Guide de Lanimateur Sur Le Cadre

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 37

CADRE THEORIQUE DE

L'AGROECOLOGIE.

Juillet 2022
Table des matières
Avertissement ......................................................................................................................................... 3
I. Contexte et justification ................................................................................................................. 4
II. Comment animer la session de formation ................................................................................ 4
III. Le rôle et les tâches du formateur/animateur .......................................................................... 4
IV. Organisation du module ............................................................................................................ 5
1. Les limites de l’agriculture conventionnelle. ........................................................................... 5
2. Définition de l’agroécologie ..................................................................................................... 10
3. Pourquoi l’agroécologie ? ........................................................................................................ 16
4. Les dimensions de l’agroécologie ............................................................................................ 17
5. Les principes de l'agroécologie selon la FAO ........................................................................ 18
6. Les piliers de l’agroécologie .................................................................................................... 27
V. Les outils nécessaires à l’animation du module ........................................................................... 7
VI. Durée de la session de formation .............................................................................................. 8
Documents consultés .............................................................................................................................. 8

2
Avertissement

Ce document pédagogique a été conçu par BIOPROTECT dans le cadre du projet AVACLIM au profit
des formateurs et encadreurs agricoles.
AVACLIM, Agroécologie, une voie d’adaptation au changement climatique dans les zones sèches, vise
à créer les conditions nécessaires au déploiement de l’agroécologie en zone aride.
Ce document a pour but d’accompagner les communautés de pratiques dans une meilleure
compréhension de l’agroécologie. Le présent document poursuit les objectifs suivants :
- Informer et sensibiliser les populations sur les limites de l’agriculture conventionnelle ;
- Permettre une meilleure compréhension de l’agroécologie et surtout son importance pour la sécurité
et la souveraineté alimentaire dans un contexte où le climat change ;
- Informer sur les dimensions de l’agroécologie ;
- Expliquer les principes de l’agroécologie selon la FAO ;
- Faire connaitre les différents piliers de l’agroécologie.

Ce support a été réalisé avec l’appui financier des bailleurs de fonds du projet AVACLIM, à savoir le
GEF et le FFEM
Son contenu n’engage en rien le projet AVACLIM et ne reflète que la vision de ses auteurs.

3
I. Contexte et justification
Les systèmes conventionnels de production agricoles, à forte intensité d’intrants externes et de
ressources sont à l’origine de dégâts considérables pour la planète. L’agriculture doit de nos jours
pouvoir non seulement nourrir une population de plus en croissante et qui vit de plus en plus dans les
villes, réduire la pauvreté et les inégalités sociales tout en en préservant l’environnement.
Dans le contexte actuel de changement climatique, la diffusion de pratiques agricoles et d’élevage
fondées sur l’agroécologie permet de renforcer la résilience des populations face aux variabilités
climatiques et à ses catastrophes.
L’agroécologie est de plus en plus considérée comme une alternative viable et efficace face aux défis
actuels et futurs, d’une agriculture durable, climato-compatible, et pouvant renforcer la résilience des
populations face aux changements climatiques (de Schutter, 2010). La diffusion des pratiques
agroécologiques permet donc de réduire la vulnérabilité des systèmes agricoles aux aléas climatiques et
ainsi renforcer la résilience des petits producteurs et des systèmes agricoles face aux chocs et
catastrophes.
C'est ainsi que l'Association pour la Recherche et la Formation en Agroécologie (ARFA) et ses
partenaires travaillent au quotidien auprès des communautés locales afin de contribuer à l'amélioration
de leurs revenus en augmentant leur résilience et leurs moyens d'existence face aux changements
climatiques par la promotion des filières agro-pastorales selon l'approche agroécologique.
Pour ce faire, il s'avère ainsi nécessaire de concevoir des outils didactiques, des modules appropriés de
formation prenant la forme de livret et dont les contenus sont adaptés à l'apprentissage des adultes.

C’est l’objet du présent module qui porte sur la cadre théorique de l’agroécologie.

II. Comment animer la session de formation


La mise en œuvre d’une session de formation comprend des étapes clés. L’une de ces étapes est
l’animation. Pour bien animer une session il faut suivre les consignes suivantes :
- Placez-vous à un endroit où votre auditoire peut voir clairement la boite à image ;
- Saluez votre auditoire dans sa langue ;
- Montrez les dessins et non le texte lorsque vous parlez ;
- A l’aide d’une question ouverte, introduisez le sujet ;
- Faites participer votre auditoire posez des questions et encouragez la discussion ;
- Acceptez toutes les réponses et triez les bonnes en renforçant positivement ;
- Récapitulez les réponses retenues ;
- Développez le sujet en élargissant le thème ;
- Posez des questions de contrôle pour évaluer ce que votre auditoire a retenu ;
- Faites abstraction du texte et n’y revenir qu’à la conclusion ;
- Synthétisez l’essentiel de ce qui doit être retenu ;
- Ne soyez pas très technique, parlez un langage que votre auditoire comprend ;
- Remerciez votre auditoire et donnez-lui rendez-vous à une date précise.
-

III. Le rôle et les tâches du formateur/animateur


Pour la conduite pédagogique d’une session, il est indispensable pour le formateur/animateur de
comprendre qu’il est un facilitateur et non un professeur ou un enseignant. Dans ce rôle de facilitateur,
il a quatre rôles essentiels à jouer qui sont :
✓ Un rôle de présentateur : il introduit chaque élément de la formation avec des explications
claires et s’assure que chaque participant a compris la substance de l’élément à travers les
explications de ses concepts et notion de base et de son objectif.

4
✓ Un rôle de modérateur : l’animateur doit à travers ses questions, la distribution de la parole, les
synthèses qu’il effectue ou qu’il demande aux apprenants d’effectuer, amener les participants à
ce forger des avis et des positions réalistes selon leur contexte.
✓ Un rôle de motivateur : il doit intéresser chaque participant à la formation, motiver les plus
timides en leur donnant la parole, tout en prenant soin d’éviter les réponses suggestives qui ne
traduisent pas la réalité de la compréhension de l’apprenant.
✓ Un rôle d’observateur : il assiste aux débats entre participants sans y prendre part. Il ne doit pas
porter de jugements sur les différentes opinions. Il doit cependant encourager la participation et
une logique raisonnable dans la réflexion.
Les tâches du formateur sont essentiellement :
- La préparation et la mise en scène à travers l’introduction des différents éléments ;
- Le suivi des travaux de groupes pour recadrer si nécessaire la réflexion ;
- La modération des présentations lors des plénières.
En plus des tâches et rôles ci-dessus cités, le formateur doit observer les comportements suivants :
Avant la formation :
- Préparer chaque session (fiches de travail, fiches d’évaluation, liste de présence, image servant
de support pour l’animation de la formation, papier, feutre, scotch…) ;
- Respecter les apprenants et les heures de travail.
Pendant la formation :
- Faire une bonne introduction en présentant clairement l’objet et les objectifs de la formation, le
déroulement, le nombre de session ;
- Faire preuve de dynamisme en motivant les participants, en s’assurant de la bonne conduite des
travaux de groupe et individuels ;
- Faire preuve d’accessibilité/disponibilité pendant la formation et tenir compte des questions et
remarques des participants ;
- Faire les synthèses en tirant les leçons par thèmes avec et selon les participants ;
- Avoir une attitude à soutenir et aider les participants à mieux comprendre, à mieux exprimer
leurs idées
- Adopter un langage du corps et une gestuelle qui aident les participants à comprendre les
différentes explications ;
- Initier des jeux pédagogiques afin de détendre les participants et les motiver à mieux suivre la
formation.
Après la formation et dans la mesure du possible :
- Suivre les participants pour s’assurer qu’ils ont bien compris et appliquent ce qui a été enseigné ;
- Aider ceux qui ont des difficultés à mieux appliquer les enseignements.

