Guide de Lanimateur Sur Le Cadre
Guide de Lanimateur Sur Le Cadre
Guide de Lanimateur Sur Le Cadre
L'AGROECOLOGIE.
Juillet 2022
Table des matières
Avertissement ......................................................................................................................................... 3
I. Contexte et justification ................................................................................................................. 4
II. Comment animer la session de formation ................................................................................ 4
III. Le rôle et les tâches du formateur/animateur .......................................................................... 4
IV. Organisation du module ............................................................................................................ 5
1. Les limites de l’agriculture conventionnelle. ........................................................................... 5
2. Définition de l’agroécologie ..................................................................................................... 10
3. Pourquoi l’agroécologie ? ........................................................................................................ 16
4. Les dimensions de l’agroécologie ............................................................................................ 17
5. Les principes de l'agroécologie selon la FAO ........................................................................ 18
6. Les piliers de l’agroécologie .................................................................................................... 27
V. Les outils nécessaires à l’animation du module ........................................................................... 7
VI. Durée de la session de formation .............................................................................................. 8
Documents consultés .............................................................................................................................. 8
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Avertissement
Ce document pédagogique a été conçu par BIOPROTECT dans le cadre du projet AVACLIM au profit
des formateurs et encadreurs agricoles.
AVACLIM, Agroécologie, une voie d’adaptation au changement climatique dans les zones sèches, vise
à créer les conditions nécessaires au déploiement de l’agroécologie en zone aride.
Ce document a pour but d’accompagner les communautés de pratiques dans une meilleure
compréhension de l’agroécologie. Le présent document poursuit les objectifs suivants :
- Informer et sensibiliser les populations sur les limites de l’agriculture conventionnelle ;
- Permettre une meilleure compréhension de l’agroécologie et surtout son importance pour la sécurité
et la souveraineté alimentaire dans un contexte où le climat change ;
- Informer sur les dimensions de l’agroécologie ;
- Expliquer les principes de l’agroécologie selon la FAO ;
- Faire connaitre les différents piliers de l’agroécologie.
Ce support a été réalisé avec l’appui financier des bailleurs de fonds du projet AVACLIM, à savoir le
GEF et le FFEM
Son contenu n’engage en rien le projet AVACLIM et ne reflète que la vision de ses auteurs.
3
I. Contexte et justification
Les systèmes conventionnels de production agricoles, à forte intensité d’intrants externes et de
ressources sont à l’origine de dégâts considérables pour la planète. L’agriculture doit de nos jours
pouvoir non seulement nourrir une population de plus en croissante et qui vit de plus en plus dans les
villes, réduire la pauvreté et les inégalités sociales tout en en préservant l’environnement.
Dans le contexte actuel de changement climatique, la diffusion de pratiques agricoles et d’élevage
fondées sur l’agroécologie permet de renforcer la résilience des populations face aux variabilités
climatiques et à ses catastrophes.
L’agroécologie est de plus en plus considérée comme une alternative viable et efficace face aux défis
actuels et futurs, d’une agriculture durable, climato-compatible, et pouvant renforcer la résilience des
populations face aux changements climatiques (de Schutter, 2010). La diffusion des pratiques
agroécologiques permet donc de réduire la vulnérabilité des systèmes agricoles aux aléas climatiques et
ainsi renforcer la résilience des petits producteurs et des systèmes agricoles face aux chocs et
catastrophes.
C'est ainsi que l'Association pour la Recherche et la Formation en Agroécologie (ARFA) et ses
partenaires travaillent au quotidien auprès des communautés locales afin de contribuer à l'amélioration
de leurs revenus en augmentant leur résilience et leurs moyens d'existence face aux changements
climatiques par la promotion des filières agro-pastorales selon l'approche agroécologique.
Pour ce faire, il s'avère ainsi nécessaire de concevoir des outils didactiques, des modules appropriés de
formation prenant la forme de livret et dont les contenus sont adaptés à l'apprentissage des adultes.
C’est l’objet du présent module qui porte sur la cadre théorique de l’agroécologie.
