Cours de Macroã© Conomie Monã© Taire 1 Cghap 1 Et 2
Cours de Macroã© Conomie Monã© Taire 1 Cghap 1 Et 2
Cours de Macroã© Conomie Monã© Taire 1 Cghap 1 Et 2
monétaire 1
Niveau : Licence 2
1
Introduction générale
Nous vivons dans des économies complexes et décentralisées où les opérations (de
production, de consommation etc.) reposent sur des échanges monétaires. Ces derniers sont
tellement nombreux que la monnaie est en nous, devenant un des modes d'expression de
l'homme, à tel point qu'un l’on pourrait se dire qu’il n’a besoin de définir la monnaie, puisque
pour lui, lorsqu’il la vois, il la reconnais. Mais la monnaie est difficile à définir. Une première
définition estime que la monnaie est un instrument de paiement Indéterminé, universel et
immédiat. En prolongeant cette définition essentiellement juridique, nous pouvons exhiber
trois approches en vue de préciser le concept de monnaie :
- Une approche historique et Institutionnelle ;
- Une approche fonctionnelle ;
- Une approche essentielle.
Parmi les formes monétaires, après avoir distingué les moyens dés paiement et les
moyens d'épargne, nous préciserons les différentes mesures de la monnaie en présentant les
agrégats monétaires. Le pouvoir de transformation des créances en moyens de paiement est
exclusivement détenu par les institutions financières, principalement les banques. La création
monétaire met toujours en relation deux catégories d'acteurs ; les agents non financiers et les
agents financiers qui seuls ont pouvoir de création monétaire. Cette création monétaire est
assurée par trois types d'agents : les banques commerciales, la Banque Centrale et le Trésor
Public.
Il s'agit de voir qui des banques centrales et des banques commerciales détient le rôle
moteur en matière de création monétaire et quels en sont en définitive les déterminants majeurs
de l'offre de monnaie. Deux réponses sont le plus souvent données. Dans l'optique dite du
multiplicateur, c'est la banque centrale qui a un rôle premier. Dans l'optique dite du diviseur,
l'accent est mis sur la relative autonomie des banques en matière d'octroi de crédit et donc de
la création monétaire.
Le cours est constitué de quatre chapitre.
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Chapitre 1 : LA MONNAIE
Introduction
La monnaie a toujours représenté pour les économistes un objet d’étude particulièrement
complexe. Pour certains économistes, la difficulté à la définir est telle qu’il est sans doute
préférable d’y renoncer. La formule de Francis A. Walker (1840-1897), « Money is that money
does », s’inscrit dans une conception qualifiée de fonctionnaliste : la nature de la monnaie,
c’est-à-dire son essence et par extension sa raison d’être, peut être approchée de manière
suffisante à partir des fonctions qu’elle remplit dans l’économie. D’autres travaux partent de
l’hypothèse que la nature de la monnaie est une question complexe qui mérite d’être prise au
sérieux et que sa définition à partir des services qu’elle rend est, au mieux, incomplète et au
pire non satisfaisant. Ils montrent que la monnaie est une institution qui structure de nombreuses
sociétés humaines et qu’elle entretient des liens étroits avec l’économie de marché.
Avant de développer les notions de base en économie monétaire, il convient de préciser «
l’objet de l’étude : la monnaie » : « Qu’est-ce que la M ? ». Quel est son rôle dans l’économie
? Quelles sont ses formes ? Comment la mesurer ?
C’est donc grâce à l'œuvre de Keynes que l’économie monétaire soit imposée au sein de
l’analyse économique. L'économie keynésienne est une « économie monétaire de production
1 Le Traité sur la monnaie « A Treatise on Money » paraît en 1930 alors que Keynes était membre du
Comité Macmillan chargé de « conseiller » le gouvernement de Ramsay MacDonald. L’ouvrage se
composait de deux volumes : le premier « La Théorie pure de la monnaie ». Le deuxième volume : «
La Théorie de la monnaie appliquée ». Toutefois, cet ouvrage n’a pas eu autant de succès que « La
théorie générale ».
4
» et non comme « économie réelle d'échange » considérée par la théorie classique. Par ailleurs,
Keynes est le fondateur de la macroéconomie.
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fonctions est une approche instrumentale. Comme le note Hawtrey « Certains objets trouvent
dans l'usage que l'on en fait leur meilleur définition »2. Selon Walker «Money is that money
does».
L'unité de compte est celle dans laquelle les prix sont fixés et les comptes sont tenus. La
monnaie est appelée « numéraire ». Les valeurs des différents biens sont exprimées en une seule
unité.
Certains économistes considèrent que cette fonction est la première qui se manifeste puisque
même avec le troc, une référence unique de la valeur des différents biens et services s'impose.
Cette référence unique des biens est d'autant plus nécessaire que le nombre des éléments de
l’échange augmente multipliant ainsi le nombre des combinaisons possibles. En effet, en
présence de n biens, l'opération bilatérale des échanges c-à-d l'échange de 2 à 2 donne lieu à
l'analyse combinatoire :
= n !/2 ! (n-2) ! = n (n-1)/2.
Toutefois, lorsqu'un bien parmi les autres joue le rôle de la monnaie, les rapports de l'échange
se réduisent à (n-1) et on abandonne les prix relatifs au profit des prix absolus. Comme unité
de compte, la monnaie réduit le nombre des prix nécessaires dans une économie, ce qui réduit
les coûts de transaction.
