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APPUI A LA PREPARATION DE PLAN D’INVESTISSEMENT MULTISECTORIELS IDA-17 ET DU PLAN D’INVESTISSEMENT

POUR LA VILLE DE GRAND-LAHOU, REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE

Rapport de synthèse - Orientations stratégiques et Plan d’investissement multisectoriel


(Livrables E & F)

Réalisé par : M. Cédric A. LOMBARDO, Coordonnateur du projet, Directeur de BeDevelopment, cedric@bedevelopment.net

Annexe A.1 Annexe A.2 Annexe B Annexe C Annexe D Annexe E.1


« Analyse de la « Etude socio- « Impact du changement « Système d’information « Résumé des politiques « Mesures de protection
dynamique de l'estuaire économique » climatique sur la Géographique » nationales et des côtes »
du fleuve Bandama à dynamique sédimentaire des plans régionaux et
Grand – Lahou » du littoral de Grand internationaux actuels et
Lahou » à venir »
Réalisée par : Dr. Yao K. S., Réalisée par : Dr. Réalisée par : Lombardo Réalisée par : Lombardo Réalisée par : Lombardo Réalisée par : Dr. Konan
Dr. Konan K. E., Dr Dangui N’GUESSAN T.S. Dr. C.A., Dr. Konan K.E, Dr. C.A., Prof Hauhouot C, Dr. C.A., Koffi K, Doubalas R. K.E, Dr. Yao K S, Dr Dangui
N. P. et Dr. Bamba Y. AINYAKOU T.G Yao K S, Dr Dangui NP. et Dangui N.P., CAblé C, NP. et Dr. Bamba Y.
Dr. Bamba Y. Rahim B.

10 juilet 2017
WACA Grand Lahou – Orientations stratégiques et Plan d’investissement multisectoriel – 10.07.17

Table des matières

1. INTRODUCTION. .......................................... Erreur ! Le signet n’est pas défini. 8. CADRE POLITIQUE ........................................................................................... 28
8.1 Un dispositif politique et institutionnel riche .......................................... 28
2. METHODOLOGIE. .............................................................................................. 3
8.2 Une urgence locale, une pluralité de compétences territoriales ..... 29
3. DES ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX CONNUS. ................................................ 4 8.3 Des instruments prévus, des limites opérationnelles ............................ 30
Au niveau central ................................................................................... 30
4. UN PROFIL DE RISQUE S’ACCROISSANT ........................................................... 5 Au niveau local ....................................................................................... 31
4.1 La population augmente sur l’ensemble des zones sensibles. ............ 5
4.2 La migration de l’embouchure s’accélère. ........................................... 6 9. ORIENTATIONS STRATEGIQUES ....................................................................... 34
Une migration de 170/an à court terme ................................................ 6 9.1 Axe stratégique 1 : Combler les lacunes et renforcer les
Les prises de vue satellites et aériennes témoignent de l’urgence .... 7 compétences scientifiques ............................................................................ 34
Des projections de la migration de l’embouchure sont proposées. .. 8 9.2 Axe stratégique 2 : Aménager l’estuaire du Bandama ...................... 36
4.3 Le trait de côte progresse ........................................................................ 9 Scénario 1- Gestion naturelle et adaptive de l’estuaire. ................... 37
Le cordon sableux subit une érosion frontale. ....................................... 9 Scénario 2 - Création et le maintien d’une embouchure à sa
Cette érosion est variable. ....................................................................... 9 position connue entre 1912 et 1952. ..................................................... 39
Une évolution du trait de côte a été extrapolée................................ 10 Scénario 3 - Stabilisation de l’embouchure autour de sa position
2017 - 2020. .............................................................................................. 41
5. LA PRISE EN COMPTE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE ................................. 11 9.3 Axe stratégique 3 : Promouvoir un développement socio-
5.1 Impacts possibles du changement climatique en Afrique. ............... 11 économique participatif, vert et bleu .......................................................... 43
5.2 Impacts possibles du changement climatique sur les océans .......... 13 Stratégie participative : emporter l’adhésion éclairée des
5.3 Impacts possibles à l’échelle du littoral de Côte d’Ivoire et de Grand communautés à tout projet d’aménagement du cordon ............... 43
Lahou (discussion) ........................................................................................... 15 Stratégie économique : promouvoir une plateforme de l’économie
6. CARTES DE RISQUES COMMUNAUTAIRES ...................................................... 19 verte et de l’économie bleue ............................................................... 45
6.1 Carte de risques communautaires ........................................................ 19 9.4 Axe stratégique 4 : Organiser une gouvernance opérationnelle pour
6.2 Risques communautaires et aménagements envisageables ............ 19 la gestion intégrée de l’estuaire du Bandama ............................................ 53
Classification des enjeux : échelles de coordination, territoires,
7. CADRE SOCIO-ECONOMIQUE....................................................................... 23 instruments législatifs et échelle de temps, .......................................... 54
7.1 Evolution du contexte socioéconomique en relation avec l’érosion Le cadre politique pour une gestion intégrée de l’estuaire du
côtière et les changements climatiques ...................................................... 23 Bandama peut être schématisé ........................................................... 55
Une activité économique à dominance halieutique ........................ 23 9.5 Proposition de cadre institutionnel ........................................................ 55
Situation sociodémographique de Grand-Lahou .............................. 23 La coordination des parties prenantes ................................................ 56
Infrastructures socioculturelles ............................................................... 24 Le renforcement des capacités pour l’exercice des attributions
Analyse de l’évolution costière et son influence sur les ressources de communales ............................................................................................ 56
la ville ........................................................................................................ 24 Le cadre opérationnel avec la banque mondiale ............................ 57
Perception des populations de l’érosion côtière ................................ 24
Réactivité et adaptation face à l’érosion côtière .............................. 25 10. PLAN D’INVESTISSEMENT MULTISECTORIEL ..................................................... 59
7.2 Analyse des risques environnementaux et perspective de 10.1 Objectifs d’investissement de l’administration centrale et locale .... 60
développement .............................................................................................. 25 10.2 Plan d’investissement à court terme ..................................................... 62
Risques perçus par les populations ....................................................... 25 10.3 Plan d’investissement à moyen et long terme (scénario
Cause et impact des problèmes environnementaux ........................ 25 d’aménagements) .......................................................................................... 67
Adaptabilité/adaptation aux risques environnementaux ................. 25 Scénario 1- Gestion naturelle et adaptive de l’estuaire. ................... 68
Perception de la relocalisation ............................................................. 26 Scénario 2 - Création et le maintien d’une embouchure à sa
Valeur socioéconomique du patrimoine social, économique et position connue entre 1912 et 1952. ..................................................... 70
culturel ...................................................................................................... 26 Scénario 3 - Stabilisation de l’embouchure autour de sa position
2022........................................................................................................... 71
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1. INTRODUCTION.

La zone cible du projet WACA Grand Lahou est l’estuaire du Bandama, en Côte d'Ivoire, Afrique de l'Ouest. Il est situé sur au centre du littoral sud du
pays, au bord du golfe de Guinée, à l'embouchure du fleuve Bandama. Il abrite le parc national d’Azagny, un site exceptionnel de biodiversité classé
RAMSAR. La principale ville est la Commune de Grand Lahou, son environnement naturel est riche, il se compose d’une bande de littoral Atlantique, de
lagunes qui le traversent d’Est en Ouest, de forêts denses et de mangroves abritant diverses espèces animales et végétales.
A l’embouchure d’un fleuve favorisant le transport de marchandises du centre de la Côte d’Ivoire vers son littoral, la ville de Grand Lahou fût l’un des
premiers ports commerciaux à l’époque coloniale. Riche de ressources environnementales, elle a accueilli plusieurs vagues d’immigration, attirées par
un environnement propice à l’agriculture et à la pêche, devenant aussi un port de pêche villageois pour des captures en océan et en lagunes.
De 1912 à 1952, la migration de l’embouchure le long du littoral, d’Est vers l’Ouest, a menacé les infrastructures coloniales. La décision prise de créer le
port d’Abidjan en creusant le canal de Vridi, Grand Lahou a peu à peu perdu sa fonction de port commercial, pour ne rester qu’un port de pêche
villageois.
En 1973, la migration de l’embouchure attaquant la ville coloniale de Grand Lahou, il fut décidé de déplacer l’administration et les populations sur le
site de N’Zida, 15 kilomètres plus loin, sur un plateau élevé à plus de 70 mètres au-dessus de l’océan. L’équilibre des phénomènes de migration de
l’embouchure et d’érosion du littoral fut laissé à la nature, et les populations à leurs capacités d’adaptation. Les implantations de pêche n’ont pu
réellement se fixer et s’améliorer, des fonctions portuaires artisanales n’ont pu se professionnaliser.
Sur la période 2011-2017, le phénomène de migration de l’embouchure s’est fortement accéléré, pour atteindre 170 m/an sur cette période. Tenant
compte des perspectives du changement climatique, l’espace lagunaire et le fleuve sont exposés à des risques de crues, d’inondation et de submersion.
Ils seraient menacés de disparition si le cordon sableux séparant l’espace lagunaire de l’océan venait à céder sous l’effet des forces érosives.
La présente étude a permis de caractériser le profil de risque environnemental (Annexe A.1) et socio-économique de l’estuaire du Bandama à Grand
Lahou (Annexe A.2), un diagnostic du cadre politique national et des initiatives régionales a été réalisé (Annexe D). A ces éléments s’ajoute un système
d’information géographique cartographiant les principaux enjeux (Annexe C).
Le présent rapport reprend les faits saillants des études annexées (chapitre 1 à 7), pour formuler des orientations stratégiques (chapitre 8) et un plan
d’investissement multisectoriel (chapitre 9).

2. METHODOLOGIE.
Les travaux ont été réalisés selon la méthodologie présentée en l’Annexe 0 – « Programme d’étude ».
Les travaux ont donné lieu aux rapports suivants figurant en annexe :
Annexe A.1- « Dynamique sédimentaire de l’estuaire » Annexe A.2 - « Etude socio-économique et projets de développement »
Annexe B - « Scénario du Changement climatique » Annexe C - « Système d’information géographique »

Annexe D- « Résumé du cadre politique, des initiatives Annexe E - « ouvrages de défense du littoral »
régionales et internationales »

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3. DES ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX CONNUS.


Carte n°1 – Le système lagunaire de Grand
Le système lagunaire de Grand-Lahou est situé sur la côte Atlantique de la Côte
d’Ivoire, à près de 100 km à l’Ouest d’Abidjan. Il couvre une longueur Est/Ouest de
50 km pour une superficie de 190 km2.

Il est composé de 4 lagunes, d’un fleuve, d’une embouchure où s’effectuent les


échanges entre eaux fluviales, lagunaires et maritimes, de cordons sableux séparant
les espaces lagunaires et océanique. Il est représentée sur la carte n°1 ci-contre.

La zone d’étude est le « point chaud » de ce système lagunaire : l’estuaire du fleuve


Bandama, ses interfaces entre les milieux fluvial, lagunaire, marin, humains.

Elle porte principalement sur la commune de Grand Lahou, la sous-préfecture de


Groguida, et les berges de l’île du parc d’Azagny. Elle est représentée sur la carte
de relief n°2 ci-contre.
Carte n°2 – Estuaire du Fleuve Bandama - Relief

Les enjeux environnementaux sont observés depuis 1912. La ville historique de


Grand Lahou était située sur le cordon sableux, aux abords de l’embouchure du
NZIDA
fleuve ; la ville coloniale a disparu sous l’effet de l’érosion du trait de côte et de la
migration de l’embouchure.

En 1973, la ville fut déplacée 15 km au Nord vers Nzida, sur un relief à plus de 65 m
au-dessus du niveau de la mer, potentiellement exposé à des risques de glissement Fleuve
Bandama
de terrain.
Lagune
Tagba
En contrebas, une langue de terre sépare la lagune Tagba du fleuve Bandama ; le
relief indique des zones propices aux remontées phréatiques.

Ses berges lagunaires et celle du cordon sableux sont exposées à des risques de
Ile SICOR
crues et d’inondation. La façade maritime du cordon sableux est exposée aux
Braffedon
risques d’érosion, de submersion et de migration de l’embouchure. « nouveau »

Braffedon
Lahou Kpanda
Groguida

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Le changement climatique pourrait accélérer et aggraver ces risques.


Les études ont établi a sensibilité de l’estuaire de Bandama aux phénomènes climatiques extrêmes ayant affecté la Côte d’Ivoire.
Les populations ont signalé quatre épisodes de fermeture de l’embouchure : deux vers 1920/1930, deux lors de la période sèche 1984/1989.
A contrario, les années 2009, 2011, 2014 et 2016 se sont illustrées par des phénomènes pluviométriques exceptionnels sur le bassin versant de Bandama,
donnant lieu à des épisodes de crue du fleuve. L’énergie des vagues a accentué l’érosion du trait de côte, tandis que l’embouchure s’est déplacée
de 170 m/an en direction de Lahou Kpanda entre 2012 et 2016. Des épisodes d’érosions et d’inondations ont été observés sur les berges lagunaires et
fluviales. A N’Zida, des inondations de cuvettes s’observent sur le plateau ainsi que des épisodes de glissement de terrain sur les flancs.

En 2017, une stratégie claire de gestion intégrée de cette zone côtière doit être posée.
Depuis la période coloniale ivoirienne, les installations humaines furent successivement déplacées au rythme des mouvements de l’embouchure,
jusqu’à l’exode sur les plateaux de N’Zida. Les populations protégées, l’estuaire fut livré à une régulation naturelle, sans aménagements humains.
L’activité de port commercial puis de port de pêche en aura périclité.

En 2017, plus de 10.000 personnes vivent encore en zone à risque.


Les enjeux humains et environnementaux furent accentués par des phénomènes climatiques intensifs ; ils le seront vraisemblablement plus encore avec
le changement climatique. Une volonté de développement portuaire halieutique (création d’une école de pêche et d’un débarcadère aménages),
voire militaire (projet de création d’une école de la Marine nationale) est affichée.
Etant considéré l’état d’urgence observé, il convient d’affirmer si une stratégie de gestion passive sera maintenue ou si une stratégie active s’engagera
avec des aménagements humains, tenant compte des progrès réalisés en ce domaine.

4. UN PROFIL DE RISQUE S’ACCROISSANT

4.1 La population augmente sur l’ensemble des zones sensibles.


La carte n°3 ci-dessous compare les résultats des enquêtes de recensement de la population 1998 et 2014 pour la zone d’étude.
Sur le territoire de la commune de Grand Lahou :
- la population de Lahou Kpanda a augmenté de 84%, de 1.154 à 2.127 habitants ;
- la hausse constatée à Braffedon nouveau est de 42%, à 3.587 habitants en 2014 ; Celle de N’Zida est de 15,2%, à 28.470 habitants.
A Groguida et à la périphérie à l’extrémité Ouest du cordon, on assiste également à une augmentation de 42% de la population.

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4.2 La migration de l’embouchure s’accélère.

Le site de Lahou Kpanda fait l’objet d‘une menace immédiate et


permanente.
De la ville historique, il ne reste que l’ancienne prison aux bords de
l’embouchure, son cimetière à près de 400 mètres, et plus loin viennent
l’église catholique et Lahou Kpanda.

L’accélération de la migration pose clairement 2 questions :


- Doit-on maintenir une stratégie « passive » et laisser l’écosystème
du Bandama se réguler lui-même, la réponse ayant été apportée
lors du déplacement de la ville à N’ZIDA en 1973 ?
- Doit-on engager une stratégie active, envisager de stabiliser
l’embouchure tenant compte de la croissance des populations,
du développement des activités de pêche ou des impacts du
changement climatique ?

Une migration de 170 m/an à court terme


Au regard des mesures de cette étude, cette réponse doit être
rapidement et définitivement apportée : sur 31 années d’observation,
l’embouchure se déplace presque 3 fois plus vite sur des distances
sensiblement équivalentes.

Observée en 2017, à long terme (31 et 24 ans) de :


- la vitesse de migration est de 63 à 76 m/an (1993-2017) contre 32m/an (1981-2012:
- la distance parcourue est de 1,4 à 1.7 km/ (1993-2017) contre 1.1 km/an (1981-2012):
Sur moyen terme (7 ans – période 2010/2017) :
- la vitesse de migration a atteint 170 m/an:
- la distance parcourue fut de 1,1 km.

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Les prises de vue satellites et aériennes témoignent de l’urgence


Les photos satellites prises en 2011 et 2016 témoignent de la disparition de la ville historique et du déplacement des pêcheurs vers le cimetière.
Les photos aériennes prises entre Septembre 2016 et Février 2017 montrent la vitesse des événements lors d’un épisode érosif intensif résultant
certainement des effets du phénomène la Nina.
Sur la photo satellite n°1 se trouve la position réelle du village des pêcheurs en 2016 ; sur la photo satellite n°2 est indiquée la position où se trouvera le
village des pêcheurs en 2017 : le déplacement du village est la principale stratégie d’adaptation des pêcheurs à la migration de l’embouchure.
Photo satellite n°1 - 2016 - Embouchure et principaux site de Lahou Kpanda Photo aériennes n°1 à 3- Migration de
© Terrametrics, CNES/Astrium 2016 l’embouchure Novembre 2016 – Février
2017 (WACA)

SEPT. 2016
Mission
Lahou Kpanda Cimetière Village de
catholique
pêcheurs

NOV. 2016
Village
des
Cimetière pêcheurs
2017

FEV. 2017
Photo satellite n°2- Migration 2011 – 2015 de l’embouchure du Bandama (CRO & IGT 2015)

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Des projections de la migration de l’embouchure sont proposées.


Ces résultats proposés sur la carte n°x ci-dessous sont réalisés en tenant compte des avancées moyennes de l’embouchure et des érosions
exceptionnelles observées. Ils représentent une projection mathématique de l’avancée en l’absence d’une meilleure connaissance de la façade
maritime de la zone d’étude.

D’ici trois années, en 2020, le village des pêcheurs aura vraisemblablement disparu. Le cimetière pourrait disparaître d’ici 2025, la Mission catholique
d’ici 2030 et Kpanda d’ici 2050.

A noter qu’au point de repère potentiel de l’embouchure en 2030, on observe une avancée de la lagune dans le cordon sableux, dont le relief
légèrement surélevé sur ses berges, pouvant faire penser aux stigmates d’une ancienne embouchure.

Carte n°4 – Migration possible de l’embouchure 2017 - 2100

Le tableau n°1 ci-dessous estime les surfaces du cordon sableux qui seront progressivement absorbées par l’embouchure :

PERIODE Surface à perdre par migration de l’embouchure (ha)


2017 à 2020 9,93
2017 à 2025 19,8
2017 à 2030 30,01
2017 à 2050 71,72

Tableau n°1 – Estimation des surfaces perdues par la migration de l'embouchure à Grand-Lahou
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4.3 Le trait de côte progresse


Le cordon sableux subit une érosion frontale.
Les travaux de terrain ainsi qu’une étude cinématique du trait de côte à partir de deux images aériennes (1993 et 2017 ) ont permis d’établir un taux
moyen d’évolution du trait de côte et de le comparer aux études précédentes. Un recul moyen de 1,6m/an est observé sur les 24 dernières années. Un
recul cumulé du trait de côte de 161 mètres en 60 ans peut être estimé à partir des données disponibles depuis 1957.

Carte n°5 – Représentation du trait de côte à Lahou Kpanda 1993 vs. 2017

- Lido de Grand-Lahou (entre Kpanda et l’embouchure) : 1957 – 1986, Recul de 0,3 m/an, soit 8,7 m en 29 ans
1986 – 1992, Recul entre 2 et 2,5 m/an, soit 12 à 15,6 m en 6 ans
1993 – 2017, Recul de 1,6 m / an, soit 38,4 m en 24 ans
1957 – 2017, Recul total pouvant être estimé à 161 m en 60 ans.
Cette érosion est variable.
Des épisodes de recul plus important ont pu être observés en certains points :
- Au droit du phare de Kpanda : Recul de plus de 5 m/an (2006 et 2007)
- Mission catholique Recul de 2 à 3m/an (2008 et 2015)

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Une évolution du trait de côte a été extrapolée


Cette évolution du trait de côte est une projection déductive. Le profil de plage sous-marin de Grand Lahou reste inconnu, la modélisation ne représente
pas les effets de la migration de l’embouchure, ni les perspectives d’évènements climatiques extrêmes et d’élévation de l’océan.
Des modélisations sont proposées à court et long terme (2020, 2025, 2030, 2050 et 2100) afin que chaque acteur puisse mesurer le calendrier des décisions
à prendre :
- D’ici 2020, le recul du trait de côte ne devrait pas avoir d’incidence notable.
- De 2020 à 2025 voire 2030, une érosion totale de la crête du cordon (route actuelle qui longe le village sur le front de mer) est envisageable.
- Entre 2030 et 2040, évolution régressive plus rapide et des submersions plus fréquentes avec à la clé des destructions d’habitations. Le point le plus
critique est l'ouverture probable d'une brèche dans le cordon à l'Ouest immédiat de la Mission catholique.
- En 2050, la majorité de l’habitat serait détruite. Une rupture du cordon devrait se produire au niveau du point critique entrainant une
communication entre océan et lagune.

Carte n°6 – Evolution possible du trait de côte à Lahou Kpanda 2017 - 2100

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5. LA PRISE EN COMPTE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Les changements climatiques sont des changements attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de
l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables (article 1er Convention
Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC)). Le cinquième rapport du GIEC (2014) confirme avec un « très haut degré de
confiance » la primauté de la responsabilité humaine sur les facteurs naturels dans le réchauffement climatique global.

Il n’existe pas de modélisation détaillée sur les impacts du changement climatiques en Côte d’Ivoire et à Grand Lahou. Tout au moins pouvons-nous
disposer de scénarios de variation des températures et de la pluviométrie. Afin de rendre compte des impacts possibles du changement climatique à
l’échelle de Grand Lahou, il a été décidé d’étudier les impacts possibles du changement climatique sur le continent Africain et sur le niveau marin,
pour proposer une discussion afin de caractériser la vulnérabilité de l’estuaire du Bandama aux changements climatiques.

5.1 Impacts possibles du changement climatique sur le continent africain.

Le réchauffement climatique en Afrique sera plus important qu’au niveau mondial au cours du XXIème siècle, a confirmé le GIEC en 2014 (WGI AR5,
chapitre 22).
La hausse de la température moyenne entre 1980/99 et 2080/99 s’échelonnera entre 3 et 4°C sur l’ensemble du continent. Elle sera 1.5 fois plus élevée
que la moyenne mondiale. Cette hausse sera moins forte au sein des espaces côtiers et équatoriaux (+3°C) et plus élevée dans la partie ouest du
Sahara (+4°C).
L’élévation de températures entrainera plusieurs changements climatiques sur le continent : la modification du niveau et de la variabilité de la
pluviométrie, l’augmentation de la fréquence et de l’intensité de phénomènes climatiques extrêmes, l’élévation du niveau de l’océan. Les
conséquences de ces changements climatiques seront différentes sur le continent, reflétant sa diversité géographique et climatique.

