24 03 08 - Guide Bonnes Pratiques CT VN - V1 - AVN
24 03 08 - Guide Bonnes Pratiques CT VN - V1 - AVN
24 03 08 - Guide Bonnes Pratiques CT VN - V1 - AVN
© La Voûte Nubienne
www.lavoutenubienne.org
Comité de rédaction :
Mathieu Hardy – Architecte – Rédaction
Samuel Rodrigues – Architecte – Illustration
Cyril Chabaud – Architecte – Illustration (v2018)
Thomas Granier – Fondateur, Directeur Général AVN – Comité de rédaction et relecture
Seri Youlou – Fondateur, Directeur AVN Burkina Faso – Comité de rédaction et relecture
Comité de consultation :
Adama Ilboudo – Maître Maçon VN
Richard Somda – Maître Maçon VN
Augustin Tonavo – Technicien VN
0.2 INTRODUCTION
Les informations et règles contenues dans ce Guide de bonnes pratiques sont basées d’une part sur
l’expérience et les pratiques de professionnels utilisant le concept technique Voûte Nubienne ; d’autre
part sur des références normatives et techniques existantes et jugées pertinentes.
Le présent Guide de bonnes pratiques établit et décrit les pratiques usuelles en matière de mise en œuvre
d’ouvrages de type concept technique Voûte Nubienne promu par l’Association la Voûte Nubienne. Tout
autre type d’ouvrage se situe donc en dehors du domaine d'application de ce guide.
Le concept technique Voûte Nubienne est un système constructif complet inspiré de la technique antique
de la voûte nubienne. Il consiste en une structure massive et porteuse, entièrement réalisée en
maçonnerie de briques et mortier de terre crue, constituée de murs reprenant une toiture voûtée. La
voûte est montée sans coffrage ; elle est autoportante, travaille principalement en compression et est
mise en charge.
Le concept technique Voûte Nubienne est étudié pour la réalisation d’ouvrages de petite et moyenne
échelle ; il a été développé prioritairement pour répondre aux besoins constructifs de base des
populations rurales et paysannes sahéliennes. Les ouvriers qui l’utilisent sont donc le plus souvent des
maçons ruraux autonomes qui réalisent des bâtiments modestes, sans implication de maîtres d’œuvre
(techniciens, architectes, etc.), que ce soit pour la conception ou pour le suivi des chantiers. La
simplification et la standardisation technique se situent au cœur de la démarche de mise au point du
concept technique Voûte Nubienne comme réponse à cette réalité. Bien entendu cela ne limite en rien
l’usage du concept technique Voûte Nubienne au monde paysan, la technique s’avérant tout à fait adaptée
à des opérations de construction plus exigeantes, menées de façon plus formelle et impliquant
notamment des maîtres d’œuvre.
Mise en garde : ce Guide de bonnes pratiques ne remplace pas la formation acquise sur les chantiers
et transmise par des artisans expérimentés. L’utilisation de ce document ne peut donc en aucun cas
garantir une mise en œuvre correcte.
1.2 LIMITES
Hauteur : le concept technique Voûte Nubienne est adapté à des constructions ne dépassant pas 2 niveaux
(rez-de-chaussée + 1 étage).
Inondations : le concept technique Voûte Nubienne est adapté à des sites de construction ne présentant
pas de risque d’inondation. Les eaux stagnantes ou de crue peuvent détruire les murs en adobes lorsque
le contact est prolongé. Dans tous les cas, un bon drainage est indispensable.
Précipitations : le concept technique Voûte Nubienne est adapté à des milieux secs où les précipitations
n’excèdent pas 1.000 mm par an et où la saison des pluies est concentrée sur une période continue. Les
prescriptions de ce guide ne couvrent pas les constructions qui seraient réalisées sous des climats
tropicaux enregistrant de fortes précipitations annuelles.
Activité sismique : la bande sahélienne dite large est une zone de faible activité sismique. Les
prescriptions de ce guide ne couvrent pas les constructions qui seraient réalisées en zone présentant un
risque sismique.
Un bâtiment construit selon le concept technique Voûte Nubienne doit être entretenu, comme tout
bâtiment, ni plus ni moins. Un bon entretien est d’abord préventif, car il permet de maîtriser les
dégradations, de réduire les besoins correctifs et de réduire les dépenses.
Le présent Guide ne porte pas sur les questions d’entretien, qui sont traitées dans une documentation
dédiée. Seules quelques orientations ayant valeur de rappel sont introduites ici.
> Forces obliques : à la différence des bâtiments maçonnés couverts par des toitures plates qui sont
soumis essentiellement à des forces verticales, les bâtiments maçonnés couverts par des voûtes sont
soumis à des forces obliques en plus des forces verticales, ce qui engendre un effet d’écartement. Ces
forces obliques doivent être attentivement prises en compte afin d’assurer la stabilité des ouvrages,
d’autant plus lorsque les ouvrages sont réalisés en maçonnerie de briques de terre crue qui travaillent
essentiellement en compression.
> Forces statiques et dynamiques : les forces statiques sont exercées par le poids propre des ouvrages en
question (murs, voûtes, charges des riens, forme de pente et étanchéité, acrotères, etc.). Les forces
dynamiques sont par exemple le vent ou la circulation des personnes ; ce sont aussi des forces qui peuvent
s’exercer pendant la construction, par exemple pendant la phase de mise en charge progressive de la
voûte.
La stabilité structurelle du concept technique Voûte Nubienne est obtenue par la combinaison de plusieurs
facteurs :
Le respect de ces principes combinés permet de conférer à la structure ses valeurs de stabilité et de sûreté.
La présente étude de stabilité structurelle a été produite pour un module VN de base aux valeurs limites
« hautes ». La méthode utilisée est celle dite « funiculaire », avec les données suivantes :
Sans mise en charge, la ligne de pression sort très nettement de l’emprise de la voûte côté intrados. Le
phénomène de déformation de la voûte est inévitable. La voûte n’est ni stable ni sûre ; elle présente un
risque d’effondrement élevé.
Avec une mise en charge partielle (2/3), la ligne de pression sort moins nettement de l’emprise de la voûte
côté intrados. La mise en charge permet de contrecarrer le phénomène de déformation de la voûte, mais
pas de façon optimale. Toutefois, le fait que de nombreuses voûtes aient été construites selon ce principe
de mise en charge partielle et soient stables depuis des années tend à démontrer que le principe de mise
en charge partielle des reins est envisageable, même si nous ne le recommandons pas.
Avec une mise en charge complète, la ligne de pression rentre entièrement dans l’emprise de la voûte.
Elle sort légèrement du tiers central de l’arc vers l’intrados, mais la mise en charge complète des reins
empêche toute possibilité de déformation. Ainsi la voûte est considérée stable et sûre et le risque
d’effondrement est jugé nul.
On remarque par ailleurs, pour le mur porteur de 175 cm de hauteur, que la ligne de pression sort du tiers
central de l’épaisseur du mur à la base de celui-ci, ce qui indique un risque léger de basculement. Toutefois,
dès lors que l’on considère que le mortier de liaison apporte une résistance/sécurité supplémentaire (la
méthode funiculaire ne prend pas en compte l’adhésion du mortier), le mur avec en question peut être
considérer stable et sûr. Les très nombreux bâtiments VN construits avec des murs porteurs de 175 cm
de hauteur reprenant des voûtes mises en charge de 330 cm de portée en fournissent une excellente
démonstration.
Les voûtes utilisées par le concept technique Voûte Nubienne ne sont pas à l’équilibre lorsqu’elles ne sont
pas mises en charge. La non mise en charge est donc proscrite !
Une mise en charge partielle, au minimum aux 2/3 de la hauteur de la voûte, n’est pas interdite, mais elle
n’est pas recommandée. En cas de recours à cette pratique, nous invitons à la prudence.
La mise en charge complète constitue donc in fine la bonne pratique dans le cas du concept technique
Voûte Nubienne. C’est elle qui garantit la stabilité et la sûreté des voûtes mises en œuvre.
Enfin, la Hauteur de Naissance de Voûte (HNV) maximum de 175 cm est confirmée pour l’élévation des
murs porteurs reprenant des voûtes de 3m30 de portée.
Attention ! Les maçonneries en briques et mortier de terre crue, et plus largement les ouvrages en terre
crue, tendent vers leur pleine résistance progressivement avec leur séchage, qui s’avère assez long. Il faut
en tenir compte et appliquer au chantier un rythme tel que les ouvrages aient le temps de sécher
suffisamment pour être en capacité de reprendre les charges croissantes qui s’y exercent.
Par ailleurs, en cas de pluie pendant le chantier à des étapes critiques de la construction – mise en œuvre
et mise en charge de la voûte particulièrement – faisant augmenter le taux d’humidité des ouvrages en
terre récemment mis en œuvre, des risques de rupture sont possibles et doivent être sérieusement pris
en considération en anticipant des solutions de protection comme des bâches plastiques, ou en
interrompant la mise en œuvre afin de permettre aux ouvrages à risques de sécher suffisamment avant
de poursuivre leur mise en œuvre et leur mise en charge.
2.4 QUANTITATIFS
3.1.1 Généralités
Dans le champ des matériaux « terre crue » le concept technique Voûte Nubienne emploie exclusivement
la brique d’adobe et le mortier de terre crue. Sont donc situés en dehors du domaine d'application de ce
guide les autres matériaux « terre crue » (pisé, bauge, brique compressée, etc.).
Masse volumique apparente des briques et mortiers de terre crue : le champ couramment admit est
1.400 – 1.700 kg/m3, soit une densité comprise entre 1,4 et 1,7. En cas d’incapacité à vérifier la densité
réelle, il est recommandé de retenir pour les éventuels calculs de descentes de charge la valeur la plus
défavorable.
La production des briques et mortiers de terre crue commence par le mélange des matières premières –
terres, éventuels adjuvants (paille, sable, etc.) et eau – dosées selon les préconisations obtenues lors des
essais de mise au point. Voir la section « 3.2 Essais terres et matériaux transformés ».
Le mélange se fait le plus souvent au pied, par foulage énergique et répété, mais il peut aussi être réalisé
à l’aide d’animaux ou de machines.
Le mélange doit aboutir à un ensemble parfaitement homogène afin de garantir tant la qualité des
matériaux transformés que la solidité des ouvrages réalisés. Une bonne terre mal mélangée donnera
généralement des produits transformés et ouvrages médiocres, voir mauvais.
Le mélange doit être laissé au repos un certain temps avant d’être utilisé ; il faut donc anticiper sa
préparation. Par exemple un premier trempage/foulage aura lieu à J1 pour une utilisation à J2 après un
nouveau trempage/foulage juste avant utilisation.
Plus les chantiers sont de taille importante et plus il est recommandé de réaliser des contrôles réguliers
des matériaux pendant le chantier, afin de s’assurer que ces derniers maintiennent le niveau
performanciel requis.
Les contrôles sont réalisés à l’aide d’essais. Voir la section « 3.2 Essais terres et matériaux transformés ».
3.1.2.1 Définition
Les briques crues utilisées par le concept technique VN, aussi appelées adobes, sont produites à l’aide de
moules dans lesquels le mélange préparé à cet effet est déversé de façon homogène, puis immédiatement
démoulées et laissées à sécher au soleil. Aucune cuisson, ni compression, ni aucun ajout de liant
hydraulique n’interviennent dans la production.
Les briques crues sont produites directement à même le sol. Le terrain de production doit être aussi plat
que possible et avoir été préalablement nettoyé à cet effet.
Il est recommandé que la face supérieure des briques soit striée à la main avant démoulage afin
d’accroitre l’adhérence entre briques et mortier.
Tant qu’elles ne sont pas suffisamment sèches, les briques ne doivent pas être déplacées, uniquement
tournée sur leur tranche au bout de quelques jours afin d’accélérer leur séchage. La production nécessite
donc de vastes terrains.
Selon les dimensions des briques et les conditions climatiques, le séchage peut nécessiter une à trois
semaines.
3.1.2.3 Dimensions
Les briques crues peuvent être fabriquées dans une large gamme de tailles et de proportions.
Dans le cas du concept technique Voûte Nubienne, ce guide préconise toutefois des briques de dimensions
L38 x l17 garantissant des appareillages satisfaisants pour produire des murs de 38 cm, de 60 cm et de 80
cm d’épaisseur.
La hauteur quant à elle varie généralement à l’intérieur du champ 8 > 15 cm, sachant qu’il est
recommandé de travailler avec des briques dont la hauteur est inférieure à la largeur.
Les adjuvants les plus courants sont 1/ les fibres naturelles comme la paille ; 2/ le sable. L’un et l’autre
sont généralement utilisés pour contrôler la fissuration des briques produites à partir d’une terre ayant
une forte teneur en argile. Lorsque les fibres jouent un rôle d’armature, le sable joue un rôle de réduction
de la teneur en argile.
Remarques : les fibres naturelles peuvent aussi être utilisées pour produire des briques allégées, mais
ces produits spécifiques se situent en dehors du champ applicatif de ce guide.