IV. Organisation du module

1. Les limites de l’agriculture conventionnelle.


Au 20è siècle, l’agriculture a suivi une industrialisation rapide qualifiée de « révolution ». L’importance
de ce changement ne saurait être sous-estimée. L’industrialisation de l’agriculture, s’est développée à
partir de la fin de la Première Guerre mondiale pour devenir le modèle dominant à l’échelle mondiale
sous le nom de « révolution verte ». Au lieu de cultiver le sol, on cultivera désormais la plante.

a. Les fondements scientifiques de l’industrialisation de l’agriculture


L’industrialisation de l’agriculture a été rendue possible grâce à une évolution scientifique et technique
exogène à l’agronomie. Les outils et les concepts de l’agronomie industrielle vont venir de la chimie,
5
de la mécanique et plus tardivement de la génétique. L’intérêt pour l’agriculture dépasse les agronomes
et les agriculteurs. Ce sont les travaux des chimistes qui vont jeter les bases scientifiques de l’agriculture
industrielle. En effet les scientifiques ont démontré que l’on peut faire pousser une plante sans sol dans
une solution adaptée de minéraux.

b. Les fondements industriels


Entre 1909 et 1913, deux chimistes allemands, Fritz Haber (1868-1934) et Carl Bosch (1874-1940),
mettent au point un procédé qui permet de fixer par catalyse l’azote de l’air en produisant de l’ammoniac,
précurseur chimique des nitrates. Les nitrates étant aussi la base des explosifs, la guerre de 1914 conduit
au développement d’une production industrielle massive qui sera utilisée également en agriculture après
la guerre. La Première Guerre mondiale voit le développement des gaz de combat organochlorés qui
seront à l’origine d’une grande famille d’insecticides.
Enfin, c’est durant la Seconde Guerre mondiale que sont développés par Ezra Kraus (1885-1960) les
premiers herbicides destinés à l’origine à détruire les rizières japonaises pour affamer le pays.
Les deux guerres mondiales stimulent également l’industrie automobile, notamment pour la production
de chars d’assaut. Les industries mises en place seront mobilisées après-guerre pour la production de
tracteurs puis de moissonneuses-batteuses motorisées. Il en est de même pour la généralisation des
barbelés. Enfin, la nécessité de nourrir des armées de millions de combattants, de manière prolongée et
loin des lieux de production, jette les bases de l’industrie agroalimentaire (le développement des
conserves notamment).
L’effort de guerre a donc suscité la mise en place de puissantes industries chimiques, mécaniques et
agroalimentaires qui seront enrôlées au service de l’industrialisation de l’agriculture et constitueront
l’amont comme l’aval de la filière agroalimentaire.
Le triptyque technique de la révolution verte sera :
• la motorisation ;
• les engrais et les pesticides de synthèse ;
• la sélection par des organisations de recherche de variétés capables d’utiliser les engrais.
À cela s’ajoutera dans de nombreux endroits le développement de l’irrigation.
De son côté, l’industrie agroalimentaire va constituer un important vecteur de normalisation.
L’agriculture est désormais encadrée en amont comme en aval par des organisations de type industriel.

Image 1 : Agriculture enchainée à l’industrie agrochimiques pour les intrants et agroalimentaire pour le marché

c. Les politiques d’industrialisation


L’industrialisation de l’agriculture est le fruit de politiques publiques délibérées dont les principales
composantes sont :
❖ une politique de formation systématique et de promotion des produits industriels en vue de
convaincre les paysans d’acheter engrais, machines et semences ;
❖ la subvention des engrais et des pesticides afin d’en abaisser le coût ;
❖ l’appui à l’accès au crédit pour permettre aux paysans de s’endetter pour investir ;
❖ le développement d’une recherche visant, d’une part, à accélérer les processus de sélections
paysannes pour produire des plantes et des animaux capables de valoriser les engrais et, d’autre
part, à fournir l’ensemble des produits chimiques nécessaires aux plantes et animaux à haut
rendement ;

6
❖ des politiques foncières, voire des réformes agraires, favorisant les producteurs par rapport aux
propriétaires : droit du fermage, remembrement et soutien au départ des petits paysans afin de
favoriser l’émergence d’exploitations plus grandes ;
❖ des politiques de régulation des marchés afin de garantir aux agriculteurs des prix élevés des
denrées ;
❖ l’appui au développement de nouvelles formes juridiques pour les exploitations en vue de
distinguer le patrimoine familial du capital de l’exploitation.
De manière secondaire, ces politiques peuvent s’accompagner d’aides à l’irrigation, au drainage, à
l’arrachage, à la plantation, au stockage.

Image 2 : Rendement décroissant et ruine financière des agriculteurs

d. Traits généraux de l’industrialisation de l’agriculture sur l’organisation du


travail
L’industrialisation peut être définie par des traits généraux qui modifient l’organisation du travail. La
répétition à l’identique (des gestes et des objets) constitue le cœur du processus industriel qui met la
machine au centre du processus de production. Pour fonctionner de manière optimale, elle requiert :

✓ une standardisation des produits car les processus industriels gèrent mal les aléas ;
✓ un contrôle de l’environnement à la fois pour éviter les aléas et pour faire fonctionner les
machines le plus intensément possible ;
✓ la décomposition du processus de production en tâches élémentaires et la constitution d’une
chaîne de production au sein de laquelle chacun se spécialise pour utiliser au mieux sa machine
et dépend de l’amont et de l’aval de la chaîne ;
✓ la mobilisation de capitaux pour acheter les machines.
En agriculture, ces principes ont conduit :
▪ à une spécialisation poussée des producteurs allant jusqu’à une seule production : par exemple,
les cotonculteurs ;
▪ à une spécialisation des territoires et à leur réorganisation (remembrement) pour accueillir les
machines ;
▪ au développement d’une industrie aval (engrais, machines-outils, banque) ;
▪ au développement de l’endettement à long terme ;
▪ au développement d’une industrie amont, agroalimentaire distribution (agroalimentaire,
distribution).

e. Qu’est-ce que l’agriculture conventionnelle ?


L’agriculture conventionnelle est un mode de production agricole intensif basé sur l’utilisation des
intrants chimiques synthèses (engrais, pesticides, herbicides), des variétés à haut rendements pour
lesquelles la plupart sont des hybrides, la monoculture (les agriculteurs se spécialisent ou spécialisent
leurs exploitations pour une seule culture) et une forte utilisation de l’irrigation. C’est un mode de
production dans lequel l’agriculteur est réduit au simple rôle d’ouvrier agricole qui :
- doit obéir aux standards et aux besoins de l’industrie agroalimentaire ;
- est lié à l’industrie agrochimique pour la quasi-totalité des intrants.

f. Les limites de l’agriculture conventionnelle


Le modèle d’agriculture conventionnel connait actuellement des limites dont les principales sont :

7
- Rendement décroissant. Ce modèle de production est un modèle à rendement décroissant. Pour
garder le même niveau de récolte, l’agriculteur est obligé d’augmenter chaque année la quantité
d’engrais et de pesticide ;
- Ruine financière des agriculteurs. L’agriculture conventionnelle étant une agriculture à
rendement décroissant, cela implique plus de dépenses pour le producteur alors que les prix des
denrées agricoles n’augmentent pas rapidement ;
- Dégradation des terres. L’utilisation continue des engrais entraine une salinisation des terres.
Ces dernières perdent progressivement leur fertilité et ne peuvent plus produire.

Image 3 : Terre dégradée

- Pollution environnementale. Avec l’utilisation des pesticides tout ce qui entoure l’homme est
pollué. Les eaux de surface et souterraines sont polluées, l’air est pollué, tout est pollué.

Image 4 : Pollution environnementale

8
- Dégradation de la santé de hommes, et des autres êtres vivants. A cause de l’utilisation des
pesticides et des herbicides, l’agriculture conventionnel détruit tout ce qui est vivant (les
hommes, les plantes, les animaux, les insectes…).

Image 5 : Effet de l’agriculture conventionnel sur la santé de l’écosystème

- La paupérisation des agriculteurs et l’exode rural. L’agriculture conventionnelle accroit la


misère des populations, participe à l’exode rural, et réduit l’agriculteur à un ouvrier agricole.
Aussi, avec l’arrivée des machines, on a de moins en moins besoin de main d’œuvre.