4
✓ Un rôle de modérateur : l’animateur doit à travers ses questions, la distribution de la parole, les
synthèses qu’il effectue ou qu’il demande aux apprenants d’effectuer, amener les participants à
ce forger des avis et des positions réalistes selon leur contexte.
✓ Un rôle de motivateur : il doit intéresser chaque participant à la formation, motiver les plus
timides en leur donnant la parole, tout en prenant soin d’éviter les réponses suggestives qui ne
traduisent pas la réalité de la compréhension de l’apprenant.
✓ Un rôle d’observateur : il assiste aux débats entre participants sans y prendre part. Il ne doit pas
porter de jugements sur les différentes opinions. Il doit cependant encourager la participation et
une logique raisonnable dans la réflexion.
Les tâches du formateur sont essentiellement :
- La préparation et la mise en scène à travers l’introduction des différents éléments ;
- Le suivi des travaux de groupes pour recadrer si nécessaire la réflexion ;
- La modération des présentations lors des plénières.
En plus des tâches et rôles ci-dessus cités, le formateur doit observer les comportements suivants :
Avant la formation :
- Préparer chaque session (fiches de travail, fiches d’évaluation, liste de présence, image servant
de support pour l’animation de la formation, papier, feutre, scotch…) ;
- Respecter les apprenants et les heures de travail.
Pendant la formation :
- Faire une bonne introduction en présentant clairement l’objet et les objectifs de la formation, le
déroulement, le nombre de session ;
- Faire preuve de dynamisme en motivant les participants, en s’assurant de la bonne conduite des
travaux de groupe et individuels ;
- Faire preuve d’accessibilité/disponibilité pendant la formation et tenir compte des questions et
remarques des participants ;
- Faire les synthèses en tirant les leçons par thèmes avec et selon les participants ;
- Avoir une attitude à soutenir et aider les participants à mieux comprendre, à mieux exprimer
leurs idées
- Adopter un langage du corps et une gestuelle qui aident les participants à comprendre les
différentes explications ;
- Initier des jeux pédagogiques afin de détendre les participants et les motiver à mieux suivre la
formation.
Après la formation et dans la mesure du possible :
- Suivre les participants pour s’assurer qu’ils ont bien compris et appliquent ce qui a été enseigné ;
- Aider ceux qui ont des difficultés à mieux appliquer les enseignements.
Image 1 : Agriculture enchainée à l’industrie agrochimiques pour les intrants et agroalimentaire pour le marché
6
❖ des politiques foncières, voire des réformes agraires, favorisant les producteurs par rapport aux
propriétaires : droit du fermage, remembrement et soutien au départ des petits paysans afin de
favoriser l’émergence d’exploitations plus grandes ;
❖ des politiques de régulation des marchés afin de garantir aux agriculteurs des prix élevés des
denrées ;
❖ l’appui au développement de nouvelles formes juridiques pour les exploitations en vue de
distinguer le patrimoine familial du capital de l’exploitation.
De manière secondaire, ces politiques peuvent s’accompagner d’aides à l’irrigation, au drainage, à
l’arrachage, à la plantation, au stockage.
✓ une standardisation des produits car les processus industriels gèrent mal les aléas ;
✓ un contrôle de l’environnement à la fois pour éviter les aléas et pour faire fonctionner les
machines le plus intensément possible ;
✓ la décomposition du processus de production en tâches élémentaires et la constitution d’une
chaîne de production au sein de laquelle chacun se spécialise pour utiliser au mieux sa machine
et dépend de l’amont et de l’aval de la chaîne ;
✓ la mobilisation de capitaux pour acheter les machines.
En agriculture, ces principes ont conduit :
▪ à une spécialisation poussée des producteurs allant jusqu’à une seule production : par exemple,
les cotonculteurs ;
▪ à une spécialisation des territoires et à leur réorganisation (remembrement) pour accueillir les
machines ;
▪ au développement d’une industrie aval (engrais, machines-outils, banque) ;
▪ au développement de l’endettement à long terme ;
▪ au développement d’une industrie amont, agroalimentaire distribution (agroalimentaire,
distribution).