Par exemple : Si on a 20 biens à évaluer, il faut établir 190 combinaisons possibles. En effet,
grâce à l’analyse combinatoire.
= n!/(n-2)!*2! = n (n-1 ) / 2 = (20* 19)/2
2Selon Hawtrey « la notion de la monnaie comme celle de cuillère à thé ou de parapluie appartient à
un groupe de notions qui se définissent avant tout par la fonction ou le but que chacun se propose ».
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Si un des biens set d’étalon en lui donnant la valeur 1, le nombre de combinaisons est moins
important, il est de n-1 (20-1 = 19) soit 19 prix.
Ainsi, en harmonisant les multiples évaluations, la monnaie simplifie le système des prix, les
négociations, les comparaisons et les calculs économiques et favorise les transactions
économiques.
Cette fonction nécessite la confiance en la valeur de la monnaie, une confiance que la Banque
Centrale cherche à entretenir.
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c. La Fonction de réserve de valeurs
Si la monnaie permet d’acheter un bien et un service, elle offre aussi la possibilité de différer
une telle acquisition. Ainsi, elle autorise le transfert du pouvoir d’achat d’une période à une
autre sans pour autant garantir le « pouvoir réel » étant donné l’inflation.
La monnaie serait un instrument permanent de réserve de valeurs. Elle permet d'aménager les
décisions par rapport au présent, au passé et à l'avenir et offre les avantages des choix temporels.
Selon Keynes: " l'importance de la monnaie découle essentiellement du fait qu'elle constitue un
lien entre le présent et l'avenir ". Les agents sont alors incités à épargner3.
Toutefois, la fonction de réserves de valeurs n'est pas spécifique pour la monnaie et certains
biens peuvent constituer une réserve de valeurs plus sûre que la monnaie.
La monnaie est une partie intégrante du patrimoine des agents économiques. Le patrimoine de
l'agent est l'ensemble de sa richesse se composant de 3 catégories d'actifs:
La monnaie possède la qualité d'être un moyen de paiement général, immédiat et plus liquide.
Depuis son traité de 1930, Keynes a développé la « notion de préférence pour la liquidité »
définit la liquidité comme des éléments réalisables dans un bref délai et sans pertes :
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Si cette épargne est conservée sous forme de monnaie non rémunérée en dehors du circuit bancaire
et financier, elle est appelée thésaurisation.
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La liquidité englobe deux caractéristiques :
- la disponibilité
- la surêté nominale
En effet, il existe trois degrés de liquidité:
• La liquidité primaire que l'on confère aux actifs monétaires qui sont
immédiatement mobilisables et sans coûts : ex : billets de banques, dépôts à
vue
• La liquidité secondaire est attribuée aux actifs financiers non immédiatement
disponibles mais réalisables rapidement sans coûts onéreux : ex : dépôts à
terme
• La liquidité tertiaire: elle est relative aux effets non escomptables réalisables
à un coût potentiellement élevé et pouvant entraîner une perte financière : ex
: les actions.
Comparée aux autres actifs financiers, la monnaie présente trois caractéristiques :
- Les coûts de transactions les plus faibles en raison de sa liquidité qui tient à son
aptitude à être utilisée pour régler des dettes et des achats sans délai. Toutefois, tous
les autres actifs doivent d'abord être transformés en monnaie pour assurer ce rôle, ce
qui entraîne des coûts.
- Son rendement est nul alors que les dépôts à terme et les obligations rapportent des
intérêts.
- Sa valeur nominale est constante. Toutefois, elle peut présenter un risque de
moins-value réelle en cas de l’inflation.
Il s’en suit que la détention de la monnaie comme réserve de valeurs résulte de la préférence
pour la liquidité.
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Remarque : certains auteurs intègrent une autre fonction de la monnaie : instrument de la
politique économique. Or, la considération de la monnaie comme instrument de politique
économique qui permet aux autorités d’influencer l’activité économique (Chapitre 5).
a. La monnaie marchandise
La monnaie marchandise se caractérise par le fait que le support monétaire présente une valeur
intrinsèque égale à sa valeur monétaire. Elle est généralement considérée comme la forme la
plus « primitive » ; on parle également de paléo-monnaie.
De nombreuses sociétés marchandes antiques utilisent ainsi le bétail, des céréales, des
coquillages ou encore des barres de sel, pouvant se conserver, inspirant confiance, facilement
cessible, accepté comme ayant une valeur d’usage. Les monnaies-marchandises encombrantes,
coûteuses à produire, ou trop facilement périssables, n’ont guère traversé le temps.
Dans tous ces cas de figure, il s’agit de marchandises qui sont produites par le système
économique : elles impliquent des coûts de production et disposent d’une valeur d’échange. Les
paléo-monnaies sont utilisées pour remplir la fonction d’unité de compte et/ou celle
d’intermédiaire des échanges. Compte tenu du caractère parfois périssable de la marchandise
qui prend le statut de monnaie, la fonction de réserve de valeur était, le plus souvent, peu prise
en compte.
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b. La Monnaie-métallique
Dès l'origine, les monnaies métalliques sont des poids, puis elles ont pris la forme de lingots
(M pesée), ensuite elles se sont présentées sous forme quelconque (M comptée) et enfin des
pièces (M frappée).
Les M-Métalliques sont au début fabriqué à partir des métaux non précieux (fer, cuivre,
Bronze) remplacées après par des métaux précieux (argent et/ou or). L'or et l'argent présentent
des qualités de constance, d'homogénéité et de divisibilité. Ensuite, il y a eu le passage du
bimétallisme vers le monométallisme (depuis 1819 en Grande Bretagne).
