Cours Pharmacognosie 2021-1
Cours Pharmacognosie 2021-1
Cours Pharmacognosie 2021-1
1/ Plantes de cueillette
La récolte de plantes de cueillette intéresse les plantes spontanées qui poussent naturellement).
La cueillette est encore valable quand les peuplements sont abondants ou lorsque la culture est
impossible (Ex : Gomme sterculia). Les avantages sont:
- Absence de charges d’entretien
- Plants résistants aux maladies
- Absences de contamination par les pesticides
Cette méthode d’approvisionnement est devenue rare et non efficace pour plusieurs raisons :
- dispersions géographiques
- qualité variable
- main d’œuvre abondante et déplacements
- contraignant
- dégradation de l’environnement
1/ La culture
Deux facteurs interviennent :
- Facteurs extrinsèques dus au climat et à la nature du sol (humidité, luminosité, altitude,
pH , porosité, éléments minéraux, humus).
- Facteurs intrinsèques ou endogènes intéressent le patrimoine génétique donc héréditaire
des plantes.
1/ Période de la récolte
La composition chimique d’une drogue varie avec la cycle végétatif de la plante voire le moment de la
journée.
D’une manière générale les précautions suivantes sont prises :
Si la drogue n’est pas utilisée à l’état frais, elle doit être traitée en vue de sa conservation pour une
utilisation ultérieure.
En effet, une fois récoltée, la drogue subit des processus de dégradation dus à des agents internes
ou externes.
La dessiccation
Il faudra ramener la teneur en eau jusqu’à l’ordre de 10% de la drogue sèche. En outre il est
nécessaire d’agir le plus vite possible aven d’empêcher la destruction des principes actifs par les
enzymes ou par les micro-organismes. L’élimination de l’eau ne doit pas altérer les principes
actifs. Selon la nature de la drogue à sécher, on peut utiliser différents procédés :
✓ Séchage à l’air libre : il se fera au soleil, si la drogue n’est pas fragile car les UV peuvent
provoquer des réactions photochimiques, ou mieux à l’ombre et sous abri (utilisation de
claies). Utilisation de tentes solaires.
✓ Séchage par air chaud : procédé rapide, conditions contrôlées. On a souvent recours à la
ventilation.
✓ La lyophilisation : peu pratiquée, coûteuse/
✓ La nébulisation ou atomisation (des solutions aqueuses)
La stabilisation
Elle a pour but de dénaturer de manière irréversible les enzymes du végétal. On utilise pour ce
faire la chaleur ou l’alcool avec les procédés suivants :
La drogue est la forme sous laquelle la matière première est présentée pour être utilisée soit
directement ou à la préparation d’autres formulations médicamenteuses :
- En nature : telle quelle ou en poudre
- Extraits : teinture, extrait sec, extrait mou …
4/ Les Essais
On distingue deux types d’essais :
- Qualitatifs : identification de la drogue (de la plante), mise en évidence de certains
composés chimiques ayant en général une relation avec les propriétés physiologiques (ce
sont les principes actifs).
• 5 / Emplois
Nature: poudre
Préparation des tisanes
Extraction des principes actifs
Morphine (pavot)
Rutoside (sophora)
cineol (eucalyptus)
cocaine ( coca)
Les plantes à huiles essentielles occupent une place non négligeable dans la phytothérapie
moderne. La thérapeutique qui les utilise exclusivement est appelée aromathérapie. Les secteurs qui
sont les plus grosses consommatrices d’huiles essentielles sont les industries alimentaires, la
parfumerie et la cosmétologie.
Les huiles essentielles ou essences sont des mélanges très complexes ; la nature des
composants est restée pendant longtemps mal définie, tout au plus on arrivait à déterminer le
composant majeur. Aujourd’hui, les moyens d’analyses très puissants ont permis d’établir que la
composition d’une huile essentielle est rarement simple, on y retrouve des centaines de constituants
(400 pour l’essence de rose).
La valeur commerciale d’une huile essentielle est largement tributaire de la nature et de sa
teneur en certains composants (menthol/menthone pour l’essence de menthe). Aujourd’hui on arrive à
reconstituer certaines essences de haute valeur commerciale à partir d’essence de moindre qualité.
Le marché mondial des huiles essentielles est estimé à 700 millions de dollars US ; la
production provient pour 1,4% des plantes sauvages et pour 34% des agrumes.
1. DEFINITION
Malgré leurs différences de constitution, les huiles essentielles (HE) ont en commun un certain
nombre de propriétés physiques qui permettent de les définir :
solvants organiques)
Les composés constituant les HE sont de deux natures : les dérivés terpéniques et les dérivés
aromatiques.
Les terpènes et les terpénoïdes sont considérés comme dérivés de l’isoprène,un hydrocarbure
en C5. Selon le nombre d’unités isopréniques mises en jeu, on distingue : les monoterpènes en C10,
les sesquiterpènes en C15, les diterpènes en C20, les triterpènes en C30, etc.. Les HE sont surtout
constituées de monoterpènes et sesquiterpènes.
La biogenèse des terpènes part de l’acétylcoenzyme A (ACE-CoA) pour aboutir à
l’isopentényl-pyrophosphate (IPP), en passant par l’acide mévalonique. L’IPP s’isomérise en
diméthylallylpyrophosphate (DMAPP) qui se combine à un IPP pour donner le premier monoterpène,
le géranylpyrophosphate (géraniol). La combinaison avec un autre IPP aboutit au pyrophosphate de
farnésyle (Farnésol), un sesquiterpène.
Les autres terpènes sont obtenus à partir de ce dernier composé (voir schéma).
Les dérivés aromatiques qui nous intéressent sont surtout les dérivés de l’acide cinnamique.
Nous allons donc voir la biogenèse de l’acide cinnamique.
C’est un dérivé de l’acide shikimique obtenu à partir du phosphoénolpyruvate et du D-
érythrose-4-phosphate (voir schéma).
3 CH3CO SCoA
CO2H COSCoA CO2H CH2OH
3 S hydroxy-3méthyl Acide 3 R mévalonique
3 glutaryl CoA
CH2OPP
OPP OPP DMAPP
IPP DMAPP
OPP
Sesquiterpènes DMAPP
Monoterpènes
2 farnésyles DMAPP
Géranyl-géranyl PP
Farnesyl PP
Squalène
Triterpènes
cycliques
Diterpènes
Stéroïdes
O OH HO OH
HO HO
Acide 5 dehydro quinique Acide shikimique
CH2 CO COOH
COOH CH2 CO COOH
Acide
phénlpyruvique CH2 CO COOH
NH2 OH
Acide préphénique
CH2 CH COOH
HO
NH2
COOH
HO
Acide cinnamique
Acide
p-coumarique
HO
La composition des essences est très complexe ; néanmoins on peut classer leurs constituants
en deux groupes selon leur biogénétique (voir biogenèse).
a) Les terpènes
Selon le nombre d’unités isopréniques, les terpènes sont classés en monoterpènes (2 unités),
sesquiterpènes (3 unités), diterpènes (4 unités), triterpènes (6 unités).
En général les huiles essentielles renferment un mélange d’hydrocarbures et de composés
oxygénés dérivés de ces hydrocarbures. Dans certaines huiles essentielles les hydrocarbures
prédominent (Essence de térébenthine) ; dans d’autres, la majeure partie de l’essence est constituée de
composés oxygénés (Menthes) ; l’odeur et le goût dépendent principalement de ces composés
oxygénés.
b) Composés aromatiques
Les huiles essentielles renferment également des composés aromatiques qui sont
essentiellement des « phénylpropanoïdes », en l’occurrence les dérivés des acides cinnamique et p.
courmariques (voir biogenèse). On peut citer :
c) Autres constituants
On retrouve en faible proportion dans les HE : acides organiques de faible PM (acétique,
valérique, isovalérique), cétones de faible PM et coumarines volatiles (ex : bergaptène)
Remarque
En réalité la plupart des constituants des H.E. sont des terpènes. Seul un petit nombre d’H.E.
renferment en majorité des composés aromatiques (cannelle, giroflier).
Généralement un des constituants domine parmi une multitude d’autres composés (Ex : les
H.E. Badiane et d’Anis renferment 95% d'anéthol).
Sabinène
CH2OH
O
O
Camphre
Thuyone Farnesol
OH OCH3
OH
OCH3
OH
CH2OH CHO
OH O
O O
O
Pipéritone
Cette extraction conduit à quatre types de produits selon le procédé : huiles essentielles, concrètes,
résinoïdes et absolues.
a) Huiles essentielles
Deux procédés sont admis par ISO (International Standart Organisation) : l’entraînement à la
vapeur d’eau et l’expression à froid.
- Hydrodistillation : la drogue est immergée dans l'eau qui est chauffée à ébullition, dans un seul
réacteur
- Procédé mixte : la drogue est immergée dans l’eau, le tout est soumis à un courant de vapeur
produit par un générateur séparé. Cette méthode s’applique à des essences qui ne supportent pas
l’ébullition prolongée.
Dans tous les cas les vapeurs saturées en essences sont condensées et l’essence séparée par
décantation.
Une variante consiste à faire traverser la drogue par un courant d’air chaud qui est ensuite
dirigé à travers une dispersion de graisse fondue.
- La digestion : la drogue est immergée dans le corps gras fondu.
Dans les cas ci-dessus, l’essence est récupérée sous forme d'absolu par lavage des graisses à
l’alcool.
6. ESSAIS
Pour chaque huile essentielle, l’identification des principaux constituants est nécessaire.
Cette identification se fait par CCM de silice et surtout par chromatographie en phase gazeuse
(un dosage des constituants est possible avec cette méthode).
Analyse grossière
Les fraudes sur les HE ne sont pas rares de nos jours, à cause du coût très élevé d’un certain
nombre d’entre elles. Ainsi récemment se sont développés des moyens de contrôle de plus en plus
élaborés ; le souci majeur étant l’authentification de l’origine naturelle ou industrielle (noms de
marques déposées) des produits. Plusieurs moyens sont proposés :
Les activités physiologiques des huiles essentielles sont très variées eu égard à la diversité des
composants ; néanmoins on peut cerner les actions suivantes :
Propriétés antiseptiques
Certaines H.E. sont antiseptiques, cette activité est parfois élective :
Toxicité
Les huiles essentielles (H.E.) ne sont pas dénuées de toxicité. En particulier les H.E. à anéthole
ont une action convulsivante à forte dose (d’où vente réglementée) ; il en est de même des H.E. à
Thuyone (Thuya, Absinthe). On a relevé une intoxication chez un enfant avec une menthe à carvone
(convulsions).
B) MONOGRAPHIES
Il existe plusieurs façons d’aborder ces monographies : classification selon les propriétés
thérapeutiques ou alors selon la famille botanique, c’est cette dernière que nous allons adopter. Dans
toutes les familles on trouve des huiles essentielles ; nous ne citerons cependant que celles qui sont
plus couramment utilisées en thérapeutique ou dans l’industrie.
a) Les lavandes
On distingue : la Lavande vraie, la Lavande aspic et les Lavandins.
Botanique
Botanique
C’est une plante herbacée vivace, à tige quadrangulaire souvent violacée. Les feuilles sont
opposées, entières, dentées, pétiolées. Les fleurs, pourpres ou blanches, sont groupées en épis courts et
serrés.
La plante a une odeur caractéristique, une saveur aromatique et chaude, qui laisse l’impression
de fraîcheur.
La culture de la menthe poivrée est très importante en France, Allemagne, Italie, USA.
La plante n’est pas exigeante, mais fragile vis à vis des parasites comme la rouille.
Elle est cueillie en début de floraison.
Les variétés renommées sont : Mitcham (Grande Bretagne : Grasse et Alberta) – Milly, Maine-
et-Loire (France).
Récemment on a proposé comme succédané de la menthe officinale la menthe " Auvergnat
tradition", cultivée en Auvergne, notamment à SAYAT près de Volvic en France (Plantes med.
phytother., 1987, 21(3), 242-251)
Chimie
A côté des flavonoïdes présents dans les feuilles, on trouve 1-3% d’huiles essentielles dans la
drogue séchée. L’huile essentielle a une odeur mentholée caractéristique, renferme 40-60% de menthol
libre et estérifié (acétate et valérianate de menthyle), 8-10% de menthone, de petites quantités de
menthofurane et des carbures terpéniques.
Action physiologique
La menthe poivrée est stomachique et antispasmodique, l’action étant due à l’essence. Les
flavonoïdes sont responsables de l’action cholérétique.
Emplois
- Infusé à 5% comme carminatif, stomachique et antispasmodique. La tisane est en
vente libre.
- Eau distillée de Menthe (obtenue à partir des sommités fraîches).
- Essence de menthe poivrée (Ph. Fse VIIIè Ed.) employée telle quelle en pharmacie, confiserie,
liquoristerie et pour la préparation de formes galéniques.
La Menthe verte ou Menthe douce ou menthe crépue (Spearmint aux USA) est une plante
herbacée à feuilles couleur vert-clair, sessiles, lancéolées et dentées. Les fleurs sont blanches ou
pourpres, disposées en épis ou allongées.
Elle est très cultivée en France et aux USA, renferme 1 à 2,5% d’essence riche en carvone (50-
70%).
La menthe verte est employée en infusion et surtout pour l’extraction de l’essence qui sert à
aromatiser chewing-gum, dentifrices, etc..
Autres menthes
c) Les Thyms
Thym commun : Thymus vulgaris
Le thym est un sous-arbrisseau typiquement méditerranéen. La tige est dressée et ligneuse ; les
feuilles, petites, sont enroulées sur leurs bords, les fleurs sont roses ou blanches et groupées en épis.
L’odeur est caractéristique (thymol).
On trouve la plante en France surtout dans la région de Montpellier.
La drogue séchée renferme 0,5 à 2% d’essence dont la composition varie selon la localisation
géographique ; il existe des thyms à phénols, à linalols, à thuyanol, etc.. qui constituent de véritables
chimiotypes.
L’essence de thym à phénols qui est l’officinale, renferme 50-60% de thymol ou de carvacrol
(son isomère de position en 2).
En usage interne le thym est antiseptique et anthelmintique, cholérétique et diurétique ; c’est
aussi un cicatrisant externe. Le thym vulgaire est aussi une épice très utilisée en alimentation.
C’est un arbrisseau toujours vert, poussant sur les terrains calcaires des régions
méditerranéennes. Son nom vient de « Rose marine » car le romarin pousse près du littoral.
Les sommités fleuries sèches renferment des composés polyphénoliques (acide rosmarinique
ou tanin des Labiées) : ester de l’acide caféique). Des flavonoïdes sont également présents, mais on
trouve surtout une essence (1 à 2%) constituée de carbures terpéniques, de cinéole et bornéol libres ou
estérifiés, du camphre).
Le romarin a des propriétés cholagogue et cholérétique dues à l’acide rosmarinique. C’est
également un stimulant grâce à son essence qui est officinale (Ph. Fse VIIIè Ed.).
e) Autres Labiées
2. RUTACEES
Botanique
Le bigaradier est un petit arbre originaire d’Asie et acclimaté dans les zones méditerranéennes.
Les feuilles sont ovales, lancéolées, à pétiole ailé. Les poches à essence y sont visibles par
transparence. Les fleurs sont blanches et d'odeur agréable. Le fruit est une drupe recouverte d’un
péricarpe appelé zeste ou écorce de curaçao.
Chimie
Dans les feuilles, on trouve un principe amer de nature terpénique (la limonine), des
flavonoïdes et une huile essentielle (0,2 à 0,4%) obtenue par entraînement à la vapeur d’eau
des feuilles fraîches. Elle est composée de carbures terpéniques (limonène), d’alcools (linalol)
et leurs esters.
Les feuilles : sont utilisées en nature pour préparer des tisanes antispasmodique légers
(vente libre). L’huile de feuille est un succédané de l’essence des fleurs en parfumerie.
Les Fleurs : donnent l’essence de Néroli Bigarade très recherchée en parfumerie. Les
fleurs servent surtout à la préparation de l’eau distillée de fleurs d’oranger préparée à partir des
fleurs fraîches. Cette eau est utilisée comme sédatif léger et aromatisant.
Les zestes donnent 0,5% d’huile essentielle appelée essence d’orange douce officinale
Les zestes du fruit frais ou séché (Ph. Afric. 1985.) renferment 0,5% d’essence riche en
limonène (90%), accompagné d’un peu de citral et de citronnellal.
L’essence de citron officinale (Ph. Fse VIIIè Ed.) est un aromatisant et entre dans la
composition de la teinture de citron composée (eau de Cologne).
La pulpe est une source de citroflavonoïdes. Sa principale utilisation est la fabrication de jus
de fruits; en diététique , le jus de citron est utilisé comme tonique et antiscorbutique (vit. C)
3. LES MYRTACEAE
Botanique
Grand arbre originaire d’Australie, acclimaté dans les régions méditerranéennes et dans de
nombreuses régions tropicales, l’Eucalyptus possède des feuilles de deux types :
- celles portées par les rameaux jeunes, sont opposées et sessiles, leur limbe est ovale,
mince et de couleur vert bleuté ; elles sont disposées horizontalement.
