2011TOU30281
2011TOU30281
2011TOU30281
&OWVFEFMPCUFOUJPOEV
%0$503"5%&-6/*7&34*5²%&506-064&
%ÏMJWSÏQBS
Université Toulouse 3 Paul Sabatier (UT3 Paul Sabatier)
$PUVUFMMFJOUFSOBUJPOBMFBWFD
1SÏTFOUÏFFUTPVUFOVFQBS
Deka MOUSSA RAGUEH
-F lundi 12 décembre 2011
5Jtre :
Filtration de silices précipitées: mise en évidence des relations entre propriétés
macroscopiques et échelles locales caractéristiques dans les dépôts
École doctorale et discipline ou spécialité :
6OJUÏEFSFDIFSDIF
Laboratoire de Génie Chimique
%JSFDUFVS T EFʾÒTF
Martine MEIRELES, Directrice de recherche, CNRS, LGC, Toulouse
Sylvaine NEVEU, correspondante RHODIA CRTA, Aubervilliers
3BQQPSUFVST
Pierre LEVITZ, Directeur de recherche, CNRS, UPMC, PECSA, Paris
Frédéric PIGNON, Chargé de recherche, CNRS, LR, Grenoble
"VUSF T NFNCSF T EVKVSZ
Bernard CABANE, Directeur de recherche, CNRS, ESPCI, LPPMH, Paris (examinateur)
Christel CAUSSERAND, Professeur, UPS, LGC, Toulouse (examinatrice)
Jacques PERSELLO, Professeur, UNS, LPMC, Nice (examinateur)
Nicolas SANSON, Maître de conférence, UPMC, ESPCI, PPMD (examinateur)
Philippe SCHMITZ, Professeur, INSA, LISBP (président du jury)
i
Résumé
Le procédé de fabrication de la silice précipitée, destinée au renforce-
ment d’élastomères inclut une étape de filtration qui permet de récupérer
dans la dispersion issue de la synthèse, des agglomérats, puis d’éliminer les
sels et les impuretés par un lavage avant un séchage. Cette étude a pour but
de corréler l’organisation multi-échelle des agglomérats de silices précipi-
tées avec les propriétés mécaniques et hydrodynamiques des dépôts formés
en filtration avec ou sans élimination des sels ou impuretés. Les propriétés
structurelles, mécaniques et hydrodynamiques de dépôts de filtration for-
més à différentes pressions et à partir de silices issues de plusieurs synthèses
industrielles ont fait l’objet d’investigations menées par des expériences de
diffusion aux petits angles, de compression osmotique, de filtration et de
lavage. De ces travaux, il ressort que pour chaque système, deux grandeurs
caractéristiques : le diamètre maximum des agrégats et le seuil de percola-
tion correspondant à la formation d’un réseau mécaniquement résistant, se
corrèlent parfaitement avec la perméabilité hydraulique des dépôts obtenus
par filtration. Nous montrons par ailleurs que l’on parvient à un niveau cor-
rect de prédiction de la vitesse de filtration par un modèle de Brinkman.
Enfin, il apparaît que l’élimination des sels ou impuretés lors du lavage des
dépôts ne modifie ni l’organisation locale dans les dépôts, ni la perméabilité.
Mots-clés : silice précipitée, filtration, perméabilité hydraulique, organi-
sation multi-échelle, diffusion aux petits angles, agrégat, modélisation
Abstract
The production process of precipitated silica used as reinforcing fillers
includes a filtration step carried out to collect silica agglomerates in the syn-
thesized silica dispersion and then to eliminate salts and impurities before
drying. The purpose of this study is to correlate the multilevel structure of
silica agglomerates to the mechanical and hydrodynamic properties of filter
cakes with or without a washing step. For that, we have chosen different
reinforcing silicas which differ from the way the synthesis is conducted and
conducted the filtration at several operating pressures. The structural, me-
chanical and hydrodynamic properties of filter cakes were investigated by
small angle scattering, osmotic compression and filtration and washing ex-
periments. It appears that for each system two characteristic quantities :
the maximum diameter of aggregates and the percolation threshold corres-
ponding to the formation of a network that begins to resist to compression,
are correlated to the hydraulic permeability of filter cakes. Moreover, we
show that the calculated permeability using a Brinkman model is in quite
reasonable agreement with experimental data. Finally, we demonstrate that
the elimination of salts and impurities in filter cakes during the washing step
affects neither the local organization of filter cakes nor the permeability.
Keywords : precipitated silica, filtration, hydraulic permeability, multile-
vel organization, small angle scattering (SAXS), aggregate, modelling
Remerciements
J’ai entrepris ce travail de thèse au Laboratoire de Génie Chimique à
Toulouse. Je tiens donc tout d’abord à remercier les 2 équipes de direction
successives que j’ai connues pour m’y avoir accueillie et facilité mon travail.
Ma thèse a été financée par un contrat CIFRE en partenariat avec l’in-
dustriel RHODIA. Je remercie à cette occasion mes deux interlocutrices,
Malika Clouin et Sylvaine Neveu pour le temps qu’elles ont bien voulu
consacrer à suivre ce travail, aux nombreuses discussions et Sylvaine pour
avoir participé au jury de thèse.
Trois ans c’est long et court à la fois. J’ai douté beaucoup, appris davan-
tage, et finalement c’est avec une pointe de nostalgie et beaucoup de fierté
et d’excitation pour les étapes à venir que je clos cet épisode de ma vie.
Table des matières
Introduction 1
1 Éléments bibliographiques 5
1 Pré-requis et motivations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1 La silice de renforcement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Propriétés d’usage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.3 Procédé de fabrication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2 Les silices précipitées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.1 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.1.1 Mécanismes mis en jeu . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.1.2 Morphologies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2 Physicochimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.2.1 Double couche électrique . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.2.2 Forces de la théorie DLVO . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2.3 Forces supplémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.3 Approche structurale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.4 Les silices de l’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3 Filtration et perméabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
3.1 Équations de base de la filtration . . . . . . . . . . . . . . 18
3.2 Détermination des performances en filtration . . . . . . . 20
3.3 Modèles de perméabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.3.1 Origines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.3.2 Modèles de pores capillaires . . . . . . . . . . . . . . 23
3.3.3 Modèles d’écoulement autour d’objets . . . . . . . . 25
3.3.4 Écarts à la sphéricité des particules . . . . . . . . . 27
3.3.5 Écarts à l’homogénéité . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.3.6 Écart à l’écoulement en régime laminaire . . . . . . 30
3.3.7 Comparaison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
4 Organisation à l’échelle locale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
vi
2 Matériels et méthodes 45
1 Matériaux étudiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
1.1 Les dispersions de silices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
1.1.1 Physicochimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
1.1.2 Surfaces spécifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
1.1.3 Distribution en tailles . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
1.2 Floculation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
1.3 Protocole de cisaillement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2 La filtration et le lavage sur cellule laboratoire . . . . . . . . . 53
2.1 Dispositif expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
2.2 Toiles filtrantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.3 Protocole opératoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.3.1 Conduite de la filtration . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.3.2 Conduite du lavage . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
2.4 Limites en filtration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
3 La compression osmotique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
3.1 Principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.2 Choix du polymère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.3 Choix du sac de dialyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
3.4 Temps de mise à l’équilibre . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
3.5 Mise en œuvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
4 La diffusion aux petits angles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
4.1 Le SAXS, outil d’étude des milieux concentrés . . . . . . . 67
4.2 Dispositif expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
4.3 Mise en œuvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
4.3.1 Le vecteur de diffusion . . . . . . . . . . . . . . . . 70
4.3.2 L’intensité diffusée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
4.4 Échelles sondées et représentations adaptées . . . . . . . . 71
4.4.1 Allure de spectres SAXS . . . . . . . . . . . . . . . 71
vii
Bibliographie i
Notations viii
ix
Annexes xix
Introduction
Dans le cas des silices précipitées, ces particules ont de fait une morpho-
logie plutôt complexe. Différents travaux ont porté sur l’étude de la mor-
phologie des silices précipitées. Ils démontrent que trois échelles coexistent :
- celle des particules primaires formées par précipitation et dont la taille
est de l’ordre de quelques dizaines de nanomètres ;
- celle des agrégats formés par collage de particules primaires et dont la
taille est de l’ordre d’une centaine de nanomètres ;
- celle des agglomérats qui correspond à une taille finie des objets détec-
tée dans une dispersion ; cette échelle est supérieure au micromètre.
Si ces échelles sont connues et ont pu être identifiées en faisant appel
à des techniques de diffusions aux petits angles, certaines ambigüités
demeurent dans la représentation multi-échelle de la morphologie de ces
systèmes.
Même dans le cas où la morphologie des objets est connue, définir une
relation univoque entre la vitesse de filtration et la pression opératoire est
source de questionnement. C’est alors la géométrie de l’empilement dans le
dépôt qui est en cause, sa régularité, sa possible réorganisation sous l’effet
de la contrainte subie par l’écoulement du fluide. Là encore, les travaux
développés n’apportent que des réponses partielles.
Dans le premier chapitre, nous présentons une brève revue sur les
silices précipitées ainsi que les quatre silices retenues pour cette étude. Puis
nous discutons sur la base d’un bref état de l’art des différents modèles
permettant de relier propriétés de filtration et propriétés géométriques d’un
milieu poreux.
1 Pré-requis et motivations
1.1 La silice de renforcement
Depuis toujours, la gomme des pneus est fabriquée à base de mélanges
complexes de polymères et de charges renforçantes. Les charges sont d’une
importance capitale car elles permettent de “renforcer” la structure du pneu,
c’est-à-dire de lui conférer une meilleure résistance aux déchirures, à l’abra-
sion et à l’usure (Frohlich et al. (2005)). Le noir de carbone était classique-
ment utilisé comme charge de renforcement jusqu’au début des années 90.
Le développement des “pneus verts” par la société Michelin, la silice s’est de
plus en plus imposée comme charge de renforcement dans les élastomères
(MICHELIN (2002)). Cet essor est la retombée de nombreuses recherches
qui ont démontré l’excellente aptitude des silices comme charge renforçante
(Pol et Nijman (2005), Roux (2008)).
- la surface spécifique développée par la silice. Elle doit être élevée pour
augmenter l’interface charge-élastomère et garantir la cohésion du
matériau final.
Chapitre 1
Figure 1.2: Représentation morphologique des silices selon leurs structures
et leurs surfaces spécifiques Pol et Nijman (2005), Dupres (2006), Roux
(2008).
Les ponts siloxanes -Si-O-Si- ainsi formés, constituent les unités de base
du polymère inorganique. Il se forme ainsi des structures sphériques consti-
tuées d’une dizaine de monomères (nucléi). Ces nucléi croissent pour donner
des particules élémentaires d’une dizaine de nanomètres. La compétition
entre l’hydrolyse et la condensation conditionne la nucléation et la crois-
sance ; elle détermine ainsi, à l’échelle nanométrique, la taille des particules
élémentaires. Ces particules élémentaires s’agrègent pour donner des struc-
tures contrôlées par le pH, la température et la force ionique.
2 Les silices précipitées
9
2.1 Synthèse
2.1.2 Morphologies
La morphologie des agrégats de silice dépend des conditions physico-
chimiques mises en œuvre à la synthèse. Elle va fortement dépendre du
Chapitre 1
pH mais aussi de la force ionique et de la température. En milieu basique
(pH>7) et à faible force ionique, les particules sont chargées négativement
en surface et se repoussent ; elle peuvent croître pour former des particules
élémentaires de plus grande taille conduisant à la formation d’un sol. Par
basculement du pH en milieu acide et/ou par ajout de sels (force ionique
élevée), les charges des particules sont écrantées ; les particules peuvent
s’agréger pour former une structure 3D ou gel. La figure 1.4 page 9 résume
les différentes morphologies de silice rencontrées selon les conditions physi-
cochimiques.
La particule élémentaire
La particule élémentaire est le premier niveau de la structure des silices.
Elle se caractérise par un diamètre moyen de l’ordre d’une dizaine de
nanomètres.
10 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
L’agrégat
L’agrégat constitué par collage de particules élémentaires, a une taille de
l’ordre d’une centaine de nanomètres. Il peut être consolidé ; autrement dit
les particules élémentaires sont liées de manière irréversible dans l’agrégat.
Chapitre 1
L’agglomérat
L’agglomérat est l’entité de plus grande taille et il est constitué de “grappes”
d’agrégats. Cette étape permet de faciliter les opérations de traitement en
aval de la précipitation. Cependant, à l’application d’une contrainte suffi-
sante (malaxage, cisaillement), l’agglomérat disparaît au profit des agrégats.
C’est le principe des silices hautement dispersibles.
2.2 Physicochimie
Dans une dispersion, les particules peuvent se déplacer sous l’action
du mouvement brownien (si elles sont suffisamment petites), de la gravité
(∝ 100µm) ou de forces hydrodynamiques externes (agitation, cisaillement).
