Gavroche 159
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52 avenuede Flandre,75019Paris
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SOMI\{AIREN" I59
P. 4 GUERRE - uN oFFrctER
DI,AIGÉRIE DÉMsstoNMtRE
:
ABDEII(ADER
RAHAAANI
Abdelkader Rahmani estalgérien
et militaire
de carrièredansl'armée française.
Pouravoir
refuséde se battrecontresesfrèrespendant la guerred'Algérie, puis
il estemprisonné,
verrasonavenirorofessionnel réduità néant.
> ParHélèneBRACCO
P. 14 couruREs
DrÉEcrRrcrÉ
ILY A UNSIÈCE,
DÛÀ
Depuisquelque
temps,descoupures de gazet d'électricité
dites" sauvages" sont
en France.
observées Cetteméthode n'estpasnouvelle.
d'action Dessyndicalistes
du
déjàpratiquée.
débutdu XX"siècleI'avaient C'étaitl'époquedu " roiPataud".
> ParBernard VIVIER
P. I I nrNÉ
EFELJVRE,
soclAusrE
nÉvormoNNAtRE
RetoursurI'itinéraire quia consacré
d'unmilitant sa vieà la défense
de la classe
w
ouvrière et la perpétuation
à traversla création deséditionsSpartacus.
> ParJulienCHUZEVILLE
P. 25 LAFÉE or.JrAFAr{TAsneuE
vERTE HrsrorRE
DETABsTNTHE
Laféeverte,quelbeaunompouruneliqueur quia marquétouteuneépoque ! Ellea
surtoutaccompagnéla dégradation ouvrière(l'Assommoir
de la condition de Zola,1877),
maisa aussiétéla museet I'amiedesartisteset resteencorepleinede mystères.
> ParChristiane
LE DIOURON
P. 32 LAMoRT
nÉnoi'our P. 36 LIJTIE
coNrRE P.40 uNPocRoM
À
DTEAAMANU
ELNICOIAIGK]S LATAUROMACHIE
: L,ATTENTAT BUENOS.AIRES ENI919
Pendantla SecondeGuerremondiale, DEDEUIL
DU4 JUINI9OO E n j a n v i e r 1 9 1 9 e n A r g e n t i n e ,l a
l a C r è t e e s t l e t h é â t r ed e v i o l e n t s r é p r e s s i o nc o n t r e u n m o u v e m e n t
c o m b a t s l, a p o p u l a t i o n
p r e n a n tl e s Depuisl'introduction descorridas en ouvrierse transformeen véritablerafle
a r m e s o o u r s e d é f e n d r ec o n t r e l e s F r a n c ea u m i l i e ud u X l X " s i è c l e , dans les quartiersjuifsde la capitale.
trouoesnazies.EmmanuelNicolakakis l ' o p p o s i t i oànl a t a u r o m a c h ai ep r i s > Par Pierre-Henri
ZAIDMAN
fait partiedes combattants volontaires. d i f f é r e n t ef so r m e s E . n 1 9 0 0 ,l v a n
> Par Rémy VALAT Aguéliva jusqu'àblesser un toréador
en signede protestation.
> ParDenis ANDRO
ÇAVROgIE
52 avenuede Flandre75019Paris.Té1.:01 427694 ll. Courriel:revue@savroche.info.
Site Intemet: http://www.gavroche.info dela publication:
Directrice SophieVIRLOUVET.
pourcenurnéro:
Collaborations D. ANDRO,H. BRACCO,J. CHUZEVILLE, J.L.DEBRY.c. DOZY, H. FABRE.
C. JACQLTIER.C. LE DIOURON, R. VALAT, B. ITVIER, PH. ZAIDMAN.
Commission paritaire: 0711K8197,1. I.S.S.N.: 02-42-9705 O Gavroche. rousdroitsdereprqructionrésenés.
Distributionen libraine: DIFFUSION POPULAIRE. 2l ter.rue Voltaire.7501I Paris.Té1.: 014O212131.
de rédactionct miseen page: ScoopPresse- BP 863 - 27008EvreuxCedex.Impression:27 Offset- 27930Gravigny.
Publication.secrétariat
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L'enfance
enAlgérie A 17 ansauxchantiersdelajeunesse En | 946enAllemagne Affichedeprcpagande
coloniale
Y Y V V
li-fituurttturr;tl
Le reups DELAnÉvorre connaissance de M. le Président de la
En 1956. il est au Liban au moment ori le cours République le cas da conscience dans lequel les
de I'Histoire se précise : < Guy Mollet conspué place la politique actuelle menée en Algérie...
en Algérie,l'arraisonnement de l'avion de Ben Nous avons rempli notre devoir de soldctts sur
Bella, Suez, la "pacification" en Algérie... Dès tous les fronts où ltt France nous envoyait la
lors, je refusai de prêter mon concours à un sys- défendre... Des ffit iers algériens continttent à
tème voué à l'échec, et qui, en outr(, portait servir la cctusefratryaise face à leurs compa-
atteinte à ma dignité et à celle de me.scompa- triotes, peut-être même à leurs parents, et tom-
triotes...C'est là quej'ai basculé., bent au service de la France en Algérie...
< Rappelé en France lors des événements de En notre ôme et conscience, la seule solution
Suez, mon devoir m'appelait à Paris. J'ai été est une orientation vers un règlement politique,
contraint de me séparer pour un temps de ma d én u é d e I o u t e v i o l e t t c e, c e q u i p e r n e r r r a i t
femme française, avec son accord, car elle a d'engager une conversation imrnédiate et loyale
aussi souffert de l'injustice et du racisme, et de entre les représentanîsdes deux communautés...
mes quatre enfants. Une courte halte à Istanbul Notts demandons en outre au chef suprême de
pour méditer, réfléchir, mettre sur pied mon plan l'Armée de trouver une issue honorable au cas
d'action. Plutôt que de déserter, si facile et à ma de conscience posé à la corporation des offi-
portée au Liban, j'ai décidé d'entrer en ciers algériens, tant que les événementsprésents
désobéissance avec mon grade et l'uniforme séviront. >
français. > < Pour Ia première fois, par le contenLrde ceTte
La guerre d'Algérie est à son paroxysme. lettre, nous revendiquions, de facto, notre titre
o Notre pays mis à feu et à sang, est-ce servir d'fficiers algériens.> < Nous ne pouvons plus
que de se taire ? Dès l'instant que nos chefs supporter que nos parents soient massacréspar
apparaissaient impuissants ou complices de des hommes portant un uniforme qui est aussi le
cette déshonorante déchéance, n' avions-nous nôtre. NoLtsreprésentons les fficiers algériens
pas le droit d'en référer au premier ma3istrat de e t n o u s s a v o n sq u ' i l s v o n t , c o n t r e l e u r g r é ,
la République, chef suprême de.s forces combattre leurs frères. Nous avons le courage et
armées ? l'honnêteté d'en inJormer la France avant qu'il
"
Il entraîne dans son action cinquante-<teux offi- ne soit trop tard. >
ciers algériens. Une fois la lettre remise au président de la
République, il porte la copie aux divers sommets
En janvier 1957, ils décident d'écrire au pré- de l'État.
sident de la République:
< Monsieur le Président de la République, En prison
À l'issue de dffirentes rencontres,l'ensemble Début mars, il est sous les verrous, inculpé d'une
des officiers algériens en activité au sein de < entreprise de démoralisation de l'armée >>.Cette
l'Armée française ont convenu de pctrter à Ia inculpation tombe sous le coup de I'article OOI
T
ï' t;9- /
{itx}it}{'t'ri
Itilt'l$ltll,lïtl||il
Le reups DUREFUs
En septembre 1957, ils annoncent leur
démission au président de la
République.
<< Monsieur le Président de la
République,
Offi c i er s dénri ss i onnai re s de l' Armé e
lliH'Ë,1*',^li'f"'-
.o"" o."u .fi'ançaise,nous désirons porrer à votre
"l"re*t.
t'onnaissance les motifs qui nous ont
potrssésà c'etade.
1 . . . 1E n h u i t m o i s , a u c u n e s o l u t i o n n ' a
été apportée au cas de conscience que
pose notre situation dramatique
at a 76 du codemilitairequi prévoitunepeine d'Algériens et de soldats. Bien au contraire, des
de réclusion,régimepénitentiaire extrêmement arrestations, des arrêts de forteresse, des empri-
p é n i b l e .L e 2 8 m a r s 1 9 5 7 .i l e s t i n c a r c é r éà sonnementsont été les seules réponsesque nous
Fresnes. aprèsvingt-huitjoursd'arrêtsde forte- a valtres notre ottitltde [...] Pour nous empêcher
resse. de nous regrouper, nous evons été dispersés dans
les garnisons les plLtslointaines et régulièrement
En liberté provisoire,et assignéà résidence les bataillons nord-af icains et leurs cadres sont
E n m a i , a u t e r m ed e s a p u n i t i o n .l e s e r v i c e envo,-és en Afrique du Nord pour combatte
psychologique de M. Bourgès-Maunoury I'affecte, leurs frères de sang, au risque de détruire leur
pour l'éloignerde Pariset de sesamis,au centre village natal , et peut-êrre même de mitrailler
d'instructiondesparachutistes de Castrescomme leur.sfentmes er leurs enfants.
instructeurde recruesqui, trois mois plus tard, 1 . . . ) P u i s q u ' a u c L t n es u i t e n ' a é t é d o n n é e à
r e j o i n d r o n lte 1 3 "d r a g o n .u n i t éi m p l a n t é ee n notre démarche de janvier 1957, qu'aucune
K a b y l i e ,s a p r o v i n c en a t a l e . . ." J ' i n s t r u i sd e s réponse n'a été epporîée au problème pour
hommesqui vonttuer mesfrèresde sang,saccager lequel nous vous demandions une solution, nous
m ap r o v i n c e . .P . e u t - o nr e f u s e rà u n A l g é r i e n avons tenu à vous e.tposer respectueusementles
d'avoir un dramede conscience?" raisons qtti nous rendent aujourd'hui démission-
Sansnouvellesdesautresofficiersalgériens, naires de I'Armée française .
s e u lf a c e à c e d r a m ed e c o n s c i e n c ei l. t r o u v e Jusqu'att dernier jour de notre appartenance à
q u e l q u er é c o n f o r t' . o J e d e v a i sp a s s e r à l a cette armée, nous resterons dans le cadre de la
fameuse"corvéede bois". J'ai étésauvépar le discipline militaire. Respectueux des formes et
curé de Castres,le journaliste dLtjournal Le des modalités de notre règlement, chacun des
Monde,ClaudeJulien,qui était en vacances,et signataires de cette lettre présente sa démission
l e d i r e c t e u rf o n d a t e u r d e c e m ê m ej o u r n a l , individuelle par la voie hiérarchique.
$ - t;tttt(ltilr
\" r.)l
Veuillezagréer,Monsieur le Présidentde la pour la défensede la languefrançaise,ce qui lui
République,l'expressionde nos déférentessalu- vautla prisonet la résidencesurveillée.En 1966,
tations. i l e s t d e r e t o u r e n F r a n c e .L a c r é a t i o n d e
Les officiers algériens signatairesde la letffe I'Académieberbèrelui attireen 1967la condam-
dejanvier 1957. nationà mort par contumace.Il obtientde nou-
"
Ils espèrentainsi,déliésde leur engagement veau la nationalitéfrançaiseque le gouverne-
militaire, pouvoir menerà bien leur mission: ment lui avait fait rejeteren 1948au momentde
renouvelerleurs offres de médiationentre le sa promotionau gradede sous-lieutenant.
g o u v e r n e m e nftr a n ç a i se t l e F L N , e t e n c a s
d'échec,alerterI'opinion sur le tragiquede la ConsÉoueNcEs
AUREFUs
situationet sur l'échecde leur tentative.L'un Répressiondans son emploi et sa carrière
d'eux, " par crainte ou loyauté,ou par réflexe < Je dois dire tout d:abord quej'ai été main-
militaire ,. s'était confié à son colonel avant tenu en prison illégalement,sans aucunjuge-
I'envoi de la lettre,entraînantle processushié- ment ni condamnationjuridique. Mes avocatset
rarchique,policier et militaire. Cinq des cin- moi-mêmeavons écrit à Guy Mollet que nous
quante-deuxofficiers désertentet rejoignentle réclamionsà être traduits devant les tribunaux.
FLN à Tunis. "Si on fait passerRahmanidevantle tribunal, a-
t-il répondu,ce n'est paslui qui seracondamné,
De nouveau en prison mais la France!" ,
Le lieutenantRahmaniest de nouveauaux Le 2 févner 1959,aprèssa sortiede prison,il
a r r ê t sd e f o r t e r e s s ea u f o r t d ' A l b i , d u 9 a u est placé dansla positionde non-activitépar
l8 septembre1957, < enfermédans un grenier retrait d'emploi. Il tombe sousle coup de la
d ' u n e r e p o u s s a n tsea l e t é 1 9 s e p t e m b r e réglementationde la loi du 19 mai 1834,selon
".Le
1957,il est écrouéà Fresnes,au régimede droit laquelle < les fficiers pouvaient être maintenus
commun,avecquelques-unsde sescamarades, en non-activitéaussilongtempsque le ministre
dont on I'isole. Bourgès-Maunoury a succédéà le jugeait utile dans I'intérêt de la discipline et
Guy Mollet. Il présenteune fois encoresesoffres de I'armée. , o J'ai étémaintenudanscetteposi-
de mission.Sescamaradeslibérés,non sansessai tion pendant quinzeans, huit mois et cinq jours
de compromission, il estjeté dansune oubliette. sansaucunmofif >, écrit-il en janvier 1975lors
Seul face à lui-même.il choisit la forme d'action d'une requêtepour reconstitutionde carrièreau
la plus solitaire:celle d'écrire.L hebdomadaire ministrede la Défense.
