Cours Phonologie Generale - 1
Cours Phonologie Generale - 1
Cours Phonologie Generale - 1
Mouele/2024-2025
Licence 1
PHONOLOGIE GENERALE 1
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1. INTRODUCTION
La discipline a ainsi pour domaine des objets nettement plus abstriats – les
phonèmes –, et les lois qui les régissent. Il importe donc, sur une base purement
méthodologique de la distinguer de la phonétique qui, elle, se préoccupe des sons
en tant que réalité physique. Reposant sur la même étymologie (étude des sons), les
deux disciplines sont souvent confondues. Dans l’histoire de la linguistique, la
phonologie a été établie comme science postérieurement à la phonétique et son
utilité est d’avoir reconnu le caractère distinctif ou oppositif des unités non-
significatives du discours. De nombreuses écoles et théories ont contribué à
l’évolution de la discipline au fil du temps. On retiendra toutefois que dans ses
principes généraux, l’approche phonologique d’une langue vise à mettre en évidence
les particularités d’organisation des sons qui remplissent une fonction distinctive
dans une langue donnée (d’où l’identification de la phonologie à une phonétique
fonctionnelle).
Selon A. MARTINET (2012 : 79), les unités phoniques, dans chaque langue, ont trois
fonctions fondamentales, à savoir :
(1) une fonction distinctive ou oppositive par laquelle un énoncé est susceptible de
s’opposer à un autre. Ex. cou/goût ;
(2) une fonction contrastive, laquelle facilite le repérage des unités successives
composant un énoncé (par exemple, l’accent tonique en français facilite l’analyse des
différents segments d’un énoncé) ;
(3) une fonction expressive par laquelle l’on est renseigné sur l’état d’esprit du
locuteur. (Ex. allongement de la consonne dans « trrrrès bien ! »).
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2. CONCEPTS DE BASE
2.1. Le phonème
2.2. Phonétique/phonologie
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La phonologie, dans sa démarche, étudie les sons dans le cadre d’une langue bien
déterminée. Ceux-ci sont considérés comme des éléments fonctionnels « utilisés en
langue pour distinguer des unités qui ont, elles, un sens. » (J. TAMINE-GARDES,
1981 :41). Le son en phonologie appartient au système d’une langue donnée et sa
fonction systémique est d’assurer la distinction entre les unités de première
articulation. L’autre tâche assignée à la phonologie est donc la description des
systèmes constitués par ces éléments fonctionnels ainsi que les règles qui
expliquent leurs changements dans certains environnements phonétiques. La
transcription en phonologie est distincte de la transcription phonétique en ce que le
segment phonologique est présenté entre deux barres obliques / /.
A. L’opposition langue/parole
B. L’opposition synchronie/diachronie
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Mais ici encore, il y a interaction entre les deux pôles de l’opposition. Une langue
peut certes être « photographiée » à un moment donné tà de son existence, comme
un système totalement autonome. Cependant, ce système est toujours instable ; il
est fait de tendances qui se combattent, des tensions, de déséquilibres. Or, ces
tensions, descriptibles en synchronies, sont génératrices d’évolution : une des
tendances observées en t0 peut prévaloir en t1 et donc figurer dans la nouvelle
description synchronique que l’on peut élaborer de ce moment. Une description
diachronique d’une langue doit donc souvent se fonder sur ce que l’on a pu observer
des tensions qui s’y sont manifestées à un moment de son évolution : elle doit tenir
compte de la description synchronique que l’on a fait en ce moment. De l’autre côté,
la description synchronique met parfois en évidence des faits qu’elle est impuissante
à expliquer, et qu’éclaire parfois la description diachronique » (J. M. KLINKENBERG,
1994 :23).
