Chapitre7 LES MESURES DE LA PRODUCTION ET SON PROLONGEMENT

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 4

Chapitre 7 La mesure de la production et ses prolongements

I Comment mesure-t-on la production ?

Les entreprises ont pour fonction principale de produire des biens et des services marchands.
La mesure de cette production est un indicateur économique important au niveau de la nation.

A) De la valeur ajoutée au PIB


Pour produire, les entreprises utilisent des matières premières et de l’énergie fournies par
d’autres entreprises, ce sont les consommations intermédiaires.
Pour calculer la richesse créée par une entreprise, on utilise la notion de valeur ajoutée. Cette
valeur ajoutée se calcule en retirant les consommations intermédiaires (produites par d’autres
entreprises) de la production effectivement réalisée par l’entreprise (le chiffre d’affaire). On
obtient ainsi une valeur ajoutée qui détermine la richesse générée par l’entreprise. En effet,
elle a transformé les matières premières pour créer un produit, elle a donc « ajouté de la
valeur » aux consommations intermédiaires grâce à son travail.

Valeur ajoutée (VA) = production – consommations intermédiaires

À l’échelle de la nation on appelle ça le PIB (Produit Intérieur Brut). Le principe est le


même : on fait la somme de toutes les VA produites dans le pays. C’est bien la richesse créée
par toutes les activités de production sur le territoire.

B) Le PIB, outil de mesure de la performance économique d’une nation


Le PIB est une évaluation de la richesse nationale créée au cours d’une année donnée dans un
pays, exprimée sous forme monétaire. Pour le calculer, il suffit de faire la somme des valeurs
ajoutées des producteurs résidant sur le territoire. Le PIB prend ainsi en compte les activités
marchandes, mais aussi les services rendus par les administrations publiques (éducation
nationale, police), leur contribution étant considérée égale à leur coût. Dans une société où la
grande majorité des biens et une large part des services sont rendus dans un cadre marchand
ou susceptible d’être évalué en termes monétaires, le niveau du PIB et son évolution
constituent des indicateurs essentiels de la vie économique.
La mesure du PIB obéit à des règles internationales. La définition et les méthodes de calcul du
PIB sont établies par l’Organisation des nations unies (ONU) : elles sont les mêmes pour tous
les pays.
L’évolution du PIB est un indicateur important puisqu’il rend compte de la croissance
économique (c'est-à-dire de l’augmentation de la richesse créée par un pays). Il faut toutefois
distinguer l’évolution du PIB en valeur et en volume : la croissance est l’évolution du PIB en
volume, c’est-à-dire sans tenir compte de la variation des prix. Si on a produit 100 unités
l’année dernière et 110 unités cette année, c’est peut-être parce qu’on a produit 10% d’unités
supplémentaires ou parce que les prix ont augmenté de 10% (en réalité c’est souvent un peu
des deux). La croissance correspond à la seule évolution des quantités produites, elle
s’exprime en pourcentage.

Comparer la richesse produite et la croissance de tous les pays du monde est possible grâce au
PIB. La connaissance des PIB des différents pays est utile aux organisations internationales
afin de définir leurs politiques et recommandations. Elle sert également aux entreprises pour
déterminer leur choix de développement à l’international (prospection de marchés,
investissements, etc.).
On peut aussi comparer les PIB des pays en tenant compte de leur population, c’est ce qu’on
appelle le PIB par habitant (PIB par habitant = PIB / Nombre d’habitants). Un PIB égal à
1 000 milliards de dollars n’est pas équivalent s’il est réparti entre 10 ou 100 millions de
personnes.
Le PIB par habitant permet alors de comparer les niveaux de vie entre les pays. En France, en
2018, le PIB par habitant vaut environ 37 000€ (soit environ 42 000$). Les pays les plus
riches ont un PIB par habitant qui dépasse 58 000€ par habitant (soit environ 64 000$) ! C’est
le cas, par exemple du Luxembourg ou du Qatar dont les PIB par habitant s’élèvent
respectivement en 2018 à 113 954$ (102 000€ environ) et 67 818$ (61 000€ environ). Les
plus pauvres ont un PIB par habitant inférieur à 1 000€ par habitant.

II Quelles sont les limites du PIB ?

A) Le PIB, un indicateur incomplet

Les évaluations de la croissance du PIB occupent une place majeure dans le débat
économique et social. Pour autant, en ne comptant que les activités qui peuvent être évaluées
en termes monétaires, le PIB donne une vision tronquée de la richesse. Il ne prend pas en
compte toutes les activités non marchandes qui contribuent de manière majeure à notre bien-
être : les services rendus entre voisins, le bénévolat et, bien entendu, tout le travail
domestique, la préparation des repas, le ménage, le lavage et le repassage du linge,
l’éducation des enfants dans le cadre familial. En revanche sont comptabilisées des activités
généralement considérées comme négatives ou nuisibles. Par exemple, un embouteillage crée
du PIB parce qu’il augmente la consommation d’essence et donc l’activité de la branche
pétrolière. Et pourtant, il nuit à l’environnement et fait perdre du temps !
Beaucoup d’économistes critiquent l’usage du PIB pour rendre compte de la performance
d’une économie. Ils le considèrent comme un indicateur incomplet et imprécis, et ce à
plusieurs titres :
- il ne rend pas compte de la répartition des richesses et masque les inégalités dans un pays ;
- certaines activités comptabilisées dans le PIB sont pourtant néfastes pour l’environnement
(ex. : les activités polluantes, la vente d’armes) ;
- certaines activités qui augmentent le bien-être de la population ne sont pas bien
comptabilisés (ex. : les services publics, les activités associatives).