TémoignageChrétien commencealors à publier Le 13juillet l972,le décretno 72-662limiteà
s o nj o u r n a l d e p r i s o n .D ' a u t r e ss u i v e n t: l a trois ansla duréemaximalede cetteposition(arti-
C r o i x , F r a n c e - O b s e r v a t e u rL, ' E x p r e s s ,L e cle 49). Il devientapplicableen 1974,et le choix
Monde...,alertentI'opinion.Des lettresarrivent est alors proposéau lieutenantRahmanide Éinté-
à la prison. grer I'arméeou de la quitter.Il choisitla réintégra-
< Le 3 juin l,958de Gaulle est élu : Michel tion. Il pensealors pouvoir légitimementbénéfi-
Debré, André Malraux, la presse,lestélévisions cier d'une reconstitutionde carrière.Or, la note
annonçaientma libération. L'ordre nefut pas c o n f i d e n t i e l l ed u m i n i s t è r e d e l a D é f e n s e
exécuté.Je suisrestédans ma cellulejusqu'au n' 16374du ll octobre1974 décided'une modi-
27 novembre/958. > Après maintestractations fication de prise de rang du lieutenantRahmani:
entrela justice, I'armée,le ministrede I'Intérieur < Comptetenu du tempspassépar cet officier
et celui desForcesArmées,grâceà une formi- dans la position de non-activité par retait
dable mobilisationmédiatiqueet à l'intervention d'emploi, soit quinzeans,huit mois et cinqjours,
des plus hautespersonnalités, il est conduit à sa prise de rang dans le grade de Lieutenantest
nouveauen résidencesurveilléeau couventdes f.xée au 5 septembre1967,et il sera classésur la
jésuitesde Clamart. liste généraled'anciennetédes Lieutenantsde
I'arme Blindéeet Cavalerieà cettemêmedate. . .
"
Le reups DELA LtBÉRATtoN (archivesprivéesde MonsieurRahmani).
La répressioncontinue, et le combat aussi o Ce qui était illégal, souligne aujourd'hui
En date du 2 février 1959, le ministèredes MonsieurRahmani.Un grade estacquisdéfiniti-
Arméesle place,par mesuredisciplinaire,dans vementet ne peut être ni manipulé, ni reporté à
la positionde non-activitépar retrait d'emploi. une date ultérieure.Seulela Haute Cour ou une
Entre 1959et 1962,il est déléguégénéralde la autre grande instancede Justicepeut prononcer
librairie Hachette- Nouvelles Messageriesde la sa destitution > Rappelonsqu'il avait été promu
P r e s s eP a r i s i e n n ed, o n t i l s e r ae n A l g é r i e l e lieutenanten janvier 1952.
directeurgénéral. [æ l".janvier 1975il estpromucapitaine,ce qui
L ' i n d é p e n d a n c ed e I ' A l g é r i e l e t r o u v e a u auraitdû se faire en 1955par promotionautoma-
maquiskabyle.Il lutte contreI'arabisationet tique. Il va avoir cinquante-deuxans,et OOO
I" t5!|- !l
{;,tTtt0tH[
Rlj]'['S}IITITAIRE
Ill-r;unttnnir'r;rl
certatns proJesseursnous met-
taient au fond parce que nous por-
tions un nom algérien. C' est là que
j'ai compris qu'il y avait une dffi-
rence entre le Français et
I'Algérien, différence que person- le L? t{are 1958
nellement je n'avais jamais faite.
J'ai eu des relations dfficiles avec
mon père, c'est un homme de
I'armée, il y était à sa place, et il
l',
I r;1.r,1,1!r.1]]
avait choisi un code de l'honneur, ,
Dominique (Montpellier)
<<L'Algérie, c'est le pays qui m'a
marquée le plus. Dans la famille,
on ne nous a jamais parlé de l'acte
de refus de mon père, alors que
&., Alnlt
vqus sorre b{6n co}{l,âlonellt La
I" t;t|- | I
{ltl'tt0l'llti
RTI.'['S
MITIT'[IRI'
l2-t;lnollrEyr;rr
I
l,t'
til j'
Le 2:l juillet 1958. Claude Julien. rédacteurau duction La Lanterne et Citizen TV, en collabora-
journal Le Monde, assureMonsieur Rahmani de tion avec la BDIC et le FASILD).Il est actuelle-
ment disponible en DVD
son soutien: n Vousavezfait en pure perte anti-
L'affaire des officiers algériens a été réédité par
cltttntbredans des ministères. Voilà bientôt un an
les éditions Trois Monde en 2004.
que rous êtes en prison... Puis-je vous dire que
Le film et le livre sont disponibles à: Université
je rte votrssoultaitepas les hotrtteursde hautes
de I'Ignorance,27 Grand Rue,37120 Jaulnay.
r e s p o n s a b i I i t é sp o l i t i q u e s , n t a i s I ' h o n n e u r
Un livre iconographique est voie de réalisation.
d'uvoir Jàit ce que vous dictait v)trc consc'ience
sensen ntesurer le nri.t. " f
Deuxième partie de cette étude dans le prochain
HélèneBRACCO numéro avec lc cas de Michel Ré. soldat du refus.
ill \ t ; 1 ||-. t
{i!Tli{||
AC?ION
$YNNITALI$TE
Goupures :
d'électricité
il Và unsiècle,déià
Depuisquelque temps,descoupures de gazet d'électricité
dites
( sauvages > sontobservées en France.Cetteméthoded'actionn'estpas
nouvelle. Dessyndicalistesdu débutdu XX.siècleI'avaient déjàpratiquée.
C'étaitl'époquedu u roi Pataud>.
Lanren ETSouvARrNE
En 1884,annéeoù fut reconnule droit à se syn-
diquer, Émlle Zola publiait Germinal. Dans ce
I e nrèvc dc<élcatriciens roman ayant la mine du Nord pour cadre de
duI mars1907amena l'intrigue, I'auteurinstalladeux personnages
lessallesdespectacle
à fairerelâcheouà jouer d'importance: Lantier et Souvarine.Le premier
'auxlanternes-. (incarnépar Renauddansle film produit par
Ici, le théâtreRéjane ClaudeBerri en 1993)plaidait pour une action
improviseunepublicité
syndicalerattachéeà I'Internationale,qui s'était
dansla ruepourinformer
qu'unepiècesejoue crééeà Londresen septembre1864et dont Karl
malgréla grève. Marx avait rédigé le Manifeste. Le ooo
tl
t+-{ltTn0t'tl[\.ti!|
(
L c l c i - d e v a n t p u i s s a n t sd u m o n d c , s c r é s i g n a n t à a c c e p t c r c e q u ' i l s n e p e u v c n î e r n p ê c h e rv, i c r n e n t d e m a n C e r
lcur admission aux syndicats ; malheurcusement ils sont un peu gênés pour savoir ceux auxquels ils doivent
I'ldtcsrer €t cela se comprend, leur profcssion êtant si peu déterminéc.
Lc tègne dcs frrlons cst rboli, les parrsites ont vécu.
llli1"1;!l- l.l
{;,llll{f{
l('Tl0I
$ïlil||{t,{f
,l$ïli
l6 - r;tt'ntruu
t' t;l
Buedu Croissant,
lorsdelajournéedegrève,
uneloconobile a été
installéepar unjournal
quotidien pours'alimenter
enénergieélectrique.
Venst'ougu
À tre aussidansLes Érudessocialeset
Étoignede la CGT, il cessetoute activité syndi-
syndicales:
cale aprèsla PremièreGuerremondialeet s'ins-
Il y a centans,la Charted'Amiens,le
talle à Paris comme artisanélectricien.Dans
20 octobre2m6
L'Illustration dl 29 mai 1920 (qui relate par Faut-il séquestrersonpatron /, 6 avril
ailleurs I'accident de chemin de fer du président 2W9
de la République,Paul Deschanel,tombé du L'action directe, d'Émile Pouget à
train pendantla nuit et recueilli par un garde- MorjaneBaba,le20 avril20O9
barrière,épisodequi donnamatièreaux chanson-
niers),desgrèvesimportantessontrelatées.Mais
l-"t59- 17
fi,llt0trHt
IIED[I,UTTA
l]NA
RenéLefeuure,
isteréudlutionnaire
social
d'unmilitantqui a consacré
Retoursur I'itinéraire sa vie
à la défensede la classeouvrièreà traversla création
et la perpétuationdeséditionsSpartacus.
tô
l ll - {tltn0t'Hn
I' ti9
le soit sur le champ.Nousfaisons appel à tous 1935.La revueest sous-titrée<<Pour la culture
les travailleurs organisésou non décidésà bar- révolutionnaireet I'action de masse>>.Comme
rer la route aufascisme,sousle mot d'ordre dansMasses,lescitationsde Karl Marx et Rosa
Unité d'action. L...1 Nousavonstousprésente Luxemburgparsèmentla revue.
à I'esprit la terrible expériencede nos cama- Sonpremieréditorials'intitule: .<Pourla révo-
radesd'Allemagne.Elle doit servir de leçon. lution socialiste>. Signeconcretde I'internatio-
Vive la grève générale3! ,, nalismede la revue,Lefeuvrey intervieweJulian
L appelest diffusé en tract, et adresséaux syn- Gorkin, marxisteespagnolà 1'époquemembre
d i c a t s( C G T , C G T U ) , p a r t i s d e g a u c h e( P C , du Bloc ouvrier et paysan,futur dirigeantdu
S F I O , P U P ) , e t g r o u p e sd ' e x t r ê m eg a u c h e Parti ouvrier d'unification marxiste(POUM). Le
(L'Union communiste,Union anarchiste,Ligue d e u x i è m en u m é r o( 1 4 d é c e m b r e1 9 3 4 )t i t r e :
communiste,Cerclecommunistedémocratique). < De la lutte antifascisteà I'offensive socia-
Par la suite,et toujourscommeconséquence du liste >, ce qui reflète bien la préoccupationde
dangerfasciste,René Lefeuvrerejoint le Parti Lefeuvre.
socialisteSFIO en août 1934,et s'y rapproche A u t o u r d e l a r e v u e S p a r t a c u ss e f o r m e u n
notammentde MarceauPivert. < G r o u p e S p a r t a c u s> , c o n s t i t u é d e R e n é
Lefeuvreet de militants desJeunesses socialistes
Le cnoupeSpanracus d e l a r é g i o n p a r i s i e n n e( c e r t a i n sé t a n t i s s u s
Victime de la crise économique,RenéLefeuvre c o m m el u i d u C e r c l ec o m m u n i s t ed é m o c r a -
perd son emploi de commisd'entreprise:cette tique). On y trouve JeanMeier, Daniel Bénédite,
absencede revenusentraîneI'arrêt de Masses, JeanRabaut,André Cerf, Gina Bénichou(qui
qu'il ne peut plus financer.Le derniernuméro, s i g n e < B . G i n a > ) , R o b e r t P e t i t g a n d( a l i a s
numéroté15-16,paraîten août1934a. C'estune < Delny >>),ou encoreBoris Goldenberg(exilé
brochureconsacréeà la révolution allemandede
1918-1919, comprenant destraductionsde textes
de RosaLuxemburg(certainsinéditsen fran-
a l l e m a n de t m i l i t a n t d u S A P q u i s i g n e < B .
Gilbert >). La référenceà RosaLuxemburgest
claire,mais sansexclusiveni dogmatisme.Le
msffi tar$ilta
2{l-mrnrn'm
r"ri:t
léninistes.mais aussidansune moindre
mesurelibertaires).D' abordbrochures
d'actualité,les Cahiersdeviennentpro-
g r e s s i v e m e ndt e v r a i s l i v r e s , e t l e s
CahiersSpartacusdeviendrontles édi-
tionsSpartacus.
Le PSOP
Lorsque, en juin 1938, la GR est pous-
sée hors de la SFIO. ses militants créent
l e P a r t i s o c i a l i s t eo u v r i e r e t p a y s a n-
PSOP (ce nom l'emportant face à une
autre proposition, < Parti socialiste révo-
lutionnaire >). Lefeuvre est un des fonda-
teurs de ce nouveau parti. Son orientation
est affirmée dans sa charte:
< IE PSOP, entièrement au service de la
défense et de l'émancipation de la per-
sonnalité humaine, proclame sa volonlé
de lutter contre toutes les formes
d' oppression et d' exploitation, qu' elles
soient de classe, de sexe ou de race. [...1
Le PSOP est un parti de classe qui a pour
but de socialiser les moyens de produc-
tion et d'échange et de transformer les
moyens d'échange en moyens de distribu-
plusieurs jours les usines ou les mines. Ils ont tion, c'est-à-dire de substituer à la société capita-
choisi eux-mêmes en dehors et contre la bureaLt- liste une société collectiviste, socialiste ou com-
cratie sr-ndicale cette forme d'action, parce m u n i s t e 1 . . . 1L e P S O P c o n s t a t eq u ' e n r é g i m e
qu'ils estimaientavecjuste raison que cette capitaliste la dictature économique et politique
pression serait plus sensibleau-t capitalistes [...1 de la classe possédante est un état permanent. Il
kt grève générale reste I'arme suprême du mou- ffirme que l'édification d'une société socialiste
v e m e n l o u v r i e r o r g a n i s é ,p o u r i m p o s e r s e s n'est possible que si les tavailleurs détiennentIa
revendications,et conquérir sa libérationto. totalité du pouvoir politique et économique. Le
"
Voyant son observation pleinement confirmée pouvoir ne peut être I'apanage d'une fraction,
pendant la grève générale spontanée de d'une secte ou d'un parti politique, mais
juin 1936, il s'enthousiasmepour I'occupation l'expression des couches profondes de la popula-
10. René Lefeuvre.
des usines '. C'est la vie elle-même qui a indi- tion laborieuse, édifiant, sur les ruines du vieil Bilan et perspectivesdu
" "
qué à la classe ouvrière cette méthode de lutte ; Étut bureaucratique des oppresseurs, la libre mouvement syndical uni-
fié ln Gauche révolution-
aucune tendance ne peut en réclamer la pater- démocratie des travailleurs assemblés dans leurs ",
nqire,n" 6,25 février 1936,
nité . l. ..1 L'élan des travailleurs est magniJique. localités et dans leurs entreprisest2.r, p. ll -idemdansMasses.
n' 5-6.25 février 1936,
[...] Espérons que les travailleurs sauront égale- René Lefeuvre est chargé de I'hebdomadaire
p.ll.
ment enfinir avec la bureaucratie syndicalett. > Juin 36, qui avait été créé en février 1938 comme ll. René Lefeuvre, Vivc
"
Quelques mois après ce mouvement spontané, organe de la fédération SFIO de la Seine (dirigée I'action directe ! lz
",
Gauche révolulionn0ire,
il crée les Cahiers Spartacus.Il annonce en octo- par la GR), et qui devient le journal national du
n " 9 , 1 5 j u i n 1 9 3 6 . p p l. 0 - 1 1 .
bre et novembre 1936 une brochure qu'il doit PSOP. Lui-même écrit très peu, si ce n'est pour 12. Charte du Parti socia-
écrire : Socialisme et action syndicale - le rappeler quelques principes marxistes fondamen- liste ouvrier et paysan. adop-
tée le 17 juiller 1938.ce
contrôle ouvrier, mais elle ne verrajamais le taux : (r On ne résottt pas les antagonismes de texte était imprimé dans la
jour. Les parutions de Spartacussont néanmoins classe avec des chiffons de papier, mais par la carte d'adhérent du PSOP.
très nombreuses, et couvrent un large champ suppression du patronat et du salariatt3. > 13. René Lefeuvre, M.