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La phonologie dans son acception contemporaine est une discipline qui s’est nourrie
de plusieurs apports. Les écoles et les théories les plus représentatives qui ont
contribué à son essor sont les suivantes :
3.1. Le saussurisme
Par saussurisme, on entend les développements multiformes qui sont nés dans le
domaine de la linguiste à partir des thèses radicales de Ferdinand de SAUSSURE
contenues dans le ours de linguistique générale, œuvre fondatrice de la linguistique
moderne. La pensée saussurienne repose sur un postulat rétentissant qui définit la
langue comme un système de signes. Ceci a été une rupture avec la conception
aristotélicienne du langage qui a prévalue jusque là dans le monde occidentale.
Concernant la phonologie, SAUSSURE ne s’est pas écarté de l’idée dominante en
son temps selon laquelle cette discipline n’était qu’une « simple étude des sons du
langage humain ». A défaut d’avoir inventé la phonologie dans sa conception
moderne, SAUSSURE a néanmoins « ouvert la voie que les phonologues de l’Ecole
de Prague ont fini par emprunter » (J. L. DUCHET, 1986 :20).
3.2. Le structuralisme
Le structuralisme est une théorie linguistique qui tire son nom de l’étude des langues
en tant que structures. On cite toujours Ferdinand de SAUSSURE comme étant le
précurseur qui a jeté de cette théorie alors que dans ses travaux, il n’a jamais utilisé
le mot structure pour caractériser la langue, affirmant plutôt que celle-ci est un
système. Selon J. DUBOIS et alii (2012 :443) « le terme structuralisme s’est appliqué
et s’applique à des écoles linguistiques assez différentes. Ce mot est utilisé parfois
pour désigner l’une d’entre elles, parfois pour en désigner plusieurs, parfois pour les
désigner toutes. » En s’appuyant sur des postulats solidement établis comme les
distinctions synchronie/diachronie, langue/parole, forme/substance, etc., le
structuralisme a conféré à la linguistique l’éminent statut de science des langues. Il
existe par contre des divergences importantes qui ont conduit cette école de pensée
à éclater en plusieurs obédiences que l’on peut regrouper en deux blocs : l’école
structurale européenne et l’école structurale nord-américaine.
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3.3.2. Le fonctionnalisme
3.3.3. La glossématique
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Phonologie /##vuz#ekr̥iv+iez##/
phonétique [vuzekr̥ivje]
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1/ le dévoisement de /r/
2/ le regroupement de /i+ez/
3/ l’effacement du /z/ final
Chaque modification est réalisée par une règle. Les tenants et aboutissants de la
théorie ont été exposés par les auteurs dans un ouvrage paru en 1968 et intitulé
Sound Patterns of English.
4.1. La phonématique
La phonématique est l’un des domaines qui organise la phonologie. Elle a pour objet
les phonèmes de la langue. Elle se préoccupe également des traits distinctifs
assurant la distinction des différents phonèmes et les règles régissant la combinaison
de ces unités dans la chaîne parlée.
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A. La segmentation
B. La commutation
La commutation est la procédure qui permet de manifester les oppositions des unités
phoniques. Il s’agit de remplacer un son par un autre sur l'axe paradigmatique afin
d'identifier les phonèmes qui constitutif d’un énoncé. Quand la commutation
occasionne une différence de signification, on dira que le son mis en opposition est
un phonème.
