Les Immunoglobulines

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 8

Université des Sciences de la Santé de

Libreville
Institut de Biologie Médicale
Département d’Immunologie-Hématologie
Service D’Immunologie Clinique
Année universitaire 2021-2022

Les immunoglobulines

Docteur Saphou Damon


Médecin Immunologue clinicienne
Objectifs
v Connaitre la définition d’une Immunoglobuline
v Connaitre la structure d’une immunoglobuline
v Connaitre les différentes classes et sous-classes des
immunoglobulines
v Savoir les fonctions biologiques

Plan
Introduction
• Définition
I. Structure
II. La génétique des immunoglobulines
III. Les classes et sous-classes des immunoglobulines
IV. Les propriétés antigéniques
V. Les fonctions biologiques
Conclusion
INTRODUCTION

Notre organisme est doté d’un système de défense (système immunitaire) veillant sur son intégrité. Il le défend
contre les agressions exogènes (microorganismes) et surveille la prolifération cellulaire pathologique. Pour
accomplir cette tâche, il dispose des mécanismes de lutte naturels (innés, non spécifique) et d’autres adaptatifs
(acquis ou spécifiques). Ces derniers sont assurés par des effecteurs qui reconnaissent les antigènes d’une façon
spécifique. Ces récepteurs spécifiques sont les TCR et les immunoglobulines (membranaires ou solubles).

Définition :

Les immunoglobulines sont des glycoprotéines sériques qui sont produites par les plasmocytes (Lymphocyte B
différencié). En général, elles sont produites suite à une stimulation antigénique spécifique. Les immunoglobulines
produites après une stimulation antigénique sont appelées les ANTICORPS.

I- STRUCTURE :

En 1962, BODNEY PORTER proposa un modèle à quatre chaines par molécule comportant deux chaines
polypeptidiques de 25 Kd chacune (chaines légères) et deux chaines polypeptidiques de 50 à 77 Kd (chaines
lourdes). Chaque chaine contient des ponts disulfures intra caténaires qui leur donnent une forme de boucle ou
domaines. Chaque domaine comporte 110AA environ. Toute protéine adoptant cette forme fait partie de la
superfamille des immunoglobulines.

La comparaison des séquences de plusieurs chaines légères ou lourdes de même type entre elles a montré que
chacune d’elles a deux régions ; la partie N terminale est variable et la C terminale est constante. Les chaines
polypeptidiques d’une immunoglobuline se lient entre elles par des ponts disulfures inter caténaires. La
combinaison de la partie variable de la chaine légère avec celle de la chaine lourde constitue le site de fixation
spécifique pour l’antigène : PARATOPE.

Les Ig sont des protéines glycosylées et la glycosylation est sur la région constante. Cette glycosylation sert à
augmenter la solubilité des anticorps et a un effet sur la vitesse d'élimination des complexes antigène-anticorps au
niveau du foie.

Ces régions ont été déterminées suite à une digestion enzymatique avec les enzymes papaïne et pepsine.

Expérience de Porter (1970)

- Cliver par la papaïne → génère un fragment Fc (présent sur les cellules phagocytaire) qui est cristallisable à
froid et deux fragments Fab (fragment antigen binding) qui porte le site de liaison à l'Ag. Après le clivage ils font
migrer les morceaux obtenus sur un gel d'électrophorèse pour déterminer leur taille.

Le fragment Fab fait 45k Da et le Fc en fait 50k Da.

- Cliver par la pepsine → génère Fragments F(ab')2 : 2 fragments Fab reliés entre eux par une région charnière.
La valence d'un anticorps est le nombre de déterminant antigénique (=épitope) que peut fixer une molécule
d'anticorps, il y en au minimum 2 = il y a deux sites de liaison à l’Ag.

La structure générale de l'Ig (plus commun des immunoglobulines):

- 2 chaînes légères

- 2 chaînes lourdes

- Partie Fab qui contient le site de liaison à l'antigène

- Fc (fraction constante)

Chaque chaine légère comprend :


Région très variable en N-ter environ 110 acides aminés

Région constante en C-ter avec 2 chaines possibles : kappa ou lambda

Chaque chaine lourde comprend


Région très variable en Nter environ 110 acides aminés

Région constante en Cter de 330-440aa

5 types possibles de régions constantes : alpha, beta, gamma, epsilon, mu

Une chaîne lourde c'est : 1VH + 3 ou 4 CH Une chaîne légère c'est : 1VL + 1CL (V = variable, C = constant)
II. GENETIQUE DES IMMUNOGLOBULINES

Chaque chaine d'immunoglobuline est codée par plusieurs gènes. Les gènes codant par les chaines kappa se
localisent sur le chromosome 2.