Leur mouvement relatif va favoriser les collisions et selon les conditions
physicochimiques, induire l’agrégation entre les particules. La physicochimie
de la silice précipitée a fait l’objet de nombreuses études depuis les travaux
de Iler (1979). Elle est au cœur des mécanismes qui conduisent à la formation
des agrégats et des agglomérats et conditionne dès lors, la morphologie de la
silice. Nous présentons dans cette partie, les forces à l’origine des interactions
entre les particules de silice.
Chapitre 1
Cette première couche de contre-ions est supposée immobile à la surface
des particules et est appelée couche de Stern. Elle est suivie par une couche
plus diffuse contenant des ions mobiles. La limite fictive entre la couche
d’ions immobile et la couche d’ions mobiles est matérialiée par un plan
appelée plan de Helmotz. L’ensemble des deux couches constitue la double
couche électrique d’une particule dans une dispersion (cf. figure 1.6 page 11).
La mobilité des ions peut être mesurée dans le plan de Helmotz ce qui
permet de prendre en compte les charges à la surface d’une particule dans
la couche de Stern mais également le nuage d’ions qui gravite autour. La
distribution des ions dans la couche diffuse est décrite par le modèle de
Boltzman liant la concentration locale en ions au potentiel électrique local
Ψ.
ci zi eΨ
= exp(− ) (1.3)
c0 kB T
avec :
ci : concentration en ions i (mol/L) ;
c0 : concentration initiale en ions i en solution (mol/L) ;
zi : valence des ions (-) ;
e : charge électrique (C) ;
kB : constante de Boltzman (J/K) ;
T : température du milieu (K).
∂2
P
2 F i zi ci
∇ Ψ= 2 Ψ=− (1.4)
∂ x e
12 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
Ψ : potentiel à la distance x ;
F : constante de Faraday (C) ;
x : distance à la surface de la particule (m).
Chapitre 1
x
Ψ(x) = Ψw exp(− ) (1.5)
λD
avec :
Ψ : potentiel à la distance x ;
Ψw : potentiel à la surface chargée ;
R : constante des gaz parfaits (J/mol/K) ; λD : longueur de Debye définit
comme suit
s
RT 3,0710−10
λD = = √
2F 2 zi2 ci
P
I
I : force ionique de la dispersion telle que :
1X 2
I= z ci
2 i i
zi e (a − r)
Ψ(x) = exp( ) (1.6)
λD
avec :
a : rayon des sphères (m) ;
r : distance au centre de la sphère à laquelle est relevée le potentiel (m).
Chapitre 1
Figure 1.7: Accumulation des contre-ions à la surface d’une particule
(source : cours de Bacchin et Canselier (2007-2008)).
deux électrodes (le champ électrique doit être alternatif pour éviter la polari-
sation des électrodes). Le rapport de la vitesse de déplacement des particules
u et de la force du champ électrique E définissent leur mobilité électropho-
rétique m.
u
m= (1.7)
E
avec :
m : mobilité électrophorétique (m2 /V /s) ;
u : vitesse électrophorétique (m/s) ;
E : force du champ électrique (V/m).
VT ot = VAtt + VRp
Forces attractives
Les forces attractives sont majoritairement des forces de type Van Der
Waals comprenant trois contributions :
Finalement :
avec :
A=constante de Hamaker(J) ;
a : rayon des sphères (m) ;
d : distance entre les particules (m).
Aa
VAtt ≈ − (1.10)
12d
2 Les silices précipitées
15
2.3 Approche structurale
Forces électrostatiques
Les forces électrostatiques dépendent du potentiel électrostatique développé
par les particules chargées. Les forces répulsives sont donc fonction du
nombre d’ions dans la dispersion de particules, de leur charge et de la dis-
Chapitre 1
tance qui les sépare. Dans le cas de particules sphériques, Derjaguin (1934)
propose l’expression suivante :
64πkB T an0 γ 2 d
Vrp = exp(− ) (1.11)
λD λD
avec :
n0 : nombre d’ions (nombre/m3 ) ;
γ : énergie de surface (N/m) définit comme suit :
zΨe
tanh( )
4kT
P ∝ RDf (1.12)
16 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
tion (Meakin (1983), Kolb et al. (1983), Brown et Ball (1985)). Souvent,
un modèle de type amas-amas ("cluster-cluster") permet de décrire les
mécanismes de croissance des agrégats. Brièvement deux types de crois-
sance d’agrégation peuvent être rencontrées : le processus d’agrégation
dominé par la diffusion (DLCA Diffusion-Limited Clusters Aggregation) et
le processus de croissance dominé par la réaction (RLCA Reaction-Limited
Clusters Aggregation). Les mécanismes de diffusion et l’hydrodynamique
sont en compétition et le phénomène dominant dicte le processus d’agréga-
tion.
avec :
vi : nombre de voisins d’une particule.
2 Les silices précipitées
17
2.4 Les silices de l’étude
Chapitre 1
f (vi )
Pi = P (1.14)
f (vi )
3 Filtration et perméabilité
Cette partie est l’occasion de faire une revue des concepts de base de
la filtration classique utilisés tout au long de ce travail. Des approches dif-
férentes de la théorie conventionnelle de filtration existent ; ce travail ne
se présentant pas comme une étude bibliographique exhaustive des théo-
ries de la filtration, nous présenterons dans cette partie, la plus connue et
la plus usuelle d’entres elles. Enfin, de nombreux travaux ont porté sur la
modélisation de la filtration et ont conduit à la proposition de modèles de
perméabilité ; nous les décrirons et discuterons des avantages et des limita-
tions de chacun d’eux.
Chapitre 1
alors que le fluide s’écoule et est récupéré en sortie du média filtrant. La
figure 1.9 page 19, propose une représentation schématique en 1D d’une
opération de filtration avec formation de gâteau.
Pour le fluide :
∂ql ∂φ
=− (1.15)
∂x ∂t
avec :
ql : vitesse locale du fluide (m/s) ;
φ : fraction volumique en solide sur dx (-) ;
t : temps de filtration (s) ;
x : direction de construction du dépôt (m).
Pour le solide :
∂qs ∂φ
= (1.16)
∂x ∂t
avec :
qs : vitesse locale du solide (m/s) ;
20 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
k ∂pl
ql = (1.18)
µ ∂x
avec :
k : Perméabilité du dépôt sur une épaisseur dx (m2 ) ;
µ : Viscosité dynamique du liquide (Pa.s) ;
∂pl : gradient de pression appliqué au liquide (Pa).
1
α= (1.20)
k.ρp .φ
avec :
α : résistance spécifique à la filtration de dx (m/kg).
avec :
V : Volume de filtrat (m3 ) ;
t : Temps nécessaire pour récupérer V (s) ;
A : Surface de filtration (m2 ) ;
Chapitre 1
De l’intégration de l’équation de Darcy, il est possible de déterminer
la résistance spécifique à partir d’une expérience de filtration. Toutefois, il
est nécessaire de poser un certain nombre d’hypothèses. Considérons des
particules sphériques et denses conduisant à la formation d’un gâteau in-
compressible. La perte de charge à travers le dépôt seul (∆pgateau ) n’est pas
directement mesurable ; elle s’écrit comme la pression initiale appliquée à la
suspension (p0 ) à laquelle on soustrait la perte de charge correspondant au
média filtrant (∆pm ) :
Z L Z pO
k
ql dx = dpl (1.23)
0 µ ∆pm
Z L Z pO
1
ql µ ρp φdx = dpl (1.24)
0 ∆pm α
Z L Z pO
1
ql µ ρp φdx = dpl (1.25)
0 α ∆pm
R L avec :
0
ρp φdx = ms : teneur en solide sec dans le gâteau par unité de surface
filtrante.
avec :
W : masse de gâteau déposée par unité de filtrat (kgsolide /m3f iltrat ).
Vf iltrat =V : volume de filtrat récupéré à un instant t.
Chapitre 1
µαW dV 1 dV
∆P = (p0 −pm )+(pm −pext ) = ∆Pgateau +∆Pm = 2
V +µRm
A dt A dt
(1.28)
Par intégration entre l’instant initial (t = t0 , V = V0 ) et l’instant final de
filtration (t,V) et en supposant la résistance du média filtrant Rm , constante
durant une opération de filtration, on obtient :
t − t0 µαW µRm
= 2
(V + V0 ) (1.29)
V − V0 2∆P A ∆P A
En proposant l’équation 2.4 pour relier les performances d’une opéra-
tion de filtration aux conditions opératoires et aux propriétés des disper-
sions, Ruth (1935, 1946) fût le pionnier de la modélisation de la formation
d’un dépôt lors d’une étape de filtration. De nombreux auteurs se sont pen-
chés depuis, sur les diverses limitations de cette approche et ont proposé
des approches complémentaires. Une avancée théorique est proposée par
Smiles (1970, 1986) et Smiles et al. (1982). Cette théorie repose sur une
prise en compte des forces inertielles des particules, auparavant négligées,
et proposent une description phénoménologique de la filtration comme un
processus de diffusion. Pour cela, les équations de continuité, précédemment
en coordonnées physiques, sont réécrites en coordonnées matérielles.
Chapitre 1
La modélisation constitue alors l’étape clé pour corréler les propriétés
macroscopiques (perméabilité et porosité moyennes du dépôt) à l’échelle
d’organisation locale dans le dépôt (propriétés des particules et des pores).
De nombreux travaux suggèrent des modèles plus ou moins complexes qui
relient la perméabilité aux caractéristiques locales sondées par diverses
techniques (nous y reviendrons ultérieurement). Dans cette partie, nous
revenons sur les différents modèles, empiriques ou semi-empiriques, qui ont
été proposés à partir de la théorie classique de filtration.
d2pore dP
u=− (1.30)
32η dx
avec :
u : vitesse d’écoulement du fluide (m/s) ;
dpore : diamètre du tube/pore (m) ; dP : gradient de pression (Pa) ;
dx : distance entre les bords du pore (m) ;
η : viscosité dynamique (Pa.s).
l2 f ()
k= (1.31)
9hK
avec :
l : longueur caractéristique de l’écoulement (m) ;
hK : constante de Kozeny (-) ;
24 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
: porosité (-).
4πd2p 6
Sv = 4 = (1.33)
3
πd3p dp
avec :
dp : diamètre des sphères (m).
3
KK−C = (1.34)
9hK (1 − )2 Sv2
3 Filtration et perméabilité
25
3.3 Modèles de perméabilité
Chapitre 1
d2p 5,5
KR−G = (1.35)
5,6
hK = k0 τ 2 (1.36)
3
KD = (1.37)
k0 τ 2 (1 − )2 Sv2
d2p ∆P
u= (1.38)
18 φL
r
3 8
KB = kDL [1 + φ(1 − − 3)] (1.39)
4 φ
2d2p
kDL = (1.40)
9φ
Chapitre 1
kDL
KN −N = dp (1.42)
√
ζ( 2d√pk , φ21/3k )
avec :
ζ : potentiel zêta (mV).
d2p
KD = (1.43)
16φ1.5 [1 + 56φ3 ]
Il est souvent utilisé pour la filtration avec des média constitués de
fibres dont le rapport d’aspect est important.
3d2p 1
KJ−J = [− ln φ − 0,931 + θ ] (1.44)
5φ (ln φ)
28 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
les conditions physicochimiques (cf. 2.3 page 15). Les dimensions de la par-
ticule élémentaire et de l’agrégat sont alors reliées comme suit :
Df
R
N= (1.45)
rp
avec :
R : longueur caractéristique de l’agrégat (m) ;
rp : rayon de la particule élémentaire (m) ;
Df : dimension fractale de l’agrégat (-).
rp 3
φR = N ( ) (1.46)
Rmax
Une approche pour déterminer la perméabilité d’un dépôt d’agrégats
fractals, consiste à utiliser les équations de type Kozeny-Carman ou Brink-
man en intégrant un facteur correctif de la surface spécifique développée
par l’agrégat par rapport à la sphère équivalente de diamètre Rmax ou la
fraction volumique de l’agrégat φR . Veerapaneni et Wiesner (1996) ont
mesuré les perméabilités d’agrégats fractals et ont démontré qu’un modèle
de type Brinkman peut s’avérer satisfaisant pour corréler les perméabilités
expérimentales aux propriétés des agrégats. Kim et Stolzenbach (2002)
ont complété ce résultat par une étude numérique comparant les rayons
d’agrégats fractals calculés numériquement (à partir des forces mises en
jeu selon la méthode de "dynamique Stokesienne") à ceux extraits de
modèles de type Brinkman. Ces agrégats ont été générés numériquement
avec différentes dimensions fractales classiquement rencontrées (2,33 ; 1,85
et 1,59).
