Chapitre 2 (1) Les Formes DEtat

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UNIVERSITE VIRTUELLE DU SENEGAL

FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES

LICENCE I – SCIENCES ECONOMIQUES ET GESTION

Année : 2014 - 2015

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I : L’État unitaire
C’est la forme d’État la plus répandue dans le monde et la plus simple. Elle se définit par une
structure unifiée et une concentration plus ou moins affirmée du pouvoir.
A – La structure de l’État unitaire
L’État unitaire est celui qui, sur son territoire et pour la population qui y vit, ne comporte
qu’une seule organisation politique et juridique, un seul appareil d’État qui sera doté
d’indépendance et de souveraineté. Dans la forme d’État qu’est l’État unitaire, cette
organisation politique et juridique est la seule à disposer de l’ensemble des compétences
étatiques, ce qui a pour conséquence une liberté sans contrainte dans la détermination et la
conduite de la politique nationale. Elle implique que les représentants de cet État soient en
contact direct avec la société internationale, ainsi qu’avec les populations et l’ensemble des
cadres administratifs et politiques qui structurent cet État. Elle se caractérise enfin par le fait
que les gouvernants ne sont restreints ni pas la présence d’une organisation au-dessus d’eux
qui pourrait être une tutelle, ni par aucune organisation inférieure qui pourrait se situer sur le
territoire de l’État. Dans les temps historiques de l’affirmation de l’État, l’affirmation est le
plus souvent passée par une centralisation forte.

L’État unitaire et les techniques de gouvernement


Il s’agit d’un État unitaire plus ou moins centralisé, on fait allusion au pouvoir de décision. À
partir du critère de plus ou moins grande centralisation, il est possible d’évoquer différentes
notions qui sont des modalités de l’État unitaire. On distingue centralisation et
déconcentration.
Affirmer qu’un État unitaire est centralisé, c’est affirmer qu’aucune décision ne sera prise en
dehors du pouvoir central. On conçoit difficilement que l’administration centrale puisse
prendre l’ensemble des décisions. L’idée d’une concentration totale poserait dans sa mise en
œuvre des problèmes matériels. Les impératifs de la vie administrative ont nuancé la
concentration par une certaine dose de déconcentration : aménagement des structures
administratives de l’État, aménagement qui consiste pour une personne publique à confier à
des représentants des pouvoirs délégués (pouvoirs qu’ils vont exercer au nom et pour le
compte de l’État central). Cette déconcentration se traduit par un aménagement du pouvoir,
une certaine répartition des décisions à prendre et le niveau local du pouvoir central, celui où
les agents vont intervenir. En France, l’autorité préfectorale incarne cette idée de notion
déconcentrée de l’État. Le préfet est une figure de l’État central qui déconcentre ; on délègue
au préfet un certain nombre de pouvoirs. Il existe donc des degrés variables. La

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décentralisation s’explique par des raisons techniques. Elle s’explique par des motifs plus
profonds, elle relève d’un choix politique qui fait droit, qui reconnaît l’existence de certaines
collectivités inférieures que l’on trouve au sein de l’État. Elle n’est pas étrangère à une
approche technique. L’État reconnaît aux populations de certaines collectivités particulières
une communauté d’intérêt qui se distingue selon les collectivités. L’État estime qu’il est de
bonne politique de considérer que les populations doivent gérer ces intérêts-là ensemble, de
façon autonome. Le corollaire fondamental de cette approche, c’est que les décisions qui
intéressent les populations seront prises en son nom par l’autorité, qui aura pour
caractéristique d’être élue par celles-ci. Dans un cadre de décentralisation, les affaires locales
sont gérées par un représentant local élu par les populations. Attention toutefois, cela ne
signifie pas que le maire ne peut pas avoir en charge en même temps un certain nombre de
décisions qui relèvent de la déconcentration.
Un État même unitaire peut être plus ou moins centralisé. À partir du critère de la plus ou
moins grande centralisation, on remarque des oppositions diverses :
Centralisation et déconcentration : affirmer qu’un État unitaire est centralisé revient à dire que
toutes les affaires publiques sont traités par le pouvoir central, souvent la capitale. Une
administration pour tout un territoire et toute une population entièrement concentrée + aucune
décision en dehors du pouvoir central = asphyxie du pouvoir central (décisions inadéquates,
tardives, inappropriées). On a injecté une dose de déconcentration dans l’État unitaire :
aménagement des structures administratives, consistant pour une personne publique à confier
à ses agents ou représentants dans certaines circonscriptions administratives des pouvoirs
délégués, exercés au nom de l’État. Cette déconcentration suppose une répartition des tâches
(cf. le préfet, qui agit en lieu et place de l’État). Le préfet est un agent qui prend des décisions
de proximité, mais celles-ci auraient été prises dans les mêmes termes par l’État.
Déconcentration et décentralisation : la déconcentration s’explique par des considérations
techniques alors que la décentralisation a des fondements/motifs politiques. Indissociable de
la notion de collectivité territoriale, s’appuie sur l’idée selon laquelle les administrés sont liés
par des intérêts communs et les affaires locales mieux gérées si elles sont prises en charge par
les collectivités locales. Existence de collectivités reconnues en tant que telles dont les
organes sont élus par les populations. Question idéologique, incarne une exigence de diversité
en fac du pouvoir central et le souci du respect de la liberté contre l’autoritarisme étatique,
avec en arrière-plan une considération de la démocratie.
Pour une décentralisation territoriale réelle, quatre conditions sont nécessaires :
1. L’existence de personnes publiques distinctes de l’État ayant une personnalité morale