Le GIEC (2007, 2014) identifie 8 principaux impacts du changement climatique en Afrique, agissant sur :
- Les régimes météorologiques : ils se traduiront essentiellement par des risques d’inondations fréquentes et une sécheresse plus prononcée. Les zones
connaissant déjà des inondations ou des sécheresses sont susceptibles de connaitre ces événements de manière plus marquée. Celles qui ne
connaissaient pas d’inondations ou de sécheresses ne seront pas à l’abri de tels phénomènes.
- L’approvisionnement et la qualité de l’eau : la modification de la distribution des précipitations pourra entrainer un recul des masses d’eau et des
assèchements des cours d’eau. Les activités humaines économiques liées à l’approvisionnement en eau en seront affectées.
- L’agriculture et l’alimentation : les changements climatiques auront certainement une influence sur les surfaces agricoles exploitables et la sécurité
alimentaire des populations, altérant le rendement des cultures et la productivité du bétail (GIEC, 2007). La production agricole et la sécurité
alimentaire dans plusieurs régions et pays africains risquent d’être compromises par le changement et les variabilités climatiques. L’agriculture ouest-

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africaine est directement sensible aux aléas climatiques. Les zones pastorales et agropastorales seront sans doute les plus affectées par les variations
climatiques.
- La santé humaine : le changement des zonages climatiques sera propice à la dispersion des pathologies liées au climat pouvant impacter homme
et animal. Par analogie aux impacts sur les régimes météorologiques, les pays connaissant déjà des pathologies climatiques les verront renforcées,
ils pourront voir se développer de nouvelles pathologies sous l’effet du changement climatique dans leur territoire.
- Les infrastructures et le logement : les phénomènes climatiques observés se traduisent déjà par des phénomènes d’inondations, d’érosions ou de
sécheresses extrêmes détruisant des infrastructures, logements, abris et villages sur le continent. De nouveau, les conséquences observées ces
dernières décennies sont susceptibles de s’aggraver en fréquence et en intensité.
- Les populations vulnérables : En Afrique, les femmes, les enfants et les personnes âgées sont réputées plus vulnérables aux impacts du changement
climatique. De manière plus générale, les communautés affectées par les changements climatiques verront la vulnérabilité de leurs populations se
développer. Elle affaiblira plus encore les capacités d’adaptation des populations, ne laissant pour choix que la migration.
- La sécurité nationale : Les impacts du changement climatique pourront exacerber les problèmes de sécurité nationale et augmenter le nombre de
conflits pour l’utilisation de ressources naturelles, de terres fertiles et d’eau. Lorsque ces quantités sont déjà limitées, leur raréfaction pourrait
rapidement attiser le risque de conflit.
- Les écosystèmes : De même que l’homme, les espèces animales et végétales seront menacés par la modification de leurs habitats naturels. Les
écosystèmes marins et d’eau douce en Afrique de l’Est et australe et les écosystèmes terrestres en Afrique australe et de l’Ouest. Les phénomènes
météorologiques extrêmes ont mis en évidence la vulnérabilité. Cette vulnérabilité serait accentuée par la rapidité des changements climatiques
qui ne permettront pas à la faune et à la flore de s’adapter.

Un grand nombre de pays africains sont doublement pénalisés par le changement climatique.
Ils subissent déjà les conséquences du réchauffement mondial, alors même que leur contribution au changement climatique est négligeable. Ils
manquent des fonds, des technologies et des capacités nécessaires pour s’adapter. Il leur faut davantage de ressources, de compétences, de systèmes
et d’institutions.
Ce constat formulé à l’échelle des Etats africains est encore plus vrai à l’échelle des territoires locaux qui les composent, laissant plus encore plus
démunies les administrations locales face à la diversité des impacts subis par les populations.

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5.2 Impacts possibles du changement climatique sur les océans

L’élévation du niveau de l’océan est un phénomène déjà observé.


Différentes compilations régionales et globales (GIEC, 2002, 2014, Bard 2013, UN
ECA 2016) confirment une accélération récente de la hausse du niveau des mers
avec un taux moyen inférieur à 1,5 mm/an avant les années 1950 jusqu’à plus de
3 mm/an ces dernières décennies (Figure 2).
Pour le GIEC (2014), il est très probable que le niveau moyen global de la mer a
augmenté de 1,7 [1,5 à 1,9] mm an-1 entre 1900 et 2010 et à un taux de 3,2 [2,8 à
3,6] mm an-1 de 1993 à 2010 (WGI AR5 Section 13.2.2).
Ces mesures mettent en évidence une accélération de l’élévation du niveau de
la mer sur les dernières décennies. Ainsi à Brest le niveau de la mer apparaît stable
au 19ème siècle et ne cesse d’augmenter entre 1900 et 1994 (1,24 mm/an ± 0,13).

Graphique n°1: Evolution du niveau marin moyen


mondial 1880-2010 (données des marégraphes et des satellites altimétriques ; Church & White 2011).

Il existe plusieurs scénarios d’élévation du niveau de l’océan sous l’effet du changement climatique, rendant difficile une modélisation précise des
risques encourus à une période donnée. La principale difficulté à estimer ces scénarios tient au rythme réel de la fonte des glaciers situés sur la terre, qui
entrainera un déplacement de la ressource en eau dans les océans :
- Selon le scénario de référence du GIEC 2014 présenté dans le tableau ci-dessous, l'élévation moyenne mondiale du niveau des océans (GMSLR)
varierait de 0,28 à 0,98 m en 2100, par rapport à 1986-2005. Ces projections sont basées sur une expansion thermique de l’océan calculée à partir
des modèles climatiques, des contributions des glaciers du Groenland et de l'Antarctique (WGI AR5 sections 12.4.1, 13.5.1 et 13.5.4).

Tableau n°2 : scénario d’élévation du niveau de l’océan selon les émissions de gaz à effets de serre (GIEC 2014)
Scénario d'émission de Moyenne d'élévation mondiale du niveau de l’océan (m)
GES 2046–2065 2100
bas 0.24 [0.17–0.32] 0.44 [0.28–0.61]
Moyen - bas 0.26 [0.19–0.33] 0.53 [0.36–0.71]
Moyen - élevé 0.25 [0.18–0.32] 0.55 [0.38–0.73]
Elevé 0.29 [0.22–0.38] 0.74 [0.52–0.98]

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- Selon les études de Bard (2013), à partir des projections de


réchauffement issues des modèles climatiques, les estimations
formulées pour 2100 sont plus élevées (maximales supérieures au
mètre) que celles issues des modélisations climatiques ne prenant
pas explicitement en compte les phénomènes de dynamique
glaciaire (graphique n°2 ci-contre).

Graphique n°2 - Projections du niveau marin (Vermeer &


Rahmstorf 2009 in Bard 2013) avec différents scénarios
d’émission conduisant en 2100 à des pCO2 de 550 à
950 ppm

- Selon les scénarii du BRGM (2006), pour des projections basées sur la gamme de scénarii du RSSE (Rapport Spécial sur les Scénarios d’Emissions, GIEC,
(2000), le niveau moyen de la mer devrait augmenter de 9 à 88 cm entre 1990 et 2100. En considérant les caractéristiques moyennes des plages de
l’Atlantique, du Pacifique et de l’océan Indien, l’élévation du niveau de 1 cm correspondrait à un recul moyen des côtes de 1 m. L’extrapolation
de cette correspondance aux élévations prévues par les modèles numériques pour 2100 indique que les plages pourraient reculer entre 9 et 88
mètres à la fin du siècle.
- Des valeurs plus élevées pour 2100 existent dans la littérature scientifique sur la base de diverses approches : 1,15 m (Katsman et al., 2011), 1,21 m
(Schaeffer et al., 2012) (pour RCP4.5), 1,40 m (National Research Conseil, 2012), 1,65 m (Jevrejeva et al., 2012b) (pour RCP8.5), 1,79 m (Vermeer et
Rahmstorf, 2009) (pour SRES A1FI), 1,90 m (Rahmstorf et al., 2012b) (avec proxy Calibration pour RCP8.5), 2,0 m (Pfeffer et al., 2008), 2,25 m (Sriver et
al., 2012) et 2,4 m (Nicholls et al., 2011).

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D’autres impacts du réchauffement climatique pourront être observés sur le milieu marin, qui s’additionneront aux précédents :
- La manifestation de phénomènes climatiques extrêmes sur l’océan et le littoral se transmettra sur les côtes, pouvant accentuer les épisodes de forte
érosion avec des conséquences socio-économiques importantes pour les populations et leurs activités.
- La modification du régime pluviométrique sur les bassins versants, qu’ils soient à la hausse ou à la baisse selon la variabilité future, pourra entrainer
des risques de crues et d’inondations, ou de baisse des débits des cours d’eau et de l’alimentation sédimentaire des estuaires et des côtes. Ces
deux phénomènes seront de nature à contribuer aux phénomènes d’érosion des côtes ou de migration des embouchures.
- Les propriétés physico-chimiques des océans pourraient être modifiées, modifiant la température de l’eau, son oxygénation ou sa salinité, avec des
risques d’acidification sensible résultant de l’absorption du CO2 par les océans. Il en résultera alors des conséquences pouvant entrainer la
raréfaction des ressources halieutiques et l’altération des écosystèmes littoraux.

En ce qui concerne les zones côtières d’Afrique de l’Ouest, l’élévation du niveau moyen de la mer sera vraisemblablement accompagnée de
catastrophes (érosion, inondations, submersion) plus fréquentes de nombreuses zones littorales (IOC 2006, GIEC 2014; UEMOA 2010, 2011; Bard 2013).
Il en résultera vraisemblablement, un littoral fragilisé et considérablement modifié. La fréquence et l’intensité plus fortes des tempêtes et des phénomènes
climatiques extrêmes contribueront à l’accélération de l’érosion des plages et falaises et une extension des submersions marines sur les côtes basses.
Toutes ces évolutions pèseront lourdement sur les activités humaines au cours des prochaines décennies
Le littoral ouest-africain semble commencer à connaitre les effets se font déjà sentir à travers la montée des eaux, la hausse de la température à la
surface de la mer, inondations, l’érosion des côtes. Ces conséquences étant difficiles à évaluer, l’UEMOA (2010) propose des études détaillées locales.
Or, ces zones côtières, où vivent 31% de la population régionale qui s’accroît de 4% par an, sont particulièrement cruciales car elles contribuent à 56%
du produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA 2010 et Banque mondiale 2016)

5.3 Impacts possibles à l’échelle du littoral de Côte d’Ivoire et de Grand Lahou (discussion)

Le GIEC insiste sur le fait qu’à l’échelle locale, les manifestations des scénarios de référence pourront être différentes des moyennes du modèle mondial.
L'élévation du niveau de la mer à l’échelle locale, selon les variations régionales et les facteurs locaux, pourrait être supérieure à celle prévue pour son
modèle mondial GMSLR précité (WGI AR5 section 5.2).
Tenant compte des divergences observées entre les modèles qui définissent des moyennes mondiales et leurs inéluctables variations à l’échelle
régionale, toute estimation d’impacts à l’échelle locale devient par nature spéculative.

Les travaux antérieurs sur la dynamique sédimentaire du littoral ivoirien révèlent une vulnérabilité préoccupante de la basse côte orientale (Abe et al.,

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1993; Abe et N’guessan, 1995;, 2003; Abe, 2005). Les profondes modifications de certaines portions du littoral prennent des proportions de plus en plus
inquiétantes (Hauhouot, 2000; Abe, 2005, Konan et al., 2009, 2014, 2016; Konan, 2010, 2012; Yao, 2012; N’doufou 2012). De ces études il ressort que:
- Le littoral de San-Pédro subit une pression anthropique liée à la construction du port en 1970 et à l’extraction de sable de plage pour la construction
de la ville. Les conséquences de la perturbation du transit sédimentaire représentent une menace pour l’économie réelle de la zone et influencent
fortement les conditions de vie des populations riveraines.
- La zone littorale d’Abidjan et Grand Bassam est un espace à forts enjeux environnementaux, socio-économiques, touristiques et culturels très
importants.
Sur l’axe Vridi – Port Bouet, les infrastructures comme la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR), l’aéroport international Félix Houphouët Boigny, le
chemin de fer, une partie de la route internationale Abidjan-Ghana, la commune de Port Bouet sont menacés et risque d’être déplacés à cause
de l’érosion côtière qui menace ce segment littoral.
A Grand-Bassam, la fermeture définitive de l’exutoire du fleuve Comoé a entrainé une eutrophisation du milieu lagunaire et privé le cordon sableux
des apports sédimentaires du fleuve, favorisant un phénomène érosif qui menace cette cité classée au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO.
- L’étroitesse du cordon littoral à Assinie et à Assouindé (mer-lagune) et de sa côte très basse représentent une menace pour les infrastructures
touristiques qui subissent des submersions fréquentes et périodiques. Les plages d’Assouindé et d’Assinie étant des secteurs balnéaires touristiques
par excellence. Cette menace liée à l’élévation du niveau marin met en danger les intérêts économiques vitaux pour la Côte d’Ivoire et affecte les
conditions de vie des populations riveraines.
- A Grand-Lahou, l’érosion est préoccupante. Elle est à l’origine de la destruction progressive de la ville historique et du départ à 18 km plus loin de
l’administration et dans les années 1970. Cette érosion a engendré la destruction des édifices de la population autochtone restée sur place. Elle
assiste de façon impuissante à la destruction de leurs biens et leurs activités principales (pêche) compromises.

Le niveau moyen de l’océan en Côte d’Ivoire a très vraisemblablement augmenté.


En l’absence d’observation directe le long de la côte, les taux d’élévation du niveau marin admis se rapportent à une tendance moyenne de 1,6
mm/an (0,16cm/an) sur le long terme en Afrique de l’Ouest (Pirazzoli, 1996).
Les enregistrements actuels des marégraphiques de Takoradi et Tema au Ghana révèlent des taux moyens d'élévation du niveau marin compris entre
1 et 3,4 mm par an, soit une moyenne de 2,4 mm par an. Bien qu’elles soient confrontées au problème d’enregistrement en continu sur le long terme,
ces mesures sont assez proches des données altimétriques radar des satellites Topex/Poseidon puis Jason-1 et 2 (3mm/an) pour la période 1993 et 2004.
Cette hausse du niveau marin atteindrait ainsi 30 cm en 2030, de la côte ivoirienne à celle du Togo (Blivi, 2001).

L’évaluation de la vulnérabilité de la côte ivoirienne et de l’impact socio-économique pour différents scénarii de variation du niveau marin à fait l’objet
d’études consignées dans les travaux de Jallow (1996), d’Abé et N’guessan (1995), d’Abé (2005) selon la méthodologie proposée par le GIEC. Elles
donnent un ordre de grandeur des surfaces littorales perdues par érosion et submersion. Ainsi, pour une élévation du niveau de la mer de 1m, le territoire
ivoirien perdrait en 2075, environ 36 km2 par érosion naturelle et 240 km2 par inondation ; soit au total 276 km2. Ces pertes de terres auront pour
conséquence les modifications du paysage littoral.

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Les effets du changement climatique condamnés à s’aggraver, déstabilisent déjà les moyens de subsistance des populations dépendantes des
ressources océaniques et en eau douce pour vivre, provoquant des migrations qui risquent de provoquer des conflits. Ils menacent aussi des
infrastructures et des systèmes de transport en état critique (UN CEA 2016).

Au titre de sa contribution prévue déterminée au niveau national de la Côte d’Ivoire (NDC), les impacts identifiés sont particulièrement les risques
d’inondations, de tempêtes, de glissements de terrain, de baisse du débit des fleuves et d’amenuisement du volume des eaux de surface, d’érosion
côtière jusqu’à 3 mètres par an pouvant atteindre 6 à 12 mètres lors de tempêtes, de variation du phénomène de remontée d’eau (upwelling) saisonnier.
Ces impacts sont considérés comme de nature à affecter la pêche, les infrastructures et les habitats.

Les orientations identifiées sont pour la résilience des zones côtières sont :
- De réglementer la construction et l’extraction de sable sur le littoral,
- De déménager et reconstruire les ouvrages en danger sur une ligne de repli,
- De construire des ouvrages de protection active (épis, brise-lames), passive et de restauration (rideaux pare vent, re-végétalisation, voire
reboisement –mangroves-).
- D’évaluer les risques hydrométéorologiques et mettre en œuvre les mesures d’atténuation
- De mettre en place un système d’alertes multirisques
- De mettre en place un plan de contingence et des plans de réponse efficients
- D’informer, éduquer et communiquer sur les risques hydrométéorologiques
- De renforcer les capacités des acteurs en matière de Réduction des Risques de Catastrophes (RRC) et de gestion de catastrophes
- D’évaluer de manière systématique les pertes et dommages et assurer le relèvement et la construction post-catastrophe
- De développer l’observation du trait de côte et identifier les territoires à risque d’érosion (surveillance de l’érosion côtière)
- De protéger l’habitat (faire appliquer la réglementation sur la construction et l’extraction de sable sur le littoral, déménager et reconstruire les
ouvrages en danger sur une ligne de repli, construire des ouvrages de protection active -épis, brise-lames, passive, de restauration -rideaux pare
vent, re-végétalisation, voire reboisement –mangroves-)
- De mettre en place un fonds microprojets expérimentaux de protection locale contre l’érosion

Concernant les actions spécifiques à la zone littorale, cette contribution :


- Propose de créer un réseau d’observation et de suivi de la dynamique du trait de côte à l’échelle nationale afin d’identifier les territoires à risque
d’érosion côtière et examen d’un ou de plusieurs indicateurs traduisant la relation climat / érosion côtière
- Estime prioritaire de la modélisation dynamique du profil littoral (pour un coût de 0,184 milliard de FCFA –US $ 0,31 million) le reboisement de
mangroves et autres espèces appropriées (pour un coût de 0 ,65 milliard de FCFA –US $ 1,1 million) et la mise en place d’un fonds de 1,95 milliard
de FCFA – US $ 3,3 millions
- Recommande l’aménagement contre l’érosion à Assinie (pour un coût de 19,97 milliards FCFA –US $ 33,6 millions), autour du canal de Vridi (le
coût n’est pas identifié) et la réouverture de l’embouchure de la Comoé à Grand Bassam (pour un coût de 22,55 milliards de FCFA –US $ 38
millions).

L’analyse de cette contribution montre une prise en compte importante des enjeux du littoral ivoirien, il faut toutefois noter une incohérence : les pertes
peuvent difficilement être estimées entre 2,3 à 6,7 milliards de FCFA (4,0 à 6,75 millions d’US $) pour tout le littoral en cas de submersion pouvant aller
jusqu’à 2 mètres d’élévation du niveau de l’océan lorsque l’on fait la seule analyse des actifs industriels situés aux abords du canal de Vridi ( les sites de

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production d’électricité d’origine thermique de CIE/Vridi, CIPREL ou Aggreko qui sont situés le long du canal et dont la valeur cumulée en 2017 est
supérieure à 1 milliard de dollar US d’investissement.

Une discussion est proposée pour caractériser la vulnérabilité de Grand Lahou :


- L’étude réalisée par Soro et al.,(2011) qui montre l'existence d'une variabilité climatique au niveau de la région de Grand-Lahou l’a caractérisée
par une alternance de phases humides, normales et sèches, avec des ruptures entre 1966 et 1981, qui marquent une modification des régimes
pluviométrique et hydrologique. Ces ruptures s'accompagnent d'une diminution de la pluviométrie de 13 à 28 % et de l'écoulement du Bandama
de 58 %. (SORO et al., 2011).
- Selon Goula et al., (2006) sur les impacts du changement climatique, le volume d’eau moyen annuel du bassin versant du Bandama pourrait être
réduit de 21% ; les événements extrêmes comme les sécheresses et les inondations seraient les effets dominants sur les ressources en eau.
- Les populations ont signalé quatre épisodes de fermeture de l’embouchure : deux dans les années 1920/1930, deux lors de la période sèche
1984/1989.
- Les années 2009, 2011, 2014 et 2016 se sont illustrées par des phénomènes météorologiques exceptionnels. La pluviométrie reçue sur le bassin
versant de Bandama a donné lieu à des épisodes de crue du fleuve. L’énergie des vagues a accentué l’érosion du trait de côte, tandis que
l’embouchure s’est déplacée de 170 m/an en direction de Lahou Kpanda entre 2012 et 2016. Des épisodes d’érosions et d’inondations ont été
observés sur les berges lagunaires et fluviales. A N’Zida, des inondations de cuvettes s’observent sur le plateau ainsi que des épisodes de
glissement de terrain sur les flancs.
- La caractérisation de la vulnérabilité du périmètre littoral de Grand-Lahou est principalement fondée sur la dynamique récente des cordons barrières
et se résout à l’analyse prospective des observations continues et enquêtes de terrain. Les projections issues de cette dynamique font ressortir des
modifications du paysage. On peut noter les pertes de terres par érosion ou inondation qui affecteront l’implantation des populations riveraines, les
écosystèmes aquatiques lagunaires séparés de la mer par de minces et plats cordons littoraux.
Les ruptures probables du cordon engendreront des bouleversements morphologiques et physico-chimiques des plans d’eau. On assistera à une
migration du trait de côte à l’intérieur des terres sur le bord nord des plans d’eau lagunaires actuels et un abandon de plusieurs activités connexes
(aquaculture, pisciculture et pêche lagunaire), affectant le mode de vie des populations ainsi que l’écosystème du parc national d’Azagny. Les
berges des lagunes de l’estuaire et du Bandama sont susceptibles de connaitre des événements de salinisation, d’inondation et de submersion ; les
zones marécageuses pourraient s’étendre sous l’effet de remontées d’eau. Plus généralement, toutes les zones de l’estuaire situées dans un rayon
de 10 km et situées à une hauteur de moins de 10 mètres au-dessus du niveau de la mer devraient être considérées comme une zone à risque d’ici
la fin du siècle.
Ces estimations pourraient être améliorées en bénéficiant d’un modèle numérique de terrain issus d’images satellite radar pour toute la zone de
l’estuaire et d’un modèle numérique de la dynamique du bassin lagunaire et de l’avant côte du littoral de Grand Lahou. En cette attente, des
modélisations ont pu être réalisées en vue de simuler une élévation du niveau de l’océan à partir d’un modèle numérique d’élévation réalisé par
photogrammétrie.

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6. CARTES DE RISQUES COMMUNAUTAIRES

6.1 Carte de risques communautaires


Les enquêtes communautaires conduites auprès de 70 personnes sur la commune et au-delà indiquent 5 principaux risques : Erosion du cordon sableux
et jets de rives puissants, inondations, remontée de nappes phréatiques, glissement de terrain et tremblement de terre.

Deux cartes de risque communautaire ci-dessous reportent les épisodes recensés lors des enquêtes de populations sur un modèle de relief radar
« SRTM » de 30 mètres de résolution. Il en résulte une imprécision native, en l’absence d’imagerie radar plus fine, mais elles indiquent des tendances
utiles.

La carte n°7 ci-après représente les zones situées entre 0 et 10 mètres au-dessus de l’océan. Ce sont celles susceptibles de connaitre des risques
hydrauliques selon leur proximité du milieu fluvial, lagunaire ou océanique : inondations en cas de fortes pluies, de remontées de nappes phréatiques
ou de crues du fleuve, submersion en cas d’érosion du cordon sableux et d’élévation du niveau de l’océan.

La carte n°8 ci-après représente les zones situées 25 mètres au-dessus de l’océan. Ces zones sont protégées des risques fluviaux, lagunaires ou
océaniques. Elles restent exposées à des risques d’inondations de cuvettes ou de glissement de terrain à flanc de colline, selon la nature du relief et du
sol.

6.2 Risques communautaires et aménagements envisageables


Typologie des risques communautaires

Les résultats de l’étude établissent 9 types de risques, classés selon des enjeux immédiats, à moyen ou long terme restitués dans le tableau ci-dessous
Typologie du risque Lahou Braffedon (ancien) Braffedon Kpanda N’Zida Parc SICOR
Kpanda -> Noumouzou (nouveau) –> N’Zida -> Groguida d’Azagny
1. Erosion du trait de côte +++ ++ ++ + +
2. Migration de l’embouchure +++ + + +
3. Submersion du cordon sableux +++ ++ ++ + ++
4. Inondation des berges du Bandama ++ ++ ++
5. Inondation des berges lagunaires +++ ++ ++ ++ ++ ++
6. Remontées de nappes phréatiques +++ + ++
7. Glissements de terrain +
8. Tremblement de terre + + + + + + +

Tableau n°3 : tableau de classification des risques par zone et par type

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Carte n°7 – carte de risque communautaire, (relief 0-10m).

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Carte n°8 – carte de risque communautaire, (relief 0-25m).