Chapitre 1
Figure 1.10: Évolutions des rayons calculées numériquement selon la mé-
thode de dynamique Stokesienne et calculés avec des données expérimentales
avec des modèles de perméabilité de type Brinkman présentés en section
3.3.3 : Davies : 4, ◦, ♦ ; Happel ; Kozeny-Carman H.
effectifs a été établi pour l’étude des roches mais l’analogie peut être faite
entre les propriétés conductrices d’une roche et les propriétés d’écoulement
d’un dépôt de filtration. Selon la théorie des milieux effectifs, Doyen (1988)
a pu évaluer les dimensions des pores ; Berryman et Blair (1986), la surface
spécifique.
La théorie des milieux effectifs n’est bien entendu appropriée que pour
les milieux faiblement hétérogènes (David et al 1990). Lorsque les milieux
sont fortement hétérogènes, la théorie des milieux effectifs conduit à une
simplification de la morphologie, conduisant à une surévaluation de la per-
méabilité effective du milieu hétérogène.
∆P Q 2 (1 − )2 Q2 (1 − )
= 4,17 µSv 3
+ 0,292 ρliq Sv (1.47)
L A A 3
Pour un Reynolds < 1, le terme du régime transitoire est négligeable
et nous retrouvons l’expression de la perméabilité selon Kozeny-Carman
3 Filtration et perméabilité
31
3.3 Modèles de perméabilité
Chapitre 1
3.3.7 Comparaison
Kim et Stolzenbach (2002) comparent pour des particules sphériques,
les principaux modèles décrits précédemment, sur une large gamme de
fractions volumiques des dépôts. Ils ont pris comme référence l’écoulement
en régime dilué d’un fluide autour d’un obstacle, déterminé par la loi
de Stokes. La figure 1.12 page 31 présente l’évolution de la perméabilité
adimensionnalisée en fonction de la fraction volumique en solide, selon
divers modèles.
Chapitre 1
Figure 1.13: Techniques à disposition pour sonder les échelles locales d’un
milieu poreux ou des objets constitutifs d’un dépôt (inspiré des travaux de
thèse de Abécassis (2006) et de Jaffel (2006)).
rigoureuse.
Figure 1.14: Image MEB des dépôts de filtration à 4.105 Pa des quatre
silices.
Tomographie X
Chapitre 1
ailleurs intéressante, réside dans le temps d’acquisition très long (deux à
trois jours pour analyser un échantillon de quelques microgrammes). Il est
difficile de conserver immobiles des dépôts à fortes porosités sur ces durées.
Surface spécifique
La surface spécifique déployée par une silice est une des données prin-
cipales. Classiquement elle est mesurée par adsorption d’un gaz, l’azote
ou de molécules organiques tel que le bromure de céthylméthylammonium
(CTAB). En supposant que les molécules de gaz ou organiques, s’adsorbent
en monocouche sur la silice, on peut déterminer la surface spécifique par
unité de masse de silice à partir du volume de molécules adsordées. Les
molécules organiques telle que le CTAB étant plus grosses qu’un gaz, la
surface spécifique déterminée est alors légèrement inférieure. La technique
retenue dans le cadre de cette étude est celle de l’adsorption d’azote,
appelée aussi porosimétrie azote (Rigby et al. (2004)) pour bien prendre
en compte toute la porosité (rugosité, pore à section d’entrée très petite,
etc...). A partir de la mesure de la quantité de gaz adsorbée en relation
avec sa pression, le modèle de Brunner, Emmett et Teller ou méthode BET
36 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
Porosité
La porosité d’un dépôt de silice peut être mesurée par porosimétrie mer-
cure (Moscou et Lub (1981)). La technique consiste à injecter du mercure
dans l’échantillon poreux ; le volume qui pénètre dans l’échantillon est re-
levé en fonction de la pression appliquée au mercure. Le diamètre minimal
des pores pénétrés par le mercure peut être lié à la pression par la loi de
Laplace :
4γ cos θ
dpore = − (1.48)
P
Cette technique permet d’obtenir une distribution en tailles des pores et
donne une évaluation de la porosité totale mais elle présente tout de même
une limitation importante. Il est nécessaire de sécher les échantillon et dans
le cas de systèmes très poreux, la structure serait modifiée avant analyse.
4.1.4 Synthèse
Le tableau 1.1 page 37 contient les critères qui vont dicter notre choix
de caractérisation et l’adéquation des techniques présentées.
Chapitre 1
√ √
MEB × × ×
√ √ √
MO × ×
√ √ √ √ √
SAXS
√ √
Tomo X × × ×
deux phases, avec un solvant contenant des particules (système poreux com-
posé de vides et de pleins). Une expression couramment utilisée de l’intensité
est alors (Hansen et McDonald (1976) et Spalla (2002)) :
Guinier (q → 0)
4 Organisation à l’échelle locale
39
4.2 La diffusion aux petits angles de Rayons X (SAXS)
Chapitre 1
−qRg2
I(q) = G exp( ) (1.50)
3
avec :
G = Np (ρe Vp )2 : préfacteur de Guinier ;
Porod (q → ∞)
I(q) = BP q 4 (1.51)
avec :
BP = 2πG1 S1 /V12 .
Beaucage
Beaucage (2004, 1996) propose un modèle pour des agrégats fractals qui
consiste en la superposition d’une région fractale et d’une région de Guinier
où la taille finie de l’agrégat fractal est caractérisée par :
−qRg2 1
I(q) = G exp( ) + B( ∗ )P (1.52)
3 q
avec :
q 3
q∗ =
erf ( kqRg
61/2
)
Ce modèle a été notamment testé par Hyeon-Lee et al. (1998) sur des
poudres de silice et de titane nanostructurées.
Fisher-Burford
40 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
" #
2
q.RG
I(q) = I(0). 1 + Df
(1.53)
3.( 2
)
avec :
Bouchoux-Cabane
avec :
α : constante (-) ; φ : fraction volumique de l’échantillon ;
∆ρ : différence de contraste entre les objets et le solvant.
S(q) ≈ (1 − φ) (1.55)
Chapitre 1
P (q) = fSchultz (dp ,ξ) (1.56)
Pour i niveaux structurels, l’intensité s’écrit :
X
I(q) = αi .φi .(1 − φi ).P (q)i (1.57)
i
l’effet d’une compression homogène par SAXS. Cette étude sur des systèmes
modèles a permis de détecter des seuils de compression correspondant à la
disparition de la macroporosité. D’autres études ont conduit à la définition
de seuils d’effondrement de la structure (Antelmi et al. (2001)). Par ailleurs,
l’ultrafiltration frontale ou tangentielle de systèmes modèles (disques de la-
ponite ou plaquettes de montmorillonite) a fait l’objet d’études par diffusion
aux petits angles (Pignon et al. (2000)) conduisant à une meilleure compré-
hension des mécanismes de colmatage.
Beaucage et al. (1995) ont les premiers caractérisé des structures multi-
échelles pour des matériaux hydrides PDMS-silice. Cette caractérisation a
nécessité le couplage de plusieurs techniques : SAXS, diffusion de lumière
et diffraction de rayons X. Elle a permis d’identifier les différentes échelles
dans les structures des matériaux étudiés.
Ils ont pu caractériser les trois échelles classiques dans la morphologie des
silices de renforcement, particules élémentaires, agrégats et agglomérats et
propose une schématisation telle que celle reportée sur la figure 1.19 page 43.
Chapitre 1
Figure 1.18: Spectre de diffusion d’une silice précipitée de renforcement à
partir de données collectées sur quatre instruments (d’après Schaefer et al.
(2000)).
Conclusion du chapitre
La théorie conventionnelle de filtration utilisée pour décrire la filtration
des silices a été rappelée dans ce chapitre. Les équations nécessaires à
Chapitre 1
1 Matériaux étudiés
1.1 Les dispersions de silices
Les systèmes étudiés sont des silices précipitées, fabriquées par RHO-
DIA. Selon le schéma d’Iler (1979) et d’après les informations fournies par
Rhodia, elles se composeraient de particules élémentaires précipitées puis
agrégées. Les agrégats seraient ensuite consolidés de façon irréversible avant
d’être agglomérés. Plusieurs critères permettent de discriminer les silices ;
dans le cadre de cette étude, nous en retenons deux (cf. chapitre 1, section
2.4, page 17) : la voie de synthèse qui indique le chemin physico-chimique
et cinétique suivi pour précipiter chaque silice et la surface spécifique
développée. Quatre silices ont été retenues : S1, S2, S3 et S4.
Les compositions des bouillies de silice sont fournies par Rhodia. Les dis-
persions contiennent de la silice, de l’eau et des sels qui sont les sous-produits
de la synthèse. Les concentrations en chaque composant sont mesurées en
46 CHAPITRE 2. MATÉRIELS ET MÉTHODES
1.1.1 Physicochimie
Un certain nombre de caractéristiques physicochimiques de base, comme
le pH, la conductivité des solutions et la mobilité électrophorétique, sont
mesurées sur les bouillies (tableau 2.2 page 47). Le pH des silices est me-
suré à 20˚C et la conductivité de la solution contenant la silice également.
Les propriétés de charge de surface de la silice dans les bouillies (densités
de charge surfacique) sont évaluées à partir d’une mesure de la mobilité
électrophorétique des particules de silice dans les bouillies, réalisée sur un
appareil de zetamétrie (Nanosizer, Malvern,France). Cette grandeur est in-
dicative de la stabilité de la bouillie (plus la valeur absolue de la mobilité
électrophorétique est élevée, plus la dispersion est supposée stable).
Un pH moyen de 4,5 avec des écarts d’une à deux décimales, était an-
noncé pour toutes les silices par Rhodia. D’après les données du tableau
1 Matériaux étudiés
47
1.1 Les dispersions de silices
2.2, nous constatons des écarts de un à deux points sur les valeurs de pH
Chapitre 2
mesurées par rapport aux indications de Rhodia. Les mesures présentées
par la suite, ont été réalisées sur les bouillies au pH à réception.
Les surfaces spécifiques mesurées au LGC ainsi que les valeurs fournies
par Rhodia, sont reportées dans le tableau 2.3 page 47.
La surface spécifique mesurée au LGC pour S3 est plus élevée que celle
communiquée par Rhodia, avec un écart de 10%.
Chapitre 2
h d2 .g.∆ρ
vsedimentation = décantation Stokes (2.1)
tdécantation 18.µ
Le tableau 2.4 page 50, contient les vitesses de sédimentation mesurées
pour trois bouillies de silice et les diamètres moyens des particules sédimen-
tant calculés (dStokes ).
Silices vStokes (nm/s) dStokes après 24h (nm) dStokes après 48h (nm)
S1 257 556 392
S2 360 658 466
S3 172 452 320
D’après les résultats contenus dans le tableau 2.4 page 50, la S2 est la
silice dont les objets sédimentent le plus vite (360 nm/s), suivie par la S1
(257 nm/s) et enfin la S3 (172 nm/s). Les diamètres de Stokes déterminés
à partir de la vitesse de sédimentation et reportés dans le tableau 2.4,
indiquent que les bouillies contiennent des objets de quelques centaines de
nanomètres au bout de 48h (dStokes vaut 392 nm pour S1, 466 nm pour S2
et 320 nm pour S3). Ces résultats sont en accord avec les mesures granulo-
métriques effectuées sur les silices : la silice S2 contient les agglomérats de
plus grande taille, suivie par S1 qui contient les mêmes agglomérats mais
en plus faible proportion et enfin S3 est composée d’agglomérats plus petits.
Chapitre 2
Figure 2.2: Distributions granulométriques en volume dans les surnageants
de trois bouillies de silices mesurées par DLS : S1 , S2 , S3 N.
1.2 Floculation
L’effet d’une floculation sur les performances en filtration/lavage a été
étudié. Le floculant retenu, Flopol FA 11 (SNF, France) est un polymère non
ionique hydrosoluble, de masse molaire 110 000 g/mol. Il existe une gamme
de concentrations en floculant qui mène à un comportement optimisé en
filtration. Dans le cadre de cette étude, deux concentrations de 300 et 600
ppm de polymère par masse de silice ont été recommandées par Rhodia et
testées, conduisant respectivement à aucun effet et à une variation d’un fac-
teur 1,2 des performances en filtration (cf. résultats présentés en section 4.1,
page 131). Pour l’étude, nous retenons les résultats en filtration obtenus à
partir de bouillies floculées, avec une concentration en polymère de 600 ppm.
Chapitre 2
Le floculant est reçu sous forme de poudre et doit être dissout dans de
l’eau ultrapure, avant d’être ajouté à la bouillie. Une solution de polymère
de 1 g/L est préparée à température ambiante sous une agitation mécanique
à faible vitesse maintenue pendant une demi-heure. La solution de polymère
est aussitôt après ajoutée à la bouillie à la concentration de 600 ppm dans
des conditions opératoires similaires à celles de préparation de la solution
de polymère (faible vitesse d’agitation pour éviter de cisailler les flocs).