Image 6 : Effet de l’agriculture conventionnel sur la santé la paupérisation

g. La révolution verte et ses conséquences en un schéma


Tout ce qui a été dit plus haut peut se schématiser comme suit :

9
Augmentation de la population : problème
de dépendance alimentaire, famine…
Acteurs

L’Etat propose des aides, Développement de la Incitation des agricultures


des subventions recherche : génétique, à intensifier la production
nouveaux procédés…

Achats de machines, de Variétés agricoles à haut Utilisation d’engrais,


pompes… rendement pesticides, forte irrigation
Moyens

Révolution verte

Hausse de la production, Epuisement des sols, pollution des Endettement des


Bilans

baisse des famines nappes phréatiques, intoxications agriculteurs, suicides,


alimentaires, maladies chroniques, exode rurale, perte de
destruction de l’environnement savoir et savoir-faire
locaux, pertes identitaires
et culturelles
Figure 1 : illustration de la révolution verte et de ses conséquences

Que faut-il retenir ?


Au cours de son évolution, l’humanité est passée d’une agriculture productrice de nourriture à une agriculture
pourvoyeuse de matières premières. Des acteurs non agricoles se sont emparés des questions agricoles et y ont
imposé leur vision. Ainsi, le secteur agricole se trouve encadré en amont et en aval par des industries et des banques.
Avant l’industrialisation de l’agriculture, on cultivait le sol avant de cultiver des plantes. Les facteurs de production
étaient donc propres à l’agrosystème et se composaient : du sol ; de l’eau locale ; des plantes et des animaux
présents sur l’exploitation (biodiversité cultivée) de la main-d’œuvre.
Avec l’industrialisation de l’agriculture, au lieu de cultiver le sol, on cultivera désormais la plante. Cela se traduit
par l’usage de facteurs de production externes (ou intrants) importés : l’eau importée ; l’énergie (fuel) ; les engrais
; les pesticides ; les semences importées, etc.
À partir de la Première Guerre mondiale, l’agriculture connaît un processus d’industrialisation qui rompt avec le
progrès agronomique du 19è siècle. Les engrais azotés, la motorisation, les pesticides, l’organisation industrielle du
travail et le développement de sociétés de capitaux entraînent une mutation si profonde qu’on l’a qualifiée de «
révolution verte ».
Cette révolution verte, qui est un succès incontestable en matière de production de masse, est cependant remise en
question par ses effets à la fois environnementaux et sociaux.
Les facteurs qui l’ont rendue possible (coût très bas des énergies, ressources en eau douce, en sol et en biodiversité
issue du passé) sont en voie rapide de disparition.

2. Définition de l’agroécologie

10
a. Les différents courants de pensées
Il y’a autant de définition de l’agroécologie que d’approche la caractérisant. Dans l’histoire de
l’agroécologie il existe trois courants de pensée dominants.
Certains considèrent l’agroécologie comme un mouvement social, d’autres la considèrent comme un
ensemble de pratiques agricoles et enfin le dernier groupe l’aborde comme une discipline scientifique.
Selon l’approche sociale, l’agroécologie se définie comme une approche multidimensionnelle. Au-delà
d’un ensemble de pratiques agricoles, c’est aussi un mouvement qui vise à réformer notre modèle
agricole pour protéger et régénérer l’environnement naturel, tout en intégrant une dimension sociale et
en privilégiant la fonction nourricière de l’agriculture, sans oublier sa dimension économique.
L’agroécologie est donc ainsi un mouvement social défendant un modèle agricole et alimentaire
différent, basé sur l’autonomie, les petites exploitations, la diversité culturale et culturelle, les savoirs
multiples et la création de liens entre les personnes.

Figure 2 : illustration de l’approche multidimensionnelle de l’Agroécologie

Selon Pierre Rabhi, l’agroécologieagroécologie est une alternative éthique et réaliste, un acte de légitime
résistance, qui permet l’autonomie des populations et la préservation de leurs patrimoines nourriciers
face à un système qui confisque le droit des peuples à se nourrir par eux-mêmes. Pour lui,
l’agroécologieagroécologie replace l’être humain dans sa responsabilité à l’égard du vivant ; elle est à
la fois une éthique de vie et une pratique agricole.

Figure 3 :
L’agroécologie : une étique de vie et une
pratique agricole
Vu sous l’angle des pratiques
agricoles, l’agroécologie peut se définir comme un ensemble de pratiques agricoles visant à imiter la
nature dans son champ. En se référant à Gliessman, il ressort que l’agroécologie est : l’étude,

11
l’application et la défense des concepts, principes et méthodes visant à l’établissement d’agrosystèmes
et de systèmes alimentaires durables aux points de vue productif, environnemental, social, culturel et
économique. En d’autres termes, l’agroécologie suppose une interaction homme/nature permettant de
régénérer, de maintenir et même d’augmenter les niveaux et la diversité de la production d’une parcelle
en développant des processus naturels et durables, à partir des connaissances locales et de
l’expérimentation.

Figure 4 : L’agroécologie : une intégration homme/nature

Selon Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation,
l’agroécologie consiste pour le paysan à chercher à imiter la nature dans son champ. Elle mise sur les
complémentarités entre différentes plantes et différents animaux. Elle parie sur la capacité d’intégration
des écosystèmes. Elle reconnaît la complexité inhérente aux systèmes naturels. Elle récompense
l’intelligence et l’inventivité, là où l’agriculture industrielle prétend décomposer la nature en ses
éléments et simplifier, quitte à la rendre monotone, la tâche de l’agriculteur. Elle conçoit l’agriculture
non pas comme un processus qui transforme des intrants (engrais et pesticides) en productions agricoles,
mais plutôt comme un cycle, où le déchet qui est produit sert d’intrant, où les animaux et les
légumineuses servent à fertiliser les sols, où même les mauvaises herbes remplissent des fonctions utiles.

Figure 5 :
Economie basée sur les cycles

Pour les scientifiques,


l’agroécologie associe la science et la pratique de l’agronomie à celles de l’écologie, tout en s’adaptant
au contexte de chaque exploitation ou région. L’agroécologie est donc une discipline scientifique qui
s’appuie sur un référentiel alternatif. Le professeur Miguel Altieri, un des pères fondateurs de

12
l’agroécologie la définie comme « l’application de la science écologique à l’étude, à la conception et à
la gestion d’agroécosystèmes durables » (Delcourt, 2014, p.15).
A l’image de ces trois courants de pensées, plusieurs auteurs se sont se sont prêtés à l’exercice de définir
ce qu’est l’agroécologie. Chacun d’entre eux en a une définition différente, mais les principes abordés
vont dans le même sens. L’application des principes de l’agroécologie permet de répondre aux
difficultés des paysans, qu’elles soient d’ordre technique, social, économique ou alimentaire. Les
aliments ainsi obtenus sont destinés de façon prioritaire à la souveraineté alimentaire de la famille
paysanne productrice et de sa communauté.
Selon la FAO, l’agroécologie est une approche intégrée qui applique concomitamment des notions et
des principes écologiques et sociaux à la conception et à la gestion des systèmes alimentaires et
agricoles. Elle vise à optimiser les interactions entre les végétaux, les animaux, les humains et
l’environnement, sans oublier les aspects sociaux dont il convient de tenir compte pour qu’un système
alimentaire soit durable et équitable.
L’approche est donc globale : elle inclut des aspects techniques mais ne se limite plus à ces derniers.
Cela lui donne une dimension politique, de par les principes et revendications qu’elle implique.
Durant la dernière décennie, le terme d’agroécologie s’est peu à peu imposé dans le débat sur
l’agriculture, dépassant souvent celui d’agriculture durable. Néanmoins, la question de sa définition,
encore floue, fait l’objet d’un véritable affrontement idéologique entre des protagonistes qui en ont
chacun des conceptions différentes, au milieu d’une floraison d’autres termes.
L’ensemble de ces concepts revendique le même objectif de base. C’est donc par les attendus et
l’approche qu’ils se distinguent. On peut identifier quelques clivages simples qui les différencient :
➢ L’ampleur du système qu’ils considèrent : selon qu’ils se limitent à considérer les
exploitations dans leurs pratiques techniques (exemple de l’agriculture raisonnée) ou qu’ils
prétendent embrasser l’ensemble du système alimentaire, voire qu’ils revendiquent de changer
le rapport anthropologique de l’homme à la nature comme dans le cas de l’agriculture naturelle
de Fukuoka (1913-2008) ou de la version de l’agroécologie développée en France par Pierre
Rabhi.
➢ leur rapport à la technique : selon qu’ils privilégient le dépassement des problèmes actuels
par le développement de nouvelles techniques, dites « high-tech », qui mobilisent des moyens
lourds externes à l’agriculture – biotechnologie, drone, technique de la communication
satellitaire, informatisation et automatisation – ou qu’ils privilégient au contraire la recherche
de solutions techniques de moindre intensité, dites « low-tech », fondées sur des techniques
maîtrisées par les agriculteurs. Ce débat reprend celui initié dans les années 1970 par Ernst
Schumacher (1911-1977) sur les « technologies appropriées ».
➢ leur rapport au marché : selon qu’ils privilégient une monétarisation accrue de l’économie
(par exemple en donnant un prix à la nature et en créant des marchés) ou qu’ils promeuvent une
régulation non marchande accrue d’une partie de la filière agroalimentaire.
Que faut-il retenir ?
Il est vrai qu’il n’y a pas une seule définition de l’agroécologie. Cependant, du point de vue des techniques
agricoles à promouvoir, il existe un consensus relatif autour des points suivants :
➢ une réduction du travail des sols ;
➢ l’augmentation de la diversité des cultures, notamment en allongeant les rotations ;
➢ une réduction de l’utilisation de pesticides ;
➢ la nécessité d’augmenter le revenu des actifs agricoles.