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propre, un budget autonome, pouvant agir en justice contre l’État (différent du préfet qui
appartient à l’État) ;
2. L’origine démocratique ou élective des autorités (différent du préfet nommé par l’État) ;
3. Une certaine distinction entre affaires locales et nationales (la loi pour l’État, les
collectivités peuvent établir des règlements)
4. Enfin une autonomie véritable par rapport au pouvoir central (le préfet représente l’État, il
prend des décisions mais est supplanté par un supérieur, les actes émanant des collectivités
ne sont pas subordonnés). L’autre approche, c’est que les décisions qui intéressent les
populations seront prises en son nom par l’autorité, qui aura pour caractéristique d’être élue
par celles-ci.

2 : L’Etat composé

A : La Confédération d’Etats

La Confédération est une association créée par des Etats par voie de traité pour mener une
politique commune dans certains domaines vitaux par l’intermédiaires d’organes communs
qui bénéficient à cette fin de transfert de compétences dans les secteurs concernés. C’est avant
tout une alliance défensive, à qui les Etats confédérés confient leur sécurité intérieure, leur
défense, leur politique étrangère, etc. Ces compétences tournées principalement vers le droit
international, autorise la Confédération à s’occuper du droit de la paix, de conclure des traités
d’amitié et d’envoyer des ambassadeurs.

Dans son organisation, la gestion des affaires communes est confiée à une Diète, c’est-à-dire
un organe collégial sous la forme d’une assemblée délibérante, composée d’ambassadeurs des
différents partenaires confédérés. Elle est l’organe qui a la double compétence pour légiférer
et exécuter les décisions qu’elle prend.

Ce mode création spécifique, emporte une série de conséquences particulières.

La confédération est de nature conventionnelle, son acte constitutif dérive d’un traité
international et non d’une constitution ; donc les différents Etats qui la composent sont liés
par des relations diplomatiques. Ils gardent leur pleine et entière indépendance vis-à-vis de
celle-ci, à qui ils ont transféré des compétences mais pas leur souveraineté. Ainsi, sous l’angle
du droit international, la confédération n’est pas un Etat, elle n’a pas de nationalité propre
distincte de celle de ses membres et encore moins d’armée avec ses propres contingents. Les

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Etas confédérés fournissent les troupes. Aussi on parle de Confédération d’Etats et non d’Etat
confédéral.

Ensuite, les Etats fédérés ne sont pas liés par le traité ad vitam aeternam, c’est-à-dire à
perpétuité. Chacun garde la faculté de se retirer de la confédération en respectant juste ses
clauses de dénonciation. Ils ont un droit à sécession reconnu et garanti.

La Confédération n’a pas de domaine de compétences initial, mais seulement des


compétences attribuées par les Etats dans le traité. Elle ne peut qu’exercer celles-ci, sans
pouvoir se substituer à eux dans les autres domaines non transférés. Toute nouvelle
attribution de compétences nécessite ainsi une révision du traité initial.

La confédération ne créé qu’une relation entre les gouvernements qui restent ses
intermédiaires exclusifs selon le principe de médiateté. Autrement dit, les citoyens des
différents Etats sont exclus de l’action de la Confédération, vers laquelle ils ne peuvent se
tourner. C’est aspect, conséquence directe du respect de la souveraineté des Etats membres,
fait que la Confédération tire ses ressources financières des contributions des ceux-ci, et non
des impôts prélevés directement sur leurs citoyens.

Enfin, les décisions de la confédération ne sont prises qu’à l’unanimité de tous les Etats
membres, chacun conservant un véritable droit de veto. Si un seul Etat vote contre, aucune
décision ne sera adoptée. En outre les décisions prises n’ont d’effet exécutoire au niveau du
territoire, qu’après leur ratification par tous.