Le concept technique Voûte Nubienne utilise des murs porteurs maçonnés dont l’épaisseur minimale est
de l’ordre de 60 cm ; les surfaces d’appui sont donc particulièrement importantes et offrent une bonne
capacité de portance.
À titre d’exemple, un mur porteur de 6 m de longueur et 0,6 m d’épaisseur, avec un ratio de 40 % de vide
constitué de baies de 90 cm de largeur (maximum autorisé), offre une surface d’appui de 21.600 cm2. En
prenant une valeur de Résistance à la compression (Rc) relativement faible de 1 MPa, la capacité de
portance du mur est alors de l’ordre de 2.150 kN.
- Soit ce même mur porteur séparatif situé à rez-de-chaussée et reprenant 2 voûtes adjacentes de
3m30 de portée et chargées à rez-de-chaussée, avec une HNV de 175 cm, plus le prolongement
du même mur en étage reprenant lui aussi les 2 voûtes adjacentes de 3m30 de portée et chargées
de l’étage, avec une HVN de 150 cm.
- Soit une masse volumique sèche hypothétique de 1.700 kg/m3 (valeur haute pour les adobes) : le
total des charges appliquées (charges d’exploitation comprises) est de l’ordre de 1.400 kN.
- Le total des charges appliquées (1.400 kN) reste donc largement inférieur à la capacité de portance
du mur (2.150 kN) ayant une valeur Rc de 1 MPa.
- Soit toujours le même mur porteur, mais cet fois extérieur et ne reprenant qu’une voûte de 3m30
de portée et chargée, avec une HVN de 150 cm.
- Soit une masse volumique sèche hypothétique de 1.700 kg/m3 (valeur haute pour les adobes) : le
total des charges appliquées (charges d’exploitation comprises) est de l’ordre de 545 kN.
- Le total des charges appliquées (545 kN) reste donc très largement inférieur à la capacité de
portance du mur (2.150 kN) ayant une valeur Rc de 1 MPa.
Partant de ces cas représentatifs concrets, il est recommandé pour le concept technique VN de produire
des briques dont la valeur minimale de Rc est 1,5 MPa, valeur conservative assurant une bonne marge de
sécurité.
Vérification : le test simple de rupture consistant à monter sur 1 brique supportée par 2 autres briques
(3.2.5.3 Essai de rupture des briques) permet de vérifier sans matériel la résistance des briques, y
compris sur le plan de la compression, considérant le ratio admis de 1 pour 10 entre rupture et
compression. Pour des chantiers courants, ce simple test suffit généralement. Pour des cas moins
courants, des essais de rupture à la flexion et de résistance à la compression peuvent être réalisés (en
laboratoire pour le 2nd).
3.1.3 Mortier
3.1.3.1 Définition
Le mortier est le matériau de liaison entre les briques ; il forme horizontalement l’assise de chaque rang
de briques, et verticalement les joints entre les briques. Aucune cuisson, ni compression, ni aucun ajout
de liant hydraulique n’interviennent dans sa production.
3.1.3.2 Composition
Pour un ouvrage maçonné donné, il est recommandé que le mortier soit de même composition que les
briques.
Pour une bonne relation mortier/briques, le mortier ne doit pas contenir de granulats de diamètre
supérieur à la moitié de l’épaisseur des joints, en tenant compte des variables et irrégularités des dits
joints. Il faut donc retenir l’épaisseur de joint la plus faible attendue.
3.1.3.3 Consistance
Le mortier ne doit être ni trop dur/sec ni trop mou/humide. S’il est trop dur/sec l’adhérence
briques/mortier est défaillante ; s’il est trop mou/liquide les briques s’affaissent excessivement lors de
leur pose et le risque de rétractation au séchage est plus important.
Le mortier de bonne consistance permet donc une bonne assise des briques avec une bonne adhérence
au mortier sans affaissement excessif.
Comme pour les briques, les adjuvants les plus courants sont les fibres naturelles comme la paille, et le
sable. L’un et l’autre sont généralement utilisés pour contrôler la fissuration des mortiers produits à partir
d’une terre ayant une forte teneur en argile. Lorsque les fibres jouent un rôle d’armature, le sable joue
un rôle de réduction de la teneur en argile.
Les briques et le mortier mis en œuvre doivent correctement adhérer l’un à l’autre pour former un
ensemble maçonné cohésif.
Les briques doivent être humidifiées avant leur pose afin de réduire la vitesse de séchage du mortier tout
en favorisant la bonne cohésion recherchée.
Pour une cohésion optimale, les joints doivent être parfaitement remplis et ne présenter aucune
discontinuité, tant verticale qu’horizontale.
Concept technique Voûte Nubienne – Guide de bonnes pratiques – V1
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3.2 ESSAIS TERRES ET MATÉRIAUX TRANSFORMÉS
Ce guide traite exclusivement du concept technique Voûte Nubienne qui utilise des briques et mortiers de
terre crue ; les terres utilisées doivent donc répondre aux besoins spécifiques de cette technique et de
ces matériaux transformés.
Le choix d’une terre est généralement placé sous la responsabilité du bâtisseur : maçon, artisan ou
entrepreneur VN. Il résulte toujours d’une démarche d’identification visant à valider sa convenance pour
un couple matériaux transformés + technique.
Le concept technique Voûte Nubienne utilise des murs porteurs massifs et des voûtes mises en charge,
impliquant un poids d’ensemble considérable. De plus les forces obliques exercées par les voûtes
imposent aux murs des contraintes spécifiques. Il faut tenir compte de ces facteurs, les essais réalisés
devant notamment et prioritairement permettre de confirmer des valeurs de résistance et de cohésion
satisfaisantes pour les matériaux transformés finaux – briques et mortiers de terre crue – mis en œuvre
dans le cadre du concept technique Voûte Nubienne.
La réalisation d’essais s’avère indispensable afin d’évaluer la convenance d’une terre, mais aussi afin de
mettre au point des matériaux transformés, ou encore de les caractériser. Les essais de terrain, simples à
réaliser et économiques, permettent d’obtenir de bons résultats et sont généralement suffisant ; les
essais de laboratoire ne doivent donc être envisagés que dans les cas où les essais de terrain
n’aboutiraient pas à des résultats clairs, ou si certaines caractéristiques spécifiques ne peuvent être
vérifier qu’à l’aide de ces derniers.
Il faut aussi rappeler que l’accès aux essais de laboratoire n’est pas toujours possible, ne serait-ce que
pour des raisons d’éloignement entre les chantiers et les labos. Qui plus est au Sahel, d’une part les labos
ne sont pas toujours en mesure de réaliser les essais requis ; d’autre part leurs coûts s’avèrent
généralement incompatibles avec les réalités socio-économiques des utilisateurs majoritaires du concept
technique Voûte Nubienne : clients et bâtisseurs issus majoritairement du monde paysan.
Le présent guide se limite donc à la description des principaux essais de terrain simples d’utilisation
nécessaires à l’identification courante des terres et à la mise au point des briques et mortiers de terre
crue utilisés par le concept technique Voûte Nubienne.
Il existe de très nombreux autres essais, de terrain et de laboratoire. Ils sont tous très bien décrits dans la
documentation technique et normative référente citée au présent guide, en particulier le Traité de
construction en terre de CRAterre et la norme NF P13-901. Ils doivent être consultés autant que de besoin,
et notamment dans les cas où les essais de base introduits ici ne donneraient pas de résultats satisfaisants.
« On examine à l’œil la terre sèche pour apprécier l’importance de sa fraction sableuse et de sa fraction
fine. On enlève les gros cailloux, les graviers et les gros sables pour faciliter l’évaluation. La fraction fine
est constituée par les grains d’un diamètre inférieur à 0,08 mm. Ce diamètre se trouve à la limite de la
visibilité à l’œil nu. ». Source : Traité de construction en terre ; fiche 302 Analyses préliminaires ; CRAterre.
Interprétation :
Fraction fine importante = argile probable
Fraction fine faible = argile en quantité probablement insuffisante
« On sent la terre que l’on vient d’extraire. Elle est de nature organique si l’odeur évoque le moisi. Cette
odeur est amplifiée si on chauffe ou humidifie la terre. ». Source : Traité de construction en terre ; fiche
302 Analyses préliminaires ; CRAterre.
Interprétation :
Présence marquée de matière organique = terre à écarter
Enlever les gros cailloux, les graviers et les gros sables pour faciliter l’évaluation.
« On mord une pincée de terre et on l’écrase légèrement entre les dents. La terre est sableuse si elle crisse
avec une sensation désagréable. La terre est silteuse si le crissement ne donne pas une sensation
désagréable. La terre est argileuse si l’on éprouve une sensation lisse ou farineuse, ou si une pastille de
terre sèche est collante quand on y applique la langue. ». Source : Traité de construction en terre ; fiche
302 Analyses préliminaires ; CRAterre.
« On triture la terre débarrassée de ses plus grosses particules en effritant un échantillon entre les doigts
et la paume de la main. La terre est sableuse si l’on éprouve une sensation de rugosité et si elle ne présente
aucune cohésion. La terre est silteuse si l’on a l’impression d’une faible rugosité et si l’échantillon humidifié
devient moyennement plastique. La terre est argileuse si, à l’état sec, elle présente des mottes ou
concrétions qui résistent à l’écrasement et si elle devient plastique et collante lorsqu’elle est humidifiée. ».
Source : Traité de construction en terre ; fiche 302 Analyses préliminaires ; CRAterre.
Concept technique Voûte Nubienne – Guide de bonnes pratiques – V1
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3.2.3.5 Essai de lavage
Enlever les gros cailloux, les graviers et les gros sables pour faciliter l’évaluation.
« On se lave les mains avec de la terre légèrement mouillée. La terre est sableuse si les mains se rincent
facilement, la terre est silteuse si elle paraît pulvérulente et si les mains ne sont pas trop difficiles à rincer.
La terre est argileuse si l’on a une sensation savonneuse et si les mains sont difficiles à rincer. ».
Source : Traité de construction en terre ; fiche 302 Analyses préliminaires ; CRAterre.
Enlever les gros cailloux, les graviers et les gros sables pour faciliter l’évaluation.
« Une boulette de terre légèrement humide est coupée en deux avec un couteau. Un aspect terne de la
surface entaillée indique une terre plutôt silteuse. Un aspect brillant indique que l’on est en présence d’une
terre argileuse plastique. ». Source : Traité de construction en terre ; fiche 302 Analyses préliminaires ;
CRAterre.
Enlever les gros cailloux, les graviers et les gros sables pour faciliter l’évaluation.
« On prend une masse de terre humide qui ne colle pas aux doigts et on y enfonce une spatule ou un
couteau. La terre est très argileuse si la spatule s’enfonce difficilement et si la terre adhère lorsqu’on la
retire. La terre est moyennement argileuse si la spatule pénètre sans grande difficulté et si la terre y adhère
lorsqu’on la retire. La terre est peu argileuse si l’on pénètre et retire la spatule sans effort même si elle
demeure sale lorsqu’on la retire. ». Source : Traité de construction en terre ; fiche 302 Analyses
préliminaires ; CRAterre.
Enlever les gros cailloux, les graviers et les gros sables pour faciliter l’évaluation.
Humidifier et malaxer un tas de terre dans les mains pour former une boule homogène. Rouler la boule
entre les mains pour en faire un long boudin (+/- 20 cm) d’environ 2 cm de diamètre. Pousser délicatement
et progressivement le boudin pour le mettre en suspension croissante sur le rebord de la main, et jusqu’à
ce que la partie en suspension se sectionne. Mesurer la longueur de la section tombée.
Interprétation :
Section entre 5 et 15 cm de longueur = terre cohésive dans de bonnes proportions
Concept technique Voûte Nubienne – Guide de bonnes pratiques – V1
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Section inférieure à 5 cm = terre trop peu cohésive
Section supérieure à 15 cm = terre trop cohésive
Un mélange ayant une bonne teneur en eau permet de produire de bonnes briques et de bons mortiers.
La teneur en eau du mélange est jugée bonne lorsque la partie mesurée fait environ 2 cm.
- Vérifier la régularité des briques, des arrêtes et la présence des angles > cassure des arrêtes, angles
absents, briques déformées = mauvaise technique de moulage > rejeter les lots trop mauvais –
travailler avec les briquetiers à l’amélioration de la production.
- Vérifier la tenue générale des briques ; seul un affaissement faible est toléré > affaissement
excessif = trop d’eau dans le mélange au moment du moulage > réduire la quantité d’eau ajoutée
au mélange – laisser reposer le mélange pour que l’eau s’évapore jusqu’à ce que la teneur en eau
soit satisfaisante.
- Vérifier la présence éventuelle de fissures ; seules les petites fissures sont tolérées >
nombreuses/grosses fissures = mélange trop argileux > changer de terre ; ou ajouter des fibres ou
du sable au mélange.
- Vérifier les dimensions des briques qui doivent restées constantes, avec une tolérance de l’ordre
de 2% max. > briques de dimensions trop irrégulières = mauvaise technique de moulage > rejeter
les lots trop irréguliers – travailler avec les briquetiers à l’amélioration de la production.
Produire un échantillon de 2 ou 3 briques pour chaque terre présélectionnée à l’aide des essais précédents.