"
Chautemps, I'arbitrage et la
politique, regroupant les divers courants révolu- Face aux méthodes < entristes > des trotskystes "paix sociale" >,.Juin36,n"
tionnaires antistaliniens (surtout marxistes non- au sein du PSOP, Lefeuvre affirme dans aal spécial,15 février 1938.p.3.
{ ;iliil tl l\'t;t|
f - :l I
VIH
UNB DBIUTTI]
-l al
zl - 0ltR0t'il}]
I" ti9
tage le pays de l'égalité que celui de la liberté rismes repose sttr le mépris des individus et des
mais vit sous un régime de stricte hiérarchie n t a s s e sc o n s i d é r é s c o m m e i n s t r u n r e n t s d e s
'-
sociale et de conîrainte dictatoriale "; I'URSS vt'lonlés sLtpérieuresde l'état, du ltarti, de l'
E S I< <u n c a p i t a l i s m e d ' E t a t ! 2 , . L e t e x t e s e glise ou de la race2a...
"
conclut en préconisant < la Révolution socia- I)ans Masse.sno 11, la revue affirn)e son orien-
liste pour I'URSS23. tation : < Nous ne pouvons pas imaginer le socia-
"
En 1947, il écrit dans Masses no 7-8: o Nous l i s m e a u t r e m e n t q u ' a s s o c i é à l a d é f e n s ed e s
savonsfort bien ce qui se cache derrière l'anti- liltertés individuelles qu'il n'a pas pour mission
communisme de certains : la volonté de discrédi- d'interrompre mais de développer. [...] Nolrs 22.|d..p.6.
ter la grande aspiration des masses à la justice nous réclamons du socialisme révolutionnaire. 23.|d..p.45.
sociale en confondant intentionnellement le C'est que, de même que les deu.untots, socia- 2'1.René Lefeuvre.
Rcsponsabilité des
socialisme avec le totalitarisme qui en est la listtre et liberté, rtousparaissent iuséparables, "
peuples'lr. Mrrrres.févricr-
népation. Le stalinisme comme tous les totalita- I'action ré'v,olutionnaire et I' héritase ÇOt, mars 19.17.pp. I0- l | .
i;iliilli!li:1"l;$- l"J
INNYIBilATUffI]
JI
l+ - {;ltRtf$t[
I" ti9
INTEITI|IT
I,jtBt|ISSt|il
lafantastique
la Iéeuerte_-ou
deI'absinthe
histoire
Laféeverte,quelbeaunompouruneliqueurqui a marquétouteune
époque! Ellea surtoutaccompagnéla dégradation
de la conditionouvrière
(l'AssommoirdeZola,ISTT),maisa aussiétéla museet I'amiedesartistes
et resteencorepleinede mystères.
2{i-t;tmtlml
I' r;rl
qu'elle donnanaissanceà la doctrinemédicale
o r t h o d o x e .L ' a b s i n t h e é t a i t p r e s c r i t e s o u s
forme de poudre,d'infusion, d'extrait d'hydro-
lat de vin, de teinture et de sirop, contre un
g r a n d n o m b r ed e m a u x . S o n u s a g eé t a i t t e l
qu'on en retrouvela mentionet l'éloge chezles
auteursdesXV" et XVI. siècles.L'absinthefai-
sait merveille pour les femmes,Sousforme de
t i s a n eo u m é l a n g é eà d u v i n , e l l e a i d a i t à
I ' a c c o u c h e m e n t ,n e t t o y a i t e t f o r t i f i a i t l a
matrice,abattaitles vapeurs...On la disait éga-
lement abortive et elle était très utilisée comme
vermifuge. Son nom anglais actuel est
d'ailleurs worrnwood,qui veut dire bois à vers.
Dès Louis XII, la vente,autrefoisréservéeaux
pharmaciens,se fit publiquementdansla rue.Au
coursdu XVIII" siècle.I'abusde I'eau-de-vie
s'accrutet le Français,buveurde vin depuistrès
longtemps,devint buveur d'alcool. C'est alors
que survint I'absinthe,celle que I'on connaît,qui
eut un succèsénorme,mais qui, arrivant dans
une époquedifficile, devint le symbolede la
ruine et de la déchéance.
C'est l'autre visagede I'absinthe: malgré ses
bienfaits,elle semblemauditedepuisI'origine
destemps.Avant mêmeI'invention de la liqueur,
I'absintheétait déjà synonymede poison et de
mort cornme le signale Saint Jeandans son texte
de l'Apocalypse(chapitre8, versetsl0 et ll):
< le troisième ange sonna de la trompette, il
tomba du ciel une grande étoile ardentecomme
untlambeau,et elle tombasur le tiers desfleuves
et sur lessourcesdeseaux,et le tiers deseauxfut
changéen absintheet beaucoupd'hommesmou-
rurent par les eaux,parce qu'elles étaient deve-
n u e s a m è r e s .L e n o m d e c e t t e é t o i l e e s t
Absinthe>. À partir de cette date,dans toute la région, les
La fée verte est-elleI'incarnationde la malé- habitants commencent à consommer de
fique étoile Absinthe de l'Apocalypse,ou plutôt I'absinthepour desraisonsqui ne sont pasuni-
un simple exutoire au malheur? Le hasard- quementmédicales.Le distillateursuisseest
probablement- est curieux: Tchernobylest le dépassépar son succès,et pour échapperaux
nom russede I'armoise,dont l'absintheest une droits élevés,décidede s'installeren France,à
variété. Pontarlier.Pernod fils loue une maison à
Pontarlier en 1805pour y établir une < fabrique
Ll lroueun D'ABSTNTHE d'eau verte >. La productiondevientrapide-
À t a t i n d u X V l l I " s i è c l e ,u n e r e b o u t e u s e ment célèbredanstoute la Franceet à l'étran-
suisse,la mère Henriot, mit au point la pre- gêr; I'usine fournit 32 litres par jour en 1855,
mière recetted'absinthequi était un breuvage I 000 litres en 1886,et 25 000 litres en 1900.
m é d i c i n a l . C e t t e l i q u e u r c o m p r e n a i ta n i s , É,videmment.de nombreusesfabricationsde
mélisseet camomille. produits similaireset de liqueursd'absinthe
En 1797,Daniel Henri Dubied et son gendre <<clandestines> apparaissent.
Henri Louis Pernod,artisansdu village du Val- P o u r l a p e t i t e h i s t o i r e : I ' u s i n e P e r n o dd e
de-Travers(Suisseromande), achètentaux Pontarlierbrûla le ll août 1901.Cet incendieper-
héritiers Henriot le droit d'exploiter industriel- mit de découvrir I'origine de la rivière de la l-oue.
lement la recettede cet élixir, et ouvrent la pre- En effet, un employéde I'usine eut I'idée heu-
m i è r e d i s t i l l e r i e d ' a b s i n t h eà C o u v e t . O n reusede vider lescuvesd'absinthedansle Doubs,
trouve dansle livre de raison de H.L. Pernodla afin d'éviter qu'elles n'explosent.Le lendemain,
première recette d'absinthe apéritive, datée de on en retrouvait destraces(odeur,couleur,goût) à
1797. la sourcede la Loue. On raconteque les OOO
il" l5$- 27
{l,ilR0cHu
tABOI$$ON
INTBRDI?A
28- trntlrn[T"rig
voient en elle le vecteur de la criminalité, de la
tuberculose,de la violenceconjugale,de I'alié-
nationet de la baissede la natalité! Dès I 875, les
ligues antialcooliques,les syndicats,les curés,
les médecins,la presse,se mobilisentcontre
< l'absinthequi rendfou
".
À partir de 1901,la Ligue nationalecontre
I'alcoolismechercheà sensibiliserI'opinion et
multiplie les affiches,tracts,campagnes, petitions,
etc. La croisadecontrel'absinthea commencéet
se poursuivrapendant14 ans.En 1906,la ligue
recueille400000 signaturesdansune pétition.
Elle trouveen 1907un allié inattendu:les viticul-
teurs,qui souffrentéconomiquement de I'engoue-
ment pour I'absinthe.Ils organisentmêmeune
manifestationderrièrele slogan< Tbuspour le vin
contrel'absinthe >. Un combleI En 1908,un
groupeantialcooliqueseconstitueau Sénatet veut
faire voterdesmesures.
La lutte est longue et difficile. Les affiches et
LtOOLTv
pamphletsse multiplient... Animée par le jour-
nal Le Matin, une formidable campagnese
d é c h a î n ee n F r a n c e c o n t r e I ' e a u v e r t e . L a
Chambredes députéslui emboîtele pas et I'on
assisteà de sévèresempoignadesoratoiresentre
détracteurset partisansde I'absinthe. Des hom-
mesde sciencesse livrent à desexpériencespour
arbitrer la polémique.On inocule des extraitsdu
produit à de malheureuses bêtesqui tombentfou-
droyées.Les parlementairesde Franche-Comté
s'opposentbien sûr farouchementaux partisans
de I'abolitionnismede I'absinthe.M. Girod,
députédu Doubs,monte à la tribune pour décla-
rer: <<Voyons,entrenous,qu'est-ceencoreque
cette balançoiredes expériences faites sur les
animaux?Est-ceque les organismessont iden-
tiques? Onfait absorberaux chiens,aux lapins,
aux singes,par voie digestive,des essences
d'anis, defenouil et d'hysope,et on leur trouve
des crisesagressives,l'épilepsie,que sais-je
encore.Et puis après? Savez-vousce que le bon
senspopulaire a réponduau cours d'une confé- L'trutenorcttoN
r e n c e a n t i a l c o o l i q u e ,p a r l a b o u c h e d ' u n Finalement,un décretdemandeaux préfets
ouvrier ? C'est que l'absinthen'est pas faite d'interdire la vented'absinthedansles établisse-
pour leschiens,voilàtout! > mentspublicsen 1914,réservantla boissonà
Cette éloquenceparlementaireétait surtout une consommationchez soi. Mais la fraude res-
motivée par le fait qu'à Pontarlier et dans les tant importante,il fallut une loi d'interdiction.
environs,beaucoupd'électeurstravaillaientau L'absinthedevint illicite en Francepar le vote
débutdu siècledansles distilleries;à l'époque, d'uneloi du 16 mars1915.
les paysansdes villages et hameauxdes alen- L'absinthe aura été victime de son succès:
tours ne vivaient pas de lait commeaujourd'hui, déciée par les ligues de moralité et dévaluéepar
mais de la <<verte >>,partout,les flancs de la les distilleriessansscrupuleet leurs < sulfatesde
montagneétaientcouvertsd'absintheque I'on zinc >. Elle a été interditedansbeaucoupde pays
vendaitaux distillateurs.Chaquematin, des voi- (Belgique,États-Unisen l9l2).EnSuisse, où I'on
tures chargéesde plantesaromatiquesdescen- en consommaitaussibeaucoup,la lutte anti-
daient vers les établissements PernodFils et absinthea été moins importantequ'en France,
embaumaientles ruessur leur passage. mais un fait-divers (un père de famille alcoolique
La bataille entre pro-absintheet anti-absinthe notoire massacresa famille aprèsavoir fait la
fut rude,les défenseursde I'absintheavaient,eux tournéedesbars)a achevéde convaincreles légis-
aussi,leurstroupeset leursarguments. lateurs de la dangerositédu breuvage. IOO
I" t5$- 2$
{ltTR00Hr
t,aB0t$$0iï
tilTHBntrn
OOO PlusieurscantonsI'ont interdit dansles plante d'absinthe > qui ne doit pas dépasser
années1906-1908,un referenduma mêmeété 3 5 m g / l d e t h u y o n e ,5 m g / l d e f e n c h o n ee t
organiséen 1908demandantau peuplede sepro- l0 mg/l de pinocamphone.