Au cours de la maturation du lymphocyte B, les gènes de la partie variable subissent un réarrangement (sélection
et combinaison aléatoire des gènes de la partie variable)

Où il y aura l’émergence d'un seul gène de chaque type codant pour la partie variable qui vont se combiner au
gène codant pour la partie constante. Certains déficits immunitaires combinés sévères sont dus à un défaut de ce
processus.

Les gènes codant pour les chaines lambda sont localisés sur le chromosome 22.

Tous les gènes codant pour les chaines lourdes se localisent sur le chromosome 14. Les gènes qui codent pour les
parties variables se situent dans la région 5' et ceux qui codent pour la partie constante se situent dans la région 3'.
Trois groupes de gènes codent pour les parties variables des chaines lourdes.

Après l'activation cellulaire et la différenciation de lymphocytes B en plasmocytes il y aura une commutation


isotypique qui aboutit à

• L’expression des autres gènes constants. Les gènes qui codent pour les parties constantes sont constitués
de plusieurs exons, chacun code pour un domaine.
• Les lymphocytes B matures n'expriment que les IgM et les IgD sur leur membrane parce que le gène delta
succède le gène mu et il n'est pas précédé, par la séquence S "Switch" ; et tous les autres gènes constants
sont précédés par telle séquence qui joue un rôle primordial dans la commutation isotypique.

Figure 2 locus des gènes des chaines lourdes avec les régions S qui permettent le Switch des immunoglobulines
III. LES CLASSES ET SOUS CLASSES DES IMMUNOGLOBULINES :
On distingue cinq classes d’immunoglobulines (IgG, IgM, IgA, IgE et IgD) qui diffèrent par leur pH isoélectrique
(Phi), la demie de vie, le nombre de domaines constants et le rôle des parties constantes. Les classes et les sous
classes sont déterminés par les types de chaines lourdes ; chacune de ces chaines est codée par un gène différent.

III.1 Immunoglobuline G (IgG) :

C’est une glycoprotéine constituée de deux chaines lourdes (γ) et deux chaines légères (κ ou λ). Elle représente 70
à 75% des immunoglobulines totales avec une concentration de 10 à 18 g/l. Elle regroupe quatre sous classes :
IgG1, IgG2, IgG3 et IgG4 et qui représentent 66%, 23%, 7% et 4% d’IgG respectivement. La différence entre elles
réside dans la région charnière et dans le nombre des ponts disulfures. La demie-vie de ces immunoglobulines est
de 21 jours, sauf pour les IgG3 qui est de 7 jours. Leur constante de sédimentation est de 7 S, avec un PM de 146
Kd. Les IgG (1, 2, 3) fixent le complément. Seul les IgG1 et IgG3 peuvent traverser la barrière placentaire. La
chaine γ est constituée de 3 domaines constants et une variable. Mais toutes les chaines légères ne sont formées
que de deux domaines, un constant et un variable.

Fonctions :

v Activation du complément (majoritairement par IgG3 et IgG1)


v Opsonisation : correspond au récepteur du fragment FC : IgG1 et IgG3
v Liaison au phagocyte : IgG1 et IgG3
v Cytotoxicité par les cellules : sensibilisation à la mort par les cellules NK. Celles-ci entraînent la lyse de
la cellule en s'y fixant directement ou par l'intermédiaire d'un récepteur. Elle est importante dans
l'immunité antitumorale et facilite la phagocytose de l'antigène.

III. 2. Immunoglobuline A (IgA) :

C’est une glycoprotéine qui se présente sous deux formes,

Une forme monomérique constituée de deux chaines lourdes Alpha (α) et deux chaines légères (κ ou λ) et
représente 80% des IgA sériques.

La deuxième forme est majoritaire dans les sécrétions (lait, la salive...). Elle est dimérique
de 385 Kd et 11 S. Elle contient la chaine J de 15 Kd et un composant sécrétoire de 70 Kd.

Les IgA regroupent deux sous classes : IgA1 qui est sérique et IgA2 qui se trouve, dans les sécrétions. La
concentration d’IgA sériques est de 1 à 4,5 g/1. Elles ne fixent pas le complément et ne traversent pas le placenta.
La chaine α est constituée de 3 domaines constants et un variable.

Elle n'a pas de capacités à activer le complément, peu de capacités de sensibilisation aux cellules NK. Elle a peu
de capacités pour l'opsonisation. Elle va être chargée au niveau des muqueuses d'empêcher les antigènes de passer.

Fonction majeure

Empêche les Ag d’avoir des portes d’entrées dans les muqueuses. Neutraliser tous les antigènes qui se trouvent
au niveau de la lumières digestive et les neutraliser avant leur entrée dans l'organisme.