b. Les différents modèles agroécologiques

Les modèles agroécologiques peuvent se répartir en 5 grands groupes.

b.1) Le Green business

Le green business propose de maintenir le modèle de l’agriculture industrielle, mais mise sur
l’innovation technique et les outils du marché pour rendre l’agriculture tout à la fois compétitive

13
économiquement et vertueuse écologiquement.

Figure 6: Représentation schématique du green business

b.2) L’agroécologie faible

L’agroécologie faible reconnaît la nécessité de réformer en profondeur l’agriculture industrielle,


notamment en rétablissant au niveau des fermes des agrosystèmes utilisant les bouclages des cycles
biologiques (carbone, azote) pour réduire l’importation de pesticides. Cependant, ce modèle n’interpelle
ni l’organisation de la recherche ni l’organisation du marché.

Figure 7: Représentation schématique de l'agroécologie faible

b.3) L’agroécologie forte


L’agroécologie forte partage avec l’agroécologie faible la nécessité de reconstituer des agrosystèmes
équilibrés. Cependant elle la dépasse en appelant à une réforme générale du système alimentaire pour le
rendre plus durable car elle considère que cette réforme est la condition de réussite des changements de
pratique agronomique. Elle promeut notamment : une recherche participative, la figure du
consommateur responsable (les consomm’acteurs), un financement mutualiste de l’agriculture associant
les consomm’acteurs, des politiques publiques de l’agriculture renouvelée, notamment en termes de
fiscalité, de régulation des marchés d’autonomie et de responsabilisation des collectivités locales.

14
Figure 8 : Représentation schématique de l'agroécologie forte

b.4) L’agroécologie spirituelle

Sans écarter aucune des réformes de l’agroécologie forte, l’agroécologie spirituelle insiste sur le fait que
celles-ci ne peuvent se développer qu’accompagnées d’un changement culturel profond de nature
spirituelle appelant les individus à réformer leur rapport à la nature, à la communauté et en dernier
ressort à eux-mêmes.

Figure 9 : Représentation schématique de l'agroécologie spirituelle

b.5) L’écologie profonde


L’écologie profonde constate l’impasse écologique et l’absence de solution dans le cadre actuel de
pensée. Elle rappelle le cadre d’airain que constituent les grandes lois de la biologie, de la physique et
de l’évolution dont l’homme ne peut durablement s’affranchir. La condition humaine est une condition

15
animale et l’homme, en tant qu’espèce, court des risques de disparition par l’épuisement rapide des
conditions de sa survie. Paradoxalement, la caractéristique même de l’homme, et la raison de sa réussite
(la capacité à élaborer des sociétés techniquement et socialement complexes, ce que l’on appelle «
civilisation »), constitue désormais la principale menace pour la vie et pour l’espèce. Comment concilier
la survie biologique de l’espèce et sa trajectoire civilisationnelle ? Tel est le défi.

Figure 10 : Représentation schématique de l’écologie profonde

3. Pourquoi l’agroécologie ?
L’agroécologie, est une alternative pour une agriculture durable, pour l’atteinte de la souveraineté et la
sécurité alimentaire.
L’agroécologie combine des réponses d’ordre technique qui permettent à l’Homme de concilier
productivité avec faible pression sur l’environnement et gestion durable des ressources naturelles.
L’agroécologie apporte des réponses face aux limites de l’agriculture conventionnelle.

Image 7 : Comment l’agroécologie participe à la sécurité alimentaire


Les effets de l’agroécologie se manifestent à trois niveaux : environnemental, économique et social.
Le tableau ci-dessous présente les avantages et les limites de l’agroécologie.
Tableau 5 : Avantages et limites de l’agroécologie

16
L’agroécologie favorise la vie dans le sens qu’elle :
➢ Est d’abord une agriculture familiale et met la famille au cœur du système de production
alimentaire ;
➢ Ne s’accapare pas du vivant : les graines et semences sont en distribution libre, ce ne sont pas
hybrides. La production et le libre échange des semences sont valorisés ;
➢ Garantie une alimentation saine : la production agroécologique est sans intrants nocifs à la
santé ;
➢ Préserve la biodiversité : l’agroécologie favorise et préserve la biodiversité nécessaire à la vie ;
➢ Préserve les écosystèmes : l’agroécologie améliore la qualité des sols, augmente la disponibilité
en eau, augmente la biomasse et la biodiversité est beaucoup plus productive ;
➢ Permet la souveraineté alimentaire : l’agroécologie favorise les échanges et la
commercialisation solidaire par les marchés locaux et régionaux.

4. Les dimensions de l’agroécologie

L’agroécologie intègre les trois dimensions de la durabilité que sont : le social, l’économique
et l’environnement.
La figure 12 ci-dessous présente ces différentes dimensions.

17
Figure 11 : les 3 dimensions de l’agroécologie.

5. Les principes de l'agroécologie selon la FAO


La FAO fonde l’agroécologie sur 10 éléments, qui découlent des séminaires régionaux de la FAO sur
l’agroécologie. Ces 10 principes, visent à aider les pays à transformer leurs systèmes alimentaires et
agricoles, à généraliser l’agriculture durable, ainsi qu’à atteindre l’objectif « faim zéro » et de multiples
autres objectifs de développement durable (ODD). Ces 10 principes peuvent se regrouper en trois grands
groupes que sont :
- description des caractéristiques communes des systèmes agroécologiques, pratiques fondatrices
et approches novatrices : diversité; synergies; efficience; résilience; recyclage; co-création et
partage de connaissances ;
- caractéristiques contextuelles : valeurs humaines et sociales; culture et traditions alimentaires
- environnement porteur : économie circulaire et solidaire; gouvernance responsable ;
Il faut souligner que ces 10 principes de l’agroécologie sont liés et interdépendants.

a. La diversité
La diversification est essentielle à la transition agroécologique en ce qu’elle permet d’améliorer la
sécurité alimentaire et la nutrition tout en conservant, en protégeant et en mettant en valeur les ressources
naturelles.
L’accroissement de la biodiversité comporte divers avantages concernant la production, la situation
socioéconomique, la nutrition et l’environnement. En planifiant et en gérant la biodiversité, les
approches agroécologiques améliorent la fourniture de services écosystémiques, y compris la
pollinisation et la santé des sols, dont la production agricole est tributaire. La diversification peut
augmenter la productivité et l’efficience d’utilisation des ressources en optimisant la biomasse et la
récupération de l’eau. La diversification agroécologique renforce également la résilience écologique et
socioéconomique, notamment en créant de nouveaux débouchés commerciaux. La diversité des cultures
et des animaux, par exemple, réduit le risque d’échec face au changement climatique. Un pacage mixte
associant différentes espèces de ruminants limite les risques sanitaires liés aux parasites, tandis que la
diversité des espèces ou des races locales rend celles-ci mieux à même de survivre, de produire et de
maintenir leur taux de reproduction dans des environnements hostiles. Ensuite, la variété des sources de
revenu issues de marchés différenciés et nouveaux (produits divers, transformation alimentaire locale et

18
agrotourisme, par exemple) contribue à stabiliser les revenus des ménages. La consommation de tout un
éventail de céréales, de légumes secs, de fruits, de légumes et de produits d’origine animale améliore
les résultats nutritionnels. En outre, la diversité génétique des variétés, des races et des espèces est
importante dans la mesure où elle apporte des macronutriments, des micronutriments et d’autres
composés bioactifs dans le cadre du régime alimentaire.

