Il n’en reste pas moins que le catalyseur ne change pas la valeur de la constante d’équilibre : s’il
permet d’augmenter la vitesse de formation de l’ammoniac, il augmente aussi la vitesse de sa
décomposition.

On doit la mise au point du procédé de fabrication de l’ammoniac à Fritz Haber (1868-1934) et


Carl Bosch (1874-1940) qui obtint le prix Nobel.

Ce procédé est encore aujourd’hui quasiment le seul procédé de fabrication de l’ammoniac


utilisé dans le monde. Or l’ammoniac est le produit chimique le plus fabriqué au monde avec
l’acide sulfurique. On fabrique environ 150 millions de tonnes d’NH3 par an !

Son utilisation majoritaire est la production d’engrais, soit directement sous sa forme NH3, très
soluble dans l’eau, soit sous forme d’autres composés comme le nitrate d’ammonium. Il est aussi
utilisé dans la fabrication industrielle d’explosifs et de fibres polymères synthétiques comme les
polyamides (Kevlar…)

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Entropie et spontanéité des réactions : S, G.
L’entropie est une grandeur physique extensive (qui dépend de la quantité de matière du système)
qui caractérise le degré de désorganisation d’un système.

Elle est notée S [J.K-1] ou [J.mol-1.K-1] si on parle d’entropie molaire.

A l’état solide, la majorité des corps se composent d’atomes bien ordonnés sous forme de structure
cristalline. On peut donc s’attendre à ce que leur entropie soit de manière générale plus faible que
les liquides qui auront eux aussi, une entropie plus faible que les gaz.

De plus, à l’état solide, des cristaux parfaitement ordonnés comme le graphite hexagonal, composé
uniquement de carbone, aura certainement une entropie plus faible que la glace. Et enfin, on peut
prévoir que de grosses molécules comme le saccharose (C12H22O11) possédant beaucoup de degrés
de liberté auront une entropie plus importante.

Le second principe de thermodynamique affirme que :

« Toute transformation d’un système thermodynamique s’effectue avec une augmentation


de l’entropie globale du système et du milieu extérieur »

Il faut donc que lors d’une transformation physique ou chimique Stot = Ssyst + Sext ≥ 0

Exemples :
• A température normale, un glaçon dans un verre d’eau à tendance à fondre. De la glace se
transforme en eau liquide, augmentant l’entropie du système.
• Un gaz occupe tout le volume qu’on lui donne, maximisant ainsi l’entropie.
• L’eau et le sirop de grenadine ont naturellement tendance à se mélanger et non à se séparer.
• Même un frigo qui abaisse la température de son contenu, mène à une augmentation
totale de l’entropie car il chauffe plus la pièce dans laquelle il se trouve qu’il ne refroidit
son contenu. On oblige un fluide à se vaporiser (processus endothermique) dans des
tuyaux qui passent au fond du compartiment du frigo. En se vaporisant, le fluide prend
donc de la chaleur à l'intérieur. Puis le gaz obtenu est aspiré, et reliquéfié par un
compresseur. Lors de cette étape, il restitue la chaleur qu'il a prise à l'intérieur du frigo,
dans les tuyaux derrière, c'est pourquoi l'arrière d'un frigo est chaud. Par cette méthode,
on parvient à transférer de la chaleur d’un corps froid vers un corps chaud.

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Quelques valeurs d’entropie standard [J.mol-1.K-1] (à 25°C sauf indication contraire)

On voit donc que si on augmente la température de l’eau liquide, son entropie augmente ce qui
traduit une plus grande agitation thermique.

On voit, pour une même température (100°C), que le passage de l’eau liquide en vapeur d’eau
gazeuse entraine une augmentation importante du désordre. On observe la même chose, mais plus
faiblement, lors de la fusion de la glace.

La variation d’entropie standard S° d’une réaction se calcule de la même manière qu’un H°, en
faisant la différence entre S° (produits) – S° (réactifs).

1. Prenons la synthèse de l’ammoniac à 25°C.

N2 (g) + 3H2 (g) ⇌ 2NH3 (g)

• En regardant cette équation, s’attend-on à un S° > 0 ou S° < 0 et pourquoi ?


• Calculez S° à partir des chiffres du tableau.
• Selon le second principe de thermodynamique, cette réaction aura-elle tendance à se
produire ?

Il ne faut toutefois pas oublier que cette réaction est exothermique.

N2 (g) + 3H2 (g) ⇌ 2NH3 (g) H° = -92,2 kJ

Même si le système perd de l’entropie, ce qui est défavorable à la réaction, celle-ci donne de
l’énergie au monde extérieur, ce qui en augmente l’entropie.

Nous sommes donc dans le cas où on met en balance, l’entropie perdue par le système et l’entropie
gagnée par le monde extérieur liée au dégagement de chaleur (H°) de la réaction.

