Les Immunoglobulines
Les Immunoglobulines
Les Immunoglobulines
2. Décrire le site de liaison de la molécule d’Ig avec son antigène (Ag) spécifique
4. Préciser les fonctions biologiques des fragments Fab et Fc des IgG, IgA, IgM et IgE
5. Indiquer l’origine des constituants des IgA sécrétoires et leurs propriétés biologiques
9. Définir la superfamille des Ig, en citer les principaux membres et indiquer leur structure
biochimique commune
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INTRODUCTION
Les Ig sont des glycoprotéines synthétisées et secrétées par les plasmocytes qui
représentent le stade ultime de différenciation des lymphocytes B. Ces Ig peuvent se
présenter:
Soit sous forme soluble, présentes dans tous les liquides biologiques de l’organisme et en
particulier le sérum.
Les Ig sont dotés d’une dualité fonctionnelle qui découle de leur dualité structurale:
Activation des systèmes effecteurs sur l’antigène ou les cellules qui l’expriment à leurs
surfaces pour faciliter sa neutralisation ou son élimination de l’organisme.
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Figure 1: Structure de base des Ig: (a) IgG, IgA et IgD ; (b) IgM et IgE
L’unité structurale de base d’un Ac, encore appelée monomère d’Ig, comporte 4 chaînes
polypeptidiques (Figure 1): 2 chaînes lourdes identiques H ( heavy) et 2 chaînes légères
identiques L (light). La structure générale est donc de type H 2L2 ; La forme, confirmée par
l’observation en microscopie électronique, est celle d’un Y comportant un axe de symétrie
passant entre les 2 chaînes lourdes.
Selon leurs caractéristiques physico-chimiques, on distingue 5 classes d’Ig: IgM, IgG, IgA,
IgD et IgE. Les IgG comportent 4 sous-classes: IgG1 IgG4 et les IgA en ont 2: IgA1 et
IgA2. Les différences entre classes et sous-classes proviennent de la nature de la chaîne
lourde qui lui est particulière et nommée d’après un équivalent grec:
Les chaînes légères sont communes à l’ensemble des classes et des sous-classes des Ig. On
en distingue 2 types différents: Kappa (κ) dans 65% des Ig et Lambda (λ) dans 35% des Ig.
Le monomère d’Ig comporte toujours la même chaîne lourde et la même chaîne légère. Les
chaînes lourdes sont reliées entre elles au niveau de la région charnière ( Hinge) par des
liaisons covalentes (un ou plusieurs ponts disulfures entre 2 cystéines) et par de nombreuses
interactions non covalentes (liaisons hydrogène, liaisons ioniques, liaisons hydrophobes et
forces de Van Der Walls). Les chaînes légères sont reliées aux chaînes lourdes par un pont
disulfure intercaténaire qui s’établit entre l’extrémité C-terminale de la chaîne légère et le
domaine CH1 de la chaîne lourde. De nombreuses interactions non covalentes s’établissent
également entre chaque chaîne lourde et chaque chaîne légère. La région charnière des
chaînes lourdes présente une grande flexibilité avec un angle d’ouverture variable de 60° à
180° permettant ainsi une interaction optimale avec l’antigène.
Les chaînes légères sont constituées de 213 à 218 acides aminés (AA), les 107 à 110 AAN-
terminaux constituent le domaine variable V L (Variable Light) dans lequel la séquence d’AA
est très différente d’une molécule à une autre. Le reste des AA C-terminaux sont identiques
et constituent le domaine constant de la chaîne légère C L (Constant Light).
Les chaînes lourdes H comportent en moyenne 460 AA. Les 110 AA N-terminaux constituent
le domaine variable VH (Variable Heavy) et varient d’une chaîne à une autre au sein d’une
même classe ou sous-classe. Le reste de la chaîne lourde est la partie constante qui ne varie
qu’en fonction de la classe et la sous-classe C H (Constant Heavy).
Une région constante, possédant une structure à l’ensemble des Ig appartenant à une
même classes ou sous-classe pour les chaînes lourdes et un même type pour la chaîne
légère.
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Une région variable, caractérisant les Ig provenant d’un même clone de lymphocytes B,
donc différentes d’une Ig à une autre.