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- Rendement décroissant. Ce modèle de production est un modèle à rendement décroissant. Pour
garder le même niveau de récolte, l’agriculteur est obligé d’augmenter chaque année la quantité
d’engrais et de pesticide ;
- Ruine financière des agriculteurs. L’agriculture conventionnelle étant une agriculture à
rendement décroissant, cela implique plus de dépenses pour le producteur alors que les prix des
denrées agricoles n’augmentent pas rapidement ;
- Dégradation des terres. L’utilisation continue des engrais entraine une salinisation des terres.
Ces dernières perdent progressivement leur fertilité et ne peuvent plus produire.
- Pollution environnementale. Avec l’utilisation des pesticides tout ce qui entoure l’homme est
pollué. Les eaux de surface et souterraines sont polluées, l’air est pollué, tout est pollué.
8
- Dégradation de la santé de hommes, et des autres êtres vivants. A cause de l’utilisation des
pesticides et des herbicides, l’agriculture conventionnel détruit tout ce qui est vivant (les
hommes, les plantes, les animaux, les insectes…).
9
Augmentation de la population : problème
de dépendance alimentaire, famine…
Acteurs
Révolution verte
2. Définition de l’agroécologie
10
a. Les différents courants de pensées
Il y’a autant de définition de l’agroécologie que d’approche la caractérisant. Dans l’histoire de
l’agroécologie il existe trois courants de pensée dominants.
Certains considèrent l’agroécologie comme un mouvement social, d’autres la considèrent comme un
ensemble de pratiques agricoles et enfin le dernier groupe l’aborde comme une discipline scientifique.
Selon l’approche sociale, l’agroécologie se définie comme une approche multidimensionnelle. Au-delà
d’un ensemble de pratiques agricoles, c’est aussi un mouvement qui vise à réformer notre modèle
agricole pour protéger et régénérer l’environnement naturel, tout en intégrant une dimension sociale et
en privilégiant la fonction nourricière de l’agriculture, sans oublier sa dimension économique.
L’agroécologie est donc ainsi un mouvement social défendant un modèle agricole et alimentaire
différent, basé sur l’autonomie, les petites exploitations, la diversité culturale et culturelle, les savoirs
multiples et la création de liens entre les personnes.
Selon Pierre Rabhi, l’agroécologieagroécologie est une alternative éthique et réaliste, un acte de légitime
résistance, qui permet l’autonomie des populations et la préservation de leurs patrimoines nourriciers
face à un système qui confisque le droit des peuples à se nourrir par eux-mêmes. Pour lui,
l’agroécologieagroécologie replace l’être humain dans sa responsabilité à l’égard du vivant ; elle est à
la fois une éthique de vie et une pratique agricole.
Figure 3 :
L’agroécologie : une étique de vie et une
pratique agricole
Vu sous l’angle des pratiques
agricoles, l’agroécologie peut se définir comme un ensemble de pratiques agricoles visant à imiter la
nature dans son champ. En se référant à Gliessman, il ressort que l’agroécologie est : l’étude,
11
l’application et la défense des concepts, principes et méthodes visant à l’établissement d’agrosystèmes
et de systèmes alimentaires durables aux points de vue productif, environnemental, social, culturel et
économique. En d’autres termes, l’agroécologie suppose une interaction homme/nature permettant de
régénérer, de maintenir et même d’augmenter les niveaux et la diversité de la production d’une parcelle
en développant des processus naturels et durables, à partir des connaissances locales et de
l’expérimentation.
Selon Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation,
l’agroécologie consiste pour le paysan à chercher à imiter la nature dans son champ. Elle mise sur les
complémentarités entre différentes plantes et différents animaux. Elle parie sur la capacité d’intégration
des écosystèmes. Elle reconnaît la complexité inhérente aux systèmes naturels. Elle récompense
l’intelligence et l’inventivité, là où l’agriculture industrielle prétend décomposer la nature en ses
éléments et simplifier, quitte à la rendre monotone, la tâche de l’agriculteur. Elle conçoit l’agriculture
non pas comme un processus qui transforme des intrants (engrais et pesticides) en productions agricoles,
mais plutôt comme un cycle, où le déchet qui est produit sert d’intrant, où les animaux et les
légumineuses servent à fertiliser les sols, où même les mauvaises herbes remplissent des fonctions utiles.