n o n c e rp o u r o u c o n t r eI ' a b s i n t h e( r é s u l t a t s : Aujourd'hui, la liqueur d'absinthe,comme
241078 contreet I 39699pour).Une loi a entériné autrefois.titre entre 45o et 80o.Elle est pro-
ce vote en 1910et I'interdictionde I'absinthea été d u i t e n o t a m m e n td a n s l e s d i s t i l l e r i e s d e
ajoutéeà la Constitutionsuisse(article32). Fougerollesen Haute-Saône,à Pontarlierdans
D a n s d e n o m b r e u xp a y s , l ' a b s i n t h en e f u t le Doubs, ville dont elle fit la richessejusqu'à
jamais interdite, elle disparuttout simplement I'interdictionde 1915,et à Saumurpar la dis-
(Royaume-Uni,Europedu Sud et de I'Est). La tillerie Combier.On trouve aussideux distil-
faute à la guerre,probablement,on avait alors leriesen Provence.Elle est notammentde nou-
d'autressujetsd'intérêt. Et cet élixir magique, veau fabriquéeau Val-de-Travers(région de
q u i a v a i t s i l o n g t e m p sc a p t i v é ,e n c h a n t ée t Suisseromande).berceaude I'absinthe.Elle
inspirétant de monde,sombradansI'indiffé- était jadis produitepar distillation ou mélange
rence générale.La plupart des grandesfirmes d'essences. Aujourd'hui, certainesabsinthes
produisantI'absinthefirent faillite, furent absor- sont macéréespuis filtrées, un processusnou-
béesou sejetèrent sur la productionde pastis. veau emprunté à la fabrication du pastis. Les
C e r t a i n e st r a n s f é r è r e n lt e u r p r o d u c t i o ne n s i x p l a n t e sd e b a s ed ' u n e a b s i n t h es o n t l a
Espagne,où l'absinthene fut jamaisinterditeet g r a n d ea b s i n t h ee t l a p e t i t e a b s i n t h e ,l ' a n i s
est encorefabriquéeà petite échelle.Un vestige vert, le fenouil, la mélisseet I'hysope.Selon
de PemodFils continuaà fabriquerde I'absinthe les recettes,d'autresplantespeuventcompléter
à Tarragonede 1948au milieu des années1960. l a l i s t e c o m m eI ' a n g é l i q u e , l ac o r i a n d r e , l a
Évidemment,le produit a évolué et I'absinthe véronique,le calamus,lamenthe...Elles inter-
e s p a g n o l ed e 1 9 5 0 é t a i t a s s e zé l o i g n é e d e viennent soit dansle processusde macération
I'absintheoriginale. (avantdistillation),soit dansle processusde
coloration(aprèsdistillation).
Le neroun DELAFÉEvERTE Désormaisautorisée,I'absinthea trouvé un
s a r q u e s n o u v e a uc r é n e a u ,c e n ' e s t p l u s u n e b o i s s o n
A p r è sI ' i n t e r d i c t i o nl,e s a n c i e n n em
d'absinthese reconvertissent dansdes anisés populaire,mais plutôt une liqueur de < spécia-
sanssucrequi sepréparentcommeI'absinthe.En listes >. On ne la boit plus pour s'alcooliser,
l932.Paul Ricardinventele Pastisqui estle pre- mais pour la beautédu geste,pour le rituel, pour
mier aniséà connaîtreun succèspresqueéquiva- la belle couleurdu liquide... Des boutiqueset
lent à celui de la boissoninterdite. L'absinthe des muséesde I'absintheont ouvert récemment,
sembleoubliée. où I'on peut achetertoutesles sortesd'absinthes
E n 1 9 8l , l e s r e s p o n s a b l e d s e la Food and existantes, mais aussidescuillers,desfontaines
Agricole Organizationet de I'OMS (Organi- et des livres et affichesconcernantI'absinthe.
sationmondialede la santé)se réunissentau Le rockeurMarilyn Mansona avouéêtre accroà
Conseilde I'Europe à proposdesmatièresaro- I'absinthe,d'aprèslui le seulalcoolqui ne lui
matiquesà usagealimentaire.Ils estimentêtre c h a n g ep a s s a v i s i o n d u m o n d e . I l a m ê m e
incapablesde fixer une dosejournalièreaccep- d é c i d é d e p r o d u i r e s a p r o p r e a b s i n t h e ,l a
table (DJA) pour la thuyone.Leur seulerecom- Mansinthe,sortieen 2007.Depuisla libéralisa-
mandationest de tenter de limiter la quantitéde tion, on fabriquedes chocolats,des bières,des
cettesubstance, mais absolumentpasde rejeter saucissons ou encoredes biscuitscontenantde
systématiquement les boissonsqui en contien- la liqueur d'absintheou desextraits de la plante.
nent.Puis,le 2 novembre1988,un décreteuro- Un parfum a mêmepris pour nom . Absolument
p é e n a u t o r i s ee t r é g l e m e n t el a p r é s e n c ed e Absinthe>. La notice indique: < 49 essences
thuyonedansles boissonset I'alimentation,ce enrichiesdes notes inéditesd'absintheet de
qui permettechniquementde produireà nouveau cannabisfont d"'absolumentabsinthe"un par-
de I'absintheen Europe. fum unique.C'est un parfum de peau qui com-
C ' e s t e n 1 9 9 9q u ' e s t p r o d u i t el a p r e m i è r e pose avec les notespersonnellesde celui ou
absinthefrançaisedepuis l9l5: la Versinthe celle qui le porte. Il se découvrede près et par
v e r t e , q u i c o n t i e n td e l a g r a n d ea b s i n t h e . s a f i n e s s e n ' a g r e s s e p a s I ' e n t o u r a g e .
Pourquois'appelle-t-elleVersinthe? Tout sim- V é r i t a b l e m e n tu n i s e x e ,i l a s s o c i el e s d e u x
plementparce que selon un traversassezcou- essencesmythiquesqui ont su exalter la créati-
rant en France,la loi qui interdit l'absinthen'a vité de nombreuxartistes >.
pas été abrogée.On peut à nouveauen fabri- L'heurede la revanchede I'absinthe serait-elle
q u e r e t e n v e n d r e ,m a i s à c o n d i t i o nq u ' e l l e venue? La fée verte sembleà nouveaudansune
s'appelle autrement! Le gouvernementa voté phasepositivede sa longuehistoire.I
un aménagementdu décreteuropéen,il s'agit
maintenantd'un <<spiritueux aromatiséà la Christiane LE DIOURON
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Lamorthéroiïue
d'Emmanuel
]{iGolakakis
té4oignage
4'après-lg
deSonfrèreJean(2sîai
1e411
Pendant la Seconde Guerremondiale, la Crèteestle théâtre
de violentscombats, la population
prenant lesarmespour
se défendre contrelestroupesnazies.Emmanuel Nicolakakis
fait partiedescombattants volontaires.
rt-l
.il - titl|il)t'llll
\' t;9
dictatorialau généralMétaxas(avril 1936-jan- ç o n s .D ' e x t r a c t i o nm o d e s t e ,i l e s t l e f i l s d e
v i e r I 9 4 1) . P a r a d o x a l e m e n tl a , dictature D o m i n i q u eP i t s i g a u d a k i - K y r i a k fi ,e m m ea u
g r e c q u ed , ' i n s p i r a t i o nf a s c i s t e s, e r av i c t i m e foyer, et de Michel Nicolakakis,fonctionnaire
d ' u n e i n v a s i o nd e sp u i s s a n c elsu i s e r v a n td e dansla gendarmerie crétoise,qui a été un temps
modèle. le mairedu petitvillage.Michel a collaboréavec
la policeitaliennelors de I'occupationintematio-
<<OcHr2>! Ll RÉsrsrANcE
GREcouEÀ nalede la Crète,en qualitéd'interprète:il parle
L'OCCUPATION courammentI'anglaiset l'italien,en plus de sa
L e s p r e m i e r sm o i s d e l a g u e r r e ,l e g é n é r a l l a n g u e m a t e r n e l l e .L e f r è r e a î n é d e J e a n ,
Métaxasengagesonpaysdansla voie de la neu- Emmanuel,est un enfantprédisposépour les
t r a l i t é .C ' é t a i t s a n sc o m p t e rs u r l a s o i f d e é t u d e sq u i j o u i t d ' u n g r a n dp r e s t i g ed a n ss a
conquêtede Mussolini,déjàmaîtrede I'Albanie. f a m i l l e e t d a n sl e v i l l a g e . C e j e u n e h o m m e
Soudaindéfenseurdes minoritésshqiptars,le altruistedevientinstituteuren Macédoine,où il
Duce dénonceleur persécutionpar les Grecsépi- se lie avecune populationà laquelleil offre gra-
r o t e s .L e 2 8 o c t o b r e1 9 4 0 .à t r o i s h e u r e sd u t u i t e m e n t s e s s e r v i c e sd ' é c r i v a i n p u b l i c .
matin.l'ambassadeur d'Italie en Grècesommele L'offensiveallemandeI'oblige à retourneren
généralMétaxasde céderdesbasesmilitaires Crète(avril l94l). Malheureusement, la guene-
localiséessur le territoirehellène.La réponse commepour de nombreuses famillesgrecques-
négativedu dictateurest restéedepuisdansles va durementfrapperla famille Nicolakakis.
m é m o i r e s 3Q . u a t r e - v i n g tm i l l e h o m m e sd e Depuisle moisde novembre1940,lecomman-
troupe,soutenus par I'aviation,attaquentl'Épire. d e m e n tm i l i t a i r e g r e c e n C r è t e o r g a n i s el a
Mal conduite,I'offensiveitaliennesetermineen défensede l'île dansl'éventualitéd'une OOO
déroute:les troupesgrecques,
dirigéespar le générallapâgos. ::!^N:::':!t::'
repoussent les I taliens .i pàe -'i:;:r:: :::,: X:;
trent en Albanie. La guerre opérationsde
s'enlise. L'échec italien et la contre-guérilla
préparation de I'opération
irit::;t;:';r:;
Barbarossaobligent Hitler à grec(1948).
intervenirdansles Balkanspour
assurersesarrières.Aprèsavoir obtenu1'alliance
bulgare(l" mars l94l), Hitler s'assure,dansles
jours qui suivent,du soutiendu gouvernement
yougoslaveà l'aide d'un coupd'État militaire.
Alors que la guerrecivile éclateen Yougoslavie.
I'armée allemandepositionnéesur sesfrontières
passeà I'attaque.
Le 6 avril 1941,I'opérationMarita-Merkura
est lancée.La Yougoslavie est vaincueen onze
j o u r s . L e s t r o u p e sa l l e m a n d e sp a r t i e s d e
Bulgarie contournentles unités grecquesde
l ' É p i r e d é f e n d a n tl a l i g n e M é t a x a se t l e s
c o n t r a i g n e nà t u n r e p l i v e r s l e s u d .C ' e s t l a
déroute.Le PremierministreKorysis se donne
la mort (18 avril), tandisque le roi, le gouverne-
mentet les restesde I'arméehellène,ainsique
les formationsanglaisesstationnées en Grèce
c o n t i n e n t a l es, e r e p l i e n te n C r è t e( 2 3 a v r i l ) .
Assezrapidement,un mouvementstructuréde
résistance verrale jour en Grèce5.
t;tt- 3;J
fiuRt)t'ltltI'
ilNvtH
T'HII{I'Hil
rl .l
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\" t;!f
Éptocue: JeaHNrcourarcsREJoTNT
ta RÉsrsmruce...
Les combatstournentrapidementau désavan-
tagedestroupesbritanniques:le 27 mar,l'ordre
d e r e p l i s u r l ' É g y p t ee s t d o n n é .L e l " ' j u i n ,
I'essentieldesforcesalliéesa rembarquédepuis
le port de Souda.Les Allemandsont perdu envi-
ron 6000 hommeset les alliés,prèsdu triple. A
1 ' é c h e l l ed e l a S e c o n d eG u e r r em o n d i a l ee n
Europe,cettebatailleet I'héroïsmedescombat-
tantsalliéset crétoisont une répercussionimpor-
t a n t ep u i s q u ' i l sm a r q u e n tl a f i n d u c o r p sd e
bataille aéroportéallemand.
Après l'évacuation,une partie dessoldatsalliés
ne peut malheureusement pasrejoindreI'Afrique
d u N o r d . R e s t é sd a n sl ' î l e , i l s s o n t s o u v e n t
I'objet de la sollicitudeet de la protectionde la
population.Ainsi, ce soldatanglaisd'origine
c h y p r i o t e , S t é l i o s C h r i s t o d o u l o u t 0q, u i e s t
recueilli par la famille de Jean.Avec lui, deux
a u t r e ss o l d a t sb r i t a n n i q u e ss e r o n tc a c h é sà
Drapanias:I'un d'entreeux fera souche,puis-
qu'il épouserala fille de sonprotecteuraprèsla
guerre.Un autrefrère de Jean,Georges,quitte
président
JeanNicolakakis, deI'Assochtion desvolontaires
Drapaniaspour se cacherdansles montagnes. grec
hellènes franpise,poftele drapeau
deI'armée national
Plusjeune,Jeanresteauprèsde sa mère,mais il aucoursd'unecérémonieà proxinitédela tonbe
estréquisitionnéen qualitéde maçonpar le ser- duSoldatinconnu.
vice du travail forcé allemand.