Les premières analyses des structures primaires (agencement des AA) des régions variables
ont permis de montrer que les différences entre régions variables sont concentrées dans 3
courtes zones de chaque chaîne, lourde ou légère: les « zones hypervariables » ou régions
déterminant la complémentarité: CDR1 à CDR3 ( Complementarity Determining Regions), par
opposition au reste du domaine variable constituant la « charpente » (Framework) qui
présente des repliements permettant le rapprochement des CDR. Les études par diffraction
des rayons X ont montré que ces CDR sont intimement impliquées dans la liaison à l’antigène
et donc dans la formation du site anticorps complémentaire de l’épitope ou encore appelé
paratope.
Les régions constantes des chaînes lourdes C H peuvent être décomposées en domaines
d’environ 110 AA chacun: CH1, CH2 et CH3 (un domaine supplémentaire CH4 pour les IgM
et les IgE). Chaque domaine est porteur d’un pont disulfure intracaténaire formant une
boucle rapprochant 2 cystéines séparées d’environs 60 positions au niveau de la structure
primaire. Les domaines CL et CH1 sont reliés par un pont disulfure intercaténaire.
Entre les domaines CH1 et CH2 se trouve la région charnière où les ponts disulfures relient
les chaînes H entre elles. Cette région est particulièrement sensible aux enzymes
protéolytiques.
Etant de nature protéique, les Ig peuvent faire l’objet d’un clivage enzymatique. C’est l’étude
des différents fragments obtenus après action ménagée des enzymes protéolytiques qui a
permis d’élucider les relations existant entre la structure et les fonctions d’une molécule d’Ig.
Deux enzymes ont été plus particulièrement utilisées dans cette étude: la papaïne d’origine
végétale et la pepsine d’origine animale (Figure 2).
a/ La papaïne:
Sous l’action de la papaïne à 1%, l’Ig est scindée en 3 fragments: 2 Fab et 1 Fc. Les
fragments Fab (ab pour antigen binding) correspondent à la partie N-terminale de la chaîne
lourde (VH et CH1) associée à l’intégralité de la chaîne légère. Ces Fab possèdent comme les
Ig entières la propriété de se lier à l’antigène spécifique mais à la différence de ces
dernières, ils sont univalents car ils ne comportent qu’un seul site de fixation antigénique ou
paratope et ne peuvent donc pas former de réseau antigène-anticorps. L’autre fragment
libéré est appelé Fc car il cristallise facilement, il correspond à 2 moitiés C-terminales des
chaînes lourdes reliées entre elles par au moins un pont disulfure et est responsable des
fonctions biologiques des Ig.
b/ La pepsine:
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d’Ig ne donne qu’un seul gros fragment (Fab') 2 très intéressant pour certaines techniques
immunologiques nécessitant l’absence du fragment Fc qui peut interférer dans la réaction.
Figure 2: Fragments constituants les Ig: Fab ( Antigen Binding), Fc (Fragment cristallisable)
a/ Pôle Fab: au niveau de la région N-terminale, les régions variables (V H et VL) sont
impliquées dans la reconnaissance de l’antigène. Les régions constantes (CH1 et C L) sont
impliquées dans la stabilisation de l’ensemble H-L.
b/ Pôle Fc: Le fragment Fc des Ig est porteur des fonctions biologiques de nature très variée,
appelées fonctions effectrices des Ac qui interviennent suite à la liaison du pôle Fab à son
antigène spécifique. Ces fonctions effectrices sont généralement déclenchées par le
regroupement de plusieurs Ig sous la forme d’un complexe immun avec leur antigène. Les
propriétés effectrices dépendent de la nature des Fc, et donc de leur classes et sous-classes:
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(sauf IgG4) et à un moindre degré les IgA peuvent activer le complément par la voie
classique.
Le transport des Ig: le transport à travers les épithéliums des Ig (essentiellement les IgA)
est réalisé grâce au récepteur polyIg. De même le transport placentaire des IgG maternelles
vers le fœtus se fait par le biais du récepteur FcRn.
Le catabolisme des Ig: C’est le fragment Fc, et plus précisément le domaine CH2, qui
régule la vitesse du catabolisme des Ig. Les Ig natives et les Fc sont catabolisés à la même
vitesse alors que le fragment Fab est catabolisé plus rapidement.