Figure 5 :
Economie basée sur les cycles
12
l’agroécologie la définie comme « l’application de la science écologique à l’étude, à la conception et à
la gestion d’agroécosystèmes durables » (Delcourt, 2014, p.15).
A l’image de ces trois courants de pensées, plusieurs auteurs se sont se sont prêtés à l’exercice de définir
ce qu’est l’agroécologie. Chacun d’entre eux en a une définition différente, mais les principes abordés
vont dans le même sens. L’application des principes de l’agroécologie permet de répondre aux
difficultés des paysans, qu’elles soient d’ordre technique, social, économique ou alimentaire. Les
aliments ainsi obtenus sont destinés de façon prioritaire à la souveraineté alimentaire de la famille
paysanne productrice et de sa communauté.
Selon la FAO, l’agroécologie est une approche intégrée qui applique concomitamment des notions et
des principes écologiques et sociaux à la conception et à la gestion des systèmes alimentaires et
agricoles. Elle vise à optimiser les interactions entre les végétaux, les animaux, les humains et
l’environnement, sans oublier les aspects sociaux dont il convient de tenir compte pour qu’un système
alimentaire soit durable et équitable.
L’approche est donc globale : elle inclut des aspects techniques mais ne se limite plus à ces derniers.
Cela lui donne une dimension politique, de par les principes et revendications qu’elle implique.
Durant la dernière décennie, le terme d’agroécologie s’est peu à peu imposé dans le débat sur
l’agriculture, dépassant souvent celui d’agriculture durable. Néanmoins, la question de sa définition,
encore floue, fait l’objet d’un véritable affrontement idéologique entre des protagonistes qui en ont
chacun des conceptions différentes, au milieu d’une floraison d’autres termes.
L’ensemble de ces concepts revendique le même objectif de base. C’est donc par les attendus et
l’approche qu’ils se distinguent. On peut identifier quelques clivages simples qui les différencient :
➢ L’ampleur du système qu’ils considèrent : selon qu’ils se limitent à considérer les
exploitations dans leurs pratiques techniques (exemple de l’agriculture raisonnée) ou qu’ils
prétendent embrasser l’ensemble du système alimentaire, voire qu’ils revendiquent de changer
le rapport anthropologique de l’homme à la nature comme dans le cas de l’agriculture naturelle
de Fukuoka (1913-2008) ou de la version de l’agroécologie développée en France par Pierre
Rabhi.
➢ leur rapport à la technique : selon qu’ils privilégient le dépassement des problèmes actuels
par le développement de nouvelles techniques, dites « high-tech », qui mobilisent des moyens
lourds externes à l’agriculture – biotechnologie, drone, technique de la communication
satellitaire, informatisation et automatisation – ou qu’ils privilégient au contraire la recherche
de solutions techniques de moindre intensité, dites « low-tech », fondées sur des techniques
maîtrisées par les agriculteurs. Ce débat reprend celui initié dans les années 1970 par Ernst
Schumacher (1911-1977) sur les « technologies appropriées ».
➢ leur rapport au marché : selon qu’ils privilégient une monétarisation accrue de l’économie
(par exemple en donnant un prix à la nature et en créant des marchés) ou qu’ils promeuvent une
régulation non marchande accrue d’une partie de la filière agroalimentaire.
Que faut-il retenir ?
Il est vrai qu’il n’y a pas une seule définition de l’agroécologie. Cependant, du point de vue des techniques
agricoles à promouvoir, il existe un consensus relatif autour des points suivants :
➢ une réduction du travail des sols ;
➢ l’augmentation de la diversité des cultures, notamment en allongeant les rotations ;
➢ une réduction de l’utilisation de pesticides ;
➢ la nécessité d’augmenter le revenu des actifs agricoles.
Le green business propose de maintenir le modèle de l’agriculture industrielle, mais mise sur
l’innovation technique et les outils du marché pour rendre l’agriculture tout à la fois compétitive
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économiquement et vertueuse écologiquement.