Caractères de la drogue
Les feuilles âgées ont une odeur forte, balsamique, exaltée par le froissement. La saveur est
chaude et aromatique.
Chimie: la drogue renferme 1-3% d’essence riche en cinéole 1,8 (ou eucalyptol).
Emplois
- en nature : décoction, inhalation, fumigation.
- teintures, sirops.
- extraction de l’essence officinale et de l’eucalyptol.
C’est un arbre à tronc blanc, à feuilles persistantes. Il est très répandu en Nouvelle-Calédonie.
Les feuilles renferment 1 à 2% d’essence riche en eucalyptol. L’huile essentielle renferme
également des carbures terpéniques et des aldéhydes responsables de l’action irritante de l’essence de
Niaouli officinale (Ph. fse VIIIè Ed.). L’essence rectifiée (par élimination des produits irritants) donne
l’essence de niaouli purifiée (Ph. fse VIIIè Ed.), employée comme antiseptique respiratoire sous forme
de gouttes nasales et préparations pour aérosol.
Botanique
Petit arbre des îles de l’Océan Indien, à feuilles persistantes et coriaces. Les fleurs sont
disposées en petites cimes. Le fruit est une baie appelée « anthofle ».
L’arbre est cultivé en Indonésie, en Tanzanie et Madagascar (chaleur et humidité). La récolte
des boutons floraux est manuelle, ceux-ci sont le plus souvent séchés au soleil. On obtient le « clou de
Chimie
Le clou de girofle est très riche en huile essentielle (12 à 15%), plus dense que l’eau,
constituée surtout d’eugénol et de ses dérivés (acétyl-eugénol) ; on y retrouve d’autres constituants tels
que terpènes et alcools.
4. LES OMBELLIFERES
Botanique
Plante herbacée, annuelle, originaire d’Egypte et du Moyen-Orient, l’anis est cultivé dans les
régions méditerranéennes et d’Europe méridionale. Le fruit, de couleur vert-grisâtre, est petit, ovoïde,
piriforme, strié et toujours muni de son pédoncule ; il a une odeur anisée, aromatique et agréable, une
saveur chaude et sucrée.
Chimie
Le fruit renferme 2 à 3% d’essence constituée surtout de trans-anéthole accompagné de son
isomère allylique, l’estragol.
Emplois
La drogue est employée en nature sous forme d’infusion comme stomachique, carminatif,
antispasmodique et aromatisant.
L’huile essentielle sert à préparer le soluté alcoolique d’essence d’Anis (Ph. fse VIIIè Ed.), un
aromatisant. Elle entre également dans la composition de la teinture d’opium benzoïque (ou élixir
parégorique) et sert comme source d’anéthole qui est surtout utilisé en liquoristerie.
Botanique
Le fenouil est une grande herbe vivace : les fleurs sont jaunes, les feuilles découpées en
lanières filiformes. La variété douce n’existe pas à l’état sauvage ; elle est cultivée notamment en
Italie, en Allemagne et dans le sud de la France.
Le fruit est de coloration vert-jaune à maturité ; il a une odeur douce et suave et une saveur
pénétrante et sucrée.
Chimie
Le fruit renferme 2 à 6% d’essence composée de 50 à 75% de trans-anéthole accompagné
d’oestragol et de carbure terpéniques. La Pharmacopée française exige une teneur d'au moins 2%
d’essence. Le fenouil a les mêmes emplois que l’anis vert.
Botanique
Petit arbre de 5 m de haut, originaire du sud de la Chine et du Nord Vietnam. Le fruit est
composé de 8 à 12 follicules ligneux disposés en étoile autour du réceptacle floral. Chaque follicule
renferme une graine brune et brillante.
C’est pour cette raison que la fabrication et la vente des essences à anéthole et des boissons
alcoolisées en renfermant sont réglementées en France.
Essais
- Botanique : écarter le badianier du Japon ou Shikimi (Illicium religiosum) qui est toxique
(forme du fruit, odeur camphrée).
- Physico-chimique
Un extrait alcoolique donne par addition d’eau une opalescence nette due à l’anéthole.
Dosage de l’essence, dosage de l’anéthol par la détermination du point de congélation.
Emplois
- en nature sous forme de tisane comme stomachique, eupeptique et carminatif.
- préparation de teinture, aromatisant.
- extraction de l’essence et de l’anéthole.
6. LAURACEAE
Action physiologique
Emploi
- extraction du camphre utilisé comme révulsif sous forme d’alcool camphré ; analeptique
cardiorespiratoire (sous forme de camphre soluble).
- extraction du safrol utilisé en parfumerie et pour l’hémisynthèse de la vanilline.
Botanique
Petit arbre originaire de l’Océan Indien et cultivé dans divers pays tropicaux.
A la récolte, les écorces sont grattées, ainsi elles sont privées du suber, du phelloderme et
d’une
partie du parenchyme cortical. Séchées, ces écorces s’enroulent en tuyau et prennent une coloration
jaune.
Chimie
Les écorces de cannelier renferment 1 à 2% d’essence de densité supérieure à celle de l’eau.
Cette huile essentielle renferme 70% d’aldéhyde cinnamique accompagné d’eugénol et de divers
carbures terpéniques.
Les feuilles renferment une huile essentielle riche en eugénol.
Les saponosides sont des substances qui appartiennent à la classe chimique des hétérosides.
C’est-à-dire des substances qui donnent par hydrolyse une partie glucidique et une autre non
glucidique appelée génine ou encore aglycone.
Ce sont des substances très répandues dans le règne végétal. Les plantes qui les renferment
sont employées sous forme d’extraits bruts ou pour l’extraction et la purification des saponosides.
Leur importance se situe à deux niveaux :
Nous allons tout d’abord voir un certain nombre de généralités sur les saponosides, ensuite les
monographies des principales plantes utilisées suivront.
1. DEFINITION
Les saponosides ou saponines sont des hétérosides très répandus dans le règne végétal. Ils ont
en commun leur structure et surtout un ensemble de propriétés physico-chimiques et physiologiques :
- abaissent la tension superficielle des solutions, d’où leur pouvoir aphrogène dans
l’eau.
- saveur âcre
- pouvoir sternutatoire
- pouvoir hémolytique et toxicité sur les animaux à sang froid.
Ce sont des hétérosides terpénoïdes qui, par hydrolyse acide ou enzymatique, donnent une
génine tétra ou pentacyclique et un sucre souvent accompagnés d’un acide uronique.
Les sucres rencontrés sont très variés : D-glucose (Dioscorea), D-xylose, D-galactose, L-
arabinose, L-fucose etc…
Les génines ont la même biogenèse, qu’elles soient stéroïdiques ou triterpniques : elles
dérivent de la cyclisation du squalène (voir huiles essentielles).
Les saponines sont des poudres amorphes, solubles dans l’eau et l’alcool dilué, insoluble dans
l’éther, l’acétone et le chloroforme.
Les solutions aqueuses, agitées, donnent une mousse (pouvoir aphrogène). Cette propriété est
utilisée systématiquement pour la mise en évidence des saponosides (notamment lors de la recherche
de matière première pour l’hémisynthèse des stéroïdes). La caractérisation des saponines fait intervenir
les test suivants :
- Réactions colorées
* CARR et PRICE : SbCl3 dans CHCl3.
Pulvériser sur la plaque une solution saturée de SbCl3 dans du chloroforme; aprés chauffage à
110°C, on obtient des taches de couleur rose.
* Action de l’acide phosphotungstique (coloration bleue).
5. EXTRACTION ET PURIFICATION
Les saponosides sont extraits à l’eau ou à l’alcool à 95°. Le schéma suivant peut être proposé pour
la purification.
O
O
HO
HO
Diosgénine H
Hécogénine
O
HO
O
H2C
COOH
HO O
Ruscogénine
HO
Acide glycyrrhétique
COOH
HO
C H2O H
HO
COOH
Sénégenine OH
OH
C H2O H
OH
HO
C H2O H
Escigénine
Poudre
1 benzène ou Hexane (dégraissage)
2 Ethanol (extraction)
Extrait alcool
1 Evaporation
2 Eau
Extrait aqueux
Butanol (Extraction)
Extrait BuOH
1 Evaporation
2 Méthanol
Extrait MeOH
1 Charbon (dépigmentation)
2 Concentration
Solution MeOH
Le précipité de saponines peut être purifié davantage en faisant une filtration sur gel de
Sephadex LH20 (séparation d’avec les flavonoïdes) ou une filtration sur silice désactivée.
6. PROPRIETES PHYSIOLOGIQUES
En abaissant la tension superficielle des liquides, les saponosides sont des irritants
cellulaires. Cette action irritante se traduit par une action dépurative qui se manifeste différemment
selon la cellule en cause: cellule bronchique (action sternutatoire), hématie (hémolyse), cellule rénale
(diurèse), cellule pulmonaire (expectorante).
Les propriétés les plus en vue des saponines sont l'action toxique sur les animaux et l'action
vitaminique P, protecteur veineux. Chez certaines saponines on a noté une action anti-inflammatoire
(bétuline, acides bétulinique et ursolique), anticancéreuse, cytotoxique ou anti virale VIH 1
Les saponosides sont utilisés pour leurs propriétés thérapeutiques et comme matières
premières dans l’industrie de synthèse.
Les saponosides des Dioscorea et des Agave servent à l’hémisynthèse des hormones
stéroïdiques : progestérone, hormones oestrogènes, cortisone etc… Ce procédé a permis d’obtenir les
pilules contraceptives à des prix très abordables.
b) Usage populaire
Les drogues riches en saponosides (ex : Balanites aegyptiaca et Phytolaca dodecandra) sont
très utilisées pour capturer les poissons qu’ils tuent (ichtyotoxiques) et pour laver le linge.
c) Usages thérapeutiques
Action et emploi
- l’extrait de la drogue a des propriétés vitaminique P, vasoconstricteur veineux, utilisé
comme antihémorroïdaire et antivariqueux : Intrait de marron d’IndeND, fluxine PND.
La drogue
Les ginseng sont des plantes herbacées caractérisées par des racines tubérisées dont certains
échantillons ont un aspect anthropomorphe.
La drogue est constituée par les racines des plantes de culture (URSS, Chine, Corée, Amérique
du Nord) ; les racines sont arrachées sur les plantes de six ans, traitées rapidement à l’eau bouillante
puis séchées.
La falsification du ginseng est fréquente par les racines d’Ombellifères.
Chimie
De P. ginseng ont été isolés de nombreux composés, en particulier des saponosides. Ceux-ci
dérivent de trois génines tétracycliques (panaxadiol et panaxatriol) et pentacyclique comportant deux
chaînes mono ou biosidiques : les gensénosides RB, RC, Rd, Re, Rf, Rg et Ro.
Dans le ginseng du Japon, les hétérosides de l’acide oléanolique sont prépondérants.
Activités et Emplois
Les ginseng sont, dans la médecine traditionnelle orientale, une véritable panacée. Ce sont des
toniques reconstituants, procurant une « jeunesse nouvelle » dit-on.
De très nombreux travaux ont été consacrés à l’action pharmacologique du ginseng, cependant
avec des résultats souvent contradictoires. Les gensénosides ont parfois des effets opposés. La drogue
aurait des effets anabolisants généraux. Le ginseng est actuellement très consommé en Europe et
surtout aux USA.
Actions et emplois : Le suc de la plante fraîche est utilisé depuis longtemps en Chine et en
Inde pour soigner les plaies et la lèpre (locale et per os). Aujourd’hui on utilise des extraits titrés dans
le traitement de lésions cutanées diverses (Madecassol ND).
CONCLUSION
Les hétérosides cardiotoniques, outre leur analogie de structure, ont en commun leurs
utilisations dans les insuffisances cardiaques ; leur découverte a révolutionné la thérapeutique dans ce
domaine.
Ces hétérosides furent isolés pour la première fois de la digitale laineuse (Digitalis lanata,
Scrofulariaceae) d’où Nativel a isolé la digitaline en 1868 et que l’on baptisa digitoxine en Allemagne
(1875). Plus tard d’autres hétérosides cardiotoniques importants furent découverts à partir des
Strophanthus, Apocynacées africianes utilisées comme poison de flèche.
Quelques familles végétales seulement renferment des espèces à hétérosides cardiotoniques.
Parmi elles on peut citer : Scrofulariaceae (Digitales), Apocynaceae (Strophantus, Thevetia, Laurier
rose), Liliaceae (Scille, Muguet) et Renounculaceae (Adonis et Hellébore noire).
Dans la première partie de ce chapitre, nous parlerons de généralités en insistant
particulièrement sur l’action physiologique et la relation structure-activité des molécules. Dans la
seconde partie, des plantes sources de cardiotoniques seront passées en revue, classées par famille
botanique.
1. DEFINITION ET STRUCTURE
Comme tous les hétérosides, les hétérosides cardiotoniques (hc) sont constituées d’une génine
et d’une fraction osidique.
On peut trouver des hydroxyles supplémentaires en 1, 5, 11, 12, et 16. Parfois le méthyle en 10
est oxydé en alcool primaire ou en aldéhyde. En outre, selon la nature du cycle lactonique en 17, on
distingue deux types de génines :
La partie glucidique de ces hétérosides est constituée par des oses fixés sur
l’hydroxyle en 3 de la génine. On peut avoir un ose (monodesmosidique) ou plusieurs oses (bis ou tris-
desmosidique).
La nature des oses est variable ; on trouve notamment des hexoses (glucose) et surtout des
désoxy-oses dont certains sont particuliers aux cardiotoniques : désoxy-6-hexoses (Rhamnose, D-
digitalose et L-thévétose), désoxy-2-méthylpenstoses (D-digitoxose, D-cymarose et L-oléandrose).
Dans la plante fraîche, on trouve des hétérosides primaires riches en oses, très solubles dans
l’eau ; alors que la plante séchée renferme des hétérosides secondaires provenant de l’hydrolyse
partielle enzymatique des hétérosides primaires.
Eléments indispensables
• Configuration Z de la jonction A/B ou alors présence de double liaison en 4-5 (chez
les bufadiénolides) et jonction C/D à configuration Z.
Modifient l’activité
- Présence d’une chaîne osidique en 3 : les sucres influent sur la solubilité et
renforcent considérablement l’activité cardiotonique. Les hétérosides primaires sont en général plus
actifs que les secondaires.
a) Propriétés physiques
Les hétérosides cardiotoniques sont des produits généralement bien cristallisés ; leur saveur est
amère. Par exemple, la digitoxine se présente sous forme de cristaux microscopiques en lamelles
rectangulaires, inodore, dont la poudre, de saveur amère intense, irrite la muqueuse nasale et provoque
l’éternuement. Son point de fusion est à 270°C.
Les hétérosides cardiotoniques sont plus ou moins solubles dans l’eau (influencée par le
nombre d’oses fixés en 3), solubles dans l’alcool, souvent assez solubles dans le chloroforme (cas de
la digitaline), mais insolubles dans le benzène et l’éther de pétrole.
Les hétérosides cardiotoniques sont des molécules fragiles : en milieu alcalin, il y a ouverture
du cycle lactonique et épimérisation en 17 (17 donne 17).
Réactions colorées
O O
OH
OH OH
RO RO
H H
Digitoxigénine Gitoxigénine
gitoxine (R = 3 digitoxoses)
- digitoxine (R = 3 digitoxoses)
oléandroside (16 formyl gitoxine)
- thévétine B (R = thévétose + 2 glu)
O OH O
O O
OCHO OH
OH RO
RO
H
H
Digoxigénine
Gitaloxigénine
- digoxine (R = 3 digitoxoses)
- gataloxine (R = 3 digitoxoses)
O
O
OH
OH OCH O
OH CH O
2
OH
OH HO
OH
HO
OH
Strophantidine = Convallatoxigénine
Ouabaïgénine
O
O
HO
HO
Scillarénine
Réaction de fluorescence
Chromatographie sur couche mince : On utilise une plaque de silice avec comme solvant par
exemple : Acétate d’éthyle-pyridine –eau (5-1-4) phase supérieure. Il est souvent necessaire de
recourir à une CCM bidimensionnelle pour séparer les hétérosides. On opère en présence d’hétérosides
cardiotoniques témoins et on révèle par le réactif le Baljet ou celui de Kedde.
- Dosage biologique
Les méthodes de dosage biologique sont restées longtemps les seules admises pour estimer
l’activité cardiotoniques (ph. fse VIIè et VIIIè Ed.). Elles visent à estimer la cardiotoxicité qui est en
rapport direct avec l’activité cardiotonique : DL50 chez la grenouille et dose minimale mortelle chez le
cobaye.
a) Principales actions
Les hétérosides cardiotoniques modifient les propriétés du cœur. Leur action
thérapeutique fondamentale est l’augmentation du débit cardiaque dans l’insuffisance cardiaque. Les
variations du débit cardiaque résultent d’influences sur le cœur et la circulation.