La confédération est une organisation précaire, mais assez souvent son apprentissage facilite
la transition vers le fédéralisme, qui est un modèle beaucoup plus intégrant.

Les Etats-Unis ont d’abord été une Confédération des 13 anciennes colonies qui avaient
déclarés leur indépendance vis-à-vis de l’empire britannique. Dans la Constitution de 1777
(les Articles de la Confédération), chaque Etat gardait son indépendance, sa souveraineté et sa
liberté. La Confédération était d’abord une alliance défensive dans la guerre d’indépendance,
et s’occupait des questions étrangères. La volonté de certains Etats de quitter l’Union, avait
donné lieu à l’épisode fameux de la guerre de sécession et l’instauration d’un Etat fédéral en
1787.

La Suisse aussi avait conclu le Pacte confédéral de 1815, avant d’adopter le modèle fédéral en
1848. La Confédération était compétente pour conclure les traités, et décider de la guerre et de

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la paix, régir la liberté de commerce entre les cantons. L’appellation toujours en vigueur de
Confédération Helvétique, est juste une réminiscence de cette période révolue, mais ne traduit
pas sa réalité juridique d’Etat fédéral.

L’Allemagne également fut une Confédération de 41 Etats (la Confédération germanique)


entre 1815 et 1866 avant de devenir un Empire fédéral en 1871. La Confédération déclarait la
guerre, signait les traités de paix et s’occuper de la diplomatie.

Le Sénégal aussi a expérimenté brièvement avec la Gambie le modèle confédéral au sein de


la défunte Confédération sénégalo-gambienne qui fut créé le 1er février 1982. Elle avait pour
vocation de coordonner leur politique étrangère commune ainsi que le transport. Des
divergences persistantes sur la politique a conduit à sa dissolution en 1989.

Le phénomène confédéral qui semblait une espèce en voie de disparition, renaît de ses cendres
avec le développement de l’intégration politique et économique.

L’Union européenne par exemple emprunte beaucoup de caractéristiques de la Confédération.


Elle est créée par voie de traité. Les Etats membres gardent leur souveraineté malgré
d’importants transferts de compétences, et conservent la liberté de la quitter.

B : L’Etat Fédéral
A l’opposé de l’homogénéité de l’unitaire, l’Etat fédéral constitue une société hétérogène.
Dans le système fédéral, il y a une coexistence de deux collectivités distinctes disposant
chacune de la personnalité juridique propre.
Le processus de création d’un Etat fédéral peut suivre deux voies différentes, voire opposées.
D’abord, il peut s’agir d’un Etat unitaire très souvent multiculturel, qui pour tempérer les
ambitions séparatistes de certaines communautés et sauvegarder l’unité du pays, se désagrège
en plusieurs entités et se mue après une révision de sa constitution, en un Etat composé : c’est
le fédéralisme par dissociation, c’est le cas de la Belgique, du Brésil et du Mexique.
Ou à l’inverse, il peut s’agir d’Etats jusque-là autonomes, qui décident de s’unir au sein d’un
seul Etat fédéral. Il s’agit du fédéralisme par association ou intégration. C’est le procédé
emprunté par l’Allemagne et la Suisse et les Etats-Unis.
Le choix du fédéralisme n’est pas anodin est souvent une nécessité vitale pour réunir au sein
d’un même Etat dans sociétés hétérogènes multiculturelles. Le fédéralisme par la division
territoriale et la décentralisation politique qu’il impose (principe de participation), est un