L occupationnazie,les souffrancesde son peu-
ple et de sa famille, et surtoutla pertede son destins dans ses chaussures.Son jeune âge et son
frère poussentle jeune JeanNicolakakis à parti- métier de maçon endorment la vigilance des sol-
ciper à la lutte.En raisonde sesdéplacements dats allemands qui laissent sans méfiance circu-
quotidienssur les différentschantiersde cons- ler le courageux messager.
truction de fortifications nazies,il est intégré Le départ des nazis de Crète en 1944 ne marque
dansun réseaude résistants,animélocalement qu'un bref répit dans la vie combattante de Jean
p a r S t é l i o . C e d e r n i e r ,e n r e l a t i o n a v e c d e s Nicolakakis: mobilisable, il participe ensuite à la
patriotesgrecs,est en liaison radiophoniqueavec guerre civile grecque du côté des troupes gouver-
les servicesbritanniquesdu Caire. Dans son nementales (voir encadré). I
entourage,Georges,un ami de sonpère,animela
résistancelocale.Ce dernierdivulguede pré- Rémy VALAT
cieux renseignements au réseauen sa qualitéde
f o n c t i o n n a i r ed e p o l i c e d e l a p e t i t e v i l l e d e L'auteur remercieM. JeanNicolakakis pour son
Kastellirl.Jeanremplit souventdes missions extrêmegentillesseet son précieux témoignage,ainsi
d'agentde liaison:il glissedesmessages clan- qu'Angie pour sapatienterelecture.
I" t5$- 35
fi,ttlt0lH[
t I tTI',|jITI{T
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Unepag_e
dela lutte-Goltle
latauromachie à Ia
BelleEpoque:
l"attehtat
de
Deuildu4iuin1900
DepuisI'introductiondescorridasen Franceau milieudu XlX.siècle,
I'oppositionà la tauromachiea prisditférentes
formes.En1900,
lvanAguéliva jusqu'à blesserun toréadoren signede protestation.
3{i-r;rrnu'uri\"
r;rl
Q ...
\{i
ll}i1"t;* - :};
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'{TTIIITAT
UN -CORRID1I
ANTI
ETENGAGEMENTS
TaunomncHtE
Malgré ces oppositionset en dépit de la loi
Gramont,des corridas continuentà être orga-
nisées,avecune accentuationà la fin du siècle.
O O O M i c h e l , m a i s a u s s id e c h r é t i e n sA
.u L'opposition à la tauromachiedécroît au XX"
momentoù descorridassont prévuesen région siècleoù I'on assisteaussi,chez certainsartis-
parisienne, le coupde revolverd'Aguéli s'inscrit t e s p r o c h e sd u s u r r é a l i s m e ,c o m m e A n d r é
danscettetrame,dansune séquencehistorique Masson,chezun intellectuelcommeGeorges
marquéeégalementpar la < propagandepar le Bataille ou chez l'écrivain barrésien
fait > de certainsanarchistes. Montherlant,à une fascinationesthétiquepour
le thèmede la corrida.métaphored'une eÎpé-
Les pnorncoNrsrEsDEL'ATTENTAT
DE riencehumaineextrêmes.La conversiond'écri-
Deut: MARIEHuor Er lvANAcuÉu vainset d'artistesest aussisymptomatique d'un
Mais qui sontMarie Huot et Ivan Aguéli, prota- éloignementde la questionanimaledes préoc-
gonistesde I'attentatde Deuil ? La première,née c u p a t i o n sd e s i n t e l l e c t u e l s Z
. ola, Mirbeau,
en 1846,prochedes idéesnéomalthusiennes de
Paul Robin, future poétessesymboliste,mène
aussià traversdes conférenceset des interven-
tions parfois houleusesun combatradical contre
3. Christime Douyère-
Ia vivisection,la vaccinationpasteurienne3 et la
Demeulenaere: tæs polé-
"
miques autour du trâitement tauromachie. À certainségards,c'est une figure
mtimbique de Pasteu ', qui anticipeI'actuelcourant< antispéciste > qui
Gavroche n" 128. mm-avril
2003.
contestela domination humainesur les autres
4. Encyc lop édi e cont em- espèces animales.
poraine illustée, lO mu Ivan Aguéli, lui, a été, arrivantde Suèdeà Paris
1896, article signé G. Ivan
(cité dans Munch et la en 1890.élèvedu peintreÉmile Bernardqui a
france, Réunion des musées c r é é a v e cG a u g u i n ,à P o n t - A v e n ,l e c o u r a n t
nationaux, 1992, pp. 26 et < synthétiste>. ConsidérécommeI'un despré-
199); Les expositions d'art
" curseursde I'art modemeen Scandinavie, Aguéli
à Paris sur le cubisme,
"
signé Habdul-Hâdi, a aussirédigédes chroniquesd'art dansla revue
Ency c Iopédie contemporai ne
de son amieMarie Huot - il fut I'un despremiers
illustée n'659, 15 novem-
bre 1912. à reconnaîtrel'importance de Munch ou des
5. Eric Btratay et cubistes4. Il est égalementlié au milieu anar-
Elizabeth Hrdouin-Fugier :
ln corrida,PUF, 1995.
chiste,et figure, pour avoir donné asile à un
6. Azorin: <<Los torcs >, compagnon,parmi les inculpésdu < Procèsdes
C asti I la (19 12), E/lciôn Trente> d'août 1894,faisantplusieursmois de
Inman Fox, coleccidn
Austral, Madrid, 1999, pp.
prison à Mazasavant d'être acquitté.Mais il
127-t33. s'intéresseaussi,commed'autresartistesou lit-
ùo
;iô- li,llR0fll[
N'li!|
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Lc llud æilto b lidi- d b. chocû iloa.
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ITTI$T][IITISMA
Unooqtom
à Bheilos-Aires
en191I
En janvier1919en Argentine,la répressioncontreun mouvement
ouvrierse transformeen véritablerafledans les quartiersjuifs
de la capitale.
llf-r,unnnmrhe
l1:
' i^
t{
!t
dufllrnUnpogrom
Affiche enBuenos-Aires. Manifestation
à Buenos-Aires
en1906. Diabolisation
desanarchistes
dansunecaricature
d'époque.
à une grèvegénéraleillimitéeet la FORA < syn- J e s u sS a c r a m e n t a d > o . L e s r e s p o n s a b l edse
dicaliste> à une grèvegénéralede 24 heures.Le I'intenseagitationanarchistesonto les nomb-
8 janvier, alorsque 200000 personnesassistent reux ressortissants de la communautérusso-
aux funéraillesdesvictimes,lapolicefait feu sur israélitequi se livrent à unepropagandeachar-
la foule, tuant 50 personneset en blessantau néetant en russequ'en hébreu".
moins 100.Le lendemain,la grèveest totale: la Le l0janvier, sousla chaleurde l'été,la terreur
capitaleestparalysée. Des barricadessontéri- s ' i n s t a l l ed a n sl e s q u a r t i e r sc o m m e r ç a n tds e
géeset desarmurerieset desmagasinssontpris O n c ee t V i l l a C r e s p o .J u a nE m i l i a n oC a r u l l a
d'assautpar les ouvriers.La répressionest bru- ( 1888-1968), écrivainnationaliste et conserva-
t a l e . T r e n t em i l l e s o l d a t so c c u p e n tB u e n o s - teur raconte'. Il paraît qu'on esten train d'in-
"
Aires; desbataillesont lieu entredestravailleurs cendierle quartierjuif. J'y suis allé voir.Arrivé
a r m é s ,l a p o l i c ee t l e s e s c a d r o n d se la Ligue à hauteur de la faculté de médecine,j'ai été
patriotique,la milice crééepar les patrons. témoin de ce que l'on pourrait appeler le pre-
La classedirigeantene fait pastrop confiance mier pogrom de I'histoire argentine.On se bat
au présidentHip6litoYrigoyen,élu en 1916pour danslesmaisons,aux crisde "mort auxRusses".
affronterla situationet en finir avecI'agitation On brûle en peine rue des livres empilés,des
ouvrièrepersistante.L'idée germede profiter des vêlementsenlassés,des meubles.Lesflammes
troublespour le renverseret le remplacerpar un éclairentla nuit d'une lueur monstrueuse qui
pouvoirforf ,, cher à la droiteclassiquement projettedes refletsrougessur les visagesd'une
"
antisémite. foule en proie à la panique. De tempsà autre,je
Au cercledesofficiersde marine,le contre- voispasserdes vieillardsbarbuset desfemmes
amiralO'Connorapostrophe les hommes:" Sl échevelées. Je n'oublieraijamais cethommeà la
les Juifs et les Catalansn'osentpas venir ici, figure violacée, au regardimplorant,cet enfant
c'est nous qui irons les qui s'accroche en sanglotant à une
c h e r c h e r" . L ' é g l i s e c a t h o l i q u e lévite en lambeaur. ,
surenchérit et publiedesdizaines Juan José de Soiza Reilly (1879-
d ' é d i t o r i a u xv i o l e m m e n at ntisé- 1959), un écrivain et journaliste,
m i t e s .U n é v ê q u ep r ê c h ea i n s i : Htl écrit: J'ai vu des vieillards à la
Ê-=l "
n--=l
< Les Juifs sont les seulscoupa- barbe arrachée. L'un d'eux a sou-
bles de la pénurie ; ce sont de levé sa chemisepour me montrer
v é r i t a b l e ss a n g s u e sq u i s ef o n t deux côtes ensanglantéesqui lui
expulserde tous les pa,v-s ,. Les transperçaient la peau comme des
=::-!- I
r u m e u r sl e s p l u s i g n o b l e sc i r c u - aiguilles. Deux adolescentesont
l e n t : < D e s J u i f s a u r a i e n tp r i s ::l
été violées. L'une d'elle a tenté de
part à I'attentat commiscontrele
:.-=|
résister. On lui a tranché la main
a
f o y e r c a t h o l i q u ee t l ' é g l i s e d e droite d'un coup de hache. OOO
G}
\
A
Atelierdecharpentiers
à Buenos-Aires 19tg.
auenos-ires, Répression.
Destroupespolicières
prennent
position
dansune
audébutdesannées| 910. ruedeBuenos-Aires
oendantlesaffrontements
deianvier1919.
OOO J'ai vu desouvriersjuifs dont on brisait vres ont été incinérésau fur et à mesure.On
lesjambesà coupsdepieds. Touscescrimessont mesureI'horreurde la situationsi on se souvient
c o m m i sp a r l a r a c a i l l e q u i h u r l e " m o r t a u x que le chiffre de la populationjuive de Buenos-
juifs !" en brandissantle drapeauargentin.De Aires estd'environ85000.
jeunes vovousporteurs de brassardset armésde O n c o m p t ep r è sd e 5 0 0 0 0 a r r e s t a t i o n sD. e
bâtonset de carabinesaffêtent tout ce qui porte nombreuxlocaux syndicauxsont ferméset les
barbe.Ceuxqui ont descarabinesleur crèventle journauxinterdits.
ventre; les autresjettent despierres dans les Les protestationsinternationalessont faibles.
vitrines desmagasinsdont lespropriétairesffi- L'ambassadeur de Russieadresseune note au
chentdesnomsimpossiblesà prononcer. ministèrede I'Intérieurpour exigerla protection
"
L e s p o l i c i e r s i v r e s a c h è v e n tl e s b l e s s é sà desJuifs russes.L'ambassadeur de Francenote
coupsde bâtonset de haches,leur crevantle que la policemassacre tout ce qui est ,<russe,>
ventre à la baïonnette.Les Juifs sont raflés en ou qui a y1s n gueulede russe: c'est-à-dire juiï >
masseet enfermésdansles commissariats des (ministèredesAffaires étrangères, Amérique
7' et 9, arrondissements et à la préfecturede l 9 l 8 - I 9 4 0 . s o u ss é r i eA r g e n t i n e 8, citépar
p o l i c e .I l s s o n tm a l t r a i t é sh, u m i l i é s ,o n l e s NaûmSolominsky).
fouette,on leur brûle les genoux,on enfonce D é f a i t p a r t i e l l e m e n (t c e t t em ê m e a n n é e ,
desrasoirsdanslesplaies... s'en_sageront d'autresluttesaussiintensespour
Le l0 janvier, la FORA < syndicaliste> signe les salaireset la duréedu travail),le mouvement
un pacteavecle gouvemement,en promettantde ouvrierargentinpansesesplaieset la riposteest
faire cesserles grèvessi les métallurgistes de faible..l00membresde I'UCR,le partiradicalau
Vasenaobtiennentsatisfaction et si les prison- pouvoir.déchirentleur carte.FranciscoBeir6,un
nierspolitiquessontlibérés.Mais elle n'est pas dirieeantde I'UCR.organise unerencontre entre
écoutéeet, au contraire,la grèves'étendà toutes les responsables de la communauté juive et le
lesgrandesvillesdu pays.Pourtant,dèsle I 2 jan- présidentYrigoyenqui déclaresanshontequ'il a
vier, le mouvementcommenceà déclinerpour lui-mêmeété victime de persécutions et qu'il
finalements'écroulerquelques joursplustard. s'engageà trouverles coupableset à les faire
En une semaine, le bilan esttragique.Comme condamner.En fait, il se contenterade nommer
toujours,on n'en connaîtrajamaisles vraischif- Beirdministrede l'lntérieur.
fres.Un rapportde I'ambassadeur américainfait Forcésde négocier,les patronslâcherontde 20
état de I 356 morts et 5000 blessés(Recordsof à 40 % d'augmentation de salaire,les dirigeants
4. ln Semana Trdgica.
Biblioteca popular judia.
t h e S t a t eD e p a r t m e n t R , e p .A r g e n t i n a .f t e m syndicauxserontlibérés.Quantau pogromde
Collecion Hechos de la 835.5045/92, p. 8, cité par NarimSolominsky,lzr Buenos-Aires, on n'en entendraplusparleravant
Historia Judfa, n' 40, Buenos SemanaTrdgicaa).À quoi il faut ajouter 179 longtemps.l
Aires: Ejecutivo
Sudmericano del Congreso
cadavresentassés à l'intérieurde I'arsenal.Tous
Judio Mundial, I 971. les morts n'ont pu être comptabilisés, descada- Pierre-Henri ZAIDMAN
{2- t,tutttt'uu
I" t.)e
CJil:"îH:j'ili#"':?I ;;ffiî: derrièreles barreauxdontnousavonsaccepté
I'existenceet maintenantnousne sommes
joursplustard,les plus des Hippieset ne I'avonsjamaisété et la
du Summer of Love.Quinze
D i g g e r s / F r eCei t yC o l l e c t i voer g a n i s e nl at Villeest nôtrepour créerà partird'elle,poury
Cérémonie de la mortdu Hippieet décident de vivre.C'estnotreoutil,premièrecréationà par-
fairedéfinitivement le deuilde ce " filsdévoué tir de laquellel'hommelibrecréeson nouveau
desmédias". On choisitla datedu 6 octobre, monde.
