Arrêt Personnalité Juridique

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Arrêt n°1

RÉPUBLIQUE FRANCAISE

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

ASSEMBLEE PLENIERE.

LA COUR,

Sur les deux moyens réunis du procureur général près la cour d'appel de
Metz et de Mme X... :

Attendu que le 29 juillet 1995 un véhicule conduit par M. Z... a heurté celui
conduit par Mme X..., enceinte de six mois, qui a été blessée et a perdu
des suites du choc le foetus qu'elle portait ; que l'arrêt attaqué (Metz, 3
septembre 1998) a notamment condamné M. Z... du chef de blessures
involontaires sur la personne de Mme X..., avec circonstance aggravante
de conduite sous l'empire d'un état alcoolique, mais l'a relaxé du chef
d'atteinte involontaire à la vie de l'enfant à naître ;

Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt attaqué d'avoir ainsi statué, alors que,
d'une part, l'article 221-6 du Code pénal réprimant le fait de causer la
mort d'autrui n'exclut pas de son champ d'application l'enfant à naître et
viable, qu'en limitant la portée de ce texte à l'enfant dont le coeur battait
à la naissance et qui a respiré, la cour d'appel a ajouté une condition non
prévue par la loi, et alors que, d'autre part, le fait de provoquer
involontairement la mort d'un enfant à naître constitue le délit d'homicide
involontaire dès lors que celui-ci était viable au moment des faits quand
bien même il n'aurait pas respiré lorsqu'il a été séparé de la mère, de
sorte qu'auraient été violés les articles 111-3, 111-4 et 221-6 du Code
pénal et 593 du Code de procédure pénale ;

Mais attendu que le principe de la légalité des délits et des peines, qui
impose une interprétation stricte de la loi pénale, s'oppose à ce que
l'incrimination prévue par l'article 221-6 du Code pénal, réprimant
l'homicide involontaire d'autrui, soit étendue au cas de l'enfant à naître
dont le régime juridique relève de textes particuliers sur l'embryon ou le
foetus ;

D'où il suit que l'arrêt attaqué a fait une exacte application des textes
visés par le moyen ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

MOYENS ANNEXES
Moyen produit par le procureur général près la cour d'appel de Metz.

MOYEN DE CASSATION :

Pris en violation de l'article 221-6 du code pénal, en ce que l'arrêt attaqué


a infirmé le jugement déféré et renvoyé le prévenu des fins de la poursuite
du chef d'homicide volontaire au motif " qu'il ne peut y avoir d'homicide
qu'à l'égard d'un enfant dont le coeur battait à la naissance et qui a
respiré ", alors que l'article 221-6 du code pénal réprimant le fait de causer
la mort d'autrui, n'exclut pas de son champ d'application l'enfant à naître
et viable, qu'en limitant la portée de ce texte à l'enfant dont le coeur
battait à la naissance et qui a respiré, la Cour d'appel a ajouté une
condition non prévue par la loi.

Moyen produit par la SCP Bachellier et Potier de la Varde, avocat aux


Conseils, pour Mme X...

MOYEN UNIQUE DE CASSATION :

Violation des articles 111-3, 111-4 et 221-6 du Code pénal, 593 du Code
de procédure pénale, défaut et contradiction de motifs, manque de base
légale ;

EN CE QUE l'arrêt attaqué a renvoyé M. Z... des fins de la poursuite du


chef d'homicide involontaire ;

AUX MOTIFS que suivant le rapport du docteur Hennequin, l'enfant a subi


d'importantes lésions cérébrales incompatibles avec la vie chez un enfant
prématuré ; qu'il y a une relation causale entre l'accident dont a été
victime la mère et la mort de l'enfant dans les jours suivants ; que l'enfant
est né prématurément viable mais n'a pas respiré du fait de l'absence d'air
dans les poumons et l'estomac ; qu'il n'a pas vécu du fait des lésions
cérébrales ; que sa mort est la conséquence de l'accident ; que cependant
l'enfant mort-né n'est pas protégé pénalement au titre des infractions
concernant les personnes ; qu'en effet pour qu'il y ait " personne ", il faut
qu'il y ait un être vivant, c'est-à-dire venu au monde et non encore décédé
; qu'il ne peut y avoir homicide qu'à l'égard d'un enfant dont le coeur
battait à la naissance et qui a respiré ; que la loi pénale est
d'interprétation stricte ; que le fait poursuivi du chef d'homicide
involontaire ne constitue en fait aucune infraction à la loi pénale ;

ALORS QUE le fait de provoquer involontairement la mort d'un enfant à


naître constitue le délit d'homicide involontaire dès lors que celui-ci était
viable au moment des faits quand bien même il n'aurait pas respiré
lorsqu'il a été séparé de sa mère ; qu'en jugeant le contraire, la Cour
d'appel a méconnu les textes et le principe ci-dessus mentionnés.
Arrêt n°2