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compromis entre l’uniformité de l’Etat unitaire et la simple indépendance des Etats d’une
Confédération.
Il est le seul mode de gouvernement capable de concilier unité politique et diversité des
ethnies, surtout lorsque celles-ci sont en proie à des aspirations identitaires et séparatistes. Il
est le meilleur remède de gouvernement pour les Etats à populations hétérogènes. En effet,
avec un système unitaire, le groupe numériquement supérieur gouverne sans partage si on
applique les principes de démocratie majoritaire, et l’absence de perspective d’alternance rend
la minorité frustrée et active ses ambitions séparatistes et sécessionnistes.
Le fédéralisme permet à un Etat multicommunautaire de fonctionner non pas sur une base
majoritaire, mais sur un gouvernement conjoint de la majorité et de la minorité pour atteindre
une démocratie compromis et de pacification. Il entend organiser le pouvoir politique, son
exercice équitable dans les Etats multicommunautaires par le respect les diversités et les
particularismes de chaque groupe ethnique ; autrement dit, il veut à « unir sans uniformiser ».
L’Etat fédéral n’a pas de territoire propre distinct, mais est constitué de l’ensemble de celui
des Etats fédérés. Son organisation est régie par trois principes directeurs : superposition,
autonomie, participation.
Le principe de superposition : La caractéristique essentielle du fédéralisme qui fait sa grande
différence avec l’Etat unitaire, c’est la superposition de deux ordres juridiques au sein d’un
même territoire, celui de l’Etat fédéral et des Etats fédérés. L’Etat fédéré possède son propre
ordonnancement juridique, sa propre architecture institutionnelle dont il est l’unique
concepteur et qu’il est seul à pouvoir modifier. Il forme un ensemble étatique complet avec
des organes qui mettent en œuvre sa politique. A leur tête se trouvent de vrais gouvernants et
non de simples agents ou subordonnés de l’Etat fédéral.
Les citoyens sont à la fois régis par le droit fédéral et celui des Etats fédérés, la nationalité
unique ne sert que pour l’étranger. A l’intérieur de l’Etat, les liens de rattachement sont
doubles ; il y coexiste d’une part la citoyenneté étatique, et d’autre part, la citoyenneté l’Etat
fédéré. Il y a ainsi juridiquement une inter-citoyenneté fédérative.
Toutes les collectivités fédérées ne portent pas le nom d’Etat comme aux Etats-Unis ou au
Nigéria. Elles sont appelées Länder en Allemagne, Cantons en Suisse, Régions et
Communautés en Belgique, Provinces au Canada.
Aux Etats-Unis par exemple, chaque Etat fédéré dispose de sa propre constitution, son propre
parlement bicaméral (à l’exception de celui du Nebraska qui est monocaméral), un exécutif
spécifique (dirigé par un Gouverneur élu), une organisation judiciaire complète (tribunaux,
Cours d’appel et Cour Suprême), sa propre police.

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Ensuite, il y a le principe de participation effective des Etats fédérés aux décisions fédérales
par l’instauration d’un parlement bicaméral, composé d’une chambre des représentants
(chambre basse) et d’un Sénat (Chambre haute). En effet, dans un Etat fédéral, la chambre
haute assure une meilleure représentation des entités fédérées (chacun disposant d’un nombre
égal de représentants) et permet à celles-ci de participer en tant que telles, à l’élaboration de
tout ou partie du droit fédéral. Ceci est une garantie de l’égalité de participation quelle que
soit l’importance numérique en population et/ou puissance des Etats membres de la
fédération. Par contre la Chambre des Représentants représente les populations des Etats avec
un système de représentation souvent proportionnel à leur importance démographique.
En Suisse, il y a constitutionnellement 26 cantons dont six considérés comme des demi-
cantons (même si cette dénomination a été abandonnée). L’Assemblée fédérale est bicamérale
avec un Conseil national de 200 membres élus au suffrage universel direct à la
proportionnelle et un Conseil de Etats de 46 membres, représentant les 26 cantons en raison
de 2 députés par canton et 1 par demi-canton.
En Allemagne, le bicaméralisme s’incarne au travers d’une Chambre fédérale, le Bundestag
qui représente le peuple et le Conseil fédéral, le Bundesrat de 68 membres qui représentent les
16 Länder proportionnellement à leur population.
Aux Etats-Unis, le parlement fédéral dénommé Congrès, est une institution bicamérale
composé de la Chambre des Représentants qui incarne le peuple, comprend 435 membres élus
pour deux ans proportionnellement au poids démographique de chaque Etat, et du Sénat qui
représente les Etats et qui lui envoient chacun à égalité deux représentants (soit 100
membres). Ils sont élus pour six ans au suffrage universel.
Il y a enfin Le principe d’autonomie des Etats fédérés. Il a pour conséquence de leur
reconnaître une entière faculté d’auto-organisation. Aussi, dans leurs limites territoriales et
leur domaine de compétences exclusives, ils disposent d’un pouvoir législatif non subordonné
aux lois fédérales mais seulement à la Constitution. Cette faculté d’auto-organisation leur
permet d’avoir une constitution, des assemblées élues et des juridictions propres. Les
mécanismes régulateurs sont souvent sous la surveillance d’une juridiction suprême.
Le principe d’autonomie se manifeste à trois niveaux
D’abord l’autonomie constitutionnelle qui garantit aux Etats fédérés un pouvoir d’auto-
organisation. C’est à la constitution fédérée de déterminer le nombre des membres de ses
assemblées qui des mêmes immunités que celles reconnues aux parlementaires fédéraux.
En outre, ces dernières bénéficient d’une garantie existentielle, puisque elles ne peuvent être
dissoutes par l’Etat fédéral. Elles ont une garantie d’immutabilité constitutionnelle car leur

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statut ne peut être amendé unilatéralement par l’Etat fédéral. Dans toutes les constitutions
fédérales, l’Etat fédéral est tenu de respecter l’autonomie des collectivités fédérées.