Les traits distinctifs qui opposent les phonèmes d’une langue constituent l’autre objet
d’étude en phonématique. Suivant J. DUBOIS et alii (2012 :489), on retiendra qu’ils
« constituent les composantes phoniques minimales à valeur distinctive, ou unités
distinctives simultanées dans lesquelles peut être analysé un phonème. Le phonème
peut être défini comme un faisceau de traits distinctifs. Ce n’est donc pas le
phonème mais le trait qui constitue l’unité de base de la phonologie. Les trais définis
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une fois pour toutes sont valables pour la descriptions des unités phoniques de
n’importe quelle langue car leur inventaire détermine l’ensemble des possibilités
articulatoires, acoustiques, neurologiques et auditives que l’être humain peut utiliser
à des fins linguistiques. On admet avec R. JAKOBSON que les traits pertinents sont
tous binaires, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent prendre que deux valeurs distinctes
représentées par les traits + et –. L’auditeur extrait du signal les unités discrètes que
sont les phonèmes qu’il perçoit en termes de traits distinctifs. L’identification
perceptive de chaque trait est opéré par la prise en parole organisé hiérarchiquement
sur le plan de la perception. »
Afin donc d’assurer sa fonction distinctive, tout phonème se caractérise par un petit
nombre de traits distinctifs. On note ainsi en français, par exemple, que le phonème
/p/ est identifiable au moyen de deux traits, notamment le trait bilabial et le trait non-
voisé, or il faut quatre traits pour le décrire phonétiquement, soit : occlusif, bilabial,
non-voisé et oral.
Dans la mesure où ils sont en relation sur l’axe syntagmatique (successif), les
phonèmes manifestent des combinaisons contextuelles. Ils peuvent ainsi apparaître
dans différents contextes (positions initiale, médiane, finale, etc.). La distribution est
donc l’ensemble des contextes ou environnements dans lesquels l’unité
phonologique apparaît. En prenant l’exemple du phonème /t/ dans les mots étau
/eto/, taux /to/ et ôte /ot/, on a comme distribution :
On note que la première ligne de la distribution fait état du phonème /t/ dans la
séquence /to/ ; la deuxième ligne renvoie à /eto/ et la dernière ligne, à /ot/. Par
convention, le son étudié est signalé par le tiret " ─ " ; le dièse " # " indique l’absence
de segment dans un contexte.
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A. Le phonème
Le statut phonologique d’un son est établi lorsque sa commutation avec un autre son
dans le même contexte produit des unités d’un sens différent. Ce cas de figure est
illustré avec des exemples tirés du corpus français ci-après :
/pjɛR/ # /bjɛR/, /pu/ # /bu/, /paR/ # /baR/, /pyl/ # /byl/, /pRɛ/ # /bRɛ/, /pɔl/ # /bɔl/.
Ces six paires minimales permettent l’identification de /p/ et /b/ comme étant deux
phonèmes différents.
B. Les allophones
Un allophone, appelé aussi variante phonique, est la réalisation d’un phonème dans
un environnement précis. Un phonème peut avoir plusieurs allophones. Ces
réalisations se répartissent en deux catégories : les variantes libres et les variantes
combinatoires.
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Nous pouvons affirmer en définitive que nous sommes en présence d’un seul
phonème et de deux variantes contextuelles en distribution complémentaire. Les
variantes affriquées des occlusives sourdes apparaissent devant les voyelles
fermées antérieures non-arrondies et arrondies et devant les semi-voyelles
correspondantes. On peut ainsi formuler la règle comme il suit :
E. Archiphonème et neutralisation
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.4.2. La prosodie
4.2.1. Le ton
Les tons sont des variations de la hauteur mélodique affectant des syllabes et que de
nombreuses langues dans le monde utilisent à des fins distinctives. Ils jouent au
niveau suprasegmental le même rôle que les phonèmes au plan segmental. Au vu
de leur fonctionnement oppositionnel, ils sont désignés par le terme tonème en
phonologie. Dans les systèmes tonals des langues, on distingue des tons simples et
des tons complexes.
Cette catégorie est représentée généralement par les tons descendants et les tons
montants. Ils sont notés par :
- l’accent circonflexe pour le ton descendant /v̂/
- l’accent antiflexe pour le ton montant /v̌/
Exemples :
/mbɔ̂/ bras (en saké)
/díkɔ̌ŋ/ lance (en seki).