Lr$0ittrn$
Itt0t"Ûlt0I
il N0lfi
I sil nrilcr8c0
Rt-1ût-r|Jrr
11000-1!8rl
o r e m i ear n n i v e r s a i dr ee l a l o i c r i m i n a l i s a n t Naissancede I'hommelibre indépendance de
I'usagedu LSD.AlainDister,alorsjournaliste San Francisconaissancedes Américains
pourRock&Folk à San Francisco se rappelle: libres.[...1
" Le terme Hippie qui n'a jamais vouludire Ne vouslaissezpasacheteravec une image,
grandchoseestdevenule moyensimplepour une phrase...Ne soyezpas prisonniersdes
les médiasde désignertoutindividuportantle mots.La ville està vous. Vousêtesêtesêtes.
cheveuun peu long et vivant,cela va de soi, Prenezce qui vousappartient...Prenezce qui
une existencede débaucheentouréde filles vousappartientles frontièressont tombées
affaméesde sexe.1...1Pourles Diggers,les SanFranciscoest libremaintenantlibre."
Hippiesn'ontjamais existé.ll n'y a que des
gens libres et indépendants,qui ont décidéde Au rythmede percussions, la procession des-
vivreselon leur choix,dans une sociétérefu- cendvers HaightStreetoù sontaccrochées
sant I'aliénation sous toutessesformes.1...1 des banderoles* Mort du Hippie,naissance LesDiggers
C'estpourquoi,avec leursamis de la Mime de I'hommelibre". Quelquesquatre-vingt Bévolution et
Troupe,ils ont décidéd'organiserles funé- personnes, chandelles auxpoings, entourent contrc-culturc
raillesde ce personnagedéjà mythique,connu le cercueil. Aprèsunegénuflexion au croise-
de par le mondesousle nomde 'Hippie".1...1 mentdes ruesHaightet Ashbury,la proces- à San Francisco
Tout ce qui de près ou de loin sionse dirigeversle Psychedelic (ts66-1968)
évoqueI'imageriehip véhiculée Vousêteslibres. S h o po ù u n t o u r n e - d i s q uees t AliceGaillard
par les médias- colliersde perles, Noussommes libres. lancéà fondpourcouvrirles cris L'échappée,coll.
posters,et jusqu'àces fameuses
Nesoyezpas recréés. (totalement imprévus et terrible-
" dans le feu de I'action
-,
fleursqu'onest censéporterdans m e n tp e r t i n e n t sd )' u n ef i l l ee n 2009, 170 p., 20 €
les cheveuxdès lors qu'onaborde Croyez seulement en pleinmauvais trip.Surla devan-
aux rivagesde SanFrancisco -, votrepropreesprit t u r ef e r m é ed u P s y S h o pu n e (inclusle DVD, Les Diggers
de San Francisco,un film
tout ce bric-à-bracvenduau long incarné.Créez, pancarte'." Ne te faispas de bile
de HaightStreetpar les jeunes Soyez... de Céline Deransart,
Nesoyez pas pour moi, organise-toi. Le Alice Gaillard &
entrepreneurs du hip capitalism va Nebraskaa plus besoinde toi. "
être brûlé en grandecérémonie,
créés.C'estvotre LesfrèresThelin.reorésentant Jean-Pierre Ziren)
sous l'æil impavidede flics bien- territoire, v otre ville. lespluscélèbres
veillants et qui en ont vu Personne nepeut des commer-
ans I'effervescence du San Francisco des
d'autres." vousenoctroyer çantsHlP,si criti-
qui années 60, un groupe d'activistes inspiré
La cérémonie, débuteau lever desparcelles. qués par les
par le o théâtre guérilla > reprend le nom
d u s o l e i l s, u r l a c o l l i n eB u e n a D i g g e r s ,a b a n -
des Diggers, ces paysans anglais du XVII" siècle
Vista,est annoncée par un tract,rédigépar donnentleurcommerce. Ron qui, avec Gerrard Winstanley, voulaient
Richard Brautigan: " Mortdu Hippie" : décidede rejoindre le Collectif < terminer > la révolution en cultivant en commltn
d e l a V i l l eL i b r e .R é a c t i o n les terres reprises aux seigneurs.Ces nouveaux
" Les médiasont créé le htppieavec votre c o h é r e n t ee t é v i d e m m e n t Diggers décident de vivre, ici et maintenant, I'tuopie
consentement avide.Êtrequelqu'un.1...1Votre a b s o l u m e ni st o l é ep a r m il a en actes d'une société remise à I'endroit.
tête à la TV,votrestyle immortalisésansâme c o m m u n a u tmé a r c h a n ddee À I'opposé du rêve américain consumériste de
dans lesreportagesdu Chronicle.NBCdit que H a i g h t . . . L a c é r é m o n i e I'après-guerre , ils développent Ia culture du <<free >>
r' t:i9- {T
{;llT0{'Hil
CG"ï"nT[îîfJi'i'r"ï,],f,"r?'.
c r o q u e - m o rqt su i a i d e n à
bienséance qui n'a sansdouted'autreraison
quede tenirla mortà distance au momentoù
t l e h i s s e sr u r l e s ellese manifeste implacablement.
é p a u l e sP , e d r o J, e s u s ,L u i s ,J o s éM a r i a , Lescompagnons quiontployésousle cercueil
Victor,Ger6nimo, six hommesvieuxportante/ s o n t l à . e t t o u s l e s a u t r e s a . c c o u r u sd e
compafrero au longde la ruelleet au travers Toulouse et de Bordeaux, de Perpignan et de
de la placepourdéposerla bièredansle four- villagesreculésd'oùils ne sortentplusque
gonsombrequeI'ona faits'éloigner audernier oourde tellescirconstances. Le cercueilest
momentpourquela place,précisément, soit p o s és u r l e s t r é t e a u xa u b o r dm ê m ed e l a
t r a v e r s é eo a r l e s c o u l e u r sd e l a C o n f e - fosse,la surplombant en unesobrereprésen-
deraciôn. tationde I'inéluctable.
Lesfleurss'amoncellent avantque le cortège Sonregarddemeurefixésur l'espacerestreint
nes'ébranle. Malikaprendsa mainet Manuela maisinfiniqui séparele cercueilde la terre
son brasalorsque les hommes,devant,for- béantealorsqu'iléprouveune foisencore
mentuneescortecomoacte cheminant d'un cetteimpression de déjàvécu,ce retourd'un
paslourd.lls vontainsiau longde la " côtedu passéqui n'estpasle sien,qui ne le peutrai-
cimetière " dansle bruissement deschuchotis. sonnablement, et qui n'estautre,alors,que
À m i - c h e m i inl s e d r e s s eu n i n s t a n st u r l a celuidu pèrevacillant entreles plistombants
pointedes piedspourobserver la fouledes du drapeaude I'impossible révolution, et une
femmeset des hommesqui accompagnent ce foisde plusil est abasourdi parl'évidence de
Histoires cortègecommeils le fontde biend'autres, cet instantque le pèrevécutlui aussi,accom-
deguenes, commesi chaqueavisde décèsdiffusépar la pagnantsousce mêmesoleilun camarade
derévolutions voituresonorisée qui a remplacé le roulement honoréde cettemêmebannière pourle dépo-
et d'exils de tambourdu garde-champêtre suscitaiten sersur le coteauqui porteainsiI'empreinte de
eux l'irrépressible besoinde se pencherau sespasdanslesquelsil posesesproprespas.
llestorRomero bordde l'abîmepouren éprouver Maislui,le père,n'a pas reçuun
Acratie,2009,244p., 17€ on ne saitquelsecretvertige.ll ne Turegrefrestellementtel hommage,il reposedans une
peutalorsréprimerun sourireà d, ne nasI'avoir fosseindigned'oùnul,pasmême
l'idéeque cettesagefouledéfile -.,-- - : - - , lui,le fils,ne pourraI'extraire pour
gulne'
ingénument sousla bannièrenoire v:c.u::ce!2 le déposerlà, sur le coteau,face
et rougede I'Anarchisme ibérique. luiilil'elleuniour, au bétroivers lequelil lève les
Puis, le récit de Manuelalui etilenétaildemeuréyeuxet,ce faisant, leursregards
revient en mémoire, Românzigza- interdit. se saisissent et se fondent
g a n ts o u sl e sb a l l e sa u c æ u rd u e x c l u a n lte m o n d eo u p l u t ô tl e
traquenard, Românhurlant dansla nuit,exhor- réduisant à leursregardsmêléset les motsde
tantsescompagnons, empoignant son revol- Malikalui reviennent à I'esprit, ces motsqui ne
ver,maisil ne parvient pas,curieuse- sontdésormais jamaisloindanssa mémoire et
ment.à retrouverlestraitsvivantsde émergentparfoiscommedesbranchesentraî-
imnte-dixans: Ie 28 ianvier 1939Ie
gouvernementfrançais consent enfin
sonvisagecommesi leureffacement néesentredeuxeauxet quisoudainémergent,
à ouvrir la frontière pyrénéenne aux
ne laissaitsubsisterdanssa mémoire en effet,et révèlent lesturbulences occultées
vaincus de la guerre et de la révolution.
quele refletd'unsourire, nonplussar- parl'écoulement lissedu flot: tu regreftes telle-
Romin, lui, décide de rester, de poursuivre kt donique,maiscompatissant. mentde ne pas I'avoirvécue,cetteguerre,lui
lutte dans ce qu'il reste de la République en Lessix hommeschargent à nouveau dit-elleun jour,et il en étaitdemeuréinterdit,
compagnie, plutôl que sous les ordres, de la bièresur leursépauleset ainsi,à c e t t eg u e r r ed o n tl e s r é c i t si n n o m b r a b l e s
Cipriano Mera, Ie célèbre général dosde compagnons, Românfaitson avaientbercésonenfancecommed'autres
"
anarchiste , commandant Ie M corps entréesurle coteauensoleillé deouis sont bercéspar le ChatBotté,et dont les
d'armée et vainqueur de la bataille de l e q u e l e sc y p r è s d, r e s s é ss u r l e s h é r o s ,B u e n a v e n t u rDau r r u t i F , rancisco
Guadalajara. Prisonnier de droit commun morts,défientou veillent, on ne sait,le Ascaso,FedericaMontseny, CiprianoMeraet
libéré par la Révolution fin juillet 1936, bourgpelotonné autourdu beffroiet jusqu'àEl Campesino étaientaussiextraordi-
Romtin n'a plus cessé de combattre pour d e s t r o i sc o u p o l e sd e I ' a b b a t i a l e , nairesque BuckJohnou OpalongCassidy,
,, Ias ldeas les idées dont il s'est instruit au avec,au loin,pourquiobserveattenti- cetteguerreI'avaitenglouti, lui,commesi la
",
Iong de sesannées de bagne. lz pire I'attend v e m e n t , l e m i r o i t e m e ndt e l a mortde son père,abolissant le merveilleux, le
pourtant derrière les montagnes qu'il doit
Dordogne commeun clignement de hissaitbrutalement à l'âgeadulteet le plon-
bien se résoudre àfranchir. Lt touftnente
vie souslesarchesdu pontde pierre. geaitdu mêmecoupdansla dernièrede ces
passée, il trouve refuge, enfin, dans ce gros
bourg, entre coteaux pierreux du Quercy et [...]Puis,s'insinuant et s'excusant il ridules concentriques dontI'origine, si lointaine
parvient enfin à se poster face aux maintenant, n'était autre quecettedéferlante
rives de la Dordogne. Jusqu'à ce matin
d'automne, bien des annéesplus tard, où on " procheso, cofilfÎêI'ondit en de tel- lyriquedu 20 juillet1936surles Ramblas de
le trouve là, recroquevillé sur sa terre de < la les circonstances, de mêmeque I'on Barcelone.Tu regrettestellement,avait-elle
Plaine >, une balle dans le ceur. . . Mais il est dit descirconstances qu'ellessont,en poursuivi,tu racontescetteguerreavectantde
toutes sortes d'exils comme il est toutes de pareilsmoments, bientristes,ou nostalgieet tant d'amertume,commesi tu en
sortes de guerres et toutes sortes de mêmetragiques, les momentseux- voulaisau mondeentier,à Dieului-même,de
révolutions. C'est peut-être bien ce que mêmesne pouvantêtreque pénibles, ne pas être né à temps,tu la racontescomme
semblent dire les courtes nouvelles eui toutcela,se laisse-t-il allerà songer, comme''"
accompagnenlRonuin. t o u tc e l ae n u n ec o d i f i c a t i odne l a 2i,:i';â';;ivécue'
tt
1{-t,ttnu'lurr"
rie
ff Le travaildansle tunnelest Jorgeconstruisent aussitôt le chariotquicir-
A f é p u i s a n t .O u t r e l e d a n g e r c u l e r a d a n sl e t u n n esl u rd e sr a i l sc o m m eu n
physique, les obstacles et les imprévusse wagonrudimentaire de mine.lls utilisent les
s u c c è d e n tP. a r f o i su, n c o u pd e p o u c ed u o u t i l sd e I ' a t e l i edr' a r t i s a n e a t l e sl a t t e sd e
d e s t i nv i e n tl e sa i d e rc, o m m el e j o u ro ù i l s b o i ss o u t e n a nl te s m a t e l a sd e s l i t s .U n e
t o m b e n ts u r u n c i m e t i è r ed e p i o c h e s d, e c o r d ed e v a n et t u n ea u t r ed e r r i è r p eermet-
pelleset d'oshumains. lls en déduisent que tentde le fairecirculer. Pendant queceluide
celadoitdaterde l'époquede la construc- devantcreuseet chargele chariot,I'autrele
t i o n ,p l u sd ' u ns i è c l ea u p a r a v a nLt .a t r o u - d é c h a r g A e .i n s ii,l sg a g n e ndtu t e m p se t s u r -
v a i l l ee s td ' u ng r a n ds e c o u r cs a r l e sp e l l e s t o u td e l ' é n e r g i[e. .. . ]
r o u i l l é e lse, sm a n c h eest m ê m el e so s l e u r A c e t t eé p o q u e l,' é v o l u t i odnu p a y sl e u r
sonttrèsutilespourcreuser. confirmechaquefoisplusclairement que le
A I'inverse, unesimple fuitedanslescanalisa- projetde transition (dansla compromission
t i o n s s o u s l e s t o i l e t t e se t l e s d o u c h e s a v e cl e sp r i n c i p a u p xi l i e rds e l a d i c t a t u r lee)s
embourbe unepartiedu tunnelet ralentitle laissera de côté.L'idéede l'évasion estdonc
passage danscettezone.Letempsde travail plusquejamaisnécessaire et opportune. Fin
en estfortement diminué, d'autant plusqu'au juillet1989,se déroulele referendum pour
r e t o u ri l, se n p e r d e net n c o r e à s e l a v e ro u i s - r é f o r m e rl a C o n s t i t u t i odne l a d i c t a t u r e . LesDerniers
Exilés
q u ' i ls o n b t e a u c o uppl u ss a l e s . C i n q u a n t e - q u a t r er é f o r m e s
Parfoislesterrassiers se retrou- Àmesure quele conclues entrelesreprésentants dePinochet
ventface à une énormepierrei funnels'allonse, de Pinochet et les membresde Desluttesclandestines
impossiblede la détruire,de ,, -.L._t _,,,,1,1,_.- I'opposition modérée sontapprou- à la transition
l'entamer ni mêmede la déplacer. l enracnon delsterre vées à olus de 85 7odes voix.