Action cardiaque
Cette activité obéit à la règle de Potain dite « règle des 3R (renforce, régularise et ralentit les
mouvements cardiaques). On distingue plusieurs effets :
- Effet inotrophe positif : les cardiotoniques augmentent la force de contraction du
myocarde ; celle-ci est due à une modification de la perméabilité ionique membranaire : la pompe à
Na, commandée par le Na+-K+ ATPase, est inhibée par les hétérosides cardiotoniques, il en résulte au
niveau de la fibre cardiaque une diminution du potassium et une augmentation du sodium.
L’accroissement du Na+ dans la cellule entraîne une montée du Calcium ionisé donc un
renforcement des contractions myocardiques.
b) Pharmacocinétique des hc
Elle étudie particulièrement la résorption digestive, la durée d’action et l’élimination de la
molécule d’hétéroside cardiotonique. Ici, le nombre d’hydroxyles sur la génine est d’une grande
importance. On distingue :
- les molécules peu hydroxylées : elles sont plus liposolubles, sont rapidement
absorbée per os. Par contre leur action est lente et leur élimination est retardée par une fixation au
niveau des lipoprotéines plasmatiques et tissulaires d’où accumulation et risque d’intoxication.
- les molécules très hydroxylées : elles sont non liposolubles, non adsorbées par voie
digestive ; l’administration est parentérale, l’action est rapide et fugace (élimination rapide).
1. LES SCROFULARIACEAE
Botanique : c’est une plante herbacée bisannuelle, très répandue en Europe occidentale. La
première année de végétation, la plante fournit une simple rosette de feuilles ovales et oblongues,
forme sous laquelle elle passe l’hiver. La deuxième année apparaît une tige florifère longue de 1 à 1,5
m, portant des feuilles isolées et une inflorescence terminale. Les fleurs ont une corolle tubuleuse
tachetée de pourpre.
La drogue provient le plus souvent de plantes cultivées (Pays-Bas), Etats-Unis…)
sélectionnées notamment en vue de l’obtention de races chimiques riches en hétérosides du groupe A
(voir plus loin). Le séchage se fait à une température inférieure à 50°C.
La drogue est constituée par les feuilles. Celles-ci sont oblongues, subaiguës au sommet,
terminées à la base en un pétiole ailé. Le limbe, irrégulièrement crénelé, possède un réseau de nervures
secondaires très proéminentes sur la face inférieure donnant à l'ensemble un aspect gaufré très
caractéristiques. L'odeur est faiblement aromatique et la saveur très amère.
Du point de vue anatomique on a :
CHIMIE
Parmi les principes banaux on remarque :
- des flavonoïdes dont la digitoflavone identifiées à la lutéoline.
- des saponosides : digitonoside, digitonine
- des hétérosides non cardiotoniques appelés digtanol-hétérosides ou digiénol-
hétérosides avec un noyau stéroïde, mais absence cycle lactonique.
Les principes actifs sont constitués par des hétérosides cardiotoniques cardénolides en faible
teneur (0,1 à 0,4% de la drogue fraîche).
On distingue deux groupes A et B
- Groupe A : génine digitoxigénine
• digitoxoside = digitoxine = digitaline
• purpurea glucoside A (Digitoxine + 1 glucose terminal)
- Groupe B : divisé en deux sous-groupes :
* Sous-groupe de la gitoxigénine
• Purpurea glucoside B
• Gitoxine
* Sous-groupe de la gitaloxigénine (16-formyl-gitoxigénine)
• Gitaloxine
• Glucogitaloxine
Action physiologique
La digitale pourpre très anciennement connue pour sa toxicité, s’est révélée un cardiotonique
majeur, encore utilisé.
Son action sur le cœur malade s’observe après un temps de latence et est marquée. On observe
des effets inotrope (+), chronotrope (-), bathmotrope (-) et dromotrope (-) (voir généralités)
L'action de la drogue totale sur le cœur est due à l'ensemble des hc qui agissent en synergie.
Les saponosides, les flavonoïdes augmentent l'effet cardiotonique et agissent sur la diurèse.
Essais
- Essais physico-chimiques
• CCM en présence de digitoxine et de gitoxine. Révélation par le mélange
chloramine-acide trichloracétique : on observe des fluorescences bleues (groupe B) et brunâtre (groupe
A).
• Dosage des hétérosides cardiotoniques par colorimétrie avec la réaction de Kedde.
Minimum 0,3% exprimé en digitoxine.
- Essais biologiques (voir généralités)
BOTANIQUE
La drogue : elle est constituée par les feuilles séchées rapidement à 55-60°C. Les substances
étrangères ne doivent pas dépasser 2%. A conserver en atmosphère sèche et à l'abri de la lumière.
CHIMIE
On retrouve les mêmes principes banaux que dans la digitale pourpre. Les hétérosides
cardiotoniques ont une teneur de 0,5 à 1% (drogue sèche). Selon la nature de la génine on a :
Le groupe A : à digitoxigénine
L'hétéroside cardiotonique primaire est le lanatoside A qui diffère du purpurea
glucoside A par la présence sur le dernier digitoxose de la chaîne glucidique, d’un groupement acétyle
en position 3 ( ou ) ou 4 ( ou ). Les -acétylés sont plus actifs physiologiquement.
Action physiologique
La Digitale laineuse est 3 à 4 fois plus toxique que la Digitale pourpre. Elle possède une action
inotrope (+) nettement plus marquée, cela est du notamment aux hétérosides du groupe C (Digoxine).
La digoxine est en effet moins liposoluble, sa résorption digestive plus faible, sa fixation sur
les protéines plasmatiques diminuées. Elle s’élimine rapidement par les reins.
Emplois :
La digitale laineuse est exclusivement employée pour l'extraction des hétérosides
cardiotoniques. Elle tend à remplacer la digitale pourpre pour cet usage. On extrait les composés
suivants :
- Digitoxine
- Digoxine (Ph. fse Ixè Ed.) t.A : Digoxine NativelND, CoragoxineND doses 0,10-0,20
mg/24H.
- Lanatoside C (1 à 4 mg/24H) CedilanideND
- Acetyldigitoxine 0,2 mg/24H AcylanideND.
a) Les Strophantus
On trouve trois strophantus dont les graines sont inscrites à la pharmacopée africaine de 1985 :
Strophantus gratus, S. hispidus et S. kombe.
Les Strophantus, originaires d’Afrique tropicale, sont des arbustes ou des lianes. Les feuilles
sont opposées et lancéolées ; les fleurs de type 5 possèdent une corolle blanche ou rose avec des
pétales parfois prolongées d’appendices (cas de S. kombe).
Les fruits sont constitués de deux follicules divergents renfermant de nombreuses graines. Les
trois Strophantus se différencient par les caractères des graines (grosseur, longueur de l'aigrette) et par
leur répartition géographique : l'Afrique occidentale équatoriale pour S. gratus, occidentale tropicale
pour S. hispidus et orientale pour S. kombe.
La drogue est constituée par les graines mûres dépourvues de leurs arrêtes. Elles sont ovoïdes,
aplaties et mesurant 12 à 20 mm de long et 3 à 5 mm de large. Elles sont glabres, couleur fauve pour S.
gratus, velues couleur gris-verdâtre (S. kombe) et velues grises, brun doré (S. hispidus)
CHIMIE
Les graines renferment 20 à 30% de lipides, qui rendent leur conservation difficile.
Les principes actifs sont des cardénolides, présents à des teneurs particulièrement élevées ; la
composition varie suivant les espèces.
Strophantus gratus renferme 3 à 7% d’h.c. dont le principal est l'ouabaïne. C’est un h.c. très
hydroxylé dont le sucre est le rhamnose.
Strophantus kombe renferme 5 à 10% d’h.c. appelée K-strophantosides. L'hétéroside
primaire est le K-strophantoside . Celui-ci donne par hydrolyse enzymatique progressive les K-
strophanthosides et .
La génine (obtenue par hydrolyse acide) est le Strophantidine ou cymarigénine ; elle est
moins hydroxylée que l'ouabaïgénine et possède une fonction aldéhyde en 10.
S. hispidus a une composition chimique voisine de celle S. kombe.
Action physiologique
Les hétérosides des Strophantus ont un effet chronotrope (-) peu marqué et un effet inotrope
(+) très accentué.
L'ouabaïne n’est pratiquement pas résorbée par voie digestive ; fortement polaire, elle n’est
pas métabolisée mais éliminée telle quelle dans les urines. Elle ne se fixe pas sur les protéines
plasmatiques. Son action est donc rapide mais de courte durée. L'ouabaïne est un médicament
d’urgence administré par voie intraveineuse.
Thevetia neriifolia Juss ou laurier jaune des Indes (Pharm. Afric. 1985)
C’est un arbuste ornemental originaire des régions tropicales. Ses fleurs sont jaunes et le fruit
renferme un noyau dur à graines triangulaires.
Ces graines sont riches en huile et renferment 5% de cardénolides dont le principal est la
thévétine, mélange de thévétoside A et B.
La thévétine fut jadis utilisée pour ses propriétés cardiotoniques intermédiaires entre la
digitaline et l'ouabaïne.
Les Acokantheras
Ce sont des arbustes d’Afrique orientale, d’où l'on a extrait pour la première fois l'ouabaïne à
partir des graines et des racines : Acokanthera schimperi et A. ouabaïo.
Apocynum cannabinum ou chanvre du Canada
Plante herbacée d’Amérique du Nord dont le rhizome renferme un cardénolide, le cymaroside
utilisé aux USA.
Action physiologique
Les hétérosides de la Scille ont une action cardiotonique type, avec effet inotrope (+) marqué
on note en plus, avec la drogue totale, une action diurétique renforcée par la présence de certains
polysaccharides et des flavonoïdes.
Emplois de la Scille
La Scille est utilisée surtout pour l'extraction de la proscillaridine A obtenue après hydrolyse
enzymatique.
La proscilaridine A (TalusinND) est un produit à élimination rapide, utilisée dans les
insuffisances cardiaques (0,5 à 1mg/24H).
La Scille rouge sert en plus à préparer des appâts empoisonnés raticides.
Les flavonoïdes constituent un groupe chimique homogène. Ce sont des pigments naturels de
couleur jaune (Flavus signifiant jaune) que l'on rencontre dans presque tous les végétaux. Si l'on
s’accorde à dire que les flavonoïdes sont des métabolites secondaires, par contre leur rôle dans la
plante est encore mal défini.
Chez l'homme l'activité de plusieurs plantes a été attribuée à la présence de flavonoïdes. Leurs
premières propriétés pharmacologiques à être découvertes sont sans doute l'activité diurétique et
l'action vitaminique P. Aujourd’hui un grand nombre de flavonoïdes est extrait et sert à la fabrication
de spécialités pharmaceutiques très utilisées.
La recherche sur les mécanismes d’action des flavonoïdes est très active en ce moment et a
permis de découvrir d’autres domaines d’application thérapeutique de ces molécules.
1) DEFINITION
Les flavonoïdes, au sens strict, sont des pigments jaunes, généralement polyphénoliques ; ils
sont le plus souvent sous forme d’hétérosides appelés flavonosides dont les génines sont des dérivés
de la phénylchromone, la chromone étant la benzo--pyrone.
Dans les flavonoïdes au sens large, son inclus tous les composés en C6-C3-C6 notamment les
dérivés du phénylchromane ou flavane (catéchines et proanthocyanidols) et les dérivés du flavylium,
(anthocyanes).
Les flavonoïdes sont surtout abondants chez les végétaux supérieurs et particulièrement dans
certaines familles : Polygonaceae, Rutaceae, Légumineuses, Ombellifères et Composeae.
On les trouve dans les organes aériens, en particulier dans les organes jeunes (feuilles, boutons
floraux) où ils sont dissous dans les vacuoles ou sont des constituants des chromoplastes.
Le rôle des flavonoïdes dans la plante est encore mal connu, mais on pense qu’ils participent à
plusieurs fonctions physiologiques et biologiques. En raison de leur structure polyphénolique, les
flavonoïdes pourraient jouer un rôle dans les chaînes d’oxydo-réduction et modifier certaines
réactions concernant la croissance, la respiration et la morphogenèse de la plante. Ils participent
probablement à la phase lumineuse de la photosynthèse comme catalyseurs du transport d’électrons et
(ou) comme régulateurs de la photophosphonylation ; en effet, l'inhibition de la H+ ATPase et de la
(Na+, K+) ATPase peut expliquer la participation des flavonoïdes à de pareilles réactions.
3) STRUCTURE ET CLASSIFICATION
Les flavonoïdes sont le plus souvent sous forme d’hétérosides. Nous décrirons successivement
les génines, les sucres et le mode de liaison entre ces deux parties.
a) Les génines
Les génines permettent de classer les flavonoïdes en différents groupes. Ce sont des dérivés
polyhydroxylés, parfois méthoxylés ou méthylés, de la chromone. On distingue :
Les flavones vraies : Ce sont des dérivés de la phenyl-2-chromone. Ils constituent les formes
les plus oxydées.
Les flavonols : Ils possèdent un OH alcoolique en 3. Ce sont les flavonoïdes les plus répandus
chez les végétaux.
Les flavanones : Ils ne possèdent pas de double liaison en 2-3. Ils sont souvent méthoxylés. On
les rencontre surtout dans les Rutaceae. On note la présence d’un carbone chiral dans la structure des
flavanones, ce qui entraîne l'existence de deux isomères optiques pour chaque composé.
Les chalcones : Ici le cycle pyronique est ouvert. Ce sont des isomères des flavanones avec
lesquels ils sont en équilibre.
Les isoflavones : Ce sont des dérivés de la phenyl-3-chromone, isomères des flavones.
Les aurones : Ce sont des benzalcoumaranones considérés comme des flavonoïdes.
b) Les oses
Les sucres qui interviennent dans la structure des flavonoïdes sont presque exclusivement des
aldoses. La présence de D-fructose (cétose) est tout à fait exceptionnelle. Le D-glucose et le L-
rhamnose sont les plus fréquents. On trouve également du D-galactose, D-xylose et L-arabinose. On
peut trouver des diholosides comme le rutinose (rhamnose + glucose). Selon le nombre d’oses, on
trouve desmosides, des biosides, des triosides, les oses pouvant être placés sur le même carbone
(monodesmosidiques) ou sur des carbones différents (en 3 et 7) : bidesmosidiques).
a) Propriétés physicochimiques
Les flavonoïdes sont des solides cristallisés dont la teinte varie du blanc ivoire au jaune vif.
Les hétérosides flavoniques sont solubles dans l'eau (surtout à chaud), l'alcool, les solvants
organiques polaires (butanol, acétate d’éthyle), insolubles dans les solvants organiques apolaires. Les
génines sont peu solubles dans l'eau et solubles dans l'éther.
Les flavonoïdes sont solubles dans les solutions alcalines en donnant une coloration jaune
intense (augmentation de la conjugaison) qui disparaît avec addition d’acide.
Les spectres d’absorption UV sont caractérisés par deux bandes qui correspondent aux
différentes structures mésomères. La bande I (300-400nm) fait intervenir la conjugaison du CO de
l'hétérocycle central avec le noyau B (structure cynnamoyle); la bande II (240-285 nm) fait intervenir
la conjugaison du CO avec le cycle A (structure benzoyle). Ces deux bandes sont déplacées dans le
sens hypsochrome ou bathochrome selon le nombre et la position des hydroxyles sur le squelette.
Il est à remarquer que pour les flavanones et les isoflavones, la bande I est presque inexistante
du fait qu’il n’y a pas de conjugaison possible entre le CO et le noyau B dans de telles structures.
Les flavonoïdes sont depuis longtemps connues pour leur activité cardiovasculaire, leur action
sur la diurèse et enfin leur activité vitaminique P. Récemment on leur a découvert de nouvelles
activités intéressantes.
a) Action cardiovasculaire
Certains flavonoïdes ont une action stimulante sur le cœur fatigué et une action hypotensive
(notamment les dérivés du quercétol).
c) Action vitaminique P
Cette activité a été découverte durant la recherche du facteur antiscorbutique qui fut identifié à
la Vitamine C. On a mis en évidence également des facteurs complémentaires antiscorbutiques dont
des flavonoïdes.
La capacité de renforcer la résistance des capillaires et de diminuer leur perméabilité est
appelée propriétés vitaminiques P. Cette propriété est mise en évidence par plusieurs tests : signe du
lacet, ventouse de Lavollay, angiosterrométrie de Parrot et diffusion de colorants.
Le mécanisme d’action n’est pas clairement établi. Cependant certains travaux font état de la
protection des parois vasculaires par inhibition des enzymes protéolytiques que sont l'élastase, la
trypsine et la -chymotrypsine.