Au début, la fabrication des pièces métalliques était le fait de ceux qui travaillent les métaux
entraînant ainsi une circulation monétaire très hétéroclite. Il s'en suit que les bonnes pièces
n'étaient jamais utilisées alors que les pièces usées et mauvaises demeurent toujours en
circulation, d'où la loi de Gresham « la mauvaise monnaie chasse la bonne ».
Au début, l’Etat intervient sous forme d’une apposition d’un sceau (attestant du poids et de
teneur en métaux précieux) sur les pièces en circulation. Mais ceci n’était pas suffisant. Ensuite,
le droit de battre la M sera confié à la puissance publique. Or, le besoin grandissant de la M des
princes et des souverains de même que la rareté relative des métaux ont entraîné une
dépréciation de la valeur de la monnaie. On abandonne la correspondance entre la valeur réelle
et la valeur nominale grâce à des mutations réelles (modification soit de l'alliage de la pièce de
M soit de la qualité du métal qu'elle contient) ou encore des mutations nominales (modification
du rapport d'équivalence liant la M de compte à la M réelle).
Remarque : La M divisionnaire actuelle admet une valeur faciale qui n'a aucun rapport avec
la valeur du métal qu'elle contient. Elle permet d’assurer les transactions de faible valeur.
Dotées d’un pouvoir libératoire limité (elles sont utilisées pour les échanges de faibles
montants), elles font de nos jours parties des monnaies fiduciaires en raison de leur faible valeur
intrinsèque.
c. La Monnaie fiduciaire-papier
Historiquement, la monnaie métallique est devenue un instrument peu commode pour les
transactions à distance qui se multiplient avec le développement du commerce. Pour éviter le
risque de perte et de vol, les commerçants se sont mis à confier leurs fonds aux orfèvres contre
des reçus. Ils peuvent ainsi trouver un endroit sûr pour stocker leurs monnaies et les reprendre
quand ils en avaient besoin. Les reçus permettent de régler les transactions. Ultérieurement,
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les orfèvres londoniens Goldsmith ont pensé à fractionner les reçus en coupons de sommes
rondes, ainsi,
les reçus anonymes se substituent à la M métallique, c’est l’apparition du billet de banque.
Dès le milieu du 17ème siècle, le banquier suédois Palmstruch a eu l'idée qu'une banque peut
faire circuler plus de billets qu'elle encaisse en délivrant des reçus sans contreparties : prêter
de la monnaie sous forme de billet sans pour autant disposer de son équivalent en or : c’est le
crédit.
C'est la banque d'Angleterre qui après la Banque de Stockholm a constitué le modèle des
banques modernes émettant les billets de banques. Ainsi, l'émission de la M-papier bénéficie
de la garantie des pouvoirs publics, tout le monde lui fait confiance et elle est acceptée en
règlement de toutes les transactions. L'Etat donne donc à la M fiduciaire-papier un cours légal
(Fidus= Confiance).
Les billets de banque étaient entièrement couverts par une contrepartie métallique5. Toutefois,
à l'issu de la première guerre mondiale, les pays de l'Europe ont été obligé de décréter
l’inconvertibilité des billets. C'est le passage du cours légal au cours forcé (imposé).
N.B : La monnaie fiduciaire est composée des billets de banque et de la monnaie divisionnaire.
d. La monnaie scripturale
Lorsqu’un agent confie son argent à la banque, cette dernière ouvre un compte au nom du
déposant, inscrit à son crédit le montant déposé et enregistre le dépôt dans ses livres
comptables. La monnaie revêt alors la forme écrite sur les livres de la banque: c'est la monnaie
scripturale (Script = écriture). C’est l’ensemble des inscriptions dans les comptes en banque.
La monnaie scripturale est l’ensemble des dépôts auprès des institutions financières6.
Elle est plus commode que la monnaie de papier : facilite les paiements à distance, évite les
transports d’espèces et ses mouvements, laisse des traces écrites, simplifie la tenue de la
et l’apport des preuves de paiement….
Les moyens de mobilisation de la M scripturale sont :
-Le retrait de l’argent : le retrait d’une partie de l’avoir à la banque sous forme de billets.
-Le chèque : c’est un ordre de paiement écrit adressé à la banque que le tireur remet au
bénéficiaire.
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Un débat « currency school »/« banking school » quant à la liberté ou réglementation de l’émission.
6Historiquement, la monnaie scripturale est apparue au 12ème siècle en Italie. Mais, elle n’a
commencé à se généraliser qu’au 19ème siècle en Grande Bretagne.
12
-Le virement c-à-d un transfert de fonds d'un compte à un autre compte.
Or, le chèque et le virement présentent à coté de leurs nombreux avantages pour les usagers,
l'inconvénient d'un coût de gestion élevé pour les banques. C'est pour réaliser des économies
que le traitement de la M scripturale s'est automatisé et qu'un nouveau support a été adopté : la
carte magnétique (on distingue la carte de retrait, la carte de paiement et la carte de crédit).
7Par exemple, le e-dinar, émis par la poste qui gère la monnaie postale est considéré comme monnaie
scripturale.
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regroupent dans des rubriques homogènes mesurables et contrôlables la monnaie et ses
substituts proches8 en se basant sur différents critères :
- Le critère monétaire qui distingue parmi les actifs ceux dont la proximité monétaire est
la plus grande.