En Suisse la constitution exige le consentement des cantons pour toute modification de leur
statut et de leur territoire.
En Allemagne, l’art 79, al.3 de la Constitution stipule : « Toute modification de la présente
Loi fondamentale qui toucherait à l’organisation de la Fédération en Länder, au principe de
la participation des Länder à la législation ou aux principes énoncés aux articles 1 et 20, est
interdite » ;

Ensuite l’autonomie de fonctionnement, aux assemblées des Etats ou collectivité fédérés la


libre détermination des règles de procédures pour leurs sessions ordinaires et extraordinaires,
leur durée, les procédures d’adoption des lois, ainsi que le mode de scrutin pour la désignation
de leurs membres.
Ensuite, l’autonomie législative. La Constitution interdit aux institutions législatives fédérales
de légiférer sur des questions relevant de la compétence des aux assemblées des Etats ou
collectivité fédérés. Chaque ordre juridique dispose d’un domaine de compétences distinct
délimité par la constitution.
Enfin l’autonomie judiciaire. Les collectivités fédérées disposent de leur propre système
judiciaire avec des tribunaux propres qui sont organisés selon leur constitution et qui
fonctionnent selon des procédures prévues par la législation fédérée et qui appliquent le droit
fédéré.

1 : La répartition des compétences entre Etat fédéral et Etats fédérés


De manière générale, la constitution aménage un système dualiste qui combine compétences
de droit commun et compétences d’attribution pour délimiter l’étendue du pouvoir législatif
de chaque institution. Dans le premier cas encore appelé compétence de principe ou initiale,
l’entité qui en bénéficie exerce la plénitude du pouvoir législatif à l’exception de quelques
compétences expressément attribuées à l’autre. Elle est de portée générale, non limitée et
évolutive.
A l’inverse, la compétence d’attribution ou d’exception se présente sous la forme d’une liste
énumérative et restrictive de compétences qu’une entité peut exercer ; autrement dit, elle ne
peut légiférer que dans ces matières qui lui sont attribuées à l’exception de toutes les autres

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qui sont du ressort exclusif de l’autre entité. Sa compétence n’est pas ainsi générale, mais
exceptionnelle car réduite à quelques domaines.
Quel que soit le système de dévolution de compétences dont bénéficient les différentes
collectivités, la politique étrangère et la défense, la nationalité sont toujours et exclusivement
du ressort de l’Etat fédéral qui seule possède la souveraineté internationale.
Hormis cette réserve, les Etats fédéraux combinent de façon hétéroclite la répartition des
compétences entre l’Etat fédéral et les Collectivités fédérées.
Aux Etats-Unis, la compétence de droit commun revient aux Etats fédérés alors que le
législateur fédéral, c’est-à-dire le Congrès (Sénat et Chambre des Représentants) ne dispose
que d’une compétence d’attribution. L’art 1, section 8 de la constitution lui réserve grandes
compétences régaliennes : la défense, la politique étrangère et les relations internationales,
réglementation du commerce entre les Etats fédérés, la monnaie, la poste, la nationalité et la
citoyenneté, la protection des brevets, l’admission de nouveaux Etats etc. Les Etats fédérés
réglementent exclusivement le droit civil (mariage, succession, filiation et adoption), les
transports (code de la route, permis de conduire), l’enseignement, le droit pénal (la peine de
mort) etc.
La Suisse a également choisi de réserver la compétence de de droit commun aux cantons
Selon l’art.3 « les cantons sont souverains en tant que leur souveraineté n'est pas limitée par
la Constitution fédérale et exercent tous les droits qui ne sont pas délégués à la
Confédération». Mais la distribution des compétences est beaucoup plus complexe et combine
une coexistence de compétences exclusives, concurrentes et parallèles entre l’Etat fédéral et
les cantons. Les compétences exclusives sont de l’Etat fédéral sont celles traditionnelles dites
régaliennes : Relations internationales, politique étrangère, défense, nationalité, monnaie,
alors que les compétences concurrentes font intervenir les deux autorités. Par exemple
l’instruction publique est du ressort des cantons mais la date d’ouverture des classes relève de
l’Etat fédéral.
En Allemagne, la constitution institue le système des trois listes. La liste des compétences
exclusives de la fédération (Bund) qui comportent les compétences régaliennes et autres
(nationalité, défense, monnaie, affaires étrangères, passeport, douane, chemin de fer, poste et
télécommunication, énergie nucléaire, armes à feu, etc.), celles des compétences exclusives
des länder (en réalité très peu nombreuses : enseignement, ordre public, affaires religieuses)
et enfin celles concurrentes entre eux c’est-à-dire qu’ils se partagent. Autrement dit pour les
pouvoirs législatifs concurrents, les länder peuvent intervenir aussi longtemps que la
fédération n’a pas fait usage de sa compétence. Ces matières concurrentes concernent, le droit