Les Ig peuvent se comporter comme des antigènes, en effet, l’obtention d’Ac dirigés contre
les divers déterminants des régions variables et constantes des Ig a ainsi permis de
distinguer 3 principaux niveaux d’hétérogénéité: l’isotypie, l’allotypie et l’idiotypie.
2.1 L’isotypie:
L’isotypie définit les classes, les sous-classes et les types (pour les chaînes légères) des Ig
présentes chez tous les individus normaux d’une espèce donnée. Les isotypes sont des
déterminants portés par les régions constantes des chaînes lourdes et légères. Il existe chez
l’homme 9 isotypes de chaînes lourdes, qui définissent 5 classes (IgM, IgA, IgG, IgE et IgD)
incluant 6 sous-classes (IgG1 à IgG4, IgA1 et IgA2) d’Ig, et 2 isotypes de chaînes légères
(κet λ). Les chaînes légères λ présentent une variabilité isotypique mineure sous la forme de
4 sous-types.
2.2 L’allotypie:
L’allotypie correspond à une variabilité allélique des Ig entre des individus d’une même
espèce: certains isotypes présentent des différences de structure, le plus souvent minimes et
sans répercussion sur l’activité anticorps: ce sont les allotypes. Ces allotypes sont portés par
certaines régions constantes des chaînes lourdes (Gm) et des chaînes légères (Km).
2.3 L’idiotypie:
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L’idiotypie est un caractère antigénique porté par les régions variables des Ig et lié à leur
fonction de reconnaissance. Les déterminants des Ig responsables de l’idiotypie (ou
idiotopes) sont exprimés en réponse à une stimulation antigénique. L’ensemble des idiotopes
d’une Ig définit son idiotype. L’idiotypie représente ainsi la forme la plus importante de
variabilité antigénique des Ig.
Chez l’homme, les IgG constituent 75% des Ig sériques avec une concentration variant de 8
à 16 g/l. L’IgG est la principale classe d’Ig synthétisée au cours de la réponse immune
adaptative humorale secondaire (second contact avec l’antigène ou un antigène persistant
dans l’organisme). C’est la seule classe d’Ig qui peut traverser le placenta grâce au récepteur
FcRn. Son poids moléculaire est de 150 kilo Daltons (kD) avec un coefficient de
sédimentation de 7S.
Chacune des 4 sous-classes des IgG humaines se distingue par des activités biologiques
diverses malgré une forte homologie de séquence de leurs régions Fc excédant les 95%. En
effet, si les IgG1, IgG2 et IgG3 peuvent activer le complément (au moins 2 molécules d’IgG
liés au C1q), l’IgG4 ne le peut à cause d’un angle ouverture très large du fragment Fab
empêchant la liaison avec la partie globuleuse du C1q. Les différences structurales entre les
4 sous-classes se concentrent au niveau de la région charnière qui possède une soixantaine
d’AA pour l’IgG3 la rendant plus sensible aux enzymes protéolytiques et ainsi une demi-vie
courte de 7 jours alors que pour les autres sous classes la région charnière est beaucoup
plus courte avec une demi-vie de 21 jours.
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Pepsine 0 0 ++ +
Les IgM sont, comme les IgG, essentiellement des Ac circulants. Ils représentent le principal
support des Ac dits « naturels » (présents avant tout contact avec l’antigène) qui sont
généralement polyspécifiques de plusieurs antigènes avec lesquels ils se lient avec une faible
affinité. Les IgM constituent également la principale classe d’Ig produite au cours de la
réponse immune humorale primaire (premier contact avec l’antigène). L’IgM peut activer le
complément par la voie classique grâce à la liaison du Fc au C1q.
a/ Monomère d’IgM: C’est la forme sous laquelle les IgM sont synthétisées et insérées à la
surface du lymphocyte B en cours de différenciation qui en s’associant à un monomère d’IgD
va jouer le rôle de récepteur à l’antigène des cellules B ou BCR. La chaîne lourde µ est
formée d’un domaine variable et de 4 domaines constants (CH1 à CH4). L’IgM n’a pas de
région charnière (remplacée par le domaine CH2), mais sa flexibilité est importante grâce
aux séquences comprises entre les domaines CH1 et CH2, et CH2 et CH3. Les IgM
membranaires ont une extrémité C-terminale de la chaîne µ plus longue d’une quarantaine
d’AA par rapport aux IgM secrétées, ce qui permet l’insertion à la membrane cytoplasmique
des lymphocytes B. L’IgM membranaire est associée au CD79 (Igα et Igβ) pour la
transduction du signal.