- Le critère institutionnel qui privilégie dans la définition des agrégats la qualité de ou
du gérant (Banque Centrale, banque, trésor, entreprise).
- Le critère financier qui range les actifs selon leur degré de liquidité.
Ainsi, les agrégats monétaires sont des indicateurs statistiques élaborés par les autorités
monétaires et censés refléter la capacité de dépense des agents économiques9. Le rôle de ces
indicateurs est de fournir des informations aux banques centrales devant permettre à celles-ci
de guider au mieux les évolutions monétaires en fonction de leurs objectifs. La définition de
ces agrégats suppose que l’on trace une frontière entre les différents actifs financiers détenus
par les agents non financiers afin de déterminer ceux qui représentent une réserve de pouvoir
d’achat.
Aujourd’hui, les mesures de la monnaie sont difficiles à effectuer suite aux innovations
financières depuis les années 80 entraînant la prolifération des actifs financiers et le
développement des marchés financiers. Ces innovations ont rendu délicate la séparation entre
les actifs monétaires et les actifs financiers. La limite entre monnaie et épargne est floue. Ainsi,
en plus de la monnaie au sens strict, on considère les actifs qui sont facilement et rapidement
convertibles en moyens de paiement puisque les coûts de transaction d’un actif à un autre est
devenus très faible. Les agrégats sont devenus instables et doivent être révisés périodiquement.
En Côte d’Ivoire, on recense M1, M2, M3 et M4. Ces agrégats sont calculés par simple
sommation et reflètent des composantes de la masse monétaire. Ils sont emboîtés du plus au
moins liquide.
La masse monétaire admet aussi des contreparties (développées au Chapitre 2).
8Ceci permet de suivre l'évolution de la masse monétaire dans ses diverses composantes, contrôler sa
croissance et mener la politique monétaire.
9Autres définitions : Les agrégats monétaires peuvent être définis comme des indicateurs statistiques
qui regroupent « tous les actifs permettant des achats de biens et de services ou le règlement d’une
dette sur un territoire donné, ou facilement convertibles en moyens de paiement avec un faible risque
en capital » (Banque centrale européenne).
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1.3.1. La MM au sens de M1
L’agrégat monétaire étroit M1 (monnaie au sens strict) ou les disponibilités monétaires
comprend les moyens de paiement immédiats, à savoir la M manuelle sous forme de billet de
banque, de pièces métalliques et les dépôts à vue auprès du système monétaire détenus par les
ANF. Ces disponibilités monétaires servent directement d'instruments de paiement.
M1 = M Fiduciaire10 + M scripturale
M1 = Billets + M divisionnaire + Dépôts à vue auprès des banques et auprès des CCP
Remarque: Les dépôts à vue en devises sont exclus de M1, leur conversion en dinars comporte
un risque de capital.
1.3.2. La MM au sens de M2
M2 est plus large que M1. Elle est obtenue en ajoutant la quasi-M à M1 c-à-d des avoirs qui
peuvent être transformés rapidement et sans coûts onéreux en moyens de règlement. En
d’autres termes, l’agrégat « intermédiaire » (M2) comprend, en plus de (M1), les placements
à vue effectués sur des comptes sur livrets à taux réglementés, notamment les livrets A des
caisses d’épargne, les comptes d’épargne-logement, les comptes pour le développement
industriel (CODEVI), les livrets d’épargne populaire (LEP), les livrets « jeunes ». Ces
placements — parfois qualifiés de quasi-monnaie — ont la caractéristique d’être disponibles
à tout moment mais, contrairement aux actifs qui constituent M1, ils ne peuvent servir
directement à effectuer des paiements. Les actifs inclus dans (M2 – M1) correspondent en
grande partie aux actifs liquides non négociables.
M2 = M1+ quasi-monnaie
M2 = M1 + Dépôts à terme+ dépôts d'épargne+ certificats de dépôts+ avoirs en devises ou en
FCFA convertibles.
Les dépôts d'épargne = les comptes spéciaux d'épargne+ l'épargne au CEP+ les autres dépôts
d'épargne
Les certificats de dépôts sont des titres de créances négociables émis par les banques sur le
marché monétaire.
15
1.3.3. La MM au sens de M3
La masse monétaire au sens large (M3) recouvre (M2) ainsi que les instruments négociables
émis par les institutions financières monétaires (IFM). Il s’agit en particulier des titres
d’OPCVM monétaires et des titres de créances négociables (TCN), notamment les certificats
de dépôt. Les actifs compris dans (M3 – M2) correspondent pour l’essentiel aux actifs liquides
négociables.
M3 englobe l'ensemble des moyens de paiement permettant d'acquérir des biens et services
que ces moyens soient immédiatement utilisables ou qu'ils soient constitués sous forme de
placements rapidement et facilement transformables en M.
M3 est composée de M2 à laquelle on ajoute l’épargne affectée.
M3 = M2 + l’épargne affectée
M3 = M2 + Epargne-Logement + Epargne projet et investissement+ Emprunt obligataire
L'épargne projet et investissement: il s'agit de dépôts d'une durée de 5 ans qui sont destinés à
acheter des titres de sociétés.
Emprunt obligataire: il s’agit des titres émis en bourse par les institutions financières et les
entreprises.
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Toutefois, l'école de Cambridge notamment avec Pigou et Marshall avait proposé une nouvelle
formule de cette équation : M V= P Y (Y: le revenu national réel).
