Cours Financements Agents Eco v2
Cours Financements Agents Eco v2
Cours Financements Agents Eco v2
INTRODUCTION
Tous les jours, les entreprises produisent des richesses matérielles (biens) et immatérielles
(services). Mais cette production a elle-même un coût. Comment alors, les entreprises font-elles
pour produire avant même d’avoir vendu leurs productions ? D’où leur vient leurs réserves de
capital ? Et qu’en est-il d’ailleurs pour les ménages ? Comment font-ils lorsqu’ils ont une
importante dépense à faire ? Comment enfin, l’État gère-t-il son budget. Toutes ces questions
peuvent en réalité se ramener à une seule : comment les agents économiques se financent-ils ?
Pour y répondre, on commencera par revenir les différents agents économiques concernés, en
montrant que certains acteurs sont en besoin de financement quand d’autres sont en capacité
de financer. Puis on étudiera le mécanisme général à l’origine du financement de l’économie,
modélisé sous la forme du marché des fonds prêtables. Enfin, on se penchera sur trois acteurs
centraux : les ménages, les entreprises et l’État.
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I. Besoin d’argent et capacité à en prêter
Le financement de l’économie peut se résumer à deux catégories : les besoins en financement
et les capacités de financement. Pour rendre ce point concret, prenons l’exemple d’un pâtissier.
Ainsi, le financement de l’économie regroupe les opérations par lesquelles des agents en
besoins de financement obtiennent des ressources économiques par des agents en capacité
de financement. Mais comment s’opère cette transaction ?
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le temps de remboursement est élevé et plus le risque est important, plus le prix du prêt (ou taux
d’intérêt) est élevé.
Puisqu’il existe une pluralité d’agents emprunteurs et demandeurs, les économistes ont établi un
modèle simplifié du financement des agents économiques : le marché des fonds prêtables.
Ce marché des fonds prêtables modélise la rencontre entre prêteurs et agents en besoin de
financement. Comme pour tout modèle de ce type, le marché des fonds prêtables repose sur un
certain nombre de suppositions. On peut les rappeler brièvement :
Une fois ces conditions réunies on imagine donc un marché dans lequel se rencontre l’offre et la
demande en prêts : c’est le marché des fonds prêtables. En voici une représentation graphique.
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Comme on peut le constater, ce marché mime alors le fonctionnement d’un marché concurrentiel
de n’importe quel produit. Seulement ici, c’est l’argent le produit. Pour un certain taux d’intérêt
donné (noté i*), offreurs et demandeurs se mettent d’accord pour une certaine quantité de monnaie
prêtée en milliards d’euros (notée Qfp*). Ainsi sur ce marché, plus le taux d’intérêt est élevé et plus
l’offreur sera prêt à fournir une grande quantité de monnaie, mais moins les demandeurs seront
prêts à souscrire à un prêt. A l’inverse, si le taux d’intérêt est faible, cela signifie que le l’emprunt
est peu couteux. La demande de prêt va donc croitre et l’offre diminuer.
Prenons un exemple : pour un emprunt de 1000€ à 8% sur un an, le demandeur devra rembourser
1080€. Les 80€ sont donc la rémunération de l’offreur de capitaux. En revanche, si le taux est
de 3%, alors plus de demandeurs voudront faire un prêt. Mais l’offreur lui, ne recevra plus que 30€.
D’un point de vue global, le taux d’intérêt détermine le montant de capitaux mis à
disposition. Il détermine ainsi quels projets seront financés et lesquels ne le seront pas. Mais
venons-en à présent au financement d’un agent en particulier, les ménages.
En économie, un ménage désigne l’ensemble des occupants d’un même logement, sans
qu’il y ait nécessairement de lien de parenté entre eux. D’ailleurs, un ménage peut être
composé d’une seule personne. S’agissant des ressources économiques du ménage, on parle de
revenus disponibles pour désigner le revenu à sa disposition pour épargner (mettre de l’argent
de côté) ou consommer (dépenser son argent).
Une fois toutes les dépenses effectuées, la somme restante constitue l’épargne du ménage. Deux
options s’offrent alors à lui. Il peut soit conserver cet argent en ouvrant un compte épargne ou
bien en achetant des actifs financiers. On parle alors d’épargne financière. Mais il peut aussi
utiliser cet argent pour acquérir des biens immobiliers et investir dans la location de logements
par exemple ? On parle alors d’épargne non financière.
Capacité de financement des ménages = revenu disponible – dépense de consommation – épargne non financière.
Ainsi, un ménage dégage une capacité de financement sous deux conditions. Il faut d’abord qu’il
puisse dégager une épargne positive, c’est-à-dire qu’il ne dépense pas tout son revenu
disponible. Il faut ensuite qu’il n’affecte pas toute son épargne active à l’achat de biens
immobiliers. Passons à présent au financement des entreprises.
