Droit Du Travail
Droit Du Travail
Droit Du Travail
COURS DE
DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE
DISPENSE PAR
PROFESSEUR
TJOUEN ALEX
I. La notion de travail
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cas contraire, on peut effectivement considérer que, l’énergie fournie
pour satisfaire l’employeur ne procure pas un avantage à l’employé.
Celui-ci, pour sa survie et malgré lui, est parfois obligé de se sacrifier
pour lui-même et sa famille en acceptant la proposition indécente faite
par l’employeur.
Plus qu’une obligation sociale, le travail devient ainsi une charge
qui devrait- être portée à la connaissance des autorités compétentes à
cause de son caractère illégal. Il ressort en effet du préambule de la
constitution qui, elle-même reprend de grands principes universels,
que le travail est un devoir, mais aussi un droit pour tous (le droit au
travail) encadré par le droit positif (le droit du travail) qu’il convient à
présent d’amorcer.
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A. Les objectifs
B. Les sources
Elles sont de deux types : les sources étatiques (a) et les sources
professionnelles (b).
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a. Les sources étatiques
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à l’organisation technique du travail, aux normes et à la discipline
ainsi qu’aux prescriptions concernant l’hygiène et la sécurité au
travail. Le règlement intérieur vise à assurer la bonne marche de
l’entreprise. Il en est la charte et ses prescriptions s’imposent aux
travailleurs. Ainsi par exemple, certaines entreprises prévoient que le
travail commence à 07h30 et s’achève à 17h00, voire plus avec un
intervalle de pause. Il est donc déjà arrivé qu’un travailleur reçoive
une demande d’explication pour être arrivé en retard même d’une
minute, ou pour être rentrée plus tôt ou plus tard, ou même pour avoir
refusé de prendre sa pause.
▪ Le contrat individuel de travail : il s’agit d’une convention par
laquelle un travailleur s’engage à mettre son activité professionnelle
sous l’autorité et la direction d’un employeur en contrepartie d’une
rémunération. Le contrat de travail est en quelque sorte l’acte de
naissance des rapports professionnels entre l’employeur et l’employé.
Il permet d’adapter la législation du travail et les conventions
collectives à la situation individuelle de chaque travailleur ; c’est
pourquoi le contrat de travail est considéré comme la source la plus
importante du Droit du travail.
▪ Les usages de travail : ce sont des normes non écrites nées de la
pratique des relations professionnelles entre les employeurs et les
travailleurs. Ils sont souvent considérés comme des normes
supplétives par ce qu’ils ne s’appliquent qu’en cas de silence de la
législation du travail. Lorsque les usages présentent les caractères de
régularité, généralité et stabilité, alors ce ne sont plus de simples
usages, mais la coutume. Or comme on le sait, la coutume est une
source de Droit : elle crée la règle de conduite donc le non-respect est
sanctionné par l’autorité étatique représentée par le juge. Certains
usages ont été consacrés en Droit du travail, c’est le cas par exemple
des pour bois.
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Comme son nom l’indique, le cours de Droit du travail et de la
sécurité sociale se subdivise en deux parties : partie I (le Droit du
travail), partie II (le Droit de la sécurité sociale).
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Le Droit du travail a déjà été définit comme l’(ensemble des
règles juridiques qui régissent les rapports de travail entre l’employeur
et ses employés. Ces rapports sont à la fois individuels (chapitre 01) et
collectifs (chapitre 02).
A. La préparation
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Le contrat se prépare par des négociations et quelque fois, bien
que rarement en Droit du travail, par les avant-contrats. Mais, le
travail supposant des compétences dans un domaine précis, il existe en
Droit du travail ce qu’on pourrait appeler les précontrats. Le code du
travail en a prévu certains : le contrat d’apprentissage (1), le contrat de
formation (2), et le contrat d’engagement à l’essai (3).
1. Le contrat d’apprentissage
2. Le contrat de formation
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L’engagement à essai est une période probatoire qui se situe
nécessairement au début du contrat de travail. Durant cette période, les
parties (l’employeur et l’employé) apprécient si le contrat leur
convient. Dans certains cas, l’engagement à l’essai prend la
dénomination de stage professionnel. A l’issu de celui-ci, l’employé
peut abandonner son projet de travailler aux motifs que, les conditions
de travail lui paraissent rudes.
Dans tous les cas, l’objectif des précontrats est de permettre à
l’employé non seulement d’être compétent dans sa discipline, mais
également d’être au fait des contraintes qu’exige la fonction qu’il ou
elle sollicite.