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civil, pénal, l’activité de notaire, le droit du travail, les activités bancaires industrielles et
commerciales, la réglementation des restaurants et maisons de jeu, la navigation etc.). Dans la
mise en œuvre des compétences concurrentes, les länder peuvent dans certains domaines,
déroger à la loi fédérale par exemple en matière de chasse et d’aménagement du territoire.
A l’inverse, au Canada, c’est l’Etat fédéral qui se voit attribué la compétence de droit commun
et les Etats fédérés cantonnés à une liste de compétences prédéfinies. Mais la Constitution a
estimé nécessaire à cause de la généralité de l’expression compétence de droit commun et
pour plus de « garantie », de lister les compétences du parlement canadien et celui des
Provinces (entretien et administration des prisons, droit civil, mariage, procédures devant les
tribunaux, éducation) ainsi que leur pouvoirs concurrents dans le domaine de l’agriculture et
l’immigration.

2 : La clef de voûte du système fédéral : la juridiction suprême


La répartition des compétences, par leur caractère généraliste se prête à des interprétations
divergentes entre l’Etat fédéral et les collectivités fédérées et donne naissance à des conflits
inévitables. Certes, pour assurer la pérennité de l’Etat, les constituions fédérales énoncent la
supériorité de l’ordre constitutionnel fédéral sur celui des Etats fédérés en cas de divergence.
En Suisse, la constitution prévoit que le droit fédéral prime sur le droit cantonal qui lui et
contraire, la même disposition est prévue pour le droit de Land en Allemagne. Aux Etats-Unis
la clause de suprématie assure la primauté de la constitution fédérale qui reste la loi suprême
en cas de divergence avec une loi ou même la constitution d’un Etat fédéré.
Cependant, cette primauté ne signifie pas que les organes fédéraux peuvent arbitrairement
s’approprier ou s’immiscer dans le domaine de compétences reconnu et garanti aux
collectivités fédérées. Aussi pour régler les inévitables conflits de compétences, la plupart des
Etats fédéraux se dotent d’une juridiction suprême pour trancher les litiges.
La Cour Suprême américaine est composé de neuf (09) juges, nommés à vie par le Président
avec l’accord du sénat et sous la présidence d’un Chief justice. La Cour suprême couronne le
système judiciaire fédéral qui comprend au premier degré les Cours de districts fédéraux et les
Cours d’appel. La Cour suprême est compétente pour connaître de la constitutionnalité du
droit fédéral et du droit des Etats fédérés. Elle est la garante de l’équilibre des deux ordres et
par-delà de tout le système fédéral. La Cour suprême s’assure que les cours suprêmes des
Etats, de même que les cours d’appel fédérales respectent la constitution et les lois fédérales.
Elle veille à ce que les Etats fédérés ne violent pas les droits et libertés individuelles en

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légiférant, de même qu’elle peut invalider les tentatives d’expansion du pouvoir fédéral au
détriment des compétences des Etats fédérés.
En Allemagne, c’est la Cour constitutionnelle fédérale qui statue sur la comptabilité matérielle
et formelle du droit fédéral avec le droit des länder, de l’exécution du droit fédéral par les
länder, ou de divergence entre länder, à la demande du gouvernement fédéral ou de celui d’un
land.
En Suisse, c’est le Tribunal fédéral qui connaît des différends entre la Confédération et les
Cantons et entre Cantons. Il tranche les conflits d’attribution, les violations des droits
constitutionnels cantonaux ou droit fédéral.
Un Etat fédéral atypique : la Belgique
La Belgique est un Etat fédéral singulier puisqu’il combine fédéralisme territorial et
fédéralisme personnel qui une forme assez rare.
Si le Fédéralisme classique est à base territoriale, il y a une forme inédite appelé Fédéralisme
personnel ou non-territorial qui régit surtout les sociétés où les Communautés ne sont pas
concentrées sur des portions déterminées du territoire mais inextricablement mêlées et
disséminées éparpillés, comme c’est le cas du Liban, et de Chypre avant sa partition actuelle.
Juridiquement instituées dans la constitution, les différentes Communautés acquièrent une
personnalité morale et deviennent un « corps intermédiaire » entre l’Etat et le citoyen. La
personnalité morale les transforment en « unité corporative » de droit public et se voient
attribuer des prérogatives de souveraineté, telles le droit de taxation, des compétences
législatives et juridictionnelles à l’égard de leurs membres.
La Communauté devient une institution juridique dont les règles d’organisation et de
fonctionnement sont prévues dans la Constitution. La personnalité juridique distincte lui
permet d’avoir une existence propre et autonome par rapport à l’Etat, donnant naissance à une
« dualité institutionnelle ».
Le Fédéralisme de la Belgique combine des aspects territoriaux et personnels. En effet selon
l’art 1 de la Constitution, « La Belgique est un État fédéral qui se compose des Communautés
et des Régions ». L’art 3 reconnaît trois Communautés culturelles : flamande, wallonne et
germanophone. Les Communautés sont souveraines pour tout ce qui relève des compétences
personnalisables notamment les matières culturelles et l’enseignement. D’une part, le
principe d’équipollence des normes, permet aux Communautés d’adopter des normes
investies pareillement de l’autorité législative qui s’appliquent avec la même force
exécutoire, d’autre part, elles ont une compétence initiale et autonome.