On peut alors calculer la vitesse-revenu: V= (P Y)/M ou V= PIB /M
V exprime le nombre de fois, par période de temps qu’une unité monétaire entre dans le revenu
de quelqu’un.
Cette vitesse peut être calculée pour M1, M2; M3, M4.
17
Chapitre 2 : La création monétaire
11 Les effets de commerce sont des titres de créances à court terme qui s'établissent entre les
particuliers lors des transactions et qui deviennent mobilisables par le biais de l'escompte. Nous
distinguons deux effets de commerce : billets à ordre et la lettre de change.
18
- le crédit où la banque joue un rôle actif dans la création de la monnaie. C’est une «
création monétaire provoquée ».
12Or, les agents peuvent retirer une partie de leur nouveau avoir (crédit), alors le montant des dépôts
baisse, ainsi en général les prêts font les dépôts d’un montant moindre.
19
nationale (par exemple en FCFA)) en FCFA (moyens de paiement détenus par des ANFR et
libellés en FCFA. Une banque crée de la monnaie lorsqu’elle achète des titres publics,
principalement des bons du Trésor.
Tableau 1. Bilan monétaire d’une banque commerciale
ACTIF PASSIF
- Créance sur l’extérieur - Dépôts à vue
- Créance sur le Trésor public - Actifs liquides (billets, pièces)
- Créance sur l’économie
Lorsque le crédit arrive à échéance et qu’il fait l’objet d’un remboursement, la quantité de
monnaie correspondante est détruite. La quantité de monnaie en circulation dans une économie
à un moment donné est donc le résultat d’un processus de création et de destruction de monnaie.
Si cette quantité de monnaie augmente, c’est que les opérations de création de monnaie
l’emportent sur les opérations de destructions de monnaie.
20
a. Les fuites naturelles
La banque se trouve exposée à une double ponction puisque le détenteur du dépôt à vue peut
exiger des billets ou demander à la banque de régler un tiers dont le compte se trouve dans un
autre établissement. Les fuites naturelles sont donc en billets ou vers d'autres établissements :
*Les fuites en billets: ces fuites s'expliquent par la dualité des moyens de paiement (M
fiduciaire, M Scripturale). En fait, le bénéficiaire du crédit peut demander la conversion de la
M scripturale en billets. Ainsi, une partie de la monnaie nouvellement créée est convertie en
monnaie centrale. La Banque doit disposer ainsi d'une certaine quantité de monnaie centrale.
Cette fuite est fonction de deux paramètres: le premier est d'ordre général: c'est l'importance de
la M fiduciaire par rapport aux dépôts à vue, cette importance est fonction des habitudes des
usagers, du développement du système bancaire, de la confiance suscitée par les banques, des
contraintes de conversion. Le deuxième élément est propre à chaque banque à savoir sa
situation géographique (zone urbaine, zone rurale), sa clientèle (ménages, entreprises, ouvrier,
cadre), son mode de gestion, etc…
Remarque: La quantité optimale de billets que doit détenir chaque banque est difficile à
déterminer, elle ne doit pas être trop importante dans la mesure où la M fiduciaire n'est pas
rémunérée mais juste suffisante pour que la banque puisse satisfaire toutes les demandes de
conversion émanant de sa clientèle.
*La fuite vers d'autres établissements :
Si le bénéficiaire du crédit X règle un créancier Y une somme de 100 qui possède un compte
dans la même banque (A), c'est un simple jeu d'écriture dans les livres de la banque.
Dans le bilan de la banque, le passif est constitué par les dépôts des clients (ce que la banque
doit au client). A l’actif, on a les réserves en monnaie centrale et les créances détenues sur les
personnes par le crédit.
Bilan de la banque A
Actif Passif
Compte courant de X -100 Compte courant de Y+ 100
Mais si Y est un client de la banque B, se pose alors le problème de l'inconvertibilité des M
scripturale des banques. Les banques n'acceptent que la M centrale dans le règlement
interbancaire. Ce genre de fuite dépend de la taille de la banque par rapport à ses concurrents
(c-à-d la part de marché de chaque banque) car plus elle a des clients moins elle risque d'avoir
des paiements à effectuer à d'autres banques et donc plus faibles sont les fuites.
21
Bilan de la banque A
Actif Passif
Bilan de la banque B
Actif Passif
Actif Passif
22
La création de M par les banques est donc fonction des fuites hors de leurs circuits13.
Exemple
Si la proportion de la M centrale des dépôts à vue est fixée à 25%, le bilan de la banque est
équilibré à l'instant to.
Bilan de la banque à to
Actif Passif
A l'instant to, la banque ne peut pas prêter car elle ne dispose d'aucun surplus de M centrale qui
lui permet d'honorer à ses engagements.
Si la banque accorde un crédit de 500 à t1:
Bilan de la banque à t1
Actif Passif
Une quantité de M centrale manque à la banque (1500*25%) –250= 125 de M centrale, ceci
peut amener la banque à une situation d’illiquidité.
Ainsi, toute banque pour pouvoir accorder des prêts, elle doit au préalable avoir un de M
centrale appelée réserves excédentaires : RE c-à-d des avoirs en M centrale au-delà de ce qui
est nécessaire pour assurer la conversion de la monnaie scripturale en monnaie centrale.