B. La formation du contrat
Il en existe quatre :
- L’objet : il s’agit de ce sur quoi porte le contrat. S’agissant du
contrat de travail, l’objet est un travail salarié c’est-à-dire une
prestation rémunérée ;
- La cause : elle est la raison d’être du contrat. Il s’agit de savoir
pourquoi les parties ont-elles contractées. La réponse à la question
permet de rappeler qu’il existe deux types de cause : la cause objective
ou directe et la cause subjective ou indirecte ;
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- La capacité : elle renvoie à l’âge. En Droit camerounais, on
distingue les personnes capables et celles incapables. On est incapable
jusqu’à l’âge de 21 ans révolu, sauf si on a obtenu l’émancipation.
Mais, il ne suffit pas d’être majeur pour être capable car, il existe des
majeurs incapables (les personnes condamnées pour crime, les
prodigues, les malades mentaux.) En Droit du travail, cette distinction
n’est pas rigoureusement respectée. C’est ainsi qu’il est permis à des
mineurs de pouvoir travailler à condition d’avoir subis une formation
ou un apprentissage préalable dès l’âge de 14 ans ;
- Le consentement : C’est sans doute la condition de fond la plus
importante, car qui dit contrat dit volonté. On n’imagine donc pas un
contrat conclu alors que l’une des parties ne s’est pas librement
exprimée : c’est la théorie de l’autonomie de la volonté dont le
corollaire est la liberté contractuelle. Cela veut donc dire que
l’employeur ne doit pas s’imposer à l’employé et l’employé ne peut
pas exiger ses conditions à l’employeur. Les règles relatives au
consentement sont nombreuses et ont déjà fait l’objet d’une étude
approfondie en Droit des contrats. Quant aux règles spécifiques au
contrat du travail, elles seront progressivement examinées.
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démontrer son existence, il se transforme en contrat solennel. Cela
veut dire que l’or de la conclusion du contrat, celui-ci doit être rédigé,
à défaut d’écrire, le contrat est censé ne pas exister. Cependant,
l’employé et l’employeur disposent encore de moyens de démonter
l’existence du contrat à travers par exemple les bulletins de paie. C’est
grâce à ces écrits que le législateur camerounais considère que le
contrat de travail est un contrat solennel. Il le dit d’ailleurs à l’article
24(4) du code du travail qui dispose : « le contrat écrit est exempt de
tout droit de timbre et d’enregistrement. » Finalement, l’écrit dans la
formation du contrat est une condition ad probatione.
• La durée du contrat : il existe sur cette base deux types de
contrats :
- Le contrat de travail à durée déterminée (CTDD) ;
- Le contrat de travail à durée indéterminée (CTDI).
Cela est prévu à l’article 25 du code du travail qui apporte un
certain nombre de clarifications.
S’agissant du CTDD, il est celui donc le terme est fixé à l’avance
par la volonté des deux parties, ou par la survenance d’un évènement
futur et certain donc ne dépend pas uniquement la volonté de l’une des
parties. Le code du travail précise que le contrat conclu pour un
ouvrage déterminé rentre dans la catégorie des CTDD.
S’agissant du CTDI, il est d’après l’article 25(1-b) celui donc le
terme n’est pas fixé à l’avance et il peut donc cesser à tout instant par
la volonté de l’une des parties, sous réserve du préavis de la partie qui
prend l’initiative de la rupture et doit être notifié par écrit à l’autre
partie avec indication pour motif de rupture.
L’alinéa 2 de l’article 34 précise que le préavis commence à
courir à compter de la date de la notification. Il ne doit être
subordonné à aucune condition suspensive ou résolutoire. Il ne doit
non plus être imputé sur la période de congé du travailleur. Il est donc
tout à fait permis à chacune des parties de se retirer librement du
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contrat avant la période expressément (CTDD) ou tacitement (CTDI)
prévue par l’extinction du contrat, pourvue dans chaque cas qu’un
préavis de rupture soit notifié. Cependant, lorsqu’il s’agit d’un CTDD,
la rupture prématurée et unilatérale du contrat peut causer des
dommages au cocontractant. Celui-ci dispose alors des éléments pour
attaquer juridiquement son adversaire et réclamer le payement des
dommages et intérêts.
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rapidement pendant la saison. C’est pourquoi durant cette période, la
main d’œuvre est abondante.
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employé ; ce dernier pouvant réussir à convaincre l’employeur
d’augmenter le salaire proposé. D’autre part, il est possible que le
contrat étant intitu persone, ce soit plus tôt l’employé (partie supposée
faible) qui impose ses règles ;
- Enfin, le contrat de travail peut être un contrat à exécution
successive ou à exécution instantanée.