Dansce cas,deuxpossibilités etdesdécombres se Dans ce qui est baptisé la
dénouatique
ou bienla contourner en perçant faitpluslente etplus Concertation,coexistent les XavierMontanyà
sur le côté,si la pierren'estpas coûteuse.C'estun démocrates-chrétiens et les Traduitdu catalan
i,!li",il'iiii; probunll.a
,""i'i::l,iliiJ::nouveau tii?:;,:"Jli:":EffiJïi,'"1l;1
par LlunaLlechaLlop
Marseille, Agone,
qu'àpouvoir provoquer un glisse- resouare' uneuee plus de f lexibilité dans la coll." Mémoiressociales,,
ment de la roche af in qu'elle brillante leurviendra Constitution, il consacre en même 2009,224p., 18€
dégagele passage.Cesdésagré- Iorsdela projectio1 tempsla légitimité de celle-cidans
mentsretardent le travailet repré- d,unfilm vidéodans le processusvers la démocratie
sententdes risquestrès impor- ,___i,^f,^1.,._.:_:_,-touten supposant le maintien des
tants.Unjour,en contournant une uI salrcd-etercvtson' structures, des institutions et des
p i e r r e ,P a n c h os e r e n dc o m p t e A v e c b e a u c o u p p r i n c i p a u xr e s p o n s a b l eds e s
qu'unefoispasséela roche,il a d'humour,unmembre crimesde la dictature. Deplusen
bouchéla galerieen repoussant d'unedesfamilles 4 plus convaincus de la justesse de
le sableen arrièreavecsespieds leur analyse, les frentistes conti-
eu
- - ' Hdéi
- - : deleur
e t i l r e s t ec o i n c él.m p o s s i b ldee n u e n tà c r e u s e rE . n o u t r e c, e r -
bouger.La paniquecontrôlée, apporter La grande tainesvoixde I'opposition démo-
l'aidedes camarades de I'arrière évasiOn, avecSteve cratique modérée traitent la
et f'existenced'un systèmede McQueen, question desprisonniers politiques
communication contribuent à évi- en établissant une
ter la tragédie. Ce jour-là,Panchoauraitpu distinction discriminatoire entre e journaliste Xovier Montanyà retrace ici
f
mourirasphyxié. lesorisonniers de conscience I I'épopée des militanrs chiliens du Front
A mesure quele tunnels'allonge, I'extraction et lesprisonniers de violence .Ll parrioriEre Manuel Rodrigue:. t FPMRI dont
d e l a t e r r ee t d e s d é c o m b r esse f a i t o l u s o u d ' a c t i o cn o m m ee u x ,q u i , I'action année - notomment I'attentat contre
lenteet oluscoûteuse. C'estun nouveau Dro- p o u rc o m p l i q u e p rl u se n c o r e Pinochet en 1986 - joua un rôle décisif pour
b l è m eà r é s o u d r eU. n ei d é eb r i l l a n t lee u r leschoses, sontemprisonnés, ébranler Ie régime sanglant des militaires. Ce
v i e n d r al o r sd e l a p r o j e c t i odn' u nf i l mv i d é o a v e co u s a n sp r e u v e sp, o u r n'est qu'à leur suite que viendronr les tractations
d a n sl a s a l l ed e t é l é v i s i o nA.v e cb e a u c o u p desactions de guérilla de haut politit'iennes, sous l'arbitrage plus ou moins
d'humouu r ,n m e m b r ed ' u n ed e sf a m i l l e a s niveau,commeI'introduction discret des États-Unis. Et, le 20 janvier 1990,
eu l'idéede leurapporterLa grandeévasion, d'armesou l'attentat contrele alors que le général Pinochet s'apprête à céder la
place à un président démocratiquement élu, une
avecSteveMcQueen. Le restedes prison- dictateur. Danscetteambiance,
spectaculaire évasion, Ionguement préparée, a lieu
niersregarde le filmavecun mélange d'envie à m e s u r eq u e I ' o p é r a t i o n
dans une prison de Santiago. Les prisonniers
e t d ' a d m i r a t i om n ,a i sl e sc o n s p i r a t e unr se avance, uneidéelesobsède: politiques FPMR viennent
du brutalement
perdent pasle moindre détail;jusqu'àce que s ' i l sé c h o u e nutn en o u v e l l e
rappeler que, derrière les apparences de la
d a n s I ' u n ed e s s é q u e n c e sa p p a r a i s s e , f o i s ,c o m m eà C a r r i z aol u < transition démocratique comptes de Ia
commeunerévélation, la solution: le chariot dansI'attentat contrele dicta- dictatttre sont loin d'être réglés. ",les
Ayant refusé de
s u r r a i l .l l s s e r e g a r d e net t l ' é c h a n g de e t e u r ,l ' é c h e cm a r o u e rlaa f i n s'en remettre à la clémence h.v-pothétiqued'une
coupsd'ceilconfirme la trouvaille. Heureux et d u F P M R .P a rc o n t r e s, ' i l s démocratie où I'ancien dictateur allait rester le
légers,ilsse disentqu'ilsexpérimenteront le r é u s s i s s e nlte, s u c c è sp o l i - chef des armées, ces évadés, dont certoins sont
système dèsle lendemain. Defait,ayantdes t i q u e r é a c t i v e r al e encore poursuivis par Ia justice, restent jusqu'à
c o n n a i s s a n c ed se m e n u i s e r i eR,a f a e el t soutienpopulaire.
JJ aujourd'hui les derniers erilés de Pinochet.
I't;||- l;i
t;llntx'ttt
t l,lmûil
Chronique du mouuement libeÉrrire
D'abordpubliéen 1959par Jean-Jacques Pauvert,ce pour sesprotagonistes. S'y ajoutentsesincontestables
livre fut rééditéen 1913en deux volumesdansla col- talentsd'écrivain qui font de la lecturede ce livre un
lection 10/18avantd'entamerune longuetraverséedu plaisirrenouveléà chaquepage.Il excelledansnombre
désert.Il faut donc saluersa réédition,d'autantque, de portraitscommedansles évocationsréussiesde ces
mêmepour ceuxqui connaissaient les deuxéditions événements qui virentdeshommesseuls,et quelques
précédentes, il s'agit d'un objet nouveaugrâceà un femmes,rendrecoup pour coupet s'opposeravecla
f o r m a t o r i g i n a l ( l 8 x 2 2 c m ) a v e cu n e m a q u e t t e seuleforce de leurs convictionsrévoltéesà un ordre
réussie, complétéd'unetrèsricheiconographie, d'un établiincarnépar deshommesde pouvoirqui prenaient
appareilde notesconséquent,d'une bibliographie encore,à leurscorpsdéfendant,quelquesrisquesà
d'André Salmon,d'une autresur I'anarchisme, ainsi incarnerlesprivilègesde leurclasse.
quede repèresbiographiques sur I'auteur. Salmonest sanscontestenostalgique de cestempsoù
tA ÎERREUR Celui-ci,injustementoublié,est à I'origine d'une despersonnes incarnèrentla révolteindividuelleanar-
æuvremultiforme- il fut critiqued'art,journaliste, chisteau péril de leur vie, et souventau prix de leur
lIOTRE r o m a n c i e re, t p o è t e- e t I ' a m i d ' é c r i v a i n se t d e mort,et marquebien la césurede la guerrede 1914-
d'André Salmon peintrescommeMoïse Kisling, JulesPascin,Pablo l 9 l 8 q u i p a s s eà l ' é q u a r r i s s a gl ees p e u p l e se t l e u r s
l'échappée,2008, Picassoou GuillaumeApollinaire,Max Jacob,Pierre désirsd'autonomie.Pourconclure,il écrivait: < Al
336 p., 25 € Mac Orlan... café Terminus,les classesde plus en plus moyennes
De la fin de la Communede Parisà I'entre-deux- discutentdes avantageset des inconvénients de la
guerres,André Salmon(1881-1969)livre une chro- cohabilationpacifique.Aucundes innocentsamassés
nique originale du mouvementlibertaire durant une là ne voit circuler entre les guéridons le spectre
périodedécisivede son histoire,et tout particulière- d'Émile Henry portant sa têtecoupéesur le plateau du
mentpour les années1880-1914. Il le fait en écrivain garçon qui lui donna Ia chasse.>>Neuf ansplus tard,
ayantconnuet fréquentéquelques-uns desprotago- les événements de mai 1968voyaientune renaissance
nistesqu'il évoque.et non en historienobjectif,pourne inattenduede o I'increvableanarchisme> et une nou-
pasdire sentencieux. Mais, contrairementà beaucoup vellegénérationmonterà I'assautdu ciel avecle résul-
de cesderniers.il arrived'autantmieuxà rendrele cli- t a t q u e I ' o n s a i t .M a i s c ' e s t u n e a u t r eh i s t o i r eq u i
matde l'époque,sesenjeux,sesdrameset,quelquefois, attendencoresonchroniqueur.. .
sesridiculesqu'il le fait avecempathieet familiarité CharlesJACQUIER
*n.**'** ;;;mîi3
I'Hexagone,privantplusieursgénérations de jeunes La figure de I'enfant envahit alors la littérature,
des vilenies drolatiquesprovoquéespar ces deux maisaussile dessinde presse.Desjournauxspécia-
enfantsterribles.À I'occasiond'une expositionorga- lisés,en généralillustrés,visent tout spécialement le
s*fi n i s é e p a r l e m u s é ep r o v i n c i a l F é l i c i e n R o p s e n
Belgique(www.museerops.be) et intitulée. Wilhelm
jeunepublic,tant dansun but récréatifque pédago-
gique.Le succèsde ces histoiresd'enfantspas sages,
B u s c h ,d e l a c a r i c a t u r eà l a B D p a r a î tu n p e t i t pleinesd'humour,ne cessed'étonner,à une époque
WILHELM ouvragedont nous conseillonsla lecture.Ce petit
",
où I'ordre moral règne.Lajeunessey aurasansdoute
BU5CH, cataloguelargementillustré de planchesen couleurs apprisl'âpretédes rapportshumains,que le rire, très
DE IA CARICATURE permet de faire connaîtreau public francophonele présentdanscette imageriepétillante,aura certaine-
ÀLABD talentde cet hommequi aura,dansla secondemoitié ment permis de rendreplus acceptable.Notons tout
de Hans Joachim Neyer, du XIX. siècle,largementcontribuéà I'intelligence de mêmeque Wilhelm Buschdonneune fin tragique
des histoiresen images,sériesde vignettessouvent à sesdeux héros qui termineront leur courte vie dans
NellyFeuerhahn,
visuellementtrès prochesles unesdes autreset met- les estomacsde canardsgourmands,aprèsavoir été
MichelDefourny t a n t e n s c è n ed ' e x t r a o r d i n a i r egsa g sv i s u e l s .C e s meuléscommede vulgairescéréales...
