109 Isaie 44

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ISAÏE 44, 1-5 : BENEDICTION D’ISRAËL

1. Et maintenant, écoute, JACOB MON SERVITEUR,


ISRAËL que j’ai choisi.
2. Ainsi parle le Seigneur qui t’a fait,
qui t’a modelé dès le sein maternel, qui t’a secouru.

« SOIS SANS CRAINTE, JACOB, MON SERVITEUR,


YESHURUN que j’ai choisi (mon élu).
3. Car je vais répandre l’eau sur l’assoiffé,
et des ruisseaux sur la desséchée.
Je répandrai mon esprit sur ta race
et ma bénédiction sur tes rejetons.
4. Ils GERMERONT comme l’herbe parmi les eaux,
comme les saules au bord de cours d’eau. »

5. Celui-ci dira : « Je suis au Seigneur »,


et cet autre se réclamera du nom de JACOB.
Celui-là écrira sur sa main : « Au Seigneur »
et on lui donnera le nom D’ISRAËL.

1. INTRODUCTION
o Le contexte historique a été suffisamment décrit dans les exposés précédents,
et je ne reviendrai pas dessus. Rappelons-nous seulement qu’il s’agit du Livre
de la Consolation d’Isaïe qui a été écrit durant l’Exil à Babylone. Un texte qui
appelle à la confiance, comme de nombreux passages du Livre de la
consolation ; et où l’on a une intervention créatrice de Dieu.
2. THEMES PRINCIPAUX
ÉCOUTE
o On trouve au début de ce texte le thème de l’écoute, qui est cher au Dt, qui est
cher au Judaïsme. Cf. Shema, Dt 6, 4 : « Ecoute, Israël : Le Seigneur notre Dieu
est le seul Seigneur… »
LE SERVITEUR
o Voici qu’apparaît ici le thème du serviteur, qui revient plusieurs fois dans le Livre
de la consolation d’Isaïe. Au ch. 42 se trouve le 1er chant du Serviteur.
o Le serviteur désigne ici non pas une personne mais le peuple d’Israël dans son
ensemble, chacun des membres de ce peuple. « Plus qu’une relation de maître
à esclave, cette notion de "serviteur" implique une relation de confiance et
d’amour » (Bible de Jérusalem, p. 1132 note i). Depuis que le peuple a été
libéré de la servitude en Égypte, il est entré dans la dépendance du Seigneur,
mais aussi dans son intimité, dans une relation d’amitié.
QUE J’AI CHOISI : L’ELECTION
Deux fois dans notre texte : insistance
o Le thème du serviteur est lié à celui de l’élection, du peuple choisi par Dieu
pour être témoin devant les autres nations : Il y a un passage du livre de la
consolation d’Isaïe qui exprime bien cela : Is 43, 10-12 : « C’est vous qui êtes
mes témoins, oracle du Seigneur, vous êtes le serviteur que je me suis choisi,
afin que vous sachiez, que vous compreniez que c’est moi : avant moi aucun
Dieu n’a été formé et après moi il n’y en aura pas. »
o L’élection, le choix particulier de Dieu est une donnée biblique fondamentale :
VTB 337 : « Sans l’élection, il est impossible de rien comprendre au dessein et à
la volonté de Dieu sur l’homme. »
o L’élection, c’est le choix particulier et privilégié par Dieu d’un peuple (Israël),
parmi tous les peuples de la terre. Et au sein de ce peuple, le choix particulier et
privilégié de personnes, qu’il met à part pour une mission. Il s’agit d’une
« initiative délibérée et souveraine de Yahweh. » (VTB 337)
