Les Étoiles de

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Les Étoiles de l’Ancienne Gare

C’était dans une vieille gare abandonnée, dans un petit village où le temps semblait figé, que tout avait
commencé. La gare était en ruines, envahie par les herbes folles et les ronces. Mais pour Camille et
Émile, elle représentait un monde à part, un sanctuaire secret où ils se retrouvaient loin des regards.
Leur histoire d’amour avait des allures de conte — intense, secrète, et si douce qu'elle en devenait
fragile, comme une flamme vacillante dans l’obscurité.

Camille était une jeune femme pleine de vie, dotée d’un esprit libre et d’un sourire qui semblait
illuminer même les jours de pluie. Émile, plus réservé, était le fils d’un fermier du village. Il était d’une
douceur infinie, mais portait en lui une mélancolie inexpliquée, comme s’il savait que ce bonheur ne
durerait pas.

Ils avaient découvert la vieille gare par hasard, un jour de pluie battante. Fuyant l'orage, ils s’y étaient
abrités, et, blottis l’un contre l’autre sous le fracas du tonnerre, ils avaient échangé leur premier baiser.
Depuis, cet endroit était devenu leur repaire. Ils s’y retrouvaient chaque semaine, dans ce monde à eux,
où rien d’autre n’avait d’importance.

Leurs rencontres étaient empreintes de passion et de tendresse. Ils partageaient des rêves, des secrets,
et même des peurs. Ils rêvaient de s’enfuir ensemble, de voir les grandes villes, de découvrir des
horizons lointains. Mais un sombre pressentiment planait toujours au-dessus d’eux, comme une ombre
invisible.

Un soir d’été, alors que les étoiles brillaient intensément dans le ciel, Camille demanda à Émile de
promettre de toujours venir à la gare, quoi qu’il arrive. Elle lui confiait ses craintes, comme si elle savait
que leur temps ensemble était compté. Émile, les yeux brillants, lui promit de ne jamais manquer un
seul de leurs rendez-vous, jusqu’à ce que le dernier train imaginaire les emporte tous deux vers leur
avenir rêvé.

Mais la vie n’est pas faite que de promesses et de rêves. Une nuit, alors qu’Émile attendait Camille dans
la vieille gare, elle ne vint pas. Les heures passèrent, et il resta assis là, sous les étoiles, espérant la voir
surgir de l’obscurité. Il ne savait pas qu’un accident tragique avait eu lieu. Camille, alors qu’elle
traversait un chemin de campagne pour le rejoindre, avait perdu la vie dans un terrible accident de
voiture.
Émile ne l’apprit que le lendemain. Le monde autour de lui s’effondra. La douleur était telle qu'il avait
l’impression qu'il ne pouvait plus respirer. Les jours suivants furent un mélange de désespoir et de
silence. Mais malgré tout, il n'abandonna pas leur promesse. Tous les soirs, il se rendait à la gare,
espérant en silence qu’elle apparaisse.

Les années passèrent. Émile vieillit, mais il revenait toujours à la gare, chaque soir, sous le ciel étoilé,
s’asseyant au même endroit, comme s'il attendait encore celle qu’il avait tant aimée. Les habitants du
village disaient de lui qu’il était devenu fou, un homme hanté par un amour passé. Mais pour Émile,
cette promesse, ce lien invisible, était tout ce qui lui restait de Camille.

Une nuit d'hiver, alors que la neige recouvrait la gare, Émile sentit enfin la fatigue le gagner. Il s’assit une
dernière fois sur le banc, fermant les yeux, un sourire triste aux lèvres. Dans un dernier soupir, il crut
sentir une présence à ses côtés. Il ouvrit les yeux, et dans le flou de la nuit, il lui sembla apercevoir
Camille, radieuse, lui tendant la main.

Émile se leva, souriant à son tour, et la rejoignit dans l’ombre, comme s’il retrouvait enfin la paix qu’il
cherchait depuis tant d’années. Au petit matin, on retrouva son corps immobile sur le banc, un sourire
apaisé figé sur son visage.

Depuis ce jour, les gens du village disent qu’à la tombée de la nuit, lorsque les étoiles sont
particulièrement brillantes, on peut apercevoir deux silhouettes, main dans la main, déambuler autour
de l’ancienne gare.

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