Image 8 : la diversification de la production agricole

b. La cocréation et le partage de connaissances


Les innovations agricoles sont davantage susceptibles de résoudre les problèmes locaux lorsqu’elles
sont élaborées de manière conjointe dans le cadre de processus participatifs.
L’agroécologie repose sur des connaissances spécifiques au contexte. Elle n’offre pas de solutions
universelles. Au contraire, les pratiques agroécologiques sont adaptées à la situation environnementale,
sociale, économique, culturelle et politique. La production conjointe et le partage d’informations jouent
un rôle central dans l’élaboration et l’application d’innovations agroécologiques qui aident à faire face
aux enjeux auxquels les systèmes alimentaires sont confrontés, y compris l’adaptation au changement
climatique.
Dans le cadre du processus de production conjointe, l’agroécologie associe les savoirs traditionnels et
autochtones, les connaissances pratiques des producteurs et des marchands et les connaissances
scientifiques mondiales. Le savoir des producteurs sur la biodiversité agricole et leur expérience en
matière de gestion dans des contextes spécifiques, ainsi que leurs connaissances relatives aux marchés
et aux institutions, sont absolument centraux dans ce processus.
L’éducation, tant scolaire qu’informelle, joue un rôle fondamental dans le partage des innovations
agroécologiques découlant des processus de production conjointe.
Promouvoir des processus participatifs et des innovations institutionnelles qui créent une confiance
mutuelle permet la production conjointe et le partage de connaissances, ce qui contribue à amorcer une
transition agroécologique pertinente et inclusive.

19
Image 9 : Co-création et partage de connaissance

c. Les synergies
La création de synergies améliore les fonctions essentielles au sein des systèmes alimentaires en ce
qu’elle concourt à la production et à de multiples services écosystémiques.
L’agroécologie prête une attention particulière à la conception de systèmes diversifiés qui associent de
manière sélective les cultures annuelles et les cultures pérennes, les animaux d’élevage et les animaux
aquatiques, les arbres, les sols, l’eau et les autres éléments des exploitations et des paysages agricoles
afin de renforcer les synergies dans le contexte d’un changement climatique de plus en plus marquer.
La création de synergies dans les systèmes alimentaires comporte de multiples avantages. En optimisant
les synergies biologiques, les pratiques agroécologiques améliorent les fonctions écologiques, d’où une
plus grande efficience d’utilisation des ressources et une résilience accrue. Environ 15 pour cent de
l’azote appliqué dans les champs est issu de fumier d’animaux d’élevage, ce qui illustre les synergies
découlant de l’intégration entre les cultures et l’élevage.
En maximisant les synergies, les systèmes agricoles intégrés améliorent considérablement les
rendements, la diversité alimentaire, le lutte contre les plantes adventices, la structure et la fertilité des
sols, tout en fournissant des habitats pour la biodiversité et en participant à la lutte contre les organismes
nuisibles. Au niveau des paysages, il est nécessaire de synchroniser les activités de production dans le
temps et dans l’espace afin de renforcer les synergies pour lutter efficacement contre l’érosion et la
dégradation ses sols.

Image 10 : Synergie dans la production agricole

20
d. L’efficience
Des pratiques agroécologiques novatrices permettent de produire plus en utilisant moins de ressources
externes.
L’amélioration de l’efficience d’utilisation des ressources est une propriété nouvelle des systèmes
agroécologiques, qui planifient et gèrent prudemment la diversité afin de créer des synergies entre différentes
composantes du système concerné.
Les systèmes agroécologiques améliorent l’utilisation des ressources naturelles, en particulier celles qui sont
abondantes et gratuites, comme le rayonnement solaire, le carbone atmosphérique et l’azote. En renforçant
les processus biologiques et en recyclant la biomasse, les nutriments et l’eau, les producteurs peuvent utiliser
moins de ressources externes, ce qui réduit les coûts et les effets négatifs sur l’environnement.
Enfin, une moindre dépendance à l’égard de ressources externes donne des moyens supplémentaires aux
producteurs en augmentant leur autonomie et leur résilience face aux chocs naturels ou économiques. L’une
des mesures de l’efficacité des systèmes intégrés est l’équivalent de surface cultivée. Elle consiste à comparer
les rendements des associations de plusieurs éléments (cultures, arbres, animaux, par exemple) à ceux des
monocultures. Les systèmes agroécologiques intégrés correspondent souvent à des équivalents de surface
cultivée supérieurs. Par conséquent, l’agroécologie promeut des systèmes agricoles qui disposent de la
diversité biologique, socioéconomique et institutionnelle nécessaire et sont adaptés aux plans spatial et
temporel pour contribuer à une meilleure efficience.

Image 11 : Efficience d’une exploitation agroécologique

e. Le recyclage
Le recyclage permet de réduire les coûts économiques et environnementaux de la production agricole.
En imitant ces écosystèmes, les pratiques agroécologiques contribuent aux processus biologiques qui
régissent le recyclage des nutriments, de la biomasse et de l’eau au sein des systèmes de production et,
partant, elles accroissent l’efficience d’utilisation des ressources et réduisent au minimum le gaspillage et la
pollution. Le recyclage peut avoir lieu tant sur les exploitations qu’à l’échelon des paysages, grâce à la
diversification et à la création de synergies entre différentes composantes et activités. Lorsque des systèmes
agroforestiers comprennent des arbres à racines profondes, par exemple, ceux-ci peuvent capturer les
nutriments que les racines des végétaux annuels ne peuvent atteindre. Les systèmes cultures-élevage
favorisent le recyclage de la matière organique par l’utilisation du fumier pour le compost ou directement en
tant qu’engrais, et des résidus de cultures et des sous-produits agricoles pour nourrir les animaux.
Le recyclage comporte de nombreux avantages : il permet de boucler les cycles et de réduire le gaspillage,
d’où une dépendance moindre à l’égard de ressources externes, d’autonomiser les producteurs et de réduire

21
leur sensibilité aux perturbations des marchés et aux chocs climatiques. Le recyclage de la matière organique
et des sous-produits offre de nombreuses possibilités d’innovation agroécologique.

Image 12 : Le recyclage

f. La résilience
Une meilleure résilience des personnes, des communautés et des écosystèmes est essentielle à des systèmes
alimentaires et agricoles durables.
Des systèmes agroécologiques diversifiés sont plus résilients : ils sont mieux à même de se remettre des
perturbations éventuelles, y compris les événements climatiques extrêmes comme les sécheresses, les
inondations ou les ouragans, et de résister aux attaques des organismes nuisibles et aux maladies.
En maintenant un équilibre fonctionnel, les systèmes agroécologiques sont en mesure de résister aux attaques
d’organismes nuisibles et aux maladies. Les pratiques agroécologiques valorisent la complexité biologique
des systèmes agricoles et favorisent la communion nécessaire entre les organismes en interaction pour que
les infestations d’organismes nuisibles s’autorégulent. À l’échelle des paysages, une agriculture diversifiée
est davantage susceptible de contribuer à la lutte contre les organismes nuisibles et les maladies. De même,
les approches agroécologiques peuvent améliorer la résilience socioéconomique. Grâce à la diversification
et à l’intégration, les producteurs réduisent leur vulnérabilité, au cas où une culture, une espèce d’élevage ou
un autre produit connaîtrait des difficultés. En réduisant la dépendance à l’égard des intrants externes,
l’agroécologie peut limiter la vulnérabilité des producteurs face aux risques économiques. Le renforcement
de la résilience écologique va de pair avec celui de la résilience socioéconomique. En effet, les humains font
partie intégrante des écosystèmes.