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Le territoire de la commune de Grand Lahou est particulièrement Risques immédiats N’zida


menacé : Risques à court et à
moyen terme
- Une urgence immédiate s’observe à Lahou Kpanda, Risques à moyen et
caractérisée par une migration de l’embouchure dont la vitesse long terme

a atteint 170 m/an sur les 4 dernières années (zone rouge), des
risques d’inondation et de submersion

d’Azagny
Plan d’eau
- A court et moyen terme, l’axe Braffedon nouveau-N’zida est
caractérisé par des risques d’inondation et de remontées de
nappe phréatique (zone orange)
- A court et moyen terme, l’axe Braffedon ancien est
principalement menacé par l’érosion du trait de côte (zone
orange) ; Ile SICOR

Parc & canal


- A long terme, le cordon sableux est menacé de disparition, l’île Braffedon
nouveau
SICOR, la presqu’île Braffedon ancien-N’zida et le parc
d’Azagny seront la nouvelle façade maritime.

A moyen et long terme, la sous-préfecture de Groguida, les berges Braffedon


Vers Noumouzou
Lahou Kpanda
Groguida
du parc d’Azagny, du Bandama et des lagunes sont menacées. ancien

Carte n°9 – carte de risque communautaire immédiats, à court, moyen et long


terme

Aménagements envisageables
Face aux risques identifiés, dans la perspective d’une stratégie active de gestion intégrée de l’estuaire du Bandama, certains aménagements gris ou
verts peuvent être envisagés. Des propositions seront formulées au titre des orientations stratégiques.
Aménagements Gris : Stabilisation de l’embouchure (Canal de Grand Lahou) - Protection de la façade maritime - Protection des zones
érosives/inondables en milieu lagunaire et fluvial - Assainissement & terrassements en milieu urbain
Aménagements Verts : Aménagement de la façade maritime (piégeage sédimentaire, habillage végétal de la plage) - Stabilisation des berges (espace
lagunaire – Fleuves Bandama – Parc & canal d’Azagny) - Assèchement des zones marécageuses - Aménagement des flancs de collines.

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7. CADRE SOCIO-ECONOMIQUE

7.1 Evolution du contexte socioéconomique en relation avec l’érosion côtière et les changements climatiques

Née aux environs de 1910 sur la base d’un village Avikam, la ville de Grand-Lahou, anciennement porte océane stratégique du fait de la richesse de
ses ressources naturelles importantes (Kipré, 1985) connaît au cours des années 1990, un événement érosif extrême, la houle, dont les conséquences se
traduisant par la disparition en partie de la ville coloniale, de la ville historique, la menace des sites historiques (cimetière, l’église catholique, prison
coloniale), la délocalisation des populations (Tapé, 2004) et le déclin de son économie (Eboi, 1987).

Située à l'embouchure du Bandama à 80 kilomètres à l'Ouest de la capitale économique, Abidjan, Grand-Lahou offre un cadre environnemental
exceptionnel dont la configuration se compose du parc national d’Azagny, site Ramsar, d’un couvert forestier couvrant une superficie de 79 385 ha

Une activité économique à dominance halieutique


Le cadre économique est dominé par production des ressources halieutiques du fait de la richesse des ressources naturelles en eaux océaniques et
lagunaires (Loba, 2008 ; CAPDEL, 2006). La pêche, représentant 60% des activités économiques, constitue l’activité économique principale de la région
de grand-Lahou. Les risques environnementaux entravent cependant cette dynamique économique. Evoluant dans l’informel avec des pratiques
artisanales, très peu d’encadrement et de subvention pour sa modernisation, l’activité de pêche s’est davantage fragilisée avec la délocalisation de
la ville et a conduit les populations vers d’autres activités. La baisse de productivité du secteur de la pêche concoure à l’émergence des activités
agroindustrielles. Elles restent dominées par les cultures pérennes comme le cacao, le palmier à huile, l’hévéa et les oléagineux, volonté manifeste de
l’Etat de promouvoir les cultures de spéculation. Cette nouvelle donne n’a eu d’influence que sur l’aspect démographique caractérisée par une forte
croissance de la population et une migration des autres populations vers cette zone.

Situation sociodémographique de Grand-Lahou


Composite et multiculturelle, la population de Grand-Lahou comprend autochtones, allochtones et halogènes (Kipré, 1985). D’une estimation de 4 070
habitants en 1975, elle culmine en 2014 à 71 045 en 2014 (INS, 1975 ; 1988 ; 1998 ; 2014) avec une croissance moyenne de 2% à 6% (Akrou, 2015). Malgré
une décroissance du taux annuel établi à 3,73% en 2014 (INS, 2014), la population est en constante évolution. La population étrangère, majoritairement
composée des ressortissants de la zone CEDEAO, représente 90% de celle-ci. Celle-ci est principalement investie dans le secteur de la pêche avec
20,62% de la production halieutique (Akrou, 2015).

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Infrastructures socioculturelles
Les infrastructures socioculturelles sont diverses. Elles se composent de sites touristiques notamment l’île aux chimpanzés d’une superficie de 5 ha. Le
braconnage contribue toutefois à l’extinction de cette riche population faunique. On note en sus, l’existence d’édifices religieux, éducatif
(enseignement général, professionnel, pêche), de cimetières et du débarcadère, d’une plage ombragée de cocotiers offrant un cadre idyllique,
prédisposant au tourisme balnéaire. Le parc naturel d'Azagny est classé site RAMSAR. Grand-Lahou est le berceau de la danse traditionnelle « Awoussi »
devenue « Mapouka ». Les deux tiers des localités du département sont dépourvues d’infrastructures et l’accès à l’eau potable est compromis celles
situées sur le cordon sableux comparativement à N’Zida, située en zone de « montagne ». Le réseau routier, en état de délabrement, à l’exception de
la zone montagneuse (N’Zida), entraine une difficulté d’accès à certaines localités qualifiées de zones de « silence », du fait du déficit en services
sociaux de base.

Analyse de l’évolution costière et son influence sur les ressources de la ville


L’érosion côtière, emprise de la mer sur la terre, est provoquée par des facteurs naturels (vents et des tempêtes, des courants littoraux, des variations
du niveau de la mer, les glissements de terrains, etc.) et humains (ouvrages côtiers, assèchement des bassins côtiers, construction de barrages, travaux
d'irrigation, opérations de dragage, défrichement des terrains côtiers, extraction de gaz et d'eau) (MINEDD, 2011).
L’engraissement de la zone de Gorguida et de Lahou-Kpanda symbolise l’impact de l’érosion côtière et illustre la constante érosion des terres plus
proches de l’embouchure (Djagoua, 2016). Le littoral ivoirien à Grand-Lahou est fragile et présente des zones instables et des zones plus ou moins stables.
Avec le changement climatique, s’observent les ruptures de précipitations qui s'accompagnent d'une diminution de la pluviométrie de 13 à 28% et de
l'écoulement du Bandama de 58%, se répercutant sur les ressources en eau souterraine. Il en ressort donc une baisse de la recharge des nappes
souterraines (Soro et al, 2011).

Problème de développement, l’érosion côtière impacte les secteurs du social (relocalisation de la ville, modification des modes de vie des populations,
destruction des monuments coloniaux et historiques), de l’économie (baisse de la production halieutique, destruction des voies de communication,
etc.), de l’environnement (réduction du territoire physique de Grand-Lahou, modifications complexes de son écosystème, augmentation de la
salinisation) (Akrou, 2015).

Perception des populations de l’érosion côtière


L’érosion côtière est construite idéologiquement par la population. Dans le contexte ivoirien, les croyances traditionnelles sont mobilisées pour expliquer
tout phénomène notamment environnemental. Le manque de pluie, l’augmentation de la température, l’ensoleillement prolongé et la montée des
eaux de la mer sont différemment interprétées sous le prisme de la culture et de la coutume. Ainsi les réalités relatives à l’indigenous knowledge,
permettent de donner aux connaissances traditionnelles locales du climat et de la météorologie, une valeur presque scientifique, mais surtout
complémentaire des observations scientifiques (Le Masson and Kelman, 2010 ; Stervinou et al, 2013 ; Sadia, 2014).

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Réactivité et adaptation face à l’érosion côtière


Face à l’érosion côtière et aux problèmes environnementaux connexes, la réactivité et l’adaptation sont éphémères, dérisoires, de faible portée sociale
et non pérennes. La non systématisation de la réponse gouvernementale réduirait ainsi la capacité de résilience des populations et des villes du littoral
à répondre avec efficacité aux problèmes environnementaux (Sadia, 2014).

7.2 Analyse des risques environnementaux et perspective de développement


Risques perçus par les populations
Les risques perçus par les populations portent sur les inondations liées aux pluies diluviennes (47,8%), l’érosion de l’embouchure du fait de son
déplacement (20,3%), les crues du Bandama (7,2%), les glissements de terrain (7,2%), la fermeture de l’embouchure (1,4%) et la remontée des eaux
(1,4%) et bien d’autres motifs encore (14,5%). Bien que les risques évoqués semblent quasi identiques, ils diffèrent d’une localité à une autre et tiennent
souvent compte du milieu géomorphologique en présence. Les problèmes récurrents portent sur le déplacement de l’embouchure (93,3%) et les
inondations (87,2%). La cartographie des risques permet d’une part, de comprendre que les zones les plus sécurisées sur le périmètre d’étude sont situées
en moyenne au-dessus de 25 mètres du niveau de moyen de la mer et révèle d’autre part que certaines zones sont moins soumises au stress de l’océan
et aux saisons pluvieuses.

Cause et impact des problèmes environnementaux


Les causes, pour les répondants, s’enracinent dans les changements climatiques (élévation du niveau de la mer, changement climatique, la fermeture
de l’embouchure, crues du Bandama, modification de la pluviométrie), l’action anthropique (construction des barrages hydroélectriques, exploitation
abusive de la biodiversité) et les représentations sociales des populations riveraines.
Les conséquences au plan social se traduisent par les mouvements de déplacement interne, les pertes en vies humaines, les dégâts matériels, le désarroi
lié à la disparition de sites à valeur symbolique comme le cimetière entrainant une réticence quant à la délocalisation des populations vivant sur le
littoral pourtant menacé par les risques côtiers, la disparition des infrastructures éducatives et sanitaires concourant à la progression de l’analphabétisme
et un faible accès aux structures de santé. Au plan économique, l’envers de l’érosion côtière se manifeste par l’arrêt voire l’impossibilité de réaliser les
activités dû aux inondations (75,6%), aux glissements de terrain (50,0%), à la fermeture de l’embouchure (63,2%), la perte de productivité agricole et
halieutique. Au plan culturel, la dégradation voire la destruction totale des bâtiments institutionnels, historiques et des sites touristiques est observée.

Adaptabilité/adaptation aux risques environnementaux


Le niveau de résilience des populations face aux risques environnementaux est quasi inexistant. Les stratégies d’adaptation concernent le déplacement
momentané vers des zones plus stables (82,4%) et la construction d’habitats éphémères (17,6%) quand l’inaction concerne 83,3% des enquêtés. La
perception dans l’imaginaire des populations d’un phénomène relevant d’une punition divine, de forces surnaturelles induit leur inaction face à l’érosion

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côtière et aux problèmes environnementaux connexes. L’absence de mécanisme au niveau local, régional et national sous-tendrait la faible résilience
des populations et de Grand-Lahou.

Perception de la relocalisation
Mesure de protection sociale, la relocalisation est mal appréhendée par les populations du littoral du fait des construits socioculturels qui structurent la
vie sociale et enjeux socioéconomiques (foncier rural et « marin ou lagunaire ») qui la sous-tendent. Si l’alternative d’une relocation est envisagée, elle
émane des populations du troisième âge et d’une frange de la jeunesse du fait de leur forte expérience de l’impact social de l’érosion côtière pour les
uns et de la perte des biens économiques pour les autres. Par ailleurs, l’absence d’identification d’un cadre pour une relocalisation par les autorités
locales renforce l’angoisse d’une délocalisation synonyme d’emménagement physique dans le nouvel environnement physique et le nouvel habitat, à
la reconstruction du lien social et à l’adaptation des moyens de subsistance.

Valeur socioéconomique du patrimoine social, économique et culturel


Situation des biens économiques
Malgré le contexte de vulnérabilité, Grand-Lahou dispose d’un potentiel économique sous exploité. Les biens socioculturels (parc national d’Azagny et
couvert forestier d’une superficie de 57 530 ha, sites touristiques, lieux de culte, plan d’eau lagunaire et océanique) offre un cadre environnemental
exceptionnel, une biodiversité d’envergure et un cadre idyllique pour le tourisme. Les biens économiques se composent d’un ensemble de bâtis, des
ressources halieutiques avec une production de 17 714 tonnes sur la dernière décade faisant de la pêche la première activité économique du
département, des ressources en eaux couvrant une superficie de 22 000 km2 (réseau maritime ZEE) et s’étendant sur 100 km (réseau fluvio-lagunaire).
Malgré l’existence de ce plan d’eau et d’un nombre important de forages, l’accès à l’eau potable est faible avec 0,20 m3 d’eau par habitant, une
couverture de l’hydraulique urbaine à 43% et un taux de pénétration de l’hydraulique villageoise amélioré de 14%. Par ailleurs, en dépit de l’existence
d’un barrage hydraulique générant 35% de l’énergie électrique nationale, la région des grands Ponts n’affiche qu’un taux de couverture de 65% et une
consommation moyenne annuelle par abonné de 2 495 kWh. Les ressources agricoles se composent des cultures pérennes (coco, café, cacao, hévéa,
palmier à huile) et vivrières (manioc, tomate, l’aubergine...). Les ressources minières, principalement composées de manganèse, de pétrole et de gaz
restent peu exploitées du fait de l’intérêt est principalement porté sur l’exploitation des ressources halieutiques et secondairement les ressources
agricoles. Il n’existe aucune infrastructure fluviale malgré l’existence d’un plan d’eau important et le réseau routier ne représente que 9,19% du réseau
national et 0,93% de celui régional.

Valeur économique des biens socioéconomiques


Les fonctions d’approvisionnement et récréatif sont associées aux biens socioculturels. Ils sont porteurs de sens pour les populations qui se qualifient
d’« enfants de l’eau » au point où la transgression de normes sociales régulant l’accès et l’usage de cette ressource est source de conflit. La valeur
économique de la production halieutique est estimée à plus de 12 milliards sur la dernière décade et celle du binôme café-cacao 50 milliards sur les
trois dernières campagnes agricoles.

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Perspectives de développement et coût des projets


Dans la perspective du développement de Grand-Lahou, divers projets sont en cours de réalisation ou en perspective. Ces projets émanant de la
communauté et de la mairie couvrent domaines (protection sociale, santé, éducation, agriculture, commerce, transport, culture, pêche, sport, etc.).
Ces projets qui se singularisent par une insuffisance voire une absence d’actions en faveur de la résilience des populations et de la ville face aux
problèmes environnementaux traduisent le faible niveau d’engagement politique au plan local, régional et national pour renforcer la résilience des
populations et de la ville malgré la prise de conscience des impacts socioéconomiques de l’érosion côtière.
Le coût de l’’ensemble des projets s’estime à une valeur de 42,269 milliards répartis en infrastructures économiques (72,7%), pêche (10,4%), santé et
l’hygiène environnementale (2,3%), social (0,5%), infrastructures sociales (6,1%), secteur maritime (5,9%).

7.3 Conclusion
L’érosion côtière impacte négativement le développement économique, social et durable de Grand-Lahou. Elle fonde la léthargie dans laquelle
sommeille le département, pourtant plein de potentialités, en l’absence de mesures appropriées pour renforcer sa résilience et l’inscrire résolument sur
la voie du développement durable par un engagement politique fort tant aux plans national que local. Les idées forces de l’étude se résument ainsi :
• une cartographie des risques caractérisée par l’avancée constante de la mer (érosion côtière), les inondations, l’ensablement de l’embouchure, le
glissement de terrain principalement d’origine naturelle et partiellement causée par l’action anthropique entravant le développement local ;
• une réactivité spontanée face aux risques côtiers et une absence de mécanisme national, régional et local pour renforcer la résilience des
populations riveraines ;
• une absence de solutions pérennes pour la gestion durable de l’érosion côtière et des risques environnementaux adjacents ;
• des potentialités socioéconomiques considérables et un cadre environnemental exceptionnel ;
• une faible communication autour des risques côtiers ;
• un fort ancrage des populations aux valeurs sociales et culturelles les liant aux ressources en eaux et qui conditionne leur faible niveau de conscience
face à l’impact de l’érosion côtière et des risques environnementaux adjacents.
L’initiative du projet WACA constitue, face à la problématique de l’érosion côtière, une opportunité pour la mise en place d’un mécanisme
d’adaptation aux risques côtiers, qui combine protections techniques, utilisation rationnelle de l’espace et bonne gestion. Un plan d’investissement
multisectoriel devra s’articuler autour de projets porteurs axés sur la mise en place judicieuse de mesures d’ingénierie structurelle, douce et
d’aménagement du territoire pour endiguer la problématique de l’érosion côtière et des risques environnementaux connexes.

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8. CADRE POLITIQUE

8.1 Un dispositif politique et institutionnel riche


La gestion durable d’un espace côtier est par essence transversale.
La participation de plus 15 ministères a été observée lors de l’analyse institutionnelle et lors des rencontres avec les parties prenantes, dont :
La Primature Le ministère chargé du plan Le ministère chargé de la salubrité, de l’environnement
et du développement durable
Le ministère chargé de l’intérieur Le ministère chargé des ressources animales et Le ministère chargé de la construction et de
halieutiques, l’urbanisation
Le ministère chargé des infrastructures Le ministère chargé des eaux et forêts, Le ministère chargé des mines et de l’énergie,
économiques
Le ministère chargé de l’agriculture, Le ministère chargé de l’enseignement Le ministère chargé des affaires étrangères
supérieur et de la recherche scientifique
Le ministère chargé du tourisme Le ministère chargé de l’industrie Le ministère chargé du commerce

L’Etat central assure une coordination à plusieurs titres :


- Deux comités interministériels ont été constitués : le comité interministériel de lutte contre l’érosion côtière (CILEC) créé en 2011 ; le comité
interministériel de l’action de l’Etat en mer (CI-AEM) créé par décret de 2014 avec des compétences de gestion durable du littoral (article 7).
- Le ministère de l’environnement anime la réflexion, principalement par le biais de 4 organisations : sa direction générale de l’environnement, sa
direction générale du développement durable, l’agence nationale de l’environnement (Ande) et le centre ivoirien anti-pollution (Ciapol).
- Un projet de loi relative à l’aménagement et à la gestion du littoral de la Côte d’Ivoire sera étudié par le Parlement en Mai 2017.

Pas moins de 13 instruments nationaux ont une influence pour une gestion durable et intégrée de l’environnement côtier, sans être exhaustifs :
- Plan National de Développement - Programme National de Gestion de l’Environnement - Stratégie Nationale de Développement
(PND) Côtier Durable (SNDD)
- Cadre Programmatique Unique - Plan d’action national pour le renforcement des - Plan National d’Action Environnemental
2017-2020 capacités en matière de RRC 2016-2020 (PNRCC) PNAE
- Politique Nationale - Stratégie Nationale de l’Action de l’Etat en Mer - Programme National Changement
d’Aménagement du Territoire (SNAEM) Climatique (PNCC)
- Politique Nationale de Population - Plan national de mise en œuvre de la convention de - Contributions prévues déterminées au
- Les Pôles Economiques Compétitifs Stockholm sur les polluants organiques persistants niveau national de la Côte d’Ivoire
(INDC)

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Le Programme National de Gestion de l’Environnement Côtier identifie 3 défis dans son projet de stratégie et plan d’action 2016-2020, (chapitre III) : « la
prise en compte de la gestion intégrée et durable de l’environnement côtier dans les plans nationaux de développement, (…) la cohérence des actions
de l’aménagement du territoire au niveau régional (…), la gestion et la mise en œuvre des actions au niveau local ».

Deux autres instruments doivent ainsi être mis en exergue :


- Au plan central : Le projet de loi littoral doit parachever l’orientation politique nationale pour la planification et la coordination d’une gestion durable
et intégrée des zones côtières. Il prévoit 12 instruments de protection du littoral, dont au moins 8 relèvent des collectivités territoriales.
- Au plan local La loi n° 2003- 208 du 07 juillet 2003 porte transfert et répartition de compétences de l’Etat aux collectivités des différentes échelles
territoriales. Elle transfère au moins 11compétences et des instruments locaux pour l’exécution d’une politique d’aménagement territorial.

Si le cadre institutionnel national est riche, il est en cours d’achèvement (projet de loi littoral) et prévoit une nécessaire articulation à l’échelle locale

8.2 Une urgence locale, une pluralité de compétences territoriales

Le système hydrologique de Grand Lahou est partagé entre deux districts, deux régions, deux départements, plusieurs communes et villages. En amont,
tout aménagement hydraulique dans le bassin versant du Bandama aura de fait une incidence sur l’écosystème de Grand Lahou. Il en résulte une
pluralité de territoires et de compétences administratifs, qu’il faut animer et coordonner, sans retarder l’action face à des situations devenues urgentes
en certains points de l’estuaire de Grand Lahou.

La loi n° 2003- 208 porte transfert et répartition de compétences de l’Etat selon 5 échelles de collectivités territoriales : districts, régions, départements,
villes et communes. Sont transférés 16 domaines de compétences aux collectivités territoriales (article 10).
Les transferts de compétences de l’Etat aux collectivités territoriales n’engendrent pas de rapports hiérarchiques ou de tutelle entre elles (article 5).
Chacune est responsable de concevoir et d’exécuter ses plans d’actions à l’échelle de son territoire, par domaine de compétences. La loi veille à ce
que chaque collectivité harmonise l’exercice de ses compétences avec l’échelle supérieure, parfois elle impose une coordination ou un avis.
L’exercice, à minima, de 11 des 16 domaines de compétences des collectivités territoriales (voir tableau 3) est nécessaire pour assurer la gestion durable
et intégrée d’un territoire côtier :

Tableau 3 : 11 compétences territoriales pour une gestion durable de l’estuaire du Bandama (loi n° 2003- 208)
1. l’aménagement du territoire 8. la sécurité et la protection civile
2. la planification du développement 10. l’action sociale, culturelle et de promotion humaine
3. l’urbanisme et l’habitat 12. la promotion du développement économique et de l’emploi
4. les voies de communication et les réseaux divers 13. la promotion du tourisme
5. le transport 15. l’hydraulique, l’assainissement et l’électrification
7. la protection de l’environnement et la gestion des ressources naturelles

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Les enjeux observés sur la zone d’étude doivent être identifiés en termes de territoires administratifs et priorisés en termes de délais d’action :
- L’estuaire du Bandama et les enjeux prioritaires identifiés se situent principalement sur le territoire de la commune de Grand Lahou.
- Aux extrémités du cordon sableux (Groguida à l’Ouest et vers Noumouzou à l’Est) les territoires font face à des risques de moyen et long terme. Ils
relèvent du département de Grand Lahou et la région des Grands Ponts.
- Les risques sur la façade maritime sont à court, moyen et long terme selon les lieux considérés, ils appellent la compétence d’un futur préfet maritime.

Au moins 4 territoires administratifs sont identifiés, pour une zone à risque prioritaire principalement située sur un territoire communal :
- Eu égard à la localisation des zones de risques, au caractère d’urgence observé, la compétence territoriale de la commune constitue déjà un
véhicule juridique et administratif pour agir dans des délais de rigueur à l’échelle de la commune.
- Cette action requiert une coordination avec l’Etat central, ses ministères, plans, programmes et stratégies applicables, ainsi qu’avec les collectivités
territoriales que sont la Région et le Département.
- Il convient alors de réaliser une cartographie des acteurs et des outils pour proposer un cadre opérationnel favorisant une planification centrale,
une coordination territoriale et une action locale, compatible des délais à court et à long terme et des procédures de la Banque Mondiale.