L’essai est concluant si la brique ne se casse pas ou si elle se casse en quelques gros morceaux.
> Si la brique se casse en de nombreux morceaux, la terre est probablement trop sableuse ou trop silteuse.
Le mélange doit être revu.
Produire un échantillon de 4 ou 5 briques pour chaque terre présélectionnée à l’aide des essais précédents.
> Si la brique cède, la terre est probablement trop sableuse ou trop silteuse. Le mélange doit être revu.
Remarque : cet essai simple de rupture permet de vérifier sans matériel la résistance des briques, y
compris sur le plan de la compression, considérant le ratio admis de 1 pour 10 entre rupture et
compression. Pour des chantiers courants, ce simple test suffit généralement. Pour des cas moins
courants, des essais de rupture à la flexion et de résistance à la compression peuvent être réalisés (en
laboratoire pour le 2nd).
Il arrive que les briques et le mortier soient produits à partir de terres différentes. Il est donc très
important de vérifier que ces terres sont compatibles et adhèrent bien l’une à l’autre (cohésion), car il
arrive que deux terres apparemment de bonne qualité ne fonctionnent pas bien ensemble.
Produire un échantillon d’une 10aine de briques et d’un tas de mortier de pose pour chaque terre
présélectionnée à l’aide de l’essai de solidité des briques.
- Le jour 1, bâtir un muret fermé (boucle), constitué de 8 briques maçonnées sur deux rangs ;
- Les briques sont posées en panneresse et les joints horizontaux font 3 cm d’épaisseur en
moyenne ; toutes les règles de maçonnerie données dans ce guide sont ici respectées ;
- Laisser l’ouvrage sécher jusqu’au jour 2 ;
- Sur l’ouvrage sec, taper au poing de façon énergique au niveau des 2ème rang.
Si la brique frappée cède facilement et détache peu ou pas de mortier, les briques et le mortier ne sont
pas compatibles ! Il faut changer de terre (l’une, l’autre ou les deux) et refaire l’essai jusqu’à obtenir un
bon résultat.
Si la brique frappée cède difficilement et entraine avec elle des parties de mortier, les briques et le mortier
sont compatibles car l’adhérence est bonne.
Le concept technique Voûte Nubienne utilise principalement la terre crue comme matériau de
construction. Mais il utilise aussi d’autres matériaux, certains courants, d’autres secondaires.
L’eau : elle est indispensable à quasiment toutes les étapes de construction, et en particulier lors de la
production des briques et mortiers de terre crue. Elle est consommée en quantité importante, avec à titre
d’exemple environ 0,3 m3 d’eau consommée pour 1 m3 de mortier de terre produit.
Les pierres : elles sont essentiellement utilisées dans les fondations, sous forme de maçonnerie de pierres
crues liées au mortier. Les pierres tendres, demi-fermes, fermes, dures et froides sont toutes propices à
la réalisation des fondations. Les pierres très tendres sont les seules pierres ne devant à priori pas être
utilisées.
Les blocs de pierre ou de ciment : ces blocs sont principalement utilisés pour leur stabilité à l’eau. Ils sont
généralement utilisés soit dans la partie externe exposée des murs et contreforts sous forme de
maçonnerie mixte (voir 4.3.2.3 Les murs dits « mixtes »), ce qui permet de se passer d’enduit extérieur ;
soit au niveau de certaines parties sensibles du bâti (pieds de murs sous forme de soubassement ; murets
d’acrotères ou balustrades).
Remarque : il est recommandé de produire des blocs aux mêmes dimensions que les briques de terre
afin de permettre de bons appareillages en cas de maçonnerie mixte.
Les règles normatives relatives aux travaux de fondations superficielles s’appliquent au concept technique
Voûte Nubienne ; il faut donc se référer à la documentation technique en vigueur et en particulier :
4.1.2 Principes
Les règles normatives de calculs s’appliquent à la conception des fondations du concept technique Voûte
Nubienne, qui doivent être dimensionnées pour résister aux charges qui s’y appliquent et aux réactions
induites.
Le concept technique Voûte Nubienne est un système constructif complet fonctionnant par empilement
d’ouvrages massifs porteurs lourds ; la répartition des charges dans la structure est particulièrement
régulière.
Les fondations les plus adaptées au concept technique Voûte Nubienne sont les semelles superficielles
filantes, réalisées en pleine fouille. Hormis pour certaines grandes ouvertures, les semelles sont
poursuivies sous les ouvertures courantes.
Les dimensions des fondations sont déterminées par les deux principaux facteurs suivants :
- La largeur du mur que la fondation reprend > la fondation n’est jamais moins large que le mur
qu’elle reprend, et toujours plus large que les murs porteurs sous voûtes, avec débords de part et
d’autre du mur ou uniquement du côté du sens de poussée de la voûte.
- La nature du sol sur lequel la fondation repose > la fondation doit reposer sur le bon sol ; la
profondeur du bon sol détermine la profondeur de la fouille.
Par ailleurs, les fondations doivent toujours être protégées de l’eau de surface et de l’humidité.
Dans le cas du concept technique Voûte Nubienne, les systèmes de fondations les plus couramment
employés sont :
- Les semelles filantes en maçonnerie de pierres crues liées au mortier de terre, de ciment ou de
chaux > première solution utilisée par les artisans VN sahéliens ;
- Les semelles filantes en pisé compacté en pleine fouille > solution utilisée en cas d’indisponibilité
des pierres.
- Béton cyclopéen de ciment ou de chaux > moellons ne se touchant pas enchâssés dans un bain de
béton ;
- Béton non armé ou béton armé > solutions très couteuses au regard des volumes importants
nécessaires.
Remarque : Les ambiances chaudes et humides favorisent les invasions de termites. En cas de risque
connu ou présagé, une barrière chimique en fond de fouille et en périphérie des fondations peut être
une bonne solution préventive.
4.1.4 Cas VN courant n°1 : fondations en maçonnerie de pierres crues liées au mortier
Les fondations en maçonnerie de pierres crues liées au mortier sont celles les plus couramment utilisées
par les artisans VN sahéliens. Au Sahel, ces pierres sont généralement dites « sauvages » car ramassées
directement sur le sol, avec des dimensions très variables et utilisées brutes (pas de taille ; concassage
possible).
Les diamètres des pierres sont généralement compris dans le champ 15/30 cm. Des pierres plus petites
pourront servir de cales, alors que de plus grosses sont souvent difficiles à manipuler.
Le principe de cette maçonnerie est que les pierres sont bien assises (pas de pose verticale), calées les
unes par rapport aux autres et bloquées à l’intérieur des fouilles. L’appareillage doit être correct afin
d’éviter autant que faire se peut les superpositions de joints verticaux. Les pierres les plus grosses doivent
être placées prioritairement sur les côtés extérieurs des fondations sous murs porteurs latéraux et dans
les angles, en réponse au poussées obliques exercées par les voûtes.
Le mortier vient simplement combler les vides restant entre maçonnerie ; sa fonction consiste donc
essentiellement à étanchéifier l’ensemble à l’eau et à l’air plutôt qu’à liaisonner.
La progression dans les fouilles se fait par « étages » avec dépôt soigné du premier rang de pierres en
fond de fouilles, coulage du mortier et remplissage des vides, pose soignée du second rang de pierres,
coulage du mortier et remplissage des vides, et répétition de l’opération jusqu’au niveau d’arrase, fini au
mortier avec nivellement.
4.1.4.1 Pierres
Les pierres tendres, demi-fermes, fermes, dures et froides sont toutes propices à la réalisation de ces
ouvrages. Les pierres très tendres sont les seules pierres ne devant à priori pas être utilisées pour la
réalisation de telles fondations.
Le mortier le plus couramment utilisé et le plus accessible est le mortier de terre dont les caractéristiques
sont identiques à celles des mortiers utilisés pour les murs ; mais il est aussi possible d’utiliser un mortier
sable-ciment ou sable-chaux.
Les fondations en pisé sont la principale alternative recommandée en cas d’indisponibilité des pierres.
Elles sont réalisées en pleine fouille en respectant les préconisations techniques propres au pisé, et en
particulier :
- Les mélanges devant être rechercher sont idéalement des mixes de terre argileuse, de sable, et de
gravier selon les proportions 1/1/1 ;
- Le mélange doit être bien homogène, avec un ajout d’eau limité aboutissant à un état humide ; si
le mélange est trop chargé en eau, le taux de compactage sera insuffisant et la fondation ne sera
pas portante ;
- Le mélange est déversé en fond de fouille sur une épaisseur uniforme d’environ 15 cm, puis
compacté manuellement à l’aide de dames ;
- Le compactage est jugé à son maximum selon le son observé, qui doit tendre vers une note
« métallique » ; c’est l’expérience qui permet de reconnaître le bon son ;
- Le processus est répété couche après couche jusqu’à atteindre le niveau d’arrase prévu pour la
fondation.
Remarque : il est préconisé d’installer un film plastique en fond et parois de fouilles avant la mise en
œuvre de la semelle en pisé afin de protéger cette dernière contre l’humidité.
4.2.1 Principes
De façon générale, la base extérieure des murs en terre est une zone très exposée, particulièrement à
l’eau : passage ponctuel, rejaillissement, capillarité, etc.
Plus la pluviométrie est importante et plus les agressions seront potentiellement importantes, justifiant
d’y apporter des réponses techniques protectrices permettant de s’en prémunir. Si un simple enduit
traditionnel en terre offre une protection de base minimum efficace impliquant un entretien régulier,
diverses solutions alternatives offrent une protection plus pérenne et peuvent être préconisées.
Une solution très courante au Sahel consiste en la mise en œuvre de masses d’usure débordantes, souvent
réalisées avec le même matériaux terre que les murs. Ces ouvrages servent parfois d’assise (banc
maçonné).
Une autre solution intéressante et relativement économique consiste en l’utilisation de matériaux peu
sensibles à l’eau sur la partie externe des murs, à leur base, offrant une surface antiérosive satisfaisante
à l’aplomb du mur ou débordante. Les matériaux utilisés pourront être par exemple les briques pleines
de ciment ou les Briques de Latérite Taillées (BLT) courantes au Sahel, mais aussi des ouvrages coulés de
type béton ou béton cyclopéen.
Enfin, une autre solution courante et efficace consiste à traiter la totalité de la base du mur avec des
matériaux peu sensibles à l’eau : briques pleines de ciment ou Briques de Latérite Taillées (BLT) ; ouvrages
coulés de type béton ou béton cyclopéen.
La hauteur des ouvrages formant soubassement doit être déterminée au cas par cas, en tenant compte
de la pluviométrie, de la situation du mur concerné (exposition, gouttières à l’aplomb, etc.) et de la nature
du terrain. Au Sahel, une hauteur équivalente à 1 ou 2 rangs de maçonnerie couvrira la plupart des cas de
figure.
Dans le cas du concept technique Voûte Nubienne, les soubassements, si préconisés, sont partiels ou
complets, et filants. Les plus couramment employés sont :
- Les maçonneries de briques spéciales (briques pleines de ciment ; Briques de Latérite Taillées ;
moellons taillés) en emprise partielle (maçonnerie mixte) ou complète > solution privilégiée par
les artisans VN sahéliens en incapacité de réaliser des coffrages ;
- Le béton cyclopéen de ciment ou de chaux (pierres ne se touchant pas enchâssés dans un bain de
béton) en emprise partielle (maçonnerie mixte) ou complète > solution privilégiée par les artisans
VN sahéliens en capacité de réaliser des coffrages ;
- Maçonneries de pierres crues liées au mortier de terre, de ciment ou de chaux > plus adapté aux
soubassements en emprise complète et de hauteur équivalente au minimum à 2 rangs ;
- Béton non armé ou béton armé > solutions couteuses au regard des volumes importants
nécessaires.
Les soubassements en maçonnerie de briques spéciales sont des ouvrages classiques de maçonnerie de
petits éléments, très similaires aux murs courants utilisés dans le concept technique Voûte Nubienne et
décrits dans ce guide. Les règles d’appareillage en particulier sont identiques.
La principale différence porte sur la nature des matériaux utilisés, qui ne sont plus ici des matériaux en
terre crue :
- Les briques sont dites spéciales, les plus courantes étant 1/ la brique pleine de ciment, avec des
dosages en ciment qui peuvent être légers (150 kg par m3 suffisent) ; 2/ les Briques de Latérite
Taillées (BLT) qui sont couramment utilisées au Burkina Faso par exemple.
- Les mortiers terre sont remplacés par des mortiers de ciment afin de conférer à l’ensemble de
l’ouvrage la stabilité à l’eau requise.
En cas de soubassement mixte, la partie interne des murs est traitée en maçonnerie de briques et mortier
de terre crue, alors que la partie externe est donc traitée en maçonnerie de briques spéciales et mortier
de ciment.
Si le soubassement est complet, c’est la totalité de l’assise qui est traitée en maçonnerie de briques
spéciales et mortier de ciment.
Important : les briques spéciales doivent autant que possible être produites aux mêmes dimensions
que les briques de terre utilisées pour les murs afin que les appareillages « cohabitent » correctement.