22
Image 13 : le paillage comme facteur de résilience en agriculture

g. Les valeurs humaines et sociales


Protéger et améliorer les moyens d’existence ruraux, l’équité et le bien-être social est essentiel à des systèmes
alimentaires et agricoles durables.
L’agroécologie met fortement l’accent sur les valeurs humaines et sociales comme la dignité, l’équité,
l’inclusion et la justice, qui contribuent toutes au volet des ODD concernant l’amélioration des moyens
d’existence. Elle place les aspirations et les besoins des producteurs, des distributeurs et des consommateurs
au cœur des systèmes alimentaires. En renforçant l’autonomie et les capacités d’adaptation qui permettent de
gérer les écosystèmes agricoles, les approches agroécologiques donnent aux individus et aux populations les
moyens de surmonter la pauvreté, la faim et la malnutrition, tout en favorisant les droits de l’homme,
notamment le droit à l’alimentation, et la gestion de l’environnement, de sorte que les générations futures
puissent vivre dans la prospérité. L’agroécologie vise à éliminer les inégalités entre les sexes en offrant des
possibilités aux femmes. Au niveau mondial, les femmes représentent près de la moitié de la main-d’œuvre
agricole. Elles jouent aussi un rôle vital dans la sécurité alimentaire des ménages, la diversité alimentaire et
la santé, ainsi que dans la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité. Malgré cela, elles demeurent
marginalisées au plan économique et exposées à des violations de leurs droits, et leurs contributions sont
encore rarement reconnue.
L’agroécologie peut ouvrir aux femmes des espaces qui leur permettent de devenir plus autonomes et leur
donner davantage de pouvoir au sein du foyer, au niveau de la collectivité et au-delà, en leur donnant la
possibilité d’intégrer des groupes de producteurs, par exemple. La participation des femmes est essentielle à
l’agroécologie et celles-ci dirigent souvent les projets agroécologiques. Dans de nombreux endroits du
monde, les jeunes ruraux subissent une crise de l’emploi. L’agroécologie offre une solution prometteuse en
fournissant des emplois décents. Elle repose sur un mode de production agricole différent, qui est basé sur
les connaissances, respectueux de l’environnement, responsable au plan social, novateur, et qui est pratiqué
par une main-d’œuvre qualifiée. Les jeunes ruraux du monde entier se caractérisent par leur énergie, leur
créativité et leur désir de changer le monde de manière positive. Ils ont simplement besoin de soutien et de
possibilités. L’agroécologie, en tant que paradigme d’un développement rural durable qui part de la base,
donne aux gens les moyens de devenir des acteurs du changement.

23
Image 14 : les valeurs humaines et sociales

h. La culture et les traditions alimentaires


En favorisant des régimes alimentaires sains, diversifiés et adaptés au plan culturel, l’agroécologie contribue
à la sécurité alimentaire et à la nutrition, tout en préservant la santé des écosystèmes.
L’agriculture et l’alimentation sont des piliers du patrimoine humain. Par conséquent, les traditions
culturelles et alimentaires jouent un rôle central dans la société et dans le comportement humain. Cependant,
dans bien des cas, nos systèmes alimentaires actuels ont rompu le lien entre les habitudes alimentaires et la
culture. Cette déconnexion a contribué à créer une situation où faim et obésité coexistent dans un monde qui
produit assez de nourriture pour l’ensemble de sa population. Près de 800 millions de personnes dans le
monde souffrent de la faim chronique et deux milliards, de carences en micronutriments. En outre, l’obésité
et les maladies liées au régime alimentaire se propagent à un rythme effréné : 1,9 milliard de personnes
souffrent d’un excès de poids ou de l’obésité, et les maladies non transmissibles (cancers, pathologies
cardiovasculaires, diabète) sont la première cause de mortalité à l’échelon mondial. L’agroécologie joue un
rôle important en rétablissant l’équilibre entre les traditions et les habitudes alimentaires modernes, en les
associant de manière harmonieuse pour encourager une production et une consommation alimentaires saines
et en défendant le droit à une alimentation adéquate. Ainsi, elle vise à entretenir une relation saine entre les
humains et l’alimentation. En outre, l’identité culturelle et le sentiment d’ancrage géographique sont souvent
étroitement liés aux paysages et aux systèmes alimentaires. Dans la mesure où les populations et les
écosystèmes ont évolué ensemble, les pratiques culturelles et autochtones et les savoirs traditionnels sont une
mine d’expérience dans laquelle il est possible de puiser pour trouver des solutions agroécologiques.

24
Image 15 : la culture et les traditions alimentaires.

i. La gouvernance responsable
Une alimentation et une agriculture durables nécessitent des mécanismes de gouvernance responsables et
efficaces à différents niveaux (local, national et mondial).
L’agroécologie appelle à une gouvernance responsable et efficace qui facilite la transition vers des systèmes
alimentaires et agricoles durables. Des mécanismes de gouvernance transparents, responsables et inclusifs
sont nécessaires pour créer un environnement porteur, qui aide les producteurs à transformer leurs systèmes
sur la base des notions et des pratiques agroécologiques.
Parmi les exemples de réussite, citons les repas scolaires et les programmes axés sur les achats, la
réglementation des marchés permettant un marquage différencié des produits issus de l’agroécologie et les
subventions et autres mesures d’incitation à l’appui des services écosystémiques.
La gouvernance des terres et des autres ressources naturelles est un excellent exemple. La majorité des
populations pauvres et vulnérables du monde ont des moyens d’existence fortement tributaires de la
biodiversité terrestre et aquatique et des services écosystémiques, et ne disposent donc pas d’un accès assuré
à ces ressources. L’agroécologie repose sur un accès équitable aux terres et aux autres ressources naturelles,
ce qui est essentiel à la justice sociale mais aussi important pour encourager les investissements à long terme
qui sont nécessaires pour préserver les sols, la biodiversité et les services écosystémiques. Des mécanismes
de gouvernance responsables à différents niveaux constituent la meilleure solution à l’appui de
l’agroécologie. De nombreux pays ont déjà élaboré une législation, des politiques et des programmes
nationaux qui récompensent une gestion agricole améliorant la biodiversité et la fourniture de services
écosystémiques. La gouvernance à l’échelon des territoires, des paysages et des communautés, notamment
les modèles de gouvernance traditionnels et coutumiers, est extrêmement importante pour encourager la
coopération entre les parties prenantes et maximiser les synergies, tout en limitant ou en gérant les
compromis.

25
Image 16: Gouvernance responsable

j. L’économie circulaire et solidaire


L’économie circulaire et solidaire, qui rétablit le lien entre les producteurs et les consommateurs, fournit des
solutions novatrices pour vivre compte tenu des limites de notre planète, tout en établissant les fondements
sociaux d’un développement inclusif et durable.
L’agroécologie vise à rétablir le lien entre les producteurs et les consommateurs grâce à une économie
circulaire ou à une économie solidaire qui accorde la priorité aux marchés locaux et favorise le
développement économique local en créant des cercles vertueux. Les approches agroécologiques promeuvent
des solutions justes en fonction des besoins, des ressources et des capacités locaux, ce qui permet l’apparition
de marchés plus équitables et plus durables. Le renforcement des circuits alimentaires courts peut augmenter
les revenus des producteurs tout en maintenant des prix justes pour les consommateurs. Il s’agit de nouveaux
marchés novateurs mais aussi de marchés territoriaux traditionnels, sur lesquels la plupart des petits
exploitants commercialisent leurs produits. Les innovations sociales et institutionnelles jouent un rôle crucial
en ce qu’elles encouragent la production et la consommation de denrées issues de l’agroécologie. Parmi les
innovations qui ont contribué à mettre en relation producteurs et consommateurs, citons les programmes
participatifs de garantie, les marchés de producteurs locaux, l’étiquetage fondé sur les dénominations
d’origine, l’agriculture soutenue par la communauté et le commerce électronique. Ces marchés répondent à
une demande croissante des consommateurs, qui souhaitent s’alimenter plus sainement. Repenser les
systèmes alimentaires en s’appuyant sur les principes de l’économie circulaire peut aider à s’attaquer au
problème mondial qu’est le gaspillage de nourriture en raccourcissant les chaînes de valeur alimentaires et
en les rendant plus efficientes du point de vue de l’utilisation des ressources.