13La banque est obligée de détenir une proportion entre la réserve de monnaie centrale et la création
monétaire afin d’éviter tout risque d’illiquidité. Ce critère de solvabilité, le ratio COOKE instaure une
norme minimale de capitaux de base ou de fonds propres (8% des actifs pondérés en fonction du risque)
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2.1.3. Création de monnaie par le Trésor Public et par la Banque Centrale
Le Trésor et la Banque Centrale créent deux catégories de monnaie : de la monnaie fiduciaire
et de la monnaie scripturale.
a. La création de monnaie par le Trésor Public
Le Trésor Public est le « Banquier » de l’Etat. Il gère les finances publiques, collectent des
recettes, règle des dépenses de l’Etat. Le Trésor crée de la monnaie fiduciaire, la monnaie
divisionnaire, puisqu’il a le monopole de fabrication des pièces de monnaie. Le Trésor Public
crée également de la monnaie scripturale par l’intermédiaire des comptes courants (jeu
d’écriture). Ainsi, lorsqu’il crédite le compte courant d’un fonctionnaire ou fournisseur de
l’Etat, il crée sa propre monnaie. Le paiement d’impôts, de taxes, d’amendes par un ANFR au
Trésor et la souscription aux bons du Trésor correspondent à une destruction de monnaie.
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Exemple : Une entreprise X est cliente de la Banque A, a exporté des dattes. Elle a reçu un
transfert en 100000 euros. Comme sur le territoire national, il ne faut faire circuler que le FCFA,
alors il faut convertir les euros en FCFA et les verser dans le compte de l’entreprise X. Ainsi,
la banque A présente les 100000 euro à la BCEAO, la BCEAO crédite le compte courant de la
banque A chez elle du montant équivalent à 100000 euros en FCFA soit 65 577 000 FCFA si
le taux de change euro/FCFA est de 655,77. C’est une nouvelle monnaie scripturale centrale
créée. Ensuite, la banque A crédite le compte de X.
Compte de X à la banque A
Bilan de la BC
A P D C
Compte de la banque +65577000 FCFA
A: +65577000
FCFA
Les réserves en devises sont susceptibles de varier quotidiennement étant donné les liaisons de
ces dernières avec les activités de l'exportation et de l'importation et l'entrée et la sortie de
capitaux.
Par ailleurs, les fluctuations et les variations du taux de change peuvent avoir une incidence sur
la valeur des devises étrangères en M nationale et peuvent donc susciter une création ou une
destruction de M, d'où la relation étroite entre la masse monétaire et le solde de la balance de
paiement.
Les exportations de marchandises, les entrées de devises, les transferts des travailleurs immigrés
entraînent un gonflement de la MM. Chaque devise qui entre dans le pays suscite une création
de M centrale alors que chaque devise qui quitte le territoire entraîne la destruction de la M
centrale.
Les opérations sur l'or : Les opérations sur l’or sont très limitées puisque l’or n’est plus utilisé
dans les transactions avec l’extérieur. Or, la variation des cours de l’or peut influencer la valeur
des actifs détenus par la BC et oblige la BC à procéder à une révision de la valeur qu’elle
25
possède. Dans le cas de la révision à la hausse, la plus-value est versée au trésor : la BC crédite
le compte courant du trésor du montant de cette plus-value, c’est une création monnaie centrale
scripturale au profit du trésor. En cas de révision à la baisse, ceci entraîne une destruction de la
M centrale.
Fonds propres
Autres postes de l'actif Autres postes du passif
Remarque : Les créances nettes sur l'extérieur = avoirs extérieurs - engagements extérieurs
26
OU ENCORE
Tableau 2 : bilan simplifié de la Banque centrale
ACTIF PASSIF
Avoirs en or et en devises Concours aux Monnaie fiduciaire
contreparties du secteur financier.
Notes : 1/ les avoirs en or et devises constituent les réserves détenues par la Banque centrale.
Ce sont des créances de la Banque centrale sur les résidents et des non-résidents. 2/ les concours
aux contreparties du secteur financier correspondent aux opérations de refinancement des
institutions financières, appelées contreparties, par la Banque centrale.
Comme toutes les banques, la Banque Centrale crée de la monnaie : la monnaie fiduciaire (les
billets) et la monnaie scripturale, qui sont les deux composantes de la monnaie banque centrale
(MBC). La création de monnaie est rendue possible par la monétisation (transformation en
moyens de paiement) de certains actifs ; c’est-à-dire achat par la Banque Centrale de ces actifs.
Le pouvoir de création monétaire des banques commerciales est potentiellement illimité14,
cependant en pratique il fait l’objet d’une double limitation :
- une limitation institutionnelle qui prend la forme du contrôle exercé par les autorités
monétaires sur les banques de second rang. Cette contrainte s’exerce en premier lieu en
imposant aux établissements de crédits de constituer des réserves obligatoires proportionnelles
aux montants des dépôts collectés (dépôts à vue et dépôts à court terme essentiellement). Les
réserves obligatoires sont déposées sur un compte auprès de la Banque centrale. Ce compte doit
être provisionné par remise de billets, de devises ou d’actifs, autrement dit, par une monnaie
que les banques ne créent pas elles-mêmes.
- une limitation liée à la concurrence interbancaire. En effet, toute banque de second rang qui
crée de la monnaie s’expose à des « fuites » hors de son propre circuit bancaire 15, ces fuites
exigent de la banque qu’elle détienne de la monnaie banque centrale. Ainsi, comme mentionné
plus haut, une banque qui émet « trop » de monnaie s’expose à un risque de liquidité16.