Chapitre 2
Figure 2.3: Distribution granulométrique de la bouillie S1 − et de la
bouillie S1 après floculation (−).
Chapitre 2
Figure 2.5: Pilote de filtration/lavage.
Si on regarde de plus près la cellule de filtration sur la figure 2.6, elle est
composée de la chambre de filtration entourée de deux plateaux l’un fixe et
l’autre amovible (permettant le déchargement du gâteau) sur lesquels sont
disposés les toiles filtrantes. Des joints toriques fixés sur les plateaux ainsi
qu’une solution d’enduction appliquée sur les rebords des toiles filtrantes
garantissent l’étanchéité. En filtration, le filtrat est récupéré en sortie des
deux collecteurs fixés à chaque plateau. En lavage, un collecteur est raccordé
au ballon d’alimentation en eau de lavage et les eaux de lavage collectées
au second.
Toiles A B C D
Perméabilités à l’air 15 100 90-130 13
(m3 /m2 /h sous 20 mm CE)
Paramètres de fonctionnement
Chapitre 2
de 0,5 bar jusqu’à la collecte d’une première goutte de filtrat. On a alors
rempli la chambre de filtrat de bouillie en analogie au chargement du filtre.
Puis, on augmente la pression à 1,5 bars jusqu’à récupérer une masse de
filtrat de 20g (stabilisation). Enfin, au-delà de 20g de filtrat recueilli, on
procède à une filtration à pression constante. On reproduit ainsi les "petite
et grande vitesses" appliquées en filtration à l’échelle industrielle. Les
calculs de résistances spécifiques sont par la suite réalisés sur les données
collectées après stabilisation de la pression de filtration.
Acquisition de données
mf iltrat
Vf iltrat = (2.2)
ρf iltrat
avec :
mf iltrat : masse de filtrat (kg) ;
ρf iltrat : masse volumique du filtrat (kg/m3 ).
t
Figure 2.8: Courbe de filtration Vf iltrat
= f (Vf iltrat ).
t − t0 µαW µRm
= 2
(V + V0 ) + (2.4)
V − V0 2∆P A ∆P A
avec :
t0 : temps de filtration où la pression atteint une valeur constante (s) ;
V0 : volume de filtrat recueilli lorsque la pression atteint une valeur
constante (m3 ) ;
µ : Viscosité dynamique du liquide (Pa.s) ;
2 La filtration et le lavage sur cellule laboratoire
59
2.3 Protocole opératoire
avec :
mgateau : masse de gâteau pesée après déchargement de la cellule de filtra-
tion (kg) ;
%ES : extrait sec du gâteau de filtration (%wt) ;
Chapitre 2
τ : taux de sels résiduels dans le gâteau de filtration. Il est supposé égal à
la concentration théorique en sels après une expérience de filtration seule
mais est déterminé à l’aide d’un modèle empirique établi par Rhodia, à
partir d’une mesure de conductivité après filtration et lavage du gâteau.
mgateau ∗ %ES
taux de chargement = (2.5)
A ∗ Vf iltrat ∗ (1 + τ )
Fraction volumique
60 CHAPITRE 2. MATÉRIELS ET MÉTHODES
msilice
Vsilice ρsilice
φ= = msilice m iltrat (2.6)
Vtotal ρsilice
+ ρffiltrat
avec :
msilice = mgateau
1+τ
.%ES
tel que
mgateau : masse du gâteau de filtration (kg) ;
Chapitre 2
Le lavage est réalisé avec une montée en pression sous forme de rampe.
Cette augmentation graduelle de la pression permet d’éviter l’apparition
d’hétérogénéités ou de chemins préférentiels de circulation de l’eau, sous
l’application d’une forte pression. Les eaux de lavage sont collectées en
sortie par échantillon de dix grammes. Le suivi du lavage est réalisé par
mesure de la conductivité sur les échantillons des eaux de lavage au cours
du temps. La conductivité est corrélée à la quantité de sels restante dans le
gâteau et une valeur cible de conductivité à atteindre est fixée à 5 mS/cm
(équivalente à un taux résiduel en sels de 0,4 g/gsilice selon les données
Rhodia). La courbe caractéristique d’un lavage présente l’évolution de la
conductivité relative dans les eaux de lavage en fonction du taux de lavage.
Le taux de lavage a été adapté par Rhodia aux silices et équivaut à la
masse d’eau nécessaire pour laver un kilogramme de silice.
Acquisition de données
Les courbes sur la figure 2.9, page 61, représentent différents profils de
lavage.
Lorsque la courbe de lavage tend vers un profil de type piston, les eaux
mères sont évacuées à volume équivalent par les eaux de lavage par simple
déplacement, le volume d’eau de lavage utilisé est alors minimal. Un profil
de type 2 est jugé satisfaisant par rapport au profil piston contrairement à
2 La filtration et le lavage sur cellule laboratoire
61
2.4 Limites en filtration
Chapitre 2
Figure 2.9: Courbes type de lavage.
Fraction volumique
msilice
Vsilice ρsilice
φ= = msilice m iltrat (2.7)
Vtotal ρsilice
+ ρffiltrat
Seul le taux résiduel en sels varie par rapport à une expérience de filtra-
tion seule ; la concentration en sels dans le dépôt diminue. Le taux résiduel
en sels après lavage est déterminé à l’aide d’un modèle empirique établi par
Rhodia, à partir d’une mesure de conductivité dans les eaux de lavage.
3 La compression osmotique
La technique qui a été retenue dans le cadre de cette étude pour
procéder à la concentration des silices précipitées, et ce de façon homo-
gène, est la compression osmotique. Il s’agit d’une compression lente et
homogène qui repose sur l’établissement d’un équilibre thermodynamique
entre une dispersion à concentrer et une solution de polymère concentrée.
Cet équilibre supprime l’écueil classique du gradient de pressions dans
le dépôt. L’utilisation de la compression osmotique est ici originale par
rapport à l’usage classique qui consiste à établir des équations d’état
ou à tester la résistance mécanique de l’organisation structurelle dans la
dispersion. La compression osmotique est ici utilisée pour concentrer au
maximum les silices. En fait, nous souhaitons déterminer dans quel cas,
dans des conditions homogènes, il est plus facile d’extraire l’eau interstitielle.
3 La compression osmotique
63
3.2 Choix du polymère
3.1 Principe
Une expérience de compression osmotique consiste à amener au contact
une dispersion de particules avec une solution de polymère, au travers d’une
membrane de dialyse. La membrane de dialyse doit être choisie de telle sorte
à maintenir chaque espèce de part et d’autre et à ne laisser circuler que l’eau
et les espèces solubles. S’il y a un déséquilibre de potentiels chimiques, un
phénomène d’osmose s’établit naturellement pour rétablir l’équilibre (trans-
fert d’eau de la zone diluée vers la zone concentrée). Du fait du phénomène
d’osmose qu’il provoque, on parle de polymère "stresseur". A l’équilibre des
potentiels chimiques, les pressions de chaque coté de la membrane de dialyse
sont identiques. Pour concentrer les dispersions de silice, on agit donc sur la
Chapitre 2
concentration des solutions de polymère ; plus une solution est concentrée,
plus elle va engendrer un transfert d’eau sous l’effet d’osmose. Il devient
possible à partir de la mesure de la pression dans la solution de polymère
à l’équilibre et de la concentration finale atteinte, de déterminer la plus ou
moins grande facilité de concentration de chacun des systèmes.
avec :
Posm : pression osmotique d’une solution de PEG (Pa) ;
64 CHAPITRE 2. MATÉRIELS ET MÉTHODES
Chapitre 2
Chapitre 2
La membrane retenue pour l’étude en compression osmotique est une
membrane de dialyse qui dispose d’un seuil de coupure de 12-14 kDaltons 1
(Specta/Por R , Spectrum, Rancho Dominguez, USA). Plusieurs seuils de
coupure ont été testés ; celui choisi permet de retenir de part et d’autre du
sac de dialyse les particules étudiées et les molécules de PEG. Il y a bien
évidemment un équilibre à trouver entre la taille des objets à maintenir
séparés d’un coté, et la cinétique de transfert de l’eau et des espèces solubles
de l’autre.
Chapitre 2
Figure 2.13: Image d’une compression osmotique en cours.
Chapitre 2
Figure 2.15: Dispositif expérimental disponible sur la ligne ID02 (source :
http://www.esrf.eu/UsersAndScience/Experiments/SoftMatter/
ID02/BeamlineLayout).
Distance au faisceau 10 m
Energie des photons 12,46 keV
Taille du faisceau 0,2*0,2 mm
Longueur d’onde λ 0,103 nm
Gamme vecteurs de diffusion 8,7.10−3 ≤q≤0,58 nm−1
4π θ
q= · sin (2.9)
λ 2
4 La diffusion aux petits angles
71
4.4 Échelles sondées et représentations adaptées
∆N 1
I= (2.10)
N0 T es ∆Ω
Chapitre 2
avec :
I : intensité diffusée (m−1 ) ;
∆N : nombre de photons diffusé (nombre de coups) ;
N0 : nombre de photons initial avant passage à travers l’échantillon (nombre
de coups) ;
T : transmission de l’échantillon (-) ;
es : épaisseur de l’échantillon traversée par les photons (m) ;
Ω : angle solide, traduisant la surface de projection des photons (-).
interfaciales de l’échantillon.
Chapitre 2
En continuant à diminuer les vecteurs de diffusion, on sonde une échelle
bien plus grande que celle des objets constitutifs du dépôt. C’est alors
leur corrélation qu’il est possible d’étudier (extraction d’un facteur de
structure S(q)), indicative des interactions entre les objets ou de leur
agencement dans le dépôt. Cette partie peut être étudier en représen-
tation de Kratky. Parfois il est possible de voir apparaitre un plateau
sur un spectre brut d’intensité, aux très faibles vecteurs de diffusion ;
on a alors atteint la distance maximale de corrélation des objets. Cette
distance est associée à celles des plus gros objets en présence, dans les-
quels s’organisent les briques. Cette taille finie est calculée dans une
représentation adaptée qui est celle de Guinier.
tion :
σ
K = lim I(q).q 4 = 2.π.ρm .∆ρ2 (2.12)
q→∞ M
avec :
K : limite de Porod ;
∆ρ : différence de contraste entre les objets et le solvant ;
ρm : densité des particules diffusantes (kg/m3 ) ;
σ
M
: surface spécifique (m2 /g).
Chapitre 2
Une autre proposition a été faite par Warr (Warr, Warr et al. (1990))
pour calculer la surface spécifique développée dans un échantillon :
σ π. limq→∞ I(q).q 4
SSAXS = = R∞ (2.13)
M 0
Im (q).q 2 .dq.ρm
2π
dbrique = (2.14)
qmax
4 La diffusion aux petits angles
75
4.4 Échelles sondées et représentations adaptées
Z ∞
Q≡ Im (q).q 2 .dq = 2.π 2 φ.(1 − φ).(∆ρ)2 (2.15)
0
avec : :
Q : invariant (Glatter et Kratky (1982)), correspond à l’aire sous la courbe
de Kratky ;
Im (q) : intensité normée ;
Chapitre 2
φ : fraction volumique.
Rg2 2
I(q)
ln =− .q (2.16)
I(0) 3
Les objets caractérisés dans le domaine de Guinier sont les plus gros en
présence ; en l’occurrence, il s’agirait des agglomérats dans les bouillies de
silice.
Conclusion
Les 3 principales techniques de caractérisation décrites dans ce chapitre
que sont la filtration sur cellule laboratoire, la compression osmotique et
la diffusion aux petits angles vont nous permettre de mener une étude à
la fois sur les propriétés macroscopiques des dépôts en lien direct avec les
performances en filtration/lavage des silices mais également sur les pro-
priétés microscopiques des particules de silice au sein des dépôts qui elles,
définissent les propriétés des silices. C’est par le couplage d’une caractérisa-
tion macroscopique des performances et d’une analyse locale des structures,
qu’une meilleure corrélation pourra être établie.
Structures de dispersions et
de dépôts de silice à l’échelle
submicronique 3
Il ne suffit pas de "voir" un objet jusque-là invisible pour le transformer en objet
d’analyse. Il faut encore qu’une théorie soit prête à l’accueillir.
François Jacob
Chapitre 3
Figure 3.2: Spectres de diffusion des quatre bouillies de silice analysées :
S1 , S2 , S3 N, S4 •.
Plusieurs représentations des spectres SAXS ont été présentées (cf. cha-
pitre 2 section 4.4 page 71), chacune étant appropriée pour étudier une
échelle dans les structures de silices. Nous reportons les spectres de dif-
fusion dans les différentes représentations pour étudier successivement les
échelles accessibles en SAXS.
Chapitre 3
2 Échelles locales
Chapitre 3
Figure 3.3: Spectres de diffusion des dispersions de silice en représentation
de Porod : S1 , S2 , S3 N, S4 •.
