Gilles J Guglielmi
Gilles J Guglielmi
Gilles J Guglielmi
LE DROIT ADMINISTRATIF
PAR
Gilles J. GUGLIELMI
Une telle démarche n'apporte certes pas de réponse sur ce qu'était réelle-
ment le droit administratif dans la première moitié du XIXème siècle. Du
moins peut-elle faire entrevoir les schémas de pensée utilisés à cette époque,
évoquer quelques grands problèmes rencontrés par ceux qui, les premiers,
eurent à brosser le tableau du droit administratif, et suggérer que l'évidence
de ses mutations était ressentie, dès l'abord, par ces pères fondateurs.
(suite note 2) service public d'après les débats de l'Assemblée nationale constituante",
EDCE nO 40, 1989, pp. 187 ss.; "Le renforcement des prérogatives de l'administration sous le
Consulat et l'Empire", Mél. Montané de la Roque, Toulouse, Presses lEP, 1986, t. II, pp. 607
ss.; Velley (S.), Les origines du principe de légalité en droit publicfrançais,th. dr., Paris X,
1988; Fortsakis (T.), Conceptualisme et empirisme en droit administratiffrançais, Paris,
LGDJ (bibl. dr. pub.), 1987; Bienvenu (J.-J.), "Quelques aspects de la doctrine juridique à
l'Académie de législation", Ann. hist. Fac. de droit, 1989, nO 9, pp. 45 ss.; Guglielmi (G.-J.),
La notion d'administration publique dans la théorie juridique. De la Révolution à l'arrêt
Cadot, Paris, LGDJ (bibl. dr. pub.), 1991.
3. Mestre (J .-L.), "Aux origines de l'enseignement du droit administratif: le Cours de
Législation administrative de Portiez de l'Oise (1808)", RFDA 1993, pp. 239 ss.; "Le rayon-
nement en France des Facultés de droit et d'administration de Tübingen sous la Monarchie de
juillet", Revue de la Recherche juridique, 1988-1, pp. 94 ss.; Lavigne (P.), "Les manuels de
droit administratif pour les étudiants des Facultés de 1829 à 1922", Ann. hist. Fac. de droit,
1985, nO 2, pp. 126 ss.;Ventre-Denis (M.), "L'administration publique comme matière d'ensei-
gnement à la Faculté de droit de Paris dans le premier tiers du XIXème siècle", Annuaire
d'hist. adm. européenne, Nomos, 1989, pp. 109 ss.; Halperin (J.-L.), "Une enquête du minis-
tère de l'Intérieur sous le Directoire, sur les cours de législation dans les écoles centrales",
Ann. hist. Fac. de droit, 1986, nO 3, pp. 60 ss.; Gatti-Montain (J.), Le système d'enseignement
du droit en France, Lyon, PUL, 1987 (Critique du droit).
4. Tocqueville (A. de), "Rapport à l'Académie sur le Cours de droit administratif de M.
Macarel", Moniteur Universel 15 mai 1846; Aucoc (L.), Conférences sur l'Administration et le
droit administratif, Paris, Dunod, 1869-1876, introduction; Fortsakis (T.), Conceptualisme et
empirisme en droit administratiffrançais, Paris, LGDJ (bibl. dr. pub.), 1987, p. 52.
5. Pour ce juriste, comme pour les deux précédents, nous nous permettons de renvoyer
aux notices biographiques et bibliographiques contenues dans Guglielmi (G.-J.), La notion
d'administration publique dans la théorie juridique. De la Révolution à l'arrêt Cadot, Paris,
LGDJ (bibl. dr. pub.), 1991.
vu PAR SES PÈRES FONDATEURS, LE DROIT ADMINISTRATIF 43
J. - GÉRANDO
6. Le règlement n'est pas un objet d'étude privilégié des publicistes de l'époque, mais
l'émergence du pouvoir réglementaire, certaine dans la réalité juridique de l'époque post-
révolutionnaire a fait l'objet d'une remarquable étude de Verpeaux (M.), La naissance du
pouvoir réglementaire. 1789-1799, Paris, PUF, (Les grandes thèses), 1991.
7. L'origine de cette expression est élucidée par Mestre (J.-L.), "Aux origines de l'ensei-
gnement du droit administratif...", op.cit., pp. 244 ss.
8. Gérando (J.-M. de), Institutes du droit administratiffrançais, Paris, Nève, t. l, 1829,
pp.15-16.
9 .Gérando (J.-M. de), Institutes , p. 1.
10. Gérando (J.-M. de), Institutes , p. 5.
44 LE DROIT ADMINISTRATIF EN MUTATION
néité de cette matière prétendument constituée pour une autre raison que
l'abord technique. "De là aussi, [ ...] le motif ou le prétexte d'accuser notre
droit administratif d'être un chaos informe, confus, sans liaison et sans har-
monie"ll. Le but de ce précurseur, est certes intellectuellement louable, s' agis-
sant de se conformer à la devise Ordo ab chao, mais elle n'est pas exempte
d'arrière-pensée en termes de rapports de pouvoir entre les publicistes de
l'époque.
II - CORMENIN
Pour arriver à cette affirmation, les éléments que considère Cormenin sont
multiples, mais l'un d'entre eux est privilégié. Le droit administratif est certes
arrivé à un point de complétude et de cohérence car "il a sa législation... sa
jurisprudence une haute juridiction ... une procédure brève25 ... un ensei-
gnement spécial des Recueils annuels d'arrêts, des Expositions de principes
et des Traités généraux sur la compétence ... son étude importe. à plusieurs
millions de français ... "26. Mais l'éminent membre du Conseil d'Etat, à la fin
Cette manière de voir n'est pas unanimement partagée par les publicistes
de l'époque. Ainsi Serrigny, traitant divers sujets de droit administratif,
déclare-t-il sans hésitation: "La science du droit ne peut faire de progrès
qu'autant que les auteurs abandonneront, dans les livres, la méthode suivie
au barreau, qui consiste à combattre à coups d'arrêts. Cette méthode, qui
peut être excellente pour gagner des procès, serait la mort du droit et le tom-
beau de tout progrès dans la législation"31.
27. ibid.
28. ibid.
29. Cormenin (L.-M. de), Droit administratif, Paris, Pagnerre-Thorel, 1840, p. XLIV.
30. Du Conseil d'Etat envisagé comme Conseil et comme juridiction sous notre monarchie
constitutionnelle, Paris, imp. Hérissant Le Doux, 1818, pp. 228-230.
31. Serrigny (D.), Questions et traités de droit administratif, Paris, Durand, 1854, p. VII.
vu PAR SES PÈRES FONDATEURS, LE DROIT ADMINISTRATIF 47
Le débat a-t-il perdu de son actualité?
III - MACAREL
vés"34. De cette mise en perspective sociale, qui tend à fonder une définition
matérielle des lois administratives, Macarel passe à l'analyse de contenu: "Les
lois administratives doivent en général contenir trois sortes de dispositions.
D'abord celles qui déterminent les obligations et droits respectifs du pouvoir et
des citoyens; ensuite celles qui déterminent et organisent les différents services
administratifs ( ...); enfin, celles qui établissent laforme dans laquelle l'admi-
nistration et les citoyens doivent agir pour accomplir leurs obligations respec-
tives"35. Et il se concentre sur cette composition pour définir l'architecture de
son Cours.