b/ Polymères d’IgM: La principale forme des IgM secrétées est la forme pentamérique de PM
900 kD avec un coefficient de sédimentation de 19S: chaque molécule est composée de 5
monomères identiques reliés par une chaîne J ( Junction) de PM de 15 kD produite par les
plasmocytes et permettant de stabiliser le complexe grâce à des liaisons covalentes de type
ponts disulfures avec les extrémités C-terminales des chaînes µ. Une partie moins importante
mais significative des IgM sériques est formée de 6 monomères d’IgM. Les IgM polymériques
qui sont souvent fortement agglutinants et précipitants, peuvent se fixer avec une avidité
élevée sur les antigènes ayant des épitopes répétitifs grâce à une coopération des sites
anticorps. Il est à noter que si la valence théorique d’un pentamère d’IgM est de 10, elle
n’est réellement que de 5 à cause de l’encombrement stérique.
Les IgM sont fortement glycosylées (10 à 12% du poids de la molécule). Leurs concentration
dans le sérum chez l’adulte varie de 0,5 à 2 g/l, ce qui représente 5 à 10% des Ig sériques
totales. La synthèse des IgM est de l’ordre de 5 mg/kg/jour, et la demi-vie est de 5 jours.
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Figure 3: Pentamère d’IgM
Les IgA constituent environ 60% des Ig synthétisées par l’organisme, cependant cette
importance pondérale se manifeste essentiellement au niveau des sécrétions des muqueuses
et des glandes exocrines (salive, larmes, liquide digestif, secrétions bronchiques et génitales,
lait maternel) ; en effet, ils ne représentent que 15 à 20% des Ig sériques avec une
concentration moyenne de 2 à 4 g/l et une demi-vie de 6 jours.
Les IgA sériques sont essentiellement monomériques avec un PM de 160 kD. Des formes
dimériques et polymériques peuvent se voir au niveau du sérum. Comme pour les IgM
polymériques, une chaîne J unit les Fc des monomères d’IgA.
Les IgA sécrétoires sont des dimères de PM de 400 kD. Elles sont formées par 2 monomères
d’IgA liés au niveau du Fc par une chaîne J synthétisée par les plasmocytes des chorions des
muqueuses. Une glycoprotéine de 70 kD appelée « pièce sécrétoire » est associée au dimère
d’IgA + chaîne J. Cette pièce sécrétoire se lie aux IgA au niveau du pôle basal des cellules
épithéliales, où elle constitue le récepteur polyIg. Après fixation de l’IgA au polyIgR, le
complexe est internalisé, transporté dans la cellule et clivé à la surface du pôle apical pour
ne garder que la pièce sécrétoire associée à l’IgA qui va être excrétée dans la lumière de la
muqueuse. A coté de son rôle dans le transport des IgA, la pièce sécrétoire qui est riche en
glucides protège les Fc des IgA vis-à-vis des protéases présentes dans les secrétions
exocrines.
Il existe 2 sous-classes d’IgA caractérisées par des chaînes lourdes distinctes α1 et α2. La
région charnière des IgA1 est O-glycosylée et plus longue que celle de l’IgA2, cette dernière
est plus résistante aux protéases bactériennes d’on son importance au niveau des
muqueuses, en effet si les IgA1 représentent 90% des IgA sériques, les IgA2 constituent
50% des IgA sécrétoires.
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Figure 4: Structure des IgA sécrétoires
La structure des IgD est analogue à celle des autres Ig. Elle est formée de 2 chaînes lourdes
δ et 2 chaînes légères, plus souvent λ que κ. Son PM est de 185 kD avec un coefficient de
sédimentation de 7 à 8S. Les IgD possèdent la région charnière la plus longue (64 résidus
d’AA), ce qui leur confère une sensibilité accrue aux enzymes protéolytiques. Cette fragilité
explique en partie leur faible taux sérique variant de 0,05 à 0,4 g/l chez un homme normal et
une demi-vie plasmatique très courte, inférieure à 4 jours.
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Les IgD s’associent également aux IgM membranaires pour former le BCR. L’IgD
membranaires a la même partie variable (V H) et la même chaîne légère que l’IgM
membranaire à laquelle elle est associée qui est dans ce cas d’avantage de type κ que λ. La
région C-terminale possède une extension pour permettre l’ancrage au niveau de la
membrane cytoplasmique des lymphocytes B grâce à des AA hydrophobes.