σ π. limq→∞ I(q).q 4
SSAXS = = R∞ (3.1)
M 0
Im (q).q 2 .dq.ρm
Dans le cas modèle d’agrégats fractals composés de sphères monodis-
perses, la surface diffusante obtenue à partir des données SAXS est égale à la
surface spécifique développée par les sphères (Spalla (2002)). En supposant
que les particules élémentaires qui composent les agrégats sont sphériques,
nous évaluons les diamètres des sphères équivalentes qui contribueraient aux
interfaces développées par les silices. Le diamètre théorique des sphères (dp )
peut être calculé comme suit :
6
dp = (3.2)
1000.ρs .SSAXS
2 Échelles locales
83
2.1 Grands vecteurs de diffusion et petites échelles
avec :
ρs : masse volumique des particules de silice (kg/m3 ).
dp : diamètre des sphères (m).
Chapitre 3
les silices et diamètres des sphères équivalentes qui définiraient de telles
surfaces.
Les diamètres des sphères équivalentes calculés à partir des deux sur-
faces spécifiques restent du même ordre de grandeur.
Pour conclure, nous avons évalué à partir des spectres SAXS en repré-
sentation de Porod, les surfaces spécifiques développées par les silices. Les
valeurs obtenues sont en accord avec les mesures expérimentales par ad-
sorption d’azote sauf pour la silice S3 qui présente un écart entre les deux
CHAPITRE 3. STRUCTURES DE DISPERSIONS ET DE
84 DÉPÔTS DE SILICE À L’ÉCHELLE SUBMICRONIQUE
Sur la figure 3.5 page 84, les spectres présentent un maximum qui
apparaît à un vecteur de diffusion spécifique à chaque silice. L’échelle
intermédiaire identifiée au maximum caractérise une dimension d’objets
denses. En théorie, ce devrait être l’échelle des particules élémentaires.
2 Échelles locales 85
2.2 Vecteurs de diffusion et échelles intermédiaires
Pour les valeurs de q plus élevées que le maximum, des échelles plus
petites que celles des agrégats sont sondées. Nous retrouvons les zones
caractérisées en représentation de Porod, avec une intensité qui évolue en
q −3 puis en q −4 (ie. Iq 2 ∝ q −1 puis Iq 2 ∝ q −2 ). La fenêtre d’étude étant
plus petite que la taille des agrégats, c’est leur interface qui est sondée et
donc celle des particules élémentaires qui les constituent.
Chapitre 3
Cette évolution nous indique que l’analyse porte alors sur un milieu poreux
dont les pleins sont les particules élémentaires et les agrégats eux-mêmes
composés de particules élémentaires. C’est donc au final l’organisation des
particules élémentaires qui est sondée jusqu’à la limite de q = 10−2 nm−1
d’analyse (d ≈ 628nm).
Notons que les silices étudiées sont issus d’une production industrielle et
s’écartent de ce fait de systèmes modèles. D’ailleurs, nous avons déjà iden-
tifié une polydispersité des silices avec la présence d’un régime I(q) ∝ q −3
plus ou moins étendu selon la silice. Ici nous avons déterminé les dimen-
sions limites des agrégats dans chacune des représentations (dlimP orod et
dlimKratky ). Si les agrégats ne sont pas polydisperses, nous devrions obtenir
les mêmes valeurs. Les diamètres limites sont calculés à partir des vecteurs
CHAPITRE 3. STRUCTURES DE DISPERSIONS ET DE
86 DÉPÔTS DE SILICE À L’ÉCHELLE SUBMICRONIQUE
2π
dlim = (3.3)
qlim
Nous avons dans un premier temps évalué dans le cas modèle de sphères
polydisperses ce que représentait les dimensions limites déterminées en
représentations de Porod et de Kratky d’un spectre. Pour cela, nous avons
déterminé les diamètres limites en Porod et en Kratky et les avons reportés
sur la fonction de distribution en tailles de sphères polydisperses bien
connue (fonction de Schultz, Aragon et Pecora (1976)).
Chapitre 3
Figure 3.7: Fonction de distribution en tailles d’une dispersion de sphères
très polydiserses et position des diamètres limites extraits des représenta-
tions de Porod et de Kratky.
En résumé, nous avons déterminé que les suspensions de silice sont com-
posées de particules élémentaires agrégées et consolidées pour former des
agrégats polydisperses.
Nous avons observé que les spectres des silices sont similaires à ceux
d’agrégats fractals. Or dans la région de Kratky, la dimensionnalité d’un
agrégat fractal peut être caractérisée par le coefficient de la loi de puissance
d’évolution de l’intensité diffusée. Par exemple, dans le cas modèle d’un
agrégat de dimension fractale égale à 2, l’intensité évoluera en q −2 dans la
Chapitre 3
région de Kratky. Nous avons donc tenté d’évaluer les mécanismes d’agré-
gation des particules élémentaires et des agrégats de particules élémentaires
qui mènent aux lois de puissance observées dans la région de Kratky.
La figure 3.8 page 90 présente les spectres SAXS des quatre silices en
représentation de Kratky.
CHAPITRE 3. STRUCTURES DE DISPERSIONS ET DE
90 DÉPÔTS DE SILICE À L’ÉCHELLE SUBMICRONIQUE
Sur la figure 3.8 page 90, nous distinguons deux types de décroissance
de Iq 2 en fonction de q. Deux silices S1 et S4 présentent respectivement une
évolution de Iq 2 en q 0,3 et q 0,2 (ie. respectivement I(q) ∝ à q −1,7 et q −1,8 ).
Les particules élémentaires ou les agrégats des silices S1 et S4 sont donc
agrégées selon un processus limité par la diffusion ou DLCA. Les silices S2
et S3 quant à elles, présentent respectivement une évolution de Iq 2 en q 0,3 et
q −0,1 (ie. respectivement I(q) ∝ à q −2,3 et q −2,1 ). L’agrégation des particules
élémentaires ou des agrégats de S2 et S3 est limitée par la réaction (RLCA).
Chapitre 3
Figure 3.9: Spectres de diffusion des dispersions de silice en représentation
de Kratky : S1 , S2 , S3 N, S4 ∗.
- nous avons étudié l’effet d’une modification des structures par une
agitation mécanique, en appliquant un cisaillement sur les dispersions
de silice. D’ailleurs, pendant l’opération industrielle, un cisaillement
peut être appliqué par le passage à travers les pompes ou circuits
amont au chargement des filtres-presses en dispersion.
Chapitre 3
fractions volumiques dans les dépôts à partir des spectres SAXS et les com-
parerons aux fractions volumiques totales en silice mesurées expérimentale-
ment.
Sur la figure 3.10 page 94, tous les spectres se superposent avec un écart
relatif inférieur à 5%, qui est l’incertitude. Les surfaces spécifiques ainsi
que les diamètres minimums des agrégats (déterminées aux cross-overs) ne
varient pas quelque soit la contrainte appliquée. Il en est de même pour
toutes les silices (cf. Annexe I : Conservation des surface spécifiques des
silices S2, S3 et S4). Les surfaces spécifiques ainsi que les objets denses, ne
sont pas altérés par les contraintes étudiées.
Chapitre 3
Figure 3.11: Spectres de diffusion normés des dispersions et des dépôts de
silice en représentation de Kratky : S1 , S2 , S3 N, S4 • et dépôts formés
–.
Les autres comportements ont été observés lorsqu’on analyse des dépôts
de filtration formés à une pression de 6.105 Pa (Annexe I : Évolution de
l’échelle des agrégats et de leur organisation). La silice S3 conserve alors sa
CHAPITRE 3. STRUCTURES DE DISPERSIONS ET DE
96 DÉPÔTS DE SILICE À L’ÉCHELLE SUBMICRONIQUE
structure interne. Pour les autres silices, nous observons une modification
de la structure interne des agglomérats aux grandes échelles sans affecter
la taille des agrégats. Cette réorganisation structurelle sous l’effet d’une
pression de filtration de 6.105 Pa est différente de la densification observée
pour S2 et conduit à la formation de dépôts moins ordonnés. Nous attribuons
l’augmentation locale de l’intensité plutôt à l’apparition d’hétérogénéités
locales qui provoquent la formation de grains denses dans les dépôts.
3.2.2 Cisaillement
Regardons à présent l’impact d’un cisaillement sur l’évolution des
agrégats et de la structure interne des agglomérats. Pour rappel, le cisaille-
ment n’est pas un effet recherché en filtration/lavage puisqu’il dégrade la
perméabilité, il est néanmoins parfois imposé par les circuits amont à la
filtration.
La figure 3.12 page 96 présente l’exemple des spectres SAXS normés par
la concentration de la silice S4 à l’état de dispersion et après cisaillement
ainsi que les dépôts formés à 4.105 Pa.
Chapitre 3
plus fragiles. D’ailleurs, nous observons sur les spectres des dispersions de
silice cisaillées sur la figure 3.12 page 96 une polydispersité accrue dans les
structures internes des agglomérats (grandes échelles sondées). De plus, le
dépôt formé à partir d’une dispersion cisaillée présente une décroissance
plus rapide de l’intensité aux grandes échelles. Cette décroissance indique
la formation d’une structure plus ordonnée et plus dense.
Chapitre 3
3.2.3 Compression osmotique avec modification de la force ionique des
silices
entre les agrégats dans les agglomérats et donc la structure interne des ag-
glomérats. Dès lors la compression permet de former des dépôts également
plus denses.
Chapitre 3
Z ∞
Q≡ Im (q).q 2 .dq = 2.π 2 φ.(1 − φ).(∆ρ)2 (3.4)
0
Sur la figure 3.14 page 100, les fractions volumiques déterminées par
SAXS sont en assez bon accord avec celles mesurées. Cela signifie qu’il
existe peu de dispersion en terme de fraction volumique pour des échelles
supérieures 628 nm.
La figure 3.15 page 100 présente l’évolution des fractions volumiques en
agrégats de la silice S2, d’après les spectres SAXS (φSAXS ) en fonction des
fractions volumiques totales en silice (φexp ) mesurées.
Ici par contre, nous voyons pour la silice S2 des fractions volumiques
déterminées à partir des spectres SAXS qui sont généralement supérieures
à celles mesurées expérimentalement. Cette silice conserve donc beaucoup
de dispersion des fractions volumiques aux échelles au-delà de 628 nm.
Chapitre 3
Figure 3.16: Fractions volumiques en agrégats des échantillons de S3 cal-
culées à partir des spectres SAXS et fractions volumiques totales en silice
mesurées expérimentalement.
Enfin, la figure 3.17 page 102 présente l’évolution des fractions volu-
miques en agrégats d’après les spectres SAXS (φSAXS ) en fonction des frac-
tions volumiques totales en silice (φexp ) mesurées pour la silice S4.
CHAPITRE 3. STRUCTURES DE DISPERSIONS ET DE
102 DÉPÔTS DE SILICE À L’ÉCHELLE SUBMICRONIQUE
4 Modélisation
Dans la recherche d’une corrélation des performances macroscopiques à
la filtration et des échelles locales, le développement de modèles de struc-
tures est une étape importante.
ou de sphéroïdes (cf. chapitre 1 section 4.2.3 page 38). La figure 3.18 page
103 présente les résultats obtenus en ajustant les deux modèles cités aux
données expérimentales d’un dépôt de S1.
Chapitre 3
Figure 3.18: Modèles de Beaucage et Fisher-Burford : spectre expérimental
(), modèle de Beaucauge (∗), modèle de Fisher-Burford (∗).
Sur la figure 3.18 page 103, nous constatons que les modèles ne décrivent
les données expérimentales de la silice S1 que pour la gamme de vecteurs
de diffusion pour laquelle l’intensité évolue en loi fractale (I(q) ∝ q −d
tel que 1<d<3), c’est-à-dire 0,01 < q < 0,1nm−1 . Il en est de même
pour les résultats sur les trois autres silices S2, S3 et S4. Les modèles
s’ajusteraient aux spectres expérimentaux de SAXS si les systèmes agrégés
étudiés présentaient un plateau de Guinier indiquant une taille finie des
agglomérats. En l’occurrence pour les silices étudiées comme la taille finie
des agglomérats n’a pas été accessible en SAXS, il est difficile de modéliser
complètement les silices sur lesquelles nous travaillons par un modèle de
Beaucage ou de Fisher-Burford.
Malgré tout, les silices étudiées contiennent des agrégats qui s’organisent
en structures pseudo-fractales dans les agglomérats puisque les modèles de
Beaucage ou de Fisher-Burford conviennent sur une gamme de vecteurs
de diffusion donnée. D’autres auteurs ont eu recours à ces modèles pour
étudier des silices agrégées avec des résultats plus concluants (Beaucage
(1996), Hyeon-Lee et al. (1998)). Cependant tous ont travaillé sur des silices
CHAPITRE 3. STRUCTURES DE DISPERSIONS ET DE
104 DÉPÔTS DE SILICE À L’ÉCHELLE SUBMICRONIQUE
précipitées modèles, telles que les plateaux de Guinier soient accessibles sur
les spectres SAXS recueillis.
