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Claude MOURLAM
1) Texte et contexte
2) Explication de mots !
v.13
- “PÂQUE” :
La scène se situe dans un espace et un temps bien particuliers. La fête de la
Pâque dans le Temple de Jérusalem, cela représente le centre de l’orthodoxie
juive (qui est donc visée ici). On est loin de la petite fête campagnarde (noces)
en Galilée, à Cana. Par ce contraste littéraire, l’auteur de l’Évangile présente un
Christ qui va droit au but, et cela, dès le début de son ministère !
v.15
- “UN FOUET AVEC DES CORDES” :
Selon les Évangiles, la violence de Jésus prend des accents différents. Chez
Matthieu (21/12-17), Jésus chasse vendeurs et acheteurs avant de renverser
tables et sièges. Chez Marc (11/15-19), en plus de tout cela, Jésus empêche les
gens de transporter des objets dans le temple. Chez Luc (19/45-48), Jésus se
“contente” de chasser uniquement les vendeurs. Et ici, chez Jean, le détail du
fouet ajoute encore un côté réel à la scène... à moins que cela ne revête une
signification autre. En effet, le fouet servait jadis à “conduire” des prisonniers
soumis à une corvée, ou à châtier sévèrement un coupable (cf. Deutéronome
25/1-3). Et dans ce cas, Dieu lui-même, est perçu comme pouvant brandir le
fouet (cf. Ésaïe 10/26). Cela dit, Jésus sera aussi flagellé lors de sa passion (cf.
Jean 19/1).
Alors, dans ce récit, Jésus est-il le bras de Dieu qui manipule le fouet pour
remettre dans le droit chemin les religieux égarés d’Israël ? ou bien est-il le bras
armé de la justice divine qui viendrait condamner les impies ?
v.16
- “UNE MAISON DE TRAFIC”
D’après les Synoptiques Jésus commence par rappeler une parole de l’Ancien
Testament (ma maison sera appelée une maison de prière) avant de faire un
constat (vous en avez fait une caverne de voleurs). D’après Jean, Jésus semble
plus direct et il ordonne de ne pas transformer la maison du Père en maison de
trafic.
Mais en parlant ainsi, Jésus s’inscrit-il dans la lignée de Jérémie ou dans celle
d’Ésaïe ? Petit rappel historico-théologique en deux temps :
a) Un jour, Jérémie s’est placé dans la cour du Temple (cf. Jérémie 7/1-15; et
26/9) pour interroger les passants : “Est-elle une caverne de cambrioleurs, cette
maison sur laquelle mon nom est invoqué ?” Et après cette interpellation musclée,
le prophète a rappelé le sort qu’a connu jadis un autre centre religieux
d’importance en Israël, le temple de Silo qui a été complètement détruit malgré
sa vocation première...
b) Le discours d’Ésaïe est tout autre (cf. Ésaïe 56/1-8). Il insiste davantage sur la
définition du Temple comme la maison “où Dieu est prié” (sans spécifier qui prie).
Et dans sa vision universaliste, il en vient à préciser que ce sont finalement tous
les peuples qui viendront prier le Dieu d’Israël, à Jérusalem !
Autrement dit, Jérémie menace le peuple d’Israël de voir disparaître le Temple à
cause de leur infidélité alors qu’Ésaïe envisage un élargissement du cercle des
utilisateurs de la Maison aux non-Juifs qui reconnaissent le Dieu d’Israël. Quant
au discours de Jésus, plus que la simple somme vectorielle de ces deux manières
de voir les choses, il se fait davantage invitation pour chaque croyant, non pas à
se rendre au Temple, mais à le suivre, lui, dont le corps sera reconstruit (relevé)
en trois jours (cf. v.19).
CONCLUSION :
Pour Jean, la foi n’a jamais rien d’abstrait : elle est ouverture sur la vie (ou sur
la Vie). C’est ainsi que l’Évangéliste représente toujours le Christ par des
symboles qui sont associés à la vie : le pain pour nourrir les hommes, le bon
berger pour conduire le troupeau, la lumière pour éclairer le chemin, la porte
pour passer vers Dieu, le cep pour faire grandir les sarments, ... Et en avant-
première, Jésus annonce ici que la vie est plus forte que la mort car, dit-il, le
temple sera “relevé” (à la place de “reconstruit”) en trois jours. Entendez par là
que, lui, le “nouveau Temple” (présence de Dieu auprès des hommes), est voué à
la vie plus forte que la mort. Et après sa résurrection, rien ne pourra plus
désormais obstruer ou détruire le chemin qui conduit au Père... La vie sera
victorieuse.
Ésaïe 56/1-8
5) Indications bibliographiques