OH
O
CO 2 H
O O
OH
OH
HO OH HO
O
Chalcone-isomerase
OH O Flavanone
Chalcone OH O
Flavones
Flavonols O
Anthocyanes OH
O Dihydro-flavonol
OH OH
HO O
HO O HO O
O OH
HO
HO O Lutéoline HO O Quercétol
Apigénine
(Vitexine du kinkéliba)
OH
HO
HO O O
OMe HO
HO O
OH
HO O OH HO O
Génistéine Kaempférol
HO O
Hespérétol (agrumes)
OH
OH HO O
HO OH
O Liquiritigénine
(réglisse)
O Isoliquiritigénine
HO
OH
HO O
CH
HO O
Aureusidine
OH Glu Rh O CH3
(1 6)
HO O O O
O Glu Rh
(1 6) OH O
OH O
Rutoside Hespéridine
Glu OH
Rh
(1 2)
O O OH
Glu Rh OCH3
(1 2)
O O O
OH OH
Naringoside
OH
HO O OH O
Diosmine
Glu
OH O
Lespecapitoside
(homoorientine) OH
OH
HO O HO O
HO H3CO OCH3
OH O OH O
Baïcalein Axillarine
(5,6,7- trihydroxy- flavone ) (5,7,3',4'- 3,6 tetra hydroxy-3,6-dimethoxy flavone)
- Action antiinflammatoire
On a établi que l'hypolaetine--glucoside (de Sideritis mugronensis Lamiaceae) d’une part et
d’autre part la baïcalein, la vogomine (de Scutellaria baïcalensis Labiateae) ont une activité
antiinflammatoire sur l'animal. Le mécanisme d’action évoqué est l'inhibition de la synthèse des
prostaglandines par l'inhibition de la cyclo-oxygénase et de la lipo-oxygénase.
- Autres activités
De nombreux travaux ont relevé chez les flavonoïdes des activités variées : antihistaminique,
anticancéreuse (controversée) par mécanismes divers (Arylhydrolase, époxyhydrolase ou Captage des
CARACTERISATION
La réaction colorée la plus spécifique est celle dite de Shibata : les hétérosides flavoniques, en
solution alcoolique, mis en présence d’hydrogène naissant, donnent des dérivés diversement colorés
selon la structure du flavonoïde : orangés (flavones), rouges (flavonols) et rouge violacé (flavanones).
Par ailleurs on peut noter que la couleur jaune des flavonoïdes s’accentue en milieu alcalin.
L'identification est faite par CCM en présence de témoins. On révèle directement sous UV ou
après pulvérisation d'une solution de chlorure d’aluminium.
DOSAGE
- Le dosage physico-chimique : ce dosage peut s'effectuer par colorimétrie après
formation de chélates d’aluminium (méthode de Duret et Paris), par HPLC (dosage d’un flavonoïde
particulier), densitométrie après CCM d’un extrait.
- Le dosage biologique
Il consiste à mesurer l'activité vitaminique P par l'appréciation de la résistance des capillaires
(retard dans l'apparition des pétéchies provoquées par une ventouse) et par la mesure de la
perméabilité capillaire (ralentissement de la diffusion d’un colorant).
Le rutoside
Le rutoside est extrait industriellement à partir de différentes espèces :
Le rutoside est utilisé comme protecteur capillaire, dans un grand nombre de spécialités. Il
existe également de très nombreux dérivés hémisythétiques hydrosolubles : Morpholine-ethylrutoside,
hydroxyéthyl rutoside entre autres.
La diosmine ou diosmoside
On la rencontre dans les feuilles de Buchu (Borosma divers, Rutacées), dans les Menthes et
l'Hysope. Elle est industriellement obtenue à partir de l'hespéridoside. La diosmine est utilisée pour
son action vitaminique P ( DaflonND, DiovenorND).
9) CONCLUSION
Les flavonoïdes constituent un groupe chimique homogène, très répandu dans les végétaux.
A cause de leurs grandes affinités chimiques, ils possèdent de nombreuses propriétés
pharmacologiques dont la plus exploitée est l'activité vitaminique P, utilisée dans le traitement des
affections veineuses.
Bien que les études soient à leurs débuts, les flavonoïdes constituent un espoir dans le
traitement des maladies vasculaires outre que la fragilité et aussi contre d’autres maladies telles que le
cancer, le diabète, les viroses, …etc.
INTRODUCTION
Les tanins doivent leur nom à leur propriété de tanner la peau des animaux pour en faire du
cuir. Pour cet usage, les tanins sont concurrencés par des sels métalliques. Cependant ils demeurent
toujours utilisés.
Leurs propriétés astringentes expliquent l'utilisation très ancienne de certaines plantes à tanins
en thérapeutique.
Les tanins polymères ou oligomères ont un poids moléculaires compris entre 500 et 3000.
Du point de vue structural, il convient de distinguer deux classes :
OH
HO OH
HO OH OH
OH HO
OH COOH
OH
acide gallique acide digallique
HO OH
OH
COOH Acide quinique
O
HO O
OH
HO Acide caféique
HO OH
O
O
OH
acide ellagique
OH OH
OH OH
HO O HO O
OH OH
OH OH
(-) = épicatéchol
(+) catéchol
R1
OH
HO O
R2
OH
OH OH
En définitive, les tanins non hydrolysables sont formés d'oligomères flavanolique dont l'unité
terminale peut être un flavane-diol 3,4 (proanthocyanidol) ou un flavanol 3 (catéchine).
Le poids moléculaire variant entre 500 et 3000, correspond à des polymères comptant 2 à 10
unités flavane .
a) Solubilité
Les tanins sont des corps généralement amorphes, solubles dans l’eau, dans l’alcool et
l’acétone, insoluble dans les solvants organiques apolaires. On les extrait par des mélanges
hydroalcooliques additionnés ou non d’éther ou
d’acétone. Le tanin à l'éther, figurant à la pharmacopée française, est préparé par extraction des galles
du chêne avec le mélange éther-eau-alcool.
- les alcaloïdes : les combinaisons tanniques expliquent les effets retard de la caféine
de la noix de cola et du thé.
c) Réactions colorées
- Avec FeCl3 : bleu-noir (tanins galliques), brun-vert (tanins catéchiques)
- Acide phosphotungstique : coloration bleu avec gallique
V. CARACTERISATION ET DOSAGE
- La réaction la plus utilisée pour la mise en évidence des tanins dans un extrait ou sur une
plaque de chromatographie est la coloration avec FeCl3.
- On différencie les deux groupes de tanins par addition du réactif de Stiasny (formol
chlorhydrique) qui précipite seulement les tanins condensés par polymérisation).
2) Dosage
a) Dosage pondéral
Il utilise soit la poudre de peaux standardisées, soit la caséine : Un volume donné est prélevé
d'un extrait aqueux de drogue. On y ajoute une quantité determinée de poudre de peaux ou de
caseine. Après agitation, le filtrat est séché à l'étuve puis le résidu pesé. Une prise d'essai
identique et non traitée à la peau est séchée dans les mêmes conditions. La différence de poids
des deux résidus correspond aux tanins fixés par la poudre de peaux.
b) Colorimétrie
L'acide phosphotungstique donne avec les tanins une coloration bleu que l'on mesure à 750nm.
Par leur propriété de précipiter les protéines du collagènes et de se combiner aux alcaloïdes,
les tanins sont utilisés comme :
Les oligomères flavanoliques auraient une activité anti-élastase (extrait du pancréas de porc) :
ceci entraînerait une diminution de la libération de peptides vaso-actifs et une diminution par
conséquent de la libération des prostaglandines inductrices de l'élastase et des autres protéases.
Par ailleurs ces oligomères diminuent le taux de cholestérol et préviendraient l'athéromatose.
Les tanins de Acacia nilotica ( nep-nep) ont montré une action molluscicide.
En pharmacie, les proprié tés des tanins sont exploitées à travers des extraits de plantes qui les
renferment. Dans l'industrie du tannage, on utilise des extraits de plants plus ou moins purifiés.
2) Hamamelis virginiana : c'est un petit arbre du Canada et des USA. La drogue est
constituées par les feuilles et les écorces de tronc; elle renferme des acides phénols, des dérivés
flavaniques polymérisés, un tannin gallique non tannant (dans les écorces), du gallates de flavane diol
3-4.
Teintures et extraits de cette plante sont prescrits dans les hémorroïdes et les phlébites (
ampamelisND). Le plus gros usage de l'hamamélis est en cosmétologie.
4) Autres plantes : Areca catechu (palmier); Acacia catechu (Mimosaceae) qui donne
le cachou noir tiré du bois (tanins condensés et flavanol 3); Pinus pinaster (écorces à
proanthocyanidols). Arachis hypogea (la graine renferme des flavane-diol); Combretum micranthum;
Cola nitida; Psidium guajava; le quinquinas.
Ces tanins servent essentiellement au tannage des peaux pour les transformer en cuir.
- Chêne de galle : Quercus lusitania var. infectoria (sert à préparer le tanin à l'éther)
- Cachou : Acacia catechu (cosmétologie, alimentaire)
- Châtaignier : Castanea vulgaris (Fagaceae): écorces et feuilles
- Sumac : Rhus typhina (Anacardiaceae (feuilles)
- Quebracho : Schinopsis lorentzii et S. balansae (Anacardiaceae)
- Acacia nilotica : utilisé en Afrique dans le tannage artisanal.
Les tanins jouent un rôle important dans le murissement du vin de raisin, lors de sa conservation dans
des fûts en bois de chaine par exemple.
OH
OH
HO O OH
O
.
O
OH OH
HO OH
O
O R
.
O .
n
OH OH
OH OH
. O
. HO O R
O
OH
polymère de proanthocyanidols
OH OH
1) DEFINITION ET STRUCTURE
HO HO HO HO O HO
Anthranol Anthrone
HO O HO
O Anthraquinone
2) BIOGENESE
Les génines anthracéniques résultent de la cyclisation d’une chaîne octo-acétate
HO
O
O O O OH
COOH
O O O HO O
Octaacetate
HO O HO
HO
O
Emodine
Pharmacognosie 2021 74-163
3) PROPRIETES PHARMACOLOGIQUES
L'activité est modulée suivant la dose ; des doses les plus faibles aux doses les plus fortes on a
respectivement une action cholagogue, laxative ou purgative.
L'activité est liée également à la structure et à la forme sous laquelle se trouvent les principes
actifs :
- les formes combinées sont plus actives que les génines. L'action purgative résulte de
leur hydrolyse au niveau de l'intestin ; les sucres sont indispensables à leur transport et retardent
l'absorption des génines.
- les formes réduites libres ou combinées sont plus actives et parfois ne peuvent être
utilisées en thérapeutique à cause leur action drastique (ex : Bourdaine voir plus loin). Les génines
anthraquinoniques sont donc les moins actifs.
Métabolisme intestinal
Les génines libres sont absorbés au niveau du grêle ; à cause de leurs effets indésirables, leur
présence n’est pas souhaitée dans les préparations médicamenteuses.
Les hétérosides ne sont ni absorbés, ni hydrolysés au niveau de l'intestin grêle. Parvenus au niveau du
colon, ils sont hydrolysés par les glucosidases de la flore intestinale, les anthraquinones sont réduites
en même temps en anthrones et anthranols. Ces dérivés actifs se forment en situ et cela explique le
temps de latence important observé (6 à 12 heures) entre la prise de la drogue et l'effet recherché.
Mécanisme d’action
Les anthracéniques diminuent la résorption de l'eau, du sodium et du chlore au niveau du
colon. L'un des mécanismes évoqué est l'inhibition du système Na+,K+ ATPasique des entérocytes.
Par ailleurs, ils provoquent une augmentation du péristaltisme intestinal en excitant les terminaisons
nerveuses locales du système nerveux central. On observe également une altération de la muqueuse
intestinale qui est irritée.
Toxicité
L'abus des dérivés anthracéniques provoque de la diarrhée et de l'hypokaliémie ainsi qu’une
mélanose colique caractéristique mais non dangereuse (pigmentation noirâtre de la muqueuse du
colon).
CH3 CH2 OH
O O
Aloe-émodine
Chrysophanol
HO HO
O
HO O HO
COOH
CH3
HO O
O
Rheine
Emodine
HO O HO
CH3
H3 CO
O
Physcion
Glu O O HO Glu O O HO
COOH COOH
H H H H
COOH CH2 OH
OH O O OH
Glu O O Glu
Sennidines A et B
Sennidines C et D
a) Propriétés physico-chimiques
Les génines sont insolubles dans l'eau, solubles dans les solvants organiques. Les génines
carboxyliques sont extractibles par une solution aqueuse de bicarbonate de sodium. Les hétérosides
sont hydrosolubles et solubles également dans les solutions hydro-alcooliques.
Le traitement acide des O-hétérosides provoque une hydrolyse mais pour les
C-hétérosides, celle-ci ne peut être obtenue qu’en présence d’un oxydant comme FeCl3.
b) Caractérisation
La caractéisation des dérivés anthracéniques se fait le plus souvent au moyen de réactions
colorées. La plus connue est celle de Bornträger qui est positive uniquement avec les formes
anthraquinoniques libres. Celles-ci en présence de KOH donnent une coloration rouge. La
caractérisation comportera donc une hydrolyse et une oxydation.
L'identification des hétérosides ou des génines se fait par des méthodes chromatographiques :
CCM (révélation par réaction de Bornträger), HPLC, etc..
c) Le dosage
Le dosage est surtout physico-chimique ; il peut cependant être physilogique.
Dosage physico-chimique
Il est basé sur la réaction à l'acétate de magnésium. Certains préfèrent cette dernière car celle
de Bornträger se développe lentement, diminue sous l'influence de la lumière et est perturbée par la
présence des formes réduites.
Les pharmacopées prescrivent de doser les seules formes combinées, les formes libres étant à
exclure car inactives 5 voir schéma).
EXTRAIT AQUEUX
CHCl3
(HCl)
Oxydation (FeCl3)
Hydrolyse (HCl)
HYDROLYSAT
Aqueux
Ether
PHASE ETHEREE
Phase aqueuse
Evaporation
Magnésium acétate 0,5% dans MeOH
SOLUTION METHANOL
Lire au spectrocolorimétrie à 515 nm et
Faire une gamme étalon
La consommation des dérivés anthracéniques est très importante, car la constipation est une
affection très répandue. Elle est très souvent due à un régime alimentaire non équilibré.
Dans certaines pharmacopées traditionnelles, les plantes laxatives sont largement prescrites
(conception particulière de la maladie).
Les drogues sont utilisées en nature (tisanes), sous forme de préparation galénique (poudres,
extraits) ou pour l'extraction des anthracénosides purs. Les plantes les plus utilisées sont : le Séné ou
Cassia angustifolia (gousses et folioles), la Bourdaine ou Rhamnus frangula (écorces), le Cascara ou
Rhamnus purshiana (écorces, tige), les aloès ou Aloe sp. (suc épaissi), la Rhubarbe ou Rheum
officinale (racine-rhizome).
6) CONCLUSION
Comme nous venons de le voir, les hétérosides anthracéniques servent tous au même emploi :
accélération du transit intestinal, qui est modulé suivant la dose administrée. Ils servent à combattre la
constipation, aussi sont-ils très souvent utilisés en automédication. Cet automédication comporte un
danger : l'abus et l'habitude. Il faudrait pour remédier à cela insister sur la nécessité d’avoir une
alimentation équilibrée : pas trop de féculents, présence de fibres alimentaires par exemple.
Par ailleurs ces anthracénosides sont à éviter en cas de grossesse, car il y a un risque de
passage transplacentaire des génines.
Trois espèces sont inscrites à la Pharmacopée africaine : Cassia acutifolia Del. ou Séné
d’Alexandrie ou de Khartoum ; Cassia angustifoliaVahl. ou Séné de l'Inde ou de Tinnevelly. Cassia
italica Mill. ou séné du Sénégal. On utilise folioles et fruits mûrs séchés.
a) Botanique
Les Sénés sont des sous-arbrisseaux des régions sèches d’Asie et d’Afrique. La tige ligneuse et
dressée porte des feuilles composées paripennées ; les fleurs jaunes, sont de type 5. Le fruit est une
gousse déhiscente à deux valves.
b) Caractères de la drogue
- macroscopiques : certains caractères permettent de distinguer les drogues des deux espèces :
taille des fruits, des folioles…
- Pular : faladièn
- Wolof : laïdur
- Sérère : laidur
Les feuilles (et à défaut les racines ou les écorces quand, pendant la saison sèche, l'arbrisseau est
défeuillé), sont couramment utilisées comme purgatif proprement dit et purgatif de dérivation d'où
découlent les principales indications : constipations, helminthiases, affections hépato-biliaires, maladies
vénériennes.
d) Chimie
Les drogues renferment 2-4% de dérivés anthracéniques constitués par :
- des formes libres en faible proportion : rheine, aloeémodol, chrysophanol.
- des formes combinées (80-90%) représentées par des dimères d’homodianthrone
(sennidines A et B) et d’hétérodianthrones (sennidines C et D).
Sennidines A e B, stéréo-isomères par les carbones 10-10’, sont des diglucosides (8-8’) de
dirhéine-anthrones (deux rheines sous forme anthronique). Les sennidines C et D sont des diglucosides
(8-8’) de rhéine-anthrone et d’aloeémodol-anthrone (également stéréoisomères en 10-10’). Les
sennidines A et B représentent 50% des hétérosides des folioles ; ils se retrouvent très peu dans les
gousses.
Par ailleurs, on trouve 10 à 15% de 0-glucosides d’anthraquinones (rhéine et aloeémodol) et
certains auteurs signalent la présence de glucosides primaires A et B.