Les IgE jouent un rôle important au cours de l’hypersensibilité immédiate ou de type I. Lors
d’un premier contact avec un allergène suscitant leur synthèse, elles se fixent sur les RFcε de
type 1 présents à la surface des mastocytes et des basophiles. Lors d’un second contact avec
le même allergène, la liaison des IgE avec les épitopes allergéniques, entrainera le pontage
des RFcε et la dégranulation des mastocytes et des basophiles qui déverseront le contenu de
leur granules riche en médiateurs inflammatoires.
Les IgE sont également très importantes dans la défense antiparasitaire et essentiellement
anti-helminthes via leur liaison au CD23 (RFcε de type 2) présent à la surface de cellules
cytotoxiques telles que les éosinophiles et certains lymphocytes.
Les gènes codant pour les Ig humaines sont arrangés en 3 groupes de translocation codant
respectivement pour les chaînes légères κ, les chaînes légères λ, et les chaînes lourdes H:
Le domaine variable VL d’une chaîne légère est codé par 2 segments géniques distincts: V
(Variable) et J (Junction), alors que le domaine variable V H d’une chaîne lourde est codé par
3 segments géniques: V, D (Diversity) et J.
Les domaines constants CH et CL des chaînes lourdes sont codés par un seul gène
correspondant à chaque isotype.
Dans chaque groupe de translocation, un grand nombre de segments géniques codent pour
la région variable. Au cours du développement du lymphocyte B, l’ADN germinal original va
subir des réarrangements géniques qui vont permettre de juxtaposer un segment V à un
segment J pour les chaînes légères, et un segment V à un segment D et à un segment J
pour les chaînes lourdes. Ces segments de gènes sont choisis parmi les nombreux segments
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V, D et J dont dispose le génome du lymphocyte B. L’ADN une fois réarrangé va être
transcrit en pré-ARNm qui va subir une maturation (épissage ou splicing) pour pouvoir
entamer la traduction d’une chaîne d’Ig.
Le système de recombinaison des gènes présidant à la synthèse des chaînes κ est le plus
simple. Le réarrangement génique implique 3 gènes qui sont disposés dans l’ordre suivant
dans le sens 5’3’:
- Un gène J qui code pour un segment sélectionné parmi un nombre plus restreints de
segments possibles (5)
Recombinaison V-J par épissage (coupure) du segment génique compris entre l’extrémité
3’ du gène V choisis et l’extrémité 5’ du gène J choisi. La recombinaison d’un gène V avec un
gène J est un phénomène aléatoire. En conséquence, chaque gène V choisi parmi les 40
possibles peut s’associer à n’importe lequel des 5 gènes J.
Transcription en ARN: obtention d’un transcrit primaire polyadénylé, qui subit une
maturation, et épissage du segment génique compris entre l’extrémité 3è du gène J et
l’extrémité 5è du gène C.
La recombinaison des gènes codant pour la chaîne légère λ est proche de celui de κ.
L’organisation et le nombre de gènes sont légèrement différents: environ 30 gènes V
peuvent se combiner à un gène J pris parmi 4 gènes J différents, chacun de ces derniers
étant associé d’emblée à un gène C différent et spécifique de chaque gène J. Les étapes de
transcription, de maturation et de synthèse sont analogues à celles de la chaîne κ.
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4.4 Recombinaison et synthèse des chaînes lourdes:
Les gènes des chaînes lourdes sont organisés selon le modèle des chaînes légères, mais avec
un groupe de gènes supplémentaire: les gènes D ou gènes de diversité. Les 4 groupes de
gènes (V, D, J et C) sont arrangés dans le sens 5’3’ sur une distance d’environ 300 kb
d’ADN. Le groupe des gènes V comporte une cinquantaine de variants, celui des gènes D
environ 30, tandis que celui des gènes J n’en comporte que 6. Le groupe des gènes
constants C comprend 9 gènes fonctionnels et un pseudogène (Cε2) disposés dans l’ordre
suivant: Cµ, Cδ, Cγ3, Cγ1, Cε2, Cα1, Cγ2, Cγ4, Cε1 et Cα2.