Le PIB ne reflète ni la nature de l’activité économique, ni son impact


environnemental.
B) L’absence de prise en compte des inégalités

Comme évoqué ci-dessus, un des problèmes majeurs du PIB est qu’il ne rend pas compte de
la répartition des richesses et masque les inégalités dans un pays. Par exemple, quand le PIB
2016 par habitant en France était de 32 300 € environ, 50 % de la population avait un niveau
de vie inférieur à 20 520 € et les 10 % les moins riches vivaient avec moins de 11 040 €.

Complément :
L’indice de Gini et plus récemment l’indice de Palma mettent en évidence ces disparités.
Pour construire le Palma, il faut d’abord mesurer quelle est la part du revenu national perçue
chaque année par chacune des tranches de la population, classées de la moins aisée à la plus
aisée : c’est-à-dire de 0 à 10 %, de 10 % à 20 %, etc. Ensuite, l’idée est de comparer ce que
reçoivent les 10 % les plus riches à ce que touchent l’ensemble des quatre premières tranches,
les 40 % les plus pauvres, en faisant une division entre les deux pour obtenir son rapport. Cet
indicateur nous permet de dire que les 10 % les plus riches touchent « x fois » ce que touchent
les 40 % les plus pauvres.

III Quels indicateurs pour compléter le PIB ?

Plusieurs économistes réfléchissent aujourd’hui à l’utilisation d’autres indicateurs pour mieux


intégrer les limites du PIB.

A) L’indice de développement humain (IDH)


L’Indicateur de Développement Humain, ou I.D.H., a comme objectif de mesurer le niveau
de développement des pays, sans en rester simplement à leur poids économique mesuré par le
P.I.B. ou le P.I.B. par habitant. Il intègre donc des données plus qualitatives. C’est un
indicateur qui fait la synthèse de trois séries de données :
- la santé / longévité (mesurées par l’espérance de vie à la naissance), qui permet de
mesurer indirectement la satisfaction des besoins matériels essentiels tels que l’accès à une
alimentation saine, à l’eau potable, à un logement décent, à une bonne hygiène et aux soins
médicaux.
- le savoir ou niveau d’éducation. Il est mesuré par la durée moyenne de scolarisation et
la durée attendue de scolarisation pour les enfants d’âge scolaire. Il traduit la satisfaction
des besoins immatériels tels que la capacité à participer aux prises de décision sur le lieu de
travail ou dans la société.
- le PIB par habitant (logarithme du revenu brut par habitant en parité de pouvoir
d’achat), afin d’englober les éléments de la qualité de vie qui ne sont pas décrits par les
deux premiers indices tels que la mobilité ou l’accès à la culture.

L’I.D.H. est calculé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (P.N.U.D.).
Il se présente comme un nombre sans unité compris entre 0 et 1. Plus l’I.D.H. se rapproche de
1, plus le niveau de développement du pays est élevé. Le calcul de l’I.D.H. permet
l’établissement d’un classement annuel des pays.
Malgré ses nombreuses qualités, certains scientifiques et spécialistes remettent en question
l’idée que l’IDH serait un indicateur fiable du niveau de développement des pays, et plus
particulièrement du développement des pays les plus faibles. Entre autres, la commission
Stiglitz du 2 juin 2009 pointe des faiblesses : « ces mesures ignorent la corrélation
significative entre les différents aspects de la qualité de vie parmi les gens, et ne disent rien
sur la distribution des conditions individuelles dans chaque pays ». Autrement dit, l’IDH
ferait l’erreur de mettre sur un même pied d’égalité l’enrichissement d’un État et l’espérance
de vie de ses citoyens, qui sont pourtant deux facteurs bien différents.
Pour de nombreux sociologues et économistes (dont Amartya Sen), l’IDH ne sera réellement
abouti qu’à partir du moment où seront inscrites dans l’indice de développement humain les
libertés publiques et individuelles des citoyens. Ce dernier critère semble être un préalable
essentiel à l’amélioration des politiques de développement.

B) Une tentative de prise en compte du bonheur et du bien-être des nations

Une commission internationale, présidée par le prix Nobel Joseph Stiglitz, a rappelé la
fonction du PIB : offrir un suivi conjoncturel de l’activité économique et non mesurer le bien-
être. Le PIB n’est donc pas adapté pour évaluer la qualité de vie de la population.
Pour prendre en compte cette dimension, le PIB doit être complété par des indicateurs de
qualité de vie. L’IDH en est un exemple mais il existe d’autres indicateurs de qualité de vie.
Il est également important d’évaluer les effets sociaux et environnementaux du
développement économique. Des indicateurs de développement durable peuvent donc aussi
être mobilisés.

Vous aimerez peut-être aussi