Il est admis aujourd’hui qu’il n’existe dans la plante que des monoglucides d’anthrones et une
faible proportion d’anthrones libres. C’est au cours du séchage que se forment, par réaction
enzymatique (entre 20°C et 40°C), les sennosides dimères et des glucosides d’anthraquinone.
e) Essais
- Botanique : recherche de falsification.
- Physico-chimiques
• Réaction à l’acétate de magnesium
• Recherche de proanthocyanidols pour détecter la falsification par Cassia auriculata :
extrait alcoolique +H2SO4 ne doit pas donner une coloration rouge.
f) Action et emplois
L'activité est laxative à une certaine dose. Elle s’exerce sur le côlon 10 à 12 heures après
ingestion (l'action est beaucoup plus rapide en lavement). Les Sénés sont actuellement les purgatifs les
plus utilisés :
- Sous forme galénique : poudre, infusé, sirop, lavement.
- En spécialités :
• Seuls : SennokotND (poudre de fruit sans graines), PursenideND (sennosides
A et B purs)
• Associés à d’autres drogues purgatives : TamarineND.
REMARQUE
La croyance répandue faisant état de l'existence d’une résine toxique que l'on extrait par
lavage à l'alcool est sans fondement. (Plant. Med. Phytothér., 1985, XIX, n°1, 57-61).
Les écorces desséchées de la tige et des branches sont inscrites à la Pharmacopée africaine
1985.
a) Botanique
C’est un arbuste originaire d’Europe, commun en France, surtout sur les terrains frais et
humides. Les feuilles sont elliptiques, alternes, entières. Les fleurs de type 5, blanc-rosé ou verdâtre,
sont groupées à l'aisselle des feuilles. L'écorce est lisse, brun-rougeâtre avec de petites taches grisâtres
(appelées lenticelles). Ces écorces sont récoltées au moment de la floraison.
b) Caractères de la drogue
La surface externe brunâtre parsemée de lenticelles (taches brunâtres) ; surface interne brun-
orangé lisse, avec des stries longitudinales.
d) Essais
- Botaniques
- Physicochimiques
• Réaction à l’acétate de magnésium
• CCM avec des témoins.
L'on vérifie l'absence d’anthrones par la réaction à la nitrosodiméthyl-aniline (pas de
coloration gris-bleu). La tache rouge la plus importante, obtenue avec la potasse, est le
glucofranguloside.
- Dosage des glucofrangulosides (Pharm. fr. IXèd.) : On procède de la même façon que pour le
Séné ; ici on élimine les hétérosides secondaires (franguloside) en même temps que les génines (extrait
à l'éther) : minimum 6% de glucofrangulosides A et B anhydres.
Chimie : 10-12% des dérivés anthracéniques représentés par des formes libres
(émodol, aloeémodol, chrysophanol) et des C-hétérosides principalement représentés par les
cascarosides.
Essais :
- Mise en évidence des O-hétérosides, des C-hétérosides (hydrolyse oxydante).
- Dosage des cascarosides : minimum 8% d’anthracénosides dont 60% de
cascarosides.
Action et emploi : l'action est voisine de celle de la bourdaine, mais plus irritante à
cause des C-hétérosides. Le cascara est surtout employé aux USA. En France on en trouve
dans : dragées FucaND,
grains de ValND, péristaltineND.
La drogue est fournie par le suc séché des feuilles de l'Aloès du Cap (Aloe ferox
Miller) et de ses hybrides d’une part et d’autre part de l'Aloès des Barbades A. vera L. . Ils figurent
tous à la Pharmacopée africaine 1985.
a) Botanique
c) Chimie
Les dérivés anthracéniques constituent 20% de l'Aloès du Cap et 30% de l'Aloès des
Barbades. La composition est la suivante :
- formes libres en très faibles proportions (aloe-émodol)
- surtout des hétérosides presque exclusivement représentés par l'aloïne ou barbaloïne
(C-hétérosides de l'aloe-émodol-anthrone). On rencontre également l'isobarbaloïne (un mélange) et
des dérivés O-rhamnosides (en 1) de l'aloïne.
d) Essais
- Mise en évidence des formes réduites par la réaction de Schouteten au borate de
sodium.
- CCM : la tache principale (jaune) correspond à l'aloïne.
- Dosages des anthracénosides (minimum 18% exprimée en aloïne.
e) Action et emploi
Laxatif et purgatif, l'aloïne entre dans la composition de nombreuses spécialités :
IdeolaxyND, Grains de ValsND, AloïneND…
La rhubarbe est à l'origine importée de Chine, aujourd’hui elle est cultivée en Europe
occidentale. La drogue est constituée par la racine et le rhizome.
Chimie : la rhubarbe renferme 2 à 4% de dérivés anthracéniques composés de :
- formes libres (très peu)
- glucosides d’anthraquinones mono ou diglucosides de chrysophanol, émodol, physcion et
rheine.
Glu O O OH
RO CH3
O
Glucofranguloside A (R = rhamnose)
Glucofranguloside B (R = apiose)
Glu O O OH
CH3
CH2OH
O O OH
Glu
Palmidine B
Glu O O OH
OH O OH
CH2OH
H Glu CH2OH
H Glu
I. DEFINITION
Les alcaloïdes constituent un groupe chimique très hétérogène, difficile à définir précisément.
Le terme alcaloïde est généralement appliqué aux substances organiques basiques azotées et douées de
propriétés physiologiques.
Les alcaloïdes, substances basiques, se trouvent dans le végétal sous forme de sels solubles ou
alors sous forme de complexes tanniques insolubles. Tous les organes peuvent en contenir : écorces
(quinquinas), racines (ipéca), feuilles (coca), graines (colchique).
Leur rôle dans la plante est mal connu ; cependant ce sont des métabolites actifs et non inertes
comme on l’a longtemps supposé.
III. STRUCTURE
Les structures, très hétérogènes, sont caractérisées par la présence d’un ou de plusieurs atomes
d’azote déterminant ainsi des fonctions amines primaires, secondaires, tertiaires ou quaternaires.
La classification se fait selon le noyau de base constitutif de la structure . Celui-ci peut être
monocyclique ou le plus souvent polycyclique.
IV. BIOGENESE
Le processus de biosynthèse des alcaloïdes dans la plante ne peut être envisagé dans un cas
général ; cependant ce processus met en jeu des acides aminés et chaque groupe d’alcaloïdes est à
examiner séparément (conférer Chapitres suivants).
N
H
Indole
Tropane
N
N
Quinoleine Isoquinoleine
N N N NH
N N N N
Pyrimidine Imidazole Purine
Caractères physiques
Solubilité
Elle est fonction du pH.
En milieu alcalin, les alcaloïdes sont sous forme de bases et sont insolubles dans l’eau, mais
solubles dans les solvants apolaires (éther, benzène, chloroforme, etc…).
En milieu acide les alcaloïdes sont sous forme de sels, ils sont alors solubles dans l’eau, mais
insolubles dans les solvants organiques apolaires.
Noter que l’alcool est capable de dissoudre les deux formes (base et sel).
Ce comportement intéressant va engendrer trois modes d’extractions (voir plus loin).
Réactions de précipitation
Les sels d’alcaloïdes (milieu acide) donnent des réactions de précipitation avec
certains réactifs :
La poudre de plante est humectée d'une solution alcaline; les alcaloïdes présents sont déplacés
de leurs sels naturels et se retrouvent sous forme de bases libres. L’alcali utilisé peut être faible
(NH4OH, CO3Na2…) ou fort (KOH, NaOH). (Voir remarques importantes en fin de chapitres).
Les alcaloïdes sont alors extraits par un solvant organique (Benzène, chloroforme, éther,
dichlorométhane…). L'extrait d'alcaloïdes bases ainsi obtenu renferme également des substances
liposolubles (graisses, terpènes, caroténoïdes…). En agitant cet extrait organique avec une solution
aqueuse acide, les alcaloïdes passent dans la phase aqueuse sous forme de sels de l'acide utilisé.
Lorsqu’on trempe la plante dans une solution aqueuse d’acide (HCl, H2SO4, HCO2H),
les alcaloïdes sont extraits sous forme de sels de ces acides. La solution aqueuse d’alcaloïdes
totaux renferme également d'autres substances hydrosolubles (sucres, sels minéraux,
protides…). La solution aqueuse est alcalinisée puis agitée avec un solvant organique qui
extrait uniquement les alcaloïdes bases libres.
L’alcool est souvent acidifié ; on obtient ainsi un solution alcoolique de sels d’alcaloïdes
Après avoir ajouté de l’eau à l’extrait, l’alcool est éliminé par distillation sous vide. Après filtration, la
solution aqueuse obtenue est alcalinisée et les alcaloïdes bases extraits par à l'aaide d'un solvant
organique.
Quelque soit la méthode adoptée, les alcaloïdes totaux sont presque toujours obtenus sous forme de
résidu d’alcaloïdes bases, plus faciles à manipuler.
L’obtention d’un alcaloïde à l'état pur à partir d’un totum d'alcaloïdes bases se fait après
séparation faisant appel à des méthodes variées parmi lesquelles les méthodes
1. CARACTERISATION GENERALE
Elle se fait avec les extraits aqueux acides, par précipitation avec les réactifs généraux des
alcaloïdes :
- avec le réactif de Valser-Mayer on obtient un précipité blanc-jaunâtre.
- avec le Draggendorf on obtient un précipité rouge orangé.
2. CARACTERISATION SPECIFIQUE
L'identification des alcaloïdes est effectuée par :
- Chromatographie sur couche mince (CCM) en présence de témoins. La CCM est une
méthode appliquée dans tous les cas pour apprécier la pureté d’un échantillon.
- Réactions particulières de coloration : certaines fonctions ou certains noyau
structuraux peuvent avoir des réactions de coloration plus ou moins spécifiques ( noyaux tropane,
indole, cardénolides, quinine …etc.).
Le dosage s’effectue généralement sur le résidu d’alcaloïdes totaux sous forme bases. Les
résultats sont exprimés en alcaloïdes bases totaux ou en alcaloïde majoritaire. Plusieurs méthodes sont
développées :
Le résidu d'alcaloïdes bases obtenu ainsi que noté plus haut, est pesé et le poids est rapporté à
100g de drogue.
2. DOSAGE VOLUMETRIQUE
Le résidu d’alcaloïdes bases totaux est titré par acidimétrie (Protométrie) selon trois
méthodes :
- Méthode directe : la solution acide titrée est déversée dans une solution
méthanolique des alcaloïdes bases totaux.
- Méthode par retour (plus pratique) consiste à titrer l’acide en excès dans une
solution ayant servi à neutraliser le résidu d’alcaloïdes bases totaux.
- Dosage en milieu non aqueux (les alcaloïdes sont dissous dans l’anhydride
acétique par exemple). Dans ce milieu, la basicité faible des alcaloïdes est exaltée.
Le dosage se fait alors par une solution non aqueuse d’acide fort.
3. DOSAGE COLORIMETRIQUE
Lorsqu’on peut avoir une réaction colorée spécifique, on peut alors utiliser la
spectrocolorimétrie.
La règle générale de solubilité des alcaloïdes bases et de leurs sels souffre de quelques
exceptions et particularités.
1. Bien que les alcaloïdes soient présents sous forme de sels (d’acides organiques,
sulfates…) donc susceptibles d’être extraits par l’eau simple, on a recours généralement à
des l’eau acidifiée (H2SO4, HCl, HCOOH…). Ceci est expliqué par le caractère peu
dissocié des sels organiques d'alcaloïdes.
2. Certains alcaloïdes bases très faibles sont extractibles par les solvants organiques chlorés
en milieu acide, ce qui est contraire à la règle générale. C’est le cas de la réserpine des
Rauwolfia, des bases puriques (caféine, théobromine, théophylline), ces derniers ne
précipitent par ailleurs pas avec les réactifs généraux des alcaloïdes.
4. Les alcaloïdes phénoliques, en milieu alcalin donnent des phénates alcalins (Na+, K+)
solubles dans l’eau et qui rendent les alcaloïdes bases insolubles dans les solvants apolaires, donc non
extractibles dans ces conditions.
GENERALITES
On trouve dans cette famille des alcaloïdes très importants tels que les alcaloïdes
parasympatholytiques des Solanaceae (Hyocyamine, atropine) et ceux anesthésiques locaux des
Erythroxylaceae.
1. STRUCTURE
2. CLASSIFICATION
a/ Esters du tropanol
Retenons deux esters du tropanol et de l’acide tropique (acide hydroyméthyl-
phénylacétique)
Il a été établi, grâce à l’utilisation d’éléments marqués (radioactifs) que les alcaloïdes des
Solanacées se forment dans les racines puis migrent au niveau des feuilles où ils ne subissent que des
modifications mineures.
La formation du tropanol fait intervenir l’ornithine et l’acide acétoacétique.
4. PROPRIETES PHARMACOLOGIQUES
- chez les Solanacées le –OH a une configuration « E » (prendre comme repère l’azote
de l’hétérocycle), ce qui confère à ces alcaloïdes une activité parasympatholytique.
LA BELLADONE
Atropa belladonna
(Pharmacopée africaine O.U.A/CRST 1985)
1. ETUDE BOTANIQUE
Description
La balladone est une herbacée atteignant 1,50m de haut.
Les feuilles sont simples, entières, alternes, géminées au niveau des inflorescences. Les fleurs
sont solitaires ou alors groupées par deux à l’aisselle des feuilles géminées.
Le fruit est une baie noire contenant de nombreuses graines très petites.
Culture
La belladone est une plante européenne cultivée en France, Belgique, Angleterre et
Europe centrale.
Le multiplication est faite par semis de graines sélectionnées (secondairement par voie
végétative). Le sol doit être léger de préférence calcaire. On pratique l’écimage qui augmente
la teneur des feuilles en alcaloïdes.
La drogue
Elle est constituée par les feuilles récoltées en début de floraison ; elles sont séchées dans des
tunnels à 40-50°C.
La drogue a une odeur légèrement vireuse, la saveur peu amère. Au microscope, la poudre est
caractérisée par des débris d’épiderme dont les cellules ont des parois sinueuses et une cuticule striées.
.
O CH3
CH3
C - SCoA N COCH
N Cyclisation
Hydrogénation OH
O
Tropanone
Esters
du tropanol Tropanol
Biogenèse du Tropanol
O CH
O
O
Hyoscyamine (Atropine)
Scopolamine
CH3
N OCH3
O O
O
Cocaïne
Les principes actifs de la feuille de belladone sont des alcaloïdes dérivés du tropane. On
distingue :
des constituants banaux
- sels minéraux 15%
- scopolétol ou méthyl-6-esculoside (une coumarine). Ce constituant présente une fluorescence
bleue en milieu ammoniacal, permettant ainsi de distinguer la belladone des autres Solanacées
des alcaloïdes
Ils sont présents à raison de 0,3 à 1%. Ce sont des esters :
- du tropanol : Atropine et hyoscyamine constituent 90% des alcaloïdes totaux. On
trouve également l’atropamine, ester de l’acide tropique.
- du scopanol : la scopolamine ou hyoscine (5 à 10% des alcaloïdes).
4. ACTION PHARMACOLOGIQUE
a / Essais botaniques
On peut rechercher les falsifications éventuelles par les autres belladones (Atropa acuminata
ou belladone de l’Inde admise par la pharmacopée internationale, et A. baetica ou belladone
d’Espagne). La drogue doit renfermer moins de 3% de tiges.
- C.C.M. de silice avec l’extrait d’alcaloïdes bases totaux ; on élue par le système
acétone-eau-NH 0H (90-7-3) en présence de témoins d’atropine, d’hyoscyamine et
d’hyoscine. On observe deux taches correspondant l’une à l’atropine et l’hyoscyamine l’autre à
- Par chromatographie sur papier (éluant Butanol-acide acétique-eau 4-1-5), puis révélation au
réactif iodo-ioduré. L’atropine se colore en rouge, l’hyocyamine en bleu (leur teneur relative
peut être ainsi appréciée).
L’inconvénient de cette méthode est qu’elle ne permet pas de déterminer les proportions
relatives d’hyoscyamine et d’atropine qui n’ont pas la même activité. La teneur minimale en
alcaloïdes est de 0,3M exprimée en hyoscyamine.
Le dosage biologique qui détermine effectivement l’activité est peu pratiqué. Il consiste
à : mesurer la mydriase de l’œil énuclée de grenouille ou alors mesurer l’inhibition des contractions
provoquées par l’acétylcholine sur un intestin isolé de rat (test réalisé couramment au laboratoire de
pharmacologie).
6. EMPLOIS DE LA BELLADONE
Description
La drogue
Elle est constituée par les feuilles. Les régions de culture sont les mêmes que celles de la
belladone, la multiplication se faisant par semis de graines sélectionnées. La sélection porte sur la
richesse en alcaloïdes et sur une plus grande facilité de récolte (variétés inermes à capsules lisses).
Les feuilles sont récoltées juste avant la floraison et desséchées rapidement. Ici l’écimage est
également pratiquée.
La coupe de feuille présente :
- des poils tecteurs pluricellulaires unisériés avec des parois épaisses et ponctuées.
- des macles d’oxalate de calcium dans le mésophylle.