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AKOA François.) La preuve de l’insubordination est la
désobéissance vis-à-vis de l’employeur. Elle est constitutive de faute
lourde (arrêt, Cour suprême n°69/S/ du 19 mars 1968.) La faute lourde
se définie comme une faute extrêmement grave qui rend intolérable le
maintien de la relation de travail et justifie le départ immédiat du
travailleur sans préavis ni indemnité. Exemple : le vol de matériel.
Lorsque tout ce qui a été dit est respecté, alors, le contrat de
travail peut prendre vie.
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représentant légal de l’entreprise, pour laquelle il agit en lieu et place.
L’entreprise ne doit donc pas être confondue à la personne de son
directeur ou de son responsable. Le responsable de l’entreprise peut
être un PDG ou un DG d’une société anonyme ou encore le dirigeant
dans une société à responsabilité limitée (SRL) ou une société à nom
collectif (SNC).
L’employeur a des pouvoirs (1) et des obligations (2).
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2. Les obligations de l’employeur
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hebdomadaire correspondant aux dimanches, les jours fériés et les
congés payés (article 82 du code du travail.) S’agissant de l’hygiène et
la sécurité, elles ne doivent pas être négligées par l’employeur, qui a
l’obligation de fournir un cadre de travail adéquate, permettant de
préserver la santé des travailleurs. Les contrôles de mesures d’hygiène
et de sécurité sont effectués par un médecin et l’inspecteur du travail à
travers les visites périodiques dans les entreprises.
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n’entraîne pas automatiquement le licenciement. Il a également des
obligations morales : c’est ainsi qu’il est soumis à :
- L’obligation d’intégrité : c’est-à-dire qu’il doit exécuter sa
prestation en toute honnêteté et probité, si non, il sera sanctionné pour
faute lourde. A cette sanction, peut même s’ajouter une condamnation
pénale, pour un motif prévu par le code pénal. Exemple, le délit de
corruption (article 312 du code pénal) ;
- L’obligation d’obéissance : elle est incontournable dans la
mesure où, le contrat de travail suppose un lien de subordination.
Mais, il ne faut pas confondre obéissance et esclavage. Le travailleur
n’est pas la chose de l’employeur. Il peut alors soit démissionner, soit
poursuivre l’employeur en justice pour atteinte à sa dignité ;
- L’obligation du secret professionnel : c’est une obligation
fondamentale pour la sérénité et la pérennité de l’entreprise. Le
travailleur doit donc s’abstenir de divulguer les secrets de l’entreprise,
sous peine d’être frappé par les dispositions des articles 310 et 311 du
code pénal ;
- L’obligation de non concurrence : cela veut dire que le
travailleur doit consa crer toute son activité professionnelle à
l’entreprise, sauf dérogation prévue par le contrat de travail. Il n’est
donc pas permis à un travailleur de fournir ses prestations à deux
entreprises en même temps.
Les droits et les obligations des parties au contrat de travail,
peuvent ne pas être respectés. Dans ce cas, il est possible que le
contrat prenne fin.
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Il arrive un moment où le contrat doit prendre fin. Il s’agit alors
d’en examiner le régime (B), mais avant, il est important de bien
distinguer la rupture des situations qui lui sont différentes (A).
1- La suspension
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dit, il devrait être admis des constats faits par les guérisseurs
traditionnels à condition que ceux-ci soient agrées ;
- Le congé de maternité : il suspend le travail de 14 semaines,
susceptible de prorogation de 06 semaines, au cas où la femme est
malade des suites d’accouchement. La femme enceinte est une
personne vulnérable qui mérite d’être protégée.
- La mise à pied disciplinaire : elle a une durée maximale de 08
jours à compter de la notification par écrit au travailleur. (N.B : c’est
la seule sanction qui entraîne la réduction de salaire) ;
- L’accident de travail et la maladie professionnelle : est
considéré comme accident de travail, quelle que soit la cause,
l’accident survenu par le fait, ou à l’occasion du travail à toute
personne salariée, ou travaillant à quelque titre, ou à quelque lieu que
ce soit, pour un ou plusieurs employeurs. En un mot, l’accident de
travail intervient durant l’exécution du contrat de travail.
Quant aux maladies professionnelles, les travailleurs qui en sont
victimes au même titre que l’accident de travail, bénéficient d’un
régime spécial, prévu par la loi n°77 du 13 juillet 1987, portant
réparation des accidents de travail et des maladies professionnelles.
Leur contrat est suspendu pour toute la durée de leur maladie ou de
leur indisponibilité et l’employeur ne peut pas le rompre. S’il le fait, le
licenciement est abusif (Cour d’appel de Douala, arrêt n°259/S/ du 05
septembre 1986). Lorsqu’il est rétabli, le travailleur reprend son poste
dans l’entreprise. Si ces évènements ont diminué ses capacités de
travail, alors, l’employeur peut le reclasser dans l’entreprise à un poste
correspondant à ses nouvelles aptitudes. Le licenciement ne peut dont
être prononcé que si l’inaptitude est totale, ou s’il est impossible de
trouver un poste qui correspond à la déficience. Dans ce cas,
l’employeur doit payer tous les droits attachés au licenciement.