Chapitre 3
I(q) = α.φ.P (q).S(q) (3.5)
avec :
α : constante ;
φ : fraction volumique ;
S(q) : facteur de structure ;
P (q) : facteur de forme.
avec :
Scomp (q → ∞) = 1
L’intensité diffusée par les dépôts aux petites échelles devient alors :
Id (q → 0) Idispersion (q → 0)
Sd (q → 0) = . (3.10)
Id (q → ∞) Idispersion (q → ∞)
Tout l’intérêt de cette démarche repose sur le fait d’utiliser seulement
les données expérimentales recueillies en SAXS et elle ne nécessite aucun
ajustement de paramètres.
4 Modélisation
107
4.3 Modèle de corrélation entre agrégats
Chapitre 3
des dépôts. Nous obtenons un empilement des objets dans les dépôts qui
ressemble à celui de sphères dures et plus encore lorsque l’on prend en réfé-
rence une dispersion ultrasoniquée. Dans ce cas de figure, nous avons cassé
les très grandes structures ce qui homogénéise le système le rapprochant
du modèle de sphères.
Cette conclusion est intéressante car elle nous indique que les objets
contenus dans les dispersions, éléments constitutifs des dépôts, peuvent être
assimilés à des sphères à la formation des dépôts. Les dépôts contiennent
des agrégats et des agglomérats impossibles à caractériser dans le cadre de
cette étude. Finalement, l’image des dépôts peut être simplifiée à celle d’un
empilement régulier de sphères. Une telle piste nous permet d’envisager l’uti-
lisation de modèles classiques de filtration qui souvent posent l’hypothèse
de sphères dures.
Conclusion
Chapitre 3
Chapitre 3
Propriétés macroscopiques et
échelles caractéristiques dans
un dépôt de silice 4
Ce ne sont pas les perles qui font le collier, c’est le fil.
Gustave Flaubert
Une première étude des silices est menée par compression osmotique
avec ou sans modification de la composition ionique des silices. A la diffé-
rence de la filtration, la compression osmotique garantit une compression
lente et isotrope des dispersions. Dans le chapitre précédent, nous avons
démontré que c’est une situation qui affecte significativement les structures
interne des agglomérats. Nous souhaitons à présent mettre en relation la
modification des structures internes des agglomérats à l’échelle locale aux
propriétés macroscopiques.
1 Compression osmotique
Lors d’une filtration, la force appliquée au liquide se propage dans le
dépôt et est transmise aux particules qui le composent. Par exemple, une
couche de particules près de la toile filtrante subit la force de friction du
fluide sur les particules des couches supérieures du dépôt. Il en résulte un
gradient de force sur l’épaisseur du dépôt formé. Cette situation rend dif-
ficile l’interprétation car s’il y a un gradient de contrainte, il peut y avoir
un gradient de restructuration dans les dépôts (Madeline (2005)). Il est in-
téressant de compléter l’étude du comportement en compression des silices
dans une situation différente. Une situation idéale est celle d’un dépôt sou-
mis à une compression lente et isotrope ; nous choisissons la compression
osmotique qui répond à ces critères.
Des sacs de dialyse contenant les dispersions de silice sont plongés dans des
bains de PEG ; le déséquilibre de potentiels chimiques, qui est fonction de
la concentration en PEG du bain de dialyse, induit un transfert d’eau de la
dispersion vers le bain jusqu’à atteindre l’équilibre des potentiels chimiques.
Les espèces ioniques peuvent circuler lors de la compression à travers le sac
de dialyse ; à l’équilibre, il en résulte un transfert des sels dans le bain de
dialyse simultanément à la concentration des dispersions. De fait, la concen-
tration en espèces ioniques décroît dans les dispersions de silice pendant leur
compression. Un choix judicieux de la fréquence de renouvellement des bains
permet d’atteindre une composition ionique dans le dépôt de compression
osmotique, équivalente à celle mesurée après une étape de lavage 1 des silices.
Un renouvellement des bains tel que le rapport du volume de dispersion et
au volume du bain de PEG soit d’un facteur 10 minimum est respecté pour
atteindre un seuil de composition ionique identique à ceux obtenus en fin
de filtration et lavage.
1. Le lavage est l’opération aval de la filtration qui permet d’éliminer les sels dans les
dépôts par renouvellement des eaux dans les interstices du dépôt. La qualité d’un lavage
est considérée satisfaisante sur cellule laboratoire, lorsque la concentration en sels finale
du dépôt est inférieure à 1%. Le chapitre5 y est consacré.
1 Compression osmotique
1.1 Compression osmotique sans ajustement de la composition 113
ionique
Chapitre 4
Figure 4.1: Lois de comportement en compression osmotique des silices
sans ajustement de la composition ionique. La concentration en espèces
ioniques décroit dans les dispersions de silices pendant la compression. S1 :
, S2 : , S3 : N, S4 •.
Au delà d’une valeur seuil pour la fraction volumique, qui varie d’une
silice à l’autre, une augmentation de la pression osmotique d’environ un
CHAPITRE 4. PROPRIÉTÉS MACROSCOPIQUES ET
114
ÉCHELLES CARACTÉRISTIQUES DANS UN DÉPÔT DE SILICE
!Df −3
dagglomérat
φagrégats/agglomérat = (4.1)
dagrégat
avec :
Chapitre 4
dagglomérat : longueur caractéristique de l’agglomérat (m) ;
dagrégat : longueur caractéristique de l’agrégat déterminée par SAXS (m) ;
Df : dimension fractale de l’agglomérat déterminée par SAXS (-).
Les tailles caractéristiques des agrégats ainsi que les dimensions fractales
des agglomérats ont été déterminées dans le chapitre 3.
Tous les paramètres des équations 4.1 et 4.2 sont connus, exceptées la
fraction volumique en agglomérats dans le dépôt et la dimension des agglo-
mérats. Nous choisissons d’évaluer les dimensions des agglomérats de silice
CHAPITRE 4. PROPRIÉTÉS MACROSCOPIQUES ET
116
ÉCHELLES CARACTÉRISTIQUES DANS UN DÉPÔT DE SILICE
! 1
Df −3
φexp
dagglomérat = dagrégat . (4.3)
φagglomérats/dépôt
Les données nécessaires ainsi que les dimensions des agglomérats calcu-
lés sont reportées dans le tableau 4.1 page 116. Les fractions volumiques
expérimentales du seuil de percolation sont parfois dispersées, nous prenons
une valeur moyenne pour chaque silice.
Des objets disposant de telles tailles caractéristiques ont déjà été dé-
tectés expérimentalement, soit dans le surnageant des dispersions de silice
dans le cas des agglomérats de quelques centaines de nanomètres de dia-
mètre, soit dans la distribution granulométrique issue de la diffraction laser
dans le cas des agglomérats de quelques micromètres de diamètre lorsque
la distribution en taille est reportée en nombre. Les tests de décantation
et la granulométrie laser nous permettent d’affirmer que des agglomérats
polydisperses de quelques centaines de nanomètres à quelques micromètres
existent dans les silices ce qui valide les échelles d’agglomérats calculées aux
seuils de percolation.
Chapitre 4
eu recours à des données bibliographiques pour estimer la réduction de la
pression osmotique du PEG dû à la présence de N a2 SO4 . Aroti et al. (2007)
ont démontré que la pression osmotique effective d’une solution de PEG en
présence de sulfate de sodium était inférieure de 40% à celle mesurée dans
l’eau. Nous appliquons cette correction pour toutes les silices en compression
osmotique avec ajustement de la composition ionique.
Dans le chapitre 1, nous proposons sur la figure 1.4 page 9 une descrip-
tion schématique des chemins de synthèse des silices selon les conditions
physicochimiques. Supposons que nous avons initialement une dispersion
de particules à pH basique et sans sels. Les forces répulsives dominent
et la barrière de potentiel à franchir pour que deux particules puissent
se rencontrer est si importante qu’elles resteraient isolées. L’ajout de sels
dans la dispersion diminue les charges de surface des particules et donc la
grandeur de la barrière de potentiel. L’énergie de répulsion diminue et les
forces attractives deviennent prépondérantes ; les particules peuvent alors
s’agréger. Le raisonnement est le même lorsqu’il s’agit d’agglomérer des
agrégats. Après agrégation et agglomération, dans le cas des dispersion de
silice étudiées, les particules et les agrégats sont maintenus ensemble par
des liaisons d’une certaine force. A l’inverse, en diminuant la concentration
en sels d’une dispersion, la barrière de potentiel à franchir augmente ; les
liaisons se défont et les particules et les agrégats sont isolés. A l’appli-
cation d’une pression osmotique, une dispersion contenant des sels aura
des particules et des agrégats maintenus par des liaisons qui résisteront à
Chapitre 4
la pression. Le seuil de percolation et la fraction volumique devrait donc
être plus faibles que pour une dispersion sans sels et dont les objets isolés
résistent moins à la pression. Nos résultats expérimentaux valident ce
raisonnement puisque nous obtenons les fractions volumiques de silice les
plus faibles dans les dépôts à composition ionique constante.
2 Filtration
Le comportement en filtration des silices est étudié en laboratoire sur
une cellule de filtration dans les conditions opératoires décrites dans le cha-
pitre 2, section 2, page 53. Les données de performances en filtration étant
confidentielles, les résultats obtenus sont présentés en comparaison d’une
valeur référence R de résistance spécifique à la filtration.
t − t0 µαW µRm
= 2
(V + V0 ) + (4.4)
V − V0 2∆P A ∆P A
Chapitre 4
D’après la figure 4.3 page 120 l’ordre croissant des résistances spécifiques
des silices est le suivant : S3, S2, S1 et S4. Les résistances spécifiques à la
filtration calculées pour les quatre silices ainsi que les fractions volumiques
en silice des dépôts mesurées en fin d’expérience, sont reportées dans le
tableau 4.2 page 121.
α à 4.105 Pa φexp
(m/kg) (-)
S1 2,5.R +/- 4,7% 0,082
S2 1,5.R +/- 6,8% 0,084
S3 0,7.R +/- 6,8% 0,074
S4 3,5.R +/- 4,9 % 0,079
Chapitre 4
filtration plus élevée. Les deux caractéristiques de résistance spécifique et
de fraction volumique en silice semblent être contrôlées par les échelles lo-
cales différentes dans les silices. Notons enfin que les fraction volumiques en
filtration sont du même ordre de celles mesurées en compression osmotique
avec ajustement de sels pour une pression du même ordre de grandeur mais
mise en œuvre différemment.
Chapitre 4
selon les silices. De plus, à une pression de filtration donnée, les fractions
volumiques ne sont pas les mêmes entre les silices.
Le tableau 4.3 page 124 contient les résultats de filtration pour une silice
S1, avant et après cisaillement. La silice S1 ici utilisée est différente de celle
de référence (lot différent) ; c’est pourquoi la résistance spécifique pour la
silice S1 de ce second lot est différente de celle discutée précédemment. Nous
discutons les effets du cisaillement sur ce second lot de S1.
α φexp
(m/kg) (-)
S1 1,7.R 0,070
S1 cisaillée 7,7.R 0,085
Chapitre 4
3 Modélisation de la perméabilité
Après l’étude des propriétés locales des silices et des performances en fil-
tration, il serait intéressant de définir un modèle permettant de les corréler.
Chapitre 4
tats de filtration est donc comprise entre les particules élémentaires et les
agglomérats et de ce fait à rapprocher de l’échelle des agrégats. D’ailleurs
nous avons précédemment montré que la résistance spécifique à la filtration
était corrélée à l’échelle des agrégats.
v
u 18
dBrinkman =t (4.5)
u h
1
1/2 i
(1 − ).ρs .α (1−)
+ 34 . 1 − 8
1−
−3
Nous notons que le diamètre calculé selon l’hypothèse d’un dépôt consti-
tué de sphères dures monodisperses est proche du diamètre maximum des
agrégats dans les dépôts de silice. Pour les silices S1 et S4, la diamètre des
sphères équivalentes surévalue le diamètre maximum des agrégats mesuré
de 2% à 12%. Pour les silices S2 et S3, les sphères équivalentes sont de plus
faible diamètre que les diamètres maximums d’agrégats mesurée et ce de
10 à 14%. En résumé, les deux diamètres sont du même ordre de grandeur
et les écarts sont compris entre 2% et 16%. Arrêtons nous à présent sur ce
résultat. Nous avions corrélé l’ordre de grandeur de la résistance spécifique
expérimentale au diamètre maximum des agrégats mesuré. Nous sommes
maintenant en mesure d’indiquer que la relation est même quantitative. En
plus, nous validons la représentation des agrégats, sphéroides plutôt denses
comme simplement des sphères dense. Comme nous l’avions suggéré à l’ex-
ploitation des résultats de filtration, il apparaît clair que c’est l’échelle des
agrégats qui détermine la résistance spécifique à la filtration des silices. Une
représentation simplifiée des dépôts de silice consiste alors à les schématiser
comme des réseaux d’agrégats sphériques de dimension proche de diamètre
maximum d’agrégat déterminée déterminée par SAXS.