Dans la poudre, on retrouve les mêmes éléments, notamment les poils tecteurs et les macles.
2. COMPOSITION CHIMIQUE
La composition en alcaloïdes est voisine de celle de la belladone. Les 2/3 des alcaloïdes totaux
sont constitués par l’hyoscyamine, contre 1/3 pour la scopolamine.
Il est intéressant de noter que les graines renferment les mêmes alcaloïdes.
4. EMPLOIS
Le Datura officinal (-stramoine) est très peu utilisé ; il possède les mêmes indications
que la belladone.
Spécialités : cigarettes Louis Legras, Cigarettes Schulze.
La scopolamine est utilisée dans le traitement de la maladie de Parkinson.
Spécialités : GenoscopolamineND . VagantylND.
C’est une plante vivace, très velue, poussant dans les zones désertiques d’Arabie,
d’Egypte et d’Iran. Elle possède des feuilles entières, des fleurs jaunes tachées de violet.
minimum. Atropine et hyoscyamine représentent 90% des alcaloïdes toaux non volatiles.
bromhydrates (Hyoscyamine).
Ces alcaloïdes sont prescrits comme antispasmodiques du tractus digestif, des bronches et de
Les Duboisias sont des arbres ou arbustes d’Australie et de la Nouvelle Calédonie. Les
feuilles de Duboisia leichardtii renferment 2 à 4% d’alcaloïdes surtout constitués d’hyoscyamine.
Les feuilles Duboisia myoporoïdes donnent 0,6 à 3% d’alcaloïdes composés surtout de la
scopolamine. On rencontre plusieurs races chimiques à scopolamine.
DATURA METEL
Les feuilles figurent à la pharmacopée indienne comme source de scopolamine. C’est une
herbe annuelle mesurant 40cm à 1m de haut, poussant en Inde, Egypte, Sénégal…
Les feuilles renferment 0,50% d’alcaloïdes composées surtout de scopolamine.
Erythroxylon coca
1. ETUDE BOTANIQUE
Description
Le cocaier est un petit arbuste originaire de la Bolivie et du Pérou. Les feuilles sont isolées, stipulées,
entières, ovales. Les fleurs sont petites, blanches, groupées à l’aisselle des feuilles. Le fruit est une
petite drupe rouge.
Culture et récolte
Le cocaier est cultivé depuis une longue date par les péruviens qui en font une grande consommation
pour ses propriétés existantes (masticatoire). L’arbuste est taillé afin qu’il ne dépasse pas 1,5m ce qui
facilite la récolte ; celle-ci est exclusivement manuelle. Les feuilles sont récoltées 3 à 4 fois par an,
rapidement séchées à l’ombre ou dans des séchoirs conditionnés.
La drogue : La feuille est entière ovoïde, assez mince. On observe deux lignes très visibles de
part et d’autre de la nervure (traces de préfoliation). Au microscope : l’épiderme inférieur comporte
des épaississements lui donnant un aspect festonné.
La drogue se conserve très mal (perte de 50% des principes actifs après 4 ans de conservation).
2. COMPOSITION CHIMIQUE
Le coca de Bolivie et celui du, Pérou ont sensiblement la même composition chimique.
a- Principes banaux : la feuille renferme des tanins, des flavonoïdes et une huile
essentielle.
- Les bases fixes sont des esters du pseudotropanol carboxylique (ou ecgonine). On
rencontre :
3. ACTION PHYSIOLOGIQUE
L’action de la drogue totale diffère de celles des alcaloïdes seuls.
a- Les alcaloïdes
La cocaïne, alcaloïde majeur, est l’anesthésique local type, de référence ; elle est utilisée pour
les trois types de d’anesthésie (surface, infiltration, conduction).
La cocaïne est un sympathomimétique de type adrénaline, donc vasoconstricteur. Cette
propriété limite la diffusion du produit, renforce l’action locale et minimise ainsi les risques d’accident
nerveux.
Son action sur le SNC se traduit à faible dose par une action stupéfiante. L’intoxication
chronique s’installe (cocaïnomanie). La cocaïne est une drogue dure. La cocaïne possède une action
défatigante sur le muscle strié.
Les autres alcaloïdes ont une action beaucoup plus faible. L’ecgonine et les hygrines
sont dépourvues d’action.
b- La drogue entière
Elle possède une action tonique et défatigante due à la cocaïne et aux tanins.
Noter que la drogue débarrassée des alcaloïdes conserve en partie cette action défatigante
tonique recherchée dans certaines boissons.
Les feuilles de coca utilisées comme masticatoire ont le même effet, provoquant en plus un
fourmillement de la langue (anesthésie locale). Une intoxication chronique peut en résulter.
- Extraction de la cocaïne
Elle est faite de manière licite au Pérou et aux USA. On utilise le chlorhydrate de cocaïne
comme anesthésique local aux doses de 0,03 à 0,06g maximum.
CONCLUSION
1. DEFINITION
Les alcaloïdes indoliques renferment dans leur structure un noyau indole et ses dérivés
(dihydro-indole et oxindole).
Ce sont généralement des alcaloïdes sympathomimétiques rencontrés chez les Rubiacea
(yohimbe) et les Apocynaceae (Rauwolfia, Petite Pervenche). Certains sont actifs contre les tumeurs
(Pervenche de Madagascar).
Il faut enfin remarquer que la découverte des alcaloïdes indoliques a marqué un grand pas dans
le traitement de l’hypertension artérielle (Réserpine) et des leucémies (Vincaleucoblastine).
2. CLASSIFICATION
Les alcaloïdes indoliques sont habituellement classés en deux groupes selon leur origine
biogénétique :
3. BIOGENESE
Le noyau indole dérive du tryptophane qui réagit avec différents substrats selon
l’alcaloïde considéré : avec le sécologanoside pour donner les alcaloïdes des Rauwolfias, et avec
l’acide mévalonique pour donner les alcaloïdes de l’Ergot de seigle (voir monographies).
H3CO2C O
NH
N
HH H
Sécologanoside
OGlu
H
O
H3CO2C
Strictosidine (vincoside)
NH
N
HH H
CHO
H NH
N
HH H
O -H
OH
H
O
H3CO2C
3 N
N H
HH 20
15
Alcaloïdes H
indolomonoterpéniques 18
Geissoschizine
OH
LES RAUWOLFIAS
Les Rauwolfias appartiennent à la famille des Apocynaceae. Leur intérêt thérapeutique, très
grand, est dû à la présence dans leurs racines d’alcaloïdes indoliques ou indoliniques possédant des
propriétés sédatives, antihypertensives et/ou anti-arythmiques.
On rencontre plusieurs espèces dont R. vomitoria originaire d’Afrique et R. serpentina
d’origine asiatique.
R. serpentina est une plante de la pharmacopée traditionnelle de l'Inde où il est connu sous le
nom « Sarpagandha ». Il y fut utilisé comme fébrifuge et anti-épileptique. Ce n’est qu’en 1952 que fut
isolée de ses racines la réserpine qui se révéla comme un anti-hypertenseur majeur et un
tranquillisant.
L’intérêt grandissant de la réserpine va stimuler la culture de R. serpentina et la recherche
d’autres espèces hors d’Asie. C’est ainsi que furent découverts R. vomitoria en Afrique et R.
tetraphylla en Amérique. Ces deux espèces se sont révélées plus intéressantes pour l’extraction
industrielle de la réserpine (car plus riches en alcaloïdes).
Aujourd’hui la réserpine a en partie perdu de son intérêt au profit des autres alcaloïdes
présents dans la plante et utilisés à d’autres fins : la raubasine (vasodilatateur périphérique) et
l’ajmaline (antiarythmique proche de la quinidine).
1. ETUDE BOTANIQUE
DESCRIPTION
Les Rauwolfias sont des arbres ou des arbustes des régions tropicales humides. Les
Feuilles sont entières, ovales, verticillées par 3,4 ou 5. Les fleurs de type 5 sont de petite taille,
blanches, régulières et disposées en cymes. Le fruit est une baie, la racine est pivotante.
HABITAT
R. vomitoria est une espèce des formations secondaires, répandues dans toute l’Afrique
intertropicale (Sénégal, Mali). Au Sénégal, il n’est fréquent qu’en Casamance maritime où il croît à
proximité des rizières et sur les sols frais.
2.BIOGENESE
La biogenèse des alcaloïdes des Rauwolfias a pour point de départ le tryptophane. Celui-ci est
décarboxylé en tryptamine ; la condensation de celle-ci avec le sécologanoside donne la strictosidine à
partir de laquelle se forme la geissochizine, précurseur de tous les alcaloïdes indolomonoterpéniques
des Rauwolfias.
3. COMPOSITION CHIMIQUE
En dehors des principes banaux (amidon, tanins, stérols…), les principes actifs sont des
alcaloïdes indoliques dont le principal est la réserpine.
La racine entière de R. vomitoria renferme 2 à 3% d’alcaloïdes concentrés dans les écorces ;
ainsi elle est l’espèce la plus riche en alcaloïdes totaux et en réserpine (50% des alcaloïdes totaux).
Les alcaloïdes sont classés en 4 groupes : yohimbane, hétéroyohimbane, sarpagine, ajmaline.
Remarques importantes
Les alcaloïdes des Rauwolfias ont un caractère basique plus ou moins prononcé. On rencontre
des bases très faibles (réserpine, rescinnamine), des bases faibles (raubasine, ajmaline), enfin des
bases très fortes (serpentine). Ces bases auront donc une différence de solubilité, mise à profit pour
leur extraction. Ainsi la réserpine peut être séparée des autres alcaloïdes par extraction au chloroforme
en milieu acide (contrairement au cas général, voir généralités).
N N+
3 N
N
H H H H H CH3
CH3
H H
O O
H3CO2C
H3CO2C
Serpentine
Raubasine
OH
N OH
N
H H
CH3
Ajmaline
La réserpine agit :
- sur le SNC : on observe une action dépressive voisine de celle des neuroleptiques ; ce
qui l’a fait utiliser jadis dans les troubles mentaux. L’action est sédative et hypnotique
sans analgésie ni anesthésie.
La réserpine inhibe l’hyperactivité provoquée par la caféine, l’amphétamine ou la cocaïne.
- sur le SNA : l’action se traduit par une hypotension progressive et particulièrement
prolongée.
Mécanismes d’action : la réserpine provoque la déplétion en noradrénaline au niveau des fibres post-
ganglionnaires sympathiques, ceci en inhibant le mécanisme de recaptage granulaire de la
noradrénaline et celui des monoamines (dopamine et 5OH tryptamine).
Effets secondaires : l’effet le plus important est l’action ulcérogène se traduisant par une augmentation
des sécrétions en général et gastriques en particulier (on observe notamment une galactorrhée).
L’implication de la réserpine et des alcaloïdes des Rauwolfias dans la survenue du cancer du
sein a été établi en 1974 (1) mais demeure controversée (2) [(1) Lancet (1974), 2, 669-671. (2) Eur. J.
Clin. Pharmacol. (1984), 26, 143-146].
5. ESSAIS
ESSAIS BOTANIQUES
On cherchera notamment sur une coupe les éléments de distinction des différents Rauwolfia
(suber stratifié ou non,cellules scléruses…).
ESSAIS PHYSICO-CHIMIQUES
- Réactions générales des alcaloïdes
- Caractérisation par CCM en présence de témoin de réserpine et d’ajmaline. On révèle
les plaques à l’UV ou la réserpine apparaît en jaune verdâtre, l’ajmaline en bleu foncé.
Avec l’iodoplatinate, la réserpine apparaît en rose et l’ajmaline en violet.
- Dosage des alcaloïdes type réserpine, comme l’indique la Pharmacopée africaine
1985 (page 200).
- Dosage des bases faibles.
Les formes galéniques obtenues à partir de R. sepentina (seule officinale) sont d’un usage très
restreint. Les autres (R. vomitoria et R. tetraphylla) sont les plus utilisés et cela pour l’extraction des
alcaloïdes.
La réserpine est inscrite à la Pharmacopée française IXè Ed., utilisée comme neuroleptique et
antihypertenseur à la dose de 0,50-1,50 mg/24H. Spécialités : SERPASIL, TENSIONORME.
Alcool acétique
Solution alcoolique
des alcaloïdes totaux
H2O/H2SO4
CHCl3
Evaporation
+ alcool +Na2NO2
Résidu Spectrophotométrie
+ H2SO4
+ Sulfamate d'ammonium
a) BOTANIQUE
La petite pervenche est une plante herbacée, vivace poussant dans les sous-bois.
Elle possède des tiges sarmenteuses couchées et des tiges florifères dressées. Les feuilles sont
entières, persistantes.
La petite pervenche ou Pervenche officinale est cultivée dans les pays à climat tempéré (Europe de
l’Est notamment). La drogue est constituée par les feuilles.
b) COMPOSITION CHIMIQUE
Les principes actifs sont des alcaloïdes indolomonoterpéniques (0,4 à 1% du poids sec) dont
le principal est la vincamine (10 à 15%).
On rencontre des alcaloïdes secondaires tels que la vincadifformine.
c) ACTION PHYSIOLOGIQUE
Les feuilles de la petite Pervenche furent utilisées comme astringent et vulnéraire en usage
externe, antilaiteux par voie interne. Aujourd’hui, la drogue est utilisée pour l’extraction des alcaloïdes
totaux, la vincamine étant obtenue par d’autres voies.
Les alcaloïdes sont sympatholytiques, vasodilatateurs périphériques. Ce sont en particulier des
oxygénateurs et vasorégulateurs cérébraux.
La petite pervenche sert à l'extraction des alcaloïdes totaux spécialisés sous le nom de
RUTOVINCINE. La vincamine, obtenue par hémisynthèse à partir de la tabersonine, est prescrite
dans les troubles psycho-comportementaux de la sénescence cérébrale et les troubles post-
commotionnels des traumatisés crâniens (trouble de la mémoire et de l’attention).
Spécialités : PERVINCAMINE, PERVONE…
1. ETUDE BOTANIQUE
La Pervenche de Madagascar est un sous-arbrisseau, très répandu dans les régions tropicales.
La tige ligneuse, atteignant 80 cm de haut, porte des rameaux dressés. Les feuilles sont coriaces,
oblongues, opposées. Les fleurs de type 5, sont blanches à rose violacé. Le fruit est une follicule
double renfermant de nombreuses graines.
La drogue est constituée, d’une part par les parties aériennes, d’autre part par les racines (ces deux
parties n’ayant pas le même usage). Elle est obtenue à partir des plantes de culture (Madagascar,
Australie, USA, Amérique du sud).
3. ACTION PHYSIOLOGIQUE
Les différentes parties de la plante sont utilisées depuis fort longtemps en médecine populaire
comme antidiabétique, dépuratif, fébrifuge, vermifuge, etc…
L’activité antitumorale est devenue prépondérante. Elle a été découverte fortuitement lors de
la recherche du principe antidiabétique (les animaux d’expérience décédaient de leucopénie).
Les alcaloïdes dimères sont responsables de l’action oncholytique. La VLB est un
antimitotique inhibant la biosynthèse des ADN et ARN solubles (blocage de la formation des
microtubules). La VCR a la même activité, mais plus forte et plus toxique. La toxicité se manifeste par
une neutropénie et une neuropathie.
Les parties aériennes servent à l’extraction de la VLB et VCR. Le sulfate de vinblastine est
utilisé en perfusion i.v. lente, une dose de 0,1 à 0,5 mg/kg tous les 7 jours, dans le traitement de la
maladie de Hodgkin, les lymphosarcomes, les réticulosarcomes, les leucémies aiguës…
Le sulfate de vincristine est également administré en perfusion i.v. lente, essentiellement dans
les leucémies lymphoblastiques aigues. La surveillance du traitement est très stricte.
Spécialités : ONCOVIN (VCR), VELBE (VLB).
De nombreux dérivés des alcaloïdes dimères du Catharanthus ont été synthétisés, un seul est
commercialisé : Vindésine préparée à partir de la VLB :
Spécialité : ELDISINE (sulfate).
N N
H
OH N
OCOCH3 H
H3CO N CO2CH3
H
CO2CH3 Catharanthine
Vindoline
-
OH
COO N
N
H
R N N
R = CHO : Vincristine
R = CH3 : Vincaleucoblastine
1. DEFINITION
2. ETUDE BOTANIQUE
a) Cycle évolutif
Ce cycle comprend deux phases :
- La phase sexuée : le sclérote formé sur les épis de seigle tombe au sol à la fin
de l’été et y passe l’hiver. Au printemps suivant apparaissent des stromas (corpuscules pédicellés) qui
sont les organes de la reproduction sexuée. Ces stromas renferment des ascospores filiformes
contenus dans des asques (sacs), ces derniers logés dans des périthèces (cavités situées à la périphérie
des stromas).
Les ascospores sont libérés des stromas et véhiculés par le vent ou les insectes jusqu’aux fleurs de
seigle.
- La phase asexuée : avec la faveur de l’humidité, les ascospores germent sur les
fleurs de seigle, donnant des filaments (hyphes) qui envahissent les ovaires. Ces ovaires sont
transformés en des masses blanchâtres appelées sphacélies. Dans les sphacélies se forme un liquide
visqueux, sucré (ou miellée du seigle) qui englue des conidies (organes de la reproduction asexuée.