8.3 Des instruments prévus, des limites opérationnelles

L’analyse du cadre institutionnel pose 4 principales questions :


- Il est riche de textes réglementaires, plans, stratégies et programmes nationaux, outils et d’instruments : quel est leur opérationnalité ?
- Des textes et instruments sont en cours d’élaboration dans le projet de loi du littoral : quand seront-ils opérationnels ?
- Les rôles et responsabilités sont articulés entre l’échelle nationale et locale : quels sont les mécanismes de décentralisation à mettre en œuvre ?
- La gestion intégrée d’une zone côtière nécessite le soutien de partenaires techniques et financiers : quelles sont leurs procédures d’opération ?

Au niveau central

Une coordination centrale existe, le ministère chargé de l’environnement reste son moteur, mais des limites opérationnelles ralentissent l‘action :
- Le comité interministériel de lutte contre l’érosion côtière (CILEC), créé en 2011, s’est réuni moins de 5 fois, toutefois son secrétariat est actif ;
- Le comité interministériel de l’action de l’Etat en mer (CI-AEM), créé en 2014, attend la nomination d‘un préfet maritime pour le représenter.
- Le programme national de gestion de l’environnement côtier (PNGEC) ne dispose pas encore d’un arrêté de fonctionnement, toutefois il a su
préparer un projet de stratégie et plan d’action 2016-2020.
- Le ministère de l’environnement a dû mobiliser le CIAPOL (centre anti-pollution) comme véhicule juridique pour agir sur le cas de Grand Bassam.

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Le projet de Loi du littoral prévoit une échelle centrale et locale. Il pose une définition intégrée du littoral, cerne les enjeux et les instruments de réponses.
Son article 37 prévoit la création d’une agence nationale ou d’agences locales, dont les missions seront définies par décret. Le PNGEC, par ses missions,
aurait vocation à devenir l’agence centrale. Tenant compte des compétences territoriales, quel serait le rôle d’une agence locale ?
Au-delà des délais des travaux législatifs, il faut tenir compte de ceux de création des agences, puis ceux de l’entrée en action.

Le projet de loi du littoral identifie 12 instruments de protection du littoral (article 6) listés dans le tableau 4 ci-dessous. Nous verrons que la mise en œuvre
de certains de ces instruments relève de la loi n° 2003- 208 du 07 juillet 2003 portant transfert et répartition des compétences de l’Etat aux collectivités.

Tableau 4- 12 Instruments de protection du littoral (Projet de Loi littoral):


1. le plan national d’aménagement du 2. les schémas directeurs 3. les schémas directeurs
territoire d’aménagement du territoire d’aménagement et d’urbanisme
4. les schémas directeurs d’aménagements 5. les plans directeurs d’urbanisme 6. les plans d’urbanisme de détails
de zones particulièrement sensibles
7. les plans locaux d’urbanisme littoraux 8. les plans d’urgence 9. les plans de gestion et de valorisation
des espaces fluviaux, marins et côtiers
10. les schémas de mise en valeur des milieux 11. le plan de gestion intégrée des 12. le plan d’aménagement touristique.
marin, lagunaire et fluviatile ressources en eau (plan GIRE)

Le cadre institutionnel ivoirien central, pertinent par ses principes et son architecture, n’est pas pleinement opérationnel, tandis qu’en chaque « point
chaud » du littoral la vulnérabilité s’accroit :
- Les actions entreprises par l’Etat sont à louer, sa vision stratégique s’explicite et s’affirme, les véhicules chargés de l’animer sont explicites.
- Au plan opérationnel, quatre véhicules juridiques sont identifiés (CILEC, CI-AEM, PNGEC, CIAPOL), le projet de loi propose de créer un véhicule dédié
(une agence nationale).
- Le projet de loi du littoral prévoit aussi des instruments mobilisables, appartenant déjà au droit administratif de l’organisation territoriale.
- Une évidence apparaît : le rôle de l’Etat pour une action centrale, celui des collectivités pour une action locale dans leurs territoires.

L’effort de planification central est explicite et mobilisé. Il sera parachevé par l’adoption du projet de loi du littoral. En cette attente, tenant compte de
leurs compétences territoriales, il doit être renforcé par l’implication des collectivités chargées de l’action locale.

Au niveau local

Le projet de loi Littoral mobilisera des instruments de gouvernance locale.

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Le tableau 5 ci-dessous recense les instruments de protection du littoral prévus dans ce projet de loi au regard des compétences déjà attribuées par
l’Etat aux collectivités territoriales que sont la région et la commune par la loi loi n° 2003 - 208. Il apparaît que :
- Trois de ces instruments sont de compétence exclusive de la commune : les plans directeurs d’urbanisme - les plans d’urbanisme de détails - les
plans locaux d’urbanisme littoraux ;
- Deux seront de la compétence principale de la commune lorsque l’enjeu est principalement local : le schéma directeur d’aménagement - le plan
d’aménagement touristique. Si l’intérêt est régional, la compétence sera de la région.
- Trois, au moins, requièrent une coordination entre la région, la commune, mais aussi l’Etat : les plans d’urbanisme - les plans de gestion et de
valorisation des espaces fluviaux, marins et côtiers - les plans d’urgence.

Tableau n°5 - Instruments de protection du littoral & compétences des collectivités territoriales

Instruments de protection du littoral (Projet de Loi) Compétence Région Commune

1. le plan national d’aménagement du territoire

2. les schémas directeurs d’aménagement du 1 - A) Elaboration et mise en œuvre du schéma 1 - A) Elaboration et mise en œuvre du schéma directeur
territoire directeur de l’aménagement du territoire régional en d’aménagement du territoire communal en harmonie
harmonie avec les orientations de la politique avec la politique de développement de la région ;
nationale de développement ;
3. les schémas directeurs d’aménagement et
d’urbanisme
4. les schémas directeurs d’aménagement de
zones particulièrement sensibles
5. les plans directeurs d’urbanisme 3 - A) Emission d’avis consultatif dans le cadre de 3 - A) Elaboration et mise en œuvre de plans directeurs
l’élaboration des plans directeurs d’urbanisme de d’urbanisme et des plans d’urbanisme de détail de la
détail des communes et des districts autonomes de la commune, après avis de la région dont elle relève ;
région ;
6. les plans d’urbanisme de détails 3 - A) Elaboration et mise en œuvre de plans directeurs
d’urbanisme et des plans d’urbanisme de détail de la
commune, après avis de la région dont elle relève ;
7. les plans locaux d’urbanisme littoraux 3 - A) Elaboration et mise en œuvre de plans directeurs
d’urbanisme et des plans d’urbanisme de détail de la
commune, après avis de la région dont elle relève ;
7 - a) Elaboration, mise en œuvre et suivi des plans
communaux d’action pour l’environnement et la gestion
des ressources naturelles en harmonie avec le plan de
développement du district autonome ou de la région ;

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8. les plans d’urgence 8 - B) Elaboration, mise en œuvre et suivi des plans 7 - E) Police spéciale des plages en matière d’hygiène,
régionaux en matière de protection civile en harmonie de salubrité et sécurité́ des baigneurs ainsi que le
avec le plan national ; balisage des zones de baignade jusqu’à une limite de
cent (100) mètres ;
8 - B) Elaboration, mise en œuvre et suivi des plans
communaux de prévention en matière de délinquance
et de protection civile, en harmonie avec la politique
nationale de sécurité ;
9. les plans de gestion et de valorisation des 5 - c) Politique de conservation et d’aménagement du 7 - a) Elaboration, mise en œuvre et suivi des plans
espaces fluviaux, marins et côtiers littoral, des rivages, des plans d’eau lagunaires et communaux d’action pour l’environnement et la gestion
fluviaux d’intérêt régional des ressources naturelles en harmonie avec le plan de
développement du district autonome ou de la région ;
10. les schémas de mise en valeur des milieux
marins, lagunaire et fluviatile
11. le plan de gestion intégrée des ressources en d) Gestion des eaux continentales, à l’exclusion des d) Gestion des eaux continentales, à l’exclusion des
eau (plan GIRE) cours d’eau à statut national ou international ; cours d’eau relevant du district autonome, de la région,
ou ayant un statut national ou international ;
12. le plan d’aménagement touristique. 13 - A) Elaboration et mise en œuvre du plan régional 13 - A) Elaboration et mise en œuvre d’un plan
de développement touristique en harmonie avec le communal de développement touristique en harmonie
plan de développement national ; avec le plan de développement du district autonome
13 - C) Création, équipement et gestion de sites ou de la région ;
touristiques et des infrastructures de promotion du 13 - C) Création, équipement et gestion des sites
tourisme d’intérêt régional. touristiques et des infrastructures de promotion du
tourisme au niveau communal.

Les missions des collectivités territoriales côtières sont explicites, il convient de les renforcer pour répondre à leurs missions. Le plus souvent :
- Les points chauds du littoral ivoirien relèvent le plus souvent de compétence communale : Grand Bassam, Grand Lahou, Sassandra, Fresco, etc.
- Les grands aménagements observés sont le fait de structures autonomes : le Port Autonome d’Abidjan (PAA) ou de San Pedro (PASP)
- Les études d’aménagement de Grand Bassam furent réalisées par des véhicules juridiques tels que le PAA (1999) ou le CIAPOL (2016)
- Les budgets des collectivités territoriales sont insuffisants pour la planification et la mise en œuvre d’une gestion intégrée de leur zone côtière.
- Les compétences de leurs services techniques et financiers sont insuffisantes pour la conception et le développement de grands projets côtiers.
- Aucune collectivité ne dispose des moyens de ses responsabilités, tandis que l’Etat arbitre les urgences nationales avec les ressources disponibles.

Tenant compte du cadre réglementaire et institutionnel ivoirien, des principes de gouvernance locale pour une gestion participative et intégrée des
enjeux du littoral côtier, un cadre d’action opérationnel peut être proposé, articulant les responsabilités de l’Etat et celles des collectivités territoriales.

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9. ORIENTATIONS STRATEGIQUES

Les études et leurs résultats conduisent à formuler des orientations stratégiques selon 4 axes principaux répondant aux besoins observés :
- Renforcer les connaissances et les compétences scientifiques sur la zone d’étude ;
- Proposer des aménagements de l’estuaire, qui resteront spéculatifs sans combler les lacunes scientifiques ;
- Formuler des orientations de développement socio-économique de l’estuaire du Bandama ;
- Formuler des recommandations pour la gouvernance institutionnelle et opérationnelle de la gestion intégrée de l’estuaire.

9.1 Axe stratégique 1 : Combler les lacunes et renforcer les compétences scientifiques

Trois scenarii d’aménagements de l’estuaire peuvent être proposés, aucune orientation ne peut être caractérisée sans combler les lacunes scientifiques.
Cette étude a reconstitué les données historiques et participatives, tout en effectuant des mesures pour dresser un état des lieux à une date et sur une
surface donnée. Les informations réunies sont parcellaires. Elles ne couvrent qu’une période ou une partie du territoire observé. Pour exemple, il n’existe
pas d’information sur la plage sous-marine et trop peu sur les fonds lagunaires.
Il en résulte un axe stratégique pour l’acquisition complète des connaissances scientifiques. Les propositions formulées ci-après sont budgétisées dans le
chapitre 10 - Plan d’investissement multisectoriel.

De manière urgente, il s’agit de mesurer et suivre tous les paramètres déterminant et influençant la morphologie de la zone d’étude. Il s’agit à minima :
- De disposer d’une carte altimétrique de référence et d’un modèle numérique de terrain réalisés à partir d’images satellites radar 2017 sur toute la
zone d’étude : un rectangle partant du fleuve Bandama à hauteur de Grand Lahou / N’zida (Nord-Ouest) jusqu’à Groguida (Sud-Ouest).
- De compléter les prises de vue de drone en sollicitant des images SPOT existantes sur la zone d’étude, accessible sans frais dans le cadre de l’accord
AFD/Côte d’Ivoire sur l’imagerie spatiale REDD+, pour toute la zone proposée.
- De disposer de mesures hebdomadaires des conditions de houle, de marée et de vent (face océan), de la pluviométrie sur le bassin versant du
Bandama et des débits des cours d'eau au niveau de l'estuaire (face continentale)
- De réaliser un suivi annuel du trait de côte, des levés de terrain, l’intégration, le suivi et le traitement de l'Ouest de Groguida à l'Est de Noumouzou
- De déterminer, au moins une fois par an après la saison des pluies, et suivre la morphologie des fonds et des courants de l'avant côte (plage sous-
marine) par un levé bathymétrique et courantologie de l'Ouest de Groguida à l'Est de Noumouzou ;
- De déterminer, au moins une fois par an après la saison des pluies, et suivre l'évolution morphologique des fonds et des courants, de l'entrée de la
lagune Taagbo, au-delà du canal d'Azagny en remontant le Bandama
- De déterminer et suivre des caractéristiques sédimentologiques aussi bien dans l'estuaire qu'au niveau de l'avant côte, pour élaborer un plan de
gestion des sédiments en espace lagunaire et sur la rive maritime.
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Des équipements de collecte de données doivent être acquis. Des instruments simples ont pu faire défaut lors des travaux de cette étude. Ces
équipements seront nécessaires pour les activités précitées. Ils permettront de mesurer la mise à jour les données environnementales connues, d’acquérir
des données nouvelles sur toute la zone d’étude, de disposer d’outils fiabilisant la collecte des données.
Des équipements devront rester sur Grand Lahou pour des mesures hebdomadaires. D’autres seront mutualisés avec les équipements dont le CILEC et
le PNGEC ont formulé le besoin pour se doter d’instrument de mesure sur tout le long du littoral (Plan d’action national pour la protection du littoral
ivoirien).
La première étape sera l’identification du matériel à acquérir. Un budget estimatif sera proposé au prorata des besoins du PNGEC pour l’exécution d’un
plan national sur les 5 points chauds du littoral ivoirien.

Une étude de faisabilité dot être finalisée d’ici 36 mois. D’elle dépend toutes les actions à entreprendre pour la gestion intégrée de l’estuaire :
- Modélisation de la dynamique morphologique des fonds et des courants dans l'estuaire (en amont de l’exutoire de la lagune Taagbo, au-delà du
canal d'Azagny sur le Bandama, sur tout l’espace lagunaire entre ces deux repères)
- Modélisation de la dynamique morphologique des fonds et des courants de l'avant côte (de l’Ouest de Groguida à l’Est de Noumouzou)
- Modélisation du transit sédimentaire (espace fluvial, lagunaire et océanique)
- Caractérisation de la dynamique des fonds (espace lagunaire et océanique) à court, moyen et long terme
- Caractérisation de la dynamique des plages à court, moyen et long terme
- Détermination des travaux à réaliser et de leurs coûts
- Réalisation des études d’Impact et des plans de gestion environnementaux et sociaux
- Validation participative, estimation et budgétisation des aménagements
- Conception, planification et budgétisation des actions à réaliser pour conduire et exécuter un appel d’offres
- Préparation des plans détaillés et préparation de documents d’appels d’offres

La formation d’étudiants et d’enseignants chercheurs, pendant la phase de préparation du programme, renforcera les compétences nationales pour
soutenir la phase d’exécution et de suivi du plan de gestion intégrée de l’estuaire de Grand Lahou.
Ces formations sont proposées dans 5 grades et métiers. Elles tiennent compte des besoins exprimés dans le Plan d’action national pour la protection
du littoral ivoirien (2017), au prorata des besoins de Grand Lahou. Appliquées à Grand Lahou, elles renforceront aussi l'expertise scientifique nationale.

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Sont ainsi proposées :


- Une formation en master professionnel dans le domaine de l’océanographie. Au terme d’un an de formation, son bénéficiaire pourra contribuer à
l’observation régulière des données environnementales de Grand Lahou en phase de conception puis d’exécution ;

- Une formation en master professionnel en télédétection et systèmes d’information géographiques. Au terme d’un an de formation, son bénéficiaire
pourra contribuer à la coordination et au développement du système d’information géographique de l‘estuaire du Bandama ;

- Une formation en ingénierie côtière dans une école spécialisée internationale. Au terme de 24 mois, son bénéficiaire pourra contribuer à la réalisation
des ouvrages de protection du littoral de Grand Lahou et à la définition d’ouvrages similaire sur le littoral ivoirien ;

- Une formation doctorale en océanographie de 36 mois dans une université internationale, proposant des spécialités en modélisation côtière et en
gestion des risques côtiers. Cette expertise permettra de suivre et de comprendre l’évolution du littoral (espace maritime et lagunaire) sous l’effet
des aménagements retenus, d’animer la conception et l’exécution du plan local de réduction des risques et de gestion des catastrophes ;

- Une formation postdoctorale en océanographie de 36 mois, destinée à un chercheur en post-doc. Cette expertise acquise dans un cadre
international permettra de mettre en place des formations professionnelles et doctorales dans le domaine de la gestion intégrée des espaces côtiers
ivoiriens, au travers du cas pratique de Grand Lahou.

9.2 Axe stratégique 2 : Aménager l’estuaire du Bandama

Sous réserve des connaissances scientifiques précitées, trois scénarii d’aménagement de l’estuaire sont proposés :
- Le premier vise une gestion naturelle et adaptive de l’estuaire, sans aménagements gris ; il implique un plan immédiat de réinstallation volontaire.
- Le second ouvre une embouchure à l’Est, vers sa position en 1912, et ferme l’actuelle ; le cordon sableux devrait s’engraisser tout le long du littoral.
- Le troisième stabilise l’embouchure à sa position actuelle ; à l’Ouest le cordon s’engraisserait, à l’Est des risques érosifs pourraient être observés.

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Scénario 1- Gestion naturelle et adaptive de l’estuaire.


Ce scénario est naturel en ceci qu’il laisse les forces de l’océan et de la lagune s’équilibrer seules, sans aménagement gris, laissant l’embouchure
librement migrer le long du cordon sableux. Cette stratégie est celle suivie depuis 1973, année de la délocalisation de la ville de Grand Lahou. Une
différence notable s’observe : son caractère adaptif à l’érosion côtière et au changement climatique.

Des aménagements verts seront requis. Face à l’érosion frontale du Les études altimétriques et bathymétriques recommandées
cordon sableux et aux probabilités d’élévation du niveau de l’océan confirmeront ou infirmeront l’hypothèse ; elles sont indispensables pour
d’ici à 2050, une stratégie adaptative doit être trouvée. Il s’agit de mener les stratégies d’interventions vertes de ce scénario.
maintenir, renforcer et élever le cordon dunaire pour protéger l’espace Au plan social, ce scénario implique de proposer des mécanismes de
lagunaire. Sur la façade maritime, il faudrait recharger le cordon dunaire réinstallation volontaire aux populations menacées, de renforcer les
en sable tout en aménageant des pièges à sédiments pour repousser le instruments d’incitation/coercition, de renforcer la gestion des risques et
trait de côte ; plusieurs designs associant enrochements, rechargement catastrophes. Les études socio-économiques (voir Annexe A.2) que plus
et plantations peuvent être envisagés. Dans l’espace lagunaire, des de 5.000 personnes vivaient sur l’axe Lahou Kpanda – Groguida.
opérations de dragage conforteront un écoulement protecteur des flux L’expérience fut déjà conduite en 1973 : il faut des ressources foncières
dans les chenaux sous-marins, tout en produisant le sable pour recharger pour relocaliser les personnes déplacées, des processus de sensibilisation
la façade maritime. Sur les berges lagunaires, des plantations pourront et de concertations avec et entre les communautés déplacées et les
piéger des sédiments pour conforter l’écoulement des flux et engraisser communautés d’accueil. Les plans d’aménagement, de
le cordon sur sa face lagunaire. développement, de gestion économique et sociale devront créer des
L’embouchure poursuivant sa migration vers l’Ouest, elle engloutira tout opportunités pour ces populations.
Lahou Kpanda entre 2020 et 2050 (voir Annexe A.1). Cette migration ne Le développement économique devra être innovant et rigoureux.
sera pas libre, mais aménagée par des travaux de dragage et de L’argument du développement halieutique et portuaire de Grand
rechargement sableux : ils canaliseront les échanges hydrauliques et Lahou pourrait être difficile à valoriser. L’absence de stabilisation de
sédimentaires tout en rechargeant la flèche Est dans une stratégie l’embouchure induit une variabilité de la configuration du canal
adaptive à l’érosion et au changement climatique. Sur son chemin vers naturel, pouvant affecter les conditions de navigation. La rigueur des
Groguida, il est possible que l’embouchure « ricoche » sur le relief, pour suivis bathymétriques et des opérations de dragage s’imposera pour
entamer un mouvement pendulaire et engager une migration inverse, aménager un canal, tant que faire se peut, et répondre aux attentes du
d’Est en Ouest, vers sa position connue en 1912. L’observation optique projet d’Ecole de Marine, de l’Ecole de pêche et du Village des
du cordon sableux entre Lahou Kpanda et Groguida fait apparaître des pêcheurs en cours de réalisation.
caractéristiques stigmatisant d’anciennes embouchures (une flèche de Les zones de développement humain et économique restent protégées
sable associée à un bassin lagunaire) permettant d’imaginer qu’elle fut derrière un cordon sableux régulièrement renforcé. Cette stratégie ne
à ces positions dans le passé (voir Annexe A.1). contrarie pas les objectifs de développement de Grand Lahou dans
l’estuaire. Elle exigera plus de cohérence, de rigueur et d’engagement

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dans la gestion intégrée de l’estuaire. Le projet de développement avec innovation et soutenir cette stratégie de gestion naturelle et
d’une zone franche dédiée à l’économie verte et à l’économie bleue adaptative de l’estuaire du Bandama.
conserve tout son sens ; il est d’autant plus indispensable pour répondre

OBJECTIF GESTION NATURELLE ET ADAPTIVE DE L’ESTUAIRE DU BANDAMA


Application des principes de gestion naturelle d’une zone côtière – Contenir l’équilibrage des forces naturelles
Nature de l'action: Aménager une stratégie verte de réduction des risques et d’adaptation au changement climatique
Relocaliser toute population des zones à risques – Favoriser le développement durable des zones protégées
Les actions d’aménagements verts seront conduites sur le bassin lagunaire (dragage de sable, aménagement des chenaux sous-marins,
plantation/piège à sédiments) et le long du cordon sableux (rechargement sableux, piégeage rocheux/végétal des sédiments).
Localisation des actions
Une attention soutenue sera apportée au suivi et à la gestion de l’embouchure.
Les lieux de réinstallation volontaire des populations sont à définir.
Urgent < 1 an Moyen terme < 3 ans Long terme > 5 ans
Cadre temporel : X (Réinstallation X (Entretien du bassin lagunaire X (Entretien du bassin lagunaire - Rechargement du
volontaire) Rechargement du cordon) cordon)
Nécessite des actions : X Connaissances / compétences scientifiques X Concertation communautaire
X Législative / règlementaire X Aménagements gris/verts
Planification du territoire & développement
X X Autres : Processus de réinstallation volontaire
économique
Coût de réinstallation.
Pas d’aménagements gris, Investissement scientifique,
Forces : Faiblesses : Impact social affectant immédiatement les populations de
Travaux de dragage & pièges sédimentaires
Lahou Kpanda et, à moyen terme, plus de 5.000 habitants
Bonne gestion des mécanismes de réinstallation volontaire,
Renforcement des instruments d’incitation/coercition, La maîtrise du coût d’aménagement et l’orientation
Renforcement de la gestion des risques et catastrophes stratégique choisie pourraient améliorer l’accès à des
Défis : Opportunités:
Rigueur du suivi scientifique. ressources financières pour un développement vert et bleu
Rigueur des suivis bathymétriques, des opérations de innovant.
dragage et de renforcement du cordon