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IV. Le financement des entreprises
Une entreprise produit de la richesse en vendant ses biens et/ou services. Mais pour produire
ceux-ci, elle doit aussi détruire d’autres richesses. Reprenons l’exemple de notre pâtissier. Pour faire
ses gâteaux, le pâtissier utilise du lait, du sucre, de la farine et pleins d’autres ingrédients. Il utilise
aussi de la main d’œuvre et des machines. Pour que l’entreprise soit rentable, il faut que la
richesse produite excède la richesse détruite. La différence entre les deux lors d’un cycle
d’exploitation (généralement d’un an) est appelé excédent brut d’exploitation (EBE). En
simplifiant, on peut dire que ce dernier correspondant au chiffre d’affaires auquel on soustrait
les consommations intermédiaires et les salaires.
EBE = CA – CI – Salaires
Si l’EBE est positif, alors l’entreprise peut s’autofinancer. C’est ce que nous allons voir dans
le point suivant.
4.2 L’auto-financement
Il est important de noter que l’EBE ne correspond pas aux bénéficies de l’entreprise. En effet,
celle-ci doit encore rémunérer ses prêteurs en capitaux et payer ses impôts sur les bénéfices. Pour
établir le bénéfice de l’entreprise, on fait donc la formule suivante :
Les propriétaires de l’entreprise ont alors deux choix. Première option, ils décident de récupérer
ce bénéfice sous forme monétaire. Il se distribue alors cet argent sous forme de dividendes.
Deuxième option, ils décident de ne pas distribuer ces bénéfices aux propriétaires, mais de les
placer dans les fonds de l’entreprise. Ils augmentent alors les ressources économiques de
l’entreprise, et ces nouvelles ressources peuvent servir à investir. On parle alors d’auto-
financement.
L’auto-financement permet de limiter le recours à des acteurs économiques extérieurs comme les
banques ou les marchés financiers. Il signe de fait une forme d’indépendance économique pour
l’entreprise et ses dirigeants s’en trouvent donc plus libres. Toutefois, il est très rare que les
entreprises, notamment au début de leurs vies, parviennent à s’auto-financer. Il est donc très
courant qu’elles recourent à des financements extérieurs.
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4.3 Le financement externe
L’entreprise a alors trois manières de se financer via l’extérieur. On va détailler chacune d’elle à
présent.
A/ Les actions
Sur le plan pratique, pour procéder à un financement externe direct par actions, le propriétaire
de l’entreprise émet des actions, c’est-à-dire qu’il met en vente des parts de entreprises.
Chaque agent qui en achète devient alors propriétaire de l’entreprise à proportion des parts achetés.
Les fonds récoltés viennent dès lors constituer de nouvelles ressources pour l’entreprise et
permettent l’investissement. Les richesses produites par l’entreprise viendront ensuite rémunérer
ces fonds sous forme de dividendes (comme vu précédemment).
Mais l’entreprise disposent de deux autres options pour se financer de manière externe. Toutefois,
dans ces deux cas, elle s’endette. C’est ce que nous allons voir à présent.
B/ Les obligations
Reprenons l’exemple de notre pâtissier. Ce dernier peut décider d’émettre un titre d’obligation pour
financer l’achat d’un nouveau four et d’une nouvelle vitrine. Un prêteur met alors à sa disposition
100 000€. Un contrat est signé entre eux qui stipule que la totalité de la somme doit être remboursée
en 5 ans et qu’un intérêt de 3% doit être payé chaque année. Ainsi, le pâtissier versera au prêteur
3000€ chaque année, et remboursera les 100 000€ à la fin de la cinquième année.
Pour les entreprises, l’obligation peut être une option intéressante car elle permet de se financer
sans passer par les banques. Cela permet un financement à moindre coût et avec moins de
contraintes.
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Mais il reste une dernière option, celle de demander l’octroi d’un crédit à une banque.
C/ L’emprunt bancaire
Comme on la déjà vue dans le chapitre sur la monnaie, une entreprise peut aussi se financer via un
prêt bancaire. C’est là le moyen le plus utilisé par les petites et moyennes entreprises, car seules
les grandes entreprises ont accès aux marchés obligataires.
Sur le contrat de crédit signé entre l’entreprise et l’organisme bancaire il est précisé la somme
accordée, l’objet du financement (à quoi va servir l’argent), le taux d’intérêt, les assurances et frais
bancaires ; le calendrier des échéances de remboursement et enfin diverses garantis visant à
protéger la banquer en cas de non-remboursement.
Après avoir étudié le financement des ménages et des entreprises, il nous reste à porter notre regard
sur un dernier acteur important : l’État.
Contrairement aux autres agents étudiés précédemment, l’État est un acteur public et non privé.
Or les administrations publiques ont bien entendu des besoins de financement.
La majorité des recettes de l’État sont des recettes fiscales. Ces prélèvements obligatoires
prennent la forme d’impôts ou de cotisations sociales (TVA, charges patronales). S’y ajoutent
des productions marchandes issues des administrations publiques comme la vente d’armes, des
revues de la propriété ou des contraventions (amendes).
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5.3 Budget déficitaire et recours à l’emprunt
En France, depuis 1974, le solde budgétaire de l’État est déficitaire. Cela signifie que ses
dépenses sont plus importantes que ses recettes. Il y a donc un fort besoin de financement chez
l’agent étatique. L’État remprunte selon deux modalités : l’émission d’obligation et les emprunts
bancaires. Revenons sur chacun d’eux.