3 Modélisation de la perméabilité
127
3.2 Modélisation de la perméabilité par un modèle de Brinkman
Avec l’image simplifiée que l’on vient de donner de la relation entre les
propriétés locales des dépôts et leur résistance spécifique à la filtration,
nous souhaitons explorer la validité du modèle de Brinkman sur l’ensemble
de nos résultats. Pour cela, nous faisons l’hypothèse que le diamètre moyen
des objets filtrés est le diamètre maximal des agrégats déterminé en SAXS.
Il a été démontré dans le chapitre 3 que les fractions volumiques en agrégats
jusqu’à l’échelle limite de 628 nm caractérisée sont similaires aux fractions
volumiques totales en silice dans les dépôts. Compte tenu de ce résultat,
nous avons choisi de représenter les résultats discutés par la suite en prenant
en compte la fraction volumique en silice mesurée expérimentalement dans
les dépôts.
Chapitre 4
1
K= (4.6)
α.ρp .φ
Chapitre 4
dispersées dans le dépôt. Une méthode consiste à les représenter
comme une fraction homogène et plus dense du dépôt. La formation
de régions denses pourrait alors être représentée comme la formation
d’une couche dense dans le dépôt qui diminuerait la perméabilité.
Nous allons discuter ces deux hypothèses avec les informations dispo-
nibles pour la silice pour laquelle les perméabilités expérimentales sont les
CHAPITRE 4. PROPRIÉTÉS MACROSCOPIQUES ET
130
ÉCHELLES CARACTÉRISTIQUES DANS UN DÉPÔT DE SILICE
4 Leviers
Chapitre 4
macroscopiques a été établie et corroborée par le modèle de Brinkman. Fi-
nalement, à l’issu de ce travail, quelles sont les pistes envisageables pour
améliorer la filtrabilité ? La piste principale envisagée dans le cadre de ce
travail consiste à augmenter la vitesse de filtration et donc diminuer la ré-
sistance spécifique à la filtration sans diminuer la concentration des dépôts.
α φexp
(m/kg) (-)
S1 1,7.R 0,07
Chapitre 4
Chapitre 4
la filtrabilité des silices. Elle ne permet pas non plus d’agir efficacement
et durablement sur la filtrabilité des silices car les flocs sont par principe
sensibles à l’application de contraintes. Ils peuvent être détruits par un
cisaillement, réduisant ou l’annulation l’effet de la floculation, par définition
déjà limitée.
l’étape de filtration ?
L’étude a été réalisée sur le second lot de la silice S1. Le tableau 4.6 page
134 contient les résistances spécifiques et les fractions volumiques en silice
de dépôts de S1 formés à partir de la dispersion initiale et d’une dispersion
dont la composition ionique a été modifiée par dilution. Les deux dispersions
ont une fraction volumique en silice équivalente. Les résultats obtenus par
deux temps de dilution d’un jour et d’une semaine ont été comparés.
α φexp
(m/kg) (-)
Chapitre 4
S1 1,8.R 0,089
S1 (prélavée 1 jour) 0,9.R 0,094
S1 (prélavée 1 semaine) 1,0.R 0,091
Chapitre 4
surnageant, elles seraient alors éliminées avec le surnageant. Nous estimons
la taille des fines particules qui resteraient suspendues dans le surnageant
à l’aide des vitesses de sédimentation des dispersions (déterminées en
section 1.1.3 page 48). Dans les essais réalisés, le temps de décantation est
d’une journée donc les objets d’un diamètre inférieur ou égal à 400 à 600
nanomètres sont éliminés pendant le protocole de dilution.
α φexp
(m/kg) (-)
S1 1,8.R 0,089
S1 (prélavée 1 jour) 0,9.R 0,094
S1 (prélavée 1 semaine) 1,0.R 0,091
S1 - 25% de surnageant (2) 1,3.R 0,094
Silices α φexp
(m/kg) (-)
S4 lot 2 2,6.R 0,085
S3 0,8.R 0,074
2/3 de S4 lot 2 + 1/3 de S3 1,8.R 0,085
Chapitre 4
des agrégats de silice du mélange ainsi que la surface spécifique développée.
Les valeurs obtenues sont reportées dans le tableau 4.9 page 137.
S4 79 202
S3 170 292
2/3 de S4 + 1/3 de S3 123 240
Conclusion du chapitre
Dans ce chapitre, nous avons étudié la compression des silices par com-
pression osmotique. Nous avons identifié l’existence de seuils de percolation
pour les silices. Nous avons mis en relation les fractions volumiques des
seuils de percolation à la dimension et à la densité des agglomérats. Les
agglomérats se rapprochent sous l’effet de la compression et s’empilent
formant un réseau continu. Ce réseau résiste à la pression lorsque la
composition ionique des silices reste constante durant la compression. La
modification de la composition ionique des silices durant une compression
osmotique a permis de mettre en évidence un affaiblissement de la structure
des agglomérats. Lorsque la force ionique des silices diminue, les liaisons
qui maintiennent la structure dans les agglomérats s’affaiblissent ; la taille
des agglomérats tend à diminuer et leur densité à augmenter. Nous avons
montré que cette situation est favorable à l’augmentation significative de
Chapitre 4
la fraction volumique.
Les performances en filtration des silices ont été évaluées. Les proprié-
tés macroscopiques de filtration ont été discutées en tenant compte des
propriétés locales des silices, déterminées au chapitre 3. Les différences de
résistance spécifique macroscopiques entre les quatre silices se corrèlent à
l’échelle locale des agrégats. Nous avons également établi une relation entre
la fraction volumique dans les dépôts de filtration et la fraction volumique
du seuil de percolation des silices.
Chapitre 4
Dans ce travail nous avons proposé et étudié les pistes d’amélioration
de la filtration après la synthèse des silices. Nous avons corrélé les compor-
tements en compression des silice à leurs échelles et à leurs organisations
locales. Plus précisément, nous avons mis en évidence que les propriétés de
filtrabilité des silices sont contrôlées par l’échelle des agrégats et le seuil de
percolation des silices qui est lui-même fixé par la dimension et la densité
des agglomérats. Nous pouvons à la suite de ces conclusions proposer une
description générique de la filtration des silices selon leurs propriétés locales.
Nous proposons le schéma de la figure 4.9 page 140 qui met en relation les
performances globales de la filtration, définies par la résistance spécifique
et la fraction volumique, et les propriétés locales des dépôts, définies par la
dimension des agrégats, la dimension et la densité des agglomérats.
CHAPITRE 4. PROPRIÉTÉS MACROSCOPIQUES ET
140
ÉCHELLES CARACTÉRISTIQUES DANS UN DÉPÔT DE SILICE
Trois principales zones sont à distinguer sur la figure 5.2 page 143.
avec :
tL : temps de lavage (s) ;
VL : volume d’eau de lavage (m3 ) ;
µL : viscosité de l’eau de lavage (Pa.s) ;
∆PL : perte de charge appliquée au lavage (Pa) ;
AL : surface de lavage (m2 ). AL = A2 (m2 ) 1 .
tL µL .∆P.VL
=4 (5.2)
t µ.∆PL .Vi
Théoriquement, il est possible à la fin d’une expérience de filtration,
d’estimer le temps de lavage nécessaire à partir du temps de filtration,
en supposant un régime de lavage idéal de type piston. Pour cela, il est
nécessaire de déterminer le rapport de volume de lavage et de volume
interstitiel (VL /Vi ), soit le bain de lavage.
Chapitre 5
(m − 1)s
Vi = Veaux mères = V (5.3)
(1 − ms)
avec :
s : teneur de la bouillie en solide (kgsolide dans la bouillie /kgbouillie ) ;
m : rapport d’humidité du dépôt (kgdépôt humide /kgdépôt solide ).
(m − 1)s
VL = T.Vi = T. Vi (5.4)
(1 − ms)
tL µL .∆P (m − 1)s
=4 .T. (5.5)
t µ.∆PL (1 − ms)
Ainsi, plus la masse initiale de solide dans la bouillie est grande (teneur s
élevée) plus le temps de lavage devient élevé comparé au temps de filtration.
Les bouillies de silice étudiées présentent des teneurs en solide faibles, ce
qui devrait permettre d’avoir des temps de lavage du même ordre de gran-
deur que les temps de filtration. Dans le cas de bouillies très concentrées,
d’autres techniques de lavage comme le lavage par repulpage, s’avèrent plus
appropriées que le lavage par déplacement.
tL 2αMSiO2 µL
Chapitre 5
≈ (5.7)
VL ∆P A2
Soit :
tL t
≈4 (5.8)
VL V
Les résistances spécifiques au lavage sont évaluées pour les quatre silices
étudiées à partir de l’équation 5.7. Les données de performances au lavage
étant confidentielles, les résistances spécifiques sont reportées en comparai-
son de la même valeur référence R de résistance spécifique qu’en filtration.
Le temps de lavage théorique est calculé à partir du temps de filtration
expérimental selon l’équation 5.8. Les résistances spécifiques et les temps
148 CHAPITRE 5. APPROCHE PHÉNOMÉNOLOGIQUE DU
LAVAGE DES DÉPÔTS DE SILICE
associés à l’opération de lavage sont consignés dans le tableau 5.1 page 148
de même que la résistance spécifique et le temps de filtration et également
le temps de lavage théorique.
2.2 Discussion
L’opération de lavage ne modifie pas les perméabilités des dépôts formés
à l’étape de filtration. L’étude de l’organisation structurelle des dépôts à
l’échelle locale, permet par ailleurs de conclure qu’il n’y a pas effet du lavage
sur la forme des objets caractérisés en SAXS ou sur leur organisation au
sein d’un dépôt (cf. chapitre 3 page 77 et Annexe I : Évolution de l’échelle
des agrégats et de leur organisation). Ces deux résultats, l’un à l’échelle Chapitre 5
macroscopique et l’autre à l’échelle locale, nous indiquent que l’étape de
lavage n’affecte pas l’organisation des particules dans les dépôts et par voie
de conséquence ne modifie pas la perméabilité.
S3 81 154
S4 62 120
Table 5.2: Volumes théoriques d’eau de lavage déterminés pour les pres-
sions de lavage minimale et maximale de la rampe de lavage appliquée.
Des volumes d’eau de lavage de 110 à 140 cm3 sont utilisés pour laver
toutes les silices. Pour chaque silice, le volume d’eau de lavage utilisé lors
d’une expérience, est compris dans la plage de variation théorique donnée
dans le tableau 5.2 page 150.
3 Étude locale du lavage par SANS 151
3.1 Méthode de variation du contraste
Figure 5.7: Structure et connectivité des pores analysées par SANS par
variation du contraste. (a) Le dépôt de filtration contient initialement les
eaux mères, de contraste plus faible que la silice. Toute la porosité a un
même contraste et diffuse. (b) Après lavage avec un mélange H2 0/D2 O, la
porosité ouverte est remplie du mélange dont la composition a été choisie
pour que son contraste avec la silice soit annulée. Seule la porosité fermée
continue alors à diffuser.
La figure 5.8 page 153 présente le spectre de diffusion aux petits angles
de neutrons (SANS) d’un dépôt de filtration de la silice S1 formé à pression
constante de 4.105 Pa.
3 Étude locale du lavage par SANS
153
3.2 Suivi local du lavage par annulation du contraste
Figure 5.8: Spectre de diffusion aux neutrons (SANS) d’un dépôt de fil-
tration à pression constante de 4.105 Pa de la silice S1. Les spectres sont
identiques à ceux mesurés aux rayons X (SAXS) dans le chapitre 3.
Figure 5.9: Spectre de diffusion aux neutrons (SANS) d’un dépôt de fil-
tration à pression constante de 4.105 Pa de silice S1 lavé avec une solution
deutérée de même contraste que la silice. Dans les échantillons lavés, s’il
existe encore une intensité diffusée, elle sera dûe aux eaux mères capturées
dans la porosité fermée non accessible à l’eau deutérée.
donc l’existence d’une porosité fermée ou peu accessible dans le dépôt de S1.
Figure 5.10: Suivi du remplacement des eaux mères dans les interstices
locales par l’eau de lavage deuterée au même contraste que la silice, pour
deux silices : S1 () et S3 (N). Le signal de l’échantillon s’éteint progressi-
vement et l’intensité qui continue à diffuser est celle de la porosité qui n’a
pas été accessible à l’eau de lavage.