Les insectes attirés par la miellée, disséminent les conidies sur d’autres fleurs de seigle.
Les ovaires ainsi envahis de hyphes avortent et se transforment en une masse compacte dont la base
s’allonge et devient cornée pour constituer le sclérote. Le cycle recommence au printemps suivant.
b) Culture et récolte
Les ergots sauvages (spontanés) sont rares de nos jours. On les trouve en Europe Centrale
(Pologne, Hongrie) en en URSS.
Obtention des conidies : Les spores de races sélectionnées sont semées dans des tubes
renfermant un milieu nutritif riche en glucides. Il se développe un mycélium qui donne une multitude
de conidies. Celles-ci sont récupérées et serviront à infester les champs de seigle.
L’infestation des champs se fait par pulvérisation ou par infection de préférence. Dans cette
dernière méthode, on pique les ovaires à l’aide de pointes creuses reliées à la suspension de conidies
(l’opération est mécanisée). Au bout de 15 jours apparaît la miellée de conidies qui répand l’infection.
La production de sclérote est favorisée par un temps chaud et humide. Le rendement est d'environ 200
kg/ha.
La première récolte (mécanisée) se fait avant maturité complète des sclérotes (avant qu’ils ne
tombent sur le sol). La deuxième se fait 15 jours après la première et correspond aux sclérotes
issus de l’infestation par les insectes à partir de la miellée.
c) La drogue-conservation
Les sclérotes sont des masses allongées plus ou moins arquées, amincies aux deux extrémités ;
ils mesurent 1-4 cm de long sur 2-7 de section (l’ergot de culture est généralement plus gros que le
sauvage). La surface est noir violacé avec plusieurs sillons longitudinaux. La cassure est nette,
blanchâtre au centre.
Les ergots se conservent mal, surtout en milieu humide (attaque des insectes et des
moisissures). On les conserve dans des flacons bien bouchés renfermant un déshydratant comme la
chaux. Le stock doit être renouvelé fréquemment car les alcaloïdes s’isomérisent au cours de la
conservation et deviennent inactifs.
4. COMPOSITION CHIMIQUE
a) Principes banaux
- eau, minéraux, glucides.
- aminoacides très variés : Leucine, Valine, Tyrosine, Arginine, Tryptophane.
- Forte teneur en lipide (20 à 40%) renfermant des acides gras insaturés ; le
rancissement facile de cette huile est à l’origine de la mauvaise conservation de l’ergot.
- Matières colorantes dérivant des chromones (ergoflavine) et des anthraquinones
(sclérérythrine) de couleur rouge.
N
H
ergométrine
OH N
O H O
H3C N
NH
O
O C
N CH3
N OH N
H CH3
ergotamine O H O
H3C HC N
CH3
NH
O CH3
O C
N CH3
N
H
ergocornine
La toxicité de l’ergot de seigle est connue depuis le moyen âge. Les farines souillées étaient à
l’origine de fléau épidémique nommé ergotisme , populaire sous les nom de «mal des ardents » ou
« feu de Saint-Antoine ».
L’intoxication se manifeste par des brûlures d’estomac et la gangrène des extrémités ou alors
par des convulsions.
L’activité de l’ergot est due à la fois aux amines et aux alcaloïdes. Elle se manifeste sur le
SNC, le SNA sympathique et sur les fibres lisses.
Sur le SNC, on observe une excitation pouvant se traduire par des hallucinations ; une
vasodilatation d’origine centrale due surtout au groupe de « l’ergotoxine » (l'action est antisérotonine).
L’action sur le SNA se traduit par une action adrénolytique avec effet antihypertenseur et
antisérotinine. Par ailleurs, on observe une vasoconstriction des vaisseaux et une contraction de
l’utérus (effet observé notamment avec la tyramine).
Action sur les fibres lisses : On observe une action ocytocique due à l’ergométrine,
l’ergotamine et l’ergotoxine, action non accompagnée d’hypertension car compensée par l’histamine
et l’action adrénolytique des alcaloïdes.
Relations structure-activité
L’action sur le SNC est due au motif ergoline, analogue structural des amines biogènes
(Dopamine, noradrénaline, sérotonine) d’où l’affinité de ces alcaloïdes pour des récepteurs de ces
amines. Cette analogie structurale est retrouvée chez un dérivé de synthèse, la LSD25, puissants
hallucinogènes prohibés.
Les dérivés de l’acide lysergique sont plus actifs que ceux de l’acide isolysergique. L’action
sympatholytique est due aux polypeptides car l’ergométrine ne possède pas cette activité. D’autres
paramètres interviennent notamment la double liaison en 9-10 importante pour l’action ocytocique (la
dihydroergotamine est inactive sur l’utérus).
Pour certaines clavines, on a observé une activité antitumorale (Planta Medica (1986), n°4,
290). La relation structure-activité suivante a été observée : parmi les clavines naturelle, seules sont
actives les 8-methyl ergolines. Les ergolines ayant un oxygène en 17 sont moins actifs que les non
substitués par un oxygène ; les hydroxyméthylergolines deviennent actives par propylation sur l’azote
1.
6. ESSAIS DE L’ERGOT
a) Essais botaniques
Ces essais sont peu importants car l’ergot de seigle est rarement falsifié car
facilement reconnaissable par sa forme. L’odeur de la poudre est désagréable et est exaltée lorsqu’on
triture la poudre avec un alcali.
b) Essais physico-chimiques
L’ergot de seigle est aujourd’hui utilisé uniquement pour l’extraction des alcaloïdes à partir
desquels de nombreux dérivés hémisynthétiques sont préparés.
L’ergométrine donne le méthylergométrine utilisé sous forme de maléate comme tonique
utérin et ocytocique ; il est prescrit pour la prévention des hémorragies du post-partum.
La nicergoline est un adrénolytique puissant prescrite dans les mêmes indications que la
dihydroergotoxine, sans effet indésirable notable : SERMION.
Les quinquinas sont des Rubiaceae originaires d’Amérique du Sud, où ils croissent à l’état
sauvage dans la Cordillère des Andes, sur le versant oriental humide des différentes chaînes. C’est au
XVIIè siècle que des Missionnaires Espagnols après la découverte du Pérou, ont reconnu les vertus
fébrifuges des écorces de quinquinas.
Bien plus tard, ces plantes furent classées dans le genre Cinchona par LINNE en 1742.
Ce nom étant attribué en l’honneur de la princesse Chinchon, femme du Vice-Roi du Pérou, qui aurait
été guérie des fièvres par ces écorces.
A cause de l’intérêt grandissant de ces plantes, elles furent introduites et cultivées dans
plusieurs pays. Les quinquinas sont actifs par la présence d’alcaloïdes dont le plus important est la
quinine. Cet alcaloïde isolé pour la première fois en 1820 par les Pharmaciens PELLETIER et
CAVENTOU, s’est révélé un antipaludéen majeur.
Par la suite d’autres alcaloïdes extraits des quinquinas se sont révélés intéressants en particulier la
quinidine qui a des propriétés antiarythmiques.
Actuellement quatre espèces de quinquina sont exploitées : Cinchona succirubra (quinquina
jaune), C. ledgeriana (variétés de quinquina jaune) et C. officinalis (quinquina gris).
1. ETUDE BOTANIQUE
DESCRIPTION DE LA PLANTE
Les Cinchona sont des arbres de 10 à 15 m de haut, à feuilles opposées, pétiolées, pourvues à
la base de 2 stipules. Leur limbe est elliptique plus ou moins ovale penniverve.
Les fleurs, en grappes de cimes terminales, sont régulières, du type 5, blanches ou rosées. Le
calice présente 5 dents, la corolle est tubuleuse puis évasée en 5 lobes.
Le fruit est une petite capsule ovale-oblongue, à déhiscence septicide par 2 valves. Les graines
sont petites, ailées, aplaties.
Il existe de nombreuses espèces du genre Cinchona (40). On exploite notamment les espèces
suivantes : C. succirubra, C. calissaya, C. officinalis, C. ledgeriana. Il existe également des hybrides :
C. hybrida, issu du croissement de C. ledgeriana x C. succirubra, C. robusta issu de C. succirubra x
C. officinalis.
La multiplication se fait par les graines, parfois par boutures. Les greffes sont également
utilisées.
Espèces cultivées
C. succirubra est l’espèce la moins exigeante et la plus vigoureuse ; elle est surtout utilisée
comme porte-greffe car ses écorces sont relativement peu riches en alcaloïdes.
Caractères de la drogue
La drogue est constituée par les écorces du tronc, des branches ou des racines. Les écorces de
tronc se présentent en morceaux plats ou légèrement cintrés, celles des branches en tuyaux ; les
écorces de racines sont en petits fragments plats, de faible épaisseur.
Autres quinquinas
- Quinquina jaune : l’écorce, généralement privée de suber, est jaune fauve, la cassure
très fibreuse, l’odeur peu aromatique ; la saveur est très amère.
- Quinquina gris : l’écorce est très mince et très enroulée. La surface externe est gris-
brun, l’odeur est agréable, la saveur astringente et peu amère. La poudre est de couleur chamois.
- Cinchona ledgeriana : les caractères sont voisins de ceux du quinquina jaune.
Les principes actifs sont des alcaloïdes dérivés de la quinoleine, dont la teneur varie suivant
les espèces entre 2 et 15% .
La biogenèse des alcaloïdes des quinquinas a pour point de départ le tryptophane, comme le
laisse présager la présence d’alcaloïdes comme la cinchonamine. Le tryptophane, décarboxylé en
tryptamine se combine au sécologanoside (un hétéroside monoterpénique) pour donner la strictosidine,
le cinchonaminal puis la cinchonidinone et la quininone précurseurs des principaux alcaloïdes.
La poudre d’écorces est alcalinisée le plus souvent par un mélange de Ca(OH2) et NaOH, puis
épuisées par un solvant organique (toluène ou hydrocarbures pétroliers divers). La solution organique
d’alcaloïdes est agitée ensuite avec une solution de H2SO4. Par concentration et refroidissement de la
solution aqueuse acide, le sulfate neutre de quinine précipite et le sulfate de quinidine reste en
solution.
La quinine est purifiée par des séries de cristallisations en jouant sur les différences de
solubilité des sels neutres et des sels basiques.
La quinidine est isolée des eaux mères sous forme de tartrate puis purifiée sous forme de
sulfate.
HO OH
HO
Acide quinique
H HO
N
HO N H
H3CO
H3CO
N N
Quinine Quinidine
HO H
H N HO N
N N
Cinchonine Cinchonidine
N NH2
H
+
CHO
Tryptamine Glucose
O
O
H3CO2C
Secologanoside
Intermédiaire
NH
N
H O
O
H3CO2C
OH Vincoside
N
N Quinine-cinchonidine
H
Cinchonamine
La drogue totale, à faible dose possède des propriétés astringentes, toniques, amères (dues aux
tanins). A forte dose, on observe une action antimalarique et antipyrétique.
Précipité Solution
(Tartrate quinine et
cinchonidine) (Tartrate quinidine et cinchonine
NaOH KI
éther
Solution Précipité
Solution Précipité
quinine cinchonine quinidine
cinchonidine
NH4OH
Précipité
cinchonine
Les préparations galéniques à base de quinquinas (le rouge seulement) sont d’un emploi très
limité comme tonique, sous forme de teintures, d'extraits et de vins.
Les quinquinas sont utilisés de nos jours pour l’extraction des alcaloïdes.
L’extrait d’alcaloïdes totaux purifiés est utilisé sous forme de bichlorhydrate en injection
pour combattre l’accès palustre.
Le pavot somnifère est l’une des drogues dont les propriétés sont connues depuis la plus haute
antiquité ; il est mentionné dans une tablette sumérienne de Mésopotamie (4000 avant J.C.).
Au premier siècle de notre ère, DIOSCORIDE distinguait déjà le suc (opos en grec d'où vient
le nom opium) de l’extrait. Au 17ème siècle le laudanum de SYNENHAM fut mis au point par
Thomas SYDENHAM; sont utilisation fut très large au 18è et au 19è siècle. Les vertus du pavot
étaient également connues en Inde et en Chine. Son utilisation en toxicomanie apparut dès le 19è
siècle en Europe et en Extrême Orient occasionnant une consommation accrue.
La morphine, principal alcaloïde du pavot somnifère, fut découverte en 1806 par SEGUIN et
DEROSNE. C’est un antalgique très puissant et très dangereux à cause de la toxicomanie qu’il
entraîne et qui limite aujourd’hui son usage en thérapeutique.
De même son dérivé acétylé (Héroïne = diacetyl morphine) est proscrit. Par contre de
nombreux dérivés sont utilisés comme antitussifs par exemple.
1. ETUDE BOTANIQUE
Description
Le pavot est une plante herbacée annuelle, à tige dressée (mesurant 0,50 à 1,5m). Les feuilles sont
alternes, vert-glauque ; les feuilles de la partie inférieure sont découpées profondément, tandis que
celles supérieures sont simplement dentées.
La fleur est solitaire, terminale et blanche, rose ou violette selon la variété. Le fruit est une capsule
ovoïde ou sphérique renfermant 25 à 30 000 graines très petites. Il existe de très nombreuses variétés
et races dont trois principales :
La variété album ou pavot blanc à fleurs blanches et capsules ovoïdes indéhiscentes (pavot aveugle),
graines blanches. Elle est cultivée en Inde.
La variété glabrum, cultivée en Turquie. Elle a des fleurs pourpres, des capsules globuleuses avec des
graines blanches et noires.
La variété nigrum possède des fleurs violacées, des capsules aplaties déhiscentes par des pores (pavot
à œillettes). Les graines sont grises ou noirâtres. C’est l’espèce cultivée en Europe pour l’extraction de
l’huile d’œillette.
Le pavot est cultivé d’une part pour le suc obtenu par incision des capsules encore vertes
(préparation de l’opium), et d’autre part pour la production de la paille de pavot (capsule + le 1/3
supérieur des tiges). Ainsi on distingue la culture en climat tempéré et la culture en climat chaud.
- Culture en climat chaud :
Elle est traditionnellement réservée à la production de l’opium qui est défini comme le latex
épaissi provenant de l’incision des capsules encore vertes de plusieurs variétés de pavots (les
principales étant album et glabrum).
Les semis des graines se font en automne ; les races à mésocarpe épais sont recherchées, car
les incisions y sont plus facilement pratiquées lors de la récolte du suc.
Les pays autorisés à produire de l’opium, depuis le protocole de New York de 1953, sont au
nombre de 7 : Iran, Inde, Turquie, Grèce, Bulgarie, Yougoslavie et l’ex URSS. Aujourd’hui la
production licite ne se fait qu’en Inde (446 tonnes en 1984), les autres pays ayant abandonné la culture
ou alors ayant décidé de ne produire que la « paille » (Turquie) pour limiter les trafics illicites.
Les cultures illicites sont très répandues notamment en Asie du Sud-Est (Laos, Birmanie,
Thaïlande), au Pakistan au Mexique.
L’opium
L’opium renferme des substances banales telles que : minéraux, glucides, acides organiques
(lactique et méconique).
Les principes actifs sont des alcaloïdes isoquinoléiques (10 à 20%de l'opium), Ces alcaloïdes
(plus de 20 isolés), sont sous forme de lactates, de méconates et de sulfates solubles dans l’eau.
Selon le squelette de base, on distingue 4 groupes d’alcaloïdes :
- La paille de pavot est constituée par la partie supérieure de la plante (tige + feuilles
+ fruit).
Il existe deux procédés d’obtention de cette paille : la première consiste à récolter à maturité
complète, lorsque les feuilles sont desséchées et les graines riches en huile ; la paille est alors
broyée et stockée sous forme de granulés. Le second procédé consiste à récolter « en vert » environ 3
semaines après la floraison ; il faut alors sécher rapidement. Ce dernier procédé permet d’obtenir une
plus grande quantité d’alcaloïdes (-0,3%).
On commercialise également un concentré de paille titrant environ 5% de morphine.
N CH3 H N CH3
O H O
HO HO
Codéine
Morphine
H3CO
N CH3
O O
O N CH3
H3CO H
H
H3CO
O
Thébaïne
OCH3
O
H3CO OCH3
N Noscapine
H3CO
OCH3
OCH3
papavérine
Alcaloïdes du pavot
4. ACTION PHARMACOLOGIQUE
L’action de l’opium résulte des actions cumulées des différents alcaloïdes. On note des cas
d’antagonisme et des cas de potentialisation.
Action de la morphine
Dans l’opium, cette action prime sur celle des autres alcaloïdes. On note une sensibilité
variable suivant l’espèce animale et l’âge (enfants et vieillards sont plus sensibles).
Sur le SNC la morphine a une action à la fois excitante (faible dose) et sédative (forte dose).
Elle entraîne une dépression respiratoire. Elle procure une sensation d’euphorie et de bien- être, avec
accoutumance et assuétude. Ceci fait que la morphine est classée parmi les stupéfiants.
