Immunoglobulines (3 - Année Médecine)
Immunoglobulines (3 - Année Médecine)
Immunoglobulines (3 - Année Médecine)
Les immunoglobulines constituent une famille de protéines globulaires (globulines) largement représentées dans
le sérum et liquides biologiques des vertébrés. Elles sont également présentes à la surface des lymphocytes B dont
elles constituent les récepteurs spécifiques pour l’Ag.
Elles sont produites par les Lymphocytes B et les plasmocytes qui en dérivent après stimulation antigénique. Ce
sont les effecteurs de l’immunité spécifique humorale (= les anticorps). On emploie le terme d’immunoglobuline
quand on s’intéresse à la structure et le terme d’anticorps quand on s’intéresse à la fonction.
Ces chaînes sont reliées entre elles par des ponts disulfures inter-
caténaires et par des liaisons non covalentes.
Les chaines lourdes et légères contiennent des ponts disulfures intra-
caténaires, chaque pont permettant la formation d’une boucle peptidique
qui représente la partie centrale d’une région fonctionnelle d’environ 100
aa appelée DOMAINE.
Les Ig comportent 4 ou 5 domaines par chaîne H (un domaine variable
ou VH et 3 ou 4 domaines constants ou CH) et deux domaines par chaîne L
(un VL et un CL)
Il existe sur les chaînes lourdes une séquence relativement linéaire appelée : région charnière (Hinge region),
cette région constitue la cible des enzymes protéolytiques et permet à la molécule d’Ig une certaine flexibilité.
1 Hétérogénéité des Ig
Les Ig sont caractérisées par une très grande
hétérogénéité qui s’exprime à trois niveaux :
** L’ISOTYPIE :
Les caractères isotypiques sont communs à tous les
individus d’une même espèce et définissent les classes et
les sous-classes d’immunoglobulines ainsi que les types
de chaînes légères.
Les déterminants isotypiques sont portés par les
domaines constants des chaînes lourdes et légères. Il
existe :
** L’ALLOTYPIE
Les spécificités allotypiques, sont des déterminants
antigéniques qui permettent de distinguer les Ig de deux
individus ou de groupes d’individus au sein d’une même
espèce.
** L’IDIOTYPIE :
Les spécificités idiotypiques sont des déterminants antigéniques qui caractérisent un anticorps donné chez un
individu.
Elles sont portées par les domaines variables des Ig.
Fonction de reconnaissance
C‘est la fonction anticorps assurée par le fragment Fab.
L’interaction Ac-Ag (impliquant l’épitope sur l’Ag et le paratope sur l’Ac)
est basée sur la complémentarité de structure qui détermine l’affinité de
l’anticorps pour l’antigène.
Trois fonctions effectrices essentielles, résultent de l’interaction entre le Fragment Fc des Ig et d’autres
protéines sériques ou des récepteurs membranaires des cellules :
- L’activation de la voie classique du complément ;
- L’opsonisation ;
- La cytotoxicité à médiation cellulaire dépendante des Ac (ADCC).
Les fonctions biologiques des Ig sont liées aux régions constantes des chaînes lourdes qui diffèrent donc d’une
classe à une autre, ceci implique que toutes les classes d’immunoglobulines n’ont pas les mêmes propriétés
fonctionnelles.
1) IgG :
Est la classe la plus abondante du sérum, représente environ 80% des Ig sériques totales (75 a 85%).
La concentration sérique est comprise entre 8 et 12 g/l.
C’est une molécule monomérique formée par l’association de deux chaînes lourdes Gamma identiques entre elles
et deux chaines légères Kappa ou Lambda.
Propriété physicochimiques : PM égal à 150 000 Da, Teneur en glucides : 2 à 3%.
Les sous classes d’IgG sont au nombre de quatre qui se distinguent entre elles par les déterminants antigéniques
localisés sur la partie constante des chaînes lourdes et le nombre des ponts disulfures inter chaines lourdes localisés
dans la région charnière (deux pour les IgG1 et 4, quatre pour les IgG2 et quinze pour les IgG3). La sous classe la plus
fréquente est l’IgG1 qui représente 70% suivie de l’IgG2 (18%) puis l’IgG3 (8%) et l’IgG4 (4%).
⇒ Fonctions effectrices :
- Les IgG constituent la majeure partie des Ac anti-bactériens et anti-viraux
- Activation du complément : Seules les sous-classes IgG1, IgG2 et IgG3 ont la propriété d’activer le
complément par la voie classique.