Pour les briques de ciment, concevoir un moule spécial ou utiliser le moule des briques de terre ; pour
les BLT, indiquer les dimensions souhaitées aux artisans en charge de l’extraction.
Les soubassements en béton cyclopéen sont des ouvrages coffrés consistant en un enchâssement de
pierres dans un bain de béton. Les pierres ne doivent pas se toucher ; elles sont entièrement enrobées
par le béton.
- Couler le béton sur une épaisseur adaptée à la taille des pierres et à la hauteur du soubassement
à réaliser ; le coulage se fait généralement en plusieurs couches successives ;
- Mettre en place les pierres dans le bain de béton en prenant soin qu’elles ne se touchent pas entre
elle ; l’enrobage doit être au minimum de 3 cm ;
Les diamètres des pierres sélectionnées sont généralement compris dans le champ 10/15 cm. Pour des
soubassements de dimensions courantes, des pierres plus grosses ne seraient pas correctement enrobées.
En cas de soubassement mixte, la partie interne des murs est traitée en maçonnerie de briques et mortier
de terre crue, et est réalisée avant le béton cyclopéen, servant ainsi de coffrage perdu.
4.2.4.1 Pierres
Les pierres tendres, demi-fermes, fermes, dures et froides sont toutes propices à la réalisation de ces
ouvrages. Les seules pierres ne devant à priori pas être utilisées pour la réalisation de telles
soubassements sont donc les pierres très tendres.
Le bain de béton le plus couramment utilisé est un béton de ciment dosé à 250 kg/m3 ; mais il est aussi
possible d’utiliser un béton de chaux.
4.3 MURS
4.3.1 Principes
Les murs employés par le concept technique Voûte Nubienne ont été calibrés pour répondre aux
sollicitations mécaniques que les matériaux et le système constructif employés leur imposent. Ils sont
traités selon les règles de l’art applicables aux maçonneries de petits éléments, notamment en termes de
contrôle des alignements, niveaux et aplombs.
Concept technique Voûte Nubienne – Guide de bonnes pratiques – V1
34
Les murs sont tous réalisés en maçonnerie de briques de terre crue de dimensions courantes hourdées
au mortier de terre crue. Les règles données aux sections « 3.1 Briques et mortiers » et « 3.2 Essais terres
et matériaux transformés » s’appliquent et doivent être consultées.
Dans le cas du concept technique Voûte Nubienne, les murs couramment utilisés sont de deux types :
- Les murs pignon et de refend, qui arrêtent et/ou recoupent les murs porteurs et les voûtes.
- Les murs porteurs font au minimum 60 cm d’épaisseur lorsque la HNV est inférieure ou égal à 175
cm.
- Pour une HNV supérieure à 175 cm, les murs porteurs doivent être portés à 80 cm d’épaisseur
minimum, et des opérations de vérification de la stabilité peuvent s’avérer nécessaires.
Important : plus la HNV est haute et plus les poussées obliques exercées sur les murs sont impactantes.
En cas de doute, il faut toujours soit réduire la HNV, soit épaissir les murs.
Remarque : il est recommandé de déterminer la HNV selon l’assise d’un rang. Cela permet d’éviter des
découpes de briques fastidieuses au regard de l’épaisseur imposante des murs porteurs. Par exemple
pour un rang de 17 cm de hauteur (épaisseur de brique de 14 cm + joint horizontal de 3 cm), on peut
déterminer que la HNV est située sur le rang n°10, ce qui correspond à 170 cm.
- Si la voûte en étage est bordée à rez-de-chaussée par des voûtes adjacentes, les murs porteurs
font au minimum 60 cm d’épaisseur. Dans ce cas de figure, trois voûtes sont construite à rez-de-
chaussée et permettent de monter une voûte en étage à l’aplomb de la voûte centrale du rez-de-
chaussée.
- Si la voûte en étage n’est pas bordée à rez-de-chaussée par des voûtes adjacente, ou n’est bordée
que d’un côté, le ou les murs porteurs externes doivent être portés à 80 cm d’épaisseur minimum,
à minima à rez-de-chaussée.
L’épaisseur des murs pignon et de refend est déterminée par la longueur des briques de terre utilisées, et
au minimum 38 cm.
La hauteur des murs pignon et de refend est déterminée par la hauteur cumulée des « murs porteurs +
voûtes + contreforts de mise en charge des voûtes » auxquels ils s’accrochent.
Concept technique Voûte Nubienne – Guide de bonnes pratiques – V1
35
4.3.2.3 Les murs dits « mixtes »
Afin de permettre une meilleure accroche de certains enduits ou de supprimer tout besoin d’enduit sur
les murs extérieurs, il est possible de réaliser des murs dits « mixtes ». Cela consiste à utiliser dans la partie
extérieure des murs (celle qui est exposée) des briques spéciales : Brique de Banco Surface Cailloux (BBSC
– avec enduits sable-ciment) ; Briques de Latérite Taillé (BLT – sans enduit) ; moellons de pierre taillés ;
etc.
Les briques spéciales utilisées doivent avoir les mêmes dimensions que les briques de terre (à minima la
même épaisseur) et leur pose respecte les règles d’appareillage. Elles sont généralement posées au
mortier de terre comme le reste de l’ouvrage. En fin de construction, les BBSC reçoivent un enduit sable-
ciment et les autres types de briques (briques de latérite taillées, autres pierres, etc.) sont rejointoyées
au mortier de ciment.
Les règles générales d’appareillage utilisées par le concept technique VN sont les suivantes :
- Les dimensions des briques sont déterminées de sorte que : 2 largeurs + 1 joint = 1 longueur ;
- Les briques sont toujours posées soit en panneresse, soit en boutisse, soit en parpaing. La pose en
carreau n’est pas permise ;
- Les appareils sont obtenus en utilisant des modules de briques dits 3/4 et 1/2, en particulier dans
les angles afin de permettre un décalage approprié d’un rang sur l’autre ;
- Le chevauchement des briques d’un rang à l’autre ne doit pas être inférieur à 25 % ni être supérieur
à 75 % de la longueur de la brique ;
- Les joints verticaux ne doivent jamais être alignés d’un rang à l’autre, et une attention particulière
doit être portée aux angles qui sont généralement des parties d’ouvrages particulièrement
sollicités sur le plan structurel ;
- Les joints horizontaux doivent être dans la moyenne de 3 cm d’épaisseur afin de tenir compte de
la possible irrégularité des briques. Cela permet une certaine variation d’épaisseur du joint tout
en évitant que certaines briques ne soient en contact direct d’un rang à l’autre.
Une barrière capillaire permet de bloquer les remontées d’humidité depuis le sol vers les murs en terre
crue, et participe donc du maintien des murs à l’état sec. En général, il s’agira soit d’un film polyane, soit
d’un film bitumineux, soit d’un mortier hydrofuge.
L’installation d’une telle barrière capillaire à la base des murs en terre crue est recommandée en
particulier dans les cas suivants :
Si le mur en terre repose directement sur la fondation, la barrière capillaire est installée sur l’arrase de la
fondation ; si par contre un soubassement s’intercale entre la fondation et le mur en terre, la barrière
capillaire est généralement installée sur l’arrase du soubassement.
Remarque : En milieu sahélien où le climat est particulièrement sec, le recours à une barrière capillaire
n’est pas systématique. En cas de doute, il est toutefois préférable de la prévoir.
4.4 OUVERTURES
4.4.1 Principes
Les ouvertures utilisées par le concept technique Voûte Nubienne sont typiques des ouvertures dans les
maçonneries en terre crue et respectent les règles courantes qui s’y appliquent.
On distingue les ouvertures réalisées dans les murs porteurs – qui reprennent les voûtes chargées et sont
donc très sollicités – des ouvertures réalisées dans les murs pignon et de refend – qui ne « portent qu’eux-
mêmes » et sont donc moins sollicités.
Plus le mur est sollicité et plus il faut être prudent avec les ouvertures, afin d’éviter l’apparition de
pathologies structurelles liées par exemple à des ouvertures trop grandes, ou bien trop rapprochées les
unes-des-autres et/ou des angles.
Dans tous les cas, les appareillages au droit des tableaux de baies doivent être particulièrement soignés.
Quatre règles importantes doivent être respectées pour dimensionner les ouvertures dans un mur
porteur :
- Règle 2 : longueur minimale de mur entre deux ouvertures = longueur de la plus grande ouverture
plus 20 cm
- Règle 4-A : pour les murs extérieurs, respecter un ratio de 1/3 d’ouvertures pour 2/3 de pleins
- Règle 4-B : pour les murs intérieurs, respecter un ratio de 2/5 d’ouvertures pour 3/5 de pleins
Les grandes ouvertures dans les murs porteurs sont possibles mais elles imposent de recourir à des
ouvrages atypiques dont les spécificités ne sont pas traitées par le présent guide. En cas de nécessité de
recourir à de tels ouvrages, les principes suivants sont ici rappelés à titre informatif :
- Les bâtiments VN pèsent très lourd, et l’essentiel des charges est repris par les murs porteurs ;
- Plus les ouvertures sont grandes et/ou nombreuses dans un mur porteur, plus les parties pleines
portantes sont réduites et plus les charges qui s’y appliquent augmentent ;
- Les maçonneries d’adobes du concept technique Voûte Nubienne doivent assurer une résistance à
la compression de l’ordre de 1,5 Mpa. Il est donc possible que dans le cas de grandes ouvertures,
les murs ou piliers maçonnés soient sollicités au-delà de ces valeurs ;
- Concevoir de grandes ouvertures dans les murs porteurs nécessite donc de prendre en compte
ces différents facteurs et de démontrer que l’ouvrage est stable et sûr.
Si de nombreuses options de formes et de dimensionnements sont possibles, les plus courantes sont :
Deux règles doivent être respectées pour dimensionner les ouvertures courantes (jusqu’à 100 cm) dans
un mur pignon ou de refend :
Deux règles doivent être respectées pour dimensionner les grandes ouvertures (jusqu’à 330 cm) dans un
mur pignon ou de refend :
- Règle 1 : au moins 55 cm de plein au droit des angles intérieurs, portant l’ouverture à 220 cm
maximum
- Règle 2 : en cas d’ouverture supérieure à 220 cm, il faut soit avoir des voûtes latérales de part et
d’autre de l’ouverture, soit venir renforcer les angles avec des contreforts maçonnés.
4.4.5.1 Principes
Les appuis d’ouvertures donnant sur l’extérieur sont, de par leur position, des ouvrages particulièrement
exposés aux risques d’érosion. Ils doivent toujours être traités avec grand soin afin d’éviter de possibles
désordres, en particulier ceux liés à l’eau. Ils concernent généralement les fenêtres, mais peuvent aussi
concerner certaines portes, renvoyant à la notion de seuil. Selon les cas, il peut s’avérer utile de les traiter
en matériaux « durs » non sujets à l’érosion.
Il existe de nombreuses options de matériaux et de formes ; les choix sont à faire en fonction des
ressources locales, mais aussi des conditions d’exposition, ou encore de la présence ou non d’une
menuiserie et de la position de cette dernière. On retiendra en particulier les traitements courants
suivants, allant du plus simple au plus complexe :
- 2/ Appuis en briques spéciales (ciment, latérite taillée, pierre, etc.) et joints verticaux traités au
mortier de ciment, protégés par un enduit antiérosif > toutes expositions ; avec ou sans
menuiserie ; tous types de pose des menuiseries ; pente vers l’extérieur, sauf si la menuiserie est
posée au nu extérieur.
- 3/ Appuis en béton non armé de 4/5 cm d’épaisseur, coulé en place avec une légère inclinaison,
encastré de part et d’autre du tableau et protégé par un enduit antiérosif > toutes expositions ;
avec ou sans menuiserie ; tous types de pose des menuiseries ; pente vers l’extérieur, sauf si la
menuiserie est posée au nu extérieur.
- 4/ Appuis en béton armé de 7/8 cm d’épaisseur, coulé en place avec une légère inclinaison, débord
et goutte d’eau côté extérieur, encastré de part et d’autre du tableau ; l’enduit du mur meure en
sous-face de l’appui > toutes expositions ; avec ou sans menuiserie ; si menuiserie, pose
uniquement au nu intérieur ; pente vers l’extérieur.
Les appuis d’ouverture en briques et mortier sont traités selon les règles de l’art applicables aux
maçonneries de petits éléments, notamment en termes de contrôle des alignements, niveaux et aplombs.
Une légère pente doit toujours être prévue ; elle est orientée vers l’extérieur, sauf en cas de menuiserie
posée au nu extérieur.
Si les appuis sont réalisés en maçonnerie de briques de terre crue de dimensions courantes hourdées au
mortier de terre crue. Les règles données aux sections « 3.1 Briques et mortiers » et « 3.2 Essais terres et
matériaux transformés » s’appliquent et doivent être consultées.
Les appuis d’ouvertures en béton coulé en place sont des ouvrages réalisés selon les règles courantes de
mise en œuvre des bétons, en tenant compte du fait que de par leur position et leur rôle ils sont peu
sollicités sur le plan structurel et ne nécessitent donc pas des dosages en ciment élevés.