Kunstboek
Stichting planches,dont la structurenarrativeet I'efficacité L e s a v e n t u r e sd e c e s e n f a n t se s p i è g l e s f, o r t
éditeur,
2009, v i s u e l l ea n n o n c e nlta B D , e n n o i r o u e n c o u l e u r , cocasseset dont on se réjouit encoreaujourd'hui,
96p.,29,90€ étaientpubliéesdansla presse,en feuillesvolantes distillent évidemmentleur morale.Elles montrent
ou en recueilset comblaientun public enfantindont surtoutun regardnormatifdesadultesdu XIX' siècle
les loisirs faisaientI'objet d'une attentionsocialede sur lesjeunesgénérationsd'alors. Depuis les années
plus en plus grande. 1970,on peut accorderun autre statutà ces terribles
Les auteursde cet ouvragecollectif, en plus de la garnements,dont la personnalitéeffrontéereflète
vie du dessinateur, s'intéressent à l'émergencede ces parfois une volonté d'émancipation,un refus des
hérosenfantins,véritablesgarnementsdont la tradi- règles trop contraignantes,I'expressionbrute du
t i o n r e m o n t e p a r f o i s à l a R e n a i s s a n c eN. e l l y d é s i r e t f i n a l e m e n tl a m a n i f e s t a t i o nd ' u n c e r t a i n
Feuerhahnexploretout particulièrementI'histoirede espritrebelle.
Till, fils de paysans,o célèbrepar sespetites trom- Guillaume DOIZY
lfi - t;tttrx'nt.
I" rilt
Une histoile du cnpitnlisme
Dans la 1'" Internationale,les divergencesentre s'acquiertpar desrazziaspuis des guerresà l'échelle
marxisteset anarchistes n'empêchentpas la recon- des peuplesoù les seigneurss'approprientla terre et
naissancedes apportsadversesà la causecommune. les serfs.Mais à 1afin du XV'et au débutdu XVI'
Ainsi le communistelibertaire italien Carlo Cafiero siècles,la plus-valuesur la laine devientsupérieureà
(1846-1892)traduit et résumepour les classespopu- celle sur les culturesvivrières.Leurschampset les
laires Le Capital de Karl Marx. Cette o histoire du biens communauxconvertisen pâturagesou en ter-
développement de la productioncapitaliste>, qui est rains de chasse,les familles de paysanséchouent
o aussi martyrologedu travailleur )), vulgarisece dans les taudisdes grandescités pour y fournir Ia
processus:marchandise, monnaie,richesseet capi- main-d'ceuvrebon marchénécessaireaux fabriques.
tal, ainsi que les conceptsde plus-valueet d'accumu- Le surplus,réduit à la mendicité,au vagabondage et
lation. au vol, souffrele fouet,les travauxforcés...
Pour se conserverle capital doit se reproduire de Le capitalisme- venu au monde .. puant le sang et
f a ç o n s u c c e s s i v ee t c o n t i n u e l l e ,e n t r a î n a n tu n e la bouepar tous les pores r, - s'embourgeoiseau fil
exploitationintensive.Dans I'industriecéramique des générations.Le rentier entendjouir en paix des
v e r s 1 8 6 0 ,u n e n f a n td e s e p ta n s t r a v a i l l eq u i n z e biens accaparésaux dépensdes plus faibles par le ABRÉGÉ DU
heurespar jour six jours sur sept.Le mode fonda- brigandageet le meurtre.Dès le XVIII' siècle,se CAPITAT DE
mentalde la productioncapitaliste* la coopération- forge la légended'un capitalismede droit divin, des
multiplie I'efficacité des forces.La division du tra- inégalitéssocialesnaturelleset la fable de la fortune
KARL MARX
vail transformeI'ouvrier en rouagede la machineet bâtiesur le labeurou par le mériteindividuel.Enrichi de CarloCafiero
les perfectionnements de celle-ci accroissentla pro- par I'usure admisesur Ie travail en vol légal, le capi- LeChienrouge,
duction des richessessansaméliorer son sort. Le talismeprêcheà I'ouvrier le droit sacréde la pro- 2 0 0 81, 6 0p . ,1 0€
salaireassujettitpar la faim et privatiseI'entretiende priété, la religion, f idéologie du travail, et aux tra-
I'esclaveautrefoisdévolu à son maître.Pourtant. vailleursle seulusagedes moyensmorauxpour se
<<l'ouvrier a toutfoit ; et I'ouvrier peut tout détruire, défendre.Dans le mêmetemps,aux colonies,< /es
parce qu'il peut îout refaire >. Pourquoi sert-il une exploits dtt capital se manifestentpar des atrocités
économiequi devraitassurerson bien-êtreet vend-il sunséquivalent dansI'histoire..
sa force de travail au bénéficed'autrui ? Parcequ'il Dans son avant-propos, JamesGuillaume(1844-
ne disposepas d'un capitalde réserveinitial: I'accu- 1916),traducteurde cet abrégéen français,ajoute
mulation primitive dont le modèleexemplaire une notice biographiquesur I'auteur et deux lettres
s^'observe en Angleterre.De I'Antiquité au Moyen- inéditesde sa correspondance avecKarl Marx.
Age, la possession d e s b i e n se t d e s p e r s o n n e s Hélène FABRE
fillRtftl[;I"lig- 17
,{ I,ÂPAfiil
uie de quorciel
Traducteurde BaltasarGraciân,spécialistede 1'âge père,avecsa mèreet sesdeux sæurs,sansdomicileet
baroqueeuropéenet professeuréméritedesuniversités, sanspapiers.Installéedansle quartierde Saint-Louis,sa
I'auteurlivre ici, loin de sesintérêtsacadémiques habi- famille s'inséradansce creusetdesimmigrationsmar-
tùels,< unesortede modeste fresEte,émueet amusée, des seillaisessur fond de crisedu logement(mouvementdes
années1950dansIe Marseille ouvrier et populaire des squatters) et de sociabilitépolitiqueet socialemarquée
immigrés dansles quartiersnord de la ville, tels que par I'omniprésence du parti communisteauquelfaisaient
"
SainrAndré, Saint-Antoine,Saint-Henriet Saint-Louis. facequelqueschrétiensde gauche(c'étaitaussil'époque
Privilégiant< la brumesélectivedu souvenir> à la recons- desprêtresouvriers)dansune ville encoresûrede sa
truction chronologique,il y mêle despersonnages réels puissance industrielle.
parmisesprocheset d'autresinventéspourreprésenter des Celle-cin'estplus aujourd'huiqu'un souvenir,et les
idéologies, desmanièresd'êre et de penserde l'époque. habitantsattendenttoujoursunerenaissance souventévo-
MARSEIttE Cenechroniqueoriginaled'un tempsrévoluconstitueun quée,rarementconcrétisée. læs tempsont bien changéet
genreà part,entresouvenirs, romanet théâre.Elle sedis- c'est ce qui fait le prix de cettechroniquequi évoqueles
QUART NORD tingue surtoutpar sonilvention linguistiqueen refusantde différentsaspectsd'une vie quotidienne,à la fois si loin-
de BenitoPelegrin fabriquerdu " marseillais'. Au contraire,elle essaiede tainedanssonfonctionnement et sesvaleurs,et si proche
2009,282
Sulliver, p.,19€ o rendredesfaçons de prononcer,des tours grammati- puisqu'unevie suffit pour connaîtrecestransformations
cattr, des lournuresdephrase de cesfaçonsde parleret radicales.Enfin, on ne peutrefermerce livre sanspenser
"
de leursinventifsdérapages linguistiques(o un motpour à ce que seraitdevenuecettefamille de sans-papiers cin-
un autreau sonsinonau senssemblable"'). quanteansplus tard et au destinde l'élève, le plus doué
Fils d'un anarchiste espagnolde la CNT-FAI,I'auteur fut-il.rafléen sortantde l'école...
arriva à Marseilleaprès-guerre, suiteau décèsde son ChaTIesJACQUIER
{ll-r,rrrrtlntl
r"Iie
Les bons stlips de solko
Depuis le premier d'entre eux, Louis-Napoléon demeurevivement intéresséepar les questionsperson-
Bonaparte,les présidentsde la Républiquefrançaise nelleset triviales.Il s'agitbien de permettreau lecteur
ont suscitéla férocitédes dessinateurs, que leur pou- de pénétrerde manièresymboliqueI'intimité de notre
voir relève de la représentation ou au contrairese présidentkangourouqui sauted'une télé à I'autre,
révèle tout à fait effectif. Après l88l et la loi sur la d'un déplacementà I'autre, d'une .. réforme >>à une
libertéde la presse,le crayons'en donneà cæurjoie, autre.Ainsi le dessinateurimagine-t-ilSarkozyutili-
réactionnaired'abord, puis égalementd'extrême sant sa Wii, sirotantson Red Bull, s'époumonanten
gauche.pour flétrir les chefsd'État issusdes rangs famille, au lit avecCarla,en maillot de bain sur la
opportunistespuis radicaux.Le début du XX. siècle plage,son téléphoneportabletoujoursen main, etc.,
voit égalementécloreun genreparticulier,dansle toutessituationstotalementimpensables autourde
c h a m p d e l a b a n d ed e s s i n é e l,e < s t r i p > q u i , e n 1900.Luz met en scèneles angoisses et les traversde
quelquesvignettes,raconteune histoire, en général ce personnagedont la petite taille (qui induit une peti-
tES SARKOZY
I terminéepar une chute édifianteou amusante.Un tessemorale)et I'amour frénétiquedesRolex, sont GÈRE]TT
siècleplus tard, la bandedessinéesatiriqueet poli- s a n sc e s s er a p p e l é s .L e p e r s o n n a g et,o t a l e m e n t tA FRAITCE
tique sembleavoir rencontréun bel écho dans le décomplexé,se montrevulgaire,pervers,orgueilleux,
public. NicolasSarkozyfait I'objet d'une pléthore fielleux,revanchard,
de Luz
angoissé, etc.,et finalementtota-
d'ouvragesde ce genre,dont ce dernier de Luz, qui lementridicule,tel qu'on I'imaginesansdifficulté,au- éditions LesÉchappés,
réunit les strips de la série < Les Sarkozy gèrent la delà de son image médiatiquesanscessechangeante. 2 0 0 9 , 8p0. ,1 5€
France', publiésd'abord dansCharlie Hebdo. Avec ce recueil parfois hilarant au dessinnerveuxet
L exerciceconsisteà mettre en boîte le présidentde expressif,le lecteurrevivra les polémiqueset les
la Républiqueen 8 vignettessuccessives, dont la pre- petitesphrasesqui ont émailléle débutde mandatde
mière forme le titre du strip. Contrairementaux des- Sarkozy,en regrettantpeut-êtreque, finalement,le
sinsde la Belle Époquequi ridiculisaientla foncrion fond réel de sa politique ne soit jamais qu'effleuré.
ou attaquaientviolemment les idées,la satire actuelle Guillaume DOIZY
Témoigndg,e de réptession
Poursuivantleur travail sur les révolutions du XIX" Étudiant,I'auteurest I'un des raresd'entre eux à
siècle,et particulièrementsur 1848,les éditionsde la combattresur les barricadesaux côtés des prolé-
Fabriquerepublientaujourd'huile témoignagede taires,mais est fait prisonnier,menacéd'être fusillé,
FrançoisPardigonsur les journéesde juin, d'abord puis envoyédansdifférentslieux de détention,avant
p a r u d a n s l a p r e s s ee n a v r i l - m a i 1 8 4 9 , p u i s e n d ' é c h a p p e r m i r a c u l e u s e m e n ta u m a s s a c r ed u
ÉprsooEsDEs
volume en 1852,et jamais réêdité.Ce témoignage C a r r o u s e l I. l d é c r i t d o n c u n e s o r t ed e c h e m i nd e IOURITÉESDE
vient naturellementà la suite de I'essai de Louis croix, de prison en prison, toujours sousla menace
Ménard,Prologued'une révolution (voft Gavroche, d'une exécutionsommaire.Il relateces événements
futil t848
n' 155),mais les deux livres ont un point de vue dif- en militant, et non en victime larmoyante,dansun
de François Pardigon
férent dans la mesureoù celui de Pardigonraconte témoignageterrible sur le fossé de sang qui, dès Présentation d'Alix
essentiellement I'expérienced'un prisonnieret la I'origine, séparala républiquebourgeoisedesclasses Héricord, la fabrique,
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cisteet I'Allemagnenazie 1919-1939. Document AppeldesCent.LeCherche Midi, 1987,E.O. 189 n'decetterevue).. ..... 15€
5lf- r;,untllur
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llill|ltfil'
René Bidouze
La Commune de Paris telle
qu'en elle-inême
Le Temps des Cerises,2009,
241p.,22€.
Réédition de cet ouvrage paru
en2OO4 augmenté de dévelop-
pements repris de 72 jours qui
changèrent la cité. Ce livre
replaçait la Commune dans
l'histoire des services publics.
U n é c l a i r a g e i n t é r e s s a n tq u i
permet de rappeler que les
communards.d'abord résis-
tants à l'envahisseur, ont aussi
æuvré à sauver la République en tentant de mettre plus de justice et de
liberté dans l'exercice des institutions et des affaires publiques. Entre
ceux qui n'y voient qu'un accident de I'histoire à oublier et ceux qui
démontrent sans fin son actualité, René Bidouze dresse le constat d'une
Commune qui mérite toujours d'être étudiée pour y retrouver < Ies ten-
Pascale Hustache Emilio Mentasti
dancesfortes de la culture politique de notre peuple >.
Destins de femmes La < garde rouge > raconte
Éditions Dittmar, 200E, 320 p., Les Nuits rouges
20 €. 2009,233p.,12€.
Essai sur le statut de la femme Le sous-titre. Histoire du comité
dans le roman populaire, dans la ouvrier de la Magneti Marelli,
France et l'Angleterre du XIX" résume la recherche de cet historien
siècle. sur la lutte de plusieurs dizaines de
Le livre montre comment I'image salariés contre la direction et les
de la femme à travers les portraits syndicats dans une grande usine
de femmes jeunes filles, mariées, milanaise au milieu des années
prostituées,courtisanes,aventu- 1970. Une < garde rouge ,' qui
rières et criminelles, s'inscrit s'étoffera et s'imposera dans
dans le rapport de forces âvec les I'usine mais aussi à l'extérieur en
Moscou hommes. faisant profiter de son expérience.
sousLénine
lesorigines
du communisme
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