L’Agence France Trésor est l’organisme chargé dans notre pays de gérer la dette de l’État. Ce
service est rattaché au ministère de l’Économie et des Finances. Les obligations émises par l’État
sont un contrat d’après lequel un agent en capacité de financement (ménage, entreprise, compagnie
d’assurance ou un autre État) prête un certain montant à l’État français. Ce contrat prévoit le
montant du prêt, sa durée, le taux d’intérêt et les conditions de remboursement. D’un autre côté,
comme tout agent, l’État peut aussi contracter un emprunt bancaire. Mais l’État joue plus
globalement un rôle central dans l’économie. C’est ce que nous allons voir notre prochain et dernier
point.
L’État est en effet est des acteurs majeurs du fonctionnement de l’économie. A travers ses
politiques économiques il tente d’exercer une influence sur l’activité économique. S’il veut
relancer l’activité, il peut augmenter les dépenses publiques, par exemple en augmentant les
allocations familiales, afin d’augmentation la propension marginale à consommer des ménages
les plus pauvres et ainsi augmenter la consommation globale. On parle alors de relance par la
demande.
L’État peut aussi relancer l’activité des entreprises en démarrant de grands projets
d’infrastructures, comme la construction d’une autoroute. Il devient alors le client des entreprises
de construction. Pour répondre à cette demande étatique, les entreprises devront probablement
embaucher, ce qui permettra de relancer l’activité et de réduire le chômage. Les entreprises devront
aussi sans doute investir et acheter de nouvelles machines. Un cercle vertueux de croissance peut
alors apparaître : l’augmentation de la demande vient soutenir l’activité qui a son tour
soutien la demande.
Mais l’État peut aussi intervenir directement en distribuant des revenus ciblés aux ménages
(prime de rentrée par exemple) ou en diminuant certains impôts. Dans les deux cas, l’idée est
d’augmenter le pouvoir d’achat des ménages et donc de relancer l’activité. Toutefois, ce
mécanisme se heurte à plusieurs contraintes. D’abord, le consommateur peut très bien employer
la somme octroyée pour acheter des biens à l’étranger. Dans ce cas, il s’agit d’une perte sèche pour
l’État et non d’une relance de sa propre économie. Or c’est très souvent le cas, étant donné la forte
mondialisation de beaucoup de produits de consommations centraux aujourd’hui (smartphones,
vêtements, véhicules notamment).
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En outre, le financement de cette relance nécessite souvent un endettement préalable de l’État,
ce qui peut créer un effet néfaste sur l’économie. En effet, via son emprunt, l’État capte une
partie des fonds des agents en capacité de financement. Les ménages et les entreprises ont
donc accès à moins de fonds. Dans ce cas, la dépense publique vient réduire la dépense privée.
Souvent, l’État est préféré aux entreprises par les prêteurs car sa durée de vie est considérée comme
infinie. L’État finira toujours par rembourser, tôt ou tard. Cette bifurcation des prêteurs du privé
vers le public est appelée « effet d’éviction ». Puisqu’il y a moins de fonds disponibles pour les
investissements privés alors le taux d’intérêt augmente, et cela peut réduire l’activité.
Conclusion
Ce chapitre nous a permis de rentrer dans les arcanes du financement de l’économie. On a
compris d’abord que celui-ci consistait fondamentale en deux opérations : le besoin et la capacité
de financement. On a compris ensuite que l’on pouvait modéliser cette situation sous la forme du
marché des fonds prêtables. Puis, on a jeté notre regard sur trois agents économiques centraux : les
ménages, les entreprises et l’État. Pour les premiers, on a compris que leurs revenus se partageaient
entre consommation et épargne, et que cette dernière pouvait être financière ou immobilière. Du
côté des entreprises, on a compris qu’il existait quatre manières pour elles de se financer :
l’autofinancement, le marché des actions, le marché des obligations ou les crédits bancaires. Enfin,
du côté de l’État, on a compris que les effets des politiques de dépenses publiques pouvaient être
contrastés, allant de la relance par la demande à l’effet d’éviction.
Objectifs d’apprentissage
• Comprendre que le taux d’intérêt – à la fois la rémunération du prêteur et le coût du crédit pour
l’emprunteur – est le prix sur le marché des fonds prêtables.
• Savoir que le revenu disponible des ménages se répartit entre consommation et épargne et qu’ils
peuvent dégager des besoins ou des capacités de financement.
• Savoir ce qu’est l’excédent brut d’exploitation et comprendre que les entreprises se financent par
autofinancement et financement externe (emprunts bancaires et recours au marché financier, en
particulier actions et obligations).
• Savoir que le solde budgétaire résulte de la différence entre les recettes (fiscales et non fiscales) et
les dépenses de l’État ; comprendre que le déficit budgétaire est financé par l’emprunt et savoir
qu’une politique de dépenses publiques peut avoir des effets contradictoires sur l’activité (relance
de la demande / effet d’éviction).