Conclusion du chapitre
Dans ce dernier chapitre, nous nous sommes intéressés à l’opération de
lavage des dépôts de silice, postérieurement à la filtration. Nous avons mis
en évidence que le lavage ne modifiait pas les propriétés macroscopiques du
dépôt comme la perméabilité. Le chapitre 3 permettait déjà d’indiquer que
le lavage ne modifiait pas l’organisation structurelle des dépôts. Finalement,
c’est au cours de l’étape de filtration que sont déterminées les propriétés
des dépôts de silice à l’échelle locale et macroscopique. Le lavage permet
seulement d’évacuer les eaux mères et de les remplacer par l’eau de lavage.
Selon cette description phénoménologique du lavage, il est d’autant plus
important de maîtriser l’étape de filtration.
Enfin, des premières études du profil local de lavage ont été réalisées sur
des dépôts formés à partir des dispersions de silice S1 et S3. Elles semblent
indiquer la présence d’une porosité fermée ou peu accessible pour les deux
silices. La présente étude n’a pu être complétée dans les temps impartis
mais la méthodologie et les premiers résultats semblent prometteurs. La
poursuite de ce travail permettrait de réaliser une étude locale quantitative
de la porosité fermée dans les dépôts de silice. Enfin, l’approche propo-
sée peut aider à mobiliser des connaissances génériques sur les mécanismes
d’apparition et de propagation des phénomènes de diffusion ou de dispersion
dans les dépôts, nécessaire pour anticiper les difficultés engendrées par ces
phénomènes.
Chapitre 5
Conclusion générale et
perspectives
Dans cette thèse, nous avons pu évaluer l’impact des propriétés mor-
phologiques de silices précipitées issues de synthèses industrielles sur les
propriétés macroscopiques des dépôts formés au cours d’une opération de
filtration en apportant des méthodologies et des clés de compréhension en
vue de mieux contrôler les performances d’une étape de filtration et de
lavage. Si à l’origine de ce travail, la description morphologique des silices
précipitées faisait appel à trois niveaux de structure, seules l’une d’entre
elles ; celle des particules primaires pouvait effectivement être corrélée à
une des propriétés d’application, la surface spécifique. C’est tout d’abord ce
manque d’informations détaillées sur la morphologie multi-échelle des silices
précipitées et surtout sur la conservation de cette structure multi-échelles
qu’il nous a fallu combler.
Les principales questions qui se sont posées alors sont les suivantes :
Quelles sont les morphologies des silices étudiées aux trois niveaux d’échelle ?
Leur empilement dans un dépôt implique t-il une réorganisation de la struc-
ture ? S’il y a une réorganisation à quelle(s) échelle(s) de taille se produit-
elle ?
Par ailleurs une opération de filtration implique qu’une contrainte
dépendant de la pression de filtration peut s’appliquer au réseau formé par
l’empilement des silices. Nous avons donc également cherché à savoir si la
réorganisation de la structure multi-échelle des silices pouvait dépendre de
la pression appliquée, ou bien encore de la modification de la composition
ionique de la phase fluide. Enfin, sans perdre de vue l’objectif ultime de
corréler les performances d’une opération de filtration/lavage des silices
aux caractéristiques morphologiques acquises au cours de la synthèse,
nous avons cherché à comprendre quelle(s) échelle(s) de taille et quelle(s)
propriété(s) de la structure multi-échelle déterminent la perméabilité des
dépôts et la concentration finale en silice. Les investigations menées dans
160
cette étude ont eu pour objectif d’apporter des réponses ou à défaut des
éléments d’informations à l’ensemble de ces questions pour permettre de
s’orienter vers des modus operandi post-synthèse.
Les spectres obtenus pour les dispersions de silices ont ensuite été
comparés aux spectres obtenus pour les dépôts formés par filtration et
avec des dépôts pour lesquels on a procédé à l’élimination des eaux mères.
L’étude montre que seule la gamme d’échelles correspondant au réseau
fractal est susceptible de se réorganiser lors de la formation d’un dépôt à
pression constante. De fait, on peut mettre en évidence un seuil de pression
au-delà de laquelle une densification à grande échelle est observée. Cette
densification correspond à un début de réorganisation du réseau définissant
les agglomérats. En deçà de ce seuil de pression, les spectres obtenus pour
les dépôts sont identiques à ceux obtenus pour les dispersions de silice.
Silice S2
Silice S3
Silice S4
L’effet d’une opération de filtration sur les agrégats et sur leur organisa-
tion dans les agglomérats a été étudié. La pression de filtration a pour cela
été testée sur une plage allant de 1,5.105 à 6.105 Pa. Le tableau 3 page 4
présente les diamètres maximums des agrégats contenus dans les bouillies et
dans les dépôts filtrés à pression constante de 4.105 et 6.105 Pa par exemple.
Comme il a été expliqué, les diamètres maximums sont calculés aux vecteurs
de diffusion pour lesquels I.q 2 est maximal (maximum de Kratky).
4
S1 82 79 79
S2 125 125 128
S3 175 175 176
S4 59 57 58
D’après les valeurs reportées dans le tableau 3 page 4, les agrégats pré-
sents dans les bouillies et ceux présents dans les dépôts filtrés, ont des tailles
sensiblement proches. Les légers écarts observés sont inférieurs à la dérive
maximale admise sur les valeurs de diamètres et qui est de 5%. Aucune
influence de l’opération de filtration ou de la pression de filtration imposée
n’a donc pu être mise en évidence. La formation des dépôts de filtration
à différentes pressions de filtration n’affecte pas les agrégats formés à la
synthèse (diamètres minimums évalués en représentation de Porod et dia-
mètres maximums déterminés en représentation de Kratky, inchangés). Or
les dépôts de filtration sont plus concentrés que les bouillies et leurs spectres
présentent des invariants (aires sous les spectres SAXS, proportionnelles aux
concentrations des échantillons) augmentés. Nous pouvons voir sur la figure
15 page 5, l’exemple de dépôts de filtration de la silice S1, constitués à
plusieurs pressions de filtration constantes.
5
Une décroissance plus rapide d’un spectre normé aux grandes échelles,
indique un facteur de structure plus faible et une structure plus ordon-
née. A l’inverse, une décroissance moins rapide d’un spectre normé aux
grandes échelles, est caractéristique d’un facteur de structure plus élevé ;
la distance de corrélation entre les agrégats dans les agglomérats est donc
plus élevée et le dépôt, moins ordonné à ces échelles. Sur la figure 16
page 7, le spectre normé du dépôt filtré à 6.105 Pa présente une varia-
tion de l’intensité différente de celle deux autres échantillons. Aux plus
grandes échelles sondées allant de 314 à 628 nm (0,01<q<0,02 nm−1 ), le
spectre du dépôt filtré à 6.105 Pa présente une décroissance moins rapide
que celles des deux autres échantillons. Le dépôt de filtration à 6.105 Pa
est moins ordonné que le dépôt à 4.105 Pa et la bouillie à des échelles
allant de 314 à 628 nm. Or la fraction volumique totale d’un dépôt de
filtration 6.105 Pa est plus élevée que celle d’un de filtration 4.105 Pa.
8
Après une filtration à 4.105 et 6.105 Pa, les spectres normés des dépôts
de S2 présentent une décroissance plus rapide comparés au spectre normé
de la bouillie sur une gamme d’échelles allant de 89 à 628 nm (0,01<q<0,07
nm−1 ). Pour cette silice, la filtration a un effet de densification sur les
agglomérats. Le spectre normé du dépôt filtré 6.105 Pa présente tout de
même une légère décroissance moins rapide que celle du dépôt filtré à
4.105 Pa entre 369 et 628 nm, indiquant l’apparition d’hétérogénéités à ces
échelles (comme la silice S1).
Pour la silice S3, les spectres normés des dépôts filtrés à 4.105 et 6.105
Pa, se superposent à celui de la bouillie. La filtration à 4.105 et 6.105 Pa,
n’a aucun effet sur l’organisation structurelle des agrégats de S3 dans les
agglomérats jusqu’à la limite de 628 nm.
Pour conclure, nous avons étudié l’effet de la pression de filtration sur les
dimensions des agrégats et leur organisation dans les agglomérats jusqu’à
une échelle de 628 nm. A une pression de filtration de 4.105 Pa, il apparait
que les agrégats de la silice S3 restent identiques en conservant leur taille et
leur organisation. A l’inverse la silice qui se restructure le plus sous l’effet
de la pression de filtration est la silice S2 avec une structure plus ordonnée
dès 4.105 Pa en pression de filtration et se densifie jusqu’à une échelle de
89 nm. Les silices S1 et S4 conservent leurs structures et leurs agrégats à
une pression de filtration 4.105 Pa. A une pression de filtration de 6.105
Pa, les trois silices de la même famille de synthèse, S1, S2 et S4, présentent
une structure des agglomérats (jusqu’628 nm) modifiée alors que la silice
S3 d’une autre famille de synthèse, conserve sa structure. La réorganisation
structurelle sous l’effet d’une pression de filtration de 6.105 Pa est attribuée
à l’apparition d’hétérogénéités dans les dépôts.
11
D’après les valeurs reportées dans le tableau 4 page 11, les dimensions
caractéristiques des agrégats présents dans les bouillies et ceux présents
dans les dépôts filtrés et lavés ont des tailles sensiblement proches, à la
dérive maximale admise près de 5%. Le lavage après une filtration ne
modifie pas les dimensions maximums des agrégats des silices. Qu’en est-il
de l’organsiation structurelle des agrégats dans les agglomérats jusqu’à 628
nm ?
Pour étudier l’effet d’un lavage sur l’organisation structurelle des agré-
gats dans les agglomérats, les spectres sont normés et ramenés à un même
facteur de forme P(q) (iso-concentration en agrégats). Les spectres normés
ne représentent alors que le facteur de structure des agrégats dans les agglo-
mérats, c’est-à-dire l’information relative à leur corrélation. Sur la figure 20
page 12, sont présentés les spectres normés des échantillons de la silice S1,
à l’état de bouillie, après une filtration à 4.105 Pa, une filtration à 4.105 Pa
suivie d’un lavage à 5.105 Pa, une filtration à 6.105 Pa et enfin une filtration
à 6.105 Pa suivie d’un lavage à 7.105 Pa.
12
Sur la figure 21 page 13, sont présentés les spectres normés des échan-
tillons de la silice S2, à l’état de bouillie, après une filtration à 4.105 Pa, une
filtration à 4.105 Pa suivie d’un lavage à 5.105 Pa, une filtration à 6.105 Pa
et une filtration à 6.105 Pa suivie d’un lavage à 7.105 Pa.
13
Enfin, l’effet d’un lavage sur l’organisation structurelle des agrégats dans
les agglomérats a été testé pour la quatrième silice, S4. La figure 23 page
15 comporte les spectres normés de la bouillie, filtrée à 4.105 Pa et 6.105 Pa
avec ou sans lavage (respectivement à 5.105 Pa et 7.105 Pa).
15
Les diamètres maximums des agrégats contenus dans les dépôts après
une compression osmotique avec un lavage simultané des sels, sont reportés
dans la troisième colonne du tableau 5. Ils diminuent en comparaison
des diamètres maximums des agrégats contenus dans les bouillies et dans
les dépôts de compression osmotique avec maintien de la force ionique
constante.
S1 84 54
S3 104 95
S4 43 67
De ces travaux, il ressort que pour chaque système, deux grandeurs caractéristiques : le
diamètre maximum des agrégats et le seuil de percolation correspondant à la formation
d’un réseau mécaniquement résistant, se corrèlent parfaitement avec la perméabilité
hydraulique des dépôts obtenus par filtration. Nous montrons par ailleurs que l’on
parvient à un niveau correct de prédiction de la vitesse de filtration par un modèle de
Brinkman. Enfin, il apparaît que l’élimination des sels ou impuretés lors du lavage des
dépôts ne modifie ni l’organisation locale dans les dépôts, ni la perméabilité hydraulique.
Abstract
The production process of precipitated silica used as reinforcing fillers includes a
filtration step carried out to collect silica agglomerates in the synthesized silica
dispersion and then to eliminate salts and impurities before drying. The purpose of this
study is to correlate the multilevel structure of silica agglomerates to the mechanical and
hydrodynamic properties of filter cakes with or without a washing step. For that, we have
chosen different reinforcing silicas which differ from the way the synthesis is conducted
and conducted the filtration at several operating pressures. The structural, mechanical
and hydrodynamic properties of filter cakes were investigated by small angle scattering,
osmotic compression and filtration and washing experiments.
It appears that for each system two characteristic quantities: the maximum diameter of
aggregates and the percolation threshold corresponding to the formation of a network
that begins to resist to compression, are correlated to the hydraulic permeability of filter
cakes. Moreover, we show that the calculated permeability using a Brinkman model is in
quite reasonable agreement with experimental data. Finally, we demonstrate that the
elimination of salts and impurities in filter cakes during the washing step affects neither
the local organization of filter cakes nor the hydraulic permeability.