Le processus de création monétaire peut être analysé selon différentes approches : l’approche
du multiplicateur du crédit, l’approche du diviseur, l’approche du multiplicateur monétaire.
14 Il est illimité dans le cas où existe une seule banque émettrice d’une seule forme de monnaie.
15 Par exemple, une banque qui accorde un crédit à un client, crédite le compte de ce client en monnaie
scripturale, rien n’empêche ensuite ce client d’effectuer un retrait en billets (monnaie banque centrale),
il s’agit d’une fuite. Les fuites les plus importantes prennent la forme de paiements effectués à des
clients d’autres banques.
16 Pénurie de liquidités banque centrale.
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2.2. Multiplicateur et diviseur de crédit
2.2.1. Le multiplicateur de crédit
L’approche en termes de multiplicateur de crédit met en évidence le fait qu’une opération de
monétisation de créance déclenche une réaction en chaîne, de sorte que la monnaie créée
finalement est un multiple de la première vague de monétisation. Dans ce modèle, le primat est
accordé aux réserves excédentaires en monnaie centrale détenues par les BSR : c’est par
conséquent la banque centrale qui est à l’origine des octrois de crédits par les BSR. Compte
tenu des parts de marché détenues par chaque BSR, celles-ci savent par expérience qu’elles
doivent conserver un certain pourcentage de dépôts en monnaie centrale sur leur compte auprès
de la banque centrale par rapport aux crédits qu’elles émettent.
En un mot, le multiplicateur de crédit indique quelle quantité de monnaie scripturale peuvent
créer les banques en fonction d’hypothèses relatives aux comportements de la Banque centrale
et de la clientèle des banques, et de leurs avoirs en MBC.
Les deux limitations que sont les retraits de billets par le public et les réserves obligatoires
correspondent à la réalité de la création monétaire. Elles permettent de définir le multiplicateur
de crédit. Si l’on note :
M, la monnaie totale créée (somme des crédits additionnels) ;
MBC, réserves excédentaires initiales ;
r, le taux des réserves obligatoires que les banques doivent constituer par rapport au montant
des dépôts qu’elles gèrent ;
b, le taux de préférences des agents économiques pour la détention de billets/ ou taux de retraits
sous formes de billets ;
On peut écrire comme suit le résultat auquel on aboutit à la fin du processus ci-dessous :
1
𝑀 = 𝑟+𝑏−𝑟𝑏 𝑀𝐵𝐶 (1)
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L’équation (2) signifie que la création monétaire (M) est une fonction du montant des réserves
bancaires (MBC). Ces dernières sont déterminées par le montant de billets en circulation et le
niveau des réserves obligatoires, deux variables contrôlées par la banque centrale.
Le multiplicateur de crédit permet de calculer le montant maximum de crédits que les banques
peuvent accorder à partir d’un excédent de réserves en monnaie centrale. Le multiplicateur
mesure l’ampleur de la création monétaire à partir d’une variation centrale. En d’autres termes,
il indique l’aisance de la création monétaire des banques, plus la valeur du multiplicateur est
importante, plus la création monétaire des banques est importante.
Tableau 3 : création de monnaie dans le cas de réserves obligatoires
Le montant de nouveaux crédits et la quantité de monnaie créée sont un multiple des réserves
excédentaires initiales. On remarque aussi que la quantité de monnaie créée (1000) correspond
à l’épuisement, par les réserves obligatoires, des réserves excédentaires.
Ce modèle du multiplicateur de crédit fait cependant l’objet de vives critiques qui sont
généralement regroupées autour de deux idées : Il suppose que le processus de création
monétaire est subordonné à la détention préalable par les BSR de réserves excédentaires en
monnaie centrale. Ensuite, ce modèle conduit à supposer que la banque centrale dispose de la
maîtrise de la création monétaire dans la mesure où le rythme d’augmentation de la base
monétaire est censé conditionner celui de la masse monétaire.
29
C'est la quantité de M centrale qui s'adapte à la quantité de M bancaire et non l'inverse. Le sens
de causalité est M scripturale- M centrale.
Ainsi, le diviseur de crédit mesure le besoin global en M centrale qui apparaît dans les comptes
des banques commerciales suite à l'octroi des crédits. La BC ne peut pas refuser d'accorder la
M centrale demandée au risque de causer de grandes difficultés aux banques. La BC joue le
rôle de prêteur en dernier ressort.
Le diviseur de crédit indique quelle quantité de MBC doivent se procurer les banques après
avoir créé un montant M de monnaie. L’ordre des phénomènes est alors inversé par rapport au
mécanisme du multiplicateur de crédit : le système bancaire accorde tout d’abord des crédits
pour un montant M et se procure seulement dans un second temps la monnaie banque centrale
nécessaire pour faire face à la demande de billets et à la constitution des réserves obligatoires,
monnaie dont le montant s’élève à :
𝑀𝐵𝐶 = (𝑟 + 𝑏 − 𝑟𝑏)𝑀 ou 𝑀𝐵𝐶 = 𝑀/𝛼
Ce mécanisme, appelé diviseur de crédit, peut se dérouler lorsque les banques peuvent
facilement obtenir la monnaie banque centrale en cédant des actifs mobilisables ou
éventuellement en puisant temporairement dans leurs réserves obligatoires.
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crédits accordés à des ménages ou entreprises étrangères, des titres émis par des non-résidents
détenus par le système bancaire, ainsi que des avoirs liquides en devises détenus à l’étranger
par les banques commerciales ou la Banque centrale.