14
Figure 8 : Représentation schématique de l'agroécologie forte
Sans écarter aucune des réformes de l’agroécologie forte, l’agroécologie spirituelle insiste sur le fait que
celles-ci ne peuvent se développer qu’accompagnées d’un changement culturel profond de nature
spirituelle appelant les individus à réformer leur rapport à la nature, à la communauté et en dernier
ressort à eux-mêmes.
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animale et l’homme, en tant qu’espèce, court des risques de disparition par l’épuisement rapide des
conditions de sa survie. Paradoxalement, la caractéristique même de l’homme, et la raison de sa réussite
(la capacité à élaborer des sociétés techniquement et socialement complexes, ce que l’on appelle «
civilisation »), constitue désormais la principale menace pour la vie et pour l’espèce. Comment concilier
la survie biologique de l’espèce et sa trajectoire civilisationnelle ? Tel est le défi.
3. Pourquoi l’agroécologie ?
L’agroécologie, est une alternative pour une agriculture durable, pour l’atteinte de la souveraineté et la
sécurité alimentaire.
L’agroécologie combine des réponses d’ordre technique qui permettent à l’Homme de concilier
productivité avec faible pression sur l’environnement et gestion durable des ressources naturelles.
L’agroécologie apporte des réponses face aux limites de l’agriculture conventionnelle.
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L’agroécologie favorise la vie dans le sens qu’elle :
➢ Est d’abord une agriculture familiale et met la famille au cœur du système de production
alimentaire ;
➢ Ne s’accapare pas du vivant : les graines et semences sont en distribution libre, ce ne sont pas
hybrides. La production et le libre échange des semences sont valorisés ;
➢ Garantie une alimentation saine : la production agroécologique est sans intrants nocifs à la
santé ;
➢ Préserve la biodiversité : l’agroécologie favorise et préserve la biodiversité nécessaire à la vie ;
➢ Préserve les écosystèmes : l’agroécologie améliore la qualité des sols, augmente la disponibilité
en eau, augmente la biomasse et la biodiversité est beaucoup plus productive ;
➢ Permet la souveraineté alimentaire : l’agroécologie favorise les échanges et la
commercialisation solidaire par les marchés locaux et régionaux.
L’agroécologie intègre les trois dimensions de la durabilité que sont : le social, l’économique
et l’environnement.
La figure 12 ci-dessous présente ces différentes dimensions.
17
Figure 11 : les 3 dimensions de l’agroécologie.
a. La diversité
La diversification est essentielle à la transition agroécologique en ce qu’elle permet d’améliorer la
sécurité alimentaire et la nutrition tout en conservant, en protégeant et en mettant en valeur les ressources
naturelles.
L’accroissement de la biodiversité comporte divers avantages concernant la production, la situation
socioéconomique, la nutrition et l’environnement. En planifiant et en gérant la biodiversité, les
approches agroécologiques améliorent la fourniture de services écosystémiques, y compris la
pollinisation et la santé des sols, dont la production agricole est tributaire. La diversification peut
augmenter la productivité et l’efficience d’utilisation des ressources en optimisant la biomasse et la
récupération de l’eau. La diversification agroécologique renforce également la résilience écologique et
socioéconomique, notamment en créant de nouveaux débouchés commerciaux. La diversité des cultures
et des animaux, par exemple, réduit le risque d’échec face au changement climatique. Un pacage mixte
associant différentes espèces de ruminants limite les risques sanitaires liés aux parasites, tandis que la
diversité des espèces ou des races locales rend celles-ci mieux à même de survivre, de produire et de
maintenir leur taux de reproduction dans des environnements hostiles. Ensuite, la variété des sources de
revenu issues de marchés différenciés et nouveaux (produits divers, transformation alimentaire locale et
18
agrotourisme, par exemple) contribue à stabiliser les revenus des ménages. La consommation de tout un
éventail de céréales, de légumes secs, de fruits, de légumes et de produits d’origine animale améliore
les résultats nutritionnels. En outre, la diversité génétique des variétés, des races et des espèces est
importante dans la mesure où elle apporte des macronutriments, des micronutriments et d’autres
composés bioactifs dans le cadre du régime alimentaire.