2 Opérations de dragage

Cartographie : Légende: 3 Piégeage sédimentaires végétal

2 3 2 3 2 3 5 Rechargement sableux et pièges à sédiments


5 5
5
5

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Scénario 2 - Création et le maintien d’une embouchure à sa position connue entre 1912 et 1952.
Ce scénario implique le percement d’une brèche permanente au point le plus fin du cordon sableux et le plus proche de l’énergie du fleuve Bandama.
Ce point existe : il se trouve dans la zone de position de l’embouchure observée entre 1912 et 1952, à l’Est du cordon (voir Annexe A.1). Cette brèche
entrainerait le colmatage de l’embouchure à sa position actuelle, interrompant sa migration sur l’axe Lahou Kpanda / Groguida. Cette stratégie s’inspire
en 2 points de l’exemple de Grand Bassam : d’une part la percée du canal de Vridi a favorisé la fermeture de l’estuaire du Comoé, d’autre part la
création d’une embouchure artificielle et d’une digue d’arrêt des sables à Grand Bassam favorisera l’engraissement d’une partie du cordon sableux.
Au lieu de l’embouchure artificielle, un aménagement gris percera un du littoral. Les bénéfices de cet engraissement s’observeraient en
canal artificiel, stabilisé sur ses rives par des digues. L’orientation d’une direction de Fresco. Le suivi du littoral déterminera la nécessité de
digue aura la fonction d’arrêt des sédiments, pour engraisser le littoral. procéder à des rechargements du cordon pour accélérer l’accrétion
La disposition de la seconde réduira les phénomènes érosifs créés par sédimentaire et/ou l’élever au-dessus du niveau de l’océan.
l’ouvrage ; il est à noter que la position proposée, à l’extrémité Est du
Au plan social, ce scénario n’entrainerait pas de réinstallation volontaire.
cordon, repousse le risque érosif au-delà de l’espace lagunaire. Des
La stabilisation des populations et des activités touristiques pourrait être
opérations ponctuelles de dragage prélèveront les sédiments déposés
envisagée le long du cordon dunaire, sous réserve des risques mis à jour
dans le canal pour recharger la zone érodée. Des aménagements verts
par des modèles numériques. A Lahou Kpanda, une action urgente est
seront conduits sur les fonds lagunaires (dragage/piégeage
attendue : en 24 mois, des études diligentes sauront infirmer ou confirmer
sédimentaire) pour canaliser l’énergie du fleuve vers le canal artificiel,
le scénario, avec, dans le dernier cas, le déploiement immédiat d’un
évitant qu’il ne se referme par ensablement.
tube géotextile. Cette chronologie pourrait sauver le cimetière.
Au lieu de l’embouchure actuelle, une situation d’urgence est
Le développement halieutique et portuaire de Grand Lahou semble plus
observée : il faut stopper la migration d’une embouchure ayant une
évident à favoriser. L’Ecole de pêche et le Village des pêcheurs seront
vitesse actuelle de plus de 200 mètres par an. Le déploiement d’un tube
pleinement opérationnels avec un accès stabilisé à l’océan. Le
géotextile aux abords pourrait casser sa migration et favoriser son
développement de la chaine de valeur halieutique sera plus évident à
ensablement. Une chronologie devra être respectée avec la création
structurer, du port de pêche à la transformation et à l’expédition de
du canal artificiel pour équilibrer le transfert de flux entre les deux
produits halieutiques. Le développement d’activités touristiques et la
embouchures. Des opérations de rechargement sableux, fournies lors
planification du territoire pourront favoriser des activités nautiques et
des opérations de dragage lagunaire, pourront accélérer le colmatage
récréatives dans l’estuaire et sur l’océan. Le projet de développement
de l’embouchure actuelle.
d’une zone franche dédiée à l’économie verte et à l’économie bleue
Le long du littoral, si les flux sédimentaires marins observés à Grand Lahou s’inscrit naturellement dans cette démarche. L’implantation de l’Ecole
sont cohérents à ceux observés à Abidjan et San Pedro, alors la digue de Marine restera un élément décisif pour soutenir, techniquement et
d’arrêt des sables du canal artificiel devrait entrainer un engraissement financièrement, la planification et l’aménagement de ce scénario.

Création d’une embouchure Piégeage sédimentaire


artificielle

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OBJECTIF CREATION ET STABILISATION D’UNE EMBOUCHURE ARTIFICIELLE (POSITION D’EMBOUCHURE CONNUE ENTRE 1912-1952)
Percement et stabilisation d’une embouchure artificielle par un canal aménagé, aménagements des chenaux lagunaires
Nature de l'action: Utilisation d’une digue d’arrêt des sables pour engraisser le littoral Ouest
Arrêt de la migration de l’embouchure avant Lahou Kpanda par un tube géotextile suivi d’un colmatage naturel
La création de l’embouchure est proposée à l‘extrémité Est du cordon sableux, là où le trait de côte est le plus fin et où se trouvait
l’embouchure entre 1912 et 1952
La digue d’arrêt des sables contribuerait à engraisser le cordon sableux sur toute la façade de l’estuaire
Le risque érosif créé par l’ouvrage se trouverait à l’Ouest de l’espace lagunaire, en direction de Noumouzou
Localisation des actions
Les fonds lagunaires seraient aménagés par des opérations de dragage et piégeage végétal de sédiments, à partir de l’entrée du Bandama
dans l’estuaire, pour canaliser les flux vers la position artificielle de l’embouchure
Les fonds lagunaires seraient aménagés de l’accès de la lagune Taagbo pour canaliser les flux vers l’embouchure artificielle et favoriser le
colmatage de l’embouchure actuelle
Moyen terme < 3 ans
Court terme < 1 an Long terme > 5 ans
Cadre temporel : X X (Aménagements sur 2 X
(Lahou Kpanda) (Entretien du canal et du bassin lagunaire)
embouchures)
Nécessite des actions : X Connaissances / compétences scientifiques X Concertation communautaire
X Législative / règlementaire X Aménagements gris & verts
X Planification du territoire & développement économique Autres
Arrêt immédiat et fermeture de l’embouchure à Lahou Kpanda
Réduit les risques & coûts de réinstallation volontaire
Engraissement sableux le long du cordon dunaire Coûts des aménagements
Forces : Faiblesses :
Déport des risques érosif vers un territoire non lagunaire Risques érosifs déportés vers l’Est de Grand Lahou
Renforce le potentiel de développement portuaire & halieutique
de Grand Lahou
Gestion du temps pour finaliser les études de faisabilité et déployer Développement portuaire et halieutique sur plusieurs
un tube géotextile à l’embouchure actuelle. étapes de la chaîne de valeur
Défis : Opportunités
Gestion du temps et du projet pour un développement à court et Développement touristique
moyen terme, équilibrant les transferts entre les 2 embouchures Zone franche Economie Verte/Economie Bleue
Création d’une embouchure
1
artificielle
2 Opérations de dragage
5 2
3 3 Piégeage sédimentaires végétal
Cartographie : 2
Légende: Colmatage de l’embouchure
2 4 actuelle
3 3
2 3 5 Rechargement sableux et pièges à sédiments
1
4 5
6 Engraissement du littoral par la digue d’arrêt
6 6 6 des sables

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Scénario 3 - Stabilisation de l’embouchure autour de sa position 2017 - 2020.


Ce troisième scénario envisage la stabilisation de l’embouchure entre sa position actuelle et celle en 2020. Ce faisant il réduirait les coûts
d’aménagements : le percement d’une embouchure artificielle n’est pas nécessaire, l’investissement est concentré sur l’arrêt de la migration autour de
sa position actuelle. L’ouvrage proposera une digue d’arrêt des sables pour favoriser l’engraissement du littoral Ouest à partir de Lahou Kpanda en
direction de Groguida / Fresco, si les flux sédimentaires marins observés à Grand Lahou sont cohérents à ceux observés à Abidjan et San Pedro. Ce
scénario réduirait les besoins de réinstallations volontaires, mais l’ouvrage peut entrainer des risques érosifs sur le littoral à l’Est de Lahou Kpanda jusqu’à
l’extrémité du cordon sableux, là où il est le plus fin. Des aménagements gris pourraient être requis pour protéger cette zone des risques érosifs et
d’élévation de l’océan, entrainant alors de nouvelles dépenses d’investissement et d’entretien.

Au lieu de l’embouchure actuelle, la situation d’urgence demeure. Pour perspective d’adaptation au changement climatique ; un apport
stopper la migration de l’embouchure et préserver Lahou Kpanda, sédimentaire est envisageable à partir des ressources draguées en
l’aménagement de l’embouchure en un canal permanent sera lagune.
effectué avec diligence. L’orientation de sa digue Ouest aura une Au plan social, ce scénario n’entrainerait pas de réinstallation volontaire
fonction d’arrêt des sédiments pour engraisser le littoral. La disposition de à l’Ouest du canal, la stabilisation des populations pourrait être
sa digue Est réduira les phénomènes érosifs créés par l’ouvrage à l’Est du envisagée, sous réserve des risques mis à jour par des modèles
cordon sableux. numériques. A l’Est du canal, la planification et le maintien des activités
Sur le bassin lagunaire, des opérations de dragage permettront touristiques nécessiteront de tenir compte des aménagements prévus
d’aménager les chenaux sous-marins pour favoriser l’écoulement des pour protéger le littoral. A Lahou Kpanda, une action urgente reste
flux en direction de l’embouchure, tout en renforçant le cordon sableux attendue pour la protection des populations et des sites religieux
Est sur ses berges lagunaires ; des actions de végétalisations pourront y actuellement menacés.
contribuer. Les opérations de dragages pourront donner lieu à des Comme dans le scénario précédent, le développement halieutique et
rechargements du cordon Est sur sa façade maritime. portuaire de Grand Lahou semble plus évident à favoriser. L’Ecole de
Sur le littoral, à l’Ouest du canal créé, l’aménagement devrait donner pêche et le village des pêcheurs seront pleinement opérationnels avec
lieu à une accrétion sédimentaire renforçant le cordon sableux. A l’Est, un accès stabilisé à l’océan. Le développement de la chaine de valeur
les risques érosifs seront renforcés sur une zone qui conserve encore des halieutique sera plus évident à structurer. Le projet de développement
inconnues : au-delà de « Braffedon ancien », aucune étude du trait de d’une zone franche dédiée à l’économie verte et à l’économie bleue
côte n’a été conduite depuis 1993, le profil de plage sous-marin est s’inscrit naturellement dans son environnement. L’implantation de
totalement inconnu. Des aménagements gris pourront être requis pour l’Ecole de Marine reste un élément décisif pour soutenir, techniquement
compenser le risque érosif créé et renforcer le cordon dunaire dans une et financièrement, la planification et l’aménagement de ce scénario.

Stabilisation de l’embouchure
aux environs de sa position 2017
Piégeage sédimentaire

Risque érosif renforcé

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OBJECTIF STABILISATION DE L’EMBOUCHURE AUTOUR DE SA POSITION 2017-2020


Stabilisation de l’embouchure naturelle par un canal aménagé
Nature de l'action: Utilisation d’une digue d’arrêt des sables pour engraisser le littoral Ouest - Arrêt de la migration de l’embouchure à Lahou Kpanda
Aménagements gris envisageables à l’Est de l’embouchure pour compenser les risques érosifs sur le cordon Est.
La stabilisation de l’embouchure est proposée autour de sa position entre 2017-2020, compte tenu des enjeux temporels.
La digue d’arrêt des sables contribuerait à engraisser le littoral de l’Est du cordon sableux à l’Ouest de Fresco.
Le risque érosif créé par l’ouvrage se trouverait à l’Est de l’embouchure jusqu’à son extrémité ; il peut menacer l’intégrité du cordon
Localisation des
en sa partie la plus fine (position de l’embouchure 1912-1952)
actions
Possibilité d’aménagements gris à l’Est du canal et d’opérations de rechargements pour protéger le rivage maritime.
Les fonds lagunaires seraient aménagés par des opérations de dragage et piégeage végétal de sédiments le long du cordon
sableux Est, pour canaliser les flux vers la position de l’embouchure et épaissir le cordon Est sur ses berges lagunaires.
Court terme < 1 an Moyen terme < 3 ans Long terme > 5 ans
Cadre temporel : X (Protection de Lahou X (Aménagements du X (Entretien du bassin lagunaire & protection
Kpanda) canal) du cordon Est)
Nécessite des actions : X Connaissances / compétences scientifiques X Concertation communautaire
X Législative / règlementaire X Aménagements gris & verts
X Planification du territoire & développement économique Autres
Coût de réalisation du canal
Utilisation du relief naturel émergé et sous-marin pour stabiliser
Risques érosifs renforcés sur l’Est du cordon
l’embouchure en sa position naturelle
sableux
Arrêt de la migration de l’embouchure à Lahou Kpanda
Coût éventuel de réalisation d’ouvrage de
Forces : Réduit les risques & coûts de réinstallation volontaire Faiblesses :
défense du cordon Est
Engraissement sableux à l’Ouest de l’embouchure
Pourrait nécessiter un modèle physique
Renforce le potentiel de développement portuaire & halieutique
pour caractériser les risques érosifs du
de Grand Lahou
cordon Est
Gestion du temps pour finaliser les études de faisabilité et Développement portuaire et halieutique
aménager des ouvrages préservant les sites religieux historiques. sur plusieurs étapes de la chaîne de valeur
Gestion technique, économique et politique du projet pour un Développement touristique sur le cordon
Défis : Opportunités
développement à court terme. Ouest
Gestion du risque érosif sur le cordon Est et renforcement de sa Zone franche Economie Verte/Economie
structure face aux enjeux du changement climatique. Bleue
1 Stabilisation de l’ embouchure

2 Opérations de dragage

3 Piégeage sédimentaires végétal


Cartographie : Légende: Aménagements gris – protection du cordon
4 Est
3 3 Rechargement sableux et pièges à sédiments
3 2 3 2 5 – protection du cordon Est
1 5 4
5 4 5 4 Engraissement du littoral par la digue d’arrêt
6 6 des sables

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9.3 Axe stratégique 3 : Promouvoir un développement socio-économique participatif, vert et bleu

Le développement social et économique de l’estuaire du Bandama, et avec lui celui de la commune de Grand Lahou, est intrinsèquement lié à
l’aménagement de l’embouchure et du cordon sableux. Aucun des scénarii proposés n’est opposable au renouveau économique et social de ce pôle
économique colonial ; chacun exige des aménagements. Seule s’y oppose la poursuite du scénario actuel : laissez faire la nature, sans aménagement
adaptif aux risques et aux opportunités, faute de moyen d’action.
Dès lors, deux grands objectifs doivent être atteints, pour décider et agir dans des délais maintenant imposés par la nature :
- L’affirmation d’une stratégie participative, qui informe et se concerte avec les communautés, pour emporter leur adhésion éclairée à toute décision
de gestion de l’estuaire ;
- L’affirmation d’une stratégie économique, qui capitalise les acquis, attire des opportunités en cohérence, favorise le financement de l’action.

Stratégie participative : emporter l’adhésion éclairée des communautés à tout projet d’aménagement du cordon
Les considérations préliminaires suivantes ont été retenues pour orienter les activités proposées ci-après :
- Information, consultation et concertation des parties prenantes sont s’efforcent, à minima, de soutenir les activités humaines dans
des principes qui devraient animer la relation engagée avec toutes l’espace lagunaire protégé par le cordon, au mieux, de favoriser le
les parties prenantes, au premier rang desquels les populations du maintien d’activités sur le cordon sableux.
cordon sableux. A Lahou Kpanda, l’hypothèse d’une réinstallation volontaire
Quelle que soit la décision d’aménagement prise, elle devra s’impose à court terme. L’espace abritant le village des pêcheurs et
emporter l’adhésion des communautés concernées, disposant des une partie du cimetière pourrait disparaître d’ici 2020, l’embouchure
connaissances nécessaires à la décision. La formulation d’une serait aux portes de l’église catholique d’ici 2025 et à celles de Lahou
stratégie participative de gestion intégrée des zones côtières est Kpanda d’ici 2030.
attendue. L’hypothèse de réinstallation ne peut être rejetée par principe par
Il en résulte deux types d’actions : l’information et la concertation ces communautés. Elle ne peut non plus être imposée, sans adhésion
des parties prenantes, la recherche d’une décision participative, des communautés à déplacer et celles d’accueil, sans propositions
toutes deux destinées à favoriser le succès de la stratégie et du plan alternatives au cadre de vie et de métiers à déplacer.
d’action retenus. A très court terme, des mesures de gestion des risques et
catastrophes doivent aussi adresser le statut de l’actuel village des
- Aucun des scénarios proposés ne garantit le maintien des pêcheurs et celui du cimetière de Lahou Kpanda.
habitations et des activités humaines sur le cordon sableux. Tous

Des ateliers communautaires participatifs formels et réguliers sont recommandés pour accompagner les parties prenantes vers une décision prise en
toute connaissance :
- Du profil de risque encouru : ces ateliers restitueront progressivement Ils permettront aux populations de comprendre les risques
aux communautés les données scientifiques relevées, les prospectifs, de les conforter par leurs observations, de déterminer les
modélisations des scénarios et impacts du changement climatique, activités humaines en danger et les stratégies de réponse associées.
les études d’impacts environnementaux et sociaux des Il s’agit de formaliser leur prise de conscience pour engager l’action.
aménagements envisagés, etc.

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- Des ressources disponibles : ces ateliers partageront avec les - De la volonté commune : ces ateliers formaliseront un cadre de
communautés les avancées sur la définition des opérations à consultation, de concertation et de décision communautaires sur les
conduire et leurs coûts, sur la nature et le calendrier des ressources à orientations techniques, sociales et économiques à prendre pour la
mobiliser, la disponibilité et l’accessibilité de ressources financières, gestion de l’estuaire.
les ressources humaines progressivement mobilisées pour l’exécution La participation à l’analyse des risques, des options, des coûts et des
des plans d’actions présentés, la disponibilité et qualité des terres ressources veillera à déterminer des scénarios communautaires et
proposées en cas de réinstallation volontaire, etc. des critères de décision. Ce cadre de concertation veillera à
Cette transparence favorisera les arbitrages communautaires, favorisera une décision commune pour l’aménagement de
connaissant à la fois les enjeux et les ressources. l’estuaire et les éventuelles décisions de réinstallation.
Il est attendu que la mise à disposition des informations favorise aussi d’autres cadres d’échanges intra-communautaires ou intercommunautaires, menés
par des représentants de ces parties prenantes en dehors du cadre formel proposé. Cela favoriserait une plus grande concertation et une plus grande
compréhension des décisions prises dans le cadre formalisé proposé.

Une stratégie de réinstallation volontaire peut être étudiée en deux étapes :


- Une étude participative des risques et opportunités de réinstallation être résorbés faute d’aménagement. Une date limite devra être
volontaire permettra, à minima, d’isoler et de formaliser cette arrêtée. Elle déterminera une date maximum à laquelle ce
stratégie dans un cade dédié. Il s’agira notamment de caractériser programme de réinstallation volontaire devra être finalisé.
les risques déterminant les facteurs de départ et ceux de Bénéficiant des résultats des travaux précédents, il identifiera
réinstallation, de déterminer les zones géographiques et légales notamment :
proposées pour une réinstallation volontaire, d’identifier les coûts de o Les populations concernées, leurs conditions de vie et leur
réinstallation et de création d’opportunités, etc. Ce cadre de capacité à s’adapter à un nouveau site ;
consultation et de concertation formalisera la nécessité d’engager o Les conditions d’accueil proposées (gestion foncière, cadre
un processus de réinstallation volontaire et les conditions de socio-économique d’accueil, plan d’aménagement, etc.)
planification d'un processus de réinstallation éventuelle.
o Les dispositifs incitatifs et coercitifs mis en œuvre pour
- La préparation d’un programme de réinstallation volontaire pourra l’application de la décision commune ;
s’avérer nécessaire. Ce constat sera formulé au mieux au terme des
o La planification, le coût et les ressources nécessaires à la
études de faisabilité déterminant les aménagements à réaliser, au
réinstallation.
pire après avoir constaté que les risques encourus ne pourront plus

Une stratégie de gestion des risques et catastrophes doit être mise en œuvre à très court terme. Cette stratégie doit s’inspirer du plan national de
réduction des risques et catastrophes, elle doit surtout s’appuyer sur les moyens localement disponibles pour adresser deux enjeux immédiats :
- Durant et au terme de la grande saison des pluies 2017, le village des - D’ici à 36 mois, le cimetière de Lahou Kpanda est menacé de
pêcheurs pourrait de nouveau subir les assauts de l’embouchure. Il disparition. Il conviendrait de prendre cette hypothèse en compte
n’existe plus beaucoup de place entre le cimetière et l’embouchure et d’initier un plan d’action avec les communautés pour décider du
pour favoriser de nouvelles installations. Ces assauts ont aussi montré devenir de ce cimetière.
leur vigueur dans le passé, aujourd’hui, ils menacent plus encore des
vies humaines.

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Stratégie économique : promouvoir une plateforme de l’économie verte et de l’économie bleue


L’estuaire du Bandama est un pôle d’attractivité naturel pour des activités portuaires, halieutiques, nautiques, agricoles et récréatives du fait de ses
caractéristiques environnementales.
Ce potentiel s’est réalisé, faisant de l’estuaire, à son apogée, un pôle économique colonial. Ces mêmes caractéristiques environnementales ont, en
partie, contribué à son déclin en raison des dégâts causés, dès 1920, par l’érosion et la migration de l’embouchure, puis du retrait de certaines
populations et représentations administratives du cordon sableux en 1973. Depuis, la commune de Grand Lahou se développe certes, mais elle ne
bénéficie pas du potentiel réel de son estuaire.
Le renouveau de ce potentiel passe par l’aménagement du cordon sableux. Les 3 scénarios imaginés (voir paragraphe 8.2) proposent de le renforcer
pour protéger les activités qu’il peut abriter et celles situées, en repli, sur l’espace lagunaire. Ils envisagent des aménagements de l’embouchure,
stabilisée par un ouvrage ou non, pour favoriser les activités humaines sur le plan d’eau lagunaire et les échanges avec le plan d’eau océanique.
Ce faisant, la proposition de scénarios économiques de développement nécessite de caractériser les fondamentaux économiques de Grand Lahou,
les projets de développement formulés sur Grand Lahou, le potentiel de création de valeurs tenant compte des secteurs d’activités, des aspirations et
des opportunités.