Ils sont encastrés de part et d’autre du tableau et peuvent ou non être débordants et revêtus.
- 2/ Mise en place du coffrage aux dimensions requises selon les règles de l’art ; ils sont
généralement traités en bois, mais peuvent aussi être traités en acier ;
- 3/ Si le béton est armé : préparation et mise en place du ferraillage (maillage carré ou rectangulaire
en fers à béton de diamètre 8) : utiliser des cales et assurer un enrobage minimum de 3 cm ;
4.5 CÂBLE-COMPAS
4.5.1 Principes
Le câble-compas est le guide mobile utilisé pour accompagner la mise en œuvre de la voûte, mais aussi
celle de la plupart des arcs coiffants les ouvertures dans les murs porteurs. Il permet de façon simple et
dynamique de visualiser le bon positionnement des briques utilisées dans la mise en œuvre de ces
ouvrages maçonnés.
- D’un câble tendu fixé dans les murs pignon ou de refend, à l’axe de la voûte et à la Hauteur de
Naissance de Voûte (HNV) ; son niveau est réglé ;
- De trois cordeaux mobiles enchâssés sur le câble tendu, dont la longueur est égale à la demie
portée de la voûte : pour une voûte de 330 cm, les cordeaux font 165 cm ;
Le câble-compas, avec ses trois cordeaux, permet à trois personnes de travailler en même temps sur une
voûte : deux personnes sur les côtés et une personne au centre.
4.6.1 Principes
Les arcs sont des ouvrages maçonnés qui travaillent principalement en compression et sont autoportants.
De par leur forme, ils transmettent de fortes poussées sur les ouvrages maçonnés qui les reprennent, en
particulier les appuis et les pieds droits. Les règles de dimensionnement des ouvertures dans les murs,
données à la section « 4.4 Ouvertures », tiennent compte de cette particularité.
4.6.2 Coffrage
La première étape de réalisation d’un arc consiste en la conception et la mise en place du coffrage. Ce
dernier est la structure provisoire de forme équivalente à l’intrados de l’arc à bâtir, et servant de support
pendant la mise en œuvre de ce dernier.
Le coffrage peut être réalisé en acier, en bois ou même en briques de terre posées à joints secs ou encore
à l’aide d’un fût de 200 l (très pratique pour des ouvertures de tailles courantes). Il doit être suffisamment
solide pour ne pas subir de déformation pendant la mise en œuvre de l’arc.
Les arcs sont réalisés en maçonnerie de briques d’adobe hourdées au mortier de terre. Les règles données
aux sections « 3.1 Briques et mortiers » et « 3.2 Essais terres et matériaux transformés » s’appliquent et
doivent être consultées.
Les petites briques 25-15-5 sont les plus fréquemment utilisées pour la réalisation des arcs du concept
technique Voûte Nubienne, avec une mise en œuvre en double rouleau (2 rangs). Mais il est aussi possible
d’utiliser des grandes briques avec une mise en œuvre en simple ou en double rouleau (1 ou 2 rangs).
Les arcs sont construits en avançant simultanément depuis les deux extrémités (sommiers de l’arc),
jusqu’à rencontre au centre (clé de l’arc). Chaque brique est légèrement plus inclinée que la précédente,
et la ou les dernières briques sont généralement taillées et rentrées en force.
Les briques se touchent dans l’intrados de l’arc (en bas) et s’écartent dans l’extrados (en haut). Le joint
obtenu dans l’extrados est rempli de mortier et il est recommandé d’y insérer de petits éléments durs
servant de cales (cailloux, morceaux de mortier de ciment, etc.). Ce principe de pose permet de réduire
les risques d’affaissement et de fissuration liés au décoffrage, au séchage et à la mise en charge des arcs.
Pour les arcs plein-cintre et les arcs surbaissés, l’inclinaison des briques est déterminée par le rayon de
l’arc. Il est recommandé d’utiliser un cordeau fixé au cintre pour déterminer le bon angle de pose de
chaque brique.
4.7.1 Principes
Le concept technique Voûte Nubienne utilise les voûtes pour franchir et couvrir les espaces.
La voûte utilisée par le concept technique Voûte Nubienne est une voûte en berceau entièrement mise en
charge, dont l’arc est un plein-cintre légèrement surhaussé en anse-de-panier : la flèche est environ 10
cm plus longue que le rayon du plein-cintre.
Son mode constructif est dit nubien, permettant une mise en œuvre sans coffrage grâce à la combinaison
des facteurs suivants :
Important : la voûte du concept technique Voûte Nubienne n’acquière sa stabilité et sa sûreté qu’après
achèvement des travaux, et en particulier après sa mise en charge complète. Cela signifie que pendant
sa construction, la voûte présente nécessairement certaines fragilités qui sont liées d’une part à sa
forme – car avant la mise charge de la voute la ligne de pression sort de l’arc vers l’intrados – et d’autre
part au taux d’humidité élevé de l’ouvrage durant sa mise en œuvre. Des mesures de précaution doivent
donc être prises pendant la mise en œuvre, et en particulier :
- Se prémunir contre d’éventuelles pluies en prévoyant des bâches de protection qui pourront
être déployées en cas d’évènement pluvieux ; et attendre que les ouvrages sèches
suffisamment avant de poursuivre les travaux, notamment ceux de mise en charge.
- Mettre en charge les voûtes de façon symétrique autant que faire se peut afin de limiter au
mieux les charges déséquilibrantes (voir 4.8 CONTREFORTS).
Les voûtes sont réalisées en maçonnerie de briques d’adobe 25-15-5 hourdées au mortier de terre. Les
règles données aux sections « 3.1 Briques et mortiers » et « 3.2 Essais terres et matériaux transformés »
s’appliquent et doivent être consultées.
D’une assise à l’autre, les briques sont décalées afin de respecter les règles d’appareillage (pas de
superposition de joints).
Le câble-compas est utilisé par le maçon pour l’aider à positionner correctement chaque brique en
maintenant la régularité du tracé de la voûte. Arrivé à peu près aux 2/3 de la hauteur de la voûte, le maçon
Chaque assise de la voûte doit être construite en avançant simultanément depuis les deux côtés, jusqu’à
la rencontre au centre. La dernière brique est généralement taillée et rentrée en force.
Les briques doivent se toucher dans l’intrados de l’arc (en bas) et s’écarter dans l’extrados (en haut). Le
joint obtenu dans l’extrados est rempli de mortier et il est possible d’y insérer de petits éléments durs
servant de cales (cailloux, morceaux de mortier de ciment, etc.).
Le départ de voûte se fait toujours en prenant appui sur un mur pignon ou de refend sur lequel le tracé
de la voûte s’inscrit parfaitement.
La progression de la voûte appelle un contrôle régulier de la part du maçon. Il est recommandé, toutes
les 3 ou 4 assises, de s’éloigner de l’ouvrage afin de l’observer de loin et sous d’autres angles. Cela permet
notamment de vérifier la bonne inclinaison des assises et la bonne horizontalité du sommet.
La fermeture de la voûte se fait à l’opposé du démarrage, avec un mur pignon ou de refend « dans le
dos ». Le manque d’espace et de recul rend le travail moins aisé.
4.8 CONTREFORTS
4.8.1 Principes
Dans le cadre spécifique du concept technique Voûte Nubienne, le terme « contreforts » est employé pour
désigner les ouvrages maçonnés massifs élevés à l’aplomb des murs porteurs et épousant les reins de la
voûte afin de mettre cette dernière en charge et de participer ainsi de la stabilité tant de la voûte que des
murs porteurs.
Sans ces ouvrages, la voûte n’est pas stable ; il est donc obligatoire, d’une part de les réaliser, d’autre part
de les réaliser autant que possible de façon symétrique afin que la mise en charge des reins de la voûte
se fasse aussi uniformément que possible.
Important : la pratique qui consisterait à ne maçonner dans les règles que la partie de contrefort à
l’aplomb du mur porteur qu’elle prolonge et à combler la partie accompagnant la courbe de l’extrados
de la voûte par du tout-venant est proscrite ! Cette pratique a déjà été observée, engendrant des
défauts de mise en charge, des voies d’eau, et donc in fine de graves pathologies.
Dans le cas du concept technique Voûte Nubienne, les contreforts utilisés sont de deux types :
Dans les deux cas, les ouvrages prennent appuis sur les murs porteurs et sont élevés jusqu’à atteindre le
niveau de l’extrados de la voûte. La mise en charge des reins de la voûte est donc complète.
En cas d’étage, la section du contrefort située à l’aplomb du mur porteur sur lequel il repose est prolongée
verticalement à partir du niveau de l’extrados de la voûte de rez-de-chaussée pour former le mur porteur
à l’étage.
Comme pour les murs, les contreforts peuvent être traités en maçonnerie mixte, consistant en l’utilisation,
dans la partie extérieure des murs (celle qui est exposée), de briques spéciales : Brique de Banco Surface
Cailloux (BBSC – avec enduits sable-ciment) ; Briques de Latérite Taillées (BLT – sans enduit) ; moellons de
pierre taillés ; etc.
Les briques spéciales utilisées doivent avoir les mêmes dimensions que les briques de terre (à minima la
même épaisseur). Elles sont généralement posées au mortier de terre comme le reste de l’ouvrage. En fin
de construction, les BBSC reçoivent un enduit sable-ciment et les autres types de briques (Briques de
Latérite Taillées, autres pierres, etc.) sont rejointoyées au mortier de ciment.
Les règles générales d’appareillages des contreforts sont les mêmes que pour les murs :
- Les dimensions des briques sont déterminées de sorte que : 2 largeurs + 1 joint = 1 longueur ;
- Les briques sont toujours posées soit en panneresse, soit en boutisse. La pose en carreau n’est pas
permise ;
- Les appareils sont obtenus en utilisant des modules de briques dits 3/4 et 1/2, en particulier dans
les angles afin de permettre un décalage approprié d’un rang sur l’autre ;
- Les joints horizontaux doivent être dans la moyenne de 3 cm d’épaisseur afin de tenir compte de
la possible irrégularité des briques. Cela permet une certaine variation d’épaisseur du joint tout
en évitant que certaines briques ne soient en contact direct.
- Les contreforts viennent s’accrocher aux murs pignon ou de refend en suivant la courbe externe
de la voûte ; les appareils au droit de ces jonctions massives doivent être traités avec le plus grand
soin.
4.9 TOITURE
4.9.1 Principes
La voûte du concept technique Voûte Nubienne n’est visible que depuis l’intérieur des bâtiments, car elle
est entièrement mise en charge afin d’assurer sa stabilité. À l’extérieur, la toiture est donc de type
« toiture plate à faible pente », pouvant ou non être accessible selon les besoins et usages du bâtiment.
La sous-section « Toiture » rassemble les différents postes techniques concourant à la mise hors d’eau
des toitures du concept technique Voûte Nubienne, présentés selon leur ordre chronologique de mise en
œuvre :
Important : Les toitures, tous types confondus, sont très exposées aux intempéries, tout
particulièrement aux pluies. Leur mise hors d’eau est donc indispensable et doit être traitée avec le plus
grand soin. Les toitures du concept technique Voûte Nubienne n’échappent pas à cette règle, d’autant
plus que les ouvrages structurels qui la soutienne (voûte et contreforts) sont réalisés en terre crue et
sont donc sensibles à l’eau. Dans tous les cas, elles doivent être contrôlées et entretenues
régulièrement.
Remarque : Ce guide propose et décrit en détails une solution complète ayant démontré son efficacité.
D’autres solutions sont possibles, mais elles se situent hors du champ d’application de cette
documentation.
La forme de pente est réalisée en maçonnerie de briques de terre de dimensions courantes hourdées au
mortier de terre. Les règles données aux sections « 3.1 Briques et mortiers » et « 3.2 Essais terres et
matériaux transformés » s’appliquent et doivent être consultées.
La forme de pente est l’ouvrage principal permettant le drainage des eaux de pluie au niveau de la toiture ;
sans une bonne pente, l’eau stagne, s’infiltre et cause des désordres. Elle doit faire au minimum 2 % (2
cm/m), avec une épaisseur minimum de 2 cm en son point le plus bas, au droit des gouttières. Par exemple,
pour une course de 6 m de longueur, la pente fera 2 cm d’épaisseur minimum en son point le plus bas, et
14 cm d’épaisseur minimum en son point le plus haut.
Pour faciliter sa mise en œuvre, il est recommandé de suivre les étapes préparatoires suivantes qui
détermineront les points hauts et bas de la pente et permettront de guider son tracé :
- Monter un muret maçonné en haut de pente, de hauteur adaptée à la pente (par exemple 1 rang
pour une course ≤ 7 m, mais 2 rangs pour une course > 7 m) ; son emprise équivaut à l’emprise du
futur muret d’acrotère ou de la future balustrade ;
- Monter les amorces de murets maçonnés latéraux qui serviront de butées latérales lors de la mise
en œuvre de la pente ;
- Mettre en œuvre la forme de pente maçonnée à l’aide de guides (par exemple des cordeaux lestés)
en s’assurant qu’elle soit bien régulière et sans dépression.