Sur le tube digestif : la morphine provoque des spasmes stomacaux avec vomissements. Les
sécrétions sont diminuées et le péristaltisme intestinal également, entraînant une constipation; d'où
l'action antidiarrhéique des Opiacées.
La pharmacocinétique de la morphine est extrêmement importante, car a permis de découvrir
les peptides analgésiques (enképhalines et endorphines).
La codéine est un excellent antitussif, elle sert de référence. Son action sédative est peu
marquée. Cependant, à doses fortes et des prises prolongées, on peut observer une dépendance
analogue à celle de la morphine.
5. ESSAIS DE L’OPIUM
Les essais sont essentiellement physico-chimiques.
Essais d’identification
Dosage de la morphine
Le dosage est basé sur la solubilité particulière de la morphine. Elle est dosée par acidimétrie
après élimination des autres alcaloïdes. L’opium est d’abord traité par Ca(OH)2 (chaux) : l’acide
méconique précipite, le morphinate de calcium reste en solution. Par addition de chlorure
d’ammonium, on a formation de CaCl2 et d’ammoniaque qui provoque la précipitation de la morphine
base. La morphine est alors recueillie, lavée à l’eau saturée de morphine et à l’éther, puis séchée.
Le précipité est ensuite redissous dans du méthanol bouillant et, après dilution, on titre avec
HCl 0,1N en présence de rouge de méthyle.
L’opium et le pavot sont surtout utilisés pour l’extraction des alcaloïdes. Cependant, l’opium
est encore utilisé sous forme galénique.
1. ETUDE BOTANIQUE
Les ipécas sont des sous-arbrisseaux de 20-40cm de haut, originaires des régions
tropicales humides d’Amérique du Sud ; C. ipecacuanha est originaire du Brésil, C. acuminata de
Colombie et du Nicaragua.
La drogue est constituée par les racines. Les racines de C. ipecacuanha (ou ipéca du Brésil)
se présentent en fragments tortueux de 10 cm x 2 à 4mm ; leur surface, gris noirâtre présente une
succession de renflements circulaires (d’où le nom d’ipéca annelé mineur) séparés par d’étroits
étranglements. Les rhizomes sont des fragments courts adhérents aux racines.
Les racines de C. acuminata (ou ipéca du Nicaragua, de Panama, de Carthagène) ont un
diamètre plus grand, mais de forme voisine de l’ipéca du Brésil.
2. COMPOSITION CHIMIQUE
On trouve des principes banaux tels que tanins catéchiques, un hétéroside azoté
(l'ipécoside).
Les principes actifs sont des alcaloïdes bisisoquinoléiques (2-3%) dont le plus important est
l’émétine (60% des alcaloïdes totaux.) suivi de la céphéline (25%). Ce sont des alcaloïdes
isoquinoléino-monoterpéniques.
La biosynthèse des alcaloïdes des ipéca est assez différente de celle de la plupart des
isoquinoléiques et se rapproche plutôt de la biogenèse des indolo-monoterpéniques. En effet, ces
4. ACTION PHYSIOLOGIQUE
La drogue totale doit ses propriétés à l’émétine qui est un toxique et irritant cellulaire.
Son action s’exerce sur les cellules de certains protozoaires et notamment sur Entamoeba
histolitica (l'amibe dysentérique).
Son action toxique chez l’homme se manifeste par des vomissements, une cardiotoxicité et
une hypertension. Au niveau des bronches on note une action expectrorante.
La céphaeline a une action émétique plus marquée.
Formes galéniques : Poudre titrée à 2% en A.T. ; extrait, teinture et sirop sont utilisés comme
expectorant et le sirop comme vomitif.
L’ipéca entre dans la composition du sirop de Desessartz (antitussif) ou sirop officinal
d’ipecacuanha composé, en association avec le séné, coquelicot, serpolet et le sulfate de magnésium.
Extraction de l’émétine
La céphéline est transformée en émétine par méthylation. Le chlorhydrate d’émétine est
encore l’un des produits les plus actifs contre l’amibiase hépatique (abcès amibien du foie) et reste
utilisée malgré sa toxicité. Dans la thérapeutique courante, on lui préfère son dérivé, la déhydro-2,3
émétine produite par hémi-synthèse. Celle-ci est utilisée par voie orale et par voie parentérale (IM et
SC) dans l’amibiase intestinale et dans l’abcès amibien du foie, les distomatoses hépatobiliaires et
certaines schistosomiases.
LE COLCHIQUE
Le colchique est une plante connue depuis l’antiquité grecque et arabe pour sa toxicité et son
action antigouteuse. Aujourd’hui les graines sont utilisées pour l’extraction de la colchicine.
Le colchique est une plante herbacée poussant dans les prés d’Europe, vivace par son bulbe.
Le fruit est une capsule septicide à 3 loges, contenant 60 à 80 petites graines par loge.
La plante est cultivée en Italie, France, Europe Centrale et Orientale.
La drogue : les graines de colchique sont petites (diamètre ne dépassant pas 3mm), trèd dure
et brun rougeâtre. Le tégument se développe anormalement sur un côté de la graine en formant un
caroncule qui renferme de l’amidon. Pour les besoins de l’extraction, on peut également utiliser le
bulbe qui est récolté en juillet-août avant l’apparition de la hampe florale ou après la chute des
feuilles.
2. COMPOSITION CHIMIQUE
La teneur en alcaloïdes totaux varie de 0,6 à 1,2% pour les graines et de 0,3 à 0,6% pour les
bulbes. Les alcaloïdes sont des amides non basiques dérivés du tropolone ; ils sont solubles dans l’eau
et le chloroforme; ne forment pas de sels définis, mais précipitent avec les réactifs généraux des
alcaloïdes.
Le principal alcaloïde est la colchicine ; elle est accompagné de plusieurs autres substances
tropoloniques (colchicoside …).
3. BIOGENESE
On a fait dériver les tropolones de la phénéthyl-isoquinoléine, mais en réalité cette voie
biogénétique n’est pas évidente ; cependant on peut dire que la phénylalanine (par l’acide cinnamique)
et la tyrosine (par la dopamine) sont incorporées.
La colchicine est un irritant émétocathartique chez l’homme et les carnivores, toxique à forte
dose. Son action antigouteuse se manifeste par une activité anti-inflammatoire, sans action sur la
synthèse de l’acide urique (conférer flavonoïdes). Elle s’élimine lentement, pouvant ainsi provoquer
des accidents digestifs.
La colchicine a une action antimitotique, bloquant la division cellulaire en métaphase et
occasionnant ainsi la formation de polyploïdes (utilisation agricole).
5. ESSAIS
6. EMPLOIS
N.B. Certaines espèces du genre Gloriosa (les graines de G. superba, Liliaceae) sont recherchées
comme source industrielle de colchicine.
OCH3
OCH3
Emétine (R = CH3 )
Céphéline (R = H)
H3C O
H3CO
NH
H
H3CO
H3CO
O
Colchicine OCH3
En fait, le terme d’alcaloïde ne convient pas aux bases puriques, si l’on se réfère à la définition
des alcaloïdes (voir généralités).
En effet ces bases ne donnent pas de précipités avec les réactifs généraux des alcaloïdes ; ils
sont solubles dans l’eau chaude et dans les solvants chlorés.
1. STRUCTURE
Les bases puriques sont des composés à noyau purine, plus précisément xanthine (d’où
le nom de bases xanthiques). Leur structure bicyclique renferme un noyau pyrimidine annelé à un
noyau imidazole.
2. PROPRIETES PHYSICO-CHIMIQUES
Les alcaloïdes puriques sont des bases très faibles directement extractibles par un solvant
organique apolaire, sans déplacement préalable de leurs sels. A chaud, les sels sont dissociés dans les
solvants organiques.
Théophylline et théobromine sont les moins basiques car comportent un hydrogène plus ou
moins mobile (-N-H) conférant à la molécule une certaine acidité.
La mise en évidence de ces composés se fait par une réaction colorée dite « de la murexide»,
mise en œuvre sur un extrait chloroformique en milieu alcalin sur lequel on fait agir de l’eau de brome
ou de l’acide nitrique, puis après addition d’ammoniaque, on obtient une coloration violacée.
3. ESSAIS
OH
HO
O C
OH
HO O
Acide chlorogénique
CH3 O
O
CH3 N CH3 H
N N
O N N
N
O
CH3 CH3
Caféine Théophiline
O CH3
HN N
O
N N
CH3
CH3
Théobromine
4. ACTION PHYSIOLOGIQUE
Remarque : L’action des alcaloïdes est modifiée par la présence de certains composés dans la
drogue totale : les tanins, par les combinaisons insolubles qu’ils donnent, confèrent un effet retardé et
durable. Les flavonoïdes renforcent l’action diurétique.
PLANTES A CAFEINE
1. LE CAFEIER
La drogue appelée café, et constituée par l’amande, provient de Coffea divers notamment de
Coffea arabica et C. canephora de la famille des Rubiaceae.
a) Etude botanique
Description
Les caféiers sont de petits arbres originaires d’Afrique ; leurs feuilles sont persistantes,
courtement pétiolées, à limbe ovale, vert luisant sur la face supérieure. Les fleurs blanches, verticillées
sont très odorantes. Le fruit est une drupe ovoïde verte puis rouge à maturité.
On distingue deux espèces cultivées :
- C. arabica, originaire des hauts plateaux d’Abyssinie (Ethiopie actuelle), possède
des feuilles de 10 à 15cm de long sur 4 à 5cm de large, des fruits de 15 à 20mm de long.
- C. canephora, originaire de l’Ouest africain, est une espèce plus robuste qui se
distingue du précédent par des feuilles plus grandes, des inflorescences plus denses et
des fruits plus petits.
Culture et récolte
La culture, délicate, est réalisée à l’aide de variétés sélectionnées. Coffea arabica var typica et
var « Mokka » sont cultivées au Brésil, Colombie, Arabie et en Inde. Coffea canephora var. robusta
est cultivée dans les régions basses et humides de l’Ouest africain (Côte-d’Ivoire, Congo).
La récolte des fruits, essentiellement manuelle, se fait au moment de leur pleine maturité.
Le café vert
On y trouve 10 à 12% d’eau et 3 à 4% de matières minérales représentées par des phosphates
et sulfates de potassium, calcium et sodium.
Les glucides représentent plus de 50% de la matière sèche ; ce sont surtout des
polysaccharides : cellulose et dérivés, amidon, gommes, mucilages et pectines.
Café torréfié
Au cours de la torréfaction, certaines modifications de la composition chimique on lieu :
d) Essais
- Vérifications de caractères organoleptiques : odeur, goût, couleur.
- Dosage de la caféine (voir généralités).
e) Action physiologique
En dehors de l’action physiologique de la caféine, il faut noter l’action particulière des acides
chlorogéniques doués de propriétés stimulantes, diurétiques, expectorantes.
f) Emploi du café
Le café est le premier produit agricole d’exportation des pays non développés (5,6 millions de
tonnes en 1983). Le café produit sert à fabriquer différents produits :
Le café soluble est un nébulisat ou un lyophilisat d’un extrait aqueux.
Extraction de la caféine
Une partie de la caféine utilisée dans l’industrie pharmaceutique ou pour charger les boissons
à base de cola, provient de la préparation des cafés décaféinés. On en extrait également des suifs
provenant de torréfaction.
La caféine est utilisée comme excitant cortical et analeptique cardiaque dans plusieurs
spécialités par voie orale ; par voie externe comme anti-adipeux dans les surcharges adipeuses sous-
cutanées (PERCUTAFEINE GEL).
2. LE THEIER
a) Etude botanique
La culture du théier exige un climat chaud (>20°C) et humide, une altitude comprise entre
1000 et 2000m. L’arbuste est fréquemment taillé, ce qui favorise la ramification et la pousse de jeunes
feuilles.
La récolte se fait plusieurs fois par an et commence chez les plantes de 3 ans jusqu’à 12 ans.
Cette récolte est exclusivement manuelle ; les bourgeons terminaux accompagnés de quelques feuilles
(4 à 5) sont cueillis. Les bourgeons foliaires non épanouis constituent le thé « Pékoé ».
Les feuilles, une fois récoltées, vont subir des transformations pour donner deux types de
thés : les thés verts et les thés noirs.
Les thés verts sont obtenus par stabilisation des feuilles à la vapeur d’eau suivie d’une
torréfaction, elles sont ensuite roulées à la main ou à la machine. On y ajoute souvent des colorants
(indigo, curcuma ou sulfate de vivre).
Les thés noirs sont des thés fermentés, ils ont un arôme particulier. On distingue les
opérations suivantes :
- Flétrissage des feuilles par un courant d’air chaud (30-35°C) pendant 18 à 20 heures.
- Roulage permettant de briser les cellules pour en libérer le suc et permettre une bonne
fermentation.
Le thé renferme 4 à 7% de sels minéraux (sels de potassium surtout), des acides organiques
(succinique, malique, chlorogénique, galloyl-quinique).
Les composés les plus importants sont :
- des bases puriques : 2 à 4% comprenant surtout de la caféine avec de petites
quantités de théophylline. Ces bases sont combinées dans la plante aux acides organiques et
aux tanins.
- des flavonoïdes hétérosides du quercétol et du kaempférol.
- des tanins constitués par des catéchols et leurs esters galliques, ainsi que des tanins
catéchiques condensés.
- une huile essentielle à l’état de trace, se développant au cours de la fermentation.
- des vitamines (C et B) et des enzymes (oxydases ou théases).
d) Action physiologique
e) Emplois du thé
Le thé sert à préparer des boissons stimulantes de très grande consommation.
3. LES KOLATIERS
Description
Les kolatiers sont des arbres d’Afrique tropicale, à feuilles isolées ou verticillées. Le fruit est
composé de 5 follicules verruqueuses, mesurant 5 à 10 cm de long et disposées grossièrement en
étoile. Chaque follicule renferme 5 à 10 graines blanches ou rouges recouvertes d’un tégument
blanchâtre.
La graine peut être composée de 2 fragments (C. nitida) ou de 4 à 6 fragments (C. acuminata
et C. verticillata). Pour C. nitida on distingue plusieurs variétés suivant la taille et l’aspect des
graines : rubra, alba, mixta, pallida.
La drogue est constituée par les graines sans téguments (cotylédons).
- Noix fraîches : elles sont enveloppées dans des feuilles, dans la tourbe ou alors dans
du charbon de bois humidifiés régulièrement. Leur conservation est précaire, mais reste la forme de
vente la plus courante
- Noix stabilisées à la vapeur d’eau, elles sont de bonne conservation.
- Noix séchées : le séchage se fait avec précaution afin d’éviter un durcissement, une
fermentation ou une oxydation.
d) Emplois
La noix fraîche est un masticatoire, tonique musculaire et nerveux. A partir de la noix séchée
sont préparées des formes galéniques : Extrait ferme (5% caféine), extrait fluide (1,5% caféine), extrait
mou stabilisé (5% caféine), vins et teintures (0,10% caféine). Ces formes galéniques entrent dans la
fabrication de médicaments et de boissons toniques, stimulantes.
Les extraits obtenus à partir de noix stabilisées ont l’avantage d’avoir une action douce
(caféine liée aux tanins) et de conserver une action vitaminique P due aux catéchines.
1. ETUDE BOTANIQUE
Description
Le cacaoyer est un petit arbre spontané dans le sous-bois des grandes forêts humides
d’Amérique tropicale. Son port est ramifié, ses feuilles alternes, simples et grandes ; ses fleurs sont
très petites, blanches ou rosées naissant directement sur le tronc et les grandes branches. Le fruit est
une cabosse de 15 à 20 cm de long sur 10 à 12 cm de large ; son enveloppe est coriace, jaune ou rouge
à maturité et marquée de côtes longitudinales verruqueuses. Il renferme de nombreuses graines (30 à
40) ou "fèves de cacao" enveloppées d’une pulpe blanche.
Les graines, ovoïdes, mesurent 2 à 3 cm de long sur 1 à 1,5 cm de large avec un tégument
externe (« coque ») mince, brun-rougeâtre.
Culture et récolte
Le cacaoyer est essentiellement cultivé en Amérique et en Afrique tropicale dans des
conditions climatiques particulières : température moyenne 25°C, humidité constante, etc..
Il existe plusieurs variétés dont les variétés "cryollo"et "forastero". On récolte les fruits des arbres
âgés d’au moins 6 ans.
La préparation du cacao commercial nécessite plusieurs jours de fermentation suivie d’un
séchage au cours desquels l’arôme se développe.
Les pays producteurs sont : Côte d’Ivoire (premier producteur mondial), Ghana, Nigeria,
Cameroun, Equateur, Brésil.
L’amende de la graine contient environ 50% de triglycérides d’acides gras saturés en C16 et
C18. Ces lipides sont solides à la température ordinaire et constituent le beurre de cacao. On trouve
également des tanins catéchiques qui s’oxydent en rouge de cacao.
Les xanthines représentent 1 à 3% de la drogue, sont représentées surtout par la théobromine
et peu de caféine. On retrouve la théobromine dans la coque (1,5%) après la fermentation et la
torréfaction.