o La notion d’élection est inséparable de celle de l’Alliance : Ce peuple que
Dieu a choisi entre tous les peuples de la terre, il va faire alliance avec lui.
« L’élection pose entre Dieu et son peuple une relation intime : "Vous êtes des
fils" » (VTB 340)
o Le but de l’élection n’est pas d’exclure les autres nations qui n’ont pas été
choisis. Dieu choisit un jour un peuple comme témoin, pour étendre par la suite
cette bénédiction à toute la terre. Témoins, cf. v. 8.
o La vocation d’Abraham, qui est le point de départ de cette élection, est
l’exemple le plus éclairant : Gn 12, 1-3 : « Le Seigneur dit à Abram : Quitte ton
pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai. Je
ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je te magnifierai. Sois une
bénédiction ! Je bénirai ceux qui te béniront, je réprouverai ceux qui te
maudiront. Par toi seront bénis tous les clans de la terre. »
o La notion d’élection, de peuple choisi, est fréquente dans le 2ème Isaïe. « Au
cœur de cette œuvre, Dieu fait apparaître le personnage mystérieux auquel il ne
donne pas d’autre nom que "Mon Serviteur" (42, 1 ; 49, 3 ; 52, 13) et "Mon Élu"
(42, 1) » (VTB 342)
o VTB 343 : « Au point de départ de l’Église, comme à celui d’Israël, il y a
l’élection de Dieu »: Au début de son ministère, Jésus « gravit la montagne et
appelle à lui ceux qu’il voulait, et il en institua 12 pour être ses compagnons et
pour les envoyer prêcher, avec pouvoir de chasser les démons. » (Mc 3, 13-14)
o Selon la 1ère lettre de St Pierre, les chrétiens sont « une race élu, un sacerdoce
royal, une nation sainte, un peuple choisi, pour proclamer les louanges de celui
qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. » (1 Pi 2, 9)
QUI T’A FAIT, QUI T’A MODELE DES LE SEIN MATERNEL
O Ici, c’est d’abord la création du Peuple de Dieu qui est visée. Au cours de
l’histoire, Dieu a façonné, modelé son peuple, l’a fait naître et grandir. Mais ce
passage peut s’appliquer aussi, dans un sens second, à chacun d’entre nous.
O // Is 43, 1 : « Ainsi parle le Seigneur, celui qui t’a créé, Jacob, qui t’a modelé,
Israël. Ne crains pas, car je t’ai racheté ».
O Certains textes présentent Dieu comme le potier qui nous façonne à partir de
l’argile : Is 64, 7 : « Seigneur, tu es notre Père, nous sommes l’argile, tu es
notre potier, nous sommes tous l’œuvre de tes mains. » Le deuxième récit de la
création de l’homme dans la Genèse va dans ce même sens : Gn, 2, 7 : « Alors
Dieu façonna l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une
haleine de vie et l’homme devint un être vivant. »
O L’image du Dieu créateur est amenée pour renvoyer à celle du Dieu recréateur.
Le Dieu créateur est aussi le Dieu recréateur qui ne peut laisser sa création
abîmée, et qui a le pouvoir de la restaurer. D’ailleurs, dans la pensée biblique,
« la totalité des choses et des événements est création de Dieu » (Cahier
d'Evangile 20 p. 38). Ce n’est pas un Dieu qui, comme un horloger, aurait lancé
sa création une fois pour toutes, mais qui continue cette création tout au long de
l’histoire humaine.