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Ainsi l’art 99 de la Constitution belge impose une parité linguistique dans la composition du
Conseil des ministres, qui doit comporter autant de Flamands néerlandophones que de
Wallons francophones. Dans les deux Chambres du Parlement, les membres sont répartis
entre le groupe linguistique français et néerlandais (art 43). Au sein de la Chambre des
Représentants, le nombre de sièges attribués à chaque Communauté, varie en fonction de leur
poids démographique dans les différentes circonscriptions électorales. Quant au Sénat, il se
compose de 71 membres dont 41 pour la Communauté flamande, 29 pour la Communauté
wallonne et 1 pour la Communauté germanophone. Étant donné que la représentation
proportionnelle joue en faveur des Flamands, ceux-ci sont forcément majoritaires tant à la
Chambre des représentants qu’au Sénat. L'armée belge n’échappe pas aux contraintes du
bilinguisme, elle est composée de bataillons unilingues néerlandophones, francophones ou
germanophones.
La parité des langues, soit 50 % de Flamands et 50 % de Wallons, s’applique également pour
tous les cours et tribunaux de l’ordre judiciaire (Cour d’arbitrage, le Conseil d’État, la Cour
de cassation, le Conseil supérieur de la justice). Les procès se déroulent dans la langue de la
région linguistique où siège le tribunal. Quant de la fonction publique, les services centraux
des services publics sont groupés en directions, divisions, bureaux et sections néerlandais et
français. Tous les agents sont inscrits obligatoirement sur un rôle linguistique : le rôle
néerlandais ou le rôle français1.
Les Communautés wallonne et flamande, en tant que personnes morales de droit public, sont
dotées de compétences plénières sur les questions touchant aux matières culturelles
(audiovisuel, presse écrite, musées etc.), l’emploi des langues.

Synthèse Comparative entre les formes d’Etats


Les traits caractéristiques spécifiques à chacune de ces formes d’Etats décrites ci-dessus,
permettent d’établir leur différence foncière.

Confédération d’Etats/Etat fédéral

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Art 43 ter de la Loi du 12/10/2002 modifiant les lois sur l’emploi des langues en matière administrative,
coordonnées le 18 juillet 1966 ;

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C’est la doctrine allemande qui a systématisé la distinction entre la Confédération d’Etat
(Staatenbund) qui est un « Etat d’Etats » (Staatenstaat), et l’Etat fédéral (Bundesstaat).
Autrement dit, un composé d’Etats et un Etat composé. De cette présentation classique
découle plusieurs conséquences.
Différence quant au mode de formation : Le fondement juridique de l’acte fondateur de la
Confédération est un traité (acte de droit international), alors que les racines de l’Etat fédéral
sont dans une constitution (acte de droit interne).
Différence quant au mode de révision : Le pacte confédéral requiert l’unanimité pour être
amendé, c’est-à-dire que tout Etat confédéré peut bloquer le processus en opposant son veto.
A l’inverse, la constitution fédérale se contente de la règle de la majorité. Autrement dit un
Etat fédérée ne peut s’y opposer à lui tout seul.
Différence quant à l’exercice de la souveraineté : Alors que la Confédération n’a aucune
souveraineté internationale car les Etats qui composent conservent entièrement leur
indépendance, les Etats fédérés sont subordonnés à l’Etat fédéral qui sur le plan international
est le seul titulaire de la souveraineté.
Différence quant au mode d’organisation : La Confédération dispose d’une organisation
sommaire et rudimentaire, la Diète dont les sessions sont irrégulières et purement
cérémoniales et confidentielles. A l’inverse, l’Etat fédéral est soutenu par une architecture
institutionnelle complexe et complète, qui se superpose aux institutions des Etats fédérés pour
former un ensemble cohérent, décisionnel et efficace.
Différence quant au lien de rattachement des citoyens : Si dans la Confédération d’Etats,
celle-ci n’entretient qu’un lien indirect avec les citoyens des Etats composants qi restent ses
seuls interlocuteurs (principe de médiateté), le droit fédéral à l’inverse à un effet direct sur
l’ensemble des citoyens des Etats fédérés sans nécessairement passés par leur intermédiaire
(principe de l’immédiateté).
Différence quant à la permanence du lien fédératif : Dans la Confédération, les Etats
conservent un droit de sécession permanent pour sortir de celle-ci, alors que les Etats fédérés
sont interdits de quitter la Fédération, avec qui ils sont liés à perpétuité.
Différence quant à la primauté du droit applicable : Alors que le droit confédéral reste
subordonné au droit des Etats fédérés, le droit fédéral bénéficie d’une clause de suprématie,
c’est-à-dire qu’il a la primauté sur celui des Etats fédérés en cas de divergence. Seule rare
exception de la supériorité du droit fédérale, se trouve dans le fédéralisme belge qui comporte
le principe d’équipollence des normes, c’est-à-dire l’absence de hiérarchie entre lois fédérales
et lois fédérées.