D’autres cas de suspension existent tels que l’exercice des
fonctions publiques, ou administratives, la garde à vue, ou la détention
provisoire, le regroupement familial (un travailleur appelé à rejoindre
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son conjoint), le congé d’éducation ouvrière (période non rémunérée
durant laquelle les travailleurs participent à des stages, consacrés à
l’éducation ouvrière ou à la formation syndicale), le chômage
technique.
Lorsque l’une de ces causes de suspension existe, le contrat de
travail est maintenu. La suspension est alors, une dispense provisoire
accordée aux parties dans l’exécution de leurs obligations
professionnelles. Le contrat étant maintenu, le travailleur conserve son
ancienneté et peut participer aux élections professionnelles qui se
déroulent dans l’entreprise. Cependant, l’employeur n’a plus
d’autorité vis-à-vis du travailleur durant toute la période de
suspension. Les actes accomplis par le travailleur pendant ce temps ne
peuvent donc en principe être sanctionnés sur le plan disciplinaire,
sauf si les compétences du chef d’entreprise s’étendent à la vie privée
du salarié.
2- La modification du contrat
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S’agissant de la révision du contrat, elle permet aux parties de
revisiter leur contrat et les conditions de leur travail, pour adapter les
clauses à la nouvelle forme de relation qu’elles entretiennent. La
modification peut être proposée par l’employeur qui propose la
réduction des avantages du travailleur en vue de réduire les charges de
l’entreprise qui se trouve dans une situation difficile. Mais,
l’employeur peut également proposer une augmentation de la charge
de travail. Si le travailleur refuse les propositions faites, l’employeur
peut prononcer son licenciement et c’est donc à l’employeur que sera
imputée la responsabilité de la rupture. Le travailleur peut également
proposer la modification des conditions de travail. C’est
principalement le cas à propos du salaire. Mais, également des
conditions d’hygiène et de sécurité. En cas de refus de l’employeur, le
contrat est maintenu tel quel. Il reste alors au travailleur, la possibilité
de déposer sa démission. En cas de licenciement pour revendication
de meilleurs conditions de travail, il y’a licenciement abusif.
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Concernant les CTDI, ils n’ont pas une date limite, sauf l’âge
éventuel de la retraite. Cette date sera alors considérée comme le
terme implicite du contrat. Il arrive également que les parties
s’entendent pour un départ négocié de l’employé souvent pour des
causes indépendantes de sa volonté. Il en est de même lorsqu’il l’a
voulu. Mais, au regard de ses compétences exceptionnelles,
l’employeur résiste à se débarrasser de lui.
2- La démission du travailleur
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Elle est prévue à l’article 34 du code du travail qui dispose que :
« le contrat de travail à durée indéterminé peut prendre fin à tout
moment à la volonté de l’une des parties. » C’est donc une rupture
unilatérale du contrat à l’initiative du travailleur. La démission a des
conditions et des effets. Elle est subordonnée à l’accomplissement
d’un certain nombre de formalités :
- La notification du projet de démission par écrit à
l’employeur avec indication des motifs de démissions ;
- Le respect d’un de préavis : celui-ci se justifie par l’intérêt
d’éviter à l’une des parties les conséquences néfastes d’une résiliation
soudaine du contrat. Le préavis est d’ordre public, et par conséquence,
les parties ne peuvent y déroger. La durée du préavis est déterminée en
fonction de la catégorie professionnelle du travailleur et de son
ancienneté dans l’entreprise. (Arrêté du 26 mai 1993). Une démission
en bonne et due forme met un terme au contrat de travail.
Lorsqu’il est à durée déterminée, la démission anticipe le terme et
elle doit donc être suffisamment motivée pour éviter à l’employeur
d’exercer son droit de revendiquer les dommages et intérêts.
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3- Le licenciement
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D’autres droits sont également attachés au licenciement en
fonction de sa nature. C’est ainsi par exemple que s’ajouteront les
dommages et intérêts en cas de licenciement abusif ou irrégulier, ou
encore une prime de bonne séparation et la priorité d’embauchage en
cas de licenciement pour motif économique. Toutes ces causes de
rupture du contrat entraînent des effets.
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verbal est dressé, signé de l’inspecteur du travail et des parties. Il
ouvre alors la voie à la phase contentieuse (judiciaire) devant le
tribunal compétent (pour plus de détaille sur cette phase, lire le cours
de justice et ses institutions et de procédure civile.)
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