Un apport de chaleur a d’autant plus d’impact sur la variation d’entropie que le système est froid.
En effet si le système est déjà très chaud, un apport de chaleur aura relativement peu d’effet.
La variation d’entropie est en fait inversement proportionnelle à la température. On peut donc dire
que
Sext = -H / T

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La variation d’entropie du monde extérieur liée à la réaction de synthèse de l’ammoniac vaut donc

Sext = 92200 / 298 = 309,4 J/K

Et Stot = Ssyst + Sext = -198,7 + 309,4 = 110,7 J/K.

Il y a donc augmentation du désordre et donc la réaction est spontanée à 25°C. Rappelons que
spontanée ne signifie pas qu’elle va se produire rapidement ! La vitesse de la réaction est liée à
l’énergie d’activation et c’est d’ailleurs pour ça qu’on est obligé d’utiliser un catalyseur pour faire
cette réaction.

2. Prenons un bain de glace (moitié eau / moitié glace) à 0°C et 1atm.

• Quelle est la variation d’entropie liée à la solidification d’une mole d’eau sous forme
liquide en glace ?
• La solidification de l’eau est un processus exothermique qui libère -6KJ/mol.
(=3,33.105J/kg). Calculez le Sext lié à ce dégagement d’énergie.
• Que peut-on conclure de ces deux résultats ?

Remarquez que

Si la température passe en dessous de 0°C, Sext va  et Stot > 0


• La réaction de solidification de l’eau à une température inférieure à 0°C est spontanée.
Par contre, si la température augmente, Sext va  et Stot < 0
• La réaction de solidification de l’eau à une température supérieure à 0°C n’est pas
spontanée.

Ce qui est un résultat logique.

On peut aussi tirer de ce deuxième principe de thermodynamique que ce sont les réactions
exothermiques qui sont les plus favorables car la chaleur perdue augmente le désordre du milieu
extérieur. Même si le désordre du système diminue, cette perte d’entropie est très souvent
inférieure au gain d’entropie du milieu extérieur. Les réactions les plus favorables sont donc les
réactions exothermiques qui, en plus, voient l’entropie du système augmenter.

Toutefois, cela explique aussi pourquoi des réactions endothermiques (nettement moins
fréquentes) peuvent aussi parfois se produire. Cela constituait, à l’époque, une énigme car les
chimistes croyaient que seules les réactions menant à une diminution d’enthalpie pouvaient se
produire.

On comprend mieux maintenant pourquoi la fameuse réaction endothermique entre l’hydroxyde


de baryum et le thiocyanate d’ammonium est spontanée.

Ba(OH)2.8H2O (s) + NH4SCN (s) + Energie Ba(SCN)2 (aq) + 2NH3 (g) + 10H2O (l)

Cette réaction est clairement tirée par l’énorme Ssyst qui l’accompagne.

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3. Lorsque nous avions discuté de la loi de Hess, nous avions vu la combustion de l’octane.

2 C8H18 (l) + 25 O2 (g) 16CO2 (g) + 18H2O (l) H° = - 10942 kJ

• Calculez Ssyst, Sext et Stot par mol d’octane.

Enthalpie libre de Gibbs


Dans tout ce qui précède, il semble qu’il y ait toujours deux calculs à faire pour déterminer la
spontanéité d’une réaction. Il faut calculer Ssyst et calculer Sext

C’est Josiah Willard Gibbs (1839-1903), professeur à Yale de 1869 à 1903 qui associa les deux
(Ssyst et Sext) dans une même formule, définissant par la même occasion, une nouvelle grandeur :
l’enthalpie libre de Gibbs (G) et

G = H – T. Ssyst

Nous savons que les facteurs qui favorisent une réaction spontanée sont H < 0 et Ssyst > 0.
Ils tendent tous les deux à rendre G négatif.

Le calcul de G permet donc directement de prévoir la spontanéité d’une réaction.

Si H - (exoth.) et Ssyst + → G - et réaction spontanée


Si H - (exoth.) et Ssyst - → réaction spontanée si │TS │< │H│
Si H + (endoth.) et Ssyst + → réaction spontanée si TS > H
Si H + (endoth.) et Ssyst - → G + et réaction non- spontanée

Assez fréquemment, on peut considérer que

• dans le premier cas, la réaction sera totalement déplacée vers les produits,

• dans les second et troisième cas, si G est négatif, le système évoluera plutôt vers un
équilibre

• et que dans le dernier cas, la réaction ne se produira pas.

Ceci reste tout de même à prendre avec des précautions car, dans la combustion de l’octane, un
peu plus haut, le Ssyst est positif. Malgré cela, une fois démarrée, la combustion sera totalement
déplacée vers les produits.

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Exercices :

4. Calculez le G° de la combustion de l’octane.


Rép : G° = -5295,8kJ/mol d’octane

5. Calculez le G° de la formation de l’ammoniac.


Rép : G° = -16,49kJ/mol d’ammoniac

Références : Nagwa.com
Wikipedia
Cegep Sainte-foy
Chimie générale, Peter Atkins
uved.univ-nantes.fr/
https://monde.ccdmd.qc.ca/
https://www.mineralinfo.fr/

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