L’étude socio-économique de l’estuaire de Grand Lahou a conforté cette attractivité. Grand Lahou est la 2nde ville de la région des Grands Ponts. Elle
est facilement accessible d’Abidjan, en moins de 2 heures. Elle est représentative de la Côte d’Ivoire par ses infrastructures économiques et ses
équipements sociaux, bien que, sur le cordon sableux, l’accès à l’électricité et à l’eau potable soit un enjeu. Le potentiel économique de l’estuaire se
caractérise particulièrement par :

- Des ressources environnementales exceptionnelles : o Des biens socioculturels majeurs sont en danger : le cimetière,
o Le Parc national d’Azagny, les forêts de Gôh-Bodienou, N’Zida 1 l’église catholique et la prison coloniale sont proches de risques
(centre de la ville) et de N’Zida 2 représentent près de 80.000 érosifs.
hectares, facilement accessibles, dédiés à la préservation d’une
biodiversité exceptionnelle ; - Un pôle halieutique en renouveau :
o Un espace lagunaire de pêche et de navigation de plus de 190 o Le secteur halieutique mobilise plus de 2.000 personnes sur la
km2 avec l’écosystème lagunaire de Grand Lahou, disposant chaîne de valeur capture / commercialisation des produits
d’un accès navigable jusqu’à Abidjan, Grand Bassam, Assinie et halieutiques ;
la lagune Abi ; o Le ministère chargé de la pêche indique une production de près
o La façade maritime de plus de 15 kilomètres, dotée d’un accès de 18.000 tonnes de poissons et de crustacées sur la période
à l’espace maritime, abrite des activités récréatives. 2006-2016, pour un chiffre d’affaires estimé à 12 milliards FCFA ;
soit une moyenne annuelle de 1.2 milliard FCFA
- Des ressources foncières à défendre et à développer : o Grand Lahou offre une période de pêche plus longue que les
o La mairie estime à 4.000 hectares la surface foncière peu ou pas autres sites ivoiriens. Toutefois les populations témoignent d’une
valorisée au sein de l’estuaire du Bandama. fragilité des ressources, marquée par la raréfaction du poisson ou
sa perte lors de phénomènes de retournements des eaux, la
o Plus de 800 bâtiments ont été comptabilisés sur le cordon
hausse de son prix de vente et le sentiment de baisse des revenus
sableux, durant l’exploitation des photos aériennes (sans qu’il soit
des pêcheurs.
possible d’identifier leur affectation), pour une population
estimée à plus de 5.000 habitants ;

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o Une volonté économique et politique est engagée : le secteur o Pour ces produits vivriers, les populations ont indiqué devoir
se distingue par des investissements majeurs consentis. Plus de 1.8 parfois s’approvisionner à Dabou du fait d’une production locale
milliard de francs CFA sont investis dans le projet Débarcadère insuffisante, renchérissant le prix de la vie.
ou « Village des pêcheurs » dédié à la chaîne de valeur post-
capture, ainsi que 2,3 milliards FCFA dans la réhabilitation de - Un pôle touristique « prudent » :
l’Ecole de pêche et le développement de son port d’action.
o Le cordon sableux abrite les vestiges d’installations hôtelières
autrefois importantes, avec un accès à l’eau et l’électricité.
- Un pôle agricole faiblement développé dans l’estuaire :
o Les nouvelles installations sont prudentes, les investissements durs
o Le secteur agricole s’affirme comme le second pôle de
sont réduits, avec eux les pertes en cas de phénomène érosif.
développement de Grand Lahou, avec comme spéculations
principales les cultures de rente : café, cacao, hévéa et palmier o L’éco-tourisme est balbutiant. L’île aux chimpanzés n’en abrite
à huile. Ces spéculations sont peu présentes dans un estuaire plus guère, les conditions de visite du parc national sont rustiques.
caractérisé par un paysage de savane. L’accès et le potentiel touristique sont connus, ils gagneraient à
être plus attractifs.
o Vivrier et petit élevage s’affiche comme la principale
spéculation agricole évoquée en zone d’estuaire, soulignant
toutefois les risques d’inondation des champs lors des fortes pluies
et des sols parfois trop sableux pour la conduite des plantations.

Les parties prenantes ont formulé 177 projets de développement pour Grand Lahou et son estuaire (voir annexe A.2). Ils totalisent un objectif
d’investissement de 42,2 milliards FCFA. Parmi eux, 12 projets sont déjà en cours de réalisation pour un investissement de 4,1 milliards FCFA. Réunis en 5
catégories, ces projets témoignent d’orientations de développement de l’administration, des opérateurs économiques et de la société civile :
- Les projets d’infrastructures économiques représentent 73% des solde des 300 millions représente des projets de coopérative de
objectifs d’investissement, pour près de 31 milliards FCFA. Il s’agit pêches pour la capture, la conservation et la commercialisation.
essentiellement des projets tels que les infrastructures de transport,
l’électrification, l’adduction d’eau potable, etc. Ces projets sont - Les projets d’infrastructures, de services sociaux et sociétaux destinés
formalisés par des porteurs institutionnels (Préfecture, Mairie, CIE, à l’amélioration du cadre de vie. Ils représentent 8,9% des objectifs
SODECI, etc.), ils ont vocation à être exécutés, seul le facteur temps d’investissements, pour un montant de 3,7 milliards FCFA. Un quart
n’est pas toujours maîtrisé. sont des projets structurants portés par la commune. Un autre quart
Bien que planifiés à l’échelle de Grand Lahou, c’est-à-dire au-delà visent des actions de santé et de salubrité sur la commune.
de la zone de l’estuaire, ils témoignent de l’intensité capitalistique
mobilisée. En comparaison, les investissements nécessaires à - La Marine nationale étudie l‘installation d’une école de la marine.
l’aménagement de l’estuaire semblent raisonnables ; a contrario, ils Ce projet est d’importance majeure, car il représente un 2nd secteur
pèseront comme des coûts additionnels de développement. d’activité portuaire, complétant le volet halieutique. Il représente 2,5
milliards FCFA, soit 6% des objectifs d’investissement.
- Le secteur halieutique représente 10% des investissements, pour un
montant de 4,4 milliards FCFA. S’il est en 2nde position, il est le premier - L’agriculture ne représente que 2,1% des projets, pour un montant
par son avancement : 94,2% des investissements sont engagés. Il de 888 millions FCFA. Cet état tient à des enquêtes principalement
s’agit essentiellement du port d’action de l’Ecole de pêche et du conduites auprès des populations de l’estuaire et des sols souvent
Village des pêcheurs, représentant ensemble 4,1 milliards FCFA. Le sableux qu’il abrite.

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Les parties prenantes ont formulé des recommandations pour le développement économique de l’estuaire. Toutes se fondent sur une politique de
gestion du littoral et l’aménagement du cordon sableux présentés comme essentiels pour combler la perception d’un retard de développement. Des
interlocuteurs ont recommandé un changement de paradigme dans le développement de l’estuaire, pour engager un changement de mentalité.
Les échanges avec les populations ont montré des attentes telles que : La mairie de Grand Lahou a initié des réflexions pour promouvoir une
- La création d’un port de pêche qui vient, avec le désensablement zone franche économique au sein de l’estuaire. Celle-ci serait dédiée :
de l’embouchure, comme une des conditions de succès, qui - A l’économie bleue, pour soutenir le secteur halieutique national,
complète le projet Village des pêcheurs orientés sur les opérations renforcer la compétitivité des activités halieutiques exercées à
post capture. Sa mise en œuvre sera significative sur la dynamique Grand Lahou et conforter le développement portuaire de l’estuaire ;
de l’économie et la résilience des populations ; - A l’économie verte, la commune s’étant engagée dans une
- Le développement de zones de repos biologiques qui favorise la stratégie de développement durable pour transformer ses défis
préservation et la reproduction des ressources, un exemple similaire environnementaux en opportunités de développement socio-
à Adiaké ayant été cité ; économiques, pour mobiliser les ressources et les compétences qui
- La promotion du tourisme par la valorisation des différents sites aménageront l’estuaire.
touristiques et le développement des activités éco-tourismes ; En retour, elle entend soutenir ce secteur d’activité, favoriser l’éclosion
- L’exploitation des plans d’eaux en vue d’accroître les possibilités de technologies et savoirs faires qui contribueront à la résilience des
d’accès aux localités du département et de transport lacustre ; populations de Grand Lahou, au développement durable de la Côte
- Le renforcement des capacités des populations pour développer d’Ivoire et des zones côtières africaines.
leur résilience face aux risques encourus.

Une stratégie de développement économique peut être suggérée, articulée en une plateforme économique verte et bleue.
L’estuaire du Bandama reste une zone de développement en friche. Elle se caractérise avant tout par ses ressources environnementales et halieutiques.
Elle a amorcé, depuis quelques années, un renouveau exceptionnel, mobilisant ou soutenant plusieurs projets sur son territoire autour de ces atouts. Le
député maire de Grand Lahou et son administration soutiennent une vision de développement intégrant économie bleue et économie verte.
L’aménagement de l’estuaire du Bandama représente par nature un coût. L’objectif est de favoriser un développement économique dont la création
de richesses permette d’amortir les dépenses de construction et de financer les dépenses de maintenance. Il est aussi d’acquérir les savoirs faires qui
proposeront des solutions durables pour l’aménagement et la gestion de l’estuaire.
La commune de Grand Lahou ne dispose pas encore de son Agenda 21, ni de son plan de développement stratégique. Une proposition de
développement peut être formulée autour de 3 grands axes :

- Développer un territoire attractif : L’attractivité de l’estuaire requiert d’incubation et de développement, serait un atout innovant pour la
d’abord de protéger les activités humaines des risques identifiés. Les région. L’offre touristique devrait être renouvelée, enrichie de son
aménagements réalisés, il conviendra d’y favoriser l'accès au potentiel écotouristique.
logement et aux services de base (eau, électricité), l’offre de santé - Développer un territoire connecté : Il s’agit avant tout de
et de salubrité, l’accès à l’enseignement, à la culture et au sport. développer les infrastructures de transport, logistique et distribution,
- Développer un territoire compétitif : Cette compétitivité renforcera ainsi que les infrastructures de télécommunications, favorisant la
les acquis économiques de l’estuaire, dynamisant le secteur mobilité des hommes, l’échange de biens et de services.
halieutique et agricole. La création d’une zone franche « Economie
bleue / Economie verte », comme plateforme nationale

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Une méthodologie est proposée ci-après pour suggérer 5 orientations de développement économique. Ils identifient les actifs économiques de l’estuaire,
les projets économiques formulés, les attentes communautaires ou des recommandations d’activités, les catalyseurs qui soutiendront ce développement
et les entrainements multisectoriels pouvant être découlés.
Les fiches stratégiques suivantes résument ces propositions :

- Stratégie multisectorielle : création d’une zone franche « Economie bleue / Economie verte »

OBJECTIFS - Proposer un mécanisme incitatif et une plateforme d’incubation pouvant soutenir un développement économique adéquat
aux caractéristiques de l’estuaire :
o Le développement du potentiel halieutique et portuaire de l’estuaire
o Les services écosystémiques environnementaux de l’estuaire
o Le potentiel de développement écotouristique de l’estuaire
o Le développement d’une agriculture durable
ACTIFS - Volonté politique affichée par le député- PROJETS : - Etude de faisabilité pour l’implantation d’une zone
maire élu de Grand Lahou : franche « Economie bleue, Economie Verte » dans
o Proposition au Gouvernement et au l’estuaire du Bandama » - Mairie de Grand Lahou.
Parlement ivoirien
o Proposition & promotion d’un projet de loi
- Attractivité du territoire :
o Accessibilité & proximité d’Abidjan
o Espace lagunaire protégé par un cordon
sableux
o Accès à l’océan (transport et pêche) ATTENTES - Les communautés consultées accueillent très
o Patrimoine de biodiversité du Parc COMMUNAUTAIRES/ favorablement cette initiative.
d’Azagny PROPOSITION
CATALYSEURS : - Stratégie de développement intégrée de ENTRAINEMENT - Financement de l’aménagement de l’estuaire du
l’estuaire du Bandama SECTORIEL Bandama
- Lobby institutionnel - Développement portuaire & transport
- Conception et management de grands - Développement de la filière halieutique
projets - Développement de la filière écotouristique
- Développement d’une filière de production de bien
et de services pour une économie verte

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- Stratégie sectorielle : Développement portuaire & transport

OBJECTIFS - Valoriser le potentiel halieutique et les infrastructures existantes de l’estuaire


- Développer des infrastructures portuaires pour mobiliser et rentabiliser les investissements d’aménagement du cordon
ACTIFS - Existence d’une flotte de navire : bateaux de PROJETS : - Ecole de Marine – Ministère chargé de la défense
l’école de pêche, pirogues de pêche en nationale
océan, pinasses de transport lagunaire, etc. Fonctions : espace sécurisé, espace d’administration
/ formation / hébergement, amarrage des navires,
- Existence d’un quai lagunaire préfigurant
quai de transbordement/manutention, navigation en
une gare de transport maritime
bassin lagunaire, accès à l’océan, capitainerie et
- Développement du port d’action de l’école communication
de pêche (Ministère chargé de
l’enseignement professionnel & coopération
Espagne)
ATTENTES - Port de pêche – Attente communautaire
- Création d’un point de débarquement
COMMUNAUTAIRES/ Fonctions : amarrage des navires, quai de
aménagé – Village des pêcheurs (Ministère
PROPOSITION transbordement/manutention, navigation en bassin
chargé des ressources halieutiques &
lagunaire, accès à l’océan, stockage, transit et
coopération Maroc)
douane, capitainerie et communication
- Développement du bac de passage vers l’ile
SICOR (Préfecture)
CATALYSEURS : - Infrastructures économiques & sociales : ENTRAINEMENT - Port de plaisance, transport lagunaire, transformation
transport terrestre et lagunaire, réseau d’eau SECTORIEL & commercialisation de produits halieutiques
potable et d’électricité, offre de santé & - Activités nautiques récréatives
éducation, etc.
- Incitations économiques : création d’une
zone franche, plan d’aménagement, appui
à la création d’activité et d’entreprise,
gestion foncière
- Aménagement de l’embouchure : dragage
ou construction
- Aménagement du bassin lagunaire :
dragage ou aménagements verts

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- Stratégie sectorielle : Développement halieutique

OBJECTIFS - Développer la filière halieutique de Grand Lahou sur toute sa chaîne de valeur
ACTIFS - Plus de 2.000 emplois sur la chaine de valeur PROJETS : - Les projets dimensionnant formulés sont déjà en cours
capture/commercialisation - Des projets à l’échelle de coopérative ont été
présentés, tous visent l’amélioration des outils de
- Une école de pêche dotée d’un port
pêche ou de gestion des opérations post-capture
d’action.
- Centre de fumage de poisson (Ministère
chargé des ressources halieutiques & FAO)
- Un point de débarquement aménagé –
Village des pêcheurs (Ministère chargé des
ressources halieutiques & coopération
Maroc) ATTENTES - Zone de repos biologique – Attente communautaire
o 1 halle de criée ; COMMUNAUTAIRES / Fonction : Développer des zones de repos biologiques
o 1 marché de vente au détail PROPOSITION favorisant la préservation et la reproduction des
o 1 espace de découpe ressources.
o 2 Chambres froides ; - Unité de transformation de poissons et crustacés -
o 1 Fabrique de glace d’une capacité de Proposition
5T/ jour ; Fonction : compléter l’offre de fumage par une unité
o 110 Magasins pêcheurs ; de transformation proposant des activités de
o 1 station en avitaillement en carburant ; découpe/ congélation, cuisson/congélation,
o 1 station de traitement des déchets ; conditionnement, expédition destiné au marché
o 1 Centre de santé ; national.
o 1 Buvette et vente d’articles divers - Unité piscicole intégrée – Proposition
Fonction : regroupe l’ensemble des structures
nécessaires à l’activité piscicole à savoir : 1 écloserie,
1 zone de ponte et d’alevinage, des bassins de pré-
grossissement, des étangs de grossissement, 1 zone
multiservice, 1 unité de production d’aliments, des
unités de froids (glace/ congélation)
- Démonstrateur Aquaponie - Proposition
Fonction : pilote de production aquacole réalisée en
cage hors sols associant une culture de végétaux en
« symbiose » avec l'élevage de poissons. Cette
activité aurait vocation de démonstrateur présentant
des modèles alternatifs de production durable.
CATALYSEURS : - Aménagement de l’embouchure ENTRAINEMENT - Développement de toute la chaine de valeur
- Port de pêche SECTORIEL halieutique et métiers de support
- Zone franche Economie bleue/verte - Développement des infrastructures de logistiques et
- Infrastructures économiques & sociales. distribution

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- Stratégie sectorielle : Développement agricole

OBJECTIFS - Promouvoir une stratégie d’agriculture durable adéquate aux spécificités de l’estuaire
- Promouvoir une stratégie de production alimentaire pouvant répondre aux besoins du département et des villes voisines

ACTIFS - Attractivité de la zone : PROJETS : - Usine de transformation de l’huile de coco et de


o Valorisation agricole du foncier située en copra – Planteurs de coco
zone d’estuaire Fonctions : unité industrielle de production d’huile et
o Valorisation pastorale du foncier située sous-produits de la noix de coco, unité de traitement
en zone d’estuaire des déchets
o Espace de découpe/fumage/vente Coût mentionné : 355 millions FCFA
constitué par le point de débarquement - Ferme école de permaculture – opérateur
aménagé économique
Fonctions : ferme intégrée d’agriculture durable,
- Manifestation de besoin :
éco-ingénierie des sols de l’estuaire pour améliorer la
o Amélioration de l’offre de produits vivriers
productivité, agriculture bio-intensive, associations
o Amélioration de l’offre de viande
culturales, petit élevage, élevage
(élevage / petit élevage)
Coût mentionné : 300 millions FCFA
ATTENTES - Réalisation d’un diagnostic foncier, pédologique,
COMMUNAUTAIRES/ agricole et pastorale de la zone de l’estuaire -
PROPOSITION Proposition
Fonction : Identifier le potentiel agricole et pastoral
de l’estuaire pour déterminer et promouvoir des
activités et des zones foncières adéquates à la
production de vivrier et de viande.
- Développement d’une unité intégrée d’élevage –
Proposition
Fonction : production de viande d’élevage
appropriée à l’estuaire (production d’alimentation
animale, naissage, abattement et conditionnement,
commercialisation.
CATALYSEURS : - Aménagement de l’embouchure ENTRAINEMENT - Amélioration de la sécurité alimentaire,
- Zone franche Economie bleue/verte SECTORIEL - Développement d’activité de transformation
- Réalisation d’un diagnostic agropastoral de la - Développement des infrastructures de logistiques et
zone de l’estuaire distribution

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- Stratégie sectorielle : Développement écotouristique

OBJECTIFS - Développer une offre touristique qui valorise le patrimoine environnemental de Grand Lahou, véhicule une image de marque et
augmenter la notoriété de la zone
- Le développement de la filière touristique est freiné par :
o Les risques affectant les investissements touristiques sur le cordon sableux
o L’absence d’infrastructures touristiques valorisant le plan d’eau lagunaire et le parc d’Azagny
o Absence d’animation de l’offre par rapport au potentiel de l’estuaire (plages, plan d’eau, parc, pêche, faune, etc.)
ACTIFS - Existence d’une offre touristique à dynamiser PROJETS : - Développement d’une offre écotouristique dans le
parc d’Azagny – OIPR
- Proximité de la ville d’Abidjan
Fonctions : réhabilitation et développement des
- Parc national d’Azagny infrastructures de visite du Parc d’Azagny
- Plage de Grand Lahou
- Plan d’eau lagunaire navigable,
- Plan d’eau fluviale et océanique
- Pêche
- Diversité géographique et culturelle du
ATTENTES - Développement d’une activité de loisirs nautiques &
territoire
COMMUNAUTAIRES / pêche – Proposition
PROPOSITION Fonction : Développer le potentiel d’activités
récréatives autour du potentiel nautique et
halieutique de Grand Lahou
- Développement d’un parc d’aventure écologique–
Proposition
Fonction : développer une offre accrobranche,
randonnée et jeux d’orientation valorisant le
potentiel forestier de Grand Lahou
- Développement des services de base pour une offre
touristique sur un cordon sableux protégé –
Proposition
Fonction : connecter/reconnecter le cordon
sableux aux services d’eau potable, d’électricité et
de télécommunication.
CATALYSEURS : - Aménagement de l’embouchure ENTRAINEMENT - Développement de la connectivité et de l’image de
- Zone franche Economie bleue/verte SECTORIEL marque de l’estuaire
- Infrastructures sociales & économiques

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9.4 Axe stratégique 4 : Organiser une gouvernance opérationnelle pour la gestion intégrée de l’estuaire du Bandama

Une situation d’urgence est observée dans l’estuaire. Une stratégie politique opérationnelle s’impose, qui renforce les outils et les capacités, qui mène
la décision et l’action à court terme. Les travaux conduits ont permis d’identifier les organisations et les instruments devant intervenir. Une gouvernance
est proposée afin de favoriser l’action grâce aux acteurs et instruments existants, le temps que les organisations et instruments futurs soient finalisés.
Observations préliminaires :
- Le schéma ci-dessous synthétise le cadre prioritaire pour une action centrale, selon qu’il est existant ou en préparation :
o Le cadre de conception et d’action de l’Etat central « fonctionne », même si le dispositif n’est pas achevé. Le CILEC et le PNGEC sont actifs, ce
dernier préfigure une future agence nationale, si le Parlement ivoirien créait celle inscrite au projet de loi littoral ;
o Plusieurs plans et programmes nationaux existent. Ils doivent être mobilisés pour assembler un programme local de gestion intégrée de l’estuaire;
o Le Ministère chargé de l’environnement anime la réflexion et la coordonne avec le ministère chargé du plan. Une coordination avec le ministère
chargé de l’intérieur favoriserait une meilleure coordination aux échelles territoriales.
LEGENDE
CADRE INSTITUTIONNEL CENTRAL EXISTANT OUTILS INSTITUTIONNELS Ministères prioritaires pour
Ministère chargé de Ministère chargé du plan Ministère chargé de CENTRAUX EN une coordination centrale
l’environnement l’intérieur PRÉPARATION
Plans nationaux prioritaires
pour une coordination
Plan National Politique Politique Stratégie Plan National Projet de loi relative à centrale
de Nationale Nationale de Nationale de réduction risques l’aménagement et à la Comités & programme pour
Développement d’Aménagement Population l’Action de l’Etat et catastrophes gestion du littoral une coordination centrale
du Territoire en mer 2016-2020 Comité & programme
actuellement mobilisés
Comité Interministériel de Comité Interministériel de Programme National de Agence nationale Projet de loi nationale future
l’Action de l’Etat en mer lutte contre l’Erosion Côtière Gestion de l’Environnement d’aménagement et de
(représenté par un prefet Côtier gestion du littoral Véhicule juridique central
maritime) futur

- Le cadre de conception et d’action territorial est connu, régi par les règles d’administration des territoires de Côte d’Ivoire. Chaque collectivité est
compétente selon son territoire. Le schéma ci-contre présente trois échelles territoriales de compétences : la commune de Grand Lahou sur l’estuaire
du Bandama, deux régions à cheval sur l’écosystème lagunaire de ZONE CÔTIÈRE DE CÔTE D’IVOIRE
Grand Lahou, l’Etat sur toute la zone côtière nationale. GOUVERNEMENTS DE CÔTE D’IVOIRE
- Trois échelles de coordination territoriales apparaissent : la
planification nationale de gestion de l’environnement côtier
(PNGEC), celle régionale de l’écosystème lagunaire de Grand
Lahou (Sud Bandama et Région des lagunes) et celle de l’estuaire ECOSYSTÈME LAGUNAIRE DE GRAND LAHOU
RÉGION DES GRANDS PONTS & SUD BANDAMA
du Bandama (commune de Grand Lahou).
- Trois échelles de temps permettent de lire les priorités : ESTUAIRE DU
l’embouchure du Bandama à court terme, l’estuaire du Bandama BANDAMA
COMMUNE DE GRAND
à moyen terme, l’écosystème lagunaire de Grand Lahou à moyen LAHOU
et long terme.

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Classification des enjeux : échelles de coordination, territoires, instruments législatifs et échelle de temps,
La tableau ci-dessous reclasse les instruments de préservation du littoral figurant dans le projet de loi littoral (Mai 2017) et dans la loi n° 2003-208 portant
transfert des compétences de l’Etat aux collectivités territoriales, en tenant compte des échelles de coordination, des organisations territoriales
concernées et des échelles de temps pour l’action.