- Une 2ème recombinaison se fait entre l’un des segments V choisi de façon aléatoire et le
complexe DJ issu de la première recombinaison. Une fois le segment VDJ obtenu, plusieurs
processus d’excision interviennent pour aboutir à la jonction entre VDJ et le gène Cµ. La
traduction du gène produit une chaîne lourde µ.
Dans chaque lymphocyte B différencié, un seul locus de chaîne lourde et un seul locus de
chaîne légère, soit κ soit λ, sont fonctionnels, en effet si le réarrangement sur l’un des 2
chromosomes parentaux permet d’obtenir un ARNm fonctionnel, les réarrangements sont
bloqués sur l’autre chromosome: c’est le phénomène d’exclusion allélique. Par contre si
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les réarrangements sur les 2 chromosomes n’est pas productive, le lymphocyte B ne pourra
pas continuer sa différenciation et mourra par apoptose (mort cellulaire programmée).
Le réarrangement des gènes des Ig commence par celui des chaînes lourdes µ. Au cours du
stade pro-B du développement des lymphocytes B, les recombinaisons D-J et V-DJ sont
effectuées. Au stade pré-B la chaîne lourde µ est produite et sera associée à un équivalent
de chaîne légère λ5/Vpré-B dont le gène se trouve inséré dans le complexe des gènes
codant pour la chaîne λ au niveau du chromosome 22. Le complexe µ-λ5/Vpré-B constitue le
pré-BCR qui sera exprimé à la surface des lymphocytes pré-B. Cette dernière étape
marquera le début des réarrangements des chaînes légères qui se produit selon le principe,
si aucun gène κ fonctionnel n’est produit, la réorganisation du gène λ est initiée.
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a/ La diversité combinatoire: Les multiples exemplaires de chacun des segments V, D et
J peuvent s’associer en principe de façon indépendante et donc aléatoire. Théoriquement,
les lymphocytes B peuvent produire 200 (40 X 5) chaînes κ, 120 (30 X 4) chaînes λ et 9000
(50 X 30 X 6) chaînes µ différents les unes des autres. Si l’on considère que les chaînes
lourdes peuvent s’associer d’une manière indifférente avec n’importe quelle chaîne légère κ
ou λ, le génome contient donc en puissance la capacité de coder environ 3.10 6 (9000 X (200
+ 120)) domaines variables différents d’Ig.
5. COMMUTATION ISOTYPIQUE
Lors d’un premier contact avec l’antigène cible avec le BCR, les lymphocytes B produisent
des IgM dépourvues du segment peptidique hydrophobe nécessaire à l’insertion
membranaire et destinées à la sécrétion. Lors d’un second contact avec l’antigène ou en cas
de persistance de l’antigène dans l’organisme, les lymphocytes B activés vont subir le
phénomène de commutation de classe ou « switch » qui va permettre le passage d’une
réponse immune primaire à IgM à une réponse immune secondaire à IgG, à IgA ou encore à
IgE. Ce phénomène intéresse exclusivement les régions constantes des chaînes lourdes et
donc ne modifie aucunement la spécificité antigénique de l’Ig switchée, en effet le segment
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VDJ demeure inchangé en dehors des hypermutations somatiques permettant la maturation
de l’affinité. Sur le plan moléculaire, la commutation de classe est due à un phénomène de
recombinaison de l’ADN entre des séquences particulières S ( Switch), situées en amont des
différents gènes C à l’exception du Cδ, ce qui va amener le segment VDJ au contact d’un
nouveau gène C avec délétion de l’ADN intermédiaire. Il est à noter que Cµ et Cδ sont
transcrits en bloc et l’obtention d’un IgD se fait grâce à l’épissage alternatif du préARNm
codant également pour l’IgM. Le starter est comme pour les hypermutations somatiques une
désamination des cytosines par l’AID.
La synthèse des chaînes lourdes et légères s’effectue au niveau des ribosomes au tour des
citernes du REG dans lesquelles l’assemblage des chaînes est réalisé. L’ensemble est ensuite
transporté vers l’appareil de Golgi dans lequel la glycosylation des Ig s’effectue. Les Ig
arrivent à la surface des lymphocytes B dans des vacuoles de sécrétion qui vont fusionner
avec la membrane et déverser leur contenu (exocytose). La biosynthèse de la chaîne J se
déroule également dans le plasmocyte. En revanche la synthèse de la pièce sécrétoire est
assurée par la cellule épithéliale qui représente le domaine extramembranaire du récepteur
polyIg. Il est à noter que les chaînes légères peuvent être secrétées sous forme libre ce qui
n’est pas le cas des chaînes lourdes normales.