O La notion de Dieu créateur ne se réfère pas seulement à la création du monde


décrite dans le livre de la Genèse : Elle se réfère aussi à l’action de Dieu dans
l’histoire de son peuple. Is 43, 1 : « Ainsi parle le Seigneur, celui qui t’a créé,
Jacob, qui t’a modelé, Israël. Ne crains pas, car je t’ai racheté ». Ici, c’est la
création du Peuple de Dieu qui est visée. Is 64, 7 : « Seigneur, tu es notre Père,
nous sommes l’argile, tu es notre potier, nous sommes tous l’œuvre de tes
mains »
O Pour la pensée biblique, créer c’est faire de quelque chose de radicalement
neuf, comme Dieu seul peut le faire ; en particulier lorsque la situation est
humainement inextricable. La naissance du Peuple de Dieu, avec la sortie
d’Égypte et le passage de la Mer Rouge est un acte créateur. Les actes par
lesquels Dieu sauve son Peuple, par lesquels il fait revivre son Peuple ou le
rétablit dans son Alliance sont aussi des actes créateurs.
O Il y a donc la création originelle, la création historique d’Israël, la création
rédemptrice, et Dieu qui continue sans cesse de créer.
QUI T’A SECOURU
o // V. 6 Ton Rédempteur
o // Is 41, 13 : C’est Moi qui te viens en aide v. 14 : idem
o v. 17 : Je les exaucerai, je ne les abandonnerai pas
o Le fait que Dieu sauve est répété 22 fois dans le 2ème Isaïe.
o Pour sauver, il rachète, réconforte, console, rassemble, délivre, affranchit. Il est
le Berger qui conduit son troupeau, le Roi juste ; il a la sollicitude d’une mère
pour ses enfants (Is 49, 15), d’un époux pour son épouse (Is 54)
YESHURUN : TOB : « LE REDRESSE, LE REHABILITE »
o C’est un nom poétique d’Israël dont le sens est incertain, qui a en arrière fond
une idée de droiture. On pourrait le traduire comme la TOB par le Redressé, le
Réhabilité. Ce titre veut exprimer la nouvelle droiture que Dieu donne à Israël.
SOIS SANS CRAINTE
o On dit que l’expression se trouve 365 fois dans la Bible, une pour chaque jour.
En tous cas, elle est fréquente dans le Livre de la Consolation. (3 fois au début
du ch. 43) Et elle se trouve 2 fois dans notre texte.
o Mais le verbe craindre est un terme ambigu : il faut distinguer la crainte de la
peur :
o Devant la transcendance de Dieu, devant des manifestations grandioses de sa
puissance, l’être humain est saisi par le sentiment d’une présence qui le
dépasse incommensurablement, et peut éprouver une impression de fragilité, de
petitesse. Ce sentiment peut être ambigu. Il peut mêler la peur à une juste
crainte.
o Selon la Parole de Dieu, la sagesse commence avec la crainte du Seigneur ; la
crainte du Seigneur est la somme de toute la sagesse, est une source de vie
(Ps 110, 10 ; Pr 1, 7 ; 9, 10 ; Sir 1, 11-40.16). Ce que l’on peut appeler la
crainte révérencielle est une attitude religieuse fondamentale en face de Dieu :
c’est une attitude qui allie à la fois la reconnaissance de la transcendance de
Dieu, le respect, l’adoration, mais aussi la confiance et l’amour. Donc, crainte et
amour se recoupe, bien qu’ils ne s’équivalent pas.
o // Is 11, 2 : le Messie, rameau sortant de la souche de Jessé : « Sur lui reposera
l’Esprit de crainte du Seigneur »
o Autre chose est la peur, soit face à la présence de Dieu, soit face à des
cataclysmes. Dieu. La peur est un sentiment moins pur qui met une distance
entre Dieu et l’homme. Il est certes légitime d’éprouver un sentiment de peur
face à des catastrophes naturelles, mais cela ne doit pas entamer la confiance
en Dieu.
o Il est vrai que dans ce texte, ce n’est pas de la crainte de Dieu dont il est parlé,
mais de la crainte de l’ennemi, crainte des événements. Mais c’est quand même la
confiance en Dieu qui est en cause. Il faut donc entendre cette parole d’Isaïe dans
ce sens : N’aie pas peur, ne perd pas confiance en moi, ne perd pas l’espoir.
o Dt 1, 29-31 : « Je vous dis : Ne tremblez pas, n’ayez pas peur d’eux. Le
Seigneur Dieu qui marche à votre tête combattra pour vous, tout comme vous
l’avez vu faire en Égypte. Tu l’as vu aussi au désert : Le Seigneur ton Dieu te
soutenait comme un homme soutient son fils, tout au long de la route que vous
avez suivie jusqu’ici »
L’ASSOIFFE, LA DESSECHEE