Echelle de Planification centrale Coordination régionale Exécution locale


Coordination
Territoire Gestion intégrée du littoral ivoirien Gestion intégrée du littoral de l’écosystème Gestion intégrée de l’estuaire du
concerné lagunaire de Grand Lahou Bandama
Organisation L’Etat central Région des Grands Ponts et Région Sud Commune de Grand Lahou
territoriale Bandama
Instruments de 1. le plan national d’aménagement du 5. les plans directeurs d’urbanisme 2. les schémas directeurs
protection du territoire d’aménagement communal
littoral 3. les schémas directeurs 8. les plans d’urgence 5. les plans directeurs d’urbanisme
(Projet de loi d’aménagement et d’urbanisme communal
littoral et Loi 4. les schémas directeurs 9. les plans de gestion et de valorisation 6. les plans d’urbanisme de détails
n°2003-208) d’aménagements de zones des espaces fluviaux, marins et côtiers communaux
particulièrement sensibles
8. les plans d’urgence 11. le plan de gestion intégrée des 7. les plans locaux d’urbanisme
ressources en eau (plan GIRE) littoraux
9. les plans de gestion et de valorisation 12. le plan d’aménagement touristique. 8. les plans d’urgence
des espaces fluviaux, marins et côtiers
10. les schémas de mise en valeur des 9. les plans de gestion et de
milieux marin, lagunaire et fluviatile valorisation des espaces fluviaux,
marins et côtiers
11. le plan de gestion intégrée des 11. le plan de gestion intégrée des
ressources en eau (plan GIRE) ressources en eau (plan GIRE)
12. le plan d’aménagement
touristique.
Echelle de Enjeux à court, moyen et long terme Enjeux à moyen et long terme Enjeux à court et moyen terme
temps

Il en résulte, pour une gestion intégrée de l’estuaire du Bandama :


- A court terme : la nécessité d’une coordination et d’une action nationale pour la prise en compte des plans, programmes nationaux et instruments
existants dans la réglementation ivoirienne ; le suivi du projet de loi littoral pour coordonner et anticiper son application ;
- A court terme : la nécessité d’une coordination et d’une action communale à l’échelle de l’estuaire du Bandama ;
- A moyen terme : la nécessité d’une coordination et d’une action à l’échelle régionale, associant la région des Grands Ponts (façade maritime et
berges Sud de l’écosystème lagunaire de Grand Lahou) et la Région Sud Bandama (berges Nord de l’écosystème lagunaire de Grand Lahou).

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Le cadre politique pour une gestion intégrée de l’estuaire du Bandama peut être schématisé
Il articule deux cadres institutionnels : celui de la gestion intégrée de l’environnement côtier de Côte d’Ivoire et celui des compétences transférées par
l’Etat aux collectivités territoriales chargées d’administrer leurs territoires.

PRINCIPAL CADRE INSTITUTIONNEL CENTRAL CÔTIER EXISTANT


- Mobiliser le cadre politique central pour une gestion
intégrée de l’estuaire du Bandama. Ministère chargé de Ministère chargé du plan Ministère chargé de
- Mobiliser une coordination régionale à l’échelle de l’environnement l’intérieur
l’écosystème lagunaire de Grand Lahou.
- Mobiliser la commune de grand Lahou comme Plan National Politique Politique Stratégie Plan National
véhicule de coordination et d’action locale. La de Nationale Nationale de Nationale de réduction risques
lecture du projet de loi littoral et de la loi n°2003-208 Développement d’Aménagement Population l’Action de l’Etat et catastrophes
établit des instruments de responsabilité du Territoire en mer 2016-2020
communale en matière de conception et de la
mise en œuvre pour une gestion intégrée de Comité Interministériel de Comité Interministériel de Programme National de
l’estuaire du Bandama.
l’Action de l’Etat en mer lutte contre l’Erosion Côtière Gestion de l’Environnement
La commune de Grand Lahou est déjà mobilisée. Il
s’agit de renforcer ses capacités pour une action à
(représenté par un prefet Côtier
court terme, pour mobiliser ses 11 domaines de maritime)
compétences territoriales (Loi 2003-208) et les 8
instruments de son ressort figurant à la fois dans la OUTILS INSTITUTIONNELS CENTRAUX EN PRÉPARATION
Loi 2003-208 et le projet de loi du Littoral. Projet de loi relative à l’aménagement et à la gestion du littoral

Agence nationale d’aménagement et de gestion du littoral


9.5 Proposition de cadre institutionnel

Le PNGEC a identifié comme 3ème défi dans son projet Coordination régionale
de stratégie et plan d’action 2016-2020, (chapitre Ecosystème lagunaire de Grand Lahou
III) : « la gestion et la mise en œuvre des actions au Région des Grands Ponts & Sud Bandama
niveau local ». La commune apparait, comme le Préfecture de Grand Lahou
véhicule administratif, compétente à l’échelle de
l’estuaire de Grand Lahou. S’il est évident de mettre en
avant son rôle de premier témoin des effets des risques Exécution locale
côtiers et de premier responsable devant ses Estuaire du Bandama - Commune de Grand Lahou
administrés, encore faut-il qu’elle puisse pleinement
exercer ses attributions. CADRE INSTITUTIONNEL TERRITORIAL
Schéma n°1 : proposition de cadre institutionnel

La commune doit aussi relever au moins 3 défis : la coordination des parties prenantes, le renforcement de ses capacités en matière de gestion intégrée
de sa zone côtière, la mobilisation des partenaires techniques et financiers.

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La coordination des parties prenantes


Les compétences de la commune ne se substituent pas au rôle et aux actions des autres parties prenantes, elles se complètent et doivent être
coordonnées. La commune peut animer 3 plateformes de coordination pour dessiner un programme local opérationnel :
- Une plateforme administrative et scientifique : Les deux premiers défis identifiés par le PNGEC sont : « la prise en compte de la gestion intégrée et
durable de l’environnement côtier dans les plans nationaux de développement, (…) la cohérence des actions de l’aménagement du territoire au
niveau régional ». Cette plateforme doit coordonner toutes les parties prenantes administratives, assurer l’intégrité des travaux scientifiques, animer
un programme local. Elle devrait réunir :
o L’Etat, il reste en toute hypothèse le moteur de la planification centrale, insufflant l’action sur les points chauds du littoral national, agissant
par le biais des ministères chargés de l’environnement, du plan et de l’intérieur. S’ajoutent le CILEC et le PNGEC dans un premier temps puis
éventuellement une agence nationale de l’aménagement et de la gestion du littoral.
o Les représentations locales des ministères, chacune étant active pour animer les engagements de l’Etat à Grand Lahou, tels que le Ministère
chargé des ressources halieutiques, de l’agriculture, des eaux et forêts, etc.
o Les collectivités territoriales que sont la région des Grands Ponts et la préfecture de Grand Lahou.
o Les organisations scientifiques de l’Etat, mobilisées pour assurer la coordination des résultats scientifiques locaux et nationaux
- Une plateforme des communautés locales et société civile : Dans un principe de gestion participative des enjeux de gestion durable de l’estuaire
du Bandama, cette plateforme peut constituer un cadre de consultation, de concertation et de mobilisation des communautés locales vivant dans
des zones de risques, des acteurs de la société civile pertinents (secteur privé, ONG, etc.)
- Une plateforme des partenaires techniques et financiers : plusieurs organisations publiques bilatérales ou multilatérales devront être mobilisées pour
concevoir et exécuter un plan de gestion intégrée de l’estuaire du Bandama. Ceci dans un contexte de « compétition » où d’autres points chauds
du littoral ivoirien ou Ouest Africains présentent de nombreux points de vulnérabilité. Il s’agira pour la commune d’être un acteur crédible et
opérationnel pour ses partenaires techniques et financiers, dans l’intérêt de la conduite du projet et des populations.

Le renforcement des capacités pour l’exercice des attributions communales


Le renforcement des capacités techniques, administratives et financières de la commune est une condition impérative pour l’exercice des missions qui
lui sont conférées. Elle doit pouvoir animer un débat technique, administratif et financier au sein de chacune des plateformes à constituer, comme elle
doit pouvoir exercer chacun des instruments qui lui sont conférés par la loi ivoirienne.

Afin de répondre aux enjeux de court terme auxquels elle fait face, en concertation avec l’Etat central, elle doit pouvoir conduire ses missions
d’élaboration, de mise en œuvre et suivi des actions pour une gestion intégrée de l’estuaire du Bandama.
A court terme, la commune doit élaborer les 8 instruments de planification :
- Agenda 21 de Grand Lahou
- Stratégie de développement de Grand Lahou
- Etudes de faisabilité et études techniques
- Stratégie de gestion intégrée de l’estuaire du Bandama
- Schéma et Plan d’aménagement du littoral de Grand Lahou
- Schéma directeur d’urbanisation de Grand Lahou
- Plan local de gestion des risques et catastrophes
- Politique sociale & Gestion des migrations éventuelles de Grand Lahou

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Au regard de la loi n° 2003- 208, elle doit mobiliser 11 compétences territoriales qui lui sont conférées par la loi n° 2003- 208, de nature à contribuer à
une gestion durable de l’estuaire du Bandama :
1. l’aménagement du territoire 8. la sécurité et la protection civile
2. la planification du développement 10. l’action sociale, culturelle et de promotion humaine
3. l’urbanisme et l’habitat 12. la promotion du développement économique et de l’emploi
4. les voies de communication et les réseaux divers 13. la promotion du tourisme
5. le transport 15. l’hydraulique, l’assainissement et l’électrification
7. la protection de l’environnement et la gestion des ressources
naturelles

Anticipant le projet de loi littoral, elle doit mobiliser ses compétences relatives aux 8 instruments de protection existants dans la réglementation :
2. les schémas directeurs d’aménagement communal 8. les plans d’urgence
5. les plans directeurs d’urbanisme communal 9. les plans de gestion et de valorisation des espaces fluviaux, marins
et côtiers
6. les plans d’urbanisme de détails communaux 11. le plan de gestion intégrée des ressources en eau
7. les plans locaux d’urbanisme littoraux 12. le plan d’aménagement touristique.

Le cadre opérationnel avec la banque mondiale


Un retour d’expérience des projets Banque Mondiale en Côte d’Ivoire a été sollicité ; deux enseignements peuvent être tirés :
- Trois manuels de procédures relatifs à des projets Banque Mondiale ont été étudiés (REDD+, PROGEP, PSAC) pour identifier un cadre opérationnel
cohérent de ses procédures.
o Le projet REDD+ présente deux particularités intéressantes : i) son cadre doit favoriser la participation de plusieurs bailleurs de fonds, chacun
agissant selon ses propres modes opératoires ; ii) son cadre local repose sur les services déconcentrés de l’Etat pour assurer la diffusion de
l’agenda REDD+ dans les territoires, tandis que l’Association des Régions et Districts de Côte d’Ivoire souligne les difficultés d’appropriation
et de mise en œuvre locale sans une plus grande participation des collectivités.
o Le projet PROGEP (Gestion des pesticides) a nécessité une intervention de l’OIPR comme véhicule d’action pour la gestion fiduciaire de la
phase préparatoire du projet quand bien même la gestion des pesticides n’est pas du ressort primordial de l’OIPR. Cela témoigne de la
nécessité de véhicules d’action spécifique pour l’Etat, comme fut mobilisé le CIAPOL pour la protection du littoral de Grand Bassam.

- Une commune peut être appuyée. La Banque mondiale en Côte d’Ivoire dispose d’une expérience conduite directement avec des communes,
dans le cadre du projet PACOM (Projet d’Appui aux Communes). Ce projet a souligné l’importance de renforcer le cadre d’exécution par une
bonne gouvernance des activités et des fonds mis à disposition.

Le cadre institutionnel pour la gestion intégrée de l’estuaire du Bandama, schématisé ci-dessous, peut s'articuler autour de quatre niveaux de fonction :
- Une fonction de tutelle qui s’exerce au niveau ministériel : le ministère chargé de l’environnement, ce dernier associera dans la pratique les ministères
chargés du plan et de l’intérieur pour un bon déroulement de la planification et de la coordination.

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- Une fonction de supervision et d'orientation assurée par un Comité de Pilotage du Projet (CPP) : cette fonction est celle d’un comité interministériel
qui serait le CILEC, appuyé par son secrétariat exécutif
- Une fonction de gestion du compte désigné et de coordination générale des activités exécutées directement par une Unité de Coordination du
Projet (UCP). Cette fonction serait celle du PNGEC dans le cadre institutionnel actuel, comme il pourrait être celui de l’agence nationale dans le
cadre institutionnel prévu par l’actuel projet de loi Littoral ;
- Une fonction d'exécution externe des activités par une Agence d’Exécution du Projet (AEP), qui serait alors le rôle de la commune de Grand Lahou
incluant un programme de renforcement de ses capacités techniques, administratives et financières.
- Trois plateformes de coordination pourront être animées par la Commune de Grand Lahou, en qualité d’AEP, en coordination avec le PNGEC en
qualité d’UCP :
o Une plateforme administrative et scientifique, dédiée à la coordination avec l’UCP, les services déconcentrés de l’Etat agissant par le biais
de leurs représentations locales des ministères, les collectivités territoriales et les organisations scientifiques de l’Etat
o Une plateforme des communautés locales et société civile, comme cadre de consultation, de concertation et de mobilisation des
communautés locales vivant dans des zones de risques et des acteurs de la société civile pertinents (secteur privé, ONG, etc.)
o Une plateforme des partenaires techniques et financiers qui, en associant l’UCP, permettra à la commune de Grand Lahou de sensibiliser au
mieux ces partenaires pour mobiliser des fonds d’appui requis pour une exécution sur le territoire de la commune.

TUTELLE Associant
Ministère chargé de Ministère chargé du plan Ministère chargé de
l’environnement l’intérieur

Associant
Comité de Pilotage
Comité Interministériel de
Comité Interministériel de l’Action de l’Etat en mer
lutte contre l’Erosion Côtière (représenté par un préfet
maritime)

Unité de Coordination Projet Pouvant remplacé par


Programme National de Agence nationale d’aménagement et de
Gestion de l’Environnement gestion du littoral
Côtier Participant à

Agence d’Exécution Projet Plateforme Administrative et


scientifique
Commune de Animant Plateforme Partenaires
Grand Lahou techniques et financiers
Plateforme Communautés
locales et société civile

Schéma n°2 : proposition de cadre opérationnel

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10. PLAN D’INVESTISSEMENT MULTISECTORIEL

Une importante incertitude pèse le contexte des investissements proposés ci-après. Les inconnues scientifiques ont été présentées (voir x), la plus
importante étant la méconnaissance totale de la dynamique de l‘avant côte. Les scénarios d’aménagement 2 et 3 proposés pourraient avoir des effets
d’engraissement et d’érosion inverse à ceux supposés. Tout comme dans le scénario 1, la localisation et les volumes de dragages lagunaires à effectuer,
des rechargements sableux, des plantations végétales de piégeage sédimentaire sont inconnus.
Tout investissement entrepris sans lever ces incertitudes pourrait avoir des conséquences adverses. Il pourrait être interrompu, voir même détruit par des
observations scientifiques mises à jour durant leur exécution.

A court terme, un plan d‘investissement multisectoriel a été budgétisé pour financer la levée des incertitudes scientifiques, organiser le cadre politique,
social et économique d’intervention. Ce budget est exprimé sur 3 ans, de 2018 à 2020 ; période recommandée pour son exécution à défaut de voir
s’accroître les pertes sociales et économiques.
Ce plan d’investissement contient un poste majeur avec la réalisation d’une étude de faisabilité technique, environnementale et sociale sur les
aménagements de l’estuaire. Ces études sont des conditions précédentes à toute budgétisation à moyen et long terme. Avant, il s’agira de
renforcement des connaissances et des compétences, d’organisation du cadre politique, de sensibilisation et de consultations des populations. Ces
études réalisées, les ouvrages, impacts et risques seront connus, les besoins et conditions de réinstallation seront définis, permettant de dimensionner et
budgétiser les actions en conséquence.

A moyen et long terme, le plan d‘investissement multisectoriel proposé est spéculatif. Des postes d’investissement, des montants et des périodes sont
proposés, au regard d’actions ou d’estimations observées en Afrique de l’Ouest. Ils ne peuvent que fixer un point de repère pour budgétiser les travaux
nécessaires : seuls les résultats des activités proposées à court terme sont les garants de la pertinence, du coût et du calendrier de toute action à moyen
et long terme.

Certains objectifs d’investissement de l’administration centrale et locale sont également retenus ci-après. Ceux de l’administration centrale le sont à
titre indicatif ; la part déjà engagée témoigne de la volonté de l’Etat de contribuer au renouveau de l’estuaire du Bandama, ceux proposés indiquent
des perspectives de développement. Les investissements retenus au titre de la commune de Grand Lahou sont eux pris en compte dans le plan
d’investissement multisectoriel à court terme : ils sont indispensables dans une démarche d’organisation du cadre d’action local, de renforcement des
capacités ou de réduction des risques et catastrophes.

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10.1 Objectifs d’investissement de l’administration centrale et locale

Certains des projets d’investissement de l’administration centrale et locale doivent être mis en exergue. Ils représentent un montant total de 31,9 milliards
de francs CFA, dont 13 % sont déjà engagés par l’Etat au titre du secteur halieutique.
SECTEUR MONTANT (CFA) STATUT
Total 31 959 925 000
Secteur halieutique 4 154 000 000 engagé
Infrastructures économiques 25 100 000 000 objectif
Marine nationale 2 500 000 000 objectif
Projets communaux pertinents 205 925 000 objectif

Les projets relatifs au secteur halieutique sont déjà en cours de réalisation. Estimés à 4,1 milliards FCFA, ils témoignent de l’orientation de l’Etat en faveur
du développement du secteur pêche à Grand Lahou, pour lequel un accès à l’océan est indispensable :
PORTEUR OBJECTIF ESTIMATION (CFA)
Ministère chargé de ressources halieutiques Village des pêcheurs & Ecole de pêche : 4 154 000 000
Ministère chargé de l'enseignement professionnel
Construction du Village des pêcheurs 1 800 000 000
Réhabilitation du bâtiment 800 000 000
Délocalisation de la menuiserie 20 000 000
Construction d'un château d'eau 400 000 000
Construction d'un internat à deux niveaux de 500 places 100 000 000
Renouvellement des équipements 15 000 000
Oscilloscope 9 000 000
Outils et accessoires 10 000 000
Réhabilitation du port d'application 1 000 000 000

Les projets relatifs aux infrastructures économiques présentés par la préfecture indiquent les orientations majeures de développement de l’Etat. Estimés
à 25,1 milliards FCFA, ils relativisent le poids d’un investissement équivalent qui pourrait être sollicité pour l’aménagement du codon. Ces aménagements
conditionnent la viabilité à long terme de toute infrastructure construite dans l’estuaire.

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PORTEUR OBJECTIF ESTIMATION (XOF)

Préfecture Infrastructures économiques 25 100 000 000


Bac de transport lagunaire) 100 000 000

Amélioration du réseau routier (Grand Lahou) 10 000 000 000

Extension du réseau électrique (Grand Lahou) 5 000 000 000


Adduction en eau potable (Grand Lahou) 10 000 000 000

Le projet de l’Ecole de Marine est dimensionnant pour l’avenir de l’estuaire du Bandama. Ce besoin conforte les scénarii de développement portuaire
de l’estuaire et peut entrainer d’autres aménagements futurs portés par le ministère chargé de la défense. De telles installations ayant vocation à être
particulièrement sécurisée, il en résulterait un bénéfice favorable, assurant i) la maintenance de toute stratégie d’aménagement du bassin lagunaire
et cordon et ii) le développement et l’application d’un plan local de réduction des risques et catastrophes.
PORTEUR OBJECTIF ESTIMATION (XOF)

Marine nationale Ecole de Marine 2 500 000 000

Certains projets communaux représentent des aménagements ou des actions prioritaires de la mairie de Grand Lahou afin de répondre aux impacts
observés, de réduire les risques et catastrophes, de soutenir un cadre d’action pour soutenir le développement de l’estuaire du Bandama :
PORTEUR OBJECTIF ESTIMATION (XOF)
Aménagements & équipements prioritaires pour la
Mairie de Grand Lahou 205 925 000
commune
Aménagement d'un cimetière municipal 29 000 000
Acquisition de matériels de sauvetage pour la
10 000 000
protection civile
Achat des équipements de secours 5 000 000
Aménagement des ravins et de leurs voies d'accès 10 000 000
Stabilisation des flancs des ravins 20 000 000
Stabilisation de berges lagunaires 20 000 000
Equipement du centre de formation, de promotion de
l'emploi et de développement durable de Grand- 12 425 000
Lahou
Construction d'un quai et d'un débarcadère 60 000 000
Aménagement de périmètres agropastoraux 29 500 000
Aménagement d'un local pour les archives et la
10 000 000
documentation
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10.2 Plan d’investissement à court terme

Les estimations suivantes peuvent être proposées pour les actions de court terme. De leur exécution dépendront l’estimation financière et la chronologie
des actions proposées à moyen terme au titre des scénarios d’aménagements.

Le budget synthétique est le suivant, exprimé en francs CFA (XOF) à hauteur de 2 milliards de francs CFA pour la période 2018-2020 :

OPERATIONS / ACTIONS 2018 2019 2020 ESTIMATION (XOF)


PLAN D'INVESTISSEMENT MULTISECTORIEL - 3 ans 441 331 667 1 409 456 667 169 579 667 2 020 368 000
AXE 1 : Identification et acquisition d’équipements de * Ne comprends pas :
150 000 000 100 000 000 50 000 000
collecte de données Les activités ci-dessous qui pourraient être
AXE 1 : Collecte de données environnementales et sociales 70 000 000 40 000 000 27 000 000 réalisées à compter de 2020, dont l’estimation
financière est sujette aux résultats des travaux
AXE 1 : Renforcer les capacités humaines (Formations et études proposées ci-contre :
57 331 667 52 531 667 22 579 667
scientifiques en CIV & à l'international)
- Etude de faisabilité - Modélisation physique
AXE 2 : Etude de faisabilité - Modélisation numérique, - Finalisation & Mise en œuvre d’un plan
0 1 000 000 000 0
analyse d'impacts, plans de gestion d’aménagement local du périmètre littoral
AXE 2 : Définition d’un plan d’aménagement local - Réalisation des aménagements verts
0 0 50 000 000
pluriannuel du périmètre littoral - Réalisation des aménagements gris
AXE 3 : Concertation / Sensibilisation des acteurs et/ou (stabilisation de l’embouchure / protection des
20 000 000 20 000 000 20 000 000 zones vulnérables)
parties prenantes
- Etude des risques et opportunités de
AXE 4 : Gouvernance & gestion de projet côtier (Assistance réinstallation volontaire
technique, y.c. Agenda 21, assistance PNGEC & Grand 50 000 000 85 000 000 0
Lahou...) - Préparation d'un programme de réinstallation
volontaire
AXE 4 : Gouvernance & actions communales - Exécution
94 000 000 111 925 000 0
d’activités prioritaires identifiées par la mairie

L’axe 2 représente 52% des investissements de court terme (1 milliard FCFA), en ceci qu’il doit apporter l’ensemble des réponses visant la caractérisation
des aménagements les plus pertinents de l’estuaire. A titre de comparaison, le renforcement des connaissances scientifiques représente 28% des
investissements (axe 1 : 569,4 millions FCFA), contre 17% pour la gouvernance opérationnelle et l’action communale (axe 4 : 340,9 millions CFA), et 3%
pour la sensibilisation et la consultation des parties prenantes (axe 3 : 60 millions FCFA)

Si le budget de l’axe 3 peut sembler insuffisant, il convient de relever que les axes 1 et 2 contiennent des activités sociales. Le premier comporte la
collecte d’informations sociales, comme il réunira les informations nécessaires à l’information des parties prenantes. Le second contient l’étude des

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impacts socio-économiques des aménagements retenus, permettant de budgétiser à moyen terme l’étude des risques et opportunités de réinstallation
et la préparation d'un programme de réinstallation volontaire.

Le budget détaillé est présenté ci-dessous, selon les 4 axes proposés au titre des orientations stratégiques (voir aussi chapitre 8).

- Axe 1 – objectif : Finaliser l'analyse le diagnostic scientifique pour déterminer une gestion intégrée du littoral de Grand Lahou

OPERATIONS / ACTIONS 2018 2019 2020 SOURCE / ESTIMATION

Identification et acquisition d’équipements de collecte de données :


Estimation : 1/5ème des
Achat d’équipements pour l’acquisition de données environnementales
150 000 000 100 000 000 50 000 000 investissements équivalent prévus
nouvelles afin de doter d’instrument de mesure sur tout le long du littoral et
PAPPLI 2017
l’élaboration de fiches d’enquête pour la collecte fiable des données.