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Différence entre Etat unitaire et Etat fédéral
Différence quant au statut juridique des Etats fédérés et des collectivités décentralisées.
La source originaire de l’Etat fédéré se trouve dans la constitution, alors que les collectivités
décentralisées doivent leur existence à la loi.
Les Etats fédérés des Etats-Unis, les cantons suisses, les länder allemands, ayant leur source
dans la constitution au même titre que les institutions de l’Etat fédéral, celui-ci ne peut les
dissoudre. Ils ont une garantie constitutionnelle. A l’inverse, les Collectivités décentralisées
des Etats unitaires sont dans une situation plus précaire. Leur origine législative les laissent à
la merci du législateur qui les suspendre, les suppléer voire les dissoudre. Par exemple en
France, l’Art L.2121-6 du Code général des collectivités territoriales dispose : « Un conseil
municipal ne peut être dissous que par décret motivé rendu en conseil des ministres et publié
au Journal officiel ».
L’autonomie constitutionnelle des collectivités fédérées leur permet de bénéficier d’une
faculté d’auto-organisation étatique étendue, les collectivités décentralisées n’ont ni
législation propre, ni gouvernement propre, ni juridictions propres. Elles doivent solliciter la
police nationale pour faire exécuter ses décisions.

Différence quant à l’origine et l’intégrité du champ de compétences.


La répartition des compétences des Etats fédérés sont prévues par la constitution, alors que
l’étendue des compétences de collectivités décentralisées est opérée par la loi. Ainsi l’Etat
fédéral ne peut s’approprier unilatéralement les compétences dévolues aux collectivités
fédérées par la constitution. Il a l’obligation de respecter et même de garantir leur autonomie.
Par contre, les collectivités décentralisées ne sont pas à l’abri d’une modification de leurs
compétences par l’Etat central de façon unilatérale sans les consulter. Elles ne sont pas
souveraines et n’ont aucun moyens juridiques pour refuser de nouvelles compétences
octroyées ni s’opposer à la réappropriation de compétences déjà transférées.
Différence par rapport à l’uniformité du droit applicable
Alors que l’Etat unitaire décentralisé saisit le citoyen de la même manière sur tout le territoire.
Il n’y a qu’un seul code civil, pénal, commercial pour tout le pays par exemple le droit
électoral lors des élections municipales est le même pour toutes les communes et
communautés rurales, il y a une pluralité de régimes juridiques dans un Etat fédéral où chaque
collectivité fédérée adopte ses propres règles de vote. Ainsi certains Etats fédérés peuvent
abaisser la majorité électorale à 18 ans, alors que d’autres les maintiennent à 21 ans. Certains

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applique la peine de mort alors que d’autres non et la législation sur le mariage, le divorce,
l’enseignement, est différente d’un Etat à un autre.

Bibliographie Sélective :
Louis Favoreux (sous la direction), Droit Constitutionnel, Dalloz, 14e édition, 2012,
Jean Jicquel, Jean Eric Jicquel, Droit Constitutionnel et Institutions Politiques, 25e édition,
Montchrestien, 2011 ;
Philippe Lauvaux, Les Grandes Démocraties Contemporaines, PUF, 3e édition, 2008 ;
Philippe Ardant, Institutions Politiques et Droit Constitutionnel, LGDJ, 19e édition, 2007 ;
Marcel Prélot, Jean Boulouis, Institutions Politiques et Droit Constitutionnel, Dalloz, 10e
édition, 1987 ;
Marc Uyttendaele, Précis de Droit Constitutionnel Belge, 3e édition, Bruylant, 2005 ;
Ernest Renan, Qu’est-ce qu’une Nation ?, Mille et une Nuit, 1997 ;
Georges Burdeau, Traité de Science Politique, Tome 2, LGDJ, 1967, 3e édition ;

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