o Le premier terme utilisé « s’applique ordinairement aux hommes. » Le second
« désigne souvent la terre, mais peut aussi désigner une personne. L’alternance
du masculin et du féminin suggère que tous les membres du peuple de Dieu
dépérissent. » (BIBLE OSTY, p. 840)
o Le fait que les expressions s’appliquent aux êtres humains les rend d’autant plus
parlantes pour nous : ce sont nos lieux assoiffés, nos terrains desséchés que le
Seigneur veut venir irriguer.
JE VAIS REPANDRE MON ESPRIT ET MA BENEDICTION
o Rappelons qu’en hébreu, esprit, ruhah, signifie à la fois souffle, vent, respiration,
esprit de l’homme et esprit de Dieu. L’Esprit de Dieu ne désigne pas dans l’AT
une personne, mais plutôt une force divine transformant des personnalités
humaines.
o Is 11, 1-2 : Annonce de la venue du Messie : « Sur lui reposera l’Esprit du
Seigneur, esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit
de connaissance et de crainte du Seigneur. »
o 1er Chant du serviteur : Is 42, 1 : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon
élu en qui mon âme se complaît. J’ai mis sur lui mon esprit. »
o Is 61, 1 : que le Christ s’appropriera au début de son ministère : « L’Esprit du
Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, il m’a envoyé porter
la Bonne nouvelle aux pauvres… »
o On voit dans que le don de l’esprit est une caractéristique des temps
messianique. Il est normalement attribué au Messie. Ici, il est appliqué à
l’ensemble du peuple.
o De même en Is 32, 15 : « …jusqu’à se répande sur nous l’Esprit d’en haut, et
que le désert devienne un verger… »
Et aussi en Ez 36-37 : « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous
un esprit nouveau, j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai
un cœur de chair. Je mettrai mon esprit en vous et je ferai que vous marchiez
selon mes lois. » (36, 26-27)
o De même Ez 37 : « Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez… » (37, 14)
o Ce don de l’esprit est comme une création nouvelle. Seul le don de l’Esprit
créateur et sanctificateur peut renouveler la création, peut renouveler l’être
humain en profondeur, le refaçonner à l’image et à la ressemblance de Dieu.
o Dans ce texte, il est dit que le Seigneur va répandre son esprit sur son peuple
comme la pluie est répandue sur la terre. Et cette pluie va faire germer une
descendance à Israël.
ILS GERMERONT
o La notion de germination est souvent liée à celle de Messie. Le germe d’Israël
exprime soit le Messie, soit le petit reste duquel naîtra un peuple nouveau.
Jésus reprendra l’image de la germination pour exprimer le Royaume de Dieu.
o Is 43, 18 : « Ne vous souvenez plus des événements anciens, ne pensez plus
aux choses passées, voici que je vais faire une chose nouvelle, déjà elle germe,
ne la reconnaissez-vous pas ? »
o Is 45, 8 : une antienne qui est chantée durant le temps de l’avent : « Cieux,
épanchez-vous là-haut, et que les nuages déversent la justice, que la terre
s’ouvre et produise le salut, qu’elles fassent germer en même temps la justice.
C’est moi Yahvé, qui ai créé cela. »
o Dans notre texte, la notion de germination renvoie à l’idée d’une
démultiplication des Fils d’Israël, comme se sème et se multiplie une plante. La
prospérité du peuple va amener à Israël une multitude d’adorateurs.
CELUI-LA ECRIRA SUR SA MAIN
O BIBLE OSTY, p.1611 : « Allusion aux tatouages en signe d’appartenance à telle
ou telle divinité. » L’expression veut signifier ici par opposition l’appartenance au
Seigneur.
O En Isaïe 49, 15-16, le Seigneur grave son peuple sur la paume de sa main :
« Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses
entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas : vois, je t’ai
gravé sur les paumes de mes mains. »
O Un passage du Dt qui peut venir éclairer notre texte : Dt 11, 18-19 : « Ces
paroles que je vous dis, mettez-les dans votre cœur et dans votre âme,
attachez-les à votre main comme un signe, à votre front comme un bandeau.
Enseignez-les à vos fils, et répétez-les-leur que tu sois assis dans ta maison que
marchant sur la route, que tu sois couché ou que tu sois levé. » S’applique à la
parole de Dieu, mais peut s’appliquer aussi à Dieu lui-même.