RÉPUBLIQUE FRANCAISE

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE CRIMINELLE, en son audience publique


tenue au Palais de Justice à PARIS, le deux décembre deux mille trois, a
rendu l'arrêt suivant :

Sur le rapport de M. le conseiller LE CORROLLER, les observations de Me


BLANC, et de la société civile professionnelle WAQUET, FARGE et HAZAN,
avocats en la Cour, et les conclusions de Mme l'avocat général COMMARET
;

Statuant sur le pourvoi formé par :

- X... Pierrick,

contre l'arrêt de la cour d'appel de RENNES, 3ème chambre, en date du 9


janvier 2003, qui, dans la procédure suivie contre lui du chef d'homicide
involontaire a confirmé, sur renvoi après cassation, le jugement l'ayant
condamné à 10 000 francs d'amende et ayant prononcé sur les intérêts
civils ;

Vu les mémoires produits, en demande et en défense ;

Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation des articles 121-3 du


Code pénal, 591 et 593 du Code de procédure pénale ;

"en ce que l'arrêt attaqué a déclaré Pierrick X..., maire de la commune de


Pleumeur-Bodou, coupable d'homicide involontaire ;

"aux motifs qu'à la date des faits, un débat agitait les responsables des
collectivités locales sur leur éventuelle responsabilité pénale ; que des
réunions en 1995 et en 1996 avaient révélé la nécessité de réfections, un
devis ayant été établi en 1996, même si l'objet n'avait pas été la
dangerosité de la buse ; qu'en dépit de réunions d'information au cours
desquelles les questions de sécurité des aires de jeu avaient été
évoquées, aucune mesure concrète immédiate de mise en sécurité n'avait
été prise pour éviter le dommage qui s'était produit ; que le fait que
personne ne l'ait informé directement du danger ne faisait pas disparaître
l'infraction ;

"alors que doit être relaxé le maire d'une commune qui n'a pas pris les
mesures permettant d'éviter le dommage causé par un équipement dès
lors qu'il n'a pas été spécialement informé du risque auquel étaient
exposés leurs éventuels utilisateurs ; qu'en entrant en voie de
condamnation après avoir constaté que la dangerosité même de la buse
n'était pas connue du prévenu, la cour d'appel n'a pas justifié légalement
sa décision" ;

Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué que Matthieu Le Y..., âgé de 7 ans,
qui jouait sur l'aire de jeux du centre social communal de Pleumeur-Bodou,
a trouvé la mort en tombant accidentellement d'une buse en béton que
ses camarades s'amusaient à faire rouler ; que le rapport d'autopsie a
conclu à un écrasement de la boîte crânienne de l'enfant provoqué par un
objet lourd appuyant sur un côté du visage, l'autre côté étant en appui
probablement sur le sol ; que l'enquête a mis en évidence l'absence de
dispositif de scellement ou de calage de la buse, laquelle reposait
directement sur l'herbe, sur un sol de surcroît en légère pente ;

Attendu que, pour déclarer Pierrick X..., maire de la commune, coupable


d'homicide involontaire, l'arrêt retient, par motifs propres et adoptés, que
l'installation de la buse, préalable à son élection mais connue de lui,
destinée à l'écoulement des eaux et utilisée comme élément de jeux sans
être ni fixée ni stabilisée, révélait un risque d'une particulière gravité que
les circonstances de l'accident en elles-mêmes démontrent ; que les juges
ajoutent que l'intéressé avait été, personnellement, informé de la
dangerosité de l'aire de jeux et qu'il avait omis d'accomplir les diligences
qui s'imposaient alors qu'il avait les compétences, les moyens et l'autorité
nécessaire pour prévenir le dommage en faisant enlever la buse avant, le
cas échéant, de la faire fixer ou stabiliser ;

Attendu qu'en l'état de ces énonciations, d'où il résulte que le prévenu, qui
n'a pas pris les mesures permettant d'éviter le dommage, a commis une
faute caractérisée et qui exposait autrui à un risque d'une particulière
gravité qu'il ne pouvait ignorer, au sens de l'article 121-3, alinéa 4, du
Code pénal, la cour d'appel a justifié sa décision ;

D'où il suit que le moyen doit être écarté ;

Et attendu que l'arrêt est régulier en la forme ;

REJETTE le pourvoi ;

CONDAMNE Pierrick X... à payer aux consorts Le Y... la somme de 3 000


euros au titre de l'article 618-1 du Code de procédure pénal ;

Ainsi jugé et prononcé par la Cour de Cassation, chambre criminelle, en


son audience publique, les jour, mois et an que dessus ;

Etaient présents aux débats et au délibéré, dans la formation prévue à


l'article L.131-6, alinéa 4, du Code de l'organisation judiciaire : M. Farge
conseiller le plus ancien, faisant fonctions de président en remplacement
du président empêché, M. Le Corroller conseiller rapporteur, M. Blondet
conseiller de la chambre ;

Greffier de chambre : Mme Daudé ;

En foi de quoi le présent arrêt a été signé par le président, le rapporteur et


le greffier de chambre ;

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