Attention : Pour les toitures de grandes dimensions couvrant plusieurs voûtes et/ou de grande
longueur, il est recommandé de diviser la toiture, et donc les pentes, en plusieurs surfaces séparées par
des murets maçonnés, facilitant ainsi le bon traitement des pentes et les articulations entre elles.
4.9.3 Gouttières
Les gouttières doivent permettre une parfaite évacuation des eaux de pluie depuis la toiture. Elles doivent
donc être particulièrement soignées, en tenant compte des spécificités suivantes :
- Privilégier les formes plates plutôt que rondes, et les larges sections afin de faciliter les raccords
d’étanchéité et de réduire les risques d’obturation ;
- Les gouttières doivent être solidement scellées avec une pente minimum de 2 % (2 cm/m) ; elles
doivent résister à l’arrachement en cas de vent violent ;
- Le débord des gouttières par rapport à la façade doit être de 45 cm minimums ; un débord
supérieur est possible, notamment en cas d’orientation défavorable (face au vent) ou d’étage ;
- Les bas de murs à l’aplomb des gouttières, y compris le sol, doivent être protégés correctement,
contrôlés et entretenus régulièrement.
Ces deux postes sont généralement réalisés en même temps, la couche de terre permettant de fixer la
bâche plastique au fur et à mesure de sa pose ; à terme la bâche est protégée du rayonnement solaire.
Le terme bâche plastique embrasse une grande diversité de produits, sachant qu’il s’agira souvent au
Sahel de rouleaux de film polyane noir disponible à-peu-près partout. Il faut toutefois privilégier les
produits de bonne épaisseur, de bonne résistance et suffisamment larges pour faciliter la pose qui se fait
généralement par bandes successives.
La pose des bandes commence toujours par le bas de pente, au droit des gouttières, puis progresse vers
le haut de pente. Chaque nouvelle bande recouvre la précédente d’au moins 20 cm. La pose doit se faire
avec soin afin d’éviter tout percement de la bâche.
La couche de mortier de terre est appliquée progressivement, en recouvrement des bandes plastiques au
fur et à mesure de leur pose jusqu’à recouvrement complet de la toiture, à l’exception de réservations
périphériques de 20 à 30 cm de largeur qui recevront les maçonneries des murets d’acrotères ou des
balustrades.
L’épaisseur de la couche de mortier de terre fait 6 à 8 cm et son application se fait à l’état mou. Pour les
caractéristiques du mortier, voir les sections « 3.1 Briques et mortiers » et « 3.2 Essais terres et matériaux
transformés ».
Les murets d’acrotère sont des ouvrages de faibles hauteur adaptés aux toitures inaccessibles, alors que
les balustrades sont hautes (100/110 cm) et permettent la sécurisation des toitures accessibles.
Dans un cas comme dans l’autre, ces ouvrages contribuent grandement à la durabilité des toitures et des
murs en assurant la transition entre eux (passage de la verticalité à l’horizontalité) et en participant de la
bonne gestion des facteurs érosifs (eau de pluie, vent).
4.9.6 Finitions
De façon non exhaustive, on retiendra les grandes catégories suivantes de revêtements possibles :
- Les enduits « traditionnels » à base de terre, qui peuvent être appliqués à l’état plastique, ou à
l’état humide en cas de compactage ;
- Les enduits stabilisés au bitume, qui offrent une bonne tenue dans le temps et sont bien maîtrisés
par les artisans VN ;
- Les enduits stabilisés à la chaux, qui offrent aussi une bonne tenue dans le temps ; mais la chaux
est rarement disponible au Sahel et ses méthodes d’application sont souvent mal maîtrisées.
4.10.1 Principes
Les acrotères et balustrades sont des ouvrages essentiels du concept technique Voûte Nubienne (voir 4.9.5
Murets d’acrotères et balustrades) qui, de par leur position, sont particulièrement exposés aux risques
d’érosion. Selon la nature des matériaux qui les constituent, il peut s’avérer utile de les agrémenter
d’ouvrages rapportés de protection qui prennent généralement la forme de couronnements traités en
matériaux « durs » moins sujets à l’érosion. Il existe de très nombreuses options de matériaux et de
formes, les choix opérants généralement en fonction des ressources locales. Deux catégories se
dégagent :
- Les ouvrages coulés en place : presque toujours des bandeaux en béton armé > plus complexes à
mettre en œuvre (coffrage indispensable) mais plus résistant ; solutions moins économiques.
Dans un cas comme dans l’autre, les ouvrages peuvent être soit débordant de part et d’autre de la
maçonnerie coiffée – auquel cas les enduits viennent mourir en sous face des débords –, soit à l’aplomb
de la maçonnerie coiffée – auquel les enduits les recouvrent.
Une légère pente orientée vers la toiture doit toujours être prévue afin d’assurer le drainage, et en cas de
débords, une goutte d’eau est intégrée en sous-face côté façade à minima.
Le couronnement en dallettes préfabriquées en béton de ciment est une solution simple et économique
développée par AVN. Elle permet une protection efficace des murets d’acrotère et balustrades réalisées
en briques de terre.
- 1/ Production du moule métallique en tubes carrés creux soudés aux dimensions données à la
fiche technique ;
- 3/ Production des dallettes au sol, sur une surface lisse et propre ; adapter la quantité en fonction
des longueurs d’ouvrages à couvrir ; laisser sécher avant utilisation ;
- 4/ Préparation du support : creuser la partie supérieure des joints verticaux pour accueillir le
mortier de pose ; nettoyer ;
- 7/ Mise en place des cordeaux, arrosage du support et pose des dallettes de remplissage.
Le couronnement en béton armé coffré est un ouvrage réalisé selon les règles courantes de mise en œuvre
des bétons, en tenant compte du fait que de par sa position et son rôle il n’est que peu solliciter sur le
plan structurel et ne nécessite donc pas de prévoir des dosages en ciment élevés.
- 2/ Mise en place du coffrage aux dimensions requises selon les règles de l’art ; ils sont
généralement traités en bois, mais peuvent aussi être en acier ;
4.11 ESCALIERS
Les règles normatives de conception, dimensionnement et exécution des escaliers s’appliquent aux
escaliers utilisés par le concept technique Voûte Nubienne ; il faut donc se référer à la documentation
technique en vigueur et en particulier :
4.11.2 Spécificités VN
Dans le cas spécifique du concept technique Voûte Nubienne tous les types d’escaliers sont possibles à
priori, mais les plus courants et ceux décrits dans ce guide sont les escaliers massifs en maçonnerie de
brique et mortier de terre crue, qui peuvent être construits tant en extérieur qu’en intérieur. Dans ce
second cas, plus complexe, il faut porter une attention particulière aux espaces réservés nécessaires à
rez-de-chaussée et à l’étage, ainsi qu’aux arrêts de voûtes nécessaires permettant de former la trémie et
de laisser passer l’escalier.
Notions de dimensionnements :
Notions de conception :
- Vu le volume massif des escaliers maçonnés, réaliser des réservations de type niches couvertes
avec des arcs permet des économies de matériaux non négligeables tout en générant des volumes
exploitables : rangements, assise, passages, etc. ;
- Les marches sont particulièrement exposées à l’érosion. Pour limiter leur dégradation, il est
recommandé de les traiter soit dans la masse avec des matériaux durs (briques de ciment ou de
pierre, béton coulé, etc.), soit avec de simples revêtements durs (chape carrelée par exemple).
Notions d’exécution :
- Il est fréquent que les escaliers extérieurs soient adjacents avec un seul mur de bâtiment ; dans ce
cas, si l’escalier est construit en même temps que le bâtiment, les maçonneries du mur et de
l’escalier sont appareillées ensemble ; par contre si l’escalier est construit à postériori, des
ancrages doivent être réalisés afin d’assurer un appareillage à minima.
4.12.1 Règles
Les règles de dimensionnements et de mise œuvre d’un étage ne diffèrent pratiquement pas de celles
données pour le rez-de-chaussée. Il faut donc se référer à tous les paragraphes précédents, à l’exclusion
des fondations et soubassements qui sont absents en étage, en tenant compte des règles spécifiques
données ci-après.
Les murs d’un étage doivent toujours s’appuyer sur les murs d’un rez-de-chaussée, en respectant les
typologies de murs : un mur porteur prolonge un mur porteur / un mur pignon ou de refend prolonge un
mur pignon ou de refend.
Pour le cas des cloisons lourdes en étage, elles doivent toujours s’appuyer sur un mur de refend à rez-de-
chaussée. Ledit mur de refend peut accueillir un grand arc si besoin.
L’étage doit être repris à rez-de-chaussée par des voûtes adjacentes. En cas d’impossibilité, le ou les murs
porteurs du rez-de-chaussée sont épaissis jusqu’à 80 cm minimum.
Les règles de dimensionnement des ouvertures fixées à la section « 4.4 OUVERTURES » s’appliquent. Il est
recommandé de superposer les ouvertures de l’étage à celles du rez-de-chaussée.
Un bâtiment VN existant peut être agrandit de trois principales façons, consistant toujours en un ajout de
nouvelles pièces.
Ces ajouts sont des opérations lourdes et délicates qui doivent être réalisées avec soin et prudence par
des ouvriers ayant l’expérience de ce type de travail.
4.13.1 Cas n°1 : ajout d’une voûte dans le prolongement ou perpendiculairement à une voûte
existante
La nouvelle voûte construite prend ici entièrement appui sur de nouveaux murs porteurs et semelles de
fondations. Le mur partagé avec le bâtiment existant ne lui sert donc jamais de porteur direct, mais
uniquement d’accroche d’un ou de plusieurs angles.
- La nouvelle maçonnerie doit toujours reprendre les mêmes appareillages que dans l’existant, en
utilisant les mêmes dimensions de briques et de joints permettant de produire les mêmes types
de rangs et d’assurer de bons alignements.
- Il est recommandé d’utiliser la même Hauteur de Naissance de Voûte que dans l’existant afin de
faciliter les raccords de toiture.
- Les raccords de toiture doivent être bien réfléchis et traités avec le plus grand soin. Selon les cas,
un simple raccord donnera satisfaction, ou bien ce sont toutes les couches de finitions de la toiture
existante (depuis la forme de pente) qui devront être reprises de concert avec la nouvelle toiture.
Important : en cas de risque ou de complexité jugés trop élevés (manque d’expérience du maçon ;
toitures difficiles à raccorder correctement ; etc.), il est recommandé de construire une nouvelle
structure complète et totalement indépendante de l’existant, depuis les fondations. La nouvelle
maçonnerie venant s’appuyer sur l’existant forme alors un double mur. Dans ce cas, il est important de
traiter avec soin l’étanchéité du joint de séparation dans sa partie haute afin d’empêcher toute
infiltration.
4.13.2 Cas n°2 : ajout d’une voûte adjacente à une voûte existante
La nouvelle voûte construite partage ici un mur porteur avec la voûte existante. De nombreuses
réservations permettent les ancrages des angles, l’appui linéaire de la voûte, et les ancrages du contrefort
central étendu. Il s’agit donc d’une opération lourde !
- La nouvelle maçonnerie doit toujours reprendre les mêmes appareillages que dans l’existant, en
utilisant les mêmes dimensions de briques et de joints permettant de produire les mêmes types
de rangs et d’assurer de bons alignements.
- Les nouveaux murs pignons, et éventuels refends, doivent correctement s’accrocher à l’existant.
Les règles d’appareillage s’appliquent et imposent de creuser des réservations dans l’existant 1
rang sur 2 afin de garantir un bon ancrage. Attention, car cette opération est susceptible de
fragiliser l’existant ! Si besoin prévoir des renforts provisoires.
- La Hauteur de Naissance de Voûte de l’extension doit être identique à celle de l’existant. Il faut la
repérer sur le mur porteur partagé, et démonter partiellement le contrefort existant en escalier.
Cela permettra l’élargissement du contrefort après achèvement de la nouvelle voûte.
- S’il existe dans le mur porteur partagé des ouvertures de types niche, fenêtre ou porte, elles
doivent être bien repérées à l’avance et les voutains doivent être mis en évidence. Une fois cette
opération réalisée, les voutains doivent être partiellement démontés puis élargis afin qu’ils
épousent la courbe de la nouvelle voûte.
- Après achèvement des voûtains, creuser le mur porteur partagé dans sa longueur à Hauteur de
Naissance de Voûte sur une vingtaine de centimètres de profondeur et une quarantaine de
centimètres de hauteur afin de créer l’assise de la nouvelle voûte.
- Les raccords de toiture doivent être bien réfléchis et traités avec le plus grand soin. Selon les cas,
un simple raccord donnera satisfaction, ou bien ce sont toutes les couches de finitions de la toiture
existante (depuis la forme de pente) qui devront être reprises de concert avec la nouvelle toiture.
Important : en cas de risque ou de complexité jugés trop élevés (manque d’expérience du maçon ;
toitures difficiles à raccorder correctement ; etc.), il est recommandé de construire une nouvelle
structure complète et totalement indépendante de l’existant, depuis les fondations. La nouvelle
maçonnerie venant s’appuyer sur l’existant forme alors un double mur. Dans ce cas, il est important de
traiter avec soin l’étanchéité du joint de séparation dans sa partie haute afin d’empêcher toute
infiltration.