3. SYNTHESE
O Un appel de Dieu à la confiance, à ne pas craindre. Ne crains pas, car le
Seigneur est ton créateur, celui qui t’a façonné dès le sein maternel, celui qui
vient à ton secours. Ne crains pas car tu es son élu, celui qu’il a choisi de toute
éternité ; celui qui a un prix infini à ses yeux et qu’il a gravé sur la paume de ses
mains.
O Un appel à la confiance qui annonce une intervention créatrice de Dieu. Un
renouvellement de la création, un renouvellement de l’être humain. Dieu
annonce qu’il va répandre son esprit sur son peuple, comme la pluie sur la
terre. Et de même pour sa bénédiction. Et cette pluie va féconder la terre, va
faire germer une descendance à Israël.
O De même qu’une plante qui a germé, grandi et fleuri peut à son tour semer
autour d’elle une multitude de petites plantes, le chrétien en qui le Royaume a
pu germer et croître peut à son tour semer autour de lui plein de semences du
Royaume. Il est appelé à jeter les semences de l’amour dans la terre de ce
monde pour que germe le Sauveur, pour que grandisse le Royaume de Dieu.
O Quand on dit que Dieu vient sauver son peuple, il faut garder en arrière fond
cette idée créatrice : en langage biblique, sauver signifie l’absence de toute
maladie et de tout défaut, donner la pleine santé, la plénitude de vie. Le syriaque
n’a pas de mot pour exprimer le verbe sauver ; il l’exprime par le verbe vivifier.
O Au sens chrétien, sauver signifie vivifier, recréer, donner la vie en abondance,
faire toute chose nouvelle (Ap 21, 5) St Paul disait que « Celui qui est en Jésus
Christ est une création nouvelle ; l’être ancien a disparu, un être nouveau est là
» (2 Co 6, 17). Dieu veut faire de nous une création nouvelle, il veut venir
restaurer la 1ère création abîmée par le péché.
O Telle est bien la couleur de notre attente pendant l'Avent: nous devons être
tendus vers l'heure de la venue de Jésus non seulement comme vers l'heure de
sa naissance, mais aussi de la nôtre. C'est-à-dire l'heure de notre re-
naissance ou nouvelle naissance, l'heure de notre recréation à l'image et à la
ressemblance de Dieu.
O Jésus disait à Nicodème: « En vérité, en vérité je te le dis, à moins de naître à
nouveau, nul ne peut voir le Royaume de Dieu» (Jn 3, 3). Cette idée de nouvelle
naissance était chère à Zundel : L'Homme existe depuis son entrée en ce
monde, mais il doit ensuite naître à lui-même, naître à ce qu'il est appelé à
devenir, naître à la vie dvine, à la vie éternelle, et cela peut être un
accouchement de toute une vie.
O Le Philosophe Malherbe exprime cela à peu près de la même façon: «On
pourrait dire que l'être humain est un être dont la destinée est d'accoucher de
soi-même, de devenir soi-même. Mais [..] ce n'est que provoqué et aidé par
autrui que je puis accoucher de moi-même, devenir moi-même. La relation
humaine fondamentale est celle de l'accouchement mutuel. »
O Jésus, Dieu fait homme, est en chacun de nous l'accoucheur de notre
vraie humanité, pleinement image et ressemblance de Dieu. Mais cette
naissance à notre vraie identité se fait à travers une Pâque, un Passage qui
peut être douloureux: il n'y a pas d'accouchement. pas d'enfantement sans
douleurs.
O Nous sommes actuellement dans les douleurs d'un long enfantement:
« Toute la création jusqu'à ce jour gémit dans les douleurs de l'enfantement »
(Rm 8, 22). Enfantement à la vie du Christ, enfantement à la vie d'enfant de
Dieu. Qui dit enfantement dit gestation, attente, durée.
O Partout là où !'amour arrive à triompher de la haine, là où le pardon triomphe
de la violence, là où la paix prend la place de la guerre, là le Royaume de Dieu
germe dans notre monde
O Zundel a une image qu’on peut relier au temps de l’avent : Il disait que le
monde nouveau, c’est celui qui naîtra de l’amour « quand notre vie sera
devenue un consentement d’amour, au point de devenir le berceau de la
naissance de ce monde nouveau »
4. ISAÏE 44, 1- 5 : PISTES D’APPROPRIATION
 Je peux méditer sur la notion d’élection, de choix préférentiel de Dieu.
Qu’est-ce que cette notion signifie pour ma vie ? Quel visage de Dieu pour
moi est-ce qu’elle traduit ?

 Je peux sur le thème du Dieu créateur, qui façonne l’être humain, qui m’a
façonné, comme le potier façonne un vase précieux.

 Je peux accueillir pour ma vie l’appel de Dieu à la confiance, à ne pas


craindre, précisément parce qu’il m’a créé et m’a choisi.

 Je peux prier avec cette autre parole du Livre de la Consolation d’Isaïe :


Isaïe 49, 15-16 : « Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans
pitié pour le fils de ses entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne
t’oublierai pas : vois, je t’ai gravé sur les paumes de mes mains. »

 Quels sont les terrains de ma vie, de mon être, qui sont desséchés et qui
attendent d’être arrosés par l’esprit du Seigneur ?

 Comment pourrais-je mieux accueillir et faire germer cette semence du


Royaume que Dieu promet ? Comment pourrais-je faire être semence et
faire grandir le Royaume de Dieu dans ma vie, dans mon entourage et dans
le monde ?

Maret Michel, Communauté du Cénacle au Pré-de-


Sauges

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