26
Image 17 : Economie circulaire et solidaire.

Que retenir ?
Les 10 principes de l’agroécologie de la FAO, visent à aider les pays à transformer leurs systèmes
alimentaires et agricoles, à généraliser l’agriculture durable, ainsi qu’à atteindre l’objectif « faim zéro
» et de multiples autres objectifs de développement durable (ODD). Ces 10 principes sont : diversité;
synergies; efficience; résilience; recyclage; co-création, partage de connaissances, valeurs
humaines et sociales; culture et traditions alimentaires, économie circulaire et solidaire;
gouvernance responsable.
Ces 10 principes de l’agroécologie sont liés et interdépendants.

6. Les piliers de l’agroécologie


a. Les éléments fondamentaux de l’agroécologie

Les éléments fondamentaux de l’agroécologie sont :


Le sol :
✓ Est issu de l’altération de la roche mère, est façonné par l’homme et évolue sous l’action des facteurs
du milieu (climat et végétation) ;
✓ Contient les éléments nutritifs nécessaires au développement de la plante qui les assimile grâce à
l’eau ;
✓ Assure différentes fonctions : alimentation des plantes, support de l’homme et ses activités, stockage
de l’eau et support du paysage.
La plante :
✓ Les plantes du groupe des légumineuses fixent l’azote dans le sol ;
✓ La plante nourrit l’homme et l’animal ;
✓ La plante protège le sol des effets du rayonnement solaire, des vents et de la pluie ;
✓ Les plantes, par la photosynthèse, absorbent le CO2, séquestrent le carbone et dégagent de l’oxygène
dans l’atmosphère ;
✓ La plante sait être mauvaise (herbe folle, plante épineuse, plante poison) mais sa présence n’est
jamais un hasard ; il est donc nécessaire de préserver la diversité des plantes.

L’eau :
✓ Le cycle de l’eau est aussi le cycle de la vie ;

27
✓ Qu’elle soit liquide ou vapeur, dans le sol ou dans l’atmosphère, l’eau permet la vie du sol, transporte
les éléments nutritifs pour la plante, abreuve l’homme et l’animal ;
✓ L’eau sait aussi être destructrice (érosion des terres, inondation des cultures) ; il est donc nécessaire
d’adopter des pratiques raisonnées pour gérer les excès et/ou les insuffisances de la ressource en eau.

L’animal :
✓ Il nourrit le sol, la plante et l’homme ;
✓ Il est un élément central d’équilibre des systèmes agricoles (échanges entre les cultures et les
animaux) ;
✓ Il fournit l’énergie pour le travail agricole
✓ Il est un précieux allié pour agriculture et pour l’équilibre de l’exploitation ; il est donc nécessaire de
créer des synergies entre les activités de production végétale et l’élevage.

Le paysage :
✓ Il protège la plante et nourrit le sol qui nourrit la plante (recyclage des éléments) ;
✓ Il est façonné par l’homme qui y laisse ses empreintes : empreintes positives si les ses activités
maintiennent un équilibre avec leur environnement ; négatives lorsqu’elles contribuent à détruire le
paysage qui les accueille. Il est donc essentiel d’inscrire les activités de productions dans une vision
globale d’aménagement du paysage.

b. Les Principes de base de l’agroécologie


Le principe de base de l’agroécologie est l’imitation de la nature. L’agroécologie se base notamment sur
l’imitation des processus naturels des écosystèmes. En effet, ces nombreuses pratiques et techniques agricoles
concernent la gestion de la fertilité, la conservation des sols, la gestion de l’eau, le contrôle des ravageurs et
des maladies, la gestion des cultures dans l’exploitation, l’élevage, la conservation des semences et bien
d’autres domaines. Bien que les pratiques agroécologiques soient diverses, elles poursuivent un même
objectif : maintenir et même augmenter les niveaux de production de la parcelle tout en menant une gestion
durable et une préservation des ressources naturelles et de l’environnement : eau, terres, forêts, énergies
alternatives, résidus, etc. Les techniques de l’agroécologie se basent notamment sur l’imitation des processus
naturels des écosystèmes, favorisant ainsi des interactions et synergies biologiques entre leurs composantes
et veillant à maintenir un équilibre entre elles (y compris l’homme). Les techniques et modes de production
utilisés en agroécologie répondent donc aux principes suivants :
➢ Maintenir, voire augmenter la fertilité naturelle des sols et la vie édaphique, par exemple par la
multiplication et l’épandage de micro-organismes indispensables à la vie dans le sol ;
➢ Limiter, voire proscrire l’usage de produits de synthèse, chimiques et nocifs pour l’environnement
et la santé, ce qui favorise la santé des terres et l’indépendance des petits agriculteurs et agricultrices
vis-à-vis des grandes industries productrices de ces pesticides et autres engrais ;
➢ Privilégier les intrants locaux et le recyclage des sous-produits de l’exploitation (fumiers, déchets de
culture, déchets ménagers) comme principale source d’intrants ;
➢ Favoriser le maintien de l’agrobiodiversité et donc la diversification des cultures au sein d’une même
parcelle et l’association agriculture-élevage ;
➢ Privilégier l’usage de variétés et de races locales ;
➢ Viser la prévention et le contrôle spontané1 des maladies et des populations de ravageurs plutôt que
leur élimination ;
➢ Favoriser la protection des sols à travers diverses techniques limitant l’impact négatif des
interventions humaines néfastes, et des actions de la pluie, du soleil et du vent sur la structure du sol.

1 Utilisation des auxiliaires de lutte, plantes pièges


28
Image 18 :
Périmètre maraîcher embocagé

c. Les pratiques de l’agroécologie


L’agroécologie combine des réponses d’ordre technique qui permettent à l’Homme de concilier
productivité avec faible pression sur l’environnement et gestion durable des ressources naturelles. Elle
prend en compte les interactions entre le sol, l’eau, la plante, l’animal et le paysage dans un objectif
d’intégration de l’activité dans le milieu et repose sur un certain nombre de pratiques dans la gestion de
ces éléments.

Image 19 : Interaction entre les éléments de la nature


❖ Les pratiques en matière de gestion des sols
Le sol représente la couche terrestre supérieure issue de la transformation de la roche mère. Il évolue
sous l’action des facteurs du milieu (climat et végétation) et de l’Homme qui le façonne au fil du temps.
Le sol assure différentes fonctions : fonction alimentaire (il contient les éléments nécessaires au
développement des cultures) ; fonction de support (fondement sur lequel l’Homme développe ses
activités) et fonction environnementale (stockage de l’eau, support du paysage...). Gérer durablement
les sols en agroécologie, revient à permettre au sol d’assurer les différentes fonctions qui lui sont
dévolues. A cet effet, il faut :
 un travail du sol respectueux, qui améliore sa structure et permet le développement naturel de
la microfaune et de la microflore dans les différentes strates ;
 une gestion de la fertilité du sol fondée en priorité sur les éléments organiques, dont les apports
sont essentiels pour conserver et améliorer la structure, l’aération, la rétention de l’eau et
l’adsorption des éléments nutritifs ;
 une couverture végétale permanente du sol pour un maintien à long terme de la fertilité des sols
cultivés.
La figure ci-dessous compare les pratiques agroécologiques à un ensemble de pratiques agricoles
inadaptées

Image 20 : Conséquences des différentes pratiques agricoles sur le sol

❖ Les pratiques en matière de gestion de l’eau.