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Image 9 : Co-création et partage de connaissance
c. Les synergies
La création de synergies améliore les fonctions essentielles au sein des systèmes alimentaires en ce
qu’elle concourt à la production et à de multiples services écosystémiques.
L’agroécologie prête une attention particulière à la conception de systèmes diversifiés qui associent de
manière sélective les cultures annuelles et les cultures pérennes, les animaux d’élevage et les animaux
aquatiques, les arbres, les sols, l’eau et les autres éléments des exploitations et des paysages agricoles
afin de renforcer les synergies dans le contexte d’un changement climatique de plus en plus marquer.
La création de synergies dans les systèmes alimentaires comporte de multiples avantages. En optimisant
les synergies biologiques, les pratiques agroécologiques améliorent les fonctions écologiques, d’où une
plus grande efficience d’utilisation des ressources et une résilience accrue. Environ 15 pour cent de
l’azote appliqué dans les champs est issu de fumier d’animaux d’élevage, ce qui illustre les synergies
découlant de l’intégration entre les cultures et l’élevage.
En maximisant les synergies, les systèmes agricoles intégrés améliorent considérablement les
rendements, la diversité alimentaire, le lutte contre les plantes adventices, la structure et la fertilité des
sols, tout en fournissant des habitats pour la biodiversité et en participant à la lutte contre les organismes
nuisibles. Au niveau des paysages, il est nécessaire de synchroniser les activités de production dans le
temps et dans l’espace afin de renforcer les synergies pour lutter efficacement contre l’érosion et la
dégradation ses sols.
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d. L’efficience
Des pratiques agroécologiques novatrices permettent de produire plus en utilisant moins de ressources
externes.
L’amélioration de l’efficience d’utilisation des ressources est une propriété nouvelle des systèmes
agroécologiques, qui planifient et gèrent prudemment la diversité afin de créer des synergies entre différentes
composantes du système concerné.
Les systèmes agroécologiques améliorent l’utilisation des ressources naturelles, en particulier celles qui sont
abondantes et gratuites, comme le rayonnement solaire, le carbone atmosphérique et l’azote. En renforçant
les processus biologiques et en recyclant la biomasse, les nutriments et l’eau, les producteurs peuvent utiliser
moins de ressources externes, ce qui réduit les coûts et les effets négatifs sur l’environnement.
Enfin, une moindre dépendance à l’égard de ressources externes donne des moyens supplémentaires aux
producteurs en augmentant leur autonomie et leur résilience face aux chocs naturels ou économiques. L’une
des mesures de l’efficacité des systèmes intégrés est l’équivalent de surface cultivée. Elle consiste à comparer
les rendements des associations de plusieurs éléments (cultures, arbres, animaux, par exemple) à ceux des
monocultures. Les systèmes agroécologiques intégrés correspondent souvent à des équivalents de surface
cultivée supérieurs. Par conséquent, l’agroécologie promeut des systèmes agricoles qui disposent de la
diversité biologique, socioéconomique et institutionnelle nécessaire et sont adaptés aux plans spatial et
temporel pour contribuer à une meilleure efficience.
e. Le recyclage
Le recyclage permet de réduire les coûts économiques et environnementaux de la production agricole.
En imitant ces écosystèmes, les pratiques agroécologiques contribuent aux processus biologiques qui
régissent le recyclage des nutriments, de la biomasse et de l’eau au sein des systèmes de production et,
partant, elles accroissent l’efficience d’utilisation des ressources et réduisent au minimum le gaspillage et la
pollution. Le recyclage peut avoir lieu tant sur les exploitations qu’à l’échelon des paysages, grâce à la
diversification et à la création de synergies entre différentes composantes et activités. Lorsque des systèmes
agroforestiers comprennent des arbres à racines profondes, par exemple, ceux-ci peuvent capturer les
nutriments que les racines des végétaux annuels ne peuvent atteindre. Les systèmes cultures-élevage
favorisent le recyclage de la matière organique par l’utilisation du fumier pour le compost ou directement en
tant qu’engrais, et des résidus de cultures et des sous-produits agricoles pour nourrir les animaux.