La deuxième catégorie de contreparties (en pratique, la plus importante) regroupe, pour sa part,
les créances sur les agents économiques résidents, et s’appelle le « crédit interne net ». Elle se
subdivise à son tour en deux sous-ensembles : les créances sur le Trésor et les créances nettes
sur l’économie. Les premières sont des titres publics détenus par le système bancaire, ainsi que
d’éventuels concours monétaires de la Banque centrale au Trésor. Les secondes correspondent
aux crédits accordés aux agents non financiers résidents, ainsi qu’aux titres émis par ces
derniers et détenus par le système bancaire.
La lecture du bilan de la Banque centrale permet d’identifier directement les contreparties de la
monnaie centrale. La tâche est plus malaisée lorsqu’on s’intéresse aux contreparties d’un
agrégat plus large et elle n’est entreprise en pratique que pour l’agrégat M3.
Les contreparties de M3 s’obtiennent en consolidant les bilans des agents créateurs de monnaie
que sont la Banque centrale, les banques commerciales et le Trésor. La consolidation fait
disparaître les avoirs liquides détenus par un agent financier auprès d’un autre agent financier
– qui ne sont pas comptabilisés dans M3. Ne subsistent, au passif consolidé, que les actifs
monétaires détenus par des agents non financiers, ainsi que les ressources stables des banques
et l’épargne contractuelle. Si on déduit de l’actif un montant équivalent à ces ressources non
monétaires, on met en regard l’agrégat M3 et ses contreparties.
31
- Le poste « créances nettes /extérieur » ou « or et devises » regroupe l’ensemble des réserves
de change nettes.
- Le poste refinancement inscrit la somme des concours que la BC a accordé aux banques de
second rang.
- Le poste « compte courant des banques » comprend les réserves des banques détenues
auprès de la BC.
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L'agrégation de l'ensemble des bilans des banques, de la BC et aussi du trésor permet
d'établir l'état consolidé des bilans qui permet de ressortir d'une part les composantes de la
MM et d'autre part les contreparties de la MM. Les contreparties de la MM sont des
opérations qui se trouvent à la source de la création de M c-à-d à la source de l'émission
monétaire.
En contrepartie de la MM, sont comptabilisés à l'actif du système monétaire des opérations de
« monétisation » qui sont à l'origine de la création de M.
La MM admet 3 contreparties c-à-d 3 catégories d'opérations susceptibles d'affecter son
montant.
- Contrepartie externe : Les créances nettes sur l'extérieur
- Contreparties internes :
Les créances nettes sur l’Etat
Les concours à l’économie
L’étude des contreparties de la masse monétaire leur évolution permet d’apprécier la place qui
revient à la monnaie dans le financement de l’économie.
2.3.1. Les créances nettes sur l'extérieur
Cette contrepartie est une contrepartie externe qui reflète l’influence des relations
internationales sur la masse monétaire interne.
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Les créances nettes sur l'extérieur qui s'établissent à partir de la différence entre les avoirs
extérieurs et les engagements extérieurs vis-à-vis du RDM de la BC et du système bancaire.
Ces créances nettes sur l’extérieur apparaissent comme source de création monétaire. Tout
achat de devises par la BC revient à une création de la M centrale c-à-d un accroissement
de la MM tandis que les ventes en devises présentent un effet restrictif entraînant la
contraction de la MM. Ainsi, tout excédent de la balance commerciale (X>M) entraîne une
expansion monétaire. De même, les mouvements de capitaux (ex : investissement direct
étranger) affectent la MM. La variation de la masse monétaire se traduit par une variation
de même montant des avoirs en Or et devises de la banque centrale.
2.3.2. Les créances nettes sur l'Etat
Cette contrepartie est d’origine interne.
Les créances nettes sur l'Etat sont constituées essentiellement par des créances détenues par
la BC, les banques commerciales et d’autres agents. Les crédits accordés au trésor
correspondent aux dépenses publiques qui n'ont pas pu être couverts par des ressources
propres à l'Etat. Ces créances dépendent du montant du déficit budgétaire.
Le trésor public suscite la création monétaire en cherchant à financer son déficit soit par des
crédits auprès des établissements bancaires soit par l'émission des titres publics
(essentiellement des bons de trésor) achetés par la Banque centrale.
2.3.3. Les concours à l'économie
Cette contrepartie est d’origine interne. Ce sont tous les crédits accordés par le système
monétaire à l'économie accordés par le système financier aux agents non financiers autres
que l’Etat puisque l'octroi de crédits aux agents économiques non financiers17 représente
une nouvelle de M dans le circuit économique. Ainsi, toute augmentation du crédit bancaire
entraîne l'expansion de la MM alors que toute mesure de nature à restreindre le crédit exerce
un effet restrictif sur la MM. Par ailleurs, la monétarisation des créances et l'acquisition des
titres par le système bancaire constitue une autre contrepartie de la MM.
Concours à l'économie = crédits à l'économie + portefeuilles-titres.
La notion des contreparties de la MM est particulièrement importante pour la politique
monétaire puisqu'elle indique la nature de la demande de monnaie dans une économie
donnée.
17L’endettement total (ET) : l’ensemble des financements des agents non financiers résidents
obtenus par voie d’endettement par les crédits et des titres négociables sur le marché monétaire, le
marché obligataire et le financement extérieur.
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