La nouvelle voûte construite se pose ici sur une voûte existante située à rez-de-chaussée. Pour connaître
les règles de construction d’un étage, voir la section « 4.12 CONSTRUIRE UN ÉTAGE ».
• La seconde étape consiste à déposer toutes les couches de finition de la toiture existante, jusqu’à
retrouver la dernière assise des contreforts de mise en charge de la ou des voûtes du rez-de-
chaussée. Cette dernière assise doit elle aussi être déposée, dans la limite de l’emprise des
nouveaux murs à élever.
• La même opération est réalisée pour les murs pignons, les murs de refend et les cloisons lourdes
le cas échéant.
• Une fois les décaissements réalisés, les assises doivent être correctement nivelées et les élévations
peuvent débuter.
• Les ouvrages de toiture doivent être correctement repris et raccordés afin de rétablir les bonnes
conditions de drainage et d’étanchéité.
Important : en cas de risque ou de complexité jugés trop élevés (manque d’expérience du maçon ; rez-
de-chaussée jugés peu sûr ; etc.), il est recommandé de ne pas s’engager dans la construction d’un
étage.
Les règles normatives relatives aux travaux de menuiserie des bâtiments s’appliquent au concept
technique Voûte Nubienne ; il faut donc se référer à la documentation technique en vigueur, et en
particulier :
5.1.2 Spécificités VN
5.1.2.1 Fixations
Les menuiseries sont des ouvrages souvent mobiles : ouverture/fermeture ; elles exercent donc des
contraintes sur les murs auxquels elles sont fixées. Il faut d’autant plus tenir compte de ce facteur que les
maçonneries en briques de terre crue sont tendres et donc relativement fragiles. Un traitement inadapté
des fixations est susceptible d’entrainer des désordres, en particulier des problèmes de fissures et de
descellements.
• La fixation par scellement : utiliser des cadres fixes en acier avec des pattes de scellement
surdimensionnées pénétrant profondément dans les murs, et scellées au mortier de ciment ou au
béton, avec une mise en tension pendant le durcissement du béton à l’aide de fil de fer.
• La fixation par vissage : insérer des blocs spéciaux en béton léger pendant la construction des murs
au droit des baies en vue de la fixation des cadres fixes par vissage.
Remarque : les fenêtres fixes en acier avec persiennes inclinables offrent l’avantage d’exercer peu de
contraintes sur les murs. Cette solution est assez simple à mettre en œuvre tout en étant bien maîtrisée
par les artisans locaux.
Les menuiseries extérieures doivent être mises hors d’eau, en prêtant particulièrement attention aux
systèmes de joints et/ou de drainage, aux raccords entre les cadres fixes et les enduits et entre les cadres
fixes et les appuis. Il n’y a toutefois pas là de spécificité VN particulière.
Ce type de pose assure une bonne solution de protection des tableaux et des appuis car ils ne sont pas
exposés aux intempéries.
Ce type de pose permet principalement de réduire l’exposition solaire des menuiseries, en profitant de
l’épaisseur des murs. Il faut dans ce cas porter une attention particulière à la protection des tableaux et
des appuis qui se retrouvent très exposés aux pluies pour les baies exposées.
5.2.1 Principes
Sont regroupés sous cette catégories les ouvrages de petite maçonnerie suivants :
• Les cloisons
• Les étagères des niches
Ils sont traités selon les règles de l’art applicables aux maçonneries de petits éléments, notamment en
termes de contrôle des alignements, niveaux et aplombs.
Lorsqu’ils sont réalisés en maçonnerie de briques et mortier de terre crue, les règles données aux sections
« 3.1 Briques et mortiers » et « 3.2 Essais terres et matériaux transformés » s’appliquent et doivent être
consultées.
5.2.2 Cloisons
Dans le cas du concept technique Voûte Nubienne, les cloisons sont généralement de deux types :
- Les cloisons lourdes > les plus courantes sont celles réalisées en briques et mortier de terre crue ;
- Les cloisons légères > qui peuvent être obligatoires aux étages lorsqu’elles ne sont pas reprises par
un mur à l’aplomb à rez-de-chaussée.
Les cloisons lourdes sont assimilables à des murs. Les matériaux lourds fréquemment utilisés au Sahel
sont la brique de terre crue, la brique pleine ou creuse de ciment et la Brique de Latérite Taillée.
- En l’étage : elles sont obligatoirement élevées sur l’arrase d’un mur de refend présent à rez-de-
chaussée ;
- Elles sont généralement solidaires (appareillage) des murs avec lesquels elles sont en contact, sans
toutefois que cela ne soit une obligation ;
- Elles viennent « mourir » sous les voûtes ; elles sont donc toujours indépendantes des voûtes, et
il est recommandé de laisser un vide de quelques centimètres entre les deux tiers supérieurs de la
voûte et la cloison afin d’éviter de possibles désordres liés à des tassements différentiels.
Remarque : la mise en œuvre des cloisons lourdes peut intervenir aussi bien en phase de gros-œuvre
qu’en phase de second-œuvre.
Les matériaux légers fréquemment utilisés au Sahel sont la brique de terre crue allégée posée sur tranche
et la brique creuse de ciment de petite largeur (10 cm maximum).
- Elles viennent « mourir » sous les voûtes ; elles sont donc toujours indépendantes des voûtes, et
il est recommandé de laisser un vide de quelques centimètres entre les deux tiers supérieurs de la
voûte et la cloison afin d’éviter de possibles désordres liés à des tassements différentiels ;
- Elles sont généralement mises en œuvre sur un dallage de sol avec lequel elles sont donc
solidaires ; des renforts de dallage peuvent-être prévus si besoin au niveau de la zone d’appui ;
L’épaisseur importante des murs porteurs offre la possibilité de réaliser des niches qui deviennent autant
d’opportunités d’économie de matériaux et de rangements intégrés. Dans ce second cas, le recoupement
du volume des niches par des étagères s’avère souvent utile et/ou nécessaire.
Deux méthodes simples et économiques de réaliser des étagères maçonnées sont présentées ici :
Remarque : dans un cas comme dans l’autre, des revêtements de finition peuvent venir en complément ;
par exemple du carrelage.
Remarque : il est aussi possible de réaliser des étagères non maçonnées, par exemple en bois ou en
acier. Dans ce cas, il est recommandé d’éviter les encastrements et de prévoir des pièces de type
supports, fixées aux tableaux par vissage, en prêtant attention à la qualité des scellements.
5.3 ÉLECTRICITÉ
Les règles normatives relatives aux travaux d’électricité des bâtiments s’appliquent au CT VN ; il faut donc
se référer à la documentation technique en vigueur, et en particulier :
5.3.2 Spécificités VN
Il est possible et conseillé d’éviter les saignées dans les voûtes ; pour cela, il faut faire passer les gaines
par l’extrados de la voûte avant sa mise en charge.
Les maçonneries en briques de terre crue sont tendres. Il faut en tenir compte lors de la fixation des
appareils électriques, en particulier des prises de courant qui sont soumises à arrachement : les
scellements doivent être robustes.
5.4 PLOMBERIE
Les règles normatives relatives aux travaux de plomberie des bâtiments s’appliquent au CT VN ; il faut
donc se référer à la documentation technique en vigueur et en particulier :
- NF EN 806-1 806-2 et 806-3 Spécifications techniques relatives aux installations d'eau destinée à
la consommation humaine à l'intérieur des bâtiments
- DTU 60.1 Plomberie sanitaire pour bâtiments
5.4.2 Spécificités VN
L'encastrement des conduites d'eau dans les murs en briques de terre crue n'est pas recommandé en
raison des risques de fuites. Lorsque c’est possible, privilégier les installations en apparent.
En cas d’encastrement ou de traversée de maçonnerie, la prudence est de mise et les principes suivants
doivent être respectés :
• Les raccords à l’intérieur des murs doivent se limiter aux cas indispensables, et être traités avec le
plus grand soin ;
Les maçonneries en briques de terre crue sont très tendres. Il faut en tenir compte lors de la fixation des
appareils sanitaires, en particulier les appareils suspendus de type cumulus (chauffe-eau) qui pèsent très
lourd : les scellements doivent être robustes.
5.5.1 Principes
De très nombreux traitements de planchers sont possibles, tous devant toujours respecter les deux grands
principes suivants :
- Préparation soignée du support : selon les besoins, nivelage, remblayage, compactage, etc. afin
de conférer au support les caractéristiques de portance requises et d’éviter les affaissements.
- Désolidarisation entre sol et murs : le sol doit être indépendant des murs car l’un et l’autre ne
travaillent pas de la même façon. L’arrêt peut être traité de différentes façons, par exemple avec
de la mousse ou du carton.
Remarque : selon les cas, l’installation d’une barrière capillaire sous le plancher peut être nécessaire.
Remarque : dans le cas des étages, si un dallage en béton est réalisé, la pose d’un film polyane est
obligatoire avant le coulage du béton.
- Les enduits
- Les badigeons et peintures
- Les revêtements de type carrelage
Selon leur nature et leur position, les revêtements répondent aux principaux besoins suivants :
6.1 ENDUITS
Voir notamment :
- « Règles professionnelles : Enduits sur supports composés de terre crue – 63 fiches d’exemples de
mise en œuvre », Éditions du Moniteur 2013
- NZS (New Zealand Standard) 4398:2020 : Materials and construction for earth buildings / section
8 : Surface coatings
- NF DTU 26.1 Travaux de bâtiment - Travaux d'enduits de mortiers
- « Argiles et biopolymères, les stabilisant naturels pour la construction en terre », CRAterre
éditions 2017, ISBN 978-2-906901-88-9, (lien de téléchargement : https://amaco.org/wp-
content/uploads/2020/04/recettes-traditionnelles170105-web-md.pdf)
- « Traité de construction en terre », CRAterre 2006, éditions Parenthèses, ISBN 978-2-86364-161-
3 / section « 4. Stabilisation » et section « 12. Protection de surface »
À l’extérieur, l’application d’un enduit sur les murs et sur la toiture est obligatoire ; ce dernier protège la
maçonnerie contre l’eau en particulier, et plus largement contre l’érosion, et est donc garant de sa
durabilité.
À l’intérieur, l’application d’un enduit est très courante mais n’est obligatoire que dans les pièces humides.
Dans les pièces sèches, la principale fonction des enduits est décorative.
Dans le cas du concept technique Voûte Nubienne, on distingue quatre (4) supports maçonnés, chacun
impliquant des règles d’enduisage spécifiques :
Il est communément admis que les enduits appliqués sur des supports en terre crue doivent se
caractériser, notamment, par un bon niveau de perméabilité à la vapeur d’eau. En d’autres termes, il est
recommandé d’éviter d’utiliser des enduits imperméables à la vapeur d’eau, en particulier les enduits
sable-ciment, qui de-par leur nature auront tendance à enfermer dans le support l’humidité qu’il pourrait
contenir, et ainsi entrainer des pathologies liées à l’eau. Toutefois, il est important de rappeler que ces
recommandations fondées doivent être nuancées en tenant compte des facteurs suivant :
- Facteur n°1 : considérer les caractéristiques climatiques > plus le climat est humide et la
pluviométrie importante, plus les enduits doivent être perspirants / plus le climat est sec et la
pluviométrie faible, plus la perspirance des enduits peut être réduite si nécessaire.
- Facteur n°2 : mitiger le manque de perspirance d’un enduit > lorsqu’un enduit est peu perspirant,
toujours prévoir une bonne barrière capillaire à la base des supports en terre crue et assurer une
bonne ventilation des pièces, en particulier des pièces humides.
Barrière capillaire et
bonne ventilation
obligatoires
Il est attendu d’un enduit qu’il adhère correctement à son support. Cette caractéristique peut être vérifier
par des essais de résistance au cisaillement tels que décrits aux règles professionnelles « Enduits sur
supports composés de terre crue ».
De façon générale, un mur en terre crue est sujet à de légères variations dimensionnelles en fonction de
la variation du taux d’humidité ambiante. Les enduits souples sont donc à privilégier car ils seront plus en
capacité d’accompagner les variations du support sans fissuration ni décollement.
Lorsque ces caractéristiques ne peuvent pas être assurée – comme par exemple lors de l’emploi d’un
enduit sable-ciment qui en plus d’être raide aura tendance à mal adhérer au support en terre crue – des
adaptations sont nécessaires. La plus connue et courante au Sahel consiste en la fixation d’une maille
grillagée sur le support avant application de l’enduit : la maille empêche l’enduit de fissurer, tout en le
maintenant bien accroché au support. Une autre alternative consiste à insérer des morceaux de matériaux
durs dans le support, par exemple des cailloux, qui offriront une bonne surface d’accroche à l’enduit.