- Opsonisation : ce phénomène correspond au recouvrement de l’antigène par protéines qui facilitent la
phagocytose. Ainsi les IgG par leur fragment Fab reconnaissent les Ag se lient par leurs fragment Fc aux
récepteurs du Fc des cellules phagocytaires et médient la phagocytose des divers Ag (agents pathogènes…).
- ADCC : La liaison d’IgG qui a reconnu un antigène sur des cellules cibles (cellule de l’hôte infecté par un virus
par exemple) aux récepteurs du Fc des cellules NK peut provoquer la mort de la cellule par un processus
appelé cytotoxicité à médiation cellulaire dépendante des anticorps (=ADCC).
- Le transfert placentaire : les IgG sont les seules Ig à pouvoir traverser la barrière placentaire. Ils jouent un rôle
important dans la protection du fœtus au cours de son développement et après la naissance.
2) IgA :
Représentent 10 à 15% des Ig totales du sérum, concentration sérique : 2 à 4 g/l. mais la quantité quotidienne
d’IgA synthétisée (60 mg/kg/jour) > IgG (30mg) > IgM (8mg) fait des IgA une « Ig majeure ».
Elles sont essentiellement monomériques dans le sérum, et dimériques dans les secrétions. Cette polymérisation
se fait grâce à une chaine polypeptidique « J » ainsi qu’une pièce sécrétoire qui assure un rôle fondamental dans la
défense des surfaces muqueuses.
Structure :
Les IgA monomériques : construites selon le modèle IgG de 02 chaînes lourdes Alpha identiques entre elles et 02
chaines légères Kappa ou Lambda. Le PM : 160 000 Da et une teneur en glucides qui varient entre 6 et 9%.
Il existe deux sous classes : IgA1 (80%) et IgA2 (20%).
Les IgA sécrétoires : Représentent l’essentiel des Ig présentes dans les sécrétions (Salive, larmes, colostrum, lait,
bile, et les sécrétions nasales, bronchiques et intestinales),
L’IgA secrétoire est un complexe de 400 000 Da constitué de deux molécules d’IgA réunies par une chaîne «J» et
liées par des liaisons covalentes, et non covalentes à une glycoprotéine appelée la Pièce sécrétoire (SC) :
La chaîne J (Joining) : Glycoprotéine de jonction de PM = 16.000 Da, synthétisée par les cellules
productrices d’Ig et se liant à elles juste avant l’excrétion.
La pièce sécrétoire (ou composant sécrétoire) : Synthétisée indépendamment des molécules d’IgA par les
cellules épithéliales des surfaces muqueuses et glandulaires, son PM est de 80000 Da, constituée de 5
domaines.
Son rôle essentiel est de masquer le site sensible au clivage par les protéases de la région charnière
de l’IgA, ce qui permet aux IgA sécrétoire d’exister dans l’environnement muqueux riche en protéases
plus longtemps qu’elle ne ferait sans celle ci.
L’IgAs est formée lors du transport à travers les cellules épithéliales des muqueuses et des glandes (ex : bordure
du tractus digestif, respiratoire ou génital) de l’IgA dimérique sécrétée par les plasmocytes du tissus sous-épithélial
(c’est la transcytose). En effet, l’IgA dimérique se lie au récepteur des Ig polymérisées (récepteur poly-Ig) sur la
membrane baso-latérale d’une cellule épithéliale et elle est internalisée par endocytose. Après transport du
complexe récepteur-IgA dimérique vers la surface luminale, le récepteur des Ig polymérisée est clivé
enzymatiquement, ce qui laisse le composant sécrétoire lié à l’IgA dimérique (Voir schéma).
⇒ Fonctions effectrices :
Toutes les formes d’IgA ne fixent pas le complément par voie classique et ne traversent pas la barrière placentaire.
Les IgA présentent des fonctions biologiques spécifiques pour chacune des formes :
* Les IgA sériques :
- Une grande variété de spécificités a été retrouvée pour les IgA sériques (antibactériens, antiviraux…).
- Les IgA sériques monomériques induites par une immunisation ancienne, auraient une action anti-
inflammatoire liée à leur capacité de rentrer en compétition avec les IgG et les IgM et empêcheraient ainsi
le déclenchement de la cascade du complément.
* IgA sécrétoires :
- Assurent une importante fonction effectrice au niveau des surfaces des muqueuses qui sont les principaux sites
d’entrée de la plupart des pathogènes car après leur fixation aux pathogènes (virus, bactéries) empêchent leur
fixation sur des récepteurs membranaires exprimés par les cellules épithéliales, le couple IgA-pathogène est
ensuite aisément englobé dans le mucus puis éliminé par les cils des cellules épithéliales du tractus
respiratoire ou par le mouvement péristaltique de l’intestin.