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4.2.2. L’accent
L’accent désigne la force avec laquelle on prononce une ou plusieurs syllabe dans
un énoncé. Dans les langues africaines, en général, il n’a pas de rôle distinctif et sa
perception n’est pas évidente à cause de l’importance des tons. En revanche, on
note que l'accent a une fonction démarcative en français par exemple. Il s’emploie
pour isoler des éléments dans une phrase, soit la plupart du temps des unités de
sens ou des groupes syntaxiques, comme à la fin du groupe nominal sujet (-teau,
bleu, rouge) dans les exemples ci-dessous):
Le bébé mange un gâteau
Le bébé mange un gâteau avec un bonbon.
4.2.3. La durée
La durée ou quantité vocalique est l’allongement qui affecte la prononciation d’un son
souvent vocalique. On note la durée en mettant deux points à la suite de la voyelle
concernée ou en la doublant carrément (/v:/ ou /vv/). La durée est un phénomène
courant dans toutes les langues, cependant, certaines d’entre elles l’utilisent
phonologiquement pour distinguer les mots.
Exemples : /màtààngí/ lits # /màtàngí/ gouttes (en wanzi).
4.2.4. L'intonation
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(a) voyelles :
Ordre : groupement de phonèmes selon leur degré d’aperture
Série : groupement de phonèmes selon leur point d’articulation
(b) consonnes :
Ordre : groupement de phonèmes selon leur point d’articulation
Série : groupement de phonèmes selon leur mode articulatoire
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Les phonèmes de la série des fricatives sourdes s’opposent aux fricatives sonores
par le trait de sonorité (seule corrélation).
Le phonème /R/ est en hors corrélation, ne s'opposant à aucun autre phonème non
voisé. De ces comparaisons des diverses séries et ordres dans le système
consonantique français, retenons que:
Plus un système est stable et, par le fait même, il a moins de chances de perdre des
oppositions.
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La structure syllabique est une unité regroupant les phonèmes. Elle comporte
obligatoirement une voyelle, et, le plus souvent, une ou plusieurs consonnes. La
syllabe peut être divisée en unités plus petites : l’attaque et la rime. L’attaque est la
consonne ou le groupe de consonnes initial de la syllabe ; la rime est constituée par
l’ensemble des phonèmes qui suivent. Quand une syllabe se termine par voyelle
prononcée, on dit qu’elle est ouverte et, quand elle se termine par une consonne
prononcée, on parle de syllabe fermée. Son organisation, cependant, est différente
selon les langues.
Un regain d’intérêt pour la syllabe, objet qu’ils avaient longtemps négligé, a conduit
les théoriciens de la phonologie générative a élaboré un modèle approprié pour son
étude qui a fini par s’imposer. Suivant cette conception, la syllabe est décomposable
en quatre constituants : l’attaque (A), la rime (R), le noyau (N) et la coda (C).
Il est à noter que le seul élément essentiel de la syllabe est le noyau (une voyelle)
Ce noyau peut être précédé d’une consonne (C) qui forme l’attaque (« A » dans les
figures ci-dessous) :
Ex. : Je veux la paix !
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Ces structures deviennent à leur tour des syllabes. Les attaques peuvent même se
complexifier pour contenir deux éléments ou plus :
Ex. : « Brutus prend la brosse. »
Ou : « Pierre fuit. »
Finalement, nous pouvons avoir une coda qui se trouve à la droite du noyau de la
syllabe, comme dans le mot « Brutus » et « brosse » de l’exemple précédent :
Ex. : « Brutus prend la brosse. »
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Dans les visualisations précédentes, il y a deux mots qui ont une coda, symbolisée
dans les structures par un C dans la figure suivante:
Tout comme pour les attaques, il est possible d'avoir une combinaison de deux
consonnes en position coda. Encore une fois, ce n’est pas toutes les combinaisons
de consonnes qui peuvent prendre la place de la coda.
7. LA MORPHOPHONOLOGIE
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BIBLIOGRAPHIE
DUCHET, J.-L. (1986), La phonologie. Paris : PUF, coll. « Que sais-je ? », (rééd).
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