Le recyclage comporte de nombreux avantages : il permet de boucler les cycles et de réduire le gaspillage,
d’où une dépendance moindre à l’égard de ressources externes, d’autonomiser les producteurs et de réduire
21
leur sensibilité aux perturbations des marchés et aux chocs climatiques. Le recyclage de la matière organique
et des sous-produits offre de nombreuses possibilités d’innovation agroécologique.
Image 12 : Le recyclage
f. La résilience
Une meilleure résilience des personnes, des communautés et des écosystèmes est essentielle à des systèmes
alimentaires et agricoles durables.
Des systèmes agroécologiques diversifiés sont plus résilients : ils sont mieux à même de se remettre des
perturbations éventuelles, y compris les événements climatiques extrêmes comme les sécheresses, les
inondations ou les ouragans, et de résister aux attaques des organismes nuisibles et aux maladies.
En maintenant un équilibre fonctionnel, les systèmes agroécologiques sont en mesure de résister aux attaques
d’organismes nuisibles et aux maladies. Les pratiques agroécologiques valorisent la complexité biologique
des systèmes agricoles et favorisent la communion nécessaire entre les organismes en interaction pour que
les infestations d’organismes nuisibles s’autorégulent. À l’échelle des paysages, une agriculture diversifiée
est davantage susceptible de contribuer à la lutte contre les organismes nuisibles et les maladies. De même,
les approches agroécologiques peuvent améliorer la résilience socioéconomique. Grâce à la diversification
et à l’intégration, les producteurs réduisent leur vulnérabilité, au cas où une culture, une espèce d’élevage ou
un autre produit connaîtrait des difficultés. En réduisant la dépendance à l’égard des intrants externes,
l’agroécologie peut limiter la vulnérabilité des producteurs face aux risques économiques. Le renforcement
de la résilience écologique va de pair avec celui de la résilience socioéconomique. En effet, les humains font
partie intégrante des écosystèmes.
22
Image 13 : le paillage comme facteur de résilience en agriculture
23
Image 14 : les valeurs humaines et sociales
24
Image 15 : la culture et les traditions alimentaires.
i. La gouvernance responsable
Une alimentation et une agriculture durables nécessitent des mécanismes de gouvernance responsables et
efficaces à différents niveaux (local, national et mondial).
L’agroécologie appelle à une gouvernance responsable et efficace qui facilite la transition vers des systèmes
alimentaires et agricoles durables. Des mécanismes de gouvernance transparents, responsables et inclusifs
sont nécessaires pour créer un environnement porteur, qui aide les producteurs à transformer leurs systèmes
sur la base des notions et des pratiques agroécologiques.
Parmi les exemples de réussite, citons les repas scolaires et les programmes axés sur les achats, la
réglementation des marchés permettant un marquage différencié des produits issus de l’agroécologie et les
subventions et autres mesures d’incitation à l’appui des services écosystémiques.
La gouvernance des terres et des autres ressources naturelles est un excellent exemple. La majorité des
populations pauvres et vulnérables du monde ont des moyens d’existence fortement tributaires de la
biodiversité terrestre et aquatique et des services écosystémiques, et ne disposent donc pas d’un accès assuré
à ces ressources. L’agroécologie repose sur un accès équitable aux terres et aux autres ressources naturelles,
ce qui est essentiel à la justice sociale mais aussi important pour encourager les investissements à long terme
qui sont nécessaires pour préserver les sols, la biodiversité et les services écosystémiques. Des mécanismes
de gouvernance responsables à différents niveaux constituent la meilleure solution à l’appui de
l’agroécologie. De nombreux pays ont déjà élaboré une législation, des politiques et des programmes
nationaux qui récompensent une gestion agricole améliorant la biodiversité et la fourniture de services
écosystémiques. La gouvernance à l’échelon des territoires, des paysages et des communautés, notamment
les modèles de gouvernance traditionnels et coutumiers, est extrêmement importante pour encourager la
coopération entre les parties prenantes et maximiser les synergies, tout en limitant ou en gérant les
compromis.
25
Image 16: Gouvernance responsable
26
Image 17 : Economie circulaire et solidaire.