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7. CINETIQUE DE LA SYNTHESE DES IMMUNOGLOBULINES
Lors d’un premier contact avec l’antigène, il y a apparition après un certain temps de latence
d’une réponse immune primaire essentiellement à IgM. Le contact ultérieur induit une
réponse secondaire plus rapide, plus importante, plus durable (plateau) et à prédominance
IgG.
8. POLYCLONALITE ET MONOCLONALTE
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Figure 12: Obtention de clones en hybridant des lymphocytes B avec des cellules
myélomateuses ayant un fort taux de prolifération
Les premiers Ac apparaissent chez les vertébrés les plus primitifs: la myxine et lamproie. Ces
derniers n’ont qu’un seul type d’Ig: une IgM ancestrale sans chaîne J. L’IgM se polymérise à
partir des requins. Plus tard chez les dipneustes (ayant 2 poumons), apparait une seconde
classe d’Ig proche des IgG. L’IgA apparait pour la première fois chez les oiseaux. L’IgE
semble tardive dans l’évolution, on ne la retrouve que chez les mammifères.
La mise en place des principaux éléments du système immunitaire commence chez le fœtus
bien avant la naissance. L’expression des chaînes J et des chaînes µ est détectable dès la
6ème semaine de gestation, et celle de l’IgG dès la 12 ème. Cette expression reste cependant de
faible intensité. La plupart des Ig présentes chez le nouveau-né sont d’origine maternelle et
appartiennent à la classe des IgG dont le passage trans-placentaire, modeste pendant les 2
premiers trimestres, devient significatif au cours du dernier trimestre de la vie fœtale.
La courbe cinétique des IgG est la résultante de l’évolution d’une part des IgG maternelles
qui passent par un maximum à la naissance, décroissent ensuite rapidement pour disparaitre
vers le 4ème mois, et d’autre part des IgG du nouveau-né dont la sécrétion commence à la
naissance et croît progressivement pour atteindre la concentration de l’adulte vers l’âge de 6
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ans. Il y a donc une hypogammaglobulinémie physiologique qui apparaît vers l’âge de 3
mois. Les IgM sont produites plus précocement et leur concentration augmente dès le
dernier trimestre de la gestation jusqu’à l’âge de 1 an où le taux de l’adulte est atteint. La
constatation d’une élévation des IgM dans le sang du cordon ou chez le nouveau-né est
prédictive d’une infection in utero, en particulier bactérienne. La production des IgA, IgD et
IgE commence peu avant la naissance, mais les taux observés chez l’adulte ne sont atteint
que plus tardivement vers l’âge de 10 ans.
La liaison des Ig par leur fragment Fc à leurs RFc respectifs suite à la reconnaissance d’un
antigène induit diverses fonctions effectrices (Tableau 2). L’activation biologique résulte du
pontage des RFc et de l’agrégation résultante des motifs ITAM (Immunoreceptor tyrosine
based activation motives) ou des motifs ITIM (Immunoreceptor tyrosine based inhibitory
motives) selon le type de récepteur.
63
Tableau 2: Récepteurs des Ig
A partir de la notion de domaine, unité de base de la structure des Ig, on a émis l’hypothèse
très vraisemblable de l’existence d’un gène ancestral codant pour environ 110 AA et qui
serait à l’origine de toutes les Ig et qui ont évolué par duplications et mutations sur des
dizaines de millions d’années. Ce type structure en domaine est également retrouvé dans
plusieurs glycoprotéines plus ou impliquées dans le fonctionnent du système immunitaire,
dans la reconnaissance du soi et du non-soi ou plus largement dans l’adhésion cellulaire.
Ainsi la superfamille des Ig comprend:
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Les molécules d’adhésion cellulaire: ICAM, VCAM, PECAM
Le récepteur polyIg
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L’apparition des signes cliniques coïncide en général avec la diminution des Ig d’origine
maternelle, habituellement vers l’âge de 4 mois. Les patients présentent une susceptibilité
accrue aux infections. La substitution par les Ig intraveineuses représente le traitement de
choix.
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