Quelle que soit la nature d’un enduit, certaines conditions d’application communes doivent être
respectées :
- En extérieur, limiter l’exposition solaire directe au moment de la pose et aussi longtemps que
possible après la pose ; par exemple pour une façade orientée Est et donc exposée au soleil plutôt
le matin, appliquer l’enduit l’après-midi afin de bénéficier de l’ombre de l’après-midi et de
l’obscurité de la nuit ;
- En extérieur, éviter d’appliquer un enduit par temps de grosse chaleur et/ou de grand vent ; si
l’attente n’est pas possible, augmenter la fréquence d’arrosage de l’enduit après son application,
en particulier pour les enduits à base de liants hydrauliques ;
- En extérieur comme en intérieur, s’assurer que les maçonneries supports ont suffisamment eu le
temps de sécher avant d’appliquer l’enduit ;
- En extérieur comme en intérieur, bien préparer les supports : reboucher ou gratter si besoin,
brosser/dépoussiérer ; bien mouiller juste avant l’application de l’enduit.
Un enduit doit correctement durcir et sécher après son application, ce processus nécessitant certains
gestes qui varieront selon la nature de l’enduit, en particulier l’arrosage régulier.
Les enduits terre ne doivent pas être trop arrosés après leur application ; par contre les enduits à base de
liants hydrauliques doivent être régulièrement et généreusement arrosés après leur application afin de
ralentir leur séchage et de réduire les phénomènes de fissuration.
Quelle que soit leur nature, les enduits doivent être inspectés chaque année, en particulier après la saison
des pluies. Si un enduit extérieur est endommagé, il doit être réparé sans faute au plus tard avant la
prochaine saison des pluies. Le maintien de la fonction de protection des supports, en extérieur tout
particulièrement, est indispensable à la bonne durée de vie des bâtiments VN.
Au Sahel, l’immense majorité des architectures vernaculaires étaient réalisées en terre crue et utilisaient
des enduits terre, tant en revêtement intérieur qu’extérieur. Ces pratiques traditionnelles perdurent
jusqu’à aujourd’hui sur l’ensemble de la bande sahélienne, en particulier dans les milieux paysans.
Les enduits terre sont perméables à la vapeur d’eau et particulièrement bien adaptés aux supports en
terre crue. Ils sont également très adaptés aux réalités socio-économiques paysannes, offrant notamment
la possibilité de traitements familiaux et/ou communautaires saisonniers à moindre coût. Ils restent donc
une solution technique pertinente et nécessaire qu’il ne faut en aucun cas déprécier, mais bien au
contraire encourager.
Attention : les enduits terre ne répondent toutefois plus toujours efficacement à certaines contraintes
contemporaines imposant une réduction drastique de la fréquence des opérations d’entretien,
notamment et particulièrement dans certains milieux urbains confrontés à des difficultés
d’approvisionnement, ou avec certaines constructions communautaires/publiques sujettes à des
lacunes en termes de gestion de l’entretien. Dans de tels cas, des alternatives techniques doivent être
recherchées et privilégiées.
Dans le cas du concept technique Voûte Nubienne, on distingue trois catégories d’enduits terre en fonction
du support d’application :
Désignation Traitement
Enduits terre sur murs Pas de recette spécifique, mais quelques principes récurrents :
extérieurs
- Se renseigner sur les éventuelles recettes traditionnelles locales ;
- Application en 1 ou 2 couches.
Enduits terre sur murs et Pas de recette spécifique, mais quelques principes récurrents :
voûtes intérieurs
- Se renseigner sur les éventuelles recettes traditionnelles locales ;
- Application en 1 ou 2 couches.
6.1.6.1 Principes
Les enduits stabilisés au bitume sont généralement utilisés en extérieur. Ils peuvent être appliqués sur les
murs et sur la toiture.
La perspirance d’un enduit terre stabilisée au bitume est mauvaise ; il est donc recommandé de prévoir
une barrière capillaire à la base des murs en terre crue et d’assurer une bonne ventilation des pièces.
Par contre les enduits terre stabilisée au bitume sont souples et adhèrent bien aux supports en terre crue.
La méthode de stabilisation préconisée ici est celle du cut-back, consistant en une fluidification du bitume
par mélange à un solvant volatile : pétrole, gasoil, etc.
Remarque : les quantités données aux tableaux des fiches techniques ont valeur informative. Elles
doivent être ajustées au cas par cas.
- Préparation du mélange :
1/ Préparation du cut-back : au Sahel, le bitume se trouve plus fréquemment sous la forme de pains
solides. Il faut donc commencer par liquéfier le bitume en le chauffant ; sont ensuite ajoutés d’une part
le solvant (pétrole ou gasoil) et d’autre part l’huile morte.
2/ Préparation du mortier minéral : en parallèle, le mélange terre-sable pour les murs ou terre-sable-
gravier pour les toitures est préparé pour former un mortier minéral bien homogène, de consistance
plastique.
4/ Utilisation du mortier stabilisé : le mortier stabilisé peut être utilisé immédiatement ou conservé sous
bâche pour une utilisation jusqu’à 24h après sa production.
2/ Appliquer l’enduit sur le mur en 1 couche d’environ 20 mm d’épaisseur, depuis le haut vers le bas du
mur. Chaque façade est traitée en une fois.
3/ L’enduit doit être serré à la taloche puis passé à l’éponge afin d’obtenir une surface régulière et lisse.
4/ Si besoin pendant le séchage, remouiller l’enduit et resserrer à la taloche pour refermer les fissures
superficielles.
2/ Appliquer sur l’ensemble de la toiture ou sur la partie traitée (cas des grandes toitures) des repères de
mortier à intervalles réguliers de 4/5 cm d’épaisseur.
3/ Appliquer la couche de mortier de 4/5 cm d’épaisseur entre les repères et serrer l’enduit à la taloche.
4/ Traiter avec beaucoup d’attention les raccords au niveau des gouttières : l’enduit doit mourir sur la
gouttière.
5/ Traiter avec beaucoup d’attention les remontées d’acrotères ou de balustrades : l’enduit doit remonter
verticalement sur quelques centimètres en formant une courbe (pas d’arrête rentrante !).
4/ Si besoin pendant le séchage, remouiller l’enduit et resserrer à la taloche pour refermer les fissures
superficielles.
6.1.7.1 Principes
Les enduits sable-ciment sont utilisés en extérieur et en intérieur, mais toujours exclusivement sur les
murs. L’application sur les voûtes et sur les toitures est donc proscrite.
Les enduits sable-ciment sont raides et adhèrent mal aux supports en terre crue ; il peut donc s’avérer
nécessaire de prévoir des systèmes d’accroche, en particulier pour les applications en extérieur.
Remarque : les quantités données aux tableaux des fiches techniques ont valeur informative. Elles
doivent être ajustées au cas par cas.
- Option n°1 : application sur une façade en Briques de Banco Surface Cailloux (BBSC)
1/ Préparation du support : respecter les règles communes données à la section « 6.1.4.3 Conditions
d’application ». Les cailloux incrustés dans les briques doivent être bien visibles.
2/ Application des trois couches successives d’enduit – gobetis, charge, finition – en respectant la règle
du dosage dégressif de la 1ère à la 3ème couche. Bien mouiller le support juste avant l’application de chaque
couche.
3/ La couche de finition peut être traitée à la tyrolienne teintée dans la masse, ou talochée avant de
recevoir une peinture.
Remarque : le support incrusté de cailloux est irrégulier. Le rattrapage des irrégularités implique que
l’enduit complet soit assez épais par endroits ; de l’ordre de 30 mm.
1/ Préparation du support : respecter les règles communes données à la section « 6.1.4.3 Conditions
d’application ».
2/ Fixation de la maille grillagée au support à l’aide de longs clous à tête plate espacés d’environ 15 cm
les uns-des-autres ; préférer les mailles et les clous galvanisés ; incliner légèrement les clous têtes vers le
haut ; la maille ne doit pas être en contact direct avec le support (si besoin utiliser des petites cales) afin
de permettre son enrobage dans la 1ère couche d’enduit.
4/ La couche de finition peut être traitée à la tyrolienne teintée dans la masse, ou talochée avant de
recevoir une peinture.
Remarque : la maille grillagée est un bon moyen de réduire les risques de fissuration liés à la raideur
des enduits sable-ciment.
Concept technique Voûte Nubienne – Guide de bonnes pratiques – V1
72
6.1.7.3 Mise en œuvre en intérieur
Remarque : les quantités données aux tableaux des fiches techniques ont valeur informative. Elles
doivent être ajustées au cas par cas.
En intérieur, les conditions d’application sont moins contraignantes qu’en extérieur car les enduits ne sont
généralement pas exposés au soleil direct ni au vent. Les enduits sable-ciment, s’ils sont correctement
mis en œuvre, accrochent donc plutôt bien au support et ne nécessitent donc pas de systématiquement
recourir à une maille grillagée.
1/ Préparation du support : respecter les règles communes données à la section « 6.1.4.3 Conditions
d’application ».
2/ Application des trois couches successives d’enduit – gobetis, charge, finition – en respectant la règle
du dosage dégressif de la 1ère à la 3ème couche. Bien mouiller le support juste avant l’application de chaque
couche. La couche de finition n’est pas une obligation.
Les autres types d’enduits présentés ici le sont à titre informatif. Si le contexte d’un projet donné devait
s’avérer favorable à leur utilisation, des recherches documentaires devraient être menées au préalable.
Liste non exhaustive.
- Les enduits à base de plâtre utilisés en intérieur > bon niveau de perspirance ; sensibilité à l’eau ;
bonne capacité d’accroche aux supports terre crue.
- Les enduits à base de chaux utilisés en extérieur et en intérieur > bon niveau de perspirance ;
bonne tenue à l’eau ; bonne capacité d’accroche aux supports terre crue.
- Les enduit à base d’un mélange ciment-chaux utilisés en extérieur et en intérieur > bon niveau de
perspirance à partir d’un ratio ciment-chaux minimum de 5:1 ; bonne tenue à l’eau ; mauvaise
capacité d’accroche aux supports terre crue.
Voir notamment :
- NF DTU 59.1 Travaux de bâtiment - Revêtements de peinture en feuille mince, semi-épais, ou épais
- « Traité de construction en terre », CRAterre 2006, éditions Parenthèses, ISBN 978-2-86364-161-3
/ section « 12. Protection de surface »
Important : il est recommandé que les travaux de badigeons et de peintures soient réalisés par un
peintre !
La principale règle à respecter est la bonne préparation du support avant l’application du badigeon ou de
la peinture :
Les badigeons de chaux utilisés comme finition intérieure sont assez courants au Sahel et bien adaptés
aux supports en terre crue, particulièrement aux enduits à base de terre. Ils sont perméables à la vapeur
d’eau.
Ils sont généralement réalisés avec de la chaux mélangée à de l’eau, à raison d’1 volume de chaux pour 2
à 3 volumes d’eau. Du sel peut être ajouté à la préparation pour faciliter la carbonatation de la chaux et
pour un effet répulsif contre les termites. L’application se fait en 2 à 3 couches.
6.2.4 Peintures
Les peintures industrielles sont d’usage très courant au Sahel. Selon leurs natures, elles peuvent être plus
ou moins adaptées comme finition sur les enduits courants du concept technique Voûte Nubienne, en
intérieur comme en extérieur.
Les peintures acryliques à l’eau sont les plus accessibles et courantes au Sahel. Elles donnent de bons
résultats tant sur les supports en terre crue que sur les supports en ciment. Elles sont indiquées en
intérieur comme en extérieur.
Les peintures à l’huile ne sont pas indiquées sur les supports en terre ; mais sur des enduits ciment elles
peuvent convenir. Il est toutefois recommandé de privilégier les peintures à l’eau.
Les règles normatives relatives aux travaux de pose de carrelage s’appliquent au concept technique VN ;
il faut donc se référer à la documentation technique en vigueur et en particulier :
Il existe par ailleurs de très nombreuses normes relatives aux caractéristiques des carrelages, permettant
de définir les types d’usages auxquels ils sont destinés. À chacun de se renseigner en la matière, le présent
guide n’ayant pas vocation à éclairer ce sujet.
6.3.2 Spécificités VN
Important : les travaux de pose de carrelage doivent être réalisés par un carreleur !
Remarque : pour rappel, une bonne ventilation des pièces humides est indispensable.
4 Qualité du blocage des pierres dans les fouilles et les unes par rapport aux
autres.
5 Taux de compactage.
5 Qualité du coffrage.
7.1.4 Ouvertures
2 Respect des règles pour les ouvertures dans les murs porteurs extérieurs.
3 Respect des règles pour les ouvertures dans les murs pignon et de refend.
9 Qualité de la pente.
10 Lissage de la pente.
Mise en place des bandes de bâche plastique : 1ère bande en bas de pente ; la
bande suivante recouvre la bande précédente ; le plastique ne déborde pas
sur le mur ; le plastique n’est pas percé.
5 Pose des dallettes : traitement des angles ; goutte d’eau côté façade ; pente
côté toiture ; alignement ; nivellement ; scellement et remplissage des joints.
3 Traçage de l’escalier
2 Vérifier que la cloison est correctement appareillée aux murs avec lesquels
elle est en contact.
7.1.17 Plomberie
4 En cas d’enduit peu perspirant, s’assurer qu’une barrière capillaire a bien été
installée à la base des murs et que les pièces sont bien ventilées.
7.1.21 Carrelages
© La Voûte Nubienne
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