Que retenir ?
Les 10 principes de l’agroécologie de la FAO, visent à aider les pays à transformer leurs systèmes
alimentaires et agricoles, à généraliser l’agriculture durable, ainsi qu’à atteindre l’objectif « faim zéro
» et de multiples autres objectifs de développement durable (ODD). Ces 10 principes sont : diversité;
synergies; efficience; résilience; recyclage; co-création, partage de connaissances, valeurs
humaines et sociales; culture et traditions alimentaires, économie circulaire et solidaire;
gouvernance responsable.
Ces 10 principes de l’agroécologie sont liés et interdépendants.
L’eau :
✓ Le cycle de l’eau est aussi le cycle de la vie ;
27
✓ Qu’elle soit liquide ou vapeur, dans le sol ou dans l’atmosphère, l’eau permet la vie du sol, transporte
les éléments nutritifs pour la plante, abreuve l’homme et l’animal ;
✓ L’eau sait aussi être destructrice (érosion des terres, inondation des cultures) ; il est donc nécessaire
d’adopter des pratiques raisonnées pour gérer les excès et/ou les insuffisances de la ressource en eau.
L’animal :
✓ Il nourrit le sol, la plante et l’homme ;
✓ Il est un élément central d’équilibre des systèmes agricoles (échanges entre les cultures et les
animaux) ;
✓ Il fournit l’énergie pour le travail agricole
✓ Il est un précieux allié pour agriculture et pour l’équilibre de l’exploitation ; il est donc nécessaire de
créer des synergies entre les activités de production végétale et l’élevage.
Le paysage :
✓ Il protège la plante et nourrit le sol qui nourrit la plante (recyclage des éléments) ;
✓ Il est façonné par l’homme qui y laisse ses empreintes : empreintes positives si les ses activités
maintiennent un équilibre avec leur environnement ; négatives lorsqu’elles contribuent à détruire le
paysage qui les accueille. Il est donc essentiel d’inscrire les activités de productions dans une vision
globale d’aménagement du paysage.
1
un usage de l’eau raisonné pour éviter les excès (préserver la ressource) et les dépenses
énergétiques superflues. Exemple de pratiques agricoles associées : façonnage des terres
(planage, rigoles, profils des plates-bandes, cuvettes…); cultures suivant les courbes de
niveau ;
une conservation de l’eau des sols assurée au bénéfice des plantes cultivées. Exemple de
pratiques agricoles associées : apport de fumure organique de fond; sarclo-binage; buttage;
systèmes de culture sur couverture végétale et paillage; associations de cultures;
embocagement (haies vives et brise-vent).
une protection de l’eau contre les pollutions (effluents organiques ou chimiques). Exemple de
pratiques agricoles associées : traitements et engrais naturels dégradables; Collecte et
utilisation adaptée des purins d’élevage et des fientes; Réduction de l’utilisation des pesticides
chimiques de synthèse par une approche intégrée de la lutte phytosanitaire.
2
Image 22 : Conséquences des différentes pratiques agricoles sur l'eau
3
Image 23 : Conséquences des différentes pratiques agricoles sur la production végétale
4
Image 24 : Rotation entre chèvres, moutons et bovins pour éviter le pâturage sélectif.
5
:réhabilitation des vergers et plantations forestières; couverture des sols (litière en paillage);
haies et brise-vents; techniques de pépinières; fixation des dunes; agroforesterie.
7
L’utilisation des boites à images suit le cheminement indiqué au point intitulé : « comment animer une
session de formation ? ». Les textes qui sont marqués donnent les grandes idées pour l’animation. C’est
le résumé du message à passer. L’animateur présente l’image et à travers ses questions amène les
participants à réfléchir et à trouver eux-mêmes les solutions adaptées à leurs réalités.
L’animateur peut préparer ces exercices d’application sur des feuilles ou amener ces feuilles sur le
terrain et les remplir avec les participants. Pour cela il faudra des feutres, du papier et du scotch.
Ce module étant théorique, le formateur devra avoir une approche participative en ayant recours à
beaucoup de travaux de groupe.
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