Le cycle de l’eau est aussi le cycle de la vie. Qu’elle soit liquide ou vapeur, dans le sol ou dans
l’atmosphère, elle permet la vie du sol, elle transporte les éléments nutritifs pour la plante et abreuve les
Hommes et les animaux. L’eau sait aussi être destructrice : elle érode les terres par ses ruissellements ;
en fortes pluies, elle détruit les cultures ; parfois, elle inonde. Il est donc nécessaire d’adopter des
pratiques raisonnées pour gérer les excès et/ou les insuffisances de la ressource. Pour cela il faut :
 une mobilisation de la ressource en eau économe et responsable ; une irrigation rationnelle et
organisée. Exemple de pratiques agricoles associées : organisation de la distribution de l’eau;
ouvrages, réseaux d’irrigation et matériels d’exhaure adaptés ;

1
 un usage de l’eau raisonné pour éviter les excès (préserver la ressource) et les dépenses
énergétiques superflues. Exemple de pratiques agricoles associées : façonnage des terres
(planage, rigoles, profils des plates-bandes, cuvettes…); cultures suivant les courbes de
niveau ;
 une conservation de l’eau des sols assurée au bénéfice des plantes cultivées. Exemple de
pratiques agricoles associées : apport de fumure organique de fond; sarclo-binage; buttage;
systèmes de culture sur couverture végétale et paillage; associations de cultures;
embocagement (haies vives et brise-vent).

Image 21 : différents modèles de mobilisation, de conservation et d’utilisation raisonnée de l’eau

 une protection de l’eau contre les pollutions (effluents organiques ou chimiques). Exemple de
pratiques agricoles associées : traitements et engrais naturels dégradables; Collecte et
utilisation adaptée des purins d’élevage et des fientes; Réduction de l’utilisation des pesticides
chimiques de synthèse par une approche intégrée de la lutte phytosanitaire.

2
Image 22 : Conséquences des différentes pratiques agricoles sur l'eau

❖ Les pratiques en matière de production végétale.


La plante nourrit l’Homme et les animaux. Par la photosynthèse, elle produit de l’oxygène et séquestre
le carbone. Ses racines colonisent le sol et favorisent la vie souterraine, sa partie aérienne protège le sol
et entretient un environnement propice aux êtres vivants. Elle sait être mauvaise, herbe folle, épineuse,
parfois poison mais sa présence n’est jamais un hasard. Il est donc nécessaire de préserver la diversité
des plantes. Pour cela, il faut :
 une adaptation des productions végétales à l’écosystème, répondant à une demande des
producteurs et des consommateurs. Exemple de pratiques agricoles associées : productions
dont les exigences sont adaptées aux ressources disponibles (eau et sol) ; productions
orientées vers les marchés locaux ; connaissance des variétés locales adaptées ; valorisation
des savoir-faire locaux ; production locale de semences ;
 une maîtrise des systèmes de cultures privilégiant les complémentarités dans l’espace et dans le
temps. Exemple de pratiques agricoles associées : associations culturales ; successions
culturales ; embocagement (haies et brise-vents) ; intégration cultures / élevage ; fertilisation
organique ; traitements phytosanitaires aussi naturels que possible (à base de neem, tabac,
piment…) ou produits qui se dégradent sans dommages pour l’environnement.

3
Image 23 : Conséquences des différentes pratiques agricoles sur la production végétale

❖ Les pratiques en matière de production animale.


L’élevage assure différentes fonctions qui répondent aux besoins de l’Homme : fonction alimentaire
(viande, lait), fonction utilitaire (laine pour le tissage, énergie animale pour la traction...), fonction
économique (trésorerie, revenus complémentaires…). L’activité d’élevage est un élément d’équilibre
des systèmes agricoles : échanges entre les cultures et les animaux (alimentation, restitution de matière
organique). Il est donc nécessaire de créer et maintenir des synergies entre les activités de production
végétale et l’élevage. Pour cela, il faut :
 une adaptation des productions animales à l’écosystème, répondant à une demande des
producteurs et des consommateurs. Exemple de pratiques agricoles associées : productions
dont les exigences sont adaptées aux ressources disponibles ; productions orientées vers les
marchés locaux ; connaissance des races locales adaptées ; valorisation des savoir-faire
locaux ; production locale de cheptel ;
 une maîtrise des systèmes d’élevage qui valorisent les ressources alimentaires locales et
restituent la matière organique. Exemple de pratiques agricoles associées : intégration cultures
/ élevage ; valorisation des ressources locales pour l’alimentation du bétail ; production de
matière organique utilisée sur les parcelles.

4
Image 24 : Rotation entre chèvres, moutons et bovins pour éviter le pâturage sélectif.

❖ Les pratiques en matière gestion du paysage.


Le paysage est façonné par l’Homme qui y laisse ses empreintes. L’empreinte laissée par les activités
agricoles peut être positive lorsque ces activités maintiennent un équilibre avec leur environnement, ou
négative lorsqu’elles contribuent à détruire le paysage qui les accueille, parfois en se mettant elles-
mêmes en danger. De l’action de l’Homme et des effets de la nature naîtra un système
agroécologiquement durable ou non. Il est donc essentiel d’inscrire les activités de production dans une
vision globale d’aménagement du paysage. Pour cela, il faut :
 la réalisation d’aménagements antiérosifs pour préserver les espaces cultivés, privilégier
l’aspect bocager et la diversité des plantes cultivées, valoriser les eaux pluviales, combattre
l’érosion et les inondations, recharger les nappes phréatiques. Exemple de pratiques agricoles
associées : bandes enherbées; terrasses agricoles et cultures suivant les courbes de niveaux;
plantations forestières ;
 l’entretien de la biodiversité par le maintien et le développement d’une faune et d’une flore
adaptées en équilibre avec leur environnement. Exemple de pratiques agricoles associées :
variétés locales adaptées ; associations et successions culturales; valorisation des espèces et
matériaux locaux; intégration cultures / élevage ;
 le reboisement et la végétalisation des surfaces disponibles et dénudées pour privilégier une
diversité d’espèces pour le bois de service ou le bois de feu, pour l’artisanat, la nourriture
humaine et animale, la régénération des sols…Exemple de pratiques agricoles associées

5
:réhabilitation des vergers et plantations forestières; couverture des sols (litière en paillage);
haies et brise-vents; techniques de pépinières; fixation des dunes; agroforesterie.

Image 25 : Conséquences des différentes pratiques agricoles sur le paysage

Que faut-il retenir ?


Les principaux piliers de l’agroécologie peuvent se résumer comme suit :
6
❖ Un travail du sol respectueux, qui améliore sa structure et permet le développement naturel de la
microfaune et de la microflore dans les différentes strates. Exemple de pratiques agricoles associées :
sarclo-binage, labour minimum, voir zéro labour, Systèmes de culture sur Couverture Végétale (SCV)
V. Les outils nécessaires à l’animation du module
Pour l’animation de ce module, le formateur devra disposer de boites à images, du présent document
pour le guider dans sa préparation et l’animation de la formation.

7
L’utilisation des boites à images suit le cheminement indiqué au point intitulé : « comment animer une
session de formation ? ». Les textes qui sont marqués donnent les grandes idées pour l’animation. C’est
le résumé du message à passer. L’animateur présente l’image et à travers ses questions amène les
participants à réfléchir et à trouver eux-mêmes les solutions adaptées à leurs réalités.
L’animateur peut préparer ces exercices d’application sur des feuilles ou amener ces feuilles sur le
terrain et les remplir avec les participants. Pour cela il faudra des feutres, du papier et du scotch.
Ce module étant théorique, le formateur devra avoir une approche participative en ayant recours à
beaucoup de travaux de groupe.

VI. Durée de la session de formation


Pour une bonne compréhension du module, il est préférable que ce module soit exécuté en 3 ou 4 jours
avec beaucoup d’interaction entre le formateur et les participants (travaux de groupe, débats en
plénière…). Dans la mesure du possible, le formateur pourra organiser des visites sur ferme afin que les
participant confrontent les pratiques exercées dans la ferme aux différentes pratiques agroécologiques
et qu’il note la ferme par rapport aux 10 éléments de l’agroécologie de la FAO.

Documents consultés
African organique training manual : husbandry of selected animals species
African organique training manual : crop management
African organique training manual :conservation to organic farming
African organique training manual : marketing and trade
African organique training manual : Soil fertility and plant nutrition
Module de formation des GAP : Guide du facilitateur
PSAE : formation des formateurs en agroécologie : Manuel du participant
PSAE : formation en agroécologie des agents de l’agriculture (agents techniques et
techniciens supérieurs) de la région de l’Est : cahier du participant
BIOPROTECT : Education à l’adoption de pratiques agro-écologiques: Support de formation
et de vulgarisation

Vous aimerez peut-être aussi