III. 3. Immunoglobuline M (IgM)

C'est une glycoprotéine de 900 Kd et 19 S. Habituellement, elle est pentamérique et constituée de 10 chaines
lourdes mu (µ) et 10 chaines légères (κ ou λ) identiques. Elle représente 10% des immunoglobulines sériques. Les
sous unités se lient entre elles par des ponts disulfures et la chaine J (jonction). La chaine µ contient quatre
domaines constants et un variable. L'IgM membranaire est monomérique contenant une séquence hydrophobe
supplémentaire qui lui permet de s'ancrer à la membrane cytoplasmique. Cette molécule constitue le récepteur
spécifique de l'antigène sur le lymphocyte B (BCR). Elle est associée à deux molécules Igα (CD79a) et Igβ (C79b)
qui sont responsables de la transduction du signal après une stimulation antigénique.

L'une de sa grande capacité à activer le complément est sa forme pentamérique : pour activer le complément il
faut 2 Fc côte à côte et ici il y en a 5 donc beaucoup plus simple.

III. 4. Immunoglobuline D :

C'est une glycoprotéine constituée de deux chaines lourdes delta (δ) et deux chaines légères (κ ou λ) identiques.
Elle représente 10% des Ig sériques.

Elle existe sous deux formes ; La forme sérique qui est soluble et la forme membranaire qui constitue avec les IgM
membranaire le BCR des lymphocytes B matures. Elle est la plus sensible à la protéolyse.

Les chaines lourdes δ ne se lient entre elles que par un pont disulfure. Elle est de 184 kd, 7 S et a une demi-vie de
3 jours. La concentration sérique est de 0,05 à 0,4g/l. la chaine lourde comporte trois domaines constants et un
variable.

Elle aurait un rôle dans l'immunité respiratoire et dans l'augmentation des capacités immunitaires au niveau des
basophiles, et dans la réaction allergique.

III. 5. Immunoglobuline E :

C'est une glycoprotéine de 190 Kd et 8S avec une demie de vie de 3 jours. Elle est constituée de deux chaines
lourdes Epsilon (ε) et deux chaines légères (κ ou λ). Sa concentration sérique est de 0,003 g/l. La plupart des IgE
se trouvent fixer sur les mastocytes par des récepteurs spécifiques à la partie constante (RFCεI). Elle ne fixe pas
le complément et ne traverse pas la barrière placentaire. C'est une Ig thermolabile.

IV. PROPRIETES ANTIGENIQUES :


Une immunoglobuline peut induire une réponse immunitaire adaptative (production des anticorps). Donc elle a les
propriétés d’antigène. Les anticorps produits sont dirigés contre les divers déterminants antigéniques localisés sur
l’antigène. Il existe trois groupes de déterminants antigéniques qui définissent l'isotype, l'allotype et l'idiotype.

1 Isotypie : ce sont les propriétés de déterminants antigéniques qui définisse les classes et les sous classes des
immunoglobulines d'une même espèce. Elle est portée par la partie constante.

2 Allotypie : c'est les propriétés de déterminants antigéniques qui différencient les différents individus au sein
d'une même espèce. Elle est portée par la partie variable.

3 - Idiotypie : c'est les propriétés de déterminants antigéniques qui différencient les immunoglobulines de même
isotype et de même allotype chez un individu. Elle est portée par la partie variable.
V. LES FONCTIONS BIOLOGIQUES :
La dualité structurale évoque une dualité fonctionnelle. Une molécule d'immunoglobuline est constituée d'une
partie variable, représentée par le fragment Fab qui constitue le site de fixation de l'antigène sur l'anticorps ; ce
dernier est appelé le PARATOPE. Donc la partie variable est responsable de la reconnaissance de l'antigène et la
réaction avec lui.

La partie constante représentée par le FC, joue les fonctions effectrices :

(1) Activation du complément (IgG1, IgG2, lgG3) par la voie classique.

(2) liaison à des récepteurs portés par les cellules dérivées de la lignée myéloïde (PN). Les lgG ont trois récepteurs
: le RFCγI ou CD64, le RFCγII ou CD32 et le RFCγIII ou CD16. Ces récepteurs fixent surtout les IgGl et IgG3.
Ils sont exprimés par les monocytes, les macrophages, les polynucléaires, les NK et les CTL. Les IgE possèdent
deux récepteurs : le RFCεI qui est exprimé par les mastocytes et les basophiles et le RFCεII ou CD23 qui est
exprimé par la majorité des cellules sanguines (monocyte ; polynucléaire, lymphocytes, plaquettes ...).

(3) le catabolisme des immunoglobulines dont la vitesse est régulée par le Fc et plus précisément par le CH2.

(4) certaines isotypes des immunoglobulines ont la propriété de traverser des cellules (transcytose). Les IgA sont
sécrétées dans sécrétions exocrines et les IgG sont sécrétées dans le liquide interstitiel.

figure 3 schéma d’une figure 4 schéma représentant toutes les classes d’Ig
immunoglobuline

Vous aimerez peut-être aussi