- En empêchant l’absorption d’immunogènes alimentaires non dégradés (protéines du lait, protéines du bœuf…) à
travers le tractus gastro-intestinal et qui risquent de provoquer des réactions d’hypersensibilité de type I ou III.
- Ils jouent un rôle dans la régulation de flore bactérienne par leur action bactériostatique.
3) IgM :
Représentent 5 à 10% des Ig sériques totales. La concentration sérique moyenne est de 2 g/l.
Le PM de la forme monomérique est de 180000 Da, exprimée surtout par les Lymphocytes sous une forme
membranaire. Le PM de la forme pentamérique est de 960000 Da, présente essentiellement dans le sérum.
L’unité de base est constituée, sur le modèle des IgG, par deux chaines légères (κ ou λ) et par deux chaînes
lourdes Mu (μ) qui comportent 5 domaines : CL, CH1, CH2, CH3 et CH4.
Les cinq unités monomériques sont disposées de telle façon que leur région Fc soient au centre du pentamère et
que les Fab soient à la périphérie et sont liées entre eux par des ponts disulfure et par à la chaine « J » analogue à
celle retrouvée dans les IgAs. Ce ci qui confère à la molécule une structure caractéristique en étoile, le nombre de
sites actifs varie entre 5 et 10 selon la taille du déterminant antigénique complémentaire.
⇒ Fonctions effectrices :
- Les IgM apparaissent précocement au cours de la vie fœtale et sont les premiers Ac à être synthétisées lors de la
réponse immunitaire humorale primaire assurant une immunité plus efficace par apport aux autres Ig en
raison de la structure pentamérique qui grâce aux 10 sites possible de liaisons leur permet une grande valence
et une liaison aux Ag multidimensionnels (virus, Globules rouges) et la grande capacité de fixer le complément
augmente leur efficacité pour éliminer les pathogènes.
- Elles sont confinées, essentiellement, dans le compartiment intra vasculaire assurant des fonctions différentes
selon qu’ils soient :
Ac dits naturels (anti-A et anti-B des groupes sanguins).
Ac immuns contre les pathogènes.
Auto-Ac (Facteur rhumatoïde, agglutinines froides).
- Macromolécules multivalentes constituant un édifice parfaitement adapté à la capture des gros antigènes, elles
sont les plus efficaces pour :
Agglutiner les antigènes corpusculaires ;
Provoquer une neutralisation ;
Fixer le complément par la voie classique.
- Peuvent être présentes dans les sécrétions externes et jouent un rôle accessoire important en tant
qu’immunoglobuline des sécrétions.
4) IgD :
Ont la même structure générale des IgG, sauf que la chaine lourde est de type Delta constituées de quatre
domaines avec une très longue région charnière de 50 aa.
Le PM est de 180000 Da, Taux sériques faibles (25 à 40 mg/l), moins de 1% des Ig sériques.
Demi-vie très courte de trois jours, en moyenne.
Ne fixe pas le complément et ne passe pas à travers la Barrière placentaire.
⇒ Fonctions effectrices :
- Les IgD sont présentes à la surface des lymphocytes B du sang périphérique. Elles constituent, à ce niveau, (avec
les IgM de surface) les récepteurs spécifiques par lesquels ces cellules reconnaissent les antigènes.
5) IgE :
Structure similaire aux autres Ig avec deux chaines légères Kappa ou Lambda et deux chaines lourdes de type
Epsilon. Les chaînes ε possèdent comme les chaînes μ, cinq domaines dont un variable.
PM est de 190000 Da, Présentes dans le sérum à une concentration très faible.
Demi-vie très courte de 2 à 3 jours.
Ne fixe pas le complément et ne passe pas à travers la barrière placentaire.
⇒ Fonctions effectrices :
- Elles ont un rôle dans les manifestations allergiques.
- Elles ont un rôle cytotoxique qui contribue à la destruction immune des parasites par le biais des PN
éosinophiles.
Les IgG : Le taux à la naissance est égal ou quelque fois supérieur à celui de la mère. La décroissance rapide des
IgG maternelles ou cours du premier trimestre explique l’hypogammaglobulinémie observée de façon physiologique
aux alentours de 2 à 6 mois.
Quand aux IgG de l’enfant, leur taux va augmenter pour atteindre celui de l’adulte vers l’âge de 5 à 7 ans.
Les IgM : Le taux augmente régulièrement depuis la naissance pour atteindre celui de l’adulte vers l’âge de 2 à 3
ans.
L'IgA est beaucoup plus lente dans sa croissance et le taux de l'adulte n'est atteint que vers la puberté.