Collecte de données environnementales et sociales


Cette activité concerne la collecte de données environnementales et socio-
économiques actuelles pour compléter les données antérieures et acquérir
70 000 000 40 000 000 27 000 000
les données manquantes, pour quantifier/qualifier leur évolution spatio- Estimation : Retour d'expérience
temporelle et servir de données d’entrées aux modélisations de la dynamique des travaux WACA Grand Lahou
de l'estuaire du Bandama
INCLUT :
2 000 000 2 000 000 2 000 000
- Mesure hebdomadaire des conditions de houle, de marée et de vent
- Mesures hebdomadaires des débits des cours d'eau au niveau de
2 000 000 2 000 000 2 000 000
l'estuaire.
- Suivi régulier du trait de côte, levés de terrain, intégration de toutes les
données de la zone d'étude en un SIG et suivi (de l'Ouest de Groguida 6 000 000 6 000 000 6 000 000
à l'Est de Noumouzou - 1 fois par année)
- Détermination et suivi de la morphologie des fonds et des courants de
l'avant côte (plage sous marine - levé bathymétrique & courantologie -
25 000 000 14 000 000 6 000 000
de l'Ouest de Groguida à l'Est de Noumouzou - 1 fois par année,
réduction progressive des zones de suivi aux seuls points d'intérêts forts )
- Définition et suivi de l'évolution morphologique des fonds et des courants
dans l'estuaire (de l'entrée de la lagune Taagbo, au-delà du canal
20 000 000 11 000 000 6 000 000
d'Azagny sur le Bandama - 1 fois par année, réduction progressive des
zones de suivi aux seuls points d'intérêts forts )
- Définition précise de l'altimétrie et du relief du cordon sableux -
acquisition et traitement (par le fournisseur) d'une image satellite radar
2017 de 50 cm de résolution pour toute la zone d'étude - Production 10 000 000
d'une carte de référence & modèle numérique de terrain pour toute
analyse nécessitant de connaître le relief et modéliser en 3D

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- Détermination et suivi des caractéristiques sédimentologiques aussi bien


dans l'estuaire qu'au niveau de l'avant côte - Elaboration d'un plan de 5 000 000 5 000 000 5 000 000
gestion des sédiments en espace lagunaire et sur la rive maritime

- Axe 1 – objectif : Renforcer les capacités scientifiques (Formations scientifiques)

OPERATIONS / ACTIONS 2018 2019 2020 SOURCE / ESTIMATION


Formations, nationales et internationales, dans 5 différents métiers et grades
développant l'expertise scientifique nationale pour la gestion intégrée d'une zone 57 331 667 52 531 667 22 579 667
côtière - cas appliqué Grand Lahou; utile sur les autres points chauds
Formation en Master professionnel - Océanographie, cas appliqué Grand Lahou Estimation : Analyse de coûts - source
9 984 000 9 984 000
- 1 étudiant PAPPLI 2017

Formation en Master professionnel - Télédétection & SIG - cas appliqué à Estimation : Analyse de coûts - source
9 984 000 9 984 000
l'estuaire du Bandama - 1 étudiant PAPPLI 2017

Formation en ingénierie côtière - Cas appliqué à l'estuaire du Bandama - 1 Estimation : Analyse de coûts - source
9 984 000 9 984 000
étudiant PAPPLI 2017
Formation doctorale en océanographie - Un Docteur en océanographie - Estimation : Analyse de coûts - source
11 689 667 11 689 667 11 689 667
activité internationale - Cas appliqué à l'estuaire du Bandama PAPPLI 2017

Formation postdoctorale en océanographie - Trois chercheurs en Estimation : Analyse de coûts - source


15 690 000 10 890 000 10 890 000
océanographie - activité internationale - Cas appliqué à l'estuaire du Bandama PAPPLI 2017

- Axe 2 – objectif : Etude de faisabilité - Modélisation numérique, analyses d'impacts, plans de gestion :

OPERATIONS / ACTIONS 2018 2019 2020 SOURCE / ESTIMATION

Estimation : retour d'expérience


Caractérisation de la dynamique des plages à court moyen et long terme 1 000 000 000
Grand Bassam / CIAPOL

Modélisation de la dynamique morphologique des fonds et des courants dans


Estimation : Analyse de coûts -
l'estuaire (de l'entrée de la lagune Taagbo, au-delà du canal d'Azagny sur le
source PAPPLI 2017
Bandama)

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Modélisation de la dynamique morphologique des fonds et des courants de
l'avant côte
Caractérisation de la dynamique des plages à court moyen et long terme
Détermination des travaux à réaliser et de leurs coûts
Réalisation d’Etude d’Impact Environnemental et Social
Validation et budgétisation des aménagements et des actions
Préparation des plans détaillés
Préparation de documents d’appels d’offres.

- Axe 2 – objectif : Plans d'aménagement & Aménagements

OPERATIONS / ACTIONS 2018 2019 2020 SOURCE / ESTIMATION


Estimation : Analyse de coûts - source
5.1. Définition d’un plan d’aménagement local pluriannuel du périmètre littoral 50 000 000
PAPPLI 2017
A budgétiser
5.2 Mise en œuvre d’un plan d’aménagement local du périmètre littoral
après étude
5.3. Réalisation des ouvrages de stabilisation de l’embouchure du fleuve
5.4. Réalisation des aménagements verts (dragage des chenaux lagunaires & ré-
engraissement du littoral, piégeage sédimentaire par plantation en espace A budgétiser
lagunaire, asséchement des zones marécageuses, protection des berges après étude
lagunaires & maritime lagune)
A budgétiser
5.4. Réalisation des ouvrages de protection "gris" des zones vulnérables
après étude

- Axe 3 – objectif : Concertation / Sensibilisation des acteurs et/ou parties prenantes (autorités, populations, opérateurs, etc.)

OPERATIONS / ACTIONS 2018 2019 2020 SOURCE / ESTIMATION

Ateliers communautaires participatifs formels et réguliers 20 000 000 20 000 000 20 000 000 Estimation : 1 action trimestrielle (5
MCFA par action)
- Restitution des résultats des travaux d'étude
- Consultation des parties prenantes sur les orientations à suivre au fur et à
mesure dans la gestion de l’environnement côtier et sa protection
- Sensibilisation des populations riveraines et des opérateurs économiques ayant
pour champ d’action l’environnement côtier.

Etude des risques et opportunités de réinstallation volontaire A budgétiser


après étude

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- Caractérisation des risques suite aux études
- Détermination géographique et légale des zones propices pour une
réinstallation volontaire, analyse de coûts/opportunité
- Consultation des parties prenantes sur un processus de réinstallation volontaire
- Planification d'un processus de réinstallation éventuelle.

Préparation d'un éventuel programme de réinstallation volontaire A budgétiser


après étude

Axe 4 – objectif : Renforcer les capacités humaines (Assistance technique)

OPERATIONS / ACTIONS 2018 2019 2020 SOURCE / ESTIMATION


Appui à la gouvernance politique & opérationnelle - Management de projet
50 000 000 25 000 000
côtier
Estimation : retour d'expérience
7.1 Réalisation Agenda 21 de Grand Lahou 25 000 000
Grand Bassam / PNUD
Source : Plan d'investissement de la
7.1 Réalisation du plan stratégique de développement de Grand Lahou 60 000 000
commune de Grand Lahou (2017)
7.2 Assistance technique - PNGEC & Commune de Grand Lahou (préparation Estimation : Retour d'expérience des
25 000 000 25 000 000
des instruments d'action légaux existants) travaux WACA Grand Lahou
A
7.3 Assistance technique - Comité de pilotage, Unité de coordination, Unité
budgétiser
d'exécution
après étude
A
7.4 Assistance technique - Assistance à maîtrise d'ouvrage budgétiser
après étude

- Axe 4 – objectif : Exécution d'actions prioritaires identifiées par la mairie

OPERATIONS / ACTIONS 2018 2019 2020 SOURCE / ESTIMATION

Aménagements & équipements prioritaires pour la commune 94 000 000 111 925 000

Aménagement d'un cimetière municipal 29 000 000 Source : mairie de Grand Lahou 2017
Acquisition de matériels de sauvetage pour la protection civile 10 000 000 Source : mairie de Grand Lahou 2017

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Achat des équipements de secours 5 000 000 Source : mairie de Grand Lahou 2017
Aménagement des ravins et de leurs voies d'accès 10 000 000 Source : mairie de Grand Lahou 2017
Stabilisation des flancs des ravins 20 000 000 Source : mairie de Grand Lahou 2017
Stabilisation de berges lagunaires 20 000 000 Source : mairie de Grand Lahou 2017
Equipement du centre de formation, de promotion de l'emploi et de
12 425 000 Source : mairie de Grand Lahou 2017
développement durable de Grand-Lahou
Construction d'un quai et d'un débarcadère 60 000 000 Source : mairie de Grand Lahou 2017
Aménagement de périmètres agropastoraux 29 500 000 Source : mairie de Grand Lahou 2017
Source : mairie de Grand Lahou
Aménagement d'un local pour les archives et la documentation 10 000 000
2017

10.3 Plan d’investissement à moyen et long terme (scénario d’aménagements)

Le plan d‘investissement multisectoriel proposé ci-après est spéculatif. Des estimations à moyen et long terme sont difficiles à proposer : toutes
dépendent de la modélisation numérique des aménagements. Seule le permettra la réalisation des études de faisabilité techniques, économiques et
sociales proposées à court terme. Il faut notamment rappeler la totale méconnaissance du profil de plage sous-marin, de sa bathymétrie, de sa
courantologie, et du transport sédimentaire.

Afin de contribuer aux exercices de planification budgétaire à moyen et long terme, des estimations sont proposées pour chacun des 3 scénarios
d’aménagements envisagés au titre des orientations stratégiques. Ces estimations, à défaut de reposer sur des données scientifiques, s’inspirent
d’ouvrages ou d’actions, planifiées ou réalisées, en Côte d’Ivoire ou dans la sous-région.

Les résultats obtenus permettront d’illustrer des ordres de coûts, selon que des aménagements verts ou gris sont proposés, qu’ils rendent partiellement
ou totalement nécessaires la réinstallation des habitants du cordon.

Le budget synthétique pour chacun des 3 scénarios d’aménagements de l’estuaire est le suivant, exprimé en francs CFA (XOF) :
Total 2021-2057
Période : Moyen terme 3 - 6 ans Long terme 6 - 9 ans Maintenance - 30 ans (valeur présente)
Scenario 1 – Gestion naturelle et adaptive 43 166 666 667 2 740 000 000 25 650 000 000 71 556 666 667
Scenario 2 – Création d’un canal artificiel à
23 285 000 000 950 000 000 9 000 000 000 33 235 000 000
la position de l’embouchure en 1912/1952
Scenario 3 – Stabilisation de l’embouchure
28 013 333 333 1 530 000 000 14 300 000 000 43 843 333 333
à sa position 2020

En valeurs relative, le scénario 2 pourrait présenter le meilleur ratio coût/opportunités :

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- A moyen terme, il représente 54% de l’investissement estimé pour le scénario 1 et 83% de l’investissement estimé pour le scénario 3
- Sur la période 2021-2057, en valeur présente, il représente 46% de l’investissement du scénario 1 et 76% de l’investissement pour le scénario 3.
- Les frais de maintenance pourraient aussi être favorables au scénario 1, où ils représentent 35% de ceux du scénario 1 et 63% de ceux du scénario
3.

Ainsi que le présenteront les budgets détaillés ci-après, deux principales motivations justifient ce ratio :
- Le scénario 1, par sa gestion naturelle et adaptative de l’estuaire accompagne l’embouchure dans sa migration. Il en résulte des risques importants
de relocalisation des populations, qui se reflètent dans le coût de prise en charge de leur réinstallation.
- Le scénario 3, par la stabilisation artificielle de l’embouchure au milieu du cordon de Grand Lahou, créera vraisemblablement un risque érosif à
l’ouest du canal. Il en résultera des opérations de rechargement sableux importants, notamment au point le plus fin du cordon situé à la position de
l’embouchure en 1912-1952.

Le scénario 2 pourrait ainsi s’avérer le plus pertinent :


- Il apporterait la meilleure stratégie défensive face à l’érosion et l’élévation de l’océan, par un engraissement de tout le littoral de Grand Lahou, de
l’Est du canal en direction de Fresco ;
- Les besoins en réinstallation qu’il pourrait entraîner s’avéreraient légèrement inférieurs à ceux du scénario 3 et bien moins que ceux du scénario 1 ;
- Il favoriserait, avec plus de sécurité, un développement socio-économique participatif, vert et bleu au sein de l’estuaire (axe stratégique n°3).

Scénario 1- Gestion naturelle et adaptive de l’estuaire.

Le scénario 1 se distingue par 4 principaux postes d’investissements :


- La migration de l’embouchure est accompagnée par des opérations de dragage. Elles sont destinées à la désensabler, à contrôler les échanges
entre les plans d’eau lagunaire et océanique, à maintenir sa navigabilité pour les activités de pêche et de marine nationale ;
- Des opérations de dragages sont aussi envisagées dans l’espace lagunaire pour aménager des chenaux sous-marins et contribuer au rechargement
du cordon sableux. Quelques millions de mètres cubes pourraient ainsi être mobilisés, pouvant aussi requérir des opérations de dragage en mer ;
- Des opérations de piégeages sédimentaires sont proposées. Sous forme végétale avec des plantations en espace lagunaire et sur le cordon, par
des enrochements sur le cordon pour consolider le design des aménagements ou renforcer des points faibles ;
- Les populations restant exposées aux risques érosifs, leur relocalisation s’impose à moyen terme, induisant des coûts importants de réinstallation.

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Les valeurs d’investissement suivantes ont été conçues, à moyen et à très long terme :

Période : Moyen terme 3 - 6 ans Long terme 6 - 9 ans Maintenance - 30 ans Total 2021-2057
(valeur présente)
ACTIVITES / TOTAL (XOF) 43 166 666 667 2 740 000 000 25 650 000 000 71 556 666 667
- Dragage embouchure (sortie
4 000 000 000 800 000 000 8 000 000 000 12 800 000 000
navire) et chenaux lagunaires
- Rechargement sableux 15 900 000 000 1 590 000 000 15 900 000 000 33 390 000 000
- Piégeage sédimentaire 700 000 000 350 000 000 1 750 000 000 2 800 000 000
- Réinstallation 22 566 666 667 22 566 666 667

Le rationnel suivant a été utilisé pour concevoir ces valeurs, dont il faut rappeler le caractère spéculatif par manque d’informations scientifiques.
- Dragage embouchure (sortie navire) et chenaux lagunaires : l’estimation repose sur les opérations de dragage conduites lors de l’ouverture d’une
brèche artificielle à Grand Bassam en 1988, pour un coût de 800 millions de francs CFA.
Ce coût a été multiplié par 5, tenant compte de la surface des opérations de dragage de Grand Lahou (désensablage de l’embouchure et
aménagement des chenaux sous-marins) et de la nécessité d’engins de travaux publics (renforcement des contours de l’embouchure).
Des opérations de maintenance sont proposées tous les 3 ans, pour un montant représentant 20% de l’investissement initial.
- Rechargement sableux : Une opération de rechargement sableux par un moteur à sable de plus de 3,5 millions de mètres cubes est en conception
au Bénin (secteur Hillacondji - Grand-Popo) pour un coût estimatif de 19 milliards de francs CFA. Un rechargement équivalent a été pris en compte
pour Grand Lahou, à hauteur de 15,9 milliards de francs CFA (5.300 FCFA m3) ici, d’autres opérations de rechargement étant aussi réalisées sur le
pourtour de l’embouchure au titre des activités décrites précédemment.
- Piégeage sédimentaire : l’hypothèse prise est un programme de plantation d’un montant de 200 millions FCFA auquel s’ajoutent des aménagements
rocheux à hauteur de 500 millions de francs CFA
- Réinstallation des populations : Il s’agit du principal poste d’investissement, à hauteur de 22,5 milliards de francs CFA. Il est construit en retenant une
population de 7.000 habitants sur le cordon sableux, représentant en moyenne 6 personnes par foyer. Le coût de réinstallation par foyer comprends
la mise à disposition d’un terrain de 200m2 (estimation 3.000 FCFA/m2), d’un habitant d’une valeur de 13 millions FCFA, d’un déménagement de
100.000 FCFA et d’un accompagnement financier de 500.000 FCFA pour le redémarrage des activités familiales. S’ajoute une dépense
d’aménagement du territoire de 6 milliards de francs CFA pour les infrastructures économiques et humaines.

Il est intéressant d’observer, malgré le caractère spéculatif de ces estimations, que :


- Pour un investissement total de 43,1 milliards de francs CFA à moyen terme, le coût total des aménagements (20,6 milliards FCFA) est relativement
proche de celui de la réinstallation (22,5 milliards FCFA) ;

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- Les coûts de rechargement sableux à moyen terme, dès lors que quelques millions de mètres cubes de sable sont à mobiliser, représentent un coût
sensiblement similaire à celui d’un investissement gris.
- Par phénomène de maintenance ou d’amortissement, en considérant un montant d’un peu plus de 3% par an, à l’horizon de trente ans, un
investissement presque similaire aurait été (maintenance) ou devrait être (amortissement) réalisé.

Scénario 2 - Création et le maintien d’une embouchure à sa position connue entre 1912 et 1952.

Le scénario 2 se distingue par 4 principaux postes d’investissements :


- Un canal artificiel serait percé à l’endroit le plus fin du cordon et le plus proche de l’entrée du Bandama dans l’estuaire de Grand Lahou. La digue
d’arrêt des sables, si la dérive sédimentaire est similaire à celle du canal de Vridi, devrait entrainer un engraissement d’Ouest en Est de tout le cordon,
repoussant le trait de côte. Ces travaux s’accompagnent d’opérations de dragage en espace lagunaire pour aménager les chenaux sous-marins
et canaliser l’écoulement des flux vers la nouvelle embouchure.
- Simultanément à la création d’un canal artificiel, des actions doivent être entreprises pour fermer l’embouchure en sa position naturelle à la date
des travaux ; la date cible serait 2022 si les séquences de décision et d’investissement s’enchainaient à un rythme soutenu. Ces travaux
s’accompagnent d’opérations de dragage en espace lagunaire colmater l’embouchure et détourner les chenaux sous-marins vers la nouvelle
embouchure
- Des opérations de plantations lagunaires sont proposées pour consolider les chenaux et réduire progressivement les besoins d’opérations de
dragage.
- Des opérations de réinstallations restent envisagées, de moindre importance afin de maintenir un espace de sécurité en cas de fortes tempêtes ou
d’élévation du niveau de l’océan.

Les valeurs d’investissement suivantes ont été conçues, à moyen et à très long terme :

Période : Moyen terme 3 - 6 ans Long terme 6 - 9 ans Maintenance - 30 ans Total 2021-2057
(valeur présente)

ACTIVITES / TOTAL (XOF) 23 285 000 000 950 000 000 9 000 000 000 33 235 000 000
- Canal artificiel et digue d'arrêt
18 000 000 000 900 000 000 9 000 000 000 27 900 000 000
des sables
- Fermeture de l'embouchure
1 800 000 000 1 800 000 000
"2022"
- Plantation lagunaire 100 000 000 50 000 000 150 000 000
- Réinstallation 3 385 000 000 3 385 000 000

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Le rationnel suivant a été utilisé pour concevoir ces valeurs :


- La création d’un canal artificiel avec digue d'arrêt des sables : Le coût de 18 milliards de francs CFA a été retenu en s’inspirant des études techniques
visant la création d’un canal similaire pour une ouverture permanente de l’embouchure de la Comoé à Grand Bassam.
- Fermeture de l'embouchure « 2022 » : L’hypothèse prise ici est la pose d’un géotube de 1.000 mètres pour une pose devant et aux abords de
l’embouchure à colmater sur la façade océanique, le coût estimé pouvant atteindre 1 million FCFA du mètre linéaire. Elle est complétée par des
opérations de dragage et de rechargement sur la façade lagunaire pour consolider et accélérer la fermeture.
- Plantation lagunaire : des opérations de plantations lagunaires sont proposées pour consolider les chenaux et réduire progressivement les besoins
d’opérations de dragage. L’estimation faite est celle de linéaire de plantations représentant 2 hectares, pour une densité initiale de 5 pieds plantés
au mètre carré, à raison de 1.000 FCFA par pied.
- Réinstallation : L’hypothèse d’une réinstallation de 15% des foyers du cordon sableux a été prise. Compte tenu des aménagements conduits sur le
cordon, ces réinstallations sont ventilées sur 2 périodes triennales.

Il convient d’observer que dans ce scénario spéculatif :


- Les aménagements à réaliser représentent 85% des investissements sur toute la période 2021-2057, contre 15% dédiés à une réinstallation éventuelle.
- Des frais de maintenance de 5% tous les 3 ans ont été pris en compte, soit près de la moitié du scénario 1, reflétant la stabilité de l’ouvrage ici réalisé.

Scénario 3 - Stabilisation de l’embouchure autour de sa position 2022.

Le scénario 3 se distingue par 4 principaux postes d’investissements :


- Un canal artificiel serait percé à l’endroit de sa position naturelle, vraisemblablement celle de 2022. La digue d’arrêt des sables, si la dérive
sédimentaire est similaire à celle du canal de Vridi, devrait entrainer un engraissement d’Ouest en Est de tout le cordon, repoussant le trait de côte.
- Des rechargements sableux seraient nécessaires pour compenser les risques érosifs qui pourraient se manifester à l’Est du canal, pouvant alors
entrainer une brèche du cordon à son point le plus fin.
- Des opérations de plantations lagunaires sont proposées pour consolider le cordon sableux sur sa façade lagunaire.
- Des opérations de réinstallations sont aussi envisagées, pour maintenir un espace de sécurité en cas de fortes tempêtes ou d’élévation de l’océan.

Les valeurs d’investissement suivantes ont été conçues à moyen, long et très long terme :

Période : Moyen terme 3 - 6 ans Long terme 6 - 9 ans Maintenance - 30 ans Total 2021-2057
(valeur présente)

ACTIVITES / TOTAL (XOF) 28 013 333 333 1 530 000 000 14 300 000 000 43 843 333 333
- Canal artificiel et digue d'arrêt
18 000 000 000 900 000 000 9 000 000 000 27 900 000 000
des sables
- Rechargement sableux 5 300 000 000 530 000 000 5 300 000 000 11 130 000 000
- Plantation lagunaire 200 000 000 100 000 000 300 000 000
- Réinstallation 4 513 333 333 4 513 333 333

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Le rationnel suivant a été utilisé pour concevoir ces valeurs :


- La création d’un canal artificiel avec digue d'arrêt des sables : Le coût de 18 milliards de francs CFA a été retenu comme pour le scénario 2, afin de
conserver des éléments de valeurs comparables sur le même site ;
- Rechargement sableux : afin de conserver un certain lien avec les estimations de rechargement du scénario 1, il a été estimé qu’un tiers de ces
besoins serait nécessaire pour protéger la zone soumise à un risque érosif ;
- Plantation lagunaire : le besoin en opération de plantation lagunaire est estimé au double du scénario 2. Plus que la consolidation des chenaux
sous-marins pour alimenter l’embouchure artificielle, il s’agit de renforcer la face lagunaire du cordon là où les risques érosifs devraient se manifester ;
- Réinstallation : L’hypothèse d’une réinstallation de 20% des foyers du cordon sableux a été prise. Compte tenu des aménagements conduits sur le
cordon, ces réinstallations sont ventilées sur 2 périodes triennales.

Il est intéressant d’observer, malgré le caractère spéculatif de ces estimations, que :


- Le montant total des investissements sur la période 2021-2057 est 1,3 supérieur à celui du scénario 2, sous l’effet des besoins en rechargement sableux.
- Les aménagements représentent ici 84% des investissements, contre 16% pour ceux dédiés à la réinstallation volontaire.
- Les frais de maintenance sont 1,5 fois supérieurs à ceux du scénario 2 en raison des besoins constants de recharge du cordon pour éviter tout risque
de brèche sous l’effet des forces érosives

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